article editions Universitaires Europeenes
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RESUME
Cet article vas devoir s’intéresser aux contradictions qui obstruent la compréhension de
la nature du droit que, détient l’Etat congolais sur le sol, au regard d’une lecture combinée des
articles 9, 214 et 217 de la Constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du
Congo telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains
articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, et des
articles 14 et 53 de la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des suretés telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008
du18 juillet 1980.
En effet, il résulte de leur lecture combinée une difficulté de savoir s’il s’agit d’une propriété au
sens juridique du terme ou, plutôt, d’un exercice de la souveraineté sur les ressources naturelles.
Ainsi, pour protéger la terre dont l’appropriation est par nature collective dans la tradition
africaine, le constituant en fait une propriété exclusive, imprescriptible et inaliénable de l’Etat-
organisation. Celui-ci ne peut pas aliéner le sol parce que ce dernier lui est attribué en propriété
uniquement pour remplir la fonction de protection contre tout accaparement, et ce pour le compte
du peuple qui incarne la dimension communautaire de l’Etat. Cependant, le peuple peut aliéner le
sol puisque c’est lui que l’intérêt qui est en jeu concerne véritablement. Cela dit, il sied de
relever par ailleurs que le droit de l’Etat sur le sol et le sous-sol congolais est un droit de
propriété sui generis – dans le chef de l’Etat-organisation. Cette nature particulière tient, d’une
part, au fait qu’il s’agit d’une propriété amputée de l’abusus, et, d’autre part, de la convergence
qui s’observe entre elle et la souveraineté.
2
Avant la constitution de l’EIC, le 1er juillet 1885, il existait deux types des terres : les
terres occupées par les autochtones, ce qui à l’époque signifiait les communautés locales régies
par la coutume1, et les terres occupées par les commerçants et missionnaires européens (les
colons hollandais, portugais et anglais) en vertu des contrats passés avec les chefs bantous,
nilotiques ou soudanais2. Les terres congolaises constituaient ainsi une propriété privée des
particuliers (les colons) qui les octroyaient à leur gré.
La loi dite bakajika de 1966 et la loi dite foncière de 1973 ont opéré un tournant important
dans le régime juridique foncier congolais. Elles ont institué la propriété foncière en une
propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État. L’article 53 de la loi n° 73-021 du 20
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime de sûretés
telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980, dite ‘loi foncière’,
dispose, en effet, que « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’Etat ».
Il en résulte, qu’en principe, en RDC, aucune personne autre que l’Etat ne peut être propriétaire
du sol congolais. Toutefois, l’Etat congolais peut concéder, à ceux qui en font la demande, un
droit de jouissance, appelé concession3.
Autrement dit, au Congo l’Etat est le seul titulaire ou propriétaire du sol, toute
appropriation individuelle du sol n’étant pas autorisée4. Pour reprendre les termes de JP
Kifwabala, il résulte de la lecture minutieuse de l’article 53 de la loi foncière de 1973, une
impossibilité de coexistence, sur le sol congolais, du droit de propriété foncière de l'Etat avec un
autre droit de même nature qui appartiendrait à une autre personne juridique5.
1K.G. ANTON, Régime Foncier aux colonies, éd. MERTENS et fils, Bruxelles, 1904, p. 214.
2P. NOBIRABO, Droit foncier des autochtones et le droit international : cas des Batwa dits « Pygmées» de la RD Congo, thèse
de doctorat, Stämpfli Berne/Suisse, 2007, p. 527.
3V. KANGULUMBA, Précis de Droit civil les Biens, Théorie générale des biens et spéciale des droits réels fonciers et
celle de Luluabourg de 1964. Cette constitution plusieurs fois modifiée a subi en 1971, une
modification importante.
En effet, en cette année, la loi n° 71-008 portant révision constitutionnelle est prise et dispose, en
son article premier, ce qui suit :
« Il est inséré dans la constitution un article 14 bis libellé comme suit : Le sol et le sous-sol
zaïrois ainsi que leur produit naturel appartiennent à l’Etat. La loi fixe les conditions de leur
cession et concession, de leur reprise et rétrocession. Toutefois, la reprise ou la rétrocession en
cas de non mise en valeur ne donne lieu à aucune indemnité »6.
Il demeure donc un fait incontestable que le régime foncier congolais a connu une importante
évolution. Celle-ci a conduit à la proclamation de la propriété foncière au seul et exclusif
bénéfice de l’Etat congolais.
Il est intéressant de noter que l’actuelle constitution congolaise va même au-delà des dispositions
des lois antérieures en matière de propriété foncière. Au premier alinéa de son article 9, elle
dispose ce qui suit :
« L’Etat exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux et les
forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et maritime congolais, ainsi que sur la mer
territoriale congolaise et sur le plateau continental7».
Le second alinéa du même article indique que les modalités de gestion et de concession du
domaine de l’Etat sont déterminées par la loi.
Comme on peut le constater, cet article 9, élargit non seulement le champ d’application de
l’article 53 de la loi congolaise dite foncière, mais également prend en compte tous les
composantes du territoire de l’Etat : le sol, le sous-sol, les eaux, les forêts, les espaces aérien,
fluvial, lacustre, maritime, la mer territoriale, le plateau continental. Il pose en Droit congolais
6Article 1er de la loi n°71-008 du 31 décembre 1971 portant révision de la Constitution de 1967 in Journal Officiel de la RDC,
Kinshasa, n° 14, janvier 1972.
7Article 9 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi n°11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février
2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
4
ce que d’aucuns qualifient de ‘principe de la souveraineté permanente de l’Etat sur ses ressources
naturelles’8.
Il sied de relever toutefois un problème dans les dispositions de l’article 53 de la loi foncière en
ce qu’une propriété dépourvue du droit de disposer suscite un débat de droit au regard de la
définition que la même loi donne de la propriété.
En effet, l’article 14 de la loi dite foncière dispose : « La propriété est le droit de disposer d’une
chose d’une manière absolue et exclusive, sauf les restrictions qui résultent de la loi et des droits
réels appartenant à autrui ».
Considérant cette disposition en lien avec l’article 53 de la même loi foncière, Lukombe
Nghenda écrit :
« Une propriété inaliénable est une propriété à laquelle manque le droit de disposer et qui ainsi,
se réduit aux droits d’user et de jouir ; et en cela, elle se rapproche de l’usufruit et s’éloigne de
la définition de la propriété telle qu’elle est donnée par l’article 14 de la loi du 20 juillet
1973 ».9
Dans le même sens, une frange de la doctrine, représentée par Jean Carbonier, opine que la
pleine disposition de la chose se ramène, au sens strict, à la pleine capacité d’aliéner ce dont
dispose son titulaire10. Les défenseurs de cette opinion pensent qu’une fois le sol est déclaré
inaliénable par l’Etat congolais, son propriétaire, l’Etat, ne peut lui non plus, en disposer ni
juridiquement ni matériellement. Pour ces auteurs, la nature juridique du droit de l’Etat sur son
sol s’apparente à l’usufruit.
De là, Kangulumba Mbambi estime que l’Etat congolais se trouve titulaire d’un droit de
propriété foncière dont l’ensemble des attributs reconnus traditionnellement à la propriété n’est
pas réuni; sa propriété étant inaliénable est amputée d’un de ses attributs, le droit de disposer,
alors que celui-ci est considéré comme l’attribut le plus important de la propriété11.
8L.SAKAI, La souveraineté permanente sur les ressources naturelles et la protection internationale des Droits de l’Homme, thèse
de doctorat, Droit. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2014, p. 64.
9LUKOMBE NGHENDA, Droit civil les Biens, Kinshasa, Publications des facultés de Droit des universités du Congo, , 2003, p.
519.
10 J. CARBONNIER, Droit civil, tome III, les biens, monnaie, immeubles, meubles, Paris, PUF, 1990, p.79.
11V. KANGULUMBA, Op. Cit., p. 213.
5
Appliquant ce raisonnement à la propriété foncière, Lukombe Nghenda considère que c’est celui
qui a la possibilité d’aliéner le sol qui en est le vrai propriétaire. 14 Faut-il dès lors nier à l’Etat
congolais la qualité de propriétaire car il est incapable d’aliéner son sol?
Richard Mulendevu note, quant à lui, que, bien que les individus n’aient sur la terre que le droit
de jouissance, on observe cependant qu’ils ont parfois des allures de propriétaires. C’est ainsi
que pour lui la question de la nature exacte de ce droit privatif sur le sol se pose avec beaucoup
d’acuité15.
