Dossier Developpement Durable

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 40

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: ABDELMOUNAIM DILAMI

Développement durable
La vision d’un Roi
II

Pas de pétrole mais un modèle d’ingénierie verte


n Le grand pari réussi du En 17 ans de règne du Roi Moham- qu’en raison de sa position géogra- qui devra être le plus grand projet so-
med VI, cette préoccupation s’est renfor- phique, le pays est soumis à une grande laire du monde et pourra fournir de
solaire et de l’éolien cée avec un point de départ fondateur: vulnérabilité, qui se traduit par la rareté l’énergie à plus d’un million de foyers.
le discours du Trône, de juillet 2009, des ressources en eau, leur lien avec la Le second grand projet structurant est
n Coup d’accélérateur à la dans lequel le Souverain avait appelé production agricole, la désertification, le parc éolien de Tarfaya, le plus grand
à l’élaboration d’une Charte nationale les inondations... d’Afrique. Outre ces projets structurants,
transition de l’environnement. L’objectif était de Protéger les ressources, moins pol- le Royaume a aussi développé d’autres
taille: fédérer toutes les forces vives du luer en utilisant des techniques adé- modèles et solutions tels que le Plan Ma-
n Charte de l’environnement, pays autour d’un projet commun, struc- quates, moins gaspiller l’eau et l’énergie, roc Vert, le Plan d’investissement vert,
turant, pour «un environnement consi-
texte fondateur de la politique déré comme un patrimoine commun de Le grand tournant des barrages
environnementale la nation, dont la protection est une res-
ponsabilité collective qui incombe aux
«DEPUIS la prise de conscience générations présentes et à venir».
Cette Charte est avant tout un pacte
de l’urgence climatique à Rio en 1992,
le Royaume a résolument inscrit sa po- établi en concertation sur des valeurs
partagées. C’est un document d’orienta-

(Ph. Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement)


litique volontariste en matière de déve-
loppement durable et de protection de tion des actions à engager. Adoptée sous
l’environnement». forme de loi-cadre, la Charte a été décli-
Dans son discours prononcé en son née en stratégie nationale.
nom par le prince Moulay Rachid, de- A partir de là, la rupture est consom-
vant les 150 chefs d’Etats présents à la mée. Le Maroc ne pouvait plus se per-
cérémonie d’ouverture de la COP21, le mettre de regarder ailleurs pendant que
Souverain réaffirme les options du Ma- le réchauffement climatique faisait et
roc dans ce domaine. continue à faire des ravages. Surtout

Barrage Mohammed V

L E milieu des années 60 sera marqué par un grand tournant, particulièrement


pour l’agriculture avec la politique des barrages, initiée par Feu Hassan II avec
pour but l’irrigation d’un million d’hectares. Cette ambitieuse politique d’irriga-
tion avait deux objectifs. Le premier était d’assurer la sécurité alimentaire et le
second d’intensifier l’agriculture afin de lever la contrainte de la pluviométrie
trop irrégulière. De très gros moyens techniques, financiers et organisationnels
ont été mobilisés.
En 1968-72, les investissements publics destinés à l’agriculture et aux bar-
A L'OCCASION DU 17ème ANNIVERSAIRE
rages ont dépassé la barre des 40%, pour tomber et se stabiliser à environ 20% à
DE L’ACCESSION AU TRÔNE
partir des années 80. Il faut le rappeler, le développement de l’irrigation a permis
DE SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI
l’émergence de plusieurs activités en amont (industries, services…) et en aval
LE DIRECTEUR GENERAL
(mise en place d’un important tissu agro-industriel avec les sucreries, les laiteries,
ET L'ENSEMBLE DU PERSONNEL les conserveries, les stations de conditionnement…).o
DE L'OFFICE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
ET DE LA PROMOTION DU TRAVAIL mieux consommer… c’est cela le déve- l’interdiction des OGM et la récente loi
loppement durable. Si ce concept reste sur les déchets plastiques. Les villes aus-
Ont l'insigne honneur de présenter à encore abstrait et flou pour certains, un si se sont lancées dans toute cette grande
consensus a tout de même commencé à stratégie avec une nouvelle configura-
SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI se créer autour et qui découle des préoc- tion de l’espace urbain à travers l’instal-
Que Dieu le Glorifie cupations communes sur l’avenir de la lation du tramway à Rabat et Casablan-
population et de son bien-être. ca, un mode de transport qui consomme
Leurs meilleurs vœux déférents de bonheur, N’étant pas producteur de pétrole, le 7 fois moins que la voiture. Les autobus
de santé et de longue vie, ainsi qu'à
Maroc a fait le pari des énergies renou- électriques sont aussi dans le pipe. Ega-
SON ALTESSE ROYALE LE PRINCE HERITIER MOULAY AL HASSAN, velables. C’est la raison pour laquelle il lement, une première en Afrique et elle
A SON ALTESSE ROYALE LA PRINCESSE LALLA KHADIJA, SON s’est lancé dans un ambitieux projet pour vient de Fès: la ville éclaire désormais
ALTESSE ROYALE LE PRINCE MOULAY RACHID ET A TOUS LES porter à 42% à l’horizon 2020 la part des ses rues à l’aide de ses déchets. Autant
MEMBRES DE LA FAMILLE ROYALE. énergies renouvelables dans la puissance de petits et grands projets pour donner
électrique installée et 52% en 2030. un coup d’accélérateur à toute cette po-
Ils saisissent cette heureuse occasion pour renouveler au Guide Suprême
de la Nation, leur indéfectible attachement et l’assurer de leur mobilisation Deux grandes locomotives ont ainsi litique verte.o
permanente sous ses Hautes Directives. été mises sur les rails. La première est
la centrale solaire de Ouarzazate Noor Meriem OUDGHIRI

Vendredi 29 Juillet 2016


A l’occasion de la Fête du Trône, marquant le dix-septième anniversaire de l’intronisation
de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Le Glorifie,
le Directeur Général et l'ensemble des collaborateurs du Groupe Caisse de Dépôt et de Gestion
ont l'insigne honneur de présenter
à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine,
leurs vœux les meilleurs, ainsi qu’à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan,
à son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid
et aux membres de la Famille Royale.
IV

Des barrages au Plan solaire, le pari gagnant


Le Plan solaire et le Programme
éolien ont permis au Maroc de rentrer
dans le cercle fermé d’acteurs mondiaux
dans les énergies renouvelables. Ces
deux initiatives lancées par le Roi Mo-
hammed VI vont transformer radica-
lement le bouquet énergétique du pays.
Elles vont surtout asseoir l’autonomie du
Royaume qui importait jusqu’à 95%
de ses besoins énergétiques. Les impacts
structurels de cette mutation se feront
sentir à terme dans chaque ménage.

Passage de témoins entre la COP21 et la


COP22. Sa Majesté le Roi Mohammed VI
entouré de chefs d’Etat et de gouvernement
ayant pris part à la COP21 en novembre
2015 à Paris. Avec un processus de transition
énergétique en marche basé sur l’investisse-
ment massif dans les énergies renouvelables,
le Maroc était porteur d’un message audible
à cette conférence. En lui confiant l’organi-
sation de la COP22, la communauté inter-
nationale a reconnu ses efforts dans la lutte
contre les émissions de gaz à effet de serre et
le réchauffement climatique (Ph. AFP)

Dérogeant au pro-
tocole, le président
François Hollande
accueille le Souverain
à son arrivée sur le
site de la Conférence
de la COP21 (Ph. AFP)

Inauguration du barrage Al Wahda par


le Roi Hassan II, l’un des plus grands
ouvrages hydrauliques du Royaume. Si
les barrages ont été le fer de lance de
la politique agricole du pays, ils consti-
tuent aussi un levier essentiel dans la
production de l’électricité
(Ministère de la Communication)

Le Roi Mohammed VI procède à l’inauguration de la centrale Noor I à Ouarzazate en


février 2016. Avec Noor II, cette centrale forme le pivot du Plan solaire dont la capacité à
plein régime peut fournir de l’électricité à 1 million de foyers. Le lancement de Noor I a
permis au Maroc d’avoir de la visibilité sur la carte mondiale de l’énergie solaire. Parmi les
invités officiels, Ségolène Royal, ministre française de l’Ecologie (Ph. AFP)

Vendredi 29 Juillet 2016


à l'occasion du 17ème anniversaire de l'Intronisation
de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
Le Président du Directoire du Groupe Crédit Agricole du Maroc et l'ensemble de ses collaborateurs
ont l'éminent honneur de présenter leurs voeux les plus déférents,
à Sa Majesté le Roi Mohammed VI,
à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay el Hassan,
à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid,
et à tous les membres de la Famille Royale.

Nous saisissons cette heureuse occasion pour renouveler à Sa Majesté notre attachement
indéfectible au Trône Alaouite et affirmer notre engagement à accompagner, sous les Hautes
Directives de notre Souverain, l'important processus de développement économique et social
que connaît notre Royaume.
VI

Logistique, budget,… «nous serons au rendez-vous»


Entretien avec le commissaire général de la COP22
■ «Nous n’avons aucun pro- - Dans l’équipe chargée de la
taillée sur toutes
COP22, les acteurs viennent d’hori-
les composantes
blème de financement, tout est zons différents. Comment se fait la
du projet, notam-
bouclé» syndication entre tout ce monde?
ment Bab Ighli,
- La diversité de la composition du
a été signé et le
comité de pilotage exprime le large
coup d’envoi des
■ Le dossier africain en tête éventail des compétences et des mis-
travaux donné
sions pour répondre à la dimension et
en mai dernier.
des priorités marocaines à la complexité de la tâche. Les pôles
Cet accord est
extrêmement ont un champ de missions défini, et
- L’Economiste: Trois mois nous
couvrent la totalité des composantes du
important, parce
séparent de la tenue de la COP22 à
projet. La coordination se fait au sein du
qu’il est le lien
Marrakech dont vous êtes le commis-
commissariat pour assurer la cohérence
contractuel entre
saire général. Où en sont les prépa-
des interfaces.
l’Etat marocain
ratifs?
et les Nations Les missions du comité de pilotage
- Abdelâdim Lhafi: Nous entrons
sont circonscrites à la bonne organi-
unies. Cela a de-
dans une phase de production maximale
sation de la COP22, dans ses dimen-
mandé un mois
et les choses avancent conformément à
sions scientifiques, organisationnelles,
et demi de négo-
l’agenda. Nous espérons que d’ici le 15
logistiques, communicationnelles, en
ciations très fines
octobre, tout sera livré dans des condi-
intégrant les partenariats public-privé,
«L’accord de Paris n’est pas renégociable. Il scelle le consensus uni- avec des experts
tions adéquates et appropriées pour
versel sur des décisions claires. Nous sommes désormais dans la phase de chaque do-la société civile, les side events. Les
réussir ce grand événement. L’accord de
de mise en œuvre des décisions de Paris, qui ont généré des attentes maine. échanges sont permanents entre les
siège, qui lie le Maroc à la Convention
pôles et la gestion des interfaces se fait
des Nations unies sur les changements importantes», souligne Abdelâdim Lhafi, commissaire général de la
- La COP22 par les moyens usuels de mise en cohé-
climatiques, après une discussion dé- COP22 (Ph. L’Economiste)
s e m b l e p o u r rence.
l’instant une affaire des élites. Que
faut-il pour que les citoyens s’impli- - Le Maroc va-t-il faire des propo-
A L’OCCASION DU 17 ANNIVERSAIRE DE
ème quent un peu plus? sitions concrètes au niveau de la pla-
L’INTRONISATION DE - Les COP nouvelle génération ne teforme de négociation?
sont plus l’espace réservé aux négo- - L’accord de Paris n’est pas renégo-
ciateurs, aux initiés ou à l’élite qui dé- ciable. Il scelle le consensus universel
SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI tient le savoir et la connaissance sur les sur des décisions claires. Nous sommes
sciences climatiques. désormais dans la phase de mise en
Le Président Directeur Général et l’ensemble du Personnel Toute décision ne peut connaître la œuvre des décisions de Paris, qui ont
de COOPER PHARMA réussite que si tous les partenaires s’ap- généré des attentes importantes. Nous
proprient cette question: la société ci- travaillons en coordination avec la pré-
Ont l’insigne honneur de présenter à vile, le secteur privé dans toutes ses dé- sidence française de la COP21, le secré-
clinaisons, les territoires, les chercheurs tariat exécutif des Nations unies sur les
SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI et les gestionnaires. Mais comment changements climatiques et l’ensemble
développer ces passerelles et créer les des partenaires, dans la diversité des
synergies pour la mise en œuvre de ces constellations des pays avec la spéci-
décisions? C’est en partie les coalitions ficité de leurs préoccupations. Il s’agit
et les alliances autour d’une thématique de donner corps aux questions d’adap-
ou d’un secteur qui cristallisent cette tation, de financement, de formation
mise en commun du nécessaire chan- des capacités humaines et institution-
gement pour de nouveaux modèles de nelles, du transfert de technologie et
développement. de gestion des risques climatiques. Les
organes subsidiaires des Nations unies
- Des informations circulent sur s’emploient à décliner sur le plan opé-
des difficultés de financement de la rationnel les décisions de Paris. Le Ma-
COP22. Avez-vous reçu tous les cré- roc, présidence montante de la COP22,
dits promis? joue un rôle de facilitateur avec ses par-
QUE DIEU L’ASSISTE - Soyez rassurés, tous les engage- tenaires, dans les réunions formelles et
ments sont tenus, et toutes les opéra- informelles pour aboutir à des résultats
Leurs vœux de bonheur et de santé, ainsi qu’à tions se déroulent conformément au concrets.
calendrier arrêté. Les financements
sont mis en place, l’Etat marocain est - Le ministre de l’Agriculture avait
Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan,
garant de ces engagements et aucune proposé l’Initiative «triple A» pour
à son Altesse Royale la Princesse Lalla Khadija, à son difficulté ou entrave n’ont été relevées. l’Afrique. Où en est-elle aujourd’hui?
Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et à toute la La COP22 est une conférence de tous - L’adaptation aux évènements ex-
Famille Royale. les Etats-parties à la convention, et les trêmes (sècheresse, inondations, ty-
contributions financières suivent leur phons,…) est l’une des priorités essen-
Ils renouvellent au SOUVERAIN l’expression de leur fidélité cours sous le régime bilatéral ou mul- tielles de la COP22. L’adaptation de
et de leur attachement au Glorieux Trône Alaouite. tilatéral. L’Etat marocain assurera, en l’agriculture aux changements clima-
tout état de cause, le bon déroulement (Suite en page 8)
des opérations.

Vendredi 29 Juillet 2016


VIII

Logistique, budget,… «nous serons au rendez-vous»


(Suite de la page 6)

tiques est une composante importante émissions de gaz à effet de serre. Au- rents à prendre en charge. C’est valable ressource, ou comme constituant cen-
pour gérer les vulnérabilités, la sécurité jourd’hui, on évoque le gaz carbonique, pour l’Afrique, mais aussi pour les pays tral des écosystèmes concernés, qu’il
alimentaire, la production des terres et mais aussi d’autres produits qui sont in- insulaires. s’agisse des secteurs de l’agriculture,
des sols. Quand on parle de sécurité finiment bien plus dévastateurs, comme du tourisme ou encore de l’urbanisa-
alimentaire, on parle de la sécurité tout le méthane, 20 fois plus puissant. L’im- - Par rapport à l’énergie, l’eau tion, ou qu’il s’agisse des thématiques
court, des migrations écologiques et portant réajustement a été l’adaptation, semble le parent pauvre de cette ma- telles que la biodiversité ou la déserti-
des facteurs d’expulsion, que peuvent parce que beaucoup de pays subissent nifestation internationale. Comment fication. Nous sommes dans une phase
constituer les stress ou les pénuries hy- les effets négatifs du changement clima- l’expliquez-vous? d’inflexion de nos modèles de dévelop-
driques, la désertification, la rupture tique sans avoir jamais été responsables - La question de l’eau transparaît pement, qui ne se suffisent plus des ap-
des ressorts des économies dépendantes de la pollution. Il était donc nécessaire dans toutes les grandes thématiques qui proches linéaires, thématiques et secto-
telles que les économies agropastorales. rielles. L’approche globale et la gestion
Une COP qui se tient à Marrakech, la Déchets italiens: Il reste à prouver leur innocuité de la complexité fondent le développe-
terre africaine, devrait porter la question ment durable, qui est le point de ren-
de l’adaptation au cœur des priorités.
L E recyclage des déchets, dans le cadre d’une économie circulaire, ne ren-
contre et d’arbitrage entre trois éléments
indissociables: la création des richesses,
- Comment le Maroc peut-il contre pas d’opposition sur le principe pourvu que cela se fasse dans le respect le respect des équilibres écologiques et
prendre en charge et défendre le dos- des normes et en conformité avec les exigences fondamentales de la santé des écosystémiques, et enfin l’impératif
sier africain? citoyens, et de la préservation de l’environnement. «Dans le cas de l’importation social qui doit exprimer la culture du
- Comme la COP22 se tient au Ma- des déchets, leur innocuité demande à être prouvée. Il ne s’agit pas de rassurer partage, l’émergence des solidarités
roc, il était tout à fait évident qu’il y ait les citoyens ou les affoler, mais de gérer de manière responsable, et d’informer spatiales et sociales, élément fondateur
une sensibilité particulière aux théma- de façon transparente et crédible», indique Abdelâdim Lhafi, haut-commissaire des solidarités intergénérationnelles.
tiques relatives à l’Afrique et aux Etats aux eaux et forêts. Pour lui, «ce débat montre à l’évidence un degré élevé de L’eau, essence de la vie, est à cet égard
insulaires, qui sont sur la ligne de front conscience du citoyen à la chose environnementale. S’il devait aboutir à une révélatrice de cette dépendance entre le
de toutes les fragilités aux changements analyse apaisée qui corrige les éventuels dysfonctionnements, ce serait un acquis pacte social et le pacte environnemental,
climatiques. Ils sont directement mena- dans ce rapport entre les décideurs et les citoyens, associés autour du même la rupture de celui-ci entraîne la dégra-
cés. Il est tout à fait normal de prendre objet».o dation de celui-là. Faisons en sorte que
en compte le changement climatique des les modèles de développement que nous
pays du Sud, et cela à travers l’adapta- que l’accord de Paris ait une forme fondent le développement. Sur les 17 érigeons soient inclusifs, équitables et
tion. Si au début des négociations, on d’équilibre pour aborder les événements objectifs du développement durable des porteurs d’une utopie partagée.o
parlait principalement de l’atténua- extrêmes. Ces catastrophes demandent Nations unies, presque tous ont un lien Propos recueillis par
tion, c’est-à-dire comment réduire les des plans nationaux d’adaptation cohé- direct avec la question de l’eau comme Mohamed CHAOUI

