Cours de Methodologie Juridique Appliquee (1) DR Kounvolo

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COURS PRATIQUE DE METHODOLOGIE JURIDIQUE

1- La disserta 4- Le commentaire de texte


tion juridique et d’article

2- Le cas prati 5- Le commentaire d’arrêt


que

6- Le mémoire de Master

3- La consulta
tion juridique

Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY


Docteur en Droit Privé
Enseignant-Chercheur en droit des affaires et Droits de l’Homme
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

INTRODUCTION

Le droit se définit, généralement, comme étant l’ensemble des règles régissant la vie en
société et dont la violation est sanctionnée par la puissance publique. Pris sous cet angle, le
droit désigne une réalité objective à laquelle aucun citoyen ne peut échapper. Il a d’ailleurs
un triple caractère général, impersonnel et coercitif en vertu duquel tous les citoyens sont
égaux devant le droit (la loi) et que personne, de ce fait, n’a le droit de se rendre justice. La
sanction de la violation du droit appartient à la puissance publique et non aux individus. Mais
dans le langage courant, le droit est perçue sous sa facette subjective, qui le fait définir
comme étant une prérogative (un avantage) attribuée à un individu dans son intérêt, lui
permettant ainsi de jouir (bénéficier) d’une chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une
prestation. C’est l’exemple qu’on peut tirer de l’expression : ‘’c’est mon droit’’ ou
‘’j’ai le droit de .’’.
En tant que discipline, le droit n’est pas une notion à définir de façon subjective, mais plutôt
de nature objective. Le droit désigne, par conséquent, dans le cadre de cette réflexion,
‘’l’ensemble des règles qui régissent la vie dans une société donnée et dont la violation est
sanctionnée par les autorités compétentes appelées la puissance publique.
Tel que défini, le droit est une science qui s’apprend. On ne naît donc pas juriste, c’est-à-
dire, spécialiste du droit. Mais on apprend à devenir juriste. Le droit n’est pas non plus une
connaissance dogmatique, c’est-à-dire bloquée, qu’on ne peut discuter. Le droit se nourrit
plutôt de la contradiction sans toutefois être une science d’incertitude et de délation. Cela
veut tout simplement dire que le droit est une discipline particulière reposant sur un langage
particulier. Celui qui veut devenir un spécialiste du droit doit d’abord accepter qu’il ne
connaît pas le droit et qu’il lui revient de l’apprendre comme il appris, sagement, à marcher
et à parler dès le bas âge, à lire et écrire une fois en âge d’aller à l’école. Cela suppose que
l’intéressé doit apprendre au fil du temps le langage juridique. Il est si différent qu’il repose
sur un vocabulaire personnel. L’apprenant doit se donner le courage de l’apprendre au lieu
de se nourrir de déductions hasardeuses. Qu’est-ce qu’un acte juridique ? Qu’est-ce que
l’infraction ? Qu’est-ce qu’un contrat ? Etc. Ces réponses ne s’imaginent pas et se
déduisent pas. La discipline juridique donne à chacune des expressions, qui relèvent de son
domaine, un sens concret qu’il faut apprendre.
Pour devenir un bon pratiquant du droit, il faut savoir d’office que le droit refuse la frivolité,
la suffisance et la surestimation de soi. C’est une discipline réservée aux personnes humbles
qui apprennent et qui acceptent avec humilité à surmonter à tout instant leur limite en toute
responsabilité. Le droit repose sur le contradictoire et non sur des dogmes. Ici, tout se discute
pour aboutir à une meilleure compréhension, à une vérité objective et convaincante. Si vous
êtes incapable d’admettre que vous vous êtes trompé que l’autre a raison, si vous pensé que
le monde se résume à vous et que personne ne doit remettre en cause ce que vous dites, parce
que c’est comme ça et que les choses doivent toujours être comme vous le voulez, vous ne
serez jamais un juriste. L’avocat sait qu’au palais de justice, en pleine audience, il doit
plaider, défendre la cause de son client devant un autre avocat qui tentera de démontrer les
limites de ses arguments. Le professeur qui donne le cours de droit sait que certaines de ses

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positions doctrinales peuvent ne pas convenir à ses étudiants qui, plus tard, seront en mesure
d’opter pour une thèse doctrinale contraire. Le juge de première instance sait que sa décision
peut faire l’objet d’un recours en appel et celui de la cours d’appel sait aussi que sa
décision peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation. A chacune de ces étapes, la décision
du premier juge peut être battue en brèche par le second et ainsi de suite. Mais chacun accepte
ce contradictoire et corrige ses limites à partir des observations et critiques des autres.
Le juriste, spécialiste du droit, d’ailleurs, ne se précipite jamais sur la parole et ne se
prononce pas en vrac, car toute question qui lui est posée, toute situation ayant des incidences
juridiques qui est portée à sa connaissance, nécessite une réponse qui repose, naturellement,
sur une méthodologie particulière. Nous avons dit ‘’méthodologie’’ ! Qu’est-ce
qu’alors la méthodologie ?
La méthodologie se définit, fondamentalement, comme étant « l’ensemble des méthodes
appliquées à un domaine particulier de la science, de la recherche 1». Elle s’exprime à travers
une marche rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration de la
vérité. La méthode permet ainsi d’aboutir à un résultat difficilement contestable, puisque
cohérent et convaincant.
Le juriste, c’est-à-dire le spécialiste de droit est celui qui aime convaincre, qui aime dire
juste et vrai. Le juriste a, naturellement, horreur du tâtonnement, de paraître ridicule par la
qualité de son raisonnement. La méthodologie de raisonnement du juriste relève, de ce fait,
d’une particularité liée à la nature de sa profession et de la matière qu’il étudie.
En effet, son raisonnement s’appuie sur des textes qu’on appelle communément la loi.
Ainsi, raisonner en droit ne signifie pas de dire ce que l’on pense personnellement sur la
question posée. Il s’agit plutôt de faire usage de sa capacité à pouvoir répondre à une
question donnée, et ce, à la lumière de sa connaissance des textes juridiques. C’est pourquoi
le droit semble difficile pour ceux qui ignorent les règles juridiques, mais est amusant pour le
juriste averti.
S’il est, en fait, vrai selon un adage populaire dans le domaine du droit que ‘’nul n’est
censé ignorer la loi’’2, il est de triste constat que rares sont ceux qui savent raisonner en
droit. Ce qu’il faut donc savoir c’est qu’en droit, on raisonne suivant une méthode bien
déterminée. Et cette méthode diffère selon le type de sujet soumis à la réflexion du juriste.
Aussi, peut-on être amené à se prononcer suivants des types de méthodologie tels que :
- La dissertation juridique,
- Le cas pratique et la consultation juridique,
- Le commentaire de texte,
- Le commentaire d’arrêt,
- Le mémoire de Master en droit.
Telles sont les méthodes juridiques de raisonnement que le présent document vous expose,
sans toutefois avoir la prétention d’avoir tout exposé ou tout expliqué à ce sujet. D’autres
ouvrages plus approfondis vous permettront d’aller loin dans la perfection de l’acquis que
cet ouvrage vous aura offert.
1
Dictionnaire Hachette, Edition HACHETTE 2010, p.1033.
2
« Nemo censetur ignorare legem », ce qui signifie que ‘’personne n’est censé ignorer la loi.
Adage interdisant à quiconque de se retrancher derrière son ignorance du droit pour échapper à ses
obligations’’. (Cf. R. GUILLIEN et J. VINCENT ; Lexique des termes juridiques ; 12ème 1999 ; p.355).

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Bonne lecture.
Docteur COULIBALY Mamadou Kounvolo
Enseignant-Chercheur en droit des affaires et droits de l’Homme

TITRE I :
LA DISSERTATION
JURIDIQUE

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TITRE I : LA DISSERTATION JURIDIQUE

Pour une personne ayant déjà effectué des études secondaires, le mot « dissertation » lui est
bien familier. Cette personne a d’ailleurs tendance à croire que toute dissertation obéit au
même plan et à la même méthode de raisonnement. Mais, la dissertation juridique s’inscrit
en faut contre une telle perception des choses. Contrairement à l’essai littéraire ou
dissertation littéraire tout comme à la dissertation philosophique, la dissertation juridique est
soumise à une série de règles bien particulières. Ici, l’on demande à l’étudiant en droit ou au
professionnel de droit de montrer sa capacité à adapter ses connaissances tirées du cours et de
ses lectures personnelles à une question théorique.

Généralement pour comprendre le sujet, l’impétrant doit successivement :


- lire attentivement le sujet ;
- définir les termes du sujet pour mieux le comprendre ;
- rechercher le lien qu’il y a entre le sujet et ses connaissances juridiques ;
- faire une synthèse de ses connaissances de sorte à n’exprimer que celles qui ont
un apport direct avec la question posée à travers le sujet de dissertation ;
- éviter de se précipiter sur sa copie d’examen et dire tout ce qu’il pense, réciter
ou recopier aveuglement la partie de son cours qui est en relation avec le sujet ;
- montrer qu’il est capable de raisonner en droit à partir de ce qu’il sait.
Il ne s’agit donc pas d’un bavardage inutile sur une copie, d’une tricherie irréfléchie, mais
de prouver qu’on est un juriste éclairé, qu’on sait faire la distinction entre l’essentiel et
l’accessoire, ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.

SECTION I : LE SCHEMA DIRECTEUR DE LA DISSERTATION JURIDIQUE


La dissertation juridique comprend une introduction et un développement permettant au
juriste d’organiser ses idées pour convaincre son lecteur.

Paragraphe I : L’introduction

Trop souvent négligée, l’introduction a autant d’importance que chacune des parties de la
dissertation. Une bonne introduction fait une excellente impression sur le correcteur et facilite
toute la suite du devoir. L’introduction comprend les éléments suivants :
1- Partir de la généralité, une idée générale englobant le sujet ou partir de la définition
du mot clé du sujet : On utilise, généralement, la méthode de l’entonnoir. Il s’agit d’avoir

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une vision large au départ, mais pointue à l’arrivée, c’est-à-dire, situer progressivement le
sujet à traiter dans l’ensemble de la matière en centrant, surtout, jusqu’à cerner ledit sujet
avec précision et clarté.
2- Présenter le sujet et l’expliquer brièvement :
3- Si possible délimiter le sujet en expliquant pourquoi l’on rejette certains aspects que
l’on considère être hors sujet ou pas nécessaire en l’espèce ;
4- Si possible évoquer l’historique du sujet si l’on sait que la question a fait l’objet
d’une évolution législative ou doctrinale ou jurisprudentielle,
5- L’intérêt du sujet : il s’agit à ce niveau, comme le souligne un auteur, ‘’de présenter
les intérêts théoriques et pratiques, c’est-à-dire, l’actualité (revirement de jurisprudence,
réforme législative, sociologique, etc.) et l’importance juridique ou numérique (en termes de
contentieux) de la question posée. N’hésitez pas à démontrer éventuellement la spécificité du
sujet dans son contexte, dans son domaine, par rapport à son environnement juridique. Le
but est de mettre en relief le sujet : vous devez ici expliquer que le sujet est intéressant, mais
surtout pourquoi et en quoi il est’’.
NB : L’intérêt du sujet peut se placer avant ou après le ou les problème(s) de droit.
6- Faire suivre les interrogations importantes (problème(s) de droit) que reflètent les idées
qui vont être développées,
7- Faire l’annonce du plan : présenter ainsi les deux ou trois axes de réflexion à suivre. Il
faut retenir que le plan annonce les étapes à suivre pour répondre aux questions qui
constituent le problème de droit.
NB : Il faut éviter les fausses annonces qui consistent à annoncer un intitulé et développer
des choses étrangères. Il faut s’assurer que les idées développées correspondent au sujet.
Si elles sont contraires au sujet donné ou si l’on constate qu’on tourne en rond sans pouvoir
répondre au problème soulevé par le sujet, alors c’est cela le hors sujet. Il faut s’arrêter,
revoir la compréhension du sujet ou les intitulés du plan de développement pour mieux
s’orienter.
Paragraphe II : Le développement

Le développement se fait dans un plan comportant des intitulés et des sous intitulés. Ainsi, les
I et II représentent les grandes idées à développer. Les A et B contenus dans les I et II sont les
sous idées de ces grandes idées. On aura donc le plan de développement suivant :
I- Première idée essentielle
A- Sous-idée
B- Sous-idée
II- Deuxième idée essentielle
A- Sous-idée
B- Sous-idée
SECTION II : ANALYSE PRATIQUE DE LA DISSERTATION JURIDIQUE
L’analyse pratique de la dissertation juridique consiste à partir d’un exemple de cours de
droit. Ensuite, des sujets de dissertation seront énoncés et traités conformément au cours
exposé tout en restant coller à la méthodologie.
Paragraphe I : Exemple de cours de droit

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Lisez attentivement cet extrait de cours d’introduction à l’étude du droit. Cherchez surtout à
le comprendre. Il nous servira de base d’expérimentation pour une meilleure assimilation de
la méthodologie de dissertation et aussi des autres méthodologies qu’on aura à étudier.

Thème étudié : L’existence de la personnalité juridique


La personnalité est l’aptitude des êtres humains à être titulaires de droits et à assumer des
obligations. Il s’ensuit que la personnalité juridique est l’apanage des seuls êtres
humains. Ce qui revient à soutenir que tout individu est une personne juridique. La
personnalité juridique est ainsi acquise dès la naissance de l’être humain. Cependant,
dans certains cas particuliers, elle remonte à la conception.
1- L’acquisition de principe de la personnalité juridique
C’est à la naissance que l’être est doté de la personnalité juridique. Aussi pour avoir la
personnalité juridique, il faut naître vivant. Le mort-né, c’est-à-dire celui qui était déjà
mort dans le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a jamais vécu
d’une vie propre, n’a pas la personnalité et il est censé ne l’avoir jamais eue.
Il ne suffit d’ailleurs pas que l’homme naisse vivant. Il n’a de personnalité qu’à
condition de naître viable c’est-à-dire avec tous les organes nécessaires et suffisamment
constitués pour vivre.
2- L’acquisition exceptionnelle de la personnalité juridique
La personnalité juridique peut aussi commencer avec la conception de l’homme. C’est la
règle « infans conceptus ».
Cette règle signifie que l’enfant simplement conçu sera considéré comme déjà né chaque
qu’il y va de son intérêt. Ainsi, l’enfant s’il acquiert de la sorte des droits et non des
obligations aura la personnalité juridique à condition de naître vivant et viable.
La conception est présumée avoir eu lieu à un moment quelconque de la période qui
s’étend du trois centième (300ème jour aux cent quatre-vingtième jours (180ème),
inclusivement, avant la date de la naissance suivant ce qui est demandé dans l’intérêt de
l’enfant.
Paragraphe II : Exemple de sujet traité de dissertation juridique :
A la lumière de l’extrait du cours d’introduction à l’étude du droit ci-dessus exposé, vous
avez ci-dessous une proposition de sujet de dissertation juridique ainsi qu’un corrigé dudit
sujet afin de nous permettre de voir comment doit se faire l’articulation du raisonnement
juridique.

Sujet : L’acquisition de la personnalité juridique


L’introduction peut se présenter comme suit :
Le droit se veut être cette règle à caractère général, obligatoire et coercitif visant à protéger les
individus ainsi que leurs biens. Le moment où il commence à s’appliquer à l’être humain
est important à déterminer. (Généralité).
Dans la littérature juridique, ce moment se détermine en fonction d’un critère que l’on
nomme ‘’la personnalité juridique’’ désignant l’aptitude d’un individu à avoir des
droits et à faire face à ses obligations. Ainsi, pour être sujet de droit, il faut acquérir la
personnalité juridique. (Présentation et définition du sujet).

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Un tel sujet de réflexion soulève un intérêt certain. En effet, il nous permet de comprend
quand le droit prend en compte l’existence de tout être humain et lui accorde plus
d’attention. (Intérêt du sujet).
La question qui se pose est alors celle de savoir : à quel moment ou comment acquiert-on la
personnalité ? (Problème de droit).
La réponse à cette question passe par un principe (I) qui admet tout de même une exception
(II). (Annonce du plan).
NB : Cette introduction proposée correspond mieux à un débutant. Pour un étudiant
chevronné d’une faculté de droit, elle sera plus raffinée. Mais elle a le mérite de montrer
comment il faut agencer les idées tout en respectant scrupuleusement les étapes de
l’introduction.
Le développement pourrait se faire selon le plan ci-dessous proposé :
I- Le principe de l’acquisition de la personnalité juridique à la naissance
A- La signification du principe
B- Les conditions d’application du principe
II- L’exception au principe de l’acquisition de la personnalité juridique
A- La règle Infans conceptus
B- La portée de la règle Infans conceptus

Notons que ce plan n’est pas le seul qui puisse permettre de traiter ce sujet. On peut, par
conséquent, trouver d’autres plans permettant de traiter avec efficacité le même sujet. Ce qui
compte, le plan doit permettre de couvrir le sujet, de prouver qu’on a une maîtrise de la
matière. On ne traite pas le sujet à moitié. On ne fait pas non plus un plan vague pour parler
de tout sauf l’essentiel. Le plan doit traduire les différentes articulations de la pensée de
l’étudiant sur un sujet précis : le sujet de dissertation.
Ce qu’il faut retenir également, c’est que lors de la rédaction du développement, à la fin de
chaque sous-division, on prend soin de placer une phrase de transition pour éviter un trop
brusque changement d’idée.

C- La conclusion
En principe, dans le cadre de la dissertation juridique, la conclusion n’est pas nécessaire. On
dit qu’elle est facultative. Mais si l’étudiant décide de faire une conclusion à son devoir,
celle-ci ne doit pas être le résumé ou le catalogue des idées non développées dans le corps du
devoir. Elle doit principalement permettre d’aborder un problème nouveau qu’on n’a pas
traité dans le sujet mais qui est en rapport avec le sujet.

SECTION III- REGLES A SUIVRE POUR LA REDACTION DE LA DISSERTATION


JURIDIQUE
La dissertation doit être écrite en tenant compte de la présentation, du style et de son contenu.
Paragraphe I : La présentation
La présentation physique d’une dissertation juridique sur une copie d’examen ou de devoir
se fait en suivant les étapes ci-dessous :

1. Laissez une marge et écrivez lisiblement, sans erreur ;

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2. Aller à la ligne dès que vous abordez une idée nouvelle (faire des paragraphes);
3. Faire apparaître le plan très nettement en sautant des lignes à la fin de chaque partie ou
sous-partie ;
4. Choisissez soigneusement les titres des parties (I et II) et sous-parties (A et B),
inscrivez-les et soulignez-les clairement ;
5. N’hésitez pas à écrire I et II, A et B devant les intitulés, le plan n’en sera que plus
clair.
Paragraphe II : Le style
- Ecrivez dans un langage simple, concis et non pompeux ou désuet (dépassé) ;
- Faites des phrases courtes et précises ;
- Evitez les abréviations et le style télégraphique.

1. Le contenu :
- Progressez régulièrement dans votre exposé et annoncez la question que l’on va
examiner. C’est le chapeau.
- Traitez successivement les divers points de votre plan détaillé avec clarté,
précision, sans tourner en rond et faire revenir les mêmes informations, les mêmes
arguments.
- Evitez de vous contredire ;
- Sachez nuancer une affirmation autrement qu’en la contredisant brutalement ;
- Veillez à ne pas dire dans la première partie des choses qui doivent être dites dans
la seconde ou à répéter dans la seconde partie ce qui a été déjà dit dans la première
partie ;
- Donnez des exemples et faire référence à la jurisprudence, à la loi, à la coutume, à
la doctrine.
SECTION IV - LES DIFFERENTS TYPES DE SUJETS DE DISSERTATION
Trois types de sujets théoriques sont susceptibles d’être proposés dans le cadre de la
dissertation juridique comme thème à traiter. Ce sont le sujet-titre, le sujet-question, le sujet-
citation.
Paragraphe I : Le sujet-titre (ou sujet intitulé)
Le sujet-titre est un thème dont l’énoncé, très général, laisse au candidat une marge de
liberté : sous réserve de ne pas le dénaturer, le thème offre plusieurs approches possibles. Des
connaissances très précises sont certes attendues par le correcteur, mais le candidat dispose
d’une grande latitude pour poser une problématique, pour donner une dynamique au sujet
dont l’intitulé pourrait être le titre d’un livre, d’un article de doctrine. Exemples de sujets-
titres : « l’Etat fédéré », « les pouvoirs normatifs du président de la république », « la liberté
contractuelle », « la notion de capacité en droit » .
Paragraphe II : Le sujet-question (ou sujet-interrogation)
Le sujet-question est plus sécurisant que le sujet-titre mais il laisse moins de liberté au
candidat. L’approche du sujet-question est en effet prédéterminée par le correcteur. Le
candidat doit rédiger un devoir-réponse, l’exercice se rapportant directement et précisément
à la question posée, cependant, le plus souvent, des réponses variées peuvent être données à
condition qu’elles soient solidement argumentées.