En revanche, pour Christian Lund16, bien qu’en droit, est propriétaire celui qui jouit des trois
prérogatives de la propriété : l’usus, le fructus et l’abusus, il sied de comprendre que l’exercice
de l’abusus sur le sol ne peut être poussé à ses limites extrêmes. En effet, on ne peut pas détruire
le sol, ce dernier étant constitué d’un volume physique qui, selon le droit français, s’étend des
étoiles jusqu’au centre de la Terre17.
Pour concrétiser la mise en œuvre de cette souveraineté, les articles 214 et 217 de la même
constitution indiquent, respectivement que:
« Les traités de paix, les traités de commerce, les traités et accords relatifs aux organisations
internationales et au règlement des conflits internationaux, ceux qui engagent les finances
12O. BEUDANT, Droit civil Français, Tome IV, 5è édition, Paris, 1938, p. 353.
13 MF. JAMAZ, « De la propriété » in Les nouvelles, Tome III, 1941, numéro 154, pp. 95-96.
14Ici nous envisageons que l’aliénation et la cession sont synonymes, tout en considérant à première vue que le sol est une partie
du territoire.
15R. MULENDEVU, Pluralisme juridique et règlement des conflits fonciers en République Démocratique du Congo, thèse de
publiques, ceux qui sont relatifs à l’état des personnes, ceux qui comportent échange et
adjonction de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi.
Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans l’accord du peuple
congolais consulté par voie de référendum »19.
« La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association
ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’Unité
Africaine »20.
Une lecture minutieuse de l’alinéa 2 de l’article 214 de l’actuelle constitution congolaise laisse
entrevoir une sorte de privatisation de la propriété foncière en déterminant tacitement un autre
titulaire de cette propriété qui est à même de céder le sol.
L’on comprend donc que la cession d’une portion du territoire congolais est subordonnée à une
consultation référendaire, la Constitution ayant d’ailleurs érigé en infraction de haute trahison le
fait, pour le Président de la République, pourtant garant de la Nation et Chef de l’Etat, ou pour le
Premier ministre, pourtant Chef du Gouvernement, d’être impliqué dans la cession du territoire
en violation de cette procédure constitutionnelle21.
Ainsi, la constitution jette un bémol à la propriété foncière exclusive de l’Etat en disposant que
seul le peuple, à l’issu d’un référendum, peut décider de la cession d’une portion du territoire.
Cette probable restriction découle également de la lecture combinée des articles 387 à 389 de la
loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime de sûretés telle que modifiée et complétée par la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980, dite ‘loi
foncière’, lorsqu’ils disposent que les terres occupés par les communautés locales sont
domaniales et demeurent sous le contrôle de chefs coutumiers jusqu’à la promulgation d’une
ordonnance présidentielle qui viendra les régir (Ordonnance non encore existante jusqu’à ce
19
Article 214 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
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Article 217 de la constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52e année, février 2011.
21Article 165, al.1 de la constitution du 18 févier 2006 de la République Démocratique du Congo telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, Kinshasa, n° spécial, 52 e année, février 2011.
7
jour). De cette appréhension confuse du droit de l’Etat congolais sur le sol et le sous-sol découle
une interrogation principale : quelle est alors la vraie nature juridique du droit que détient l’Etat
congolais sur le sol ?
Par ailleurs, en abordant le droit que l’Etat exerce sur le sol et le sous-sol, l’article 9 de la
Constitution dispose que l’Etat exerce une souveraineté permanente sur ses ressources
naturelles. En rapprochant cette disposition de l’article 53 de la loi congolaise, dite foncière, une
interrogation suivante émerge : le droit de propriété tel qu’évoqué par la loi dite foncière au
sujet du sol et du sous-sol est-il un droit de propriété au sens juridique du terme ou s’agit-il plutôt
d’un exercice pur et simple de la souveraineté ? Ou, plutôt, doit-on penser que souveraineté et
propriété ne font qu’un, lorsqu’elles sont concurremment détenues par l’Etat ?
Au questionnement relevé plus haut, les idées suivantes sont proposées en guise de réponses
provisoires dans le cadre de notre réflexion :
2. Quant à la véritable nature du droit que détient l’Etat sur le sol, elle relèverait d’une
propriété sui generis parce qu’en elle coexisterait souveraineté et propriété. Bien que son
abusus et son exclusivité soient tempérés, ceci ne constituerait qu’un tempérament
apparent, car c’est en vertu de ses pouvoirs souverains qu’un Etat renonce à la latitude de
disposer de son bien. Cette propriété unique à son genre se rapprocherait de la
souveraineté permanente qu’exerce l’Etat sur ses ressources naturelles, dans la mesure où
8
les pouvoirs de dominium que génère celle-ci confèreraient à un Etat des droits de nature
réels sur les biens présents sur son territoire conduisant ainsi à une théorie dite du
territoire objet. La soumission de la cession d’une portion du territoire au referendum
trouverait son fondement dans la logique d’un Etat Communautaire et n’empièterait en
rien sur l’exclusivité de la propriété foncière.
Pour mener à bien cette recherche, il nous apparait utile de recourir de manière combinée
tout d’abord à la méthode juridique dans une de ses composantes qu’est l’exégèse, mais aussi
aux approches critique, dialectique ainsi que la technique documentaire.
Contrairement aux arguments poussés tant par les tenants de la pensée civiliste qui
n’insistent que sur la propriété foncière de l’Etat, en tant que seul maître, que par les publicistes
qui ne cessent de démontrer qu’il n’existe point de droit de propriété là où la souveraineté
s’exerce, la présente investigation entend démontrer qu’il y a une coexistence entre le droit de
propriété foncière et la souveraineté de l’Etat congolais sur le sol. Toutefois, cette coexistence est
partiellement fragilisée par la prééminence de la souveraineté. En ce sens, l’originalité de la
présente recherche se conçoit en présentation d’une propriété sui generis en matière foncière en
RDC.
A. fondements
1997, p. 35.
26P. JOURDAIN. Op Cit, p.130.
11
moins à lui donner une destination particulière.27 Pour le législateur congolais, que l’Etat n’ait
pas le droit d’aliéner, son droit demeure un droit de propriété. S’il est vrai que la pleine
aliénabilité de la chose se confond avec sa disposition, il ne demeure pas cependant moins vrai
que la propriété est un droit comme les autres, mais un droit destiné à être exercé dans un milieu
donné, dans une organisation juridique déterminée. Ici, il faudra comprendre que les terres
congolaises appartiennent à l’ensemble du groupement ou de la collectivité.
L’inaliénabilité du sol parait ainsi être une conséquence logique de la nature
collective des droits exercés sur ledit sol.28Le respect de cette tradition ainsi que la situation
économique qu’a traversée le pays, ont conduit le législateur à cette prise de position afin d’avoir
une mainmise complète sur le sol national. Indépendamment de cette explication, nous ne
pensons pas que l’incapacité juridique de l’Etat d’aliéner le sol conduise inéluctablement à
dénaturer son droit de propriété, car la possibilité de disposer juridiquement de son droit en
aliénant n’est nullement caractéristique de la propriété, le caractère de cessibilité étant commun
à la plupart des droits réels.29Le droit de disposer en aliénant serait ainsi typique de la propriété,
si et seulement si il était atypique à tous les autres droits réels. Ce qui n’est pas le cas. Aussi, le
régime d’inaliénabilité du sol, bien de l’Etat, s’avère être celui applicable aux biens du domaine
public de l’Etat de manière générale. Les biens du domaine public de l’Etat sont une propriété de
l’Etat. Ce dernier conserve à leur égard tous les droits et obligations d’un propriétaire. Il perçoit
tous les fruits : tant que les biens domaniaux sont affectés, ils ne peuvent être aliénés. Toute
aliénation serait ainsi nulle.
Enfin, il convient de souligner que l’inaliénabilité du sol congolais a été décidée
délibérément par l’Etat et de fait, elle constitue une variante du droit de propriété. Ceci est
exprimé par le professeur Vigneron lorsqu’en parlant des prérogatives du propriétaire, il opine
que ces prérogatives impliquent leur contraire : le droit de ne pas user, de ne pas jouir, de ne pas
disposer de sa chose.30
27E. KREMER, Le droit foncier coutumier du congo Belge, in, Bulletins des juridictions indigènes et du droit coutumier
congolais, Elisabethville, numéro 9, 1956, pp.236-237.
28 G.A KOUASSIGAN, Op.Cit., p.90.
29 WEILL, TERRE et SIMLER, Droit civil ; les biens, 8emeédition,Paris, Dalloz, 2010, p.131.
30Cité par R. MULENDEVU MUKOKOBYA, Op.Cit, p.171.