■ COP1 à Berlin en Allemagne en ger leurs droits d’émission de gaz à effet de la population aux enjeux du réchauffe- liée à l’activité humaine à 2 °C.
1995: La première après la conférence de de serre. ment climatique.
■ COP7 à Marrakech au Maroc en ■ COP11 à Montréal Canada en ■ COP 18 à Doha au Qatar en 2012:
2001: Elle aboutit à un accord fixant les 2005: Après 8 ans de négociations, le pro- Trois ans après l’échec de Copenhague, les
tocole de Kyoto est officiellement ratifié et accords de Doha permettent d’entériner la
entre en vigueur. Elle s’achève sur la signa- seconde période d’engagement du proto-
ture d’un plan d’action pour étendre la du- cole de Kyoto jusqu’en 2020. En attendant
rée de vie du protocole de Kyoto après son la COP 21 de Paris, censée déboucher sur
échéance en 2012. Toutefois, les Etats Unis un accord pour l’après-2020.
et la Chine ne l’ont pas ratifié.
Rio qui réunit 110 chefs d’Etat et de gou- ■ COP15 à Copenhague au Da- ■ COP21 à Paris en France en 2015:
vernement et plus de 2.000 représentants nemark (2009): Censée préparer
règles définitives de mise en application
d’ONG. Ils s’accordent sur la limitation du
du protocole de Kyoto. L’accord précise
gaz à effet de serre.
les modalités d’échange au sein du marché
du carbone, établit des obligations des pays
■ COP4 à Buenos-Aires en Argen- développés et introduit la nécessité d’une
tine en 1998: Cette COP, qui devait être le aide aux pays en voie de développement (le
prolongement de la conférence de Kyoto, Fonds d’adaptation).
ne débouche sur aucun accord concret. Seul Elle vise à aboutir à un accord contraignant
un plan d’action sur 2 ans est signé en vue
■ COP10 à Buenos-Aires en Argen- l’après-2012, la conférence de Copenha- de réduction du gaz à effet de serre pour
tine en 2004. Les trois COP (8, 9 et 10) gue, dite de dernière chance, se solde par
de la COP de la Haye en 2000 l’après-2020, année de l’expiration de la
■ COP6 à la Haye aux Pays Bas en un accord à minima, non contraignant. La 2e période d’engagement du protocole de
2000: Elle réunit 182 pays. Le but était déception est énorme et la méthode de né- Kyoto.
d’aboutir à un accord sur la mise en œuvre gociation entièrement remise en cause. Tou- COP22 à Marrakech au Maroc en
de la conférence de Kyoto. Mais à la fer- tefois, la création d’un Fonds pour le climat novembre 2016: Elle sera celle de la mise
meture de la conférence, les négociations est approuvée. en œuvre de l’accord de Paris.
étaient au point mort. Les discussions re- ■ COP16 à Cancun au Mexique en
prendront en juillet 2001 à Bonn en Al- 2010: Elle concrétise le Fonds pour le
lemagne pour la COP6 bis. Le président climat même si les contours de son finan-
américain annoncera que son pays n’appli- précisent les règles de fonctionnement du cement à hauteur de 100 milliards de dol-
quera pas le protocole de Kyoto. Un accord Fonds d’adaptation, permettant de financer lars, restent flous. La conférence aboutit
est trouvé sur la mise en place d’un marché les efforts des pays en voie de développe- également à la nécessité d’une limitation
du carbone, permettant aux pays d’échan- ment. Elles s’intéressent à la sensibilisation de la hausse de la température mondiale
Vendredi 29 Juillet 2016
A l’occasion de la Fête du Trône qui marque le 17ème anniversaire de l’accession de
Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône de Ses Glorieux Ancêtres

La Présidente, Souad DOUMIRI, et l’ensemble des collaborateurs de la société

Ont l’insigne honneur de présenter leurs vœux les plus respectueux et les plus déférents
de santé et de bonheur à

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le Glorifie,

ainsi qu’à
Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay EL Hassan,
À Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid,
Et aux membres de la Famille Royale

Ils saisissent cette heureuse occasion pour renouveler leur indéfectible


attachement à son Auguste et au Trône Alaouite.
X

Initiatives des villes: Ifrane,


n Equipement en panneaux
solaires des écoles dès 2006
n Engagement, études et
recherches…l’apport d’Al
Akhawayn
IFRANE, décembre 2006. Plusieurs
établissements scolaires et universitaires des
provinces d’Ifrane, d’El Hajeb et de Khéni-
fra fonctionnent à l’énergie solaire. Les tra-
vaux d’installations des panneaux utilisant
cette énergie alternative avaient été lancés,
il y a 10 ans, par Mohamed Boutaleb, le mi-
nistre de l’Energie et des Mines de l’époque.
Ce projet qui comprenait, dans un premier

Outre l’installation des ampoules LED et les panneaux solaires, l’Université Al Akhawayn appuie la recherche sur
le développement d’énergies renouvelables. Elle envisage d’utiliser le surplus en électricité pour améliorer le chan-
gement de l’Université du diesel à l’électricité (Ph YSA)
temps, l’équipement en Abdelaziz et Abou El Kacem Ziani (pro- les énergies renouvelables utilisant des flux
chauffe-eau solaires des vinces d’Ifrane et de Khénifra), est qualifié d’origine naturelle (soleil, vent, eau, crois-
lycées Toulouj (province de première nationale. Il s’inscrit dans le sance végétale, géothermie...). Convention
d’El Hajeb), Omar Ibn cadre de la convention visant à promouvoir signée par le ministère de tutelle avec plu-

Fès dotée d’une centrale bioélectrique


n La ville éclairée par ses soutirage de 2.000 Nm3/h et sa torchère
fermée (2.000 Nm3/h)», rappelle Hassan
déchets, une première en Mouhami, directeur d’Ecomed. Deux ans
Afrique plus tard (2012), un 3e système horizontal
de collecte de biogaz est mis en marche
au même titre qu’un collecteur périphé-
n Sa décharge répond aux rique. «Notre système de collecte totalise
normes de la «production quelque 12,7 km de conduites PEHD (Po-
lyéthylène haute densité) et 25 têtes de
propre» puits pour mesure et contrôle», explique

U
Mouhami. Et d’ajouter: «la capacité totale
NE première au Maroc et en de la centrale bioélectrique peut atteindre
Afrique. La ville de Fès est dotée d’une 5 MW et produire 40 000 MWh/an, soit
centrale bioélectrique. Celle-ci permet l’équivalent d’un parc de 11 éoliennes
d’alimenter 30% du réseau électrique de et permet de valoriser l’équivalent de 26
La centrale bioélectrique installée dans la décharge contrôlée permet de produire de
la ville, grâce aux déchets ménagers. Initié l’électricité. Le site abrite un laboratoire de contrôle (analyse des lixiviats, de l’air
millions de mètres cubes de méthane par
par la société américaine Ecomed, respon- ambiant et des biogaz) et une station météorologique (Ph YSA) an». Notons que le biogaz est une énergie
sable de la décharge contrôlée de Fès et le 100% renouvelable produite par la fer-
Conseil communal de la ville, ce projet a Afrique qui utilise une énergie propre et plus tard (décembre 2009), ils procèdent à mentation du déchet en produisant le mé-
contribué efficacement à l’amélioration de renouvelable émanant de ses déchets pour l’installation de la 1re station de soutirage thane (CH4) qui est 20 fois plus polluant
la gestion et l’exploitation de la décharge l’éclairage. de 500 Nm3/h et une 2e torchère ouverte que le CO2».
en convertissant le biogaz en énergie élec- Pour ses dirigeants, la décharge de de la même capacité (500 Nm3/h). Ainsi, En 2015, la décharge s’est équipée
trique au moyen d’une centrale électrique Fès, dont l’exploitation a démarré en le processus de méthanisation qui permet d’un poste de livraison et d’un transfor-
d’un mégawatt (MW). Il pourrait consti- 2004, représente un modèle réussi de la à travers la dégradation biologique de la mateur de 20.000 volts, installations finan-
tuer un bel exemple d’économie d’énergie valorisation énergétique du déchet et de matière organique de valoriser le biogaz cées par Ecomed. Aujourd’hui, l’inves-
lors de la COP22, prévue en novembre la contribution à la production de l’élec- résultant de cette opération et le convertir tissement global réalisé dans la décharge
prochain à Marrakech. tricité à partir des énergies renouvelables. en énergie électrique, fait partie des expé- s’élève à 100 millions de DH, dont 26 mil-
Cette technologie a été installée et est Le site traite tous les jours de 750 à 1.000 riences pionnières à Fès. lions rien que pour les équipements bioé-
entretenue par la société Clarke Energy, tonnes de déchets solides. Ses respon- «C’est en 2010 que la société Ecomed lectriques. Et les retombées sont énormes.
le leader mondial des projets de cogéné- sables ont ajouté au traitement des déchets et son partenaire, Edeboro International En fait, la production d’énergie renouve-
ration et de valorisation du biogaz. Ce solides, un premier système horizontal de Inc, décident d’installer un groupe de lable au niveau de la décharge est estimée,
projet a fait de Fès une ville pionnière du collecte de biogaz en mai 2006, puis un production d’énergie électrique au bio- dès 2015, à 8.660 mégawatts h/an o
développement durable au Maroc et en deuxième système en juin 2008. Un an gaz de 165 kW, ainsi qu’une 2e station de Youness SAAD ALAMI
Vendredi 29 Juillet 2016
XI

une étoile écologique brillante


sieurs départements ministériels à l’issue du thermique). Cette consommation en éner- tique annuelle baissera d’au moins 400.000 de DH. Cela permettra toutefois de réduire
débat national sur l’énergie à Skhirate. gie produit environ 8.500 tonnes de CO2 DH. Par ailleurs, l’université a installé des la facture de la consommation du gasoil de
Juin 2016, soit 10 ans plus tard, la petite par an (gaz à effet de serre). L’université Al panneaux solaires d’une capacité de 90 500.000 DH. Par ailleurs, le remplacement
Suisse marocaine continue de poursuivre Akhawayn produit en moyenne 600 tonnes KW. Ces panneaux produisent annuelle- des ampoules d’éclairage public par des
son chemin. La ville la plus propre du Ma- par an de matière organique fermentescible ment quelque 184 MW. Ils permettent de ampoules LED coûtera 6 millions de DH.
roc, verte, a su préserver ses milieux natu- et consomme 60.000 m3 d’eau par an. chauffer 2.500 m3 d’eau, destinés aux rési- Ce montant sera amorti à hauteur de 5 mil-
rels. Pour ses dirigeants, la diversification Pour préserver son environnement et dences d’étudiants. A noter que le coût des lions de DH dès la première année, puisque
des sources d’énergie et le développement réduire sa facture énergétique, l’université projets environnementaux d’Al Akhawayn la consommation baissera considérablement.
des énergies renouvelables ont toujours d’Ifrane a opté pour l’installation des am- est parfois très élevé. A titre d’exemple, Pareil pour les émissions de CO2 censées
été prioritaires. Et l’énergie solaire contri- poules LED. Celles-ci réduiront les émis- l’installation des brûleurs de biomasse pour diminuer de 3.830 t/an. o
bue à hauteur de 8% dans la réalisation du sions CO2 de 70%. Aussi, la facture énergé- chauffer la piscine nécessitera 1,2 million Y.S.A
programme d’électrification rurale globale
(PERG). Ils sont conscients aussi de l’im-
portance de l’utilisation de ces énergies
alternatives au chauffage par le bois, no-
tamment dans des régions aux conditions
climatiques dures. Conditions qui ont des
conséquences néfastes sur le secteur éduca-
tif et poussent souvent à l’abandon scolaire.
Cette démarche écologique est vivement
appuyée par l’Université «citoyenne», Al
Akhawayn. «Nos étudiants ont collecté plus
de 1,6 million de DH pour des œuvres so-
ciales au profit de la pollution de la province.
Ils ont accompli 25.000 heures de travaux
sociaux durant cette année», souligne Driss
Ouaouicha, son président. Et d’ajouter: «si
des mesures considérables ont déjà été prises
par le passé pour réduire la consommation
énergétique et protéger l’environnement,
les installations d’énergies renouvelables
ont également été intégrées dans la struc-
ture de l’approvisionnement en énergie de
l’Université». L’engagement des étudiants
d’Al Akhawayn est palpable. Ces derniers
ont noté, lors d’un récent séminaire que
la consommation énergétique annuelle de
leur campus en électricité est d’environ
8.000 MW et celle en diesel est de 600.000
litres et que plus de 75% de cette consom-
mation est destinée au chauffage (énergie

23.000 espèces animales


menacées
LES projections les plus pessimistes
relayées par la revue Nature estiment à
23.250 les espèces menacées de dispari-
tion dans un siècle. Ces espèces font partie
de la liste rouge de l’Union internationale
pour la conservation de la nature. Toutes
ces espèces ne sont pas logées à la même
enseigne. L’opinion a souvent tendance à
exprimer plus de sensibilité pour les espèces
impressionnantes tels que les grands félins,
ursidés ou les grands herbivores africains.
Le braconnage pour le commerce de la peau,
la capture pour les zoos et les cirques ou en-
core la chasse aux trophées expliqueraient
cet intérêt. La Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore
sauvages menacées d’extinction (Cites) qui
se réunira en septembre prochain a pour ob-
jectif de réguler le commerce de ces espèces
menacées, mais peine encore à éradiquer le
trafic illicite qui représente 14 milliards de
dollars par an. o

Vendredi 29 Juillet 2016


XII

Le Maroc redessine la géopolitique


n 10.000 MW additionnels d’ici
2030 pour une trentaine de
milliards de dollars d’investis- Les objectifs de la transition énergétique
sement

à 52%
La volonté du Royaume de porter de 42% de puissance
n Une nouvelle architecture la part des énergies renouvelables installée
institutionnelle
Objectif fixé pou 2020 A l’horizon 2030

n Les acteurs nationaux émer- Investissement global dans le secteur énergétique entre 2016 et 2030
gent aux côtés des majors
Près de 40 30 milliards
C’est sur ce champ que se concré- milliards de dollars Pour les projets de production
Objectif
Réduction de 32% des émissions de gaz à
tise le plus la politique de croissance dont d’électricité de sources renouvelables effets de serre (GES) à l’horizon 2030
verte du Royaume. La technologie est
nouvelle, pointue et stratégique… Et
les ambitions, importantes. A l’horizon Le Maroc aura à développer (entre 2016 et 2030)
2030, c’est 52% du bouquet énergétique
Une capacité additionnelle de production d’électricité
qui devrait provenir de sources renou-
de sources renouvelables d’environ
velables (EnR). Toutes les filières ma-
jeures seront servies, du solaire à l’éo-
lien, en passant par l’hydroélectrique et
10.100 MW
la biomasse. 4.560 MW 4.200 MW 1.330 MW
Sept ans après le lancement de la
première stratégie énergétique qui don-
solaire éolienne hydro-électrique
nait une visibilité inédite sur ce que le
Royaume allait proposer au monde sur
ce créneau, les acquis feraient rougir Source: Ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement
les économies les plus avancées. Dans
un récent classement des économies les le cadre du programme du solaire début 2017. Lorsque toutes les cen- Water and Power (Acwa Power), ont
plus attractives en investissements dans Noor, piloté par la Moroccan agency trales seront opérationnelles, le com- décroché les contrats de construction
les EnR (énergies renouvelables) établi for solar energy (Masen), et qui vise plexe solaire de Ouarzazate permettra et d’exploitation des trois premières.
par le cabinet Ernts &Young, le Maroc 2.000 MW de puissance installée d’ici d’éviter l’émission de 522.000 tonnes Plus de 2.000 emplois ont été créés par
figure dans le top 15 mondial avec un 2020. Ce chiffre a été réévalué à un de CO2 par an. Cela correspond à 13 l’exécution de ces projets, avec près de
cumul de 2 milliards de dollars investis total de 4.500 MW à l’horizon 2030. millions de tonnes sur les prochaines la moitié auprès de la main-d’œuvre lo-
dans les EnR, talonnant l’Afrique du Aujourd’hui, deux autres centrales 25 années, soit l’équivalent de l’émis- cale. Le taux d’intégration industrielle
Sud sur le continent. thermo-solaires, Noor 2 (200 MW) et sion annuelle de 110.000 véhicules! est estimé à 30%.
La seconde mouture de la stratégie Noor 3 (150 MW), sont en cours de Deux consortia, menés par le groupe D’autres complexes du programme
énergétique du Maroc sur la période construction et devraient être livrées saoudien International Company for solaire Noor ont été lancés dans la
2016-2030, annoncée en marge de la
COP21 tenue à Paris, table sur quelque
30 milliards de dollars d’investissement Parcs éoliens en développement par Nareva
dans les EnR. Ce qui devrait permettre
le développement additionnel d’une ca- Parc éolien de Tanger II
• Ceuta
pacité d’environ 10.000 MW. Le détail. Tanger • • Tetouan (100 MW)
Melilla •

• Kenitra Oujda •
Solaire Rabat •
Casablanca • • Mohammedia
• Fès
Parc éolien de Midelt
Parc éolien de Jbel Lahdid • El Jadida (150 MW)
(200 MW)
Dans le solaire, la courbe d’ap- • Safi
• Bouarfa

prentissage fut difficile à gravir. Mais


l’essentiel n’est-il pas d’y arriver. La Parc éolien de Tiskrad
prouesse majeure à retenir est la mise (300 MW) • Agadir

en service, en fin 2015 à Ouarzazate,


du plus grand complexe solaire à tech-
nologies mixtes jamais développé au • Laâyoune
Algérie
monde. «Noor Ouarzazate» vise une Parc éolien de Boujdour • Boucraâ
puissance installée d’un minimum de (100 MW) • Smara
500 MW à déployer d’ici 2018, répartie Projets en développement
en 4 centrales. - Projet 850 MW
Ligne électrique THT • Kelaât
La première, Noor 1, porte sur Zemmour
Projets en développement
une capacité de 160 MW de solaire • Ed Dakhla - Loi 13-09
thermique à concentration à miroirs Parc éolien de Aftissat
cylindro-paraboliques. Le site est (200 MW) Mauritanie
déjà opérationnel et constitue le pre- • Bir Guendouz
mier véritable essai transformé dans (Source: Nareva Holding)
➨➨➨
Vendredi 29 Juillet 2016
XIII

des énergies renouvelables


même foulée, Midelt, Boujdour, mené par Nareva Holding, la filiale de 50 MW, Haouma 50 MW, et Afkhennir renforcement des acquis se poursuit et les
Laâyoune, etc., et se situent à divers SNI, et composé de l’allemand Siemens 100 MW). Le parc éolien de Tarfaya a ambitions sont importantes: 1.330 MW à
états d’avancement dans les procédures Wind Power et de l’italien Enel Green mobilisé un investissement de 5 mil- développer d’ici 2030.
d’attribution des marchés. A terme, la Power. Ce n’est pas la première fois liards de DH, pour une production de L’Office national de l’électricité et de
filière dispose d’une feuille de route d’ailleurs que l’opérateur marocain s’il- 1.000 GWh/an. Largement suffisant l’eau potable (ONEE) vient de relancer le
qui devrait mener au développement de lustre sur cette filière. pour alimenter une ville comme Mar- projet de réalisation de la Station de trans-
quelque 5.000 MW d’ici 2030. Nareva s’est justement associée avec rakech! fert d’énergie par pompage (Step) Abdel-
le groupe français Engie sur le projet de Sur le volet hydroélectrique, la «poli- moumen, d’une puissance de 300 MW
Tarfaya, et gère et exploite plusieurs tique des grands barrages» a déjà permis pour 3 milliards de DH d’investissement.
Deux programmes locomotives sites de production d’énergie éolienne au Royaume de disposer d’un portefeuille Trois groupements de développeurs pri-
dans l’éolien pour des comptes privés (Foum El Oued de production non négligeable. Mais le vés sont déjà pré-qualifiés pour participer
à l’appel d’offres. Il s’agit des consortia
Dans le domaine du vent, les pro- Synergies opérationnelles composés de l’espagnol Abener/Voith
(Allemagne)/SGTM (Maroc), de Toshiba
jets se développent tout aussi vite. Le
Royaume a quasiment atteint son objec-
tif de cumuler les 2.000 MW de capaci-
Une restructuration importante de l’architecture institutionnelle du secteur Corporation (Japon) /Daewoo Enginee-
ring & Construction Co.LTD (Corée du
des énergies renouvelables est en cours depuis janvier 2016. A fin juin dernier, Sud), ainsi que Vinci Construction Grands
tés à installer sur ce segment d’ici 2020. le gouvernement a introduit plusieurs refontes en profondeur des prérogatives de Projets SAS (France)/Andritz Hydro (Al-
La ferme éolienne de Tarfaya de 300 l’Agence de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergé- lemagne). La Step Abdelmoumen devrait
MW, la plus grande jamais mise en ser- tique, de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, ainsi que de Masen. venir renforcer celle d’Afourer, d’une
vice sur le continent, et le programme Les projets de loi introduits dans le circuit législatif devraient justement donner puissance installée de 460 MW, opéra-
éolien intégré de 850 MW, sont les deux de nouvelles prérogatives à l’Agence solaire, désormais en charge de toute la tionnelle depuis 2014 et développée par le
derniers acquis majeurs sur cette filière. stratégie du Royaume dans les énergies renouvelables. Ce changement fait suite groupe français Alstom.o
Ce second projet, d’un investissement à une décision royale d’insuffler davantage de synergie et de cohérence dans
de 11 milliards de dirhams vient jus- l’exécution du programme du Royaume dans les EnR. o Safal FALL
tement d’être attribué à un consortium

