Cours de Développement Durable 2
Cours de Développement Durable 2
Cours de Développement Durable 2
Les préoccupations sur le couple économie et environnement propre occupent une place
importante dans la formation universitaire. Ce cours destiné aux futurs experts en
développement a pour objectif de leur fournir une somme des données sur la question et sur
les mesures de développement durable.
Deux approches s’affrontent : la durabilité forte et la durabilité faible (développement
désirable). Les expériences fournies en ce qui concerne les mesures (indicateurs) sont puisées
dans les pratiques européennes. Les pays africains semblent marquer un net retard en la
matière. Bien que participant faiblement à la détérioration du capital physique, ils n’ont pas
encore intériorisé la notion de responsabilité partagée.
L’enjeu pour eux est de concilier retard de développement industriel et nécessité de
renouveler le capital naturel. L’espoir attendu pour nous est de voir les experts prendre
conscience et imaginer les formules qui puissent déboucher à des équilibres entre processus
de l’industrialisation, équité sociale et environnement sain à trois niveaux : local, provincial et
national, avant de penser global.
Chapitre 1. Définition et discussions sur le thème de développement durable
Le développement durable se veut un processus de développement qui concilie l'écologique,
l'économique et le social et établit un cercle vertueux entre ces trois pôles : c'est un
développement, économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement
soutenable.
Il est respectueux des ressources naturelles et des écosystèmes, support de vie sur Terre, qui
garantit l'efficacité économique, sans perdre de vue les finalités sociales du développement
que sont la lutte contre la pauvreté, contre les inégalités, contre l'exclusion et la recherche de
l'équité.
Une stratégie de développement durable doit être gagnante de ce triple point de vue,
économique, social et écologique. Le développement durable suppose que les décisions et
comportements humains parviennent à concilier ce qui semble pour beaucoup inconciliable,
parviennent à élargir leur vision : il impose d’ouvrir notre horizon temporel sur le long terme,
celui des générations futures, et notre horizon spatial, en prenant en compte le bien-être de
chacun, qu'il soit habitant d'un pays du Sud ou du Nord, d'une région proche, de la ville ou du
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Si l’on en croit les données démographiques, il y a de fortes chances pour que la Terre soit
peuplée de 10 milliards d’êtres humains avant le milieu du siècle.
Quatre milliards de bouches supplémentaires à nourrir, dont la plupart se trouveront sans
doute dans les mégalopoles du tiers-monde.
Quatre milliards d’hommes qu’il faudra loger, chauffer, éclairer alors que 800 millions de
personnes souffrent toujours de faim à l’heure actuelle, qu’un milliard et demi n’ont pas accès
à l’eau potable et deux milliards ne sont pas raccordés aux réseaux d’électricité !
Or, en 2050, si chaque habitant des pays en développement consomment autant d’énergie
qu’un Japonais en 1973, la consommation mondiale d’énergie sera multipliée par quatre !
Certes, en l’espace de seulement un demi-siècle, le niveau de vie d’une partie de l’humanité a
plus évolué que pendant deux millénaires. Mais en contrepartie, les catastrophes industrielles
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n’ont cessé de se multiplier : Tchernobyl, Seveso, Bhopal, Exxon Valdez pour ne citer que les
plus graves. Sans oublier les dégâts écologiques inquiétants : pollution de l’air et de l’eau,
disparitions des espèces animales et végétales, déforestation massive, désertification….
D’où ces questions fondamentales :
Comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre
naturel de la planète ?
Comment répartir les richesses entre les pays riches et ceux moins développés ?
Comment donner un minimum de richesses à ces millions d’hommes, de femmes et
d’enfants encore démunies à l’heure où la planète semble déjà asphyxiée par le
prélèvement effréné de ses ressources naturelles ?
Comment faire en sorte de léguer une terre en bonne santé à nos enfants ?
C’est pour apporter des réponses concrètes à ces questions qu’est né le concept de
développement durable ; un concept que l’on résume aujourd’hui d’une simple phrase :
"un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs".
Le développement durable est une expression dont la définition la plus explicite demeure
notre capacité à satisfaire nos besoins présents sans compromettre ceux des générations
futures, ceci à l'échelle mondiale bien évidemment.
Pour y parvenir, les entreprises, les pouvoirs publics et la société civile devront travailler main
dans la main afin de réconcilier trois mondes qui se sont longtemps ignorés : l’économie,
l’écologie et le social. À long terme, il n’y aura pas de développement possible s’il n’est pas
économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable.
Comment est née la notion Développement Durable ?
Le développement durable est une notion qui vient de l’extérieur, de l’international.
Tout commence véritablement dans les années 1960 avec les premières critiques du mode de
croissance productiviste. Le Club de Rome, club d’industriels fondés en 1968, est à la tête de
ce mouvement.
En 1972, ils commandent une étude à une équipe du M.I.T. (Massachusetts Institute of
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Technologie) dirigée par Dennis Meadows. Ces chercheurs publient alors un ouvrage
désormais célèbre qui a pour titre « Halte à la croissance ».
Face à la surexploitation des ressources naturelles liée à la croissance économique et
démographique, cette association, prône la croissance zéro : seule croissance capable de
concilier évolution démographique exponentielle et quantité limitée de ressources naturelles.
C’est dans ce climat de confrontation et non de conciliation entre l’écologie et l’économie que
se tient la Conférence des Nations Unies sur l'environnement de 1972, à Stockholm, en
Suède. Les thèmes centraux de la Conférence étaient :
L'interdépendance entre les êtres humains et l'environnement naturel
Les liens entre le développement économique et social et la protection de
l'environnement
La nécessité d'une vision mondiale et de principes communs
Des personnalités comme Maurice Strong, organisateur de la Conférence, puis le professeur
René Dubois, Barbara Ward et Ignacy Sachs, insistent sur la nécessité d’intégrer l’équité
sociale et la prudence écologique dans les modèles de développement économique du Nord et
du Sud. Il en découlera la création du Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE) ainsi que le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD).
Le concept d’écodéveloppement est alors mis en avant.
Mais plus le temps passe, plus la société civile prend conscience de l’urgence de mettre en
place une solidarité planétaire pour faire face aux grands bouleversements des équilibres
naturels. Ainsi, au cours des années 1980, le grand public découvre les pluies acides, le trou
dans la couche d’ozone, l’effet de serre, la déforestation et la catastrophe de Tchernobyl !
L’ensemble de l’opinion publique a été sensibilisé au « problème du climat » en particulier
par le risque de destruction de la couche d’ozone. Ce mouvement a été lancé à la conférence
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de Montréal en bannissant les CFCS. Ce fut une victoire symbolique majeure. Le problème de
la couche d’ozone est présenté comme un mythe fondateur. Même si la preuve totale n’a
jamais été faite, l’ensemble de la population mondiale y croit.
D’autres phénomènes se développent comme
-la biodiversité,
-le principe de précaution
– la charge de la preuve n’appartient pas à l’accusation,
-la gestion des risques.
Dès 1980, l’UICN parle pour la première fois de Sustainable Development (traduit à
l’époque par développement soutenable). Mais le terme passe presque inaperçu.
En 1987, cette commission remet le rapport dit « rapport Brundtland », qui a pour titre « Our
common future » (« Notre avenir à tous »). Ce rapport introduit une rupture fondatrice dans la
conception des gouvernements sur les relations entre l’environnement et les politiques
publiques et prône le concept de « sustainable development », développement durable ou
soutenable.
C'est en juin 1992, au premier ''Sommet de la Terre'' organisé par les Nations Unies qu'est
consacré le terme de ''développement durable''. 170 chefs d'états et de gouvernements signent
un programme d'actions pour le XXIème siècle : l'Agenda 21 qui en dresse les objectifs.
des individus et non plus sur l’atteinte d’objectifs démographiques. Les objectifs fixés
sont : l’accès universel à la planification familiale d’ici 2015, l’intégration des
problèmes de développement dans les politiques visant un développement durable, le
renforcement de l’autonomie des femmes, la prise en compte des facteurs
sociodémographiques dans les politiques environnementales.
Le Sommet mondial pour le Développement Social de Copenhague (1995) a vu
l’adoption par 128 chefs d’Etats et de gouvernements de la Déclaration sur le
Développement Social, qui vise à faire face aux trois fléaux se développant dans tous
les pays du monde : la pauvreté, le chômage et la désintégration sociale. Les Etats
s’engagent "à faire de la lutte contre la pauvreté, de la réalisation du plein-emploi et de
l’instauration d’une société où régneront la stabilité, la sécurité et la justice, leur
objectif suprême".
La Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing (1995) engage la
communauté internationale au service de la promotion de la femme.
L’interdépendance entre la promotion de la femme et les progrès de la société y est
réaffirmée, de même que la nécessité d’aborder tous les problèmes de société sous un
angle sexo-spécifique. La participation des femmes est une condition essentielle à
l'élimination de la pauvreté, d’une croissance économique soutenue, du
développement social, de la protection de l'environnement et de la justice sociale.
La Deuxième Conférence sur les établissements humains à Istanbul (Habitat II, ou
Sommet des Villes, 1996) constitue un tournant dans les efforts internationaux en
faveur de la durabilité sociale et environnementale des villes. Il y est reconnu que des
politiques, des stratégies et des actions plus intégrées et participatives sont nécessaires
pour rendre les villes et les communautés du monde entier plus sûres, plus saines et
plus justes. Par la Déclaration d’Istanbul, le droit au logement est reconnu comme
partie intégrante des droits de l’homme, ainsi que l’absolue nécessité d’un accès de
tous aux systèmes nécessaires à une vie saine (eau potable, assainissement, évacuation
des déchets, éducation, transports et autres infrastructures urbaines). Les Etats
s’engagent à deux objectifs : un logement convenable pour tous et le développement
d’établissements humains viables en ce qui concerne l’environnement, les droits de
l’homme, le développement social, les femmes et la population dans le contexte
spécifique de l’urbanisation. Habitat II constitue un précédent historique en intégrant à
ses délibérations des représentants des autorités locales, des organisations non
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Le sommet de Johannesburg
Dix ans après Rio, s'est tenu le 4 septembre 2002 le Sommet mondial pour le développement
durable à Johannesburg (Afrique du Sud). Initialement, il était question de faire le point sur la
concrétisation des engagements pris à Rio mais il apparaît que les conventions sur le
changement climatique et la biodiversité n’ont pas été à la hauteur des enjeux.
