PR DJEZOU Politique Conjoncturelle UMECI 1

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UMECI Année Universitaire 2019-2020

DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES

MASTER 1

Support de Cours

POLITIQUE CONJONCTURELLE

Prof. DJEZOU Wadjamsse Beaudelaire


Maître de Conférences Agrégé
Université Alassane Ouattara de Bouaké

Dr. KONE Seydou


Maître-Assistant
Université Alassane Ouattara de Bouaké

1
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION .................................................................................................................... 3

Chapitre 1 : Fondements de la politique conjoncturelle : les objectifs, les instruments et leur


articulation. ................................................................................................................. 4
1. Objectifs de la politique conjoncturelle. ...................................................................................... 4
2. Choix des objectifs : pourquoi lutter contre l’inflation ?........................................................... 4
3. Instruments de la politique budgétaire ......................................................................................... 6
4. Problème de l’affectation des instruments aux objectifs ............................................................. 8
5. Typologie des politiques conjoncturelles. .................................................................................. 10

Chapitre 2 : LA POLITIQUE BUDGETAIRE ........................................................................ 12


1. Objectifs et instruments de la politique budgétaire ................................................................. 12
A. Les objectifs de la politique budgétaire ........................................................................... 12

B. Les instruments de la politique budgétaire ..................................................................... 12

2. La politique budgétaire et les effets d’éviction ........................................................................... 15


A. Le marché de travail et les variables réelles ................................................................... 15

B. Le marché des produits ..................................................................................................... 20

C. Offre et demande de biens et services en économie ouverte .......................................... 22

3. La politique budgétaire et les modes de financement ................................................................... 24


A. Dépenses publiques et effet d’éviction ............................................................................. 24

B. Accroissement des dépenses publiques et mode de financement .................................. 28

4. La politique budgétaire et les effets multiplicateurs : Analyse dans le cadre du modèle


revenu – dépense.............................................................................................................................. 30
A. Le rôle de la demande effective ........................................................................................ 31

B. Les « multiplicateurs publics » avec consommation endogène...................................... 32

Chapitre 3 : La politique monétaire : une analyse dans le cadre du modèle IS-LM................. 38


1. La représentation IS-LM ou l’équilibre général à prix fixe .......................................................... 39
2. La politique monétaire en économie ouverte: le modèle de Mundell-Fleming ...................... 45
3. La politique de dévaluation de la monnaie nationale peut se révéler efficace à court terme. ....... 51
4. La Policy mix ...................................................................................................................... 55

2
INTRODUCTION

La politique économique peut être définie comme l’ensemble des interventions des pouvoirs
publics en vue de corriger des déséquilibres économiques jugés dommageables pour la société.
Il s’agit donc d’atteindre certains objectifs en utilisant un certain nombre d’instruments tout en
tenant compte de certaines contraintes. La politique économique peut être conjoncturelle (court
terme) ou structurelle (long terme). Dans ce cours, nous nous intéresserons au premier aspect
de la politique économique c’est-à-dire la politique conjoncturelle.

La politique économique conjoncturelle vise à réguler l'activité à court terme pour garantir une
croissance forte sans déséquilibres (chômage, inflation, déficit budgétaire, etc.). Elle peut
être procyclique ou contracyclique.

▪ La politique conjoncturelle est procyclique lorsque l'Etat agit dans le sens de la


conjoncture pour l'amplifier. Exemple : prendre des mesures de relance pour stimuler
la demande et la croissance économique en période de récession.

▪ La politique conjoncturelle est contracyclique lorsque l'Etat intervient pour


contrer une évolution conjoncturelle indésirable. Exemple : prendre des mesures
d'augmentation des taux d'intérêt pour diminuer les tensions inflationnistes.

La mise en œuvre de la politique économique conjoncturelle nécessite des politiques


complémentaires : politique des revenus, politique fiscale, politique de l'emploi, etc.

Ce cours s’articulera autour de trois chapitres. Dans le premier, il sera question de mettre en
lumière les fondements de la politique conjoncturelle à travers ses objectifs, ses instruments et
leur articulation. Le second chapitre expose la politique budgétaire et le troisième, la politique
monétaire aussi bien lorsque les prix sont rigides que flexibles. Nous terminons ce chapitre en
abordant le Policy mix.

3
Chapitre 1 : Fondements de la politique conjoncturelle : les objectifs, les
instruments et leur articulation.

1. Objectifs de la politique conjoncturelle.

Le but ultime de toute politique économique est de maximiser le bien-être de la population.


Cela passe par la définition d’objectifs, dits parfois objectifs finals, et d’instruments propres à
les réaliser dans le respect de certaines contraintes : nature des relations entre instruments et
objectifs et entre objectifs eux-mêmes.
En matière de politique économique conjoncturelle, les objectifs consensuels sont faciles à
identifier. Au total, il s’agit d’atteindre un rythme de croissance propre à minimiser le taux
de chômage et à maintenir le taux d’inflation le plus faible possible. On y ajoute parfois
le respect de l’équilibre de la balance des paiements courants ou encore l’équilibre
budgétaire. Ces objectifs constituent à eux quatre ce que l’on appelle parfois le « carré
magique » de Nicholas Kaldor. Ce carré est réputé magique car l'expérience prouve qu'il est
difficile, voire impossible, d'atteindre simultanément les quatre objectifs. La croissance
s'obtient parfois au détriment de l'équilibre extérieur, le plein emploi aux dépens de la stabilité
des prix. C'est la raison pour laquelle certains objectifs sont privilégiés au détriment d'autres.
Une hiérarchie de ces objectifs est fréquemment établie en fonction des contraintes de
l'environnement économique et des conceptions politiques des dirigeants.

Des quatre objectifs mentionnés plus haut, les deux derniers (maintenir le taux d’inflation le
plus faible possible et l’équilibre de la balance des paiements courants) peuvent sans doute être
considérés aussi bien comme des contraintes que comme des objectifs finals. Si l’objectif de
croissance ne prête guère à discussion, celui d’inflation, mérite d’être justifié. Il repose sur le
fait que les coûts de l’inflation pour la collectivité l’emportent sur ses avantages.

2. Choix des objectifs : pourquoi lutter contre l’inflation ?

Aux yeux de certains, l’inflation présente des avantages. Si elle réduit les taux d’intérêt réels,
elle peut stimuler la demande. Cela ne paraît constituer qu’une condition permissive. Dans la
deuxième moitié des années 1990, le Japon avec des taux réels négligeables (moins de 0,5 point)
n’a pu relancer son activité. De plus, les taux réels ne peuvent baisser du fait de l’inflation que

4
si les investisseurs acceptent une rémunération faible, voire négative, c’est-à-dire sont victimes
d’illusion monétaire.
En deuxième lieu, l’inflation faciliterait la modération des salaires réels et stimulerait ainsi la
demande de travail de la part des entreprises dans un contexte où les salaires nominaux sont
rigides à la baisse. Cela suppose un certain degré d’illusion monétaire de la part des salariés.
En troisième lieu, l’inflation apparaît comme un moyen pour les gouvernements de financer les
déficits, ce qui peut leur éviter de recourir aux marchés financiers ou à l’augmentation des
impôts. Si l’État fait appel à la banque centrale pour financer le déficit budgétaire (celle-ci
souscrit des titres d’État en créant de la monnaie), une taxe d’inflation pèse sur les agents
économiques privés.

Au-delà du caractère critiquable des arguments en faveur de l’inflation, l’inflation revêt


des coûts. D’abord, elle remet en cause la capacité de la monnaie à assurer ses trois
fonctions d’unité de compte (libeller les prix dans une même monnaie facilite les comparaisons
et rend plus pertinentes les décisions des agents économiques), d’instrument de transaction (si
la monnaie est universellement acceptée, elle élimine le recours au troc) et de réserve de
valeur (la détention de monnaie n’est pas rémunérée, mais elle assure un service de liquidité).
Dès lors, les perturbations apportées par l’inflation dans le bon fonctionnement des marchés
entraînent un coût en termes d’activité. Ce phénomène est d’autant plus marqué qu’on observe
généralement une volatilité accrue des prix lorsque l’inflation est forte. Cela rend les
comparaisons de prix relatifs difficiles et engendre des décisions erronées pour l’allocation des
ressources. Par ailleurs, les incertitudes qui en résultent en matière de rendement des actifs
poussent les taux d’intérêt à la hausse du fait du gonflement des primes de risque. En outre
l’inflation peut être à l’origine d’un processus autocumulatif (hyperinflation) : les
comportements de fuite devant la monnaie accélèrent la demande, ce qui renforce l’inflation.

Enfin, l’inflation peut engendrer des distorsions fiscales lorsque les systèmes d’impôt sont
fondés sur les revenus (ou les plus-values) nominaux. Si par exemple l’inflation (P) est de 10 %,
le rendement d’un placement (i) de 12 % et le taux d’imposition (t) de 30 %, le rendement réel
net est de i (1 – t) – P = – 1,6 %. Si au contraire l’inflation est de 2 %, le rendement brut réel de
2 %, soit 4 % pour le rendement nominal, le rendement réel net d’impôt est de 0,8 %.