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Le sujet-question permet de tester l’aptitude du candidat à utiliser ses connaissances dans un


cadre très strict, sa capacité à défendre une véritable thèse, ce qui interdit au candidat de
réciter ses connaissances, sans discernement. Exemples de sujets-questions : « la séparation
des pouvoirs, mythe ou réalité ? », « le conseil constitutionnel est-il un juge politique ? », « le
juge ivoirien est-il indépendant ? » ou « existe-t-il un vrai pouvoir judiciaire en Côte
d’Ivoire ? ».
Paragraphe III : Le sujet-citation
Le sujet-citation consiste à soumettre à l’étudiant un texte très court : une phrase extraite
d’une déclaration d’une personnalité politique, une phrase tirée d’un article de revue ou
d’un article de presse. La citation est toujours précédée de la mention « commentez la phrase
suivante extraite de ».
Le thème « commentez » ne doit pas perturber l’étudiant : il ne s’agit pas d’un véritable
commentaire de texte, mais plutôt d’un sujet théorique « déguisé », « vrai-faux »
commentaire de texte ? «Vrai ou faux» sujet théorique ? En tout cas, l’étudiant devra
exploiter ses connaissances pour étudier la phrase comme il s’agissait d’un commentaire de
texte Mais l’exercice est plus proche de la dissertation que du commentaire, bien qu’il soit
nécessaire de se référer fréquemment au texte et que le sujet théorique soit très précis, voir
pointu . Le sujet-citation est rarement proposé comme sujet d’examen ou de concours en
droit. Il est tout de même quelques rares fois utilisé en droit public et sciences politiques.
Exemple de sujet-citation : commentez cette phrase du Président américain Abraham Lincoln
« la démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
NB : Peut importe le type de sujet, ce qui compte, c’est l’effort d’attention que doit fournir
l’étudiant en droit à sa rédaction pour l’assimiler, le traiter sans le dénaturer en se laissant
emporter par son désir de citer son cours ou de paraphraser des textes ayant un rapport avec le
thème. Avant d’écrire tout ce que vous voulez, demandez-vous deux choses : que me
demande-t-on à travers ce sujet ? Ce que je veux avancer comme idée répond-t-il à la question
que renferme ce sujet ? Si ces deux réponses sont positives, alors vous êtes sur la bonne voie.
Mais si vous n’arrivez pas à savoir ce qu’on vous demande dans le sujet, vous n’avez donc
pas compris le sujet et vous risquez de naviguer dans le vide sans direction d’accostage. Si
vous savez ce qu’on vous demande, veuillez alors de ne pas passer à côté. Réunissez les
éléments de réponse utiles et renoncez à tout ce qui peut vous faire parler ou écrire autre
chose que ce qui concerne le sujet soumis à votre analyse. C’est le corps à corps avec le sujet
qui est le secret de la réussite de la dissertation, et d’ailleurs même de tout autre
raisonnement juridique.

Tableau récapitulatif de la méthodologie de dissertation juridique


Introduction Développement Conclusion
1. Généralité, Raisonner dans un plan de 2 Elle est facultative.
2. Présentation et définition du sujet, parties :
3. Si possible, délimitation et I- . Donc, propos libres,
historique du sujet, A mais en rapport avec
4. Intérêt du sujet, B . le sujet
5. Problème de droit, II ..

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6. Annonce du plan. A .
B .

SUJETS D’APPLICATION
Sujet 1 : Les caractères de la règle de droit
Sujet 2 : Le droit et la religion
Sujet 3 : L’élaboration de la constitution
Sujet 4 : Le mariage en droit ivoirien
Sujet 5 : La liberté d’expression en Côte d’Ivoire
Sujet 6 : Le divorce en droit ivoirien
Sujet 7 : L’attribution du nom
Sujet 8 : L’adoption
Sujet 9 : La personnalité juridique
Sujet 10 : L’acquisition de la personnalité juridique
Sujet 11 : La perte de la personnalité juridique
Sujet 12 : Les éléments constitutifs de l’Etat

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TITRE II :
LE CAS PRATIQUE
ET LA CONSULTATION JURIDIQUE

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TITRE II :
LE CAS PRATIQUE ET LA CONSULTATION JURIDIQUE

Généralement, le cas pratique et la consultation juridique sont présentés comme étant la même
méthodologie, c’est-à-dire, le même type d’exercice. Il est fréquent dans ce cas d’entendre
parler de cas pratique dans le milieu universitaire. Dans la vie professionnelle, on parle plus
de consultation juridique et non de cas pratique. Devant cette situation très peu rassurante, les
deux méritent d’être présentés afin de mettre en relief leurs particularités respectives.

CHAPITRE I : LE CAS PRATIQUE


A l’entame de l’étude de cette méthodologie, des généralités méritent d’être relevées avant
son analyse à la fois théorique et pratique.

SECTION I : GENERALITES SUR LE CAS PRATIQUE


Comme son nom l’indique, le cas pratique est un exercice qui a pour objet de soumettre à
l’étudiant une situation ou une question concrète à laquelle on voudrait le voir donner une
solution concrète.
Il s’agit d’un fait ou d’un ensemble de faits auxquels l’étudiant doit trouver des solutions
fondées en droit. Résoudre, donc, un cas pratique revient à appliquer le droit à une situation
concrète afin de proposer une solution. Son travail consiste alors à analyser la conformité des
faits qui lui sont soumis à la loi et d’en tirer la conséquence qui s’impose.
Ici, l’étudiant doit être impartial et objectif. Il ne doit pas prendre position suivant sa
conviction mais il doit analyser les faits à la lumière de la règle de droit y correspondant. Ce
n’est donc pas un travail de naturaliste, de défenseur ou d’avocat qui est demandé à
l’étudiant. Le travail préalable consiste alors à :
- Lire attentivement le texte proposé et souligner les mots-clés,
- Relever le ou les problème(s) du cas pratique en les traduisant sous leurs
expressions juridiques adéquates,
- Rechercher les textes applicables, et si possible la tendance jurisprudentielle
adéquate ainsi que les courants doctrinaux y relatifs ;
- Et enfin, dégager les solutions applicables aux problèmes que pose le cas pratique.

SECTION II : PRESENTATION THEORIQUE DU CAS PRATIQUE


La présentation théorique du cas pratique suppose une introduction suivie d’un
développement.
Paragraphe I : L’introduction

Elle doit contenir les éléments suivants :

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1- Le résumé des faits : ils doivent être représentés dans leur chronologie propre et être
composés des idées essentielles. Les détails et les répétitions d’idées ne sont pas nécessaires
pour le résumé.
2- La qualification juridique des faits (domaine): Les faits, une fois résumés, doivent faire
l’objet de qualification juridique, c’est-à-dire les intégrer dans la réalité juridique à laquelle
ils renvoient. Exemple 1 : les faits tels que présentés sont relatifs à l’intégrité du
consentement dans la conclusion du contrat. Exemple 2 : les faits ci-dessous exposés sont
relatifs à l’acquisition et la perte de la personnalité juridique.
NB : certains enseignants exigent qu’on commence par présenter le domaine, c’es-à-dire
situer les faits avant de les exposer. Ainsi, on commence par : «l’exercice soumis à notre
analyse est un cas pratique. Il porte sur l’acquisition de la personnalité juridique. Des
faits, il ressort que ..». Pour d’autres enseignants, il faut commencer directement par
présenter le résumé des faits suivi de la qualification juridique des faits. Ainsi, l’introduction
commence par : « M. X, un commerçant a vendu un .. qui finalement n’est
pas de bonne qualité. Les faits tels que exposés sont relatifs au vice de consentement en
matière de conclusion de contrats ».
Dans l’un ou l’autre cas, les éléments de l’introduction du cas pratique demeurent les
mêmes. Seul leur emplacement change. Il faut donc pouvoir s’y adapter sans que cela ne
vous déroute.
3- Le ou les problème(s) de droit : ils doivent être posés clairement à la suite des faits. Si
des questions sont posées assez clairement par l’exercice, l’étudiant doit leur trouver une
formulation personnelle en conformité avec les cadres juridiques ordinaires.
4- Le plan : il y a autant de parties qu’il y a de problèmes à résoudre.
NB : Le plan peut être fait en fonction des différentes personnes citées dans les faits tout
comme il peut être fait en fonction des actes juridiques commis ou des problèmes à résoudre.
Paragraphe 2 : La rédaction du corps du commentaire de texte
Il faut à chaque étape :
1- Rappeler les faits nécessaires à la compréhension du titre formulé ;
2- Poser le problème résultant de ces faits ;
3- Evoquer la règle de droit applicable aux faits ;
4- Dire si oui ou non les faits correspondant à la règle exposée pour ainsi déduire la solution
qui s’impose. NB : une conclusion générale n’est pas utile

SECTION III: LE SCHEMA DU CAS PRATIQUE


De façon concrète, la rédaction d’un cas pratique se fait en suivant les étapes ci-dessous :

Paragraphe 1 : Introduction :
L’introduction d’un cas pratique exige la réunion des éléments suivants :

1- Exposer les faits :


 Dans l’ordre chronologique
 En procédant à leur qualification juridique
 En se limitant à ceux qui soulèvent un problème de droit
 Poser le problème de droit

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 Annoncer le plan.

2- Le développement
La rédaction du développement du cas pratique suppose le respect des étapes suivantes :
Question 1 :
- Résumé des faits à traiter
- Problème de droit tiré des faits
- Règle de droit applicable
- Solution concrète au problème de droit
- Exception possible si le principe ne résout pas totalement le problème de droit tiré
des faits.

Question II : Même raisonnement.

Tableau récapitulatif de la méthodologie du cas pratique

Introduction Développement Conclusion

Exposer les faits : 1. Résumé des faits à traiter


1. Dans l’ordre chronologique 2. Problème de droit tiré des faits
2. En procédant à leur 3. Règle de droit applicable Elle est facultative
qualification juridique 4. Solution concrète au problème de
3. En se limitant à ceux qui droit
soulèvent un problème de droit 5. Exception possible si le principe
4. Poser le problème de droit ne résout pas totalement le problème
5. Annoncer le plan. de droit tiré des faits.

 EXEMPLE DE CAS PRATIQUE CORRIGE (DROIT CIVIL):

Pour une meilleure compréhension de la méthodologie du cas pratique, lisez attentivement le


texte ci-dessous et la correction proposée. Il s’agit du sujet de droit civil de la licence 1 ère
année de droit, de l’université de Cocody Abidjan ; sujet de la session de décembre 1992.
Cas Pratique : ‘’Monsieur BAGNON BOGOSS a vu le jour à GAGNOA le 05 février
1960. Dès l’âge de 20 ans, il s’est follement épris de Mademoiselle TINCLERE AWLABA
alors âgée de 18 ans. Le 12 juin 1986 est née des œuvres de BAGNO BOGOSS et de
TINCLERE AWLABA, un enfant de sexe féminin, dénommée BAGNON Trésor, tel que
l’atteste son extrait de naissance établit sur déclaration du père. Le couple BAGNON
BOGOSS et TINCLERE AWLABA, bien que non mariés et ayant des domiciles distincts,
vivait en parfaite harmonie. Malheureusement, le 15 mars 1991, la mort arrachait
TINCLERE AWLABA à l’affection de sa fille et de son concubin. Encore sous le poids de
cette douleur insurmontable qu’il tente vainement de noyer dans l’alcool et la musique
assourdissante des boîtes de nuit, monsieur BAGNON sera soumis à une nouvelle épreuve

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à travers la requête en date du 19 octobre 1991, présentée par la demoiselle TINCLERE


WEREWERE, sœur aînée de la défunte, aux fins d’obtenir la garde juridique de
BAGNON Trésor. Monsieur BAGNON entend résister aux prétentions de Mademoiselle
TINCLERE WEREWERE. Les deux protagonistes viennent vous voir. Que leur conseillez-
vous ?’’
 PROPOSITION DE CORRECTION DU SUJET
Monsieur BAGNON BOGOSS et Mademoiselle TINCLERE AWLABA sont des
concubins, majeurs, et parents de la mineure BAGNON TRESOR qu’ils ont reconnue. Suite
au décès de sa concubine, monsieur BAGNON BOGOSS mène une vie de débauche. Aussi, la
sœur aînée de sa concubine, mademoiselle TINCLERE WEREWERE, mène contre le gré de
monsieur BAGNON une demande en justice aux fins d’obtenir la garde de sa fille.
La question de droit qui se pose en l’espèce est celle de savoir si une tante peut
obtenir la garde de sa nièce contre le gré du père naturel.
Afin de conseiller utilement les deux protagonistes, il convient, dans un premier
temps, d’affirmer le droit pour monsieur BAGNON d’assurer la garde de sa fille, puis dans
un second temps, d’examiner la possibilité d’un transfert de ce droit à mademoiselle
WEREWERE.

I- MONSIEUR BAGNON, TITULAIRE DU DROIT DE GARDE DE SA FILLE


Le droit pour monsieur BAGNON d’avoir la garde de sa fille trouve son fondement dans
la puissance paternelle et ses limites dans l’intérêt de l’enfant. Pour les enfants nés hors
mariage (cas de BAGNON Trésor). L’article 9 de la loi n°70-483 du 3 aout 1970 sur la
minorité prévoit que la puissance paternelle appartient, en principe, à celui des deux parents
qui a reconnu en premier l’enfant : en l’espèce, BAGNON Trésor a été reconnu par son père
dès la naissance. C’est donc monsieur BAGNON qui en principe exerce la puissance
paternelle.
Or la garde de l’enfant est l’un des attributs de la puissance paternelle. Le droit de garde
revient donc en principe à monsieur BAGNON BOGOSS. Certes, l’article 9 de la loi du 3
aout 1970 sur la minorité dispose que ‘’le juge des tutelles peut toutefois, si l’intérêt de
l’enfant l’exige, confier la puissance paternelle à celui des parents qui n’en est pas investi
par la loi’’.
Mais la notion de parents doit s’entendre ici du père ou de la mère de l’enfant mineur.
Aussi, la garde de l’enfant mineure BAGNON Trésor qui serait confiée à sa tante ne saurait
trouver un fondement juridique dans l’article 9 alinéa 6 de la loi précitée.
Il est cependant possible, eu égard aux faits de l’espèce, de transférer à mademoiselle
TINCLERE WEREWERE la garde de sa nièce BAGNON Trésor.

II- LE TRANSFERT POSSIBLE A MADEMOISELLE TINCLERE DU DROIT


DE GARDE SUR LA MINEURE BAGNON TRESOR
Deux possibilités :
- L’assistance éducative ;
- La déchéance de monsieur BAGNON et le retrait partiel de ses droits de la
puissance paternelle.
A- L’ASSISTANCE EDUCATIVE (article 10 de la loi)

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- Le comportement de Monsieur BAGNON (vie de débauche) compromet la


sécurité, la moralité et l’éducation de BAGNON Trésor.
- Le juge des tutelles peut confier la garde de BAGNON BOGOSS à sa tante
(placement du mineur)
- Monsieur BAGNON BOGOSS sera cependant obligé de continuer à entretenir sa
fille en versant une pension alimentaire (article 12).
B- LA DECHEANCE ET LE RETRAIT DES DROITS DE LA PUISSANCE PATERNELLE
(article 20 à 26 de la loi sur la minorité)
- Déchéance facultative qui interviendra à la demande de la tante, en dehors de toute
condamnation pénale, parce que monsieur BAGNON compromet la sécurité et la
moralité de sa fille (article 21 alinéa 7).
- Monsieur BAGNON pourra à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la
décision, intenter une action en restitution de ses droits.
NB : Cette correction propose les réponses évidentes aux questions que soulèvent les faits
exposés dans le cas pratique. Traiter intégralement le sujet consiste à aller au-delà des tirés
pour faire une analyse complète de la situation. Cette correction expose tout de même les
étapes du raisonnement de la méthodologie du cas pratique.

RECAPITULONS : Le cas pratique nécessite, outre la maîtrise des connaissances de base,


de mener un raisonnement juridique rigoureux en trois étapes. Il s’agit de l’analyse de la
situation, la détermination du droit applicable et de la proposition d’une solution. Concernant
l’analyse de la situation, il s’agit, d’une part, de procéder à une prise de connaissance des
faits, suivie d’une qualification juridique des faits et de poser le problème qui en résulte.
La prise de connaissance des faits repose sur le fait que le lecteur doit se mettre à l’idée que
tous les éléments du cas sont, à priori, importants. En effet, certains détails peuvent conduire à
exclure l’application d’un texte ou conditionner la reconnaissance d’un droit ou d’une
obligation. Il s’agit ici, après une lecture attentive du cas, de savoir distinguer l’essentiel
qu’il faut retenir des futilités qu’il faut exclure. Exemple : ‘’M. Silla avait épousé une
belle femme, aux traits fins, dont le seul regard est enivrant, à l’allure de gazelle. Il
l’aimait de tout son cœur ; mais malgré cette dévotion, le couple a été obligation de se
retrouver après 06 ans de vie conjugale, devant le juge pour le prononcé du divorce’’.
Le juriste retiendra de tout ce qui précède que le couple légalement marié est en instance de
divorce après 06 ans de vie conjugale. Il ne s’intéressera pas à la description physique de la
femme, car cela n’a pas d’incidence juridique. Ensuite, après avoir résumé les faits, il faut
pouvoir procéder à leur qualification. Les activités humaines étant diverses, le droit s’efforce
de leur donner des qualifications devant lui permettre de les cerner. Ainsi le droit a élaboré de
grandes classifications afin de déterminer un régime c’est-à-dire, un ensemble de règles
applicables, propre à chacune des activités humaines. Par exemple : actes ou faits juridiques ;
actes de commerce ou actes civils ; meubles ou immeubles, faute civile ou faute pénale, etc.
Pour mieux analyser une quelconque situation à la lumière du droit, le juriste ou l’étudiant en
droit se doit de la qualifier, de déterminer la catégorie juridique dans laquelle les faits
peuvent être classés afin de déterminer, naturellement et à juste titre, quelles sont les règles
applicables.

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Enfin, il faut poser le problème. Le problème désigne la question de droit à laquelle il faut
répondre, et ce, conformément au droit. Si l’analyse des faits doit, bien sûr, conduire à
formuler un problème de droit. Le problème de droit, comme son nom l’indique, doit avoir
sa réponse en droit, et donc relever du domaine juridique. Il ne s’agit pas de s’interroger de
façon vague et incongrue. Il faut poser une question qui a un sens en droit parce que sa
réponse est prévue par le droit. En définitive, il doit exister un lien de connexité (un rapport
direct) entre les faits, la question ou les questions que soulèvent ces faits et le droit qui
s’applique à ces faits.
La deuxième étape consiste à pouvoir déterminer le droit applicable. Il existe en droit une
diversité de sources du droit. La référence aux seuls textes de loi est souvent insuffisante. Les
décrets, les conventions collectives, les usages, les textes de droit national ou communautaire
(UEMOA, OHADA, CEDEAO, etc.) ou la jurisprudence peuvent également conduire à la
proposition de la solution. Il faut pouvoir déceler parmi cette multitude de règles laquelle
s’applique au cas étudié. Une fois trouvé, il faut appliquer la règle. Parfois, la règle trouvée
s’applique directement et exactement à la situation en cause. Parfois, au contraire, il faudra
se demander si l’on ne se trouve pas hors du champ d’application de la règle. Lorsque l’on
fait référence à la jurisprudence, il convient de se demander dans quelle mesure on peut s’en
prévaloir.
Et enfin, une fois la règle de droit appliquée, il faut arriver à retenir une solution qui est la
réponse à la question posée dans les faits. Répondre strictement aux questions posées est la
règle de base. Il ne s’agit pas de faire un exposé de connaissances. Ce qui veut dire qu’il est
formellement interdit à l’étudiant ou au juriste de procéder à cette étape de l’exercice à la
récitation écrite de son cours, d’un ouvrage ou de plusieurs textes ayant un lien avec le
problème posé. Ce qu’on attend de lui, c’est de dire concrètement qu’est-ce qu’on retient
finalement comme solution à la lumière du droit applicable en la matière. La solution doit être
argumentée. Lorsque plusieurs solutions semblent possibles, le choix de l’une d’elles doit
être justifié.

