Chapitre 6 - II Pour Les Élèves

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II.

La conduite problématique des politiques conjoncturelles :


A. Le fonctionnement des politiques conjoncturelles
Voir fiche outil N°5 : Politiques économiques Résumé de cette fiche qu’il faut revoir en détail :

La politique économique désigne l’ensemble des objectifs et des instruments par lesquels les
pouvoirs publics cherchent à orienter l’économie.

Ce sont les pouvoirs publics, c’est-à-dire les APU (Etat+ collectivités locales + Sécurité sociale +
Europe très peu), et les autorités monétaires (la banque centrale européenne –BCE- pour la France)

Selon que les objectifs sont poursuivis à court terme ou à long terme, on parlera de politique
économique conjoncturelle ou de politique économique structurelle.
La politique économique structurelle, se propose d’intervenir à long terme en changeant les
structures de l’économie.
La politique économique conjoncturelle vise à réguler l’économie à court terme et s’appuie
pour cela sur la politique budgétaire et/ou la politique monétaire.

Ici nous allons traiter des politiques économiques conjoncturelles.


On rappelle que les pouvoirs publics ont 4 objectifs principaux qui vont par paire et qui sont
inconciliables car lorsque l’on réussi à attendre un couple d’objectifs, cela dégrade les 2 autres.
1-La croissance économique et le Plein Emploi (4/5% en France)
2- La stabilité des prix (= inflation autour de 2%) et l’équilibre extérieur

Remarque : La mise en place de politiques économiques conjoncturelles va à l’encontre de la pensée


néoclassique qui prône la non-intervention de l’Etat en cas de déséquilibre : le marché s’autorégulera
pour retrouver l’équilibre selon eux. La gravité de la crise de 1929 montrera que le marché est
parfois impuissant et que l’intervention de l’Etat est nécessaire  Révolution de la pensée
économique dans les 1930’s que John Maynard Keynes théorisera, en 1936, dans un ouvrage célèbre
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie.

1. La politique budgétaire
Elle utilise comme outil le budget = les recettes et les dépenses des administrations publiques.
Selon son objectif, elle va être qualifiée de relance ou d’austérité
 La politique budgétaire de relance = politique qui utilise le budget (hausse des dépenses
et /ou baisse ou ralentissement des recettes) pour atteindre la croissance économique et lutter
contre le chômage. Elle agit pour cela en stimulant la DG intérieure via la Consommation finales des
ménages (CF) et/ou l’Investissement des [E] (FBCF), ou encore par les investissement réalisés par
l’Etat lui-même (politique de grands travaux).

Rappelez les composantes de la demande globale :


DG=

Exercice : Ecrire le schéma causal d’une politique de relance budgétaire (choisissez-vous même la
mesure mise en place par les pouvoirs publics) :

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En injectant de l’argent public pour stimuler la DG, les pouvoirs publics recherchent un effet
multiplicateur sur la croissance : le PIB doit augmenter plus que la dépense initiale, l’effet
multiplicateur est alors supérieur à 1 (exemple une dépense publique de 1 million d’euros va faire
augmenter le PIB de 5 millions  le multiplicateur est de 5).
Souvent, les Etats s’endettent pour faire ces dépenses en faisant des déficits. Toutefois si la politique
conduit à obtenir de la croissance économique, mécaniquement, les prélèvements obligatoires vont
augmenter et les dépenses vont diminuer, ce qui résorbera le déficit initial créé à l’occasion de la
mise en place de cette politique

Schéma causal du multiplicateur budgétaire :

Effets positifs des politiques de relance sur la croissance éco et le plein emploi MAIS une politique
de relance conduit à dégrader les objectifs de stabilité des prix et d’équilibre extérieur

Ecrire le schéma causal des effets d’une politique de relance budgétaire sur l’inflation et l’équilibre
extérieur :

 La politique budgétaire d’austérité = politique qui utilise le budget (baisse ou


ralentissement des dépenses et /ou hausse des recettes) pour atteindre la stabilité des prix
(objectif principal) et améliorer l’équilibre extérieur (objectif secondaire)
Elle cherche à faire diminuer (ou à ralentir) la DG intérieure via la Consommation finale des ménages
(CF) et/ou l’Investissement des [E] (FBCF) et conduit à une baisse. Ralentissement désinvesti sont
réalisés par l’État.