5
3. Instruments de la politique budgétaire

La régulation conjoncturelle de l'activité s'effectue au moyen de deux instruments principaux :


le budget de l'Etat et le taux d'intérêt. La politique budgétaire et la politique monétaire peuvent
être combinées pour maintenir un taux de croissance économique soutenu et un faible taux
d'inflation.
La frontière entre instruments et objectifs n’est pas toujours très nette. A cet égard on est parfois
amené à distinguer objectifs intermédiaires (par opposition à objectifs finals) et instruments.
S’il paraît délicat de prendre pour cible directe un objectif final, du fait par exemple du caractère
imprécis de la relation objectif final-instruments, on peut être amené à réaliser un objectif
intermédiaire, qui contribuera à s’approcher de l’objectif final.
En matière de politique monétaire par exemple, la croissance de la masse monétaire, le niveau
du taux de change ou encore celui du taux d’intérêt à court terme, constituent des objectifs
intermédiaires. Les opérations d’open market sur le marché monétaire, la fixation des taux
directeurs par les banques centrales, les interventions sur le marché des changes (achat/vente
de devises) constituent alors les instruments stricto sensu de la politique monétaire.
Maximiser le bien-être social peut être assimilé au fait de s’écarter le moins possible des
objectifs fixés en termes de PIB (Y) et d’inflation (P). Il s’agit en d’autres termes de minimiser
les écarts entre les niveaux réalisés pour chacune des cibles (Y, P) et les niveaux désirés (Y *,
P *). Face à un choc sur Y, la politique économique aura pour objectif de ramener Y au plus
près possible de Y *. Supposons que les décideurs disposent de la politique budgétaire et de la
politique monétaire qu’on assimile ici aux instruments dépense publique (G) et masse
monétaire (M). Les objectifs et les instruments sont liés par les relations suivantes :

Y = ∝G + βM P= γG + ϕM

Où les paramètres ∝, β, ... mesurent l’impact des instruments sur les objectifs.
On ne peut viser des niveaux donnés pour Y et P que si les instruments G et M sont indépendants
𝛼 𝛾
(formellement ≠ ∅). Dans le cas contraire, tout se passe en fait comme si l’on ne disposait
𝛽

que d’un seul instrument pour réaliser deux objectifs.

6
Supposons que l’on ne dispose que de la politique monétaire, on tire alors du système supra :

dM = dY/β et dM = dP/ϕ,

Les objectifs sont donc liés par la relation : dP = (ϕ/β) dY.


Dès lors que ϕ/β > 0, il est clair qu’une désinflation ne peut être réalisée sans coût en matière
d’activité économique. Une baisse de M visant à réduire P aura pour conséquence une baisse
de Y, ce qui éloignera de la réalisation du premier objectif.
Cela montre que la rareté des instruments rend impossible la réalisation de l’ensemble des
objectifs. En généralisant, on montre qu’il est nécessaire de disposer de N instruments
indépendants pour atteindre N objectifs.
La recherche d’écarts minima entre les niveaux désirés et les réalisations de Y et P revient pour
le décideur à minimiser la fonction de perte quadratique :

Min L = (dY - dY *)2 + μ (dP - dP *)2,


où μ mesure l’importance relative donnée à l’objectif de prix par rapport à l’objectif de
croissance.
Par exemple, augmentons le PIB de 1 point (dY * = 1) et réduisons le taux d’inflation de 3 points
(dP * = - 3). Si l’on pose aux fins de simplicité μ = 1, on obtient :
L = (dY - 1) + (dP + 3).
Dans ces conditions, si dY = 1 et dP = 3 la perte est nulle, les objectifs sont alors parfaitement
atteints, on est dans une situation idéale (bliss point). En fait, la réalisation des objectifs sera
imparfaite dès lors que Y et P sont liés par une contrainte de type dP = (ϕ/β) dY, avec ϕ/β > 0.
On peut traduire cela à l’aide du graphique suivant :

7
∆𝑃 𝜑
∆𝑃 = ∆𝑌
𝛽

+1
W’
∆𝑌
-3 WW

Plus on s’éloigne du point idéal (W), plus le niveau de bien-être diminue, l’idée est de s’en
éloigner le moins possible, sous la contrainte de la liaison entre instruments et objectifs.
On réalisera ainsi W’, le niveau de désinflation réalisé est plus faible que le niveau désiré, la
hausse de Y est également plus faible. Les progrès en matière de désinflation ont revêtu un coût
en termes de PIB. D’autre part, compte tenu de l’importance accordée à l’objectif d’activité Y,
l’objectif de désinflation a été pour partie sacrifié.

4. Problème de l’affectation des instruments aux objectifs

Lorsque les objectifs sont liés entre eux, comme dans le cas étudié plus haut, le problème de
l’utilisation des instruments est complexe. On ne peut à la fois réaliser dY * et dP *. Pour s’en
rapprocher le plus possible, il faut affecter chacun des instruments à la réalisation de l’objectif
pour laquelle il est relativement le plus efficace. Si ϕ/β > γ/α, la politique monétaire est
relativement plus efficace pour lutter contre l’inflation et la politique budgétaire pour atteindre
l’objectif de croissance.
Supposons, à titre d’exemple, que le décideur ait un objectif interne (croissance sans inflation)
et un objectif externe (équilibre de la balance des paiements) et dispose de deux instruments :
la dépense publique (g) et le niveau du taux d’intérêt (i). Le problème peut être analysé à l’aide
du graphique suivant :

8
Y’
i

II B’

A
III

B E

IV Y
g

En dessous de YY’ l’économie est en inflation. Au-dessus de cette droite, en revanche,


l’économie est en récession. La droite BB’ est le lieu de points (des combinaisons de politiques)
qui conduisent à l’équilibre de la balance des paiements. En dessous de BB’, la balance est
déficitaire, au-dessus, elle est excédentaire. On distingue quatre régions dans le graphique
précédent : la région II par exemple est caractérisée par une situation d’inflation et par un
excédent de la balance des paiements, la région I par l’inflation et le déficit des paiements. Dans
ce dernier cas, le retour à l’équilibre suppose que les deux politiques soient restrictives ; il faut
lutter à la fois contre l’inflation et contre le déficit. Dans la région II, par exemple au point A,
il faut lutter contre l’inflation et réduire l’excédent. Si la politique budgétaire est affectée à la
réduction de l’excédent et la politique monétaire à l’objectif interne, l’économie s’inscrira dans
une dynamique explosive et s’éloignera de plus en plus de l’équilibre recherché (point E).

À l’inverse, si la politique budgétaire est affectée à la réalisation de l’objectif interne et la


politique monétaire à la réalisation de l’objectif externe, l’économie convergera vers le point E.
Dans le cas présent, la balance des paiements est plus sensible à l’évolution des taux d’intérêt
qu’à celle des dépenses publiques ; cela conditionne l’affectation des instruments aux objectifs.
Dans le cadre d’une même politique, par exemple la politique monétaire, plusieurs instruments
sont disponibles. On doit alors effectuer des choix entre par exemple cibler le taux de change
ou encore l’évolution de la masse monétaire. La question est complexe dans la mesure où les
instruments sont liés entre eux. Ainsi, compte tenu de l’existence d’une relation inverse entre
9
taux d’intérêt et taux de croissance de la masse monétaire, le choix d’un niveau pour le premier
instrument suppose qu’on sacrifie la possibilité de choisir un niveau pour le second. De la même
manière, en économie ouverte en régime de changes flottants et avec une forte mobilité des
capitaux, on devra choisir entre masse monétaire et taux de change. On ne pourra pas viser les
deux en même temps, une accélération de la création monétaire entraînant une dépréciation du
change et réciproquement.
Au-delà de cette contrainte, le choix des instruments est lié au type de situation que l’on doit
gérer. Supposons par exemple que la politique monétaire soit utilisée pour stabiliser le produit
Y. En cas de choc sur la demande globale (résultant par exemple d’une augmentation exogène
de la demande étrangère), la hausse de l’activité entraîne un relèvement des taux d’intérêt du
fait de l’augmentation de la demande de monnaie (l’activité accrue augmente les besoins
d’encaisses de transactions). Si, pour contrecarrer cette hausse, les autorités augmentent la
masse monétaire, l’activité augmentera plus encore, autrement dit le choc sera amplifié. Si, au
contraire, la masse monétaire reste inchangée, la hausse des taux d’intérêt en freinant la
demande intérieure (et en appréciant la monnaie) limitera l’impact du choc. Ainsi, en présence
de chocs sur la demande globale, il est préférable de viser la stabilité de la masse monétaire
plutôt que celle du taux d’intérêt.
En cas de choc sur le marché de la monnaie, par exemple une baisse exogène de la demande de
monnaie, le taux d’intérêt va diminuer (il faut en effet une baisse du coût d’opportunité de la
détention de monnaie pour maintenir l’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché de la
monnaie) et le niveau de l’activité va augmenter. Le choc monétaire s’est traduit par une hausse
de Y. Dans le cas où les autorités choisissent de stabiliser le taux d’intérêt, le choc sera
contrebalancé par la politique restrictive mise en œuvre. Au total, en présence d’un choc
monétaire, la stabilisation du taux d’intérêt paraît préférable à celle de la masse monétaire.

5. Typologie des politiques conjoncturelles.

A. Politique conjoncturelle dite de relance.


D’inspiration keynésienne, la politique économique conjoncturelle dite de relance privilégie
les objectifs de stimulation de la croissance économique et de lutte contre le chômage. En
cas de croissance faible et de chômage élevé, l'Etat peut mettre en œuvre une politique
conjoncturelle qui vise à accroître la demande globale (consommation et investissement) pour
stimuler l'activité économique. Cette politique est mise en œuvre à l'aide d'une politique
budgétaire et monétaire expansionnistes.

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▪ Une politique budgétaire expansionniste se traduit par une hausse des dépenses
publiques, une baisse des impôts et un creusement du déficit budgétaire. Celui-ci est
considéré comme favorable parce qu’il stimule la demande globale. Le mécanisme
économique qui justifie cette politique est le suivant : l'augmentation des dépenses
publiques et la diminution des impôts déclenchent une hausse du revenu disponible des
ménages et une hausse de la consommation, ce qui engendre une hausse de la production
des entreprises et donc une hausse de l'emploi.
▪ Une politique monétaire expansionniste se traduit par une baisse des taux d'intérêt,
une progression des crédits et de la masse monétaire. Le mécanisme économique qui
justifie cette politique est le suivant : une baisse des taux d'intérêt génère des sources de
financement moins coûteuses pour les agents économiques. Ménages et entreprises vont
donc recourir à plus de crédits et vont effectuer plus d'échanges donc plus d'activité
économique et plus d’emploi.
Les politiques de relance ont des effets positifs sur l’activité économique, sur le revenu des
ménages et sur l’emploi. Cependant ces politiques peuvent favoriser l’inflation des prix et
dégrader l’équilibre extérieur en raison de l’augmentation des importations.

