Notes de Cours d'EDUCIT
Notes de Cours d'EDUCIT
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UNIVERSITE DE KINSHASA
INTRODUCTION
L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Il n’est que ce que
l’éducation fait de lui. Eduquer, disait Kant, c’est faire sortir l’homme de son état
d’animalité en l’introduisant dans l’humanité 1. L’éducation est avant tout un effort de
transformation de l’homme. « Cela suppose qu’on lui transmette, dans la mesure du
possible, ce que l’humanité a fait de meilleur ou de plus utile, ou qu’elle juge être tel :
certains savoirs et savoir-faire (à commencer par la parole), certaines règles, certaines
valeurs, certains idéaux, enfin l’accès à certaines œuvres et la capacité d’en jouir. »2
Dans le cadre de notre cours, il ne s’agit pas d’une éducation dans son sens
général, mais d’une éducation à la citoyenneté. C’est-à-dire, il s’agit de transmettre à
l’homme ce qui est propre à un citoyen 3 : l’ensemble des droits dont il jouit et des
devoirs qui lui incombent. Eduquer à la citoyenneté est donc « un processus à travers
lequel les citoyens doivent acquérir des attitudes progressistes leur permettant non
seulement de s’acquitter de leurs devoirs de citoyens, mais aussi de bénéficier de leurs
droits civils et politiques »4. Cela nécessite une certaine responsabilité de la part du
citoyen. Et les responsabilités politique, sociale, économique, écologique, etc.
nécessitent une préparation. Cela en se référant aux valeurs de la démocratie et des droits
1
KANT, E., Réflexions sur l’éducation, Paris, J. VRIN, 2000, p. 93-94.
2
COMTE-SPONVILLE, A., Dictionnaire philosophique, Paris, PUF, 2001, p. 194.
3
Citoyen : c’est un membre d’une cité en tant qu’il participe au pouvoir souverain et lui est soumis. Cela suppose
que cette cité soit démocratique, car il n’y a des citoyens que dans une cité démocratique. Cité : c’est un ensemble
des individus soumis à une même loi, celle du souverain. Ces individus qu’on appelle citoyens doivent avoir une
conscience commune d’un passé commun, d’un même destin et d’une même volonté commune de vivre ensemble.
Etre citoyen : c’est se sentir interpellé par la nation et par son concitoyen, se sentir responsable de la destinée
heureuse ou malheureuse de toute sa communauté, de toute sa nation. Se reconnaître citoyen : c’est assumé sa
citoyenneté au-delà de l’acte d’inscription de soi aux registres des services de l’état civil de sa mairie, de sa
commune, de son pays. Citoyenneté : c’est la qualité d’un citoyen jouissant de l’ensemble de ses droits civiques
dans un Etat ou dans une communauté politique. Elle est un statut juridique des membres d’un Etat ou d’une
communauté internationale (la citoyenneté européenne) par naissance ou par la naturalisation. Elle est un statut
actif, car elle ne se chante pas mais se prouve ; elle ne se proclame pas mais se vit par des actes de conformité aux
lois du pays et la détermination à contribuer à sa prospérité et au bonheur de ses habitants. Communauté nationale :
c’est l’ensemble d’hommes et des femmes partageant la même culture, la même histoire et uni par la volonté de
vivre ensemble au sein d’un même Etat.
4
MBAMBI MONGA OLIGA, M., Le développement par l’éducation à la citoyenneté, Kinshasa, P.U.K., 2006, p.
7.
3
de l’homme. Ce n’est que dans ce sens que l’homme peut devenir libre, autonome,
capable de comprendre le monde et d’agir sur lui.
1. Une démarche qui doit pouvoir faire appel à toutes les disciplines, tant en termes
d’acquisition de savoirs qu’en termes de maîtrise de savoir faire spécifique : être
capable d’argumenter et de débattre, apprendre à réguler positivement les
conflits et à vivre ensemble, etc.
2. Une démarche qui conjugue nécessairement et solidairement la relation entre les
individus : le temps que les étudiants prennent à l’université doit jouer un rôle
déterminant dans le processus de socialisation qui doit les amener, chacun, à
considérer l’autrui, non comme un obstacle à l’expression de sa liberté, mais
comme la condition même de la mise en œuvre de cette liberté. Car on est libre
qu’avec autrui. Il faut aussi que pendant ce temps là, les étudiants comprennent
que la loi et les règles ne sont pas un but absolu, mais un moyen nécessaire à la
vie en société.
3. Une démarche qui implique divers acteurs et qui veut que chacun à son niveau
soit responsable.
Pour notre pays qui est encore dans une période d’apprentissage démocratique,
un besoin impérieux de refondation morale, politique et mentale se fait de plus en plus
4
Dans le cadre de notre pays (la République Démocratique du Congo) qui fait
encore son apprentissage démocratique, une éducation à la citoyenneté doit, entre autre
aussi:
5
MBAMBI MONGA OLIGA, M., O.C, p. 8.
6
6
KANT, E., Réflexions sur l’éducation, Paris, J. VRIN, 2000, p. 93-94.
7
COMTE-SPONVILLE, A., Dictionnaire philosophique, Paris, PUF, 2001, p. 194.
7
CHAPITRE PREMIER
QU’EST-CE QUE L’HOMME ?
Cette grande question qui retient l’attention de tout penseur peut avoir plusieurs
réponses ou approches selon les domaines ou les champs d’investigation (Philosophie,
Droit, Economie, Médecine, Sociologie, etc). Dans le cadre de ce cours, nous allons
uniquement examiner le point de vue d’Aristote pour des raisons pédagogiques.
d’humanité, veut dire que l’homme entre dans la société humaine où il forme la famille,
le village, etc. C’est dans la « polis » qu’il se réalise homme et qu’il réalise également
son bonheur. Ce bonheur est communautaire (partagé avec l’autre). On sent très vite que
la question de l’homme est intrinsèquement liée à celle du bonheur. Qu’en est – il alors
du bonheur ?
Si toutes choses tendent vers le Bien/le Bonheur ; toute action, y compris l’agir de
l’homme à cette finalité, on est en droit de se demander, avec raison d’ailleurs : qu’est-
ce que le « Bien » ou qu’est-ce que le « bonheur » ? Est – il une satisfaction des
plaisirs, des honneurs reçus, les richesses amassées ; tel que les traditions populaires
conçoivent ? Tel que nous le pensons ?
Son jugement sur ces conceptions populaires du bonheur est sans appel. Paulin
Manwelo12 résume ce jugement : ces conceptions sont toutes inadéquates, voire indignes
de l’homme. Et pour causes : limiter le bonheur aux plaisirs serait assimiler l’homme à
l’animal, car quand bien même les plaisirs seraient importants pour l’homme, ils sont
davantage l’apanage des animaux, surtout lorsqu’il est question des plaisirs liés au sexe,
à l’amusement et autres pratiques de ce genre. Choisir une « vie de jouissance », « une
vie bestiale » constitue, à coup sûr, une « bassesse13 ».
