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RESUME

Cet article vas devoir s’intéresser aux contradictions qui obstruent la compréhension de
la nature du droit que, détient l’Etat congolais sur le sol, au regard d’une lecture combinée des
articles 9, 214 et 217 de la Constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du
Congo telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains
articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, et des
articles 14 et 53 de la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des suretés telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008
du18 juillet 1980.

En effet, il résulte de leur lecture combinée une difficulté de savoir s’il s’agit d’une propriété au
sens juridique du terme ou, plutôt, d’un exercice de la souveraineté sur les ressources naturelles.

Ainsi, pour protéger la terre dont l’appropriation est par nature collective dans la tradition
africaine, le constituant en fait une propriété exclusive, imprescriptible et inaliénable de l’Etat-
organisation. Celui-ci ne peut pas aliéner le sol parce que ce dernier lui est attribué en propriété
uniquement pour remplir la fonction de protection contre tout accaparement, et ce pour le compte
du peuple qui incarne la dimension communautaire de l’Etat. Cependant, le peuple peut aliéner le
sol puisque c’est lui que l’intérêt qui est en jeu concerne véritablement. Cela dit, il sied de
relever par ailleurs que le droit de l’Etat sur le sol et le sous-sol congolais est un droit de
propriété sui generis – dans le chef de l’Etat-organisation. Cette nature particulière tient, d’une
part, au fait qu’il s’agit d’une propriété amputée de l’abusus, et, d’autre part, de la convergence
qui s’observe entre elle et la souveraineté.
2

DE LA NATURE DU DROIT DE L’ETAT CONGOLAIS SUR LE SOL : ENTRE


PROPRIETE SUIS GENERIS ET EXERCICE D’UNE SOUVERAINETE PERMANENTE

Avant la constitution de l’EIC, le 1er juillet 1885, il existait deux types des terres : les
terres occupées par les autochtones, ce qui à l’époque signifiait les communautés locales régies
par la coutume1, et les terres occupées par les commerçants et missionnaires européens (les
colons hollandais, portugais et anglais) en vertu des contrats passés avec les chefs bantous,
nilotiques ou soudanais2. Les terres congolaises constituaient ainsi une propriété privée des
particuliers (les colons) qui les octroyaient à leur gré.

La loi dite bakajika de 1966 et la loi dite foncière de 1973 ont opéré un tournant important
dans le régime juridique foncier congolais. Elles ont institué la propriété foncière en une
propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État. L’article 53 de la loi n° 73-021 du 20
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime de sûretés
telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980, dite ‘loi foncière’,
dispose, en effet, que « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’Etat ».
Il en résulte, qu’en principe, en RDC, aucune personne autre que l’Etat ne peut être propriétaire
du sol congolais. Toutefois, l’Etat congolais peut concéder, à ceux qui en font la demande, un
droit de jouissance, appelé concession3.

Autrement dit, au Congo l’Etat est le seul titulaire ou propriétaire du sol, toute
appropriation individuelle du sol n’étant pas autorisée4. Pour reprendre les termes de JP
Kifwabala, il résulte de la lecture minutieuse de l’article 53 de la loi foncière de 1973, une
impossibilité de coexistence, sur le sol congolais, du droit de propriété foncière de l'Etat avec un
autre droit de même nature qui appartiendrait à une autre personne juridique5.

Les différentes constitutions congolaises, quant à elles, ont toujours consacré le


principe de la propriété exclusive de l’Etat sur le sol et le sous-sol. En date du 24 juin 1967, la
République Démocratique du Congo s’est dotée d’une nouvelle constitution en remplacement de

1K.G. ANTON, Régime Foncier aux colonies, éd. MERTENS et fils, Bruxelles, 1904, p. 214.
2P. NOBIRABO, Droit foncier des autochtones et le droit international : cas des Batwa dits « Pygmées» de la RD Congo, thèse
de doctorat, Stämpfli Berne/Suisse, 2007, p. 527.
3V. KANGULUMBA, Précis de Droit civil les Biens, Théorie générale des biens et spéciale des droits réels fonciers et

immobiliers congolais, Louvain, Academia Bruylant, 2007, p. 212.


4G. KALAMBAY, Droit civil, Régime foncier et immobilier, vol. 2, Kinshasa, PUZ, 1985, p. 57.
5JP. KIFWABALA, Droit civil : Les biens, Tome 1, Les droits réels fonciers, 2e éd., PUL, 2015, p. 164.
3

celle de Luluabourg de 1964. Cette constitution plusieurs fois modifiée a subi en 1971, une
modification importante.

En effet, en cette année, la loi n° 71-008 portant révision constitutionnelle est prise et dispose, en
son article premier, ce qui suit :

« Il est inséré dans la constitution un article 14 bis libellé comme suit : Le sol et le sous-sol
zaïrois ainsi que leur produit naturel appartiennent à l’Etat. La loi fixe les conditions de leur
cession et concession, de leur reprise et rétrocession. Toutefois, la reprise ou la rétrocession en
cas de non mise en valeur ne donne lieu à aucune indemnité »6.

Il demeure donc un fait incontestable que le régime foncier congolais a connu une importante
évolution. Celle-ci a conduit à la proclamation de la propriété foncière au seul et exclusif
bénéfice de l’Etat congolais.

Il est intéressant de noter que l’actuelle constitution congolaise va même au-delà des dispositions
des lois antérieures en matière de propriété foncière. Au premier alinéa de son article 9, elle
dispose ce qui suit :

« L’Etat exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux et les
forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et maritime congolais, ainsi que sur la mer
territoriale congolaise et sur le plateau continental7».

Le second alinéa du même article indique que les modalités de gestion et de concession du
domaine de l’Etat sont déterminées par la loi.

Comme on peut le constater, cet article 9, élargit non seulement le champ d’application de
l’article 53 de la loi congolaise dite foncière, mais également prend en compte tous les
composantes du territoire de l’Etat : le sol, le sous-sol, les eaux, les forêts, les espaces aérien,
fluvial, lacustre, maritime, la mer territoriale, le plateau continental. Il pose en Droit congolais

6Article 1er de la loi n°71-008 du 31 décembre 1971 portant révision de la Constitution de 1967 in Journal Officiel de la RDC,
Kinshasa, n° 14, janvier 1972.
7Article 9 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi n°11/002

du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février
2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
4

ce que d’aucuns qualifient de ‘principe de la souveraineté permanente de l’Etat sur ses ressources
naturelles’8.

Il sied de relever toutefois un problème dans les dispositions de l’article 53 de la loi foncière en
ce qu’une propriété dépourvue du droit de disposer suscite un débat de droit au regard de la
définition que la même loi donne de la propriété.

En effet, l’article 14 de la loi dite foncière dispose : « La propriété est le droit de disposer d’une
chose d’une manière absolue et exclusive, sauf les restrictions qui résultent de la loi et des droits
réels appartenant à autrui ».

Considérant cette disposition en lien avec l’article 53 de la même loi foncière, Lukombe
Nghenda écrit :

« Une propriété inaliénable est une propriété à laquelle manque le droit de disposer et qui ainsi,
se réduit aux droits d’user et de jouir ; et en cela, elle se rapproche de l’usufruit et s’éloigne de
la définition de la propriété telle qu’elle est donnée par l’article 14 de la loi du 20 juillet
1973 ».9

Dans le même sens, une frange de la doctrine, représentée par Jean Carbonier, opine que la
pleine disposition de la chose se ramène, au sens strict, à la pleine capacité d’aliéner ce dont
dispose son titulaire10. Les défenseurs de cette opinion pensent qu’une fois le sol est déclaré
inaliénable par l’Etat congolais, son propriétaire, l’Etat, ne peut lui non plus, en disposer ni
juridiquement ni matériellement. Pour ces auteurs, la nature juridique du droit de l’Etat sur son
sol s’apparente à l’usufruit.

De là, Kangulumba Mbambi estime que l’Etat congolais se trouve titulaire d’un droit de
propriété foncière dont l’ensemble des attributs reconnus traditionnellement à la propriété n’est
pas réuni; sa propriété étant inaliénable est amputée d’un de ses attributs, le droit de disposer,
alors que celui-ci est considéré comme l’attribut le plus important de la propriété11.

8L.SAKAI, La souveraineté permanente sur les ressources naturelles et la protection internationale des Droits de l’Homme, thèse
de doctorat, Droit. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2014, p. 64.
9LUKOMBE NGHENDA, Droit civil les Biens, Kinshasa, Publications des facultés de Droit des universités du Congo, , 2003, p.

519.
10 J. CARBONNIER, Droit civil, tome III, les biens, monnaie, immeubles, meubles, Paris, PUF, 1990, p.79.
11V. KANGULUMBA, Op. Cit., p. 213.
5

Pour Beaudant, le droit d’aliénation est un attribut essentiel et caractéristique de la propriété, il


en est inséparable12. Autrement dit, ce qui caractérise surtout le droit de propriété, c’est le jus
abutendi,13 c’est-à-dire le droit de disposer.

Appliquant ce raisonnement à la propriété foncière, Lukombe Nghenda considère que c’est celui
qui a la possibilité d’aliéner le sol qui en est le vrai propriétaire. 14 Faut-il dès lors nier à l’Etat
congolais la qualité de propriétaire car il est incapable d’aliéner son sol?

Richard Mulendevu note, quant à lui, que, bien que les individus n’aient sur la terre que le droit
de jouissance, on observe cependant qu’ils ont parfois des allures de propriétaires. C’est ainsi
que pour lui la question de la nature exacte de ce droit privatif sur le sol se pose avec beaucoup
d’acuité15.

En revanche, pour Christian Lund16, bien qu’en droit, est propriétaire celui qui jouit des trois
prérogatives de la propriété : l’usus, le fructus et l’abusus, il sied de comprendre que l’exercice
de l’abusus sur le sol ne peut être poussé à ses limites extrêmes. En effet, on ne peut pas détruire
le sol, ce dernier étant constitué d’un volume physique qui, selon le droit français, s’étend des
étoiles jusqu’au centre de la Terre17.

Selon l’article 5, al. 1 de la loi Constitution congolaise, « la souveraineté nationale appartient au


peuple qui, notamment, l’exerce directement par voie de référendum »18.

Pour concrétiser la mise en œuvre de cette souveraineté, les articles 214 et 217 de la même
constitution indiquent, respectivement que:

« Les traités de paix, les traités de commerce, les traités et accords relatifs aux organisations
internationales et au règlement des conflits internationaux, ceux qui engagent les finances

12O. BEUDANT, Droit civil Français, Tome IV, 5è édition, Paris, 1938, p. 353.
13 MF. JAMAZ, « De la propriété » in Les nouvelles, Tome III, 1941, numéro 154, pp. 95-96.
14Ici nous envisageons que l’aliénation et la cession sont synonymes, tout en considérant à première vue que le sol est une partie

du territoire.
15R. MULENDEVU, Pluralisme juridique et règlement des conflits fonciers en République Démocratique du Congo, thèse de

doctorat, Paris, l’Harmattan, 2013, p. 106.


16C. LUND, « Régimes fonciers en Afrique : Remise en cause des hypothèses de base » in AFRICA, vol. 69, Danemark, faculté

du développement international de l’Université de Roskilde, 1999, p. 21.


17 Ibidem, p. 12.
18
Article 5, al. 1er de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
6

publiques, ceux qui sont relatifs à l’état des personnes, ceux qui comportent échange et
adjonction de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi.

Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans l’accord du peuple
congolais consulté par voie de référendum »19.

« La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association
ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’Unité
Africaine »20.

Une lecture minutieuse de l’alinéa 2 de l’article 214 de l’actuelle constitution congolaise laisse
entrevoir une sorte de privatisation de la propriété foncière en déterminant tacitement un autre
titulaire de cette propriété qui est à même de céder le sol.

L’on comprend donc que la cession d’une portion du territoire congolais est subordonnée à une
consultation référendaire, la Constitution ayant d’ailleurs érigé en infraction de haute trahison le
fait, pour le Président de la République, pourtant garant de la Nation et Chef de l’Etat, ou pour le
Premier ministre, pourtant Chef du Gouvernement, d’être impliqué dans la cession du territoire
en violation de cette procédure constitutionnelle21.

Ainsi, la constitution jette un bémol à la propriété foncière exclusive de l’Etat en disposant que
seul le peuple, à l’issu d’un référendum, peut décider de la cession d’une portion du territoire.
Cette probable restriction découle également de la lecture combinée des articles 387 à 389 de la
loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime de sûretés telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980, dite ‘loi
foncière’, lorsqu’ils disposent que les terres occupés par les communautés locales sont
domaniales et demeurent sous le contrôle de chefs coutumiers jusqu’à la promulgation d’une
ordonnance présidentielle qui viendra les régir (Ordonnance non encore existante jusqu’à ce

19
Article 214 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
20
Article 217 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
21Article 165, al.1 de la constitution du 18 févier 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi

n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52 e année, février 2011.
7

jour). De cette appréhension confuse du droit de l’Etat congolais sur le sol et le sous-sol découle
une interrogation principale : quelle est alors la vraie nature juridique du droit que détient l’Etat
congolais sur le sol ?

Par ailleurs, en abordant le droit que l’Etat exerce sur le sol et le sous-sol, l’article 9 de la
Constitution dispose que l’Etat exerce une souveraineté permanente sur ses ressources
naturelles. En rapprochant cette disposition de l’article 53 de la loi congolaise, dite foncière, une
interrogation suivante émerge : le droit de propriété tel qu’évoqué par la loi dite foncière au
sujet du sol et du sous-sol est-il un droit de propriété au sens juridique du terme ou s’agit-il plutôt
d’un exercice pur et simple de la souveraineté ? Ou, plutôt, doit-on penser que souveraineté et
propriété ne font qu’un, lorsqu’elles sont concurremment détenues par l’Etat ?

Au questionnement relevé plus haut, les idées suivantes sont proposées en guise de réponses
provisoires dans le cadre de notre réflexion :

1. Si le concept de souveraineté renvoie à l’idée de puissance absolue et perpétuelle qui


n’appartient qu’à un Etat, alors l’on pourrait concevoir que l’exercice par l’Etat de cette
souveraineté sur les ressources naturelles rime avec celle de l’exclusivité de la propriété
foncière. Ceci se traduirait par les pouvoirs souverains d’imperium et de dominium que
génère ladite souveraineté, pouvoirs en vertu desquels, l’Etat serait investi de l’autorité
suprême, le prémunissant contre l’éviction de ses ressources naturelles par d’autres Etats
à l’externe et à l’interne contre l’accaparement d’une portion de terre à titre individuel.
Ainsi, le fait, pour l’Etat congolais, de s’approprier le sol de manière exclusive en le
rendant inaliénable constituerait une expression de sa souveraineté. Les concepts
‘propriété’ et ‘souveraineté permanente’ impliqueraient donc des rapports de
complémentarité.

2. Quant à la véritable nature du droit que détient l’Etat sur le sol, elle relèverait d’une
propriété sui generis parce qu’en elle coexisterait souveraineté et propriété. Bien que son
abusus et son exclusivité soient tempérés, ceci ne constituerait qu’un tempérament
apparent, car c’est en vertu de ses pouvoirs souverains qu’un Etat renonce à la latitude de
disposer de son bien. Cette propriété unique à son genre se rapprocherait de la
souveraineté permanente qu’exerce l’Etat sur ses ressources naturelles, dans la mesure où
8

les pouvoirs de dominium que génère celle-ci confèreraient à un Etat des droits de nature
réels sur les biens présents sur son territoire conduisant ainsi à une théorie dite du
territoire objet. La soumission de la cession d’une portion du territoire au referendum
trouverait son fondement dans la logique d’un Etat Communautaire et n’empièterait en
rien sur l’exclusivité de la propriété foncière.

