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Soufre et fertilisation des cultures

Olivier Goujard
Animateur du groupe Soufre du
Les différentes formes d’apport de Soufre,
intérêts agronomiques

Plan de la présentation
• Le soufre dans le sol
• Le cycle du soufre
• La forme sulfate
• Approche bilancielle du soufre en France

• Le soufre dans les plantes


• Rôle et fonctions
• Besoins des cultures
• Carences en soufre

• La fertilisation soufrée
• Réponse des cultures
• Effets sur la qualité des récoltes
• Les indicateurs de la nutrition soufrée des cultures
• Les préconisations
• Les différents engrais soufrés
Le soufre dans le sol

• La teneur en S des sols ~ 0.02-0.2%


o Mais peut atteindre 1% en sol tourbeux

• 60 à 95% du S sous forme organique


o Humus, résidus de cultures, biomasse microbienne

• S minéral:
o Plusieurs formes possibles en fonction de l’état du sol
• Forme plus ou moins oxydée en fonction du potentiel redox:
v Sulfure (H2S ou S2-, -II)
v Soufre élémentaire (S, 0)
v Thiosulfate (S2O32-,+II)
v Sulfite (H2SO3 ou SO32-, +IV)
v Sulfate (SO42- ,+VI)

• Cycle du S similaire à celui de l’N:


o minéralisation - organisation
Le cycle du soufre dans le sol

Fertilisation,
Déposition atmosphérique
Protection sanitaire
(2-3kg S/ha/an)
(0 – 10 kg S/ha/an)

Plante
(10-80kg S/ha)
Humus
(260–2600
kg S/ha) Absorption
Mineralisation

Soufre minéral
(2-80 kg S/ha)

Résidus Organisation
végétaux
(10-35 kg S/ha)
Biomasse microbienne
(3 – 80 kg S/ha)
Humification
Lixiviation
(5-30 kg S/ha/an)
Source: INRA Laon (JM.Machet, S.Recous & H.Niknahad Gharmarkher)
Le soufre dans le sol

• La forme sulfate SO42- est la forme clé pour la nutrition des plantes
• Absorbée par les racines
• Produit final de la minéralisation
• Peut être adsorbé par des oxydes (Fe, Al) ou la matière organique
• Très mobile et facilement lessivable dans le sol (idem NO3-)
• Aucun risque actuellement pour l’environnement

• Mesure de la teneur en sulfate du sol par analyse de reliquats


• Méthode normalisée (NF ISO 11048)
• Proposée par certains laboratoires français (couplée à reliquat N)
• Contribue à mieux quantifier le bilan du soufre à la parcelle

• Mesure de la teneur en soufre extractible (soufre sulfate + soufre


adsorbé) par la méthode SCOTT (extraction au KH2PO4: )
• Pratiquée par quelques laboratoires.
• Références sur teneurs seuils de réponse (Arvalis)
Bilan du soufre en France

• Apport par les fertilisants minéraux

• Apport comme fongicide

• Apport par les déjections animales

• Retombées atmosphériques

• Résidus des IAA et boues d’épuration


SOL
• Apport par les eaux d’irrigation

• Exportations par les cultures

• Pertes par lixiviation


Apports de Soufre fongicide

• Anti oïdium (vigne, arboriculture fruitière, cultures


légumières et horticoles, blé) ~1.5 M ha

• Utilisation en poudrage ou en pulvérisation (S micronisé)

• Marché qui a fortement chuté: environ 20 000 t (source Syngenta)

TOTAL fongicides ~ 50 000 t SO3 par an


Apports de S par les déjections animales

Quantité de soufre présent dans les


déjections animales d'après J.ERIKSEN
280 millions de tonnes de
Kg SO3 /
déjection animales sont produites animal / an
par l’agriculture française 18 16,65
annuellement; 16
14
3 à 4 millions d’ha concernés 12
par des épandages 10 9,37

8
Fumiers, lisier: 6
0,10 à 0,15% SO3 / produit brut 4
2,08 1,84
2 0,61
0,07
0
bovins bovins ovins caprins porcins volailles
laitiers viande

TOTAL déjections animales ~ 330 000 t SO3 par an mais sur 15% de la SAU
Apports de S par retombées atmosphériques

Émissions atmosphériques en SO2 par secteur en France métropolitaine


(en kt)

Source: CITEPA

435 kt de SO2 émis en 2007 (eq à 544 kt SO3) soit environ 10 kg SO3/ha
Apports de soufre par les fertilisants N-P-K-Mg

Livraisons de soufre par les engrais


Campagne 2007-2008

Quantité de SO3 en kg/ha Source: UNIFA


Moyenne nationale : 22,1 kg/ha
33 ,5 à 42 ,8 (4)
21 ,7 à 33 ,5 (6)
15 ,1 à 21 ,7 (5)
2,5 à 15 ,1 (7)