Quant aux honneurs ou aux privilèges, surtout les honneurs « politiques », c’est là
un choix de vie dangereux, mieux, « superficiel », dans la mesure où l’honneur « dépend
plutôt de ceux qui honorent que de celui qui est honoré14 ». Si l’honneur représente le
bonheur recherché, qu’adviendrait-il lorsque, par exemple, on cesse, pour une raison ou
une autre, d’assumer plus les fonctions politiques ou autres de ce genre ? L’on comprend
ici pourquoi certains hommes politiques s’accrochent au pouvoir, à tout prix, par peur
de prendre les honneurs dus à leurs rangs. Pour Aristote, le bonheur basé sur le bonheur
ou les privilèges fonctions sociales est éphémère : il dure souvent l’espace d’un matin.
Le vrai bonheur est « quelque chose de personnel à chacun et qu’on peut difficilement
nous ravir15 ».
12
Manwelo, P., Cours d’Education à la citoyenneté, inédit.
13 Aristote, Ethique à Nicomaque, Paris, Vrin, 1959, pp. 31-32.
14 Idem, p. 43.
15 Idem, p. 44.
16 Par « hommes d’affaires », Aristote entend les commerçants qui sont entièrement voués à
sur d’autres plans, tel un enrichissement illicite ; un enrichissement aux dépens des
autres membres de la communauté.
Si nous devons réfuter ces conceptions erronées du bonheur, la question qui se
pose avec acuité est : qu’est-ce que le bonheur pour un être humain ? De quoi le bonheur
« humain » est-il fait ?
I.2.1. La raison
propositions) et d’agir. Il se reconnaît, à la vue de cela, plus qu’un amas matériel. Il est
doté d’un pouvoir rationnel grâce auquel il pense, conceptualise et théorise. Il approche
les réalités-problèmes et exerce son savoir et son savoir-faire. L’homme doit ses mérites
à la cohérence de sa pensée et de son langage, à la vérité de ses jugements et à la validité
de ses raisonnements. « La lumière de la raison suffit pour chasser les ombres de
l’irrationnel ».20
Nous abordons en détail cette épineuse problématique dans le chapitre trois : Les
régimes politiques.
13
CHAPITRE DEUXIEME
L’ETAT ET LE POUVOIR
La notion d’Etat est toujours liée à celle du pouvoir parce que, non seulement on
ne peut avoir un Etat sans pouvoir (L’Etat est d’ailleurs le pouvoir par excellence, dans
la mesure où il a mission de garantir la durée et de pérenniser le pouvoir politique), mais
aussi c’est dans le cadre de l’Etat que le problème du pouvoir se pose avec le maximum
d’acuité. « L’Etat est l’institution qui détient le pouvoir politique et au nom de qui ce
pouvoir s’exerce (car) l’Etat est la personnification juridique d’une nation »22
II.1. L’ETAT
Etymologiquement, ce mot vient de status qui traduit une certaine position d’être
débout. L’Etat est la forme institutionnalisée du pouvoir, autorité souveraine s’exerçant
sur l’ensemble d’un peuple dans les limites d’un territoire déterminé. De cette définition
nous pouvons déduire que l’Etat comporte deux sens :
L’Etat est la personne morale la plus importante d’un pays. Le droit public le définit
comme la personne morale supérieure de toutes les autres personnes. Pour Jacqueline
RUSS, « l’Etat désigne la forme institutionnalisée du pouvoir, forme moderne et
politique s’exerçant généralement au sein d’importants communautés humaines
installées sur un territoire déterminé »23
22
CHANTEBOUT, B., Droit constitutionnel et science politique, Paris, A. Colin, 1989, p. 5.
23
RUSS, J., Théories du pouvoir, Paris, Librairie Générale Française, 1994, p. 67.
14
L’Etat se compose généralement de trois éléments, mais il faut ajouter à ces trois
éléments un quatrième qui est aussi important :
1. Un territoire ;
2. Une population :
3. Un gouvernement.
4. Un ordre politique, juridique, social, économique que le pouvoir
s’attèle à réaliser.
Il est à noter que la forme étatique ne préjuge pas du régime politique qui y est
pratiqué. C’est dans ce sens qu’on parle de l’Etat démocratique, monarchique,
tyrannique aussi bien que théocratique.
L’Etat « peut être perçu comme une collectivité de structure juridique délimité par
des frontières territoriales et constituée d’institutions lui assurant sa souveraineté ».
L’Etat2425 est donc l’autorité souveraine s’exerçant sur un peuple et sur un territoire
24
KOUEVI, L., Les mots de notre engagement, Kinshasa-Limeté, Afriquespoir, 2009, p. 97.
25
De plus en plus, on parle de l’Etat de droit : Dans sa définition première l’Etat de droit est un Etat respectueux
des droits de l’homme, c’est-à-dire un Etat dont l’action participe à la défense et à la promotion des droits et des
libertés fondamentales. Jean-Paul Jacquet disait que « l’existence d’un Etat de droit se manifeste avant tout par la
soumission de toutes les autorités publiques au respect des droits fondamentaux » (JACQUET, J-P., cité par
NTUMBA LUABA, « Les perspectives d’un Etat de droit par le dialogue national », dans Pensée agissante, n°
11, Kinshasa, février 2002, p. 67-71. Et NTUMBA LUABA de préciser, l’Etat de droit « est un Etat où des
principes et des valeurs fondamentaux s’imposent aux pouvoirs publics et dans lequel existent des garanties et
mécanismes de contrôle et de sanction, dont les cours et tribunaux, notamment le contrôle de la constitutionnalité
des lois » (Ib., p. 68). Pour sa part, MAMPUYA KANUNKA TSHIABO résume les éléments fondamentaux de
tout Etat de droit en distinguant : « a) la légitimité des gouvernants après l’élection par le souverain primaire ; b)
la reconnaissance et la promotion des droits de l’hommes ; c) la gestion transparente de la chose publique par le
contrôle de l’action gouvernementale soumise à la responsabilité politique, civile et pénale des gestionnaires »
(MAMPUYA KANUNKA TSHIABO, A., « L’action gouvernementale : expression d’un Etat de droit », dans Les
15
déterminé. En tant que tel, il se distingue des autorités partielles et non souveraines, qui
n’officient que dans des sphères délimitées de la vie humaine, comme l’autorité
familiale ou religieuse, et constitue la seule autorité proprement politique.