 EXEMPLE DE CAS PRATIQUE NON CORRIGE (DROIT PENAL):

‘’Cas Pratique3 : Un jeune délinquant dénommé ISMO SAYA est réputé dans le vol de
biens dans les véhicules de transport commun. Un jour, il eut l’idée d’emprunter le Bus
n°49 dans l’intention de voler des téléphones portables et autres objets de valeur
appartenant aux usagers du bus qui sont en général des étudiants en partance pour
l’université de Cocody. Une fois dans le Bus, il aperçut un étudiant dont la poche du
pantalon par sa rondeur donnait l’impression de contenir un téléphone portable.
Malheureusement pour lui, il s’agissait d’un gris-gris. Lorsqu’il mit lentement la main
et se saisit de l’objet, l’étudiant poussa un cri, se saisit aussitôt de sa main et lui
demanda: ‘’espèce de voleur, que cherche ta main dans ma poche ? Ah, tu voles aussi les
porte-bonheur ?’’ Surpris, il n’a eu pour motifs que de dire ’’non dès, je n’ai pas
voulu voler ton gris-gris. Je voulais plutôt voler ton portable’’. Et les étudiants saisirent
3
Le présent cas pratique est extrait d’une fiche de travaux dirigés (T.D.) de droit pénal général,
amphi B de l’Université de Cocody Abidjan au titre de l’année universitaire 2009-2010. C’est une
fiche confectionnée par M. Kounvolo Mamadou COULIBALY sous la direction du Dr MELEDJE
HENRI, chargé de cours de droit pénal. Ce dernier a été rappelé à DIEU, la même année, pendant les
vacances universitaires.

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la balle au rebond.’’ Donc c’est toi qui voles nos portables dans le bus? Allons on va
régler ça au campus’’. En chemin, ISMO préparait un coup pour échapper à la punition
des étudiants. A quelques mètres du quai du Bus, il fit semblant d’être évanoui. Au
moment où les étudiant affolés s’activaient à le ramener à la vie, il se leva brusquement,
bouscula trois d’entre eux pour se frayer un chemin, se saisit du téléphone portable de
l’un d’entre eux et s’échappa aussitôt à pas de course. Arrêté quelques instants après
par la police, ISMO déclare qu’il n’a rien volé dans le Bus mais qu’il reconnaît avoir
volé un portable au quai du bus. A-t-il vraiment raison ? Justifiez votre position.’’

NB : Ce qu’il faut noter, c’est que le cas pratique repose sur des faits à analyser. Les faits
posent des problèmes. Il revient au lecteur de déceler les différents problèmes de droit qui
sont d’ailleurs des cas de manquements au droit dont les responsabilités doivent être situées
conformément au droit, ou encore des situations qui doivent être réglées en conformité au
droit. Ainsi, l’objectif de l’exercice de cas pratique est d’apprendre à l’étudiant à déceler
des situations susceptibles de porter atteinte au droit ou qui le sont déjà et d’envisager la
règle de droit qui peut éviter la situation préjudiciable ou la réparer. Le cas pratique, tel que
présenté, se distingue de la consultation juridique, malgré quelques similitudes entre ces deux
types de sujets.

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CHAPITRE II-LA CONSULTATION JURIDIQUE


Une généralité sur la consultation juridique doit être faite avant toute précision pratique.

Section I : Généralité sur la Consultation juridique


La notion de consultation juridique mérite d’être définie avant de préciser le schéma à suivre
pour sa présentation.
Paragraphe I : La notion de Consultation juridique
La consultation juridique, comme son nom l’indique, a un but plus pratique que celui du cas
dit ‘’pratique’’. La consultation, par approche définitionnelle, vise à renseigner la
personne qui la demande sur la manière de résoudre un problème juridique concret qui se pose
à elle. De ce fait, la consultation vise l’action qui consiste à proposer des solutions
réalisables au regard des intérêts des parties et au regard du droit. Il ne s’agit pas
d’hypothèse d’école à poser, mais à dire exactement la solution au problème posé par un
requérant, c’est-à-dire par une personne qui sollicite des éclaircissements sur un problème
de droit. C’est l’exemple si un voisin de quartier vous pose le problème suivant: ‘’je suis
marié. Ma femme a donné naissance à une fillette alors que j’étais en mission à
l’extérieur du pays. Personne n’a eu l’idée de procéder à la déclaration de la naissance
de ma fille. Elle a actuellement deux ans. Dites-moi, vous qui faites des études de droit,
comment on procède pour déclarer la naissance d’un enfant lorsque cela n’a pas été fait
pendant la période régulière ?’’ La question est toute simple. Il faut donc une réponse
concrète et précise au père de cette fillette relativement à la déclaration de sa naissance. Il
n’est pas question de lui citer toutes les théories du monde sur la question’’.
La consultation vise, de ce fait, l’objectivité. Le rôle du consultant est différent du rôle de
l’avocat. Celui-ci a à défendre son client. Même si sa cause est mauvaise. Son argumentation
est toujours en faveur de son client. Au contraire, le consultant doit éclairer son client sur sa
situation véritable. Si les prétentions du client lui paraissent non fondées, il doit l’indiquer
dans sa conclusion. Il lui faut donc peser soigneusement le pour et le contre de chaque
solution. La consultation doit évaluer les probabilités de chaque solution. Si le client consulte,
c’est qu’il y a problème et que la solution n’est pas évidente. Or le droit n’est pas une
science exacte : 1+1=2. Il est d’ordre normatif et donc social. Il faut, par conséquent,
apprécier les chances d’être appliquée de chaque solution, au regard de la loi, de la
jurisprudence, des intérêts pratiques et de l’équité. La consultation peut être donnée à
l’intérieur de l’entreprise ou de l’administration. Elle est alors généralement l’œuvre des
services juridiques ou du contentieux.
Notons que la consultation donnée par un juriste extérieur se dénomme ‘’consultation’’
au sens étroit. Elle consiste en une sorte de rapport exposant les solutions à une série de
problèmes soulevés.

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La consultation à l’intérieur d’une entreprise ou d’une administration s’appelle la note.


Elle doit mentionner le service destinataire et le service auteur de la consultation. Les
consultations simples peuvent être données sous forme de lettres.

Paragraphe II : Le schéma de la consultation


Introduction : exposer les faits
 dans l’ordre chronologique
 en procédant à leur qualification juridique
- transposer la question en termes juridiques
- formuler le ou les problèmes de droit à résoudre
- l’annonce du plan
I- Au brouillon : Déterminer les règles applicables
- Textes de lois
- Jurisprudence
- Doctrine
II- Solution ou réponse
 Exposer et expliquer la solution
 Solution de droit
 Solution de fait concret
- Appréciation, discussion
 De la solution
 Des règles applicables
- Envisagez l’existence d’exception à la règle

Si l’on observe bien le plan présenté, la consultation juridique suit le même plan que le cas
pratique. La différence réside, à notre sens, dans deux éléments : la formulation des problèmes
posés et la présentation de la solution attendue. En ce qui concerne le problème de droit, il est
déduit de l’inquiétude soulevée par le requérant. Alors que dans le cas pratique, le problème
est recherché par l’étudiant à travers les faits qui lui sont soumis. Relativement à la réponse,
celle de la consultation juridique s’adresse à celui qui l’a demandée alors que le cas pratique
laisse la possibilité à l’étudiant d’apporter une série de réponses à tout ce qui semble
constituer des problèmes à résoudre. Il n’y a pas de réponse concrète attendue tout comme il
n’y a pas un requérant à satisfaire.

Section II : Exemple pratique de consultation juridique


Voici un exemple de consultation juridique :
Monsieur MADA, résidant à Abidjan est propriétaire d’une portion de forêt à Korhogo
qu’il vend malgré lui à KATOU, domicilié à Daloa, qui menaçait d’empoisonner le fils de
MADA au cas où le père ne lui céderait pas ladite portion de forêt contre une modique
somme de 1 000 f. monsieur MADA veut saisir le tribunal :
- Quel tribunal peut-il saisir ?
- Par quel acte peut-il le faire ?
- Quel est l’objet de son action ?

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Justifiez vos réponses4.


NB : Le présent sujet pose trois problèmes à travers trois questions précises. C’est cela la
consultation juridique, c’est-à-dire répondre à des questions concrètes au profit d’une
personne confrontée à des problèmes d’ordre juridique.
Réponse à la 1ère question : la première question est relative à la compétence territoire du
tribunal. En règle générale, en cas de litige, celui qui saisit le tribunal est le demandeur et
celui qui est attrait devant le tribunal est le défendeur. En principe, le tribunal compétent
territorialement est celui du domicile du défendeur.
Si ce principe s’applique au cas d’espèce, MADA, demandeur, devra saisir le tribunal de
Bouaké où réside KATOU le défendeur. Mais ce principe ne vaut que pour les biens meubles.
Lorsqu’il s’agit d’un bien immeuble, c’est le tribunal de la situation du bien qui est
compétent. Or l’objet du litige entre les deux personnes est une portion de forêt. La forêt fait
partie des biens immeubles par nature c’est-à-dire tout ce qui adhère au sol. En
conséquence, MADA devra saisir le tribunal du lieu de situation de la forêt, c’est-à-
dire le tribunal d’Abengourou.
Réponse à la 2ème question : la deuxième question est relative à l’acte de saisine du tribunal.
L’acte par lequel le tribunal est saisi est fonction de la nature du litige. S’il s’agit d’une
affaire correctionnelle ou d’une affaire civile. En l’espèce, il s’agit d’un problème de
litige forestier, c’est-à-dire d’un problème civil. Dans ce cas, c’est par voie
d’assignation que MADA saisira le tribunal. L’assignation précisera les noms,
prénom, âge, domicile et adresse du demandeur et du défendeur. Servie par un huissier
de justice, elle précisera également le nom et la situation de l’étude de l’huissier.
Réponse à la 3ème question : la troisième question est relative à la demande que Monsieur
MADA veut formuler auprès du tribunal.
Le cas pratique fait état de la vente d’une portion de forêt. La vente qui est un contrat, c'est-
à-dire un acte bilatéral, fait partie des actes juridiques dont la validité est soumise à certaines
conditions.
Parmi ces conditions, il y en a qui tiennent à l’auteur de l’acte, à savoir la capacité de
l’auteur et son consentement. Si la capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de
droits et à les exercer, le consentement est l’expression de la volonté de cet auteur.
Or, il se trouve que MADA affirme avoir vendu la portion de forêt malgré lui, ce qui pose le
problème de son consentement. En la matière, tout consentement vicié ne peut constituer
l’expression de la volonté. Il existe plusieurs vices de consentement, parmi lesquels il y a la
violence.
La violence se définit comme étant une contrainte exercée sur l’une des parties au contrat.
MADA a consenti à cause de la menace d’empoisonnement qui pèse sur son fils, cette
menace étant le fait de KATOU, il s’agit manifestement d’une contrainte morale que
KATOU exerce sur MADA. Ce dernier ayant donné son consentement malgré lui, son action
aura pour objet de demander au tribunal de constater le vice de consentement pour en tirer les
conséquences. Or la conséquence tirée du vice de consentement est la nullité relative du

4
Examen, session de février 1993, introduction à l’étude du droit, Université de Cocody Abidjan.

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contrat. Cette nullité peut être invoquée par la victime qu’est MADA pour obtenir la
nullité du contrat et donc la restitution de sa portion de forêt5.

 CE QUE L’ON DOIT RETENIR : L’on peut aisément remarquer que la


consultation juridique vise à répondre à des questions clairement posées par un
individu qui cherche des réponses concrètes en droit à des difficultés auxquelles il est
confronté. Ce qui n’est pas pareil avec le cas pratique où l’étudiant apprend
théoriquement à appliquer ses connaissances à des faits pouvant certainement relever
de la réalité. C’est donc un exercice, un essai qui plus tard se transforme en réalité à
travers la consultation juridique. La consultation se termine généralement par une série
de questions auxquelles il faut seulement répondre alors que le cas pratique laisse à
l’étudiant le soin de rechercher les questions à traiter à partir des faits. L’expression
courante utilisée à la fin de ce genre d’exercices est : ‘’conseillez-le utilement’’
ou ‘’justifiez vos réponses’’.
Ce qu’il faut noter aussi, c’est que généralement, les enseignements de droit ont
l’habitude de nommer tout exercice reposant sur des faits à analyser ‘’cas
pratique’’. Parce qu’il s’agit pour l’étudiant de s’exercer et non de répondre à
des demandes réelles, venant de personnes connues ou relevant du monde
professionnel, même si parfois la formulation du sujet s’apparente plutôt à la
consultation juridique. La méthodologie étant pratiquement la même, cela ne devrait
pas poser de problème. C’est à l’étudiant de savoir qu’en tant qu’étudiant, il traite
des cas pratiques. Mais une fois devenu juriste ou consultant en droit, il ne traite plus
des cas pratiques, il fera plutôt de la consultation juridique au profit de personnes lui
demandant des réponses concrètes à des problèmes juridiques réels.

5
Cette correction a été proposée par un professeur de l’Université de Cocody qui avait donné le sujet
à ses étudiants pour l’examen de la session de février 1993.

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TITRE III :
LE COMMENTAIRE DE TEXTE

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TITRE III : LE COMMENTAIRE DE TEXTE


Le commentaire consiste à analyser un texte, à l’expliquer, à le restituer et à en dégager la
portée. Il s’agit de ce fait d’un exercice destiné à donner le sens et la portée d’un texte, de
développer et approfondir à l’aide de connaissances acquises les idées qui sont contenues
dans le texte à commenter. L’exercice peut porter sur un texte de loi, de doctrine ou sur un
ensemble de textes d’auteurs différents portant sur le même thème. Cela soulève le problème
du contenu du commentaire de texte et de la méthode d’élaboration du commentaire de texte.
I- LE CONTENU DU COMMENTAIRE DE TEXTE :
Comme le souligne si bien un auteur, les conceptions du commentaire de texte existent.
Selon la conception étroite et rigoureuse, le commentaire doit se centrer sur le texte et le
commentaire doit toujours prendre appui sur le texte. Tout le travail se fait, dans ce cas, sur le
texte sans recours à des éléments externes. Dans une conception plus large, le commentaire
peut être synthétique et fait appel aux connaissances générales. Dans ce cas, on se sert d’un
texte pour faire appel à toutes les connaissances utiles tant interne qu’externe au texte pour
analyser ce dernier.
La bonne méthode du commentaire de texte est à mi-chemin entre ces deux
conceptions. Le texte doit être restitué dans un contexte général mais il faut toujours le
faire à partir d’une analyse du texte.
Le commentaire, par conséquent, doit faire ressortir les intérêts du texte à commenter. Il
s’agira d’abord des intérêts juridiques : qu’apporte le texte au droit ? Quelles en sont les
conséquences juridiques ?
Il faut également dégager les autres intérêts du texte. Ceux-ci peuvent être d’ordre
politique, d’ordre social, d’ordre économique, d’ordre pratique. Le commentaire de texte
doit, de ce fait, contenir une analyse du texte. Il faut d’abord dégager la nature du texte.
Cela revient à se poser les probables interrogations suivantes : Est-ce un ou plusieurs articles
d’un code ou d’une loi ? Est-ce un décret ? S’agit-il d’un article de doctrine ? Etc.
Après avoir dégagé la nature du texte, il convient ensuite d’analyser le contenu même du
texte. Il faut reconnaître la démarche du texte et pour cela dégager son plan. Le texte contient
toujours une ou plusieurs idées maîtresses. Le commentaire doit les mettre en valeur en
dégageant les idées et les mots-clés du texte. Les mots techniques doivent être expliqués.
Le commentaire doit également indiquer le plan du texte. S’il s’agit d’un texte court,
un article de loi par exemple, le plan peut être expliqué facilement et brièvement. Lorsque le
texte est plus long, le commentaire doit consacrer davantage de développements au plan du
texte. Le commentaire de texte doit contenir un commentaire proprement dit.
Le commentaire doit, dans la partie réservée au développement, expliquer le contenu du
texte. Chaque fois que le texte prête à interprétation, les différentes interprétations possibles
doivent être expliquées. Il faut choisir entre elles et donner les raisons du choix.
Les différentes parties du texte sont normalement complémentaires entre elles. Ainsi, le
commentaire a pour finalité de montrer et expliquer cette complémentarité. Une partie
importante du commentaire est l’étude de la portée du texte. Quelles solutions le texte
apporte t-il dans le domaine juridique considéré ? Quel est son domaine d’application ? Est-il
susceptible d’avoir des conséquences dans d’autres domaines ?

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C’est dans le commentaire proprement dit qu’il est important de bien doser l’analyse
du texte et les connaissances générales. Une bonne méthode consiste, donc, à partir du texte, à
remonter aux connaissances générales, puis à revenir au texte.
II- LA METHODE D’ELABORATION DU COMMENTAIRE DE TEXTE
Différentes étapes à franchir participent à l’élaboration d’un commentaire de texte, bien
que ces étapes ne constituent pas le plan du commentaire.

La première phase est celle de la compréhension du texte et de son organisation. Elle


débute par une lecture attentive du texte. A ce stade, il est recommandé au lecteur de ne pas
souligner des mots ou marquer les divisions du texte. Cela paraît, à notre sens, trop tôt. Après
cette première lecture, il faut ensuite procéder à une deuxième lecture du texte, cette fois le
crayon à la main. Il faut ainsi souligner les mots-clés, les mots à expliquer. Il ne faut pas
souligner trop de mots. Sinon, la compréhension synthétique du texte devient difficile. Le
commentaire ne nécessite pas l’explication de tous les mots du texte, seuls ceux qui ont une
importance dans l’analyse du texte doivent l’être.
Parallèlement, on recherche le plan du texte. On peut, à ce niveau, encadrer de crochets
les différentes parties du texte. Ici encore, il ne faut pas aller trop vite. Il convient, en fait, de
prendre son temps pour vérifier si les différentes parties trouvées correspondent bien au texte.

Dans la deuxième phase, il convient de ‘’questionner’’ le texte pour en tirer les


éléments du commentaire. On peut utilement recourir à la méthode QQQOCP ?
- Quoi ? De quoi s’agit-il dans ce texte ? Quels sont les domaines juridiques concernés ?
- Qui ou quel est l’auteur du texte ? A qui le texte s’adresse-t-il ?
- Quand ? quand le texte a-t-il été écrit ? Est-ce que la durée du texte a une importance ?
- Où ? De quel pays le texte est-il originaire ? Où a-t-il été publié ?
- Comment ? Par quels raisonnements et par quels procédés de technique juridique, le texte
parvient-il à ses objectifs ?
- Pourquoi ?
Dans cette méthode du questionnement du texte, on se sert à la fois des apports du texte à
commenter et de ses propres connaissances. Pour chaque question, on essaie de se souvenir de
ses connaissances utiles pour le commentaire. Il faut bannir ici, tout comme dans tout travail
intellectuel, la paraphrase. Une fois les matériaux rassemblés grâce aux deux premières
phases, il convient de construire le plan du commentaire de texte.
Comme le souligne si bien un auteur, ‘’il n’y a pas de plan-type valable pour tous les
commentaires de texte. Le plan doit être adapté à chaque texte. On peut simplement indiquer
une méthode pour trouver le plan’’. Et pour y arriver, il propose les cas suivants :
- ‘’le premier cas, le plus fréquent, est celui où le texte traite de deux ou trois
problèmes. Ces problèmes feront les parties du commentaire. Sauf obstacle
logique, on traite les problèmes par ordre d’intérêt décroissant.
- Le deuxième cas, par exemple celui d’un texte court ne traitant que d’un
problème, peut faire l’objet d’un plan technique.
Par exemple on peut traiter :
I. les conditions d’application du texte
II. la portée du texte’’.

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Le plan doit être détaillé de manière à faciliter la rédaction. Ce plan est précédé de
l’introduction qui a pour objet de situer le texte : genre, date, auteur, etc.. Elle dégage les
intérêts du texte, le plan du texte. Elle annonce et justifie le plan.

