884-Texte de l'article-2765-1-10-20221031
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OMERANI Driss
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales- Marrakech
Université Cadi Ayyad - MAROC
Laboratoire INREDD
[email protected]
HAJ-KHLIFA Chaîmaa
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales- Marrakech
Université Cadi Ayyad - MAROC
Laboratoire INREDD
[email protected]
ATITAOU Asmae
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales- Marrakech
Université Cadi Ayyad - MAROC
Laboratoire LARESSGD
[email protected]
Author(s) agree that this article remain permanently open access under the terms of the Creative Commons
Attribution License 4.0 International License
Résumé :
Depuis de nombreuses années, la transformation digitale s’avère un gage indéniable pour la
performance financière des banques en termes de leurs efficacités et leurs efficiences, ainsi
qu’elle est un déterminant de lutte concurrentielle.
Cependant, malgré l’abondance des travaux académiques traitant la transformation digitale, très
peu d’études empiriques analysent la relation entre la transformation digitale et la performance
financière des banques. Cet article propose une évaluation par des données de panel, de six
banques marocaines cotées sur la période allant de 2008 à 2020.
Pour ce faire, nous appliquons un modèle de régression linéaire multiple liant des variables
issues de la littérature susceptibles de montrer la relation entre la transformation digitale et la
performance financière des banques.
Les résultats de l’étude montrent que la pratique du digital a un impact significatif sur la
pérennité et la croissance des banques dans un marché assez concurrentiel, ainsi que sur la
satisfaction du client.
Mots clés : Banque ; transformation digitale ; performance financière ; rendement des actifs ;
rendement des capitaux propres.
Abstract :
For many years, digital transformation has been an undeniable pledge to banks' financial
performance in terms of efficiency and effectiveness, as well as a determinant of competitive
struggle. However, despite the abundance of academic works dealing with digital
transformation, very few empirical studies analyze the relationship between digital
transformation and banks' financial performance. This paper proposes an evaluation using panel
data of six Moroccan listed banks over the period 2008 to 2020. To do so, we apply a multiple
linear regression model linking variables from the literature that can show the relationship
between digital transformation and banks' financial performance.
The results of the study show that digital practice has a significant impact on the sustainability
and growth of banks in a fairly competitive market, as well as on customer satisfaction.
Keywords: Bank; financial performance; digital transformation; return on assets; return on
equity.
Introduction
Dans un contexte mondial dominé par une concurrence exacerbée entre les entreprises, ces
dernières doivent prendre en considération à la fois les contraintes externes, imposées par son
environnement concurrentiel, et internes imposées par les exigences de la résilience
organisationnelle. C’est dans ce contexte que la transformation digitale de l’entreprise peut
jouer le rôle d’un système d’optimisation, participant à une amélioration significative de la
compétitivité des entreprises.
En effet, la transformation digitale peut intervenir en tant que pivot indispensable ayant pour
objectif premier l’optimisation du système triangulaire représenté par : le délai, les coûts et la
qualité.
Au sein des entreprises, la transformation digitale est donc devenue une décision stratégique. Il
s’agit d’un défi majeur à relever pour toute organisation qui se fixe comme objectif d’acquérir
un avantage stratégique et concurrentiel. Le long chemin à parcourir et les investissements
colossaux à mettre en œuvre peuvent constituer un obstacle et une contrainte non négligeables.
Pour garantir leur pérennité, leur survie et leur croissance sur le long terme, les entreprises
doivent investir dans tout ce qui est infrastructure technologique et outils digitaux. En ce sens,
la transformation digitale n’est plus un choix, mais une obligation à prendre en considération et
à mettre en œuvre.
Se doter d’une infrastructure technologique mettant en valeur les technologies de l’information
et de communication va permettre aux entreprises d’améliorer non seulement leur ‘business
model’ et leur ‘business process’, mais aussi leur efficacité, leur efficience, leur part de marché,
leur performance financière ainsi que d’accroître la satisfaction de leurs clients.
Signalons au passage, que la question liant la transformation digitale et la performance
financière est assez délicate à aborder. La complexité de cette question, tant soulevée par les
praticiens et les chercheurs, vient du manque, voire même de la non disponibilité, des données
structurées sur la transformation digitale. Évidemment, c’est la raison pour laquelle son impact
sur la performance financière a longtemps été négligé dans la littérature. Il s’agit donc d’un défi
majeur et une vraie limite à la recherche.
