Analyse Linéaire Vers 1-2

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Introduction :

Dans l'extrait poétique "Ma bohême" d'Arthur Rimbaud,


extrait de son recueil "Cahier de Douai" publié en 1870, le
poète nous transporte dans un univers bohème où il évoque sa
jeunesse errante. La problématique qui se dégage de ce texte
réside dans la recherche d'une forme de liberté et d'inspiration
artistique au sein même de la précarité matérielle et de
l'errance. Comment le poète parvient-il à trouver une beauté et
une richesse dans sa condition modeste et nomade ?

Analyse linéaire

1. Vers 1-2 :
o "Je m'en allais, les poings dans mes poches
crevées ; / Mon paletot aussi devenait idéal ;"
 Rimbaud commence par décrire sa pauvreté
avec l'image des "poches crevées" (métonymie,
suggérant la pauvreté générale). Son "paletot
idéal" est une ironie : bien que son manteau soit
usé, il représente un idéal poétique (antithèse
entre la réalité et l'idéal).
2. Vers 3-4 :
o "J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; / Oh ! là
là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !"
 Il évoque la "Muse" (allégorie de l'inspiration
poétique), et son "féal" (fidèle serviteur),
montrant sa dévotion à la poésie. Les "amours
splendides" qu'il rêve (hyperbole) expriment ses
aspirations et rêves artistiques élevés.
3. Vers 5-6 :
o "Mon unique culotte avait un large trou. / — Petit-
Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course"
 La "culotte avec un large trou" (synecdoque)
symbolise la misère. Il se compare à "Petit-
Poucet rêveur" (allégorie et comparaison),
semant des rimes comme des cailloux,
symbolisant son parcours poétique.
4. Vers 7-8 :
o "Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. / —
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou"
 La "Grande-Ourse" (métaphore) représente son
refuge imaginaire, un lieu poétique sous les
étoiles. Les étoiles font un "doux frou-frou"
(personnification), donnant une impression de
magie et de beauté dans la nuit.
5. Vers 9-11 :
o "Et je les écoutais, assis au bord des routes, / Ces
bons soirs de septembre où je sentais des gouttes /
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;"
 Assis "au bord des routes" (métonymie pour
montrer sa marginalité), il ressent la "rosée" sur
son front, comparée à "un vin de vigueur"
(métaphore), montrant que la nature lui donne
force et inspiration.
6. Vers 12-14 :
o "Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, /
Comme des lyres, je tirais les élastiques / De mes
souliers blessés, un pied près de mon cœur !"
 Il "rime au milieu des ombres fantastiques"
(métaphore pour les luttes intérieures).
Comparant les élastiques de ses souliers à "des
lyres" (comparaison), il montre comment la
souffrance physique devient source d'inspiration
poétique.

Axe 1 : La poésie comme refuge

Dans ce premier axe, nous plongeons dans la manière dont


Rimbaud utilise la poésie comme un refuge face à sa condition
matérielle précaire. Les images saisissantes de "poings dans
mes poches crevées" et de "large trou" dans sa culotte
évoquent une existence marquée par le dénuement matériel.
Cependant, au lieu de sombrer dans le désespoir, Rimbaud
trouve une échappatoire dans la création poétique. Son paletot
devient "idéal", une métaphore puissante de sa capacité à
transcender la réalité immédiate pour atteindre des sphères
plus élevées de beauté et de perfection. L'auberge située dans
la Grande-Ourse symbolise également cette dimension
transcendantale de la poésie, où les contraintes terrestres sont
sublimées par l'imagination créatrice. Ainsi, la poésie devient
un refuge spirituel où le poète peut trouver du réconfort et de
l'inspiration, même dans les moments les plus sombres de sa
vie. C'est dans cet espace poétique que Rimbaud peut s'évader
de la trivialité quotidienne et donner libre cours à son
imagination débordante.

Notamment dans les vers 1,2,3 et 4 où il dit : "Je m'en allais, les
poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait
idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là ! là !
Que d'amours splendides j'ai rêvées !"

Axe 2 : La communion avec la nature

Dans ce deuxième axe, nous explorons la relation intime entre


le poète et la nature environnante. Rimbaud évoque les "bons
soirs de septembre" où il ressent la rosée sur son front, une
sensation qu'il compare à "un vin de vigueur". Cette connexion
avec la nature devient une source de réconfort et d'inspiration
pour le poète errant. Les étoiles dans le ciel, avec leur "doux
frou-frou", deviennent des guides et des compagnons dans son
voyage poétique. À travers ces images, Rimbaud exprime sa
fascination pour la beauté naturelle et sa capacité à trouver du
réconfort dans les éléments les plus simples de son
environnement. La nature devient ainsi un espace de liberté où
le poète peut s'évader des contraintes de la société et se
connecter à des forces plus vastes et mystérieuses. En
s'immergeant dans la nature, Rimbaud retrouve une harmonie
perdue, un équilibre essentiel pour son âme errante.

Notamment dans les vers 9,10 et 11 où il dit : "Et je les


écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre
où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin
de vigueur ;"

Axe 3 : La rébellion contre les normes sociales

Enfin, dans ce troisième axe, nous examinons la dimension de


rébellion présente dans le poème. Rimbaud refuse de se
conformer aux attentes de la société bourgeoise de son
époque. Son choix de mener une vie bohème, loin des
conventions sociales, devient une déclaration de liberté et
d'authenticité. En évoquant sa condition de "Petit-Poucet
rêveur" et en affirmant son statut de fidèle de la Muse, Rimbaud
revendique son droit à suivre sa propre voie artistique,
indépendamment des normes établies. Son errance poétique
devient ainsi une forme de résistance contre la banalité et la
conformité de la vie quotidienne, affirmant la primauté de
l'individu créatif sur les conventions sociales étouffantes.
Rimbaud rejette les contraintes imposées par la société et
affirme sa liberté de pensée et d'expression, incarnant ainsi
l'esprit rebelle et iconoclaste de son époque.

Notamment dans les vers 6 et 7 où il dit : "Petit-Poucet rêveur,


j'égrenais dans ma course Des rimes ; mon auberge était à la
Grande-Ourse."

Conclusion :

En conclusion, "Ma bohême" d'Arthur Rimbaud est bien


plus qu'une simple évocation de la vie nomade et précaire du
poète. C'est un poème qui célèbre la capacité de l'art à
transformer la réalité, à trouver de la beauté dans la pauvreté
et de la liberté dans la rébellion. À travers une écriture
empreinte de lyrisme et de symbolisme, Rimbaud magnifie la
condition bohème, affirmant ainsi la puissance de l'imagination
et de la créativité à transcender les limites de la réalité
quotidienne. Ce poème demeure un témoignage intemporel de
la force de l'art à défier les normes sociales et à exprimer la
liberté de l'âme humaine. En déployant ces axes plus
profondément, on saisit mieux la richesse et la subtilité de la
poésie de Rimbaud, ainsi que les thèmes universels qu'elle
explore.

Vous aimerez peut-être aussi