La dernière phase de l’élaboration du commentaire de texte est la rédaction du


commentaire. Il est inutile de rédiger au brouillon. Il vaut mieux, à ce niveau, consacrer plus
de temps à l’élaboration du plan détaillé. Les paragraphes rédigés doivent être clairs et pas
trop longs. Il est recommandé de ne jamais s’éloigner du texte. Il faut toujours revenir au
texte. En ce qui concerne le style de la rédaction, il doit être clair et précis.
Quel que soit, d’ailleurs, le type de texte à commenter, un travail préparatoire est
indispensable.
Ce travail doit être effectué au brouillon. Il est commun aux différents types de commentaires,
il consiste, principalement, à analyser le texte. Il faut donc distinguer ce qu’il ne faut pas
faire de ce qu’il faut faire.
 Ce qu’il faut alors éviter :

Trois choses :
- Ne pas paraphraser le texte c’est-à-dire reprendre des pends entiers du texte pour
les reproduire ;
- Eviter de s’éloigner du texte pour disserter. Le risque ici c’est le hors sujet ;
- Ne pas s’élancer dans un style obscur pour vouloir impressionner. La meilleure
manière d’impressionner consiste à faire simplement et correctement son devoir
sans procéder par un étalage de ses limites intellectuelles à travers un écrit pédant,
plein d’absurdité.
 Ce qu’il convient donc de faire :

Il faut être patient en procédant de la façon suivante :


- Lire attentivement le texte pour le comprendre au besoin 2 ou 3 fois ;
- Dégager la ou les idées essentielles du texte ;
- Lire à nouveau le texte mais cette fois-ci paragraphe par paragraphe en dégageant
la ou les idées essentielles. Ce corps à corps doit se faire, au besoin, en soulignant
les mots ou phrases clés ;
- Faire appel à toutes les connaissances se rapportant aux idées retenues ;
- Enfin, rassembler les idées en 2 ou 3 parties pour en extraire le plan.

III- LA REDACTION FINALE

La structure du devoir comprend 3 parties bien distinctes : l’introduction, le corps du devoir


et la conclusion.

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A- L’introduction

Il faut indiquer les points suivants :


1- La nature du texte (extrait de )
2- Le contexte de la loi, de la convention ou de la page doctrinale à commenter, c’est-à-
dire la thèse ou l’opinion généralement défendue par l’auteur et en rapport avec le
sujet ;
3- Indiquer l’intérêt, l’actualité, l’importance du thème ;
4- Les solutions annoncées dans le texte sont utilisées comme énoncé du plan
(annonce du plan).
NB : Seule l’introduction du commentaire d’arrêt n’exige pas un problème de droit
expressément posé. On n’est donc pas obligé de poser, de façon expresse, une question
dans l’introduction même s’il est évident que tout raisonnement n’a de sens que s’il
répond à une interrogation, une inquiétude sérieuse.

B- Le corps du devoir
- Ici le plan énoncé dans l’introduction permet de présenter les différentes parties
du commentaire ;
- Les solutions contenues dans le texte à commenter vont faire l’objet de
développement ;
- L’on cherche à relever leur crédibilité à la lumière de la pratique juridique en
vigueur de la doctrine, de la législation et de l’histoire du droit (droit comparé).
Les enseignants de droit ont du mal à s’accorder sur la méthode à suivre pour le raisonner au
niveau du développement. Ainsi, chaque enseignant insiste sur que doivent être
l’introduction et la conclusion tout en évitant de guider les étudiants au niveau du
développement. C’est comme si cela allait de soi. C’est comme si c’était la chose la plus
évidente et que l’étudiant n’a pas besoin de précision à ce niveau. On se contente de dire
que commenter c’est poser, expliquer et illustrer les thèses défendues dans un texte. Mais
comment poser ? Comment expliquer et comment illustrer ?
A notre avis, l’on pourrait dire aux étudiants que le raisonnement au niveau du
développement peut se faire comme suit :

Etape 1 : Dégager la position ou l’idée défendue dans le texte

Etape 2 : Expliquer la position défendue dans le texte

Etape 3 : Nuancer ou justifiez le bien fondé de cette position

Etape 4 : Prendre position ou s’aligner tout en se justifiant

Etape 5 : Passer à la seconde position ou idée défendue dans le texte, puis suivre les étapes
2 à 4 précédemment exposées.

Ceci n’est qu’une très simple manière de voir les choses. Il n’existe donc pas une seule
manière de commenter. Il revient à l’enseignant de suivre l’étudiant et de le guider jusqu’à
ce qu’il parvienne à construire sa propre méthode de raisonnement, sans toute fois le laisser

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faire de la répétition du texte sous d’autres formes, ou encore faire de la dissertation en lieu
et place du commentaire.

C- La conclusion

Deux points essentiels sont à retenir ici :


1- Il s’agit d’établir une sorte de bilan sur l’application du texte
2- Faire également une ouverture, une perspective d’avenir.

Tableau récapitulatif de la méthodologie du commentaire de texte

Introduction Développement Conclusion

1. La nature du texte (extrait de 1. Présenter les différentes 1. Etablir une sorte de


) parties du commentaire ; bilan sur l’application
2. Le contexte du texte : la thèse 2. Les solutions contenues du texte
ou l’opinion généralement dans le texte à commenter 2. Faire une ouverture,
défendue par l’auteur et en rapport vont faire l’objet de une perspective
avec le sujet ; développement ; d’avenir.
3. Indiquer l’intérêt, l’actualité, 3. L’on cherche à relever
l’importance du thème ; leur crédibilité à la lumière de
4. Les solutions annoncées dans le la pratique juridique en
texte sont utilisées comme énoncé vigueur de la doctrine, de la
du plan (annonce du plan). législation et de l’histoire du
droit (droit comparé).

 EXEMPLE N°1 DE COMMENTAIRE DE TEXTE:

THEME : CARACTERES ET FONDEMENT DE LA REGLE DE DROIT


Exercice : Commentez le texte suivant :

‘’Définir le Droit d’une manière homogène et définitive parait impossible. Le terme


« droit » est entendu par les moralistes, les religieux et certains philosophes, au sens de
« juste » et de « justice » alors que pour les juristes, il signifie « règle de droit ». Pour les uns,
il est un idéal, pour les autres, il est une norme positive. Certains n’y voient qu’une
« discipline d’action destinée à instituer ou préserver un certain état de la société » ; donc
une simple discipline sociale. D’autres y cherchent un ensemble de règles de bonne conduite.
Pour certains, le droit n’est qu’un aspect de phénomènes sociaux comme la sociologie ou
l’histoire. Pour d’autres, c’est « un système de représentations intellectuelles s’édifient
suivant des principes qui lui sont propres, de façon tout à fait indépendante des phénomènes
sociologiques ou historiques ». Certains pensent que ce n’est jamais que « le résultat
provisoire de la lutte séculaire livrée par les forces sociales et des rapprochements d’intérêts
qui peuvent, à certains moments s’opérer entre elles. D’autres rejettent l’idée que le droit

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ne que d’une évolution et d’un déterminisme matériel et soutiennent que le droit ne


résulte que de la volonté et de l’activité humaine’’.

NB : Ce texte a été soumis à l’étude d’étudiants de première année de droit à


l’Université de Cocody-Abidjan en 1993 sans qu’on ne leur précise sa source et son
auteur. Il en sera ici autant. Ces informations pourraient guider le lecteur. Or l’objectif,
c’est de le guider à savoir faire un commentaire de texte en toute objectivité sans se laisser
influencer par l’auteur et sa position doctrinale. Le proposé de correction ci-dessous
s’inscrit dans la même logique.
 CORRIGE PROPOSE

Introduction
C’est à la question de la définition du droit que nous convie l’étude de ce texte. L’auteur
du texte montre qu’il est impossible d’établir une définition « homogène et définitive du
droit ». Autrement dit, selon lui, la notion de droit ne bénéficie pas d’une définition
complète, satisfaisante et objective. C’est pourquoi, à travers ce texte, l’auteur nous propose
plusieurs perspectives et approches de définition de ladite notion (I) tant au regard de l’objet
et de la discipline elle-même qu’au regard du fondement de la règle de droit (II).

I- LA DEFINITION DU DROIT SUIVANT L’OBJET ET LA DISCIPLINE

Les divergences entre les différentes approches apparaissent aussi bien dans l’objet du droit
(A) que dans la définition de la discipline juridique (B).

A- L’OBJET DU DROIT

Par son objet, le droit apparaît pour les uns comme un idéal de justice et pour les autres
comme une règle positive (Expliquez à ce niveau ces deux perceptions du droit). Mais pour
le juriste, le droit ne se réduit pas à une approche simplement ou exclusivement positive.
Certaines règles de droit cherchent à concilier la positivité et l’idéal de justice (loi relative au
statut de la femme).

Le droit à été défini comme la recherche d’une bonne conduite sociale. Il en dégage deux
approches différentes. Une qui banalise le droit en le présentant comme une simple discipline
sociale et pour les autres établir une bonne conduite sociale.

Dans la 1ere approche on pourrait dire que le droit existe sans se forcer de rechercher le cadre
social dans lequel il a été formé. Dans la 2 ème approche, il s’agit de rechercher que le droit
n’est pas qu’une simple discipline sociale, mais une discipline sociale qui recherche la
cohésion sociale. Nous passons donc de l’objet à la discipline juridique.

B- LA DISCIPLINE JURIDIQUE

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Pour les uns, le droit est une discipline comme l’histoire et la sociologie, c’est-à-dire une
discipline qui étudie le comportement social de l’homme. En réalité le droit est bien plus que
cette approche. Il s’agit d’une discipline qui a sa spécificité.

L’auteur met en évidence cette spécificité. Nous rêvons à la positivité du droit c’est-à-dire
contrairement à l’histoire, le droit est une science qui étudie ce qui est. Et ces principes
propres du droit qui est une science en rapport avec le pouvoir politique dans ces relations
avec le citoyen, le gouvernement.

Le droit cherche à étudier les règles qui régissent les relations avec les citoyens et les relations
entre le pouvoir et la société (relation de droit public). C’est une science qui étudie le modèle
politique et social qui est en formation ou en consolidation sur la base de règles édictées et
plus ou moins précisées. Des divergences apparaissent dont le fondement même de la règle de
droit.

II- LA DEFINITION DU DROIT PAR SON FONDEMENT

Ces approches proposées par l’auteur pour expliquer le fondement du droit reposent sur des
théories qui proposent que le droit soit obligatoire en raison des rapports de force (A) qui le
font naître ou alors en raison de l’activité de l’homme que l’on qualifie de positivisme
juridique (B).

A- LE DROIT, RESULTAT DES RAPPORTS DE FORCE

Il s’agit essentiellement de la doctrine Marxiste pour qui le droit est une superstructure
idéologique conditionnée par l’infrastructure économique. Les contradictions qui font
évoluer l’infrastructure idéologique qu’est le droit. Il en est de même de la doctrine
positiviste et sociologique qui admet que le droit relève d’un certain type de rapports de la
société.

B- LE POSITIVISME JURIDIQUE

Le droit résulte pour les positivistes juridiques ou étatiques de l’autorité de l’homme. Le


droit est produit par l’Etat en cela nous faisons appel à Hegel qui affirme que ‘’le droit
c’est l’Etat’’. Avec eux, le droit se retrouve dans l’activité de l’Etat. Cette approche de
la définition du droit est insuffisante ; le fondement du droit peut se retrouver dans d’autres
théories : comme le juste nationaliste (le droit divin et le droit rationaliste).

Le problème est de savoir pourquoi la règle de droit existe et pourquoi elle est obligatoire. Et
c’est là la question du fondement du droit.

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 EXEMPLE N°2 DE COMMENTAIRE DE TEXTE:


THEME : DROIT CONSTITUTIONNEL : ETUDE DU REGIME PRESIDENTIEL

Commentez l’article 25 suivant de la Constitution ivoirienne du 3 novembre 19606

Article 25 : « les fonctions du Président de la République sont incompatibles avec l’exercice


de tout mandat parlementaire, de tout emploi public et de toute activité professionnelle. Les
fonctions de membre de gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout emploi
public et de toute activité professionnelle. Le parlementaire nommé membre du
Gouvernement ne peut siéger au parlement pendant la durée de ses fonctions ministérielles ».
 CORRIGE PROPOSE

Introduction
- Situer l’article 25 de la constitution dans le système politique établi par la Côte d’Ivoire.

- Mais, noter que son contenu va au-delà du régime présidentiel choisi par la Côte d’Ivoire,
d’autant que les incompatibilités qu’il prévoit transcendent le niveau du régime politique
choisi.

- Enoncer les deux axes qu’offre l’article 25 de la constitution. Ce sont :


* l’affirmation des incompatibilités touchant le pouvoir exécutif ;

* le régime des incompatibilités.


I- L’AFFIRMATION DES INCOMPATIBILITES TOUCHANT LE POUVOIR EXECUTIF

A- Le principe des incompatibilités

1. L’affirmation tranchée du principe (voir l’usage de l’indicatif qui vaut impératif) ;

2. Les incompatibilités touchent le Président de la République autant que les membres du


gouvernement.

B- L’étendue des incompatibilités

1. incompatibilités tenant au régime politique : l’incompatibilité avec le mandat


parlementaire

2. les incompatibilités tenant à la mission du pouvoir exécutif : incompatibilité avec tout


emploi public, incompatibilité avec toute activité professionnelle.
II- L’ORIGINE DES INCOMPATIBILITES

A- Des incompatibilités absolues

1. Leur domaine d’application personnel

6
Sujet d’examen de droit constitutionnel, Université de Cocody- Abidjan, session décembre 1998.

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2. leur domaine d’application matériel

B- Une incompatibilité relative


1. Elle ne concerne pas le statut

2. Elle n’affecte pas la fonction.

Conclusion

- Le bilan

- Ouverture, perspectives.

 EXEMPLE N°3 DE COMMENTAIRE DE TEXTE (EXERCICE NON TRAITE):

Commentez l’article 69 de la loi du 02 Août 1983 relative au mariage : « Le mariage a pour


effet de créer entre époux une communauté de biens à moins que ceux-ci ne déclarent
expressément opter pour le régime de la séparation de biens ».

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TITRE IV :
LE COMMENTAIRE D’ARRÊT

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TITRE IV : LE COMMENTAIRE D’ARRÊT


Le commentaire d’arrêt se définit comme étant un jugement de valeur porté sur une
décision rendue par une juridiction7. Quelle est la méthode du commentaire d’arrêt ?
Comment détermine-t-on son introduction et comment se fait sa rédaction ?

Section I : La méthode du commentaire d’arrêt


L’étude de la jurisprudence représente une part importante du travail du juriste et plus
particulièrement du civiliste, qui doit étudier et éventuellement critiquer les décisions de
justice. En effet, les plus intéressantes de ces décisions sont publiées dans des recueils de
jurisprudence et sont souvent suivies de ‘’notes’’ rédigées par des théoriciens ou des
praticiens appelés les ‘’arrêtistes’’. Ces notes constituent des commentaires d’arrêt et
c’est à des exercices de ce genre que l’étudiant se trouve convié.
C’est un travail à la fois très formateur et très délicat. Il diffère de celui de ‘’l’arrêtiste’’
en ce que ce dernier commente et critique des décisions très récentes et ignore les incidences
qu’elles auront dans l’avenir. Alors que l’étudiant commentera en général des arrêts déjà
anciens et devra indiquer quelle a été leur portée.
Il est donc difficile, assez difficile de définir une méthode de commentaire d’arrêt, car celui-
ci variera selon chaque décision. Le commentaire d’arrêt porte sur une décision de justice qui
peut être un jugement ou un arrêt.
- Avant tout, il faut lire attentivement la décision à commenter pour comprendre son
sens ;
- Ne pas paniquer face au langage technique que caractérise ce genre de texte ;
- Distinguer les intérêts en jeu afin de déterminer ce que veut chacune des parties en
litige tranché par le juge.

I- La fiche d’arrêt ou la marche vers l’élaboration de


l’introduction du commentaire d’arrêt
La fiche d’arrêt a pour objet de formuler, en termes juridiques, le problème posé à la
juridiction qui a rendu la décision et la solution qui y est apportée.
Les fiches d’arrêts comprennent :
1. Les faits : on y expose seulement les événements rapportés par la décision et
indispensables à la compréhension de la situation. Il faut, en premier lieu, faire un historique
des faits de la cause. Ils figurent en général au début de la décision dans les premiers
‘’attendu que’’ ou ‘’considérant que’’ . Mais il peut se faire que certains faits
soient exposés ailleurs. Aussi, la décision doit-elle être lue et relue avec la plus grande
attention. Lorsque la situation est complexe, il est bon de prendre des notes et même de
dresser un tableau chronologique des faits (dans la phase préparatoire du travail).
2. La procédure suivie jusqu’à la décision étudiée (exposée très rapidement) : Il faut
ensuite dégager le déroulement de la procédure jusqu’à la décision à commenter, en
indiquant quelles sont les juridictions saisies successivement, leur décision et leur motivation,
7
Jacques VOULET : l’interprétation des arrêts de la cour de cassation ; JCP.1970.I - 2305’’.

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les voies de recours utilisées et s’il s’agit d’un arrêt de la cour de cassation, les moyens du
pourvoi dans la mesure où ils sont exposés dans la décision.
Ces éléments se trouvent en général dans les attendus au début ou à la fin de l’arrêt, mais il
faut parfois les compléter en déduisant certains éléments inconnus d’autres qui sont connus.
Ainsi, si la décision mentionne un arrêt d’appel sans donner d’indication sur le jugement de
première instance, mais en précisant le caractère infirmatif ou confirmatif de l’arrêt de la
cour d’appel, cette indication permettra de déduire la solution donnée en première instance.
Ces diverses indications doivent permettre de passer à une 3ème étape qui consiste à poser :
3. Le problème juridique : il doit être déterminé et être énoncé d’une façon aussi claire et
précise que possible, la question de droit qui se pose. Mais comment arriver à dégager le
problème de droit d’une décision de justice ?
Certains estiment qu’il faut se baser sur les prétentions des parties à l’instance et d’autres
pensent qu’il faut se référer à la solution formulée par le juge pour cerner la question qui lui
était posée. Mais en réalité, la méthode la plus juste consiste à rechercher le problème de droit
à la lumière des prétentions de la partie qui a saisi le juge ayant rendu la décision à
commenter. Par exemple : une femme saisit le juge aux fins de prononcer le divorce parce que
son époux est un homme faible qui n’est capable de dire ses quatre vérités à un autre homme.
Le juge répondra si oui ou non il peut avoir divorce pour une telle raison. Autrement dit, est-
ce qu’une femme peut demander et obtenir le divorce au motif que son époux est un homme
faible ?
4. La solution donnée par la juridiction et les motifs sur lesquels elle est fondée : enfin il
faut indiquer sommairement quelle est la solution apportée par la décision et les motifs sur
lesquels elle se base. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra passer à la phase de discussion
qui va constituer l’essentiel du devoir.
5. L’appréciation de la décision : par rapport à la loi, par rapport à la jurisprudence.
L’appréciation revient à préciser que toute cette analyse doit être aussi concise que possible
car elle ne constituera que l’introduction du devoir.
Le corps du sujet étant constitué par la discussion qui sera traitée suivant un plan annoncé à la
fin de l’introduction.
Ainsi, l’introduction du commentaire d’arrêt doit suivre les étapes de raisonnement
suivantes :
1. S’il s’agit de l’introduction du commentaire d’un seul arrêt
- Indiquer la nature de la décision juridictionnelle en usant de la terminologie
juridique appropriée (jugement, arrêt (appel, cassation), décision du conseil
constitutionnel) ;
- Indiquer la place ou l’importance du thème général de l’arrêt ;
- Rappeler ou reconstituer les faits et la procédure suivie ;
- Poser le problème juridique soulevé par l’affaire (la question à laquelle le juge
devait répondre) ;
- Envisager la ou les solutions sous forme de plan (le commentaire portera sur la
décision du juge).
-

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2. S’il s’agit de l’introduction d’un commentaire conjoint d’Arrêts

1- La situation (on situe les deux Arrêts cumulativement). Exemple : le texte soumis à
notre analyse est composé de deux arrêts de la cour suprême d’Abidjan. Le 1 er a été
rendu le .par la chambre civile et le second a été rendu trois plus tard, le .
par la même chambre civile.

2- Donner simultanément les faits des deux Arrêts. Exemple : des faits du premier arrêt,
il ressort que « .. ». dans le second arrêt, il est reproché à «
. ».

