AP ITEGRATIVE FAMILLE - CHAPITRE 1

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CHAPITRE 1 : La famille & la transmission psychique transgénérationnelle

Approche intégrative de la famille

Mme Sophie RICHARD

Maylis Parcevaux
S II – L4
I. Approche de la configuration familiale & des liens familiaux.........................................................5
A. Apparition des thérapies familiales............................................................................................5
B. L’idéologie familiale & le mythe familial.....................................................................................5
C. Les projections sur l’enfant........................................................................................................6
D. La rencontre avec l’enfant..........................................................................................................7
E. Les familles dites dysfonctionnelles............................................................................................7
II. De la dimension individuelle à la dimension familiale du symptôme.............................................9
A. L‘approche du symptôme...........................................................................................................9
B. Les entretiens familiaux de Mr BERGER......................................................................................9
C. Les différentes formes de demande.........................................................................................10
III. Introduction à l’approche systémique : les fondements & l’école de Palo Alto.......................11
A. Les principaux concepts............................................................................................................11
1. Les fondateurs de la systémie...............................................................................................11
2. La théorie générale des systèmes.........................................................................................11
3. L’épistémologie cybernétique..............................................................................................12
4. Les 4 théories de la communication.....................................................................................13
5. Les différentes approches cliniques......................................................................................14
B. Le cadre & les techniques thérapeutiques...............................................................................15
1. Les apports de Milton Erickson.............................................................................................15
2. Le cadre thérapeutique........................................................................................................16
3. Le décodage de la situation..................................................................................................16
4. Les techniques d’intervention..............................................................................................19
IV. L’approche transgénérationnelle & la psychogénéalogie.........................................................22
A. Apport de Ivan BOSZORMENYI-NAGY.......................................................................................22
B. L’approche de Anne Ancelin SCHUTZENBERGER......................................................................23
V. Secrets de famille : les non-dits & émotions................................................................................25
A. L’origine du secret....................................................................................................................25
B. La crypte & le fantôme de N.ABRAHAM & M.TÖRÖK...............................................................26
C. Les symptômes de l’enfant de parent porteur de secret..........................................................27
1. Le clivage chez le parent porteur de secret..........................................................................27
2. Les suintements du secret....................................................................................................27
3. Le désir de réparation du parent souffrant...........................................................................27
D. Serge TISSERON & le cas de Tintin............................................................................................28
E. Révéler le secret.......................................................................................................................29
Mail : [email protected]
La famille est plus qu’un groupe d’individu, c’est un groupe qui partage un espace psychique
commun.

C’est au sein de la famille qu’on construit les premiers modèles de relation qu’on va
retrouver tout au long de sa vie. Au sein d’une famille l’action d’un membre agit sur tous les
membres, avec la potentielle conséquence de modifier l’équilibre familial.
Lorsqu’on reçoit un enfant, question de savoir qui on va recevoir : l’enfant seul, l’enfant avec
un parent… On ne peut travailler sans les parents, pour comprendre les modes relationnels.
La famille participe aux blessures psychiques de la personne. Il est primordial de prendre en
compte le contexte familial. Le fonctionnement familial participe au maintien des
symptômes, d’où l’importance de tenir compte du contexte et même d’impliquer la famille
lors des thérapies familiales.
Freud est le premier à aborder le sujet de la famille et de la transmission
transgénérationnelle. Jung l’aborde aussi en parlant d’inconscient collectif. Françoise Dolto
suggère que les enfants héritent des troubles non résolus de leurs parents.
Dans l’approche systémique, la famille est un système qui cherche à maintenir son équilibre.
Un symptôme circule dans la famille. Chacun a un rôle prescrit en fonction des règles du
système.
Psychogénéalogie : Toutes les situations qui paraissent personnelles sont les situations des
générations précédentes. Un auteur au nom compliqué développe le concept de loyauté
familiale : chacun au sein d’une famille a des bénéfices mais aussi des obligations et des
dettes.
Secret de famille : Transmission du secret sur plusieurs générations.

CAS CLINIQUE n°1

Patiente adulte qui arrive de Pologne. Elle a 23 ans et vient en France pour aider sa mère qui
a un cancer. Elle y est depuis 3 ans. Sa mère est en France car elle a fui son mari violent. Au
départ lorsqu’elle s’est enfuie, elle a emmené sa fille avec elle qui avait alors 9 ans. 10 mois
plus tard le père les a retrouvées, a enlevé sa fille à la sortie de l’école et l’a ramenée en
Pologne. Elle y vit alors jusqu'à ses 17 ans sans jamais voir sa mère. Elle s’enfuit alors et
revient chez sa mère en France. Les relations sont alors extrêmement compliquées avec une
mère devenue alcoolique.
Elle repart alors en Pologne, où elle est alcoolique et droguée, mais réussit à se sortir de ces
addictions grâce au sport : elle fait de la boxe à haut niveau. Elle fait des études, trouve du
travail, et lorsque sa mère l’appelle pour lui annoncer sa maladie elle revient tout de suite en
France s’occuper de sa mère malade.
Elle consulte 2 ans après le décès de sa mère, car elle n’arrive pas à avancer. Elle a 35 ans et
fait face à des échecs professionnels, affectifs et athlétiques.
Elle a fait des études de commerce, puis du droit en France pour passer le concours de la
gendarmerie, mais arrête tout. Elle a commencé des études d’éco-gé en cours du soir et elle
est convoyeur de fonds et vendeuse chez Leroy Merlin pour payer ses études.
Dans sa vie affective, même instabilité : elle enchaine les relations avec des hommes
agressifs, violents, instables. Elle s’inquiète de cette vie où elle se met en danger.
Elle a vécu un modèle de relation violent et de disputes enfant, et se remet inconsciemment
dans la même situation. Elle est dans la rupture et s’enfuit dès qu’il y a un conflit,
notamment au travail.
L’on ressent une loyauté familiale très puissante ; même si les liens avec sa mère n’étaient
pas particulièrement stables, elle rentre immédiatement pour s’en occuper lorsqu’elle est
tombée malade
Elle se retrouve également à s’occuper de son grand père malade après le décès de sa mère
alors qu’elle ne l’a jamais connu.
On peut se poser la question de la problématique limite avec cette patiente.

CAS CLINIQUE N°2

Une maman consulte pour son fils Léo, qui a 6 ans au début du suivi. La maman décrit de
nombreux symptômes : des peurs envahissantes (métro, ascenseur, piscine, des jeunes qui
rigolent dans la rue), des tocs de vérifications, des « idées bizarres » (il raconte qu’il aimerait
changer de tête et de corps, et il demande s’il n’est pas une fille).
Il est suivi par un gastro-entérologue pour un problème d’encoprésies massives
(hospitalisation). Cela a eu des répercussions sur son développement psychomoteur, et
l’école dit qu’il a un retard de langage, ce que sa mère ne comprend pas car il peut lui réciter
des répliques de films par cœur.
Sa mère qualifie ses activités de monomaniaques : il peut dessiner pendant une journée
entière.
Il a passé un test de QI qui n’a parlé que de ses angoisses massives. Il a vu un pédopsychiatre
qui n’a pas trouvé de problèmes.
Pendant l’entretien il est recroquevillé sur son fauteuil, ne regarde pas. Il s’énerve lorsque la
mère part de ses parents.
Les parents sont séparés 6 mois avant la première visite, les enfants vivent chez leur mère
mais le père vient s’occuper des enfants et les emmène à l’école le matin.
Les parents sont tous les deux agents à la SNCF.
Sa mère a fait une dépression post-partum importante après la naissance de Léo : c’est le
père qui s’est beaucoup occupé de Léo puisqu’elle était hospitalisée. La mère évoque une
relation très conflictuelle avec sa propre mère qui est présente pendant une période puis
disparaît plusieurs mois ; elle ne voit plus son père. Elle est diagnostiquée bipolaire et suivie
en hôpital de jour.
Le père a lui aussi rompu les liens avec sa famille. Il est toxicomane, a un comportement qui
manque complètement de sens avec les femmes. Il s’est remis avec une femme qui souffre
du symptôme de Gilles de la Tourette.
La femme s’est remise avec un homme qui semble être toxicomane, avec des phases assez
dépressives.
I. Approche de la configuration familiale & des liens
familiaux
A. Apparition des thérapies familiales