B. Politique conjoncturelle dite de rigueur.


D'inspiration libérale, la politique économique conjoncturelle dite de rigueur (stabilisation)
privilégie la lutte contre l’inflation et la réduction des déficits. Elle implique le plus souvent le
freinage de la croissance économique.
Elle est mise en œuvre à l'aide de politiques monétaire et/ ou budgétaire restrictives.
▪ Une politique budgétaire restrictive recherche l’équilibre ou l’excédent du budget
afin de limiter le poids de la dette publique.
▪ Une politique monétaire restrictive se traduit par une limitation du crédit et une
hausse des taux d’intérêt.
Les politiques de rigueur ont, en principe, des effets bénéfiques sur les prix, sur les équilibres
extérieurs et sur les résultats des entreprises. Cependant, elles peuvent avoir des effets
dépressifs sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la production.

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Chapitre 2 : LA POLITIQUE BUDGETAIRE

La politique budgétaire est un instrument de la politique économique. L’intérêt attribué à cet


instrument dépend étroitement du rôle que l’on assigne à l’Etat dans l’économie. L’Etat doit
simplement agir de manière à permettre aux mécanismes de marché d’assurer la meilleure
allocation des ressources ou, au contraire, doit-il aussi pallier les insuffisances du marché ?

1. Objectifs et instruments de la politique budgétaire


La politique budgétaire agit principalement sur la demande globale et donc sur les flux dit réels,
par opposition aux flux monétaires. L’action de l’Etat en termes de politique budgétaire
s’exerce à travers les dépenses d’une part et les recettes d’autre part.

A. Les objectifs de la politique budgétaire


Les grands objectifs de la politique budgétaire sont : La croissance économique et la lutte contre
la récession, l’emploi, la stabilité des prix et l’équilibre extérieur. A ces objectifs essentiels
s’ajoute des objectifs sociaux d’équité, d’égalité, de bien être, de justice, etc. Ces objectifs
peuvent apparaître comme complémentaires ou contradictoires.

B. Les instruments de la politique budgétaire


L’analyse des effets de la politique budgétaire sur l’activité économique d’un pays doit prendre
en considération la nature des dépenses engagées par le gouvernement ainsi que la manière dont
ces dépenses sont financées.

1.1 Les dépenses budgétaires


Les dépenses publiques permettent de financer le fonctionnement général de l’Etat. Elles
permettent le paiement des traitements des agents de l’Etat, fonctionnaires ou non, d’assurer les
dépenses courantes de fonctionnement des administrations, de financer des investissements
nécessaires à la production de services collectifs, d’effectuer des transferts pour aider les
ménages ou subventionner les entreprises, enfin elles permettent aussi de rembourser les dettes
de l’Etat.

1.2 Les recettes budgétaires


Les recettes budgétaires permettent de financer les dépenses et donc de rendre effectives les
grandes orientations de la politique économique. La structure des recettes est un indicateur des
choix et des orientations que souhaite donner le gouvernement à sa politique.

12
Tableau 1 : Evolution des dépenses du budget de l'Etat de Côte d’ivoire

Nature des dépenses 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Budget Budget Projet de
Collectif Collectif Collectif Collectif Collectif voté voté
Budget
DETTE PUBLIQUE 984,3 1 129,0 1 295,0 1 340,3 1 459,8 1 547,3 1 821,4 2 137,1

Dette intérieure 725,2 814,3 856,4 860,5 884,2 919,0 1 062,4 1 267,7
Dette extérieure 259,1 314,7 438,6 479,8 575,5 628,3 759,1 869,4
DEPENSES ORDINAIRES 1 742,3 1 964,1 2 361,0 2 487,9 2 691,0 2 737,8 2 877,7 3 063,9
Abonnement 48,1 49,1 62,5 81,4 90,6 97,9 104,1 110,2
Personnel 1 039,1 1 175,7 1 328,4 1 434,0 1 512,2 1 635,4 1 720,8 1 770,1
Autres dépenses de fonctionnement 655,1 739,3 970,2 972,5 1 088,2 1 004,6 1 052,7 1 183,6
DEPENSES D'INVESTISSEMENT 1 157,3 1 314,4 1 540,0 1 992,0 1 865,9 1 997,2 2 095,2 2 281,7
Trésor 691,8 758,3 780,4 1 241,8 940,3 1 081,1 1 154,9 1 113,5
dont Investissements FIMR, FER et
Parafiscalité
8,4 8,4 37,8 105,8 119,0 164,1 187,5 181,4
anacarde
Emprunts 329,9 319,9 495,4 522,4 681,3 755,8 780,4 977,8
Dons 135,6 236,2 264,2 227,8 244,3 160,3 159,8 190,4
DEPENSES SUR RECETTES
AFFECTEES
345,6 431,0 474,0 540,0 578,3
(hors FIMR, FER et parafiscalité anacarde)
TOTAL 3 883,8 4 407,5 5 196,0 6 165,8 6 447,6 6 756,3 7 334,3 8 061,0

Source : DGBF, DGE, DGTCP,

DGI, DGD

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Source : Tableau 2 : Evolution des ressources du budget de l'Etat de Côte d’Ivoire

Nature des recettes 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Budget Budget Projet de
Collectif Collectif Collectif Collectif Collectif voté voté
Budget
RESSOURCES INTERIEURES 3 156,1 3 590,0 4 182,3 5 140,9 5 074,6 5 471,1 6 014,4 6 401,7
Recettes fiscales 2 240,5 2 539,0 2 719,4 3 043,3 3 070,9 3 406,0 3 669,1 3 940,8
Recettes non fiscales 100,5 137,3 243,3 108,3 144,6 116,2 188,8 206,8
dont Transfert des entreprises 0,7 0,7 0,6 0,7 0,7 0,7 1,5 1,5
Produits de privatisation 13,0 41,7 41,9 34,3 23,9 2,8 102,0 126,3
FIMR (fonds café cacao) 8,4 8,4 9,0 13,9 14,5 13,4 12,5 7,7
Transfert au Fonds d'Entretien
Routier (FER) 28,8 91,9 104,5 127,2 148,3 147,1
Autres recettes affectées 345,6 431,0 497,6 566,7 605,0
Recettes exceptionnelles 100,0 12,4
Titres publics-Emissions 806,7 905,2 1 181,9 1 437,9 1 296,8 1 310,7 1 429,0 1 494,4

RESSOURCES EXTERIEURES 727,7 817,5 1 013,7 1 024,9 1 373,0 1 285,2 1 319,9 1 659,3
Appuis budgétaires 262,2 261,4 254,1 274,7 447,4 369,1 379,7 491,1
Ressources des projets et dons
programmes 465,5 556,1 759,6 750,2 925,6 916,1 940,2 1 168,2
Emprunts-projets 329,9 319,9 495,4 522,4 681,3 755,8 780,4 977,8
Dons-projets 135,6 236,2 264,2 227,8 244,3 160,3 159,8 190,4

TOTAL GENERAL 3 883,8 4 407,5 5 196,0 6 165,8 6 447,6 6 756,3 7 334,3 8 061,0
Source : DGBF, DGE, DGTCP, DGI,
DGD

14
2. La politique budgétaire et les effets d’éviction

L’école classique, qui remonte au XIXème siècle, considère que la production,


l’emploi et le taux d’intérêt se déterminent exclusivement en fonction des facteurs
réels ; en d’autres termes, les phénomènes monétaires à savoir la préférence pour la
liquidité ou la demande de monnaie et la politique monétaire n’exercent pas une
influence sur les variables réelles ; d’où la séparation entre phénomènes réels et
phénomènes monétaires.

Pour cette école, l’économie de marché est fondamentalement stable en raison


de ses propres mécanismes d’auto régulation. Les tenants de cette approche
préconisent alors le minimum d’intervention de l’Etat.

En revanche, l’école Keynésienne due à son fondateur, l’économiste britannique


J. M. KEYNES auteur en 1936 de « la théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de
la monnaie » pense que l’économie de marché a besoin d’une certaine régulation de
la part de l’Etat par la mise en œuvre d’une politique de demande appropriée.

Ces deux écoles ont des conceptions différentes du fonctionnement de


l’économie de marché, la différence fondamentale se situe au niveau du degré de
flexibilité des prix et des salaires.

Selon les économistes classiques, la caractéristique principale d’une économie


de marché est la flexibilité des prix. Ils supposent que tous les prix y compris les
salaires et le taux d’intérêt sont parfaitement flexibles. Cette hypothèse correspond à
celle de la concurrence pure et parfaite. Etant donné la séparation entre phénomènes
réels et phénomènes monétaires, on peut présenter la théorie classique d’une manière
succincte en commençant par le marché de travail et en passant ensuite au marché des
biens et services.

A. Le marché de travail et les variables réelles

C’est en fonction de l’équilibre de ce marché que se détermine la production,


l’emploi et le taux de salaire réel. On suppose qu’il n’y a qu’un seul bien qui est utilisé
par les ménages, les entreprises et l’Etat. Ce bien Y est produit à l’aide de deux
facteurs, le capital K et le travail L : 𝑌 = 𝑓(𝐾, 𝐿). Dans le court terme, on suppose
̅ ), autrement dit l’investissement ne
que le stock de capital est constant (𝐾 = 𝐾

15
̅ , 𝐿).
constitue qu’une part négligeable du stock de capital existant 𝑌 = 𝑓(𝐾

Le critère de recrutement des travailleurs par les entreprises étant le maximum


du profit. Cette décision entraîne une demande de main d’œuvre en relation avec le
𝑊
taux de salaire réel = 𝑤. D’un autre côté, les ménages offrent leur effort en fonction
𝑃

du salaire réel.

Le marché du travail est décrit par les équations suivantes :

̅ , 𝐿)
𝑌 = 𝑓(𝐾 (1)
𝑊
= 𝐹𝐿 (2)
𝑃

𝑊
𝐿0 = 𝐿0 ( ) (3)
𝑃

𝐿0 = 𝐿𝑑 (4)

Si les salaires sont aussi bien flexibles à la hausse qu’à la baisse, un équilibre
de plein emploi sera réalisé, cet équilibre correspond à l’égalité entre la demande
agrégée et l’offre agrégée de travail L.

