MARAI Chapitre 13Fertilisants
MARAI Chapitre 13Fertilisants
MARAI Chapitre 13Fertilisants
SOMMAIRE
Plusieurs fertilisants solides ou liquides acceptés en agriculture biologique sont disponibles sur
le marché. Une liste complète de ces fertilisants ainsi que de leurs fournisseurs peut être
trouvée dans le manuel des intrants bio (Duval et Weill, 2007), aussi appelé MIB. Les principaux
engrais ainsi que leur utilisation sont présentés ci-dessous. Les fertilisants sont soit d’origine
organique, soit inorganique (engrais minéraux). Il est à noter que les engrais minéraux autorisés
en agriculture biologique doivent provenir de roches minées. Il faut vérifier le procédé de
fabrication avec les fournisseurs. En effet, certains produits peuvent être d’origine minée ou
obtenus par traitement chimique (ex. : sulfate de potassium, sel d’Epsom).
Certains fertilisants solides permettent d’apporter un seul des trois éléments majeurs (azote,
phosphore ou potassium). Dans ce cas, les sources d’azote sont toujours organiques, alors que
celles de phosphore sont sous forme organique ou inorganique, et celles de potassium sous
forme inorganique.
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Les principaux produits apportant uniquement de l’azote sont la farine de plume 13-0-01 et la
farine de sang 12-0-0.
Ces produits sont vendus en poudre ou en farine et sont difficiles à appliquer mécaniquement. Il
existe des produits granulaires faits à partir d’un mélange de fumier, de farine de plume, de
poudre de sang, de farine d’os, de sulfate de potassium et de magnésium (Sul-Po-Mag) ou de
sulfate de potassium qui ont un pourcentage élevé d’azote. Des formulations du type 9-0-3, 7-3-
2, 7-2-2, pour n’en citer que quelques-unes, sont à prédominance d’azote et peuvent être
utilisés à la place de la farine de plume pure ou de la poudre de sang pure lorsque les
applications sont mécanisées.
Pour tous ces produits, l’azote est disponible très rapidement aux plantes. Par exemple, pour la
farine de plume, lorsque le sol est chaud et humide, une partie de l’azote se libère dans les
deux premières semaines suivant son application.
Il existe aussi des engrais riches en azote, comme le tourteau de plantes oléagineuses (soya)
et les comprimés de luzerne. Ces sources sont assez coûteuses et sont généralement
valorisées en élevage plutôt que comme fertilisant.
Les fumiers et les composts sont les principales sources de phosphore. Avec ces sources, il n’y
a pas lieu, en général, de faire une fertilisation d’appoint en phosphore. Toutefois, lorsque
nécessaire, deux sources de phosphore sont disponibles :
— le phosphate de roche (0-13-0). Son effet est très lent et variable selon le pH du sol ; plus
le pH est élevé, moins ce type de phosphore est disponible. L’utilisation de fumiers ou de
composts lorsque possible est plus intéressante. Pour des sols très pauvres en
phosphore, il est aussi possible d’ajouter du phosphate de roche au fumier, ce qui en
améliore la disponibilité ;
— la farine d’os (2-11-0). Son effet est plus rapide que celui du phosphate de roche.
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Ces trois chiffres expriment les pourcentages respectifs de l’azote, du phosphore (P2O5) et du
potassium (K2O) dans l’engrais.
© Équiterre, 2009, Tous droits réservés. Module 7, Amendements et fertilisation – Chapitre 13, « Les fertilisants autres que les
fumiers etles composts », manuscrit du Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée, rédigé par Anne
Weill et Jean Duval.
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La source la plus importante de potassium provient de roches broyées. Les différents types
d’engrais potassiques sont listés dans le tableau 1. Les cendres sont également une source de
potassium. Leur usage est toutefois délicat, car elles ont une action chaulante rapide. De plus,
leur usage requiert un plan agroenvironnemental de valorisation sauf si le produit est normalisé
(normes BNQ).
Tableau 1
Principales sources de potassium
Un engrais granulaire qui devient de plus en plus populaire est le fumier de volaille granulé
hygiénisé. Il peut être utilisé sans délai de récolte. Son analyse est d’environ 4-4-2 (en
pourcentage sur une base sèche). Elle varie un peu selon les lots, il est donc avantageux de
demander une analyse précise pour chaque lot. Les éléments nutritifs sont rapidement
disponibles. Presque tout l’azote est disponible à la plante et par conséquent, pour une même
quantité d’azote disponible, on apporte moins de phosphore qu’avec les fumiers ou les
composts.