Les approches qui tiennent compte de la famille viennent de différents trucs de


pensée. Elles se sont développées dans les années 30 avec la systémie et la psychanalyse.
Freud avait déjà parlé de la famille, notamment avec le petit Hans. Ce sont les
psychanalystes qui travaillaient avec les enfants qui ont insisté sur l’importance de la prise
en compte de la famille et du contexte familial.
Anna Freud considère qu’il y a une interaction constante entre les parents et l’enfant,
de la dépendance de l’enfant à sa famille. Mélanie Klein insiste sur le fait que les fantasmes
de la mère contribuent à l’organisation des fantasmes de l’enfant. Bowlby travaille dès 1944
sur les interactions mère-nourrisson et publie un article sur l’influence du contexte familial
sur l’émergence des psychoses. Ces auteurs, bien que prenant en compte la famille, ne
travaillent qu’avec le patient enfant.
Nathan Ackerman crée le premier centre de thérapie familiale à New York dans les
années 30. Il développe l’importance de la famille dans l’apparition de symptômes chez
l’enfant, et évoque les conséquences pathogènes des liens familiaux.
Il considère le groupe familial comme une unité qui peut créer de la souffrance et de la
pathologie mais aussi comme une force de guérison. Il travaille donc avec la famille, qu’il
faut mobiliser pour participer à la guérison.
Richter participe au développement des thérapies familiales. Il publie en 1971 « la
psychanalyse de la famille ». Il travaille avec des familles dont un enfant a des capacités
intellectuelles intactes mais un trouble affectif. « Souvent on découvre avant même la
naissance de l’enfant des fantasmes très précis sur la place que celui-ci doit prendre au sein
de la famille »  Les enfants peuvent souffrir des fantasmes de leurs parents.

B. L’idéologie familiale & le mythe familial

Ces auteurs insistent sur le fait que chaque famille possède un style propre, qui fait
sa familiarité et donne à ses membres un sentiment d’appartenance. Il existe un rythme
collectif qui valide la croyance. La famille consiste comme un système qui cherche à protéger
un équilibre suffisant.
Au sein de chaque famille, il y a des règles précises, interdits, idées, valeurs, qui participent à
un système de croyance et auxquelles on ajoute un mythe familial. Cela participe au
sentiment d’identité familiale et on y adhère sans le remettre en question. Le mythe familial
est un récit qui implique la croyance de toute la famille. Il n’a généralement pas d’auteur,
pas d’origine. Il a une fonction calmante, il aide à résoudre des contradictions ou à
surmonter une souffrance. Il rassemble la famille, crée un sentiment d’appartenance,
maintient la cohérence et sert aussi de vitrine externe.
Le mythe familial, propre à la famille, devient le véhicule de représentation propre à la
famille mais aussi à l’individu. L’enjeu du mythe peut également être de parler au groupe de
son histoire transgénérationnelle.
Ces croyances ont un rôle soutenant, mais elles peuvent aussi être « enfermantes ». Dans un
couple, chacun arrive avec ses mythes et ses croyances familiales. Il faut donc trouver un
compromis, une réorganisation qu’on appelle « équilibre suffisant ».
Avec l’arrivée d’un enfant, on assiste à la création d’un nouveau mythe. Si le mythe reste figé
il devient néfaste pour la personne et met la personne coincée dans ce mythe d’y
correspondre absolument, ce qui peut être culpabilisant s’il n’y arrive pas. (Ex d’Esther,
intellectualisation ++)
Francoise Aubertel parle d’idéologie familiale qui se constitue pour chaque couple ;
elle est historique, une manière de penser, d’être ensemble et de transmettre. Elle se
construit, se maintient et évolue avec la famille. Elle assure une fonction organisatrice
importante, elle distribue des rôles, des places, des statuts dans la famille. Elle est
considérée comme une organisation cognitive systématisée qui assure une fonction
défensive pour la famille, comme une enveloppe protectrice qui protège contre les
angoisses de perte ou de destruction et a une représentation des besoins de la famille.
Elle donne aussi une orientation à la fonction de transmission. Chaque famille a un filtre
pour décoder la réalité externe, qui est dépendant de l’idéologie familiale. Le prisme qu’on a
pour voir la réalité renvoie souvent à l’idéologie familiale. Cela englobe les jugements, les
interprétations, les prédictions
 Fonction organisatrice importante, distributeur de rôles et de statuts dans la famille, mais
cela peut être lourd à porter.

C. Les projections sur l’enfant

L’enfant est toujours pris dans un réseau de projections de ses parents.


Devenir parents fait ressortir les imagos parentaux, mobilise un certain nombre d’affects et
d’attentes concernant l’enfant à venir (réparation etc. venant de leur propre histoire). Le
parent s’identifie à l’enfant qu’il a été, au parent idéal (qu’il a fantasmé d’être ou d’avoir).
Dans la rencontre avec l’enfant il y a toujours des identifications projectives qui proviennent
de leurs propres objets d’investissement antérieurs. La construction du lien parent-enfant
est toujours influencé par les projections des parents sur l’enfant, et par l’incidence de
l’enfant imaginaire sur l’enfant réel.
Ces projections proviennent de défenses et d’attentes au sein du couple et autour du couple.
La famille va chercher à s’approprier l’enfant à naître ou nouveau-né. On retrouve cela dans
le choix des prénoms ou des surnoms.
Dans la décision même d’avoir un enfant, on projette des notions de devoir par exemple.
Dans les situations où l’enfant arrive dans un contexte particulier (après un enfant ou un
parent mort, pour perpétuer un nom ou une image, un enfant sur lequel on projette une
réussite sociale, une réparation d’injustice), on parle d’enfant substitut.
Remplacement d’enfant mort : on voit cela avec Van Gogh, né en 1852, un an jour pour jour
après un autre garçon décédé, qui s’appelait également Vincent. C’était un sujet totalement
tabou, dont il ne fallait pas parler. Le deuil de cet enfant n’était pas fait. Dali est également
un enfant « de remplacement », mais la mère allait 2 fois par semaine se recueillir sur la
tombe et en parlait souvent. Dali a donc choisi de se démarquer de ce « petit ange ».

D. La rencontre avec l’enfant

L’enfant arrive donc avec des préjugés, même in utero.