Figure 1 : L’équilibre du marché du travail

w LO

E
w*

Ld

L*

𝜕𝐿𝑂 𝜕𝐿𝑑
𝐿𝑂 = 𝐿𝑂 (𝑤) avec >0 𝐿𝑑 = 𝐿𝑑 (𝑤) avec <0
𝜕𝑤 𝜕𝑤

16
L’équilibre au point E est un équilibre de plein emploi en ce sens, qu’étant donné
le salaire réel d’équilibre w*, toute entreprise qui désire recruter de la main d’œuvre
trouve sa demande satisfaite et tout individu qui désire travailler trouve de l’emploi.
C’est dans ce sens qu’il y a plein emploi, cette situation ne signifie pas l’absence de
tout chômage ; il peut en effet exister deux types de chômage : Le chômage volontaire
et le chômage frictionnel.

- Le chômage volontaire qui correspond à une situation où certaines personnes


choisissent volontairement leurs situations de chômage.

- Le chômage frictionnel qui est du principalement aux facteurs suivants :

• A n’importe quel période, il y a de jeunes actifs qui arrivent au marché


de travail pour la première fois et qui consacrent une certaine période
à la recherche de leurs 1ers emplois, ces personnes vont se trouver
provisoirement en chômage.

• Les personnes qui décident d’abandonner leur poste d’emploi pour


chercher de meilleures opportunités passant généralement une
certaine période à la prospection de ces opportunités c’est à dire pour
trouver les meilleurs emplois possibles, ces personnes seront donc
provisoirement en chômage.

• Les changements de la rentabilité relative des activités économiques


font qu’il y a une nécessité de réaffectation de la main d’œuvre vers
ces activités. Cette réaffectation ne se réalise pas de manière
instantanée si bien qu’une partie de la population active se trouve en
raison de ces changements en chômage temporaire.
En raison de ces facteurs, on peut associer à l’équilibre de plein emploi E un certain volume de
sous-emploi ou taux de chômage frictionnel que les économistes appellent aussi chômage
naturel. On définit ainsi le taux de chômage 𝜇 comme le nombre de personnes actives à la
recherche d’un emploi par rapport à la population active totale participant au marché du travail.
𝐿𝑂 − 𝐿𝑑
𝜇= 𝐿𝑂

A titre d’exemple, le taux de chômage en Côte d’Ivoire était de 3,4% à la date du


1er juillet 2018 selon le DG de l’emploi.
17
Partant d’un salaire élevé par rapport à son niveau d’équilibre : w2>w* entraînant par
conséquent du chômage : L0 – Ld >0 : Excès d’offre de travail par rapport à la demande
(L0>Ld) ; Les actifs en chômage feront la concurrence aux entreprises en offrant leurs
services à un salaire plus faible :

On aura :
- Une augmentation de la demande de travail, les salaires étant parfaitement
flexibles ;
- une baisse du salaire réel ;

- une réduction du chômage selon un processus d’ajustement continu


jusqu’à l’équilibre de plein emploi au point E donc L0>Ld : Excès
d’offre par rapport à la demande de travail entraînant une baisse du
salaire réel et la résorption du chômage

Figure 2 : Le fonctionnement du marché du travail chez les classiques

Chômage LO
𝑤2
𝑤1

𝒘∗ E
𝒘𝟏
𝑤1
𝑤1 Ld
𝑤1

𝐿𝑑2 𝐿01 𝐿∗ 𝐿𝑑1 𝐿02 𝐿

Inversement, si initialement le salaire réel est très faible par rapport à son niveau d’équilibre, la
demande de main d’œuvre sera excédentaire ce qui incitera les entreprises à se faire la
concurrence entre elles pour s’attirer la main d’œuvre. Les salaires étant flexibles, on aura une
hausse du salaire réel jusqu’à ce que le plein emploi soit atteint.
L0>Ld : Excès de demande par rapport à l’offre de travail L. On aura une hausse du salaire réel
jusqu’au point d’équilibre.

18
Ainsi, pour les classiques, il ne peut y avoir de chômage de manière permanente (c’est
à dire à l’exception du chômage frictionnel) que si les salaires sont rigides à la baisse,
cette rigidité a été imputée aux pouvoirs des syndicats.

C’est donc en fonction exclusivement du marché de travail et de la contrainte


technique de production, que se déterminent les variables réelles les plus importantes,
à savoir le salaire réel (w) ; le volume d’emploi (L) et la production de plein emploi
(Y*).

Figure 3 : Détermination du niveau de production réel chez les classiques

w
LO

E
w*
w*
Ld

L*

Y*

L*

19
B. Le marché des produits

L’analyse précédente montre que la production se réalise indépendamment du niveau et de la


structure de la demande. L’on pourrait se demander si la production ainsi déterminée sera
toujours écoulée. Il est évident que, si les ménages dépensent tous leurs revenus ; il n’y aura
pas de problèmes de débouchés puisque l e s revenus sont de la même valeur que la production
(𝑃𝐼𝐵 = ∑ 𝑅𝑒𝑣), ils seront alors dépensés en totalité sur cette production. Cependant, cette
hypothèse n’est pas très réaliste, car les ménages affectent une partie de leurs revenus à
l’épargne ; or la décision d’investissement qui est réalisée principalement par les entreprises est
indépendante de la décision d’épargne. Il n’est donc pas sûr que la part de la production
épargnée soit identique au volume d’investissement planifié par les entreprises, il doit donc
exister un mécanisme d’ajustement qui égalise l’épargne à l’investissement. Ce mécanisme fait
intervenir le taux d’intérêt.

𝑌𝑑 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 (1)
𝐶 = 𝐶(𝑌 − 𝑇, 𝑟) (2)
𝐼 = 𝐼(𝑟) avec 𝑟 = 𝑅 − ∏𝑒 (3)
𝑌0 = 𝑌𝑑 (4)

L’équation (4) décrit l’équilibre du marché des biens et services.

G représente les dépenses publiques = Consommation publique + Investissement public.

𝑌𝑑 = 𝐶(𝑌 − 𝑇, 𝑟) + 𝐼(𝑟) + 𝐺
∏𝑒 est l’inflation anticipée, supposée exogène
𝑟 = 𝑅 − ∏𝑒 est le taux d’intérêt réel

La seule variable endogène qui reste à déterminer est donc le taux d’intérêt nominal R.

20
Figure 4 : Détermination du taux d’intérêt nominal

R YO

R1

E*
R*

R2
Yd

Y*=YO

Y° : volume de production de plein-emploi déterminé sur le marché de travail.

𝑌 0 = 𝑌𝑃.𝐸
Yd : demande de produit = demande de production + demande d’investissement

Yd< Y° : Insuffisance de la demande, par rapport à la production de plein-emploi. Le mécanisme


d’ajustement est : la demande de biens de consommation et d’investissement s’ajuste à la
production de plein-emploi de telle sorte que celle-ci sera entièrement dépensée en vue de
maintenir son niveau de plein-emploi.

L’équilibre du marché de produit donne le taux d’intérêt réel d’équilibre et le niveau


d’équilibre de la demande.
𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 or 𝑌 = 𝑦𝑑𝑖𝑠 + 𝑇 et 𝑦𝑑𝑖𝑠 = 𝐶 + 𝑆 ⇒ 𝑦𝑑𝑖𝑠 + 𝑇 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺

⇔𝐶+𝑆+𝑇 =𝐶+𝐼+𝐺

𝑆 + 𝑇 = 𝐼 + 𝐺 : Equation d’équilibre du marché des produits.

S + T : représente ce qu’on appelle les fuites en dehors du circuit dépense, en ce sens que
l’épargne (S) au même titre que les impôts (T) sont des revenus non dépensés.

21
I + G : représente des injections dans le circuit des dépenses, en ce sens que les investissements
(I) au même titre que les dépenses publiques (G) renforcent les dépenses.

L’équilibre du marché des produits est réalisé lorsque la somme des fuites = la somme
des injections.

S + T = I + G ⇒ S + (T-G) = I

Or l’épargne des ménages et des entreprises (Sm) + épargne de l’Etat (𝑆𝐴 ) = Epargne
nationale (𝑆𝑁 )
⇒ Sm + 𝑆𝐴 = I d’où 𝑆𝑁 = I

Si, S+T>I+G ⇒ 𝑆𝑁 > I ⇒R aura tendance à baisser puisqu’il représente la rémunération de


l’épargne.

Si, S+T<I+G ⇒ 𝑆𝑁 < I ⇒ R aura tendance à augmenter.

Ainsi, la flexibilité du taux d’intérêt permet la production de plein-emploi c’est à dire


l’équilibre du marché des produits (Point E sur la figure 5).

Figure 5 : Equilibre du marché des produits

R
S+T

R1

E
R*
R*

R2

I+G

I*+G*=S*+T* I+G, S+T

22
C. Offre et demande de biens et services en économie ouverte
On dénote par :

M : les importations de biens et services,


X : exportations de biens et services
X- M : solde de la balance des biens et services
S : épargné privé
I : Investissement privé (des ménages et des entreprises).

G : Dépenses publiques

Y=C+I+G+X–M
(Offre = Demande ⇒ production de plein emploi (Yd = 𝑌𝑃𝐸 )) 𝑌𝑑𝑖𝑠 +T = C + I + G + X – M

C+S+T=C+I+G+X–M
S+T+M=I+G+X
S + T + M : La somme des fuites du circuit des dépenses
I + G + X : La somme des injections

T : les impôts (prélèvements fiscaux) constituent une non absorption ou une fuite du circuit des
dépenses.

Les importations M constituent un 2ème type de fuite L’épargne privée l’est aussi
𝑌𝑃.𝐸 absorbée en totalité si la ∑ 𝑓𝑢𝑖𝑡𝑒𝑠 = ∑ 𝑖𝑛𝑗𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠

T-G = Epargne publique si excédent budgétaire

Solde courant = solde de la balance courante = (X-M) + Transferts Nets

M-X : solde de la balance des opérations sur biens et services


S+T+M=I+G+X
⇒ I = S + (T - G) + (M - X)

⇒𝐼 = 𝑆𝑃𝑟𝑖𝑣é𝑒 + 𝑆𝑃𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 + 𝑆𝐸𝑥𝑡

𝑆𝐸𝑥𝑡 = (𝐼 − 𝑆) + (𝐺 − 𝑇)

Déficit extérieur = déficit d’épargne du secteur privé (I-S) + déficit budgétaire (G-T).