3- Procédure: Donner successivement, comme cela a été fait au niveau des faits, la
procédure des deux Arrêts ;

4- Le problème de droit est unique aux deux Arrêts ;

5- Donner successivement les deux solutions des deux Arrêts ;

6- Annoncer un plan conjoint aux deux Arrêts.

 CE QUE L’ON DOIT SAVOIR POUR MIEUX COMPRENDRE UN ARRET

1. L’articulation de la décision :
Une décision de justice s’articule comme suit :
- la référence ou l’indication de la juridiction et la date
Exemple : Tribunal de première Instance de Korhogo, Jugement civil du 26 septembre 2015
- Le visa : il est énoncé à travers l’expression « vu » suivi de l’énoncé de la règle de
droit « vu l’article 1134 du code civil » ;
- L’exposé objectif des faits : ils se situent soit après le chapeau (visa), soit en tête de
l’arrêt lorsqu’il y a plusieurs moyens auxquels il convient de répondre.
- Le grief fait à la décision attaquée : « attendu que, pour accueillir ou pour rejeter la
demande, l’arrêt retient . ». Le grief est suivi des motifs jugés erronés par le
demandeur au pourvoir. Ensuite vient l’expression « Mais attendu que » permettant à
la Cour d’introduire sa décision.
- Le conclusif : permet de conclure en donnant de façon effective la solution de la Cour
de cassation. L’expression qui permet de l’exprimer se formule comme suit :
« qu’en statuant ainsi, la cour d’appel (les juges du fond) a violé le texte susvisé »
ou bien « qu’en se déterminant ainsi, la cour d’appel n’a pas donné de base légale
à sa décision ».
2- Le raisonnement dans un arrêt de cassation se présente, en général, comme suit :
- La règle : le visa et le chapeau ;
- La juridiction du fond a décidé ceci ;
- Mais en statuant ainsi, elle a violé la loi (le conclusif).
3- Le raisonnement dans un arrêt de rejet se formule comme suit :
- La règle : le visa et le chapeau ;
- Les griefs formulés contre la décision attaquée ;

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- Moyens juridiques de ce grief : « Alors, selon le moyen, que » ;


- Rejet du grief par la cour de cassation introduit par l’expression « Mais attendu . ».
4- Notions à préciser :
 Les moyens : ce sont les critiques en faits et en droit formulées par un demandeur au
pourvoi contre une décision rendue par les juges du fond. Un moyen vient rejeter une
position défendue par un juge précédent. En principe, il y aura autant de moyens qu’il
y a de critiques à formuler contre une décision. Les moyens sont introduits par
l’expression « alors que ».
 Les motifs : ils désignent les motivations qui ont convaincu le juge ayant rendu la
décision attaquée.
 Le dispositif : il désigne l’énoncé final de la décision. Il est introduit par les
expressions : « Par ces motifs ». Pour un arrêt de cassation, il est formulé comme suit :
« Par ces motifs, casse et annule ». Pour un arrêt de rejet, ce sera : « Par ces motifs,
rejette le pourvoi ».

Exercice d’application : Faites la fiche de cet arrêt de la 1ère chambre civile,


Cour de Cassation 10 décembre 1985
Arrêt

La COUR : - Sur le moyen unique : Vu le principe selon lequel l’enfant conçu est réputé né
chaque fois qu’il y va de son intérêt. - Attendu que Bernard Segers, au service de la Soc. Comex,
avait adhéré, le 20 aout 1979, à une police d’assurance-groupe souscrite par son employeur pour
son personnel auprès de la compagnie Européenne d’assurance sur la vie (Euravie), laquelle
garantissait, en cas de décès, le paiement d’un capital d’un montant de 200% du salaire de base,
majoré de 30% par enfant à charge vivant au foyer de l’assuré ; que Bernard Segers, déjà père de
trois enfants, dont deux issus d’un premier mariage, a désigné comme bénéficiaire de
l’assurance-groupe sa seconde épouse Brigitte Segers, née Bonneau, et, à défaut ses enfants ;
qu’il est décédé le 1er mars 1980 ; que Mme Segers a mis au monde deux jumeaux le 24 mai
1980 ; que la compagnie Euravie lui a réglé la somme de 522 300 F, mais a refusé de tenir compte
des deux enfants qui n’étaient pas nés au moment de la réalisation du risque ; que Mme Segers a,
le 30 juillet 1981, assigné cet assureur en paiement de la somme complémentaire de 108 062, 25 F.

Attendu que l’arrêt attaqué (Paris, 24 mai 1984) a rejeté sa demande, aux motifs essentiels que la
seule bénéficiaire contractuellement désigné de l’assurance-décès était Mme Segers, que la clause
de la police était « envisagée comme une notion de seul fait » et que les enfants simplement conçus
dont il s’agit « ne vivaient pas au foyer de l’assuré » - Attendu, cependant, que si les conditions
d’application du contrat d’assurance-décès doivent être appréciées au moment de la réalisation
du risque, la détermination des enfants à charge vivant au foyer doit être faite en se conformant aux
principes généraux du droit, spécialement à celui d’après lequel l’enfant conçu est réputé né
chaque fois qu’il y va de son intérêt, étant observé que la majoration du capital-décès, lorsqu’il
existe des enfants à charge, est destinée à faciliter l’entretien de ces enfants ; qu’en statuant
comme elle l’a fait, en écartant, pour le calcul de majoration du capital-décès, les enfants
simplement conçus et qui, en l’espèce, sont nés viables, la cour d’appel a violé la règle susvisée ;
Par ces motifs, casse , renvoie devant la cour d’appel de Versailles.

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Exemple de lecture simplifiée de l’ arrêt :


Arrêt de la 1ère chambre civile, Cour de Cassation 10 décembre 1985
Pour comprendre un arrêt, il faut savoir le lire. Ainsi, avec un crayon à la main, vous barrez toutes
les expressions propres au langage du juge et vous avez un texte simple et aisé à comprendre.
Suivez bien cet exemple :
Arrêt

La COUR :

- Sur le moyen unique : Vu le principe selon lequel l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il
y va de son intérêt.

- Attendu que Bernard Segers, au service de la Soc. Comex, avait adhéré, le 20 aout 1979, à une
police d’assurance-groupe souscrite par son employeur pour son personnel auprès de la
compagnie Européenne d’assurance sur la vie (Euravie), laquelle garantissait, en cas de décès, le
paiement d’un capital d’un montant de 200% du salaire de base, majoré de 30% par enfant à
charge vivant au foyer de l’assuré ; que Bernard Segers, déjà père de trois enfants, dont deux issus
d’un premier mariage, a désigné comme bénéficiaire de l’assurance-groupe sa seconde épouse
Brigitte Segers, née Bonneau, et, à défaut ses enfants ; qu’il est décédé le 1er mars 1980 ; que
Mme Segers a mis au monde deux jumeaux le 24 mai 1980 ; que la compagnie Euravie lui a réglé
la somme de 522 300 F, mais a refusé de tenir compte des deux enfants qui n’étaient pas nés au
moment de la réalisation du risque ; que Mme Segers a, le 30 juillet 1981, assigné cet assureur en
paiement de la somme complémentaire de 108 062, 25 F.

Attendu que l’arrêt attaqué (Paris, 24 mai 1984) a rejeté sa demande, aux motifs essentiels que la
seule bénéficiaire contractuellement désigné de l’assurance-décès était Mme Segers, que la clause
de la police était « envisagée comme une notion de seul fait » et que les enfants simplement conçus
dont il s’agit « ne vivaient pas au foyer de l’assuré » - Attendu, cependant, que si les conditions
d’application du contrat d’assurance-décès doivent être appréciées au moment de la réalisation
du risque, la détermination des enfants à charge vivant au foyer doit être faite en se conformant aux
principes généraux du droit, spécialement à celui d’après lequel l’enfant conçu est réputé né
chaque fois qu’il y va de son intérêt, étant observé que la majoration du capital-décès, lorsqu’il
existe des enfants à charge, est destinée à faciliter l’entretien de ces enfants ; qu’en statuant
comme elle l’a fait, en écartant, pour le calcul de majoration du capital-décès, les enfants
simplement conçus et qui, en l’espèce, sont nés viables, la cour d’appel a violé la règle susvisée ;
Par ces motifs, casse , renvoie devant la cour d’appel de Versailles.

NB : Il suffit de supprimer de ce texte les mots qui ont été barrés et de remplacer les points
virgules par des points. Vous aurez alors un texte très simple et facile à comprendre. Voici la
preuve ci-dessous présentée.

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COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

Exemple de Texte simplifiée de l’ arrêt :


Arrêt de la 1ère chambre civile, Cour de Cassation 10 décembre 1985
Voici comment se présente le texte de l’arrêt lorsqu’on y retire les expressions du langage
technique qu’utilise le juge :
Arrêt

La COUR :

- Sur le moyen unique : Vu le principe selon lequel l’enfant conçu est réputé né chaque fois
qu’il y va de son intérêt.

Bernard Segers, au service de la Soc. Comex, avait adhéré, le 20 aout 1979, à une police
d’assurance-groupe souscrite par son employeur pour son personnel auprès de la compagnie
Européenne d’assurance sur la vie (Euravie), laquelle garantissait, en cas de décès, le paiement
d’un capital d’un montant de 200% du salaire de base, majoré de 30% par enfant à charge vivant
au foyer de l’assuré.

Bernard Segers, déjà père de trois enfants, dont deux issus d’un premier mariage, a désigné
comme bénéficiaire de l’assurance-groupe sa seconde épouse Brigitte Segers, née Bonneau, et, à
défaut ses enfants. Il est décédé le 1 er mars 1980. Mme Segers a mis au monde deux jumeaux le 24
mai 1980. La compagnie Euravie lui a réglé la somme de 522 300 F, mais a refusé de tenir compte
des deux enfants qui n’étaient pas nés au moment de la réalisation du risque. Mme Segers a, le 30
juillet 1981, assigné cet assureur en paiement de la somme complémentaire de 108 062, 25 F.

L’arrêt attaqué (Paris, 24 mai 1984) a rejeté sa demande, aux motifs essentiels que la seule
bénéficiaire contractuellement désigné de l’assurance-décès était Mme Segers, que la clause de la
police était « envisagée comme une notion de seul fait » et que les enfants simplement conçus dont
il s’agit « ne vivaient pas au foyer de l’assuré ».

Cependant, si les conditions d’application du contrat d’assurance-décès doivent être appréciées


au moment de la réalisation du risque, la détermination des enfants à charge vivant au foyer doit
être faite en se conformant aux principes généraux du droit, spécialement à celui d’après lequel
l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il y va de son intérêt, étant observé que la majoration
du capital-décès, lorsqu’il existe des enfants à charge, est destinée à faciliter l’entretien de ces
enfants. En statuant comme elle l’a fait, en écartant, pour le calcul de majoration du capital-décès,
les enfants simplement conçus et qui, en l’espèce, sont nés viables, la cour d’appel a violé la
règle susvisée ; Par ces motifs, casse , renvoie devant la cour d’appel de
Versailles.

NB : Il suffit seulement de relire attentivement ce texte et l’on comprend aisément les faits, ce
que le juge a décidé ainsi que ce sur quoi il s’est basé pour prendre une telle décision. On peut
alors aisément faire la fiche de cet arrêt.

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II- Proposition d’un exemple de fiche d’arrêt :


Référence : C’est un Arrêt de la première chambre civile de la cour de cassation française,
rendu le 10 décembre 1985.

Les faits : Monsieur Segers souscrit un contrat d’assurance-vie et propose comme « clause
spéciale » Madame Brigitte Segers sa 2ème épouse comme bénéficiaire de ladite assurance et à
défaut ses enfants à charge vivant dans le foyer. Après son décès en 1980, Madame Segers
met au monde des jumeaux dont la compagnie refuse de tenir compte.

La procédure : Madame Segers saisie le tribunal pour obtenir le complément de la somme


que lui a réglé la compagnie. La réponse de cette juridiction n’ayant pas rassuré toutes les
parties, la Cour d’Appel de Paris est saisie à son tour.

NB : Pour certains auteurs, on ne devrait pas faire allusion à la saisine de la Cour d’Appel,
car on ignore laquelle des parties l’aura saisie. Comme vous pouvez le remarquer, il nous
semble possible de préciser que la Cour d’Appel a connu de l’affaire sans être tenu de
préciser l’identité de l’appelant (demandeur en appel).

Solution de la Cour d’Appel : La cour d’appel de paris rejette la demande de madame


Segers aux motifs que contrairement aux clauses du contrat les enfants conçus ne vivaient pas
encore au foyer de l’assuré au moment de la réalisation du risque. Madame Segers,
insatisfaite par cette décision, saisie la cour de cassation.

Problème de droit : Une mère est-elle en droit exiger un assureur la prise en compte
d’enfants nés après le décès son époux alors que cette assurance devrait profitée aux enfants
à charge au moment du décès de son conjoint ?

Solution de la cour de cassation : La cour de cassation française casse la décision de la cour


d’Appel de Paris et renvoie l’affaire devant la cour d’appel de Versailles aux motifs que
l’enfant simplement conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y va de son intérêt. Et
que partant de là, la cour d’appel de Paris a violé la règle susvisée.

Section II : Le corps du commentaire d’Arrêt : La discussion


Selon Jacques VOULET8, ‘’le commentaire d’un arrêt n’est rien d’autre que la discussion
de son sens et de sa portée. Aussi, une décision a-t-elle été analysée et le problème juridique
posé, on va pouvoir réellement ‘’commenter’’ la décision, c’est-à-dire la discuter. Le
plan à suivre est très variable, il sera toutefois en général en 2 ou 3 parties. Il faut éviter
soigneusement le procédé qui consiste à faire autant de parties qu’il y a d’attendus, par
contre si la décision pose plusieurs problèmes juridiques, on pourra les traiter successivement
en autant de parties.

Quel que soit le plan adopté, il faut garder présent à l’esprit quelques principes directeurs : le
commentaire d’un arrêt doit essentiellement en préciser : le sens, la valeur et la portée, mais
ces trois notions ne doivent pas constituer le plan.
8
Jacques VOULET : l’interprétation des arrêts de la cour de cassation JCP. 1970 – I - 2305

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1. Le sens : il conviendra de replacer la décision dans son cadre, c’est-à-dire d’examiner si


elle est conforme aux textes d’abord mais aussi à l’ensemble de la jurisprudence antérieure
à la doctrine. Cette première étude permettra de déterminer s’il s’agit d’une décision
novatrice ou au contraire conforme aux solutions acquises, si elle constitue une étape de
l’évolution jurisprudentielle, un revirement de jurisprudence, ou s’il s’agit d’une décision
isolée9.

2. La valeur : c’est là que s’instaure réellement la discussion à partir des éléments connus qui
viennent d’être dégagés. Chaque motif doit être étudié et critiqué. Une appréciation
juridiquement motivée doit être donnée sur chaque argument, les lacunes éventuelles doivent
être soulignées. Toutefois, cette partie du travail, qui, est certainement la plus délicate, doit
être menée avec prudence et mesure et surtout très solidement étayée10.

3. La portée : enfin, il faut tenter de déterminer l’influence qu’aura cette décision en ce qui
concerne le problème posé. Mais cette partie du travail, très intéressante pour
‘’l’arrêtiste’’ qui commente une décision toute récente, qui lui permet de tenter de
prédire le sort réservé à la solution qu’elle apporte, est plus restreinte pour l’étudiant qui
commente une décision déjà ancienne et dont l’influence est connue11.

Toutefois, selon que cette décision exprime un revirement de jurisprudence ou au contraire


une étape dans une évolution, ou encore n’est qu’une décision isolée qui n’a pas de suite, il
sera parfois intéressant d’indiquer quelles ont été ses incidences.

Il sera même parfois possible, en guise de conclusion, d’indiquer l’influence de la décision


non plus dans le domaine précis où elle a été prise, mais sur la solution de problèmes
connexes ou même dans les domaines voisins.

En conclusion, on notera que bien que le devoir ne sera pas, en réalité, divisé en deux parties :
analyse et discussion. L’analyse constituera l’entrée en matière ou l’introduction, c’est-à-
dire environ une bonne page.

La discussion constituera le devoir proprement dit, c’est-à-dire la plus importante de la


copie et c’est là que l’étudiant devra choisir un plan qu’il n’oubliera pas d’indiquer à la
fin de son introduction. Le devoir ne doit pas non plus être divisé en trois parties : sens,
valeur, portée. Ces éléments une fois dégagée, doivent seulement servir à étoffer le devoir. Le
plan à adopter peut varier selon qu’il y a un ou plusieurs problèmes juridiques à étudier :

- S’il y a deux ou plusieurs problèmes à résoudre, les distinguer nettement en


deux ou plusieurs parties : dans le cas d’un arrêt de la cour suprême ou de la cour de
cassation les moyens du pourvoi ou les branches d’un moyen sont de bons indicatifs. Car ils
tendent généralement à démontrer que telle règle de droit n’a pas été observée ou a été mal
appliquée. De même, la réfutation ou l’approbation de la cour de cassation peut-être

9
Idem.
10
Jacques VOULET ; Idem.
11
Jacques VOULET ; Ibidem.

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articulée en plusieurs points. Il sera donc possible de reprendre ces distinctions du moins
lorsque les arguments présentés sont de nature différente.

- S’il n’y a qu’un problème juridique, le plan doit s’y adapter et être conçu
selon 2 ou plusieurs axes, en relation étroite avec le point de droit discuté. Il s’agira souvent
de 2 aspects complémentaires (par exemple, une faute a pu être analysée comme la violation
d’une règle à laquelle s’est ajoutée une erreur de conduite) ou de 2 aspects opposés (par
exemple : le nom est considéré par le pourvoi comme l’objet d’un droit de propriété, alors
que la cour de cassation en fait un droit de la personnalité.

Un autre plan possible. On pourrait consacrer une 1 ère partie à indiquer le sens de l’arrêt
d’après le contexte antérieur : loi, doctrine, jurisprudence et se livrer dans une 2 ème partie à
une étude critique de la valeur de l’arrêt en motivant juridiquement toute prise de position.

Enfin la portée de l’arrêt, c’est-à-dire son influence sur la doctrine et la jurisprudence


postérieure, voire sur les textes, peut généralement constituer une conclusion ; toutefois si elle
est très importante on aura intérêt à la traiter dans la 2 ème partie sous forme de sous-
partie12’’. Ces développements ci-dessous montrent comment un commentaire d’arrêt doit
être mené. De façon plus simple, les étapes du raisonnement se présentent comme suit :

 Une introduction :

- Quelques phrases pour situer le sujet et ‘’amener’’ la décision,

- Le résumé très rapide mais très complet et très précis des faits de la cause ;

- Le déroulement chronologique de la procédure jusqu’à la décision analysée, aussi


complet que possible,

- Le ou les problèmes juridiques posés et en quelques mots très brefs, la ou les


solutions.

 Un développement :

Pour réussir le développement du commentaire d’arrêt :

 S’il s’agit d’un Arrêt unique :


- Il s’agit d’apprécier la solution donnée par le juge
- Dire si oui ou non elle correspond à la réalité des faits et du droit.

En somme il faut :
1- Dans un premier temps, donner le sens de la décision en expliquant ce que le juge a
voulu dire dans sa décision.
2- Dans un second temps, critiquer la décision, c’est-à-dire rechercher sa conformité au
droit, (qui est le texte légal ou la jurisprudence), en prendre la défense ou au contraire
l’attaquer en droit surtout bien entendu et éventuellement sur d’autres plans.

12
Jacques VOULET ; précité.

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3- Dans un dernier temps : découvrir la portée que cette décision a eu ou peut avoir dans
l’avenir dans le domaine du droit considéré ou ailleurs.

 S’il s’agit d’un commentaire conjoint :

Analyser conjointement les solutions des deux Arrêts en suivant les mêmes étapes de
raisonnement que le commentaire d’un seul Arrêt.

 Une conclusion :

Elle sera axée essentiellement sur l’apport de l’arrêt c’est-à-dire de nous dire si nous
sommes en présence d’arrêt de principe ou d’un arrêt confirmatif ou d’un arrêt de
revirement jurisprudentiel.

NB : Ces quelques indications, très sommaires, ont essentiellement pour but de donner une
méthode de travail, mais il est évident qu’il ne s’agit là que d’un cadre souple et non des
règles rigides. Il conviendra d’adapter ces conseils à l’arrêt à commenter, mais en
conservant toujours à l’esprit trois idées (nécessité absolue) :
- D’un plan très net ;

- D’une analyse aussi précise et concise que possible

- D’une discussion toujours parfaitement motivée.

