Mémoire de Droit Sur La Centrafrique

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

UN PEUPLE – UN BUT – UNE FOI PROMOTION 2022 - 2023

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE LA


RECHERCHE ET DE L’INNOVATION

MASTER II RECHERCHE EN DROIT PUBLIC GENERAL

Option : Relations Internationales

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE POUR L’OBTENTION DU


DIPLOME DE MASTER 2

SUJET : LA RÉSOLUTION DE LA CRISE CENTRAFRICAINE DE 2013 JUSQU’A


NOS JOURS : CONTRIBUTION Á L’ÉTUDE DES POLITIQUES ET STRATEGIÉS A
LA SORTIE DE CRISE ET D’UNE PAIX DURABLE

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

Stevi Donald

BANGALE GBIAMA PANDA GBIANIMBI Dr Ousmane DIARRA

Année académique 2023


La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

AVERTISSEMENT
« Les opinions émises dans le présent Mémoire engagent son auteur. L’institut supérieur de
Droit de Dakar (ISDD), n’entend donner aucune improbation ni approbation à celles-ci. »

I
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

DEDICACE
Avec tout le soutien que vous m'avez apporté tout au long de mon cursus ; cher Papa, chère
Maman, ainsi A la mémoire de ma sœur cadette De la joie Eunice Bethesda BANGALE
GBIAMA partie trop tôt à fleur de l’âge pour un repos éternel. Je vous dédie ce travail de
longues années d'études aux difficultés que je ne saurais vous raconter.

Je remercie de m'avoir mis au monde mais de plus, de m'avoir guidé et assisté dans ce travail
de long périple. Je prie le bon Dieu de vous donner longue vie et d'assister à mon succès
professionnel.

II
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

REMERCIEMENT
« Comme de l’eau fraiche pour une personne fatiguée, Comme un bon nouveau venant d’une
terre lointaine1 »

Telle peut être perçue et résumée, la quintessence de l’apport et du soutien indéniable que les
uns et les autres ont manifesté à mon endroit, pour la réalisation de ma formation  l’institut
Supérieur de Droit de Dakar. Je saisis ainsi, cette occasion qui m’échoit pour adresser ma
sincère gratitude à :

 Monsieur le Professeur Ousmane CAMARA pour son profond et indéfectible


soutien tout au long de ce travail de recherche, et bien au-delà. Je mesure l’honneur
qu’il m’a fait en acceptant de diriger ce mémoire, puis la confiance qu’il m’a réitérée à
chaque étape de ce processus. J’aimerais saluer sa disponibilité chaque fois que l’ai
sollicité mais aussi sa capacité à m’accorder une grande liberté dans l’appréhension de
mon travail.

 A ma famille et mes amis, pour l’aide et la confiance qu’ils m’ont gratifié tout au
long de ces deux années. Je remercie particulièrement mon père Jonas
BANGALEGBIAMA, à Ma Brigitte LENDE fée BANGALEGBIAMA et mes
frères et sœurs, le plus particulièrement à Lesage Fulgence BANGALEGBIAMA.

 L’ensemble des Formateurs de l’institut Supérieur de Droit de Dakar (ISDD) en


général, et du parcours du Droit public général en particulier, pour tous les
enseignements qu’ils m’ont transmis durant toute ma formation en générale et toute
l’année académique 2022-2023, en particulier. Une pensée singulière au Docteur
MOUSSA DIOP, leurs encouragements, conseils, commentaires ou suggestions ont
considérablement contribué à mettre en valeur le contenu de ce travail.

 Mon remerciement va à l’encontre de Mademoiselle Grace Eva YANGAKANDA


Pour sa contribution pratique et morales pour la réalisation de ce travail.

1
Proverbes 25 :25

III
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

SIGLE ET ABREVIATION
AG : Assemblée Générale

AFJC : Association des Femmes juristes Centrafricaines

APPR : l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine

APL : Accord de paix de Libreville

BDEAC : Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale

BINUCA : Bureau intégré d’organisation des nations unies en Centrafrique

BM : Banque Mondiale

CEEAC : Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CIC : Communauté Islamique de Centrafrique

CNDHLF : Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales

CPJP : la Convention des patriotes pour la justice et la paix

CI : Communauté Internationale

CPI : Cour Pénale Internationale

CPS : Cour Pénale Spéciale

CIJ : Cour International de Justice

CVJRR : Commission Vérité, Justice, Réparations et Réconciliation

DDRR : Démobilisation, Désarmement, Réinsertion et de Rapatriement

CNT : Conseil National de Transition

EUFOR : Force opérationnelle de l'Union européenne

ETFP : L’Enseignement technique et la formation professionnelle

FACA : Force Armée Centrafricaine

FNB : Forum National de Bangui

IV
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

FMI : Fonds Monétaire International

FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique

GIRGL : Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

GIC : Groupe International de contact

KNK : Kwa na Kwa

MICOPAX : Mission de Consolidation de la Paix en Centrafrique

MINUSCA : Mission multidimensionnelle intégration

MISCA : Mission internationale de soutien en Centrafrique

ONG : Organisation Non Gouvernementale

RCPCA : Plan de Relèvement et de Consolidation de Paix

RCA : République Centrafricaine

RDPC : Reconstruction et de Développement Post-Conflit

SUN : Système des Nations Unies

SODECA : Société de Distribution d’Eau en Centrafrique.

UE : Union Européenne

ONU : Organisation des Nations Unies

UA : Union Africaine.

UFDR : l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement.

TPI : Tribunaux pénaux internationaux

V
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

RESUMÉ
Maintenir la paix et la sécurité internationales est le but primordial de la Charte des Nations
Unies au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Par son article 2 paragraphe 4, la Charte
établit désormais « le principe du non recours à la force » et ambitionne ainsi de mettre
définitivement un terme aux conflits armés.

Toutefois, la République Centrafricaine semble ne pas emboiter le pas et s’illustre non


seulement par un nombre de conflits asymétriques dont la dernière en date est celle de 24
Décembre 2013, mais également par les efforts continuels de l’Organisation des Nations
Unies à y maintenir la paix. Ces efforts sont soutenus au niveau régional et sous-régional.
Mais la persistance des conflits armés centrafricains conduit cependant à se questionner sur
l’efficacité des résolutions de la crise centrafricaine, entre autres la contribution à l’étude des
politiques et stratégies pour la sortie de crise et d’une paix durable dans ce pays de l’Afrique
Centrale longtemps marqué un nombre incalculable de conflit interne.

MOTS CLES : Conflits asymétriques, résolution de la crise, prévention des conflits,


imposition de la paix, paix durable, Nations Unies, Centrafrique.

ABSTRAIT

Maintaining international peace and security is the primary purpose of the United Nations
Charter following the second World War. By its article 2 paragraph 4, the Charter now
establishes « the Principe of non-use of force » and thus aims to put a definitive end to armed
conflicts.

However, the Central African Republic does not seem to follow suit and is distinguished not
only by a number of asymmetrical conflicts, the latest of which was that of 24 December
2013, but also by the continuous efforts of the United Nations to maintain peace there. These
efforts are supported at the regional level and sub-regionally. However, the persistence of
armed conflicts in the Central African Republic raises questions about the on the effectiveness
of the resolutions of the Central African crisis, including the contribution to the study of
policies and strategies for the end of the crisis and lasting peace in this Central African
country long marked by an incalculable number of internal conflicts.

KEY WORDS: Asymmetric conflicts, crisis resolution, conflict prevention, peace


enforcement, sustainable peace, United Nations, Central African Republic.

VI
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

SOMMAIRE

INTRODUCTION ............................................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : L’ANALYSE DU PROCESSUS DE RESOLUTION DE LA CRISE
CENTRAFRICAINE .................................................................................................................. 10
CHAPITRE I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU REGLEMENT DE LA CRISE
CENTRAFRICAINE .............................................................................................................. 10
SECTION 1 : LA RESOLUTION NATIONALE DU CONFLIT ................................................. 11
SECTION 2 : LES INTERVENTIONS DES ORGANISMES SUPRANATIONAUX ............. 26
CHAPITRE II : LE CADRE NORMATIF DU REGLEMENT DE LA CRISE ................... 38
SECTION 1 : LE CADRE NORMATIF RELATIF AUX ACCORDS ......................................... 38
SECTION 2 : L’APPLICATION DU DROIT INTERNATIONAL .......................................... 55
SECONDE PARTIE : UNE APPROCHE FAVORABLE A LA CONTRIBUTION DES
POLITIQUES D’UNE PAIX DURABLE............................................................................... 68
CHAPITRE I : LE CADRE DES PRIORITES DE RELEVEMENT ET DE CONSOLIDATION
DE LA PAIX EN ............................................................................................................................. 68
SECTION 1 : LES FACTEURS DES PRIORISATIONS POUR CONSOLIDATION DE LA
PAIX DURABLE ........................................................................................................................ 69
SECTION 2 : EXTENSION DE L’AUTORITE DE L’ÉTAT ............................................... 82
CHAPITRE II : LA CONCOLIDATION DE LA PAIX : DES PROCESSUS DE PLUS EN
PLUS COMPLEXES ...................................................................................................................... 97
SECTION 1 : LES DEFIS DU RELEVEMENT ECONOMIQUE ET DU
DEVELOPPEMENT DURABLE ............................................................................................... 97
SECTION 2 : LES ENJEUX DE LA RECONSTRUCTION ............................................... 110
CONCLUSION ............................................................................................................................. 124

VII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

EPIGRAPHIE
« Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. »2

« Les pays d’Afrique, et ceci est vrai d’ailleurs pour tous les autres pays, peuvent avoir
parfois des différends entre eux. Ces différends doivent être limités à notre continent et isolé
de toute contamination d’interventions non-africaines. Pour cela des arrangements
permanents doivent être trouvés pour en faciliter leur solution pacifique. Car aussi peu
nombreux ces différends soient-ils, il ne faut pas laisser se détériorer. Une procédure de
règlement pacifiques des disputes doit être établie afin d’empêcher que la menace ou
l’utilisation de la force ne mette plus en danger notre continent. »3 « Toute guerre a une
solution politique. »4

« Pour mon peuple, pour mon pays, je n'ai ni père ni mère ; je ne suis d'aucune région,
d'aucune tribu, je ne suis pas un homme, je suis une idée »

2
Vincent ZAKANE : « médiation et règlement pacifique des conflits en Afrique : analyse théorique »
CAMES /SJP, n°001 /2017, n°.243-268.
3
Discour inaugural de l’empereur Hailé Sélassié à l’occasion de la conférence internationale des Etats
indépendant d’Afrique en mai 1963, Conférence au sommet des pays indépendants africains, présence Africaine,
paris, 1964.
4
Citation de sa Majesté le roi Hassan II extrait de l’ouvrage ZARTMAN, William, la résolution des conflits en
Afrique, l’Harmattan, paris, 1990, P. 7

VIII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

INTRODUCTION
La République Centrafricaine située au cœur du Continent africain a une superficie totale de
623000 km2 et est limitée par des pays voisins au nord la République du Tchad, au sud la
République Démocratique du Congo, au sud-ouest la République du Congo Brazzaville, à
l’ouest la République du Cameroun, à l’est la République du Soudan et au sud est la
République du Soudan du Sud. Selon les données démographiques disponibles la RCA est
peuplée d’environ cinq (5) millions d’habitants.

En effet, Préoccupante est la situation sécuritaire à laquelle est confronté aujourd’hui


l’humanité au regard de nombreux foyers de tension existant dans certaines régions de la
planète et particulièrement dans les pays en développement depuis plusieurs décennies. Ce
phénomène constitue en fait un facteur, qui affecte sérieusement la paix, condition sine qanun
au développement harmonieux et efficace de nos Etats en vue du bien-être social de leur
peuple respectif.

Par ailleurs ; la conception par l’existence, d’un territoire incarné par un gouvernement, pour
créer des conditions et apporter des réponses favorables à la population qui est censé vivre sur
son territoire, mariant culture et cohésion sociale, paix et solidarité pour une vie harmonieuse
et Prosper en communauté. Cet idéal auquel aspire le peuple centrafricain habitant de l’ancien
Oubangui Chari, colonie française devenu République Centrafricaine après la décolonisation
est un peuple bantou pacifiste, uni et travailleur qui s’est forgé un atout à savoir la
multiculturalités dans l’unité.

Au lendemain des indépendances des pays africains, un système anti démocratique marqué
par les partis uniques après presque était partout, dans la grande majorité, un phénomène des
coups d’État s’est répondu dans les jeunes États fraichement souverain malheureusement la
RCA tout comme les pays qui entourent n’a pas échappé au coup d’État.

Depuis son indépendance en 19605, la République Centrafricaine (RCA) qui n’est pas
épargnée par ce phénomène a connu de nombreux épisodes putschistes et des violences
politiques, les cas de coups de force de 1966 du colonel Jean Bedel Bokassa de 1979 de David

5
Colonie française jadis connue sous le nom d'Oubangui-Chari, la République centrafricaine, proclamée en
1958, accède à l'indépendance le 13 août 1960. Ancien membre de la fédération de l'Afrique-équatoriale
française (AEF), la République centrafricaine (RCA) est dirigée par David Dacko du Mouvement de l'évolution
sociale de l'Afrique noire.

1
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Dacko6, de 1981 du General André Kolingba7, de 2003 du General François Bozize


Yangouvounda, qui sont survenus sur son territoire. Différents régimes politiques s’y
succédèrent avec des méthodes lyriques de gestion administrative du pays caractérisées par le
régionalisme8, le tribalisme9, le clanisme10 et le népotisme.

C’est dire que le pays a eu des régimes militaires dont certains Dirigeants sont considérés
comme les dictateurs tel que le cas du régime Bokassa dominé par la violation des libertés
fondamentales.11 L’histoire de la République Centrafricaine est jusque-là marquée par des
périodes sombres au lendemain de son indépendance, et fut jalonnée par la suite par de
soubresauts socio-politiques tels que rappelles ci-dessus, auxquels vient se greffer un conflit
armé épisodique qui perdure depuis plusieurs années : Il s’agit de la crise militaro-politique de
2013.

Ce dernier évènement a imposé un rythme de vie au peuple centrafricain qui se voit livrer à la
souffrance, en dépit des efforts de la communauté internationale. Les causes de ces différents
évènements survenus en Centrafrique sont multiples. On peut retenir surtout la mauvaise
gouvernance, l’injustice sociale résultant de la violation des règles et principes applicables
dans un Etat de droit et l’absence de politique adéquate et équitable de développement des
régions du pays etc… sources de mécontentement d’une frange de la population et ayant
comme corollaires l’instabilité politique de l’État Centrafricain. Cette instabilité politique est
défavorable en termes de développement socio-économique du pays.

6
David Dacko, né le 24 mars 1930 à Bouchia, près de Mbaïki et mort le 20 novembre 2003 à Yaoundé, est un
homme d'État centrafricain : président du gouvernement centrafricain de 1959 à 1960, puis Président de la
République centrafricaine à deux reprises, de 1960 à 1966 puis de 1979 à 1981.
7
André Kolingba, né le 12 août 1936 à Bangui et mort le 7 février 2010 à l'hôpital Val de Grace à Paris 5ᵉ, est un
général et homme politique centrafricain qui dirigea la République centrafricaine d'une main de fer de 1981 à
1993.
8
En politique, le régionalisme est une attitude visant à valoriser et à défendre les intérêts et l'identité de régions
particulières ou d'un groupe de régions, qu'elles soient officielles ou bien traditionnelles (divisions
administratives ou politiques, subdivisions de pays ou unités infra-étatique).
9
(Sens propre) Mode d'organisation sociale basée sur la tribu. (Sens figuré) Mode d'organisation politique basée
sur la lutte entre groupes, au profit de leurs dirigeants. (Sens figuré) Mode d'organisation basée sur le sentiment
d'appartenance, à un lieu, à un groupe comme fondement essentiel de la vie sociale.
10
Clanisme : est un système social d'organisation fondé sur le clan, sur une tribu constituée d'un regroupement
de familles.
11
Wagner est une organisation paramilitaire russe qui œuvre dans le but d'assurer la défense des intérêts
extérieurs de la Russie. Fondé le 1er mai 2014 par l'oligarque Evgueni Prigojine, un proche du président russe
Vladimir Poutine. Le groupe Wagner a débuté ses activités en RCA en 2018, suite à la signature entre les
gouvernements centrafricain et russe d’un accord prévoyant un soutien militaire et des armes russes en échange
d’avantageuses concessions minières (CNN, 15 juin 2021 – en anglais ; International Crisis Group, 3 décembre
2021 – en anglais). L’accord a ainsi permis à des « instructeurs militaires » russes, dont des agents liés au groupe
Wagner, de faire leur entrée dans le pays en même temps que d’importants stocks d’armes, suite à la décision du
Conseil de sécurité des Nations unies de lever l’embargo sur les armes imposé jusqu’alors à la RCA (CNN, 15
juin 2021 – en anglais).

2
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La RCA a accède à la souveraineté internationale le 13 aout 1960. Doté à ce jour d’un régime
politique semi présidentiel, le pays fait usage d’une langue nationale le Sango plus une langue
officielle la française.

Ce jeune Etat, sujet du droit international jouissant désormais d’une personnalité juridique, ce
pays par son moyen modique soit-il a, au nom de la solidarité internationale contribue à la
quête de la paix et de la sécurité collectives, ainsi que la reconstruction d’un monde meilleur
post second conflit mondial de1945. C’est à partir de cette période que la République
Centrafricaine est effectivement entrée dans le Concert des Nations.

A ce titre, sur le plan extérieur la République Centrafricaine a noué des relations


diplomatiques, d’amitié et de coopération avec les pays voisins puis, certains Etats au monde
et a adhère aux Institutions Internationales crées, comme l’Organisation des Nations Unies
(ONU) le 20 octobre 1960 et d’autres Organisations Supra étatiques que sont l’Union
Africaine (UA), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la
Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs12 (CIRGL) et la Communauté
Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), dont elle est membre.

Sur le plan interne, le pays déjà accable par la pauvreté a connu des multiples crises entre
1996-1997 également en 2001, 2002,2003 et 2006 sont des évènements précédents, qui ont
failli mettre cet État en Périclès périodes d’instabilité politique occasionne par des mutineries
et coups de forces ont débouché sur des affrontements armés opposant une partie des hommes
constituant les Forces armées centrafricaines et les groupes rebelles aux forces
gouvernementales ont sérieusement porte une atteinte à son tissu socio-économique et
sécuritaire. De nos jours, la RCA affiche le visage d’un pays meurtri, politiquement instable,
économiquement faible dans lequel la situation sécuritaire fragile, demeure une
préoccupation.

12
La création du Bureau des Nations Unies de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général pour les Grands Lacs
(OSESG-GL) constitue le dernier acte en date posé par l’Organisation des Nations Unies pour de ramener la paix
et la stabilité dans la sous-région des Grands Lacs en proie à des décennies d’instabilité politique et de conflits
armés, la porosité des frontières et la crise humanitaire, ainsi qu’aux tensions autour des ressources naturelles et
d’autres facteurs potentiellement déstabilisateurs. Une étape - clé dans les efforts récents a été l’adoption, en
février 2013, d’un accord négocié sous L’égide de l’ONU visant la stabilisation de la République Démocratique
du Congo en particulier et de la sous- région en général. L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la
coopération – signé par l’Angola, le Burundi, la République Centrafricaine, la République du Congo, la
République Démocratique du Congo, le Kenya, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Soudan du Sud, le Soudan,
l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie – englobe les engagements aux niveaux national, régional et international
pour instaurer la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC et dans toute la région. Le OSESG-GL a été
Spécialement chargé d’apporter du support sur la mise en œuvre de cet « Accord-Cadre de l’Espoir ».

3
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En décembre 2012 le pays a enregistré une violence sans précèdent manifestement reprise par
la Coalition Seleka constituée, qui signifie en langue Sango « Alliance » et composée
majoritairement d’une mosaïque d’hommes de confession musulmane 13 venus du Soudan, du
Tchad et du Niger y compris des centrafricains originaires de la région du nord-est du pays
sous le leadership de Michel Dotodjia Am Nondroko. Celle-ci a lancé une série d’attaques en
dépit de l’Accord de Paix conclu à Libreville au Gabon entre le Gouvernement Centrafricain
et le Groupe rebelle de la Coalition Seleka en Janvier 2013.

Cette dernière a franchi la ligne rouge tracée à Damara en application dudit accord pour faire
son entrée à Bangui malgré la présence des contingents sud-africains sur le territoire
centrafricain. Ces hostilités déclenchées par cette entité belligérante lui a permis de prendre le
pouvoir et le contrôle de la Capitale Bangui sans résistance le 24 mars 2013, contraignant
ainsi le président François Bozize Yangouvounda à l’exil14.

Le pays est désormais dirigé par un Chef d’État de Transition Michel Dotodjia Am
Nondroko, Chef rebelle originaire de la Préfecture de la Vakaga. Un gouvernement de
transition fut mis en place conformément à la Charte Constitutionnelle de Transition et ayant
mission d’œuvrer à rétablir la paix et la sécurité sur le territoire national. Des conséquences
politiques et socio-économiques d’énormes ampleurs sont à déplorer. On note entre Autres la
destruction des infrastructures socio-économiques de base, le pillage systématique des biens
publics et privés.

Apres la prise du pouvoir par les ex-Seleka en mars 2013, le président François Bozize
Yangouvounda a appelé ses partisans à prendre les armes pour défendre la patrie.

Les multiples exactions commises par les membres des ex-Seleka contre la population,
puisqu’ils occupaient tout le territoire national ont poussé les centrafricains d’obédience
chrétienne et aussi animiste à former à leur tour une milice armée baptisée 15Anti-Balaka.

13
Mosaïque d’hommes de confession musulmane, est un ensemble de petit groupe armé habillé de manière
décoratif.
14
Source France 24 ; https://www.france24.com/fr/afrique/20230922-en-exil.
15
Les anti-balaka sont des milices d'auto-défense mises en place par des paysans en République centrafricaine.
Elles prennent les armes en 2013 contre les Seleka lors de la troisième guerre civile centrafricain. Au cours de
l'année 2013 émergent les anti-balaka, une constellation de milices villageoises qui se mobilisent d’habitude
contre les éleveurs dont le bétail piétine leurs champs. Elles ont initialement été mobilisées par François Bozizé
et ses proches, notamment des militaires de sa garde présidentielle, pour protéger la région de Bossangoa dont ils
sont tous originaires, contre les exactions de la Séléka et attaquer tous ceux qui sont réputés proches de la Séléka,
à savoir les « musulmans.

4
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Cette milice s’est apprise directement aux populations musulmanes avec un tel niveau de
violence que la situation fut critiquée parfois décrite et frôlant le pré- génocide.

Ce conflit à l’origine politique, a pris une dimension confessionnelle ou intercommunautaire


opposant musulmans aux chrétiens et animistes, en raison de l’instrumentalisation du facteur
religieux par les acteurs politiques.

La milicianisation16 des communautés centrafricaines a donc conduit à de violents


affrontements entre les deux groupes antagonistes tant à Bangui aussi bien qu’en province sur
l’ensemble du territoire de novembre à décembre 2013, ont entrainé la mort de plus de cinq
mille (5000) personnes entre 2013 et 2014 et la fuite de plus de 1,3millions 17 a l’exil dont
935000 déplacés internes. Des mois de violence ont précipité l’effondrement des Institutions
politiques et administratives de l’État centrafricain, occasionnant une situation de famine à
laquelle sont exposées plus de 2,5 millions de personnes, et engendrant une catastrophe
humanitaire avec la menace d’un conflit ayant failli de s’étendre à toute la sous-région
d’Afrique Centrale voire tout le Continent africain.

En raison de la spirale de la violence à laquelle fait face la RCA, cette dernière a déployé sa
diplomatie en direction de la communauté internationale sollicitant son appui , cette Instance
dans toute sa composante fort des principes du droit international et de la solidarité
internationale s’est très vite mobilisée défiant le principe de la non-intervention consacre dans
les relations internationale ou diplomatiques pour assister la république Centrafricaine en lui
apportant son soutien à régler cette crise.

C’est ainsi que la RCA s’est retrouvée au Cœur de l’agenda du Conseil de Sécurité des
Nations Unies, l’intervention des forces internationales en commençant par la France qui a
dépêché son contingent appelé Sangaris, suivi des forces de l’Union Européenne (EUFOR) et
celle de l’Organisation des Nations Unies la Mission multidimensionnelle intégré des Nations
Unies pour la stabilisation en Centrafrique 18
(MUNISCA) ont permis d’améliorer la situation
sécuritaire du pays et d’enclencher un processus de sortie de crise caractérise par la tenue du

16
La milicianisation traduit le processus de radicalisation, de mobilisation et d'émergence des milices dans le
champ social.
17
oci.org/upload/media/special_reports/fr/Special_Report_on_Central_African_Republic_2014_fr.pdf
18
Suite à l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2149 de 10 avril 2014, BINUCA a été incorporé
dans la nouvelle opération de maintien de la paix- la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies
pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). La MINUSCA est autorisée à prendre toutes les
mesures requises pour s'acquitter du mandat de : stabilisation de la situation dans les principales agglomérations
et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays. La Mission assure également le suivi de
la situation relative aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

5
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Forum de Bangui en mai 2015 et l’adoption du pacte républicain pour la paix, la


réconciliation nationale et la reconstruction.

Compte tenu de l’incapacité du régime Seleka de diriger le pays, restaurer la paix et la


sécurité entrainant malheureusement la prolifération des exactions et crimes commis sur la
population civile par les deux groupes seleka et anti-balaka, qui n’ont aucunement observé les
règles du droit international humanitaire, sans être inquiètes ni reprîmes par la justice.
19
Une rencontre au Sommet fut convoquée à Ndjamena au Tchad en Janvier 2014 sous la
présidence de Idriss Deby Into20, alors le président de la République du Tchad sur l’initiative
de la Communauté Internationale, aux fins de réexaminer la situation socio-politique et
sécuritaire prévalant en Centrafrique.