Cependant, malgré ces premiers échecs, les conventions signées à Rio ont été le point de
départ de nombreuses actions dans la plupart des pays signataires. Les industriels ont investi
rapidement dans les technologies propres, les organisations non gouvernementales se sont
étoffées, les budgets gouvernementaux liés à l’environnement ont augmenté, le principe de
précaution est devenu une priorité qui a notamment permis un moratoire européen sur les
organismes génétiquement modifiés… Partout dans le monde, les citoyens s’expriment de
plus en plus en faveur d’une nouvelle solidarité, du progrès social, du commerce équitable et
du respect de l’environnement.
Accord de Cancùn : des réactions nuancées.
Parmi les ''avancées'' saluées par les politiques et les ONG figurent l'adoption d'un Fonds vert
de 100 milliards de dollars par an dès 2020 pour aider les pays en développement et d' un
mécanisme de lutte contre la déforestation tropicale (REDD+), ''qui prend en compte la
préservation de la biodiversité et les droits des populations forestières''.
Vers l'abandon du protocole de Kyoto ?
Autre bémol : si l'objectif, déjà acté à Copenhague, de limiter à 2° l'augmentation de la
température moyenne du globe est réaffirmé, aucun engagement, pays par pays, n'a été pris de
réduction d'émission de gaz à effet de serre. Aucun calendrier n'a été fixé pour renouveler les
objectifs de réduction des pays industrialisés alors que le premier cycle d'engagements prend
fin en 2012''.
Rien ne semble obliger les pays industrialisés à poursuivre le processus, sinon un engagement
formel à Durban en 2011. Car le Japon et la Russie refusent de reconduire Kyoto qui arrive à
terme en 2012 si tous les grands émetteurs, Chine autant qu'Etats-Unis, ne s'y rallient pas.
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de la mise en ¦œuvre des modèles d'exploitation des ressources naturelles ou des besoins des
sociétés de plus en plus consommatrices. Dresser un bilan des " consommations " passées,
présentes ou à venir et de leurs répercussions sur la croissance économique devient en enjeu
nouveau des politiques économiques
A. Une croissance économique attentatoire à l'environnement
1. Les causes d'une croissance économique accélérée
o L'explosion démographique a contribué à accroître les besoins de l'humanité et l'exploitation
des ressources naturelles. La demande nutritionnelle ou économique a tendance à s'accroître
non seulement en fonction du nombre, mais aussi par la nécessité du développement social, de
l'élévation du niveau de vie ou de l'urbanisation.
o La croissance de la population mondiale s'accompagne d'une concentration des hommes et
d'importantes mutations spatiales. Les phénomènes d'urbanisation massive s'accompagnent de
problème de gestion et d'allocation des ressources. Ces poussées urbaines sont aussi des
facteurs importants de pollution.
2. Les conséquences de la croissance démographique et économique sur l'environnement
o Au fur et à mesure que la population s'accroît ou se concentre, l'essor productif et la
diversité des besoins (agricoles, industriels, énergétiques, hydrauliques, technologiques)
pèsent de plus en plus sur l'exploitation des ressources naturelles. Les modes de production et
de consommation de la société industrielle portent atteinte non seulement aux patrimoines
collectifs, mais encore menacent les conditions mêmes de la vie, d'autant plus qu'ils génèrent
des comportements inconscients ou s'accompagnent de gaspillages.
o La question de gestion et de la consommation de ressources dont les potentialités sont
finies, se pose avec force. Cela est vrai des combustibles fossiles (pétrole en particulier),
comme de l'eau. La gestion des eaux continentales pose aussi bien des problèmes de pénurie
que de sécurité et de santé. . La ressource a été longtemps considérée comme gratuite et
inépuisable, ce qui est loin d'être la réalité. De même, la disparition de la forêt s'est
accompagnée d'une déstructuration des sols (latéralisation) et d'une régression agricole et
sociale.
o L'accès aux ressources et les tensions démographiques sont appelés à s'accroître rapidement
avec l'augmentation de la demande liée à la croissance des populations et à leur accès au
développement.
Si l'on se réfère aux projections démographiques établies par l'ONU, à l'horizon 2025, la
population mondiale atteindrait environ 8 milliards d'individus. L'augmentation des demandes
ne peut que s'accompagner d'une exploitation accélérée de l'environnement et des ressources
naturelles, avec les moyens techniques souvent peu adaptés à une saine gestion des
prélèvements ou des mises en valeur.
o La couverture des besoins de base devra s'accompagner d'une diversification des régimes
alimentaires et d'une amélioration de leur qualité. Cela implique une intensification des
productions, voire une extension, avec des risques ou des contraintes particulières comme
l'approvisionnement en eau où se profilent des pénuries sans rationalisation des
consommations et régulation des différentes utilisations en concurrence.
o L'inégalité dans la répartition des ressources et dans les niveaux de développement rend plus
aiguës les disparités d'accès aux ressources. Un milliard d'hommes utilisent une grande partie
des richesses de la planète, et participent massivement à l'exploitation de l'énergie, des forêts,
des minerais, des produits de l'agriculture..., y compris des richesses qui sont dans les pays en
développement. De ce fait, ils contribuent, pour une grande part, aux atteintes qui menacent
les équilibres vitaux.
On ne peut donc que redouter la diffusion du modèle de croissance dans l'ensemble des pays
qui aspirent à des conditions de vie comparables à celles des pays industrialisés.
B. Une prise de conscience récente des risques liés à la poursuite d'un tel modèle de
croissance
1. L'émergence de la notion d'économie et de politique économique de l'environnement
o Pendant longtemps, les économistes classiques ont considéré la terre et les ressources
naturelles comme un don gratuit. Ce sont des facteurs productifs inépuisables (Jean-Baptiste
Say), non reproductibles avec une offre déterminée et des rendements décroissants (T. R.
Malthus) à l'origine de rentes différentielles (propriété de la terre). C'est ainsi que Jean-
Baptiste Say écrivait en 1829 : " Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela,
nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant pas être multipliées ou épuisées,
elles ne font pas l'objet des sciences économiques ". L'économie a eu tendance à être
considérée comme dissociée de l'environnement : " L'économie débouche sur la simple
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contemplation des équilibres internes, abstraction explicitement faite de tout ce qui concerne
le vivant. La rupture est totale ".
Il introduit donc la notion de substitution entre les sources d'énergie et celle de l'avancée
technologique capable de produire une énergie inépuisable à un coût élevé mais
constant.
3.La vision qui découle des théories récentes est celle de la " destruction créatrice " dont
Prigogine est un des premiers propagateurs et qui s'apparente à la théorie du " chaos ".
La notion de développement durable a d'abord été popularisée par le rapport de la
4.Commission Bruntland, intitulé " Our Common Future " (Notre avenir à tous) publié en
1987 et diffusé par la Commission mondiale sur l'Environnement et le Développement.
L'auteur identifie les problèmes économiques les plus importants qui menacent ou
entravent les développements des pays du sud :
a)croissance démographique,
b)surexploitation des sols et des pâturages,
c)déforestation,
d)désertification,
e)changements dans les paramètres qui assurent la stabilité du climat ou introduisent
des modifications.
Mais, dans le même temps, comme l'idée que la croissance économique puisse participer à la
protection de l'environnement est de plus en plus admise, ne convient-il pas, plutôt que de
réduire la croissance, de répondre aux besoins sans obérer la demande à venir en mettant les
mécanismes de l'économie au service de l'environnement ?
Il s'agit d'une approche écologique du développement (ressources renouvelables). Dans tous
les cas, le développement durable repose sur de nouvelles règles de gestion et sur une
dimension politique internationale. L'OCDE, par exemple, le considère comme " la mise en
¦œuvre de l'ensemble des moyens économiques permettant d'assurer aux générations futures et
présentes leur bien-être
4o Certains modèles, comme celui de Pareto, visent à définir une optimisation de
l'interaction entre croissance et pollution. Le débat est à l'origine d'un foisonnement
théorique, mais tout autant dans la recherche des impacts et d'une approche coût-avantage.
II. Relations entre économie et environnement : perspective historique
Les économistes classiques, dont Smith, Malthus et Ricardo, avaient quasiment tous, dans
leurs écrits, fait allusion à un état stationnaire inéluctable à long terme. La croissance
économique ne leur semblait donc pas possible dans un long terme.
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La rareté absolue (Malthus) ou relative (Ricardo) de la terre, le fait que le terre soit un input
essentiel à la production et la croissance de la population, ne pouvaient qu’engendrer des
rendements décroissants en agriculture, forcer le salaire au niveau de subsistance, réduire les
profits et l’accumulation de capital, et donc, mener à un état stationnaire à long terme.
Au vingtième siècle, les néo-classiques n’ont plus considéré la terre comme un input
nécessaire à la production, mais, dès les années trente, deux personnes ont contribué à créer ce
qui sera appelé plus tard, vers les années soixante-dix, l’économie des ressources naturelles
(Hotelling, via l’analyse de l’exploitation des ressources épuisables) et l’économie de
l’environnement (Pigou, via l’économie du bien-être et l’analyse des externalités).
Avec le développement de l’analyse économique des problèmes environnementaux, à côté de
chercheurs assez modérés, se sont opposés deux courants de penseurs qu’on pourra baptiser
d’optimistes et de pessimistes. Ces derniers, regroupés au sein du Club de Rome, ont publié
en 1972 le livre « Limits to Growth » et vingt ans plus tard, sa suite : « Beyond the Limits ».
