dissertation finale thèmes abordés

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« Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un.

C’est une voix qui parle, c’est un esprit qui éclaire, c’est une conscience qui avertit »
écrit Victor Hugo. Il veut dire que le théâtre n’est pas qu’un simple divertissement mais il a une dimension humaine et
éducative car il est capable de transmettre des idées, des émotions et faire réfléchir. Jean-Luc Lagarce est un dramaturge du
XXème siècle qui est influencé par le théâtre de l’absurde. Il a écrit des pièces comme Juste la fin du monde et Le pays
lointain. Largarce est mort du sida à 38 ans et c’est l’auteur le plus joué en France. La pièce Juste la fin du monde raconte
l’histoire d’une famille dont le fils ainé est destiné à mourir à 34 ans et veut l’annoncer à sa famille qu’il n’a pas vue depuis 12
ans, lors d’un repas de famille, un dimanche. Ainsi, nous pouvons nous demander en quoi la pièce révèle des crises
personnelles chez chacun des personnages, une crise familiale et une crise du langage. Nous verrons dans un premier
temps que la pièce révèle des crises personnelles, puis une crise familiale et enfin une crise du langage.

1ère partie : Crise personnelle

Louis :
il sait qu’il va mourir et décide de retourner voir sa famille pour annoncer sa mort après 12 ans d’absence.
Prendre ses distances avec sa famille pour échapper aux jugements liés à son homosexualité et vivre sa vie d’écrivain.
Sans doute va-t-il mourir du sida comme l’auteur.
Crise personnelle qui l’amène à revenir dans sa famille.
En revenant dans sa famille après une longue absence, il est confronté à son passé et à la personne qu'il était avant de
partir.
Crise d'identité : il s’interroge sur son rapport avec sa famille et son orientation sexuelle.
Ne parvient pas à l’annoncer et préfère garder le silence pour permettre à sa famille d’exprimer ses sentiments.
Mais il est là sans être là comme dans l’intermède où tout le monde le cherche mais il ne répond pas.

Ainsi, dans le prologue, il annonce dans un monologue sa mort « prochaine et irrémédiable » et son souhait de le dire à ses
proches « Je décidai de retourner les voir » et « j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai. »
Mais il ne parvient pas à annoncer sa mort et reste silencieux. Sa crise personnelle est aussi une crise d’identité car la
première partie de la pièce montre que Louis traverse plusieurs étapes psychologiques face à la mort : il est d’abord dans le
déni et il veut fuir la mort en voyageant mais la mort le rattrape et il l’accepte comme le montre l’épanorthose : « Je perds. J’ai
perdu. »
Antoine :
Antoine est un des seuls personnages en mouvement dans toute la pièce.
Homme en colère à cause de la fuite de son frère.
Veut toujours fuir, il ne reste jamais en place. Il est opposé à son frère Louis, silencieux et statique.
Antoine est bruyant, il parle beaucoup
Tout l’oppose à Louis, l’écrivain, qui est parti pour aller vivre sa vie.
Antoine : ouvrier, il s’est marié, a fondé un foyer et n’a jamais quitté le pays natal.
Face à la longue absence de l’aîné, il a cru, à la mort du père, devoir assumer les responsabilités de la famille.
Complexe d’infériorité qu’il ressent devant la réussite de son frère, sa peur de ne pas être à la hauteur face à lui et ses
reproches.
C’est ce qui explique l’agressivité dont il fait preuve à l’égard de La Mère, et surtout de Suzanne.
Ainsi, sa crise personnelle est une crise d’identité car il exprime sa haine à son frère en disant « Tu me touches, je te tue »
(partie 2) et il refuse l’assignation d’homme brutal en répétant dans la partie 2 « Je ne suis pas brutal » mais ses gestes le
contredisent, il hausse la voix très souvent.

Suzanne
Traverse aussi une crise personnelle et apparaît dès le début de la pièce comme une jeune femme partagée entre sa joie de
retrouver son frère et sa colère face à la fuite de son frère. Elle donne beaucoup d’importance à une relation qui n’existe pas
car elle n’a jamais connu son frère et il ne la connait pas.
Ainsi, dans la première partie, elle évoque le sentiment d’abandon qu’elle a ressenti petite et les lettres elliptiques de Louis
qui montrent sa distance avec sa famille. Elle reste dans la maison de sa mère : « Je ne pars pas, je reste » malgré sa
volonté d’indépendance. Elle semble vouloir compenser l’absence de son frère en restant après de sa mère.
2ème partie : crise familiale
- Louis se rend compte qu’ils sont devenus étrangers les uns des autres.
Ainsi, dans la première partie, la Mère déclare : « Louis, tu ne connais pas Catherine ? » et Antoine reproche à Louis : « Tu
crois me connaître mais tu ne me connais pas » et Suzanne déclare « je ne me souviens pas de toi »