Vendredi 29 Juillet 2016


XIV

Changements climatiques: Le nouveau


John Roome est directeur principal lions de personnes à travers le monde travers des assistances techniques et par-
au département des Changements cli- à l’horizon 2030, dont 43 millions tages de connaissances et d’expériences
matiques de la Banque mondiale. Il pi- rien qu’en Afrique. prometteuses menées à travers le monde,
lote l’effort d’intégration des questions Lors de mes diverses rencontres notamment dans d’autres pays en dévelop-
de changements climatiques au sein du avec les autorités marocaines, nous pement.
groupe et à travers ses opérations sur le avons pu dégager un certain nombre
terrain. Depuis plusieurs années, l’Insti- d’axes de coopération qui pourraient - Quelles sont les garanties de bonne
tution a placé la variable climatique au contribuer à atteindre les objectifs fin des engagements pris à la COP21 à
cœur des projets qu’elle soutient dans les «d’action» visés par les responsables Paris?
différents pays membres. Au Maroc, elle du comité de pilotage de la COP22. - L’importance de l’action, qui sera le
accompagne le gouvernement dans plu- Il s’agit tout d’abord de contributions leitmotiv du sommet de Marrakech, est
sieurs programmes. Le dernier en date, à des questions sectorielles, comme bien reconnue mondialement, et le Maroc
de 200 millions de dollars concerne la la gestion des zones côtières et fait d’ailleurs figure d’exemple dans ce do-
gestion des risques liés aux catastrophes océans, la gestion des ressources en maine. Un engagement souligné aussi par
naturelles. A la COP22, la Banque mon- eau, le développement des énergies le comité d’organisation de la COP22 qui
diale entend assurer un rôle de premier renouvelables et l’efficacité énergé- souhaite placer la question de la mise en
plan afin de donner corps aux engage- John Roome, directeur du département des tique. L’accent sera tout particuliè- oeuvre des Accords de Paris au coeur des
ments pris à Paris lors de la COP21. Changements climatiques à la Banque mondiale: «Nos rement mis sur la problématique de discussions. La Banque mondiale est dispo-
recherches indiquent que sans une action concertée, l’adaptation, thème central notam- sée à appuyer et à accompagner cet effort et
- L’Economiste: Sous quelle forme la le changement climatique basculerait dans la pauvreté ment en Afrique sub-saharienne qui nous souhaitons vivement que l’issue de ce
Banque mondiale sera-t-elle impliquée plus de 100 millions de personnes à travers le monde à doit de plus en plus être préparée à sommet soit un succès.
dans la COP22? l’horizon 2030» (Ph. Banque mondiale) affronter les impacts du changement Car désormais l’action est nécessaire:
- John Roome: Dans la continuité de climatique. Nous collaborerons éga- nous ne pouvons plus en effet nous per-
son appui au gouvernement marocain, la occasion unique d’une prise de conscience lement dans le domaine de l’agricul- mettre le luxe de concevoir un développe-
Banque mondiale apportera sa contribution de l’urgence d’une action mondiale, pour ture intelligente face au climat, qui vise non ment à tout-va sans prise en considération
à la préparation de la 22e Conférence des inscrire durablement ce thème dans les pa- seulement à renforcer la sécurité alimentaire du changement climatique. Le monde n’a
parties qui sera un événement phare pour radigmes de développement des pays de la et à assurer les sources de subsistance pour d’autre choix que de mettre en œuvre les
le monde et un tournant pour le leadership planète. En effet, nos recherches indiquent les agriculteurs mais aussi à réduire les accords historiques de Paris si nous souhai-
du Maroc dans le domaine de l’adapta- que sans une action concertée de tous les émissions de CO2. Enfin, nous aiderons les tons freiner le réchauffement de la planète,
tion au changement climatique à l’échelle pays, le changement climatique peut faire pays a à mettre en œuvre leurs plans pour réduire sensiblement les émissions de gaz à
continentale. Il s’agira donc de saisir cette basculer dans la pauvreté plus de 100 mil- atteindre leurs contributions nationales, à effet de serre et renforcer la résilience des

Engagée dans plusieurs projets au Maroc


n 400 millions de dollars au la réforme de la politique de développe- l’ONEE puis l’aider à passer sur un mode de l’irrigation. Le projet a été approuvé le
ment institutionnel avec la création d’un de financement privé pour l’implantation 27 mai 2010 et se terminera fin décembre
Plan solaire Office de gestion des risques et d’un sys- de nouvelles structures photovoltaïques. 2017. Son coût total est estimé à 115 mil-
La Banque mondiale est l’un des prin-
tème d’information de données de gestion La phase II consiste à créer des centres de lions de dollars dont 70 millions provenant
cipaux bailleurs de fonds du Plan solaire.
des risques. Le deuxième pilier concerne distribution d’énergie renouvelable afin de la Banque mondiale.
Elle apportera 400 millions de dollars sur
l’appui au projet de réduction des risques d’éviter les problèmes de congestion et L’essentiel du projet consiste à rem-
2,677 milliards que coûte la totalité du pro-
prioritaires afin de réduire le profil risque enrichir les connaissances de l’ONEE en placer les canaux par des systèmes sous
gramme. Ces fonds sont destinés au finan-
du Maroc et d’augmenter la résilience termes de planification sur le long terme pression, ou à améliorer les systèmes
cement de la construction de Noor-Ouar-
au risque. Le troisième pilier consiste en pour la gestion des énergies renouvelables. sous pression existants afin de réduire les
zazate II et Noor-Ouarzazate III à travers
l’amélioration des stratégies de finance- La troisième phase est la gestion de la de- pertes en eau. Dans un deuxième temps,
notamment des partenariats entre Masen et
ment des risques liés aux catastrophes na- mande afin d’inciter les consommateurs à le programme formera les agriculteurs de
des partenaires. La deuxième phase du pro-
turelles. avoir une consommation intelligente et de la région pour une meilleure utilisation de
jet sera une optimisation financière pour
protéger les revenus de l’ONEE en assu- l’eau et les aidera à trouver le financement
déterminer le coût auquel Masen vendra
rant une meilleure tarification. La dernière nécessaire. Enfin l’ORMVA recevra une
l’électricité achetée à Noor à l’ONEE. n Projet d’énergie propre phase doit améliorer le service technique aide afin de garantir sur le long terme une
L’objectif du programme est d’amélio- de l’Office. meilleure gestion de l’eau.
rer la capacité de production et de distribu-
n Gestion intégrée des risques tion d’électricité renouvelable de l’Office
liés aux catastrophes naturelles national de l’électricité et de l’eau potable n Conservation des ressources n Modernisation de la grande
L’objectif de ce projet est «d’amélio- afin de satisfaire les besoins en électricité en eau de l’Oum Er Rbia irrigation
rer l’architecture de la gestion du risque des zones. Le projet a été approuvé le 25 L’objectif du projet est d’améliorer la L’objectif du projet est de permettre
institutionnel et financier du Maroc et de avril 2015. La Banque mondiale a mobilisé gestion de l’eau dans ce bassin en incitant aux ORMVA du Tadla, du Haouz, des
renforcer les capacités nationales et locales 125 millions de dollars sur les 158 millions les exploitants à choisir des techniques Doukkala et du Gharb la fourniture d’un
pour planifier, mettre en œuvre et évaluer nécessaires au projet. d’irrigation plus modernes et moins gour- service en eau de meilleure qualité aux
des projets d’atténuation du risque». Ce D’ici 2020, il augmenterait la capacité mandes et les municipalités et entreprises agriculteurs. Le projet a démarré en juillet
projet approuvé le 20 avril 2016 se clôtu- de production d’énergie solaire de 2.000 industrielles à traiter leurs eaux usées. Il 2015 et s’achèvera en décembre 2022; la
rera fin 2021. L’intégralité du financement, MW. Le projet se décompose en quatre devrait permettre de contrer les actuels et Banque mondiale supportera l’intégralité
200 millions de dollars proviendra de la phases. Dans un premier temps, la Banque futurs problèmes d’alimentation et rendre des 150 millions de dollars nécessaires à la
Banque mondiale. Le projet se décline mondiale va apporter son soutien financier l’utilisation de l’eau dans le bassin plus mise en œuvre du programme.o
en trois piliers. Le premier est l’appui à au Programme solaire photovoltaïque de efficiente en améliorant la productivité Ariane BADET

Vendredi 29 Juillet 2016


XV

logiciel de la Banque mondiale


populations et des pays au changement cli- cord de Paris et nous avons eu le privilège - L’Afrique est le continent qui émet le aidant à mieux préparer leurs dossiers de
matique. d’accompagner certains d’entre eux dans moins de CO2 mais qui en subit de plein demandes de financement et à harmoniser
la définition de ces engagements. L’étape fouet les effets. Comme cela a été discuté leurs approches et normes dans des secteurs
- Comment cela se traduit dans les d’aujourd’hui est celle de la mise en œuvre avec les membres du comité de pilotage comme les énergies renouvelables, l’agri-
orientations de la Banque mondiale? et nous nous y attelons dès aujourd’hui pour de la COP22, cette contrainte, le conti- culture ou la gestion de l’eau. Cependant,
- La Banque mondiale a amorcé ce vi- aider les gouvernements à atteindre leurs nent africain peut en faire une force en et faute d’une prise en main au niveau mon-
rage depuis plusieurs années et a mis en objectifs. veillant à assurer un développement sobre dial pour réduire sensiblement les émissions
place récemment un Plan d’action climat en carbone. Par ailleurs et grâce à son ex- de CO2, le continent africain pourrait subir
qui définit une feuille de route des actions - L’Afrique est le continent le moins périence dans le domaine de l’adaptation des épisodes climatiques de plus en plus
permettant aux pays de renforcer leur rési- polluant, mais le plus touché par les effets au changement climatique, le Maroc en- aigus et des hausses de températures ex-
lience climatique et promouvoir une crois- des changements climatiques. Que faire tend faire bénéficier les pays du Sud de trêmes pouvant conduire à de graves crises
sance sobre en carbone. Ce nouveau plan pour réparer cette «injustice»? son expérience lors de cette COP, en les humanitaires et à la réduction sensible de sa
définit des objectifs stratégiques à atteindre sécurité alimentaire.
à l’horizon 2020, dont l’augmentation de Un plan de 29 milliards de dollars En collaboration avec la Banque afri-
la part des énergies renouvelables dans caine de développement et d’autres parte-
le portefeuille énergétique des pays, soit
une moyenne de 30 gigawatts permettant
L E Plan d’action climat de la Banque mondiale est une base stratégique
naires, la Banque mondiale travaille à l’éla-
boration d’un Plan d’investissement destiné
permettant non seulement de définir les grandes orientations et interventions
d’alimenter jusqu’à 150 millions de foyers à renforcer la résilience climatique du conti-
sectorielles de l’institution pour endiguer les effets du changement climatique,
à travers le monde. Ce plan prévoit égale- nent. Ce plan contient un certain nombre
mais aussi de renforcer le niveau d’engagement financier de la Banque sur ces
ment de promouvoir une agriculture intel- d’initiatives et de projets, liés notamment
questions. En effet, elle s’est engagée à augmenter d’un tiers son financement
ligente face au climat à travers des plans aux énergies renouvelables, à l’améliora-
climatique, soit une enveloppe de près de 29 milliards de dollars annuels, grâce à
d’investissement dans une quarantaine de tion de la gestion des ressources en eau, au
l’appui de pays membres. Ce plan permet par ailleurs d’introduire une évaluation
pays d’ici 2020, entre autres objectifs. Au- reboisement et à l’agriculture intelligente
des risques climatiques en amont dans chacune des opérations soutenues par la
jourd’hui, près de 140 pays membres du face au climat. o
Banque, entraînant ainsi des économies substantielles et une meilleure conception
Groupe de la Banque mondiale ont soumis Propos recueillis par
des projets, notamment dans le domaine des infrastructures. o
leurs contributions nationales pour l’Ac- Khadija MASMOUDI

www.peugeot.ma

CRÉDIT
GRATUIT

Vendredi 29 Juillet 2016


XVI

Fiscalité écologique: Les taux


n Premier accusé, le diesel L' économie générale de la fis- assez dissuasif puisqu’il n’est payé qu’une
seule fois par an. A contrario, comme dans
à essence. Une taxation qui varie entre
calité environnementale est fondée sur 350 et 8.000 en fonction de la puissance
bénéficie d’une certaine clé- le principe pollueur-payeur. C’est le dis- beaucoup de pays, le gasoil reste encore fiscale. Plus elle est élevée, plus elle est
mence criminant qui a été trouvé dans les pays très bon marché à la station-service, au- énergivore. Par conséquent, le montant
industrialisés pour taxer les activités pol- tour de 8,80 DH contre 10,45 DH pour de la vignette est plus élevé.
luantes. Au Maroc, la sur-taxation des vé- l’essence. Toujours dans le domaine de l’au-
n De nouvelles taxes pour le hicules à moteur diesel, réputés polluant, D’ailleurs, les véhicules fonctionnant tomobile, le gouvernement a lancé des
obéit à cette logique. Le montant de la au gasoil représentent plus de 80% des études pour la mise en œuvre de straté-
recyclage des produits dange- «vignette» a enregistré plusieurs hausses. 3,45 millions de véhicules en circulation gies pour la valorisation des batteries, des
reux Actuellement, pour un véhicule doté d’une au Maroc. pneus et des huiles usagées. Des conven-
puissance fiscale inférieure à 8 CV, il est Pour encourager l’utilisation des véhi- tions ont été signées avec les profession-
n Batteries, pneus, huiles usa- de 700 DH. Au-delà, la «vignette» varie cules à moteur électrique ou hybride (élec- nels, mais les écotaxes n’ont pas été in-
gées, plastique… entre 1.500 et 20.000 selon le nombre de trique et thermique), la loi de finances tégrées dans la loi de finances car elles
chevaux. Le niveau de taxation n’est pas 2015 a aligné la «vignette» sur le véhicule n’avaient pas encore été finalisées. o

n Pneus: L’écotaxe fin prête n Plasturgie:


Une taxe détournée
Après des discussions qui ont duré
plusieurs mois et un recadrage en deux
temps, le gouvernement a fixé l’écotaxe
de la plasturgie à 1,5% ad valorem. Un
droit qui s’applique à une large gamme
de produits fabriqués avec du plastique.
En principe, les recettes de l’écotaxe sont
destinées à financer l’émergence d’une
filière de recyclage du plastique. Sauf que
dans la pratique, le produit de cette taxe
a été détourné de son objectif initial. En

Les recettes de la taxe parafiscale appli-


L’instauration d’une écotaxe permettra l’émergence d’une filière spécialisée dans la quée au plastique ont finalement été
récupération et la revalorisation des pneus usagés (Ph. Bziouat) détournées et financent en partie les
centres de tri (Ph. Bziouat)
Les pneus usagés représentent une im- teurs. Le montant de l’écotaxe proposée a
portante source de pollution car ils sont été fixé à 6 DH pour les pneus touristiques effet, il est utilisé pour soutenir le tri dans
récupérés et brûlés dans les fours des bri- et à 19 DH pour les utilitaires, soit environ les décharges. Un tri qui ne fait aucun dis-
queteries et des potiers. Ce qui contribue 1,5% du prix de vente variant entre 400 Une fois broyés, les pneus sont incinérés tinguo entre le plastique et les autres dé-
à la pollution de l’air. «Après avoir réalisé et 2.000 DH. L’écotaxe devait être inté- pour produire de l'énergie. Ici, l'un des chets. Ce qui constitue un détournement
une étude, nous avons proposé au gouver- grée dans la loi de finances 2016, mais elle sites de production de Ciments du Maroc de la vocation de l’écotaxe. L’institution
(Ph. Jarfi)
nement la création d’une filière structu- n’avait pas été ficelée dans les délais. Mais d’une taxe parafiscale sur le plastique ne
rée, dédiée au recyclage des pneus usagés ce n’est que partie remise puisqu’elle sera relativement faible. En effet, le marché repose pas sur le principe de solidarité,
à l’image de ce qui se fait dans plusieurs certainement proposée dans le cadre du marocain génère environ 40.000 tonnes de c’est-à-dire qu’elle ne devrait aller qu’au
pays voisins, notamment la Tunisie», dé- projet de loi de finances 2017. pneus par an, mais seules 32.000 peuvent plastique.
clare Hassan Chouaouta, DG d’Impact Le schéma envisagé pour la valori- être revalorisées. Le reste étant des pneus En d’autres termes, pour effectuer un
Plus, cabinet de conseil spécialisé dans sation des pneus usagés consiste à créer d’utilitaires dont le recyclage n’est pas en- tri général, il aurait fallu appliquer une
l’environnement et le développement du- jusqu’à cinq sites de regroupement. Les core possible même au niveau internatio- écotaxe à d’autres matières telles que le
rable. La stratégie de recyclage consisterait pneus seront ensuite broyés avant d’être nal du fait de leurs composants en métal. fer, le plomb, le papier, le carton…
à créer un groupement d’intérêt écono- transférés dans les cimenteries qui pren- Par conséquent, par équité, l’écotaxe ne A l’inverse, les écotaxes appliquées
mique (GIE) qui aura pour mission de ré- nent en charge les frais de logistique sera appliquée au Maroc qu’aux 32.000 aux pneus, aux huiles usagées et la
cupérer les pneus usagés, dans un premier depuis l’enlèvement auprès des sites de tonnes de pneus valorisables, contrai- consigne sur les batteries de voiture servi-
temps auprès des opérateurs informels. récupération jusqu’au broyage et l’inci- rement à l’étranger où tous les types de ront à financer exclusivement les filières
Les frais seront à la charge des importa- nération. Le potentiel reste tout de même pneus sont taxés. o concernées. o
Vendredi 29 Juillet 2016
XVII

ne tuent pas les totaux, mais…


n Recyclage des batteries: batterie pourra en acheter une nouvelle sans
payer cette caution. Celui qui conserve sa
Un projet dans les tiroirs batterie usagée est réputé l’avoir vendue
Bien qu’usagées, les batteries automo- dans le marché informel. Il devra dans ce
biles conservent une grande valeur écono- cas s’acquitter de la consigne. Celle-ci peut
mique. Elles sont rachetées par des opéra- toujours être récupérée moyennant la pré-
teurs pour en récupérer le plomb. Sauf que sentation de l’ancienne batterie. Ainsi, «le
ce recyclage n’est pas fait dans les règles de principe de cette redevance consiste à as-
l’art. Les batteries sont détruites à l’air libre. surer la traçabilité des batteries usagées et
L’acide est rejeté à même le sol et contamine d’éviter qu’elles ne soient recyclées via des
la nappe phréatique. Le plomb est ensuite circuits non conformes», explique Hassan
récupéré puis fondu pour être transformé en Chouaouta.
lingots prêts à être exportés. Conscient des Bien qu’ayant fixé le montant de la
risques de cette activité sauvage, le minis- consigne, il reste encore à ce que les trois
tère de l’Industrie et du Commerce a soumis principaux fabricants se mettent d’accord
les exportations de plomb recyclé à licence. pour créer un groupement d’intérêt écono-
L’objectif étant de s’assurer que le recyclage mique. Une structure qui aura pour mission
est effectué selon les normes. le recyclage des batteries et la collecte de la
Outre l’encadrement de l’export, le gou- L’achat d’une nouvelle batterie devrait bientôt être soumis au paiement d’une consigne, caution. Le potentiel en batteries de diffé-
vernement a réglementé les modalités de sauf en cas de restitution de la pièce usagée (Ph. Khalifa) rents types, dont la durée de vie varie autour
transport, de stockage et de recyclage des de trois ans, s’élève à 700.000 unités par an.
batteries automobile. Des produits classés que tout usager doit déposer au moment triels. Selon nos informations, le «deposit» De tout cela, rien n’est encore appliqué à ce
parmi les matières dangereuses. La régle- d’acheter une nouvelle batterie, dont le a été fixé à 150 DH. Le consommateur qui jour.o
mentation prévoit également une consigne montant devait être déterminé par les indus- se présentera au magasin avec son ancienne Hassan EL ARIF