En plus des acteurs internationaux et régionaux représentes à ce fera, des acteurs politiques
centrafricains dont la plateforme religieuse y ont pris part. A l’issue de ce Sommet le régime
Dotodjia fut destitué, le Président du Conseil National de Transition Ferdinand Alexandre
Ngeundet fut désigné président de la transition par intérim avec mandat d’organiser l’élection
d’un nouveau président de la transition par son Institution. C’est ainsi qu’est survenue une
seconde transition de 2014 à 2016 et suivie de l’élection post transition d’un nouveau
président a la tête du pays en décembre 2015.

Des approches de solution n’ont pas manqué, allant de la solution militaire, peu respectueuse
des vies humaines, à la solution négociée qui fait appel au génie créatif de l’homme et de son
intelligence, soucieuse de préserver le genre humain en « imaginant » des compromis inscrits
dans des accords de paix. Depuis les années 1990, cette dynamique de résolution pacifique
s’est accrue comme en témoignent les nombreux accords politiques conclus à travers tout le
continent avec pour seul et unique objectif, mettre un terme de manière durable aux incessants
conflits internes.

19
Le président centrafricain Michel Djotodia, accusé par la communauté internationale de passivité face aux
violences interreligieuses dans son pays, a démissionné vendredi à N'Djamena, sous la pression des dirigeants
d'Afrique centrale qui l'y avaient convoqué pour un sommet extraordinaire.
Son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, avec qui M. Djotodia entretenait des relations notoirement mauvaises
contribuant à paralyser toute action publique face aux tueries à grande échelle, a également démissionné. Les
dirigeants de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC), réunis au sommet depuis jeudi
à l'initiative du chef de l'État tchadien Idriss Déby Itno, "ont pris acte de la démission" du président et du Premier
ministre centrafricains, selon le communiqué final du sommet lu en séance plénière. Le sommet "prend acte de la
démission du chef de l'État de la transition et du Premier ministre et se félicite de cette décision hautement
patriotique pour une sortie du pays de la paralysie", indique le texte
20
https://www.lopinion.fr/international/idriss-deby-itno-le-parrain-de-la-centrafrique, publié le 10 janvier 2014 à
12 :22 - Maj 24 octobre 2021 à 21 :12.

6
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

C’est donc, à juste titre, que l’objet de notre étude porte sur cette question traduite par un
intitulé aussi expressif qu’actuel : « La Résolution de la crise Centrafricaine 2013 jusqu’à nos
jours : Contribution à l’étude des politiques, stratégies de sortie de crise pour la construction
d’une paix durable. »

Au regard ; le sujet de ce mémoire est articulé autour de trois (3) expressions majeures. Il
s’agit de la notion de « Résolution » « crise », et celle de la « paix ».

Dès lors, au regard du lexique des termes juridiques21, l’expression « résolution » en droit
civil, désigne la sanction de l’inexécution de son obligation par le débiteur, mettant fin au
contrat. Ce qui est diffèrent du droit international public et celle de la chartre des nations
unies. En ce qui concerne le droit public, elle désigne un texte adopté par un organe d’une
organisation internationale ou par une conférence internationale.

Quant à la charte des nations unies, Une résolution est un texte qui a une valeur juridique
contraignante, contrairement à une résolution de l'Assemblée générale. Dans le droit
international, elle est consacrée par l'article 25 de la Charte des Nations unies : Les membres
de l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de sécurité
conformément à la présente Charte. 22 Ces opérations sont déployées sur la base des mandats
définies par l’adoption d’une résolution dudit Conseil. Dans son Chapitre VI, il traite du
règlement pacifique des différends, le Chapitre VII quant à lui est consacré aux actions à
mettre en œuvre en cas de menace de la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression.

En langage courant, la résolution23 est définie comme la qualité d'être déterminé ou résolu,
avec une décision ferme de faire ou de ne pas faire quelque chose. Elle est souvent issue d'une
opération par laquelle l'esprit résout une difficulté (un problème) et trouve une solution.

La notion de « crise » Etymologie : du latin criss, manifestation grave d'une maladie, issu du
grec krisis, décision, jugement. Une crise est un événement social ou personnel qui se
caractérise par un paroxysme des souffrances, des contradictions ou des incertitudes, pouvant
produire des explosions de violence ou de révolte, la crise est une rupture d'équilibre. Une
crise politique24, crise institutionnelle, crise constitutionnelle, ou encore crise de pouvoir, est

21
GAJC, lexique des termes juridiques, DALLOZ. 27 Éditions.
22
Voir, la Charte des Nations.
23
https://www.aquaportail.com/dictionnaire/definition/6642/resolution
24
Philippe Askenazy et Daniel Cohen, 5 Crises : 11 nouvelles questions d'économie contemporaine -
Economiques 3, Albin Michel, 2013, 768 P.

7
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

une situation de défiance de la population envers le régime politique 25 ou le gouvernement 26,


ou simplement entre diverses institutions politiques (entre le Parlement et le président par
exemple), ou lorsque des désaccords apparaissent entre divers partis politiques au sein d'une
coalition dans un gouvernement minoritaire ou de coalition. Elle fait parfois suite à un
scandale soulevant l'indignation de l'opinion publique.

Le terme “crise” désigne une période, un phénomène critique où il est nécessaire de faire un
choix pour faire face à un changement majeur. Une crise est alors une situation intenable,
inattendue et qui est une menace pour un système. Elle peut intervenir dans n’importe quel
cadre.

Quant à la paix, est un concept qui désigne un état de calme ou de tranquillité ainsi que
l'absence de perturbation, de trouble, de guerre et de conflit. Elle correspond aussi à un
idéal.27 La paix est également une dynamique incessante d'interactions mutuellement
positives, permettant d'atteindre ensemble l'harmonie, durablement. Elle est fondée sur la
recherche continue de convergence, vers le point d'équilibre, au-delà des différences
d'opinion.28"

Par ailleurs, notre l’étude fera l’objet d’un focus sur la résolution de la crise en RCA, à
travers les différents processus mais également par les différentes approches, mise en place en
ce sens. Du point géographique, notre présente étude portera spécifiquement sur la RCA, à la
capitale car c'est elle le bastion de tous les maux qui rongent le pays en raison de la proximité
avec les rebelles bien qu'aujourd'hui, la situation soit généralisée.

Au regard, ce sujet présente double intérêt, à la fois théorique et pratique. Du point de vue
pratique : Cette étude traite de la question des résolutions de crise en Centrafrique et tente de
mettre en exergue la nature juridique desdits d’intervention des organismes supranationaux et
les accords dans la résolution des conflits armés internes en RCA. L’intérêt pratique de cette

25
Le régime politique ou la forme de gouvernement désigne l’organisation des pouvoirs et leur exercice au sein
d’une entité politique donnée. Ces termes renvoient donc à la forme institutionnelle du pouvoir mais aussi à la
pratique découlant de cette forme institutionnelle. Ils dépassent l'étude constitutionnelle (qui analyse les
structures formelles d'un État) mais ne sont pas non plus à confondre avec l'étude des systèmes politiques.
26
Un gouvernement est une institution politique qui exerce le pouvoir exécutif du pays, mais dans certains
contextes, c'est l'ensemble des institutions qui ont un pouvoir. Dans un régime parlementaire, le gouvernement
est responsable politiquement devant le parlement ; dans un régime présidentiel, le gouvernement n'est
responsable que devant le chef de l'État. Le gouvernement décide et entreprend les actions nécessaires à la
conduite de l'État.
27
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paix#Définitions.
28
https://www.grainesdepaix.org/fr/ressources/sinspirer/concepts-de-paix/comment-definir-la-paix.

8
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

étude réside non seulement dans la démonstration des handicaps juridiques qui caractérisent
ces résolutions, mais et surtout de l’inefficacité.

Du point de vue théorique, réside dans la situation socio-politique dégradée que vit la RCA
depuis l’attaque du 23 mars 2013 du groupe de la coalition seleka dans la capitale du pays, la
résolution du conflit est un procédée particulier et emporte plusieurs mécanismes. Au regard
de ces deux points de vue, nous croyons par cette modeste étude, pouvoir apporter notre
contribution si modeste serait-elle, à la conscientisation de la communauté internationale afin
que celle-ci prenne à cœur, le problème de la République Centrafricaine (RCA) et imagine
dans les délais les plus raisonnables, de nouveaux mécanismes pour que la République
Centrafricaine retrouve sa quiétude d'autrefois, une manière de nous lutter contre la
balkanisation.

Par ailleurs il est important de préciser que la République Centrafricaine pays en


développement ne dispose pas d’une Institution politique forte ou d’une Force armée bien
équipée, et encore moins nantie d’une connaissance avérée au plan sécuritaire et militaire afin
de lui permettre de prévenir tout conflit local, de protéger le territoire ainsi que son peuple et
de déployer des ressources nécessaires en vue de son développement socio-économique a
besoin de l’appui extérieur à cette fin.

Sur ce sujet, la question essentielle qui se pose est celle de savoir : Comment appréhender
l’étude des politiques, stratégies de résolution de la crise et garantir la construction
d’une paix durable ?

Par ailleurs de toutes ces explications, il convient dans le cadre de cette étude d’adopter une
démarche bipartie. De ce fait, nous tenterons de voir dans la (première partie) l’analyse du
processus de résolution de la crise Centrafricaine ainsi qui sera suivi d’une approche favorable
à l’amélioration des politiques d’une paix durable (deuxième partie).

9
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

PREMIÈRE PARTIE : L’ANALALYSE DU PROCESSUS DE


RESOLUTION DE LA CRISE CENTRAFRICAINE

Les processus 29de résolution de la crise centrafricaine, reposant sur la négociation d’accords
de paix officiels entre protagonistes sont devenus le principal moyen utilisé pour mettre fin à
des conflits violents tant entre États qu’au sein de ceux-ci. Depuis l’ère de François Bozizé
30
(2003-2013), la Centrafrique a connu une succession de conflits armés entre les forces
gouvernementales et les 31groupes armés, voire entre les groupes armés eux-mêmes.

La RCA continue d’être un pays extrêmement affecté par les conflits armés. Pourtant, ce pays
a initié depuis une décennie (2007-2017), avec l’appui de la communauté internationale, un
important processus de prévention de la violence et de consolidation de la paix. Toutefois,
malgré ces efforts dans le rétablissement de la paix, la Centrafrique continue de s’enfoncer
dans la violence armée interne.

Le droit à la paix32 est menacé d’une manière sans précédent et cela pose le problème de
l’efficacité des accords de paix dans le cadre de la résolution des conflits armés internes qui
sévissent dans ce pays. Le bilan en matière de résolution des conflits armés internes en RCA,
reste mitigé malgré la conclusion de nombreux accords de paix, dont la nature juridique reste
à déterminer.

29
BELL, C. and O’ROURKE,
«Peace agreements or Pieces of Paper? The Impact of UNSC Résolution 1325 on Peace processus and
Agreement » in ICLQ, vol 59, Octobre 2010, pp. 941-980, spécialement à la page 950.
30
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) définit le Conflit armé Comme « un recours à la
force armée entre Etats ou un conflit armé prolongé entre les autorités gouvernementales et des groupes armés
organisés ou entre de tels groupes au sein d'un Etat ». TPIY, le Procureur c. Duško Tadic, Aff. IT-94-1-A, arrêt
relatif à l’appel de la défense concernant l’exception préjudicielle d’incompétence, 2 octobre 1995,
http://www.icty.org/x/cases/tadic/acdec/fr/51002JN3.htm (consulté le 24 janvier 2018), § 70.
31
Le terme « groupe armé » sert à désigner un groupe qui n'a pas le statut d'État mais qui a la capacité de générer
un niveau de violence préoccupant du point de vue humanitaire. Il n’existe pas de définition internationalement
admise du terme « groupes armés non étatiques » dans les traités internationaux.
Ce terme sert à désigner une partie non étatique dans un conflit armé international ou non international.
Par opposition, le droit international humanitaire utilise le terme de forces armées pour définir et désigner
l’ensemble des combattants d’une partie étatique à un conflit. Les groupes armés non étatiques jouent un rôle
majeur dans les conflits armés internationaux et non internationaux contemporains. Dans les cas où ces groupes
non étatiques agissent en réalité sous le contrôle effectif et pour le compte d’États étrangers, les tribunaux
internationaux considèrent que les actes de ces groupes non étatiques engagent la responsabilité de ces États et
internationalisent la nature du conflit armé.
32
L’idée de la paix est présente dans les préambules de la plupart des grands textes juridiques : Charte de
l’ONU, constitution de l’Unesco, traités sur la Communauté Economique Européenne et l’Union Européenne,
Convention Européenne des droits de l’Homme (CEDH), etc. Pour le droit de l’être humain à la paix, le « projet
de déclaration sur le droit de l’être humain à la paix » de la conférence générale de l’Unesco (29C/43, 1997)
donne une liste des résolutions sur la question. Il n’existe pas encore de textes en la matière ayant une portée
juridique contraignante.

10
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La résolution du conflit s’inscrit dans des mécanismes et des procédures bien établis qui
constituent leur cadre institutionnel du règlement (chapitre I) d’une part. D’autre part, ces
résolutions revêtent un aspect juridique qu’il conviendra de traiter dans le cadre normatif
(chapitre II).

CHAPITRE1 : CADRE INSTITUTIONNEL DU


REGLEMENT DE LA CRISE CENTRAFRICAINE

La République Centrafricaine se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire, le


pays émerge tout juste d’un conflit d’une grande violence qui a causé la perte de milliers de
vies humaines et provoqué le déplacement d’un tiers de la population

Après trois années de transition, les autorités ont réussi, avec l’appui de la communauté
internationale, à mettre en place les conditions nécessaires pour l’organisation d’élections
présidentielles et législatives crédibles. Les Centrafricains se sont mobilisés Massivement
pour exprimer leur volonté de mettre fin au tumulte des années précédentes.

Leur maturité démocratique exemplaire a permis l’organisation des scrutins dans un contexte
pacifique, malgré des tensions encore palpables. L’accueil du 33
Pape François à Bangui en
novembre 2015 et les Efforts visibles de réconciliation font état du désir de la population de
Tourner la page sur ce conflit. La situation reste cependant fragile, et l’appui de la
communauté internationale est Crucial en cette période historique.

C’est pour cette raison que le Gouvernement centrafricain a décidé de procéder à


l’identification des priorités et besoins pour le relèvement et la consolidation de la paix, en
faisant appel au soutien de l’Union Européenne, des Nations Unies, Union Africaine et de la
Banque mondiale.

Au regard de ce chapitre, nous allons aborder dans un premier temps la résolution nationale
du conflit (section1) et dans un second temp celle d’intervention des organismes
supranationaux (section 2).

SECTION1 : LA RESOLUTION NATIONALE DU CONFLIT

Selon le Lexique de Science Politique, la résolution des conflits est l’ensemble des moyens
politiques et juridiques permettant de résoudre les34 conflits. David Charles Philippe définit la

33
https://minusca.unmissions.org/plan-national-de-relèvement-et-consolidation-de-la-paix-2017-2021.
34
Lexique et science politique : vie et Institution politique 2ème Edition, paris, Dalloz,2011, p 480.

11
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

résolution des conflits comme l’application non coercitive des méthodes de négociation et de
médiation, par des tierces parties, en vue de désamorcer l’antagonisme entre adversaires et de
favoriser entre eux une cessation durable de la violence35.

Il s’agit là, selon notre entendement, d’une définition générale qui prend en compte tous les
différents types de conflit. Dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes intéressés
sur deux point le premier est relatif au contexte historique des évènement survenus en RCA en
2013 (paragraphe 1) et le second est relatif l ’avènement de la transition politique
(paragraphe2).

1.1 PARAGRAPHE 1 : Le contexte historique des évènement survenus en


1.2 RCA en 2013

Bozizé a pris le pouvoir par un coup d’État en 200336, puis s’y est maintenu 10 ans, en
emportant par deux fois les élections multipartites qu’il a mises en place, en 2005 puis en
2011. Se sentant délaissés par le pouvoir central, des opposants du nord-est du pays forment
un groupe rebelle (la Séleka) durant l’été 2012. La Séléka reproche au pouvoir le non-respect
de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les groupes d’opposition,
notamment l’accord 37de la paix globale de Libreville de 2008.

La Seleka demande également la restitution des matières premières qui sont accaparées par
l’État et dont l’exploitation ne bénéficie pas à la population.

Les rebelles prennent les armes le 10 décembre 2012 et s’emparent de plusieurs villes,
provoquant des déplacements de populations. Malgré l’accord du 38
11 janvier 2013 (qui
prévoit un gouvernement d’union national avec la Séleka), les insurgés de la Séleka, avec

35
David Charles Philippes, « la paix et la guerre : approche contemporaine de la sécurité et la stratégie ».
Sciences-Po Les Presses, Paris, janvier 2013, p. 283
36
Les sites édités par ritimo.
37
Accord de paix global signé entre le gouvernement centrafricain et les mouvement politico-militaire groupes
armés à savoir : front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), Armé populaire pour la restauration de la
démocratie (APRD) et Union des forces démocratique pour le rassemblement (UFDR). Son art 2 : promulgation
de la loi amnistie générale à l’endroit des militaires, des combattant et des civiles du mouvement de politico-
militaire (FDPC), (APRD), (UFDR) pour des crimes et délits poursuivis par la juridiction nationale de la RCA à
l’exception des crimes relevant de la CPI.
Art 2 Réhabilitation dans leurs droits des militaires centrafricains radié pour des faits de lié à la rébellion des
civiles des fonctionnaires (FDPC), (APRD), (UFDR).
38
L’accord de cessez-le-feu, signé entre le gouvernement de RCA et la Seleka, prévoit notamment le retrait
progressif des rebelles de la Seleka de la zone occupée. Il est également question d'un accord politique de sortie
de crise, signé par les belligérants, ou en tout cas par toutes les parties présentes à Libreville.
Cet accord prévoit le maintien de François Bozizé au pouvoir, jusqu’à la fin de son mandat en 2016, ainsi que la
mise en place d’un gouvernement d’union nationale chargé d’organiser des élections législatives anticipées dans
un délai d’un an, après dissolution de l’Assemblée nationale (art 5).

12
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

l’aide de mercenaires tchadiens et soudanais, renversent Bozizé le 24 mars 2013 et leur chef
Michel Djotodia prend le pouvoir. La Séléka (« Alliance » en sango, à majorité musulmane)
est constituée par la fédération de groupes armés actifs dans l’extrême Nord du pays,
notamment la Convention des patriotes pour la justice et la paix39 (CPJP) et l’Union des
forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR)40.

Le groupe Séleka sera rapidement dissout41 (septembre 2013), les divisions internes ont
générées de multiples factions ex-séleka qui s’opposent encore en 2017. Dès les jours suivants
le coup d’Etat, et malgré le départ de Bozizé, les troupes Séleka se comportent brutalement,
faisant émerger une haine de nature communautaire et religieuse. Ils perpétuent pillages et
violences contre la population. Les multiples exactions commises par les membres de Seleka
contre la population ont poussé les Centrafricains d’obédience chrétienne à former à leur tour
une milice armée, baptisée Anti-balaka (ce qui signifierait « anti-machettes » et soutenue par
le président déchu, François Bozizé.

Cette mouvance est composée de chrétiens et d’animistes. La contre-offensive menée par les
anti-balaka42 s’accompagne de massacres de populations musulmanes, sans discernement, ces
massacres provoquent un exode massif de civils dans les pays voisins. Le niveau de violence
est tel que la situation a parfois été décrite comme pré-génocidaire. Durant L’automne 2013,
la Centrafrique s’enfonce dans ce cycle de représailles basées sur l’appartenance religieuses
des populations.

En effet, à travers ces contextes historiques des évènements qui nous amènent à voir les
causes de conflit (A), mais également les actions insuffisances mise en place par les acteurs
(B)

39
La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) est un groupe rebelle de la Centrafrique, créé le
26 octobre 2008, majoritairement composée de Rounga et de confession musulmane. Il est essentiellement
implanté dans la préfecture de la Vakaga et dans la Bamingui-Bangoran.
Son objectif est de "Rendre à la République centrafricaine ses valeurs de "Zo Kwe Zo" et son "Unité-Dignité-
Travail". Il faut ajouter à cela la volonté d'éclaircir la disparition du plus emblématique leader du groupe Charles
Massi.
40
L'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) est un mouvement politico-militaire
centrafricain à dominante goula et basé dans le nord-est du pays. Il est fondé le 14 septembre 2006 à Kigali au
Rwanda1. Ce mouvement a déclenché et mené la première guerre civile centrafricaine (2004-2007), et a joué un
rôle clé dans la seconde (2012-2013).
41
https://www.challenges.fr/monde/centrafrique-djotodia-annonce-la-dissolution-de-la-seleka_191057.
42
https://webdoc.rfi.fr/centrafrique-sortir-abime-crise-seleka-anti-balaka/chapitres/chapitre-3.html.

13
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

A. Les péripéties du déclenchement de la crise en Centrafrique

L’histoire politique de ce pays d’environ 5 millions d’habitants, est jalonnée de soubresauts


politiques, entraînant une instabilité institutionnelle et conjoncturelle défavorable à son
développement. Par ailleurs, il ne faudra pas perdre de vue de ce conflit qui oppose divers
acteurs dont l'étude s'avère incontournable pour la bonne compréhension du sujet sous
examen. Epiloguer sur les origines d'un conflit dans le cadre d'une approche polémologique,
affirme le professeur NDESHYO RURIHOSE consiste à en rechercher les causes, mieux les
raisons de son existence.

C'est pour nous l'occasion de répondre à la question de savoir d'où vient le conflit
centrafricain et quelles en sont la justification profonde. Aujourd’hui, le Centrafrique affiche
le visage d’un pays politiquement instable, économiquement faible, et dans lequel le niveau
d’insécurité dans l’arrière-pays reste une source de préoccupation. Le lien de sang qui unit les
Centrafricains entre eux et l’usage unique de la langue sango qui caractérise la RCA, sont
autant de facteurs déterminants qui devraient favoriser le règlement des crises et la
réconciliation nationale.

De ce point de vue, la situation conflictuelle qui perdure dans ce pays depuis des années,
relève d’un paradoxe étonnant et trouve ses causes plutôt dans une situation socio-
économique difficile. Comme il a été susmentionné, diverses mutineries ont précédé le
déclenchement de la crise43, dont les causes se résument au mécontentement généralisé des
populations des régions nord est en majorité musulmane, qui semblent être abandonnées par
le pouvoir de Bangui depuis de nombreuses années dû à l’absence des voies de
communications routiers, l’inexistence des infrastructures socio-économiques, état de
paupérisation44 avance, le dysfonctionnement de l’administration n’accordant aucune
attention aux conditions de vie des populations des régions oubliées, etc.

C’est alors Qu’un groupe d’individus constitue sous la direction de Michel Dotodjia
Amnondrko, ancien Consul de la RCA a Nyala au Soudan appuyés et soutenus par les anciens
libérateurs, qui ont pris la revanche contre Bozize n’ayant pas tenu ses promesses après son
installation au pouvoir en 2003.

43
https://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-1011_fr.html; cause du conflit en RCA.
44
Idem,
Irénées.net est un site, cause de crise centrafricaine.

14
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Les causes et les facteurs déclenchement de conflit en République Centrafricaine sont divers
et du Variés. Parmi les plus importants figurent : La fragilité des institutions étatiques ;
L’échec des efforts de démocratisation 45; l’exploitation et l’instrumentalisation des
différences ethniques ; La prolifération de groupes armés et des armes légères ; le manque de
dialogue et de coopération entre le pouvoir et l’opposition ; l’intransigeance et le manque de
flexibilité des acteurs sociaux et politiques ; les arriérés de salaires et/ou le non-paiement des
salaires à terme échu ; La pauvreté et la misère.

Il convient de noter que, même pris isolément, chacun de ces facteurs constitue en soi une
source indiscutable du déclenchement de conflit, mais leur combinaison totale ou partielle a
rendu davantage explosive la situation en République centrafricaine.

L’accumulation excessive des arriérés de salaires et le non-paiement régulier des salaires


courants, ont contribué au dénuement des fonctionnaires et autres agents de l’Etat et, par voie
de conséquence, à la paupérisation d’une grande partie de la population, dans la mesure où, en
RCA, les fonctionnaires constituent les seuls soutiens de leurs familles respectives prises dans

Leur sens le plus large. La pauvreté est donc considérée comme l’une des causes principales
de la crise centrafricaine mais aussi l’une des raisons fondamentales de sa perpétuation. Les
crises internes, sur fond d'instabilité régionale ont sérieusement dégradé la situation
sécuritaire à travers plusieurs types de menaces qui pèsent actuellement sur le Centrafrique.

Au nombre de celles-ci, on peut citer :

46
Les Zaraguinas (coupeurs de route)

Sévissant principalement dans l'Ouest, le Nord-Ouest, le Nord-est et dans le Centre, ils


s'attaquent aux populations en les dépossédant de leurs biens. Les cibles privilégiées de ces
bandits de grand chemin sont les convoyeurs de fonds, les commerçants et les éleveurs. Leurs
zones de prédilection étant les axes routiers, ils perturbent systématiquement la libre
circulation des personnes et des biens à l'intérieur même du pays, et par conséquent le
ravitaillement de la RCA qui est pays enclavé. Cela se ressent par conséquent dans le panier
de la ménagère qui est désespérément vide à cause des pénuries artificielles ainsi créées et de
la cherté de la vie.

45
La démocratisation est en premier lieu un processus au terme duquel un régime politique devient plus
démocratique. Le concept a été étendu au domaine économique, pour désigner la généralisation de la diffusion
d’un produit ou d’un bien.
46
Zaraguinas, origine incertaine, peut-être de l'arabe saragin, pluriel de sarag, voleur, en Afrique, bandit semant
la terreur sur les routes et dans les campagnes.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Les Braconniers

A cause de la perméabilité des frontières, les braconniers venant majoritairement de certains


pays voisins, pénètrent sur le territoire et se livrent à un braconnage aveugle. Ils créent une
insécurité réduisant le nombre de touristes qui désirent se rendre dans le Nord-est. Ce qui
constitue d'importants manques à gagner financiers pour l'économie centrafricaine.

Le trafic illicite d'armes

En dépit de la normalisation progressive de la situation sécuritaire dans certains pays voisins


dont la plupart ont connu des conflits armés, la Centrafrique à cause de la porosité 47 de ses
frontières, continue de subir les effets néfastes de la prolifération et de la circulation illicite
d'armes de guerre.