Ils y affirment que si les tendances actuelles (économiques et environnementales) se
perpétuent, beaucoup de ressources naturelles seront épuisées, ce qui limitera, voire
empêchera toute croissance future. Comme les classiques, il y a, pour les pessimistes, un
mouvement inéluctable vers l’état stationnaire. Ces chercheurs parlaient donc déjà de
développement ou de croissance économique non soutenable, sans utiliser ces termes. Au
contraire de ce courant de pensée, des optimistes, comme Julian Simon (« the Ultimate
Resource ») ou Lomborg (« The Skeptical Environmentalist ») notent que les problèmes
environnementaux actuels sont moindres qu’avant et que ce qui est généralement décrit, que
la rareté des ressources va s’inverser grâce aux ressources alternatives qui pourront
économiquement se développer et que la croissance économique favorise la qualité de
l’environnement au delà d’un certain niveau de développement (courbe de Kuznets).
Les deux courants de pensée peuvent facilement être critiqués mais ils gardent un mérite
important, celui d’amener le débat du rapport entre les ressources naturelles et la croissance et
donc du développement durable ou soutenable.
Economie environnementale et développement durable
En plus des deux branches de l’économie environnementale au sens large que sont l’économie
des ressources naturelles et l’économie de l’environnement, et qui appliquent toutes deux les
méthodes d’analyse économique néo-classique à des problèmes d’environnement, une
troisième branche, l’économie écologique, a vu le jour à la fin des années quatre-vingt.
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Cette discipline part du principe que l’environnement ne peut qu’être étudié de manière
interdisciplinaire entre l’économie et les sciences naturelles (essentiellement l’écologie et la
thermodynamique). Le cadre d’analyse dépasse celui de l’économie néo-classique puisque le
système économique est maintenant perçu comme faisant partie d’un système plus large, la
terre. Cela ne remet pas en cause toute l’économie de l’environnement et l’économie des
ressources naturelles mais seulement sa mise en perspective.
Cela signifie donc que le développement durable peut être analysé – économiquement – de
manière plus économique ou plus écologique en fonction de son appartenance à l’une ou
l’autre des deux grandes écoles.
Les deux visions du développement durable ou soutenable
Il n’est pas utile de revenir sur la multiplicité des définitions du développement durable ni de
les critiquer une à une. Les critiques montrent simplement que le développement durable
reste une notion très floue (Solow, 1991). L’analyse économique proposée ici peut se baser
sur la définition la plus utilisée et la plus citée, celle du Rapport Bruntland (WCED, 1987,
p.43) : « sustainable development is development that meets the needs of the present without
compromising the ability of future generations to meet their own needs ».
Les interprétations et recherches économiques qui suivirent donnèrent naissance à deux
concepts de soutenabilité : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte, qui semblent
étroitement liés à d’une part l’économie de l’environnement et des ressources naturelles et
d’autre part, l’économie écologique.
La soutenabilité faible
Le rapport Bruntland peut être vu comme ayant proposé une définition assez économique,
acceptant la croissance à condition de gérer les ressources pour maintenir une capacité de
production, et donc un bien-être (ou un niveau de consommation ou une utilité en vocabulaire
économique) au moins équivalent dans le futur. Comme le capital donne la possibilité de
générer du bien-être économique par la création de biens et services, la soutenabilité faible
exige que le stock de capital ne diminue pas dans le temps.
Ce stock de capital comprend à la fois le capital physique, construit (écoles, routes, bâtiments,
…) et le capital naturel, englobant les actifs naturels fournissant des services économiques et
écologiques dans le temps.
La soutenabilité faible, fréquemment baptisée règle de Hartwick (voir Hartwick, 1977) ou
parfois règle de Solow, grâce aux études de ces deux économistes à ce sujet, rend possible la
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substitution entre le capital naturel et le capital physique. L’un peut diminuer à condition que
l’autre augmente au moins d’autant afin de maintenir l’agrégat constant ou en croissance.
Autrement dit, la réduction de capital naturel – utilisation d’une ressource épuisable par
exemple – peut être compensée par un accroissement du capital physique de la même valeur,
ce qui permettra de garder le stock de capital constant et partant, la possibilité de créer dans le
futur au moins autant de biens et services.
Vu autrement, la soutenabilité faible propose de maintenir la dotation en capital et de vivre
avec le flux de revenus. L’analogie avec un héritage ou un placement bancaire est
immédiate : un million d’Euros (assimilé à l’agrégat en capital), placé à cinq pour cent donne
un intérêt de cinquante milles Euros par an. Une dépense annuelle équivalente à ce montant
permet de vivre de manière soutenable, avec le flux de revenu, sans entamer le capital et donc
sans nuire aux générations futures.
Cela dit, quelques problèmes restent en suspens : comment valoriser ce capital naturel,
comment valoriser le futur, comment savoir si le bien-être est correctement mesuré par le
PIB ? Ces questions seront abordées au point suivant. Par ailleurs, d’aucuns estiment qu’il
existe des limites à la substitution entre le capital naturel et physique. C’est dans ce domaine
que se situe la différence essentielle entre la soutenabilité faible et la soutenabilité forte.
La soutenabilité forte
Si la soutenabilité faible préconise une non décroissance du bien-être, de la consommation ou
de l’utilité dans le temps, via une non décroissance du stock de capital (capital physique et
capital naturel), la soutenabilité forte, elle, part du principe que le capital naturel détermine le
bien-être de l’homme et devient un facteur limitant de la croissance. Elle nécessite donc une
non décroissance dans le temps du stock de capital naturel et partant, elle met en avant le
caractère écologique de la soutenabilité en opposition avec la dominante économique de la
soutenabilité faible.
La non décroissance du capital naturel se justifie, pour les adeptes de la soutenabilité forte,
par les limites aux possibilités de substitution entre capital naturel et capital physique et par le
risque non négligeable d’irréversibilités et d’incertitude (préconisant alors une politique liée
au principe de précaution) en cas d’exploitation intense des ressources naturelles.
Le maintien du stock de capital naturel permet de diminuer certains de ses composants si
d’autres augmentent de manière proportionnelle. Mais ici encore, comme pour la
soutenabilité faible, viennent les problèmes de la mesure (valorisation) d’une réduction d’un
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composant du capital naturel par rapport à une augmentation d’un autre de ses composants et
de la valorisation de ce capital naturel (ou de sa perte) dans le PIB.
Par ailleurs, les notions écologiques et d’équité étant privilégiées par rapport aux notions
économiques, en soutenabilité forte, l’argument de non décroissance du capital naturel global
empêche toute pollution nette, donc, in fine, toute croissance économique (vu que le capital
naturel est un input pour la production de biens et services). De même, les générations futures
ont autant de valeur que les générations présentes ; le futur n’est donc pas valorisé de manière
économique. On rejoint donc ici des propos semblables à ceux défendus il y a plus de trente
ans déjà par les chercheurs du Club de Rome.
Exemple de la soutenabilité forte
Environnement et la courbe de Kuznets
La courbe de Kuznets décrit la relation entre le niveau de développement d'un pays (mesuré
en PIB/hab) et son niveau d'inégalité. Elle s'inspire des travaux de Simon Kuznets parus en
19551 sur le développement économique des années 1950.
Présentation générale
niveau général de l'éducation, parce que tous ne peuvent directement financer leur
formation.
La courbe de Kuznets montre un graphique en U inversé : l'axe des ordonnées représente les
inégalités ou le coefficient de Gini généralement confondus ; l'axe des abscisses représente le
temps ou le revenu par tête.
Le ratio de Kuznets mesure la proportion du revenu perçu par les 20 % gagnant le plus, divisé
par la proportion du revenu perçu par les 20 % les plus pauvres d'une société. Une valeur de 1
signifierait une parfaite égalité.
Kuznets proposait deux raisons pour expliquer ce phénomène historique :
les travailleurs se sont déplacés de l'agriculture vers l'industrie
les travailleurs ruraux sont devenus urbains
Dans ces deux explications, les inégalités décroissent après que 50 % de la main d'œuvre a été
employée dans un secteur à plus hauts revenus. Les économistes, des économistes
classiques jusqu’à Marx ont utilisé les théories du différentiel de qualification et de
l’agglomération du capital dans les jeunes économies pour d’autres explications de la courbe
de Kuznets.
Critique de la courbe de Kuznets
La courbe de Kuznets, apparue dans les années 1950, selon laquelle les inégalités se
réduiraient « mécaniquement » avec le développement économique d'un pays sont aujourd'hui
largement discutées tant du point de vue empirique que théorique.
Critique méthodologique
Kuznets utilise des données croisées provenant de pays différents mais sur une même
période. Ceci empêche d’utiliser des données dans le temps pour observer une progression
individuelle du développement économique du pays.
Ses données portaient surtout sur des pays à revenu intermédiaire d'Amérique latine où
les inégalités sont grandes depuis longtemps. Si on contrôle cette variable, la forme en U
inversé disparaît.
Enfin, la forme en U inversé de sa courbe ne semble pas tant tenir à la progression du
développement économique de chaque pays que de différences historiques entre ces pays
("sentiers de croissance").
Critique théorique
D'un point de vue théorique, Thomas Piketty (2005)2 remet en cause la stricte causalité
supposée par la courbe de Kuznets entre le niveau de développement et les inégalités de
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revenu. On pourrait croire, au vu de cette relation, que l'accroissement dans le temps des
inégalités d'un pays est un phénomène "naturel" qui se résout de lui-même dans le temps, de
façon endogène.
Or T. Piketty montre, sur des données françaises et américaines, que la réduction des
inégalités n'est pas mécaniquement associée à la croissance du PIB par habitant.
Historiquement, elle a surtout été liée à des événements inattendus affectant le capital (guerre,
inflation, catastrophes) et par l'impôt (sur le revenu notamment).
Il est probable que, fondant son intuition dans les années 1950 à un moment où les gains de
productivité étaient encore très importants, Kuznets ait succombé à l'optimisme des Trente
Glorieuses.