Pour mener à bien cette recherche, il nous apparait utile de recourir de manière combinée
tout d’abord à la méthode juridique dans une de ses composantes qu’est l’exégèse, mais aussi
aux approches critique, dialectique ainsi que la technique documentaire.

Contrairement aux arguments poussés tant par les tenants de la pensée civiliste qui
n’insistent que sur la propriété foncière de l’Etat, en tant que seul maître, que par les publicistes
qui ne cessent de démontrer qu’il n’existe point de droit de propriété là où la souveraineté
s’exerce, la présente investigation entend démontrer qu’il y a une coexistence entre le droit de
propriété foncière et la souveraineté de l’Etat congolais sur le sol. Toutefois, cette coexistence est
partiellement fragilisée par la prééminence de la souveraineté. En ce sens, l’originalité de la
présente recherche se conçoit en présentation d’une propriété sui generis en matière foncière en
RDC.

Une lecture combinée des articles 53 de la loi foncière et 9 de la constitution


congolaise plonge a priori dans un flou sur la nature du droit de l’État sur le sol. Ainsi, la
propriété foncière instituée par l’article 53 de la loi sus-évoquée se bute à un certain nombre
d’éléments qui rendent moins aisée sa compréhension au sens juridique du terme. Pour ce faire,
la propriété définie au travers de ses attributs à savoir l’usus, fructus et l’abusus revêt une autre
nature. Cette nouvelle nature est conséquence des tempéraments qu’elle connait (chapitre I) et
des répercussions que la souveraineté produit à son égard. Ces répercussions infèrent un une
coexistence entre la souveraineté et la propriété aux allures d’une propriété suis generis qui
s’évertue avec prééminence de la souveraineté (chapitre II).
9

CHAPITRE PREMIER : TEMPERAMENTS DE LA PROPRIETE FONCIERE


CONGOLAISE

La propriété foncière congolaise connait des tempéraments d’ordre divers. Ces


derniers, quel que soit leur domaine de prédilection, touchent généralement à l’attribut essentiel
de la propriété, à savoir l’abusus. Ces tempéraments sont liés d’une part à l’attribution du
pouvoir de cession d’une portion du territoire au peuple et le paradoxe d’institution d’une
propriété inaliénable et de gestion des terres des communautés locales par les coutumes(Section
Ière), et, d’autre part, aux limites imposées à l’Etat par certains aspects du DIH et du DIDH dans
l’exercice de son droit de propriété sur le sol (Section IIème).

SECTION I : LES PARADOXES DE LA PROPRIETE FONCIERE CONGOLAISE

La propriété foncière congolaise a la particularité d’être inaliénable car la faculté de


disposer ou d’aliéner constitue l’attribut essentiel de la propriété. D’aucuns trouvent ainsi
paradoxale l’idée d’un droit de propriété foncière dit inaliénable (§1). Le deuxième paradoxe
découle aussi de l’impossibilité pour l’Etat de céder une portion du territoire sans l’aval de la
population, mais aussi de la gestion des terres des communautés locales par les coutumes (§2).

§1. LE PARADOXE D’UNE PROPRIETE INALIENABLE

A première vue, une propriété inaliénable surprend. Néanmoins, quand on jette un


regard sur les quelques caractéristiques de la terre dans la mentalité traditionnelle africaine cette
inaliénabilité devient apparente. C’est dans son souci de mettre en exergue la dimension
organisationnelle de l’Etat pris comme un Etat puissance disposant des pouvoirs autoritaires, que
le législateur congolais dans l’élaboration de la loi dite foncière a consacré la propriété foncière
comme telle. Refuser d’aliéner sa chose constitue l’une des manifestations de ses pouvoirs
souverains (A). L’institution souveraine de cette inaliénabilité par l’Etat prend racine dans la
culture traditionnelle africaine pour qui la terre est sacrée (C), en conséquence de quoi elle ne
peut pas faire l’objet d’une appropriation individuelle (B).
10

A. fondements

Le caractère d’inaliénabilité de la propriété foncière de l’Etat congolais vient surtout


de ce que le domaine foncier est collectif parce que, comme l’écrit Malengreau « qui dit bien
collectif dit bien inaliénable »22. Subsidiairement, une conception philosophique et métaphysique
tente de justifier ce caractère d’inaliénabilité. En effet, pour cette conception, on dit que les
collectivités traditionnelles n’ont sur leur domaine que le droit d’usufruit et que leurs ancêtres
seuls ont gardé la nue-propriété ; ils ont dans leur patrimoine des morts le droit d’aliéner ; ou
parce qu’encore une assemblée réunissant les vivants et les morts à la fois, et la descendance
nécessaire pour disposer du domaine collectif est impossible à réunir23.
Mais ce caractère vient de ce que le domaine foncier a été déclaré tel par le
législateur et ce pour permettre à l’État d’avoir les mains libres dans sa politique économique.
Bien que le droit de propriété foncière soit paradoxal suite à l’absence d’une plausible aliénation
dans le chef de son titulaire, l’Etat, il sied d’affirmer que ce droit de propriété a une nature
particulière. Il est à considérer différemment de la propriété en générale.
Dans les travaux préparatoires de la loi foncière, il est dit qu’ « il est reconnu à l’Etat
un droit de propriété foncière exclusive de tout autre nature. » Néanmoins, ce droit de propriété
n’a pas l’ensemble des attributs reconnus traditionnellement à la propriété24. L’Etat n’a pas la
latitude d’aliéner le sol. Or cette faculté ainsi que le droit d’accession sont des éléments
essentiels permettant de définir la propriété.25 D’aucuns les ont considéré comme inséparables du
droit de propriété et aller jusqu’à dire qu’ils ne peuvent appartenir qu’au propriétaire.26
En tout état de cause, en ce qui concerne le sol, il est hors de portée de l’homme d’en
transformer la substance, de l’altérer, de le détruire ou de le consommer au sens matériel du
terme. Si l’on s’en tient donc à la définition de ci-haut de la disposition matérielle, personne
même l’Etat ne pourrait se dire vraiment propriétaire. Car l’Etat ne peut ni transformer la
substance du sol, ni le détruire, encore moins le consommer. Néanmoins, il est admis qu’en
matière foncière ce droit consiste, si pas à détourner le fonds de sa destination normale, du

22G. KALAMBAY LUPUNGU, Op. Cit., p. 63.


23S. MUGANGU, Op. Cit., p. 149.
24P. JOURDAIN, Les biens, Paris, Dalloz, 1993, p. 128.
25C. MOULY, « Place de la propriété parmi les droits de l’homme », in le Droit de propriété et l’environnement, Paris, Dalloz,

1997, p. 35.
26P. JOURDAIN. Op Cit, p.130.
11

moins à lui donner une destination particulière.27 Pour le législateur congolais, que l’Etat n’ait
pas le droit d’aliéner, son droit demeure un droit de propriété. S’il est vrai que la pleine
aliénabilité de la chose se confond avec sa disposition, il ne demeure pas cependant moins vrai
que la propriété est un droit comme les autres, mais un droit destiné à être exercé dans un milieu
donné, dans une organisation juridique déterminée. Ici, il faudra comprendre que les terres
congolaises appartiennent à l’ensemble du groupement ou de la collectivité.
L’inaliénabilité du sol parait ainsi être une conséquence logique de la nature
collective des droits exercés sur ledit sol.28Le respect de cette tradition ainsi que la situation
économique qu’a traversée le pays, ont conduit le législateur à cette prise de position afin d’avoir
une mainmise complète sur le sol national. Indépendamment de cette explication, nous ne
pensons pas que l’incapacité juridique de l’Etat d’aliéner le sol conduise inéluctablement à
dénaturer son droit de propriété, car la possibilité de disposer juridiquement de son droit en
aliénant n’est nullement caractéristique de la propriété, le caractère de cessibilité étant commun
à la plupart des droits réels.29Le droit de disposer en aliénant serait ainsi typique de la propriété,
si et seulement si il était atypique à tous les autres droits réels. Ce qui n’est pas le cas. Aussi, le
régime d’inaliénabilité du sol, bien de l’Etat, s’avère être celui applicable aux biens du domaine
public de l’Etat de manière générale. Les biens du domaine public de l’Etat sont une propriété de
l’Etat. Ce dernier conserve à leur égard tous les droits et obligations d’un propriétaire. Il perçoit
tous les fruits : tant que les biens domaniaux sont affectés, ils ne peuvent être aliénés. Toute
aliénation serait ainsi nulle.
Enfin, il convient de souligner que l’inaliénabilité du sol congolais a été décidée
délibérément par l’Etat et de fait, elle constitue une variante du droit de propriété. Ceci est
exprimé par le professeur Vigneron lorsqu’en parlant des prérogatives du propriétaire, il opine
que ces prérogatives impliquent leur contraire : le droit de ne pas user, de ne pas jouir, de ne pas
disposer de sa chose.30

27E. KREMER, Le droit foncier coutumier du congo Belge, in, Bulletins des juridictions indigènes et du droit coutumier
congolais, Elisabethville, numéro 9, 1956, pp.236-237.
28 G.A KOUASSIGAN, Op.Cit., p.90.
29 WEILL, TERRE et SIMLER, Droit civil ; les biens, 8emeédition,Paris, Dalloz, 2010, p.131.
30Cité par R. MULENDEVU MUKOKOBYA, Op.Cit, p.171.
12

Jean Pierre Tosi et Martine Le Friant pensaient également à la même situation


lorsqu’ils écrivaient que le droit de disposer inclut un principe : la liberté de conserver son
bien.31

B. La terre ne peut faire l’objet d’appropriation individuelle : elle fait l’objet d’une
propriété foncière particulière collective

La terre est insusceptible d’appropriation individuelle. Les lois de la cosmogonie


africaine n’admettent cette appropriation pour aucun des éléments (ciel, air et mers) qui ont servi
à la création de l’univers et qui le soutiennent. La terre étant à Dieu, aux dieux ou aux ancêtres,
aucun être humain ne peut se l’approprier, car ce serait commettre un acte réservé à la seule
divinité. Ce serait donc commettre le crime de sacrilège. Comment, d‘ailleurs, s’approprier ce
qui est affecté à tous pour leur subsistance ? Comment accepter que l’abri des ancêtres devienne
la chose d’un seul homme?32
La logique est communautaire au sens où la terre est un patrimoine lignager et que le
lignage a un certain contrôle sur l’utilisation et surtout sur la transmission des droits (ce qui ne
veut pas dire qu’il n’y ait pas d’appropriation et transmission des droits de culture au niveau des
chefs d’exploitation). Elle le demeure même à de fortes densités de population, lorsque les ventes
font l’objet d’une régulation par la famille. L’exploitation des terres n’a jamais été collective, au
sens où elle impliquerait plusieurs unités de production (sauf lorsqu’il existe un champ de
lignage, sur lequel les unités de production membres du lignage doivent de prestations en travail)
»33.
Le patrimoine foncier est donc, comme le confirment aussi Lapika et Kiyulu, une
propriété communautaire où le chef joue le rôle d’administrateur, rôle qu’il exerce avec un
sentiment de solidarité vis-à-vis de tous les membres de la communauté et de dépendance vis-à-
vis de l’organisation politique de la société34.

31 JP. TOSI et LE FRIANT MARTINE, Introduction au droit de l’entreprise, 10ème édition, litec, Paris, 2000, p.130.
32KEBA MBAYE, « Le régime des terres au Sénégal », in Le droit de la terre en Afrique (au sud du Sahara), Etudes préparées à
la requête de l’Unesco, Paris, Ed. G.P. Maisonneuve et Larose 1971, p. 137.
33P. LAVIGNE DELVILLE, « Des dynamiques plurielles », in Lavigne Delville P., (sous la direction de), Quelles politiques

foncières pour l’Afrique rurale ? Réconcilier pratiques, légitimité et légalité, Paris, Karthala, Coopération française, 1998, p. 220.
34B. LAPIKA DIMONFU, Op.Cit., p. 163.
13

Il est, en effet, donc clair qu’aucun concept de droit de propriété privée, tel que
l’entend le système juridique occidental tiré du code romain, n’est compris dans le système
d’accès à la terre susmentionné.
Seuls les droits d’utilisation et d’usufruit peuvent être concédés : quant aux droits
d’abusus, on n’en concède jamais. En outre, l’affectation de la terre ne peut jamais signifier
l’octroi de droits de propriété exclusifs. L’individu (ou la famille) qui possède et cultive la terre
est considéré comme le gestionnaire à titre temporaire de la propriété de tout le lignage.
Il ne peut disposer librement de la terre, car elle appartient au groupe social de
niveau plus élevé où seuls les représentants ont le droit de prendre des décisions35. Il faut
cependant préciser que cette appartenance de la terre à la communauté ne signifie pas que les
individus n’ont pas certains droits sur la terre. Les individus ont des droits qui se résument à la
disposition matérielle de la terre qui leur permet de jouir et de disposer juridiquement non de la
terre mais de ses produits. L’individu a donc un droit de jouissance sur la terre, et un droit de
propriété sur les produits de la terre. L’idée d’une propriété essentiellement collective de la terre
reste avancée pour l’Afrique, non pas une propriété qui serait celle du peuple tout entier, mais la
propriété de l’Etat pour le compte de l’ensemble de la population. Le mot « collectivisme », soit
en rapport avec le droit foncier, soit en rapport avec l’organisation du travail, est d’un emploi
commun.
Les droits sur la terre sont, en Afrique, nécessairement et par essence, collectifs. Au-
delà de la propriété privée, il faut également faire état de la puissance de la propriété publique :
lorsqu’il s’est agi de transcender la propriété privée pour faire une place à des utilités collectives,
le seul modèle réside majoritairement dans la « propriété publique ».
Si la propriété foncière est, dans la tradition négro-africaine, collective, appartenant
à la famille ou à la communauté, et que l'origine divine, sacré de la terre a engendré une règle ou
une pratique de non-aliénation de la terre, l’individu ne peut en jouir que par concession lui
accordé par l’Etat sur la terre. L'opinion générale est que la notion de propriété individuelle
n'existe pas dans le droit traditionnel. Ce qui explique la position du législateur congolais
lorsqu’il a prévu la cession du droit de jouissance sur le sol par les mécanismes de concessions.

35JP.
PLATTEAU, Réforme agraire et ajustement structurel en Afrique subsaharienne : controverses et orientations, Rome,
FAO, 1993, pp. 98-99.
14

La propriété et l'inaliénabilité ne sont pas complètement contradictoires. Evidemment


pour un juriste, il n'est pas facile d'accepter l'idée que l'on puisse être propriétaire sans avoir le
droit de disposer librement de la chose. Comme nous l'avons déjà dit plus haut, la règle de
l'inaliénabilité doit être considérée comme un moyen de protéger le patrimoine commun. C’est
dans ce sens qu’en rendant le sol inaliénable, l’Etat congolais cherche tout simplement à protéger
ses ressources les plus importantes.
La terre se trouve être la ressource la plus importante dans la RDC et par
conséquent, elle est soumise à des réglementations assez strictes quant à son aliénation. Le
législateur foncier congolais en consacrant l’inaliénabilité du sol a apporté aux droits de
propriété des restrictions établies dans l'intérêt général.
Ces restrictions d’aliénabilité sont prévues pour des raisons de développement
économique, de salubrité ou même pour des raisons d'ordre esthétique. En somme on reconnaît
même dans les pays de l'individualisme la fonction sociale de la propriété foncière.
La Common Law n'a pas toujours admis que le propriétaire d'un « freehold » puisse
librement en disposer. Les règles féodales l'obligeaient à la transmettre à son héritier. La
conception négro-africaine de la propriété rejoint, à un autre égard, celle de la Common Law.
Selon la théorie, personne n'est propriétaire absolu de la terre en Angleterre 36. La propriété
absolue existe au profit de la couronne.
Ainsi la population est un usufruitier sur le sol. Au terme de ces discussions, nous
pouvons conclure que le caractère collectif de la propriété foncière décourage l'aliénation de la
terre. La notion de propriété dans le droit congolais est essentiellement la même que celle que
l'on trouve dans beaucoup de communautés agricoles. Elle a pour premier souci, la sauvegarde
de la terre, source de richesse. De ce souci sont nées des limitations aux droits individuels.
Pour François Terre, la propriété foncière est collective et publique. Le droit de
propriété est au cœur du droit des biens, corporels ou incorporels. La compréhension de la
propriété collective passe par l'étude de l'étendue du droit de propriété : le sol, l'eau, les
constructions, le voisinage : le fait que celle-ci tienne compte des intérêts de la collectivité la
rend publique.37

36S. DAVANTURE, Op Cit, consulté le 12 juin 2018.