23
Etant donné le déficit du secteur privé, toute variation du déficit budgétaire entraîne une
variation dans le même sens du déficit externe :

⇒ I(R) +G+X= S (Y, R) +T+M

Figure 6 : Offre et demande de biens et de services en économie ouverte

R
S(Y, R)+T+M
I(R)+G+X
E1
𝑅1
R
R0 E0

I j’(ΔG)

Fo=Ijo F1=Ij1 Ij

3. La politique budgétaire et les modes de financement

A. Dépenses publiques et effet d’éviction

Selon les économistes classiques, étant donné l’équilibre du marché des produits, toute
augmentation des dépenses publiques entraîne une diminution des dépenses privées
de consommation et d’investissement ; on dit alors que les dépenses publiques
exercent des effets d’éviction sur les dépenses privées autrement dit, les dépenses
publiques évincent la demande privée de consommation et d’investissement.

Cet effet d’éviction s’exerce par l’intermédiaire du taux d’intérêt. En considérant que
l’investissement est plus sensible au taux d’intérêt que la consommation c’est à dire
que l’éviction s’exerce beaucoup plus sur l’investissement que sur la consommation
et l’épargne, l’ampleur de l’effet d’éviction dépend de la sensibilité de
l’investissement par rapport au taux d’intérêt : Investissement élastique, parfaitement

24
élastique ou parfaitement inélastique par rapport au taux d’intérêt.

1) L’investissement est parfaitement élastique par rapport au taux


d’intérêt.
G augmente ⇒ ∆𝐺 > 0 ⇒ L’accroissement des dépenses publiques est de nature à induire une
hausse du taux d’intérêt ⇒ baisse de l’investissement privé.

L’investissement étant parfaitement élastique au taux d’intérêt, il suffit que R augmente


faiblement pour que l’investissement diminue d’un montant juste suffisant pour compenser
l’accroissement des

dépenses publiques |∆𝐼| = |∆𝐺|, I + 𝐺1 sera confondue avec , I + 𝐺0 ⇒ l’effet d’éviction sera
subi en totalité par l’investissement : Effet d’éviction total.

Figure 7 : Politique budgétaire avec investissement parfaitement élastique au taux


d’intérêt

R
S+T

R1 E1
I+G1

R0 I+G0
E0

S+T, I+G

2) L’investissement est élastique par rapport au taux d’intérêt

G  0  Le taux d’intérêt nominal R augmente

 L’investissement et la consommation baissent


 I < 0

25
∆𝐺 = |∆𝐼| > ∆𝐶 Plus l’investissement est élastique par rapport au taux d’intérêt R
=> plus l’effet d’éviction sur l’investissement est important.

Figure 8 : Politique budgétaire avec investissement élastique au taux d’intérêt

R
S+T

E1
𝑅1

𝑅0
𝐸0 I+G1

I+G0

S+T, I+G

3) L’investissement est parfaitement inélastique par rapport au taux d’intérêt

L’investissement étant parfaitement inélastique par rapport au taux d’intérêt R

⇒ L’effet d’éviction sur l’investissement sera nul

⇒ Tout l’effet d’éviction sera subi par la consommation : Effet d’éviction total sur la

consommation.

∆𝐵𝑔 ∆𝑀
𝑆 Ce terme représente l’offre d’épargne ou de fonds préétabli mis à la
𝑃 𝑃

disposition des entreprises.

∆𝐵𝑔 ∆𝑀
𝑆 =𝐼
𝑃 𝑃

26
Figure 9 : Politique budgétaire avec investissement parfaitement
inélastique au taux d’intérêt

R
I+G0 I+G1 S+T

R1
E1

R0 E0

S+T, I+G

On suppose que tous les investissements soient financés par des emprunts plutôt que par
l’émission d’actions, l’investissement se traduira par une demande de fonds préétabli du même
montant que l’offre de fonds préétabli. Ainsi, la relation d’équilibre entre l’épargne nationale
et l’investissement (SN=I) a été réinterprétée entant que relation d’équilibre entre demande et
offre de fonds préétabli. Le mécanisme d’ajustement s’exerce alors par l’intermédiaire de taux
d’intérêt R.

Figure 10 : Equilibre du marché des fonds

R
Offre de S
fonds
R1

R* E
R0

I*=S* I,S

27
En effet, une épargne trop élevée par rapport à l’investissement signifie une offre
excédentaire de fonds préétabli, qui se traduit par une tendance à la baisse du taux
d’intérêt R. Ce mécanisme d’ajustement se poursuit jusqu’à ce que cette offre
excédentaire d’épargne soit entièrement absorbée. D’où l’équilibre entre offre et
demande de fonds préétabli. Inversement, une demande excédentaire de fonds
préétabli par rapport à l’offre c’est à dire un volume d’investissement excessif par
rapport à l’épargne est de nature à induire une hausse du taux d’intérêt nominal R
qui permet d’ajuster progressivement l’investissement à un niveau compatible avec
l’offre de fonds disponible. Au point E on a un équilibre entre offre et demande de
∆𝐵𝑔 ∆𝑀
fonds prêtables : 𝐼 ∗ = 𝑆
𝑃 𝑃

B. Accroissement des dépenses publiques et mode de financement

Considérons une augmentation des dépenses publiques ∆𝐺 > 0 , celles-ci peuvent être
financées soit par impôts, soit par emprunts, soit par émission monétaire :
∆𝐵 𝑔 ∆𝑀
G+T+ +
𝑃 𝑃

1) Financement par impôt

Le financement par impôts des dépenses publiques est tel que

∆𝐵 𝑔 ∆𝑀
∆𝐺 = ∆𝑇 𝑒𝑡 = =0
𝑃 𝑃
∆𝐵 𝑔 ∆𝑀
G=T+ +
𝑃 𝑃

∆𝐺 = ∆𝑇

Si l’impôt T augmente de ∆𝑇

 Le revenu disponible Yd = Y –T diminue de ∆𝑇

 La consommation C= C0+ cYd = C0+ c(Y-T) diminue de 𝑐 ∆𝑇

 L’épargne S= sYd+S0 = s(Y-T)+S0 diminue de 𝑠∆𝑇

|∆𝑪| < ∆𝑻 (= ∆𝑮) ; La variation de la consommation est plus faible que la variation
des dépenses publiques financées par impôt. En général, le financement par impôt

28
exerce des effets d’éviction à la fois sur l’investissement et sur la consommation
compte tenu des élasticités de l’investissement et de l’épargne par rapport à R.

Figure 11 : Effets d’un accroissement des dépenses publiques financées


par impôts

R S+T0
S1+T1

R1 E’
R0
E

I+G1

I+G0

I+G0=S+T0 I+G1=S1+T1 S+T, I+G

2) Financement par emprunt

Le financement par emprunt des dépenses publiques est tel que ∆G= ∆B. Si les
dépenses publiques augmentent (∆G >0).

⇒ (I+G) augmente

⇒ Déplacement de la courbe vers le haut

⇒ le taux d’intérêt nominal R augmente

⇒ L’investissement baisse (ΔI <0)

Suite à la hausse du taux d’intérêt, l’investissement diminue d’un montant égal à AE’.
En outre, augmente (∆G >0) ⇒ (I + G) augmente.
⇒ Le taux d’intérêt nominal R augmente

29
⇒ L’épargne S augmente (ΔS>0)
⇒ La consommation diminue de ΔC (ΔC<0)
⇒ ∆G= |∆I|+ |∆C|

Figure 12 : Effets d’un accroissement des dépenses publiques financées par


emprunts

R
S+T

A B
R1 E’

R*
EE

I+G’

I+G

L’accroissement des dépenses publiques financées par emprunt se réalise généralement


aux dépens à la fois de l’investissement et de la consommation, on dit alors que les
dépenses publiques induisent un effet d’éviction. L’effet d’éviction sur
l’investissement est d’autant plus important que l’investissement soit élastique par
rapport à R et que l’épargne est inélastique. Au niveau du marché des produits, il n’y
a donc que la structure de la demande (globale) à savoir la répartition de la production
entre consommation, investissement et dépenses publiques qui soit déterminée et
influencée par les politiques fiscales et budgétaires.

4. La politique budgétaire et les effets multiplicateurs : Analyse dans le cadre du


modèle revenu – dépense

30
A. Le rôle de la demande effective

La demande effective est la quantité de produits que les agents décident d’acquérir
compte tenu des contraintes qu’ils confrontent au niveau de l’offre de travail pour
les ménages et au niveau des perspectives des débouchés pour les entreprises. Le
rôle de cette demande peut être illustré à l’aide du modèle simple suivant :

𝑌 𝑑 = 𝑌̅ décrit la demande et Y décrit l’offre de biens et de services.

A l’équilibre on a 𝑌 = 𝑌 𝑑 ⇒ 𝑌 = 𝑌̅ : L’offre = la demande.

Figure 13 : Offre et demande effective

Yd

Y=Yd

E
Yd

45°

Y*=Y Yp

Yp : niveau de plein emploi


Yp - Y* : écart de sous-emploi, c’est aussi le degré de sous- utilisation de la capacité de
production.

L’équilibre au point E est un équilibre de sous-emploi, le sous- emploi est dû à une


insuffisance de la demande effective.

Si la demande augmente ⇒ Y’ > Y ⇒ la production augmente ⇒ le niveau d’emploi


augmente (le niveau de plein e m p l o i correspond au point (C). Ce chômage est considéré
comme chômage involontaire si suite à une augmentation de la demande, le volume de
31
production et l’emploi augmente avec le même salaire nominal.

Figure 14 : Demande effective et effets réels

Yd
Yd=Y
C

B
Y’

45°
0
Y* Y*1 Yp
L*

L*1

L’

Y=f(K,L)

Dans cette conception de l’économie de marché, le chômage est le résultat d’une insuffisance
de la demande effective. D’où le chômage est dit involontaire lorsque les personnes au chômage
sont disposées à travailler aux taux de salaire courant. Les politiques économiques préconisées
par Keynes et qui consistent à mettre en œuvre des mesures budgétaires ou monétaires visent à
stimuler la demande notamment en période de récession économique.