L'enjeu est pourtant de savoir s'il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de
redistribution (par l'impôt) pour réduire les inégalités de revenus, ou si on peut attendre
qu'elles se résorbent d'elles-mêmes avec le développement.
La courbe environnementale de Kuznets
Origine
Validité empirique]
Cependant, d'après une récente étude de Meunié (2004), « non seulement cette courbe n’est
décelée que pour quelques polluants aux effets localisés, mais même dans ce cas, de
nombreuses critiques méthodologiques fragilisent [sa] portée »4. Cette relation se révèle vraie
pour certains polluants localisés (comme le dioxyde de soufre ou le dioxyde d'azote), mais on
dispose de moins de preuves pour d’autres polluants aux effets plus globaux sur
l’environnement.
Par exemple, la consommation d’énergie, l'occupation ou l'exploitation de la terre ainsi que
l’usage des ressources naturelles (ce que l’on appelle l’empreinte écologique) ne se réduisent
pas avec l’augmentation du revenu. Alors que le ratio énergie par PIB net baisse, l’énergie
consommée totale continue d’augmenter dans la plupart des pays développés. De plus,
beaucoup de services naturels produits par les écosystèmes comme la fourniture et la
régulation de l’eau douce, la fertilité des sols et de la pêche continue de décroître dans les
pays développés. On objectera également que le modèle ne tient pas compte du caractère
global des écosystèmes vivants : d'un point de vue environnemental, il est fallacieux de
déclarer une baisse de la pollution dans un pays si celle-ci n'est qu'exportée au-delà des
frontières géographiques des données recueillies, par exemple en sous-traitant, pour des biens
assemblés en France, la fabrication de composés toxiques en Chine.
En général, les courbes de Kuznets peuvent être mises en évidence dans quelques données
concernant certains questions environnementales locales (comme la pollution de l’air) mais ce
n’est pas le cas d’autres (comme le renouvellement des sols ou la biodiversité). On doit aussi
ajouter que les effets de changement climatique comme la disparition d’espèces et la perte de
biodiversité est irréversible.5
Valorisation du futur, du bien-être et des biens environnementaux
Valorisation du futur : actualisation
L’actualisation est un calcul économique permettant de déterminer la valeur d’un ou plusieurs
montants futurs en date d’aujourd’hui. Ce principe économique répandu et conforme aux
comportements des agents économiques est en adéquation avec la soutenabilité faible mais
pas avec la soutenabilité forte.
L’actualisation est par exemple utilisée lorsqu’on compare des coûts à supporter de suite et
dont l’investissement va rapporter des bénéfices dans le futur. Afin de savoir si
l’investissement est rentable, on compare les données en valeurs actuelles. Le problème qui
26
nous concerne plus particulièrement tient dans la différence d’horizon temporel entre les
investissements économiques et écologiques. En effet, si un horizon économique standard se
mesure en plusieurs années (5 à 10 généralement), un horizon écologique peut s’étendre sur
plusieurs centaines d’années. Par conséquent, le processus d’actualisation présente un biais
évident contre le futur pour des problèmes environnementaux de long terme tels les
changements climatiques ou la protection des forêts.
Dans ces circonstances, on peut alors se demander pourquoi il convient néanmoins de
procéder à une actualisation. La réponse tient dans la nécessité d’une utilisation efficiente du
capital. Les ressources disponibles étant rares, économiquement, il est souhaitable d’investir
l’argent public là où cela procure le gain de bien être le plus grand pour la société.
Le taux d’actualisation peut néanmoins être révisé dans le cas de problèmes
environnementaux sur un très long terme (en fonction, par exemple, du taux de rendement des
bons d’Etat à long terme) et il peut même, dans certains cas, spécifiques et rares, avoir une
valeur négative (Portney et Weyant, 1999). Les critiques (nombreuses) sur le taux
d’actualisation ne sont pas des éléments probants pour réfuter, dans la globalité, cette
technique économique de calcul, qui doit néanmoins être adaptée et corrigée en fonction des
spécificités de certains problèmes environnementaux.
Valorisation des biens environnementaux : le capital naturel
exacte et sont donc imparfaites. De plus, certains actifs environnementaux à priori sans
valeur peuvent néanmoins en avoir une (Heal, 2000, donne l’exemple d’une variété de riz non
commercialisé qui a permis de lutter contre un virus décimant le riz commercialisé récolté en
Asie).
Valorisation du bien-être et de la croissance économique – le PIB
maximum soutenable et la nécessité d’un prix pour la ressource, vont dans la bonne direction.
Mais cela ne signifie pas que ces corrections sont suffisantes. Encore convient-il de gérer
correctement le problème de l’actualisation et des autres valorisations environnementales et
les modifications de calcul du PIB.
Ces techniques restent bien évidemment économiques. Elles ne prétendent donc pas
déterminer ce qui est soutenable ou pas dans sa globalité mais simplement ce qui est
soutenable dans la perspective d’une allocation efficiente des ressources rares.
Le Costa Rica et Merck (groupe pharmaceutique) ont un accord de versement d’un montant
brut pour la collection de spécimens locaux et de royalties en cas de commercialisation de
médicaments par le groupe pharmaceutique. Cela permet au Costa Rica de négocier en cash,
le cas échéant, sur le marché financier un paiement hypothétique futur avec transfert de
risque. Cet accord est donc réalisé au bénéfice des deux parties et du bien-être social
III. La préservation de l'environnement est aujourd'hui admise comme l'un des moteurs
de la croissance
Le débat, même s'il a rapidement évolué, demeure conflictuel, mais inéluctable. Économie et
écologie sont-elles compatibles ? Gestion de l'environnement et développement économique
ne sont-ils pas un des grands enjeux de notre époque ? Quelles sont les implications des
politiques de l'environnement sur l'emploi ?
Il ne s'agit plus uniquement " d'internaliser " les effets externes, mais d'intégrer de
nouveaux concepts comme les modèles de la croissance endogène et du développement
durable, c'est-à-dire une gestion plus rationnelle des ressources renouvelables, la satisfaction
de la demande sociale, sans compromettre la capacité des générations à venir à assurer leurs
besoins en intégrant le capital naturel au capital productif et en permettant l'accès au progrès
de l'ensemble des populations mondiales
A. La définition de nouveaux rapports entre croissance et environnement
1. Théorie de la croissance endogène :
o Les modèles théoriques de la croissance endogène s'inscrivent dans ce courant. Ils prennent
en compte
-les rendements d'échelle constants ou croissants et traitent le progrès technique de
façon endogène .
30
Face aux interrogations sur les voies du développement durable (économiquement efficace,
socialement équitable et écologiquement soutenable), le besoin d’une stratégie et
d’un arsenal statistique appropriés se fait sentir. De nombreux pays et organisations
internationales ont privilégié une approche pragmatique fondée sur un corpus d’indicateurs
statistiques, censés refléter les diverses dimensions du développement durable.
L’empreinte écologique recourt quant à elle à des facteurs d’équivalence en hectares globaux
pour mesurer la surface biologique nécessaire à la survie d’une population donnée.
Même si ces indicateurs peuvent éclairer utilement telle ou telle facette du développement
durable, aucun n’a encore réussi à s’imposer comme référence internationale univoque
en la matière, ne serait-ce qu’en raison des choix normatifs qu’ils recouvrent. À moyen terme,
il paraît difficile de s’affranchir d’une démarche comptable renouvelée intégrant
l’environnement. Élaborée dans un cadre international harmonisé, elle devrait permettre de
mieux décrire les interactions entre l’économie et l’environnement. Sa généralisation reste
conditionnée à la mise en place d’outils statistiques adéquats.
34
En 1992, le sommet de Rio, tenu sous l’égide des Nations Unies, officialise la notion de
développement durable et celle des trois piliers (économie/écologie/social) :
un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement
soutenable.
Il affirme par ailleurs la nécessité de disposer d’une information quantitative pour mesurer les
progrès vers la voie de la durabilité. Dans son chapitre 40, l’Agenda 21 invite les pays à
élaborer de tels indicateurs nécessaires à la prise de décision. Afin de répondre à cette
demande, la Commission du développement durable des Nations Unies lance en 1995 un
programme de travail visant à élaborer des indicateurs de développement durable : 134
propositions d’indicateurs sont ainsi testées par une vingtaine de pays volontaires.
35
Les indicateurs proposés apparaissent alors souvent trop généraux pour cerner de manière
pertinente la problématique du développement durable. En outre, il s’agit davantage d’une
juxtaposition d’indicateurs que d’une intégration des trois dimensions du développement
durable. Ce constat sert de point de départ aux travaux engagés alors par l’Ifen pour élaborer
des indicateurs plus satisfaisants, travaux qui aboutissent à la sélection et au chiffrage de 45
indicateurs originaux en 2003.
En France, les travaux de l’Ifen et ceux menés au sein d’Eurostat viennent enrichir les outils
de suivi élaborés dans le cadre de la stratégie nationale adoptée en 2003 par le Comité
interministériel pour le développement durable. Le plan d’action sur 2003-2008 prévoit
notamment l’élaboration d’un rapport triennal présentant les indicateurs nationaux du
développement durable : « ceux-ci devront traduire l’état de l’environnement, de l’économie,
de la santé, de la qualité de la vie, de la cohésion sociale dans une perspective de
développement durable et permettront à la France de se situer par rapport à ses partenaires
au niveau international. Ils mesureront, au niveau du pays, les effets de la mise en oeuvre de
la stratégie ». Une première version de ce rapport périodique, privilégiant l’approche
classique en trois piliers, aboutit en 2004 au chiffrage de 45 indicateurs. Les travaux
reprennent en 2005 mais s’interrompent car l’Union européenne révise sa stratégie en juin
2006. À cette occasion, une sélection de 12 indicateurs « phares» est adoptée, dans un souci
de cohérence avec les 12 indicateurs clés européens.