37F. TERRE, P. SIMLER, Op.Cit., p.123.
15

La propriété foncière congolaise est ainsi une propriété publique. Elle semble n'être
pas différente de la catégorie précédente puisque l'État est une personne morale. Mais elle
possède plusieurs particularités. La propriété publique est la propriété de tous, elle n'est celle de
personne. Il ne s'agit pas là seulement d'une contradiction dans les termes. La plus grande partie
du domaine public de l'État n'est précisément pas accessible aux particuliers sans procédure
préalable de désaffectation. Ce n'est pas la propriété de tous; c'est seulement la propriété de l'État
pris comme une personne morale distincte de l'ensemble des citoyens. Il y a aussi une partie du
domaine public qui est laissée à la jouissance gratuite des citoyens : les routes, les espaces
communaux, etc. Cette part est bien accessible à tous.
L’on se doit de dire que la loi foncière de 1973 ait voulu mettre sur pied un nouveau
modèle juridique original différent du système propriétarise38. Malheureusement, l’analyse
démontre à suffisance qu’elle ne rejette pas la propriété bourgeoise. Elle la reconnaît, mais à
l’Etat seul. Ce dernier n’a pas un simple droit de détention du sol pour le compte de la nation
congolaise, il est plutôt titulaire d’un droit réel exclusif qui lui assure de jure la maitrise de
l’ensemble des terres, mieux du territoire congolais.
L’Etat congolais est propriétaire foncier, propriété entendue dans son sens
traditionnel. Il a donc sur le sol un droit réel qui lui confère selon les règles de droit en vigueur,
la mesure la plus étendue de pouvoir sur le sol. Sa propriété est une propriété publique dans
l’intérêt de la communauté nationale. Sa finalité est la satisfaction de cet intérêt et non pas d’un
ou plusieurs intérêts individuels. Elle n’est pas à confondre ni avec la propriété individuelle
collective privée, ni avec la propriété des personnes morales de droit privé. Il est le seul
propriétaire de sorte que le dominium et l’imperium se confondent. La propriété foncière est
aussi collective dans le sens qu’elle implique l’idée que le droit appartient à la collectivité elle-
même, prise comme unité, comme personne morale. Elle n’est donc pas à confondre avec une
propriété individuelle.

C.la terre est sacrée

La terre est mise au service de la communauté. Or, celle-ci comprend non seulement
les personnes vivant sur le terroir, mais aussi celles qui y naîtront et celles qui y sont enterrées.
Aucun homme, aucune génération, ne peut disposer de la terre. Le droit d’aliénation suppose le

38V. KANGULUMBA MBAMBI, Op.Cit., p.245.


16

droit d’appropriation. La terre est donc inaliénable. « Le principe de l’inaliénabilité du


patrimoine foncier lignager est d’autant plus suivi qu’on y attache une valeur symbolique. En
effet, dans la mesure où la terre est effectivement identifiée aux ancêtres auxquels on croit
qu’elle donne un refuge pour l’éternité, vouloir la garder sous le contrôle de la communauté est
considéré comme un moyen infaillible de maintenir l’intégralité sociale de cette dernière… »39.
L’interdit d’aliéner la terre se manifeste en effet comme une conséquence directe de
la nature insécable de la chaîne concrète « ancêtres-terres-hommes », ou de celle qui a pour point
de départ la divination, sous la forme de la Terre-Mère, du statut vital et indifférencié du sol.
Ainsi, la relation fondamentale d’appartenance de l’homme à la terre est opposé à l’acte de
vendre, comme à l’acte qui représenterait sa négation et son inversion40.
Cet interdit d’aliéner doit en fait se comprendre, non comme un refus de tout
échange, comme une opposition à toute vente de la chose empirique qui est la terre, mais comme
l’interdiction d’aliéner la réalité symbolique, le lien ombilical et la valeur médiatrice du sol. Ce
dont il s’agit, c’est d’éviter que la terre ne devienne étrangère à la communauté, ou plus
exactement la communauté étrangère à ses racines et à son « liant ». L’interdit d’aliéner porte
plus, en vérité, sur les conditions de circulation des hommes sur la terre communautaire, sur les
conditions d’accès à celle-ci, que sur la réalité matérielle de l’échange. C’est pourquoi les règles
positives et négatives de distribution du sol ont essentiellement trait au statut des hommes. Ce
principe se manifeste dans la régulation de la vente de terres, alors même qu’elle est permise41.
La terre ou l'accès à la terre ouvre un certain nombre de droits aux membres de la
société. Dans la conception traditionnelle, la terre est la «propriété des ancêtres». Elle est
extrapatrimoniale, c'est-à-dire, non susceptible de propriété privée ou privative. La terre est
l'habitat des forces et des esprits. Elle est tantôt la femme du créateur, terre mère, tantôt terre
nourricière. La terre n'est pas susceptible d'appropriation car elle appartient à Dieu.
Elle est un bien dont la jouissance revient à tous les membres de la société, dans le
respect de sa destination : nul homme, nulle collectivité humaine ne l’a fabriquée, même à
l’origine ; elle ne saurait passer pour être le fruit d’aucun travail humain. En fait, elle est
considérée comme une divinité. Elle s’appartient à elle-même et, par conséquent, n’appartient à
personne. De par sa nature, elle ne peut même pas se donner véritablement; elle ne peut pas non

39F.TERRE, Op.Cit, p. 99.


40G. MADJARIAN, L’invention de la propriété. De la terre sacrée à la société marchande, Paris, l’Harmattan, 1991, p. 71.
41G. MADJARIAN, Op. Cit., p.77.
17

plus être prise, car, comme dit un proverbe de la Côte d’Ivoire : « Ce n’est pas l’homme qui
possède la terre, c’est la terre qui possède l’homme.42 » Ce n’est pas autant dire que la terre ne
puisse être grevée d’aucune sorte de droit. En fait, il n’y existe pas une seule parcelle de terrain
utilisable qui soit sans maître, aux yeux des indigènes. Mais aucun de ces maîtres n’est
propriétaire dans l’acception ordinaire de ce mot. Tous sont seulement des usufruitiers, qui ne
peuvent aliéner un sol dont ils ont le droit d’user, sans avoir celui de le céder43.

§2. La Cession du territoire par référendum et la gestion des terres des communautés
locales par la coutume : une déviation à l’exercice de l’exclusivité de la propriété foncière.
L’appropriation du sol et sous-sol voire autres parties du territoire par l’État en RDC,
en principe, relève de sa souveraineté. Par cette dernière, l’État comme organe disposant du
monopole de la contrainte légitime pose tout acte engageant la vie des citoyens sur son territoire.
En tant que souverain ; l’État décide librement de la manière dont le sol et sous-sol voire son
territoire sera géré. En exercice de cette souveraineté, il s’est attribué la propriété du sol et sous-
sol congolais à titre exclusif, inaliénable et imprescriptible. Cette propriété souffre d’une entorse
dans son abusus au sens que l’État, en tant que propriétaire, est dénudé du droit de disposer de
son sol sous-sol. L’article 214 de la constitution congolaise réserve au peuple la prérogative de
céder le territoire ou une partie de celui-ci par référendum. En tant que souverain primaire à
l’interne, seul le peuple peut décider de la cession du territoire. Pour ce faire, la cession du
territoire obstrue l’abusus de la propriété foncière de l’État congolais, qui au regard d’un tel état
de chose, est dissocié du peuple. Cette obstruction s’avère apparente car c’est dans la variante
d’Etat communautaire que le constituant a institué cette cession, ici l’état est considéré comme
un Etat république qui est d’inspiration démocratique et dans lequel le citoyen n’est pas étranger
à l’Etat, il est dans l’Etat. L’Etat s’identifie à la nation et se confond avec elle.44
Quant à la gestion des terres des communautés locales, Le droit congolais est
caractérisé par la coexistence du droit moderne et du droit coutumier. La constitution du 18
février 2006 reconnaît cette situation en disposant que l’État garantit la propriété privée ou
collective, acquis conformément à la loi ou à la coutume. Si l’article 9 de la constitution précitée

42F.TERRE, Op. Cit, p.121.


43G. MADJARIAN, Op. Cit, p 73.
44CI.LECREQ, Op. Cit., pp.74-75, cité par T. MUHINDO MALONGA, Droit constitutionnel et institutions Politiques, théorie

général et droit constitutionnel congolais, Butembo/RD Congo, éd. PUG-CRIG, 2010, p.62.
18

reconnaît à l’État la souveraineté sur toutes les ressources sans distinction, ce dernier n’est plus
propriétaire comme ce fut le cas dans les constitutions précédentes. Comme nous le savons, le
domaine de l’État contient le domaine public comprenant tous les biens affectés à l’usage du
public ou d’un service public de l’État, d’une part ; et d’autre part, les terres du domaine privé de
l’État. Les terres des communautés locales sont classées dans le domaine public de l’État (article
387 de la loi dite foncière). Ces dernières sont définies comme des terres que ces communautés
habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque, individuelle ou collective,
conformément aux coutumes et aux usages locaux (article 388 de la loi dite foncière).La loi
portant sur les principes fondamentaux applicables à l’agriculture reconnaît aux communautés
locales les droits fonciers coutumiers exercés collectivement ou individuellement conformément
à la loi. Cette loi précise que l’ensemble des terres reconnues à chaque communauté locale
constitue son domaine foncier de jouissance et comprend les réserves des terres de culture, de
jachère, de pâturage, et les boisements utilisés régulièrement par la communauté. Le code
forestier à son article 22 prévoit également que les communautés locales peuvent obtenir des
concessions forestières dans la catégorie des forêts protégées qu’elles possèdent régulièrement en
vertu de la coutume. La classification des terres des communautés locales dans le domaine public
de l’État appelle des interrogations sur le mobile d’un tel transfert. Cette option revêt une forme
d’accaparement à certains égards. En effet, le fait pour l’État de n’avoir pas pris le décret
définissant les modalités d’exercice des droits d’usage sur ces terres peut être considéré comme
une absence de volonté politique d’assurer les droits aux communautés. Le législateur a prévu les
enquêtes préalables avant toute concession pour constater les droits que le tiers y aurait. Cette
enquête reconnaîtrait-elle les droits qui ne sont assis sur aucun support ? Dans ces conditions,
l’État peut à tout moment affecter tel espace à une utilisation de son choix. Mais de telles
intentions peuvent être freinées. Les droits d’usage des communautés locales sont exercés de
facto ; elles ne les possèdent pas de jure, bien qu’il y ait une reconnaissance de leur part (article
387 de la loi dite foncière). Par ailleurs, l’État a prolongé la politique coloniale consistant à
protéger les terres des communautés locales en interdisant toute concession passée avec les
« indigènes ».45

45Ordonnance de l’Administrateur Général au Congo du 1er juillet 1885- occupation des terres, Bulletin Officiel, 1885, p. 30. En
1885, après la conférence de Berlin, une ordonnance de l’Administrateur général au Congo interdisait les contrats et conventions
passés avec les indigènes pour l’occupation, à un titre quelconque, de parties du sol, ne sera reconnu par le gouvernement et ne
sera protégé par lui, à moins que le contrat ou la convention ne soit fait à l’intervention de l’officier public commis par
l’administrateur général et d’après les règles que ce dernier tracera dans chaque cas particulier. »
19

Sur le plan de facto, ces terres échappent à l’emprise du droit moderne : ceci de par le
mode d’acquisition de droit d’usage, l’absence de mécanisme codifié de sécurité juridique, la
référence permanente à la coutume pour les usagers, etc. Ceci ressemble à la classification faite
par Platteau46 entre les propriétés collectives régulées et les propriétés collectives non régulées.
Les propriétés collectives non régulées sont protégées seulement par les restrictions portant sur le
fait d’être membre ou non de la communauté, sans règles de conservation stricte, tandis que les
propriétés communes régulées s’appuient à la fois sur une restriction de l’usage et des règles
d’usage appliquées aux seuls membres.
La domanialisation de ces terres sera considérée comme une mesure conservatoire
ayant pour objectif de les mettre à l’abri de toute tentative de spoliation ou d’appropriations
individuelles. Il s’agit donc d’un caractère sui generis confirmé par le système juridique
applicable : le droit coutumier qui régit un bien public. Or, les biens du domaine de l’État sont
régis par un statut particulier conféré par les lois de classement ou d’affectation qui répondent
naturellement du droit moderne. Les ressources naturelles collectives relèvent du domaine public
de l’État en vertu de la loi foncière (article 388). Les modalités de jouissance des droits des
communautés locales devraient être précisées dans une loi d’application qui n’a jamais été
promulguée depuis 1973. En attendant la promulgation de la loi d’application, ce sont les
coutumes qui continuent à régir ces ressources naturelles. Ce sont des biens publics de par la
volonté du législateur. Il s’agit d’un caractère sui generis dans la mesure où la coutume
s’applique au domaine public de l’État qui répond essentiellement au droit moderne.
Le DIH et le DIDH sont essentiellement contenus dans des instruments juridiques
internationaux dont la plupart ont été ratifiés par la RDC, il sied d’analyser en quoi ce contenu
tempère la propriété foncière.

SECTION II : ASPECTS DU DIH ET DU DIDH

Alors que la loi foncière congolaise organise une propriété exclusive au profit de
l’Etat, force est de constater cependant que des aspects du DIH (§2) et du DIDH (§1) entament
cette propriété dans la manière dont ils organisent la jouissance de certains droits fondamentaux
de l’homme.

46JP. PLATTEAU, Droit de propriété et gestion efficace des ressources naturelles, [En ligne], disponible
sur : <http://www.iddri.org>, consulté le 28 octobre 2018.
20

§1. ASPECTS DU DIDH

Certains droits relevant du DIDH amoindrissent l’ampleur de la propriété foncière


reconnue, à titre exclusif, à l’État congolais. Ils s’affirment au détriment de la titularité de la
propriété foncière congolaise en reconnaissant au peuple, dans une dimension bien précise, le
droit de disposer des ressources naturelles. Pourtant, qui dit ressources naturelles renvoie au sol,
sous-sol et leurs produits. Il s’agit en l’espèce, d’une libre disposition de la terre à leur guise. Ces
aspects sont le droit des peuples à l’autodétermination (A) et le respect des terres coutumières
(B), tels stipulés dans les pactes internationaux qui sont d’application à l’égard de la RDC.