Cahiers du potentiel, vol. 01, Kinshasa, Janvier-février 2003, p. 12-15) Ce signifie que l’Etat de droit ne se
caractérise pas seulement par la participation du peuple à la gestion de la chose politique (l’aspect démocratie) et
par le contrôle propre à l’Etat démocratique, il ne se réduit pas à l’existence et à la souveraineté de la loi propres
à l’Etat légal et même constitutionnel, il ne se confond pas non plus à la bonne gouvernance dans un Etat qui se
veut guidé par la rationalité politique et économique propre à l’Etat moderne. En somme nous pouvons définir
l’Etat de droit comme celui qui reconnaît au peuple le droit de participer, par ses représentants élus, à la gestion
de la chose publique et où la loi souveraine impose un contrôle et des sanctions qui obligent toutes les couches
sociales et toutes les institutions à la bonne gouvernance. L’Etat de droit n’est pas synonyme d’Etat légal, qui est
un Etat dont les lois organisent la vie sociale et auxquelles tous les citoyens, y compris les éventuels récalcitrants,
y sont soumis. C’est certains gouvernants (dans des régimes dictatoriaux) qui font cette confusion, surtout quand
ils veulent rappeler à l’ordre certains citoyens à esprit libertaire.
16
détaché de l’homme qui l’exerce, ce qui permet de concevoir les institutions et les
pouvoirs comme distincts des hommes qui en ont la responsabilité.
L’Etat peut revêtir soit la forme unitaire, soit la forme fédérale soit, mais très
rarement, la forme confédérale en ce qui concerne l’organisation administrative et
spatiale du pouvoir et des institutions publiques sur toute l’étendue de son territoire.
Mais dans le cadre de ce cours, nous ne parlerons que des formes unitaire et fédérale,
car la forme confédérale n’existe plus guerre que dans des organisations internationales
et non sous la forme d’Etats. La Suisse a cessé d’être une confédération depuis 1848.
C’est un Etat dans lequel le pouvoir politique relève d’un titulaire unique
(gouvernement central) ; en d’autres termes, c’est un Etat où il n’y a qu’un seul centre
d’impulsion politique26. Tous les organismes officiels des niveaux régional et local
émanent directement des institutions nationales. L’autorité, qui est unique, peut
souverainement décider, selon sa vision propre des réalités nationales, de modifier ou
de supprimer ces structures nationales, régionales et locales ainsi que les lois et
règlements qui les régissent. Dans un tel Etat, tous les citoyens obéissent à une seule
autorité ; ils sont régis par un même régime constitutionnel et les mêmes lois.
1. Un seul Etat,
2. Un seul pouvoir souverain,
3. un seul législateur.
L’organisation d’un Etat unitaire peut avoir des formes différentes : On peut
adopter soit la centralisation, soit la décentralisation.
26
Lire BURDEAU, G., Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, LGDJ, 1969, p. 47.
17
Mais, un Etat unitaire peut aussi connaître une décentralisation au niveau des
collectivités régionales. Celle-ci est un mode de gestion des services publics qui consiste
« à confier leur gestion à des organismes dépendants du pouvoir créateur, mais jouissant
vis-à-vis du pouvoir central d’une certaine autonomie de gestion »27. Toutefois, l’Etat
unitaire exige que l’autonomie accordée aux collectivités n’aille pas jusqu’à une
27
KANYNDA LUSANGA, cité par MBAMBI MONGA OILIGA, M., O.C., p. 21.
18
autonomie complète à l’égard du pouvoir central. En fait, cette autonomie qui n’est
qu’administrative est limité, toutes les décisions sont prises au niveau du pouvoir central
qui peut, à sa convenance et sans entrave, cesser la plupart des actions entreprises au
niveau inférieur.
Ces collectivités sont donc des entités ayant des intérêts propres distincts de ceux
du pouvoir central. Elles sont investies d’une personnalité juridique et possède un
patrimoine propre. Le pouvoir central, toute en exerçant un pouvoir de tutelle sur les
actes des autorités de ces collectivités, ne s’immisce pas dans leur gestion. Cette tutelle
s’exerce soit par la voix des autorisations préalables ou d’approbation, soit par voix
d’annulation.
C). La déconcentration
28
BAGUENARD, J., La décentralisation territoriale, Paris, Plon, 1980, p. 29.
19
n’auront pas besoin d’attendre le feu vert des pouvoirs centraux. Ils peuvent décider au
nom de l’Etat. Ils disposent d’une compétence discrétionnaire d’appréciation. Une
circonscription administrative est une division ou une subdivision du territoire national
à l’intérieur de laquelle une autorité administrative est compétente pour agir. Mais une
circonscription administrative n’a pas d’autorité juridique.
29
MBAMBI MONGA OLIGA, M., O.C., p. 21-22.
22
30
Lire à ce sujet WRIGHT, K., Les institutions politiques, Léopoldville, Institut Nationale d’Etudes Politiques,
1964, p. 29-30.
23
a. Le niveau central,
b. Le niveau régional (provincial) ou local31.
Ces entités fédérées sont autonomes et sont régis par leurs constitutions respectives.
Sauf pour certaines matières consacrée par la Constitution fédérale et réclamant de la
compétence exclusive de cette dernière. Ces matières sont entre autres :
31
FRIEDRICH, C., « Fédéralisme », dans Encyclopedia Universalis, Vol. 6. P. 962.
32
CROISAT, M., Le fédéralisme dans les démocraties contemporaines, Paris, Montchrestien, 1999.
24
- La monnaie,
- la défense nationale,
- la douane,
- les relations extérieures, etc.
Deux principes structurent cette forme d’Etat, à savoir l’autonomie des Etats
(provinces) fédérés d’une part et la participation, réglée par la constitution, au
fonctionnement de l’Etat fédéral.
25
Les Etats fédérés peuvent être dénommés différemment selon les pays : Canton
en Suisse, Etats fédérés aux Etats-Unis d’Amérique ou au Nigeria, Région en Belgique,
Province dans d’autres pays.
Mais le contrat social ne peut avoir effet d’abolir les droits naturels des individus,
il doit seulement les codifier. Et le souverain est contraint de respecter ces droits naturels
des hommes que sont la liberté et l’égalité, mais également la propriété privée et la sûreté
personnelle.
29
Avec cette conception donc, la liberté devient non seulement le but de toute
société, mais aussi la condition nécessaire, ce que la Déclaration des droits de l’homme
et de citoyen va adoptée dans le contexte de la Révolution française et qui est devenue
de manière irrévocable dans la tradition politique.
possessions. L’Etat aura donc pour rôle de veiller au respect des conditions de
concurrence pure et parfaite, de permettre l’exercice de la liberté individuelle, et, le cas
échéant, de pallier les rares défaillances du marché. Parmi les défenseurs de cette
doctrine, nous pouvons citer Pierre de Boisguillebert, François Quesnay et Adam Smith.
Quant aux libertés économiques, elles vont de pair avec la liberté politique : l’Etat se
proclame le défenseur des deux postulats de base que sont l’initiative individuelle et la
propriété privée. La liberté sociale, sœur à la liberté économique, implique que l’Etat ne
doit pas intervenir particulièrement dans les rapports sociaux, et tout particulièrement,
dans les rapports entre patrons et salariés.