La déclinaison d’indicateurs à l’échelle infranationale est tout aussi importante. D’une part,
la traduction des objectifs de développement durable peut différer selon les caractéristiques
36
des territoires. D’autre part, les enjeux du développement territorial définissent des
problématiques spécifiques à cette échelle. Enfin, la prise en compte de l’interdépendance des
territoires est déterminante car les phénomènes qui les influencent (notamment les pollutions)
peuvent être localisés hors du territoire d’observation et d’action. En la matière, plusieurs
initiatives ont déjà été prises à l’échelle régionale et l’observatoire des territoires
de la Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires
(DIACT) a été chargé de décliner territorialement les indicateurs nationaux de la stratégie
nationale en les adaptant aux problématiques locales ( cas de la France).
Dans la plupart des autres pays européens, les enjeux du développement durable ont
également été formulés politiquement dans le cadre d’une stratégie nationale, dont le suivi et
l’évaluation reposent sur un ensemble d’indicateurs. Le cadre européen a offert un schéma
fédérateur aux stratégies nationales, structurées autour de plusieurs thèmes communs
La Suisse s’est pour sa part dotée d’un système d’indicateurs pour orienter et évaluer
l’action politique. Les « indicateurs de conduite » pour le Conseil fédéral et le Parlement se
composent d’une centaine d’indicateurs détaillés et de 15 indicateurs » de l’échelon supérieur
» (taux de croissance, taux de chômage, dépenses d’éducation, émissions de CO2,
etc.). Dans le cadre de son rapport annuel de gestion, le Conseil fédéral suisse se sert de ces
indicateurs pour évaluer les actions politiques conduites. Un débat annuel analogue a lieu
également devant le Parlement en Finlande. En Australie, L’État de Tasmanie a organisé
deux consultations auprès de ses habitants en 2000 et 2005 à partir desquelles un plan de
développement économique, social et environnemental à 20 ans a été élaboré (Tasmanian
Together) : ce plan se décline en un ensemble de 12 objectifs (éducation, santé, etc.) décrits
par une série de 143 indicateurs détaillés. Le suivi de ces objectifs a été explicitement confié
à une instance de contrôle par le Tasmania Together Progress Board Act 2001, qui rapporte
37
Le changement climatique
Les émissions de gaz à effet de serre de l’UE-27 ont pour leur part diminué de 7,9 % entre
1990 et 2005. Tous les secteurs ont contribué à cette réduction, excepté celui des transports
en augmentation sensible. Les émissions des nouveaux États ont fortement baissé entre
39
1990 et 2000 mais depuis leur tendance est semblable à celle de l’UE-15. Avec une baisse
de 2 %entre 1990 et 2005, l’Europe des 15 reste encore assez éloignée de son objectif, à
savoir une réduction de ses émissions de 8 % d’ici 2012. En attendant la conclusion d’un ac-
L’accord international global sur la période post-2012, l’Union européenne s’est engagée en
2007 à réduire ses émissions d’au moins 20 % d’ici 2020 par rapport à 1990. Cette réduction
pourrait être portée à 30 % si les autres pays développés consentent des efforts comparables.
Au plan européen, la consommation d’énergie des transports évolue à peu près au même
rythme que le PIB sur la période 1995-1999. Depuis, elle progresse un peu plus lentement
(+ 1,3 % par an en moyenne annuelle, contre + 1,7 % pour le PIB).
Par contre, elle ne renseigne que partiellement sur l’impact de nos modes de production
41
L’évolution de la biodiversité
de l’Atlantique Nord-Est gérées par l’Union européenne, les poissons à forte valeur
commerciale sont les plus menacés, tels que le cabillaud, le merlan, la lotte, le carrelet, ou
encore la sole. En 2005, pour ces espèces, la moitié des captures était prélevée sur des stocks,
en dehors des limites biologiques de sécurité.
L’état des stocks halieutiques (bon état, état critique, situation intermédiaire) est évalué au
regard de deux variables, que l’on compare à des seuils dits de précaution :
- la biomasse des reproducteurs : quand l’abondance des reproducteurs chute en dessous d’un
certain seuil, dit « biomasse de précaution », caractéristique de chaque stock, les risques de
réduction des capacités reproductrices du stock deviennent très élevés.
- la pression de pêche subie par les ressources halieutiques : au-delà d’un certain seuil de
mortalité par pêche, les risques de voir chuter l’abondance des reproducteurs en dessous de la
biomasse de précaution deviennent très élevés.
Le développement durable vise aussi un meilleur état de santé. Vivre mieux, c’est d’abord
vivre et dans ce contexte l’espérance de vie, par genre et par âge prend valeur d’indicateur
central. Il est complété par l’indicateur d’espérance de vie « en bonne santé » qui rend
compte non seulement de l’allongement de la durée de vie mais aussi de l’allongement de
la durée de vie sans incapacité majeure.
Le taux de pauvreté
Si le PIB vise à évaluer la prospérité économique moyenne, il ne renseigne pas sur la façon
dont sont répartis les revenus. Pour appréhender au mieux les liens entre PIB et bien-être, il
faut également prendre en compte les inégalités de revenus, et, en amont, les inégalités
d’accès à l’emploi et à l’éducation. Le premier indicateur mobilisé à cet effet est le taux de
pauvreté monétaire, c’est-à-dire la part des personnes dont le niveau de vie (revenu disponible
une fois pris en compte impôts et prestations sociales et compte tenu de la composition
du ménage) est inférieur à 60 % du niveau de vie médian (le niveau de vie dépassé par
la moitié de la population). Il est aussi décliné par âge et par type de ménages.
43
La pauvreté ainsi définie touchait 13 % des personnes en France en 2006, mais presque 30 %
des familles monoparentales. La moyenne européenne se situait à 16 %), avec des écarts
importants entre pays : 12 %en Suède et au Danemark, contre 19 %au Royaume-Uni. Pour
rendre compte du caractère durable et cumulatif de la pauvreté, il est prévu de suivre à partir
de 2007 un indicateur de persistance de la pauvreté visant à évaluer chaque année la part des
personnes pauvres qui l’étaient déjà les années précédentes.
Le taux de chômage de longue durée, c’est-à-dire la part au sein de la population active des
personnes au chômage depuis plus de 12 mois, apporte un éclairage complémentaire sur la
Malgré l’intérêt du taux de dépendance, Eurostat a préféré retenir comme indicateur clé le
taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans, considéré comme un levier privilégié
pour tout à la fois limiter l’exclusion de ces personnes sur le marché du travail et diminuer le
coût social de leur prise en charge. L’objectif est d’atteindre un taux d’emploi de 50 % à
l’horizon de 2010. En 2006, le taux moyen de l’UE 25 est de 43,5 %. La France accuse encore
un retard significatif par rapport à l’objectif annoncé avec seulement 38,1 %des 55-64
ans en emploi en 2006, en dépit des progrès accomplis depuis 2000 où ce taux était voisin
de 30 %.
Elles ont abouti à deux grandes catégories d’indicateurs : les indicateurs composites obtenus
par agrégation d’indices élémentaires et les indicateurs globaux obtenus par sommation
à l’aide d’une unité de mesure unique (monnaie, tonnes, hectares, etc.).
Les indicateurs composites tentent de rendre compte par un chiffre unique des performances
économiques, sociales et environnementales d’un territoire en agrégeant des éléments
hétérogènes. Un indicateur élémentaire, par exemple la concentration d’un polluant dans
l’air ou dans l’eau, est d’abord transformé en indice par rapport à une norme ou à un seuil de
référence. Ensuite, des critères d’agrégation sont déterminés, à l’aide de pondérations
affectées à chaque indicateur élémentaire.
Au final, les IDH conduisent à relativiser considérablement les classements obtenus sur la
base du PIB par habitant : si les pays nordiques affichent des performances élevées, celles
des pays anglo-saxons sont généralement moins bonnes. Enfin, il faut souligner que l’IDH
ne tient pas compte de la dimension environnementale. Plus récemment, divers indicateurs
inspirés de l’approche IDH, mais couvrant souvent un champ plus large, ont été proposés :
indice de santé sociale de M et M.L Miringoff pour les États-Unis ; Baromètre des Inégalités
et de la Pauvreté (BIP40) en France ; Indicateur de Bien-être Economique de Osberg et
47
A titre illustratif, il est intéressant de revenir sur les indicateurs « clés » de développement
durable définis dans le cadre de l’Union européenne. Il est possible d’agréger les différents
indicateurs élémentaires (taux de croissance du PIB, taux d’emploi, espérance de vie, etc.)
préalablement normalisés pour produire un indicateur synthétique européen
de développement durable. Chaque dimension est évaluée sur une échelle de 0 à 100 (100
étant la performance maximale) et la valeur de l’indicateur synthétique est une moyenne
des indicateurs individuels. Hormis l’Espagne, l’indicateur synthétique est plutôt bien
orienté à la hausse pour tous les pays sur la période 1995-2005. Il reste stable en
Suède, bien qu’à un niveau très supérieur à celui des autres pays.
L’Espagne est pénalisée par une forte hausse de ses émissions de gaz à effet de serre, bien
supérieure à ses objectifs définis dans le cadre du protocole de Kyoto (+ 50 % entre 1990 et
2005 pour un objectif de + 15 %). La France a vu son indicateur se dégrader fortement entre
1995 et 1998 pour les mêmes raisons, mais atteint dès 2000 son objectif de conserver à
l’horizon 2010 le niveau de ses émissions de 1990, ce qui tire l’indicateur vers le haut. Elle est
par ailleurs plutôt plus performante que la moyenne européenne en matière de productivité
des ressources ou d’inégalités.
L’ESI et l’EPI répondent aux attentes de certains acteurs grâce à une présentation
pédagogique assortie de représentations graphiques associées aux scores relatifs aux
différentes dimensions.
Toutefois, le résultat final reste très dépendant du choix des indicateurs élémentaires et des
pondérations qui leur sont appliquées. D’autres choix peuvent conduire à des résultats très
différents, ce qui conduit à s’interroger sur la nature véritablement scientifique de cette
démarche. Le principe même de l’agrégation des données pose problème, aucune méthode ne
faisant consensus pour mesurer sur une échelle commune de tels indicateurs.