Dans ce contexte, le but de notre recherche est de répondre à une question majeure : Dans
quelle mesure la transformation digitale contribue-t-elle à la performance financière des
banques commerciales Marocaines ? Notre objectif est donc de chercher d’une part, comment
la fonction de la transformation digitale contribue-elle significativement à la performance
financière des banques ? Et d’autre part si la performance financière des banques Marocaines a
enregistré une croissance ou une décroissance, après qu’une transformation digitale ait été
adoptée ?
D’un point de vue empirique, nous allons utiliser la méthode de la régression linéaire multiple
sur des données de panel couvrant la période de 2008 à 2020. A cette fin, dans un premier
temps, nous aborderons la conceptualisation et la revue de littérature de la transformation
digitale et de la performance financière. Dans un deuxième temps, nous allons mettre le point
sur la méthodologie adoptée et les hypothèses de recherche. En troisième lieu, nous allons
présenter les résultats auxquels nous sommes arrivés.
1. Transformation digitale et performance financière : conceptualisation et revue de
littérature
1.1. Transformation digitale
La transformation digitale est une expression relativement nouvelle dans le lexique de
l’entreprise moderne. L’on s’accorde généralement à dire que le concept de transformation
digitale a récemment commencé à se substituer à celui de digitalisation qui est associé à celui
de la numérisation qui est apparu au milieu du siècle dernier.
En 2017, le concept a atteint une sorte d’apogée, lorsque Mirsch T., Lehrer C., Jung R., (2017)
ont suggéré l’introduction d’une nouvelle discipline académique qui fusionne entre le domaine
du Business Administration (BA) et celui du Computer Science.
La transformation digitale est un concept multiforme dont les sens diffèrent entre universitaires
et praticiens (Besson & al. 2016). A l’heure actuelle, la transformation digitale tout comme la
digitalisation, manque d’une définition standard et unique qui peut nous permettre de la
considérer comme étant une référence, sur laquelle on peut se baser.
Sans perte de généralité, empruntons à Westerman et al. (2011) la définition suivante: “the use
of technology to radically improve performance or reach of enterprises”.
De même, empruntons à Schwertner K. (2017) la définition suivante: “digital business
transformation is the application of technology to build new business models, process, software
and systems that results in more profitable revenue, greater competitive advantage, and higher
efficiency. Businesses achieve this by transforming processes and business models,
empowering workforce efficiency and innovation, and personalizing customer/citizen
experiences”. Il apparaît donc clairement de ces définitions que la transformation digitale peut
toucher à toutes les sphères de l’entreprise c’est-à-dire : infrastructure, business model, clients
et employés.
dépenses en TIC, les frais et les commissions par rapport au ratio de l’actif total ont également
augmenté. L’étude a conclu que les transactions bancaires en ligne prédisent de manière
significative et positive le ROA et qu’une augmentation des transactions bancaires en ligne
entraîne une augmentation du ROA.
2. Présentation des variables et des hypothèses de recherche
Pour traiter notre problématique, nous avons formulé deux hypothèses qui constituent pour nous
des pistes de recherche, à savoir :
H0 : La transformation digitale aurait un impact négatif sur la performance financière
des banques commerciales Marocaines ;
H1 : La transformation digitale aurait un impact positif sur la performance financière des
banques commerciales Marocaines.
Afin de tester nos hypothèses de recherche, nous envisageons deux étapes. La première consiste
à une analyse de type explicative dont laquelle le test multivarié sera réalisé par la méthode de
la régression linéaire multiple. Nous régresserons dans un modèle linéaire, la performance
financière prise comme variable endogène, sur la variable qui opérationnalise la transformation
digitale et un ensemble de variables de contrôle. Le modèle sera estimé sur des données de
panel, tout en prenant en compte le test de spécification afin de préciser le modèle le plus
approprié. Juste après on testera la robustesse économétrique du modèle par les tests appropriés
et dont les résultats sont présentés dans le tableau 2 ci-dessous.
La deuxième consiste à une analyse descriptive dont laquelle on va étudier l’évolution de la
performance financière pré et post transformation digitale qui se complétera par un dernier test
descriptif, paramétrique qui est le test t pour échantillons appariés consistant dans notre cas en
une comparaison des moyennes de la performance financière des banques de notre échantillon
tout au long des années autour de la date de la transformation digitale.
2.1. Données de l’étude
2.1.1. Le choix de l’échantillon
La population cible de l’étude est constituée de six banques commerciales Marocaines cotées à
la bourse des valeurs de Casablanca (BVC). Ces banques sont les suivantes : Attijariwafa Bank
(AWB), Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), Banque Marocaine pour le Commerce et
l’Industrie (BMCI), Crédit Du Maroc (CDM), Banque Centrale Populaire (BCP) et Bank of
Africa qui est connue par le nom Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE).