Le non règlement définitif de la situation des réfugiés militaires revenus d'exil et des «
Libérateurs »

Malgré les efforts de réhabilitation faits par le gouvernement, bon nombre de réfugiés et de
libérateurs ne sont pas totalement réintégrés. Ils sont disséminés sur toute l'étendue du
territoire et peuvent être facilement recrutés pour une action de déstabilisation du fait de leurs
conditions de vie très précaires.

Les faiblesses du système de défense

Les crises récurrentes ont accentué les carences structurelles des Forces Armées
Centrafricaines et détruit les moyens déjà limités de cette Armée. En effet, ces Forces de
Défense et de Sécurité se trouvent dans un état de dénuement très avancé avec des effectifs
vieillissants, manquant de moyens et ne bénéficiant pas de formation.

Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA subit les effets négatifs des
guerres qui se déroulent dans la région des Grands Lacs, en accueillant des milliers de
réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda mais également des conflits armés des pays
voisins comme le Tchad et le Soudan. Ces guerres, combinées aux rebellions internes en RCA
ont accentué la prolifération transfrontalière d'armes de guerre. En outre, les conflits
centrafricains qui étaient internes au départ, ont fini par revêtir un caractère régional.

La porosité des frontières : est État d’une frontière mal protégée, que l’on peut traverser illégalement en divers
47

points de passage : La porosité des frontières entre les deux pays favorise ce trafic d’armes.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

A cet égard, le 10 janvier 2002, 48le Président du Conseil de sécurité, dans sa déclaration faite
à la presse, avait souligné que : « les membres du Conseil de sécurité restent profondément
préoccupés par le fait qu'il existe une interdépendance entre la crise persistante qui sévit en
République centrafricaine et la situation dans les Etats voisins en particulier, et dans la sous-
région en général ». Cette inquiétude du Conseil a été renouvelée le 28 octobre 2004, suite à
l'examen de la situation en République centrafricaine.

A ce propos, le Président du Conseil de sécurité a fait au nom du Conseil la déclaration


suivante : « le Conseil exprime une nouvelle fois sa préoccupation quant aux conséquences
potentielles que peuvent avoir sur la République centrafricaine les crises qui affectent la sous-
région. Aussi accueille-t-il avec satisfaction l'initiative du Secrétaire général visant à
demander au Bureau intégré d’organisation des nations unies en Centrafrique (BINUCA)
d'évaluer les implications de la situation dans les pays voisins sur celle prévalant en
République centrafricaine et vice versa ».

Vu en ce qui précède, nous permettons d’aborder les mesures inefficiente prises par les
autorités nationales.

B. les mesures inefficiente prises par les acteurs au niveau local

L’une des mesures prises par le gouvernement de transition de Me Tiangaye fut la création de
la plateforme religieuse et composée de trois Leaders religieux, qui sont Monseigneur
Dieudonne Nzapalahinga, Archevêque de Bangui, le Pasteur Nicolas Guerekoyame Gbangou,
de l’église Elim de Bangui Mpoko, Président de l’Alliance des Evangéliques de Centrafrique
(AEC) et l’imam Kobi Président de la Communauté Islamique de Centrafrique.

Ces trois Leaders ont joué le rôle de médiateurs entre les communautés musulmane et
Chrétienne, afin de calmer la tension qui montait d’un cran. Leur mission consistait à
entreprendre des actions en direction de ces entités religieuses au travers des rencontres
périodiques soit, dans les Mosquées au km5 ou ailleurs dans les églises catholiques ou
protestantes en vue de prodiguer des sages conseils aux membres de leur communauté
respective. Très souvent ils effectuent des visites ensembles pour s’adresser aux responsables

48
À la 4627e séance du Conseil de sécurité, tenue le 18 octobre 2002, au sujet de la question intitulée : « La
situation en République centrafricaine », le Président a fait la déclaration suivante au nom du Conseil :
Économique et monétaire de l’Afrique centrale à Libreville, le 2 octobre 2002, afin d’examiner la situation
concernant la République centrafricaine et la République du Tchad.

17
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

religieux, dirigeants ces communautés ou parfois directement aux membres de chaque


Confession religieuse.

Dans le cadre de l’accomplissement de leur mission les leaders religieux participant


régulièrement ont toutes les rencontres nationales initiées par le gouvernement de transition
de Me Tiangaye pour y recevoir des consignes et directives ou sont directement reçus par le
Chef d Etat de Transition Lui-même à qui ils rendent compte de leur mission. Ils sont souvent
charges de mission sur invitation de l’organisation 49Catholique de Saint Egidio de se rendre à
Rome en Italie pour y rencontrer accompagnes des membres de la société civile les autorités
de cette institution dans le but de chercher à trouver des solutions appropriées pour réconcilier
les deux parties musulmans et chrétiens.

La démarche consistait en fait à trouver des remèdes thérapeutiques afin de restaurer la


cohésion sociale ou le vivre ensemble, qui fait désormais défaut sur le territoire de la RCA.
L’accomplissement de la mission de cette entité a abouti aux résultats mitigés. D’autre part,
les services de sécurité de l’Etat et la justice ont été impuissants face à la commission des
meurtres, des exactions et crimes par ces hommes sans loi ni foi en Centrafrique, sans en être
juges au mépris des droits de l’homme et des règles du droit international humanitaire. C’est
par la suite qu’avec l’avènement du régime de Touadera en 2016 qu’un organe légitime fut
créé.

IL s’agit du Conseil National de la Médiation. C’est l’une des Institution de la République


mise en place par l’article 133 de la Constitution du 30 mars 2016 qui dispose : Le Conseil
National de la Médiation est un organe permanent dirige par une personnalité indépendante,
le50 Médiateur de la République. L’une des missions assignées à cette haute instance de la
République par l’alinéa 1er de l’article 134 de la Constitution citée ci-dessus est :
l’amélioration des relations entre les citoyens et l’administration en vue de protéger et de
promouvoir les droits des citoyens.

Aussi, l’article 22 de la même loi dispose que la mission du Conseil National de Médiation
(CNM) est de défendre les droits et libertés dans le cadre des relations avec les
administrations publiques, les collectivités territoriales et les organismes investis d’une
mission de service public. En application de l’alinéa 3 de l’article 135 de la Constitution, une
loi organique déterminé la composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil

49
Le pape François encourage la relance du processus de paix en Centrafrique ; Aleteia
https://fr.aleteia.org › 2017 › June › 19.
50
Constitution du 30 mars 2016.

18
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

National de La Médiation. Ainsi, la loi organique n°17.008 du 15 février 2017 portant


composition, organisation et fonctionnement du Conseil National de la Médiation (CNM).

1- Composition et mandat

Conformément à l’article 3 de la loi organique le CNM est compose de sept (7) membres dont
trois (3) femmes au moins pour un mandat de (5) ans renouvelables une seule fois. Ils portent
le titre de « « Conseiller National » ».

2- Mode de désignation

L’article 4 la même loi dispose quant à lui que : Les membres du CNM sont désignés comme
suit : Une personnalité indépendante nommée par Décret du Président de la République et
porte le titre de Médiateur de la République. Les autres membres sont désignés par les
Institutions et organisations dont ils relèvent. Les critères d’éligibilités sont valables pour tous
les membre qui doivent être de nationalité centrafricaine, justifier d’une longue expérience
dans son domaine d’activité, n’avoir jamais été condamnes, jouir des droits civiques etc.

3.Des attributions des membres du CNM

Les attributions du Médiateur de la République telles définies à l’article 13 de la loi


organique stipule : Le Médiateur préside les réunions des membres du CNM et représente
l’institution dans la vie publique. Les attributions des Conseillers Nationaux visent à assister
le Médiateur de la République et étudient toutes questions et affaires qui leur sont soumises
par ce dernier. Ils représentent le Médiateur en cas d’empêchement de celui-ci. Le CNM peut
être saisi par un tiers ou peut s’autosaisir.

Pour ce faire, dans l’accomplissement de sa mission cette institution eu de séries de


rencontres avec les plus hautes autorités du pays, des Membres du Gouvernement aux fins de
régler un certain nombre de dossiers litigieux à caractère socio-professionnel ou politique
opposant l’administration publique, aux syndicats des Enseignants de la Sante publique, de
l’Energie, des Eleveurs et Agriculteurs, des opposants politiques qui est le Bloc Républicain
pour la Défense de la Démocratie conduit son Président Crépin Mboligoumba, le Comité de
suivi du Dialogue Républicain, etc…Cette Institution a eu a installé des Points Focaux dans
certaines villes du pays comme Bouar, Baoro, Yaloke Bossembele et Boali.

19
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.
51
La Commission Vérité, Justice Réparation et Réconciliation (CVJRR). Dans le souci de
résoudre les effets néfastes de la crise de 2013, le gouvernement centrafricain a décidé de la
création d’une Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation 52(CVJRR).

Cet organe compose des membres issues différentes entités nationales tels que
l’Administration Publique, la Société Civile, le Barreau Centrafricain, les Communautés
religieuses etc… est préside par le Ministre des Affaires Sociales et humanitaires. Elle a pour
mission de : Collecter toutes les informations relatives aux évènements survenus en RCA en
2013 notamment les victimes, identifier causes et les auteurs, évaluer les proportions des
préjudices subis en dresser rapport puis procéder à la saisine des Tribunaux et Cours de la
République en vue des process équitables pour réparations des dommages subis par les
victimes ; Procéder à la condamnation des auteurs présumés devant subir des peines
d’emprisonnement suivies des réparations.

A l’issue de la tenue des procès équitables à l’encontre des auteurs présumés, cette institution
devra organiser une importante manifestation nationale à laquelle devra participer les
délégations de toutes les composantes de la société centrafricaine pour une réconciliation
nationale en tirant l’éponge sur les tristes évènements passés et envisager l’avenir avec
sérénité où la cohésion sociale et le vivre ensemble doivent être désormais priorises et s’y
installer. Au regarde de précédant, mesure inefficiente prise par les acteurs, il convient de
parler de l’avènement qui a succédé la démission du ex président Michel DOTODJIA.

1.3 Paragraphe II : l’avènement de la transition politique

La chute du président 53 Bozizé s’inscrit ainsi dans le cycle des crises qui se répètent tous les
dix ans en Centrafrique. Grâce à un suivi continu depuis 2012, qui a impliqué plusieurs
séjours en République Centrafrique (RCA). Le 24 mars 2013, la coalition rebelle Séléka
s’empare du pouvoir détenu par François Bozizé depuis 2003. Incapable d’enrayer la violence
entre ses éléments armés et le mouvement anti-balaka, qui a émergé en réaction à l’avancée

51
S’appuyant sur la Stratégie globale pour la réconciliation nationale en RCA élaboré en novembre 2014
Rapport sur les Consultations populaires à la base, le Forum National de Bangui (FNB), tenu du 4 au 11 mai
2015, a adopté une recommandation exigeant la création de la Commission Vérité, Justice, Réparations et
Réconciliation (CVJRR).
52
L’objectif stratégique visé à travers la CVJRR est de parvenir à une refondation de la mémoire collective par
l’établissement de la Vérité des faits entre « bourreaux et victimes », de rendre une Justice globale et équitable,
de prendre en compte les dommages subis par les victimes et de les réparer, et enfin, de réconcilier tous les
centrafricains ; institut français pour la justice (Ifp).
53
https://www.jeuneafrique.com/137861/politique/centrafrique-r-cit-exclusif-de-la-chute-de-boziz/

20
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

de la Séléka, son leader, Michel Djotodia, occupe la Présidence jusqu’à sa démission le 10


janvier 2014.

Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, est élue chef de l’État de la transition par le
Conseil national de la transition, avec pour tâche essentielle d’organiser des élections libres et
transparentes, qui se déroulent entre décembre 2015 et mars 2016. Cette étude nous conduit à
aborder l’influence de la présidente de la transition de 2014 à 2016 (A) qui sera suivi
l’élection du président post-transition. (B)

A. L’influence de la présidente de la transition de 2014 á 2016

54
Catherine Samba-Panza est née le 26 juin 1954 à Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djamena) au
Tchad. Elle grandit à Bangui où son oncle maternel, un diplomate, est son tuteur. De
confession chrétienne, elle parle français et arabe. Elle entame des études de droit en France.
Elle y obtient divers diplômes : une licence en sciences de l’information et de la
communication, ainsi qu'un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des
assurances obtenus à l’université Panthéon-Assas. Dans les années 1990, elle revient à Bangui
pour intégrer la filiale en Centrafrique du groupe Allianz. Avant d'entamer sa carrière
politique, elle a fondé et dirigé une société de courtage en assurance.

Une militante contre les mutilations génitales Elle milite au sein de l'association des femmes
juristes de Centrafrique55 (AFJC), association spécialisée dans la lutte contre les mutilations
génitales et toutes les autres formes de violence que subissent les femmes centrafricaines.

En 2013, peu après le coup d'État de François Bozizé, Catherine Samba-Panza co-préside le
dialogue national puis est élue présidente du comité en charge du suivi et de l'évaluation des
recommandations issues de ce dialogue. Deux mois après que la Séléka a renversé le régime
du président François Bozizé, en mai 2013, elle est nommée maire de Bangui par le nouveau
régime. Elle n'est affiliée à aucun grand parti politique. En pleine crise en Centrafrique, le
président Michel Djotodia est poussé à la démission56 le 10 janvier 2014. Un président de
transition doit être alors élu par le Conseil national de transition (CNT), le Parlement
provisoire centrafricain, avant la tenue d'élections nationales envisagées en 2015.
54
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Samba-Panza.
55
L’Association des Femmes Juristes de Centrafrique a été fondée en 1991 pour promouvoir les droits de
l’homme et protéger le droit des femmes et des enfants en République Centrafricaine. Son objectif est d’aider les
rescapés des violences (dont beaucoup sont des femmes) en leur offrant un soutien juridique et des services de
conseil psychologique et social.
56
Monde Afrique, Publié le 10 janvier 2014 à 06h30, modifié le 10 janvier 2014 à 12h39, démission du
président Michel Djotodia.

21
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Catherine Samba-Panza fait partie des huit candidats retenus par le CNT parmi vingt-quatre
déclarés et est l'une des favorites. Poussée par les associations féministes. Non marquée
politiquement par un camp, elle a le soutien de nombreux diplomates étrangers. Aussitôt après
son élection, elle appelle les miliciens de l'ex-Seleka et anti-balaka à déposer les armes. Elle
prête serment le 23 janvier 2014 et devient la première femme centrafricaine à accéder au
rang de chef de l'État, et deuxième femme cheffe de l'État en Afrique francophone après Rose
Rogombé, présidente par intérim de la République gabonaise de juin à octobre 2009.

En 2014, de nouveaux efforts internationaux ont été Déployés pour soutenir le processus de
transition Vacillant en RCA. Sous la pression de la CEEAC57, le Président Michel Djotodia a
rendu sa démission et a été remplacé par la Présidente par intérim Mme Catherine Samba-
Panza. Ce qui a suivi fut la mise en place d’un processus international de réconciliation en
trois phases, notamment le Forum de Brazzaville, les consultations populaires à la base et le
Forum National de Bangui (FNB).

Ce processus a donné naissance à plusieurs décisions des Chefs d’Etat et de Gouvernement de


la CEEAC qui ont été mises en œuvre par le Groupe International de contact sur la RCA
(GIC-RCA) pour relancer la transition. Il visait à résoudre les problèmes interdépendants
d’administration, de sécurité, du désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ainsi la
réconciliation en RCA.

Le forum de Brazzaville en juillet 201458, organisé par la Médiation Internationale conduite


par le Président Denis Sassou Nguesso du Congo, se focalisait sur le retour à la paix et à la
sécurité et sur l’adoption de mesures pour relancer la transition. Le retour d’une sécurité
suffisante a été perçu en grande partie comme une condition préalable pour le progrès des
autres aspects de la transition.

Le principal résultat du forum fut la signature d’un accord de cessation des hostilités. Les
autres domaines discutés n’ont pas pu faire l’objet d’un consensus. La nécessité d’organiser
un grand forum de réconciliation nationale (le Forum de Bangui) a été confirmée, et le besoin
de mettre en place un processus de consultation locale pour informer le forum a été reconnu
Jusque-là seules les élites de la RCA étaient impliquées dans le processus de paix, et ceci a été
perçu comme un obstacle pour obtenir des résultats durables.

57
Principe de subsidiarité l’exemple de la CEEAC dans la crise centrafricaine ; Une Publication conjointe
CEEAC-CMI.
58
http://news.abangui.com/dossiers/dossier.asp?id=25

22
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Pour mettre en avant l’appropriation des acteurs locaux, et fournir une contribution élargie
au forum de Bangui, un processus de consultations populaires en RCA a démarré en janvier
2015, et s’est déroulé étonnamment dans une grande partie du pays. Les consultations ont
connu un fort pourcentage de participation de femmes et de jeunes, et ont été reçues de
manière positive. Au final, le Forum de Bangui (mai 2015), tardif mais très attendu, a été
perçu comme une étape cruciale pour faire avancer le processus de transition vers les
élections.

Le forum de Bangui a servi de puissant symbole d’unité nationale, et ses recommandations


ont été consolidées dans un « Pacte Républicain ». La RCA a tenu des élections
présidentielles et législatives fin 2015 - début 2016, annonçant la fin d’une période de
transition de trois ans. Des étapes importantes ont été franchies, et l’intérêt international a
diminué alors que le pays doit encore consolider la paix.

La partie suivante examinera plus en détail les dynamiques d’élection présidentielle en


Centrafrique, enjeux et défis post-électoraux.

Pour ce faire ; la transition politique a pour mission de tenir les élections présidentielles et
législatives, afin de mettre fin à cette période de transition ; elle nous conduira d’aborder de
l’élection du président post-transition.

B. L’élection de la présidente post-transition

L’élection du Président Faustin-Archange Touadera, d'une nouvelle Assemblée nationale, et


la constitution d’un nouveau gouvernement en Avril 2016, ont mis fin à trois années de
transition politique et marquent un nouveau chapitre dans l’histoire de la RCA. En effet ;
Après les menaces d’arrêt des opérations électorales qui ont pesé sur le déroulement du
scrutin lors du premier tour de l’élection présidentielle du 30 décembre 2015, le processus
électoral suit finalement son cours.

Ce dernier devrait en principe s’achever le 14 février 2016 avec l’élection au deuxième tour
du prochain président de la République Centrafricaine. Après l’annonce de la publication des
résultats partiels, une vingtaine de candidats avaient exigé dans une déclaration commune
d’arrêter les opérations électorales au motif d’importantes fraudes et irrégularités observées
dans la conduite du processus. Si les dénonciations faites par ces candidats n’ont pas
contribué à désarticuler le processus électoral de la présidentielle et à aggraver l’instabilité

23
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

politique dans le pays, ce qui autorise un certain optimisme, il faut reconnaître que plusieurs
virages difficiles restent à négocier avec beaucoup de prudence.

Les enjeux du second tour de la présidentielle.

Au-delà du simple rendez-vous électoral qui va opposer Anicet-Georges Dologuélé à Faustin


Archange Touadéra, il faut voir les alliances et le positionnement des acteurs dans la
perspective du lancement du vaste chantier de la construction de l’Etat post-transition. Les
principaux protagonistes sont bien connus de la scène politique nationale et régionale. Au
regard de leurs profils respectifs, il est difficile de prédire l’issue de cette élection.

Tous deux ont été premier ministre dans leur pays et ont chacun un parcours professionnel
incontestablement méritoire, avec 23,74 % des suffrages obtenus au premier tour, Anicet-
Georges Dologuélé, 58 ans, est originaire de la région de l’Ouham-Pendé au Nord-Ouest de la
Centrafrique.

Il a été Premier ministre sous l’administration de l’ancien président Ange-Felix Patassé de


1999 à 2001. Il a ensuite été président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique
centrale (BDEAC) jusqu’en 2010. Bien que son parti soit relativement jeune, parce que créé
en octobre 2013, Anicet-Georges Dologuélé a pu rassembler autour de l’Union pour le
renouveau centrafricain (URCA), une partie des dirigeants du parti Kwa Na Kwa (KNK) et
une bonne frange de l’électorat de l’ancien président François Bozizé.

Il bénéficie également du soutien de Désiré Kolingba, président du Rassemblement


démocratique centrafricain (RDC) et candidat déchu au premier tour avec 12,04 % des voix. Il
peut aussi compter sur l’alliance avec Sylvain Patassé, candidat également au premier tour.

Arrivé deuxième au premier tour avec 19,05 % des voix, Faustin Archange Touadéra,
candidat indépendant, 58 ans comme son concurrent, a déjoué tous les pronostics au regard
des poids lourds qui étaient en compétition. Ce candidat originaire de la localité de Damara,
près de Bangui, a été de 2008 à 2013 le dernier Premier ministre de l’ancien président
François Bozizé.

Il a été recteur de l’Université de Bangui. Comme son rival, il bénéficie du soutien de certains
cadres et responsables locaux du KNK. Très soutenu au Sud du pays, il a pu obtenir
l’adhésion de 18 candidats du premier tour à son programme. Il peut aussi compter sur l’un
des favoris du premier tour Martin Ziguélé avec ses 11, 43% des voix.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Si ces alliances entre partis permettront à l’un ou à l’autre d’accéder à la magistrature suprême
en offrant une assise politique confortable, la marge de manœuvre pour gouverner et opérer
les choix stratégiques consensuels semble se présenter comme un défi à relever.

En tout état de cause, le ton donné par le porte-parole du RDC offre des indicateurs sur le
fonctionnement de la probable majorité présidentielle dirigée par Dologuélé. Pour ce dernier,
il s’agit bien « plus qu’un accord électoral, il s’agit d’un engagement politique (…) Nous nous
engageons à soutenir M. Dologuélé dans sa campagne. Et, en cas de victoire de celui-ci, nos
deux partis travailleront conjointement pour redresser le pays ».

Il serait peut-être précoce de prêter des intentions malveillantes à cette déclaration, mais la
question de la cohérence entre l’action gouvernementale et la politique générale du prochain
président pourrait se poser sur bon nombre de dossiers liés notamment à la cohésion nationale
et à la consolidation de la paix dans le pays.

Par ailleurs, le nouveau président sera attentif à la distribution des cartes politiques qui seront
issues des élections législatives au cours de la même période. Les défis post-électoraux du
prochain gouvernement centrafricain.

Au-delà des digues qu’il va falloir soutenir au niveau politique et gouvernemental, trois
grands défis principalement devront être relevés pour tout gouvernement nouvellement
constitué en République centrafricaine : la sécurité, la reconstruction de l’Etat et l’économie.

En ce qui concerne la sécurité, le défi de la construction des forces de sécurité et de défense


est gigantesque. Depuis les indépendances, ce pays n’a pas eu une armée capable d’exprimer
sa loyauté et sa fidélité vis-à-vis de la souveraineté nationale.

Au cours des dernières décennies, la défense nationale a été scandaleusement soumise à la


sous-traitance stratégique tantôt des Etats de la région, tantôt des milices armées ou des
groupes rebelles. Avec un territoire de plus de 600 000 km2 et une population d’environ 5
millions d’habitants, le nouveau président aura comme impératif majeur de se doter d’un
appareil de défense nationale capable de permettre au gouvernement de faire exprimer
l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.

L’accélération du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) devra


donc être inscrite parmi les axes prioritaires du nouveau gouvernement. A ce propos, le
nouveau gouvernement, pour bénéficier de l’appui technique des Nations unies et des
partenaires internationaux, devra impérativement se doter d’un organe autonome de

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

conception et de coordination interinstitutionnelle capable d’assurer le suivi et la mise en


œuvre de la stratégie nationale de sécurité voulue par le nouvel exécutif.

La reconstruction de l’Etat est un défi qui sera incontestablement relevé sur le long terme.
Mais les fondations de cette reconstruction et les réformes structurelles y afférentes seront
attendues dès les premiers mois de l’exercice du pouvoir.

En plus des services de sécurité et de défense nationale à construire, tous les autres secteurs de
la fonction publique de l’Etat et de la gouvernance territoriale décentralisée sont également
soit à construire, soit à consolider pour réduire les inégalités sociales et territoriales du pays.
Sans une stabilité politique et sécuritaire portée par le nouveau gouvernement, il sera difficile
d’envisager la résolution de l’équation des centaines de milliers de réfugiés centrafricains
répartis dans les pays de la sous-région.

Sur le plan économique, il va falloir relancer très rapidement l’activité économique. Le pays
regorge d’immenses richesses naturelles qui pourraient servir à la reconstruction économique
et au développement des infrastructures de base.

Ces richesses nationales contrastent avec les indicateurs démographiques du pays qui connait
notamment une population majoritairement jeune et sans emploi. Pour cela, il faudra offrir
aux investisseurs un environnement des affaires absolument attractif et sécurisé. Une politique
de rattrapage économique ambitieuse et dynamique pourrait s’avérer indispensable pour
atteindre cet objectif.

En plus ; de la péripétie du déclenchement de la crise ; de mesure inefficiente prise par les


acteurs locaux, ainsi l’élections du post de transition qui a mis fin à la transition de la
présidente, nous allons voir d’autres mécanismes de la résolution de la crise centrafricaine
définie par des nations unies.

SECTION2 : Les interventions des organismes supranationaux

Il sied de rappeler que les organisations internationales lors de leur création, les Etats leurs
avaient assigné comme finalité principale le maintien de la paix, en particulier l'apaisement et
la prévention des tensions internationales. Par leur existence même, les Organisations
Internationales devaient constituer des moyens de règlement pacifique des différends.

Comme nous pouvons le constater, le conflit centrafricain constitue une menace grave contre
la paix et la sécurité internationale. Les populations civiles sont victimes de plusieurs

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

violations qui appellent obligatoirement l'intervention des organisations africaines, il s’agit ici
de la (CEEAC) et l’Union africaine 59
(UA) (paragraphe 1), ainsi que celle de la communauté
internationale (paragraphe 2).