Le rang doit également être interprété avec discernement : beaucoup d’écarts de
« notes » entre pays sont faibles comparés à l’imprécision des données.
Une seconde approche des indicateurs de développement durable, plus proche des travaux
de comptabilité nationale, permet de surmonter ce problème de l’hétérogénéité des indicateurs
et de l’agrégation. Elle dérive des travaux de Nordhaus et Tobin (1973) sur la mesure
du bien-être économique (MBE), consistant à partir d’un agrégat monétaire comme le PIB
par habitant à déduire ou ajouter des équivalents monétaires d’un certain nombre d’éléments
susceptibles de participer au bien-être. Sur la base du revenu national brut, Nordhaus
et Tobin calculaient un agrégat n’incluant que les éléments de consommation et
d’investissement contribuant directement au bien-être économique, ajoutaient la valeur du
temps libre, les activités ménagères et le bénévolat, pour enfin retrancher les éventuels
dommages environnementaux.
Ces travaux précurseurs ont inspiré de nombreux indicateurs globaux proposés depuis, parfois
regroupés sous l’appellation générique de « PIB vert », même s’il n’existe pas de
consensus sur cette notion et a fortiori sur son mode de calcul. Ces indicateurs ont pour
point commun de partir d’un agrégat mesurant l’activité économique (PIB) ou des ressources
disponibles dégagées par l’activité courante (épargne). Ils lui soustraient les dommages
causés aux ressources naturelles lors de l’activité productive, en lui ajoutant éventuellement
certains éléments accroissant le stock de capital humain ou social (notamment les dépenses
d’éducation).
50
L’épargne nette ajustée (« genuine savings ») est un indicateur de la Banque mondiale inspiré
de cette tradition qui cherche à mettre en évidence le surplus de ressources dont dispose
l’économie à l’issu d’un cycle annuel de production et de consommation, une fois compensée
la dépréciation du capital économique, humain et naturel. L’épargne nette ajustée
est calculée comme l’épargne brute (production moins consommation), tirée de la
comptabilité nationale, moins la consommation de capital fixe (dépréciation du capital
économique), plus les dépenses d’éducation (consommations requalifiées en investissement
en capital humain), moins les dommages aux actifs naturels (dépréciation du capital naturel).
En comptabilité nationale, l’épargne brute comprend à la fois l’épargne des ménages (le
revenu disponible non consommé pendant la période courante et qui peut être accumulé sous
forme d’actifs financiers on non financiers), l’épargne des entreprises (profits non distribués)
et l’épargne des administrations publiques. Le concept d’épargne nette ajustée dépasse le
seul cadre comptable qui ne s’intéresse qu’au capital productif ; dans cette approche, le capital
humain et le capital naturel sont considérés comme des éléments patrimoniaux à part
entière. Les dommages environnementaux sont évalués comme la réduction des stocks
d’énergie, de minerais et de forêt, auxquels sont ajoutés les dommages causés par les
émissions de CO2. Ils sont calculés en référence à un modèle théorique fondé sur la
tarification des ressources épuisables.
L’épargne nette ajustée est exprimée en pourcentage du revenu national brut. Plus l’indice
est élevé, plus la capacité du pays à augmenter son patrimoine (entendu au sens large) est
importante. Dans ce type d’approche, on considère que les ponctions opérées sur les
ressources naturelles épuisables peuvent être compensées par un surcroît d’investissement en
capital économique ou humain (via notamment des efforts de formation). Cette hypothèse
de parfaite substitution entre les différentes formes de capital, discutable, explique que les
pays émergents d’Asie et en particulier la Chine, pourtant gourmands en ressources naturelles,
dégagent actuellement une épargne croissante, grâce à de bonnes performances économiques.
États-Unis, où l’intensité énergétique est importante, ont une épargne plus faible que les
autres pays développés. Enfin, les pays de l’Afrique sub-saharienne ont une épargne proche
de zéro. Le calcul d’épargne nette ajustée, basé sur des données nationales, est effectué par la
Banque mondiale pour 140 pays. En France, l’épargne nette ajustée représente 11,29 % du
revenu national brut en 2004 et place le pays en 33e position au plan mondial. Elle a
fortement diminué entre 1970 et 1985 et reste depuis approximativement stable.
Cet indicateur présente le mérite de coupler les enjeux économiques, humains et
environnementaux.
D’un point de vue théorique, on montre que - sous certaines hypothèses - l’épargne
nette ajustée constitue un indicateur de la durabilité entendue comme « la capacité de
conserver la richesse, ou encore les possibilités de création de bien-être de l’économie pour
les générations futures ». L’épargne nette ajustée présente également l’avantage de s’appuyer
sur les concepts et les chiffres issus de la comptabilité nationale pour le calcul de l’épargne
brute. En pratique, les évaluations numériques montrent que dans les pays développés
l’épargne nette ajustée varie au cours du temps comme leur taux d’épargne brut, ce qui
témoigne des faibles variations enregistrées sur la mesure de l’investissement en capital
humain et celle de la dépréciation du capital naturel. Par ailleurs, l’ouverture des économies
n’est pas
L’empreinte écologique
L’empreinte d’un pays comprend les terres cultivées, les pâturages, les forêts, les zones de
pêche, les terrains bâtis et occupés par des infrastructures ainsi que la superficie nécessaire
pour absorber le CO2 émis. L’empreinte est exprimée en hectares globaux (gha),
c’est-à-dire une surface d’un hectare dont la productivité est égale à la productivité
moyenne d’un hectare dans le monde. En 2003, l’empreinte écologique globale de la planète
est de 14,1 milliards d’hectares globaux, soit 2,2 gha par personne. La biocapacité
mondiale moyenne par personne est de 1,8 gha en 2003, ce qui revient à dire que le mode
vie actuel n’est pas soutenable dans la durée. Pour l’Europe, l’empreinte écologique est de
4,8 hectares globaux par personne, pour une biocapacité de 2,2 gha par Européen en
2003 : autrement dit, si tout le monde consommait autant qu’un européen, il faudrait
l’équivalent de deux planètes pour vivre de façon durable.
L’empreinte écologique est naturellement élevée pour les pays producteurs de pétrole
(Émirats arabes unis), fortement pénalisés par les émissions de CO2 provenant des
combustibles fossiles et qui importent la majorité des biens nécessaires à leur subsistance
C’est également le cas de certains pays développés comme les États-Unis, à forte intensité
énergétique, à habitat dispersé et où les besoins en ressources naturelles excédent les
ressources propres. À l’autre extrémité de l’échelle, figurent les pays les plus pauvres, à faible
empreinte écologique et en situation de crédit biologique. De son côté, la France se distingue
par l’importance de l’empreinte nucléaire car les calculs du Global Footprint Network
assimilent l’énergie nucléaire à l’énergie fossile pour l’émission de CO2. Toutefois,
dans les travaux ultérieurs, ce biais sera corrigé et l’empreinte nucléaire tiendra seulement
compte de la surface associée à la production d’uranium, ce qui amènera à réduire
sensiblement l’empreinte écologique de la France.
compte du progrès technique. Par ailleurs, les flux sont comptabilisés, sans tenir compte des
stocks de ressources épuisables, et l’énergie y a une place prépondérante. La variation de
l’indicateur dans le temps tient surtout aux produits importés ou exportés alors que les modes
de vie varient peu d’une année à l’autre. Enfin, les modes de calcul des facteurs d’équivalence
et des facteurs de rendement sont pour l’heure peu explicites. Il manque notamment un
manuel méthodologique en libre accès où il soit possible de vérifier la reproductibilité des
calculs.
Un cadre conceptuel comptable ambitieux a ainsi été mis en place au milieu des années
1990 sous l’égide de plusieurs entités internationales (ONU, Commission européenne, FMI,
OCDE, Banque mondiale). Il a donné lieu à la publication d’un manuel conjoint, le système
de comptabilité économique et environnementale intégrée, plus connu sous son sigle anglais,
SEEA (System of Integrated Environmental and Economic Accouting), dont la version
actuelle date de 2003. Ce système satellite au Système de comptabilité nationale rassemble
des informations économiques et environnementales permettant de mieux apprécier la
contribution de l’environnement à l’économie et l’impact de l’économie sur l’environnement.
Pour l’instant, seul un petit nombre de pays ont commencé à mettre en place certaines de
ses composantes mais le SEEA deviendra le cadre conceptuel obligatoire lors de sa prochaine
révision en 2010. Le SEEA comprend quatre grandes catégories de comptes : les comptes de
flux de matières, les dépenses de protection de l’environnement, les comptes du patrimoine
naturel et l’évaluation des flux non marchands.
54
Les comptes de flux de matières fournissent des indications sur les consommations
d’énergie et de matières premières par les différentes branches de l’économie, ainsi que sur la
production de substances polluantes et de déchets solides. Ces flux sont mesurés en unités
physiques ou (et) en termes monétaires. Ils sont par nature équilibrés, de sorte que ce qui
rentre dans l’économie (extraction du territoire national ou des eaux continentales et marines
+ importations) équivaut à ce qui en sort (rejets dans l’environnement + variations de
stocks + exportations). De nombreux agrégats et indicateurs peuvent être dérivés des flux de
matières, comme par exemple, la productivité des ressources telle qu’elle est définie dans
les indicateurs « phares ».
Les comptes des ressources naturelles ou comptes du patrimoine naturel recensent les
stocks des ressources naturelles (terrains, ressources halieutiques, forêts, eau, etc.). Ces
comptes donnent eux aussi un éclairage sur le caractère soutenable de la croissance
économique au regard de l’évolution du stock de capital naturel disponible. Ils fournissent
également une évaluation des coûts économiques de l’épuisement des ressources naturelles.