- Le retour de Louis dans sa famille provoque un déséquilibre familial et donc des disputes
Les autres personnages savent que Louis ne reviendra pas après encore 12 ans donc c’est leur seule chance pour dire tout
ce qu’ils ont sur le cœur
Rappelle la parabole dans la Bible du fils prodigue, homme qui a abandonné sa famille et doit faire face à son retour au
traumatisme familial créé par son abandon.
La violence psychologique : conflit entre les deux frères ennemis : Louis et Antoine.
La violence verbale est omniprésente chez chaque personnage mais surtout dans le dialogue d’Antoine et Suzanne.
Ainsi, ils utilisent de mots familiers lorsqu’ils se disputent : « Ta gueule, Suzanne. »
Menaces d’Antoine à l’égard de Louis : « Tu me touches : je te tue. »

- Suzanne apparaît dès le début de la pièce comme une jeune femme en colère partagée entre sa joie de retrouver son frère
et sa colère face à la fuite de son frère. Elle se livre à un procès dont elle est la juge dans la première partie et lui adresse des
reproches tout en essayant de nuancer ses propos.
Ainsi, dans le soliloque de la scène 3 de la première partie, elle évoque d’abord le sentiment d’abandon qu’elle a ressenti,
petite, face à la fuite de son frère aîné : « Je voulais être heureuse et je voulais l’être avec toi ». Elle se remémore le manque
qu’elle a éprouvé et elle revient ensuite sur les « lettres elliptiques » envoyées par lui sans vouloir non plus le blesser car elle
nuance en disant : « jamais tu n’oublias les dates essentielles de nos vies ».
3ème partie : La pièce est un logodrame

1/ Crise du langage

Les personnages sont incapables de trouver les mots exacts d’où le nombre important d’épanorthoses c’est-à-dire la
reformulation d’un discours. Mais les épanorthoses ne rendent pas leurs paroles plus claires. Au contraire le langage des
personnages est complexe et approximatif. Ce manque de précision est à l’origine de la crise de la parole.
On trouve aussi des polyptotes, des phrases elliptiques et inachevées.
Lagarce prouve qu’il n’y a pas assez de mots dans la langue française pour exprimer avec exactitude ce que l’on ressent.
Les personnages recherchent constamment à trouver les mots exacts alors que le « mot juste » n’existe pas.
Ainsi la parole est problématique et tous les personnages, à un moment ou à un autre, s’interrogent :
« Que voulez-vous que je dise ?» demande Catherine à Louis,
« Qu’est-ce que je dois répondre ? » demande Antoine à son frère
« Rien jamais ici ne se dit facilement » dit Antoine.

2) Crise de la communication

3/ Le pouvoir du silence

Le langage de Lagarce dans Juste La Fin du Monde est contemporain car Louis qui parle le moins a le pouvoir ce qui renverse le stéréotype théâtral qui donne le
pouvoir et l’autorité à celui qui parle le plus. Sachant que le théâtre est l’espace de la parole absolue. Ici le silence a le pouvoir. « Le silence soit plus criant encore
que le cri même » (Annie Colognat)

Louis est riche de son silence « La bonté même » car il n’est jamais violent. Mais c’est ce manque de réaction qui crée le drame. Son silence a pour but de laisser
les autres mieux parler mais elle provoque de la colère et de la confusion chez les autres personnages. Louis ne fait rien, ne dit rien donc on ne sait pas ce qu’il
ressent on a juste notre perception.
Selon Sylvian Diaz le silence incarne « L’échec du langage ». Si c’est le cas alors le silence de Louis est un échec dans la mesure où il est venu pour parler mais
ne dit rien. Par ailleurs, dans la scène 5, Louis a une prise de conscience qu’il était déjà, d’une certaine manière, mort et qu’annoncer sa mort pour de vrai allait
bouleverser cet équilibre donc il choisit le silence plutôt que la parole.

Natalie Sarraute dans Le Silence, met en scène une sorte de « tropisme » qui est à l’origine du drame. Elle explore aussi la fonction du silence.
Contrairement, à Lagarce la silence chez Sarraute est à cause du mépris que Jean-Pierre ressent vis-à-vis des autres personnages. C’est donc un silence qui est
condescendant et qui condamne la conversation.

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