L’enfant peut correspondre à la place qu’on attendait de lui, mais même lorsque c’est le cas
cela peut évoluer et l’enfant peut s’en dégager. Parfois il est impossible à l’enfant de sortir
de ces représentations, et l’on dit que l’enfant réel est dominé par les fantasmes parentaux
qui occupent une place beaucoup trop importante et deviennent aliénants pour l’enfant.
Afin que ces projections laissent une place à l’enfant réel, il faut qu’il y ait une élaboration
suffisante des deuils passés des parents, de leur propre histoire et de leurs conflits
intériorisés.
Dans la majorité des cas, l’enfant doit composer avec l’image que le parent s’est forgé de lui.
Souvent il s’en accommode et bâtissent leur vie dessus mais ce n’est qu’une partie d’eux
même. Le regard du parent est incomplet, il ne voit que ce qu’il projette sur l’enfant et
imagine pour lui.
La famille se développe de manière +- harmonieuse quand elle est dite « fonctionnelle » ou
« normale ». Les tensions et conflits peuvent être discutés, élaborés, dépassés. Dans une
famille fonctionnelle, chacun peut se développer et acquérir une autonomie suffisante et la
famille offre un soutien. Elle encourage le bon développement de chacun de ses membres. Il
existe des limites clairement déterminées, une hiérarchie générationnelle établie et une
idéologie qui favorise l’autonomie et le soutien des membres de la famille. C’est des familles
qui peuvent envisager les changements et les difficultés sans se désorganiser complètement.
Lorsqu’il y a une difficulté elle peut être évoquée, il y a de l’écoute et du soutien, les colères
peuvent s’exprimer etc. Les émotions circulent. Chacun développe une identité personnelle
tout en restant attaché à la famille.
Dans un développement harmonieux, l’enfant est capable de quitter ses parents pour fonder
sa propre famille. Il acquière son indépendance et son autonomie tout en restant attaché à
la famille.

E. Les familles dites dysfonctionnelles

Dans les familles dysfonctionnelles, le moindre changement a des conséquences


néfastes. Elles peuvent être dysfonctionnelles de différentes façons :
- Conflits d’intérêt (chacun cherche son intérêt propre au détriment de la satisfaction
de tous),
- Les échanges sont marqués par une certaine rigidité, le fonctionnement est rigide.
Cela ne permet pas à la famille de s’adapter, d’évoluer.
 C’est une organisation généralement chaotique, le stress est difficile à gérer. Le
monde extérieur est menaçant ; Interdiction d’élaborer : les modes d’expression sont
répétitifs, archaïques. Exemple de Manon.
Quand l’enfant est trop éloigné des projections fantasmatiques des parents, la rencontre
avec l’enfant réel ne se fait pas. Ce sont parfois des évènements transgénérationnels qui
bloquent la rencontre avec l’enfant.
Quand on travaille avec un adulte ou un enfant, il faut prendre en compte ce qui peut être
amené de cette histoire familiale.

II. De la dimension individuelle à la dimension


familiale du symptôme
A. L‘approche du symptôme

Dans les thérapies systémiques, on considère comme un non-sens de regarder le symptôme


de manière individuelle, on l’aborde toujours de manière groupale. Le symptôme sert à
maintenir un statu quo, un équilibre dans la famille qu’on va chercher à dépasser.
Maurice Berger a beaucoup travaillé sur le sujet. Il part du principe que l’enfant peut être en
difficulté personnelle, mais que c’est le signe d’un désarroi de la famille.  Les
cloisonnements entre les différents psychismes des membres de la famille ne sont pas
acquis. Quand ces cloisons sont en déroute, le symptôme peut apparaître. Les fantasmes de
l’enfant ne sont pas forcément les siens, ce sont des fantasmes organisateurs du groupe
familial, ils relèvent de l’inconscient groupal plutôt que de l’inconscient de l’enfant.
Il est donc toujours important dans le travail avec l’enfant de travailler aussi avec les
parents ; sinon la thérapie n’évolue pas ou peut être interrompue par les parents.

CAS CLINIQUE n°3

Victor est emmené par sa mère, qui ne supporte plus son fils : crises, jalousie maladive vis a
vis de son frère. Il est en plus dans un repli sur lui-même, il s’enferme dans sa chambre et
joue à la DS, ne veut plus sortir. Elle décrit un climat familial conflictuel, avec des cris. Le
père est absent toute la semaine et ne rentre que le weekend.
C’est un enfant de 9 ans très cerné, très blanc, avec des ongles rongés. Il est très présent
dans l’entretien et passe son temps à interrompre sa mère.
Lorsque Victor est reçu seul, il décrit des cauchemars sanglants, crus (issus des jeux vidéo et
des films d’horreur qu’il regarde en cachette). Il a un discours très négatif sur lui-même : « je
suis méchant parce que j’ai un petit frère, il a toujours mieux que moi ».
Au bout de quelques séances, la mère dit qu’elle veut tout arrêter car elle ne voit pas
d’amélioration. On s’aperçoit en fait que la jalousie est entretenue par les parents.

B. Les entretiens familiaux de Mr BERGER

Maurice Berger propose donc systématiquement des entretiens familiaux : si un être souffre,
cela a des répercussions sur toute la famille et il faut entendre tout le monde. Le symptôme
est à prendre dans une dimension circulaire et pas juste linéaire.
Lorsqu’on prend un enfant en individuel, on lui aménage son espace personnel et on ne voit
pas la fratrie.
Très souvent il y a une distinction entre le porteur du symptôme et le porteur de la
demande. Une fois que l’enfant a fait une première démarche, cela arrive que ce soit lui qui
redemande.
C. Les différentes formes de demande

On distingue 3 formes de demandes :

L'enfant symptôme

L'enfant est amené en consultation par l’un de ses parents ou par les deux, mais ce sont
plutôt les parents qui ont besoin d’aborder une difficulté et ils se servent de l’enfant
pour venir en discuter, ou c’est l’enfant qui de manière inconsciente amène ses parents
à consulter.
Comme une mère qui vient et qui à travers son enfant parle d’elle et de ce qui lui pose
problème.
Francoise Dolto travaillait sur ce principe là et disait qu’il faut entendre ce qui se joue
dans la projection sur les parents, qui parfois transfèrent ce qu’ils ont besoin de soigner
eux-mêmes sur l’enfant

L'enfant malade

Lui est effectivement un enfant qui a eu un arrêt dans son développement : une non
adéquation entre ses besoins et les apports de l’entourage, une fixation à un stade de
développement, une apparition de fantasmes…
Dans ces cas là le besoin de l’enfant est souvent de repasser par certaines étapes de
son développement pour en redire quelque chose.
Souvent la demande des parents est moins ambivalente : ils viennent car ils se
rendent compte que leur enfant souffre.
On retravaille l’histoire de l’enfant, certains évènements avec les parents, des
secrets…
Par exemple la petite fille qui a de l’exéma qui passe lorsqu’on lui raconte l’histoire de
son accouchement (forceps etc)
L'enfant fonction

Le symptôme est souvent là pour maintenir l’équilibre et éviter une crise. L’enfant
amène tout le noyau problématique de la famille. Le symptôme est un appel à l’aide.
Ce sont des enfants qui ont souvent eu d’autres prises en charge, ou c’est l’école qui
demande expressément un suivi psychologique. La demande de la famille est souvent
paradoxale : l’enfant est amené car il va mal mais la famille ne veut rien changer.
Souvent lorsque l’enfant va mieux, c’est un autre enfant qui va mal.