Bref, au-delà de leur diversité réelle, les socialistes ont en commun de faire primer :
Selon eux, le libéralisme est une idéologie d’une classe particulière (la bourgeoisie)
qui, jouant sur l’ambiguïté entre libertés formelles et libertés réelles, profite d’un
système qui postule l’égalité de tous pour établir sa prospérité et sa domination aux
dépens des autres classes sociales. La liberté est essentiellement la liberté du plus fort
et, sa réelle égalité, la libre concurrence a pour conséquence l’exploitation du plus faible.
C’est pourquoi, il faut que l’Etat intervienne dans le domaine économique et social. Ils
prônent donc un Etat maximal qui doit intervenir dans le domaine économique et social
afin d’instaurer une meilleure justice distributive.
Dans un Etat, le mot souveraineté est toujours envisagé sur le plan intérieur et sur
le plan extérieur.
La souveraineté est envisagé par rapport à d’autres Etats, d’une part, et,
d’autre part, par rapport aux relations entre les Etats et d’autres
groupements plus grands que les Etats.
Cette souveraineté que possède l’Etat sur le plan interne et externe est, d’abord,
unique, c’est-à-dire qu’elle n’appartient qu’à l’Etat seul et non à ses subdivisions ou
groupes qui lui sont subordonnés. Elle est, ensuite, indivisible, dans la mesure où aucun
33
LEFEBURE, J-P. et MACHEREY, P. cités par PALAYRET, G., La société, le droit et l’Etat moderne, Paris,
Ellipses, 1998, p. 59.
33
groupe ne peut la détenir, car elle appartient à l’Etat seul. Elle est, enfin, inaliénable, car
on ne peut ni la céder ni la transférer à un tiers.
Dans la vie internationale, tous les Etats sont reconnus souverains et égaux.
Théoriquement, l’existence internationale de l’Etat résulte de l’apparition de ses tris
éléments constitutifs : le territoire, la population et le gouvernement souverain. En
réalité, pour devenir effective, cette existence doit être reconnue par d’autres Etats.
Actuellement, l’admission aux Nations unies est un gage important de reconnaissance
internationale. Les Etats sont soumis au respect du droit international, et ne doivent pas
s’ingérer dans les affaires intérieures les uns des autres.
II.2. LE POUVOIR
Le pouvoir préoccupe beaucoup l’esprit des gens, car il s’agit d’un concept central
et vital. Non seulement le pouvoir organise l’activité humaine et la vie en société, mais
34
Mais ici, il s’agit du pouvoir politique qui est l’une des manifestations importantes
du pouvoir. Il est caractérisé par « la capacité réelle d’une classe, d’un groupe, d’un
individu, d’exercer sa volonté exprimée dans la politique et les normes du droit »35.
3434
FWELEY DIANGITUKWA, Qu’est-ce que le pouvoir ?, Paris, Le Harmattan, 2004, p. 21.
35
BOURLATSKI, F., L’Etat moderne et la politique, Moscou, Edition du Progrès, 1979, p. 29. Notons que
plusieurs autres penseurs ont essayé, à leur manière, de définir le concept de « pouvoir ». Pour Max Weber, le
pouvoir est « toute chance d’imposer, au sein des rapports sociaux donnés, sa propre volonté, contre toute
résistance et quelque soit le fondement sur lequel cette chance repose » (Le savant et la politique, Paris, Le monde
en 10/18, 1958, p. 27). Pour M.G. SMITH, le pouvoir est « la capacité d’agir effectivement sur les personnes et
sur les choses, en recourant à une gamme de moyens qui s’étend de la persuasion jusqu’à la coercition » (SMITH,
cité par FWELEY DIANGITUKA, Qu’est-ce que le pouvoir, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 21.).
35
pouvoir n’existe que si l’on y croit. Il est une force au service d’une idée36 et il permet
de penser l’unité et de prévoir l’avenir.
Il faut ici noter que les gens cherchent le pouvoir pour plusieurs raisons, mais
principalement pour des raisons suivantes :
Le pouvoir vise le résultat et il est jugé sur le résultat. Pour réussir le pouvoir,
il faut souvent, sinon toujours une organisation à travers laquelle se rassemblent des
gens qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes idées, les mêmes objectifs et qui
décident des actions à mener ensemble37.
36
BURDEAU, G. L’Etat ; Paris, Seuil, 1970, p. 34.
37
WEBER, M., Le savant et le politique, Paris, Plon, 1963, p.137.
36
Comme il s’agit ici du pouvoir politique, étant donné que l’Etat est le pouvoir par
excellence, pour exercer ce pouvoir étatique, les acteurs politiques recourent à cinq
principaux moyens :
2. La ruse (qui est doux et qui est souvent utilisée dans la diplomatie, les
services de sécurité et de renseignement). Il faut reconnaître que
l’intelligence et la stratégie ne sont que des formes de ruse. Sa tactique est
la dissimulation soit sous la forme grossière de la tromperie intrigue :
déguisement et expédiant, soit sous la forme raffinée de l’insinuation, de
la diversion du secret, de la politesse, de subterfuge (prétexte), guet-apens
(piège). La ruse ne se présente jamais pour ce qu’elle est réellement, mais
elle cherche toujours à capter la confiance pour parvenir à ses fins. La
victime ne sachant qu’après coup qu’elle a été jouée ou driblée.
3. Le camouflage. Les procédés du camouflage sont apparentés à celui de la
ruse dans la mesure où comme la ruse, il utilise la tactique de dissimulation
et celle de faire croire. Il consiste donc à dissimuler les buts et les motifs
réels de l’action politique derrière des pseudo buts et des pseudo motifs
qui sont plus populaires et qui bénéficient d’un grand soutien, à masquer
une objection moins avouable derrière une objection avouable par rapport
au système de valeur de la société considérée et à faire croire à la masse
que leurs intérêts sont en cause alors que la question ne concerne qu’intérêt
particulier du chef ou d’une minorité.
4. Les masses médias. Grâce aux masses médias, les gouvernants peuvent
infléchir l’opinion publique sur des questions politiques, économiques,
sociales, culturelles et religieuses dans le sens qu’ils souhaitent, ou qui
leur est favorable. Dans ce but, ils procèdent à une sélection d’information
en prenant soin d’écarter ou d’occulter les faits et les nouvelles
susceptibles d’attirer les contestations, les critiques et les interrogations.
5. L’argent. Le terme de « l’argent roi » est une caricature de la réalité
politique en générale. L’argent et la richesse servent à procurer les moyens
par lequel on peut conquérir ou conserver le pouvoir. L’argent permet
d’acheter les armes, les consciences, les journaux, les émissions à la
télévision, des campagnes politiques. Dans les sociétés modernes
contemporaines, la toute-puissance de l’argent continue à régir tous les
secteurs de la vie nationale.