12
B. La terre ne peut faire l’objet d’appropriation individuelle : elle fait l’objet d’une
propriété foncière particulière collective
31 JP. TOSI et LE FRIANT MARTINE, Introduction au droit de l’entreprise, 10ème édition, litec, Paris, 2000, p.130.
32KEBA MBAYE, « Le régime des terres au Sénégal », in Le droit de la terre en Afrique (au sud du Sahara), Etudes préparées à
la requête de l’Unesco, Paris, Ed. G.P. Maisonneuve et Larose 1971, p. 137.
33P. LAVIGNE DELVILLE, « Des dynamiques plurielles », in Lavigne Delville P., (sous la direction de), Quelles politiques
foncières pour l’Afrique rurale ? Réconcilier pratiques, légitimité et légalité, Paris, Karthala, Coopération française, 1998, p. 220.
34B. LAPIKA DIMONFU, Op.Cit., p. 163.
13
Il est, en effet, donc clair qu’aucun concept de droit de propriété privée, tel que
l’entend le système juridique occidental tiré du code romain, n’est compris dans le système
d’accès à la terre susmentionné.
Seuls les droits d’utilisation et d’usufruit peuvent être concédés : quant aux droits
d’abusus, on n’en concède jamais. En outre, l’affectation de la terre ne peut jamais signifier
l’octroi de droits de propriété exclusifs. L’individu (ou la famille) qui possède et cultive la terre
est considéré comme le gestionnaire à titre temporaire de la propriété de tout le lignage.
Il ne peut disposer librement de la terre, car elle appartient au groupe social de
niveau plus élevé où seuls les représentants ont le droit de prendre des décisions35. Il faut
cependant préciser que cette appartenance de la terre à la communauté ne signifie pas que les
individus n’ont pas certains droits sur la terre. Les individus ont des droits qui se résument à la
disposition matérielle de la terre qui leur permet de jouir et de disposer juridiquement non de la
terre mais de ses produits. L’individu a donc un droit de jouissance sur la terre, et un droit de
propriété sur les produits de la terre. L’idée d’une propriété essentiellement collective de la terre
reste avancée pour l’Afrique, non pas une propriété qui serait celle du peuple tout entier, mais la
propriété de l’Etat pour le compte de l’ensemble de la population. Le mot « collectivisme », soit
en rapport avec le droit foncier, soit en rapport avec l’organisation du travail, est d’un emploi
commun.
Les droits sur la terre sont, en Afrique, nécessairement et par essence, collectifs. Au-
delà de la propriété privée, il faut également faire état de la puissance de la propriété publique :
lorsqu’il s’est agi de transcender la propriété privée pour faire une place à des utilités collectives,
le seul modèle réside majoritairement dans la « propriété publique ».
Si la propriété foncière est, dans la tradition négro-africaine, collective, appartenant
à la famille ou à la communauté, et que l'origine divine, sacré de la terre a engendré une règle ou
une pratique de non-aliénation de la terre, l’individu ne peut en jouir que par concession lui
accordé par l’Etat sur la terre. L'opinion générale est que la notion de propriété individuelle
n'existe pas dans le droit traditionnel. Ce qui explique la position du législateur congolais
lorsqu’il a prévu la cession du droit de jouissance sur le sol par les mécanismes de concessions.
35JP.
PLATTEAU, Réforme agraire et ajustement structurel en Afrique subsaharienne : controverses et orientations, Rome,
FAO, 1993, pp. 98-99.
14
La propriété foncière congolaise est ainsi une propriété publique. Elle semble n'être
pas différente de la catégorie précédente puisque l'État est une personne morale. Mais elle
possède plusieurs particularités. La propriété publique est la propriété de tous, elle n'est celle de
personne. Il ne s'agit pas là seulement d'une contradiction dans les termes. La plus grande partie
du domaine public de l'État n'est précisément pas accessible aux particuliers sans procédure
préalable de désaffectation. Ce n'est pas la propriété de tous; c'est seulement la propriété de l'État
pris comme une personne morale distincte de l'ensemble des citoyens. Il y a aussi une partie du
domaine public qui est laissée à la jouissance gratuite des citoyens : les routes, les espaces
communaux, etc. Cette part est bien accessible à tous.
L’on se doit de dire que la loi foncière de 1973 ait voulu mettre sur pied un nouveau
modèle juridique original différent du système propriétarise38. Malheureusement, l’analyse
démontre à suffisance qu’elle ne rejette pas la propriété bourgeoise. Elle la reconnaît, mais à
l’Etat seul. Ce dernier n’a pas un simple droit de détention du sol pour le compte de la nation
congolaise, il est plutôt titulaire d’un droit réel exclusif qui lui assure de jure la maitrise de
l’ensemble des terres, mieux du territoire congolais.
L’Etat congolais est propriétaire foncier, propriété entendue dans son sens
traditionnel. Il a donc sur le sol un droit réel qui lui confère selon les règles de droit en vigueur,
la mesure la plus étendue de pouvoir sur le sol. Sa propriété est une propriété publique dans
l’intérêt de la communauté nationale. Sa finalité est la satisfaction de cet intérêt et non pas d’un
ou plusieurs intérêts individuels. Elle n’est pas à confondre ni avec la propriété individuelle
collective privée, ni avec la propriété des personnes morales de droit privé. Il est le seul
propriétaire de sorte que le dominium et l’imperium se confondent. La propriété foncière est
aussi collective dans le sens qu’elle implique l’idée que le droit appartient à la collectivité elle-
même, prise comme unité, comme personne morale. Elle n’est donc pas à confondre avec une
propriété individuelle.
La terre est mise au service de la communauté. Or, celle-ci comprend non seulement
les personnes vivant sur le terroir, mais aussi celles qui y naîtront et celles qui y sont enterrées.
Aucun homme, aucune génération, ne peut disposer de la terre. Le droit d’aliénation suppose le
plus être prise, car, comme dit un proverbe de la Côte d’Ivoire : « Ce n’est pas l’homme qui
possède la terre, c’est la terre qui possède l’homme.42 » Ce n’est pas autant dire que la terre ne
puisse être grevée d’aucune sorte de droit. En fait, il n’y existe pas une seule parcelle de terrain
utilisable qui soit sans maître, aux yeux des indigènes. Mais aucun de ces maîtres n’est
propriétaire dans l’acception ordinaire de ce mot. Tous sont seulement des usufruitiers, qui ne
peuvent aliéner un sol dont ils ont le droit d’user, sans avoir celui de le céder43.
§2. La Cession du territoire par référendum et la gestion des terres des communautés
locales par la coutume : une déviation à l’exercice de l’exclusivité de la propriété foncière.
L’appropriation du sol et sous-sol voire autres parties du territoire par l’État en RDC,
en principe, relève de sa souveraineté. Par cette dernière, l’État comme organe disposant du
monopole de la contrainte légitime pose tout acte engageant la vie des citoyens sur son territoire.
En tant que souverain ; l’État décide librement de la manière dont le sol et sous-sol voire son
territoire sera géré. En exercice de cette souveraineté, il s’est attribué la propriété du sol et sous-
sol congolais à titre exclusif, inaliénable et imprescriptible. Cette propriété souffre d’une entorse
dans son abusus au sens que l’État, en tant que propriétaire, est dénudé du droit de disposer de
son sol sous-sol. L’article 214 de la constitution congolaise réserve au peuple la prérogative de
céder le territoire ou une partie de celui-ci par référendum. En tant que souverain primaire à
l’interne, seul le peuple peut décider de la cession du territoire. Pour ce faire, la cession du
territoire obstrue l’abusus de la propriété foncière de l’État congolais, qui au regard d’un tel état
de chose, est dissocié du peuple. Cette obstruction s’avère apparente car c’est dans la variante
d’Etat communautaire que le constituant a institué cette cession, ici l’état est considéré comme
un Etat république qui est d’inspiration démocratique et dans lequel le citoyen n’est pas étranger
à l’Etat, il est dans l’Etat. L’Etat s’identifie à la nation et se confond avec elle.44
Quant à la gestion des terres des communautés locales, Le droit congolais est
caractérisé par la coexistence du droit moderne et du droit coutumier. La constitution du 18
février 2006 reconnaît cette situation en disposant que l’État garantit la propriété privée ou
collective, acquis conformément à la loi ou à la coutume. Si l’article 9 de la constitution précitée
général et droit constitutionnel congolais, Butembo/RD Congo, éd. PUG-CRIG, 2010, p.62.