III. Introduction à l’approche systémique : les


fondements & l’école de Palo Alto
A. Les principaux concepts

1. Les fondateurs de la systémie

Gregory Bateson, né en 1924, zoologue et anthropologue, réfléchit aux processus


d’équilibre et de déséquilibre dans les phénomènes circulaires. Le groupe est une unité
sociale et fonctionnelle. Il s’inspire de la psychanalyse et de la cybernétique. Il cherche à
modéliser un fonctionnement du système familial. Il a développé la théorie de la double
contrainte. En 1948 il travaille a SF et cherche à appliquer ses théories sur les familles
d’alcooliques et de schizophrènes. Il propose de compléter l’approche historique et
individuelle du comportement par une approche interactionnelle.
Don Jackson, Il entre dans l’équipe de Bateson en 1954. Il a également une formation
analytique et s’intéresse au fonctionnement d’une famille comme système, et a pour but de
développer la thérapie auprès des familles. Il crée le MRI en 1959, un des premiers centres
de thérapies brèves. Il élabore les concepts de double lien, homéostasie familiale et
communication paradoxale.
Paul Watzlawick, suisse, développe l’usage du paradoxe dans la thérapie (à partir des
travaux de M. Erickson) comme outil thérapeutique. Il développe une analyse du langage
thérapeutique paradoxal.
2. La théorie générale des systèmes

Ludwig von Bertalanffy étudie les systèmes ouverts : il y a des échanges avec le milieu qui
l’entoure.
Un système fermé part d’un état initial et lorsqu’on fait des changements on saura ce qui se
passera. Dans un système ouvert, on introduit l’imprévisibilité et l’irréversibilité (on ne peut
pas retourner à l’état initial).
Les propriétés d’un système ouvert sont :
- La totalité : le tout est plus que la somme des parties (on prend les individus mais
également leurs interactions)
- L’homéostasie : c’est la tendance du système à maintenir un équilibre de
fonctionnement, même si c’est dans la souffrance.  Forte résistance au
changement.
- L’équifinalité : deux systèmes qui ont des états initiaux semblables pourront évoluer
vers des états finaux différents. Deux systèmes qui ont des états initiaux différents
pourront évoluer vers le même état final.  On ne peut pas prédire l’évolution d’un
système.

Pour travailler avec un système il est important de comprendre comment il fonctionne, mais
pas le pourquoi de ce fonctionnement. On cherche à comprendre ce qui se joue maintenant
et c’est sur ce qui se joue aujourd’hui que l’on travaille. Dans tous les cas, le passé est
présent dans les symptômes.
 Le thérapeute travaille donc sur les interactions actuelles.
3. L’épistémologie cybernétique

En occident on part du principe d’une cause à effet.


Un phénomène demeure incompréhensible tant que le taux d’observation n’est pas
suffisamment large pour que ce soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se
produit
En cybernétique on part du principe que les déterminismes du comportement humain se
situent dans les interactions entre lui et son milieu
 On remet l’explication linéaire de cause à effet. En thérapie on conçoit toujours l’individu
en interaction avec son environnement
 On ne se demande pas pourquoi le patient se comporte de manière bizarre mais dans
quel milieu ce comportement a un sens.
L’état du patient n’est pas une maladie mais un problème d’adaptation de son organisme
(ingénieur, 5000m d’altitude)
On voit cela notamment dans les familles de dépressifs.

Je suis de
mauvaise
humeur

Je pense que
les gens ne Je fais la tête
m'aiment pas

On me fait la
tête

4. Les 4 théories de la communication

Bateson & Watzalawick s’intéressent à l’aspect pragmatique de la communication. Ils


développent 5 axiomes de la théorie de la communication :
Toute interaction présente deux aspects :
1. L’indice (le contenu du message,
l’information en elle-même)
Il est impossible de ne pas communiquer. 2. L’ordre (qualifie la nature de la relation,
Tout a valeur de message même un silence l’affect qu’on met dans les mots, la
manière de dire).
Souvent les deux niveaux sont congruents
mais pas toujours.

Avoir une vision systémique des relations.


Il existe deux langages :
Toute relation se base dans un
phénomène circulaire et le comportement - Digital (tout ce qui est verbal)
d’un des membres influe sur tous les - Analogique (tout ce qui est non verbal :
autres, mais il est également influencé par posture, gestuelle, mimique, inflexions de
tous les autres.  Relation de cause à la voix, rythme de la parole…)
effets non pas linéaire mais circulaire.

Il existe deux types d’interaction :


- la relation symétrique (basée sur l’égalité, les
partenaires adoptent un comportement miroir. On
minimise la différence, mais le risque est d’avoir
une escalade)
- la relation complémentaire (relation qui se
complète basée sur la différence, souvent avec un
supérieur et un inférieur : mère enfant, chef
ouvrier, professeur élève… Le risque est de verser
dans une rigidité qui appauvrit la relation).

A partir de cette théorie, ils ont développé la théorie de la communication paradoxale ou


théorie du double lien / contrainte :
Que se passe-t-il dans les familles de schizophrènes ? Dans ces familles là il y a une
communication paradoxale dans laquelle la personne est enfermée ce qui développe des
symptômes de schizophrénie. Aujourd’hui théorie controversée.
Les injonctions paradoxales impliquent une double contrainte :
- Deux ou plusieurs personnes engagées dans une relation intense voire vitale (relation
parents/enfants)
- Un message direct est émis et il affirme quelque chose (injonction primaire)
- Un deuxième message (méta-langage), relationnel
- Les deux messages sont contradictoires
- Impossibilité de sortir de la situation
 La personne est obligée de faire un choix mais comme elle ne comprend plus le sens du
message elle est incapable de choisir.
Le schizophrène, ne pouvant choisir, se retrouve paralysé.
 3 réactions possibles : entretenir la confusion (jeu de mot, humour), annulation de sa
présence dans la relation (refus de répondre), agression (prisonnier de la situation,
réagit par la colère). Exemple des cravates.
Lorsque ces doubles contraintes sont répétées cela peut créer de la schizophrénie, le
symptôme étant un moyen d’y échapper.
Aujourd’hui l’on sait que la schizophrénie n’est pas créée comme ça mais cette théorie a
ouvert la réflexion sur l’importance de la communication dans les familles.
On peut retrouver des doubles contraintes dans des familles de schizophrènes mais pas que.

5. Les différentes approches cliniques

En Europe, deux grands courants systémiques : celle de Milan et celle de Rome. Également
en Belgique.
Les approches
psychodynamiques Sterling
et Richter ; les délégations
transgénérationnelles : ce
qu’on se transmet d’une
génération à une autre,
concommittence de deuil et
de naissances non élaborées.
L'approche stratégique. Modifier les
comportements interactionnels de
la famille.
*Thérapies Brèves centrées sur la
La thérapie
solution contextuelle de
*Thérapies Brèves centrées sur le L.Boszormenyi Nagy
problème
*Approche narrative

L'approche structurale de
SAlvadore Minuchin. Elle Le modèle expérientiel
travail sur la structure de Carl Withaker. Il
familiale ; différents types de insiste sur les vertus
structures thérapeutiques de
(flexibles/déengagées/
chaotiques etc) l'expérience

Les systèmes
émotionnells de la Le modèle humaniste de
Satir. Ce modèle met
famille de §.Bowen. Ces
l'accent sur la créativité, la
systèmes sont liés à valeur personnelle des
l'intrapsychique & le patients
systémique

B. Le cadre & les techniques thérapeutiques

1. Les apports de Milton Erickson

Parler le langage du patient, se mettre dans son monde.