L’évaluation des flux environnementaux non marchands permet la prise en compte des
coûts écologiques liés au fonctionnement de l’économie. L’évaluation de la dégradation,
c’est-à-dire des dommages causés à l’environnement qui ne sont ni corrigés, ni évités, est
55
complexe ; l’estimation peut reposer sur le chiffrage des coûts nécessaires pour éviter les
atteintes, pour restaurer la Nature ou encore tenir compte du consentement à payer des
bénéficiaires des services environnementaux concernés.
En ajoutant ces coûts non payés à la demande finale, telle que mesurée actuellement dans
les comptes nationaux, on ferait apparaître - à PIB et revenu disponible inchangés - que le
véritable coût de la demande finale est supérieur à son prix de marché. En effet, le prix de
marché ne tient pas compte de la consommation d’actifs naturels induite par cette demande.
Ces actifs naturels consommés sont localisés dans le pays considéré, mais aussi à
l’étranger, puisqu’une partie de la demande finale est importée. Au final, c’est l’écart relatif
entre le coût total de la demande finale (y compris les coûts environnementaux) et la valeur
de marché de cette demande qui permettrait de mesurer la distance qui sépare le
fonctionnement actuel de l’économie de ce que serait un fonctionnement véritablement
compatible avec un modèle de développement durable. Cette approche, suggérée en
particulier par A. Vanoli, est sans doute la plus prometteuse d’un point de vue conceptuel.
Elle demanderait toutefois à être précisée et à être assise sur des méthodes d’estimation et des
systèmes d’information adaptés.
Un nombre croissant de pays ont commencé à construire des comptes conformes au SEEA,
en fonction de leurs préoccupations et de leurs priorités environnementales. Les pays
disposant d’importantes ressources naturelles ont souvent développé des comptes
patrimoniaux afin d’améliorer la gestion de leurs ressources. Les grands pays industrialisés,
confrontés
aux problèmes de pollution, ont plutôt axé leurs efforts sur les comptes de protection de
l’environnement.
56
57
1. Environnement
1.1. Enjeux de la conservation et gestion durable de l’environnement en RDC
Les ressources naturelles considérables dont dispose la RDC font de leur conservation et
gestion durable un enjeu majeur non seulement pour l’humanité mais avant tout pour les
congolais. Elles contribuent en effet de manière critique à leurs conditions de vie,
particulièrement pour les plus pauvres d’entre eux, et au développement économique du pays
(cf. 3.2.1.).
1.2. Réponses de la RDC aux objectifs de Rio et Johannesburg
Cadre légal
La Constitution du 18 Février 2006 a pris un certain nombre de dispositions en matière de
protection de l’environnement :
Art. 48 : « le droit d’accès à l’eau potable »;
Art. 53 : « Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement
intégral. Elle a le droit de le défendre. L'Etat veille à la protection de l'environnement et à la
santé des populations »
Art. 54 : « Les conditions de constructions d'usines, de stockage, de manipulation,
d'incinération et d'évacuation de déchets toxiques, polluants ou radioactifs provenant des
unités industrielles ou artisanales installées sur le territoire national sont fixées par la loi.
Toute pollution ou destruction résultant d'une activité économique donne lieu à compensation
et/ou à réparation. La loi détermine la nature des mesures compensatoires, préparatoires ainsi
que les modalités de leur exécution »;
Art. 55 : « Le transit, l'importation, l'enfouissement, le déversement dans les eaux
continentales, et les espaces maritimes sous juridiction nationale, l'épandage dans l'espace
aérien des déchets toxiques, polluants, radioactifs ou de tout autre produit dangereux, en
provenance ou non de l'étranger, constitue un crime pour la loi » ;
Art. 123 (Al. 3, 13,15): « Sans préjudice des autres dispositions de la constitution, la loi
détermine les principes fondamentaux concernant : le régime foncier, minier, forestier et
immobilier, l'agriculture, l'élevage, la pêche et l'aquaculture, ... la protection de
l'environnement et le tourisme ».
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réaliser son mandat, la direction est dotée de 5 Divisions techniques qui s’occupent
respectivement de changement climatique, de la diversité biologique, de la désertification, du
développement durable et des services environnementaux. Les travaux réalisés par le CIC
ont porté sur l’état des lieux de l’environnement national ainsi que la production, en 1996, du
Plan National d’Action
Environnemental (PNAE) assorti d’un plan d’actions environnementales prioritaires,
transposant au niveau national l’agenda 21 de Rio.
La loi-cadre sur l’environnement a récemment instauré un Conseil national de
l’environnement et du développement durable placé sous l’autorité du premier ministre, afin
de garantir la coordination et la concertation intersectorielles. Ce Conseil a pour mission de
donner des avis, notamment sur la définition et la mise en œuvre de la politique nationale en
matière d’environnement, ainsi que sur l’élaboration des plans et programmes sectoriels en
matière d’environnement ou ayant une incidence sur l’environnement.
La question de l’intégration de l’environnement dans les politiques sectorielles n’est pas
nouvelle. Dès le début des années 2000, le Programme Multisectoriel d'Urgence de
Réhabilitation et de Reconstruction (PMURR) avait impulsé la création de cellules
environnementales au sein des différents Ministères afin d’assurer l’évaluation et le suivi
environnemental des activités financés par le programme. La plupart de ces cellules ont
depuis lors disparues, mis à part quelques exceptions telles que le Ministère en charge des
Infrastructures et des Travaux Publics ou le Ministère des Mines qui a créé Direction Chargée
de la Protection de l'Environnement Minier (DPEM).
En outre, la loi-cadre sur l’Environnement a été l’occasion d’assurer la création d’un
établissement public en charge de l’évaluation, l’approbation et du suivi de la mise en œuvre
des études d’impact environnemental.
Par ailleurs, dans le souci de faciliter les concertations entre le gouvernement de la RDC et ses
principaux partenaires financiers et au développement, 18 groupes thématiques coordonnés
par le Ministère en charge du plan ont été mis en place. Deux de ceux-ci ont un lien direct
avec l’environnement et concernent le domaine de l’eau et assainissement ainsi que celui des
forêts et de la biodiversité.
Enfin, la loi-cadre sur l’environnement a créé un Fonds d’intervention pour l’environnement,
pouvant être alimentées par des ressources nationales ou extérieures et assurant le
financement « notamment de la recherche environnementale, de la conservation de la diversité
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Un comité national REDD, organe d’orientation et de décision, impliquant toutes les parties
prenantes, notamment la société civile, et des représentants des communautés autochtones et
locales;
Un comité interministériel, organe de planification ;
Une coordination nationale REDD, en charge de coordonner les activités au jour le jour
Un Groupe Technique Climat REDD (GTCR) représentant la Société Civile dans le
processus;
La déclinaison de ces institutions au niveau provincial est également envisagée.
Des études d’accompagnement à la mise en place d’une stratégie nationale REDD sont
également prévues et visent, à terme, à établir un scénario de référence, un cadre légal de
gestion et de suivi, une stratégie de lutte contre la déforestation et un système de surveillance
des forêts.
Mise en œuvre opérationnelle
La mise en œuvre d‘une véritable politique publique dans ce domaine est encore faible mais
devrait s’engager dans un avenir proche avec l’entrée du processus REDD+ dans sa phase
d’investissement, notamment avec l’appui du Programme d’Investissement Forêts (PIF) de la
Banque Mondiale, et l’élaboration de NAMAs dans les secteurs agricole et énergétique. 9
projets pilotes REDD+ ont déjà été lancés dont 3 sont soutenus par le Fond Forestier du
Bassin du Congo (FFBC). De même, le FEM et le PNUD ont soutenu un projet de production
de semences améliorées pour une adaptation de l’agriculture aux changements climatiques.
Quelques projets MDP ont émergé en RDC mais un seul a été enregistré au sein de la
CCNUCC : le projet Ibi Batéké, premier projet forestier en Afrique à l’être. Toutefois, aucun
projet MDP n’a encore généré de certificats de réductions d’émissions. Par ailleurs, des
projets de recherche dans ce domaine se sont développés, notamment afin de mieux
comprendre les effets attendus du changement climatique en RDC et leurs impacts sur les
populations. Enfin, la RDC a amorcé un processus d’élaboration d’un plan national climat qui
devra constituer le cadre intégral de mise en œuvre des programmes que ce soit pour
l’atténuation ou pour l’adaptation. Cet exercice permettra en outre la mise en évidence des
opportunités de développement, de diversification de l’économie et de modernisation du pays
à travers les programmes de lutte contre les changements climatiques.
2.4. Progrès réalisés
La RDC ne s’était pas engagée à réduire ses émissions de GES mais à coopérer et à mettre en
place le cadre institutionnel pour lutter contre le changement climatique avec l’appui financier
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des pays développés. Le pays a fourni des efforts pour fait face à ses obligations dans ce
domaine et sa préparation au mécanisme REDD+ apparait particulièrement sérieuse. On note
cependant le manque de mise en œuvre jusqu’à présent des projets nécessaires d’atténuation
et d’adaptation au changement climatique, faute de financement disponible et de capacité,
ainsi que le manque de connaissance scientifique quant aux effets attendus du changement
climatique sur le pays.
3. Biodiversité
3.1. Les enjeux de la protection de la biodiversité en RDC
La RDC se classe au cinquième rang mondial par sa diversité animale et végétale. Elle
dispose de la plus grande biodiversité d’Afrique avec plus de 10 000 espèces de plantes
supérieures dont 3 000 endémiques, 480 espèces de mammifères (dont tous les grands
animaux de l’Afrique), 565 espèces d’oiseaux, 1 000 espèces de poissons, 350 espèces de
reptiles, 220 espèces de batraciens et plus de 10 000 angiospermes dont 3 000 seraient
endémiques. La RDC dispose de cinq sites naturels reconnus comme Patrimoine Mondial, soit
davantage que tous les autres pays africains réunis. La préservation de la biodiversité en RDC
est avant tout assurée par le système des aires protégées. Il importe donc de les gérer de
manière efficace afin qu’elles continuent à jouer leur rôle de préservation des écosystèmes et
de la biodiversité.