A. Droit à l’autodétermination

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et


le PIDCP, ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) affirment
que les « peuples » ont un droit à l’autodétermination ; que ceux-ci peuvent disposer librement
de leurs richesses et ressources naturelles et qu’un peuple ne doit en aucun cas être privé de ses
propres moyens de subsistance (le moyen de gagner sa vie). Les Pactes ne définissent cependant
pas la notion de « peuple ». Les peuples autochtones ont le droit à l’autodétermination (art. 3 de
la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones), et la Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples, dans sa jurisprudence, a conclu que certains
groupes ethniques constituent des peuples et jouissent, par conséquent, des droits que la Charte
africaine confère aux peuples (y compris l’autodétermination).47
Durant l’époque coloniale, le droit à l’autodétermination de tous les peuples a été
souvent interprété comme le droit d’un peuple à disposer de son propre État, et comme un droit à
faire sécession. Avec l’indépendance progressive des colonies, l’interprétation du droit à
l’autodétermination a évolué. L’autodétermination ne se réfère dorénavant plus seulement au
droit d’un peuple à disposer de son propre État, mais également à l’autodétermination interne au
sein d’un État pour certaines communautés d’individus. En ce qui concerne la terre, cela
implique que les individus et les communautés ont le droit de décider de la manière d’utiliser
leurs ressources naturelles.

47Lajurisprudence de la Commission africaine indique qu’il ne peut être déterminé qu’un groupe réunit les critères d’un peuple
qu’au cas par cas, en évaluant les caractéristiques de chaque groupe concerné. Communication No 279/03-296/05: Sudan Human
Rights Organisation & Centre on Housing Rights and Evictions /Sudan. Disponible sur : www.achpr.org/fr/
communications/décision/279.03-296.05
21

Ce droit empiète sur la propriété foncière congolaise au sens qu’il autorise les
autochtones à disposer librement de leurs richesses et ressources naturelles. En ce sens, l’État,
unique propriétaire foncier en RDC, voit son abusus amoindri car il ne devrait pas exister une
autre personne pouvant disposer des ressources naturelles au sens juridique du terme.

B. Obligation de respect des terres coutumières

La charte africaine des droits de l’homme comme le pacte international relatif aux droits
civils et politiques consacre une obligation erga omnes de respect à l’égard des terres
coutumières. La terre, étant sacré et directement lié à la vie des autochtones, elle traduit l’identité
d’une communauté. Pour ce faire, les autochtones sont libres de jouir et disposer des ressources
de leurs terres coutumières sans toute restriction de la part de l’État.
Pour de nombreux individus, particulièrement en Afrique, la terre représente le socle
matériel de leur culture et elle constitue un élément clé de l’identité culturelle et du sentiment
d’appartenance. Le lien entre les familles, les générations, les lignées familiales et les
communautés est, in fine, défini par les ressources foncières qu’ils partagent et contrôlent. Le
droit à la terre, aux territoires et aux ressources possédés ou occupés traditionnellement par les
populations autochtones est une composante essentielle du droit à la culture des peuples
autochtones. Les terres, les zones de pêche et les forêts ont une valeur culturelle et spirituelle
pour les peuples autochtones et pour de nombreuses autres communautés. Pour les peuples
autochtones, en particulier, ces ressources sont essentielles au maintien des liens avec leurs
ancêtres et elles incluent des sites sacrés.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) reconnaît qu’il est essentiel pour les
communautés locales et autochtones de conserver l’accès à leurs modes de vie et à leurs
connaissances traditionnelles. L’article 8 (j) de la CDB fait obligation aux États de protéger et de
promouvoir les connaissances traditionnelles des peuples autochtones en vue de la conservation
et l’utilisation durable de la diversité biologique.
Pareil sens rencontre la consécration des terres des communautés locales par les articles
387, 388 et 389 de la loi congolaise dite foncière tel que nous l’avons ci-haut évoqué. Ces terres,
bien que déclarées domaniales, demeurent soumises à l’autorité coutumières des dites
communautés locales. Cette faille juridique contenue dans la loi congolaise dite foncière qui
annonce sans suite favorable la prise d’une ordonnance présidentielle qui viendra régir ces terres
de communautés locales de la RDC laisse empiéter sur l’exclusivité de la propriété foncière de
22

l’État congolais. Ce dernier, ne saura pas empêcher la disposition des ressources naturelles des
terres des communautés locales en raison du dualisme juridique qui se fait constater en RDC.
Certains aspects du DIH tempèrent aussi la propriété foncière congolaise.

§2.ASPECTS DU DIH FRAGMENTANT LA PROPRIETE FONCIERE

Les différentes interdictions instituées par le droit international humanitaire fragilisent,


à un certain degré, la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État congolais sur le
sol. En effet, des limitations de moyens et méthodes de guerre par lesquelles le Droit
International Humanitaire interdit aux États d’utiliser des armes de nature à détériorer
l’environnement, il ressort que l’État, en tant que propriétaire du sol et sous-sol n’exerce pas
l’abusus libertem spiritus. En principe, le propriétaire d’un bien dispose de sa chose comme bon
lui semble. Il peut jeter, casser, abandonner ou endommager la dite chose sans toute inquiétude
car il en est le maitre. Aucune autre personne ne peut restreindre la disposition de sa chose.
Le Droit International Humanitaire institue des restrictions à la propriété foncière de
l’État car ce dernier doit respecter et protéger l’environnement lequel implique à la fois le sol,
sous-sol, la faune, la flore, les eaux, etc. En ce sens, l’État congolais ne dispose pas d’abusus
dans l’exercice de sa propriété foncière.
Le droit international humanitaire protège l’environnement à travers ses dispositions
générales, d’une part, et, d'autre part, grâce à une série de dispositions spécifiques
supplémentaires. Les dispositions générales relatives à la conduite des hostilités s’appliquent à
l’environnement48.
D'ordinaire, l’environnement est de caractère civil et ne peut être la cible d’attaques,
à moins qu’il ait été transformé en objectif militaire. En outre, il faut tenir compte de la
destruction de l’environnement lors de l’évaluation de la proportionnalité d’une attaque contre un
objectif militaire.
Le Protocole I a ajouté une interdiction spécifique concernant l'utilisation de «
méthodes ou moyens de guerre qui sont conçus pour causer, ou dont on peut attendre qu’ils
causeront, des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel ». Il interdit
également les attaques contre l'environnement naturel à titre de représailles.

48P. FAUTEUX « L'utilisation de l'environnement comme instrument de guerre au Koweit occupé », in Les aspects juridiques de
la crise et de la guerre du Golfe. Actes du Colloque des 7 et 8 juin 1991 organisé par le Centre de droit international de Nanterre.
Ed. Montchrestien, Paris, 1991, p. 249.
23

Le Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale considère comme crime de


guerre le fait de causer des dommages étendus, durables et graves à l'environnement naturel, en
violation du principe de proportionnalité.
En 1976, la communauté internationale a adopté la Convention sur l'interdiction d'utiliser
des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins
hostiles49.
Les techniques auxquelles se réfère la convention sont toutes celles qui modifient « grâce à
une manipulation délibérée des processus naturels, la dynamique, la composition ou la structure
de la Terre ». Les parties à la convention s’engagent à ne pas avoir recours à des manipulations
de l’environnement susceptibles d’avoir « des effets étendus, durables ou graves, en tant que
moyens de causer des destructions, des dommages ou des préjudices à tout autre État partie ».
Le CICR s’emploie notamment à veiller à ce que les membres des forces armées soient
pleinement conscients de l’obligation qui leur incombe de respecter et de protéger
l’environnement en temps de conflit armé. Il a organisé à cette fin plusieurs réunions d’experts
qui ont abouti à l’adoption des « Directives pour les manuels d’instruction militaire sur la
protection de l’environnement en période de conflit armé », une synthèse des règles en vigueur
dans ce domaine.
Il convient de rappeler qu'en période de conflit des atteintes à l'environnement sont
inévitables. En réalité, les guerres ont de tout temps laissé des traces - parfois extrêmement
durables - sur l'environnement naturel. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore certains des champs de
bataille de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, pour ne citer que ces conflits, sont
impropres à l'exploitation ou présentent, pour la population, des risques considérables dus aux
engins (en particulier les mines) et projectiles dont ils sont truffés.
Il importe tout d'abord de définir ici ce que l'on entend par la notion de protection
indirecte de l'environnement. Il s'agit tout simplement de tenir compte du fait que, jusqu'au début
des années 1970, le droit international humanitaire a «traditionnellement été anthropocentrique
quant à sa portée et à son champ d'étude» . L'environnement en tant que tel n'apparaît donc pas
dans les textes, il se voit néanmoins protégé par des dispositions relatives, par exemple, aux
propriétés privées ou à la protection de la population civile50.

49
M. TORRELLI, le droit international humanitaire, P.U.F., Collection Que sais-je ? Paris 1989, p. 43.
50G. HERCZEGH, « La protection de l'environnement naturel et le droit humanitaire » in Etudes et essais sur le droit
international humanitaire et sur les principes de la Croix Rouge, en l'honneur de J. Pictet, Nijhoff, 1984, pp. 726-727.
24

La Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre (Convention


IV, signée à La Haye en 1907) réaffirme et précise ces principes. Le Règlement qui lui est
annexé contient une disposition, l'article 23, alinéa 1, lettre g), qui mérite d'être citée ici. En effet,
cet article illustre parfaitement bien l'approche «anthropocentriste» dont il a déjà été fait état. Par
ailleurs, en interdisant «de détruire ou de saisir des propriétés ennemies, sauf les cas où ces
destructions et ces saisies seraient impérieusement commandées par les nécessités de la guerre»,
l'article 23 constitue l'une des plus anciennes bases de la protection de l'environnement en
période de conflit armé.
Plusieurs traités limitant ou interdisant l'usage de certains moyens de combat
contribuent également à la protection de l'environnement en période de conflit. A ce titre, il
convient de mentionner:
- le Protocole concernant la prohibition d'emploi, à la guerre, de gaz asphyxiants, toxiques ou
similaires et de moyens bactériologiques, adopté à Genève le 17 juin 1925;
- La Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes
bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, adoptée le 10 avril 1972;
- La Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui
peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant
sans discrimination, adoptée le 10 octobre 1980.
Cette dernière Convention présente un intérêt tout particulier, ce pour deux raisons au
moins:
- elle prévoit un mécanisme de révision et d'amendements (article 8); on pourrait donc imaginer,
le cas échéant, qu'un Protocole supplémentaire relatif à la question de la protection de
l'environnement y soit introduit;
- certaines de ses dispositions, en particulier celles touchant à l'emploi des mines, pièges et autres
dispositifs (Protocole II) et des armes incendiaires (Protocole III), contribuent directement et
concrètement à la protection de l'environnement en Période de conflit.51
Un dernier traité doit être cité ici: la Convention de Genève relative à la protection des
personnes civiles (IVe Convention du 12 août 1949), et en particulier, son article 53 qui interdit
la destruction des biens mobiliers ou immobiliers. Cet article constitue une Protection minimale

51A. KISS, « Les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1977 et la protection de l'environnement» in Etudes en
l'honneur de J. Pictet, Op. Cit., p. 29.
25

de l'environnement en cas d'occupation. En dépit des idées ci-avant évoquées dans le cadre de la
protection indirecte de l’environnement, il faut écrire qu’il existe des conventions qui protègent
d’une manière particulière l’environnement. Il s’agit de :
- la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à
des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (Convention «ENMOD» adoptée dans le cadre
des Nations Unies le 10 décembre 1976);
- le Protocole I de 1977, additionnel aux Conventions de Genève de 1949.
Malgré les risques évidents encourus par l'environnement en cas de conflit armé non
international, aucune règle du droit humanitaire applicable à cette situation ne protège
spécifiquement l'environnement.
La protection de l'environnement naturel n'est cependant pas totalement absente du
Protocole II, ce grâce aux articles 14 («Protection des biens indispensables à la survie de la
population civile») et 15. L'article 14 interdit les attaques contre «les denrées alimentaires et les
zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d'eau potable
et les ouvrages d'irrigation»; il contribue donc sans doute à la protection de l'environnement en
période de conflit armé non international. Il en va de même de l'article 15, qui interdit les
attaques contre les installations contenant des forces dangereuses si de telles attaques peuvent
entraîner la libération de ces forces.
Tout compte fait, il ressort de ce qui précède que la propriété foncière congolaise est
tempérée. Bien qu’elle soit déclarée exclusive à l’État par la loi foncière, force est de constater
cependant qu’elle est partagée entre l’État et les populations en raison du DIDH, cependant que
le DIH achève lui-même de dénuder l’Etat de l’abusus sur le sol. Il sied toutefois de préciser que
les instruments juridiques constituant le DIDH et le DIH ont été souverainement ratifiés par la
RDC.
26

CHAPITRE DEUXIEME : RAPPROCHEMENT ENTRE SOUVERAINETE ET


PROPRIETE FONCIERE EN RDC

Une considération attentive de la notion de souveraineté à côté de la propriété


foncière congolaise révèle une convergence entre les deux (Section Ière). Cependant, pour autant
que les deux ne fusionnent pas en une même chose, force est de relever que dans leur coexistence
la souveraineté jouit d’une prééminence par rapport à la propriété foncière congolaise (Section
IIème).

SECTION I : CONVERGENCE ENTRE SOUVERAINETE ET PROPRIETE


FONCIERE

La convergence susceptible d’être établie entre souveraineté et propriété foncière en


RDC ressort non seulement de la théorie du territoire objet (§1) mais aussi des éléments de
ressemblances qui existent entre les deux (§2).

§1.THEORIE DU TERRITOIRE OBJET

Cette théorie, déclinée de différentes manières, dissocie l'État de son territoire. Elle
considère le territoire comme le champ d'application d'un droit réel de propriété ou, à un degré
supérieur, d'un droit réel de souveraineté. Cette théorie recourt à une analogie avec le droit privé
et soutient que l'État exerce sur le territoire un droit réel similaire à celui du propriétaire sur une
chose. Il ne s'agirait pas d'une propriété, mais d'un imperium de même nature que celle-ci, avec
les caractéristiques d'un droit réel. Cette théorie considère que le territoire est une chose, un bien,
un objet sur lequel l'État exerce un véritable droit réel : pour les uns ce sera un droit réel de
propriété : un dominium, pour les autres ce sera un droit réel de souveraineté: un impérium52.
Quelle que soit la forme donnée à ce droit réel, celui-ci donnera à l'État un droit de
disposition illimité sur son territoire. La conception du territoire champ d'application d'un droit
réel de propriété a surtout été défendue par Oppenheim, Lauterpacht 53. Cette conception s'est
développée jusqu'à la moitié du XXème siècle. En France elle fut représentée par Paul
Fauchille54.