38
En effet, tant que le détenteur du pouvoir peut compter sur la soumission des
dominés, il recourt, ou plutôt, il a tendance à recourir, aux moyens durs pour réprimer.
Mais quand sonne l’heure de la désobéissance et de l’organisation des contre-pouvoirs,
il devient plus indiquer aux détenteurs du pouvoir de s’appuyer sur les moyens non
violents tels :
1. la persuasion rationnelle,
2. la séduction
3. la manipulation par un discours argumenté,
4. la ruse.
Dans son livre Le Prince, Nicolas Machiavel, étudiant les lois de la réussite d’un
Prince, préconise que pour s’emparer du pouvoir et le conserver, il faut :
38
MACHIAVEL, N., Le Prince, Paris, Librairie Générale Française, 1983.
39
Il existe trois principales sources du pouvoir qui sont étroitement liées aux
trois principaux instruments du pouvoir :
1. La personnalité
39
FWELEY DIANGITUKWA, O.C., p. 37.
40
2. La prospérité
3. L’organisation
CHAPITRE TROISIEME
LES REGIMES POLITIQUES
Cette notion permet de situer les uns par rapport aux autres des modes de
gouvernement étatique qui diffèrent entre eux du point de vue de leurs règles
constitutionnelles de fonctionnement.
Montesquieu, quant à lui, dans son Esprit des lois I, propose une autre typologie.
Au lieu de définir les régimes politiques seulement selon le nombre des gouvernants et
leur finalité, il prend en compte le nombre des gouvernants et leur finalité, mais il ajoute
le mode d’exercice du pouvoir et les passions dominantes. Il distingue ainsi :
44
1. L’universalité du suffrage ;
2. La séparation du pouvoir. En démocratie, il y a trois
pouvoirs qu’il faut toujours séparer : le pouvoir exécutif, le
pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Actuellement, on
parle de plus en plus d’un quatrième pouvoir qui les médias ;
3. La décision par la majorité qui ne néglige pas les
propositions de la minorité de peur de tomber dans
l’intolérance ;
46
Dans ce régime :
3. Le régime semi-présidentiel
50
CHAPITRE QUATRIEME
LA NATION
En effet, la notion de « nation » est le fruit d’une longue évolution qui n’aboutit
qu’au 19ème siècle. Le dictionnaire de Furetière au 17ème siècle l’a définie comme « un
grand peuple habitant une même étendue de terre renfermée en certaines limites ou
même sous une certaine domination ». Avec cette définition, le terme n’avait pas de
connotation idéologique d’attachement à un ensemble géographique d’enracinement
dans un territoire.
Même l’Encyclopédie de 1765 n’a pas été précise et ne s’est attaché qu’au constat
suivant : « Une quantité considérable de peuples qui habite une certaines étendu de pays,
renfermée dans de certaines limites, qui obéit au même gouvernement ».
Dans Qu’est-ce que le tiers Etat ?, Sieyès donne la conception moderne de nation.
Celle-ci est formulée d’individus, éléments indépendants, mais gouvernés par un unique
pouvoir, et soumis aux mêmes lois, ouvrages de leur volonté. Tous ont les mêmes droits
et sont libres dans leur communication. Cette collectivité forme un corps.
41
BERNARDI, B., La démocratie, Paris, Flammarion, 1999, p. 26
53
Dans ce sens, la nation n’est pas une combinaison. Et l’Etat n’est autre chose que
la personnification de la nation. L’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme de
1789 déclare que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la
nation. Nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’émane expressément ».
L’idée dominant, ici, est que la volonté nationale n’est pas la somme des volontés
singulières, mais qu’elle doit être dégagée par les représentants de la nation. En 1789,
la devise révolutionnaire montre ce renversement des valeurs et cette nouvelle
hiérarchie : « la Nation, la Loi, le Roi ». L’idée de la nation s’exprime également à
travers des symboles : le drapeau national, la fête nationale ou l’hymne national.
commune dans le présent, Avoir faits de grandes choses ensemble, vouloir en faire
encore, voila les questions essentielles pour être un peuple »42.
Les 19ème et le 20ème siècle voient se développer dans le monde une Société de
nations. La multiplication des liens internationaux conduit à la formation des
organisations supranationales, voire à la formation de fédérations nationales. En 1945,
le droit des peuples est consacré par la Charte des Nations unies. Fortes de cette
légitimité nouvelle, les revendications nationalistes et les mouvements d’indépendance
se renforcent au sein des empires coloniaux. Ces mouvements conduisent, par des
processus divers, à l’enracinement des nations asiatiques et africaines. La chute du
communisme en Europe de l’Est et la décomposition de l’Union soviétique, à la fin du
20ème siècle, provoque un mouvement de construction nationale avec l’éclatement de
l’ex-Yougoslavie et l’émergence des Etats baltes, slaves et Asie centrale.
42
RENAN, E., Qu’est-ce qu’une nation, Paris, 1882, p. 20.
55
Par nation, nous entendons un groupement humain, généralement assez vaste qui
se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre ensemble. Il est établi
universellement que toute personne a droit à une nationalité.
Une nation est toujours une œuvre qu’il faut consolider. La construction d’une
nation est un processus ardu qui nécessite des véritables saints hommes d’Etat. Car, il
faut toujours concilier des extrêmes, dépasser des animosités ethniques anciennes et
s’intégrer dans un ordre mondial. Tout cela exige des grandes qualités dans l’art de
gouverner.
Le mot « nationalisme » dérive du mot « nation ». Son emploi est devenu courant
à partir du début du 19ème siècle.
43
Chauvinisme : excès du nationalisme qui peut entrainer à la xénophobie.
56
On voit donc que la nation est une notion complexe, porteuse de liberté, mais
chargée de représentations symboliques, plus ou moins imaginaires qui peuvent
légitimer les conduites les plus extrêmes. Il y a ainsi une dérive possible dont la séquence
va de la nation à la revendication nationale pour aboutir finalement au nationalisme.
C’est ce qui a amené le Pape Jean Paul II de dire dans son discours à l’ONU que la
« différence de l’autre ne devrait pas être source de tensions ou perçue comme une
menace, au contraire, elle devrait devenir, à travers un dialogue respectueux et fécond
une occasion formidable de compréhension de la richesse de la nature humaine et du
mystère de son existence »44.
Soulignons que, dans ses expressions les plus radicales (qui prônent le mépris des
autres nations ou des autres cultures), le nationalisme est contraire au patriotisme qui est
l’amour légitime du pays dont on est originaire.
44
JEAN-PAUL II, Discours à l’ONU, New York, 5 octobre 1993, n° 10.
57
CHAPITRE CINQUIEME
LE MODE DE PARTICIPATION POLITIQUE
DU PEUPLE A LA VIE DEMOCRATIQUE
En effet, l’homme ne peut pas échapper à la vie politique, parce que la politique
est une affaire de tout le monde et les affaires de tout le monde constituent l’objet de la
politique.