B. Les « multiplicateurs publics » avec consommation endogène

Le modèle précédent a permis de souligner l’importance de la demande effective dans

32
la théorie keynésienne de la production et de l’emploi. Il reste toutefois à mettre en
évidence, conformément à l’analyse keynésienne, le rôle de la consommation des
ménages comme composante essentielle de la demande et en tant que variable
endogène qui dépend notamment du revenu disponible.

Figure 15 : L’équilibre de plein emploi

Yd
Yd=Y
E’
E Yd= C+I+G
A
C=C0+cYd
C0+I+G

C0
G
I
45°
Y* Y1

Yd = C + I + G ⇔ Yd =Y = C0 + c (Y - T) + I(R) + G

On suppose que le taux d’intérêt R et les prix sont fixes.


Dans la figure 15, au point E on a l’égalité entre l’offre et la demande globale :

Y=Yd =Co+c(Y-T) +I(R)+C.

Il s’agit, en ce point, d’un équilibre de plein emploi : Y*=Yd


Graphiquement, la production d’équilibre de plein emploi correspond à l’intersection
de la demande globale (Yd = C+I+G) et la 1ère bissectrice.

Au point A on a un excès de demande par rapport à l’offre : Les entreprises détiennent


généralement des stocks de marchandises et l’excédent de demande (point A :

33
Demande > Offre) sera satisfait en puisant dans les stocks. Les entreprises se rendent
compte que leurs stocks sont en train de diminuer, elles vont faire de nouveaux achats
pour reconstituer ces stocks d’où une augmentation de la production et ce processus
continue tant que la demande globale dépasse la production. Initialement, au point E’,
avec un niveau de production égale à Y1, les entreprises vont se trouver avec des stocks
trop élevés, elles seront alors incitées à réduire leurs achats ⇒ baisse de la production.

1) Le multiplicateur des dépenses publiques

Une augmentation des dépenses publiques qui se traduit par un déficit budgétaire (car
T ne varie pas) aura les mêmes effets sur la production qu’une augmentation autonome
de l’investissement :

Yd=C+I+G

C= C0 +c (Y - T)

Y = Yd = C0 + c (Y - T) + I + G

𝑌 = 𝑐𝑌 + (𝐶0 − 𝑐𝑇 + 𝐼 + 𝐺) 𝑜ù 𝑐𝑌 représente la consommation liée à ,la production


et (𝐶0 − 𝑐𝑇 + 𝐼 + 𝐺) représente la demande autonome.

𝐼+𝐺+ 𝐶0 −𝑐𝑇
𝑌=
1−𝑐

∆𝑌 1 𝐴𝐺
Si ∆𝐺 > 0, = = 𝑘 ⇔ ∆𝑌 = = 𝑘∆𝐺
∆𝐺 1−𝑐 1−𝑐

On remarque que le multiplicateur des dépenses publiques est égal au multiplicateur


d’investissement. Ainsi, l’effet multiplicateur est le même suite à une augmentation
de l’investissement, des dépenses publiques ou également suite à un accroissement de
la consommation autonome des ménages.

Sont donc équivalents :


⇒ Une augmentation autonome de l’investissement ∆𝐼 > 0

34
⇒ Un accroissement des dépenses publiques ∆𝐺 > 0
⇒ Une augmentation de la consommation autonome des ménages ∆𝐶0 > 0

2) Le multiplicateur fiscal

Dans une économie fermée, à l’équilibre, on sait que

𝐼+𝐺+ 𝐶0 −𝑐𝑇
𝑌=
1−𝑐

Si les impôts diminuent ∆𝑇 < 0


−𝑐∆𝑇
⇒ ∆𝑌 =
1−𝑐

−𝑐
Le rapport s’appelle le multiplicateur fiscal
1−𝑐

Une réduction des impôts augmente la production mais d’un montant inférieur à
l’accroissement des dépenses publiques ou de l’investissement.
Une réduction des impôts augmente la production mais d’un montant inférieur à
l’accroissement des dépenses publiques ou de l’investissement.

−𝑐 1
| | < ;0 < 𝑐 < 1
1−𝑐 1−𝑐

Le multiplicateur fiscal est plus faible que le multiplicateur de dépense publique car
l’impôt représente une fuite en dehors du circuit des dépenses.

3) Le multiplicateur d’équilibre budgétaire

Pour maintenir le solde budgétaire, G et T augmentent dans les mêmes proportions

⇔∆𝐺 = ∆𝑇

𝐼+𝐺+ 𝐶0 −𝑐𝑇
Sachant qu’à l’équilibre en économie fermée on a : 𝑌 =
1−𝑐

(1−𝑐) (1−𝑐)
⇔ ∆𝑌 = ∆𝐺 = ∆𝑇
(1−𝑐) (1−𝑐)

∆𝑌 = ∆𝐺 = ∆𝑇

35
(1−𝑐)
Le multiplicateur d’équilibre budgétaire est égal à =1
(1−𝑐)

4) Le multiplicateur budgétaire en économie ouverte avec impôt endogène

On suppose que l’impôt T s’exprime par l’équation T=tY+To

L’impôt endogène affaibli la valeur du multiplicateur de la même manière que la Propension


marginale à épargner ainsi que la propension marginale à importer car ces paramètres traduisent
des fuites.
1 −𝑐
On vérifie qu’en économie fermée on a ∆𝑌 = ∆𝐺 + ( ) ∆𝑇
1−𝑐 1−𝑐

1−𝑐
Si ∆𝐺 = ∆𝑇 ⇒∆𝑌 = ∆𝐺 = ∆𝐺
1−𝑐

En économie ouverte, l’importation est une variable endogène qui s’exprime par
𝑀 = 𝑀0 + 𝑚𝑌 et l’exportation X est une variable exogène.
A l’équilibre en économie ouverte, l’égalité ressource - emploi est vérifiée, on a

𝑌 𝑑 = 𝐶 + 𝐼 𝐺 + (𝑋 − 𝑀)

⇔ Y = C0 + c(Y − T) + I + G + (X − M0 − mY)

⇔ Y = C0 + c(Y − T0 − tY) + I + G + (X − M0 − mY)

⇔ Y(1 − c(1 − t) + m) = [C0 − cT0 + I + X − M0 ] + G

⇔ 𝑌(1 − 𝑐(1 − 𝑡) + 𝑚) = 𝐶𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 + 𝐺


1
⇒ ∆𝑌 = 𝑘 ′ ∆𝐺 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑘 ′ = (1−𝑐(1−𝑡)+𝑚)

1
k′ = (1−c(1−t)+m)
est le multiplicateur budgétaire en économie ouverte avec impôt et

importation endogène.

36
k ′ = f(c, t, m)
∂k′ −1
= (1−c(1−t)+m)2
< 0 : plus ct est élevé ⇒ 𝑘 ′ est faible.
∂ct

∂k′ −1
= (1−c(1−t)+m)2
< 0 : plus m est élevé ⇒ 𝑘 ′ est faible.
∂m

∂k′ 1−t
= (1−c(1−t)+m)2
> 0 : c est un paramètre d’injection, plus il est élevé et plus le
∂c

multiplicateur k’ est élevé.

∂k′ −c
= (1−c(1−t)+m)2
< 0 : plus t est élevé ⇒ plus k ′ est faible, t est un paramètre de fuite,
∂t

plus il est élevé ⇒ plus le multiplicateur est faible.

37
Chapitre 3 : La politique monétaire : une analyse dans le cadre du
modèle IS-LM
L’analyse keynésienne se démarque du cadre classique exposé précédemment sur
plusieurs points :
- la vitesse de circulation de la monnaie dans la Théorie Quantitative de la Monnaie
n’est plus supposée constante ;
- le niveau de la production n’est pas une donnée déterminée dans la sphère réelle ;
- l’économie est dans une situation de sous-emploi.

La jonction entre les variables monétaires à savoir la préférence pour la liquidité et la masse
monétaire et les variables réelles à savoir la production et l’emploi se réalise à travers le taux
d’intérêt. Ainsi, si l’offre de monnaie est excessive par rapport à la demande d’encaisse, le taux
d’intérêt aura tendance à baisser pourvu qu’il ne soit pas rigide à la baisse, d’où une
augmentation de l’investissement (dans le cas où il n’est pas inélastique par rapport au taux
d’intérêt) qui entraîne une augmentation de la demande effective et par conséquent de la
production et de l’emploi. L’analyse de l’effet de la politique monétaire sur le taux d’intérêt et
sur les variables réelles peut être faite en introduisant le marché financier (le marché des titres).

Les conséquences d’un excès d’offre (nominale) de monnaie sont les suivantes :

̅0
𝑀
augmente entrainant un excès d’offre (nominal) de monnaie. Dans ce cas,
𝑃

- Le cours des titres augmente


- Baisse de taux d’intérêt nominal i
- L’investissement augmente
- La demande augmente
- La production augmente
- L’emploi augmente.

Inversement, si l’offre (nominale) de monnaie diminue :

38
̅0
𝑀
diminue et l’enchainement suivant s’en suit :
𝑃
- Excès de demande de monnaie
- Excès d’offre de titres
- Le cours des titres baisse
- Hausse du taux d’intérêt nominal i
- L’investissement diminue
- La demande baisse
- La production baisse
- L’emploi diminue.

Il s’agit d’étudier dans le cadre d’un modèle keynésien- d’équilibre global (IS - LM)
de sous-emploi, l’efficacité de la politique monétaire.

1. La représentation IS-LM ou l’équilibre général à prix fixe

Ce modèle considère tout d’abord séparément les phénomènes réels, l’équilibre sur le
marché de biens et de services, d’une part, et les phénomènes monétaires, l’équilibre
du marché monétaire, d’autre part, aboutit à la construction d’un schéma général dans
lequel sont réunies, dans une seule présentation, les conditions de l’équilibre simultané
sur le marché des biens et service et sur le marché de la monnaie, et ce, afin de
déterminer l’équilibre global de l’économie sous l’hypothèse que le Niveau général
des Prix P est fixe.

Deux courbes reliant le taux d’intérêt et le niveau de revenu sont construites :

• La première, IS, correspond à la sphère réelle (équilibre entre l’épargne et


l’investissement), est décroissante et repose sur trois relations :
- L’investissement est une relation décroissante avec le taux d’intérêt nominal i,
- L’épargne est une fonction croissante du revenu,
- L’épargne et l’investissement sont égaux.