Vendredi 29 Juillet 2016


XVIII

Il était une fois le défi des barrages…


n 139 grands ouvrages, Oued
En projet aussi, l’aménage-
El Makhazine ment de 14 sites de protection
18 milliards de m3 stockés 773 contre les inondations d’un
Tanger coût de 350 millions de DH.
Irrigation, protection contre les
n Pilier du développement crues, sécurisation de l’eau po-
Réserves des grands barrages Ouazzane Idriss Ier Oujda
agricole et de la production (en millions de m3) Al Wahda
Fès 1.200
Taourirte
table, mais aussi production de
l’énergie hydraulique, sont les
électrique Rabat 3.800
principaux objectifs de la poli-
T OUS les ouvrages prévus depuis le
CasablancaAl 2.700
Massira
Bin
El Ouidane
tique des barrages. Une orien-
tation placée en tête des priori-
lancement du projet d’irrigation du mil- 1.384 tés depuis les années 1960 par
Settat
lion d’hectares ont été soit réalisés, soit feu Hassan II et consolidée par
tracés sur la cartographie hydraulique Béni-Mellal
Abdelmoumen Mohammed VI.
nationale. En se fixant très tôt l’objec-
216
Aujourd’hui, le pays dispose de 139 Agadir
tif d’irriguer un million d’hec-
grands barrages avec une capacité de tares en l’an 2000, le pays s’est
stockage de 18 milliards de m3. S’ajou- Tiznit
résolument engagé dans une
tent également 13 ouvrages hydrauliques stratégie coûteuse mais néan-
Guelmim
de transfert des eaux avec un réseau de moins porteuse pour les sec-
1.100 km et un volume de 2,5 milliards Tan-Tan teurs économiques prioritaires
de m3/an. Le tout renforcé de 100 petits Le Maroc dispose actuellement de 139 tels l’agriculture, l’industrie
Laâyoune
barrages et lacs collinaires. barrages et 12 ouvrages sont en phase et le tourisme. Avec l’inaugu-
Smara finale de réalisation. Le tout permet ration en 1997 du barrage Al
Gros potentiel, petite mobilisation Boujdour la mobilisation de 18 milliards de m3. Wahda, l’objectif d’irrigation
Le pays a également l’ambition de du million d’hectares a été
L E Maroc a certes fourni
réaliser le grand projet de transfert des
eaux du nord vers le sud sur 500 km
atteint avec l’apport de six
autres grands barrages : Mou-
d’importants efforts en termes de
Dakhla lay Youssef, Hassan Addakhil,
construction de barrages, mais beau-
coup reste à faire en ce qui concerne Mansour Addahbi, Youssef
l’usage rationnel de la ressource. Le Ben Tachfine, Idriss 1er et
contexte hydrologique reste influen- Sidi Mohamed Ben Abdallah.
cé par une variabilité très marquée Source: Ministère chargé de l’Eau et de l’Environnement Avant l’entrée en service de
et mal répartie des précipitations. En ces ouvrages, la mobilisation
moyenne, le pays reçoit 140 milliards des eaux était assez timide.
de m3. Volume qui varie entre 50 et En 38 ans (1929-1967), seuls
250 milliards de m3, selon une étude 15 barrages ont été construits
du ministère en charge de l’Eau. Or, avec une capacité totale de 2
seulement 17 à 18 milliards de m3 milliards de m3.
sont stockés. C’est dire le gap entre Aujourd’hui, la capacité
les précipitations et les capacités de de stockage mise en place
stockage. De plus, le pays subit, de- permet de mobiliser plus de
puis quelques années, de plein fouet 10 milliards de m3/an sur une
le changement climatique avec ses réserve théorique de 18 mil-
manifestations extrêmes: sécheresse liards. Au total, la superficie ir-
et inondation. riguée selon les divers modes,
Sur les trente dernières années, grande, moyenne et petite hy-
l’effet de ces changements sur le ré- draulique, s’élève à 1,5 million
gime des précipitations a fait perdre d’hectares dont 30% relèvent
au pays 20% des eaux recueillies du privé. Malgré tout, des
par les barrages. Sur l’ensemble des insuffisances restent à com-
ressources en eau disponibles, résul- bler. Le gap entre les précipi-
tant de la pluie, 13,1 milliards de m3 tations et le niveau des eaux
sont mobilisables dans des conditions recueillies est très important.
techniques et économiques accep- La pluviométrie variant en
Le barrage Al Massira est le 2e grand ouvrage du pays après Al Wahda. D’une réserve théorique de moyenne entre 50 et 250 mil-
tables. Le potentiel en eaux souter- 2,6 milliards de m3 et d’une hauteur de 133 mètres, il a été construit en 1975. Situé dans la région de liards de m3. Sans oublier les
raines renouvelables s’élève à un peu Chaouia-Ourdigha, ses eaux irriguent également une partie des Doukkala (Ph. L’Economiste)
plus de 3,8 milliards de m3 répartis pertes dues au manque d’équi-
sur 80 nappes dont 48 sont superfi- La volonté de sécuriser la ressource subit de plein fouet les manifestations ex- pements d’irrigation dans cer-
cielles. Malgré cette fragilité, le gas- hydrique est tellement forte que le rythme trêmes: sécheresses récurrentes et inon- taines zones dominées par les barrages.
pillage de la ressource reste une do- de réalisation a été accéléré au cours des dations. La bataille devrait également se
minante aussi bien chez les individus deux dernières décennies: 2 à 3 grands Selon le département de l’Eau, une concentrer sur l’utilisation raisonnée
qu’au niveau de la politique de ges- barrages par an. L’aménagement des cours douzaine de grands barrages sont en cours de l’eau. Certes, c’est l’objet des plans
tion de l’eau. Des cultures trop exi- d’eau n’est pas en reste. Sur les 430 sites de réalisation dont 8 à 70%. Le coût glo- d’économie d’eau et de reconversion en
geantes en eau sont toujours encou- identifiés, 160 ont été réalisés. bal de ces ouvrages s’élève à 9 milliards système d’irrigation localisée, mais la dé-
ragées à coups de subventions et une Les projets en cours permettent d’en- de DH. Le même programme comporte la marche gagnerait en ciblant les cultures à
tarification pas du tout dissuasive.o visager l’avenir avec optimisme face aux construction de 26 petites retenues pour forte valeur ajoutée.o
changements climatiques dont le Maroc un investissement de 800 millions de DH. A. G.

Vendredi 29 Juillet 2016


XX

Traitement des eaux usées: Objectif,


n En 10 ans, une centaine ont
vu le jour ou sont en cours de
réalisation

n Régies, ONEE, concession-


naires ont consenti de grands
efforts

n La couverture de tout le ter-


ritoire devrait être atteinte en
2030
C’ est l’une des métamorphoses
les plus spectaculaires dans nos villes ces
dix dernières années. La construction des
stations de traitement des eaux usées a été
lancée dans la foulée du Plan national de
l’assainissement (PNA) en 2005. L’objec-
tif était d’arriver à traiter 50% des eaux
usées en 2016, 60% en 2020 et la totalité A Marrakech, Radeema lancera très prochainement l’extension de la station pour le traitement primaire et secondaire. L’investissement
en 2030. Ce sont de gigantesques investis- est évalué à 250 millions de DH
sements qu’il a fallu engager. L’ONEE et Du coup, le projet a été entièrement revu ment d'environ 40.000 m3 d'eaux usées par
les régies sont les deux chefs de file de ce pour un investissement de 1,23 milliard jour. Cette station, dont le procédé d'épura-
n Fès sur les traces de
chantier titanesque. Le rythme de réalisa- de DH, offrant désormais une capacité de tion est de type lagunage aéré, est caracté- Marrakech
tion de ces stations a rencontré parfois des 21 millions de m3 d’eaux additionnelles risée par une filière complète d'épuration 1,1 milliard de DH. C’est l’investisse-
obstacles (techniques et financiers), mais pour alimenter les 19 greens réalisés ou en allant du prétraitement (dégrillage et dessa- ment global qu’a nécessité la Step de Fès.
cela n’a pas remis en cause le plan. Plu- projet dans la ville de Marrakech ainsi que blage), traitement primaire (10 bassins ana- Elle comporte deux filières de traitement
sieurs projets de Step avec traitement ter- sa palmeraie. Mais à peine 8 millions de érobies), traitement secondaire (12 bassins (primaire et secondaire). Une pour l’eau
tiaire ont été achevés ou en cours d’achè- m3 de ces eaux additionnelles sont utilisées d'aération en deux étages), jusqu'au traite- et une autre pour la boue. La première
vement. Panorama de grands chantiers. puisque seuls quelques terrains de golf sont ment tertiaire (21 bassins de maturation). regroupe des bassins de dégrillage, des-
en contrat avec la Radeema qui exploite la Celui-ci permettra la réutilisation à des fins sablage-déshuilage, décantation primaire,
n Marrakech, pionnière Step. Les autres projets golfiques, connais- agricoles des eaux usées épurées à travers aération, décantation secondaire. La se-
sant de sérieux retards au sein de leur chan- l'irrigation d'environ 1.200 ha. Vingt-deux conde fonctionne avec des épaississeurs
pour le tertiaire tier, ne se sont toujours pas acquittés de lits de séchage sont aussi réalisés pour le de boues avec un procédé de «cogénéra-
Une des plus grandes stations (1,2 mil- leur quote-part (25 millions de DH). «Nous tion» permettant la production de 50% des
traitement des boues résiduaires, en plus
liard de dirhams) est sans doute celle de sommes de fait en déficit d’investissement besoins en énergie électrique de la station.
d'un intercepteur des eaux usées vers la
Marrakech achevée en 2010 et qui s’est et d’exploitation», reconnaît Rachid Ben- Le tout entouré d’espaces verts et de voi-
Step sur 7 km et une station de pompage
distinguée non seulement par le traitement chikhi, directeur général de la Radeema. rie permettant une accessibilité à l’en-
des eaux rejetées vers la station d'une ca-
tertiaire, mais aussi par son financement Le schéma d’investissement de cette semble des installations. La Step de Fès
pacité de 1.700 l/s. Ce projet a été financé
puisque les opérateurs privés ont mis station était tripartite avec une mise de reste un projet à très forte valeur ajoutée
conjointement par l'Etat dans le cadre du
la main à la poche. Il a fallu 5 ans pour la Radeema de 480 millions de DH, 150 écologique, car elle permet la dépollution
Plan national d'assainissement liquide et
mettre en place une station de traitement et millions de DH provenant de l’Etat et 480 la Régie autonome intercommunale de des eaux usées avant déversement dans le
de réutilisation des eaux usées de ce genre. millions de DH devait provenir des pro- distribution d'eau et d'électricité d'Oujda milieu naturel. En revanche, la Step fassie
Le projet est passé par plusieurs phases. moteurs golfiques. A ce jour, ces derniers (RADEEO) et grâce à un emprunt de la n’a pas encore envisagé le traitement ter-
Au tout début, la station avait été conçue ont contribué à hauteur de 220 millions. Le Banque européenne d'investissement. tiaire pour une réutilisation des eaux usées.
pour répondre aux besoins de suppression reste a été pris en charge par la régie mar-
de rejets déversés au niveau de trois points rakchie. «Nous espérons que les nouveaux
(route de Casablanca, oued Tensift). En golfs programmés s’achèveront bientôt et n Une infrastructure n Tanger en mode
cours de route, d’autres besoins sont ap- que leurs promoteurs respecteront leurs
parus. En 2006, alors que le nombre de engagements. Ce n’est qu’à ce moment-là capitale à Al Hoceïma rattrapage
projets touristiques et golfiques augmen- qu’on atteindra l’équilibre», indique Ben- En 2011, la station d’épuration des Inaugurée en 2015, elle est destinée
tait, la problématique du stress hydrique chikhi. Malgré ces incidents, la Step de eaux usées de la ville d’Al Hoceïma a été dans une première phase au traitement
fait surface. Marrakech reste un cas d’école. Radeema entièrement réhabilitée avec une exten- des eaux usées interceptées sur la côte
Or, un green a besoin de plus d’un compte lancer très prochainement l’exten- sion réalisée pour un investissement global atlantique entre Cap Spartel et la zone de
million de m3 par an. Et Marrakech qui sion de la station pour le traitement pri- de 120 millions de dirhams. L’extension Houara, ainsi que celles de la commune
comptait 7 terrains de golf avait en pro- maire et secondaire pour un investissement de la station d’épuration et la réhabilitation de Gzenaya. Ce projet consiste en la mise
jet une quinzaine d’autres. Leurs besoins de 250 millions de DH des ouvrages existants ont permis de dou- en service d’un traitement complet et la
en eau ne pouvaient être prélevés de la bler la capacité actuelle de traitement des pose de collecteurs pour l’interception et
nappe phréatique. Il fallait donc identifier eaux usées en la faisant passer de 4.800 le transfert des eaux usées vers la station
au plus vite des solutions pour utiliser des n 40.000m à traiter par
3
m3/j à 9.600 m3/j. La station a surtout per- de traitement. Il comprend aussi la mise
eaux non conventionnelles. Les autorités jour à Oujda mis la dépollution des eaux usées rejetées, en place de systèmes de refoulement et de
locales ont alors décidé de pousser le trai- Inaugurée en 2011, cette station couvre l’économie de l’eau par la réutilisation des relevage, la construction d’un bassin de
tement des eaux jusqu'au niveau secondaire une population cible de près de 530.000 eaux épurées et le développement socio- stockage ainsi que la pose de 8.553 mètres
et tertiaire afin de pouvoir les réutiliser. personnes. Elle a une capacité de traite- économique de la ville d’Al Hoceïma linéaires de canalisation pour la distribution

Vendredi 29 Juillet 2016


XXI

une station dans chaque ville


et, ainsi, la réutilisation des eaux traitées tivées moyenne charge avec une capacité intercommunale de distribution d’eau, rait comprendre les types de traitement
dans l’irrigation des espaces verts de la de traitement de 700.000 équivalent-ha- d’électricité et d’assainissement liquide primaire, secondaire et tertiaire.
zone sud de Tanger. bitants en 2020 et 1.050.000 équivalent- de la province de Kénitra et le Programme
Cette réalisation permettra, dans une habitants à l’horizon 2030. La station va national d’assainissement. - Dakhla: L’ONEE a déjà entamé les
première phase, le traitement d’un volume aussi permettre «d’assurer la production travaux de réalisation de la nouvelle station
de 11.000 m3/j (140.000 équivalents-ha- de 50% de ses besoins en énergie élec- - Laâyoune: Ce projet porté par dans le cadre de tout un programme d’eau
bitants) des eaux usées interceptées, avec trique grâce à une chaîne de traitement des l’ONEE comprend la construction d’une potable et d’assainissement liquide identi-
une capacité de traitement tertiaire de 5.000 boues cogénération du biogaz et à l’ins- station de traitement des eaux usées et une fié pour la ville. Mais pas de date avancée
m3/j, soit une superficie d’arrosage et d’ir- tallation de panneaux photovoltaïques». station de pompage, ainsi qu’un système pour l’achèvement des travaux ni de détails
rigation de l’ordre de 100 ha/j. Le financement de ce projet sera assuré de canalisation de ces eaux pour un inves- sur les composantes de cette Step.o
Répondant aux standards internatio- par les fonds propres de la régie autonome tissement de 700 millions de DH. Il pour- Badra BERRISSOULE
naux et utilisant les dernières technologies
en matière de traitement des eaux usées, la
nouvelle station adopte un procédé d’épu-
ration dit «à boues activées» avec traite- A L’occasion De La Fête Du trône qui coinciDe
ment tertiaire, une formule qui permet de
traiter les boues et les odeurs et de produire cette année avec Le 17ème anniversaire De L’intronisation De
une eau conforme aux normes marocaines
relatives à la qualité des eaux destinées à
l’irrigation. sa majeste Le roi mohammeD vi
Dans une deuxième phase, prévue à
l’horizon 2017, l’extension du système de que Dieu Le GLoriFie
dépollution permettra la collecte et le trai-
tement du reste de la côte atlantique entre
Houara et Assilah pour un volume global
de 16.000 m3/j (210.000 équivalents-ha-
bitants), ainsi que l’extension du réseau de
distribution des eaux épurées pour atteindre
une superficie d’arrosage et d’irrigation de
l’ordre de 200 ha/j.

Financement en partenariat
public-privé

L e Programme national d’assainis-


sement liquide et d’épuration des eaux
usées (PNA) avait opté pour un schéma
PPP, les opérateurs devant prendre en
charge 70% du financement des stations.
Les 30% restants devaient provenir des
subventions de l’Etat complétées par des
contributions des collectivités locales et
des agences de bassin. Depuis l’année
2012, il a été convenu de retenir le scé-
nario de financement de 50% par les
opérateurs et 50% par les subventions
de l’Etat. De plus, un compte d’affecta- M. RogeR sAhyoun, pResident du diRectoiRe,
tion spéciale, Fonds national d’assainis-
sement liquide et d’épuration des eaux Ainsi que le peRsonnel et les cAdRes de lA societe
usées, a été créé pour le financement du
PNA en 2007 et auquel on peut faire ap-
pel pour ce genre de projet. o
soMAgec
n Les projets en cours présentent à
- Kénitra: La réalisation d’une station
d’épuration des eaux usées au niveau de la son Auguste MAJeste
ville de Kénitra partait d’un besoin. Cette
station, dont l’investissement avoisine les
600 millions de DH, va permettre d’assu-
rer l’épuration de la totalité des eaux usées
Le roi mohammeD vi
de la ville et des communes de Mehdia et
de Sidi Taïbi avant leur rejet dans l’oued leuRs voeux les plus Respectueux et les plus deffeRents de sAnte,
de Sebou. La future station, dont les tra- de bonheuR et longue vie, Ainsi qu’Au pRince heRitieR MoulAy
vaux ont démarré en 2015, répondra aux Al hAssAn, son Altesse RoyAle le pRince MoulAy RAchid
standards internationaux et sera dotée
et toute lA fAMille RoyAle
d’une technologie avancée. Elle adoptera
un procédé d’épuration de type boues ac-
Vendredi 29 Juillet 2016
XXII

Réchauffement climatique: Des


■ Les rendements et la produc-
tivité agricoles en danger

■ Projections des experts des


Nations Unies
L ’accord destiné à limiter le ré-
chauffement climatique à moins de 2°C
a été adopté par les 195 pays partici-
pants à la COP21. Reste maintenant à
s’assurer du respect des engagements
en matière d’émissions des gaz à effet
de serre dans les années qui viennent.
Le Maroc qui n’est pas épargné, s’est
engagé à réduire de 32% ses émissions
de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le
changement climatique y est déjà en
cours au vu des tendances observées
entre 1960 et 2005.
Les températures moyennes an-
nuelles ont augmenté de 1 à plus de
1,8°C et les précipitations ont subi un
déclin qui varie entre 3 et 30% avec
une baisse de 26% dans la région Nord-
Ouest du pays considérée comme la
zone la plus humide du Maroc, selon le
rapport de la Communication nationale
du Maroc à la convention cadre des Na-
tions Unies sur les changements clima- L’impact du changement climatique sur l’agriculture se manifesterait en premier lieu par la diminution de la disponibilité en eau pour
tiques datant d’avril 2016. Ce rapport a l’irrigation, et par une baisse de la productivité agricole, notamment celle des cultures pluviales (Ph: Jarfi)
été élaboré avec l’appui du PNUD. Les
projections climatiques ont porté sur
les précipitations annuelles et les tem- à la baisse des cumuls annuels des pré- projetée d’ici à 2020 et de 1 à 1,5 °C gine humaine. Il prévoit notamment des
pératures moyennes annuelles se basant cipitations qui varie entre 10 et 20% aux horizons 2050 et 2080, sur l’en- tendances à la hausse de la température,
sur les scénarios du Groupe d’experts pour atteindre 30% sur les provinces semble du pays. Les derniers rapports du niveau des mers et des océans, de la
intergouvernemental sur l’évolution du sahariennes à l’horizon 2100. Pour les du GIEC confirment le phénomène du fréquence et de l’intensité des événe-
climat (GIEC). Pour tous les horizons températures moyennes annuelles, une réchauffement global et le lien avec les ments météorologiques extrêmes. Ceci
temporels, il a été observé une tendance tendance à la hausse de 0,5 à 1°C est émissions de gaz à effet de serre d’ori- affecte déjà et affectera encore davan-
tage de nombreux secteurs économiques
vitaux et une frange importante de la po-
21
COP