1.4 PARAGRAPHE 1 : L'intervention des organisations africaines

L'Afrique est depuis plusieurs années un continent sous tension, le théâtre de guerre atroce et
la source de divers conflits, la paix est devenue une denrée rare, une nourriture précieuse
dont-on besoins les Africains pour leur développement. C'est pour cette raison que le rôle de
l’Union Africaine (UA) et de communauté des États économique de l’Afrique centrale
(CEEAC) sévères indispensable pour le règlement des différends.

S'agissant particulièrement de la Centrafrique, il est établi que l'Union Africaine et


communauté des États économique de l’Afrique centrale (CEEAC) sont intervenues plus
d'une fois. Elaboration du Chapitre VIII 60 de la Charte constitue le point de départ de toute
analyse juridique et de la pratique. C'est en quelque sorte une référence pour les Etats et les
acteurs institutionnels dans leurs discussions concernant les relations entre institutions
universelles et institutions régionales et sous régionales dans le domaine de résolution de la
crise, paix et de la sécurité.

Ce registre, la recherche s’appuie sur l’intervention des deux organes qui constitue la base «
constitutionnelle » de l'intervention de la CEEAC et de l'UA dans la résolution du conflit
centrafricain les rôles jouent par l’Union Africaine (A) et les rôles joues par la CEEAC (B)

A. Les interventions de communauté des États économique de l’Afrique


centrale (CEEAC)

La communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) une organisation sous
régionale créée en 1983 dans le but de promouvoir l’intégration économique, la coopération et
le développement en Afrique centrale. L’organisation est composée de 11 Etats membres,
dont l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, Tchad, les deux Congo
et, la Guinée équatorial, le Rwanda et Sao Tomé et principe. L’organisation a son siège
Libreville au Gabon. La CEEAC et ses Etats membres ont constamment joué un rôle
important dans les efforts fournis pour stabiliser la Centrafrique. La CEEAC a été fortement
impliquée dans la résolution des conflits et dans les efforts de maintien de la paix en RCA,
59
Peaceau.orghttps://www.peaceau.org › article.
60
Voir la chartre des nations unies, accord régionaux, article 52 paragraphe 2,3

27
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

notamment en fournissant des forces de maintien de la paix (MICOPAX) dans le pays, en


même temps, la CEEAC a dû partager le même espace avec de nombreux autres acteurs
impliqués dans la résolution du conflit et dans le maintien de la paix en RCA.

Lors des crises précédentes en RCA, de nombreux acteurs internationaux ont été impliqués
menant par moments à une délimitation peu claire des mandats. Cette complexité se reflète
bien dans les missions internationales de stabilisation, qui se sont suivies 2002 – 2008 : la
Force Multinationale en Centrafrique (FOMUC) de la Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale (CEMAC).

La FOMUC avait pour mandat initial d’assurer la sécurité du président Ange-Félix Patassé, la
restructuration des forces armées et de surveiller le travail des patrouilles mixtes le long de la
frontière avec le Tchad. Juillet 2008 - Août 2013 : la Mission de consolidation de la paix en
Centrafrique (MICOPAX), de la CEEAC. Aout 2013 - septembre 2014 : la Mission
internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) de l’Union
Africaine. La CEEAC dans la crise de 2012, la CEEAC a géré le conflit de manière
pragmatique. Tout en reconnaissant l’importance de la légalité constitutionnelle, elle a pris en
compte les revendications de la rébellion.

Lors des premières phases de la médiation, la CEEAC a endossé un rôle de leader en raison
de sa proximité à la crise et de son engagement antérieur auprès de la RCA.

La CEEAC a eu une réaction plus rapide que l’UA ou l’ONU parce que cet espace n’avait
pas été à l’époque revendiqué par celles-ci. Le fait que la CEEAC ait établi son propre mandat
en vertu du Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique Centrale n’a pas été
perçu comme un obstacle par les autres acteurs.61

Le principe de subsidiarité a effectivement été appliqué avec la CEEAC prenant les devants
dans l’effort de prévenir et plus tard de résoudre la crise en RCA. Avec la coalition Séléka qui
approchait de Bangui, la CEEAC, lors d’un sommet d’urgence, a appelé à une cessation
immédiate des hostilités, à un retrait des forces militaires, et a utilisé MICOPAX comme un
levier pour amener les deux parties à se rencontrer à la table des négociations. Ce faisant, la
CEEAC a poussé les parties à s’accorder lors de l’Accord de Libreville en janvier 2013. A
première vue, l’Accord de Libreville était un règlement politique viable ; il exigeait des

61
Le principe de subsidiarité est fondé sur l’idée qu’une paix durable sera plus vraisemblablement atteinte
lorsque les mécanismes de résolution des conflits sont dirigés par des acteurs ayant une proximité culturelle,
géopolitique et/ou stratégique à la crise.

28
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

concessions nécessaires de la part de Bozizé et offrait des gains suffisants à la coalition


rebelle sur ce qui avait été envisagé comme un processus de transition de trois ans.
Cependant, l’Accord ne s’est pas ancré dans la durée, la CEEAC a forcé les parties à aboutir à
un accord, mais n’a pas été en mesure de le faire respecter par celles-ci.

Du point de vue de la CEEAC, une approche pragmatique était requise pour faire respecter
ses principes en tenant compte de la réalité sur le terrain avec un Bozizé récalcitrant et une
rébellion Séléka montante. En fin de compte, ce refus par les parties de respecter l’Accord
était la principale cause de l’échec de l’Accord.

Bien que la CEEAC ait eu des forces de maintien de la paix sur place, elle n’a pas été en
mesure de contenir les forces de la Séléka qui finalement ont pris le pouvoir en mars 2013.
Lors du sommet de la CEEAC d’Avril 2013 à N’Djamena, la CEEAC a cherché Par exemple,
une évaluation critique de l’Accord de Libreville par l’International Crisis Group,
« République centrafricaine » : Les priorités de la transition, 2013 à réaffirmer son rôle de
médiateur.

Le sommet a confirmé l’Accord de Libreville et a mis sur pied un Organe législatif de


transition dont la mission consistait à : 1-élire le nouveau président de la transition, 2-rédiger
la Charte Nationale de la Transition), 3- approuver la feuille de route de la transition, la RCA
est passée d’un conflit ouvert à une transition, avec un important soutien régional et
international.

Ces premiers efforts et les pressions politiques qui les ont accompagnés n’ont pas réussi à
prévenir le coup d’état, mais ont permis d’établir une base formelle pour la transition à
posteriori. Le sommet a, en même temps, réactivé le comité de suivi de l’Accord de Libreville
et a créé le Groupe International de Contact chargé de mobiliser les appuis nécessaires à la
réussite de la transition. Le huit entités (G8-RCA), en viendra à assumer un rôle de leader
dans la mise en œuvre d’un processus de paix en RCA.

En janvier 2014, la CEEAC convoqua un sommet à N’Djamena pour obtenir la démission du


Président Michel Djotodia. Il fut remplacé par Madame Catherine Samba-Panza qui
représentait la société civile de la RCA. Ce changement des autorités de transition en RCA
provenait de la CEEAC avec le soutien du GIC-RCA (Groupe International de Contact). Avec
de nouvelles autorités en RCA, l’espoir d’une transition réussie pouvait naître.

29
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En avril 2014 les Nations Unies ont assumé un rôle direct accru au travers d’une mission de
maintien de la paix autorisée (MINUSCA). En tandem, la CEEAC a ajusté son approche en
nommant monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Médiateur
au sommet extraordinaire de Malabo en Juin 2014 en vue de soutenir l’expansion du
processus de médiation en RCA.

Renouvelée a été explicitée lors de la réunion du GIC-RCA le 7 juillet 2014 à Addis-Abeba


au cours laquelle la médiation s’est transformée en une médiation internationale composée du
Médiateur principal qui est la CEEAC, avec l’UA et l’ONU en tant que comédiateurs. Le rôle
de rapporteur a été confié au Secrétariat général de la CEEAC. De plus, le GIC a explicité les
trois grandes phases à venir du processus de médiation :

1. Forum de Brazzaville sur la réconciliation nationale et le dialogue politique avec l’objectif


principal d’organiser un accord de cessation des hostilités, de désarmement des groupes armés
et d’un nouveau cadre politique pour la transition. Un processus consultatif au niveau des
préfectures.

3. Un grand forum au niveau national à Bangui. Le forum de Brazzaville (21 au 23 Juillet


2014) Le forum de Brazzaville fut une étape importante dans le redémarrage du processus de
paix en RCA ; il a comporté de nombreux changements positifs en comparaison d’avec le
système précédent. Un plus grand effort a été fourni pour faire participer plus de
centrafricains au processus ; au fait, les documents qui ont servi de base au Forum ont été
préparés par le gouvernement de transition, et il y eu plus d’expertises techniques (aussi bien
dans la substance que dans l’assurance qualité), pour soutenir les différents groupes de travail.
En outre d’intervention union européenne, il convient de voir l’intervention de l’union
Africaine.

B. L’intervention de l’union Africaine (UA)

L’Union Africaine est une organisation régionale qui a joué un rôle actif dans la promotion de
la coopération et de la stabilité régionale en Afrique. L’Union Africaine a été créée en 2002 et
est composé de 55 Etats membres de tout le continent africain. L’organisation a son siège
social à Addis-Abeba en Ethiopie, elle a joué un rôle actif dans la promotion de la paix et de
la stabilité régionales. En 2013, l’Union Africaine a déployé une mission de maintien de la
paix connue sous le nom de mission internationale de soutien en République centrafricaine.

30
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La mission a été créée en réponse à la crise en République centrafricaine (RCA), qui a débuté
avec le renversement du président François Bozize par le groupe rebelle- seleka. La mission
ensuite été remplacée par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la
stabilisation République centrafricaine (Minusca), qui est actuellement le principale force
internationale de maintien de paix.

L’Union Africaine a également joué un rôle essentiel dans les efforts de maintien de la paix et
de sécurité de la République centrafricaine. La mission de l’Union africaine pour la
République centrafricaine et le Tchad (Mission de consolidation pour la paix (Micopax) a été
déployé en 2008 pour faire face aux menaces à la sécurité qui présent sur les deux pays. Elle
comprenait des troupes du Tchad et de la RCA, avec le soutien d’autres de l’Union africaine.
Micopax a ensuite été remplacé par la Mission internationale de soutien en République
centrafricaine (Misca) dirigé par l’Union africaine en 2013 après renversement du président
Bozize.

La Misca a été mandaté pour soutenir le processus de transition et de protéger les civils. La
mission s’est toutefois heurtée à d’importance défis en raison de ressource insuffisantes et
d’une mauvaise coordination. Elle a été fusionnée avec la Minusca en avril 2014, à la suite
d’une résolution 2127 adopté par le conseil de sécurité des Nations unies (ONU).

En application de son acte constitutif du 11 juillet 2000 et d’autres instruments connexes


comme la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et la Gouvernance ainsi que celui
définissant le Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine, cette organisation continentale est
au premier plan des actions d’envergures engagées en faveur du règlement de la crise en
Centrafrique.

Des nombreuses missions sont envoyées en RCA en vue de prendre des contacts avec les
parties en présence à savoir le pouvoir public, les représentants des groupes rebelles et la
société civile. Dès le début l’UA amis un Groupe de contact pilote par le président Denis
Sassou Nguesso et comprenant des membres issus des institutions régionales et sous régionale
voire des représentants de la communauté internationale.

Ce groupe avait pour mission de prendre des contacts réguliers avec le pouvoir de Bangui
pendant la transition des Seleka et les acteurs nationaux impliques en vue de désamorcer la
tension sociale à son comble et tenter de résoudre cette crise par la conciliation des parties des
deux communautés locales que le sont les Communauté musulmane et chrétiennes avec le

31
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

concours de la plateforme religieuse, mais cette entité n’avait pu accomplir sa mission à terme
avec l’avènement d’autres acteurs extérieurs.

A titre d’exemple, l’Union Africaine (UA) a dépêché à Bangui plusieurs missions dont le
groupe des sages du 5 au 10 mars 2023 conduit Ndayizeye, ancien de la république du
Burundi, accompagne du professeur Babacar Kante, ancien Vice-président du Conseil
Constitutionnel du Sénégal et des personnes ressources de plusieurs internationales et
membres dudit groupe. La mission de travail en solidarité au peuple centrafricain s’inscrit
dans le cadre des échanges réguliers de l’Union Africaine (UA) avec les Etats membres dont
la RCA, notamment sur les aspects de paix, de sécurité et de réconciliation nationale.

A cet égard, elle a échangé avec les acteurs locaux dont les autorités du pays savoir le
Président de l’assemblée Nationale, le Premier Ministre, la Cour Constitutionnelle, ainsi que
les Partis Politiques de la majorité et de l’opposition démocratique, les Organisations de la
société Civiles dont les Femmes et les Jeunes, la Plateforme religieuse. Elle s’est également
entretenue avec le Groupe des Ambassadeurs africains et le reste Cheffe de la Munisca.

La conclusion suivante est tirée à l’issue de ces rencontres :

 Le cadre privilégié pour les échanges sur l’ensemble des points soulevés demeure
Comité Exécutif du Suivi de l’Accord Politique pour la Paix et la réconciliation
Nationale en RCA (APPR) et ses diffèrent mécanismes de mise en œuvre ;

 La nécessite de revitaliser APPR par la feuille de route de Luanda dont le travail de


mutualisation est en cours.

L’Union africaine s’est formé solidarisée avec tous les autres acteurs internationaux qui
participant activement à la résolution définitive de cette crise. Elle a énormément contribué
la mise en place des diverses forces de maintien de la paix déployées en Centrafrique.

En plus des interventions de la communautés africaines, il semble d’aborder l’intervention de


la communauté internationale.

Paragraphe II : L’intervention de la communauté internationale

L’intervention de la Communauté internationale se qualifie comme étant le moteur et


catalyseur du processus de paix enclenche dès le début du déclanchement de la crise

32
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

centrafricaine par la mobilisation des ressources et des expertises indispensables de


solutionner efficacement ce conflit.

Il est incontestable que les deux acteurs internationaux que sont l’Union Européenne et les
Nations Unies sont résolument déterminées et engagées à favoriser la sortie de crise en RCA,
au travers des manœuvres concrètes qu’elles entreprennent depuis lors à cette fin. Ces actions
sont naturellement mises en œuvre vu les valeurs classiques qu’elles sont appelées à défendre
dans le monde aujourd’hui.

Il convient d’aborder l’intervention de l’Union Européenne (EU) (A) ensuite l’intervention


des Nations Unies dans la résolution de la centrafricaine. (UN) (B)

A. L ’intervention de l’Union Européenne (EU)

Une partenaire privilégiée de la République Centrafricaine puisque cet organisme depuis


l’établissement de leur relation de coopération fut celle qui soutient en tout temps ce pays par
la fourniture de l’aide et d’assistance financière permettant à ce pays de réaliser ses projets de
développement.

A ce titre, la contribution de Union Européenne dans le cadre du processus règlement de la


crise se situe de deux ordres : appui à la formation des éléments des forces armées
centrafricaines et le financement des forces de maintien de la paix déployées en Centrafrique.
En effet, l’une des valeurs, des principes universels et fondamentaux des Nations Unies, la
démocratie, est le produit d’un processus délicat d’une évolution, de série de révolutions dans
le mode de gestion de la chose publique.

Dans un Etat dit démocratique, le gouvernement se doit bien gérer les affaires communes à
tous et ne doit se prévaloir de fouler aux pieds les valeurs sociétales et les droits des
citoyens. C’est ce à quoi l’UE s’évertue de défendre. Ces valeurs sont reprises dans la Charte
des droits fondamentaux de l’union Européenne qui stipule que : « Consciente de son
patrimoine spirituel et moral, l’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de
dignité humaine, de liberté Egalite et de solidarité ; elle repose sur le principe de la
démocratie et le principe de l’État de droit ». Fort de ces principes et valeurs, l’Union
Européenne a déployé des opérations appelées EUFOR constituée avec mandat de protéger
les civils. Le Conseil de sécurité, par la résolution 2134 (2014), adoptée à l’unanimité «
autorise l’opération de l’Union européenne à prendre toutes les mesures nécessaires, dans la
limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, dès son déploiement initial et

33
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

pendant une période de six mois à compter de la date à laquelle elle aura déclaré être
pleinement opérationnelle. Ce déploiement, a expliqué le Chef de la délégation de l’Union
européenne, M. Thomas Mayr-Harting, « créera les conditions de sécurité propices à la
fourniture d’une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin ».

Le Conseil de sécurité a également prorogé jusqu’au 31 janvier 2015 le mandat du Bureau


intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine
(BINUCA), renforçant son mandat pour lui permettre d’appuyer la mise en œuvre de la
transition, la prévention des conflits et l’assistance humanitaire, l’extension de l’autorité de
l’État, la stabilisation de la sécurité et la promotion et la protection des droits de l’homme.

En outre, soulignant la nécessité de mettre fin à l’impunité en République centrafricaine et de


traduire en justice les auteurs de violations du droit international humanitaire et violations des
droits de l’homme, le Conseil a demandé aux États Membres de mettre en œuvre une série de
sanctions., de faciliter les opérations d’aide humanitaire et d’assurer la sécurité du personnel
des Nations Unies. Ainsi, ceux-ci devront geler les fonds ou avoirs, empêcher le mouvement
ou le transit de tous les individus et entités que le Comité de la résolution 2127 (2013) aura
désignés comme apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la
sécurité de la République centrafricaine.

Pour M. Mayr-Harting, l’objectif de la mission européenne, dont le principe avait été accepté
par le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne, le 20 janvier 2014, est de
contribuer, en liaison avec la MISCA, aux efforts régionaux et internationaux de protection
des populations les plus menacées et faciliter les mouvements des acteurs civils. « En assurant
la sécurité à Bangui, la mission européenne permettra aussi à la MISCA et aux troupes
françaises de se déployer progressivement dans les provinces », a-t-il précisé avant de
souligner l’importance d’une coordination étroite entre les partenaires, dont les autorités
centrafricaines, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale
(CEEAC), l’ONU et la France afin d’assurer une complémentarité des efforts en vue de
restaurer la stabilité en République centrafricaine.

Dans ce contexte, la résolution invite les autorités de transition de la République


centrafricaine à conclure dès que possible un accord sur le statut des forces en vue de
l’établissement de l’opération de l’Union. Dans le domaine des droits de l’homme et de
l’accès de l’aide humanitaire. La création le 22 janvier de la Commission d’enquête

34
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

internationale, qui a pour mission d’enquêter sur les atteintes aux droits de l’homme
commises en République centrafricaine depuis le 1er janvier 2013.

Délégué de l’Union européenne a appelé à la poursuite de la mobilisation de la communauté


internationale en faveur de la République centrafricaine, en particulier dans le contexte de la
conférence des donateurs sur la MISCA, qui se tiendra à Addis-Abeba le 1er février 2014 à
l’invitation de l’Union africaine. Au-delà des 500 millions de dollars mobilisés par la
communauté internationale pour l’action humanitaire en République centrafricaine, M. Mayr-
Harting a indiqué que l’Union européenne a annoncé une contribution bilatérale de 50
millions d’euros pour le financement de la MISCA.

Le premier contributeur d’aide au développement en République centrafricaine, l’Union


européenne s’engage à examiner immédiatement, en coordination avec les institutions
financières internationales, toutes les mesures qui permettront de reconstruire l’État et de
prévenir une aggravation des effets de la crise sur les populations. L’Union européenne
s’engageait dans le domaine de l’état de droit et de la réforme du secteur de la sécurité et
prévoyait de reprendre ses projets de coopération dès que les conditions de sécurité le
permettront, afin de contribuer pleinement à la reconstruction de la République centrafricaine.

B. L’intervention de la force Onusienne en RCA (Minusca)

Le 10 avril 2014, le Conseil de sécurité a décidé, par sa résolution 2149 (2014 62), de créer la
Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République
centrafricaine (MINUSCA) pour une période initiale venant à expiration le 30 avril 2015, et a
prié le Secrétaire général de fondre le BINUCA au sein de la nouvelle mission à compter de la
date d'adoption de la résolution et d'assurer la transition sans heurt du BINUCA à la
MINUSCA.

Le Conseil a décidé qu'à compter du 15 septembre 2014 la MINUSCA comprendrait


initialement un effectif militaire de 10 000 hommes, dont 240 observateurs militaires et 200
officiers d'état-major, et un effectif de police de 1 800 hommes, dont 1 400 membres d'unités
de police constituées et 400 policiers, et 20 agents pénitentiaires. Agissant en vertu du
Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité a autorisé la MINUSCA à
utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses
capacités et dans ses zones de déploiement. Le Conseil a en outre prié le Secrétaire général de

62
https://binuca.unmissions.org

35
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

déployer, en coordination avec l'Union africaine, une équipe de transition chargée de mettre
sur pied la MINUSCA et d'assurer le transfert sans heurt des responsabilités de la MISCA à la
MINUSCA au 15 septembre 2014. De plus, il a été demandé au Secrétaire général de nommer
un Représentant spécial pour la République centrafricaine et chef de la MINUSCA, sous
l'autorité générale duquel seront placées, à compter de la date de sa nomination, la
coordination et la conduite de toutes les activités du Système des Nations Unies en
République centrafricaine.

En application de la décision du Conseil, le transfert de responsabilités de la MISCA à la


MINUSCA s'est effectué le 15 septembre 2014. Pendant la période précédant ce transfert de
responsabilités, la MINUSCA a exécuté les tâches qui lui avaient été prescrites au moyen de
sa composante civile et la MISCA a continué à accomplir le mandat que lui a confié le
Conseil de sécurité. La MINUSCA a, en date du 15 septembre, commencé à exécuter, au
moyen de ses composantes militaire et de police, les tâches qui lui ont été prescrites.

Par d'autres dispositions de la résolution, le Conseil de sécurité a autorisé les forces


françaises à utiliser, dans les limites de leurs capacités et zones de déploiement, depuis le
démarrage des activités de la MINUSCA jusqu'à l'expiration de son mandat, tous les moyens
nécessaires pour apporter un appui opérationnel aux éléments de la MINUSCA, à compter de
la date d'adoption de la résolution, à la demande du Secrétaire général.

Frappée par des dizaines d'années d'instabilité et de combats, la République centrafricaine,


déjà accablée par la pauvreté, a été témoin, en décembre 2012, d'une reprise de la violence
lorsque la coalition de rebelles Séléka, essentiellement musulmane (« Séléka » signifiant «
alliance » dans la langue sango), a lancé une série d'attaques.

Un accord de paix (l'Accord de Libreville), conclu en janvier 2013, n'a pas empêché les
rebelles de prendre le contrôle de la capitale, Bangui, en mars, forçant le Président François
Bozizé à fuir63.

Un gouvernement de transition a été mis en place et chargé de rétablir la paix. Le conflit a pris
une tournure de plus en plus religieuse en décembre 2013 lorsque le mouvement anti-Balaka
(anti-machette), essentiellement chrétien, a pris les armes et que des affrontements se sont
produits entre les deux groupes à Bangui et dans sa périphérie.

63
Http// : www.pour la paix en Afrique.com, consulté le 23.01.2016

36
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

 Mandatée pour protéger les civils et appuyer à la mise en œuvre de la transition


en République centrafricaine

Des mois de violence ont précipité l'effondrement des institutions de l'État et laissé des
millions de personnes au bord de la famine, avec la menace que le conflit s'étende à toute la
région. On comptait alors le nombre de morts en milliers et 2,5 millions de personnes, soit
plus de la moitié de la population totale, a eu besoin d'une assistance humanitaire. En
septembre 2014, plus de 174 000 personnes étaient officiellement déplacées dans le pays et
plus de 414 000 Centrafricains ont fui pour se réfugier au Cameroun, au Tchad, en
République démocratique du Congo et en République du Congo64.

Depuis le début de la crise, les Nations Unies, leur Secrétaire général, et d'autres acteurs
internationaux et régionaux, dont la Communauté économique des États de l'Afrique centrale
(CEEAC), l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) et la France, ont œuvré sans
relâche pour trouver une issue pacifique au conflit, mettre un terme aux assassinats, protéger
les civils et acheminer une assistance humanitaire.

Le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République


centrafricaine (BINUCA), qui a été déployé dans le pays depuis janvier 2010 pour contribuer
à consolider la paix et renforcer les institutions démocratiques, devait revoir ses priorités mais
est resté présent pendant la crise malgré le pillage de ses bureaux et des résidences de son
personnel et la réduction de ses interventions à cause de l'insécurité65.

En septembre 2013, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a recommandé


de prendre certaines mesures pour donner plus d'efficacité à la présence du BINUCA sur le
terrain. En conséquence, le Conseil de sécurité a adopté sa résolution 2121 (2013), qui a
renforcé et modifié le mandant du BINUCA dans cinq domaines : l'appui à la mise en œuvre
du processus de transition ; l'appui à la prévention des conflits et à l'assistance humanitaire ;
l'appui à la stabilisation des conditions de sécurité ; la promotion et la protection des droits de
l'homme et la coordination des acteurs internationaux participant à l'exécution des tâches
susmentionnées66.

Par ailleurs, au regarde des différentes interventions, qui ont été citées dans le précédent
chapitre, il nous convient de voir le cadre normatif du règlement de la crise centrafricaine.

64
Idem
65
Http// : www.pour la paix en Afrique.com, op.cit.
66
Conseil de sécurité, résolution 2121 du 10 Juillet 2013.

37
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

CHAPITRE 2 : LE CADRE NORMATIF DU REGLEMENT


DE LA CRISE

Ils se logent au Chapitre VI de la Charte des Nations unies, intitulé « Règlement pacifique
des différends »67. L’article 33 de ladite Charte stipule : « Les parties à tout différend dont la
prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales
doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de
médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou
accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix

Le Conseil de sécurité, s’il le juge nécessaire, invite les parties à régler leur différend par de
tels moyens68 ». Les Organisations internationales universelles, régionales ou subrégionales
ne se privent pas de mettre en œuvre ces différents outils diplomatiques ou pacifiques dans la
résolution des conflits en Afrique, même si on ne peut s’empêcher de relever une difficulté :
les moyens de règlement pacifique des conflits semblent bien avoir été pensés et prévus par
les rédacteurs de la Charte pour répondre aux différends interétatiques. Or, s’il y a une
évidence, c’est sans doute la tendance de plus en plus grande des conflits intraétatiques en
Afrique depuis 1990. D’un point de vue classique, ces types de conflits, opposant dans l’ordre
interne des États, un gouvernement à un ou plusieurs groupes armés, échappent au droit
international de la guerre69.