Utiliser un langage injonctif : il faut amener les personnes à faire des expériences, l’emmener
à faire des choses  Devoirs entre les séances.
Définir un objectif réaliste
2. Le cadre thérapeutique

Equipement technique : glace sans tain, vidéo (revoir la séance, détecter des choses qu’on
aurait pas vues, supervision, s’améliorer), interphone (le thérapeute qui est derrière la glace
peut intervenir pour communiquer pendant la séance): pour repérer la communication
analogique et digitale (gestuelle, mimiques etc)

La co-thérapie : utilisée avec la glace sans tain : un thérapeute avec la famille et un derrière
la glace. Il se dégage de la famille et ne sera pas interpellé ou sollicité dans la discussion ce
qui lui permet d’observer plus les communications non verbales. Il a ainsi plus de recul. Un
co-thérapeute peut également rééquilibrer les relations entre thérapeute et famille.
Attention à ce qu’un thérapeute ne disqualifie pas l’autre par exemple.

Le rythme des séances : varie selon le thérapeute. Généralement moins de deux ans.
Contrat (12 séances renouvelables). Il faut toujours un certain temps (au moins 15 jours)
entre les séances pour que le patient puisse expérimenter ses devoirs.

Les participants : les personnes invitées à participer sont celles qui vivent habituellement au
même domicile. Parents divorcés : on ne les reçoit pas ensemble. Certains thérapeutes
travaillent sur 3 générations, donc font aussi venir les grands-parents.

Définir le cadre : le thérapeute a une position basse dans les échanges mais une position
haute sur le cadre. Dans les échanges le thérapeute ne sait pas, c’est le patient qui dispose
des informations et explique la façon dont les choses sont vécues. Le patient définit le
problème par rapport à ses propres normes.

 C’est une approche stratégique : on vise un objectif choisi par le patient, mais c’est le
thérapeute qui définit les moyens pour arriver à cet objectif.
Il n’existe pas de thérapie systémique-type ; en revanche le thérapeute a toujours une
intervention thérapeutique active. Il a une gamme d’outils, de mesures… Il tente toujours
s’adapter à la singularité de la famille. Il s’appuie beaucoup sur sa créativité, il n’y a pas une
grille-type.

3. Le décodage de la situation

1er travail - Répondre à ces 5 questions :


Qui est le client ? La personne qui souffre, qui est dérangée par le problème. C’est celle qui
veut qua le choses changent, qui demande de l’aide au thérapeute. Néanmoins ce n’est pas
forcément celle qui porte le symptôme.

On dénote 3 positions pour le client :


o Le visiteur : la personne vient parce qu’elle est obligée de venir. Considère
qu’il n’est pas malade, que c’est l’autre, que tout va bien.

o Le plaignant : La personne qui se plaint mais ne demande pas vraiment de


changement. Interroger : vous vous plaignez mais qu’attendez-vous de moi,
de la thérapie, qu’est-ce que vous aimeriez qui change ?  L’impliquer dans
la thérapie, qu’il passe du statut de plaignant à celui de client

o Le client : C’est celui qui demande de l’aide, qui veut un changement. Dans
une famille on peut avoir plusieurs clients, qui n’auront pas forcément la
même demande.

Quel est le problème ? Le problème doit toujours être défini du point de vue du patient, qui
doit le définir de 3 manières :
o De façon concrète : il faut toujours revenir aux évènements concrets dans la
vie quotidienne

o De façon actuelle : on travaille sur ce qui se passe aujourd’hui, on ne


s’intéresse pas au passé ; on ne peut pas changer ce qui s’est passé il y a 20
ans, mais on peut travailler sur les conséquences que cela a aujourd’hui

o De façon interactionnelle : voir comment chacun est impliqué dans la


situation. Demander à ce qu’il déroule la scène de comment ça s’est passé.

Quelles sont les tentatives de solution ? Les patients tentent toujours de résoudre leur
problème. S’ils viennent en thérapie c’est que les solutions mises en place ont été inefficaces
voire aggravé le problème. Il faut comprendre ce qui a été mis en place, pourquoi, et
pourquoi cela n’a pas marché. Cela permet d’avoir une construction de la vision des choses
du patient.
L’objectif de la thérapie sera de changer ces tentatives de solutions.

Quel est l’objectif minimal de l’intervention ? À définir avec le patient. La question est :
« quel serait un signe qui vous ferait dire que la situation commence à changer dans le sens
ou vous le souhaitiez ? »
Le « commence » est important car il ne faut pas partir avec des attentes utopiques. En
ayant parlé de ce signe en amont, la personne le repérera lorsqu’il arrivera ce qui crée une
dynamique positive.

Quelle est la position du patient ? Façon dont il perçoit, dont il vit affectivement le
problème. Ex : un enfant qui a des difficultés à l’école : père = il est faignant ; mère = il est
fragile et a besoin d’aide. Il est très important de le saisir pour leur donner des taches
adaptées ensuite.
Il s’agit de capter la vision du patient qu’il a du monde et de son problème au plus près afin
d’avoir la meilleure alliance thérapeutique possible.

Il ne faut pas trop travailler en tant que thérapeute, c’est à la famille de faire ses expériences
et il faut respecter le rythme du patient.

CAS CLINIQUE – LUCAS

Ici on a une relation symétrique entre le fils et le père.


Lucas = symptôme des problèmes des parents
Question de la violence physique.
Double message : « je t’aime » sur un ton non congruent
Troubles du comportement ciblés.

Selon la systémie
QUI :
Le client = La mère (elle pleure)
Le plaignant = le père
Lucas et sa sœur = visiteur.

QUEL EST LE PROBLÈME :


Concrètement :
Violence : physique (coups), verbale (insultes), poignées cassées, crises à se rouler par terre,
disputes avec la mère et le père, quand il fait le chat, quand il fait l’indien.

Actuellement :
Entretien assez dans le présent.

Interactionnellement :
Creuser les évènements concrets amenés par la famille, et comment ils sont arrivés.
Ex : les poignées de portes  comment on en arrive là ? Quand il y a une dispute Lucas
s’enferme dans sa chambre à clef, la clef a été confisquée, il démonte donc les poignées.
Ex : le feu  sa mère s’était enfermée dans sa chambre

TENTATIVES DE SOLUTION :
- Ils s’enferment les uns les autres
- Le père fuit la tension familiale
- Lucas essaie de faire plaisir (il répare tout dans la maison)
- Il est dans la provocation : prendre encore plus de place.
- Lucas recherche quelque chose, a être rassuré sur l’amour de ses parents.
- Faire une petite sœur est une tentative de solution
- Plusieurs consultations psy, demandes d’aide
- La mère lui achète beaucoup de choses qu’il ne demande pas forcément.

OBJECTIF MINIMAL :
Passer une semaine sans coups

POSITION DE CHACUN :
Père : Pas de remise en question, décharge la responsabilité sur la mère (l’amener à voir qu’il
a sa part de responsabilité dans cette situation), il dit « qu’il n’en veut plus »
Mère : elle se sent impuissante, elle culpabilise, elle a peur, elle a honte, elle est en demande
d’aide
Lucas : Provocation, il n’est pas d’accord avec la vision des parents de l’enchaînement des
choses. Lucas se place systématiquement en relation symétrique (avec sa sœur, avec les
adultes.