39
Figure 16 : Le schéma IS-LM

LM

IS

• La deuxième, LM, correspond à la sphère monétaire (équilibre entre l’offre et


la demande de monnaie), est croissante et repose aussi sur trois relations :
- La demande de monnaie de transaction est une fonction croissante du
revenu,
- La demande de monnaie de spéculation est une fonction- décroissante
du taux d’intérêt,
- La demande de monnaie (donnée) égale l’offre de monnaie
(exogène).

Quelles sont alors les conséquences d’une politique monétaire expansive ?

A. La politique monétaire en économie fermée

La politique monétaire est l’ensemble des mesures et interventions prises par les
autorités monétaires (et notamment la Banque Centrale) et qui consistent à faire varier
l’offre de monnaie en vue d’agir d’une manière indirecte par l’intermédiaire du taux
d’intérêt sur l’activité économique notamment sur la production et l’emploi.

L’efficacité de cet instrument de politique économique dépend notamment de la


sensibilité de la demande de monnaie et de l’investissement par rapport au taux
d’intérêt.

40
1) Cas où la demande de monnaie et l’investissement sont plus ou moins
élastiques par rapport au taux d’intérêt.

L’augmentation de la masse monétaire entraine une augmentation de l’offre de


monnaie

⇒ Excès d’offre réelle de monnaie

⇒ Excès de demande de titres

⇒ Cours des titres augmente

⇒ Baisse du taux d’intérêt nominal

⇒ Augmentation de l’investissement

⇒ Augmentation de la demande effective

⇒ Augmentation de l’offre qui s’ajuste à la demande


⇒ La production et le taux d’intérêt augmentent

∆𝑌 = 𝑌1 − 𝑌2 > 0 (Effet multiplicateur des investissements).

Figure 17 : Effet d’une politique monétaire avec investissement et


demande de monnaie plus ou moins élastique par rapport
au taux d’intérêt

i
LM

E0 LM’
i0

E1
i1

IS

Y1 Y2

41
L’augmentation de la production et de l’emploi est d’autant plus importante que
l’investissement est sensible au taux d’intérêt et que la demande de monnaie est élastique
par rapport au taux d’intérêt i.

2) Cas où l’investissement est parfaitement inélastique au taux d’intérêt

En cas d’inélasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt. (La courbe IS


devient verticale). La baisse du taux d’intérêt induite par l’augmentation de la masse
monétaire n’a aucun effet sur la demande globale et par conséquent sur la production
qui reste inchangée. La politique monétaire devient inefficace.

Figure 18 : Effet d’une politique monétaire avec investissement


parfaitement inélastique par rapport au taux
d’intérêt

i
IS
LM

i0 E0 LM’

i1 E1

Y0=Y1

En économie fermée et en situation où l’investissement est parfaitement inélastique au


taux d’intérêt, la politique monétaire est totalement inefficace.

42
3) Cas où la demande de monnaie est parfaitement élastique par rapport au
taux d’intérêt : la trappe à la liquidité.

En cas de trappe à la liquidité, la demande de monnaie devient infiniment élastique


par rapport au taux d’intérêt, les agents économiques sont disposés à détenir sous
forme d’encaisses de spéculation une quantité illimitée de monnaie (au détriment des
titres car le taux d’intérêt est très faible). L’offre supplémentaire de monnaie est
totalement absorbée par les encaisses de spéculation.
Le taux d’intérêt ne peut plus diminuer, toute politique monétaire visant à stimuler
l’investissement par l’intermédiaire d’une réduction de ce taux est totalement
inefficace (vouée à l’échec).

Figure 19 : Effet d’une politique monétaire en situation de trappe à liquidité

LM LM’

E
i min

IS
YE

En économie fermée et en situation de trappe à la liquidité, la politique monétaire est


totalement inefficace.

43
4) Cas où la demande de monnaie est inélastique par rapport au taux d’intérêt

Lorsque la demande de monnaie est insensible au taux d’intérêt, l’augmentation de la


masse monétaire se traduit par un déplacement vers la droite de la courbe LM, ce qui
entraîne une augmentation de la production et une baisse du taux d’intérêt. D’où
l’efficacité de la politique monétaire.

Le mécanisme d’ajustement, ................................. en partant d’une situation d’équilibre initiale

𝐸0 (𝑖0 , 𝑌0 ), est le suivant :

Si la masse monétaire augmente ⇒ Excès d’offre d’encaisse réelle

⇒ Excès de demande de titres

⇒ Le cours des titres augmente

⇒ Baisse du taux d’intérêt nominal

⇒ L’investissement augmente

⇒ La demande globale augmente


̅
̅ ); 𝑊 = 𝑤
⇒ Baisse du salaire réel (𝑊 = 𝑊
𝑃

⇒ L’Emploi augmente

⇒ La production augmente

44
Figure 20 : Effet d’une politique monétaire avec demande de monnaie
inélastique par rapport au taux d’intérêt

i
LM LM’

i0
E0
i1 E1

IS

i min

Y0 Y1

En économie fermée, la politique monétaire est d’autant plus efficace que la demande de
monnaie est inélastique par rapport au taux d‘intérêt.

2. La politique monétaire en économie ouverte: le modèle de Mundell-Fleming

Appliqué au cas d’une économie ouverte, le cadre d’analyse IS- LM prend en compte
trois types d’interdépendance internationale :

- Les flux de marchandises et en particulier les importations qui viennent limiter


l’effet multiplicateur de l’investissement sur le revenu.

- Les flux de capitaux qui influencent l’écart entre le taux d’intérêt national et
étranger.

- Les flux monétaires qui varient selon la nature du régime de change.

Nous pouvons distinguer deux situations extrêmes :

45
Le régime de taux de change fixes qui est la situation où les monnaies peuvent fluctuer
dans une marge étroite, contrôlée par les autorités monétaires. ;

Le régime de taux de change flottant où les monnaies fluctuent librement sans


intervention des autorités monétaires.

La réalité se situe le plus souvent entre ces deux situations extrêmes de fixité et de
flottement (on parle de régime de change flexible).

A. Régime de taux de change fixe

Dans ce cas, le cours de la monnaie nationale est fixé par les autorités monétaires. Cela signifie
que le taux de change ne peut fluctuer librement puisque les autorités monétaires interviennent
sur le marché de change pour maintenir la monnaie à sa parité. Toute modification du taux de
change résultera d’une décision du gouvernement qui peut selon les circonstances dévaluer ou
réévaluer sa monnaie.

La fixité du taux de change et le maintien de la monnaie à la parité va nécessiter de la part des


autorités monétaire (la Banque Centrale), de disposer d’un fonds de réserve en devises
suffisamment important pour répondre aux diverses pressions qui peuvent s’exercer sur la
monnaie nationale. Dans ce cas, le niveau de stock de monnaie, dépend de l’équilibre extérieur
: Un déficit implique une contraction de la masse monétaire, alors qu’un excédent entraîne un
accroissement.

Les processus d’ajustement ne sont pas exactement les mêmes selon que les autorités
monétaires privilégient l’utilisation de l’un ou l’autre des instruments dont elles
disposent ; c’est pourquoi nous distinguons plusieurs cas possibles :

- Tout d’abord, nous analyserons une intervention directe sur la


quantité de monnaie en circulation,

- Ensuite, nous verrons les effets d’une variation du taux d’intérêt


domestique,

- Enfin, nous étudions les conséquences d’un changement de parité de la


monnaie nationale.

46
Figure 21 : Effet d’une politique monétaire expansionniste en régime
de change fixe avec mobilité de capitaux

i
LM

LM’
iE=i* E
BP

iA A

IS

YE YA

L’accroissement de l’offre de monnaie a les effets suivants :

⇒ Augmentation immédiate du revenu et baisse du taux d’intérêt. (Point A). Si


le pays veut maintenir la parité de sa monnaie, la position d’équilibre au point A n’est
pas stable.
⇒ Tendance à la baisse du taux d’intérêt intérieur
⇒ Sortie importante de capitaux vers l’étranger où les
rendements des placements deviennent plus avantageux. iE serait alors
supérieur au taux d’intérêt intérieur.
⇒ Baisse du cours de la monnaie nationale suite à la pression
du mouvement de sortie de capitaux. Les autorités monétaires, en soutenant
le cours de la monnaie nationale, seront alors contraintes de se porter
demandeuse de monnaie nationale en puisant dans leurs réserves de change ;
Elles vont offrir des devises pour acquérir de la monnaie nationale et donc
réduire la liquidité intérieure.

⇒ LM va glisser progressivement vers la gauche et vers le haut. Le processus

47
sera terminé lorsque le taux d’intérêt intérieur sera à nouveau égal au taux d’intérêt
international, i*, c’est à dire lorsque LM’ sera revenu à sa position initiale, LM. L’effet
de l’accroissement de la masse monétaire est donc finalement annulé.

⇒ L’économie retrouve une situation d’équilibre final en E.

⇒ L’objectif poursuivi de croissance du revenu national ne peut être atteint


grâce à une politique monétaire expansionniste.

Sous l’hypothèse de la mobilité parfaite des capitaux, les détenteurs de capitaux sont
confrontés à l’alternative entre placement intérieur et investissement intérieur.

B. La politique d’augmentation de l’offre de monnaie est inefficace en régime de taux de


change fixe.

1) Réduction du taux d’intérêt domestique

Si le taux d’intérêt intérieur baisse, cela signifie qu’il devient inférieur au taux d’intérêt
international, i*. Tout se passe comme si le taux d’intérêt international s’élevait et que
la droite d’intégration financière, BP, se déplaçait en haut.

⇒ Naissance d’un différentiel de taux d’intérêt

⇒ Sortie massive de capitaux

⇒ Pression à la baisse du cours de la monnaie nationale


⇒ Baisse des prix des produits nationaux à l’exportation et augmentation des prix des produits
importés.

⇒ La liquidité intérieure diminue

La Banque Centrale, en vue de soutenir la monnaie nationale, augmente leur demande


de monnaie nationale en puisant dans leur réserve de change.

⇒L’offre de devises par les autorités monétaires augmente.