Certes, celle-ci est généralement considérée comme une arène dans laquelle des
parties adverses voire ennemis, et ambitieuses à outrance, se livrent un combat perpétuel
et sans merci dans le but de conquérir le pouvoir, de le conserver et d’assurer sa
domination sur ceux qui l’auront perdu. C’est un combat où, par-dessus tout, aucun
moyen susceptible de procurer le pouvoir et les profits qu’il garantit n’est dédaigné.
Dans cette perspective, la politique est perçue comme une pratique et un lieu de
fourberie, de ruse, de violence et de cynisme impitoyable. Il va de soi que, comprise de
45
NGOMA-BINDA, P., O.C., p. 103.
58
cette manière négative, la politique devient une pratique répugnante aux yeux de toute
personne désireuse de demeurer pure, digne, intègre.
C’est donc une grave erreur de prendre la politique dans cette forme négative.
Dans sa forme positive, la politique est « un effort pour faire régner l’ordre, la justice,
le pouvoir assurant l’intérêt général et le bien commun contre la pression des
revendications particulières »46. Elle est, en d’autres termes, « un moyen d’assurer un
certain ordre social, une certaine intégration de tous dans la collectivité, pour le bien
commun »47.
Mais qu’elle soit entendue comme lutte ou comme effort d’intégration est
inévitable et nécessaire. En tant que désir de réalisation de la rencontre et d’ajustement
de la volonté de tous, la politique est, pour l’homme, une activité essentielle de création
de la société et d’une histoire humaine sensée et désirable parce que conciliatrice des
volontés divergentes. La politique est une institution humaine chargé de réaliser le
paradis terrestre, c’est-à-dire, une cité juste et épanouissante pour tous. Elle est un effort
de création de paix, de justice, de l’ordre et d’épanouissement de tous dans la cité. Elle
est de ce fait, une activité noble, morale. La politique trouve ses fondements dans un
double sentiment d’ordre moral :
46
DUVERGER, M., Introduction à la politique, Paris, Gallimard, 1964, p. 20.
47
Ib., p. 22.
59
Par exemple :
Pour préserver et protéger les droits et les libertés individuelles, tout peuple
démocratique a le devoir de participer à la formation des gouvernements de son choix
et la principale façon pour lui de le faire est de participer à la vie des partis politiques.
Un parti politique est un groupement de personnes unies par un projet politique et
idéologique dont elles poursuivent la réalisation en vue de la conquête du pouvoir 48.
48
LASALLE, J-P., Les parties politiques aux Etats-Unis, Paris, PUF, 1989.
61
Ces notables sont recrutés, soit pour leur prestige – ce qui leur confère une
influence sur les électeurs –, soit pour leurs fortunes – qui contribuent à
couvrir la campagne électorale. Bref, ici c’est la qualité des adhérents qui
compte.
En tant qu’ « une organisation regroupant des personnes ayant la même vision
en ce qui concerne la manière de gérer le pouvoir politique et de doter le pays du
maximum de possibilités pour sa stabilité, sa prospérité, sa puissance et sa grandeur »49,
le parti politique doit être :
49
NGOMA-BINDA, P., O.C., p. 444.
62
soit en coalition avec d’autres Partis politiques, soit seul au cas où le Parti a
obtenu la majorité parlementaire.
4. Il doit être animé d’une volonté recherche du soutien populaire, (à cet effet,
toutes les stratégies sont utilisées afin d’obtenir le soutien du plus grand nombre
d’adhérents au Parti).
Dans un système démocratique, le Parti politique joue et est appelé à jouer des
rôles très importants :
Toutefois, les élections ne sont pas une panacée. Car, quelle que soit leur
importance, elles ne constituent pas à elles seules un miracle pour résoudre les nombreux
problèmes que rencontrent souvent les pays. Il y a un « après-élection » tout aussi
50
Ces représentants sont censés avoir une vision, des idées capables de promouvoir la nation.
51
KOUEVI, L., O.C., p. 91.
64
important pour les citoyens. D’où le processus électoral ne se termine pas avec une
simple indication de programme et du candidat qui va réaliser ledit programme. Il
continue avec l’accomplissement des citoyens pour voir si le programme de
développement proposés ont été réalisés. Au cours du mandat des élus, le citoyen a le
droit et le devoir de s’exprimer pour corriger les déviations du programme approuvé.
En cas de non-réalisation des obligations, de la part des élus, le citoyen à le droit de
choisir d’autres candidats, lors des élections suivantes.
Elire est :
1. Un droit et un devoir
Voter un droit humain reconnu par la Déclaration Universelle des Droits
de l’homme. Il est aussi un devoir. Les citoyens doivent prendre
conscience de ce droit et à l’exercer effectivement à chaque rendez-vous
électoral, même si nous reconnaissons que dans la population, il y a parfois
de la désaffection envers les élections.
Voter n’est pas seulement un devoir, c’est un impératif pour tout citoyen,
car c’est par ce geste qu’il participe à la construction de son pays. En effet,
un monde plus humain et plus juste n’est jamais un cadeau mais une
conquête. De ce fait, chaque citoyen est appeler à participer à cette
conquête.
3. Un moyen d’action au-delà de simples paroles
Il ne suffit pas de voter, il faut bien voter. Et pour cela, toutes les étapes
du processus électoral doivent être valorisées. C’est pourquoi, il
recommandé avant tout aux citoyens de privilégier la formation et
l’éducation. L’éducation et la formation aident les citoyens à assumer leur
pleine responsabilité, à mieux connaître leurs droits et devoirs.
Mais qui faut-il élire ? A quels critères faut-il se référer pour élire telle ou telle
personne ?
52
Mgr Dominique REY, évêque de Fréjus (France), Déclaration au lendemain des élections d’avril 2002 dans son
pays, cité par KOUEVI, L., O.C., p. 89.
66
et moral53. Mais entre les deux paramètres, c’est le paramètre moral et intellectuel qui
doit être privilégié :
1. L’aspect sentimental. Certains citoyens optent pour tel Parti politique ou pour tel
candidat uniquement sur base des raisons d’appartenance tribale, régionale,
confrérie, etc., ou simplement par sentiment, notamment le charisme du leader.
Un tel choix – qui ne tient pas compte des critères objectifs et moraux propres à
une gestion rigoureuse de la chose publique – risque de laisser le pouvoir entre
les mains inexpertes et immorales. Les conséquences d’un tel choix son connu :
la mauvaise gestion de la chose publique caractérisée notamment par le
tribalisme, le clientélisme, le détournement des deniers publics, la corruption, la
concussion, etc.
2. L’aspect rationnel, intellectuel et moral. Dans une réelle démocratie et dans les
pays où se vit réellement la démocratie, le choix politique et le choix des
dirigeants doivent être normalement dictés par :
a). L’idéologie et le projet de société qui déterminent les lignes maîtresses d’un
Parti politique et la manière dont celui-ci va orienter ses actions sur le terrain au
cas où il gagnerait les élections ;
53
Lire ici NGOMA BINDA, P., O.C., p.