4. Les techniques d’intervention

Bien saisir les caractéristiques de la situation, toutes les tentatives de solution mises en place
mais dysfonctionnelles, et trouver d’autres solutions en passant par l’expérience.
Le recadrage :
Permet d’agir sur la vision du monde du patient, modifier la perception qu’il a de la situation,
lui montrer les choses sous un autre angle. On travaille souvent sur les croyances dans une
famille, les interprétations qu’ils font d’une situation.
Dans une situation de conflit, on peut rappeler qu’il y a eu un temps avant, heureux, et
qu’on peut sortir du conflit.
Il y a également l’exemple du mille-pattes : si on lui demande dans quel ordre il avance ses
pattes, il se met à réfléchir et il n’avance plus.
Souvent les patients quand ils ont un problème se sentent enfermés alors qu’il suffit de les
décaler d’un pas.
Il peut être utile également de demander à la famille de changer les rôles pendant une
semaine (ex : le père qui fait les courses).
Les tâches :
Les taches directes :
o L’observation : on demande d’observer pendant la semaine comment cela se
passe, comment cela se déclenche, et de noter à chaque fois.
o Le carnet de bord : c’est une tâche qui vise à faire diversion. On demande au
patient de noter dans un carnet chaque fois que le symptôme apparaît la
date, le lieu, les personnes présentes, ce qu’il a senti etc. Cela doit avoir un
coté rébarbatif et astreignant. Le carnet de bord est plus utilisé dans les
phobies et angoisses que dans les conflits. Le fait de noter tout détourne
l’attention de l’angoisse.

o La conspiration du silence : Très utilisé pour couper les disputes, différer les
conflits. On ne parle plus du problème la journée, mais tous les soirs on se
retrouve pour en parler pendant une demie heure, et il n’y a qu’une seule
personne qui parle par soir, et les autres écoutent.

Les tâches d’imagination et de réflexion :


o Les risques du changement : utilisé pour les patients ambivalents. On leur
demande de réfléchir « si jamais les choses changent dans le sens positif,
qu’est-ce que vous allez perdre ? »  Prise de conscience des effets
secondaires du symptôme.

o Le scénario catastrophe : il est souvent donné dans les tâches contre la peur.
On lui dit que pendant un temps il doit imaginer tout ce qui pourrait arriver
de pire.

Les tâches d’implication dans la thérapie :


o Trouver un indice concret d’amélioration : Cela ressemble à l’objectif minimal.

o La question miracle ou le coup de baguette magique : Tâche donnée à un


patient hésitant. « Un miracle a lieu cette nuit et le problème pour lequel vous
êtes venu a disparu, à quoi le constatez-vous le lendemain matin ? » 
Permet de mettre en avant ce que le patient attend de la thérapie.

o Technique du « comme si » : Utilisée avec les patients déprimés ; tous les


matins, se poser la question de « si j’allais bien, qu’est-ce que je ferais
aujourd’hui ? ». Pas besoin de le faire, juste de l’imaginer.
Quand ils vont un peu mieux, on leur demande de faire la plus petite des
choses qu’ils ont imaginée faire.

Les tâches paradoxales :


o Trouver la fonction positive du symptôme : On cherche avec le patient le coté
utile du symptôme, et on lui dit « on ne va pas enlever quelque chose qui est
utile ! »
o La prescription du symptôme : Pour que le patient recueille plus
d’informations sur son symptôme. Par exemple dans un conflit : « pour la
prochaine fois vous allez programmer deux disputes par semaine, et observer
ce qui se passe ». Souvent, ils reviennent en disant « on n’a pas réussi à se
disputer »

o L’augmentation du symptôme : Utilisée avec les TOC. Quand le patient vérifie


3 fois la porte avant de se coucher, on lui dit « vous ne le faites que deux fois,
ou alors il faudra le faire 10 fois ».

o L’interdiction du changement : Dire au patient qu’il ne doit pas changer. Ex


d’un couple avec des problèmes sexuels : vous avez le droit de vous tripoter
mais pas de faire l’amour. Ils reviennent en mode « on n’a pas pu s’arrêter on
est vraiment des cochons ».

o La demi-heure paradoxale : Demander à la personne de se mettre dans un


endroit où elle est bien, de régler son réveil pour dans une demi-heure et
pendant cette demi-heure imaginer toutes les pires choses qui peuvent
arriver. Ils sont obligés de faire une demi-heure, que ça leur paraisse trop
court ou trop long. Après la demi-heure ils doivent aller se laver le visage.
IV. L’approche transgénérationnelle & la
psychogénéalogie
A. Apport de Ivan BOSZORMENYI-NAGY

Dans cette approche le symptôme est pris dans une dimension transgénérationnelle.
Nagy est d’origine hongroise et émigre aux USA. Il part d’un travail avec les psychotiques, et
réalise que malgré leur capacité de jugement et de communication, ils gardaient une lucidité
sur la question de la confiance
 Il développe une notion d’éthique relationnelle, dans la famille, qui est la juste
répartition des mérites, des bénéfices et des obligations de chaque membre de la famille
envers les autres.
Il prend en compte la dimension synchronique et également la dimension diachronique. La
dimension intergénérationnelle (horizontale) et transgénérationnelle (verticale) ; tout ce qui
est la transmission dans la famille.
Il développe une notion d’éthique relationnelle, dans la famille, qui est la juste répartition
des mérites, des bénéfices et des obligations de chaque membre de la famille envers les
autres. Les relations interpersonnelles dans les familles sont définies selon l’équité, la
fiabilité, il existe une notion de justice entre les différents membres de la famille
Il met ensuite en avant le concept de loyauté ; chacun est fidèle à ses origines. Chacun se
sent dans une obligation de répondre aux attentes d’ordre relationnel du groupe familial.
L’individu évite que ses propres agissements soient contradictoires avec le système de règles
familiales qu’il a intériorisé. Les loyautés transgénérationnelles sont des obligations vis-à-vis
des générations précédentes.
Pour cela plus tard l’enfant et l’adulte vont éviter d’avoir des actes en contradictions avec le
rythme familial. Ils choisissent de suivre le groupe familial.
Question de la loyauté se pose aussi dans les familles aux parents divorcés qui restent en
conflit. L’enfant peut être prit à partit, ils peuvent être amenés à ne plus rien choisir et se
mettre en retrait.
Nagy explique que le porteur du symptôme cherche à être loyal envers sa famille mais porte
un symptôme car il n’arrive pas à être à la hauteur de ces attentes.
Toutes ces questions renvoient à l’idéologie familiale, qui n’est pas forcément explicite ;
surtout quand les loyautés sont des obligations par rapport aux générations précédentes.
Par exemple des grands-parents qui ont travaillé très jeunes et se sont sacrifiés pour payer
des études à ses enfants ; les petits enfants sont à leur tour expected to succeed.
La notion de legs et des mérites : La dynamique des relations familiales est déterminée par
un « grand livre des comptes ». Il s’agit de rendre à certains membres de la famille ce qu’on
a recu d’autres comme pour équilibrer la balance des mérites, des legs et des dettes. La
loyauté familiale fait que chacun se sent obligé de participer à l’équilibre des comptes.
Certains individus se sentent lésés. On retrouve ça dans la question des héritages, ceci
n’étant pas forcément lié à l’argent (attention)
La parentification : La « dette » la plus importante de la loyauté familiale, c’est celle de
chaque enfant vis à vis de ses parents pour l’amour, l’affection, les soins, la fatigue et les
égards qu’il a reçus depuis sa naissance jusqu’au moment où il devient adulte. La manière de
s’acquitter de ses dettes est transgénérationnelle, c’est à dire que ce que nous avons reçu de
nos parents, nous le rendons à nos enfants.
Aujourd’hui on utilise ce terme pour expliquer une inversion des générations, le’enfant
devient le parent de ses propres parents.
Elle prend une forme d’exploitation excessive quand les exigences répétitives imposées à
l’enfant dépassent son degré de développement.