Exercice : Ecrire le schéma causal d’une politique d’austérité budgétaire (choisissez-vous même la
mesure mise en place par les pouvoirs publics) :

Effets positifs des politiques d’austérité pour lutter contre l’inflation ( et améliorer l’équilibre
extérieur) MAIS une politique d’austérité conduit à dégrader les objectifs de croissance économique
et de plein-emploi.
Ecrire le schéma causal des effets d’une politique d’austérité budgétaire sur la croissance
économique et l’emploi :

2. La politique monétaire
a. la politique monétaire conventionnelle ( = vue dans la fiche outil n°5 et en
classe de première)
La politique monétaire est menée par les autorités monétaires, via la banque centrale. Lorsque la
France avait pour monnaie le franc (avant d’opter pour l’euro en 1999), la politique monétaire était
mise en place par la banque de France. Cette politique était décidée par l’État français
souveraineté monétaire.

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La politique monétaire cherche à agir sur la quantité de monnaie en circulation (c’est-à-dire sur la
masse monétaire=MM) afin, selon les objectifs, de faire augmenter ou au contraire de réduire la
demande globale, selon que la politique monétaire est de relance (on dit aussi politique
expansionniste ou expansive but faire augmenter la MM) ou de rigueur (= d’austérité but
contracter la MM).

Pour faire varier la MM, la Banque Centrale va faire varier son taux d’intérêt directeur (en réalité il
existe plusieurs taux directeurs, de court terme et de long terme, mais le principe reste le même).
En effet, pour faire varier (à la hausse ou à la baisse) la masse monétaire dans l’économie, les
banques de second rang vont plus ou moins accorder de crédits aux ménages et/ou aux entreprises,
ce qui aura un effet sur le niveau de la DG (via la consommation des ménages et l’investissement des
entreprises) et donc sur la croissance et l’emploi.

Lorsque les banques centrales accordent un crédit, elles font payer à leurs clients un taux d’intérêt.
Ce taux d’intérêt est en lien avec le taux d’intérêt directeur car quand le taux directeur de la BCE
est élevé, les banques pratiquent des taux d’intérêt élevé auprès de leurs clients, et inversement.
La Banque Centrale va en effet accorder des crédits aux banques de second rang, afin que ces
dernières puissent à leur tour accorder des crédits aux ménages et/ou aux entreprises, en leur
faisant payer un taux d’intérêt pour ce prêt : le taux d’intérêt pratiqué par la BCE auprès des banques
commerciales est le taux d’intérêt directeur.
Le taux d’intérêt directeur est donc le taux de refinancement des banques de second rang en
monnaie banque centrale (= la monnaie créée par la banque centrale)

 Politique monétaire expansionniste ( = de relance)


Exercice : Ecrire le schéma causal d’une politique monétaire expansionniste:

Ecrire le schéma causal des effets d’une politique monétaire expansionniste sur l’inflation et
l’équilibre extérieur :

 Politique monétaire de rigueur


Exercice : Ecrire le schéma causal d’une politique monétaire de rigueur :

Ecrire le schéma causal des effets d’une politique monétaire de rigueur sur la croissance de l’emploi :

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b. les politiques monétaires non conventionnelles
Même lorsque le taux d’intérêt directeur est faible, il arrive que les banques de second rang
n’accordent pas de crédit aux agents, car la conjoncture économique est si défavorable que les
banques commerciales craignent de ne pas être remboursées.
Le taux d’intérêt directeur n’a donc pas les effets attendus sur l’économie. Face à cette situation la
banque centrale peut avoir un autre type de politique monétaire (autre que l’utilisation du taux
d’intérêt directeur) : c’est ce qu’on appelle les politiques monétaires non conventionnelles.

Politiques monétaires non conventionnelles : Les banques commerciales possèdent des titres
financiers (= obligations d’États ou des obligations d’entreprises, des bons du trésor, des actions) qui
leur appartiennent ou qui appartiennent à leurs clients. La BCE peut alors garder leurs titres un
certain temps (= les prendre en pension) contre de la monnaie banque centrale (les banques second
rang récupéreront leurs titres contre de l’argent plus tard). La Banque Centrale peut aussi acheter
aux banques de second rang, toujours contre de la monnaie banque centrale, leurs titres à un prix
intéressant (=supérieur à leur valeur si les Banques devaient les revendre sur le marché financier).
Cela conduit donc les banques à disposer de plus de capacité pour prêter de l’argent aux agents
économiques. Cette politique s’appelle le quantitatif easing.