18
reconnaît à l’État la souveraineté sur toutes les ressources sans distinction, ce dernier n’est plus
propriétaire comme ce fut le cas dans les constitutions précédentes. Comme nous le savons, le
domaine de l’État contient le domaine public comprenant tous les biens affectés à l’usage du
public ou d’un service public de l’État, d’une part ; et d’autre part, les terres du domaine privé de
l’État. Les terres des communautés locales sont classées dans le domaine public de l’État (article
387 de la loi dite foncière). Ces dernières sont définies comme des terres que ces communautés
habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque, individuelle ou collective,
conformément aux coutumes et aux usages locaux (article 388 de la loi dite foncière).La loi
portant sur les principes fondamentaux applicables à l’agriculture reconnaît aux communautés
locales les droits fonciers coutumiers exercés collectivement ou individuellement conformément
à la loi. Cette loi précise que l’ensemble des terres reconnues à chaque communauté locale
constitue son domaine foncier de jouissance et comprend les réserves des terres de culture, de
jachère, de pâturage, et les boisements utilisés régulièrement par la communauté. Le code
forestier à son article 22 prévoit également que les communautés locales peuvent obtenir des
concessions forestières dans la catégorie des forêts protégées qu’elles possèdent régulièrement en
vertu de la coutume. La classification des terres des communautés locales dans le domaine public
de l’État appelle des interrogations sur le mobile d’un tel transfert. Cette option revêt une forme
d’accaparement à certains égards. En effet, le fait pour l’État de n’avoir pas pris le décret
définissant les modalités d’exercice des droits d’usage sur ces terres peut être considéré comme
une absence de volonté politique d’assurer les droits aux communautés. Le législateur a prévu les
enquêtes préalables avant toute concession pour constater les droits que le tiers y aurait. Cette
enquête reconnaîtrait-elle les droits qui ne sont assis sur aucun support ? Dans ces conditions,
l’État peut à tout moment affecter tel espace à une utilisation de son choix. Mais de telles
intentions peuvent être freinées. Les droits d’usage des communautés locales sont exercés de
facto ; elles ne les possèdent pas de jure, bien qu’il y ait une reconnaissance de leur part (article
387 de la loi dite foncière). Par ailleurs, l’État a prolongé la politique coloniale consistant à
protéger les terres des communautés locales en interdisant toute concession passée avec les
« indigènes ».45
45Ordonnance de l’Administrateur Général au Congo du 1er juillet 1885- occupation des terres, Bulletin Officiel, 1885, p. 30. En
1885, après la conférence de Berlin, une ordonnance de l’Administrateur général au Congo interdisait les contrats et conventions
passés avec les indigènes pour l’occupation, à un titre quelconque, de parties du sol, ne sera reconnu par le gouvernement et ne
sera protégé par lui, à moins que le contrat ou la convention ne soit fait à l’intervention de l’officier public commis par
l’administrateur général et d’après les règles que ce dernier tracera dans chaque cas particulier. »
19
Sur le plan de facto, ces terres échappent à l’emprise du droit moderne : ceci de par le
mode d’acquisition de droit d’usage, l’absence de mécanisme codifié de sécurité juridique, la
référence permanente à la coutume pour les usagers, etc. Ceci ressemble à la classification faite
par Platteau46 entre les propriétés collectives régulées et les propriétés collectives non régulées.
Les propriétés collectives non régulées sont protégées seulement par les restrictions portant sur le
fait d’être membre ou non de la communauté, sans règles de conservation stricte, tandis que les
propriétés communes régulées s’appuient à la fois sur une restriction de l’usage et des règles
d’usage appliquées aux seuls membres.
La domanialisation de ces terres sera considérée comme une mesure conservatoire
ayant pour objectif de les mettre à l’abri de toute tentative de spoliation ou d’appropriations
individuelles. Il s’agit donc d’un caractère sui generis confirmé par le système juridique
applicable : le droit coutumier qui régit un bien public. Or, les biens du domaine de l’État sont
régis par un statut particulier conféré par les lois de classement ou d’affectation qui répondent
naturellement du droit moderne. Les ressources naturelles collectives relèvent du domaine public
de l’État en vertu de la loi foncière (article 388). Les modalités de jouissance des droits des
communautés locales devraient être précisées dans une loi d’application qui n’a jamais été
promulguée depuis 1973. En attendant la promulgation de la loi d’application, ce sont les
coutumes qui continuent à régir ces ressources naturelles. Ce sont des biens publics de par la
volonté du législateur. Il s’agit d’un caractère sui generis dans la mesure où la coutume
s’applique au domaine public de l’État qui répond essentiellement au droit moderne.
Le DIH et le DIDH sont essentiellement contenus dans des instruments juridiques
internationaux dont la plupart ont été ratifiés par la RDC, il sied d’analyser en quoi ce contenu
tempère la propriété foncière.
Alors que la loi foncière congolaise organise une propriété exclusive au profit de
l’Etat, force est de constater cependant que des aspects du DIH (§2) et du DIDH (§1) entament
cette propriété dans la manière dont ils organisent la jouissance de certains droits fondamentaux
de l’homme.
46JP. PLATTEAU, Droit de propriété et gestion efficace des ressources naturelles, [En ligne], disponible
sur : <http://www.iddri.org>, consulté le 28 octobre 2018.
20
A. Droit à l’autodétermination
47Lajurisprudence de la Commission africaine indique qu’il ne peut être déterminé qu’un groupe réunit les critères d’un peuple
qu’au cas par cas, en évaluant les caractéristiques de chaque groupe concerné. Communication No 279/03-296/05: Sudan Human
Rights Organisation & Centre on Housing Rights and Evictions /Sudan. Disponible sur : www.achpr.org/fr/
communications/décision/279.03-296.05
21
Ce droit empiète sur la propriété foncière congolaise au sens qu’il autorise les
autochtones à disposer librement de leurs richesses et ressources naturelles. En ce sens, l’État,
unique propriétaire foncier en RDC, voit son abusus amoindri car il ne devrait pas exister une
autre personne pouvant disposer des ressources naturelles au sens juridique du terme.
La charte africaine des droits de l’homme comme le pacte international relatif aux droits
civils et politiques consacre une obligation erga omnes de respect à l’égard des terres
coutumières. La terre, étant sacré et directement lié à la vie des autochtones, elle traduit l’identité
d’une communauté. Pour ce faire, les autochtones sont libres de jouir et disposer des ressources
de leurs terres coutumières sans toute restriction de la part de l’État.
Pour de nombreux individus, particulièrement en Afrique, la terre représente le socle
matériel de leur culture et elle constitue un élément clé de l’identité culturelle et du sentiment
d’appartenance. Le lien entre les familles, les générations, les lignées familiales et les
communautés est, in fine, défini par les ressources foncières qu’ils partagent et contrôlent. Le
droit à la terre, aux territoires et aux ressources possédés ou occupés traditionnellement par les
populations autochtones est une composante essentielle du droit à la culture des peuples
autochtones. Les terres, les zones de pêche et les forêts ont une valeur culturelle et spirituelle
pour les peuples autochtones et pour de nombreuses autres communautés. Pour les peuples
autochtones, en particulier, ces ressources sont essentielles au maintien des liens avec leurs
ancêtres et elles incluent des sites sacrés.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) reconnaît qu’il est essentiel pour les
communautés locales et autochtones de conserver l’accès à leurs modes de vie et à leurs
connaissances traditionnelles. L’article 8 (j) de la CDB fait obligation aux États de protéger et de
promouvoir les connaissances traditionnelles des peuples autochtones en vue de la conservation
et l’utilisation durable de la diversité biologique.
Pareil sens rencontre la consécration des terres des communautés locales par les articles
387, 388 et 389 de la loi congolaise dite foncière tel que nous l’avons ci-haut évoqué. Ces terres,
bien que déclarées domaniales, demeurent soumises à l’autorité coutumières des dites
communautés locales. Cette faille juridique contenue dans la loi congolaise dite foncière qui
annonce sans suite favorable la prise d’une ordonnance présidentielle qui viendra régir ces terres
de communautés locales de la RDC laisse empiéter sur l’exclusivité de la propriété foncière de
22
l’État congolais. Ce dernier, ne saura pas empêcher la disposition des ressources naturelles des
terres des communautés locales en raison du dualisme juridique qui se fait constater en RDC.
Certains aspects du DIH tempèrent aussi la propriété foncière congolaise.
48P. FAUTEUX « L'utilisation de l'environnement comme instrument de guerre au Koweit occupé », in Les aspects juridiques de
la crise et de la guerre du Golfe. Actes du Colloque des 7 et 8 juin 1991 organisé par le Centre de droit international de Nanterre.
Ed. Montchrestien, Paris, 1991, p. 249.
23
49
M. TORRELLI, le droit international humanitaire, P.U.F., Collection Que sais-je ? Paris 1989, p. 43.
50G. HERCZEGH, « La protection de l'environnement naturel et le droit humanitaire » in Etudes et essais sur le droit
international humanitaire et sur les principes de la Croix Rouge, en l'honneur de J. Pictet, Nijhoff, 1984, pp. 726-727.