52CH. LAVIALLE, « Des liens entre la souveraineté nationale et le droit de propriété », in RFDI, num. 32, 2006, p. 963.
53Cité par KOHEN, Marcelo G. Chapitre premier : La notion de possession contestée In : Possession contestée et souveraineté
territoriale [En ligne], Disponible sur : http://books.openedition.org/iheid/1302, consulté le 27 septembre 2018.
54P.FAUCHILLE, Traité de droit international public, Paris, Rousseau, 1925, t. 1er, 2e partie – Paix, pp. 760-761
27

La théorie du territoire objet permet de rendre compte de l'évolution territoriale des


États, des cessions, des acquisitions, sans que pour autant sa personnalité en soit atteinte. C’est
l’essence même de nos articles 214 et 217 de la constitution. On pourra toutefois objecter que la
relation entre l'État et son territoire ne se limite pas à l'exercice d'un droit réel et que le
parallélisme fait par les auteurs ne saurait être total. En effet, si le propriétaire d'un objet peut en
disposer sans qu'il en soit atteint dans sa substance - le propriétaire qui vend tous ses biens
continue à exister -, l'État ne saurait disposer de la totalité de son territoire et continuer à exister
sur le plan international. Cette critique est en partie contredite par l’article 217 de la constitution
qui rend possible l’abandon partiel de la souveraineté en vue de la cohésion de l’unité africaine.
Quelle que soit la forme donnée à ce droit réel, celui-ci donnera à l'État un droit de
disposition illimité sur son territoire. Et c’est dans cette logique que l’on serait tenté d’affirmer
qu’à un sens plutôt large, la souveraineté rime mieux avec la vraie nature du droit qu’a l’État sur
son sol. Car c’est en vertu de cette théorie du territoire objet que l’État peut octroyer une portion
de son territoire (cet objet) à un autre État.
Cette théorie du territoire objet rejoint une autre partie de la doctrine55 qui affirme que
le droit de l'État sur son territoire est un diritto de dominio c’est-à-dire il s’agirait d'un droit
international, parfaitement compatible avec le droit de propriété des personnes privées56. Cette
conception a eu une influence remarquable sur la terminologie et sur la systématisation de tout ce
qui concerne le territoire en droit des gens.
En effet, on parle de « cession », d'« abandon » ou d'« acquisition » du territoire comme on
le fait lorsqu'il s'agit de la propriété privée. La systématisation des moyens d'acquérir la
souveraineté territoriale, qui inclut notamment la prescription acquisitive, l'occupation d'une
terra nullius, est une preuve évidente de l'influence de cette conception sur le droit de gens.

§2. SIMILARITE ENTRE SOUVERAINETE ET PROPRIETE FONCIERE


CONGOLAISE

Il est intéressant de relever que le droit de propriété de l'État est un droit universel,
absolu, perpétuel et exclusif, portant sur le sol, qui est inaliénable, imprescriptible et
intransmissible. Pour sa part, la souveraineté est aussi inaliénable, une et indivisible,
imprescriptible portant sur l'ensemble du territoire et non seulement sur le sol.

55A. TESTART, Op. Cit, p.149-178.


56Idem.
28

A. Du droit universel

Par la combinaison de l'article 10 de la constitution révisée et de l'article 53 de la loi du


20 juillet 1973, on peut déduire que le droit de propriété de l'État congolais est universel ; et ce à
partir des termes « le sol et le sous-sol zaïrois » et de la place de cet article dans la constitution.
Les droits de l'État s'étendent sur toutes les terres comprises dans les limites des
frontières nationales. Toutes les terres sont désormais sans exception soumises à l'État à titre de
propriété avec cette conséquence que la notion de terres vacantes ou sans maîtres devient sans
aucun objet.
Quant au caractère universel de la souveraineté permanente, on entend que ce droit
confère exclusivement à l'Etat seul des pouvoirs souverains d'exercer un contrôle permanent sur
tout l'ensemble de son territoire, sans exception. C'est à dire les espaces terrestre, maritime et
aérien. Se trouvant placée dans l'universalité nationale, elle ne saurait être localisée, par voie de
division ou de fractionnement, dans les nationaux individuellement. Elle est en plus, à cet effet,
indivisible.

B. Du droit exclusif

Autant pour le droit de la souveraineté permanente que pour le droit de la propriété


inaliénable ce caractère se vérifie au profit du seul Etat Congolais.
En effet, l'article 9 de la constitution qui consacre ce principe en attribue l'exercice
exclusif à l'Etat seul57. Aucune partie du peuple, aucun individu ou organe au sein de l'Etat ne
peut détenir ce droit concurremment avec l'Etat. Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Etat, il
n'existe aucun sujet de droit interne ou international qui puisse l'exercer avec lui. Seul l'Etat
congolais exerce cette souveraineté.
De même en déclarant qu'en matière foncière, toute appropriation individuelle du sol est
abolie, le législateur consacre l'exclusivité des droits de l'Etat sur le sol et le sous-sol. Ce qui
s'oppose à l'art. 34 de la Constitution qui consacre le droit à la propriété privée. Le droit
congolais n'admet plus comme sujet des droits à la propriété du sol ni les personnes physiques, ni
les personnes morales. L'Etat ne peut partager ses droits à titre de copropriétaire, ni les
démembrer.

57 Cet article dispose que l’Etat exerce une souveraineté permanente sur les ressources naturelles.
29

La loi, elle-même, interdit totalement et à jamais que ce droit soit accessible à toute
personne autre que l'Etat. Dans la compréhension actuelle de ce texte, même les personnes
morales de droit public, fussent-elles des subdivisions géographiques de l'état ne peuvent pas
accéder à la propriété foncière, elles ne peuvent accéder qu'à la concession foncière58.

C. Du droit absolu

Le droit de la souveraineté permanente est absolu, celui de la propriété inaliénable et


exclusive l'est également.
Le caractère absolu du droit de propriété de l'Etat congolais sur le sol et le sous-sol, dont
il est le seul titulaire, se dégage de plusieurs dispositions de la loi du 20 juillet 1973.
En effet, en tant que propriétaire foncier, en vertu de l'article 58 de la loi précitée, l'Etat
détermine la destination des terres concédées et fait respecter cette destination pendant la durée
du droit de jouissance.
L'intervention de l'Etat est prévue d'abord au stade de concession, ensuite pendant la
jouissance notamment lorsqu'il s'avère nécessaire d'en vérifier ou d'en restaurer la régularité.
L'intervention au stade de la concession est anormale étant donné qu'il s'agit de concéder
des biens dont l'Etat a la charge et la garde. Il en sera ainsi lorsque la non occupation et
l'interruption de l'exploitation constitutives de l'abandon sont établies ou lorsque l'intérêt général
exige une reprise des terres.
Les droits de jouissance à terme accordés par l'Etat sont renouvelables, cependant le
renouvellement n'est pas automatique. Le titulaire du droit (de jouissance) pourrait être astreint à
des conditions nouvelles au moment du renouvellement.
Le droit de l'Etat en tant que propriétaire foncier est absolu, emportant pour l'état
congolais, le droit de jouir et de disposer du sol et du sous-sol conformément à la loi. Ce droit de
propriété étant opposable à tous par la volonté même du législateur, déroge aux prescrits de
l'article 34 de l'actuelle Constitution.

D. De la propriété inaliénable

La souveraineté permanente de la R.D.C. qui est consacrée par l'art. 9 est inaliénable.
Tout acte, toute disposition constitutionnelle, qui tendrait à faire acquérir personnellement la
souveraineté à un homme ou à une assemblée, serait radicalement nul, et vu comme inconciliable

58 S, MUNGANGU, Op.Cit, p. 63.


30

avec le principe que la nation seule est souveraine. Quand encore tous les citoyens seraient à un
moment donné unanimes à consentir une transmission ou une délégation de ce genre59, ils
demeureraient impuissants à réaliser une telle aliénation. Car, non seulement le droit de la
souveraineté permanente n'appartient pas aux citoyens eux-mêmes, et ceux-ci n'ont pas le
pouvoir d'en disposer ; mais, à bien dire, il ne réside même pas dans la collectivité indivisible
qu'ils concourent à former, à chacun des moments successifs de la vie nationale. La raison en est
que la collectivité nationale, en qui est contenue la souveraineté, n'est pas seulement constituée
par la génération présente des citoyens ; elle comprend, d'une façon indéfinie, la succession
ininterrompue des générations nationales, présentes et futures. Il en résulte qu'en aucun moment
de son histoire, la nation ne peut être enchaînée pour l'avenir ; la génération actuelle ne peut
prétendre imposer ses volontés aux générations prochaines.
Le caractère d'inaliénabilité de la propriété foncière de l'Etat congolais vient surtout de ce
que le domaine foncier est collectif parce que, comme l'écrit MALINGREAU « qui dit bien
collectif dit bien inaliénable »60.
Subsidiairement, une conception philosophique et métaphysique tente de justifier ce
caractère d'inaliénabilité. En effet, pour cette conception, on dit que les collectivités
traditionnelles n'ont sur leur domaine que le droit d'usufruit et que leurs ancêtres seuls ont gardé
la nue-propriété ; ils ont dans leur patrimoine des morts le droit d'aliéner ; ou parce qu'encore une
assemblée réunissant les vivants et les morts à la fois, et la descendance nécessaire pour disposer
du domaine collectif est impossible à réunir.
Mais ce caractère vient de ce que le domaine foncier a été déclaré tel par le législateur et
ce pour permettre à l'État d'avoir les mains libres dans sa politique économique. Et en attribuant
la propriété inaliénable du sol et du sous-sol à l'État, le législateur a en effet supprimé la
propriété foncière de droit civil, le dominium et l'imperium étant confondus61.
Le sol est donc hors commerce ; il cesse d'être l'objet de vente, de donation et
d'hypothèque ; l'État ne pouvant consentir qu'un droit de jouissance moyennant un prix qualifié
de redevance ou de loyer. C'est pourquoi le régime de la propriété foncière déroge à l'article 34

59R. CARRE de MALBERG, Op. Cit., T. I, p.176.


60 G. KALAMBAY, Op. Cit., p. 63.
61 S. MUGANGU, Op.Cit, p. 149.
31

de la Constitution. Par ce caractère, le sol congolais est donc incessible parce que le mot
incessibilité est pratiquement synonyme d'inaliénabilité62.

E. Du droit imprescriptible

Le droit de la souveraineté permanente est imprescriptible, en ce sens que la nation, qui en est
seul titulaire, ne peut en être dépouillé par l'effet d'une possession adverse, si prolongée soit-elle.
Le principe est que ce qui est aliénable est prescriptible et les choses inaliénables sont
imprescriptibles conformément à l'article 620 du code civil Livre III qui dispose qu' "on ne peut
prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans le commerce ». Le sol étant hors
commerce, personne ne peut donc acquérir un droit sur une portion par usucapion et l'État ne
peut perdre son droit sur une portion du sol par prescription extinctive. C'est ici où se situe le
véritable point de divergence entre l'article 34 d'une part et de l'autre l'article 9 et l'article 53.
Cette imprescriptibilité est absolue et permanente par la volonté du législateur. Il en
découle qu'admettre la prescriptibilité du droit de propriété de l'Etat sur le sol et le sous-sol, c'est
admettre indirectement qu'une personne puisse partager avec l'Etat son droit de propriété
foncière ou celui de souveraineté permanente le cas échéant.
L'octroi et la reconnaissance des droits de jouissance par l'Etat congolais sur son sol ne
sont donc que des actes de simple tolérance. Ceux-ci avec ceux de pure faculté, note Patrice
Jourdain ne peuvent conduire à l'usucapion ; le propriétaire n'a cessé d'exercer son droit, il l'a
exercé en donnant son accord et le bénéficiaire a agi conformément à la volonté du titulaire du
droit63, l'occupation des terres du domaine de l'Etat par les communautés locales n'est ni
constitutive de droit ni constitué en droit, les occupants ne pouvant se vanter de l'usucapion sur
ces terres64.
Le droit de propriété de l'Etat sur le sol et le sous-sol est donc perpétuel parce qu'il a
vocation de durer autant que son objet et il est exclu que l'Etat n'ait pas exercé son droit pendant
un laps de temps qui l'éteindra.

62 P. GUICHO, J. BICHOT, M. LEMARTIN, Dictionnaire de Droit, économie et gestion, 1ère édition, l'Hermès, Paris, 1994, p.
376.
63 P. JOURDAIN, Op. Cit, p. 128.
64S. MUGANGU, Op. Cit., p. 149.
32

F. Du droit intransmissible

Ce caractère est partagé à la fois par la souveraineté et la propriété inaliénable, exclusive


consacrée par la loi du 20/07/1973, qui les distinguent également de l'article 34.
En effet, l'Etat est perpétuel et identique à lui-même et par conséquent l'Etat ne peut
jamais perdre son aptitude à être titulaire des droits ou perdre son aptitude à posséder un
patrimoine et l'attribut d'être souverain. Sinon, il cesse d'être un Etat au sens du droit
international et constitutionnel. De ce fait, pour les particuliers, il est exclu d'acquérir soit à titre
universel, soit pour un particulier d'être constitué en légataire universel, soit encore d'acquérir à
titre particulier des droits de propriété foncière ou d'exercer la souveraineté.
La loi ne fait pas seulement de l'Etat congolais le seul propriétaire foncier à la date du 20
juillet 1973 mais aussi, elle consacre et protège cette situation pour l'avenir et à jamais.
La propriété peut donc être triturée, limitée ou exclue, en fonction des objectifs que les
planificateurs veulent atteindre. La propriété ne s'impose pas à eux parce qu'elle est dominée par
l'intérêt général et c'est cet intérêt général qui permet de morceler les prérogatives laissées au
propriétaire selon les souhaits des planificateurs65.
Il en est de même de la souveraineté, c'est un droit intransmissible dans le sens où c'est un
droit propre et essentiellement étatique. En aucun cas, l'Etat ne peut transmettre sa souveraineté à
une autre personne ni morale ni physique. Si non il cesserait d'être un « Etat », car il n'est pas
d'Etat sans souveraineté et cela tant pour le présent que pour l'avenir, seul l'Etat congolais
exercera sa souveraineté et ne saurait en aucun cas la transmettre à qui que ce soit.
Pour l'Etat congolais, les caractères de sa propriété foncière par la nature et l'importance
des choses qui en font l'objet, confère au propriétaire certains droits qui ne se trouvent pas dans
la propriété classique et qui constituent par suite des attributs spéciaux à ces genres de propriété.
De manière globale, il sied de dire que la souveraineté se rapproche de la propriété au
travers ses principales caractéristiques que sont la permanence, l’inaliénabilité et l’exclusivité.

65C. MOULY, «Place de la propriété parmi les droits de l'homme », in le Droit de propriété et l'environnement, Dalloz, Paris,
1997, p. 35.
33

SECTION II : PREEMINENCE DE LA SOUVERAINETE SUR LA PROPRIETE


FONCIERE

Le fait pour un État de s’attribuer la propriété du sol et sous-sol est un acte de


souveraineté. En principe, aucun autre État ne peut interférer et décider du mode de gestion du
territoire hors de sa circonscription. Une telle affirmation rencontre la logique de l’article 9 de la
constitution congolaise qui dispose que l’État congolais exerce une souveraineté permanente sur
les ressources naturelles. Certes, l’article 53 de la loi dite foncière dispose que la propriété du sol
congolais est conférée à l’État à titre exclusif, inaliénable et imprescriptible Il dispose que les
individus ne sont titulaires que du droit de jouissance. Néanmoins, le contenu de l’article 214 de
la constitution susvisée soustrait de la compétence de l’État le pouvoir de céder le territoire hors
référendum. Il institue, en ce sens un co-dominium entre l’État et le peuple et amoindrie, par
conséquent la propriété foncière congolaise.
La mise en évidence de la prééminence de la souveraineté sur la propriété foncière en
RDC ressort non seulement des éléments de dissemblance entre les deux concepts (§1), mais
aussi des idées contenues dans les articles 9, 214 et 217 de la constitution de la RDC (§2).