Dans les fait, les pouvoirs publics mettent en place des politiques budgétaires ET monétaires en
même temps et cherchent à les combiner, à les articuler pour chercher à atteindre les équilibres
économiques  LE « POLICY MIX »
L’idéal, étant évidemment, que ces 2 types de politiques (budgétaire et monétaire) ne se
contredisent pas !
Voyons comment les Etats de la zone Euros peuvent mettre en place leurs différentes politiques
économiques conjoncturelles.

B. La logique des politiques conjoncturelles européennes


1. Une politique monétaire unique

En signant le traité de Maastricht en 1992, la France a souhaité avoir l’euro comme monnaie unique,
avec d’autres pays européens (12 dans un premier temps, puis 20 aujourd’hui). Cette monnaie est
entrée en fonction en 1999 (2002 pour les ménages).
À cette occasion a été créée la Banque centrale européenne (BCE) qui se trouve à Francfort.
La banque centrale européenne est une instance indépendante des Etats des pays membres qui ont
l’euro pour monnaie. Elle regroupe les banques centrales des différents pays membres qui
appliquent dans leur pays ses décisions. Le président de la BCE est nommé (actuellement Christine
Lagarde depuis 2019) pour un mandat de huit ans non renouvelable, d'un commun accord entre les
chefs d'État ou de gouvernement des États de la zone euro et après consultation du Parlement
européen.

Sa mission première est d’avoir un taux d’inflation stable autour de 2 %. Son objectif est que l’euro
soit une monnaie crédible au niveau international : une monnaie dans laquelle on souhaite placer
son argent car on sait qu’il ne perdra pas de valeur  rappel : l’inflation fait perdre de la valeur à la
monnaie ce qui défavorise les épargnants, les créanciers.
En outre, la plupart des Etats européens ont des déficits qu’ils doivent financer notamment en
émettant des obligations et/ ou des bons du trésor. Si une monnaie est faible, ou si le taux d’intérêt
qui rémunère l’argent qu’on lui prête (tx d’intérêt servi aux créanciers est en lien avec le taux
directeur de la banque centrale), aucun investisseur ne souhaitera financer les déficits publics. En
outre, la BCE n’a pas le droit de prêter directement aux Etats (pour éviter que les Etats n’en abusent
et ne créent trop de monnaie  but= protéger la valeur de la monnaie)

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La banque centrale européenne utilise donc le taux d’intérêt directeur
- pour agir sur le niveau d’inflation : hausse du taux pour lutter contre l’inflation (comme
c’est le cas depuis 2022), ou baisse du taux pour faire augmenter l’inflation si celle-ci est
trop basse (ce qui fut le cas en 2015 et 2016 en Europe)
- pour stimuler la croissance (et agir sur le chômage) : elle peut alors réduire le taux d’intérêt
directeur pour relancer l’économie (ce fut un peu le cas suite à la crise de 2008 ou durant la
crise covid)
- la banque centrale peut donc être tiraillée entre deux objectifs contradictoires : soutenir
l’économie ou maintenir le taux d’inflation faible à 2 % : c’est ce qui s’est passé suite à la
crise de 2008 puisque dans un premier temps la BCE a baissé ses taux d’intérêt pour relancer
l’économie qui s’effondrait, mais pas suffisamment car elle redoutait que l’inflation
n’augmente. La Fed (Banque centrale américaine) a baissé ses taux directeurs à 0 % dès le
début de la crise des subprimes. La BCE attendra 2015 pour le faire.
- Source : Caisse des dépôts et consignations, 2021
-
TRES IMPORTANT !!!!
En rejoignant l’euro, la France a donc renoncé à sa souveraineté monétaire. Concrètement cela
signifie qu’il n’existe désormais qu’une seule politique monétaire, mise en place par la BCE, pour
l’ensemble de ses 20 pays, quelle que soit leur situation économique respective que ce soit par
rapport à leur taux de croissance, leur taux de chômage, ou leur taux d’inflation. Le taux directeur
décidé par la BCE, s’applique donc à l’ensemble des économies de la zone euro.

Voyons comment la BC américaine et la BCE ont fait varier leur taux directeur respectif depuis 1999.

Source : Fed et BCE, 2024

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