L’étudiant aura d’ailleurs intérêt à lire des ‘’notes de jurisprudence’’ pour se


familiariser avec la technique de cet exercice si particulier qu’il aborde pour la première fois.

- Pour mener la discussion, il faut d’abord faire le point des divers arguments en présence. En
général, ces arguments sont reproduits dans l’arrêt, qui expose les thèses des parties, puis
celle de l’arrêt, (arrêt de cour d’appel) ou la thèse du pourvoi et celle de la cour de cassation
(arrêt de la cour de cassation). On recherchera donc dans le texte de l’arrêt ces divers
arguments que l’on s’efforcera de séparer et de clarifier s’ils se présentent sous forme
enchevêtrée.

Parfois, au contraire, l’arrêt affirme une solution sans la justifier. Il faut alors chercher en
dehors de l’arrêt (dans des arrêts antérieurs, dans le cours, dans les manuels) sa justification.
De toute façon, il n’est jamais interdit d’ajouter d’autres arguments à ceux de l’arrêt.

- Les divers arguments étant réunis, il faut les ordonner, pour que le commentaire soit
présenté logiquement.

Plusieurs plans sont possibles :

 Arguments de droit, puis arguments de fait ou d’équité ;

 Arguments pour, puis arguments contre (ou inversement) ;

 Arguments contenus dans l’arrêt, puis autres arguments.

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Le premier type de plan parait le meilleur, car il peut toujours être utilisé. Mais, selon les
espèces, les deux autres (la liste n’est d’ailleurs pas limitative) pourront lui être préférés.
L’exposé de ces arguments, discutés un à un, doit se terminer par votre opinion sur l’intérêt.
Le commentaire est un jugement de valeur porté sur une décision.

Si le jugement porté sur un arrêt doit être ferme et motivé ; il doit aussi être exprimé avec
mesure et discrétion. Les expressions telles que ‘’la cour de cassation a été mal avisée
de ’’ ou ‘’la cour a commis une erreur grossière en jugeant que ‘’ sont à proscrire
absolument. En toute hypothèse d’ailleurs, une critique exprime en termes mesurés a
beaucoup plus de poids qu’une affirmation agressive, polémique ou désobligeante.

c) la portée de l’arrêt

Un commentaire n’a de valeur que s’il est orienté vers l’avenir, et s’il permet de mesurer
la portée de l’arrêt, c’est-à-dire les conséquences qu’il est susceptible d’entrainer, et,
éventuellement, les développements futurs qu’il annonce.

L’étude de la portée de l’arrêt complète ainsi heureusement celle de ses précédents et de


son sens actuel, et achève de le situer dans la vie juridique. Pour cela, il faut d’abord se
demander si l’on est en présence d’un arrêt d’espèce ou d’un arrêt de principe.

L’arrêt est un arrêt d’espèce s’il se contente d’apporter une entorse à un principe, en
fonction d’une hypothèse de fait particulièrement favorable, et qui ne risque pas de se
reproduire trop souvent. Il en est ainsi, assez fréquemment, des arrêts de rejet de la cour de
cassation. La cour de cassation statue en équité lorsqu’elle constate que la décision
entreprise est juste et que, mieux rédigée, elle échapperait à sa censure.

Mais il arrive également qu’un revirement de jurisprudence se fasse annoncer par des arrêts
d’espèce. Une grande prudence est donc nécessaire dans l’appréciation des arrêts de rejet.
Les arrêts de cassation en revanche, sont généralement des arrêts de principe, en raison de la
pratique du ‘’chapeau’’ dans lequel la cour de cassation indique à la cour de renvoi la
règle juridique à suivre.

De toute façon, lorsque le commentaire porte sur un arrêt ancien, il faut rechercher les
décisions postérieures à l’arrêt commenté.

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 EXEMPLE DE COMMENTAIRE D’ARRÊT : CIV 1 24 MAI 199313

Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que Mme Colette X... a mis au
monde, le 18 octobre 1943, une fille, prénommée Françoise, qu'elle a reconnue ; qu'un
jugement du tribunal civil d'Epinal, du 17 mai 1945, a condamné Y... à verser une
pension alimentaire à Mme X... en se fondant sur les termes d'un acte sous seings privés
du 31 juillet 1943 par lequel Y..., alors époux de Mme Z..., reconnaissait l'enfant à
naître et s'engageait à pourvoir à son entretien ; que, le 12 janvier 1989, Mme Françoise
X... a assigné Mme Z..., veuve Y..., pour faire constater sa possession d'état d'enfant
naturel à l'égard de Y..., décédé en mai 1988 ; que l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 29
mai 1991) l'a déboutée de sa demande ;

Sur le premier moyen :

Attendu que Mme Françoise X... fait grief à cet arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le
moyen, qu'en présence du jugement, devenu irrévocable, du tribunal d'Epinal rappelant
la teneur de la reconnaissance souscrite par Y... et constatant que celui-ci était le père de
Mme X..., la cour d'appel, en décidant, que cette reconnaissance n'était pas établie, a
violé l'article 334 ancien, devenu article 335 du Code civil ;
Mais attendu que, pour présenter le caractère d'authenticité exigé par l'article 334 ancien
du Code civil, dont les dispositions ont été reprises par l'article 335, l'aveu de paternité
constaté judiciairement doit avoir été fait devant un juge ou être contenu dans un acte de
procédure établi sur les instructions de celui à qui on l'oppose ; qu'en l'espèce, l'arrêt
constate que le jugement du tribunal d'Epinal - qui n'a statué que sur des aliments - a été
prononcé par défaut, Y... n'ayant pas comparu ; que par ce seul motif, la cour d'appel a
légalement justifié sa décision ;

Et sur le second moyen :

Attendu qu'il est encore reproché à la cour d'appel de s'être prononcée comme elle a fait,
alors, selon le moyen, qu'ayant énoncé que "les correspondances échangées entre Mme
X... mère et M. Y..., puis entre celui-ci et Mme Françoise X... démontraient
indiscutablement qu'il tenait bien celle-ci pour sa fille naturelle" et que "les proches de
Mme X... mère et de Mme Françoise X... étaient informés de cette situation", les juges
du second degré, en décidant, néanmoins, que les éléments constitutifs de la possession
d'état revendiquée par Mme X... n'étaient pas réunis, n'ont pas tiré les conséquences
légales de leurs propres constatations, violant ainsi les articles 311-1, 311-2 et 334-8 du
Code civil ;

Mais attendu qu'ayant constaté que le comportement adopté par Y... à l'égard de Mme
Françoise X... et de la mère de celle-ci, ne l'avait été qu'à l'occasion de relations
épisodiques, la cour d'appel a pu estimer que les divers éléments relevés étaient
insuffisants pour caractériser la possession d'état telle qu'elle est définie par les articles
311-1 et 311-2 du Code civil ; qu'elle a ainsi légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.

 CORRIGE PROPOSE DU COMMENTAIRE DE L’ARRËT


13
http://forum-juridique.net-iris.fr/entraide-aux-etudiants-droit/46506-a-laide-commentaire-darret.html.

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COMMENTAIRE D’ARRÊT CIV 1 24 MARS 199314

L’enfant conçu et né hors mariage est un enfant naturel. Si l’établissement de sa filiation


maternelle naturelle ne suscite que peu de difficultés il en va différemment de
l’établissement de sa filiation paternelle laquelle ne peut être établie comme en matière de
filiation légitime par le jeu d’une présomption. A défaut de reconnaissance du père une
action en recherche de paternité devra être intentée. Il faudra alors prouver la paternité de
l’homme à l’encontre duquel l’action est exercée. L’action peut-être exercée par la mère
pendant la minorité de l’enfant ou par ce dernier à sa majorité comme en l’espèce.
En effet, Françoise née en 1943 de Colette assigne en justice la veuve de celui qu’elle
prétend être son père. Déboutée par les juges du fond, elle s’est pourvue en cassation.

Pour rejeter l’action en recherche de paternité la cour d’appel a écarté l’argument tiré
d’une reconnaissance effectuée par le prétendu père par acte sous seing privé, reconnaissance
ayant néanmoins justifié sa condamnation par le tribunal d’EPINAL le 17 mai 1945 à payer à
la mère de Françoise une pension alimentaire pour l’entretien et l’éducation de celle-ci. La
cour d’appel a aussi considéré que la possession d’état d’enfant naturel de Françoise à
l’égard de Roland n’était pas établie. A l’appui de son pourvoi la demanderesse fait valoir
qu’au contraire la reconnaissance constatée par un jugement devenu irrévocable doit être
retenue et qu’en outre les éléments constitutifs de la possession d’état sont acquis.

Ce faisant, la cour de cassation, se trouvait saisie de deux questions : Premièrement, est-ce


qu’une reconnaissance établie par acte sous seing privé ayant servi de fondement à une
décision de justice peut-être retenue comme suffisante pour y établir la paternité de son auteur
? Deuxièmement, est-ce que les correspondances, échangées entre celui-ci et la mère de
l’enfant ainsi que la connaissance par les proches de la mère de la situation de l’enfant
suffisent à établir la possession d’état d’enfant naturel ? A ces deux questions, la cour de
cassation a répondu par la négative. Il convient alors de s’interroger sur les conditions de
validité d’une reconnaissance avant d’examiner les éléments constitutifs de la possession
d’état.

I – LES CONDITIONS DE VALIDITE D’UNE RECONNAISSANCE

Aux termes de l’article 335 du code Civil la reconnaissance par le père doit être établie par
acte authentique. La cour de cassation a considéré qu’il n’en allait pas ainsi du jugement se
fondant sur une reconnaissance par acte sous seing privé.

A – LA NECESSITE D’UN ACTE AUTHENTIQUE

14
Ce corrigé est proposé sur internet. Comme vous pouvez le constater, il a le mérite de nous servir
d’exemple. Mais il ne respecte pas à tout point de vue la méthodologie juridique du commentaire
d’arrêt. Cf. http://forum-juridique.net-iris.fr/entraide-aux-etudiants-droit/46506-a-laide-commentaire-
darret.html.

2
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

L’acte authentique visé par l’article 335 du code Civil ne peut être qu’un acte reçu par
notaire ou par un officier d’état civil constatant la reconnaissance du père. Il peut cependant
aussi s’agir d’un jugement prenant acte d’une reconnaissance. Or, en l’espèce il n’y
avait pas eu de reconnaissance par devant notaire ou par devant un officier d’état civil.

Toutefois, cette omission ne peut surprendre puisqu’en 1943 la reconnaissance d’un enfant
adultérin ne pouvait intervenir, l’établissement de la filiation de ceux-ci étant prohibée.
Cette prohibition explique aussi qu’en 1943 la mère de Françoise n’ait pu exercer l’action
en recherche en paternité et qu’elle ait simplement pu faire valoir ses droits à une pension
alimentaire. Or, le Tribunal alors compétent a fait droit à cette demande en se fondant sur une
reconnaissance faite par acte sous seing privé. C’est donc la question de la portée de ce
jugement qui se trouvait en cause et non la validité de la reconnaissance par acte sous seing
privé. La cour de cassation refuse toute efficacité à un tel jugement.

B – LA NEGATION DE TOUTE EFFICACITE A UN JUGEMENT FONDE SUR UNE


RECONNAISSANCE PAR ACTE SOUS SEING PRIVE

De toute évidence, selon la demanderesse au pourvoi, le jugement rendu quand à la pension


alimentaire trouvant son fondement dans la reconnaissance effectuée par acte sous seing privé
confère à cette reconnaissance le caractère d’authenticité qui lui faisait initialement défaut.
Cette argumentation est repoussée tant par les juges du fond que par la cour de cassation, ce
d’autant plus que le prétendu père n’avait pas été partie à l’instance et avait donc été
condamné par défaut.

De ce fait, il ne pouvait avoir réitéré sa reconnaissance directement devant le juge.


Aussi choquant que cela puisse moralement paraître, la décision de la cour de cassation est en
droit à l’abri de toutes critiques. Il n’en reste pas moins que compte tenu de la date de
naissance de l’enfant, cette décision peut sembler sévère puisqu’à l’époque sa filiation ne
pouvait être établie. Cependant, la cour de cassation aurait pu en l’espèce admettre
l’établissement de la filiation par la possession d’état.

II – LES CONDITIONS D’EXISTENCE LA POSSESSION D’ETAT

Les critères d’existence de la possession d’état sont en partie définis par le code Civil.
Il s’agit cependant d’une notion de fait laissée à l’appréciation subjective des juges du
fond, laquelle n’est pas toujours sans encourir la critique.

A – LES CRITERES LEGAUX DE LA POSSESSION D’ETAT

La possession d’état suppose traditionnellement le nom, le traitement, la réputation .


Pour autant ces éléments ne sont pas toujours exigés cumulativement. En l’espèce, le nom
faisait défaut. Cependant la demanderesse se prévalait de l’existence du traitement par le
versement de la pension alimentaire et les courriers échangés avec le prétendu père, ainsi que
de la réputation en invoquant la connaissance par les tiers de la situation.
Mais à ces critères, d’autres s’ajoutent, telle que par exemple la continuité dans la
possession d’état. Or, la cour de cassation a cru devoir approuver les juges du fond qui ont

2
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considéré que les relations entre la mère et le prétendu père n’étant qu’épisodiques il n’y
avait pas continuité de la possession d’état et que celle-ci ne pouvait être retenue.
Il est vrai que les juges se montrent vigilant quant à l’existence de la possession d’état, afin
de ne pas laisser l’établissement de la filiation d’un enfant aux aléas des comportements des
adultes qui peuvent à leur gré faire ou défaire une possession d’état.
Leur appréciation paraît cependant parfois critiquable.

B – UNE APPRECIATION CRITIQUABLE

En l’espèce, cette appréciation paraît d’autant plus critiquable que le caractère épisodique
des relations entre l’enfant et son prétendu père résulte en parti du caractère adultérin de sa
naissance.

Les juges n’ont donc pas cru devoir se pencher sur la date de naissance de l’enfant dont la
filiation paternelle parce qu’adultérine ne pouvait être établie. Dans ces circonstances
précisent, la décision peut apparaître sévère même si elle est conforme aux décisions
antérieures rendues en matière de possession d’état. Il en est d’autant plus ainsi
qu’actuellement l’évolution tant législative que jurisprudentielle traduit une volonté
d’égalité entre les filiations légitimes et naturelles que cette dernière soit adultérine ou non.

 EXERCICES D’ASSIMILATION :
Faites la fiche d’arrêt et le commentaire de l’arrêt ci-dessous :
Décision de la Cour de cassation du 11 juillet 1989

Sur le premier moyen :

Attendu, selon le pourvoi, que l’arrêt attaqué (cour d’appel de Paris, 1re chambre D, 11
octobre 1985) ne satisferait pas aux exigences de l’article 456 du nouveau Code de
procédure civile, cette décision n’étant pas signée par le président sans qu’il soit fait
mention de l’empêchement de ce dernier ;

Mais attendu, qu’en l’absence de preuve contraire, un tel empêchement est présumé ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Sur les deuxième et troisième moyens réunis :

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. Secher steward à la compagnie Air-France, a sollicité
en faveur de M. Toillon avec lequel il déclarait entretenir une liaison homosexuelle, la
délivrance par son employeur d’un billet à tarif réduit, dit billet R permettant de voyager sur
les lignes de la compagnie ;

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Attendu, qu’il fait grief à la cour d’appel d’avoir rejeté sa demande, alors, d’une part,
qu’en estimant que le bénéfice des dispositions réglementaires prises en application du statut
du personnel d’Air-France prévoyant des facultés de transport au profit des concubins des
agents de la compagnie ne pourrait être invoqué que si l’agent et son concubin n’étaient pas
du même sexe, condition qui ne résulte pas des dites dispositions, la cour d’appel a violé par
fausse application l’article 74 du statut du personnel au sol d’Air-France et le paragraphe 11
de la “ note complémentaire aux paragraphes 2411 et 2432 datée du 1er octobre 1983 “,
alors, d’autre part, et en tout état de cause, qu’en statuant par de tels motifs qui ne
suffisaient pas à justifier l’interprétation ainsi adoptée par elle, la cour d’appel n’a pas
donné de base légale à sa décision au regard des dispositions susvisées, alors, en outre,
qu’une telle interprétation dudit règlement, si elle était retenue, aboutirait à le rendre illégal,
comme contraire à diverses dispositions législatives proscrivant toute discrimination,
notamment en droit du travail, à raison du sexe ou des mœurs et au préambule de la
Convention européenne des droits de l’homme en sorte qu’il appartenait à la cour d’appel
de renvoyer au Conseil d’Etat le problème de la légalité du règlement sur ce point et alors,
enfin, que s’agissant d’une question d’ordre public, la Cour de Cassation ne pourrait elle-
même rejeter ces griefs sans renvoyer à titre préjudiciel aux juridictions administratives
l’examen de la légalité de l’article 74 du statut du personnel au sol auquel se réfère
l’article 92 du personnel navigant ainsi que du paragraphe 11 de la note complémentaire
précitée ;

Mais attendu, qu’après avoir observé que la réglementation du personnel au sol, également
applicable au personnel navigant, sur le fondement de laquelle M. Secher avait formé sa
demande a été prise en application de l’article 74 du statut aux termes duquel des facilités de
transport sur les lignes de la compagnie sont accordées aux agents et aux membres de leur
famille, la cour d’appel a justement décidé que l’article 2411 de cette réglementation qui
étend le bénéfice de ladite mesure au “ conjoint en union libre “, doit être compris comme
ayant entendu avantager deux personnes ayant décidé de vivre comme des époux, sans pour
autant s’unir par le mariage, ce qui ne peut concerner qu’un couple constitué d’un homme
et d’une femme ; qu’ayant ainsi défini le champ d’application de la disposition litigieuse,
elle a, sans avoir à trancher une question de légalité, justifié sa décision ;

D’où il suit que les griefs du pourvoi ne sauraient être accueillis ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.

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COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

TITRE V :
LA METHODOLOGIE DU MEMOIRE
DE MASTER EN DROIT

2
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

TITRE V :
LA METHODOLOGIE DU MEMOIRE
DE MASTER EN DROIT
Comme déjà précisé dans l’introduction du présent ouvrage, la méthodologie est une
démarche, une marche de l’esprit, de la raison à travers la conquête de la matière qui peut
être mathématique, juridique, psychologique
Dans la mesure où il s’agit d’aptitudes ou de prédispositions dans un domaine de la
connaissance, il est important de connaître ses méthodes ou aptitudes.
Pour le Docteur Paul N’DA, « la recherche scientifique consiste en un travail de recherche
patiente, de prospection laborieuse, d’analyse systématique et perspicace des données
observables et vérifiables pour apporter une réponse ou des éléments de réponse à un
problème donné, à une question qui se pose »15. Ainsi précise-t-il que la recherche « a pour
finalité de découvrir l’inconnu, de traquer la vérité cachée afin de faire sortir quelques
évidences »16.
Tout étudiant ayant atteint le niveau Master dans le système LMD doit faire de la recherche,
qu’il opte pour un Master professionnel ou un Master de recherche. L’objectif est de lui
permettre de savoir mettre en œuvre les acquis théoriques.
Il faut noter que la recherche devant aboutir à la soutenance d’un mémoire de Master passe,
en général, par trois (3) étapes qui concernent : le choix du sujet, la recherche proprement
dite et enfin la soutenance du mémoire.

I. Concernant le choix du sujet :


En principe, le chercheur doit faire un choix entre deux types de recherches : la recherche
appliquée et la recherche fondamentale.
 La recherche appliquée, comme le souligne bien le Docteur N’DA, « est celle qui
est faite dans un but déterminé et pratique, visant des résultats concrets ; utilisables
dans la société et par la communauté, ou pour résoudre des problèmes qui se posent,
ou encore pour améliorer les conditions de vie »17. C’est l’exemple d’une
recherche que l’on mènerait sur les conditions de détention des prisonniers en Côte
d’Ivoire en vue de faire des propositions d’amélioration. C’est aussi l’exemple
d’une recherche menée sur la protection de l’environnement dans la commune de
15
Paul N’DA, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat,
Ed. L’Harmattan2007, p.22
16
Paul N’DA, Méthodologie de la recherche. De la problématique à la discussion des résultats,
Abidjan, EDUCI 2006, p.16
3- Paul N’DA, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat,
Ed. L’Harmattan2007, p.24

17

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Cocody. En général, le mémoire de recherche appliquée est appelé « mémoire de


Master professionnel ».