AMÉRIQUE LATINE, CARAÏBES EUROPE, ASIE CENTRALE MOYEN-ORIENT, AFR. DU NORD


Près de 60% pulation du Maroc. Rabat a signé dès
+80%
Les conséquences Atlantique +50% Russie 1995 la convention cadre des Nations
Baisse Unies sur les changements climatiques.
du changement Cyclones Canicules
estivales des précipitations
Jusqu’à 60%
Syrie
Il a également ratifié en 2002 le proto-
climatique Quasi +40%
+5-10% Jusqu’à 80% Jordanie
cole de Kyoto, et mis en place en 2009
disparition Libye Égypte
Andes Asie Centrale un plan national contre le réchauffement
Fonte Fonte
des des glaciers 20-40% Pertes climatique.
Si la température glaciers agricoles
augmente de 4°C... 50%
Jusqu’à 90%
Si la température
augmente de 2°C...
Jusqu’à 30% ■ Agriculture: Rareté de l’eau,
aridité…
Concentrations de gaz à effet de serre Niveau de l’élévation des mers Température à la surface du globe
Au-delà des différents scénarios en-
400 1 6 visageables, l’impact du changement
Dioxide de carbone (CO2)* Sans changement Sans changement climatique sur l’agriculture se manifes-
0,8 terait en premier lieu par la diminution
Augmentation du niveau, en mètres

Méthane (CH4)** Meilleur scénario Meilleur scénario


ne 4
Changement en degrés Celsius

n
360 Protoxyde d’azote (N2O)**
Mo
ye Historique
yen
ne de la disponibilité en eau pour l’irriga-
1 800 0,6 Mo tion, et par une baisse de la productivité
330 Seuil de 2°C
*parties par million
**parties par milliard
2 agricole, notamment celle des cultures
1 400 0,4
e pluviales. Les sols perdraient de leur fer-
320 310 enn Moyenne
Moy tilité à cause de la baisse de leur teneur
0
290 0,2 en matière organique et sous l’effet de
1 000
l’érosion hydrique et éolienne. La pro-
280 270 800 0 -2 duction animale connaîtrait des situa-
1850 1900 1950 2000 2000 2020 2040 2060 2080 2100 1950 2000 2050 2100
Année Année Année
tions de détérioration corrélativement
Sources : IPCC , Rapport de synthèse 2014, Banque mondiale Augmentation globale du niveau en référence à la période 1986-2005 aux impacts négatifs sur la production
végétale.
Vendredi 29 Juillet 2016
XXIII

dégâts de dimension planétaire


Les projections indiquent que l’ari- directes des dommages causés aux matique est aujourd’hui comprise et dans le processus de préparation de
dité augmenterait progressivement en considérée au sein des négociations.
infrastructures et celles des modifi- la COP22 et dans l’année de prési-
raison de la diminution de la pluviomé- L’Organisation internationale pour
cations relatives à la longueur et à la dence marocaine (notamment dans
trie et de l’augmentation de la tempé- les migrations (OIM) s’occupe de
qualité des saisons touristiques dépen- les contributions nationales, la mise
rature. Cette augmentation de l’aridité dantes du climat. la thématique des migrations en- en œuvre et l’accès au financement).
aurait des répercussions négatives sur vironnementales (qui incluent les Par ailleurs, l’Unesco a déjà soulevé
dans ses travaux le lien entre le chan-
les rendements agricoles surtout à partir n Mobilité humaine et chan- migrations induites par le climat). gement climatique et l’éducation et le
de 2030. De manière générale, les ren- L’OIM Maroc est également enga-
dements agricoles resteraient plus ou gement climatique gée auprès du Comité de pilotage de patrimoine.o
moins stables jusqu’à l’horizon 2030, L’importance de la relation entre la COP22 afin que cette thématique
puis baisseraient assez rapidement mobilité humaine et changement cli- prenne toute la place qu’elle mérite Fatim-Zahra TOHRY
au-delà de cette date. Le secteur de la
pêche est aussi un secteur vulnérable et
fortement impacté par le changement
climatique. L’écosystème marin et les
ressources halieutiques sont les plus
concernés.

n Privilégier les sources


d’énergie propre
Les émissions de polluants clima-
tiques, y compris le dioxyde de car-
bone et le carbone noir amplifient les
conséquences. Si les émissions de gaz
à effet de serre continuent à augmen-
ter au rythme actuel, la température
moyenne risque d’augmenter de
5,5°C entre 1990 et 2100. Si elles
sont réduites, notamment à travers
l’utilisation de sources d’énergies
propres, le réchauffement clima-
tique pourrait être limité à 1,6°C.
Autre conséquence: la réapparition
ou l’augmentation de l’incidence de
maladies telles que la dengue, la ma-
laria ou la schistosomiase. Si le Ma-
roc renforce ses mesures contre les
émissions de gaz à effet de serre, le
nombre de décès chez les personnes
âgées pourrait être limité à 14 pour
100.000 en 2080.

n Tourisme: Eté et saisons


moins agréables
Le secteur touristique pourrait
être touché par des facteurs, tels que
des températures estivales extrême-
ment élevées, la perte de biodiversité
et d’attractions naturelles et les dom-
mages causés aux infrastructures résul-
tant de phénomènes météorologiques
extrêmes, souligne le Centre africain
pour la politique en matière de climat
de la commission économique pour
l’Afrique «pertes et dommages en
Afrique». Selon les prévisions, le tou-
risme marocain et tunisien devrait être
considérablement affecté, ne serait-ce
que par les hausses de température
susceptibles de rendre les étés et même
les saisons creuses moins agréables.
De plus, l’activité touristique de-
vrait se déplacer vers des latitudes et
des altitudes plus élevées à l’échelle
mondiale. Les recettes générées par
le tourisme subiront les conséquences

Vendredi 29 Juillet 2016


XXIV

Mobilité
Comment le tram reconfigure l’espace urbain
n Un mode de transport qui
consomme 7 fois moins que la
voiture

n Coût, capacité, régularité,


requalification urbain… les
avantages
M ETRO, tram, bus… que choisir
comme mode de transport en commun?
C’est le grand dilemme auquel les mé-
tropoles sont confrontées aujourd’hui.
A Casablanca, qui a déjà fait son choix,
le succès du tramway n’est plus à dé-
montrer. Les autorités de la ville ont
opté pour le mode de transport en site
propre combinant tram et BHNS (bus
à haut niveau de service) sur 7 lignes à
l’horizon 2022.
Et si la métropole a choisi ce mix
tram/BHNS (baptisé tram sur pneu),
c’est pour de bonnes raisons. Tout
d’abord, il s’agit de l’option la moins
chère financièrement par rapport au
métro aérien. En effet, le coût d’une
seule ligne métro suspendue équivaut Dubaï figure parmi les villes ayant le mieux réussi l’intégration de son réseau de transport en commun. Son tramway qui a démarré fin
à celui de 4 lignes de tramway. Entre 2014 et parcourt 14,5 km, relie le métro aux pôles de divertissement et d’affaires de la Marina de Dubaï, Jumeirah Beach, Internet City,
les deux modes, le choix des élus est Media City, Knowledge Village… (Ph. L’Economiste)
vite fait. Le métro aérien, qui devait
être opérationnel à l’horizon 2018, al- bilité à Casablanca. En effet, dans le Au final, le coût de revient d’un km pas les 15 ans. Or, la durée de vie d’un
lait, rappelons-le, relier le quartier Mly cadre du réseau existant de tramway, de tramway avoisine les 85 millions de tramway est de l’ordre de 40 ans. La
Rachid au centre-ville sur une distance d’importants aménagements de façade DH et peut atteindre 150 millions de contrainte pour les bus de disposer de
de 15 km. L’option jugée trop coûteuse à façade sont entrepris sur une super- DH si l’on intègre le matériel roulant. corridors ou couloirs dédiés est éga-
(9 milliards de DH) a été finalement ficie de près de 90 hectares. Plus de Le respect de l’environnement est lement à prendre en considération. La
abandonnée. 2.000 arbres constituent un corridor un autre atout de taille en faveur du capacité est aussi un atout en faveur du
A l’horizon 2022, Casablanca sera vert le long des 31 km. Sans oublier tram. Il s’agit d’un mode propre qui tram, qui peut aller jusqu’à 220 passa-
dotée d’un réseau de transport en com- la reconversion d’une zone piétonne consomme moins d’énergie (7 fois gers, contre une moyenne de 110 pour
mun en site propre de 110 km (31 le BHNS.
Le tram n’a pas toujours été un
km de la 1re ligne et 80 km pour les 13,6 milliards de passagers/an moyen de transport de prédilection des
autres), de parkings relais et de services
L
d’intermodalité. Le tout, pour un coût collectivités. Alors que les trams étaient
global de 16 milliards de DH. ES systèmes de transport léger sur rail ou les tramways sont aujourd’hui un mode de transport très répandu dans
Outre son avantage économique, le opérationnels dans 388 villes à l’échelle mondiale. Selon les derniers chiffres les années 20 et 30, ils ont commen-
tram modifie le visage de la ville tout de l’Union internationale des transports publics (UITP), la majorité des villes cé à perdre du terrain dans la période
le long de sa trajectoire. En fait, il ne se trouve en Europe (206), l’Eurasie (93), l’Asie (41). L’Afrique se trouve en de l’après-guerre mondiale. Dans les
queue du peloton avec à peine 9 villes équipées de lignes de tram, notamment années 50-70, plusieurs pays ont dé-
s’agit plus seulement de transporter des
au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte. En tout, plus de 13,6 milliards mantelé leurs réseaux de tram pour
voyageurs mais de repenser la ville au-
de passagers transitent annuellement par le tram, ce qui représente 3% du faire de la place aux automobiles. Ce
tour d’un moyen de déplacement, voire
nombre de passagers des transports en commun dans le monde entier. Les n’est qu’à partir des années 80 que le
de reconstituer de l’urbanité dans des
systèmes les plus utilisés se trouvent à Budapest (396 millions de passagers tram a ressuscité dans 42 villes (entre
espaces marqués par les modèles cen-
par an), Vienne (363 millions), Bucarest (322 millions), Prague (317 millions) 1985 et 2000) et 78 depuis 2000. À ce
trés sur l’automobile.
et Saint-Pétersbourg (312 millions). Cela représente 2.300 lignes pour un total jour, 850 km de voies sont en construc-
Au-delà de son rôle de liaison, le
de 15.600 km de voies ferrées. o tion et 2.350 sont en cours de planifi-
tramway peut être utilisé pour porter
cation. Les pays qui reflètent le plus
le développement urbain, structurer les
d’une grande partie du boulevard cen- moins par passager que la voiture), sans cette renaissance depuis 1985 sont les
polarités périphériques, créer de nou-
tral historique de Casablanca: le boule- émissions de gaz à effet de serre… Son Etats-Unis, la France, l’Espagne et la
velles centralités, scénariser le paysage
vard Mohammed V. adaptabilité en fait un moyen de trans- Turquie. Un certain nombre de lignes
urbain, moderniser l’image de la ville
Les chantiers des 2e, 3e et 4e lignes port qui évolue en fonction des besoins. plus anciennes ont été fermées dans
et accélérer la perception du nouvel es-
promettent aussi une reconfiguration Le BHNS fait également partie des la même période, notamment dans
pace métropolitain.
des principales artères de la métropole. solutions de transport public à moindre l’ex-Union soviétique, la Roumanie et
«Les projets de transport et de mo-
Bien évidemment, tous ces aménage- coût. l’Egypte. o
bilité intègrent également d’importants
aménagements urbains de façades», ments de façade à façade ont un prix Cependant, la durée de vie n’est pas
souligne une source auprès de Casa- qu’il faut additionner à la facture glo- la même pour les deux modes de trans- Aziza EL AFFAS
Transports, la SDl en charge de la mo- bale. port: tram et BHNS. Le bus ne dépasse ➨➨➨
Vendredi 29 Juillet 2016
XXV

Mobilité
Casablanca réfléchit... sur l’intermodalité!
➨➨➨
n Les voyageurs attendent vironnements. Il structure le réseau
de transport et en devient la colonne
logiquement une billetterie vertébrale. Par ailleurs, il est un élé-
commune ment important de planification ur-
baine dans la mesure où il permet de
«Les études réa- contrôler l’étalement urbain en favo-
n Une autorité publique doit lisées par l’UITP risant le développement autour de ses
prendre en charge ce volet montrent que le lignes. Sans oublier que le tramway
coût de la mobi- est un facteur d’inclusion sociale en
lité, exprimé en ce sens qu’il est un moyen de dépla-
Sans intégration des différents
% du PIB, est cement pour toutes les catégories de
modes, le transport public n’at- diminué de moi- la population, ce qui n’est pas le cas
teindra pas ses objectifs. Billet- tié dans les villes de la voiture privée.
terie commune, tarification in- où le transport
tégrée, horaires coordonnés… public est très - Sinon, y a-t-il des inconvénients
sont un préalable à l’organisation utilisé », explique à ce mode de transport en com-
d’un système efficace de trans- Mohamed mun?
port en commun, selon Mohamed Mezghani, - Les principaux défis sont le
Mezghani. Cet expert interna- secrétaire géné-
temps nécessaire à la réalisation de
tional en transport public, a tra- ral adjoint de
l’union interna-
l’infrastructure et son financement.
vaillé pendant plus de 25 ans dans
tionale des trans- Entre la décision de réaliser un tram-
ce secteur. Depuis Janvier 2014,
ports publics way et sa mise en exploitation, il peut
il occupe le poste de secrétaire
(UITP), basée à s’écouler de 8 à 10 ans. Toutefois,
général adjoint de l’union inter-
Bruxelles. pour la première ligne du tramway de
nationale des transports publics
(ph UITP) Casablanca, la durée a été plus courte
(UITP), basée à Bruxelles.
ce qui est remarquable. Ceci est le
résultat d’une volonté politique forte
- L’Economiste: Que pensez-
des autorités marocaines et une prise
vous du choix de la ville de Casa-
de conscience que Casablanca ne peut
blanca d’un réseau composé de 7
être une agglomération dynamique et
lignes combinant tram et BHNS?
performante sans un système de trans-
- Mohamed Mezghani: Le trans-
de gaz à effet de serre. En matière de est 9 fois moins important qu’en auto- port public efficace et moderne. Autre
port en commun est le mode qui
pollution de l’air au niveau local, le mobile. Donc le tramway et le BHNS condition essentielle: la nécessité
permet de déplacer le plus de voya-
tramway est tout à fait neutre vu qu’il améliorent la sécurité routière. d’intégrer le réseau de tramway avec
geurs dans un espace réduit. M‎ ais si
roule à l’énergie électrique. Donc le bi- celui du bus. Les voyageurs veulent
les bus ou les tramways partagent
lan environnemental est sans contesta- - Mais au-delà de son rôle de un trajet continu de porte à porte et ils
la chaussée avec les voitures, ils
tion en faveur du BHNS et du tramway. liaison, quels peuvent être les autres attendent logiquement une billetterie
subiront les mêmes embouteillages
En ce qui concerne la capacité: certains impacts positifs du tramway? commune, une tarification intégrée,
et perdront de leur efficacité. C’est
des horaires coordonnés, une infor-
pour cela que le choix de Casablan-
mation complète pour tous les modes.
ca d’opter pour un réseau de trans-
port en commun en site propre est
L’impact de la LGV sur le transport en commun Sans cette intégration, le transport pu-
blic n’atteindra pas ses objectifs.
très judicieux. Il offre une vitesse
moyenne supérieure à celle du trafic
automobile ce qui lui permet d’être
La LGV va rapprocher les villes et rendre les déplacements interurbains - Quel pourrait être le meilleur
plus rapides. Mais il ne faudrait pas que le gain de temps sur la longue dis- exemple à suivre pour Casablanca
attractif et de provoquer un transfert tance soit neutralisé par des conditions de transport dégradées en ville. C’est en matière de système intégré de
modal de la voiture particulière vers pourquoi l’amélioration du transport en commun est une condition pour la transport en commun?
le transport public. Par ailleurs, vu réussite de la LGV. Ou inversement, les villes traversées par la LGV n’auront - Il y a plusieurs expériences réus-
le nombre élevé de lignes (sept), il d’autre choix que de renforcer et faire évoluer leur transport public. A ce sies en matière d’intégration, dans
y aura un effet réseau qui offrira une titre, les gares de la LGV seront des nœuds d’échanges importants entre les différents contextes institutionnels,
multitude de choix au voyageur et déplacements interurbains et urbains, où l’intégration aussi bien au niveau de réglementaires ou administratifs, aussi
qui irriguera plusieurs quartiers de l’infrastructure elle-même qu’au niveau des services est essentielle. Il faudra bien dans des pays en développement,
l’agglomération de Casablanca ré- aussi favoriser le développement autour des gares. Enfin, celles-ci sont po- émergents ou développés. Au-delà
pondant au mieux à la demande de tentiellement génératrices de revenus liés à des opérations immobilières ou d’une volonté politique forte et une
transport. commerciales susceptibles de contribuer au financement du transport. o vision claire, leur point commun est la
mise en place d’une autorité publique
- Quels peuvent en être les
BHNS ou tramway transportent en Le tramway n’est pas juste un mode en charge de l’intégration de tous les
avantages en termes de coût, ca-
moyenne de 15 à 20.000 passagers par de transport. Il s’agit d’un projet urba- modes de transport en commun sur
pacité, impact sur l’environne-
heure et par direction alors qu’en bus nistique qui permet de repenser l’es- un territoire qui couvre la zone de
ment…
standard on en est à 10 fois moins. Il y pace urbain d‎ ans son ensemble, de re- chalandise des déplacements urbains.
- Par passager transporté,
a aussi les avantages économiques: les dessiner la ville autour de ce système et C’est le cas à Dubaï, Rio de Janeiro,
en moyenne le transport public
études réalisées par l’UITP montrent de l’embellir. Le tramway peut rouler Londres, Singapour, Barcelone, Lyon,
consomme 3 à 4 fois moins d’éner-
que le coût de la mobilité, exprimé en dans des zones piétonnes (ce qui est etc. Alger, Amman, Johannesburg,
gie que la voiture particulière. Ce
% du PIB, est diminué de moitié dans déjà le cas à Casablanca) mais aussi le Dakar sont sur la bonne voie. La liste
rapport est encore plus en faveur
les villes où le transport public est très long d’axes routiers lourds ou dans des est encore plus longue fort heureuse-
du bus ou du tramway à l’heure de
utilisé. Enfin, autre élément important: rues étroites. Cette versatilité le rend ment. o
pointe avec un taux de remplissage
élevé. Le ratio est le même en termes le risque d’accident en transport public très flexible et adaptable à tous les en- Propos recueillis par Aziza EL AFFAS