TOTAL engrais minéraux: 573 000 tonnes SO3


Soit ~22 kg SO3/ha
Exportations par les cultures

Exportations de SO3 par les productions végétales

Blé
17%
23% Orge
5% Autres céréales
1%
Colza
Maïs grain
Tournesol
4%
Protéagineux
5%
1%
Soja
41% 1% Pomme de terre
0% Betterave
1% Cultures fourragères
1% Prairies
Source: données SCEES, INRA, LDAR Laon, estimations

TOTAL Gdes cultures+cultures fourragères+STH ~ 742 000 t SO3


Pertes par lixiviation

Apports et pertes annuelles en S mesurés dans divers lysimètres en France (d’après Muller et Ballif, 1991)

Lieu et période Type de sol Précipitations Apports par les Pertes par
mm engrais drainage
kg SO3 / ha / an kg SO3 / ha / an

Quimper 1954-1965 Granitique 1090 ? 50

Versailles * 1973-88 Limoneux 660 40* 75

Clermont-Ferrand 1959-1966 Argilo-calcaire 570 190 193

Châlons-sur- Marne 1977-1982 Rendzine 630 338 340

Le Magneraud 1986-2004 ** Terres de groie 650 30 50

*sans apport de soufre depuis 1978


** données Arvalis

Lixiviation très variable selon:


les types de sol, la pluviométrie et les apports de soufre
Bilan du soufre en France

sur 25,8 M d’ha fertilisables (SAU – jachère – parcours & pacages)


• Apport par les fertilisants minéraux ~22 kg SO3/ha

• Apport par les fongicides ~2 kg SO3/ha


(~33 kg SO3/ha épandu)
• Apport par les déjections animales ~12 kg SO3/ha
(~80 kg SO3/ha épandu)
• Retombées atmosphériques ~10 kg SO3/ha

• Exportations par les cultures ~28 kg SO3/ha

• Lixiviation (~50 kg SO3/ha ?)

• Approche bilancielle difficile avec de fortes disparités régionales

• Il y a des risques important d’apparition de carence en soufre


dans certaines zones cultivées.
Le soufre dans les plantes

• Essentiel à la synthèse des protéines (avec N)

• Constituant indispensable des acides aminés essentiels soufrés:


cystéine, cystine et méthionine

• Coenzyme, il est nécessaires à la formation des chloroplastes, donc


indispensable à la photosynthèse

• Intervient dans la synthèse des acides gras (lipides) et d’enzymes


vitales et de quelques vitamines (vitamine B1…)

• Absorption par la plante: compétition SO42- / NO3-


• importance du rapport N/S à fertilisation N avec S
Besoins des cultures en soufre

Exigence Cultures Besoins en


kg SO3 / ha
Forte Colza, choux, moutarde, ail, oignon, luzerne, 200 à 100
trèfle, graminées fourragères
Moyenne Céréales à paille, maïs, pomme de terre, 100 à 50
betterave sucrière et fourragères
Faible Toutes les autres 50 à 20
Mobilisations en soufre des cultures

Mobilisation en soufre de différentes cultures


source: SADEF Pôle d'Aspach

140

Pomme de terre
120 Colza
Blé
Betterave
100

80
kg SO3 /ha

60

40

20

0
mars avr mai juin juil août sept oct nov
Symptômes de carence en soufre

Le soufre est très peu mobile dans la plante:


à les carences apparaissent d’abord sur les
feuilles les plus jeunes.

Symptômes: jaunissement général de la feuille


(carence facilement confondue avec celle en N)
Réponse des cultures à la fertilisation soufrée

• Grandes cultures répondant bien à la fertilisation soufrée:


• Colza et céréales à paille

• De nombreux essais en France (ARVALIS, CETIOM) et


synthétisées au niveau européen (cf « Crop responses to sulphur
fertilization in Europe » F.J.Zhao et al. IFS proceedings 504, 2002)
ont permis de définir :
• La dose d’apport optimale
• La période d’application optimale
• Le rapport optimal entre fumure azotée et soufrée

• Autres cultures présentant une certaine sensibilité à la nutrition


soufrée:
• betterave sucrière
• cultures légumineuses
• pomme de terre
• légumes de plein champ (brassicacées, liliacées)
Réponse des cultures à la fertilisation soufrée

Essai sur colza (BASF)

Azote seul Azote + soufre

• Blé tendre d’hiver:


• 3 dt/ha en moyenne et jusqu’à 20 dt/ha (source Arvalis)

• Colza:
• 10 à 20 dt/ha (source Cetiom)
Influence de la fertilisation soufrée sur la qualité

• L’effet sur la qualité de l’apport de S et la synergie N/S ont été


principalement étudiés sur blé tendre
Ø « Assimilation par le blé tendre du soufre et de l’azote apporté en
foliaire et influence de l’interaction N/S sur les protéines du grain et la
qualité panifiable » (thèse de doctorat de Illa TEA / Grande Paroisse).