Source : Auteurs
Source : Auteurs
Selon le graphique ci-dessus, la performance financière mesurée par le rendement des capitaux
propres (ROE) a passé de 12,36% en N-1, à 11,88% en N, à 11,51% en N+2 et à 18,93% en
N+4.
3.1.2. Catégorie 2 : BCP et BMCE
Figure N°2 : Évolution de la performance financière avant et après 2013
0,16
0,14
0,12
0,1
0,08
0,06
0,04
0,02
0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : Auteurs
D’après la représentation ci-dessus, la performance financière mesurée par le ROE a passé de
7,62% en N-1, à 8,81% en N, à 8,82 en N+2 et à 9,61% en N+4.
3.1.3. Catégorie 3 : BMCI et CDM
0,16
0,14
0,12
0,1
0,08
0,06
0,04
0,02
0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : Auteurs
Le graphique supra montre que la performance financière mesurée par le ROE a passé de 7,4%
en N-1, à 5,72% en N, à 4,12% en N+2 et à 6,86% en N+4.
4. Discussion des résultats
De l’analyse de l’évolution de la performance financière avant et après la transformation
digitale ressortent les conclusions suivantes :
- Pendant l’année de la transformation digitale, les banques peuvent connaître une
diminution de leurs performances. Cela est dû, d’une part, aux investissements importants dans
les technologies de banque et, d’autre part, au fait que les clients des pays en développement
sont pour la plupart habitués aux services bancaires traditionnels basés sur les agences et
prennent donc du temps pour adopter une nouvelle technologie.
- Après l’année de la transformation digitale, les banques seraient en mesure de récupérer
leurs investissements et donc d’améliorer leurs performances.
- Au cours de la troisième année de la transformation digitale, les banques connaîtront
une augmentation progressive de la rentabilité et donc bien évidemment une amélioration de la
performance.
On complète la dernière phase de notre analyse par le test t pour échantillons appariés qui est
un test paramétrique et qui va nous permettre de comparer et d’analyser la moyenne en amont
et la moyenne en aval de la performance financière afin de matérialiser l’effet de la
transformation digitale.
Avant d'effectuer un test t pour échantillon apparié, on effectue d'abord le test de normalité. On
applique le test de Jarque-Bera de normalité des écarts aléatoires, signalons qu’il est important
de réaliser ce test dans la mesure où l’échantillon n’est pas de grande taille.
garantir leur pérennité et leur croissance dans un marché assez concurrentiel, elles prennent le
risque de disparaître dans un espace économique confirmé.
A l’inverse, l’avenir semble prometteur pour les entreprises ayant su modifier leurs écosystèmes
en intégrant la transformation digitale qui n’en reste pas moins essentielle pour la bonne marche
de l’entreprise et la satisfaction du client.
Certes, l’intégration et l’introduction de la transformation digitale n’est pas assez facile à mettre
en œuvre du jour au lendemain, c’est un processus assez long qui demande une stratégie bien
définie afin de garantir sa réussite.
La transformation digitale est devenue une nécessité pour toute organisation désireuse d’avoir
un avantage stratégique et concurrentiel compte tenu de son impact sur la rentabilité,
l’efficacité, l’efficience et la performance. Elle revêt une importance particulière pour les
entreprises financières, entre autres les banques et ce grâce à la nature des leurs opérations.
Tenant compte de son rôle crucial et de son impact sur la performance bancaire, il est juste de
dire que les recherches dans la littérature bancaire vont s’intéresser plus particulièrement à cette
question, alors que non, les études de ces dix dernières années l’ont souvent négligé, cela revient
à un manque majeur de données structurées sur la transformation digitale dans les banques ce
qui constitue un vrai obstacle à la recherche.
Afin de finaliser cette partie, on va synthétiser brièvement les principaux résultats obtenus.
Les résultats descriptifs ont révélé que la performance financière a connu une amélioration non
vraiment significative après 2012 pour AWB et CIH et après 2013 pour BCP et BMCE. Alors
qu’elle a connu une augmentation significative après 2014 pour BMCI et CDM. On peut
expliquer cet effet positif non significatif par le fait que la performance financière augmente
avec un décalage de plusieurs années, ce qui fait qu’on ne peut pas réellement matérialiser
l’effet de la transformation digitale directement après une ou deux années.
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