3.2. Réponses de la RDC aux objectifs de Rio et Johannesburg
Cadre légal
Deux projets de loi, sur la conservation de la nature d’une part et sur la biodiversité d’autre
part, ont été élaborés mais n’ont pas été encore adoptés par l’assemblée nationale.
Certaines dispositions générales ayant trait à la conservation de la biodiversité ont été
néanmoins inclues dans la loi-cadre sur l’environnement. Par ailleurs, le code forestier, adopté
en 2002, prévoit de porter la surface vouée à la conservation de la biodiversité à 15 % du
territoire national. La déclaration de Nagoya porte cette superficie à 17 %.
Cadre institutionnel et planification
Le pays a adopté en 2002 une stratégie nationale de la diversité biologique assortie d’un plan
d’action. Celle-ci devra cependant être révisée au regard des évolutions intervenues entre
temps et de concepts émergents liés à ce secteur.
La revue institutionnelle du secteur Environnement a conduit à une restructuration dans le
domaine de la conservation de la biodiversité, accordant ainsi le mandat de la gestion des
aires protégées de la RDC à une seule institution au lieu de deux comme auparavant,
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hippopotames (±22000 avant conflit et ±6000 actuellement), les crocodiles, les grands
prédateurs (léopards, lions…), le rhinocéros blanc, au point que 190 espèces, parmi lesquelles
les éléphants et les gorilles de montagne, sont aujourd’hui sur la liste rouge des espèces
menacées selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
La richesse biologique du pays reste encore très largement méconnue, tant les inventaires
réalisés sont sporadiques et parcellaires. Selon Debroux et al. (2007) : « La diversité
biologique de la RDC est la moins bien connue d’Afrique. De vastes régions forestières sont
encore inexplorées et certains groupes taxonomiques sont à peine répertoriés ».
Certaines autres espèces disparaissent avant même qu’on les ait découvert et cela nuit à la
bonne planification et gestion de leur conservation.
L’écotourisme a toutefois commencé à se développer au sein de certaines aires protégées,
apportant ainsi sa contribution aux efforts de conservation de mobilisation interne des
recettes.
4. Lutte contre la désertification et dégradation des terres
4.1. Les enjeux
Alors que la désertification ne touche pas la RDC, le Plan National d’Action Environnemental
(PNAE) reconnaît comme crucial la problématique de la dégradation physique des terres.
En milieu rural, la pratique du brulis, utilisée non seulement pour des raisons culturelles mais
surtout agricoles, en est une des principales causes. En l’absence de capacités pour intensifier
l’agriculture (accès aux semences améliorées, aux intrants…), la pression démographique se
traduit par une augmentation des surfaces cultivées et une réduction du temps de la jachère.
Ce processus entraîne une dégradation de la fertilité des sols jusqu’à les rendre parfois
improductifs..
Cette dégradation des sols a des conséquences négatives non seulement sur le plan agricole
mais également sur le plan environnemental. En rendant nécessaire la recherche de nouvelles
terres pour l’agriculture, elle est en effet une cause majeure de la déforestation.
En l’absence de droits fonciers bien établis et de planification urbaine, l’exode rural amène
des populations nombreuses à venir s’installer sur des zones fragiles, parfois non
construisibles, avec des conséquences graves en termes d’érosion des sols, comme c’est le cas
à Kinshasa et dans plusieurs centres urbains.
4.2. Réponses de la RDC aux objectifs de Rio et Johannesburg
Cadre légal
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Les codes forestier et agricole, promeuvent des pratiques visant à limiter la dégradation des
terres, objectif qui n’a pas fait l’objet d’un cadre légal spécifique. Le projet revu de la loi
foncière, validé sur le plan technique, prévoit d’importantes innovations en matière de gestion
des terres et son adoption devrait sécuriser les affectations des terres suivant leurs vocations
prioritaires.
Cadre institutionnel et planification
Un Comité National de Lutte contre la désertification (CN/LCD) a été mis en place en 2004
pour coordonner l’action des différents Ministères concernés. Il a élaboré en 2006 un
programme d’action national de lutte contre la dégradation des terres et la déforestation.
Mise en œuvre opérationnelle
Le manque de financement a limité très fortement les actions menées pour lutter contre la
dégradation des terres et très peu de projets spécifiques ont été élaborés en République
Démocratique du Congo dans ce domaine. Toute fois, certains projets agricoles ou forestiers
ont concerné de manière indirecte ce problème. Il s’agit notamment, des projets Mampu et Ibi
Batéké exécutés dans les environs de Kinshasa, qui ont permis la restauration de terres
dégradées par la mise en place de systèmes agro-forestiers performants.
.4.3. Progrès réalisés
Malgré les efforts sur le plan institutionnel, peu de solutions ont été jusqu’à présent apportées
à ce problème et la dégradation des terres s’est aggravée depuis 20 ans en RDC.
5. La gestion durable des forêts
5.1. Les enjeux de la gestion durable des forêts en RDC
La gestion durable des forêts occupe une position centrale dans le développement durable de
la RDC. En effet, la forêt est tout d’abord essentielle à la survie et au développement d’au
moins 40 millions de Congolais et la majeure partie des quelques 500 000 autochtones en
dépendent presque totalement tant du point de vue économique que socialement et
culturellement. En outre, sa gestion durable est nécessairement le principal objectif de toute
stratégie de lutte contre le changement climatique et de conservation de la biodiversité en
RDC.
5.2. Réponses de la RDC aux objectifs de Rio et Johannesburg
Cadre légal
L’adoption d’un nouveau code forestier en 2002 est venu mettre fin à des lacunes importantes
dans ce domaine. Fondée sur la vision d’une gestion rationnelle et durable des ressources
forestières il apporte les innovations suivantes :
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Outre le Comité consultatif national des forêts prôné par le nouveau code forestier et rendu
exécutoire par le décret N° 08/03 du 21/05/2009, des Conseils consultatifs provinciaux des
forêts, dont l’opérationnalisation, prévue par arrêté N° 034/CAB/MIN/ECN-EF/2006 du 05
0ctobre 2006 sont en train de se mettre progressivement en place. Ces conseils multi-acteurs
et multipartites, ont un rôle essentiel d’orientation et de décisions sur toutes les questions liées
à la gestion durable des forêts. Un « Fonds Forestier National (FFN) » a été institué par le
code forestier. La mission dévolue à ce dernier est de financer les opérations de reboisement,
d’inventaire et d’aménagement ainsi que des études relatives au développement durable.
Par ailleurs, pour garantir la légalité du commerce de bois d’œuvre dans les marchés
européens, la RD Congo est en train de négocier avec l’Union Européenne un accord de
partenariat volontaire dans le cadre de l’initiative FLEGT portant sur l’application des
règlementations forestières, la bonne gouvernance et les échanges commerciaux.
Enfin, une dimension structurante du cadre institutionnel du secteur forêt en RDC est son
intégration dans une nouvelle dynamique sous-régionale au niveau de l’Afrique Centrale.
Celle-ci est en train de se mettre en place, à travers quelques initiatives dont la Commission
des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), la Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts
Denses et Humides d’Afrique Centrale (CEFDHAC), le Partenariat sur les Forêts du Bassin
du Congo (PFBC)…
Un certain nombre de programmes (voir partie environnement) et projets ont été mis en œuvre
par le gouvernement et les ONG avec l’appui des bailleurs de fonds pour assurer une gestion
durable des forêts mais cela reste faible au regard des besoins.
Par ailleurs, les acteurs privés de la filière bois mettent en œuvre progressivement leurs
obligations définies dans le code forestier. Les plans d’aménagement sont en train d’être mis
en place dans les concessions forestières, s’accompagnant pour certaines de certifications
FSC, ainsi que les cahiers des charges visant à assurer des bénéfices aux populations locales.
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L’administration manque toutefois des moyens financiers, matériels et humains pour assurer
le suivi et le contrôle de l’application de la loi ainsi que la mise en œuvre effective de la
politique, par exemple le zonage des forêts.
Les conflits armés et l’instabilité politique qui ont caractérisé la RDC au cours des années
90 ont aggravé les problèmes environnementaux, notamment via les déplacements de
population, et considérablement affaibli les institutions et l’administration publique. Bien que
de nombreuses lacunes subsistent - notamment l’absence de mécanismes opérationnels de
coopération intersectorielle - des progrès notables ont été accomplis pour mettre en place un
cadre légal et institutionnel favorable à la conservation de l’environnement depuis le début
des années 2000. Différentes stratégies et plan d’actions ont été conçues également dans ce
sens..
Bibligraphie
édition, 2007.
Ifen, « 45 Indicateurs de développement durable : une contribution de l’Ifen ».Orléans, Ifen,
Études et Travaux, n° 41.
Ifen, « Les indicateurs globaux d’environnement et de développement durable » - Synthèse
des travaux réalisés pour le séminaire du conseil scientifique de l’Ifen du 25 juin 2007 et
compte rendu. Orléans, Ifen, Les dossiers, n° 11, janvier 2008.
Région Midi-Pyrénées, Insee Midi-Pyrénées, « Le développement durable en Midi-Pyrénées :
46 indicateurs », Les dossiers de l’Insee n° 142, septembre 2007.
Romina Boarini, Asa Johansson, MarcoMira d’Ercole, « Alternativemeasures of well-being »,
Statistics Brief, mai 2006.
PremierMinistre, « Stratégie nationale de développement durable », Comité interministériel
pour le développement durable, 3 juin 2003.
PremierMinistre, « Agir dans la dynamique européenne - 3 : douze indicateurs « phares » de
développement durable » (Stratégie nationale de développement durable - Actualisation
novembre 2006).
Vanoli A., « Une histoire de la comptabilité nationale », Repères, La Découverte, 2002.
Vanoli A., « Reflections on environmental accouting issues », Review of income and wealth,
serie 41, n° 2, juin 1995.