§1. ÉLEMENTS DE DISSEMBLANCE A LA LUMIERE DES ARTICLES 53


DE LA LOI DITE FONCIERE ET 9 DE LA CONSTITUTION
CONGOLAISE

De prime abord, nous relevons que l'article 9 consacrant le principe de la souveraineté


permanente est plus riche, plus complet et plus exhaustif par rapport à d'autres textes légaux et en
l'occurrence l'article 53 avec lequel nous le distinguons ici. C'est que, contrairement à l'art. 53 qui
ne traite que du sol, sous-sol, l'article 9 quant à lui traite à la fois de l'espace terrestre, maritime,
aérien, voir le plateau continental. C'est en cela qu'il est plus exhaustif et plus complet. Il est
important de noter aussi que, l'article 9 ne supprime pas le monopole de la propriété foncière de
l'État Congolais, au contraire il le maintien et le renforce par les différents mécanismes de
contrôles institués par le principe de la souveraineté permanente. Et donc, l'article 9 complète
l'article 53, mais ne le contredit pas, il maintient l'État
Une différence de nature est la troisième à établir ici, entre ces deux concepts :
-Tout d'abord, la propriété est un concept de droit privé et relève des rapports ou du lien
juridique entre une personne et un bien ou une chose. La propriété poursuit le but de satisfaire les
34

intérêts privés, égoïstes, plutôt que de satisfaire l'intérêt général. Tandis que la souveraineté est
un concept de droit public, un attribut essentiel de l'Etat.
-En outre, la propriété, en tant que droit absolu est susceptible d'appropriation privative,
elle peut avoir pour titulaire soit une personne morale, soit une personne physique, selon les
prescrits de l'article 34. Ce qui n'est pas le cas pour la souveraineté qui n'est qu'une
caractéristique, mieux un attribut de l'Etat et qui ne peut se concevoir que dans l'Etat. Car, nous
dit Carré de Malberg, il ne peut y avoir dans un même Etat deux souverains.
-La propriété peut se démembrer, ou être fractionnée pour produire soit l'emphytéose, la
superficie, l'usufruit, la copropriété. Pour sa part, la souveraineté en tant qu’attribut essentiel de
l'Etat, est une et indivisible, Lefur le dit mieux, en soutenant que l'unité et l'indivisibilité de la
souveraineté est liée à l'unité et à l'indivisibilité de l'Etat même, car diviser la souveraineté
revient à diviser l’Etat.
-Un autre élément de différence entre les deux articles en comparaison ici, se révèle
dans la philosophie ou l'esprit qui ont animés le législateur dans leur élaboration. La philosophie
qui domine ces deux lois, c'est la philosophie de l'indépendance économique de la R.D.C.
En effet, dans les deux cas, c'est le souci profond de mettre fin à l'ingérence de la main
étrangère dans l'exploitation et la gestion des richesses et des ressources économiques du pays. Il
faut mettre fin à la colonisation sous toutes ses formes et ses aspects, surtout l'aspect
économique.
Car, il ne saurait exister d'indépendance politique sans indépendance économique.
Pour la loi du 20/07/1973, en attribuant à l'Etat le sol et le sous-sol, comme sa propriété
inaliénable et exclusive, on a aboli par conséquent l'appropriation privative du sol, qui est une
exception à l'article 34. Le nouveau régime foncier et immobilier66 a cessé de poursuivre
l’évolution du régime foncier colonial qui a plus profité aux étrangers qu'aux congolais.
D'ailleurs c'est à cette conclusion que le rédacteur de l'exposé des motifs est arrivé. Nous le
citons : « le régime foncier immobilier constitue une rupture définitive et radicale avec le régime
légal des terres de l'époque coloniale. Rupture, mais pas refus de s'inspirer de certaines solutions
spécifiques pratiquées par le régime colonial, notamment en matière d'emphytéose. Rupture
aussi, mais en respectant, dans une mesure compatible avec l'intérêt général, les droits acquis ».

66G. KALAMBAY, Op. Cit., p.65.


35

Quant à l'art.9, qui consacre le principe de la souveraineté permanente, l'intention du


législateur issu du contexte de guerre d'agression qui a balkanisé le pays, consiste à mettre fin
aux pillages et à l'exploitation illégales de ses richesses et ses ressources naturelles et d'éviter la
balkanisation du pays en tout temps. Il s'est révélé impérieux, voire nécessaire de doter le pays d'
un instrument juridique pouvant lui permettre d'assurer la protection et le contrôle, sur son
territoire, de toutes les activités économiques. La convoitise des richesses et ressources naturelles
de la R.D.C. par ses neuf pays voisins a toujours été à la base de l'insécurité et du pillage
systématique et autres crimes économiques en R.D.C. Il s'agit d'une nouvelle forme de priver à la
R.D.C. de son indépendance économique et de la maintenir sous le joug néocolonial,
commandité par certains pays occidentaux en complicité avec les pays voisins de la R.D.C.
(Rwanda, Uganda et Burundi qui ont systématiquement pillé le pays. Des nombreux crimes
économiques ont été commis dans tous les secteurs de la vie de l'Etat au détriment de la
population).
Tout compte fait, affectant le territoire même, le droit de l’Etat sur le sol ne saurait donc
être qu’un droit de domaine (dominium), qui se traduira, par exemple, par le droit
d’expropriation pour cause d’utilité publique ou le droit de dévastation aux fins de la défense
nationale (théorie dite du territoire objet). Cette sorte de droit réel éminent n’est pourtant pas un
droit de propriété, mais rimerait mieux et techniquement avec un droit de souveraineté. Il ne se
confond ni avec le droit de l’Etat sur son domaine privé, ni même sur le domaine public. D’une
part, le droit de l’Etat sur le territoire est à la fois général et limité dans son objet : il frappe le
territoire tout entier, alors que la propriété, même publique, ne s’étends qu’au sol.

§2.AFFIRMATION DE LA SUPREMATIE DE LA SOUVERAINETE SUR LA


PROPRIETE A LA LECTURE DES ARTICLES 5, 214 ET 217 DE LA
CONSTITUTION

D'une part, le droit de l'Etat sur le territoire est à la fois général et limité dans son objet :
il frappe le territoire tout entier, alors que la propriété, même publique, n'atteint que des parcelles
déterminées du territoire ; il ne comporte pas plénitude et exclusivité des pouvoirs, qui restent en
principe au propriétaire sous-jacent, mais seulement certaines facultés déterminées d'utilisation.
En quoi la souveraineté est-elle prééminente à la propriété et quelles conséquences va-
t-elle entraîner sur le foncier congolais ? La propriété constitue le plus haut degré possible de
36

jouissance des droits par une personne sur une chose tandis que la souveraineté exprime le plus
haut degré de jouissance des compétences d’un Etat sur un territoire.
Les termes « souverain » et « souveraineté » se retrouvent dans les articles 5, 214 et
217 de la constitution sans pour autant offrir de dire la même chose.
En effet, sur le plan interne, il nous paraît clair que dans tout Etat démocratique, la
souveraineté appartient au peuple. Il revient exclusivement à ce dernier de choisir ceux qui
doivent diriger les institutions de l’Etat. C’est ce qu’affirme l’article 5 de la constitution dont
l’article 214 apparaît comme une conséquence logique. L’article 214 de la constitution dispose
ce qui suit : « aucune cession de territoire ne peut être décidée sans consulter le peuple
(souverain) qui, le cas échéant, l’autorisera par le vote d’une loi. » De là, l’on peut induire que le
sol appartient au peuple congolais.67 Dans cette logique, l’Etat ou l’administration mise en place
n’existe que pour en assurer la bonne gestion et la surveillance à l’intérieur, et à l’extérieur, la
protection et la sauvegarde vis-à-vis des autres peuples et/ou Etats (article 9). Seul le peuple, dit
l’article 5, dispose de l’entière souveraineté. Celle-ci lui permet par conséquent de se diriger par
l’entremise des dirigeants qu’il se choisit soi-même.
L’article 217 de l’actuelle constitution, quant à lui, n’est qu’un refrain d’une chanson
ancienne des années 60 et 70 : la vocation africaine du Zaïre dans le cadre de la lutte de la
libération totale de l’Afrique et l’implication dans les missions et objectifs de l’Organisation de
l’Unité Africaine (OUA), aujourd’hui Unité Africaine (UA).68 Dans ce cadre, les différents
textes constitutionnels congolais ont toujours prévu la possibilité, pour la RD Congo, de servir
de base arrière dans la défense de l’indépendance des autres Etats africains. Ce fait, comme nous
pouvons nous en rendre compte, est loin d’être proche de l’aliénation d’une partie du territoire
congolais. L’article 217 devrait être interprété dans le cadre des relations économiques
internationales. En effet, en vue de renforcer l’unité africaine, la RDC peut abandonner
partiellement sa souveraineté sur une partie de son territoire national en constituant cette partie
en zone franche, zone économique de libre circulation, mieux une zone d’exemption des droits
fiscaux et douaniers. Ainsi, dans ce cadre, la décision comportant abandon partiel de
souveraineté sera valable et conforme à l’article 214 de ladite constitution.

67LUKOMBE GHENDA, Op Cit., p.1213.


68Sur cette mutation et son efficacité voy. Notamment A. SOW, « L’Union Africaine », in Rev. de Dr. Afric., n°17/2001, pp.3-
31.
37

Sur le plan légistique, force est d’affirmer que le constituant congolais s’est comporté de
manière lasse, sans aucun égard aux ressources légales et aux exigences systémiques du droit
congolais. En effet, dans un système soucieux de la sécurité juridique, les normes doivent se
compléter et non se contredire ou entretenir un flou. Toutefois, nous notons que finalement, cet
article 9 de la constitution ferait plus de peur que de mal, bien qu’entretenant une nette
confusion. En effet, le dernier alinéa de cette disposition prévoit que les modalités de gestion et
de concession du domaine de l’État69 visé à l’alinéa précédent sont déterminées par la loi.
Pris sous la lumière des dispositions de la loi du 20 juillet 1973, les termes gestion et
concession, employés par le constituant, sont lourds d’incidence en droit 70. Gérer un bien n’a pas
pour vertu de faire du gestionnaire propriétaire dudit bien. De même, ne peut concéder un droit
que celui qui en est titulaire. En d’autres termes, l’on ne peut concéder un droit que celui qui en
est titulaire. En d’autres termes, l’on ne peut transférer plus de droits qu’on en dispose : Nemo
plus juris transfere potest quam ipse habet. C’est dire que pour avoir le pouvoir de concéder une
portion de terre, l’État congolais doit en être préalablement propriétaire.
Tel est également le sens que la loi du 20 juillet 1973 accorde aux termes cession et
concession. En effet, dans l’exposé des motifs de cette loi, il est rappelé qu’il était fait une nette
distinction entre « la cession » qui désigne un acte impliquant le transfert de propriété et la
« concession » qui est un acte impliquant seulement le transfert du droit de jouissance.
Le fait pour l’Etat congolais d’exercer sa souveraineté permanente n’entame en rien
la jouissance du sol par les particuliers. Le concept de territoire émerge lorsque l’on évoque le
territoire terrestre, maritime aérien, les eaux intérieures, le plateau continental, c’est-à-dire tout
un ensemble de biens définis justement comme « le territoire dans son ensemble ». On met ainsi
une limite au pouvoir d’occupation des autres États qui ne peuvent y empiéter car l’Etat
propriétaire y exerce des pouvoirs souverains. Lorsqu’on lit, dans l’article 14 de la loi foncière
que la propriété est le droit de disposer d’une chose d’une manière absolue et exclusive, sauf les
restrictions qui résultent de la loi et des droits réels appartenant à autrui, on assiste à une
opération très complexe, dont l’analyse peut nous aider à mieux saisir le rapport entre propriété
et souveraineté. On est certainement face à une critique significative du caractère absolu de la

69 Avec tout ce que cette expression implique comme sens. Ainsi, le droit de propriété de l’Etat sur le sol et le sous-sol peut en
être déduit.
70 Nous laissons de côté le débat sur la portée des articles 214 et 217 sur l’abandon de sa souveraineté par l’Etat et la cession ou

l’adjonction d’une partie de territoire congolais (après référendum) en vue de promouvoir l’Unité Africaine.
38

propriété parce que, pour atteindre cet objectif, il faut nécessairement des pouvoirs souverains.
En même temps, on note qu’émerge une conception de la propriété comme instrument de
stabilisation sociale, confirmant le lien intrinsèque entre propriété et liberté. À côté de cette
position, on trouve également celle qui, en examinant la structure de la société moderne par
actions, a contribué à redimensionner le caractère essentiel de la référence à la propriété, en
montrant qu’il est possible de distinguer propriété et contrôle de la propriété, ce qui permet ainsi
de parler de pouvoir souverains sur les fonds appropriés71.
Ainsi si l’on considère l’ensemble des ressources naturelles comme des biens
communs car ils sont nécessaires à la jouissance des droits fondamentaux de toute la collectivité,
une réflexion claire permet d’identifier les intérêts collectifs, les modalités d’usage et la gestion
de tels biens, les faisant sortir du champ d’application de la propriété au sens privatiste pour les
conduire à un régime d’exercice de la souveraineté permanente. Les intérêts collectifs étant tout
un arrière-plan non propriétarise ont fait ainsi gagner au monde institutionnel une troisième
dimension, dans laquelle se meuvent difficilement les défenseurs d’un droit de propriété comme
nature du droit que peut avoir l’Etat sur le fonds. Ici ils assimilent le fonds au territoire incluant
ainsi le sol et le sous-sol et consort72 .
On adopte ainsi une logique institutionnelle qui libère l’intérêt privé pour des biens
déterminés tel le sol qui doit désormais faire la référence obligatoire à la propriété publique. Le
formalisme propriétaire se voit contesté lorsque la catégorie de propriété est décomposée : on
met ainsi en évidence combien le pouvoir substantiel (l’Etat) de gestion du sol n’exige pas le titre
formel de propriétaire, ce qui modifie ainsi le rapport entre sujets et biens. Le regard sur la
propriété change par conséquent. La propriété foncière n’a pas besoin d’être limitée, en
octroyant seulement le fructus ou de la jouissance sur les fonds, mais elle peut désenclaver en
ayant une extension plus large73. En utilisant une terminologie plus claire, on pourrait même dire
qu’on passe d’une propriété « exclusive » à des pouvoirs souverains de l’état sur son territoire.
Il sied de relever que l’article 9 de la constitution consacrant le principe de la
souveraineté permanente est plus riche, plus complet et plus exhaustif par rapport à d’autres

71 MC. SMOUT, Du patrimoine commun de l’humanité aux biens publics globaux, Patrimoines naturels au Sud : territoires,
identités et stratégies locales, M.-C. Cornier-Salem, 2005, p.21.
72S. RODOTÀ, « Vers les biens communs. Souveraineté et propriété au XXIe siècle », in Tracés Revue de Sciences humaines [En

ligne], disponible surhttp://journals.openedition.org/traces/, consulté le 15 juin 2018.


73 F. CHEVRETTE, « Dominium et imperium : l’État propriétaire et l’État puissance publique en droit constitutionnel canadien »,

in Mélanges Jean Pineau, Montréal, Thémis, 2003, p. 21.