Vendredi 29 Juillet 2016


XXVI

Efficacité énergétique
Les banques dans les starting-blocks
n Fortement mobilisées sur les certaines banques
dont la BP et BMCE
grands projets, elles déploient Bank permettent de
aussi des offres financer les projets et
équipements «verts».
Les entreprises pour-
n Crédits à conditions préféren- ront bénéficier à la
fois d’une assistance
tielles, aides publiques technique gratuite, du
financement et d’une
n Une niche à fort potentiel de subvention de l’Union
européenne pouvant
développement atteindre 15% du mon-
L’EFFICACITÉ énergétique est en tant de l’équipement à
acquérir ou du projet
train de devenir un sujet stratégique pour accompagné.
les industries afin d’améliorer leur com- Par ailleurs, des
pétitivité. Optimiser sa facture d’énergie, aides publiques sont
c’est gagner des points de compétitivité prévues. Maroc PME a
face aux concurrents. Mais le taux de réa- la capacité de prendre
lisation des investissements en efficacité en charge jusqu’à
énergétique recommandé se limite à 5% 80% du coût d’un au-
pour les entreprises marocaines. Pour dit énergétique. L’Etat
celles qui décident d’engager ces inves- pourra aussi accorder
tissements, certains facteurs tels que le une subvention maxi-
Les financements pour les investissements verts se multiplient male de 10 millions de
depuis que les banques s’intéressent de plus en plus à ce marché. DH pour financer les
Les montages sont souvent assortis de conditions préférentielles. investissements recom-
En outre, les partenariats entre les banques et d’autres opéra- mandés suite à l’audit
teurs permettent de réduire la charge liée à ces investissements énergétique.
pour les entreprises (Source: Fotolia) La stratégie natio-
nale sur le solaire et
coût de la technologie, l’évolution rapide
de l’innovation, la méconnaissance des l’éolien notamment prévoit des investis-
solutions ou encore le financement peu- sements de plus de 100 milliards de DH
vent constituer des éléments de blocage. avec en ligne de mire l’objectif de relever
Toutefois, les changements réglementaires la part de ces deux sources d’énergies à
devraient accélérer l’investissement. Les 28% du mix énergétique à l’horizon 2020.
audits énergétiques par exemple devien- A côté du fonds de développement énergé-
dront obligatoires pour les industriels dont tique (FED) qui a une taille de 1 milliard
la consommation dépasse 1.500 tonnes de dollars, l’équivalent de 10 milliards de
équivalent pétrole (tep). DH, les banques sont mobilisées pour le
Les difficultés liées au financement des financement des grands projets. «Ce sont
investissements verts devraient se poser de des projets qui doivent mobiliser des fi-
moins en moins, puisque les banques se nancements de grandes ampleurs et dont le
positionnent plus que jamais sur ce mar- remboursement porte sur des maturités très
ché. Elles ont développé des produits par- longues. La capacité des banques à mobili-
fois à des conditions préférentielles par ser des ressources très longues pour finan-
rapport à des investissements classiques. cer ce type d’infrastructures constitue l’un
Plusieurs établissements ont conclu un par- des aspects fondamentaux de la réussite
tenariat avec la Société d’investissements de l’expérience marocaine», confie Mah-
énergétiques (SIE). «Ces accords permet- moud Redouane El Alj, directeur exécutif
tent d’effectuer des montages adaptés pour du groupe Attijariwafa bank en charge de
les opérateurs qui développent des projets la Banque de financement et d’investisse-
de taille importante et qui nécessitent des ment. Les principaux groupes bancaires
enveloppes de fonds propres significatives. sont impliqués dans le financement de la
Les montages se font à travers des ESCO transition énergétique avec une implication
ou des SPV portées par la SIE», relève plus forte d’Attijariwafa bank, BCP ou en-
Soumia Alami Ouali, directeur général ad- core BMCE Bank compte tenu notamment
joint Pôle Banque de la PME chez Banque de leur poids sur le marché. Tous ces éta-
Populaire. «L’intervention de la banque blissements ne placent pas leurs ressources
peut se faire à travers la dette ou en fonds à corps perdu dans ces secteurs émergents.
propres via des filiales spécialisées dans le «Les taux de rentabilité des projets sont
private equity notamment», ajoute-t-elle. comparables à ce que nous voyons dans
D’un autre côté, les mécanismes des secteurs classiques de l’économie»,
comme MorSEFF développés par la relève El Alj.o
Berd, l’AFD et KfW en partenariat avec F. Fa

Vendredi 29 Juillet 2016


XXVII

RSE: La preuve par le reporting extra-financier


n Aucune exigence pour sociétale des organisations au Maroc à toutes les organisations à travers le systèmes sociaux dans lesquels une
(RSO). monde, quelle que soit leur taille. entreprise opère (santé et sécurité au
les entités locales L’évaluation d’une stratégie RSE Ces indicateurs de performance se travail, conditions de travail, respect
peut s’effectuer à travers des indi- déclinent en trois dimensions: Les pre- du droit du travail chez les fournisseurs,
n Obligatoire en Europe cateurs-clés. Il existe un référentiel miers mesurent l’impact d’une entre- les droits de l’homme, etc.). La troi-
international qui propose une liste prise sur la situation économique de ses sième dimension met l’accent sur la
au-delà de 40 millions d’euros d’indicateurs et les lignes directives parties prenantes (clients, fournisseurs, matérialité et l’étude de pertinence des
de chiffre d’affaires d’élaboration d’un reporting de déve- employés fournisseurs de capitaux, enjeux. Cette nouvelle version repré-
loppement durable, le Global Repor- secteur public) et sur son écosystème sente un point de départ important pour
ting Initiative (GRI). Ce dernier offre local et international. Les indicateurs évoluer un reporting intégré. o
n Pour les entreprises un canevas de reporting applicable sociaux évaluent les impacts sur les S.N.
publiques, les banques et les
assurances de 500 salariés
Au-delà des tableaux de repor- 17
ting classiques qui mesurent la perfor-
mance financière, l’intégration d’une
démarche RSE dans la stratégie de l’en-
treprise permet de mesurer ses progrès
à partir d’une grille plus globale in-
cluant la dimension sociale, sociétale et
environnementale. «S’en remettre aux
seuls résultats financiers, pour appré-
cier les performances d’une entreprise
est extrêmement réducteur», explique
Said Sekkat, président de la Com-
mission RSE et Labels de la CGEM.
Aucune réglementation n’oblige les
entreprises à présenter un bilan extra-
financier. Mais la plupart des filiales de
multinationales implantées au Maroc le
remontent à leurs maisons mères pour
consolidation. Par ailleurs, plusieurs
groupes marocains publient des rap-
ports annuels de développement du-
rable: Maroc Telecom, Managem, OCP,
Lafarge, Attijariwafa bank, Danone,
Lydec, etc.

De nouvelles mesures
appliquées en Europe
L’Union européenne a adopté en
septembre 2015 une directive sur le
reporting extra-financier qui rend
obligatoire la publication annuelle des
informations relatives à leurs impacts
environnementaux et sociaux. Elle
concerne les entités publiques, les
entreprises cotées, les banques et les
assurances. Il faut avoir un effectif de
500 salariés et un chiffre d’affaires su-
périeur à 40 millions d’euros.
L’engagement dans une démarche
RSE implique une adhésion aux prin-
cipes de transparence et d’éthique,
mais il faut surtout le démontrer par la
pratique quotidienne. «La communi-
cation sur la démarche RSE de l’en-
treprise ne peut être crédible que si
elle reflète la réalité», prévient Faouzi
Diouri, président de la commission
communication de l’Association pour
le développement de la responsabilité

Vendredi 29 Juillet 2016


XXVIII

Pollution de l’air: Que


n Hausse de la prévalence des
maladies respiratoires

n Une prise de conscience


émerge chez les industriels
A l’approche de la COP22 et au
regard des dégâts qu’elle entraîne, la lutte
contre la pollution de l’air devrait être une
priorité des politiques publiques. Le coût
de la dégradation de la qualité de l’air et
de ses impacts est évalué à 3,6 milliards
de DH, soit environ plus de 1% du PIB.
La CGEM avait déjà signé le pacte
Qualit’air contre le réchauffement clima-
tique en promouvant la lutte contre les
gaz à effet de serre auprès de ses adhé-
rents. Sept entreprises se sont portées
volontaires pour signer ce pacte: La Voie
Express, GPC, AMTRI-TTES, APC,
CTM, Afriquia Gaz, Oulmès. Il s’agit
d’une initiative lancée par la Fondation
Mohammed VI pour la protection de
l’environnement. Il est question aussi de Pour mesurer la qualité de l’air, le Centre d’études et de recherches
mettre en place une veille sanitaire éco- de l’environnement et de la pollution du LPEE dispose de plusieurs
épidémiologique dans la région Casablan- équipements. La surveillance du taux de pollution se fait à travers
ca-Settat. des laboratoires mobiles et des stations fixes. Le réseau de sur-
La pollution de l’air ambiant est le veillance est également composé de stations équipées d’analyseurs
automatiques, des appareils de mesure de débit d’air, des stations
principal risque environnemental pour la
météo... (Ph. Jarfi)
santé. D’ailleurs Casablanca, Marrakech

Transport, industrie … deux pollueurs impunis!


• Une vingtaine de stations de du degré d’industrialisation de la région et l’air ambiant au niveau de la ville. Sur
de la densité des infrastructures routières. Casablanca, pas moins d’une vingtaine
surveillance à Casablanca, et de stations sont installées. Elles collectent
après? - Les entreprises sont-elles sensibili- des données qui sont récupérées et ex-
sées à ce problème? ploitées pour mieux mesurer les indices
- L’Economiste: Quelles sont les - C’est le ministère de l’Environne- de la qualité de l’air ambiant.
sources de pollution atmosphérique les ment qui est chargé du suivi de la qualité Le LPEE intervient également à la de-
plus mises en cause? de l’air ambiant. Il mandate pour cela la mande des opérateurs privés (industriels
- Aziz Hasdou: Le transport et l’in- Direction de la météorologie nationale essentiellement…). Plusieurs groupes
dustrie sont les deux sources principales pour procéder aux évaluations au niveau cimentiers se préoccupent du respect de
de pollution de l’air. Le LPEE a été le des villes. A partir des données d’analyses l’environnement. Ils effectuent également
précurseur dans le domaine des études de produites par les stations de surveillance, un certain nombre de contrôles de leurs
la pollution de l’air au Maroc au milieu il est possible de remonter à la qualité de émissions afin de déceler d’éventuelles
des années 90. A l’époque nous avions ré-
alisé une étude sur la quote-part des émis- Réglementation
sions automobiles par rapport aux émis-
sions industrielles au niveau du Grand
Casablanca. Elle avait permis de montrer
LA loi n° 13-03 relative à la lutte contre la pollution de l’air a été promulguée
par le dahir n° 1-03-61 du 12 mai 2003. Elle vise toutes les émissions des polluants Aziz Hasdou, Chef de la division qualité
que le secteur industriel (y compris les atmosphériques quelle que soit l’origine à l’exception des installations relevant des de l’air et hygiène du travail au LPEE:
installations thermiques) était largement autorités militaires. Elle s’applique à toutes les installations minières, industrielles, «Les campagnes de contrôle des émissions
responsable d’émissions des polluants commerciales, agricoles, artisanales, etc. ainsi qu’aux véhicules, engins à moteurs, atmosphériques ou de la qualité de l’air
dioxyde de soufre SO2 et poussières. En appareils de combustion, d’incinération, de chauffage ou de réfrigération. Pour ambiant permettent de déceler des irrégula-
revanche, le transport dominait pour le l’application des dispositions de cette loi, plusieurs textes réglementaires ont été rités» (Ph. Jarfi)
monoxyde de carbone. Quant aux oxydes publiés parmi lesquels figurent deux décrets importants. Le Décret d’application
d’azotes, ils représentaient des parts im- irrégularités. En général, nos clients ap-
n° 2-09-286 du 8 décembre 2009 qui fixe les normes de qualité de l’air ambiant et pliquent les recommandations.o
portantes pour les deux secteurs. Ces ten- les modalités de sa surveillance et le Décret d’application n° 2-09-631 du 6 juillet
dances sont généralement observées dans 2010 qui fixe les valeurs limites de dégagement d’émission ou de rejet de polluants
les grandes agglomérations urbaines. Ce- dans l’air émanant de sources de pollution fixes et les modalités de leur contrôle.o
Propos recueillis par
pendant, elles peuvent varier en fonction Fatim-Zahra TOHRY
Vendredi 29 Juillet 2016
XXIX

risquons-nous vraiment?
au transport. Des études épidémiolo- dioxyde de soufre et dioxyde d’azote. De-
giques récentes ont montré aussi qu’à puis la fin des années 90, une amélioration
Casablanca, la pollution de l’air a causé des émissions atmosphériques générées
l’augmentation de certaines maladies aussi bien par le secteur industriel que par
(asthme, bronchites, infections respira- les transports a été constatée. Des struc-
toires, conjonctivites). tures industrielles n’hésitent pas à réserver
Bien sûr, il y a d’autres causes de un budget annuel pour la dépollution et la
la pollution de l’air notamment celles surveillance environnementale.
liées aux activités humaines (transports, Plusieurs techniques et méthodes sont
industrie, agriculture…). Le LPEE (le nécessaires pour assurer la métrologie
Laboratoire public d’essais et d’études) de la qualité de l’air. Pour cela le Centre
intervient en tant que prestataire de ser- d’études et de recherches de l’environne-
vices, pour le compte de plusieurs uni- ment et de la pollution (C.E.R.E.P) -situé
tés industrielles. Et ce, dans le cadre de à Tit Mellil-dispose d’un certain nombre
la surveillance environnementale, des de laboratoires mobiles dotés d’équipe-
études d’impacts sur l’environnement ments notamment des analyseurs automa-
ou pour la réalisation des mesures de tiques et des équipements de mesure de la
la pollution de l’air ambiant et/ou de la qualité de l’air. Chaque domaine dispose
caractérisation des émissions atmosphé- d’instruments bien spécifiques. Rien que
riques. Des analyses ont permis d’enre- pour le domaine de l’air, les interventions
gistrer dans certains cas, d’importants concernent la caractérisation des émissions
dépassements des valeurs limites aussi atmosphériques à la cheminée, celle de l’air
bien pour l’air ambiant que pour les ambiant ainsi que l’évaluation de l’exposi-
et Tanger dépassent largement les seuils évidemment, les niveaux les plus éle- tion du personnel en milieu de travail. o
recommandés par l’Organisation mon- vés des indices de pollution sont enre- émissions atmosphériques. Les dépas-
diale de la santé (Voir entretien avec le gistrés dans la région de Casablanca qui sements enregistrés concernent essen-
représentant de l’OMS au Maroc). Bien subit environ 30% de la pollution due tiellement les paramètres poussières, Fatim-Zahra TOHRY

Six villes au-delà du seuil OMS


• Casablanca, Marrakech, - Selon vos enquêtes quelles sont les qu’en abaissant la pollution de 70 à
villes marocaines les plus polluées? 20 microgrammes par mètre cube (μg/
Tanger, Meknès, Fès et Salé - En 2015, les ministres de la Santé m3), les décès liés à la pollution de l’air
de l’ensemble des Etats membres de pourraient être réduits d’environ 15%.
• La riposte contre la pollution l’OMS ont adopté une résolution pour
agir face aux conséquences sanitaires - Quel est l’impact de l’automobile
de l’air doit être multisectorielle de la pollution de l’air. Cette résolution dans cette situation?
encourage en particulier les efforts natio- - Il y a plusieurs sources de pollution
- L’Economiste: Quels sont les naux, appuyés par l’OMS, de création atmosphérique et les gaz d’échappement
risques sanitaires liés à la pollution de de systèmes de surveillance de la qualité des véhicules automobiles constituent
l’air? de l’air opérationnels et représentatifs. une part importante de cette pollution.
- Yves Souteyrand: …Chaque année, L’OMS a publié en mai 2016 une base de Mais elle se combine avec d’autres
plus de 3,7 millions de décès prématurés données sur la qualité de l’air qui couvre sources telles que les usines, et les che-
dans le monde sont causés par la pollution plus de 3.000 villes dans 103 pays. La minées industrielles ou les centrales à
de l’air extérieur, imputables aux trans- très grande majorité des villes de plus de charbon. De même, les habitations uti-
ports, aux émissions industrielles, aux 100.000 habitants (98% des villes dans lisant le charbon pour la cuisine et le
déchets urbains et agricoles. La pollution les pays en développement) dépassent chauffage contribuent de façon impor- Dr Yves Souteyrand, Représentant de
de l’air à l’intérieur des habitations est à les seuils maximaux d’émission de 20 tante au niveau de pollution de l’air en l’OMS au Maroc: «La pollution de l’air est
l’origine de plus de 4,3 millions de décès microgrammes (μg) de petites particules milieu urbain. un problème majeur de santé publique tou-
prématurés chaque année. Elle est liée à par mètre cube (m3) d’air recommandé chant aussi bien les pays développés que les
l’émission de fumée causée par l’utilisa- par l’OMS. - Comment faire face à ce pro- pays en développement» (Ph: OMS)
tion de combustibles solides (biomasse, Six grandes villes marocaines, qui blème de santé publique?
charbon) pour la cuisson des aliments et commun rapides et utiliser des carburants
disposent de système de surveillance, - La riposte aux sources de pollu-
le chauffage domestique. La pollution de à faible émission, améliorer la gestion des
sont recensées dans la base de données. tion de l’air ambiant doit être multi-
l’air est associée à l’émission de parti- déchets urbains et agricoles et l’efficacité
Selon les villes, l’année pour laquelle sectorielle: les secteurs de l’industrie,
cules fines et petites composées notam- énergétique des bâtiments… La combi-
les données sont disponibles varie entre du transport, du bâtiment, de la gestion
ment de sulfates, de nitrates, de carbone. naison de ces politiques, en améliorant
2008 et 2013. Casablanca (61 μg/m3), des déchets sont concernés au premier
En pénétrant dans les poumons et dans sensiblement la qualité de l’air, aura des
Marrakech (58μg/m3), Tanger (57μg/m3) plan… Il s’agit de mettre en place des
le système cardiovasculaire, ces parti- effets bénéfiques sur la santé des popu-
ont des niveaux élevés de concentration politiques pour limiter les émissions
cules représentent un grand risque pour lations et sur les coûts directs et indirects
de petites particules. Meknès (47μg/m3), des cheminées industrielles, promou-
la santé humaine exposant en particulier liés aux maladies causées par la pollution
Fès (40μg/m3) et Salé (31μg/m3) pré- voir des technologies non polluantes
aux accidents vasculaires cérébraux, aux atmosphérique.o
sentent des niveaux plus faibles, mais au- comme l’énergie solaire et éolienne (et
cardiopathies, au cancer du poumon et delà du seuil recommandé par l’OMS, dans ce domaine, le Maroc occupe une
aux affections respiratoires, chroniques duquel se rapproche Safi (21μg/m3). Les position de leader). Il est recomman- Propos recueillis par
ou aigües, y compris l’asthme. recommandations de l’OMS indiquent dé aussi de favoriser les transports en Fatim-Zahra TOHRY

Vendredi 29 Juillet 2016


XXX

Du protectorat à la COP22,
■ Le sommet de Rio marque un
tournant législatif mais...

■ Le laxisme administratif met


des lois en veilleuse

■ Eau, déchets, aires protégées


comme exemples
D E l’eau à l’interdiction des sachets
plastiques, le droit de l’environnement a
largement évolué depuis ses deux dernières
décennies (voir Dates-clés). Toutefois, les
racines de cette législation aux visées éco-
logiques remontent au protectorat français
dans l’empire chérifien (1912-1956). «Il y
avait à cette période des textes qui se pré-
occupaient de la protection de l’environ-
nement comme le Dahir de 1914 sur les
établissements insalubres, incommodes
et dangereux. Autre exemple, le Dahir du
1er août 1925 sur le régime des eaux qui a
consacré les principes généraux incorporés
L’entrée en vigueur de la loi sur l’interdiction des sachets en plastique le 1er juillet 2016 marque une
phase majeure de l’évolution de notre droit de l’environnement (Ph. Bziouat)
A L’OCCASION DE LA FÊTE DU TRÔNE