Ils prennent donc fin par la force, « soit par la victoire du gouvernement, comme ce fut le cas
de la Centrafrique à l’issue de la prise du pouvoir de la coalition seleka en 2013. Il serait
intéressant de saisir le cadre justice transitionnelle (section 1) ayant fait analyse du droit
applicable aux accords (section 2).

SECTION 1 : Le cadre normatif relatif aux accords

Ce cadre est né des efforts pour résoudre la crise la plus récente du pays. Avec
L’établissement d'un gouvernement de transition le 20 janvier 2014, des efforts de médiation
ont été entrepris entre les ex-Séléka et les anti-Balaka afin de mettre fin aux hostilités
marquées par des cycles de meurtres et de représailles, Il est de question de mettre en exergue

67
Lire F. Horchani (dir.), Règlement pacifique des différends internationaux, Bruxelles, Bruylant, 2 (...).
68
V. Article 33, Charte des Nations unies, San Francisco, 26 juin 1945.
69
. R. Goy, « Quelques accords récents mettant fin à des guerres civiles », Annuaire Français de Dr (...).

38
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

les approches juridiques qui encadre ce norme (paragraphe1) ainsi qui sera suivi l’accord de
Khartoum (paragraphe2).

Paragraphe :1 L’approche juridique des instruments

Il est incontestable d’admettre sans risque de se tromper que les acteurs intervenant dans le
règlement du conflit armé centrafricain sont très déterminés de réussir le pari de mettre fin
aux hostilités afin de restaurer un État de droit ou règnent la paix, la sécurité émaillée des
mouvements de circulation des personnes et des biens et surtout le respect et la promotion des
libertés fondamentales. Mettre un terme définitif aux souffrances du peuple centrafricain à
tout prix.

L’intitulé de ce paragraphe montre à l’évidence la volonté des acteurs résolus de tout mettre
en œuvre d’aider la RCA de sortir de cette situation dégradante en décidant du déploiement de
diverses forces de maintien de la paix à chaque fois que des évènements survenaient dans le
pays dont leur présence sur le territoire fut un espoir pour la population d’être protégée et de
se sentir à l’abri désormais des attaques intempestives des groupes rebelles qui sévissent dans
le pays.

Il sera développé l’adoption des accords de cessation des hostilités à l’initiative de l’UA et la
CEEAC, la Feuille de route de Luanda et d’un instrument dénommé de Brazzaville dans le
cadre de tentatif du règlement définitif de la crise (A), avant d’analyser le dialogue politique
interne qui dit le forum national de Bangui de 2015 (B).

A. Accord de cessation des hostilités de Brazzaville, juillet 2014 et


Stratégie de réconciliation nationale, novembre 2014

Le cadre relatif normatif du règlement de la crise en République centrafricaine a vu le jour


dans le cadre d’efforts pour arriver à une solution quant à la crise la plus récente du pays.
Suite à l’escalade de la violence en décembre 2013, entre les ex-Séléka et les anti-Balaka, le
départ du gouvernement Djotodia à la demande de la CEEAC le 10 janvier 2014, et
l'établissement d'un gouvernement de transition le 20 janvier 2014, des efforts de médiation
furent entrepris entre les ex-Séléka et les anti-Balaka afin de mettre fin aux hostilités
marquées par des cycles de meurtres et de représailles.

Un accord de cessation des hostilités a été signé le 23 juillet 2014 à Brazzaville entre les
principales factions armées ex-Séléka et anti-Balaka, et en tant que témoins par le

39
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

gouvernement de transition, les partis politiques, la société civile, et les Nations Unies,
l'Union africaine et la CEEAC en tant que médiateurs internationaux. Outre-la créer les
conditions nécessaires pour le retour, la réinstallation et la réinsertion des personnes déplacées
en raison du conflit ainsi que de lutter contre la criminalité constante caractérisée par de
violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire70.

Un processus de dialogue politique en faveur d'une réconciliation nationale et d’une


recherche de solution durable à la crise a fait suite à l’accord de cessez-le-feu. Celui-ci
constituait une des principales tâches du gouvernement de transition de la République
centrafricaine en poste Entre 2014 et 2016.

Le sommet de la CEEAC de janvier 2014 avait appelé à la réconciliation Politique pour la


République centrafricaine71, tandis qu’en avril 2014, le Conseil de sécurité des Nations Unies
avait demandé aux autorités de transition « l’accélération du processus politique et de
réconciliation pour créer les conditions de sortie de conflit »72.

Par l'accord de cessez-le-feu de Brazzaville de juillet 2014 les parties belligérantes se sont
engagées à s'impliquer dans le processus global de réconciliation nationale à mettre en œuvre
en République centrafricaine73.

Conformément à ces mandats et engagements, de façon concomitante avec la préparation


d'un référendum constitutionnel et d’élections, le Gouvernement de transition a adopté un
certain nombre de programmes d’actions et a négocié des accords entre les parties au conflit,
d’autres groupes armés ainsi qu’avec la société civile, qui représentent les pivots nationaux
des processus de justice transitionnelle en République centrafricaine.

En novembre 2014, le Gouvernement de transition a adopté une stratégie de réconciliation


Nationale, exposant un plan d'action général visant à diminuer immédiatement le conflit entre
Les belligérants et au sein des différentes communautés, ainsi qu'à jeter les bases d'une
Réconciliation à long terme74.

70
Article 2 (par. 2), et Articles 7a et 7 b, Accord de cessation des hostilités en République centrafricaine,
Brazzaville, 23 juillet 2014.
71
Communiqué final de la sixième session extraordinaire de la conférence des chefs d'État et de gouvernement
de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, Ndjamena, 9 et 10 janvier 2014, par.8.
72
Résolution 2149 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 10 avril 2014, par. 7.
73
Article 3 (b) de l'Accord de cessez-le-feu de Brazzaville.
74
Ministère de la Réconciliation nationale, du Dialogue politique et la promotion de la culture civique,
Stratégie globale de réconciliation nationale en République centrafricaine, novembre 2014.

40
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Du point de vue de la justice transitionnelle, la stratégie établit les principes sous-tendant la


démarche à adopter pour résoudre le dernier conflit en République centrafricaine. Dans un
contexte où les anti-Balaka et les ex-Séléka continuaient de diriger des attaques contre des
civils, principalement en raison de leur religion (musulmans et non-musulmans
respectivement) résultant de facto à un nettoyage religieux75, la stratégie de réconciliation
nationale soulignait que le Gouvernement de la République centrafricaine devait refuser
catégoriquement l'impunité pour de tels actes. Elle exigeait que le gouvernement prenne des
mesures afin de mettre fin à tous les crimes violents, en particulier les crimes basés sur un
motif discriminatoire, de sorte à démontrer l'engagement de l'État envers la coexistence des
communautés.

La stratégie réaffirmait également que les auteurs de crimes qui ciblent les civils en raison de
leur appartenance sociale, ethnique ou religieuse feront l'objet de poursuites, soient arrêtés et
traduits en justice76.

Dans un contexte dans lequel les parties au conflit avaient fait usage de violence pour chasser
les habitants de certains endroits en raison de leur appartenance religieuse, la stratégie
réaffirmait l'engagement de l'État à protéger les droits des personnes déplacées et des réfugiés.
Elle soulignait l'importance d'identifier les besoins immédiats des personnes déplacées et des
réfugiés, en particulier l’accès à un statut juridique et à des documents d'identification
officiels, ainsi que les mesures permettant de garantir leur participation aux processus
politiques nationaux, notamment les élections.

Dans la stratégie, le gouvernement s'engageait Également à prendre les mesures de protection


juridique nécessaires afin de sauvegarder les Biens et l'occupation des terres abandonnées.

Enfin, la stratégie appelait à la mise en place d'une Commission Vérité, Justice, Réparations
et Réconciliation qui aurait la tâche d'identifier les causes sous-jacentes des conflits politiques
récurrents en République centrafricaine. Conformément à son plan de mise en place
progressive des activités de réconciliation nationale, la stratégie appelait à ce que la
Commission Vérité soit établie après les élections (qui se sont tenues à la fin 2015 et au début
2016), soulignant, entre autres, que réduire la violence est une condition indispensable pour
que les personnes puissent se manifester et coopérer avec la Commission. Conformément aux

75
Le terme ‘nettoyage religieux’ est utilisé ici pour décrire une série d'événements constituant un crime de
Persécution sur la base de l'appartenance religieuse et ayant entraîné le transfert massif et forcé de la population
Musulmane.
76
Stratégie globale de réconciliation nationale en République centrafricaine, novembre 2014 (pages 6 et 7).

41
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

bonnes pratiques internationales, la stratégie spécifiait : que la Commission allait élaborer des
recommandations prospectives, afin de répondre aux causes sous-jacentes du conflit ; qu’elle
devrait être composée de personnalités reconnues issues de la société civile faisant preuve
d’intégrité morale, choisies selon un processus consultatif ; qu’elle devait tenir des audiences
et recevoir des témoignages ; et son rapport final devra être rendu public de manière à
produire un récit historique véridique.

Les points de vue et préoccupations exprimés ont été synthétisés afin de servir de base au
forum national de réconciliation et reconstruction qui s’en est suivi.77

Dans cette optique il est donc important pour un forum national de réconciliation afin de
traiter les causes profondes et conséquences des conflits.

B. Dialogue politique interne : (Forum nationale de Bangui) 4 - 11 mai 2015

Connu sous le nom de Forum de Bangui, le Forum national de réconciliation et


reconstruction avait pour objectif de définir les principaux points d'un accord entre les
belligérants et un large éventail d'acteurs politiques et de la société civile sur la marche à
suivre pour traiter des causes profondes et des conséquences des conflits récurrents en
République centrafricaine.

La tenue de ce dialogue politique national a été demandée en premier lieu par la CEEAC.
Lors de son sommet de Ndjamena de janvier 2014 au cours duquel Michel Djotodia avait
démissionné et qui a donné lieu à la mise en place d'un Gouvernement de transition, les chefs
d'État et gouvernement de la CEEAC ont demandé à ce qu’une conférence de réconciliation
nationale soit préparée sous l'égide du médiateur international du conflit, la République du
Congo.

En plus de l’engagement des parties à l'accord de cessez-le-feu de Brazzaville à Participer au


processus de dialogue politique interne que représentait ce forum, le Conseil de sécurité des
Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine ont entériné le forum en
tant qu’avenue principale pour un dialogue politique en République Centrafricaine78.

77
Forum national de réconciliation et reconstruction, Rapport consolidé des missions des consultations
Populaires à la base en République centrafricaine, mars 2015. Tant le Conseil de sécurité des Nations Unies
(Résolution 2217 du 28 avril 2015) que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (Communiqué
CPS-UA n° PSC/PR/COMM (CDXCV) du 26 mars 2015) ont salué la tenue de consultations avec la population
Avant le Forum national de Bangui.
78
Voir Résolution 2217 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 28 avril 2015, OP 6, ainsi que la décision
PSC/PR/COMM du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (CDXCV) du 26 mars 2015, par. 8 à 10.

42
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le Forum de Bangui a réuni 585 représentants d'un large éventail d'acteurs : les principales
factions ex-Séléka et anti-Balaka et des plus petits groupes de belligérants, les partis
politiques, un groupe important de représentants de chacune des 78 sous-préfectures ainsi que
plusieurs composantes la société civile centrafricaine, telles que des chefs religieux, des
représentants des réfugiés et des personnes déplacées, des organisations des droits de l'homme
et du développement, des syndicats, des associations de femmes, de représentants des
communautés minoritaires et des groupes de victimes.

Le Forum de Bangui a débouché sur l'adoption et la signature de trois accords négociés entre
les parties au conflit. Deux de ces accords comprennent des engagements relatifs à une
politique de justice transitionnelle, soit le Pacte républicain pour la paix, la réconciliation
nationale et la reconstruction en République centrafricaine et l'Accord sur les principes de
désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) et d'intégration dans les
corps en uniforme de l’État centrafricain. En outre, le Forum de Bangui déboucha sur
l’adoption de recommandations dans les domaines de la justice et la réconciliation79.

Dans le Pacte républicain pour la paix, la réconciliation nationale et la reconstruction, les


signataires ont décidé, entre autres : (i) de mettre en place, avec l’appui de la communauté
internationale, une Cour pénale spéciale pour juger les crimes graves, de renforcer
concomitamment les capacités des tribunaux nationaux ordinaires, de mettre en place des
mécanismes de protection du personnel judiciaire, des victimes et des témoins et d'assurer la
mise en œuvre des accords de coopération judiciaire avec les États voisins, (ii) d'engager des
poursuites contre les auteurs des crimes graves commis en République centrafricaine et de
collaborer au niveau des enquêtes et poursuites avec la CPI, la Cour pénale spéciale et les
tribunaux nationaux, (iii) de mettre en place une commission Vérité80, et (iv) d'adopter
d'autres mécanismes, conformément à la stratégie de réconciliation nationale, notamment une
journée de commémoration des victimes des conflits en République centrafricaine.

Dans l'Accord sur les principes de DDRR et d'intégration dans les corps en uniforme signé par
les principaux belligérants, y compris les ex-Séléka et anti-Balaka, les parties ont convenu que
l'intégration des ex-combattants des groupes armés au sein des nouvelles forces de sécurité ne
serait possible qu'après une évaluation de l'éligibilité de chaque candidat sur la base des
79
Pour les conclusions du Forum de Bangui, notamment les accords signés entre les belligérants, et les
Recommandations politiques, veuillez consulter le document suivant : Président du Forum national de Bangui
Avec l’appui du secrétariat technique, Rapport général du Forum national de Bangui du 4 au 11 mai 2015.
80
Ce texte indique que le mandat de la commission Vérité consistera à faire un tri entre les auteurs de crimes
Présumés qui devraient être jugés et ceux pour lesquels une réparation non judiciaire ou un travail
Communautaire s'avère approprié(e). Ce sujet est traité plus bas dans ce rapport.

43
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

compétences professionnelles et d'un programme d’assainissement (vetting), appuyé par la


communauté internationale.

Enfin, les recommandations principales du Forum de Bangui dans les domaines de la justice
et de la réconciliation détaillent davantage la politique de justice transitionnelle pour le pays :

1) l’affirmation qu’il ne peut pas y avoir de réconciliation sans justice, faisant écho à
l'approche de la stratégie de réconciliation nationale selon laquelle la répression des crimes
graves basés sur un motif discriminatoire fera avancer le processus de réconciliation,

2) l'opérationnalisation rapide de la Cour pénale spéciale ;

3) l’octroi de réparations pour les préjudices subis par les victimes,

4) la création d'un fonds d'indemnisation pour les victimes, (5) l'adoption d'une loi portant
création d'une commission Vérité, (6) la construction de monuments en mémoire des
victimes,

7) l'exclusion de toute amnistie pour les auteurs de crimes contre l’humanité, crimes de guerre
et génocide,

8) l'appui au travail de la Cour pénale internationale et des tribunaux nationaux sur la base du
principe de complémentarité, (ix) le choix de la journée du 11 mai (date de la clôture du
Forum de Bangui) comme journée nationale en mémoire des victimes et (x) l'adoption de
mesures visant à intégrer davantage les minorités, en particulier la communauté musulmane,
dans la prise de décision et la prise de mesures officielles de reconnaissance de cette
communauté, notamment l’officialisation en tant que jours fériés des principales fêtes
religieuses musulmanes81.

Après les élections de mars 2016, le gouvernement élu s’est engagé dans sa déclaration de
politique générale, présentée par le Premier ministre au parlement en juin 2016, à poursuivre
les engagements du Forum de Bangui. Spécifiquement, le gouvernement s’est engagé à : (1)
veiller à la mise en œuvre des accords signés au Forum de Bangui, (2) accélérer
L’opérationnalisation de la Cour pénale spéciale, (3) poursuivre sa coopération avec la Cour
pénale internationale, (4) mettre en place la commission Vérité et (v) prendre des mesures de

81
Voir : (i) Recommandations des ateliers thématiques et (ii) atelier thématique « Justice et réconciliation » -
Documents annexes au Rapport général adopté à la plénière du Forum national de Bangui, 10 mai 2015, Rapport
Général du Forum national de Bangui du 4 au 11 mai 2015.

44
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

commémoration, notamment la Journée commémorative à la mémoire des victimes (11


mai)82.

Par ailleurs, Les médiateurs qui ont contribué à la signature de l’accord du 11 janvier 2014,
ainsi le forum de Bangui de 2015 espéraient qu’il mettrait durablement un terme à la crise et
réduirait les violences, d’où la nouvelle violence surgir dans les provinces et les tensions dans
la capitale.

La montée de l’insécurité au cours du second semestre de 2018 a été marquée par deux
affrontements particulièrement violents, impliquant tous deux de grands groupes de l’ex-
Seleka.

Le 31 octobre, des combattants du FPRC et du MPC ont attaqué Batangafo, brûlant et pillant
de nombreux quartiers de la ville au cours des six jours suivants ; ils ont aussi détruit des sites
de déplacés, pensant qu’ils abritaient des combattants anti-balaka. Pour contrer l’offensive du
FPRC, des groupes anti-balaka ont déployé des forces supplémentaires dans la ville,
déclenchant de nouveaux affrontements qui ont fait quinze morts, 29 blessés et 20 000
déplacés83.

Le second incident s’est produit le 15 novembre, lorsque le groupe UPC ex-Seleka a attaqué
la ville d’Alindao dans le but de punir les groupes anti-balaka pour leurs actions violentes, y
compris les attaques contre des éleveurs qui avaient été perpétrées en dehors de la ville84.

Á cet égard ; L’étude de cette approche est donc fondamentale pour un accord de paix signé
entre le gouvernement et les groupes armés à Khartoum dénommé Accord de politique pour la
paix et la réconciliation. (APPR)

Paragraphe II : La mise en œuvre de l’accord de paix

La situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité


internationales dans la région, agissant en vertu du Chapitre85 VII de la Charte des Nations

82
Voir : République centrafricaine, Déclaration de politique générale du Gouvernement par le Premier
Ministre, Chef du Gouvernement, Bangui, 7 juin 2016, pages 47, 53-54 et 59-60.
83
« Sans protection : Synthèse de l’analyse interne des événements du 31 octobre à Batangafo, en République
centrafricaine », Médecins sans frontières (MSF), février 2019 et « Human Right Report on the Batangafo
Incidents », Minusca, novembre 2018.
84
Voir « Attack on the Displaced Persons’ Camp in Alindao, Basse-Kotto Prefecture, on 15 November 2018:
Breaches of International Humanitarian Law and Atrocity Crimes Committed by the UPC and Anti-Balaka
Associated Militias », Minusca, Decembre 2018.
85
Rapport du Secrétaire général des Nations Unies en date du 9 octobre 2020 (S/2020/994),

45
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.
86
Unies, Réaffirme son soutien au Président de la République Centrafricaine et à son
gouvernement dans les efforts qu’ils déploient pour promouvoir une paix et une stabilité
durables en République centrafricaine à travers un processus politique global et pour
s’acquitter de leurs engagements au titre de l’Accord de paix.
87
Exhorte , les autorités de la République centrafricaine et les groupes armés signataires à
mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix de bonne foi et sans délai, afin de répondre aux
aspirations de paix, de sécurité, de justice, de réconciliation, d’inclusivité et de
développement du peuple centrafricain, et à régler leurs différends par des voies pacifiques,
notamment au moyen des mécanismes de suivi et de règlement des différends prévus dans
l’Accord de paix, et appelle également toutes les parties en République centrafricaine à
procéder sans attendre et de manière constructive à la mise en œuvre de l’Accord de paix .

Cette approche dynamique de ces instruments permet de porter une lumière nouvelle sur les
règles matérielles qui régissent la fin des conflits armés internes, autant que de mettre en
question certaines représentations parfois hâtivement associées à la forme du traité
international ; c’est ainsi nous verrons d’une part l’accord de paix, dit accord de Khartoum(A)
et d’autres part son problème de mettre en œuvre (B).

A. L’accord Politique pour la Paix et de la Réconciliation

Des responsables du gouvernement centrafricain et des représentants des quatorze groupes se


sont dûment réunis à Khartoum à partir du 24 janvier. Ils se sont parfois rencontrés en
personne, tandis que l’équipe de la Commission de l’UA conduite par Chergui faisait la
navette entre eux pour résoudre les différends. Les principaux partenaires internationaux (les
Etats-Unis, l’UE, la Russie et l’ONU), les organes de médiation (le panel de l’UA, la
communauté de Sant’Egidio et le Centre pour le dialogue humanitaire), les représentants de la
société civile et des parlementaires centrafricains étaient présents en tant qu’observateurs ; ils
n’ont pas pris part aux discussions officielles, mais ont été consultés par l’équipe de l’UA sur
88
les principaux points de blocage.

Moins de quinze jours plus tard, le 5 février, le gouvernement et les groupes armés ont
paraphé l’accord, en présence de Pierre Lacroix, du président de la Commission de l’UA
Moussa Faki et du président soudanais Omar el-Béchir. L’ONU a ensuite renvoyé les parties à

86
S/RES/2552 (2020), paragraphe 1
87
Idem paragraphe2
88
Entretiens de Crisis Group, deux observateurs participant aux pourparlers, Bangui, janvier et mars 2019.

46
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Bangui ; l’ONU et l’UA ont estimé qu’il était plus approprié que les parties signent l’accord
dans le pays, ce qu’elles ont fait le 6 février, le président Touadéra signant au nom du
gouvernement.

L’accord énonce des déclarations de principe générales qui reflètent largement celles des
accords de paix antérieurs. Il souligne les souffrances causées par la guerre, la nécessité de
s’attaquer à la marginalisation politique et sociale non seulement des femmes, des jeunes et
des minorités sous-représentées, mais aussi de régions entières, le rejet par les parties de la
manipulation politique de l’ethnicité et de la religion et du recours à la violence armée à des
fins politiques, et leur respect de la constitution du pays et de son unité territoriale. Les
groupes armés s’engagent à se dissoudre, bien que l’accord fournisse peu de détails sur ce que
cela impliquerait réellement.

Il comprend également des réformes qui renforcent la décentralisation et accordent un statut


spécial aux anciens présidents, une concession aux groupes armés qui soutiennent toujours
Bozizé et Djotodia. Il appelle à la réactivation des commissions bilatérales sur le pastoralisme
entre la RCA et ses voisins (« les Etats de la région »), restées largement inactives ces
dernières années.89

L’accord contient trois éléments particulièrement importants. Premièrement, le président


s’est engagé à former un « gouvernement inclusif ». Bien que l’inclusion ne soit pas une
notion particulièrement controversée, dans ce cas, elle implique – du moins aux yeux des
groupes armés et de l’UA – d’offrir beaucoup plus de postes gouvernementaux aux membres
des groupes armés qu’auparavant (certains occupaient déjà des postes mineurs), une
proposition qui laisse de nombreux Centrafricains circonspects.

Deuxièmement, il note la possibilité de sanction légale contre ceux qui continuent à recourir à
la violence et déclare que les parties « rejettent l’idée de l’impunité ».

Le gouvernement et l’UA qualifient ce texte de victoire contre les appels répétés des groupes
armés à l’amnistie.90 Il s’inscrit dans le contexte des progrès réalisés au cours des mois
précédents pour que les auteurs de crimes majeurs répondent de leurs actes. En octobre et
décembre 2018, les forces de sécurité à Bangui et à Paris ont arrêté et transféré à la Cour
pénale internationale deux membres des anti-balaka. Le même mois, le tribunal pénal de

89
Pour des informations générales sur la mise en place et le fonctionnement initial de ces commissions, voir le
rapport de Crisis Group, Eviter le pire en République centrafricaine,
90
« RCA : l’accord de paix signé à Bangui entre le gouvernement et 14 groupes armés », RFI, 6 février 2019.
Entretiens de Crisis Group, représentants de l’UA, mai 2019 »

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Bangui a condamné quatre membres de l’ex-Seleka à vingt ans de travaux forcés pour
association de malfaiteurs et possession d’armes.91

La Cour pénale spéciale du pays, créée à la mi-2015 pour juger les crimes graves et
composée de juges centrafricains et étrangers, a finalement tenu sa session inaugurale en
octobre 2018 et est actuellement en train d’élaborer sa stratégie d’enquête. L’accord appelait
aussi la RCA à accélérer la formation d’une Commission vérité, justice et réconciliation,
prévue de longue date. Cette commission a tenu ses premières consultations le 6 juin. La
plupart des groupes sont soumis a peu de pression pour démobiliser.

En réalité, cependant, le pays ne dispose toujours pas d’un système judiciaire opérationnel,
Même ceux qui sont arrêtés sont souvent relâchés par manque de capacités d’enquête. Il est
donc très peu probable qu’à brève échéance, les dirigeants les plus puissants des groupes
armés soient tenus pour responsables des crimes qu’ils pourraient avoir commis pendant la
guerre, en dépit du rejet de l’impunité affirmé par l’accord.

Enfin, l’accord crée des unités spéciales mixtes de sécurité, sans doute sa principale
innovation. Celles-ci étaient censées être établies dans les 60 jours à compter de la signature,
un délai irréaliste, et pour une durée initiale de deux ans. Mais l’UE, l’ONU et l’UA
travaillent toujours à leur mise en place et à leur financement ; début juin, la principale pierre
d’achoppement semblait être que certains groupes armés n’avaient pas fourni leurs listes de
combattants pour rejoindre ces groupes ou avaient produit des listes incomplètes ou
gonflées.92

Ces unités devraient comprendre à la fois des membres de groupes armés et les forces armées
nationales, sous le commandement de ces dernières. Les participants issus des groupes armés
vont faire l’objet d’une série de vérifications et suivre une courte formation. Les responsables
de l’ONU espèrent que les unités mixtes de sécurité pourront aider à relancer le programme
national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) soutenu par
l’ONU, qui a été officiellement lancé en décembre 2018 et devrait permettre à quelques

91
Alfred Yekatome (alias « Rambo ») a été arrêté à Bangui et transféré à la CPI le 17 novembre 2018 et Patrice-
Edouard Ngaïssona a été arrêté en France et transféré à la CPI le 12 décembre. Sur les cas nationaux, voir «
Centrafrique : Quatre accusés proches de l’UPC condamnés par la Cour Criminelle à 20 ans de travaux forcés »,
RJDH, 20 août 2018.
92
Entretien de Crisis Group, diplomate, Bangui, mai 2019.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

centaines de membres de groupes armés de s’entrainer pour intégrer l’armée et à d’autres de


retourner à la vie civile93.