On retrouve aussi une gamme de produits à base de fumier de volaille granulé hygiénisé enrichi
soit en azote, soit en phosphore ou encore en potasse avec de la farine de plume, de la poudre
de sang, de la farine d’os, du phosphate de roche, du sulfate de potassium et de magnésium ou
du sulfate de potassium.
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fumiers etles composts », manuscrit du Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée, rédigé par Anne
Weill et Jean Duval.
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Il y a aussi beaucoup d’engrais granulaires qui ne contiennent pas de fumier et qui sont
principalement à base farine de plume, de poudre de sang, de farine d’os, de sulfate de
potassium et de magnésium, ou de sulfate de potasse.
Les farines de crevette ou de crabe ont une valeur fertilisante autour de 7-5-1. Le guano, quant
à lui, est riche en azote et en phosphore. Sa composition est toutefois très variable selon la
source (de 3 à plus de 10 % d’azote et de 3 à plus de 10 % de phosphore)
Le calcium peut être apporté avec la chaux (carbonate de calcium) ou encore avec le gypse
(sulfate de calcium) si l’on ne veut pas augmenter le pH. La plupart des engrais composés
autorisés en production biologique contiennent aussi du calcium, mais de façon moins
concentrée que dans la chaux ou le gypse. Les autres sources de calcium possibles (ex. :
poudre d’os, coquilles d’huîtres) sont en général trop coûteuses par rapport au gypse ou à la
chaux.
Les fertilisants liquides peuvent être utilisés dans l’eau d’arrosage pour la fertilisation des
transplants ou en pulvérisation foliaire, principalement pour la correction de carences au champ.
Les produits disponibles sont présentement trop coûteux et trop peu concentrés en éléments
nutritifs pour justifier des apports par le système d’irrigation (fertigation). Leur usage peut
toutefois être envisagé en serre ou pour des cultures de très hautes valeurs.
L’effet visuel des fertilisations foliaires à base d’azote, de phosphore et de potassium en champ
peut être marqué, mais l’effet sur les rendements n’est pas garanti. Malheureusement, presque
toute l’information que l’on a sur les pulvérisations foliaires est d’ordre anecdotique et il est
difficile d’en tirer des conclusions. Dans certains cas, elles peuvent augmenter la qualité des
rendements, mais elles ne remplacent pas la fertilisation de base. Le calcul qui suit permet de
comprendre pourquoi :
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Les légumes ont besoin de 50 à 130 kg de N/ha. L’application de 5 L/ha d’émulsion de poisson
ayant une concentration en azote de 5 % apporte :
L’effet observé de certains fertilisants foliaires (algues, extraits de plantes, purins) est
probablement dû à l’effet stimulant de certains composés ainsi qu’à certains oligo-éléments
qu’ils contiennent. Une revue de littérature sur la fertilisation foliaire peut être consultée sur le
site web d’ATTRA (Kuepper, 2003).
Le contenu N-P2O5-K2O des émulsions de poisson est variable, mais il est le plus souvent de 5-
1-1. Ce produit apporte essentiellement de l’azote. C’est un produit intéressant pour la
fertilisation des transplants.
2.2 Algues
La composition des algues est très variable (tableau 2). Elles constituent, elles aussi, des
fertilisants intéressants pour les transplants.
Tableau 2
Composition de plusieurs algues disponibles sur le marché
Kelp ABK ABK Acadie Acadie Bio-gro
séché Organic Ocean Organic Ocean Poudre Liquide
Poudre soluble Liquide soluble
N% 0,5-2 0,5 0,1 1 0,5-2,5 2
P 2O 5 % 0,1-0,2 0,2 0,04 1,5 1,5-2,5 0,1
K 20 % 1,5-2,4 30 6,5 19 6-7 1,6
Ca % 0,1-0,2 0,05-1
Zn ppm 1-10 10-25
Mn ppm 1-10 1-10
Bo ppm 10-40 20-50
Mo ppm
Il existe depuis peu une gamme d’engrais liquide de formulations variées fabriqués à partir
d’extraits d’algues et de plantes : 2,5-2-1,5, 2,5-2-4, etc.
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Les apports d’oligo-éléments sont permis en cas de carence démontrée ou autrement justifiée.
Plusieurs produits peuvent être utilisés en agriculture biologique pour corriger les carences
(tableau 3). Les quantités d’éléments mineurs à apporter en cas de carence sont données au
chapitre sur la fertilisation. Les éléments mineurs sont souvent vendus sous forme de sel
soluble ou sous forme de chélates. Dans ce dernier cas, l’élément mineur est lié à une molécule
organique afin de le garder plus stable et disponible à la plante. Seul les chélats naturels ou à
base de sulfonate de lignine sont autorisés en agriculture biologique. Attention au bore : mis en
trop grande quantité il est toxique. Certaines cultures comme les haricots sont extrêmement
sensibles à l’excès de bore.