24
51A. KISS, « Les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1977 et la protection de l'environnement» in Etudes en
l'honneur de J. Pictet, Op. Cit., p. 29.
25
de l'environnement en cas d'occupation. En dépit des idées ci-avant évoquées dans le cadre de la
protection indirecte de l’environnement, il faut écrire qu’il existe des conventions qui protègent
d’une manière particulière l’environnement. Il s’agit de :
- la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à
des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (Convention «ENMOD» adoptée dans le cadre
des Nations Unies le 10 décembre 1976);
- le Protocole I de 1977, additionnel aux Conventions de Genève de 1949.
Malgré les risques évidents encourus par l'environnement en cas de conflit armé non
international, aucune règle du droit humanitaire applicable à cette situation ne protège
spécifiquement l'environnement.
La protection de l'environnement naturel n'est cependant pas totalement absente du
Protocole II, ce grâce aux articles 14 («Protection des biens indispensables à la survie de la
population civile») et 15. L'article 14 interdit les attaques contre «les denrées alimentaires et les
zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d'eau potable
et les ouvrages d'irrigation»; il contribue donc sans doute à la protection de l'environnement en
période de conflit armé non international. Il en va de même de l'article 15, qui interdit les
attaques contre les installations contenant des forces dangereuses si de telles attaques peuvent
entraîner la libération de ces forces.
Tout compte fait, il ressort de ce qui précède que la propriété foncière congolaise est
tempérée. Bien qu’elle soit déclarée exclusive à l’État par la loi foncière, force est de constater
cependant qu’elle est partagée entre l’État et les populations en raison du DIDH, cependant que
le DIH achève lui-même de dénuder l’Etat de l’abusus sur le sol. Il sied toutefois de préciser que
les instruments juridiques constituant le DIDH et le DIH ont été souverainement ratifiés par la
RDC.
26
Cette théorie, déclinée de différentes manières, dissocie l'État de son territoire. Elle
considère le territoire comme le champ d'application d'un droit réel de propriété ou, à un degré
supérieur, d'un droit réel de souveraineté. Cette théorie recourt à une analogie avec le droit privé
et soutient que l'État exerce sur le territoire un droit réel similaire à celui du propriétaire sur une
chose. Il ne s'agirait pas d'une propriété, mais d'un imperium de même nature que celle-ci, avec
les caractéristiques d'un droit réel. Cette théorie considère que le territoire est une chose, un bien,
un objet sur lequel l'État exerce un véritable droit réel : pour les uns ce sera un droit réel de
propriété : un dominium, pour les autres ce sera un droit réel de souveraineté: un impérium52.
Quelle que soit la forme donnée à ce droit réel, celui-ci donnera à l'État un droit de
disposition illimité sur son territoire. La conception du territoire champ d'application d'un droit
réel de propriété a surtout été défendue par Oppenheim, Lauterpacht 53. Cette conception s'est
développée jusqu'à la moitié du XXème siècle. En France elle fut représentée par Paul
Fauchille54.
52CH. LAVIALLE, « Des liens entre la souveraineté nationale et le droit de propriété », in RFDI, num. 32, 2006, p. 963.
53Cité par KOHEN, Marcelo G. Chapitre premier : La notion de possession contestée In : Possession contestée et souveraineté
territoriale [En ligne], Disponible sur : http://books.openedition.org/iheid/1302, consulté le 27 septembre 2018.
54P.FAUCHILLE, Traité de droit international public, Paris, Rousseau, 1925, t. 1er, 2e partie – Paix, pp. 760-761
27
Il est intéressant de relever que le droit de propriété de l'État est un droit universel,
absolu, perpétuel et exclusif, portant sur le sol, qui est inaliénable, imprescriptible et
intransmissible. Pour sa part, la souveraineté est aussi inaliénable, une et indivisible,
imprescriptible portant sur l'ensemble du territoire et non seulement sur le sol.
A. Du droit universel
B. Du droit exclusif
57 Cet article dispose que l’Etat exerce une souveraineté permanente sur les ressources naturelles.
29
La loi, elle-même, interdit totalement et à jamais que ce droit soit accessible à toute
personne autre que l'Etat. Dans la compréhension actuelle de ce texte, même les personnes
morales de droit public, fussent-elles des subdivisions géographiques de l'état ne peuvent pas
accéder à la propriété foncière, elles ne peuvent accéder qu'à la concession foncière58.
C. Du droit absolu
D. De la propriété inaliénable
La souveraineté permanente de la R.D.C. qui est consacrée par l'art. 9 est inaliénable.
Tout acte, toute disposition constitutionnelle, qui tendrait à faire acquérir personnellement la
souveraineté à un homme ou à une assemblée, serait radicalement nul, et vu comme inconciliable
avec le principe que la nation seule est souveraine. Quand encore tous les citoyens seraient à un
moment donné unanimes à consentir une transmission ou une délégation de ce genre59, ils
demeureraient impuissants à réaliser une telle aliénation. Car, non seulement le droit de la
souveraineté permanente n'appartient pas aux citoyens eux-mêmes, et ceux-ci n'ont pas le
pouvoir d'en disposer ; mais, à bien dire, il ne réside même pas dans la collectivité indivisible
qu'ils concourent à former, à chacun des moments successifs de la vie nationale. La raison en est
que la collectivité nationale, en qui est contenue la souveraineté, n'est pas seulement constituée
par la génération présente des citoyens ; elle comprend, d'une façon indéfinie, la succession
ininterrompue des générations nationales, présentes et futures. Il en résulte qu'en aucun moment
de son histoire, la nation ne peut être enchaînée pour l'avenir ; la génération actuelle ne peut
prétendre imposer ses volontés aux générations prochaines.
Le caractère d'inaliénabilité de la propriété foncière de l'Etat congolais vient surtout de ce
que le domaine foncier est collectif parce que, comme l'écrit MALINGREAU « qui dit bien
collectif dit bien inaliénable »60.
Subsidiairement, une conception philosophique et métaphysique tente de justifier ce
caractère d'inaliénabilité. En effet, pour cette conception, on dit que les collectivités
traditionnelles n'ont sur leur domaine que le droit d'usufruit et que leurs ancêtres seuls ont gardé
la nue-propriété ; ils ont dans leur patrimoine des morts le droit d'aliéner ; ou parce qu'encore une
assemblée réunissant les vivants et les morts à la fois, et la descendance nécessaire pour disposer
du domaine collectif est impossible à réunir.
Mais ce caractère vient de ce que le domaine foncier a été déclaré tel par le législateur et
ce pour permettre à l'État d'avoir les mains libres dans sa politique économique. Et en attribuant
la propriété inaliénable du sol et du sous-sol à l'État, le législateur a en effet supprimé la
propriété foncière de droit civil, le dominium et l'imperium étant confondus61.
Le sol est donc hors commerce ; il cesse d'être l'objet de vente, de donation et
d'hypothèque ; l'État ne pouvant consentir qu'un droit de jouissance moyennant un prix qualifié
de redevance ou de loyer. C'est pourquoi le régime de la propriété foncière déroge à l'article 34
de la Constitution. Par ce caractère, le sol congolais est donc incessible parce que le mot
incessibilité est pratiquement synonyme d'inaliénabilité62.
E. Du droit imprescriptible
Le droit de la souveraineté permanente est imprescriptible, en ce sens que la nation, qui en est
seul titulaire, ne peut en être dépouillé par l'effet d'une possession adverse, si prolongée soit-elle.
Le principe est que ce qui est aliénable est prescriptible et les choses inaliénables sont
imprescriptibles conformément à l'article 620 du code civil Livre III qui dispose qu' "on ne peut
prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans le commerce ». Le sol étant hors
commerce, personne ne peut donc acquérir un droit sur une portion par usucapion et l'État ne
peut perdre son droit sur une portion du sol par prescription extinctive. C'est ici où se situe le
véritable point de divergence entre l'article 34 d'une part et de l'autre l'article 9 et l'article 53.
Cette imprescriptibilité est absolue et permanente par la volonté du législateur. Il en
découle qu'admettre la prescriptibilité du droit de propriété de l'Etat sur le sol et le sous-sol, c'est
admettre indirectement qu'une personne puisse partager avec l'Etat son droit de propriété
foncière ou celui de souveraineté permanente le cas échéant.
L'octroi et la reconnaissance des droits de jouissance par l'Etat congolais sur son sol ne
sont donc que des actes de simple tolérance. Ceux-ci avec ceux de pure faculté, note Patrice
Jourdain ne peuvent conduire à l'usucapion ; le propriétaire n'a cessé d'exercer son droit, il l'a
exercé en donnant son accord et le bénéficiaire a agi conformément à la volonté du titulaire du
droit63, l'occupation des terres du domaine de l'Etat par les communautés locales n'est ni
constitutive de droit ni constitué en droit, les occupants ne pouvant se vanter de l'usucapion sur
ces terres64.