Ces unités mixtes de sécurité devront relever de nombreux défis pour contribuer à faire
avancer le désarmement. La plupart des groupes sont soumis a peu de pression pour
démobiliser et peu enclins à le faire, tandis que les forces armées, l’autre composante des
unités – ont tout juste bénéficié d’une formation de base, et les quelque 1 300 soldats déployés
hors de Bangui (en date de mars) manquent d’équipement et de voies de ravitaillement. Même
si les unités mixtes se forment, le processus comporte plusieurs risques : qu’il ne
s’accompagne pas d’un désarmement plus large ; que les anciens membres des groupes armés
ne reçoivent qu’une formation minimale, ou n’en reçoivent aucune ; et qu’elles ne soient pas
supervisées par l’armée ou l’ONU. 94

Les commandants des groupes armés pourraient alors conserver un contrôle de facto sur leurs
anciens combattants, ce qui leur permettrait de continuer à s’en prendre aux civils, mais
désormais en portant l’uniforme militaire. Ce problème est aggravé par le fait que ni l’UE ni
l’ONU n’a de mandat pour former les unités ; les responsables des deux organisations
cherchent actuellement des moyens d’offrir un soutien indirect 95. En outre, comme on le verra
plus en détail par la suite, les parties ont des conceptions très divergentes de ces unités.

La responsabilité de l’application de l’accord incombe à différents organismes. L’accord


donne mandat aux membres du Panel africain de médiateurs – l’UA, des groupes sous-
régionaux (à savoir la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, ou CEEAC,
et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, ou CIRGL), l’Angola, la
République du Congo, le Gabon et le Tchad pour « vérifier l’application de l’accord par les
parties ».

Il crée également deux comités nationaux et un certain nombre de comités locaux pour
superviser sa mise en œuvre. Le premier, le Comité exécutif de suivi, coprésidé par l’UA et le

93
Le programme actuel de DDRR est la dernière itération d’une longue série de programmes de démilitarisation
remontant quasiment sans interruption jusqu’au début des années 2000. Bien que l’accord ne lie pas
formellement les unités mixtes de sécurité au DDRR, c’était l’intention de la mission des Nations unies qui mène
les efforts internationaux de désarmement et qui, selon l’accord, soutiendra les unités. Entretiens de Crisis
Group, personnel de l’ONU, Bangui, février et mars 2019. Le président s’est engagé à recruter 10 pour cent des
nouvelles recrues de l’armée dans les groupes armés, mais cet engagement reste hypothétique tant que les
groupes armés résistent à la démobilisation. L’intégration des anciens membres des groupes armés dans l’armée
reste en tout état de cause problématique, en raison du niveau d’instruction requis et du fait que les groupes
armés exigent d’intégrer l’armée à leurs « grades » autoproclamés actuels. Entretien avec Crisis Group,
fonctionnaire international travaillant sur le DDR, Bangui, mars 2019.
94
Entretien téléphonique de Crisis Group, haut fonctionnaire de l’ONU, mai 2019.
95
Entretiens de Crisis Group, responsables de l’UE et de l’ONU, Bruxelles et Bangui, avril et mai 2019

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

gouvernement, comprend toutes les parties à l’accord et d’autres parties prenantes (« les
forces vives de la nation ») et a été officiellement lancé le 15 mai. Le deuxième est un comité
de mise en œuvre national, composé de responsables gouvernementaux et de représentants des
groupes armés96.

L’accord institue également des comités de mise en œuvre préfectoraux, présidés par les seize
préfets du pays et chargés, de manière ambitieuse, d’évaluer la mise en œuvre de l’accord,
d’arbitrer les désaccords entre les parties et même de résoudre les différends militaires. Peu
d’entre eux sont déjà en place – ce qui n’est pas étonnant étant donné la faiblesse de l’Etat
dans les provinces.

L’accord ne clarifie pas complètement les relations entre les comités préfectoraux et les
comités locaux de paix préexistants. Une fusion informelle des deux structures est probable ;
en effet, elles puiseront dans le même réservoir de responsables civils et religieux locaux. Il
existe des dizaines de comités de paix dans environ la moitié des provinces du pays, créés par
des groupes de la société civile, des plateformes religieuses et des ONG internationales,
souvent avec le soutien des Nations unies, à partir de 2012.

Par la suite, le gouvernement a officialisé et multiplié ces structures dans tout le pays, ce qui
signifie que ces comités opèrent maintenant avec un degré variable d’implication officielle.
97
En substance, ils servent de forum où les communautés peuvent exprimer leurs doléances et
régler leurs différends, y compris ceux qui impliquent des groupes armés. Bien qu’ils soient
souvent en difficulté dans des zones reculées ou ignorés alors que des groupes armés se
partagent les territoires et se livrent à des pillages, ils ont, dans l’ensemble, joué un rôle
précieux dans la négociation de cessez-le-feu et d’accords de paix locaux et dans le règlement
des conflits fonciers, des vols et des enlèvements98. Les nouveaux comités préfectoraux
devraient s’efforcer de s’appuyer sur leurs résultats plutôt que de les mettre de côté.

96
Ces comités pourraient jouer un rôle important dans la coordination de l’appui et le suivi des progrès (voir ci-
dessous), mais le risque existe également, comme cela s’est produit par le passé, de se retrouver avec un groupe
de comités à Bangui ayant peu d’influence sur la dynamique du conflit dans le pays. Entretien de Crisis Group,
fonctionnaire d’un bailleur de fonds, Bruxelles, avril 2019.
97
« Note conceptuelle relative à la mise en place des comités locaux de paix et de réconciliation en République
centrafricaine », ministère des Affaires sociales et de la Réconciliation nationale, Bangui, juin 2016 »
98
Entretiens de Crisis Group, ONG internationales, chefs religieux, membres des comités de paix, Bangui,
Bangassou, Obo, Zémio, Bouar et Rafaï, 2017-2018 ; administrateur local, Bangui, mars 2019. Pour le contexte
général, voir Thierry Vircoulon, « A la recherche de la paix en Centrafrique : médiations communautaires,
religieuses et politiques », IFRI, juin 2017.

50
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En vue de cela ; l’accord a été signe entre le gouvernement et les groupes rebelles, dont
certains postés important devraient attribuer aux groupes rebelles, n’ont pas été respecté par le
nouveau gouvernement qui a été mis en place, cela a causé un véritable problème.

B. La problématique de mise en œuvre l’accord politique pour la paix et


réconciliation

Les partenaires internationaux de la RCA ont pour la plupart salué l’accord négocié par l’UA,
bien que certains responsables se soient montrés sceptiques. La mission Nations unies, le
Conseil de sécurité, la Banque mondiale et l’UE ont tous exprimé leur soutien, l’UE
s’engageant à mobiliser de nouveaux fonds pour sa mise en œuvre.99 Bien que les
responsables internationaux au niveau opérationnel aient eu tendance à considérer l’attention
et le soutien des bailleurs de fonds et des partenaires comme positifs, les personnes
directement impliquées dans la mise en œuvre de ses principales dispositions se disent
confrontés à de nombreux obstacles et préviennent que les dirigeants des groupes armés sont
peu enclins à en respecter les termes100.

Les premières mesures prises par le gouvernement se sont révélées controversées. Le 25


février, le président Touadéra a nommé Firmin Ngrebada, son chef de cabinet et principal
négociateur à Khartoum, Premier ministre. A son tour, le 3 mars, Ngrebada a nommé un
nouveau gouvernement de 37 ministres conservant tous les principaux ministres (Finances,
Affaires étrangères, Intérieur et Justice) du gouvernement précédent tout en offrant des postes
relativement mineurs à six groupes armés, cinq ex-Seleka et un anti-balaka.101 Mécontents du
petit nombre et du faible niveau des postes attribués, les groupes de l’ex-Seleka ont
rapidement rejeté le nouveau gouvernement.

L’un des groupes importants, le Front Populaire pour la Reconnaissance de la Centrafrique


(FPRC)102, a refusé de prendre le poste qui lui avait été confié. Un autre, le Front
Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC) 103
, a annoncé qu’il se retirait de l’accord et

99
« L’ONU exhorte les parties à appliquer “sans retard” l’accord de paix », VOA Afrique, 13 février 2019 ; «
RCA : l’Union européenne prête à soutenir financièrement l’accord de paix », RFI Afrique, 15 mars 2019.
100
Bangui, mars 2019, Bruxelles, avril 2019. Voir aussi « Centrafrique : gouvernement et rebelles signent un
accord de paix », Le Monde, 9 février 2019.
101
Les six postes ont été offerts aux RJ, MPC, FPRC, UPC, tous les quatre des groupes de l’ex-Seleka, et aux
deux factions anti-balaka Mokom et Ngaïssona. Pour les noms complets des groupes armés,
102
Le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique est un groupe politico-militaire centrafricain fondé à
Birao en août 2014 et né de l'explosion de la Seleka. Le 17 décembre 2020, il fusionne avec 5 autres
mouvements dans la Coalition des patriotes pour le changement.
103
Le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) est un mouvement rebelle actif en République
centrafricaine dont le chef est le général Abdoulaye Miskine (de son vrai nom Martin Koumtamadji), qui serait

51
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

allait mettre en place des barrages routiers sur la principale voie d’accès au Cameroun
pendant quatre jours pour protester contre le fait qu’aucun poste ne lui avait été proposé au
sein du gouvernement.

La société civile et les partis d’opposition104 ont également critiqué leur quasi-absence au sein
du gouvernement prétendument inclusif.105 L’assurance donnée par Ngrebada qu’il
procéderait à d’autres nominations dans l’administration nationale n’a pas permis d’atténuer
la crise.

Des mouvements de protestation sociale ont critiqué le gouvernement pour avoir trop
concédé.

Face au risque d’effondrement de l’accord, Chergui a convoqué les parties au siège de l’UA à
Addis-Abeba du 18 au 20 mars. Le résultat, dévoilé par une série de décrets présidentiels du
22 au 24 mars, a été un revirement complet. Les groupes armés ont obtenu douze postes
ministériels au sein d’un nouveau cabinet de 39 ministres, douze autres postes de niveau
ministériel ou de haut niveau dans les cabinets du président et du Premier ministre, dont un
chargé de superviser les unités mixtes de sécurité, ainsi que deux postes de préfet et cinq de
sous-préfet, tous attribués à des groupes armés actifs dans les zones concernées.

Les responsables de l’UA présentent le compromis comme le reflet de l’équilibre


des forces sur le terrain et comme une nécessité pour garder les dirigeants des groupes armés
à bord dans l’espoir de réduire les niveaux de violence, tandis que le Conseil de paix et de
sécurité de l’UA a souligné que les résultats des négociations d’Addis-Abeba étaient
conformes aux dispositions de l’accord sur le règlement des différends.106 Les partenaires
internationaux de la RCA ont salué ces nouvelles dispositions comme un « renforcement du
gouvernement inclusif »107.

d'origine tchadienne. Ce groupe est apparu pendant la première guerre civile centrafricaine et n'appartient ni aux
ex-Séléka ni aux anti-Balaka. Il sévit dans l'Ouest de la République centrafricaine et serait d'ethnie Ngama1, qui
appartiendrait aux Saras.
104
« Accord de Paix en Centrafrique : 5 des 14 groupes armés signataires désavouent le gouvernement », Jeune
Afrique, 4 March 2019.
105
Entretiens de Crisis Group, militants de la société civile et responsables politiques de l’opposition, Bangui,
mars 2019.
106
Entretiens de Crisis Group, représentants de l’UA, avril et mai 2019. Voir aussi « Communiqué de presse :
834e réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine », Addis-Abeba, 21 mars 2019
107
« Communiqué conjoint à l’occasion de la réunion de consultation des parties prenantes de l’accord politique
pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine », Minusca, 20 mars 2019.

52
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En revanche, beaucoup à Bangui ont été stupéfaits. Les responsables centrafricains et


étrangers dans le pays reconnaissent la nécessité de faire des concessions, mais la plupart
considèrent que le nouvel arrangement va trop loin.

Les Centrafricains ont fait valoir que certains chefs de groupes armés qui se sont vu offrir des
postes ne sont pas d’origine ou de nationalité centrafricaine, et déplorent le manque de
transparence et de communication, l’absence apparente de concessions concrètes de la part
des groupes armés et la légitimité locale que leur confère les postes préfectoraux. Des
mouvements de protestation sociale ont critiqué le gouvernement pour avoir trop concédé, et
108
des tracts antigouvernementaux ont même circulé au sein des forces armées.

Les entretiens de Crisis Group ont révélé un degré de colère sans précédent contre le
gouvernement de Touadéra, du moins dans la capitale. Entretemps, plusieurs groupes armés
ont déclaré que leurs nouvelles responsabilités signifiaient que le gouvernement ne devait pas
déployer de fonctionnaires dans les zones sous leur contrôle, affirmant même dans certains
cas que le déploiement de l’armée enfreindrait l’accord de février.109

La question de savoir si l’accord a réduit la violence n’est pas tranchée. Les responsables de
l’UA, utilisant les données de l’ONU, font valoir que les niveaux de violence sont en baisse
depuis février et que les grandes villes n’ont pas subi d’attaque comme celles de Batangafo et
Alindao fin 2018110, mais certains responsables onusiens et humanitaires font remarquer que
la violence fait toujours rage à travers le pays et que l’absence d’affrontements de grande
envergure, au moins jusqu’en mai, était probablement due essentiellement à la saison des
pluies qui voit traditionnellement de tels incidents s’atténuer. Ils soulignent que les groupes
armés qui ont signé l’accord continuent leurs prédations. 111 De plus, les violences qui ont
éclaté autour de la ville de Paoua, dans le Nord-Ouest du pays, le 21 mai, auraient fait 34
morts principalement parmi les civils.

108
Idem politiciens, administrateurs, acteurs de la société civile, responsables internationaux, Bangui, mars 2019.
« Centrafrique : le nouveau gouvernement déjà contesté », RFI Afrique, 24 mars 2019 m
109
« Centrafrique : déploiement des forces régulières dans une ville dominée par les rebelles », Centrafrique
Presse, 20 mai 2019.
110
La déclaration de Smaïl Chergui dans « Verbatim : 2e réunion du Groupe international de soutien à la
République centrafricaine », Minusca, 15 avril 2019. Entretiens de Crisis Group, diplomates africains et
responsables de l’UA, mars-mai 2019.
111
Selon un haut responsable de la sécurité à l’ONU interrogé en mai, les principaux schémas de prédation et
de violence par les groupes armés, y compris les barrages routiers et le contrôle des sites miniers, restent
largement inchangés. Entretiens de Crisis Group, hauts responsables des Nations unies et de l’aide
humanitaire, Bangui et par téléphone, mars-mai 2019. « Des violences se poursuivent dans certaines régions
malgré l’accord de paix », VOA Afrique, 26 avril 2019.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le gouvernement a pointé du doigt le groupe armé 3R112, signataire de l’accord. 113


Sous
pression du gouvernement et de l’ONU, le groupe a remis aux autorités locales trois de ses
membres qui auraient perpétré l’attaque, mais les dirigeants du groupe n’ont pas encore été
114
tenus pour responsables de ce qui était probablement une attaque planifiée. Dans
l’ensemble, il est encore trop tôt pour savoir si la violence a diminué davantage que la norme
saisonnière et, le cas échéant, si cela est dû à l’accord.

L’absence de pression significative exercée sur les groupes armés dans la plupart des régions
et l’équilibre des forces sur le terrain font obstacle à la mise en œuvre de l’accord. Au-delà de
la question du partage du pouvoir, le gouvernement a fait des progrès sur certaines
dispositions de l’accord, mais pas sur d’autres. Des préparatifs seraient en cours pour la mise
en place des comités préfectoraux et du comité technique de suivi.

La commission bilatérale entre la RCA et le Cameroun s’est réunie à Bangui du 6 au 8 mai


pour discuter de la coopération transfrontalière ; une réunion de la commission RCA-Tchad
était apparemment prévue pour la fin mai, mais a depuis été reportée. Le gouvernement a
finalisé sa stratégie de communication et diffuse des informations sur l’accord à la radio
nationale et sur les radios locales.

La formation des unités de sécurité mixtes a toutefois été plus difficile ; comme indiqué
précédemment, certains groupes armés n’ont pas encore fourni des listes de noms complètes
et certains à Bangui restent sceptiques quant à la progression du DDR dans un avenir proche.
Par conséquent, pour l’instant, le résultat le plus visible de l’accord a été l’inclusion des
groupes armés à plusieurs niveaux de gouvernement. Un exemple est particulièrement
frappant. A la mi-avril, Ali Darassa, chef de l’Unité pour la Paix Centrafrique (UPC), a été
invité à Bambari et, dans ce qui semble avoir été une tentative prématurée de lancer les unités
mixtes de sécurité dans la région, a été nommé chef de ces unités en présence du commissaire
de l’UA, Chergui, et du chef du maintien de la paix des Nations unies, Lacroix. Cela s’est
produit en dépit d’affrontements antérieurs dans la même ville entre l’UPC et les forces de

112
Le groupe des 3R pour « Retour, Réclamation et Réhabilitation » est un groupe rebelle centrafricain créé fin
2015 par d'anciens Selekas pour assurer la protection de la communauté peule contre les attaques des anti-balaka.
Jusqu'en 2020, le groupe est sous le commandement du général autoproclamé Sidiki Abass.
113
Communiqué de presse, ministère des Communications, Bangui, 22 mai 2019 ; « Des groupes armés tuent
plus de 30 personnes en République centrafricaine : ONU », AFP, 22 mai 2019.D
114
« Des présumés auteurs du massacre de civils remis à la justice centrafricaine », Centrafrique Presse, 25 mai
2019 ; « RCA : les 3 R disent avoir livré les coupables du massacre de la région de Paoua », RFI, 25 mai 2019.

54
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

l’ONU qui tentaient de mettre en œuvre la politique des « villes sans armes » de l’ONU. 115 On
ne sait pas si Darassa lui-même ou l’UPC ont fait des concessions concernant la
démobilisation du groupe, ses activités ou le retour de l’autorité de l’Etat dans les zones qu’il
contrôle en échange de ce poste influent. A la suite de sa nomination, des articles dans la
presse internationale et centrafricaine ont rapporté que l’ONU et le gouvernement avaient
remis la ville à l’UPC. 116
Darassa lui-même aurait dit à la population locale que les termes de
l’accord et sa nomination à la fin mars faisaient de lui le dépositaire légitime de l’autorité
publique dans la région.117

L’absence d’instance devant laquelle les parties auraient répondre du respect des termes de
l’accord permet de conclure, en l’état, à l’absence de contrainte juridique. Pour ce qui est de la
sanction, nous avons relevé que, la notion de sanction a été diversement magnifiée dans la
théorie juridique118. L'analyse des accords de paix en RCA met en exergue l’absence totale de
cette action.

La recherche de la juridicité des accords de paix nécessite une analyse initiale des
caractéristiques qui s’attachent à ces instruments. Cette analyse, aussi intéressante soit-elle,
reste incomplète si l’on ne se penche pas sur le droit qui leur est applicable.

SECTION II : L’application du droit international


Le droit international s’applique de façon différente selon les cas sur le territoire de chaque
119
État. Si une norme est écrite de façon suffisamment précise, elle peut créer des droits
directement au profit de ceux qui vont l’invoquer. D’autres normes nécessitent l’adoption de
règles complémentaires ou la mise en place de procédures pour que les individus puissent se
prévaloir des droits qu’elles énoncent. Il faut souvent en effet, qu’une loi intègre dans le droit
national les dispositions d’une convention internationale pour qu’un individu puisse

115
Par exemple, l’UPC a combattu l’armée nationale et l’ONU à Bambari en juin 2018, tuant un Casque bleu
burundais. Voir « Une unité des Forces armées centrafricaines attaquée à Bambari », RFI, 12 juin 2018. Sur le
contexte de l’initiative « villes sans armes », voir « Centrafrique : situation sécuritaire dans la ville de Bambari,
quatre ans après les violences », Africa News, 17 mars 2017, et la vidéo des Nations unies « Bambari, une ville
sans armes et sans groupes armés », Minusca, 27 février 2017.
116
Ces articles ont donné lieu à une petite bataille de communication alors que l’ONU tentait de les contrer. Voir
« Au nom de la paix, un chef de guerre à la tête de Bambari », VOA Afrique, 18 avril 2019 et « Communiqué de
presse conjoint gouvernement centrafricain - Minusca », 19 avril 2019.
117
Crisis Group, responsable de la sécurité à l’ONU, Bangui, mai 2019.
118
Iseult Derème,
« La valeur juridique des accords conclus entre un Etat et un groupe armé dans les conflits armés non
internationaux »
Mémoire de Master en Droit, Université Catholique de Louvain, Année académique 2015-2016, p. 40
119
https://dictionnaire-droit-humanitaire.org/content/article/2/droit-droit-international.

55
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

l’invoquer à son profit. La sanction des violations du droit est effectuée par des tribunaux.
Cette sanction a pour but de rétablir l’ordre public et d’indemniser la victime. Dans l’ordre
international, la fonction judiciaire qui est restée longtemps très limitée, connaît une évolution
importante depuis la fin de la guerre froide. Il existe actuellement deux tribunaux
internationaux permanents. La Cour internationale de justice (CIJ) est chargée de juger les
États en cas de violations de leurs obligations internationales. Mais elle n’est pas compétente
en matière pénale et ne peut pas juger des individus. De son côté, la Cour pénale
internationale (CPI), dont le statut adopté à Rome en 1998 est entré en vigueur le 1 er juillet
2002, a pour mission de sanctionner les auteurs de crimes de guerre, crimes contre l’humanité
et génocide. Il existe également deux tribunaux pénaux internationaux ad hoc chargés de juger
les auteurs des crimes commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda.

Il s’agit, premièrement, du principe du droit international (paragraphe I), qui inclut le droit
positif de l’État Centrafricain mais aussi des règles internationales qui régissent les relations
internationales et le droit international qui s’y dégage et dont l’influence sur la résolution des
conflits armés internes est bien réelle. Et, le second ordre juridique concerne le droit
jurisprudentiel moderne qui s’intéresse à l’ensemble de la jurisprudence des juridictions
internationales et internes de la RCA dont le concours est sollicité dans le règlement des
conflits (paragraphe II).

Paragraphe I : Les principes du droit international

La mise en œuvre des principes du droit international s’avère une nécessité absolue vu l’État
de délabrement dans lequel se trouve la RCA totalement démunie d’entreprendre des actions
pour s’autodévelopper a l’instar de ses pairs en s’adaptant à la mondialisation en suivant les
courants de l’évolution des politiques internationales s’associant aux objectifs communs et
globaux, régionaux en perspective des objectifs du millénaire pour développement (OMD).
C’est pourquoi, les Etats membres de la communauté internationale doivent mutuellement se
soutenir dans des moments difficiles de leur existence.

C’est dans ce chapitre nous analyserons la responsabilité des Etats d’une part (A) ensuite nous
aborderons la solidarité internationale d’autre part (B).

A. La responsabilité internationale des États

56
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le Droit International impose aux Etats, le devoir de respecter mutuellement leurs


droits fondamentaux .Mais dans la pratique, il s’agit du devoir de respecter l’indépendance
politique, lequel se traduit par les obligations de ne commettre aucune ingérence dans leurs
affaires intérieures est le devoir de la non-intervention qui interdit à tout Etat de s’immiscer
dans les affaires intérieures d’un autre Etat, à moins qu’ils puissent invoquer un titre juridique
base sur la coutume ou sur un traité spécial.

En fait, les Etats doivent prendre soin qu’aucune attaque dirigée contre les tiers ne soient sur
leur sol par des personnes privées, des nationaux ou des étrangers. Certes, le droit général
n’oblige pas les Etats à interdire leur frontière à des particuliers appartenant à des
organisations rebelles, ou révolutionnaires, d’empêcher que leur territoire ne devienne une
base arrière d’opérations contre un Etat étranger.

A contrario, comme il a été rappelé plus haut la RCA membre des Organisations
Internationales dont l’Organisation des Nations Unies, doit bénéficier de l’assistance de ces
Organismes Internationaux ou Etats l’existence des organes spécialisés existant en leur sein
ayant vocation de s’occuper des questions de paix, de défense mutuelle en cas d’agression de
l’un de leur membre et de protéger les populations civiles vivant sur le territoire, objet
d’attaque par des rebelles.

On peut dans ce cas de figure évoquer la coutume ou les usages comme fondements de
l’intervention des partenaires internationaux en Centrafrique. La notion de responsabilité est
un élément essentiel de l’application et du respect du droit. L’existence d’un droit est le plus
souvent suspendue à l’existence d’une obligation réciproque. La violation de cette obligation
peut engager divers types de responsabilités civiles ou pénales de l’auteur de cette violation.
La responsabilité est souvent individuelle, notamment en matière de crimes reconnus par le
droit pénal international.

La responsabilité individuelle des agents et représentants de l’État est limitée par des règles
d’immunité juridictionnelles, sauf en ce qui concerne les crimes de guerre, crimes contre
l’humanité et génocide. Il existe un régime particulier de responsabilité internationale
applicable aux États en cas de violation de leurs engagements internationaux vis-à-vis d’un
autre État. Cette responsabilité de l’État est engagée par l’action de ses agents et notamment
de ses forces armées, mais aussi de personnes ou groupes dont il peut être établi qu’ils
agissent de fait sous le contrôle de l’État (infra). La Cour internationale de justice est
compétente pour juger ces situations et les obligations de réparation qui en découlent.

57
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le respect des droits de l’homme repose également sur la responsabilité des États. Il est
soutenu par l’existence d’un certain nombre de recours individuels ou étatiques, judiciaires ou
non, prévus devant divers organes internationaux et cours régionales des droits de l’homme.
La responsabilité de l’État pour violation de ses engagements internationaux en matière de
droits de l’homme vis-à-vis de ses propres citoyens est encore embryonnaire, mais ne saurait
être confondue avec la responsabilité pénale individuelle ou la responsabilité étatique au sens
des relations interétatiques classiques.