Nagy propose alors la thérapie contextuelle : dans une thérapie il faut prendre en compte le
contexte familial.
 Le symptôme est compris comme une manifestation de loyauté invisible envers
la famille.
 L’objectif thérapeutique est de faire prendre conscience de la dette à la
personne, et de l’amener à poursuivre son développement personnel en
s’affranchissant de la dette, en arretant de chercher à se la faire rembourser.
 Analyse de la situation à partir de 4 dimensions :
o Dimension des faits : déterminants biologiques et historiques
(déménagements, handicaps, divorces etc).
o Dimension de la psychologie individuelle : appareil psychique propre au
patient - appareil psychique de chacun avec ses mécanismes de défense,
développement cognitif …
o Dimension transactionnelle : comportements observables dans les
comportements et la communication familiale
o Dimension de l’éthique relationnelle : balance entre les legs et les
mérites, obligations familiales. Livre des comptes, balance entre les
mérites acquis/reçu et les obligations à remplir. Chercher à coir les
responsabilités qu’une famille à vis-à-vis des autres, comment
perçoivent-ils la réalité. Nagy cherche à les amener à comprendre qu’ils
peuvent (doivent) donner et recevoir.

 Se sentir légitime et légitimé dans sa famille, en gardant une certaine autonomie.


B. L’approche de Anne Ancelin SCHUTZENBERGER

Elle s’appuie sur les travaux de Nagy, mais s’est également intéressée à sa propre histoire.
Les règles du système familial :
Elles peuvent être implicites et explicites, mais sont toujours tenues pour acquises dans la
famille. Il faut comprendre le fonctionnement du groupe et la place que chacun donne à la
loyauté dans sa famille. Il faut prendre la famille au sens large, en prenant en compte
également les cousins, les oncles et tantes etc.
Il y a une régulation réciproque et perpétuelle. Le système de comptabilité est différent
pour chaque famille.
Dans certains systèmes familiaux, on peut enfermer quelqu’un dans une reconnaissance
éternelle. Cela peut empêcher l’enfant de devenir autonome.
Le génosociogramme :
Représentation d’un arbre généalogique commenté par les principaux évènements de vie et
par les différents types de relations (questionnaire de Holmes et Rahe). Il a pour but de
mettre en évidence les règles tacites de la famille. L’arbre est extrêmement commenté, les
relations entre les individus sont annotées.
Le syndrome anniversaire :
L’inconscient d’une famille a une bonne mémoire et va provoquer des répétitions d’âge, ou
date : d’accidents, de mariages, de fausses couches, de maladies, de décès, à la même date
ou au même âge sur plusieurs générations.
USA : étude de Joséphine ILGARD. Etudie tous les dossiers d’entrée des patients et leur
anamnèse et a montré une signification statistique à ce syndrome.
Parfois cela peut être sur une période de fragilisation et pas simplement à une date précise.
Patiente fragile a 35 ans : ses parents ont divorcé à cet âge.

Double anniversaire : correspondance avec la date et l’âge de la personne. Accident d’un


homme de 30ans le 12 janvier  Il faut un autre accident d’un autre homme de 30ans un 12
janvier.
V. Secrets de famille : les non-dits & émotions
A. L’origine du secret

Le secret peut être une bonne chose en ce sens qu’il protège la vie privée, c’est structurant
pour notre vie psychique. Nous avons besoin de savoir que nos pensées sont personnelles.
Le secret devient négatif lorsqu’au lieu de protéger notre vie psychique il enferme, il est
vécu comme une contrainte. Il est vécu comme une force isolatrice qui empêche la personne
d’avoir une relation transparente avec son entourage  Il enferme.
Un secret est à taire, à ne pas dire. C’est souvent des choses réprouvées par la loi sociale ou
la loi familiale.
Le secret peut être lié à un évènement honteux ou parce que la personne n’a pas les
capacités de représentation et d’élaboration de l’évènement.
Il peut devenir nocif lorsqu’il est vécu comme une contrainte, dans ce cas-là le secret isole.
Souvent il fonctionne comme quelque chose que l’on doit taire, c’est un évènement dont on
a honte et qui amène de la culpabilité.
Parfois il peut être lié à un non-dit, la personne ne peut pas mettre de mot sur l’évènement,
elle ne peut pas se le représenter ou l’élaborer. Ce silence est vécu par l’enfant comme
quelque chose qui s’est passé mais qui n’est pas bien, c’est lui qui développe la honte du au
secret.
Pour que débute un secret, il faut qu’à une génération, un individu u un groupe se retrouve
incapable de parler de ce qu’il a fait, de ce qu’il a laissé faire, ou seulement de ce dont il a
été témoin, même impuissant.
Les différentes sources des secrets sont souvent :
- Filiation
- Maladies psychiatriques
- Naissance
- Mort
- ….
Ils parlent de refoulement conservateur c'est-à-dire que le désir c’est déjà réalisé, il est déjà
là, il ne peut donc pas être rejeté. Mais la personne ne peut pas l’assumer publiquement car
elle en a honte.

A l’origine d’un secret néfaste il y a un souvent un évènement traumatique non surmonté :


- Un évènement honteux ou qui provoque une angoisse trop grande pour être
élaborée
- Un évènement passé sous silence faute de mots, un évènement que le sujet ne peut
se représenter lui-même  Exemple « le secret » (film) – Philippe Grimbert.
- Un évènement collectif mais qui entre en résonance avec une partie intime de la
personnalité du sujet. Cela va donc réveiller une honte, une culpabilité interne, ce qui
fait que l’évènement collectif va devenir secret pour la personne. Par exemple une
famille qui projette de fuir un pays, mais pour se faire le père va aller voler ses voisins
pour payer le voyage  La réussite est liée à un vol donc honteuse et le sujet
deviendra tabou.

Pour que débute un secret, il faut qu’à une génération, un individu ou un groupe se trouve
incapable de parler de ce qu’il a fait, de ce qu’il a laissé faire, ou seulement de ce dont il a
été témoin, même impuissant.
La majeure partie des cas les secrets sont liés à la mort ou à la filiation (avortement,
adultère). Cependant il y a maintenant d’autres problématiques : maladies psychiques,
congélation d’ovocytes, GPA, homosexualité, sida… Les mœurs évoluent et les secrets avec.