39

textes légaux, notamment l’article 53 de la loi foncière. C’est que, contrairement à l’article 53
qui ne traite que du sol, sous-sol, l’article 9 quant à lui traite à la fois de l’espace terrestre,
maritime, aérien, le plateau continental, bref, l’ensemble du territoire. C’est en cela qu’il est plus
exhaustif et plus complet. Il est important de noter aussi que la constitution congolaise en
consacrant le principe de Souveraineté Permanente ne supprime pas le monopole de la propriété
foncière de l’État Congolais, au contraire il le maintien et le renforce par les différents
mécanismes de contrôles institués par le principe de la souveraineté permanente.
En droit international, cependant, le concept de souveraineté (souveraineté de l’État)
n’est invoqué que pour expliquer l’indépendance et/ou l’égalité des États dans leurs rapports
respectifs. En même temps, l’expression du droit des peuples à leurs ressources
naturelles n’implique pas nécessairement l’absence d’un régime de droit public appliqué au sol
et/ou au sous-sol. L’État devra ainsi mettre en place des régimes de concession à l’avantage des
particuliers tout en tenant compte des droits de la population entière ou locale.
Le concept « souveraineté » s’entend donc également de la pleine liberté de décision et
d’action de l’État concernant les affaires domestiques. Selon le professeur Lunda Bululu, « parce
que souveraine, une collectivité étatique peut agir discrétionnairement, mais en conformité avec
le droit international ». Plus prolixe, Gicquel écrit : « La souveraineté de l’État, donc limitée,
constitue aujourd’hui le critère juridique de l’État jusqu’aucune autre collectivité, sujet de droit
international, n’en est titulaire. Ainsi, l’État a un certain nombre d’attributs : droits de législation
et de réglementation, de justice, de police, de battre monnaie, de légation, de lever et d’entretenir
une armée, d’accéder à la fonction publique et celui de conférer la nationalité entre autres. Ce qui
caractérise l’État, c’est l’exercice solitaire de ses droits dits de puissance publique ».
Force est de constater, cependant, que le concept de propriété s’avère inapproprié,
quand on envisage par exemple la mer territoriale ou le plateau continental. Aux termes de l’art.
2 al. 1 de la Convention sur le droit de la mer, il est dit que « la souveraineté de l’État côtier
s’étend, au-delà de son territoire et de ses eaux intérieures et, dans le cas d’un État archipel, de
ses eaux archipélagiques, à une zone de mer adjacente désignée sous le nom de mer territoriale. »
Parlant du plateau continental, l’art. 77 de la même Convention dit, en son premier alinéa, que : «
L’État côtier exerce des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration et
de l’exploitation de ses ressources naturelles. » Au regard de ce qui précède, l’on constate que,
40

dans l’état actuel du droit, la propriété de l’État ne saurait s’étendre à certains éléments du
territoire.
En définitive, la formulation actuelle de l’article 9, al.1 est plus exhaustive dans la prise
en compte de tous les compartiments du domaine public foncier, lacustre, fluvial, aérien et
maritime. En outre, le concept « souveraineté » recadre parfaitement l’étendue et la nature des
prérogatives de l’État sur tout son domaine public naturel. Dans le même temps, la propriété
exclusive du sol permet à l’État de le soustraire de l’accaparement des plus puissants. Cette
attitude de l’État congolais trouve son explication dans l’histoire. Pendant l’époque coloniale et
quelques décennies après l’indépendance congolaise, l’on remarquait, en effet, que des
particuliers détenaient d’immenses étendues de terres, à titre privatif, au risque de les soustraire
du bénéfice de la population dans son ensemble, en raison de l’insuffisance de contrôle que l’Etat
pouvait exercer sur elles du fait de leur statut de propriétés privées. Ainsi, l’on note que la
souveraineté et la propriété exclusive du sol coexistent en droit congolais pour remplir des
fonctions précises.
Au regard de ce qui précède, il est clair que la nature juridique du droit de l’État sur le
sol et le sous-sol est fondée sur le concept de propriété avec prééminence de la souveraineté tel
qu’entendu en droit international. Celle-ci supposant qu’aucune autre autorité n’est au-dessus
d’un État au point de dicter à ce dernier ce qu’il aurait à faire ou à ne pas faire. Le statut d’un
État emporte d’office le caractère souverain. Tout au plus pourrait-on admettre, par l’hypothèse,
que l’article 9 de la Constitution soit compatible avec le concept de souveraineté dans l’État tel
qu’entendu en droit constitutionnel.74

CONCLUSION

Le droit que l’Etat congolais détient sur son sol et sous-sol est d’une qualification
juridique foncièrement particulière. En effet, en dépit de la propriété instituée par la loi dite
foncière de la RDC, une appréhension sélective et multi variée s’impose. C’est le concours de
plusieurs éléments contenus dans des dispositions aussi bien constitutionnelles que législatives

74 Cet article a subi quatre amendements (Honorables Alafuele, Bofaya, Choma et Masala). Seuls les amendements de deux
premiers députés ont retenu l’attention des membres de la Commission et sont devenus le premier alinéa de l’article 9. Source :
Tableau synthétique des amendements à l’Assemblée nationale. En nous référant au Mémoire explicatif, en rapport avec cet
article 9, il est dit que « s’agissant du concept de la souveraineté stricto sensu, l’article 9 de la Constitution étend pour la première
fois cette notion aux espaces maritimes et aériens de notre pays, ce qui place les institutions de la République, dans l’obligation
de mieux défendre les « intérêts nationaux à ce niveau (cas du littoral de Moanda) ». C’est la même explication que l’on retrouve
dans le Mémoire explicatif de l’Avant-projet de la Commission constitutionnelle.
41

voire les opinions doctrinales et positions jurisprudentielles qui démontrent qu’il ne s’agit pas
d’un droit de propriété pure rencontrant le sens juridique du terme.
Les éléments qui expliquent la dénaturation de la propriété en matière foncière en RDC
résultent généralement des tempéraments que connaît ledit droit de propriété et du
rapprochement qui se produit entre la souveraineté et la propriété foncière. Les tempéraments
sus-évoqués sont des éléments qui portent atteinte à l’attribut essentiel de la propriété à savoir,
l’abusus. Il s’agit de la soumission de la consécration d’une propriété inaliénable, la cession du
territoire au référendum et de la restriction de l’exercice de l’abusus libertem spiritus par l’Etat
en raison de certains aspects du Droit International des droits de l’homme et le Droit
International Humanitaire.
Bien qu’il ait été remarqué un certain nombre d’éléments de convergence entre la
souveraineté et la propriété foncière en RDC, force est d’écrire que la souveraineté est
prééminente par rapport à la propriété. Cette prééminence est l’œuvre du contenu des articles 9,
214 et 217 de la Constitution de la RDC qui démontrent que l’Etat congolais exerce plus la
souveraineté que son droit de propriété qui semble rester une théorie. En ce sens, l’inaliénabilité,
exclusivité (sur le plan international), l’intransmissibilité de la souveraineté de l’Etat le
rapprochant de son droit de propriété sur le sol ne dilue pas ladite propriété car elle demeure une
vérité légale cohérente.
La sélection de tous les aspects sus-indiqués à savoir, les tempéraments, les effets que la
souveraineté produit à l’égard de la propriété ainsi que l’affirmation de la prééminence de ladite
souveraineté sur la propriété infère la conclusion de l’existence d’une propriété sui generis en
matière foncière en RDC.
42

CONCLUSION GENERALE

Au terme du présent travail, qui a consisté à examiner la nature juridique du droit


qu’a l’Etat sur le sol., il convient de rappeler que, dans l’introduction de cette étude, nous
articulions notre problématique autour de l’apparente contradiction ou similitude entre, d’un côté
l’article 9, 214,217 de la constitution congolaise et de l’autre côté, l’article 53 de la loi du
20/07/1973 dite foncière. Il s’est agi de la présentation du flou apparent que l’arsenal juridique
congolais institue en matière de la nature du droit que l’Etat détient sur le sol et sous-sol. La dite
problématique a porté essentiellement sur le pourquoi de l’institution du flou apparent et la
détermination de la vraie nature du droit que l’Etat congolais a sur son sol et sous-sol.
D’entrée de jeu, il sied de mettre en exergue l’argument selon lequel la formulation
de l’article 9, instituant une souveraineté permanente n’est en rien contraire à l’art. 53 de la loi
du 20/7/1973 telle que modifiée et complétée à ces jours disposant une propriété inaliénable et
exclusive de l’État congolais sur son sol et sous-sol, et à ces autres textes légaux évoqués ci haut.
Bien au contraire, la souveraineté évoquée à l’art. 9 les complète, les englobe, car elle est plus
large et complète, en prenant en compte toute l’étendue, tous les compartiments du territoire
congolais (espace terrestre, maritime et aérien). En ce sens, le législateur congolais entend
protéger les générations présentes et à venir contre les atteintes et convoitises des Etats étrangers
sur les richesses et ressources naturelles de la R.D.C.
En analysant plus profondément l’article 9 susmentionné, nous avons constaté qu’il y
a un hiatus, servant d’intermédiaire entre son 1er et le 2ème alinéa. Ledit hiatus consisterait à
préciser et déterminer la place de la propriété foncière de l’Etat. C’est plutôt la volonté du
législateur congolais de concilier la dimension organisationnelle de l’Etat à sa dimension
communautaire qu’il a entretenu un flou apparent sur la nature du droit de l’Etat sur le sol. Ce
flou résulte de l’affirmation de la souveraineté et de la propriété foncière dans un même cadre
territorial. Sa réalisation trouve surtout fondement dans la restriction de la propriété foncière par
le constituant de la RDC qui soustrait de la compétence exclusive et inaliénable de l’Etat la
possibilité de céder le territoire ou une portion de celui-ci. Ainsi, la suppression de toute tentative
de rejet de l’exclusivité de la propriété foncière de l’Etat congolais a validé la confirmation de
notre première hypothèse.
43

L’article 53 de la loi congolaise dite foncière est donc une limite, disons mieux, une
exception à l’article 34 de la constitution. Cependant, il convient de signaler qu’en dépit de cette
appropriation du sol par l’Etat congolais, la loi a réservé un domaine dans lequel le droit foncier
étatique n’est pas susceptible d’application. Il s’agit du domaine des terres habitées par les
communautés locales. Cette partie du sol congolais est régie, suivant le prescrit des articles 387 à
389 de la loi congolaise dite foncière, par la coutume. La confirmation d’une telle appréhension
juridique ressort actuellement de la Constitution de la RDC et des récents code agricole, code
forestier qui reconnaissent, non seulement des droits fonciers coutumiers, mais aussi soustraient
les terres des communautés locales du régime d’inscription.
La politique foncière congolaise a été rattrapée par la réalité. Certes que
juridiquement seul l’Etat est propriétaire du sol et que les particuliers ne peuvent que posséder
des droits de jouissance en terme de concession-soit ordinaire-soit perpétuelle-, il est une
évidence que le Congolais garde des attaches intangibles dans le droit coutumier. Ainsi, même
lorsqu’il a déjà obtenu des droits de la part de l’Etat-seul propriétaire-, les concessionnaires
cherchent à faire valider leur droit par les détenteurs des pouvoirs traditionnels. Ce qui, de notre
humble avis, constitue un moyen efficace de garantir la paix sociale en proclamant, même de
façon implicite, la caducité des actes par lesquels l’Etat s’est approprié l’exclusivité de la
propriété foncière depuis la colonisation.
En effet, la lecture et l’interprétation des articles 5, 9, 204, 214 et 217 de la Constitution du 18
février 2006 en RDC renseignent que le sol congolais est désormais devenu aliénable. Quoique
cette aliénation-cession- reste subordonnée à la consultation populaire, on conviendrait que ceci
constitue une brèche pour lancer les débats sur la propriété exclusive, inaliénable et
imprescriptible de l’Etat.
L’importance économique de la propriété foncière n’étant pas à démontrer dans ce
travail, nous estimons qu’il faille que la logique du constituant soit poussée jusque dans sa
dernière conception. Ainsi, par le droit de souveraineté, il faut reconnaître à l’Etat le monopole
de déterminer la politique de la gestion de la terre, du sol congolais, tout en libéralisant le secteur
foncier. De même qu’il faudra consacrer un domaine foncier public et un domaine foncier privé
de l’Etat, de même il faut permettre aux opérateurs économiques ainsi qu’à toutes personnes
désireuses d’apporter un développement à la République de devenir propriétaire du sol.
44

Un aperçu global sur l’arsenal juridique congolais renseigne que la nature du droit
que détient l’Etat congolais sur son sol et sous-sol n’est pas facilement déterminable comme on
le croirait. L’affirmation d’une souveraineté permanente de l’Etat sur les ressources naturelles à
côté d’un droit de propriété tempéré par plusieurs aspects laisse entendre un flou apparent. Le
fait pour l’Etat congolais d’être dénudé de son droit de disposer de sa propriété en raison de la
cession du territoire et du respect des exigences du droit international des droits de l’homme et
droit international humanitaire rend moins soutenu l’argument en faveur d’une propriété au sens
juridique du terme. On dirait que la consécration d’une propriété foncière exclusive,
imprescriptible et inaliénable par l’Etat congolais, n’est qu’un reflet de l’exercice de sa
souveraineté. Un tel argument tient son élan au sens qu’il n’y a point de propriété sans abusus.
Ce dernier est l’attribut essentiel de la propriété. Toutefois, une analyse d’un rapprochement
entre souveraineté et propriété foncière en RDC démontre que la souveraineté présente
d’éléments de convergence d’avec la propriété foncière.
Les éléments qui expliquent la dénaturation de la propriété en matière foncière en RDC
résultent généralement des tempéraments que connaît ledit droit de propriété et du
rapprochement qui se produit entre la souveraineté et la propriété foncière. Les tempéraments
sus-évoqués sont des éléments qui portent atteinte à l’attribut essentiel de la propriété à savoir,
l’abusus. Il s’agit de la soumission de la consécration d’une propriété inaliénable, la cession du
territoire au référendum et de la restriction de l’exercice de l’abusus libertem spiritus par l’Etat
en raison de certains aspects du Droit International des droits de l’homme et le Droit
International Humanitaire.
Bien qu’il ait été remarqué un certain nombre d’éléments de convergence entre la
souveraineté et la propriété foncière en RDC, force est d’écrire que la souveraineté est
prééminente par rapport à la propriété. Cette prééminence est l’œuvre du contenu des articles 9,
214 et 217 de la Constitution de la RDC qui démontrent que l’Etat congolais exerce plus la
souveraineté que son droit de propriété qui semble rester une théorie. En ce sens, l’inaliénabilité,
exclusivité (sur le plan international), l’intransmissibilité de la souveraineté de l’Etat le
rapprochant de son droit de propriété sur le sol ne dilue pas ladite propriété car elle demeure une
vérité légale cohérente.
La sélection de tous les aspects sus-indiqués à savoir, les tempéraments, les effets que la
souveraineté produit à l’égard de la propriété ainsi que l’affirmation de la prééminence de ladite
45

souveraineté sur la propriété infère la conclusion de l’existence d’une propriété sui generis en
matière foncière en RDC.
Ces éléments de convergence appréhendés en combinaison avec d’autres attributs de
la propriété à savoir l’usus et le fructus réaffirment l’existence d’une propriété foncière en RDC.
Il s’agit d’une propriété sui generis qui comprend des particularités sous prééminence de la
souveraineté.
La consécration sélective d’une propriété sui generis en matière foncière en RDC
confirme totalement la deuxième hypothèse de la présente recherche.
La rationalisation des théories ci-haut indiquées relève de l’usage de l’exégèse, en
tant que procédé méthodologique standard en recherche juridique en vertu duquel nous nous
sommes imprégnés des dispositions aussi bien constitutionnelles que légales voire du droit
international qui concernent la présente thématique. La technique documentaire a servi d’outils
pratique pour la concrétisation de la méthode sus-indiquée.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

I. TEXTES LEGAUX

1. Convention sur le Droit de la mer signée à Montego Bay (Jamaïque), le 10 décembre


1982.

2. Convention sur la Diversité Biologique signé le 5 juin 1992, entrée en vigueur le 29


décembre 1993.

3. Convention (II) de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, La
Haye, 29 juillet 1899.

4. Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection


des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I), Genève, 8 juin 1977.

5. Résolution de l’AGONU numéro 1803, 17ème session, 14 décembre 1962, sur la


Souveraineté Permanente sur les Ressources Naturelles.

6. Constitution de la République Démocratique du Congo du 1er août 1964 telle que modifiée
et complétée par la proclamation du Haut Commandement de l’Armée Nationale du
Congo du 24 novembre 1965, ordonnance-loi n°7 du 30 novembre 1965, ordonnance-loi
n°66/92 bis du 7 mars 1966, ordonnance-loi n°66/621 du 21 octobre 1966.
46

7. Constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que


modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, in Journal
Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.