Le droit international humanitaire contient de nombreuses obligations qui engagent la


responsabilité internationale des États en cas de violations. Cette responsabilité spécifique de
l’État est différente et complémentaire de la responsabilité pénale encourue à titre individuel
par les agents de l’États même quand ils ont agi sur ordre.

La responsabilité d’un État découlant des violations de ses obligations internationales vis-à-
vis d’un autre État peut, sous certaines conditions, être engagée par celui-ci devant la Cour
internationale de justice. Elle entraîne une obligation d’indemnisation des dommages causés à
l’État concerné. L’incapacité d’un État ou son refus de poursuivre les auteurs de crimes de
guerre, crimes contre l’humanité et génocide au niveau national constitue un manquement aux
obligations de l’État et peut, dans certaines circonstances, justifier la compétence de la Cour
pénale internationale à l’encontre des individus concernés (article 17 du statut de Rome). 120

Responsabilité de l’État du fait de son contrôle sur des groupes armés non étatiques. La
question de la responsabilité de l’État pour des actions commises par des groupes non
étatiques agissant sous son contrôle a été posée dans trois affaires majeures par la Cour
internationale de justice : Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), Fond, arrêt, C.I.J. Recueil 1986 ; Application de la
Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c.
Serbie-et-Monténégro), arrêt, C.I.J. Recueil 2007 , et Activités armées sur le territoire du
Congo (République démocratique du Congo c. Ouganda), arrêt, C.I.J. Recueil 2005.

120
Article 17 du statut de Rome 1. Eu égard au dixième alinéa du préambule et à l'article premier, une affaire est
jugée
Irrecevable par la Cour lorsque :
a) L'affaire fait l'objet d'une enquête ou de poursuites de la part d'un État ayant Compétence en l'espèce, à moins
que cet État n'ait pas la volonté ou soit dans l'incapacité de mener véritablement à bien l'enquête ou les
poursuites ;
b) L'affaire a fait l'objet d'une enquête de la part d'un État ayant compétence en l'espèce et que cet État a décidé
de ne pas poursuivre la personne concernée, à moins que cette décision ne soit l'effet du manque de volonté ou
de l'incapacité de l'État de mener véritablement à bien des poursuites ;

58
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Par ailleurs ce qui précède, la responsabilité des Etats de protéger leurs territoires pour que
les groupes armés n’utilisent pas comme une base arrière pour attaquer son Etat voisin, nous
conduirons à voir leurs solidarités.

B. La solidarité internationale des États

Ce principe mis en avant se justifie en raison de ce que les Etats sujets du droit international
se doit mutuellement assistance dans des moments difficiles tels que les cas de calamites
naturelles , les instruments internationaux consacres à cet effet obligent les Etats et autres
membres de la communauté internationale à prendre des initiatives personnelles d’assister au
chevet de leur pair, victime d’un phénomène de tremblement de terre par exemple ou d’un
conflit armé provenant de l’extérieur mettant en péril la vie de son peuple ou remettant en
question son intégrité territorial. Même la Charte de l’Union Européenne a inscrit la solidarité
entre Etats au point de constituer pour elle un devoir et une obligation de proagir dans un
cadre Communautaire lorsqu’ une situation délicate et complexe prévaut dans un Etat tiers.

La solidarité internationale est une condition préalable de la dignité humaine, le fondement


de tous les droits de l’homme et une approche du développement centrée sur l’être humain.
Elle a la capacité de jeter des passerelles entre tout ce qui divise et établit une distinction.

Elle englobe les valeurs de justice sociale et d’équité ; la bonne volonté entre les peuples et
les nations et l’intégrité de la communauté internationale ; la souveraineté et l’égalité
souveraine de tous les États et les relations amicales entre eux. La coopération internationale
est la pierre angulaire de la solidarité internationale.121 Cela dit, cette solidarité ne se limite
pas à l’assistance et à la coopération internationales, à l’aide, à la charité ou à l’assistance
humanitaire.

Elle renvoie à un concept et à un principe plus larges qui comprennent notamment la viabilité
des relations internationales, en particulier des relations économiques internationales, la
coexistence pacifique de tous les membres de la communauté internationale, les partenariats
égalitaires et le partage équitable des avantages et des charges, étant entendu que les
intéressés doivent s’abstenir de porter préjudice ou de Faire obstacle à l’amélioration du bien-
être d’autrui, y compris dans le cadre du système Économique international, et de
compromettre notre habitat écologique commun dont nous Assumons tous la responsabilité.

121
https://www.ohchr.org/fr/special-procedures/ie-international-solidarity/about-international-solidarity-and-
human-rights.

59
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La notion de solidarité internationale se retrouve dans les trois piliers de la Charte des Nations
Unies, à savoir la paix et la sécurité ; le développement ; et les droits de l’homme. Le
développement et les droits de l’homme sont les fondements les plus sûrs de la paix.

Lors du Sommet sur la sécurité nucléaire convoqué par le Président des États-Unis
d’Amérique le 13 avril 2010, il a été rappelé au monde qu’une manière fondamentalement
nouvelle de penser et d’agir était indispensable si l’on voulait assurer la survie de l’humanité.
De même, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et celle du droit au
développement exigent une conception, un état d’esprit et un mode.

D’action plus avisés, fondés sur le sentiment d’appartenance à la collectivité et sur le sens de
la solidarité internationale. Le besoin de changement est mis en lumière par la Boutros -Gali,
« Agenda pour la paix », Organisation des Nations Unies, New York, 1992 ; « Agenda pour le
développement », Organisation des Nations Unies, New York, 1994. Déclaration du
Millénaire qui fait de la solidarité et de la responsabilité collective, notamment, des valeurs
fondamentales essentielles pour les relations internationales au 21e Siècle.

La solidarité internationale a été perçue par presque tous les répondants comme un principe, et
par plusieurs comme un droit relevant du droit international. Un répondant a cité les propos
suivants : « tout pays affranchi de l’égoïsme et conscient de ses devoirs et de ses droits, qui
non seulement tire parti des avantages offerts par la solidarité, mais assume les obligations et
les risques qui y sont associés, découvre en lui une capacité insoupçonnée de développement
qui enrichit son individualité et qui, dans le même temps, fait de cette nouvelle capacité un
vecteur de progrès pour d’autres pays ».

De nombreux répondants ont estimé que la solidarité internationale était le fondement de


notre responsabilité à l’égard de l’humanité, le point de départ de l’instauration d’une société
meilleure, de même que le ciment de la cohésion sociale et une garantie contre la
marginalisation, l’exclusion et les disparités excessives.

Les efforts visant à maintenir l’ordre et la survie même de la société internationale devaient se
fonder sur le principe de solidarité et d’assistance mutuelle, en particulier lorsqu’il s’agissait
de faire face à des catastrophes naturelles122, à la pauvreté, au terrorisme et à des situations
d’après conflit. On constatait un important décalage entre les grandes déclarations sur la
solidarité et leur traduction dans les faits. La solidarité internationale devait être considérée

122
Une catastrophe naturelle est une catastrophe qui résulte d’un événement naturel : séisme, éruption
volcanique, tsunami, mouvements de terrain, inondation, tempête, cyclone tropical, orages, etc.

60
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

comme une condition préalable de toute collaboration au sein de la communauté


internationale.

La contribution des États était certes importante, mais il était possible d’améliorer la
coordination de l’aide internationale conformément aux Principes et bonnes pratiques d’action
humanitaire et aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. La Déclaration du
Millénaire soulignait que, face aux problèmes mondiaux, les coûts et les charges devaient être
justement répartis. 123

Les problèmes mondiaux étaient nombreux. Quatre domaines sont examinés ci-après.

1. Aide humanitaire en cas de catastrophes naturelles

2. Réduction de la pauvreté

3. Droit au développement

4. Objectifs du Millénaire pour le développement. 124

Le philosophe français Edgar Morin125, considéré comme l'un des grands penseurs vivants,
s'intéresse à l'avenir de Terre126 et de l’Humanité dans le cadre de la théorie des systèmes.
Pour lui, la solidarité internationale est fondamentale pour atteindre cet objectif. Il nous alerte
de la complexité du problème, de la nécessité de trouver des solutions comme une urgence
mondiale et proclame qu'une méthode interdisciplinaire127 est essentielle pour obtenir des
résultats de base. Il dit que les solutions ne seront pas seulement scientifiques mais
principalement politique.128 129

En outre de ces deux sous parties, Nous permettrons d’aborder l’application du droit
jurisprudentiel.

123
Nations Unies, O. (2009). Objectifs du Millénaire pour le développement.
124
De Bruyn, T., Godin, J., & Pirotte, G. (2010). L’émergence de nouveaux acteurs de la solidarité internationale
en Wallonie et à Bruxelles : une enquête exploratoire sur le « quatrième pilier » (Avec une étude de cas : les
Groupes de Solidarité Volens) [archive] (PDF, 115 pages, en ligne avec /hiva.kuleuven.be), 24 juin 2010, Institut
des sciences humaines et sociales de l'Université de Liège. Voir notamment p. 28, 31. Et voir p. 79 pour la
description de Volens.
125
Edgar Nahoum, dit Edgar Morin, né le 8 juillet 1921 à Paris 9e, est un sociologue et philosophe français.
126
La Terre est la troisième planète par ordre d'éloignement au Soleil et la cinquième plus grande du Système
solaire aussi bien par la masse que par le diamètre. Par ailleurs, elle est le seul objet céleste connu pour abriter la
vie. Elle orbite autour du Soleil en 365,256 jours solaires.
127
L’interdisciplinarité est l'art de faire travailler ensemble des personnes ou des équipes issues de diverses
disciplines scientifique.
128
Towards Ecologised Thought. Interview en anglais avec Edgar Morin.
129
HAVING TO BE [archive] – article en anglais résumant la pensée de Morin sur la sauvegarde de la Terre.

61
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Paragraphe II : L’application du droit jurisprudentiel

Les accords de paix constituent un ensemble de dispositions âprement négociées qui


n'échappent pas à l'intervention du juge international ou national. Cette immixtion du juge
dans cette matière porte sinon exclusivement à tout le moins principalement sur les questions
des droits de l'homme et du DIH. L’intervention du juge vise avant tout à réprimer les
nombreuses violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire dont le summum
s’est révélé avec le génocide au Rwanda.

Comme le constate madame Virginie SAINT JAMES, la répression du génocide rwandais a


démontré une « multiplicité des voies de sanctions pénales avec la création d’une juridiction
pénale internationale, compétence universelle et compétence territoriale rwandaise « classique
» à travers les tribunaux et les Gacaca ».
130
La multiplicité des voies de sanctions entraîne tout naturellement la multiplicité des
juridictions. Nous analyserons donc dans un premier temps l’intervention des juridictions
internationales à travers leurs jurisprudences(A) et dans un second temps celle des juridictions
internes (B).

A. La jurisprudence internationale

Il s’agit de la cour pénale internationale, les Tribunaux pénaux internationaux (tribunaux du


ex Yougoslavie et du Rwanda) sont compétents d’être saisis et juger les auteurs des crimes
résultant des affaires découlant des crises survenues dans ces pays. Ces Tribunaux ont rendu
plus décisions dans les affaires dont ils ont été saisis.

En effet, la République Centrafrique, étant membres des organisations des nations unies a
ratifié le statut de Rome en 2001 de poursuivre tous les auteurs de toutes les formes de
violence, crime de guerre ; crime contre humanité commis sur son centrafricain. La Cour
pénale internationale (CPI) est un tribunal de dernier recours pour les poursuites de crimes
internationaux graves, notamment le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre
l’humanité. Fondée à travers le Statut de Rome, adopté en juillet 1998, la Cour a commencé à
opérer en 2003. La CPI est la première institution internationale permanente créée par traité

130
Virginie SAINT JAMES, « trois repressions du génocide rwandais, » in apprendre à douter question de droit,
question sur le droit, mélange en l’honneur du professeur, C LUMBOIS, PULIM,2004, PP 441-473

62
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

pour contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent la
communauté internationale131.

La Cour ne se substitue pas aux systèmes nationaux de justice pénale mais les complète. Elle
ne peut poursuivre et juger des personnes que si les systèmes nationaux en question
n’engagent pas de procédure ou s’ils proclament leur intention de le faire sans avoir
réellement la volonté ou la capacité de mener véritablement à bien des poursuites. Il s’agit
du principe fondamental de complémentarité. Il existe trois manières pour le Bureau du
Procureur d’ouvrir une enquête ou d’engager des poursuites : Les État parties au Statut de la
CPI peuvent déférer des situations au Bureau du Procureur, Le Conseil de sécurité ;
l’Organisation des Nations unies peut demander au Bureau du Procureur d’ouvrir une enquête
Le Bureau du Procureur peut ouvrir des enquêtes proprio motu (de sa propre initiative) sur le
fondement de renseignements reçus de sources dignes de confiance.

C’est dans cette perspective nous parlons de l’affaire de Alfred Yekatome et Ngaissona : la
Chambre préliminaire II de la CPI confirme une partie des charges de crimes de guerre et de
crimes contre l'humanité et renvoie l’affaire en procès.

La Chambre a conclu qu'il y a des motifs substantiels de croire qu'entre septembre 2013 et
décembre 2014, un conflit armé ne présentant pas de caractère international était en cours sur
le territoire de la République centrafricaine entre la Séléka et les Anti-Balaka, tous deux
constituant des groupes armés organisés à ce moment-là; et que les Anti-Balaka ont mené une
attaque généralisée contre la population civile musulmane, perçue sur la base de son
appartenance religieuse ou ethnique comme complice ou favorable à la Séléka et donc
collectivement responsable des crimes qui auraient été commis par celle-ci.

En ce qui concerne, les tribunaux pénaux internationaux, Le principe de la création des TPI ad
hoc disposant d’une compétence limitée à une situation de crise spécifique a été adopté en
réaction à la crise yougoslave, puis à la crise rwandaise, qui ont mis au premier plan la
nécessité de répondre de façon urgente aux violations massives du droit humanitaire. C’est
pour répondre à ces violations que le Conseil de sécurité a décidé la création, par les
résolutions 808 du 22 février et 827 du 25 mai 1993, d’un Tribunal chargé d connaitre des
violations graves du droit humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis
le 1er janvier 1991. Une année plus tard, le Conseil institua un Tribunal pénal au Rwanda

131
https://violences-sexuelles.ifjd.org/droit-centrafricain/cour-penale-speciale-centrafricaine/

63
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

pour connaitre des actes d génocide commis au Rwanda et par des rwandais, en l’occurrence
les Hutus contre les Tutsis. Le TPIR a été créé par la résolution 955 du 8 novembre 1994.

Il a compétence pour connaitre des actes génocidaires commis entre le 1er janvier et le 31
décembre 1994.

Les deux TPI ont ceci de particulier qu’ils ont été institués, non pas par la voie normale, c’est-
à dire conventionnelle, mais par le Conseil de sécurité dans le cadre de ses compétences pour
le maintien de la paix et la sécurité internationale au titre de l’article 24 de la Charte et en
vertu Du Chapitre VII du même instrument. Crée unilatéralement par le Conseil de sécurité,
par le truchement de résolutions obligatoires fondées sur le Chapitre 7, les TPI s’imposent à
tous les Etats membres de l’ONU. Le fondement juridique de la création des TPI par le
Conseil a été contesté dès les premiers Procès où la défense a mis en cause la légalité des TPI
au regard de la Charte.

Cependant, la Jurisprudence des TPI a confirmé la validité de la procédure de création de


création en déclarant La compétence de sa compétence. Ex : Arrêt Tadic, chambre d’appel du
TPIY, 10 aout1995 : la chambre d’appel a considéré que les pouvoirs reconnus au Conseil de
prendre Des mesures non militaires (article 41 de la Charte) en cas de menace contre la paix,
de rupture de la paix ou d’acte d’agression comportent également le pouvoir de créer des
juridictions pénales internationales.

L’observation de la pratique des TPI montrent que ces derniers, aussi bien sur le plan
substantiel que procédural, ont largement contribué au développement du droit international
pénal.

Au regard de ce qui a été dit dans précédent partie, nous aborderons les décisions rendues par
le tribunal national.

B- La cour pénale spéciale

La jurisprudence centrafricaine demeure pour l’instant peu visible et très insuffisamment


commentée. Pour améliorer la lutte contre l’impunité des violences sexuelles, crimes de
guerre, contre humanité le commentaire des jugements et arrêts en la matière sera donc un
instrument complémentaire.

En effet, La Cour Pénale Spéciale (CPS) de la République Centrafricaine est une juridiction
hybride chargée de juger les crimes internationaux les plus graves commis depuis 2003 sur le

64
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

territoire centrafricain. Le principal mécanisme de redevabilité pour les violations graves du


droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises en
République centrafricaine sera la Cour pénale spéciale.

Elle a été créée au sein de l’ordre judiciaire centrafricain avec son siège à Bangui, et la
possibilité d’être délocalisée en tout autre lieu de la République centrafricaine lorsque des
circonstances exceptionnelles ou les nécessités de service l’exigent 132. La création de la Cour
pénale spéciale est en conformité avec le principe selon lequel : « la compétence première des
États en matière de crimes graves selon le droit international demeure la règle »133. Elle a été
créée en juin 2015 par la loi organique n°15.003 portants création, organisation et
fonctionnement de la Cour Pénale Spéciale.

La Cour Pénale Spéciale a ainsi une double mission : Lutter contre l'impunité par la poursuite
et la répression des violations les plus graves des droits humains contribuer à la reconstruction
du système judiciaire centrafricain. La cour pénale spéciale est organisée en trois principaux :
Les chambres, Le parquet, Le greffe.

Les chambres : Les magistrats du siège sont au nombre de 21 dont 11 Centrafricains et 10


Internationaux, répartis au sein des chambres d’Instruction134, d’Accusation Spéciale,
d’Assises et d’Appel (Art. 7-14).
135
Le parquet : Il comprend 1 Procureur Spécial (International) secondé par 1 Procureur
Spécial Adjoint (Centrafricain), assistés par au moins 2 substituts : 1 International et 1
Centrafricain.

Le greffe : Le greffe est composé 136


d’un Greffier en chef (Centrafricain) et d’un Adjoint
(International), assistés par des greffiers dont le nombre est proportionnel au volume des
affaires mises au rôle

Deux autres entités sont rattachées à la CPS : L'unité spéciale de Police judiciaire

Elle est constituée d’Officier de Police Judiciaire (OPJ) « issus des rangs de la gendarmerie et
de la police » centrafricaine (Art. 30).

132
Voir Loi sur la Cour pénale spéciale, les Articles 1 et 2.
133
Ensemble de principes actualisés pour la protection et la promotion des droits de l’homme par la lutte contre.
L’impunité (E/CN.4/2005/102/Add.1), 8 février 2005, principe 20.
134
La fonction du juge d'instruction qui procède à une enquête préliminaire connue sous le nom d'instruction
Préparatoire pour déterminer s'il y a suffisamment de preuves pour que l'accusé soit jugé, est examinée plus loin
dans le rapport.
135
Voir Art. 18. Cour pénale spéciale.
136
Voir (Art.15. Cour pénale spéciale.

65
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le corps spécial d'avocats : Un corps d’avocats est constitué auprès de la CPS. Ces avocats
sont en principe tous Centrafricains.

Cependant, « Dans les affaires plus sensibles, (…) où la sécurité des avocats nationaux peut
être menacée, il est procédé (…) à la désignation d’avocats internationaux ». (Art. 67)

La cours pénale spéciale à également une compétence de poursuivre les auteurs des crimes
commis en République centrafricaine Conformément à l’article 3 de la loi organique, la CPS
est compétente pour enquêter, instruire et juger les violations graves des droits humains et les
violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire de la République
Centrafricaine depuis le 1er janvier 2003, telles que définies par le Code Pénal Centrafricain
et en vertu des obligations internationales contractées par la RCA en matière de Droit
International, notamment le crime de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de
guerre objet des enquêtes en cours et à venir.

Les crimes de violence sexuelle commis depuis le 1er janvier 2003 pourront ainsi être jugés
dans le cadre de la CPS, s’ils répondent au critère de gravité. L’article 57 du guide Stratégie
d’enquêtes, de poursuites et d’instruction de la CPS explique que critère de gravité comprend
aussi des aspects qualitatifs importants qui touchent à la nature des crimes liés à l’incident.
Ainsi, les « actes de violences sexuelles notamment le viol, les agressions sexuelles et
l’esclavage sexuel, y compris contre des filles et des garçons (mineurs), ainsi que les
violences sexuelles commises de manière répétée, par plusieurs auteurs et/ou publiquement »
constituent des indicateurs qualitatifs à considérer.

L’article 170 de la loi 18.010137 portant Règlement de Procédure et de Preuve devant la Cour
Pénale Spéciale prévoit des dispositions en matière de l’administration de la preuve en
matière de violences sexuelles.

La cour pénale spéciale a rendu son premier jugement définitif, La Chambre d’appel de la
Cour pénale spéciale (CPS) a rendu son arrêt dans l’affaire dite de « Paoua », le 20 juillet
2023 à Bangui. Les trois accusés dans cette affaire sont déclarés coupables de crimes de
guerre et crimes contre l’humanité ; et condamnés à 20 ans et 30 ans de réclusion.

« L’affaire Paoua » (Procureur spécial contre Issa SALLET ADOUM, Ousman YAOUBA et
Mahamat TAHIR) est la première portée devant la Cour pénale spéciale et qui concerne trois
des membres du groupe armé « 3R » (Retour, Réclamation et Réhabilitation). Par la décision

137
Voir le code de procédure pénale centrafricaine

66
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Rendue, la Chambre d’appel de la CPS modifie le jugement rendu en première instance le 31


octobre 2022, par la Chambre d’assises à la suite des appels des parties. Issa SALLET
ADOUM avait alors été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et crimes de guerre
commis à Koundjili et Lemouna, Préfecture de l’Ouham-Pendé, le 21 mai 2019 et condamné
à une peine d’emprisonnement à perpétuité, tandis qu’Ousmane YAOUBA et Mahamat
TAHIR avaient été reconnus co-auteurs avec des peines de 20 ans d’emprisonnement chacun.
Le procès avait débuté le 19 avril 2022. Le verdict en appel, selon Francine Évodie Francine
Ndemadet, Coordonnatrice de la « plateforme des associations des victimes des crises
centrafricaines », est un « signal fort à ceux qui commettent encore des atrocités dans le pays
». Elle invite par ailleurs toutes les victimes « à garder espoir et à faire confiance à la justice »

Notre étude sur les analyses du processus de crise, pour utile qu’elle soit, reste handicapée si
elle reste uniquement consacrée à la conclusion de ceux-ci. Il convient de dépasser cette
analyse théorique pour s’intéresser à une contribution favorable qui en est faite afin de
mesurer leur efficacité. C’est l’objet de la deuxième partie qui est relative à une sortie d’une
paix durable en RCA.

67
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

SECONDE PARTIE : UNE APPROCHE FAVORABLE Á LA


CONTRIBUTION DES POLITIQUES D’UNE PAIX DURABLE

Dans le débat public sur les possibilités d’empêcher les conflits armés au sein d’Etats ou d’y
mettre un terme, on ne perçoit généralement que les efforts de négociation des diplomates
officiels ou des organisations internationales, avec leurs succès et leurs revers. Si la
diplomatie a permis de conclure 138
des accords de paix, elle a échoué jusqu’ici.

La question se pose donc de savoir dans quelle mesure d’autres acteurs ou approches seraient
en mesure de contribuer à court, à moyen et à long terme à faire baisser la violence, donc à
promouvoir la paix durable ? Autrement dit, la coopération au développement a-t-elle un rôle
à jouer dans la promotion de la paix, ou les objectifs des mesures diplomatiques et de celles
de la politique de développement sont-ils trop disparates ?

Pour étudier cette question de plus près, il est important de comprendre une approche théorie :
l’établissement et la consolidation de la paix d’une part (chapitre1), et, chapitre 2 :la
consolidation de la paix : des processus de plus en plus complexe d’autre part (chapitre 2).

CHAPITRE 1 : Une approche théorique : l’établissement, et la


consolidation de la paix

Parallèlement à cette approche, les théoriciens de la paix ont proposé deux stratégies
principales pour la transformation ou la résolution des conflits : le maintien, l’établissement,
et enfin, la consolidation de la paix, une stratégie de construction de paix qui évite le retour de
la violence. Il en ressort des stratégies de prévention 139, souvent nécessaires lorsque le conflit
est encore latent ou au cours de la phase post-conflit, l’objectif étant de prévenir sa
réapparition. Les efforts140 de maintien de la paix interviennent pendant une phase
d’escalade, lorsque la protection de la population civile contre les impacts du conflit armé est
le plus imminente. Le besoin de négocier et d’établir la paix 141
intervient une fois que le
rapprochement entre les acteurs armés a réussi et que ceux-ci sont à la recherche d’un accord
de paix pour mettre un terme au conflit. Les efforts pour la construction d’une paix durable

138
Annuaire suisse de politique de développement ; Paix et sécurité : les défis lancés à la coopération
internationale, 2006.
139
(Cf. López, 2004 : Volume II, pp. 963-964 ; Suifon, 2005).
140
(Voir López, 2004 : Volume II, pp. 923-926).
141
(Voir López, 2004 : Volume II, p. 926).

68
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.
142
(consolidation de la paix) visent, quant à eux, à reformer le tissu social et à guérir les
blessures dans la phase post-conflit. Ils peuvent étayer les réformes visant à renverser les
pratiques d’exclusion qui sous-tendent le conflit, et faire avancer le processus de
réconciliation sociale. Une consolidation durable de la paix, nécessaire au cours des
différentes phases du conflit, nécessite la création d’une culture de paix, ancrée dans la vie
sociale locale, opérant comme un élément préventif contre de futurs conflits violents.

Alors c’est dans cette optique nous allons d’une part aborder les facteurs de priorisations de
consolidation de la paix durable en Centrafrique (section 1) et d’autres part l’extension de
l’autorité de l’Etat (section 2).