Le droit de propriété de l'Etat sur le sol et le sous-sol est donc perpétuel parce qu'il a
vocation de durer autant que son objet et il est exclu que l'Etat n'ait pas exercé son droit pendant
un laps de temps qui l'éteindra.
62 P. GUICHO, J. BICHOT, M. LEMARTIN, Dictionnaire de Droit, économie et gestion, 1ère édition, l'Hermès, Paris, 1994, p.
376.
63 P. JOURDAIN, Op. Cit, p. 128.
64S. MUGANGU, Op. Cit., p. 149.
32
F. Du droit intransmissible
65C. MOULY, «Place de la propriété parmi les droits de l'homme », in le Droit de propriété et l'environnement, Dalloz, Paris,
1997, p. 35.
33
intérêts privés, égoïstes, plutôt que de satisfaire l'intérêt général. Tandis que la souveraineté est
un concept de droit public, un attribut essentiel de l'Etat.
-En outre, la propriété, en tant que droit absolu est susceptible d'appropriation privative,
elle peut avoir pour titulaire soit une personne morale, soit une personne physique, selon les
prescrits de l'article 34. Ce qui n'est pas le cas pour la souveraineté qui n'est qu'une
caractéristique, mieux un attribut de l'Etat et qui ne peut se concevoir que dans l'Etat. Car, nous
dit Carré de Malberg, il ne peut y avoir dans un même Etat deux souverains.
-La propriété peut se démembrer, ou être fractionnée pour produire soit l'emphytéose, la
superficie, l'usufruit, la copropriété. Pour sa part, la souveraineté en tant qu’attribut essentiel de
l'Etat, est une et indivisible, Lefur le dit mieux, en soutenant que l'unité et l'indivisibilité de la
souveraineté est liée à l'unité et à l'indivisibilité de l'Etat même, car diviser la souveraineté
revient à diviser l’Etat.
-Un autre élément de différence entre les deux articles en comparaison ici, se révèle
dans la philosophie ou l'esprit qui ont animés le législateur dans leur élaboration. La philosophie
qui domine ces deux lois, c'est la philosophie de l'indépendance économique de la R.D.C.
En effet, dans les deux cas, c'est le souci profond de mettre fin à l'ingérence de la main
étrangère dans l'exploitation et la gestion des richesses et des ressources économiques du pays. Il
faut mettre fin à la colonisation sous toutes ses formes et ses aspects, surtout l'aspect
économique.
Car, il ne saurait exister d'indépendance politique sans indépendance économique.
Pour la loi du 20/07/1973, en attribuant à l'Etat le sol et le sous-sol, comme sa propriété
inaliénable et exclusive, on a aboli par conséquent l'appropriation privative du sol, qui est une
exception à l'article 34. Le nouveau régime foncier et immobilier66 a cessé de poursuivre
l’évolution du régime foncier colonial qui a plus profité aux étrangers qu'aux congolais.
D'ailleurs c'est à cette conclusion que le rédacteur de l'exposé des motifs est arrivé. Nous le
citons : « le régime foncier immobilier constitue une rupture définitive et radicale avec le régime
légal des terres de l'époque coloniale. Rupture, mais pas refus de s'inspirer de certaines solutions
spécifiques pratiquées par le régime colonial, notamment en matière d'emphytéose. Rupture
aussi, mais en respectant, dans une mesure compatible avec l'intérêt général, les droits acquis ».
D'une part, le droit de l'Etat sur le territoire est à la fois général et limité dans son objet :
il frappe le territoire tout entier, alors que la propriété, même publique, n'atteint que des parcelles
déterminées du territoire ; il ne comporte pas plénitude et exclusivité des pouvoirs, qui restent en
principe au propriétaire sous-jacent, mais seulement certaines facultés déterminées d'utilisation.
En quoi la souveraineté est-elle prééminente à la propriété et quelles conséquences va-
t-elle entraîner sur le foncier congolais ? La propriété constitue le plus haut degré possible de
36
jouissance des droits par une personne sur une chose tandis que la souveraineté exprime le plus
haut degré de jouissance des compétences d’un Etat sur un territoire.
Les termes « souverain » et « souveraineté » se retrouvent dans les articles 5, 214 et
217 de la constitution sans pour autant offrir de dire la même chose.
En effet, sur le plan interne, il nous paraît clair que dans tout Etat démocratique, la
souveraineté appartient au peuple. Il revient exclusivement à ce dernier de choisir ceux qui
doivent diriger les institutions de l’Etat. C’est ce qu’affirme l’article 5 de la constitution dont
l’article 214 apparaît comme une conséquence logique. L’article 214 de la constitution dispose
ce qui suit : « aucune cession de territoire ne peut être décidée sans consulter le peuple
(souverain) qui, le cas échéant, l’autorisera par le vote d’une loi. » De là, l’on peut induire que le
sol appartient au peuple congolais.67 Dans cette logique, l’Etat ou l’administration mise en place
n’existe que pour en assurer la bonne gestion et la surveillance à l’intérieur, et à l’extérieur, la
protection et la sauvegarde vis-à-vis des autres peuples et/ou Etats (article 9). Seul le peuple, dit
l’article 5, dispose de l’entière souveraineté. Celle-ci lui permet par conséquent de se diriger par
l’entremise des dirigeants qu’il se choisit soi-même.
L’article 217 de l’actuelle constitution, quant à lui, n’est qu’un refrain d’une chanson
ancienne des années 60 et 70 : la vocation africaine du Zaïre dans le cadre de la lutte de la
libération totale de l’Afrique et l’implication dans les missions et objectifs de l’Organisation de
l’Unité Africaine (OUA), aujourd’hui Unité Africaine (UA).68 Dans ce cadre, les différents
textes constitutionnels congolais ont toujours prévu la possibilité, pour la RD Congo, de servir
de base arrière dans la défense de l’indépendance des autres Etats africains. Ce fait, comme nous
pouvons nous en rendre compte, est loin d’être proche de l’aliénation d’une partie du territoire
congolais. L’article 217 devrait être interprété dans le cadre des relations économiques
internationales. En effet, en vue de renforcer l’unité africaine, la RDC peut abandonner
partiellement sa souveraineté sur une partie de son territoire national en constituant cette partie
en zone franche, zone économique de libre circulation, mieux une zone d’exemption des droits
fiscaux et douaniers. Ainsi, dans ce cadre, la décision comportant abandon partiel de
souveraineté sera valable et conforme à l’article 214 de ladite constitution.
Sur le plan légistique, force est d’affirmer que le constituant congolais s’est comporté de
manière lasse, sans aucun égard aux ressources légales et aux exigences systémiques du droit
congolais. En effet, dans un système soucieux de la sécurité juridique, les normes doivent se
compléter et non se contredire ou entretenir un flou. Toutefois, nous notons que finalement, cet
article 9 de la constitution ferait plus de peur que de mal, bien qu’entretenant une nette
confusion. En effet, le dernier alinéa de cette disposition prévoit que les modalités de gestion et
de concession du domaine de l’État69 visé à l’alinéa précédent sont déterminées par la loi.
Pris sous la lumière des dispositions de la loi du 20 juillet 1973, les termes gestion et
concession, employés par le constituant, sont lourds d’incidence en droit 70. Gérer un bien n’a pas
pour vertu de faire du gestionnaire propriétaire dudit bien. De même, ne peut concéder un droit
que celui qui en est titulaire. En d’autres termes, l’on ne peut concéder un droit que celui qui en
est titulaire. En d’autres termes, l’on ne peut transférer plus de droits qu’on en dispose : Nemo
plus juris transfere potest quam ipse habet. C’est dire que pour avoir le pouvoir de concéder une
portion de terre, l’État congolais doit en être préalablement propriétaire.
Tel est également le sens que la loi du 20 juillet 1973 accorde aux termes cession et
concession. En effet, dans l’exposé des motifs de cette loi, il est rappelé qu’il était fait une nette
distinction entre « la cession » qui désigne un acte impliquant le transfert de propriété et la
« concession » qui est un acte impliquant seulement le transfert du droit de jouissance.