⇒ Déplacement de la courbe LM à gauche et vers le haut (passage de LM à LM’) dans


la figure 21.

48
⇒ Le taux d’intérêt intérieur va avoir tendance à augmenter suite aux interventions
des autorités monétaires sur le marché des changes (en tant qu’acheteur de la monnaie
nationale) accompagné par la sortie de capitaux.

⇒Tendance à la baisse du revenu national qui passe de YE à YE’

Le processus arrivera à son terme lorsque le taux d’intérêt domestique s’aligne sur le
taux d’intérêt international

⇒ L’équilibre se stabilisera en E’

La baisse du taux d’intérêt domestique a pour objectif de relancer la production et de


dissuader les détenteurs de liquidités de placer celles-ci sur le marché monétaire et les
inciter à financer des investissements ; or le taux d’intérêt international est supérieur
au taux d’intérêt intérieur chose qui incitera le placement à l’étranger.

Sous l’hypothèse de la mobilité parfaite des capitaux, les détenteurs de capitaux sont
confrontés à l’alternative entre placement à l’étranger et investissement intérieur.

Une politique de baisse du taux d’intérêt domestique est inefficace en régime de taux de
change fixe.

49
Figure 22 : Effets d’une baisse du taux d’intérêt domestique en régime
de change fixe

LM’
LM

E’
iE’=i* BP’

iE BP
E

IS

YE’ YE

2) Dévaluation de la monnaie nationale

Il s’agit de baisser le cours de la monnaie nationale afin de favoriser les exportations


et de ralentir les importations : Il s’agit d’une dévaluation compétitive.

La dévaluation consiste en une mesure prise par les autorités monétaires en vue de
baisser la valeur de la monnaie nationale exprimée en devises ; autrement dit, il faut
moins de devises pour obtenir une unité de monnaie nationale.

⇒ Les produits nationaux deviennent moins coûteux sur les marchés internationaux
⇒ Développement des exportations

⇒ Déplacement de IS vers la droite et vers le haut (passage de


IS à IS’) dans la Figure 23.
⇒ Augmentation du revenu national et hausse du taux d’intérêt
⇒ L’équilibre pourrait se former au point A de la figure 23.

En ce point A, le taux d’intérêt intérieur est supérieur au taux d’intérêt international i*.

50
⇒ Afflux de capitaux dans le pays (sous l’hypothèse de mobilité parfaite de capitaux)
⇒ Augmentation de la liquidité intérieure
⇒ Déplacement de la courbe LM à droite et en bas
⇒ Tendance à la baisse du taux d’intérêt intérieur, qui se stabilisera au niveau du taux d’intérêt
international i*.
⇒ Détermination d’un nouveau point d’équilibre E’
⇒ Augmentation du revenu national de YE à YE’

Figure 23 : Politique de dévaluation de la monnaie nationale

i LM

A LM’

iE=i* E’
BP

IS’

IS
YE YE’

3. La politique de dévaluation de la monnaie nationale peut se révéler efficace à court


terme.
L’effet positif de la dévaluation peut être de courte durée. L’augmentation du taux de
change qui résulte de la dévaluation peut provoquer une augmentation des prix des
produits importés. Une économie en situation de dépendance vis à vis de l’extérieur
en matières premières et matières d’approvisionnement verrait augmenter ses coûts de
production et donc les prix de ses produits. L’effet positif de la dévaluation peut être
compensé par celui négatif de la hausse des prix des produits du pays.

51
A. Régime de taux de change flottant

Expansion monétaire

L’augmentation de la masse monétaire se traduit graphiquement (Figure 24) par le


déplacement de LM en bas vers la droite (Passage de LM à LM’)

⇒ Augmentation de la liquidité dans l’économie


⇒ Le taux d’intérêt intérieur tend à baisser et l’équilibre semble se situer au point A de la figure
24.
⇒ Sortie de capitaux vers l’étranger où le rendement des placements spéculatifs est meilleur
⇒ Baisse du cours de la monnaie nationale
⇒ Les exportations augmentent et les importations diminuent
⇒ Accroissement de la production et de l’investissement qui est devenu plus rentable suite à la
baisse du taux d’intérêt
⇒ La sortie de capitaux sera limitée du fait de l’accroissement de la rentabilité des
investissements intérieurs
⇒ Déplacement de IS en haut et à droite
⇒ L’équilibre se stabilisera au point E’ où le taux d’intérêt intérieur s’aligne avec le taux
d’intérêt international i*
⇒ Le revenu national augmente de YE à YE’

La politique d’expansion monétaire est efficace en régime de taux de change flexible.

52
Figure 24 : Politique de dévaluation de la monnaie nationale

LM

LM’

E E’
iE=i* BP

A
IS’

IS

YE YE’

Baisse du taux d’intérêt national

La baisse du taux d’intérêt domestique fait naître un différentiel du taux d’intérêt tel que
tout se passe comme si le taux d’intérêt international était passé de i*1 à i*2 dans la figure 25.

La baisse du taux d’intérêt intérieur va se traduire par une sortie de capitaux


⇒ Baisse de la liquidité intérieure
⇒ Déplacement de LM à gauche et en haut (Passage de LM à LM’)
⇒ Baisse du cours de la monnaie nationale
⇒Augmentation de la compétitivité des produits nationaux
⇒ Augmentation de la production et de l’investissement

⇒ Déplacement de IS en haut et à droite (passage de IS à IS’) dans la figure 25.

53
Figure 25 : Baisse du taux d’intérêt intérieur

i
IS’ IS LM’ LM

E2
i*1
BP’

E1
i*2 BP

YE1 YE2

L’augmentation de la compétitivité, de l’investissement et la baisse tendancielle des


importations font à ce que l’amplitude du déplacement de la courbe IS est plus grande que celle
de LM. Le mécanisme impulsé par la baisse du taux d’intérêt intérieur cessera de produire son
effet lorsque le taux d’intérêt intérieur aura augmenté jusqu’à i*2, qui est le taux international,
et le revenu aura atteint YE2 supérieur à YE1

⇒ Effet positif sur l’économie du pays

Dans un régime de taux de change flexible, la politique monétaire est d’une manière
général efficace (plus efficace que la politique budgétaire).

54
4. La Policy mix

Il est important de souligner, dans l’analyse de toute politique économique, que les politiques
budgétaire et monétaire ne sont pas indépendantes l’une de l’autre. Si une modification de l’une
affecte l’autre, cela peut avoir un impact sur le résultat qui est attendu. Cette interdépendance
des politique budgétaire et monétaire est appelée le policy mix.

La policy-mix (ou policy mix) ou le dosage macroéconomique désigne l’« art » de combiner
de manière optimale, en fonction de la position dans le cycle économique, les principaux
moyens d’action de la politique économique.

Deux règles majeures à portée normative éclairent le policy-mix. Il s’agit des règles de
Tinbergen et de Mundell.

Selon la règle de Tinbergen pour toute politique économique ayant des objectifs fixés, le
nombre d'instruments doit être égal au nombre d'objectifs visés. Pour cela, il pense que l'on doit
quantifier les objectifs pour être efficace et mesurer l'impact réel des instruments.

Quant à la règle de Mundell, elle propose d'affecter à chaque situation économique (ou objectif)
une politique (ou instrument) disposant d'un avantage comparatif relativement aux autres pour
raison d'efficacité.

Nous pouvons faire apparaître les principales conclusions de la politique Mix en nous plaçant
dans une volonté d’augmenter le revenu d’équilibre. Pour ce faire, nous allons juxtaposer, sur
un même graphique, les résultats issus de l’analyse de la politique budgétaire et de la politique
monétaire.

55
Figure 26 : Effet du Policy mix

LM1 LM2

IS3

IS2

IS1

0
Y1⇒ Y2⇒ Y3⇒
Tapez une équation ici.

1. Dans la zone de la trappe à liquidité, la politique budgétaire est très efficace alors que la
politique monétaire est inefficace. Une politique mixte est dangereuse dans cette situation car
l’augmentation de l’offre de monnaie peut conduire à de l’inflation qui pourrait venir annuler
les effets bénéfiques de la politique budgétaire. L’augmentation du revenu résulte uniquement
du déplacement de IS. L’augmentation de la quantité de monnaie va favoriser l’inflation.

2. dans la zone intermédiaire, la politique budgétaire expansive entraine une augmentation du


revenu et du taux d’intérêt. La politique monétaire vient alors accentuer l’effet d’augmentation
du revenu car elle favorise la baisse du taux d’intérêt. L’augmentation de l’offre de monnaie

56
vient d’une part amplifier l’augmentation du revenu et d’autre part atténuer l’élévation du taux
d’intérêt. L’efficacité des deux politiques dépend des pentes respectives de IS et de LM.

3. dans la zone classique, seule la politique monétaire est efficace, la politique budgétaire ne
contribue qu’à une élevation du taux d’intérêt d’équilibre. L’augmentation de la dépense
publique tend à faire augmenter le taux d’intérêt sans variation du revenu d’équilibre.
L’augmentation de la quantité va avoir pour conséquence d’augmenter le revenu et de faire
baisser le taux d’intérêt. L’impact sur le revenu d’équilibre est ici lié à la pente de IS. En fait,
la mise en place d’une politique mixte est délicate, et son impact est largement lié à l’élasticité
de l’investissement, de la demande de monnaie au taux d’intérêt.

∆𝐺̅ = ∆𝑀
̅ >0

• Effet d’éviction sera plus faible ou nul


• Les courbes IS et LM se déplacent en même temps : ∆𝑌 > 0 𝑚𝑎𝑖𝑠 ∆𝑟 reste indéterminée.
∆𝑌 ∆𝑌
• Le multiplicateur du policy mix est donné par :
∆𝐺̅
+ ̅
∆𝑀

57
Bibliographie

Arrvisenet, P. (1999). La Politique Conjoncturelle. Paris : Dunod


Cabanne, M. (1997). Les Politiques Conjoncturelles. Paris : Armand Collin
Chauvet, C. (2016). Politique Economique. Paris : Dunod
Mankiw, G. (2019). Macroéconomie. Louvain-la-Neuve : De Boek
Daniel, J. M. (2012). La Politique Economique. Presse Universitaire de France

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