Tableau 3
Composition de quelques engrais foliaires à base d’éléments mineurs et secondaires
Consulter le MIB (Duval et Weill, 2007) pour la liste complète
Il faut se méfier des produits commerciaux contenant une panoplie d’éléments mineurs. Les
concentrations sont souvent 100 à 1 000 fois moins élevées que celles des produits du
tableau 3 et ne permettent pas de corriger des carences. À des fins de comparaison, les algues
Acadie citées précédemment contiennent 20-50 ppm de bore, c'est-à-dire 0,02-0,05 % de bore.
Il en est de même pour les fumiers et composts. Même s’ils contiennent tous des éléments
mineurs, ils ne permettent pas de corriger des carences en ces éléments. Leur usage répété
peut toutefois enrichir les sols en certains oligo-éléments.
L’application régulière de ces produits peut avoir un effet positif sur les rendements et la qualité
des produits. L’effet de ces extraits est bien documenté par Kuepper (2003), Diver (2002) et
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Sayle (2004). Le principal inconvénient de ces produits vient des manipulations nécessaires à
leur fabrication et à leur usage. De plus, ILS NE DOIVENT PAS ÊTRE APPLIQUÉS
DIRECTEMENT SUR LES LÉGUMES à cause des risques liés aux pathogènes qu’ils peuvent
apporter.
3. INOCULANTS
Les mycorhizes sont des champignons bénéfiques associés au système racinaire des plantes. Il
est possible d’en acheter pour les mélanger au terreau juste avant le semis des transplants ou
aux semences.
Les mycorhizes augmentent de façon spectaculaire le volume de sol où la plante peut puiser
ses éléments nutritifs. En effet, les racines ont des filaments qui leur permettent de chercher les
éléments nutritifs à une distance de 2 mm, alors que les mycorhizes leur permettent d’aller
chercher les éléments nutritifs à une distance de 15 cm de la racine. Elles améliorent aussi la
structure du sol grâce à leurs filaments et à la glomaline qu’elles produisent et qui sert de colle.
La quantité de mycorhizes dans le sol est largement influencée par la rotation. Leur durée de
vie est fonction de la présence de plantes vivantes dans le sol. Plus une jachère est longue,
moins il y a de mycorhizes dans le sol. L’ajout de phosphore au sol inhibe la croissance des
mycorhizes ; de plus, ces dernières se développent moins activement dans un milieu riche en
phosphore.
Selon plusieurs essais faits à l’institut Rodale, la croissance de plantes mycorhizées dans un sol
pauvre en phosphore est égale à celle de plantes non mycorhizées dans un sol riche en
phosphore.
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Les bactéries du genre Rhizobium forment des associations symbiotiques avec les
légumineuses qui leur permettent de fixer l’azote de l’air. Cette association produit des nodules
sur les racines. Normalement, les semences de légumineuses doivent être mélangées avec le
Rhizobium afin de les inoculer. Il est important de bien faire ces inoculations lorsqu’il n’y a
jamais eu de légumineuses dans la rotation. Les Rhizobium restent dans le sol plusieurs
années, et il n’est pas toujours nécessaire d’inoculer les plantes de nouveau par la suite.
Chaque légumineuse doit être inoculée avec l’espèce de Rhizobium qui lui convient. Les
inoculants spécifiques à chaque légumineuse doivent être demandés aux fournisseurs de
semences. Il faut s’assurer qu’ils ne contiennent pas de produit OGM.
La plupart des fermes maraîchères n’inoculent toutefois pas leurs semences de haricots, de
pois et de trèfle et elles obtiennent quand même une bonne nodulation.
4. RÉFÉRENCES
Diver, Steve. Notes On Compost Tea, A supplement to the ATTRA publication Compost Tea For Plant Disease
Control, ATTRA (Appropriate Technologies Transfer for Rural Areas), 2002, 19 pages. http://attra.ncat.org/attra-
pub/PDF/compost-tea-notes.pdf.
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Duval, J. et A. Weill. Manuel des intrants biologiques, PSDAB – MAPAQ, 2 édition, décembre 2007, 40 pages.
http://www.agrireseau.qc.ca/agriculturebiologique/default.aspx
Kuepper, G. Foliar fertilization, ATTRA (Appropriate Technologies Transfer for Rural Areas), mars 2003, 10 pages.
http://www.attra.org/attra-pub/PDF/foliar.pdf
Sayre, Laura. Compost Tea Research Enters its Second Year, Rodale Institute, 2004, 3 pages.
www.newfarm.org/depts/NFfield_trials/0404/tea_print.shtml
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Weill et Jean Duval.