67
A. L’élection présidentielle
B. Elections législatives
1. Celui du Sénat. Les sénateurs sont élus soit au second degré par un corps
électoral spécial, notamment par les députés provinciaux, comme le prévoit, par
exemple, la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février
2006 en son article 104 et la Loi du 9 mars 2006 portant organisation des élections
en son article 130, soit par un scrutin universel.
2. Celui des députés nationaux. Ils sont élus au suffrage universel direct et secret
(Art 101 de la Constitution, Arts 115 et 118 de la Loi portant organisation des
élections de la République Démocratique du Congo) au niveau des
circonscriptions électorales que sont, en R.D.C., le territoire, la ville et quatre
circonscriptions par regroupement de communes de la ville de Kinshasa.
Le mode de scrutin choisi, exerce une grande influence politique sur le résultat
des élections. C’est la forme particulière selon laquelle s’exerce le vote, en fonction du
nombre des représentants à élire et de la technique de représentation.
On distingue :
Parmi les techniques d’action utilisées par les groupes de pression, on peut citer
notamment :
1. L’information ;
2. La persuasion ;
3. La pression (par exemple, la grève, les settings) ;
70
4. Le lobbying.
Il convient de noter que les lobbies ne sont pas à assimiler aux groupes de
pression. Aux Etats-Unis, l’expression lobbies concerne l’intervention des représentants
de certains groupes auprès du Congrès. Dans ce sens, le lobbying désigne des actions
entreprises auprès des personnes publiques.
Bien qu’apolitiques, les Groupes de pression jouent un rôle important dans la mesure où
par leurs actions, ils exercent une influence telle sur les pouvoirs publics qu’ils font
comprendre à ceux-ci les revendications de leurs membres. Par là, ils se font le porte-
parole de leurs membres et participent ainsi à la vie politique de leur pays. Car, face à
une injustice quelconque, ce qu’il faut faire c’est revendiquer. La revendication, en effet,
est un procédé légitime à la portée du peuple pour réclamer le respect de ses droits.
1. L’action doit être légale. Pour qu’une revendication soit légitime, l’action doit
reposer sur la législation existante. En effet, en ce qui concerne la grève, par
exemple, la législation en matière de travail prévoit un processus y afférente qu’il
s’agit de respecter si l’on veut éviter des poursuites judiciaires.
2. L’action doit être préparée. Pour qu’une revendication, comme toute action
humaine d’ailleurs, puisse apporter des résultats escomptés, elle doit éviter la
72
CHAPITRE SIXIEME
LA DECENTRALISATION
La décentralisation est un mode d’organisation et de gestion administratives de
l’Etat, selon lequel ce dernier transfert, une partie de ces compétences (pouvoir de
73
1. La décentralisation politique
3. La décentralisation territoriale
1. Au plan politique
3. Au plan socioculturel
Les avantages liés à une telle reformes peuvent se résumer comme suit :
La décentralisation n’est pas non plus une panacée. Elle n’est qu’un instrument
parmi l’ensemble de la panoplie de mesures permettant de mieux gérer le pays. Elle
comporte des désavantagés suivants :
- La ville54 en communes,
54
Par ville dans la découpe territoriale congolaise, il faut entendre tout chef-lieu de la province ou encore tout
agglomération d’au moins 100.000 habitants disposant des équipements collectifs et infrastructures économiques
81
1. Le Gouvernement central,
2. Le Gouvernement provincial,
3. Les Entités Territoriales Décentralisées (Ville, Commune, Secteur
et ou chefferie).
et sociales à laquelle un décret du Premier Ministre aura conféré le statut de ville. Le décret est pris sur proposition
du Ministre National de l’Intérieur après avis de l’Assemblée Provinciale.
55
Par commune, il faut entendre tout chef-lieu du territoire ou toute agglomération ayant une population de 20.000
habitants à laquelle un décret du Premier Ministre, pris sur proposition du Ministre National de l’Intérieur après
adoption par l’Assemblée provinciale, aura conféré le statut de commune. Il faut noter ici que les chefs-lieux de
secteur ou de chefferie ne peuvent être érigés en commune.
82
CHAPITRE SEPTIEME
LA DEMOCRATIE ET/OU L’ETAT DE DROIT
nos différences, à construire une communauté humaine, sachant que certaines de nos
différences vont demeurer avec nous toujours.
D’ici, la question du vivre – ensemble avec nos différences se pose. Que faire pour
harmoniser nos vues ?
56 Les conflits de type religieux (par exemple, entre musulmans et chrétiens) dans le monde ne sont-ils
pas le résultat d’une politique de la non-reconnaissance des différences qui nous caractérisent ?
57
MANWELO P. cours d’éducation à la citoyenneté, inédit.
84
58
Centisimus annus, Lettre Encyclique de Jean Paul II à l’occasion du centenaire de l’Encyclique Rerum novarum,
1 mai 1991.
85
Si le souverain n’est plus incontestable, soit parce qu’on considère que sa qualité
de représentant de Dieu ne lui confère pas une légitimité absolue, soit, dans une optique
plus concrète prenant en compte la finalité du pouvoir, parce qu’on estime que la
monarchie telle qu’elle existe ne garantit pas à chacun le bonheur auquel il aurait droit,
la question consiste à définir le « bon » modèle de gouvernement. La démocratie qui
associe au pouvoir l’ensemble de la collectivité, apparaît dès lors comme l’horizon de
toute réforme politique d’envergure.
Rompant avec cette optique qui, si elle définit un nouveau mode d’exercice du
pouvoir, mettant l’accent sur la protection de l’individu dans la perspective du
libéralisme, refuse de s’interroger sur l’origine du pouvoir, et refuse, par exemple, toute
perspective de démocratie directe, Jean-Jacques Rousseau fait de toute forme de
collectivité politique la résultante d’un contrat social par lequel chaque citoyen, se
soumettant dans son ensemble, est plus libre que s’il était isolé face au pouvoir d’un
seul, et plus heureux puisque la collectivité favorise nécessairement le bonheur du grand
nombre.
87
Cette conception qui fait primer le collectif sur l’individuel, est l’une des sources
de la conception moderne de la démocratie, mais elle est entrée fréquemment en conflit
avec le modèle de la démocratie représentative et libérale tel qu’elle a été définie par les
révolutions.