Ø Résultats: impacts de la synergie N/S


• influe significativement sur les teneurs en N et S des grains et sur les
coefficients réels d’utilisation du soufre sans effet sur le rendement.
• augmente significativement la teneur en protéine du grain ainsi que les
paramètres W (force), G (gonflement) et L (extensibilité).
• influe sur la nature et la proportion des protéines: favorise la gliadine (riche
en S) et la gluténine (pauvre en S).
Les indicateurs de la nutrition soufrée des cultures

• Indicateurs de nutrition soufrée des cultures:


• Test Malate/Sulfate BLAKE-KALF
• Teneur SO4 dans le jus de base des tiges NUTRICHECK
• Diagnostic foliaire à la floraison
• Teneur en soufre des grains

• Indicateurs récemment/en cours de mise au point:


• Réflectométrie GPN® Pilot
• Fluorimétrie SADEF
Le diagnostic malate/sulfate BLAKE-KALFF

• Mis au point en Angleterre en 2000 par Mme M.Blake-Kalff (Hill


Court Farm Research) sur colza et céréales
• Basé sur le ratio malate/sulfate dans les vacuoles
• Applicable sur une large plage de stades (précoces)
• Ne nécessite qu’une seule mesure
• Coût du test en Angleterre: 15 £ (~14 €)

Malate
S deficient:
Sulphate Malate/sulphate ratio > 1.5

Sulphate
S sufficient:
Malate Malate/sulphate ratio < 1.5

Source: BLAKE-KALFF
Nutricheck®

• Méthode Soufre développée par la société Challenge Agriculture en


2000

• Repose sur la teneur en sulfate dans le jus de base de tiges (JBT)


des blés au stade 2 nœuds

• Pour une bonne interprétation, le stade préconisé doit être respecté


Diagnostic foliaire floraison

• Teneur en S % de la MS dans les feuilles 2 et 3 à la floraison sur un


échantillon de 30 plantes

• Indicateur référencé sur essais soufre depuis 1986, considéré


comme le plus discriminant à indicateur de référence

• Seuil de 0.20 %, risque de carence probable

• Mesure trop tardive pour correction


Les indicateurs de la nutrition soufrée des cultures

• Evaluation comparée sur 61 essais (2006/2007) de 3 indicateurs de


nutrition soufrée par ARVALIS au stade 2 nœuds des céréales:
(Perspectives Agricoles N 353 fev09)
• Test malate/sulfate
• Teneur en sulfate du jus de base des tiges
• GPN® Pilot soufre

• Conclusions:
• Peu d’essais avec des écarts de rendement > 5q/ha
• Les 3 indicateurs ont donné satisfaction en détectant les carences mais
les seuils doivent être adaptés
• Les outils se sont montrés complémentaires de la grille de décision
Arvalis
Les préconisations de fertilisation soufrée

CETIOM / Colza
• Apport systématique de 75 kg SO3/ha,
• Positionné en sortie d’hiver (début élongation des tiges)
• La forme de l’engrais importe peu (pas de forme S élémentaire)
• Préconisation bien suivie par les agriculteurs
o 70% des surfaces colza ont reçu un apport de soufre avec une dose
moyenne de 73 kg SO3/ha selon l’enquête CETIOM 2008
Les préconisations de fertilisation soufrée

• / céréales
Ø Une grille de préconisation des doses sur céréales a été publiée
dans le « Perspectives Agricoles » N 330 de janvier 2007
Les engrais soufrés

Formes de S disponibles sur le marché:

• Sulfate
• La forme la plus utilisée dans les engrais
• Associé à un ou plusieurs autres éléments : N, P, K, Mg
• Forme directement assimilable par la plante.

• Thiosulfate
• Transformation relativement rapide en sulfate
• Forme liquide associée à N, K

• S élémentaire (micronisé)
• Oxydation en sulfate par les micro-organisme du sol plus longue
• Effet acidifiant sur le sol
• Utilisé essentiellement comme fongicide
Les engrais soufrés

• Déjà un large choix en engrais simples:


• Sulfate d’ammoniaque: 21%N + 59% SO3
• Sulfonitrate d’ammoniaque 26%N + 32.5% SO3
• Solution azotée soufrée : 20.5%N + 13.5% SO3
• Ammonitrates soufrés : 26+13; 25+20; 24+15; 30+7...
• Azotés soufrés (urée+AS21) 20-30%N + 30-45% SO3
• Superphosphates SSP 18% P2O5 + 29% SO3
• Sulfate de magnésium (Kiesérite) 25% MgO + 50% SO3
• Sulfate de potassium 50% K2O + 45% SO3

• Les engrais composés: de nombreuses formules…


Conclusion

• Le soufre est indispensable à la synthèse des protéines :


• Les plantes ont besoin de soufre

• Les sols reçoivent moins de soufre qu’il y a 25 ans :


• Les engrais minéraux plus concentrés en N, P2O5 et K2O avec moins
de SO3
• Apports de lisiers et fumiers concentrés dans les régions d’élevage
• Très forte réduction des émissions et dépositions de SO2
atmosphérique

• Les indicateurs de nutrition soufrée permettent essentiellement


d’évaluer les risques pour les années suivantes et de décider
d’apports de soufre dès la sortie d’hiver.

• Il y a encore des marges de progrès sur le pilotage conjoint de la


fertilisation azotée et soufrée en cours des cycles de culture.
Merci pour votre attention

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