8. Décret du 30 juillet 1888 portant sur des contrats ou des obligations conventionnelles, in
Bulletin Officiel, 1888.

9. Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature, in Journal Officiel


de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 55e année, janvier 2014.

10. Loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et
immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008 du
18 juillet 1980, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 45ème Année,
décembre 2004.

11. Loi n°71-008 du 31 décembre 1971 portant révision de la Constitution de 1967 in Journal
Officiel de la RDC, Kinshasa, n° 14, janvier 1972.

12. Loi numéro 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau, in Journal Officiel de la RDC,
Kinshasa, n° spécial, 57e année, janvier 2016.

13. Ordonnance-loi n° 66-343 du 7 juin 1966, in Moniteur congolais, n°15, 15 août 1966.

II. JURISPRUDENCE

A. Nationale

1. CA Lubumbashi, RC 10775/10992, 29 mars 2004, in Les An. Jur., n°3/2004, pp.52-


66, Note de KIFWABALA TEKILAZALA: « La validité des certificats
d’enregistrement dressés avant la loi foncière de 1973 ».

2. CSJ, RA 278, 21 décembre 1995, Bulletin des Arrêts, Années 1990-1999,


Kinshasa, 2003.

3. CSJ, RC 299, 23 juin 1982, in Répertoire de la jurisprudence de la Cour Suprême


de Justice.

4. Lubumbashi, 13 août 1971, RJC, 1972.

B. Internationale

1. CPJI

Affaire du Lotus, arrêt du 7 septembre 1927, CPJI, série A, no10, pp. 4-33.
47

2. CIJ

 Avis consultatifs

Sahara Occidental, avis consultatif du 16 octobre 1975, Recueil 1975, p. 12.

Régime douanier entre l’Allemagne et l’Autriche, avis consultatif, n°41, p. 57.

 Affaires contentieuses

Affaire relative aux droits des ressortissants des Etats-Unis d’Amérique au Maroc.

Affaire du Plateau continental de la mer du Nord (République fédérale d’Allemagne c.


Danemark/ République fédérale d’Allemagne c. Pays-Bas), arrêt du 20 février 1969, Recueil
1969, p. 3.

Affaire relative au Timor oriental (Portugal c. Australie), arrêt du 30 juin 1995, Recueil 1995, p.
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 Sentences arbitrales

Affaire de l’Iles des Palmes (Pays-Bas c. Etats-Unis), sentence du 4 avril 1928, RSA, vol. 2, pp.
829-871.

III. OUVRAGES

1. ANTON, K.G., Régime Foncier aux colonies, éd. MERTENS et fils, Bruxelles, 1904.

2. BENYEKHLEF, K., Une possible histoire de la norme : les normativités émergentes de


la mondialisation, Paris, éd. Thémis, 2008.

3. BETTATI, M., Le droit d’ingérence. Mutation de l'ordre international, Paris, éd. Odile
Jacob, 1996.

4. BEUADANT, O., Droit civil Français, 5è éd., Paris, PUF, 1938.

5. BOSHAB E., Entre la révision constitutionnelle et l’inanition de la Nation, Bruxelles,


éd. Larcier, 2013.

6. BURDEAU, G., Traité de science politique, t. 2, l’Etat, 1980.

7. CARBONNIER, J., Droit civil, tome III, les biens, monnaie, immeubles, meubles, Paris,
PUF, 1990.
48

8. CHALTIEL F., La souveraineté de l’Etat et l’Union Européenne, l’exemple français.


Recherches sur la souveraineté de l’Etat membre, Paris, LGDJ, 2000

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24. LABRECQUE, G., Les frontières maritimes internationales : essai de classification


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27. LOUBET, J-L., Introduction aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat,
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Droit des Universités du Congo, 2003.

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32. MALONGA, T., Droit constitutionnel et institutions politiques : théorie générale et


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38. RARIJAONA, R., Le concept de propriété en droit foncier de Madagascar, Paris, Ed.
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39. SMOUT MC., Du patrimoine commun de l’humanité aux biens publics


globaux, Patrimoines naturels au Sud : territoires, identités et stratégies locales, M.-
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40. TORRELLI, M., Le droit international humanitaire, Paris, PUF, 1989.

41. TOSI, JP., et MARTINE, LF., Introduction au droit de l’entreprise, Paris, Litec, 2000.

42. VERHOEVEN, J., Droit International Public, 2ème éd., Bruxelles, Larcier, 2001.

43. WEILL, TERRE et SIMLER, Droit civil ; les biens, 8eme édition, Paris, Dalloz, 2010.

IV. ARTICLES DE REVUE ET COMMUNICATION DANS DES COLLOQUES


SCIENTIFIQUES

1. ABI-SAAB, G., « La souveraineté permanente sur les ressources naturelles » in


BEDJAOUI, M. Droit international : bilan et perspectives, Pedone, Paris, 1991.

2. ARTHUIS, J., et MARINI, P., « Les fonds souverains : potentiel et conditions de


partenariat » in Revue d’économie financière, 2009 (hors-série).

3. BARBERIS, J. A., « Réflexions sur la coutume internationale » in AFDI,(hors-série)


1990.

4. BARBERIS, J., « Les liens juridiques entre l’Etat et son territoire : perspectives
théoriques et évolution du droit international » in : Annuaire français de droit
international, volume 45, 1999.

5. BETTATI, M., « Un droit d’ingérence? » in RGDIP, 1991.

6. CHAUMONT, C., « Recherche du contenu irréductible du concept de souveraineté


internationale de l’Etat » in Hommage d’une Génération de Juristes au Président
Basdevant, Paris, Pedone, 1960.

7. CHEVALIER, J.-M., « Les fonds souverains » in Revue d’économie financière, 2009,


(hors-série).

8. CHEVRETTE, F., « Dominium et imperium : l’Etat propriétaire et l’Etat puissance


publique en droit constitutionnel canadien » in Mélanges Jean Pineau, Montréal, Thémis,
2003.

9. DAES, E.-I. A., « Indigenous Peoples’ Rights to Land and Natural Resources » in
GANHEA, N., XANTHAKI, A. (éd.). Minorities, Peoples and Self-Determination,
Leiden/Boston, Martinus Nijhoff Publisher, 2005.
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10. DHEDYA, MB., « L’étatisation du sol prônée par la loi foncière : source du confit
foncier en RDC » in les annales de la Faculté des lettres et des sciences Humaines de
l’Université de Kisangani, Presses Universitaires de Kisangani., n°21, 2015.

11. DURAND, CI., « Désaffectation et déclassement des biens du domaine public » in RCP,
1966.

12. ERPICUM R., «Discours d’accueil du Colloque Scientifique de N’Djamena sur La


question foncière au Tchad, 28 juin-1er juillet 2004 » in Actes du Colloque, Septembre
2004.

13. FAU, N., « Les spécificités d’une frontière maritime: L’exemple du détroit de Malacca »
in Christian Bouquet et Hélène Velasco-Graciet, Regards géopolitiques sur les frontières,
Paris, l'Harmattan, 2007.

14. FAUTEUX P., « L’utilisation de l'environnement comme instrument de guerre au Koweit


occupé » in Les aspects juridiques de la crise et de la guerre du Golfe. Actes du
Colloque, 8 juin 1991 organisé par le Centre de droit international de Nanterre. Ed.
Montchrestien, Paris, 1991.

15. FEUER, G., « La théorie de la souveraineté sur les ressources naturelles dans les
résolutions des Nations Unies » in Colloque d’Alger, Droit international et
développement, Alger, 1978.

16. GUILLAUME, G., « Jus cogens et souveraineté », in L’Etat souverain dans le monde
d’aujourd’hui, mélanges en l’honneur de J. P. Puissochet, Pedone, 2008.

17. HERCZEGH, G., « La protection de l’environnement naturel et le droit humanitaire » in


Etudes et essais sur le droit international humanitaire et sur les principes de la Croix
Rouge, en l’honneur de J. Pictet, Nijhoff, sl, 1984.

18. HOUDEIGNAR D., « l’accès de la terre en Afrique subsaharienne. L’accès à la terre et


ses usages : variations internationales, communication dans un colloque scientifique de
N’Djamena sur la question foncière au Tchad » in Actes du colloque, 2009.

19. JAMAZ MF., « De la propriété » in les nouvelles, Tome III, numéro 154, 1941.

20. KANGULUMBA, V., « Portée et implication de l’article 53 de la loi du 20 juillet 1973


sur les transactions en matière foncière, Note sous CA de Kinshasa/Matete, RCA
2983/2994, 23 septembre 1998 » in Rév. De Dr. Afric, n°22/2002.

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22. KRANZ, J., « Notion de souveraineté et le droit international » in Archiv des


Völkerrechts, n°30, 1992.

23. KREMER E., « le droit foncier coutumier du Congo Belge », in Bulletins des juridictions
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24. LALLAU, LAURENT LANGLADE, B., « L’appropriation privative du foncier,


condition de durabilité ? Eléments de réponse en République Démocratique du Congo »
in Revue d’Economie Régionale et Urbaine, 2005.

25. LAMY, E., « Commentaire général et comparatif de la loi foncière du 20 juillet 1973 »
in Annales de la Faculté de droit, 1973, Kinshasa.

26. LAVIALLE, CH., « Des liens entre la souveraineté nationale et le droit de propriété » in
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27. LAVIGNE, P., « Des dynamiques plurielles » in Lavigne Delville P., (sous la direction
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et légalité, Paris, Karthala, Coopération française, 1998.

28. LE MEUR P-Y., « Autorités coutumières et réformes foncières : propriété, coutume,


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29. LUND, C., « Régimes fonciers en Afrique : Remise en cause des hypothèses de base», in
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30. MERLET, M., « Différents régimes d’accès à la terre dans le monde – le cas de
l’Amérique Latine » in Mondes en développement, no 151, 2010.

31. PALUKU MATUMO, « la loi foncière du 20 juillet 1973 et son impact sur l’habitat » in
Zaïre-Afrique, numéro 161, Kinshasa, 1982.

32. PELLET, A., « Lotus que de sottises on profère en ton nom, remarques sur le concept de
souveraineté dans la jurisprudence de la Cour mondiale » in L’Etat souverain dans le
monde d’aujourd’hui, Mélanges en l’honneur de J. P. Puissochet, Pedone, 2008.

33. ROCHETTE, J., « Haute mer : l’état d’urgence, Mer et littoral » in RGDP, numéro 75,
2008.

34. ROSENBERG, D., « Le principe de souveraineté permanente sur les ressources


naturelles : un droit à l’émancipation et une arme de libération pour les peuples du Tiers
Monde » in Annuaire du Tiers Monde, II, 1975-1976.
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35. RUBBENS A., « La tenure foncière du sol en droit congolais » in problème de


l’enseignement supérieur et du développement en Afrique centrale, Paris, LGDJ, 1975.

36. SOW, A., « L’Union Africaine », in Rev. de Dr. Afric., n°17, 2001.

37. TUBIANA J., « DARFOUR, un conflit pour la terre? » in Politique Africaine, N° 101,
2006.

38. VERHOEVEN, J., « Les certitudes : L’Etat, attributs et compétences » in VERHOEVEN,


J., Droit International Public, Louvain, Larcier, 2000.

39. VIRALLY, M., « vers un droit international du développement » in AFDI, 1965.

V. RECUEILS DE COURS DE L’ACADEMIE DU DROIT INTERNATIONAL

1. ELIAN, G., « Le principe de la souveraineté sur les ressources nationales et ses


incidences juridiques sur le commerce international » in RCADI, vol. 149, 1976.

2. SALMON, J., « Quelle place pour l’Etat dans le droit international d'aujourd'hui ? » in
RCADI, vol. 347, 2010.

3. VIRALLY, M., « Panorama du droit international contemporain – Cours général de droit


international public » in RCADI, vol. 183, 1983.

4. WEIL, P., « Le droit international en quête de son identité » in RCADI, vol. 237, 1992.

VI. THESES DE DOCTORAT ET MEMOIRES DE DEA

1. Thèses de doctorat

1. BAL, L., Le mythe de la souveraineté en droit international – la souveraineté des Etats à


l’épreuve des mutations de l’ordre juridique international, thèse de doctorat, Université
Strasbourg, 2012.

2. BERTOLETTI-LUBIN, M.-E., Limites et frontières en mer Méditerranée, thèse de


doctorat, Université de Nantes, 2001.

3. MAFIKIRI, A., Problématique d’accès à la terre dans les systèmes d’exploitation


agricole des régions montagneuses du Nord-Kivu, thèse de doctorat, UCL, Louvain la
Neuve, 1994.

4. MUGANGU, S., La gestion foncière rurale au Congo (Zaïre), réforme juridique et


pratique foncières locales. Cas de BUSHI, Thèse de doctorat UCL, Bruylant, Bruxelles,
1997.
54

5. MULENDEVU, R., Pluralisme juridique et règlement des conflits fonciers en


République Démocratique du Congo, thèse de doctorat, Université de Gand, Paris,
l’harmattan, 2013.

6. NOBIRABO, P., Droit foncier des autochtones et le droit international : cas des Batwa
dits « Pygmées» de la RD Congo, thèse de doctorat, Stämpfli Berne/Suisse, 2007.

7. SAKAI, L., La souveraineté permanente sur les ressources naturelles et la protection


internationale des Droits de l’Homme, Thèse de doctorat, Droit, Université Panthéon-
Sorbonne - Paris I, 2014.

2. Mémoires de DEA

1. DAVANTURE, S., Les limites de l’application du droit sur les ressources naturelles : le cas
de territoire palestinien et du Sahara Occidental, mémoire, Université du Québec, 2006.

VII. DICTIONNAIRES

1. GUICHO, P., LEMARTIN, M., Dictionnaire de Droit, économie et gestion, Paris, l’Hermès,
1994.

2. SALMON, J., (dir.) Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001.

VIII. WEBOGRAPHIE

1. AID, Politique foncière : garantir les droits pour réduire la pauvreté et favoriser la
croissance, [En ligne], 2010, disponible sur http://www.banquemondiale.org/ida/.

2. AUBRON, C., Individus et collectifs dans l’appropriation des ressources pour l’élevage
laitier à Sinto, une communauté de Huancavelica (Pérou), [En ligne], 2008, disponible
sur http://www.agter.fr.

3. BERGEL, P., Appropriation de l’espace et propriété du sol, [En ligne], 2008, disponible
sur: http://norois.revues.org.

4. BRUNEAU, J., Enjeux fonciers à risques au Congo (RDC) : contexte théorique et


pratiques déviantes. in : Bulletin de l’Association de géographes français, [En ligne],
2012, disponible sur http://www.persee.fr/doc/bag.

5. FLORY, M., Le couple Etat-territoire en droit international contemporain, Cultures et


Conflits [En ligne], 2011, disponible sur URL : http://conflits.revues.org.
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6. KOHEN, G., La notion de possession contestée et souveraineté territoriale [En ligne],


1997, disponible sur : <http://books.openedition.org/iheid/1302>.

7. MERLET, P., « Pluralisme juridique et gestion de terre et des ressources naturelles » in


AGTER, [En ligne], 2010, disponible sur http://www.agter.fr.

8. PLATTEAU, JP., Droit de propriété et gestion efficace des ressources naturelles, [En
ligne], disponible sur : http://www.iddri.org.

9. RODOTA, S., « Vers les biens communs. Souveraineté et propriété au XXIe siècle »,
Tracés. Revue de Sciences humaines, [En ligne], 2016, disponible sur URL :
http://journals.openedition.org/traces/6632.

10. TESTART, A., Propriété et non-propriété de la Terre, Etudes rurales, [En ligne], 2005,
disponible sur URL : http://etudes rurales.revues.org.

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