Le fait pour l’Etat congolais d’exercer sa souveraineté permanente n’entame en rien
la jouissance du sol par les particuliers. Le concept de territoire émerge lorsque l’on évoque le
territoire terrestre, maritime aérien, les eaux intérieures, le plateau continental, c’est-à-dire tout
un ensemble de biens définis justement comme « le territoire dans son ensemble ». On met ainsi
une limite au pouvoir d’occupation des autres États qui ne peuvent y empiéter car l’Etat
propriétaire y exerce des pouvoirs souverains. Lorsqu’on lit, dans l’article 14 de la loi foncière
que la propriété est le droit de disposer d’une chose d’une manière absolue et exclusive, sauf les
restrictions qui résultent de la loi et des droits réels appartenant à autrui, on assiste à une
opération très complexe, dont l’analyse peut nous aider à mieux saisir le rapport entre propriété
et souveraineté. On est certainement face à une critique significative du caractère absolu de la
69 Avec tout ce que cette expression implique comme sens. Ainsi, le droit de propriété de l’Etat sur le sol et le sous-sol peut en
être déduit.
70 Nous laissons de côté le débat sur la portée des articles 214 et 217 sur l’abandon de sa souveraineté par l’Etat et la cession ou
l’adjonction d’une partie de territoire congolais (après référendum) en vue de promouvoir l’Unité Africaine.
38
propriété parce que, pour atteindre cet objectif, il faut nécessairement des pouvoirs souverains.
En même temps, on note qu’émerge une conception de la propriété comme instrument de
stabilisation sociale, confirmant le lien intrinsèque entre propriété et liberté. À côté de cette
position, on trouve également celle qui, en examinant la structure de la société moderne par
actions, a contribué à redimensionner le caractère essentiel de la référence à la propriété, en
montrant qu’il est possible de distinguer propriété et contrôle de la propriété, ce qui permet ainsi
de parler de pouvoir souverains sur les fonds appropriés71.
Ainsi si l’on considère l’ensemble des ressources naturelles comme des biens
communs car ils sont nécessaires à la jouissance des droits fondamentaux de toute la collectivité,
une réflexion claire permet d’identifier les intérêts collectifs, les modalités d’usage et la gestion
de tels biens, les faisant sortir du champ d’application de la propriété au sens privatiste pour les
conduire à un régime d’exercice de la souveraineté permanente. Les intérêts collectifs étant tout
un arrière-plan non propriétarise ont fait ainsi gagner au monde institutionnel une troisième
dimension, dans laquelle se meuvent difficilement les défenseurs d’un droit de propriété comme
nature du droit que peut avoir l’Etat sur le fonds. Ici ils assimilent le fonds au territoire incluant
ainsi le sol et le sous-sol et consort72 .
On adopte ainsi une logique institutionnelle qui libère l’intérêt privé pour des biens
déterminés tel le sol qui doit désormais faire la référence obligatoire à la propriété publique. Le
formalisme propriétaire se voit contesté lorsque la catégorie de propriété est décomposée : on
met ainsi en évidence combien le pouvoir substantiel (l’Etat) de gestion du sol n’exige pas le titre
formel de propriétaire, ce qui modifie ainsi le rapport entre sujets et biens. Le regard sur la
propriété change par conséquent. La propriété foncière n’a pas besoin d’être limitée, en
octroyant seulement le fructus ou de la jouissance sur les fonds, mais elle peut désenclaver en
ayant une extension plus large73. En utilisant une terminologie plus claire, on pourrait même dire
qu’on passe d’une propriété « exclusive » à des pouvoirs souverains de l’état sur son territoire.
Il sied de relever que l’article 9 de la constitution consacrant le principe de la
souveraineté permanente est plus riche, plus complet et plus exhaustif par rapport à d’autres
71 MC. SMOUT, Du patrimoine commun de l’humanité aux biens publics globaux, Patrimoines naturels au Sud : territoires,
identités et stratégies locales, M.-C. Cornier-Salem, 2005, p.21.
72S. RODOTÀ, « Vers les biens communs. Souveraineté et propriété au XXIe siècle », in Tracés Revue de Sciences humaines [En
textes légaux, notamment l’article 53 de la loi foncière. C’est que, contrairement à l’article 53
qui ne traite que du sol, sous-sol, l’article 9 quant à lui traite à la fois de l’espace terrestre,
maritime, aérien, le plateau continental, bref, l’ensemble du territoire. C’est en cela qu’il est plus
exhaustif et plus complet. Il est important de noter aussi que la constitution congolaise en
consacrant le principe de Souveraineté Permanente ne supprime pas le monopole de la propriété
foncière de l’État Congolais, au contraire il le maintien et le renforce par les différents
mécanismes de contrôles institués par le principe de la souveraineté permanente.
En droit international, cependant, le concept de souveraineté (souveraineté de l’État)
n’est invoqué que pour expliquer l’indépendance et/ou l’égalité des États dans leurs rapports
respectifs. En même temps, l’expression du droit des peuples à leurs ressources
naturelles n’implique pas nécessairement l’absence d’un régime de droit public appliqué au sol
et/ou au sous-sol. L’État devra ainsi mettre en place des régimes de concession à l’avantage des
particuliers tout en tenant compte des droits de la population entière ou locale.
Le concept « souveraineté » s’entend donc également de la pleine liberté de décision et
d’action de l’État concernant les affaires domestiques. Selon le professeur Lunda Bululu, « parce
que souveraine, une collectivité étatique peut agir discrétionnairement, mais en conformité avec
le droit international ». Plus prolixe, Gicquel écrit : « La souveraineté de l’État, donc limitée,
constitue aujourd’hui le critère juridique de l’État jusqu’aucune autre collectivité, sujet de droit
international, n’en est titulaire. Ainsi, l’État a un certain nombre d’attributs : droits de législation
et de réglementation, de justice, de police, de battre monnaie, de légation, de lever et d’entretenir
une armée, d’accéder à la fonction publique et celui de conférer la nationalité entre autres. Ce qui
caractérise l’État, c’est l’exercice solitaire de ses droits dits de puissance publique ».
Force est de constater, cependant, que le concept de propriété s’avère inapproprié,
quand on envisage par exemple la mer territoriale ou le plateau continental. Aux termes de l’art.
2 al. 1 de la Convention sur le droit de la mer, il est dit que « la souveraineté de l’État côtier
s’étend, au-delà de son territoire et de ses eaux intérieures et, dans le cas d’un État archipel, de
ses eaux archipélagiques, à une zone de mer adjacente désignée sous le nom de mer territoriale. »
Parlant du plateau continental, l’art. 77 de la même Convention dit, en son premier alinéa, que : «
L’État côtier exerce des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration et
de l’exploitation de ses ressources naturelles. » Au regard de ce qui précède, l’on constate que,
40
dans l’état actuel du droit, la propriété de l’État ne saurait s’étendre à certains éléments du
territoire.
En définitive, la formulation actuelle de l’article 9, al.1 est plus exhaustive dans la prise
en compte de tous les compartiments du domaine public foncier, lacustre, fluvial, aérien et
maritime. En outre, le concept « souveraineté » recadre parfaitement l’étendue et la nature des
prérogatives de l’État sur tout son domaine public naturel. Dans le même temps, la propriété
exclusive du sol permet à l’État de le soustraire de l’accaparement des plus puissants. Cette
attitude de l’État congolais trouve son explication dans l’histoire. Pendant l’époque coloniale et
quelques décennies après l’indépendance congolaise, l’on remarquait, en effet, que des
particuliers détenaient d’immenses étendues de terres, à titre privatif, au risque de les soustraire
du bénéfice de la population dans son ensemble, en raison de l’insuffisance de contrôle que l’Etat
pouvait exercer sur elles du fait de leur statut de propriétés privées. Ainsi, l’on note que la
souveraineté et la propriété exclusive du sol coexistent en droit congolais pour remplir des
fonctions précises.
Au regard de ce qui précède, il est clair que la nature juridique du droit de l’État sur le
sol et le sous-sol est fondée sur le concept de propriété avec prééminence de la souveraineté tel
qu’entendu en droit international. Celle-ci supposant qu’aucune autre autorité n’est au-dessus
d’un État au point de dicter à ce dernier ce qu’il aurait à faire ou à ne pas faire. Le statut d’un
État emporte d’office le caractère souverain. Tout au plus pourrait-on admettre, par l’hypothèse,
que l’article 9 de la Constitution soit compatible avec le concept de souveraineté dans l’État tel
qu’entendu en droit constitutionnel.74
CONCLUSION
Le droit que l’Etat congolais détient sur son sol et sous-sol est d’une qualification
juridique foncièrement particulière. En effet, en dépit de la propriété instituée par la loi dite
foncière de la RDC, une appréhension sélective et multi variée s’impose. C’est le concours de
plusieurs éléments contenus dans des dispositions aussi bien constitutionnelles que législatives
74 Cet article a subi quatre amendements (Honorables Alafuele, Bofaya, Choma et Masala). Seuls les amendements de deux
premiers députés ont retenu l’attention des membres de la Commission et sont devenus le premier alinéa de l’article 9. Source :
Tableau synthétique des amendements à l’Assemblée nationale. En nous référant au Mémoire explicatif, en rapport avec cet
article 9, il est dit que « s’agissant du concept de la souveraineté stricto sensu, l’article 9 de la Constitution étend pour la première
fois cette notion aux espaces maritimes et aériens de notre pays, ce qui place les institutions de la République, dans l’obligation
de mieux défendre les « intérêts nationaux à ce niveau (cas du littoral de Moanda) ». C’est la même explication que l’on retrouve
dans le Mémoire explicatif de l’Avant-projet de la Commission constitutionnelle.