B. La crypte & le fantôme de N.ABRAHAM & M.TÖRÖK

Comment le secret passe d’une génération à une autre : hypothèse selon laquelle certains
actes inexplicables seraient le résultat d’un fantôme transgénérationnel qui s’exprime à
travers ces personnes
Dans le secret il y a un refoulement conservateur : le désir a déjà eu lieu donc on ne peut
plus le refouler, il est donc enfermé dans un espace nommé la crypte. C’est un secret qu’on
ne peut dévoiler, souvent le secret honteux d’un parent, une perte, une injustice. En cachant
ce deuil indicible on l’installe à l’intérieur de soi-même, dans un « caveau secret »
La crypte est un isolat psychique qui permet d’isoler la souffrance psychique liée à un
évènement pour protéger la personne.
Le fantôme est une formation inconsciente engendrée par les représentations stockées dans
la crypte. Il s’en échappe et passe d’une génération à une autre.
Travail dans l’inconscient, du secret inavouable d’un autre, qui se transmet de l’inconscient
d’un parent à l’ics d’un enfant. Il ressurgit à travers des actes inexplicables pour la personne
 Le secret peut avoir des conséquences sur des générations ultérieures
Exemple de Alain de Mijolla :
Arthur Rimbaud. (« Les visiteurs du Moi »). Rimbaud se trompait sur son identité : son
comportement anormal de fuite état pour « fuir la police militaire parce qu’il était
déserteur ». Lorsqu’on lui demandait sa ville d’origine il répondait celle de son grand père.
Dans cette famille, le grand père avait abandonné son fils à 6 ans, et lui même avait été
abandonné par son père à 6 ans.
Lorsqu’un secret se transmet de génération en génération, il y a un travail de décryptage des
mots du discours ; le fantôme les transforme. Ces mots étant imprononçables, la personne
va les transformer. Ils proposent donc un travail sur les mots et des règles de linguistique
appliquée aux mots initiaux du secret :
- Les homonymes (Troyes/trois…)
- Les paronymes : phonétique proche mais un peu différente
- Les allosèmes : utilisation d’un autre sens du mot secret. Exemple d’une femme
meurtrière : la personne porteuse du fantôme aura un attrait inexplicable pour les
meurtrières (petites fenêtres)
- Les cryptonymes : meurtrières  créneaux

C. Les symptômes de l’enfant de parent porteur de secret

1. Le clivage chez le parent porteur de secret


Le parent est partagé entre révéler cet évènement important dans son histoire et expulser
hors de lui cet évènement dont il a honte.
2. Les suintements du secret
Même si le parent tente de cacher son secret, celui-ci transparait par d’autres moyens, des
intonations, des attitudes, des mots incongrus.
Des conduites et paroles qui sont perçues comme étranges, contradictoires ou paradoxales
par l’enfant.
Exemple : une mère ne supporte pas qu’on parle de groupe sanguin (forte angoisse) ;
l’enfant n’est en fait pas celui de son mari. L’enfant voit des choses mais a bien compris qu’il
ne devait pas poser de questions à ce sujet  Il les étouffe.
Le clivage est donc également présent chez l’enfant, entre son désir de poser des questions
et le fait qu’il sait qu’il n’a pas droit de le faire.
L’enfant perçoit également la souffrance du parent autour du secret.
3. Le désir de réparation du parent souffrant
L’enfant confronté à un parent souffrant va tout mettre en œuvre pour le guérir, ou plutôt
guérir l’image souffrante du parent qu’il a installée en lui.
Il va mettre en œuvre des actes, faire des choix qu’il imagine être des résolutions du
problème du parent. Cela peut amener à des attitudes fusionnelles par exemple.

Exemples de réactions possibles :


- « Tu n’as pas droit au savoir » : trouble des apprentissages
- « Si tu veux savoir… Tu cherches » : Recherche scientifique
- « Ne t’approche pas du secret » : phobies
- « Nous sommes parfaits, sois le toi aussi » : délinquance (peur du parent que s’ils
disent le secret l’enfant aura une mauvaise image d’eux)
- « Tu peux le réinventer, l’imaginer » : sens créatif

Les symptômes de l’enfant :


Il va choisir des solutions ne fonction du message qu’il interprète.
Les réactions possibles en fonction du message perçu par l’enfant :

- « tu n’as pas le droit de savoir » l’enfant peut l’interpréter comme  « je n’ai pas le
droit de savoir » Cela peut provoquer des troubles de l’apprentissage. DELASSUS
Claire en parle dans son livre Le secret où l’intelligence interdite Cas d’un petit garçon
dont personne ne veut lui dire que son père est partit avec un homme  il n’a pas le
droit de savoir alors qu’il voit bien les choses et cela provoque chez lui un trouble de
l’apprentissage.
- « Nous sommes parfaits, soit le toi aussi ». Les parents peuvent avoir honte de leur
secret et donc n’en parlent pas à l’enfant pour ne pas perdre leur respect. Ils veulent
se montrer comme étant parfait, ne commettant aucunes erreurs. Ce sont des
familles où il n’y a plus de discussion. Il arrive régulièrement qu’un des enfants
devienne délinquant pour montrer qu’on n’est pas parfait. La réalité vient détruire le
secret familial.

D. Serge TISSERON & le cas de Tintin

Serge Tisseron propose un parallèle entre les différents personnages des aventures de Tintin
- Tintin / Haddock / Professeur Tournesol : 3 facettes de l’enfant confronté au secret.
Tintin est l’enfant parfait ; Haddock l’enfant en souffrance, tous ses jurons sont
utilisés pour dire autre chose ; Professeur Tournesol : scientifique, il cherche la vérité.
Il est sourd, comme si on voulait lui révéler un secret qu’il ne veut pas entendre

- Les Dupondt : Le père de Hergé et son frère jumeau. Le d et le t peut vouloir dire qu’il
y a deux géniteurs possibles, un père connu et un inconnu. Décalage : ils sont
inadaptés, comme s’ils ne savaient pas

- La Castafiore : condensé de deux figures féminines, la mère des jumeaux (grand-mère


d’Hergé) et la mystérieuse comtesse. Tisseron suppose que la mère des jumeaux
aurait eu une liaison avec un prince dont elle aurait eu des enfants.

Effectivement la grand-mère paternelle a été fille-mère pendant qu’elle travaillait dans un


château. C’est la comtesse du lieu dans lequel elle travaillait qui s’est occupée de l’éducation
des jumeaux, les habillant… Elle a épousé un ouvrier du château lorsqu’ils avaient 11 ans, et
il les a reconnus (changement de nom). Elle n’a jamais révélé le nom du père mais il s’agirait
d’un ami de la comtesse, donc un prince.
E. Révéler le secret

Sentiment de soulagement, communication transparente retrouvée. Malgré la levée du


secret, les effets du clivage persistent. Cela n’efface pas les souffrances qui y ont été liées. Il
y a une difficulté pour celui qui découvre le secret d’accepter le fantasme parental qui
accompagne le secret. Une révélation trop brutale court-circuite les possibilités de penser du
sujet. L’enfant va donc découvrir l’enjeu qu’il représente.
 Lorsque le secret est trop ancien, on ne peut plus savoir la vérité. En revanche, on
peut travailler sur les souffrances engendrées. Parfois le contenu du secret ne peut
pas être dévoilé car il remonte à plusieurs générations et les protagonistes ne sont
plus là. On ne connait pas alors le contenu du secret mais on connait les effets. Il faut
alors travailler sur la souffrance que procure le secret et sur ce que le patient nous en
amène. Le travail tournera autour des émotions et des constructions imaginaires
provoquées par les communications discordantes avec les parents.
révélation du secret peut aussi mettre fin à un isolement. Cette révélation ne signifie pas le
levé des tendances que l’enfant met en place au début pour s’accommoder des distorsions,
elles ne vont pas disparaitre avec la révélation du secret.
Souvent l’enfant peut se sentir exclu, non digne de la confiance de ses parents. Il peut croire
que ses parents l’ont mis à cette place-là.

Le travail psychique suite à la révélation du secret peut être assez long en fonction de l’âge
de l’enfant. Cette révélation peut également être trop brutale en fonction de qui et de
comment on lui annonce. L’enfant peut vivre cette révélation comme un traumatisme.

Lorsque la révélation est très tardive comme au moment de l’adolescence, l’enfant peut
perdre confiance en l’adulte et notamment en ses parents.

Pascal HACHEC étudie le lien entre la révélation d’un secret trop brutale à l’adolescence et la
toxicomanie.

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