4. La Révolution française
C’est sans doute la Révolution française qui, en raison de son caractère social et
de son retentissement en Europe, a exercé l’influence la plus déterminante sur la
formulation de l’idée démocratique moderne. En effet, l’importance de la Révolution
française ne réside pas tant dans un changement brutal de régime, puisque la France a
connu de nouveau des formes plus ou moins autoritaires de régime monarchique au 19e
siècle, mais dans l’affirmation d’un certain nombre des principes qui acquièrent peu à
peu une portée universelle. Découlant de la Déclaration des droits de l’homme adoptée
en 1789, la consécration des principales libertés publiques (sécurité et sûreté
individuelles, liberté d’opinion, d’expression, de circulation, etc.) a dessiné d’une
manière définitive l’idéal d’une société démocratique, quelque soit le type de régime
politique dans lequel elle s’incarne.
Bref, nous pouvons retenir tout simplement que les démocraties modernes sont
nées d’un refus : celui de l’arbitraire, du pouvoir despotique, de la dépendance envers
88
De tout ceci, retenons tout simplement que la démocratie est avant tout :
Dans l’histoire, nombreux sont des penseurs, tels Platon et Aristote, qui ont
combattu une telle forme de gouvernement. Platon et Aristote estimaient :
a). Que le peuple, naturellement majeur et ignorant, n’est guerre critique, et est
donc très peu apte à commander dans la sérénité et à opérer des choix rationnels ;
b). Que le système de commandement étant rotatif, tout homme adulte, même
radicalement imbécile, pouvait un jour devenir magistrat, c’est-à-dire dirigeant
dans la cité dès que le tirage au sort lui serait favorable ;
c). Qu’étant donné qu’elle institue la libre discussion, la démocratie risque de
diviser la société. Or, disait Platon, il faut préférer ce qui unit à ce qui divise. 61
59
PAUL VALADIER, P., Les valeurs de la référence dans l’exercice de la démocratie, Séminaires sociales de
France, 1998.
60
LINCOLN, A., cité par MBAMBI MONGA OLIGA, O.C., p. 167.
61
Lire à ce sujet NGOMA-BINDA, P., La participation politique. Ethique Civique et Politique pour une culture
de la paix, de la démocratie et de bonne gouvernance, 2e éd. Kinshasa, Ifep, 2005, p. 159.
89
62
ROUSSEAU, J.-J., cité par NGOMA-BINDA, P., Ib.
90
1. le gouvernement ;
2. le parlement dont les membres sont, en principe, tous élus ;
3. la justice qui se veut au-dessus des individus.
2. Une manière de vivre, une culture, une mentalité. Cette manière se manifeste
par trois idées :
1. l’idée d’égalité, égalité des conditions entre les citoyens ;
2. L’idée de liberté ;
3. L’idée du compromis. « Le compromis, écrivent Charles DEBBASCH et Jean-
Marie PONTIER, est la règle nécessaire de fonctionnement des démocraties, sans
être l’abandon de ses idées pour se conformer à une hypothèque volonté général,
parce qu’il repose sur la reconnaissance de la vertu du dialogue pour régler les
conflits. »63
1. DEMOCRATIE DIRECTE
2. DEMOCRATIE REPRESENTATIVE
63
DEBBASCH, C. et PONTIER, J.M., Introduction à la politique, 3e éd., Paris, Dalloz, 1991, p. 100.
91
1. l’universalité du suffrage ;
2. la décision par la majorité qui ne néglige pas les propositions de la
minorité de peur de tomber dans l’intolérance
3. la séparation du pouvoir. En démocratie, il y a trois pouvoir qu’il faut
toujours séparer : exécutif, législatif et judiciaire. Actuellement, il y
tendance à ajouter un quatrième pouvoir qui est la presse.
4. le pluralisme idéologique qui se traduise par un pluralisme au niveau des
partis politiques.
Mais, il faut reconnaître que les démocraties modernes mêlent, en général, les
deux formes de démocratie. Dans la deuxième forme (démocratie représentative) donc,
le pouvoir politique est exercé par les représentants élus au suffrage populaire par les
citoyens et responsables, ou bien plus rarement, il exercé directement, notamment par
le référendum, utilisé dans certains pays, de manière large, comme en Suisse, et de
manière beaucoup plus restreinte en France.
Il est à noter qu’aucune de ces valeurs n’est innée. Ce qui nécessite un effort
permanent de les désirer et de les vivre au quotidien en tant qu’individu ou société. Ce
sont des valeurs qu’il faut chaque vouloir et cultiver.
64
Constitution pastorale Gaudium et Spes sur l’Eglise dans le monde de ce temps, n° 73.
94
4. Le respect de la majorité
La recherche de la non-violence demande toujours que les « vainqueurs »
qui ne sont jamais que des vainqueurs relatifs et temporaires aient le souci
de cette autre valeur démocratique qu’est le respect de la minorité et
évitent de jouer à ceux qui incarneraient seuls la raison, le bon droit ou la
justice.
65
PAUL VALADIER, P., O.C, p. 34
66
VALADIER, P., O.C., p. 37.
95
67
Cardinal SODANO, A., Intervention à la XXXIII ème Assemblée générale de l’Organisation des Etats
américaines, Santiago du Chili, 9 juin 2003.
68
Ib.
96
4. Le désintérêt du peuple
CONCLUSION
Tous ces défis nécessitent que notre jeunesse reçoive une bonne éducation à la
citoyenneté afin de l’aider à mieux les comprendre, à mieux les surmonter et à participer
valablement à la vie démocratique de notre pays. Une bonne éducation à citoyenneté
permettra à notre jeunesse de construire une société plus juste, équitable et conviviale ;
bref permettra à notre jeunesse de faire du vivre ensemble l’un des principes majeurs de
société. Une bonne éducation à la citoyenneté aidera notre jeunesse à contribuer
efficacement au développement intégral et intégré de notre pays.
Comme disait Herder : « L’esprit du temps n’est pas seulement l’esprit qui imprime
sa marque sur les sentiments et les pensées d’une époque, c’est aussi le temps lui-même
dans sa manifestation concrète et mondaine »70. Si l’on parle d’esprit du temps, ce ne
peut être qu’en période de crise que nous traversons actuellement (crise morale, crise
économique, crise politique, etc.) qui, rompant la linéarité naïve de la vie, amène
69
KOUEVI, L., O.C., p. 1.
70
HERDER, Sämtliche Werke, XVII. , p. 77-88. Cité dans JEAN PAUL, LEVANA ou traité d’éducation,
Lausanne, L’Âge d’Homme, 1983.
98
l’homme à se retourner sur son passer et y découvrir le temps lui-même comme passé.
Il n’y a que le passé qui laisse derrière lui une trace brillante, semblable au sillage
lumineux que laissent les vaisseaux sur la mer. L’esprit du temps, c’est l’imprévu et la
dispersion. Pourtant la possibilité de prendre conscience du temps, de le juger en garder
les meilleures valeurs permettra un développement harmonieux du monde.
BIBLIOGRAPHIE
NTUMBA LUABA, « Les perspectives d’un Etat de droit par le dialogue national »,
dans Pensée agissante, n° 11, février 2002.
RUSS, J., Les théories du pouvoir, Paris, Librairie Générale Française, 1994.