Le Président-Directeur Général Pas assez d’agents


pour traquer la fraude
et l’ensemble du personnel du

SELON certaines estimations, la lé- sans compteurs). Ces exploitations sont


soumises au paiement d’une redevance
gislation touchant de près ou de loin la
protection de l’environnement est passée recouvrée par les agences des bassins
Ont l'insigne honneur de présenter à de 235 textes durant les années 1970 à hydrauliques. «Sa collecte n’est pas to-
quelque 700 lois et décrets dans les an- talement effectuée par manque d’agents.
L’Etat se trouve ainsi privé d’une recette
S.M. LE ROI MOHAMMED VI nées 1990. Ce chiffre a certainement
augmenté depuis le début du 21e siècle dont le montant au m3 reste dérisoire»,
(statistiques actualisées non disponibles). relève le Dr Aboulam, lauréat de l’Insti-
Cette production législative foisonnante tut national polytechnique de Toulouse.
est plombée par un manque de moyens Les agences des bassins hydrauliques
matériels et humains. Mohamed Chaouni, peinent ainsi «à s’acquitter convenable-
auteur et consultant en environnement, ment de leur mission», confirme Chaouni
cite le cas des inspecteurs des établisse- qui a collaboré en janvier 2011 à l’éla-
ments classés (unités industrielles) ou boration d’un «Guide de lecture des lois
encore de la police de l’environnement. environnementales».
Créée par le décret du 19 mai 2015, ses L’universitaire Mohamed Bedhri
agents sont accrédités par le ministère dé- alerte pour sa part sur une inflation ins-
légué à l’Environnement. Leur mission titutionnelle: «Il y a une vingtaine d’éta-
est de contrôler, rechercher et constater blissements en charge de la protection de
les infractions dont le nombre reste in- l’environnement. Le ministère de tutelle
connu. A l’heure où nous mettions sous doit avoir suffisamment d’autorité pour
presse, l’autorité de tutelle indique ne coordonner entre tous les acteurs».
Leurs vœux les plus déférents de progrès, de bonheur et de prospérité, pas disposer de données exactes sur le Encore faut-il que les départements
ainsi qu’à S.A.R. LE PRINCE HERITIER MOULAY AL HASSAN, nombre des agents en service et des in- de l’Eau et de l’Environnement retrou-
à S.A.R. LE PRINCE MOULAY RACHID fractions constatées. vent leur autonomie. Ils sont passés sous
et à tous les membres de la Famille Royale. Autre cas emblématique, la police de la bannière du ministère de l’Energie et
l’eau. Nous sommes «en deçà» des am- des mines depuis l’avènement du gouver-
Ils saisissent cette occasion pour renouveler à leur bitions promues par la loi n° 10-95 sur nement El Fassi (2007-2011). La diver-
Auguste Souverain, leur indéfectible attachement et l’assurer l’eau comme la préservation de la nappe gence des objectifs entre départements
de leur mobilisation permanente sous ses Hautes Directives phréatique. Ingénieur en environnement, laisse planer un conflit d’intérêt.o
pour participer au développement du Royaume. Smail Aboulam cite l’exemple des puits
des exploitations agricoles (souvent F.F.
Vendredi 29 Juillet 2016
XXXI

près d’un siècle de quête écolo


70 ans après par la loi sur l’eau», relève désertification et climat. D’où l’adoption Dates-clés de 2006 sur les déchets. Cet objectif n’a pas
Mohamed Chaouni. Son essai remarqué par Rabat de plusieurs lois relatives à la été atteint. Car les plans territoriaux n’ont
sur «Le droit à l’eau» revient sur les condi- lutte contre la pollution de l’air, aux études 1992: Sommet de la Terre de Rio. Le pas vu le jour dans les délais». Le décret
tions historiques à l’origine du Dahir de d’impact sur l’environnement, à la gestion prince héritier préside la délégation d’application sur la gestion des déchets
1925: «Hausse des besoins avec l’arrivée des déchets et de leur élimination. «Début marocaine dangereux n’a vu le jour qu’en 2015. Soit
des colons, prémices d’une industrialisa- des années 2000, le Maroc donne un si- dix ans après la promulgation de la loi.
1993: Création du premier sous-secréta-
tion, répartition spatiale déséquilibrée des gnal fort à la communauté internationale», riat chargée de l’environnement
«Une quinzaine de textes réglemen-
ressources hydriques...». commente la direction réglementation et taires ont été adoptés et ce n’est pas fini.
Quoique cet essai juridique fait l’im- contrôle du ministère délégué à l’Environ- 1995: Adoption de la loi sur l’eau qui Le secteur des déchets est difficile. Il a
passe sur nos règles coutumières de ges- nement. remplace le dahir du 1er août 1925 fallu tout créer à partir d’un quasi vide juri-
tion d’eau, son auteur nous déclare «qu’il y dique», temporise le département de l’En-
2003: Adoption de trois grandes lois du
a eu une prise de conscience (écologique) Des experts unanimes droit de l’environnement*
vironnement.
tardive». La loi sur l’eau voit le jour en Le record est détenu par la loi sur l’eau:
1995. Soit plus d’une décennie après son Sur le terrain, c’est une autre paire de 2006: Adoption de la loi sur la gestion ses textes d’application (décrets ou arrêtés)
dépôt au Parlement durant les difficiles manche. «L’évolution législative est indé- des déchets et leur élimination n’ont pas tous encore vu le jour... depuis
années de sécheresse de 1980. niable. Sauf qu’il y a un décalage. Notre 1995! Vingt ans après son adoption, la loi
Une difficile quête législative en riche arsenal juridique est partiellement 2010: Discours royal pour l'élaboration n° 10-95 est pourtant en cours d’amende-
somme. Fouad Zyadi, directeur de la ré- appliqué», relève Dr Smail Aboulam, d'une Charte de l'environnement ment. Même lorsque ses textes réglemen-
glementation et du contrôle au ministère consultant en environnement. Ce constat 2011: Une Constitution pour un taires existent, ils ne sont pas appliqués à la
délégué à l’Environnement, se focalise est largement partagé par d’autres ex- environnement sain et un développe- lettre. En matière de pollution industrielle,
plutôt sur la mouvance juridique ayant perts (voir notre sélection d’ouvrages). Le ment durable la redevance n’est pas payée par les opé-
finalement primé dans la production des manque de moyens est une cause majeure. rateurs. Ce qui ne permet pas aux agences
lois: «Il y a eu un avant et un après protec- Exemple, les études d’impact environne- 2014: Loi-cadre de la Charte sur des bassins hydrauliques de s’acquitter
torat en matière de droit de l’environne- l’environnement et le développement convenablement de leur mission, relève
mental. «Le contrôle du respect du cahier
ment. L’école qui s’est imposée est celle durable Mohamed Chaouni, ancien fonctionnaire
des charges par une entreprise n’est pas
qui a considéré qu’il fallait prendre ce qu’il systématique après la délivrance du do- 2015: Adoption de la loi sur le littoral au département de l’Eau.
y a de bien dans l’héritage législatif ‘’co- cument d’acceptabilité environnementale pour préserver nos 3500 km de côtes La loi sur les aires protégées attend
lonial’’». d’un projet», explique Dr Aboulam, fon- aussi son décret d’application. Promulguée
Le Dahir du 11 septembre 1934 sur les 2016: La loi qui interdit les sacs en 2010, elle permet aux ONG et collecti-
dateur du cabinet-conseil Sadura.
parcs nationaux est un exemple. Il est à plastiques, entrée en vigueur le 1er vités locales de proposer des sites d’intérêt
Ce laxisme administratif n’est pas juillet
l’origine de la création des deux premiers propre au Maroc. «Dans le monde arabe, biologique ou écologique. Trois demandes
parcs nationaux, de Toubkal et de Tazekka. l’intérêt pour la question écologique est *protection et mise en valeur de ont été déposées à ce jour provenant no-
Après 76 ans de bons et loyaux services, encore embryonnaire malgré l’existence l’environnement, études d’impact sur tamment des militants écologiques de la
ce Dahir à la portée écologique sera rem- l’environnement, à la lutte contre la pollution région de Mdiq. Sans décret, les Eaux et
d’un corpus juridique important qui nous
placé par la loi sur les aires protégées (voir de l’air forêts ont «les mains liées», regrette une
interpelle sur l’applicabilité des textes de
pages 36 et 37). droit», estime l’universitaire Mohamed Dans «Droit des déchets au Maroc», source. Une guerre de territoires avec le
Le sommet de la Terre de Rio en 1992 Bedhri. Face à une inflation d’institutions, le Dr Hmad Goliat dresse l’état des lieux département des Pêches serait «à l’origine
a également poussé vers plus d’engage- le degré d’efficience de l’action publique suivant. «Le législateur marocain s’est de ce blocage» où le Secrétariat général du
ment diplomatique. «Trois conventions y reste posé (voir «Pas assez d’agents pour donné cinq ans pour que les collectivités gouvernement peine à faire l’arbitre.o
ont été signées par le Maroc: biodiversité, traquer la fraude»). territoriales puissent se conformer à la loi Faiçal FAQUIHI

Les juristes ont leur mot à dire


Dix ans après «Que peut faire En 2015, Dr Hmad
son adoption, Mo- la loi face à la dé- Goliat publie le «Droit
hamed Chaouni gradation constante des déchets au Maroc»
consacre en 2005 de notre patrimoine pour «éclairer les au-
un essai à la loi environnemental?», teurs ou les victimes
sur l’eau. L’auteur s’interroge le Pr des dommages éco-
confie «avoir sou- Mohamed Bedhri. logiques» sur les ap-
vent été balloté entre L’auteur de «Droit ports de la loi de 2006.
l’obligation de ré- d e l ’ e n v i ro n n e - Gestion rationnelle,
serve (en sa qualité ment» dresse en responsabilité du pol-
de fonctionnaire) et 2010 le profil d’une lueur, préservation des
le désir de donner le réglementation «en milieux et ressources
maximum d’informa- construction» tout naturelles... Un «re-
tions». L’essayiste en distinguant entre tard considérable»
regrette qu’une loi deux périodes légis- persiste une décennie
«aussi fondamen- latives «fécondes», après l’adoption de la
tale» ne soit pas l’avant et l’après protectorat. «Le nombre pléthorique loi sur les déchets. Le juriste souligne le rôle des collec-
appliquée dans sa totalité: «Les usagers (opérateurs des institutions et leur faible rendement» interpellent tivités locales dans les dégâts causés par un «produc-
économiques ou agricoles) ne s’acquittent pas tous les contribuables. L’état de l’environnement est «peu tivisme ostentatoire». Pourtant, le recyclage permet de
des redevances». L’intérêt porté à l’organisation de la reluisant (...) malgré les efforts déployés par l’Etat et créer des «filières rentables» conformes aux impératifs de
COP22 en novembre 2016 à Marrakech débusque ainsi la société civile». Ce grand paradoxe reste toujours santé publique. Un enjeu que «les réticences politiques et
les mauvais dossiers de l’environnement.o d’actualité. o les craintes des élus» ne semblent pas saisir totalement.o
Vendredi 29 Juillet 2016
XXXII

Risque catastrophique

Des plans sectoriels mais éparpillés


■ Une stratégie lancée pour Au Maroc diffé-
rents plans sectoriels
assurer une meilleure cohérence avec chacun un volet
préventif cohabitent:
la stratégie nationale
■ Un financement de 200 mil- pour la protection de
lions de dirhams accordé par la l’environnement et le
développement du-
Banque mondiale rable, le plan d’action

T REMBLEMENTS d’Al Ho-


national pour l’envi-
ronnement, le plan na-
ceima, sécheresses, inondations, ca- tional de lutte contre
nicules et vagues de froid … Entre le changement clima-
2000 et 2014, les sinistres ont presque tique, le plan natio-
quadruplé. Le Maroc a connu 13 inon- nal de lutte contre les
dations majeures qui ont tué au total inondations…etc. Il
263 personnes et causé des dommages reste à leur donner plus
matériels directs de plusieurs millions de cohérence et amé-
de dirhams. Les dégâts engendrés par liorer la coordination.
les catastrophes naturelles s’accen- L’approche pour-
tuent avec les concentrations urbaines, suivie jusque-là est
le non respect des normes de sécurité plus réactive que
en matière de construction ou encore proactive, comme cela
avec l’occupation non maîtrisée du sol a été souligné par la
à l’intérieur des zones à risques… Cour des comptes dans
Le séisme d’Al Hoceima a révélé une grande faiblesse au niveau de la coordination entre les diffé-
rents intervenants et plusieurs insuffisances au niveau des moyens des secours, de l’absence de plan
d’intervention et de la gestion de la crise (Ph. L’Economiste)

son rapport sur «la gestion du risque la reconstruction des installations en-
catastrophique». dommagées.
Après chaque catastrophe, des pro- En 2013, la loi de Finances a in-
grammes sont déclinés dans les zones troduit un changement important en
sinistrées. Cela engendre un déséqui- prévoyant que les dépenses liées aux
libre dans le traitement du problème différentes actions soient versées aux
à l’échelle nationale. «Les mesures budgets des départements ministériels
de gestion des risques liés aux catas- et des établissements publics.
trophes naturelles sont souvent mises Ce fonds joue ainsi le rôle d’un in-
en œuvre en vase clos et pâtissent termédiaire budgétaire puisqu’il redis-
de la fragmentation institutionnelle tribue aux ministères les financements
et du manque de coordination entre provenant des dons et des dotations
les diverses agences gouvernemen- budgétaires. Sauf, que les projets fi-
tales concernées», relève à son tour la nancés n’obéissent pas à des critères
Banque mondiale. Une stratégie glo- de sélection précis. Un aspect qui sera
bale revêt donc une importance capi- traité avec la transformation du fonds.
tale surtout qu’elle doit jouer un rôle Le programme intégré de gestion
en matière de prévention et de ges- des risques de catastrophes naturelles
tion des risques. C’est d’ailleurs dans prévoit aussi l’accroissement du
cette optique que la Banque mondiale nombre et de l’éventail des projets de
vient d’accorder au Maroc un prêt de réduction des risques. Et ce, via des
200 millions de dollars pour le finan- financements incitatifs pour lesquels
cement d’un programme intégré de la contribution de l’Etat pourrait at-
gestion des risques de catastrophes teindre 20%.
naturelles sur la période 2017-2021. L’ amélioration du financement et
Une des priorités de ce programme est de l’assurance contre les risques de
de développer le Fonds de lutte contre catastrophes naturelles fait aussi par-
les effets des catastrophes naturelles tie de ce programme intégré. A côté
(FLCN) pour en faire un «fonds na- d’une assurance obligatoire, un fonds
tional de résilience». de solidarité visant à indemniser les
L’ordonnateur de ce fonds et le mi- ménages non assurés touchés par les
nistère de l’Intérieur étaient chargés évènements catastrophiques devrait
des dépenses liées à la lutte contre également être mis en place. Un projet
les effets des catastrophes, le secours de loi dans ce sens est dans le circuit
d’urgence et d’assistance aux popu- législatif.o
lations sinistrées, la restauration et Khadija MASMOUDI

Vendredi 29 Juillet 2016


A l’occasion de la Fête du Trône
le Président-Directeur Général,
et l’ensemble du personnel du Groupe ADDOHA ont l’insigne honneur de présenter à

SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI


que DIEU l’assiste

leurs meilleurs voeux de bonheur et de santé, ainsi qu’à


Son Altesse Royale Le Prince Héritier Moulay El Hassan, à Son Altesse Royale
La Princesse Lalla khadija,
à Son Altesse Royale Le Prince Moulay Rachid
et à tous les membres de La Famille Royale.

Ils renouvellent au SOUVERAIN


au Glorieux TRÔNE ALAOUITE et à la FAMILLE ROYALE.
XXXIV

Réhabilitation des décharges:


■ 25 sites sur 75 à l’échelle des décharges de Dakhla, Tarmigt, Sidi lesquels Safi, Sebt Gzoula, Kénitra, Taza,
la métropole, connue pour sa gestion
Moumène, Khénifra, Mrirt, Aguelmous, Tanger, Sefrou…). Ce qui impliquera défaillante des déchets depuis plusieurs
nationale Marrakech et Mly Bouselham. Une ving- notamment le contrôle de l’accès à la dé-
années.
taine d’autres sites sont actuellement en charge, le nettoyage des aires, la maîtrise
A ce jour, Casablanca n’arrive tou-
■ Les objectifs du programme cours de travaux dont Meknès, Mly Yaâ- des suintements de lixiviat, le traitement
jours pas à se doter d’une décharge
contrôlée en mesure d’assurer le trai-
peinent encore à se traduire en tement de ses déchets selon les normes
Où vont les 40 milliards de DH? environnementales en vigueur. On se
réalisations 1,8% contente jusqu’à présent de stocker les
1,8%
A quelques années à peine de sa 3,5%
Communication, sensibilisation
déchets de la métropole, près de 3.500
tonnes par jour, au niveau de la décharge
date butoir, le Programme national des et formation de Médiouna. Mais les récents dévelop-
déchets ménagers (PNDM) semble loin 6,3%
Tri, recyclage et valorisation pements de ce dossier laissent entrevoir
d’atteindre ses objectifs. En effet, sur un un début d’issue pour ce désastre en-
total de 75 sites recensés à l’échelle na- Etudes, suivi et contrôle
14,6% vironnemental. En effet, le Conseil de
tionale, à peine un tiers peut prétendre au Réhabilitation et fermeture la ville est en train de finaliser les pro-
statut de décharge réhabilitée. En effet, des décharges sauvages cédures d’acquisition du foncier pour
25 sites sont aujourd’hui à 100% réha- 72% Réalisation et exploitation des agrandir le site.
bilités. décharges contrôlées Un préalable au processus de trans-
Parmi les villes ayant réussi le pari Collecte et nettoiement formation du site en décharge contrôlée.
à ce jour, figurent Salé, Témara, Oujda, «Les procédures sont en cours chez le
Benslimane, El Jadida, Fès, Essaouira, Source: Ministère de l’Environnement notaire et les 44,5 millions de DH pour
Agadir, Ifrane, Azrou, Mohammedia, l’achat du terrain d’une superficie de
Nador, Fnideq, Bouznika… D’autres, coub, Sidi Allal Al Bahraoui, Missour, du biogaz… 35 hectares ont été versés par la CUC»,
en cours d’achèvement, suivront bientôt, Guercif, Souk Larbâa Al Gharb… Plus Mais il s’agit essentiellement de pe- avait déclaré récemment Abdessamad
selon le dernier bilan du ministère délé- de 19 autres sites entameront leur mise tites villes ou localités sans commune Haykar, 1er adjoint du maire de Casa-
gué chargé de l’Environnement. Il s’agit à niveau durant l’année en cours (parmi mesure avec des sites comme celui de blanca (Cf. édition du 5 mai 2016).

Sac en plastique: Quatre siècles pour disparaître!


■ Un désastre pour l'environ- octobre 2016. Les stocks collectés sont
incinérés dans les fours des cimenteries.
nement L'application de cette nouvelle loi est
contrôlée par plusieurs départements:
■ La campagne de ramassage le ministère de l’Industrie surveille la
production locale, l'Intérieur contrôle le
prend fin en octobre marché et le ministère des Finances est

M
chargé du contrôle des importations et ex-
IKA, c'est fini depuis le 1er
juillet. Cette interdiction vient quelques Durée pour la biodégradation
années après celle largement contournée de certains déchets
des sacs noirs. Avec 26 milliards de sacs
plastiques consommés par an, le Maroc Bouteille en plastique: 10 à 1.000 ans
était le deuxième plus gros consomma- Canette en aluminium: 200 à 500 ans
teur mondial juste après les Etats-Unis Sac plastique: 100 à 400 ans
(380 milliards). Un chiffre qui fait peur Chewing-gum: 5 ans
par l'impact sur l'environnement. Les sacs Mégots de cigarette: 1 à 2 ans
Le Maroc était un des plus gros consommateurs de sacs en plastique: 26 milliards par an.
en plastique mettent entre 100 à 400 ans Or ces sacs mettent plusieurs siècles avant de se dégrader (Ph. Bziouat) Mouchoir en papier: 3 mois
avant de se dégrader. Le plastique fait
parti des polluants les plus persistants et ment. Les remplaçants sont les sacs en lions de DH pour les entreprises réalisant portations des sacs en plastique. Plusieurs
a des effets indésirables sur la santé, la papier, les sacs tissés, les sacs en tissu un chiffre d’affaires de 200 millions et sanctions sont prévues par la loi. L’article
faune et la flore. réutilisables, etc. Des alternatives qui plus. Les très petites entreprises dont le 9 punit la fabrication de sacs en plastique
Depuis le 1er juillet, la fabrication, constituent les nouvelles opportunités chiffre d’affaires est égal à 10 millions d’une amende de 200.000 à 1 million de
l'import, l'export et la distribution des pour les industriels qui doivent opérer de DH ont droit à 2 millions. Elle com- DH. L’article 10 sanctionne tout déten-
sacs sont hors la loi. Avec quelques ex- une reconversion. Les besoins en sacs en porte également d’autres volets d’accom- teur en vue de vente ou de distribution
ceptions, les sacs destinés aux secteurs papier sont estimés entre 8 à 9 milliards pagnement: opportunités offertes par le de sachets plastiques d’une amende entre
agricole et industriel ainsi qu’à la collecte de sacs en papier et de 10 millions pour Plan d’accélération industrielle, formation 10.000 et 500.000 DH. Et toute personne
des déchets ménagers, les sacs isothermes les sacs réutilisables. des ressources humaines à la reconver- qui détourne l’usage des sacs écoperaient
et ceux servant à la congélation et surgé- Un fonds de 200 millions de dirhams sion, appui aux opérateurs... A l'appel à d’une amende allant de 20.000 à 100.000
lation. est dédié au financement de la reconver- manifestation d'intérêt lancé en mai, 44 DH.❏
C'est tout un changement d’habitudes sion des unités industrielles. L'offre du entreprises ont répondu. K. M.
qui nécessite un petit effort individuel gouvernement prévoit l’appui aux projets Des opérations de sensibilisation et de
mais dont les retombées sont importantes d’investissement pour la reconversion à ramassage sont organisées. La campagne
Pour réagir à cet article:
en termes de protection de l'environne- raison de 50%, dans la limite de 10 mil- lancée le 5 juin se poursuivra jusqu'au 31 [email protected]