41
voire les opinions doctrinales et positions jurisprudentielles qui démontrent qu’il ne s’agit pas
d’un droit de propriété pure rencontrant le sens juridique du terme.
Les éléments qui expliquent la dénaturation de la propriété en matière foncière en RDC
résultent généralement des tempéraments que connaît ledit droit de propriété et du
rapprochement qui se produit entre la souveraineté et la propriété foncière. Les tempéraments
sus-évoqués sont des éléments qui portent atteinte à l’attribut essentiel de la propriété à savoir,
l’abusus. Il s’agit de la soumission de la consécration d’une propriété inaliénable, la cession du
territoire au référendum et de la restriction de l’exercice de l’abusus libertem spiritus par l’Etat
en raison de certains aspects du Droit International des droits de l’homme et le Droit
International Humanitaire.
Bien qu’il ait été remarqué un certain nombre d’éléments de convergence entre la
souveraineté et la propriété foncière en RDC, force est d’écrire que la souveraineté est
prééminente par rapport à la propriété. Cette prééminence est l’œuvre du contenu des articles 9,
214 et 217 de la Constitution de la RDC qui démontrent que l’Etat congolais exerce plus la
souveraineté que son droit de propriété qui semble rester une théorie. En ce sens, l’inaliénabilité,
exclusivité (sur le plan international), l’intransmissibilité de la souveraineté de l’Etat le
rapprochant de son droit de propriété sur le sol ne dilue pas ladite propriété car elle demeure une
vérité légale cohérente.
La sélection de tous les aspects sus-indiqués à savoir, les tempéraments, les effets que la
souveraineté produit à l’égard de la propriété ainsi que l’affirmation de la prééminence de ladite
souveraineté sur la propriété infère la conclusion de l’existence d’une propriété sui generis en
matière foncière en RDC.
42
CONCLUSION GENERALE
L’article 53 de la loi congolaise dite foncière est donc une limite, disons mieux, une
exception à l’article 34 de la constitution. Cependant, il convient de signaler qu’en dépit de cette
appropriation du sol par l’Etat congolais, la loi a réservé un domaine dans lequel le droit foncier
étatique n’est pas susceptible d’application. Il s’agit du domaine des terres habitées par les
communautés locales. Cette partie du sol congolais est régie, suivant le prescrit des articles 387 à
389 de la loi congolaise dite foncière, par la coutume. La confirmation d’une telle appréhension
juridique ressort actuellement de la Constitution de la RDC et des récents code agricole, code
forestier qui reconnaissent, non seulement des droits fonciers coutumiers, mais aussi soustraient
les terres des communautés locales du régime d’inscription.
La politique foncière congolaise a été rattrapée par la réalité. Certes que
juridiquement seul l’Etat est propriétaire du sol et que les particuliers ne peuvent que posséder
des droits de jouissance en terme de concession-soit ordinaire-soit perpétuelle-, il est une
évidence que le Congolais garde des attaches intangibles dans le droit coutumier. Ainsi, même
lorsqu’il a déjà obtenu des droits de la part de l’Etat-seul propriétaire-, les concessionnaires
cherchent à faire valider leur droit par les détenteurs des pouvoirs traditionnels. Ce qui, de notre
humble avis, constitue un moyen efficace de garantir la paix sociale en proclamant, même de
façon implicite, la caducité des actes par lesquels l’Etat s’est approprié l’exclusivité de la
propriété foncière depuis la colonisation.
En effet, la lecture et l’interprétation des articles 5, 9, 204, 214 et 217 de la Constitution du 18
février 2006 en RDC renseignent que le sol congolais est désormais devenu aliénable. Quoique
cette aliénation-cession- reste subordonnée à la consultation populaire, on conviendrait que ceci
constitue une brèche pour lancer les débats sur la propriété exclusive, inaliénable et
imprescriptible de l’Etat.
L’importance économique de la propriété foncière n’étant pas à démontrer dans ce
travail, nous estimons qu’il faille que la logique du constituant soit poussée jusque dans sa
dernière conception. Ainsi, par le droit de souveraineté, il faut reconnaître à l’Etat le monopole
de déterminer la politique de la gestion de la terre, du sol congolais, tout en libéralisant le secteur
foncier. De même qu’il faudra consacrer un domaine foncier public et un domaine foncier privé
de l’Etat, de même il faut permettre aux opérateurs économiques ainsi qu’à toutes personnes
désireuses d’apporter un développement à la République de devenir propriétaire du sol.
44
Un aperçu global sur l’arsenal juridique congolais renseigne que la nature du droit
que détient l’Etat congolais sur son sol et sous-sol n’est pas facilement déterminable comme on
le croirait. L’affirmation d’une souveraineté permanente de l’Etat sur les ressources naturelles à
côté d’un droit de propriété tempéré par plusieurs aspects laisse entendre un flou apparent. Le
fait pour l’Etat congolais d’être dénudé de son droit de disposer de sa propriété en raison de la
cession du territoire et du respect des exigences du droit international des droits de l’homme et
droit international humanitaire rend moins soutenu l’argument en faveur d’une propriété au sens
juridique du terme. On dirait que la consécration d’une propriété foncière exclusive,
imprescriptible et inaliénable par l’Etat congolais, n’est qu’un reflet de l’exercice de sa
souveraineté. Un tel argument tient son élan au sens qu’il n’y a point de propriété sans abusus.
Ce dernier est l’attribut essentiel de la propriété. Toutefois, une analyse d’un rapprochement
entre souveraineté et propriété foncière en RDC démontre que la souveraineté présente
d’éléments de convergence d’avec la propriété foncière.
Les éléments qui expliquent la dénaturation de la propriété en matière foncière en RDC
résultent généralement des tempéraments que connaît ledit droit de propriété et du
rapprochement qui se produit entre la souveraineté et la propriété foncière. Les tempéraments
sus-évoqués sont des éléments qui portent atteinte à l’attribut essentiel de la propriété à savoir,
l’abusus. Il s’agit de la soumission de la consécration d’une propriété inaliénable, la cession du
territoire au référendum et de la restriction de l’exercice de l’abusus libertem spiritus par l’Etat
en raison de certains aspects du Droit International des droits de l’homme et le Droit
International Humanitaire.
Bien qu’il ait été remarqué un certain nombre d’éléments de convergence entre la
souveraineté et la propriété foncière en RDC, force est d’écrire que la souveraineté est
prééminente par rapport à la propriété. Cette prééminence est l’œuvre du contenu des articles 9,
214 et 217 de la Constitution de la RDC qui démontrent que l’Etat congolais exerce plus la
souveraineté que son droit de propriété qui semble rester une théorie. En ce sens, l’inaliénabilité,
exclusivité (sur le plan international), l’intransmissibilité de la souveraineté de l’Etat le
rapprochant de son droit de propriété sur le sol ne dilue pas ladite propriété car elle demeure une
vérité légale cohérente.
La sélection de tous les aspects sus-indiqués à savoir, les tempéraments, les effets que la
souveraineté produit à l’égard de la propriété ainsi que l’affirmation de la prééminence de ladite
45
souveraineté sur la propriété infère la conclusion de l’existence d’une propriété sui generis en
matière foncière en RDC.
Ces éléments de convergence appréhendés en combinaison avec d’autres attributs de
la propriété à savoir l’usus et le fructus réaffirment l’existence d’une propriété foncière en RDC.
Il s’agit d’une propriété sui generis qui comprend des particularités sous prééminence de la
souveraineté.
La consécration sélective d’une propriété sui generis en matière foncière en RDC
confirme totalement la deuxième hypothèse de la présente recherche.
La rationalisation des théories ci-haut indiquées relève de l’usage de l’exégèse, en
tant que procédé méthodologique standard en recherche juridique en vertu duquel nous nous
sommes imprégnés des dispositions aussi bien constitutionnelles que légales voire du droit
international qui concernent la présente thématique. La technique documentaire a servi d’outils
pratique pour la concrétisation de la méthode sus-indiquée.
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