 La recherche fondamentale est faite pour acquérir des connaissances nouvelles, sans
visée utilitaire, économique ou sociale. C’est l’exemple d’une recherche sur
l’existence effective de Dieu, sur l’évolution du comportement humain dans le
temps, sur l’impact de la sanction pénale sur le comportement du délinquant. La
recherche fondamentale aboutit au mémoire de recherche et concerne le « Master de
recherche » autrefois appelé le DEA (Diplôme d’Etude Approfondie). Le mémoire
de recherche est en général réservé à ceux qui ont opté pour un Master de recherche
susceptible d’aboutir au 3ème cycle, le doctorat.

NB : La différence entre ces deux types de recherches n’est pas toujours perceptible compte
tenu des implications de la vie active sur les réflexions scientifiques fondamentales. Ce qui
compte, c’est que le chercheur ou l’étudiant chercheur doit choisir un sujet ayant un rapport
direct avec ses connaissances de base, ses aptitudes personnelles. Sinon, la recherche n’aura
aucun intérêt pour lui.

Cependant, la question qui se pose de façon pratique est plutôt celle de savoir comment un
étudiant, qu’il soit en Master de recherche ou en Master professionnel, devra procéder pour
choisir un bon sujet de mémoire. La règle largement promue en matière d’enseignement de
la méthodologie de la recherche est la suivante :
 L’étudiant devra d’abord savoir ce qui caractérise un sujet de recherche ;
 L’étudiant devra également savoir qui et comment choisit-on un sujet de recherche ;
 Enfin, l’étudiant doit savoir pourquoi il a choisi un tel sujet.

1. Qu’est-ce qu’un sujet de recherche ?


Le mot « sujet » est généralement défini comme étant « ce sur quoi on parle, on écrit, on
compose18». Comme le souligne un auteur, le sujet est une « phrase qui synthétise un
ensemble d’informations, une multitude de connaissances dans un certain domaine ». En
d’autres termes, l’étudiant doit avoir en esprit que son sujet ou ce qu’il veut choisir comme
sujet doit :
- relever du domaine du droit puisqu’il est étudiant en droit ;
- Contenir un ensemble d’informations à apprécier ;
- Constituer donc une phrase suscitant un intérêt, l’envie de discuter ou de donner
un avis.
Pour que le sujet puisse remplir ces conditions, il faut qu’il soit composé de deux (2)
éléments indissociables, cumulatifs que sont « des termes allant du général au particulier ».
Le général désigne la partie du sujet qui passe partout ou qui peut être vue sous plusieurs
amples. Par exemple :
- le mariage en droit,
- le régime juridique de la fiscalité,
- la protection du diplomate,

18
Dictionnaire Larousse, 2008, p.974.

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COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

- l’immunité parlementaire, etc.


Ce sont là des généralités parce que ces thèmes sont vagues et ne nous ramènent à rien de
concret. Un sujet de recherche ne peut être constitué d’une simple généralité. Il faut y ajouter
quelque chose de précis qu’on appelle ‘’le particulier‘’. Par exemple :
- le mariage en droit ivoirien,
- le régime juridique de la fiscalité des entreprises dans l’espace Uemoa,
- la protection pénale du diplôme : le cas de législation ivoirienne,
- l’immunité parlementaire en Côte d’Ivoire : de 1960 à 2000.
Bien que ces sujets ne soient pas forcément bien formulés pour constituer des sujets de
mémoire de Master, ils nous permettent de faire constater ceci : dans un sujet, il doit avoir
quelque chose de général qui se réfère à la matière, à la discipline de l’étude et aussi quelque
chose de précis qui permet de savoir exactement de quoi nous voulons parler, traiter ou
discuter.
Autrement dit, un sujet doit être bien circonscrit pour éviter qu’on ne sache pas dans quel
sens partir. On résume tout cela en précisant qu’un sujet de recherche doit contenir un
élément général et un élément particulier. Ainsi :
- l’élément général est ce qui peut être analysé dans n’importe quelle circonstance
(le mariage, le divorce, la notion de pouvoir, etc.).
- l’élément particulier permettant de circonscrire le sujet dans le temps (année,
période), dans l’espace (le divorce en droit sénégalais) et dans l’ordre social
(religion, droit, tradition, etc.).
En somme, tout sujet de recherche suppose la réunion de ces deux éléments (général et
particulier) permettant de bien le cadrer et de le rendre précis. Dans le cas contraire, il
s’agira d’un sujet vague (s’il n’est constitué que du général) ou inintelligent (s’il n’est
constitué que du particulier).
Si l’on sait de quoi doit être constitué un sujet de recherche, il faudra parvenir à le choisir.

2. Qui et comment choisir un sujet de recherche ?


En principe, le sujet de recherche est choisi par l’étudiant-chercheur lui-même. Il ne le fait
cependant pas tout seul. Il choisit son sujet de commun accord avec son directeur de mémoire.
Ce dernier n’acceptera d’encadrer un sujet que si non seulement il le juge bien formulé mais
aussi et surtout relevant de ses domaines de compétence. Autrement dit, si le directeur de
mémoire est spécialiste en droit social, il lui sera par exemple difficile d’encadrer un sujet de
mémoire relevant du droit du commerce international, matière qu’il méconnaît
fondamentalement.
En somme, l’étudiant doit se demander s’il choisit son sujet dans telle matière, qui pourra
l’encadrer ?
La réponse à cette question lui permettra de savoir à qui demander d’être son directeur de
mémoire.
Au cas où il ne dispose d’aucun sujet de recherche, le directeur pourrait lui en proposer sans
toutefois l’y contraindre.
Mais comment arriver à choisir un bon sujet de mémoire. Comme l’affirme un auteur, « une
chose est vraie, celui qui choisit le sujet choisit son amour, ce qui lui plaît, ce qu’il
maîtrise ». autrement dit, l’idéal est que le sujet soit choisi par le candidat lui-même dans un

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domaine d’étude qu’il comprend ou qu’il est prêt à cerner. Il doit aimer le domaine dans
lequel le sujet intervient pour y trouver un intérêt à mener des recherches.

3. Pourquoi l’étudiant a-t-il choisi un tel sujet ?


Pour notre part, l’étudiant choisit le sujet en fonction du profil de carrière qu’il se définit.
S’il voudrait dans un domaine où il entend obtenir du travail, le choix du sujet mérite d’être
mené dans ce domaine précis. Par exemple, si l’étudiant qui est en master de droit voudrait
travailler dans le domaine de la presse, il lui est plus recommandable de choisir un sujet du
genre :
- le régime juridique de la presse écrite ou de la presse audio-visuelle en Côte
d’Ivoire
- la règlementation de la profession de journaliste en Côte d’Ivoire
- la problématique de la liberté de la presse en Afrique : le cas de la Côte d’Ivoire
- etc.
Si l’étudiant voudrait être enseignant, donc il entend affronter une longue carrière de
recherche aboutissant au doctorat, il lui serait recommandable de choisir son sujet dans la
discipline de droit dont l’enseignement l’intéresse. Par exemple, s’il aime le droit
commercial qu’il voudrait enseigner, alors il devra se trouver un sujet en droit commercial
afin de mieux approfondir ses connaissances dans cette matière en arrivant à s’y spécialiser.
Il nous plaît d’affirmer que le juriste, le vrai juriste peut intégrer tout corps professionnel régi
par le droit en le transformant en sujet de recherche lui permettant de se spécialiser dans les
questions de droit touchant une telle profession.
En définitive, un étudiant qui voudrait mener des recherches aux fins de rédiger et soutenir un
mémoire doit au moins se donner la peine de savoir ce qu’il veut comme avenir
professionnel. Cela l’aidera à choisir un sujet intéressant pour lui et contribuant à
l’approfondissement de ses acquis en vue de sa spécialisation. C’est cela d’ailleurs la
finalité de l’instauration du sujet de recherche dans la formation de l’étudiant en fin de 2 ème
cycle.

4 - Les types de sujets de mémoire:


Pour certains auteurs, il existe les trois (3) types de sujets suivants :
 Le sujet historique : le régime juridique de la presse ivoirienne de 1960 à nos jours.

 Le sujet thématique : l’effectivité des pouvoirs de l’employeur sur le salarié en


Côte d’Ivoire.

 Le sujet technique : commentaire d’une disposition d’un texte (article 1134 du


code civil).

On note avec ces auteurs que les deux types de sujet recommandés pour un mémoire sont : le
sujet historique et le sujet thématique car ils permettent au débutant d’apprendre
effectivement à faire de la recherche.

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COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

Mais pour d’autres auteurs, il existe trois types de sujets que l’on rencontre en matière de
recherche scientifique. Il s’agit du sujet de synthèse, du sujet de cours ou du sujet de
conquête.
 Le Sujet de cours : il permet à l’étudiant de vérifier simplement s’il a bien maîtrisé
une partie du cours.
 Le Sujet de synthèse : c’est le sujet de recherches, de réflexion et d’organisation
personnelle. C’est le sujet de Recherches d’éléments dans un ensemble de
connaissances dont le cours. c’est aussi le sujet de Réflexion parce qu’il faut
trouver des idées pour les relier (c’est l’esprit de synthèse). C’est enfin le sujet
d’Organisation personnelle, parce qu’il faut un plan propre, un raisonnement
personnel, un style original, etc.
 Le Sujet de conquête : c’est un sujet qui nécessite des investigations dans un
domaine du droit. Il est en fait le reflet de points de droits non traités, mal traités ou
évolutifs19.
En fait, l’étudiant choisit un sujet ou se fait proposer un sujet qui relèvera, à coup sûr, de
l’un de ces types de sujets qui déterminera le type de recherches à mener. Et si l’étudiant
parvient à se choisir un sujet, il lui faut mener des recherches permettant de procéder à la
rédaction de son mémoire.

NB : Peu importe laquelle des qualifications ou classifications de sujets, ce qui compte,


comme le note si bien le professeur (S.) THIAM, « la tendance est aujourd’hui de se
retrancher derrière le manque de documents, la pauvreté de nos salles de documentation.
C’est une faiblesse. Un bon chercheur doit être curieux, courageux, pugnace, solide, patient.
En conséquence, l’amour de la recherche commence pour les études de droit en 1 ère année. Et
cet amour guidera vos pas jusqu’au plus haut sommet, donc le plus grand bonheur. C’est
pourquoi l’amour des recherches conduit sans doute et notamment à une forte culture
considérable, à un bon mémoire et à une belle thèse, voire à la réussite de toute séance de
discussion20».
En d’autres termes, peu importe le type de sujet choisi, l’étudiant ne pourra faire un bon
mémoire s’il n’a aucune culture juridique, s’il n’est prêt à fournir des efforts de
recherche, à améliorer son niveau de connaissance.

II- La recherche et la rédaction du mémoire


Elle suppose une phase de recherche permettant de cerner le sujet ensuite une phase de
rédaction proprement dite.
1. La phase de recherche :
Chaque auteur propose une méthode de recherche, de classement et d’analyse document
qu’il estime efficace pour permettre à l’étudiant de mener à bien la rédaction de son
mémoire. En nous inspirant de ces différentes propositions et sans toutefois prétendre remettre
en cause certaines d’entre elles, il nous semble bien évident que la phase de recherche
documentaire devra passer par les étapes suivantes :
19
(S. THIAM), La méthodologie en droit, exposé au cours du séminaire sur la méthodologie,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), 23 mai 2008.
20
(S. THIAM), La méthodologie en droit, exposé au cours du séminaire sur la méthodologie, Op. Cit.

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a) Cerner le sens du sujet : Définir les termes sujet de mémoire :


Avant toute recherche documentaire, l’étudiant doit avoir une perception claire et précise de
son sujet. Pour y parvenir, il doit :
 d’abord rechercher la définition ordinaire selon un dictionnaire de langue française ;
 ensuite rechercher la définition selon un dictionnaire juridique ;
 enfin choisir rechercher le sens que l’on doit retenir de chaque mot du sujet.
Par exemple, si le sujet s’intitule « la protection du salarié en Côte d’Ivoire », le mot
« protection » recouvre plusieurs sens. L’étudiant devra préciser lequel des sens il entend
retenir dans le cadre de son étude. Est-ce la protection matérielle ou juridique du salarié qui
l’intéresse? S’agit-il d’une protection reposant sur une obligation de résultat ou une
obligation de moyen ?

b) Rechercher le fondement légal et littéraire du sujet :


Après avoir défini le sujet aux fins de mieux le cerner, l’étudiant doit rechercher les
différents textes éventuellement applicables à son sujet. Il peut s’agir effectivement de textes
de loi (loi sur le mariage, si le sujet porte sur le mariage en droit ivoirien ; code du travail et
lois sociales, si le sujet porte sur la protection juridique du salarié). Il peut aussi s’agir de
textes doctrines ou de jurisprudences, de conventions internationales, etc. Bref. Ce qu’il faut
préciser, le sujet n’a de valeur en droit que s’il repose sur une base légale, s’il est possible
de le rattacher à une partie du droit (droit public, droit privé, droit interne, droit
communautaire, droit international).
Le sujet peut aussi faire recourt à toutes ces sources du droit. Ainsi, l’étudiant doit d’abord
rechercher le point des normes qui s’y appliquent, ensuite mener la recherche doctrinale et
jurisprudentielle. Ce qui lui permettra d’avoir le maximum d’informations sur son sujet.
Cela lui permettra également de cerner l’évolution du sujet et si possible les controverses
doctrinales, les revirements jurisprudentiels qui y sont déjà intervenus.
C’est un travail de titan qu’on demande à l’étudiant à ce niveau. C’est d’ailleurs l’étape
la plus difficile en matière de mémoire ou de thèse : la recherche et l’exploitation
documentaire.
En effet, si l’étudiant ne mène pas correctement une telle étape, il risque de faire un travail
qui n’a pas de sens en droit. Par exemple, si son mémoire porte sur le thème suivant : « les
sociétés coopératives en Côte d’Ivoire », l’étudiant doit d’abord définir et retenir le sens
correct de son sujet. Ensuite, il doit chercher les différents textes de loi qui s’appliquent aux
sociétés coopératives en Côte d’Ivoire et même dans certains à titre de comparaison. Il doit
aussi rechercher les décisions de justice et les écrits doctrinaux sur le thème. La réunion de cet
ensemble de documents lui permettra de cerner l’actualité, l’intérêt, les forces et faiblesses
du thème. Sans une telle démarche, il se peut que l’étudiant reste ignorant de certaines
dispositions importantes concernant son sujet. Dans le cas d’espèce, le travail de l’étudiant
sera très nul s’il ne s’est pas donné le temps de découvrir que les sociétés coopératives sont
régies par un texte communautaire qui est ‘’l’Acte Uniforme OHADA relatif aux sociétés
coopératives’’. Il sera de même s’il ne sait pas qu’il existe un article qui résume le

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contenu de cet Acte Uniforme21 et dont la lecture lui aurait permis d’en avoir une perception
claire et précise.
Enfin, une fois la documentation réunie, il devra l’exploiter en procédant à des
classifications :
- fiche des textes d1
- loi (nationaux ou internationaux),
- doctrine (générale ou spécifique),
- Jurisprudence.
En analysant les différents documents, l’étudiant peut procéder à l’établissement de certains
tableaux permettant de faire le point de leur contenu. Il pourra, pour finir, classer ses fiches
par affinité selon l’orientation qu’il donne à sa recherche.

2. La phase de rédaction du mémoire :


Dans la phase de rédaction de son mémoire, l’étudiant ne doit surtout pas l’écrire de façon
servile en ne répétant que les propos du directeur ou d’un auteur. Il doit prouver sa maîtrise
de la question en apportant son point de vue à chaque étape de la réflexion. S’il choisit un
sujet qui ne lui permet pas de s’exprimer, cela voudrait dire que le sujet n’est pas bon pour
la recherche scientifique.
Car les réponses que l’on doit donner aux questions qui sont posées doivent être enrichies
par nos lectures antérieures et nos expériences personnelles acquises par voie d’enquête ou
d’observation quotidienne de la vie ordinaire ou professionnelle.
Mais tout le problème se trouve au niveau de deux choses : la problématique et le plan.
 Concernant la problématique : elle désigne un ensemble de questions ou
d’inquiétudes que l’on voudrait clarifier ou comprendre. Nombreux sont ces
étudiants qui posent des questions n’ayant aucun rapport avec leur sujet ou qui
contredisent la crédibilité même de compréhension du droit. La problématique doit
être dégagée après que l’étudiant ait cerné le sujet, ait compris ce qu’il ya comme
problème(s) dans la thématique abordée.
Sans prétendre donner une solution infaillible, il faut se rendre à l’évidence que la
problématique vient d’elle-même si on a pris le temps de se documenter et
d’analyser lesdits documents relatifs à notre sujet. On aura découvert les questions
que nos prédécesseurs se sont posées, celles qui ont eu des réponses satisfaisantes et
celles qui méritent encore réflexion. On aura aussi découvert les questions qui ont une
valeur juridique et celles qui ne peuvent donner lieu à une réflexion juridique.
Il faut donc prendre le temps de soulever l’ensemble des questions relevant du sujet
avant de choisir celles qui à notre sens méritent attention et pour lesquelles nous
sommes en mesure de trouver des réponses.
Prenons l’exemple suivant pour mieux préciser nos propos :
Si l’étudiant choisit comme sujet de mémoire : la lutte contre la cybercriminalité : le
cas de la Côte d’Ivoire ».

21
On peut citer à titre d’exemple : « Résumé de l’acte Uniforme OHADA relatif au Droit des sociétés
coopératives », par Martial Gervais ODEN BELLA et Laetitia ABANDA avec la collaboration de Joël
NLEPPE, In : http://agriculture.afrikblog.com/archives/2013/08/06/27794054.html/20-04-2015.

2
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

Il lui faut chercher à cerner le sujet, regrouper et analyser la documentation ivoirienne


relative à son sujet. En parcourant lesdits documents, il verra que cette lutte rencontre
assez de problèmes : non maitrise du phénomène par les autorités policières, manque
de moyens matériels, insuffisance des textes servant de base à une telle lutte, etc.
L’étudiant se rendra compte qu’il peut se poser plusieurs questions :
- La notion de cybercriminalité est-elle comprise par les autorités ivoiriennes ?
- La Côte d’Ivoire s’est-elle donnée les moyens de lutter contre un tel
phénomène ?
- La législation ivoirienne est-elle propice à une lutte efficace contre la
cybercriminalité ?
Il ya d’autres questions qu’on pourrait encore se poser. Mais finalement, il faut arriver à
choisir celles qui méritent réflexion. Ce sont celles là qui guideront notre analyse. Le plan est
fonction des inquiétudes à résoudre. Et donc se sont les questions sujets pertinentes et ayant
un lieu avec notre discipline d’étude que nous allons choisir comme inquiétude,
problématique à résoudre.
 Le plan du développement : c’est l’ossature de la réponse aux questions suscitées
par le sujet. Il ne s’agit pas de formuler des questions banales et ensuite de proposer
un plan créé sur un coup de tête. Le plan est fonction des questions à résoudre. C’est
comme dans la dissertation juridique. La question qu’on pose doit trouver sa réponse
dans le développement dont le plan en est le reflet. Si la problématique est bien
formulée, le plan qui nous permet de décliner les étapes que nous allons suivre pour y
répondre ne sera pas difficile à dégager.
Par exemple, si le sujet s’intitule : le régime juridique de la presse ivoirienne, la
problématique doit prendre en compte le contenu de la législation ivoirienne sur la
presse et le plan du développement doit décliner les étapes que nous comptons suivre
pour nous exprimer sur les éventuelles forces et faiblesses du régime juridique de la
presse ivoirienne ou encore sur l’évolution du régime juridique de celle-ci.
En somme, le plan ne vient pas du ciel. Il est fonction des questions que l’on voudrait
éclaircir au vue du sujet de l’étude. Il doit permettre de donner une réponse satisfaisante à
ces questions.
Il faut noter que le plan doit être valider par le directeur de mémoire qui est censé guider
l’étudiant, l’aider à mettre le plan en harmonie avec le sujet et la problématique. Cela
devrait permettre, à moins que les deux ne se trompent ou n’aient des positions
contradictoires et inconciliables, de résoudre une telle inquiétude.
Cette phase terminée, il reste à écrire le mémoire. A l’écrit, il faut s’efforcer à la clarté, à la
cohérence en faisant des plans justes et ne pas tituber, ne pas tourner en rond. Tout dépend
dans ce cas de la façon d’écrire son mémoire.