Vendredi 29 Juillet 2016


XXXV

20 ans de promesses et d'études


possible d’autant plus que le Maroc s’ap-
prête à accueillir la COP22.
Pour rappel, le PNDM, lancé en 2007
conjointement par les ministères de l’En-
vironnement et de l’Intérieur avec l’appui
de la Banque mondiale, vise la réhabili-
tation de toutes les décharges sauvages
existantes à l’horizon 2020. Le PNDM,
doté d’une enveloppe globale de 40 mil-
liards de DH (voir encadré), s’est fixé
comme objectif d’assurer la collecte et
le nettoiement des déchets ménagers pour
atteindre un taux de 85% en 2016 et 90%
en 2020. Il est en outre question de réa-
liser des centres d’enfouissement et de
valorisation (CEV) au profit de tous les
centres urbains pour la même échéance,
réhabiliter ou fermer toutes les décharges
existantes, développer la filière de «tri-
recyclage-valorisation», avec des actions
pilotes afin d’atteindre un taux de 20%
du recyclage en 2020… Des objectifs
ambitieux qui peinent encore à se tra-
duire en réalisations. o

Aziza EL AFFAS

A ce jour, Casablanca n’arrive toujours pas à se doter d’une décharge contrôlée en


mesure d’assurer le traitement de ses déchets selon les normes environnementales en
vigueur. On se contente jusqu’à présent de stocker les déchets de la métropole, près de
3.500 tonnes par jour, au niveau de la décharge de Médiouna (Ph. L’Economiste)

Le projet de transformer ce site en dé- C’est ce qui a poussé les membres de


charge contrôlée bute, rappelons-le, de- l’Association des mamans de Bouskoura
puis 2010 sur ce problème du foncier, qui à exprimer récemment (cf. édition du
serait aujourd’hui définitivement en voie 25 mai 2016) leur ras-le-bol général face
de résolution. L’objectif est de transfor- à une situation qui perdure depuis des
mer ce site en une décharge contrôlée aux années. Ces derniers ne supportent plus
normes internationales en matière de tri, la fumée noire provoquée par les tonnes
recyclage et traitement des déchets. Un d’ordures brûlées à la décharge et qui
vœu que les responsables locaux, qui se survole la ville verte de Bouskoura en
sont succédé à Casablanca, ressassent de- direction de Casablanca. Cette fumée
puis des années, sans résultats tangibles accompagnée d’une odeur nauséabonde
sur le terrain. «étouffe» les riverains, se plaignent-ils.
En attendant, la décharge de Mé- L’association appelle le gouvernement à
diouna continue de faire des mécontents. trouver une solution le plus rapidement

Offrez à vOs annOnces


le meilleur impact
30 000 exemplaires ❙ 150 000 lecteurs

EMPLOI | IMMOBILIER | AUTO-MOTO | CARNET


APPELS D’OFFRES | ANNONCES LEGALES

05 22 95 36 00 05 22 36 58 86

LA RÉFÉRENCE
AU QUOTIDIEN

Vendredi 29 Juillet 2016


XXXVI

Des aires protégées sans véritables protection!


n Les recettes forestières des
communes, un cas d’école

n 10 parcs nationaux et plus


de 154 sites recensés

n Un patrimoine très peu


connu du grand public
S aviez-vous que le Maroc
compte 10 parcs nationaux et 154
sites d’intérêt biologique et écolo-
gique (SIBE)? «L’identification de
ces SIBE est la première étape d’une
stratégie qui vise à définir un réseau
national des aires protégées et l’éla-
boration des plans d’aménagement et
de gestion des parcs nationaux», pré-
cise le Haut-Commissariat aux eaux
et forêts et à la lutte contre la déser-
tification. L’impulsion de ce chantier
remonte aux années 1930, durant le
protectorat français. «L’idée de départ
était de conserver le plus haut som-
met d’Afrique du Nord. Toubkal sera
ainsi le premier parc national créé
au Maroc», commente Sabah Tahiri, Le Forum pour l’application des lois environnementales (Forale) est un projet créé dans le cadre de la coopération maroco–allemande.
chef du service d’aménagement des Il s’insère dans le programme de gestion et de protection de l’environnement mené par la GIZ. Impossible d’en connaître le bilan malgré
parcs et réserves naturelles. Ce par- nos demandes d’information (Source: Haut-Commissariat des Eaux et forêt)
cours sera marqué par «une période
de l’Ecole nationale forestière d’ingé- des charges. Elles ne réinjectent dans naturel. Ne serait-ce que pour drainer
morte» de 40 ans, à cheval entre le
nieurs basée à Salé. les meilleurs des cas que 5 à 7% des plus de visiteurs et plus de revenus.
protectorat et l’indépendance! Aucun
Auparavant, 100% des recettes fonds. Raison pour laquelle d’ailleurs Nous n’en sommes pas encore là.
parc national ne verra donc le jour de
forestières étaient récupérées par les l’Etat a fini par réduire à 80% les re- Même si le Pr Benchekroune, qui gère
1950 à 1990 (voir repères page 38).
communes, à charge pour elles d’en cettes forestières récupérées par les aussi le Fonds national forestier, cite
La loi sur les aires protégées
réinvestir une bonne partie dans la pré- communes». les cas concluants de certaines villes
marque un tournant. «Elle va intégrer
servation de la faune et de la flore. Le «Le rôle des collectivités locales fait qui font des efforts pour préserver
les nouveaux critères de classement
témoignage du Pr Fayçal Benchekroun défaut en matière de communication leurs forêts périurbaines: Oujda, Fès
établis par l’Union internationale de
est édifiant. Ce grand expert aux Eaux sur l’importance de la forêt et l’intérêt (Ain Chkaf) et Guelmim.
la conservation de la nature: «Carac-
et forêts est à la tête de la direction de de sa préservation», regrette le service Toutefois, le dossier des recettes
téristiques (d’un site), vocation et en-
la planification, système d’information aménagement des parcs et réserves na- forestières lève le voile sur un autre
vergure socioéconomique», précise
et coopération: «La plupart des com- turelles. Rien n’interdit à une région fait.
la division des aires protégées que
munes ne remplissent pas leur cahier de faire la publicité de son patrimoine «Le coût annuel de la dégradation
chapeaute Zouhair Amhouech. Cinq
de la biodiversité des écosystèmes est
types de sites seront ainsi créés par la
de 660 millions de DH, soit 0,2% du
loi de juillet 2010: parc national, parc Empreinte humaine PIB», selon une étude du ministère
naturel, réserve biologique, réserve
naturelle et site naturel. Tout un pa-
trimoine au potentiel touristique lar-
L es sites et les parcs sont d’immenses espaces ouverts. Les Eaux et fo-
délégué à l’Environnement.
C’est sur la base de ce «constat
rêts ne peuvent pas recenser leurs visiteurs. «Sauf pour les sites où l’accès est alarmant» que le Maroc a signé plu-
gement méconnu du grand public. A payant comme l’Ecomusée du Toubkal ou en cas de visite organisée», nuance sieurs conventions notamment au
qui la faute? l’administration de tutelle. Sommet de la Terre à Rio en 1992.
Les brochures d’information dé- Déterminer le nombre des visites annuelles est l’un des indicateurs qui D’où aussi les fameux plans
cimées ici et là dans les locaux des permettent de jauger l’empreinte humaine sur la nature. D’autant plus que les d’aménagement des parcs. «Ils sont
Eaux et forêts à Rabat laissent dé- aires protégées ont leurs résidents permanents et sont également mitoyennes en cours d’actualisation et certains
duire qu’il y a une certaine volonté à des communautés rurales. Le recensement de la population de 2014 n’offre SIBE seront promus en parcs natio-
de communiquer. Timide certes, mais pas encore cette donnée, selon les Eaux et forêts. naux..», annonce-t-on aux Eaux et
elle existe au moins. Reste les com- «Certes, des gens vivent dans ces aires protégées. Ce qui n’interdit pas le forêts.
munes qui ont aussi un rôle d’infor- recours à un zonage de conservation et de valorisation». Sur le terrain, les po- Pas une seule pierre ne bouge si un
mateur. pulations touchées par les restrictions d’accès aux sites protégés, de pâturages, projet ne rentre pas dans le cadre du
Ne profitent-elles pas de 80% des de coupe de bois, d’usage d’eau ne sont pas toujours collaboratives. Même si plan d’aménagement. Ce document
recettes forestières? «Ces revenus «elles ont droit à une compensation». administratif est opposable aux tiers
proviennent des exploitations de fo- Le rôle des communes et des régions est déterminant pour accroitre les dans la mesure où il est publié au
rêts situées sur le territoire commu- recettes locales et les revenus de leurs administrés. La préservation de la res- Bulletin officiel. Encore faut-il voir
nal (bois d’œuvre, bois de feu...). Les source induit la création d’activités alternatives. L’écotourisme en fait partie: ce que cela donne réellement sur le
20% qui restent de ces recettes sont gites, guides, observation d’oiseaux, découverte de colonie d’arbres comme terrain. o
remises au Fonds national forestier», le cèdre de l’Atlas, randonnées... Du coup, les bénéficiaires de ces activités
explique Hanane Naoui. Haut cadre Faiçal FAQUIHI
génératrices de revenus deviennent des acteurs du changement. o
aux Eaux et forêts, elle est lauréate

Vendredi 29 Juillet 2016


XXXVII

Trois parcs naturels sur dix au Moyen-Atlas


■ Parc d’Al Hoceima ■ Parc de Tazekka
Création en 2004/Superficie: 48.460 ha Création en 1950, étendu
Ce parc abrite une côte rocheuse sauvage avec des falaises spectaculaires. L’on compte aussi une en 2004 / Superficie: 13.737 ha
importante colonie de balbuzards pêcheurs, oiseaux menacés d’extinction à l’échelle méditerranéenne, Tazekka est le 2e plus an-
et 3 espèces de dauphins (commun, bleu et blanc). Des grottes servent occasionnellement d’abri au cien parc national après celui
phoque moine disparu de la zone et menacé d’extinction à l’internationale. Les 110 espèces végétales de Toubkal. Il emprunte son
recensées, comme le pin d’Alep, servent d’ornement naturel des marabouts qui peuplent le parc. 1 nom du massif qui fait la fierté
de Taza et de ses habitants. Le
■ Parc de Talassemtane parc est peuplé par le cèdre de
Création en 2004 / Superficie: 58.950 ha l’Atlas, le chêne et le thuya, en
Il faut arpenter les montagnes du Rif pour accéder au parc de Talassemtane 4 plus d’environ 600 espèces en-
qui tire son nom du rifain, «source fraîche». Le parc abrite plusieurs espèces 3 démiques ou rares. Le cerf de
végétales endémiques: sapin du Maroc, cèdre de l’Atlas et pin noir. Le Berbérie et le mouflon à man-
site est la résidence attitrée du singe magot, de la loutre et de rapaces 6 2
chettes ont été réintroduits dans
rares comme l’aigle royal et le gypaète barbu (sorte de vautour). le parc. Les mordus de spé-
5
léologie peuvent découvrir la
■ Parc de Toubkal grotte de Friouato.
Création en 1942 / Superficie: 36.000 ha 7
Toubkal est le doyen des parcs nationaux. Niché au sommet
8
du Haut Atlas, il compte plusieurs rivières et sites de gravures ■ Parc d’Ifrane
rupestres vielles de plus de 5.000 ans. Rochers et berges des cours Création en 2004, étendu en 2008
d’eau sont colonisés par des flores spéciales. Le parc national de 9 Superficie: 124.150 ha
Toubkal abrite la plus ancienne réserve de mouflons à manchette Basé au Moyen Atlas, le parc national
du Maroc, la réserve de Takherkhort. d’Ifrane est un véritable château d’eau: lacs
naturels permanents (Dayet Aoua et Aguelman
■ Parc de Souss Massa 1
d’Afnennourir), sources, rivières... Sa flore est mar-
Création en 1991 / Superficie: 33.800 ha quée par le cèdre de l’Atlas, espèce emblématique de
Le parc de Souss-Massa se trouve entre Agadir cette aire protégée. Ce parc est d’une grande richesse
10
et Tiznit. Il abrite deux zones humides d’impor- écologique: 37 mammifères dont les macaques, 140
tance internationale pour les oiseaux migra- 4
espèces d’oiseaux, une trentaine d’espèces d’amphi-
teurs, comme le flamant rose. L’ibis chauve biens et de reptiles. 3
est sans conteste le porte-drapeau de ce 11 6
parc où vit la dernière population viable ■ Parc d’Iriqui
à l’état sauvage. Deux réserves ont 5
Création en 1994 / Superficie: 123.000 ha
été aménagées pour l’antilope saha- Evasion garantie avec Iriqui et ses paysages désertiques
rienne et l’autruche à cou rouge. 1- Tanger-Tétouan-Al Houceima du grand sud marocain. Il s’étend sur7 toute la région d’Er-
2- Oriental Rachidia, Zagora et Tata. Le lac d’lriqui est un lieu d’escale
et d’hivernage pour les oiseaux migrateurs: flamant rose, 8
■ Parc de Khenifiss 3- Fès-Meknès
4- Rabat-Salé-Kénitra foulque et oies. Ce parc est parsemé d’une steppe arborée,
Création en 2006 / Su- d’une savane d’acacia raddiana, de9dunes... La faune est
perficie: 185.000 ha 5- Béni Mellal-Khénifra
variée (gazelle dorcas, mouflon à manchettes, hyène, ou-
Direction 6- Casablanca-Settat tarde...). Sans oublier les reptiles: lézard, varan, caméléon
Laâyoune pour 7- Marrakech-Safi et serpents. Iriqui est le 2e plus grand parc national et sur-
aller au parc 12 8- Drâa-Tafilalet tout le plus inconnu et délaissé presque.
national de Khe- 9- Souss-Massa
nifiss. Sa belle 10- Guelmim-Oued Noun
lagune de 20.000 ■ Parc de Khénifra 10
11- Laâyoune-SaquiaCréation
Al Hamraen 2008 / Superficie: 93.500 ha
ha est incontour- 12- Ed Dakhla-OuedLeEd-Dahab
nable. La zone parc national de Khénifra est le dernier parc créé au Maroc. Situé au Moyen-
terrestre du parc, 144.100 Atlas, ses paysages remarquables sont dominés par les forêts de cèdre, de chênes, de
ha, englobe sebkhas et hauts plateaux avec une végé- genévriers... Le site abrite plusieurs espèces11menacées d’extinction comme le singe de
tation saharienne. La lagune de Khenifiss est l’unique berbérie, la loutre, le porc épic et l’aigle royal. Il est également peuplé de sangliers,
lagune saharienne en Afrique du Nord. Plus de 20.000 lièvres, chacals, renards, perdrix gambra, pigeon biset, cigogne blanche, foulques et
espèces en période d’hivernage où atterrissent le ta- canards.
dorne casarca, sarcelle marbrée et goéland d’Auddouin. 1- Tanger-Tétouan-Al Houceima
Des oiseaux d’importance mondiale. 2- Oriental
3- Fès-Meknès
■ Parc du Haut Atlas Oriental 4- Rabat-Salé-Kénitra
Création en 2004 / Superficie: 55.252 ha 5- Béni Mellal-Khénifra
Nous sommes à l’arrière-pays de la ville de Khénifra. Le parc national du Haut-Atlas Oriental s’étend entre 6- Casablanca-Settat
la localité d’Imilchil et la pointe de Jbel Aberdouz. La rudesse du relief assure la préservation d’importantes 7- Marrakech-Safi
12
populations de mouflons à manchettes et de gazelles de cuvier. Le site est idéal pour l’observation de plus de 8- Drâa-Tafilalet
120 espèces d’oiseaux dont des rapaces rares et oiseaux aquatiques des lacs d’Isli et de Tislit... Distinction 9- Souss-Massa
aussi pour des steppes à 3.000 mètres d’altitude et le célèbre Moussem des fiançailles. 10- Guelmim-Oued Noun
11- Laâyoune-Sakia El Hamra
12- Ed Dakhla-Oued Ed-Dahab
(Infographie: L’Economiste)
(Rédaction: F.F.)
Vendredi 29 Juillet 2016
XXXVIII

La forêt Oued Nfifikh meurt à petit feu!


n Braconnage, coupe de bois
sauvage, déchets...

n Ben Slimane et
Mohammedia négligent leur
forêt
Malgré leurs rentrées fiscales, la
préservation des forêts périurbaines
notamment est loin d’être une priorité
pour nos élus communaux (voir pages
36 et 37). Exemple, l’immense forêt
Oued Nfifikh dans les environs de
Mohammedia. «Le ministère de l’Inté-
rieur, le Haut-Commissariat aux eaux
et forêts et la commune d’El Mansou-
ria avaient signé une convention pour
sa préservation. Sauf qu’ils sont rares
les partenariats qui fonctionnent», re-
grette le Pr Fayçal Benchekroun. Ce
directeur au Haut-Commissariat aux
eaux et forêts et à la lutte contre la dé-
sertification a participé à l’aménage- Parc Oued Nfifikh (Source: F.F.)
ment de ce parc peuplé à perte de vue
d’arbustes et d’eucalyptus. Le projet a a-t-elle une logique? Parallèlement, des «Le site Oued Nfifikh n’est pas clas- et canards sauvages font le bonheur
bénéficié d’un financement américain travaux sont engagés actuellement aux sé comme parc national», selon le dé- des braconniers. Noceurs et pique-
via le Millenium Challenge Account abords de cet immense site naturel. Ils partement des aires protégées aux eaux niqueurs polluent ce parc dans une
(MCA). Des pistes cyclables ont été visent à élargir un tronçon de la route et forêts. Il n’en demeure pas moins indifférence générale. Le risque d’in-
aménagées pour les randonneurs au reliant Mohammedia à Ben Slimane. qu’il recèle un intérêt biologique et cendie de forêt plane constamment.
sein du parc Oued Nfifikh où transitent Plusieurs arbres ont été abattus. écologique certain. Pour l’heure, lièvres Pas la peine de chercher un garde
des colonies d’oiseaux migrateurs. De- forestier dont le seul QG est basé à
puis des années, L’Economiste sillonne Un fonds «détourné» l’entrée Est de la ville des fleurs (voir
encadré). Le parc Oued Nfifikh est
régulièrement ce site dans l’état se dé-
grade à vue d’œil: braconnage, rejet de
déchets solides et liquides, travaux de L e Fonds national forestier comptait plus de 650 millions de DH en 2015
partagé entre le territoire de Moham-
media et la province de Ben Slimane
génie civil non respectueux de l’envi- contre 450 millions de DH en 2012. Il a été malheureusement détourné de sa à laquelle est rattachée la commune
ronnement (passage de la future ligne fonction originelle: «75% des fonds financent le budget du Haut-Commissariat d’El Mansouria. L’essentiel est que ce
TGV, creuset d’une bouche d’égout aux eaux et forêts», confie une source autorisée. Cette hérésie budgétaire «est joyau de la nature est en déperdition.
sauvage raccordé à un projet de loge- consacrée par la loi de finances». Les parlementaires «restent inertes» aux D’abord par manque d’entretien. La
ment économique...). La création par alertes des Eaux et forêts sur la nécessité de préserver l’indépendance finan- pancarte délabrée qui présente le parc
la commune El Mansouria d’une zone cière du fonds. Et qui est mise à rude épreuve depuis quelques années déjà. Oued Nfifikh aux visiteurs est tout un
industrielle à deux pas du parc laisse L’équipement des gardes forestiers, en véhicules notamment, est le premier à symbole. o
perplexe: sa politique d’aménagement pâtir de cette situation. o Faiçal FAQUIHI

Repères
n 1934 n 1950 n 1996 n 2010
Dahir sur Création du second parc Plan directeur des aires Adoption de la loi sur les aires
la création des national de Tazekka dans les protégées: 39 écosystèmes re- protégées qui attend encore son dé-
parcs nationaux. environs de Taza. censés. Une première. cret!
Dix ont été créés
jusqu’en 2008. n 2002
L’idée de départ Sommet mondial sur le dévelop-
était de conserver pement durable à Johannesburg
le plus haut som-
met d’Afrique du
Nord, le Toubkal. n 2016
Le Maroc organise la COP22 en
novembre à Marrakech

• 1942
Création
du 1er parc n 1991
national de Lancement de la conserva- n 2008
Toubkal dans tion de l’Ibis chauve au parc Historique. Le Maroc compte
la région de de Souss-Massa. dix parcs nationaux. Dernier créé,
Marrakech Une espèce très rare. celui de Kénifra au Moyen-Atlas

Vendredi 29 Juillet 2016

Vous aimerez peut-être aussi