 La façon d’écrire son mémoire dépend de trois choses :


 Les conseils du directeur ou encadreur de la recherche (ils sont indispensables pour un
apprenant) ;

 La connaissance de l’environnement (elle est indispensable pour une maîtrise du


sujet) ;

2
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

 La capacité de rédaction du candidat (le résultat de la recherche doit être rédigé dans
un langage correct).

En d’autres termes, la façon d’écrire son mémoire dépend de la prise en compte de ces
réalités susmentionnées.

 Présentation de l’introduction du mémoire :

Elle comprend sept étapes qui sont :


 (1)- Le contexte : l’environnement historique et spécial ou se pose le sujet. Ici, il
faut définir les termes du sujet, le situer dans le temps, montrer son évolution et sa
particularité.

 (2)- L’intérêt du sujet : Il consiste à justifier le choix du sujet. Pourquoi avoir


choisi de travailler sur un tel thème ? Quel changement compte-t-on obtenir par le
résultat de ces recherches ?

 (3)- L’actualité du sujet : Il faut préciser l’évolution actuelle du sujet. Sommes-


nous au point de départ ? S’agit-il de la remise en cause d’une pratique révolue
dont les conséquences se font sentir actuellement ?

 (4)- Les problèmes qui se posent : les difficultés à surmonter (le difficile accès à la
documentation, l’absence de spécialistes en la matière, l’absence ou
l’insuffisance de textes règlementant le domaine ).

 (5)- La problématique : les questions de droit que soulève le thème (une ou deux
questions dans l’introduction à développer dans le corps de la thèse et donner une
réponse précise dans la conclusion.

 (6)- L’approche : elle peut être une méthode connue : approche sociologique,
comparative et technique,

 (7)- L’annonce du plan.

NB : Les éléments 4 ; 5 ; 6 et 7 doivent être perceptibles dans leur ordre dans l’introduction.
Les éléments 1 ; 2 et 3 n’ont pas un ordre strict dans l’introduction.
Conseils : écrire sans paniquer, ne pas faire à la soutenance une lecture servile mais posée,
avoir un ton constant (le même débit), expliquer plus ce que vous connaissez mais moins ce
qu’on ignore.

 La présentation du corps du mémoire

A ce niveau, nous conseillons à l’étudiant de faire siens ces conseils du professeur (S.)
THIAM : « maintenant la présentation des travaux obéit, faut-il le rappeler, à des normes
académiques et il y a lieu de s’arrêter sur un certain nombre de rubriques.

2
COURS DE METHODOLOGIE JURIDIQUE : Dr. Mamadou Kounvolo COULIBALY

 La page de garde : Il est vrai qu’il faut toujours s’inspirer des travaux précédents.
Et que tout le monde subit l’influence de l’extérieur. Mais on risque parfois de
reproduire des bêtises. Il faut donc vérifier l’exactitude des informations auprès des
enseignants-chercheurs. Chemin faisant, il serait judicieux que, de leur côté, les
enseignants, voire même les professeurs, réservent un jour de la semaine, au moins,
pour recevoir les étudiants. Parlant de professeur, la page de garde risque de fâcher
si on désigne professeur l’encadreur qui ne l’est pas. En effet, on peut aisément
connaître le vrai grade de l’encadreur, à moins de considérer que tout enseignant est
généralement professeur.
 Les remerciements : Attention au remplissage : il faut remercier simplement ceux qui
vous ont aidé à la réalisation de ce travail scientifique. Le bon Dieu ne se fâchera pas,
parce qu’il n’a pas été cité dans le travail ; le prophète Issa (Jésus), le prophète
Mohamed, selon l’ordre d’apparition, ne seront pas non plus ignorés. En effet on
n’est pas dans le domaine religieux ; le candidat est réellement dans le domaine
scientifique. Il s’agit moins d’un degré élevé de foi chrétienne ou islamique qu’un
degré remarquable de « foi scientifique », jauge d’aspiration à la qualité d’élite
universitaire.
 Les Dédicaces : Ce n’est pas une nouvelle liste de remerciements ou le complément
de la liste inachevée des remerciements. Il serait souhaitable ici de réserver cette page
à des personnes, souvent de grands auteurs en droit, qui se sont distingués dans le
même domaine de recherches.
 Le Sommaire : Il ne s’agit pas d’une table des matières qui, généralement, se situe
en fin de travail, et qui présente de façon détaillée tous les points de droit traités par
l’auteur. Il ne faut pas non plus confondre Sommaire et Indexe qui vise les mots clés
par ordre alphabétique, en sélectionnant des entrées avec un grand intérêt. La page
sommaire consiste effectivement à donner a priori une idée de la démarche suivie, en
présentant les lignes fondamentales (généralement parties, titres, chapitres, voire
sections).
 La Bibliographie : Grâces aux notes des recherches, on va constituer la
bibliographie. Il faut le faire honnêtement, c'est-à-dire qu’il faut présenter les
documents sur lesquels on a travaillé par thèmes ou par ordre alphabétique, en
respectant les sources du droit : la législation (textes de lois, décrets et arrêtés ), la
doctrine (ouvrages généraux, spéciaux et articles) et la jurisprudence (arrêts,
jugements, accompagnés parfois de notes ou d’observations). Aussi les sources
d’Archives méritent-elles d’être soulignées ici, en ce sens qu’elles concernent le
secrétariat du Gouvernement, les ministères, les entreprises privées, les professions
libérales, etc.
La rigueur scientifique ne pardonne pas des références incomplètes. Puisque la
conclusion générale conduit, nous le verrons, à des questions voisines, les recherches
accomplies doivent permettre d’accéder à des sources précises.
 Les Annexes : Les annexes font partie normalement de la numérotation. L’écueil à
éviter est alors de grossir le travail scientifique. Il faut présenter essentiellement des
documents utiles et inaccoutumés, des photos nécessaires, des cartes pour situer.

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Voilà les considérations essentielles de la recherche. Voilà la manière de présenter les


travaux de recherches22».

II- La soutenance du mémoire:


Isabelle DEFRENOIS-SOULEAU nous enseigne à juste titre le comportement ou l’aptitude
à avoir pour affronter la soutenance. Pour elle, l’exposé est un exercice de communication.
C’est pourquoi, elle préconise qu’ « en préparant et en disant votre exposé, pensez à votre
auditoire. Ayez pour objectif :
- de vous faire comprendre,
- d’intéresser votre auditoire,
-de lui apporter quelque chose : une étude approfondie, une synthèse, qui constitue le fruit de
votre travail et que vous avez à cœur de transmettre.
Dans cet état d’esprit, attachez-vous :
- à mettre en valeur les aspects intéressants de la question,
- à être clair,
- à vous exprimer de manière correcte et vivante23.
En d’autres termes, la soutenance est un élément de la notation et doit être vivante et
brillante (D. Mainguy, La soutenance de thèse, mélanges L. Calais-Auloy, Dalloz, 2003).
Dans ce cas, il faut éviter :
- De lire un document sans la moindre explication et sans se demander si le jury
nous suit ;
- De répéter le mémoire et son plan.
Il faudra en revanche :
- Remercier les membres du jury pour leur disponibilité,
- Remercier le directeur de mémoire,
- Présenter le sujet de mémoire,
- Présenter l’intérêt de l’étude réalisée,
- Présenter les questions majeures à traiter et leurs difficultés,
- Présenter l’actualité du sujet,
- Présenter les résultats auxquels l’étude a conduit,
- Formuler des recommandations concrètes,
- Respecter scrupuleusement le temps imparti pour l’exposé.
Il faut donc avoir en esprit que la soutenance est l’occasion qu’on nous donne pour
vendre notre produit (pour mettre en valeur notre mémoire). Elle permettra de nous
racheter au cas où notre mémoire contient des irrégularités. Elle permettra aussi de
rehausser notre note tout en extériorisant notre aptitude d’orateur.
On peut donc conclure en ce qui concerne la méthodologie du mémoire de Master en
précisant que pour la majorité des auteurs, elle passe par certaines étapes que l’étudiant doit

22
(S. THIAM), La méthodologie en droit, exposé au cours du séminaire sur la méthodologie,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), 23 mai 2008.
23
DEFRENOIS-SOULEAU Isabelle, Je veux réussir mon droit, Méthodes de travail et clés du succès,
Ed. Armand Colin 1996, p.151

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suivre en se laissant guider par son directeur de mémoire. Ces étapes sont généralement les
suivantes :
1- choisir le sujet ;
2- mener des recherches préalables ;
3- choisir son plan en fonction de la problématique et du sujet ;
4- faire l’organisation et la présentation du corps du mémoire ;
5- procéder à la rédaction : démonstration scientifique ;
6- prendre en compte le style et la forme du texte ;
7- préparer et effectuer la soutenance.

Certains auteurs précisent tout simplement que la méthodologie du mémoire se décline sous
forme de marches d’escaliers :
Marche 1 : Cerner le sujet (définition du sujet)
Marche 2 : Rentrer dans le sujet (recherche documentaire)
Marche 3 : Creuser le sujet (analyse des documents)
Marche 4 : Compléter le traitement du sujet
Marche 5 : Faire le bouclage des recherches
Marche 6 : Procéder à la rédaction et correction du mémoire
Marche 7 : Procéder à la soutenance du mémoire
En d’autres termes, il s’agit d’un travail méticuleux qui demande une organisation de soi et
un don de soi.

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CONCLUSION GENERALE

La méthodologie juridique, telle que présentée, varie d’un type de sujet à un autre.
Cela se justifie par le fait que les objectifs des différents types de sujets ne sont pas
les mêmes. L’étudiant, qui désire devenir un vrai juriste compétent et compétitif,
doit non seulement apprendre ses cours, faire des recherches pour les approfondir,
mais aussi doit assimiler la méthodologie juridique en tenant compte des différents
types de sujets qui peuvent lui être soumis. Il doit veiller à en avoir une
connaissance parfaite. Cela est indispensable, parce que le droit, en tant que science
normative, ne peut s’appliquer de façon hasardeuse mais reste plutôt une discipline
jalouse de sa délicatesse et de son exigence à n’être pratiquée que par des avertis,
des professionnels de droit.

L’on aura remarqué ainsi que le droit (les études juridiques) repose sur une
méthodologie diversifiée selon le type de question à répondre. Ces différentes
méthodes de raisonnement sont indispensables pour des personnes désireuses de se
construire une carrière de juriste confirmé. L’à peu prêt ne marche pas en droit.
S’imprégner de la méthode de travail est la meilleure manière d’acquérir une bonne
maîtrise du droit.
Ce support, sans toutefois démériter, n’est qu’un point de départ pour votre
compréhension. Il reste à espérer que votre curiosité vous permettra, et ce sera de
bonne guerre, de consulter des ouvrages spécifiques plus outillés à vous enseigner
avec clarté et conviction les méthodes de raisonnements juridiques.
Tel est notre vœu le plus ardent.

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ANNEXE I : L’OSSATURE DU MEMOIRE


 Le Plan du Mémoire :
Il faut :
 Une page de garde
 Si possible une dédicace
 Remerciements
 Sigles et abréviations
 Sommaire
 Introduction
Première Partie : ... .
Chapitre 1 ...
Section1 .
Paragraphe 1 ..
A ..
B .
Paragraphe 2 .
A ..
B .
Section 2
Paragraphe 1 ..
A ..
B .
Paragraphe 2 ..
A ..

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B .
Chapitre 2 ...
Section 1 . ..
Paragraphe 1 .. ..
A ..
B .
Paragraphe 2 ..
A ..
B .
Section 2 .. ..
Paragraphe 1 .. .. .
A ..
B .
Paragraphe 2 . .. ..
A ..
B .
Deuxième Partie : .
Chapitre 1 .. .
Section 1 ..
Paragraphe 1 . .
A ..
B .
Paragraphe 2 . .
A ..
B .
Section 2 .. ...
Paragraphe 1 . .

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A ..
B .
Paragraphe 2 ..
A ..
B .
Chapitre 2 ..
Section 1 .. .
Paragraphe 1 .
A ..
B .
Paragraphe 2 ..
A ..
B .
Section 2
Paragraphe 1 ..
A ..
B .
Paragraphe 2 .. .
A ..
B .
Bibliographie
- Ouvrages généraux
- Ouvrages spécialisés
- Dictionnaires et lexiques
- Thèses et Mémoires
- Textes de lois
- Articles

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- Rapports
- Sites web
Table des matières

ANNEXE II : EXERCICES D’ASSIMILATION

I- Sujets de Dissertation juridique


NB : Exercez-vous en traitant les sujets suivants :
1. Le droit et la religion
2. Les caractères de la règle de droit
3. La personnalité juridique

II- Cas pratique


Monsieur DADIS Madou est âgé de 19 ans. Il décide de se marier avec sa cousine maternelle
âgée de 17 ans. Pour y parvenir, DADIS arrive à corrompre un officier de l’état civil du lieu
de naissance de sa cousine qui lui délivre un extrait d’acte de naissance lui attribuant 18 ans.
Le jour de la célébration du mariage, face au refus du père de DADIS de donner son
consentement au mariage, il fut remplacé par un inconnu. Mais le maire qui connaissait le
père de DADIS refusa de célébrer le mariage au motif qu’il y a un cas d’usurpation
d’identité sur la personne du père du futur époux. Dadis alla célébrer son mariage dans une
autre mairie à l’insu de tous ceux qui pouvaient formuler une opposition au mariage. Une
fois le mariage célébré, l’épouse de DADIS apprend qu’il a été victime à l’âge de 16 ans
d’une maladie sexuellement transmissible qui l’a rendu stérile. Il ne lui a jamais fait un tel
aveu. Elle apprend aussi qu’il a été une fois condamné à six mois d’emprisonnement pour
vol de poulet dans une cour commune d’Abobo à Abidjan. Effondrée, la jeune fille se
demande si elle peut obtenir la nullité du mariage pour non-respect de certaines conditions de
formation du mariage. Elle veut aussi savoir si elle peut demander et obtenir le divorce.
NB : C’est le respect de la méthodologie, tant au niveau de l’introduction que du
développement, qui compte.
III- Sujet de commentaire de texte :
Commentez cette disposition combinée des articles 10, 11 et 12 du code civil ivoirien sur le
mariage : « En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants et
les alliés dans la même ligne. En ligne collatérale, le mariage est prohibé entre frère et sœur.
Il est également prohibé entre oncle et nièce, tante et neveu et entre alliés au degré de beau-
frère et belle-sœur, lorsque le mariage qui produisait l'alliance a été dissous par le divorce.
Néanmoins, il est loisible au procureur de la République de lever, pour des causes graves, les
prohibitions entre alliés en ligne directe lorsque la personne qui a créé l'alliance est décédée;
entre alliés au degré de beau-frère et belle-sœur, lorsque le mariage qui produisait l'alliance a
été dissous par le divorce. Il peut le faire aussi entre oncle et nièce, tante et neveu ».

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INSTITUT UNIVERSITAIRE D’ABIDJAN


LICENCE I - SUJET DE METHODOLOGIE
Traitez au choix l’un des sujets suivants :
1. Dissertation 1: L’acquisition de la personnalité juridique

2. Dissertation 2 : L’absence et la disparition

3. Dissertation 3 : Les devoirs des époux en droit ivoirien

4. Dissertation 4 : Communauté et séparation de biens


Cas pratique 1: Le champ de manioc de KONE est situé près d’une rivière comportant de
dangereux reptiles dévoreurs d’hommes. Il s’y rend chaque matin. Cela fait environ 1 mois
qu’il n’a plus donné signe de vie. Nul, y compris ses voisins et ses parents, n’a de ses
nouvelles.

a) Quelle est la situation juridique de KONE?


b) Sa femme après de longs mois de solitude se trouve un amant. 10 mois plus tard, elle donne
naissance à une fillette. Qui en est le père?
Cas pratique 2: KONAN s’est vu confié des biens par son ami JEAN-PAUL qui partait en
voyage d’études au sud du Liban. Cela fait 5 ans qu’il n’a pas donné signe de vie. Même,
l’Ambassade de Côte d’Ivoire au Liban ne sait plus où il se trouve. KONAN décide alors de
vendre, le WORO-WORO qui lui a été confié et avec le fruit de payer les études de FRANK
(10 ans), fils de JEAN-PAUL.

a) Quelle est la situation juridique de JEAN-PAUL ?

b) Que pensez-vous de l’acte accompli par KONAN ? Justifiez votre réponse.

Sujet 3 : Cas pratique: Dans mon pays, une nouvelle danse a été créée et elle s’appelle
‘’Le sauter-tomb钒. Elle consiste à sauter effectivement, à tomber sur son postérieur et à
se relever rapidement. Ce n’est pas chose facile mais qui va se négliger. C’est la mode, on
va faire comment !!!!!!! Le problème est que papa a interdit à la maison qu’on fasse une telle
danse chez lui. Nantou voulait s’entêter à s’entrainer à la maison, papa lui a demandé de
quitter chez lui et depuis qu’elle est partie, cela fait huit (8) mois que nous n’avons plus de
ses nouvelles. Tout le monde s’inquiète actuellement pour elle. Je me demande bien si on
doit dire qu’elle est en état d’absence du domicile familial ou qu’elle se trouve en état de
disparition. Cette danse, je pense que papa a vraiment raison de ne pas l’apprécier. Tu vois,
un minicar en partance pour Bassam jouait cette musique. Une fille voulant faire quelques
démonstrations pour épater les passagers du minicar est tombée dans la cabine du chauffeur,

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effrayé, ce dernier a perdu la direction du véhicule. Ce fut la cause d’un grave accident de
circulation. Les passagers du minicar, qui est d’ailleurs parti en fumer, ont été transportés au
CHU de Treichville. Mais selon le chauffeur, il y avait 18 personnes à bord du véhicule alors
que les sapeurs pompiers disent n’avoir découvert que 17 personnes. Tout le monde est
inquiet. On se demande où est la 18 ème personne qui n’est pas au CHU et dont le corps n’a
pas été retrouvé. Je me demande encore si on doit dire que cette personne est en état
d’absence ou qu’elle se trouve en état de disparition. Enfin, une femme enceinte ayant subi
les secousses de l’accident a donné naissance, au CHU de Treichville lors de leur
hospitalisation, à des triplés. Le premier est mort-né, le second a la fièvre et le pédiatre dit
qu’il pourra s’en sortir, s’il plaît à Dieu, tandis que le dernier est né avec une malformation
exagérée du cœur. Le pédiatre a dit qu’un tel enfant ne peut vivre pendant plus de deux ans.
Je demande enfin si ces trois enfants ont acquis la personnalité juridique.

BIBLIOGRAPHIE
1. Ayémou ASSA, Ly Ramata BAKAYOKO, Louka KATTIE A., Projet de
recherche. De la conception au montage et au financement. Que faire ? Abidjan,
EDUCI 2003.
2. BEARD M., LATOUCHE D., L’art de la thèse. Comment préparer et rédiger
une thèse, un mémoire ou tout autre travail universitaire, Montréal 1988.
3. Bruno CAMUS, Réussir sa soutenance de Rapports, mémoires et travaux, Ed.
de l’organisation, Paris 1995.
4. Bruno CAMUS, Rapports de stage et mémoires, Ed. de l’organisation, 3 ème éd.
Paris 2001.
5. Daniel FONDANECHE, Guide pratique pour rédiger un mémoire de Maîtrise,
de DEA ou une thèse, Paris, Ed.Vuibert 1999.
6. Florence LE BRAS, Les règles d’or pour rédiger un rapport, un mémoire, une
thèse, Paris, Marabout 1993.
7. Isabelle DEFRENOIS-SOULEAU, Je veux réussir mon droit, Méthodes de
travail et clés du succès, Ed. Armand Colin 1996, p.151.
8. Jacques VOULET, L’interprétation des arrêts de la cour de cassation JCP.
1970 – I – 2305.
9. Michel BEAUD, L’art de la thèse. Comment préparer et rédiger une thèse de
doctorat, un mémoire de DEA ou de maîtrise ou tout autre travail universitaire,
Paris 1999, Editions La Découverte.
10. N’DA Paul, Méthodologie de la recherche. De la problématique à la
discussion des résultats. Comment réaliser un mémoire, une thèse d’un bout à
l’autre, Abidjan, EDUCI 2006.

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11. N’DA Paul, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la


thèse de doctorat, Ed. L’Harmattan2007.
12. Simone DREYFUS, Thèses et mémoires de doctorat, Paris, Cujas, 2e éd. 1984.

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