SECTION1 : Les facteurs des priorisations pour la


consolidation de la paix

Pour s’engager durablement sur la voie de la paix et du relèvement, plusieurs causes


structurelles de la crise doivent être traitées. La concentration des ressources et du pouvoir
politique entre les mains d’une élite a donné lieu au ressentiment et aux tensions. Les
disparités entre Bangui et le reste du pays, ainsi que la marginalisation de certaines régions
extrêmement pauvres, notamment dans le nord-est du pays, ont donné naissance à un
sentiment de frustration.

Le caractère cyclique du conflit a été accentué par la faiblesse des institutions étatiques qui ne
parviennent pas à maintenir une cohésion sociale et nationale, et par l’environnement
d’impunité lié à l’absence de poursuites contre les auteurs de violations des droits de
l’Homme.

En conséquence, la « justice des vainqueurs » est devenue la norme, créant une impunité
généralisée.

Par ailleurs, l’instabilité régionale, le trafic d’armes et le commerce Illicite des diamants et de
l’or prolongent l’état d’insécurité. Pour relever ces défis, le Gouvernement propose un plan
visant à promouvoir le relèvement et la consolidation de la paix qui s’articule autour, d’une
part les facteurs fondamentaux pour la consolidation de la paix (paragraphe 1) et les facteurs
relatifs au contrat social entre l’État et la population d’autres part (paragraphe 2).

Paragraphe I : Les facteurs fondamentaux pour la consolidation de la paix

142
(Voir López, 2004 : Volume II, p. 926).

69
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies de la résolution 2552 du conseil de
sécurité les autorités de la République centrafricaine et les groupes armés signataires à mettre
pleinement en œuvre l’Accord de paix de bonne foi et sans délai, afin de répondre aux
aspirations de paix, de sécurité, de justice pour mettre fin à l’impunité , de réconciliation,
d’inclusivité et de développement du peuple centrafricain, et à régler leurs différends par des
voies pacifiques, notamment au moyen des mécanismes de suivi et de règlement des
différends prévus dans l’accord de paix, et appelle également toutes les parties en République
centrafricaine à procéder sans attendre et de manière constructive à la mise en œuvre de
l’Accord de paix ;

Exhorte les groupes armés à mettre un terme aux violations de l’Accord de paix et à toutes
formes de violence contre les civils, le personnel de maintien de la paix des Nations Unies et
le personnel humanitaire, ainsi qu’aux activités déstabilisatrices, aux incitations à la haine, à
la violence, aux entraves à la liberté de circulation et à l’obstruction aux opérations
électorales, et à déposer les armes, immédiatement et sans condition, conformément aux
engagements pris dans le cadre de processus de paix ou l’accord de paix.

Ce paragraphe nous conduira à aborder le Bons offices et au processus de la paix (A), qui sera
suivi une réforme de la justice et fin de l’impunité (B).

A. Bons offices et appui au processus de paix

La Minusca143 poursuivre son rôle à l’appui du processus de paix, notamment par un soutien
politique, technique et opérationnel à l’application et au suivi du cessez - le-feu et de l’APPR,
et prendre des mesures actives pour appuyer les autorités centrafricaines dans la création de
conditions propices à la pleine mise en œuvre de l’APPR au moyen de la feuille de route et du
chronogramme d’exécution ;

2) continuer de coordonner l’appui et l’assistance fournis au processus de paix à


l’échelle régionale et internationale, en consultation et en coordination avec le Bureau
régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale ainsi que les organisations régionales telles
que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Conférence
internationale sur la région des Grands Lacs, soulignant l’importance à cet égard de la mise en
œuvre de l’APPR au moyen de la feuille de route suivant le chronogramme établi par le
Gouvernement ;

143
S/RES/2709 (2023).

70
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

3) veiller à ce que les stratégies politiques et les stratégies de sécurité de la


Mission favorisent un processus de paix cohérent, en particulier à l’appui de l’APPR, qui
articule les efforts faits en faveur de la paix aux niveaux local et national avec ceux qui sont
faits pour surveiller le respect du cessez- le-feu, promouvoir le désarmement, la
démobilisation, le rapatriement et la Réintégration ainsi que la réforme du secteur de la
sécurité, appuyer la lutte contre l’impunité et rétablir l’autorité de l’État, et promouvoir la
participation des femmes et l’égalité des genres ;

4) accompagner les efforts déployés par les autorités centrafricaines, aux niveaux
national et local, pour faire participer davantage les partis politiques, la société civile, les
femmes, les personnes ayant survécu à des violences sexuelles, les jeunes, les organisations
confessionnelles et, dans la mesure du Possible, les déplacés et Les réfugiés au processus de
paix, notamment à L’APPR ;

5) offrir ses bons offices et ses conseils techniques à l’appui des efforts de lutte
contre les causes profondes du conflit, y compris celles énoncées au Paragraphe 8 de la
présente résolution, en particulier pour faire avancer la Réconciliation nationale et le
règlement des conflits locaux, en coopération avec Les organismes régionaux et locaux
compétents et les chefs religieux, tout en Assurant la participation pleine, égale et véritable
des femmes, y compris des Rescapées de violences sexuelles, conformément au plan d’action
national de la République centrafricaine pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment
en favorisant le dialogue local et la mobilisation de la population ;

6) appuyer les efforts déployés par les autorités centrafricaines pour inscrire la
justice transitionnelle dans le processus de paix et de réconciliation, lutter contre la
marginalisation et répondre aux revendications locales, notamment par l’établissement d’un
dialogue avec les groupes armés et les dirigeants de la société civile, y compris les femmes et
les représentants des jeunes, ainsi que les personnes ayant survécu à des violences sexuelles,
et en aidant les autorités locales, nationales et préfectorales à promouvoir la confiance entre
les communautés ;

7) fournir une expertise technique aux autorités centrafricaines, en dialoguant avec les
pays voisins, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Conférence
internationale sur la région des Grands Lacs et l’Union africaine, agissant en consultation et
en coordination avec le bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, afin de
trouver des solutions aux problématiques d’intérêt commun et bilatéral et de les encourager à

71
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

continuer d’apporter un appui sans réserve et sans faille à l’APPR ; recourir de façon plus
proactive à une communication stratégique pour appuyer sa stratégie de protection des civils,
en coordination avec les autorités centrafricaines, pour aider la population locale à mieux
comprendre le mandat de la Mission, ses activités, l’APPR144 et le processus électoral, et pour
instaurer des relations de confiance avec la population centrafricaine, les parties au conflit, les
acteurs régionaux et d’autres acteurs internationaux et les partenaires sur le terrain .

Pour consolider et préserver la paix, il sera nécessaire d’investir de façon soutenue dans le
processus de réconciliation nationale, afin de progressivement élargir et approfondir le
dialogue politique à tous les niveaux. Ceci serait particulièrement indispensable pour faciliter
le retour des réfugiés et trouver des solutions durables pour les personnes déplacées, qu’elles
décident de se réinstaller dans leur communauté d’origine ou dans des communautés de leur
choix.

Pour ce faire ; il faudrait une bonne 145réforme de bonnes lois nationales, internationales sont
considérées Comme des instruments universels pour la lutte contre l’impunité, Ainsi que la
promotion de la justice et de la réconciliation.

B. Réforme de la justice et promouvoir la fin de l’impunité

L’efficacité du système judiciaire est primordiale pour traiter les griefs engendrés par la crise
et redonner confiance en la capacité de l’État à résoudre les conflits individuels et collectifs
avec indépendance, impartialité et équité. L’absence de poursuites judiciaires après les
exactions commises au cours des crises antérieures a favorisé une « justice des vainqueurs »
qui a ensuite alimenté la violence, d’autant plus que tous les crimes semblent avoir bénéficié
d’une impunité totale.

Il est indispensable de rétablir la primauté du droit par le biais d’un système judiciaire
fonctionnel, indépendant et accessible, de mettre en place des modalités adéquates de
résolution des conflits, et donc de soutenir le processus de consolidation de la paix.

Le déploiement rapide d’efforts dans ce sens signalera une rupture avec le passé et aidera à
réduire le recours à la violence pour résoudre les Contentieux.

144
L’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA) a été signé le
6 février 2019 à Bangui par le Gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, à la suite de pourparlers menés à
Khartoum du 24 janvier au 5 février 2019, sous les auspices de l’Union africaine (UA) et l’appui des Nations
unies (ONU).
145
International peace institue, Paix, justice et réconciliation en Afrique.

72
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le rétablissement d’un système judiciaire efficace aidera aussi à créer un climat


d’investissement plus attrayant pour le développement économique et l’expansion du secteur
privé, qui est primordial au relèvement économique. À court terme, la cour pénale spéciale
sera opérationnalisée, ses membres désignés et formés au droit criminel international. Une
stratégie de poursuite judiciaire sera développée, basée Sur l’inventaire des crimes
internationaux commis depuis 2003.

Le texte normatif portant création de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des
Libertés Fondamentales (CNDHLF) sera adopté, son plan d’action sera validé et ses membres
formés. En parallèle, les activités judicaires seront relancées dans les zones géographiques
sécurisées notamment par la reprise des audiences foraines, en attendant qu’un système
judicaire puisse être mis en place sur le territoire.

Les audiences criminelles et pénales seront reprises dans le cadre des Cours d’appel de Bouar
et de Bangui. Quand la situation sécuritaire le permettra, ces audiences seront reprises dans le
cadre de la Cour d’appel de Bambari. La loi sur l’aide juridique et judiciaire sera adoptée, de
même que les dysfonctionnements dans le traitement des dossiers judicaires seront analysés.

Enfin, le plan sectoriel pour le développement d’une justice indépendante, impartiale et


équitable sera développé et approuvé et comprendra : des cibles annuelles concrètes,
réalisables et financièrement abordables pour 2017-2021 ; les mesures pour la démilitarisation
de l’administration pénitentiaire ; et un programme national pour la réinsertion sociale et
économique des détenus. La mise en œuvre du plan de développement d’une justice
indépendante, impartiale et équitable sera initiée.

Il s’agira notamment de procéder à la relecture et à la révision des textes normatifs


liberticides, à l’harmonisation avec les normes internationales et à la formation des acteurs
nationaux dans les procédures judiciaires et le respect des droits de l’Homme. Les procédures
internes de contrôle seront renforcées. Le fonctionnement de la CPS et de la commission
Nationale du droit de l’Homme de la Liberté Fondamentale (CNDHLF) sera assuré, y compris
pour la sécurité du personnel, des victimes et des témoins. Les infrastructures essentielles de
la justice et de l’administration pénitentiaire seront progressivement réhabilitées et équipées,
tandis que le personnel sera redéployé après avoir été formé aux questions de procédures
judiciaires et pénitentiaires, aux droits de l’Homme et aux violences basées sur le genre.
L’accès à la justice sera également renforcé par la mise en place du système d’aide juridique
et judiciaire, et par des campagnes d’information et de sensibilisation.

73
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La mise en place d’une réforme de la justice aura permis de cerner le processus de la


réconciliation.

Paragraphe II : Le processus de la réconciliation

Le processus de réconciliation doit permettre de reconstruire une unité nationale et


réapprendre à la population centrafricaine à vivre ensemble. La reconstruction de l’appareil
étatique est essentielle pour la réconciliation puisque c’est l’Etat qui doit encadrer ce
processus. La réintégration des anciens combattants au sein de la société, celle des réfugiés
mais également la réouverture d’un dialogue intercommunautaire est autant de défis à relever
pour mener à bien ce processus.

Ce processus nous permettrons de voir le réengagement du dialogue intercommunautaire (A)


et d’autre part la réunification des déplacées et des réfugiés (B).

A. Réengager le dialogue intercommunautaire

La mise en œuvre d’une politique de réconciliation ne peut aboutir sans la volonté et


l’implication de la population centrafricaine.146 Au-delà du travail des acteurs politiques
nationaux et internationaux, les institutions traditionnelles, comme les assemblées des anciens
ou des sages, les ONG, les acteurs de la société civile ou encore les acteurs religieux,
travaillent sur la création de mécanismes d’apaisement social. Début 2015, l’Iman Lamine
Koyama, l’Archevêque de Bangui Monseigneur Dieudonné Nzapalainga et le pasteur Nicolas
Guérékoyamémé-Gbangou ont lancé l’initiative d’une plateforme interreligieuse, financée par
l’UE dans le cadre de son projet « Soutien au dialogue communautaire ».

Localement, elle travaille sur la mise en place de comités communautaires afin de promouvoir
le dialogue et les initiatives de réconciliation à Bangui et dans les régions de la Vakaga, Haut
Mbomou, Mbomou, et Haut Kotto.

Dans le 3ème arrondissement de Bangui par exemple, les ateliers menés par les leaders
communautaires au mois de juin 2015, et les campagnes de sensibilisation, ont permis le
retour de certains habitants dans le quartier. Peu de pays marqués par un conflit à dimension
confessionnelle engagent autant d’initiatives interreligieuses de pacification mais les résultats
sont encourageants. Les intellectuels centrafricains sont également fortement impliqués. Fin

146
Augustin Jérémie Doui-Wawaye, Repenser la sécurité en République centrafricaine, Etudes africaines,
l’Harmattan, septembre 2014.

74
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

2014, ils ont organisé un séminaire sur les dimensions culturelles et religieuses de la crise, et
ont proposé poursuivre leur initiative, en marge du programme de réconciliation nationale.147

Le rôle de ces personnalités est fondamental et la Centrafrique a besoin de plus de cadres,


mieux formés, notamment au sein des églises. En effet, les leaders religieux ont une part de
responsabilité dans la confessionnalisation du conflit puisque ce sont eux que les jeunes
148
viennent consulter pour trouver une réponse au conflit. Leur vision s’appuie, certes, sur la
Bible, mais également sur une tradition chrétienne biaisée par un certain nombre de facteurs,
et surtout, sur une méconnaissance de l’Islam. 149 Dans les années 1980, la Centrafrique est
touchée par un fort mouvement de réveil islamique, sous l’influence de nouveaux oulémas,
formés au Soudan, en Egypte ou en Arabie saoudite,150 et au travers d’ONG et d’associations
qui mènent des activités de bienfaisance, investissent dans l’éducation, en construisant par
exemple des écoles coraniques, en mettant en place des groupes de prière et de guérison, etc.
De plus, le facteur religieux a été largement instrumentalisé par les acteurs politiques en
Centrafrique pour servir leurs intérêts personnels.

Dès 2004, François Bozizé joue la carte religieuse en assimilant ses ennemis à des musulmans
étrangers au pays et accuse, plus largement, les communautés musulmanes de complicité avec
les rebelles venus de l’extérieur. Au niveau régional, les pays du Sahel sont affectés par une
montée en puissance de l’extrémisme islamiste. Les différentes crises qui ont touché le
Darfour, le Soudan, le Mali et le Nigéria ont permis à des groupes radicaux de s’implanter sur
ces territoires, profitant de la faiblesse de l’Etat.

Enfin, les groupes rebelles qui ont également pris part à ces conflits ont pu trouver refuge en
Centrafrique. Ainsi, de nombreux musulmans au sein des ex-Seleka étaient en fait des
mercenaires de nationalité soudanaise et tchadienne, qui avaient participé aux conflits
précédents. Dans ce contexte, les pillages et les exactions, accompagnés de la profanation
d’églises et de chapelles en Centrafrique, ont été perçus par la population comme un
sentiment anti chrétien et une tentative de modifier l’équilibre religieux pour imposer
l’Islam.151 Dès lors, il est devenu impossible de penser le vivre ensemble ou d’accepter le

147
Comprendre la crise centrafricaine, Observatoire Pharos, février 2015.
148
Plus de 65 % de la population centrafricaine a moins de 25 ans.
149
Interview du missionnaire catholique Antoine Exelmans dans l’émission d’Antoine Garapon « Le bien
commun » sur France Culture, 3 avril 2014.
150
Robinson David et Triaud Jean-Louis, Le temps des marabouts, Paris, Karthala, 1997.
151
Angelo Romano, « Centrafrique : la coexistence déchirée » dans Le livre noir de la condition chrétienne dans
le monde, Paris, Edition XO, 2014, pp. 488-501.

75
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

pluralisme religieux. Aujourd’hui, la réconciliation doit donc passer par un travail de


verbalisation de la colère.

À ce titre, le travail des ONG, mené en collaboration avec les acteurs religieux, qui prennent
part aux forums sociaux et aux groupes de parole, en jouant un rôle de médiateur entre les
communautés est extrêmement bénéfique. Il permet aux individus de s’exprimer sur ce qu’ils
ont vécu, sur les fautes qu’ils ont commises, tout en étant assurés qu’ils seront réintégrés dans
le groupe.

Les ONG comme Accord, CCFD152 Terre solidaire et Caritas Internationale ont également
mis en place des programmes de développement local, en impliquant les deux communautés
pour favoriser le travail collectif et appuyer les associations de jeunes dans des initiatives
communes pour dépasser les clivages présents dans la société. La communauté des frères
dominicains du Vicariat d’Afrique Equatoriale a quant à elle lancé une émission
hebdomadaire qui met en interaction chrétiens et musulmans afin de faire baisser la défiance
et réengager le dialogue.

La multiplication des initiatives de médiation intercommunautaire doit amener les


Centrafricains à réfléchir sur la notion d’identité collective. La reconstruction de la nation
centrafricaine doit s’appuyer sur un modèle qui incarne des valeurs positives d’unité dans la
diversité. L’acceptation du pluralisme culturel et religieux est nécessaire pour mettre un terme
aux conflits mais les freins sont encore nombreux car les amitiés communautaires ont été
rompues.

Les affrontements intercommunautaires qui ont fait 15 morts à Bambari le 20 et le 21 août


2015,153 ainsi que les violences qui ont lieu à Bangui depuis la fin du mois de septembre et qui
ont causé la mort de plus de 60 personnes, 154 montrent que les populations ne sont pas prêtes
pour le processus de réconciliation. Lors des affrontements fin septembre, la mosquée de
Lakouanga a été une nouvelle fois détruite, alors que sa reconstruction par des chrétiens et des
musulmans au mois d’avril devait symboliser la paix entre les communautés.

152
Le CCFD-Terre solidaire, anciennement Comité catholique contre la faim et pour le développement est une
association loi de 1901 qui est la première organisation non gouvernementale française de développement.
Depuis sa création en 1961, elle mobilise la solidarité en France pour lutter contre la faim dans le monde,
Première ONG française de solidarité internationale et de développement, le CCFD-Terre Solidaire agit depuis
60 ans aux côtés de celles et ceux qui luttent quotidiennement contre toutes les causes de la faim et qui font face
aux injustices du modèle de développement actuel. Pour faire face à ces fléaux, il a été parmi les premiers à
choisir d’agir autrement et durablement.
153
RCA : violences religieuses meurtrières à Bambari », RFI, 21 août 2015.
154
« Centrafrique : sept morts dans de nouvelles violences à Bangui », 27 octobre 2015, France24.

76
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Ces signes montrent que les élections ne vont pas suffire à apaiser les tensions et il apparaît
alors difficile de concilier le rythme de la réconciliation, qui s’inscrit dans une dynamique de
longue durée, avec celui imposé par les acteurs internationaux.

En effet ; étant donné que155 les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI)
résident à l'intérieur des frontières de leur pays et sont soumises à la juridiction de ce pays,
c'est aux autorités nationales de ce pays qu'il incombe avant tout d'assurer leur protection et de
leur fournir de l'assistance.

L’Etat Centrafricain a œuvré au cours des dernières années pour répondre au phénomène du
déplacement à travers plusieurs mesures, parmi lesquelles : la signature, suivie de la
156
ratification, du Pacte des Grands Lacs et ses deux Protocoles relatifs aux PDI, la signature
de la Convention de l’Union Africaine relative aux PDI (Convention de Kampala)157,
l’établissement d’un Comité National, ainsi que le soutien apporté aux deux visites effectuées
Dans le pays, en 2007 et 2010, par le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies
pour les droits de l’homme des PDI (RSG-PDI). Dans cette optique nous aborderons la
question des personnes déplacées internet de crise centrafricaine.

B. La question des déplacées, des réfugiés et indemnisations victimes

La réunification de la nation centrafricaine doit nécessairement passer par le retour des


déplacés et des réfugiés. Cependant, l’incapacité de l’Etat à rétablir la situation sécuritaire et
humanitaire n’offre aucune perspective d’avenir à la population. Au plus fort de la crise, en
décembre 2013, on comptait 935 000 déplacés et 460 000 réfugiés. Aujourd’hui, le nombre de
déplacés a largement diminué.

Cependant, les affrontements intercommunautaires qui ont eu lieu du 26 au 30 septembre à


Bangui, suite à l’assassinat d’un chauffeur de mototaxi, de confession musulmane, sont
responsables de nouveaux déplacements qui ont affecté plus de 42 000 personnes. De plus,
malgré une amélioration globale de la situation sécuritaire, des foyers d’instabilité perdurent
et génèrent des déplacements forcés à Bambari, Batangafo, Bria et Bouca. On recense
notamment des affrontements entre des éleveurs (associés aux ex Seleka) et les Anti-balaka,
qui résultent des vols de vaches et de cycles d’attaques et de représailles qui s’en suivent. De

155
Brookings institution-université de berne.
Projet sur le déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays, avril 2005.Page1.
156
WEB: www.brookings.edu/idp.
157
Examen du cadre normatif de la République Centrafricaine.
Relatif à la protection des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

77
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

même, sur certains axes, comme celui reliant Batangafo à Lady, les populations sont victimes
des exactions des Anti-balaka et des ex-Seleka. 158

Ces incidents empêchent les acteurs humanitaires de porter assistance aux populations
déplacées dans des zones reculées ou en brousse. Ils sont également responsables de la
création de nouveaux sites de déplacés à Bangui. Au mois de septembre, on en recensait 32.
159
Le HCR et le PNUD essaient de mettre en place des mécanismes pour assurer le suivi de
l’assistance au retour des personnes déplacées mais de telles mesures peinent à être mises en
place, particulièrement à Bangui. Dans l’intérieur du pays, il est possible d’effectuer des
vérifications dans les villages, à travers des visites ou des activités de surveillance, des
activités de cohésion sociale ou de relèvement économique, mais pas de façon systématique.

En ce qui concerne les réfugiés, 451 000 personnes sont toujours exilées, principalement au
Cameroun (251 000), au Tchad (93 000), en République démocratique du Congo (97 000) et
au Congo Brazzaville (25 000).160 La diversité des populations qui se sont réfugiées dans les
camps montre que la crise n’épargne personne : se mêlent aussi bien des fonctionnaires, que
des éleveurs, des agriculteurs, des commerçants, des étudiants, des diamantaires,161 etc.
Cependant, on trouve parmi ces échantillons une forte proportion de musulmans. Souvent
assimilés aux éléments des ex-Seleka, ils ont été pris pour cible par les milices Anti-balaka
durant les violences intercommunautaires et ont fui vers les pays voisins.

Ces afflux massifs de populations posent des problèmes sociaux et économiques, dans les
camps, cela se traduit par des tensions communautaires et à l’extérieur, par une compétition
pour l’accaparement des ressources et des conflits agro-pastoraux, aggravés par la circulation
importante d’armes légères entre les frontières. Au sud du Tchad par exemple, les
déplacements des pasteurs transhumants créent des goulets d’étranglement pour le bétail, où
la prorogation des maladies décime les troupeaux.

Au Cameroun, la présence d’éleveurs Peulhs Mbororo, dont le bétail dévaste les champs non
récoltés des populations autochtones, génère des rivalités pour accéder aux ressources.162

158
« Situation des mouvements de populations en RCA », rapport Cluster protection, août 2015.
159
Ocha CAR, « Confrontations Bangui », Flash update 4, 30 Septembre 2015.
160
Données UNHCR.
161
Thibaud Lesueur, analyste pour l’Afrique centrale à l’International Crisis Group s’est rendu dans les camps
de réfugiés au sud du Tchad pour évaluer la situation et le sort des réfugiés.
162
Les Peuhls Mbororo de Centrafrique, une communauté qui souffre, AIDSPC, juin 2015.

78
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La question du vote des réfugiés pose également problème. Même s’il a été entériné par une
décision de la Cour constitutionnelle163, plusieurs défis logistiques font obstacles à la
participation au scrutin des 198 000 réfugiés admissibles au vote.

Une telle initiative avait déjà été entreprise au Mali, où le Haut-Commissariat des Nations
Unies pour les réfugiés (HCR) et le gouvernement avaient permis à 19 000 réfugiés de
participer aux élections de 2013.164 Cependant, au Cameroun par exemple, les réfugiés sont
dispersés dans sept camps dirigés par le HCR mais également dans de multiples communautés
d’accueil. Distribuer des cartes d’électeurs et installer des bureaux de vote avant la fin de
l’année dans de telles conditions est un défi logistique de taille. 165
D’autant plus que la
majorité des réfugiés ne possède pas de papiers d’identité et que, parmi les quatre pays
d’asile, seul le Tchad a signé un accord tripartite 166
pour mettre en œuvre des mesures
opérationnelles pour l’enregistrement des électeurs. La RDC avait annoncé qu’elle ne
signerait pas le document. Enfin, il reste extrêmement difficile pour les réfugiés, dont une
majorité est analphabète, de se tenir informé des programmes politiques des différents
candidats. L’argument avancé par ceux qui soutiennent le vote des réfugiés est qu’il
représente une condition préalable au processus de réconciliation national et au retour de ces
populations.

Pour autant les obstacles à la réintégration des populations restent nombreux. D’une part, ceux
qui essaient de rentrer au pays se voient souvent retirer et déchirer leur papier à la frontière.167

D’autre part, une fois sur place, ils ne bénéficient d’aucun soutien car il n’existe pas de
procédure officielle pour aider ceux qui reviennent de l’étranger168 le risque de litiges fonciers
entre les populations de retour et ceux qui n’ont pas été déplacés doit également être pris en
compte. En effet, en Centrafrique les terres qui sont enregistrées ou qui font l’objet d’un titre
de propriété sont quasiment inexistantes. Il sera donc difficile pour les propriétaires de
prouver qu’ils sont victimes d’une confiscation de leur terre ou de leurs biens. Alors que la
majorité de la population dépend d’une agriculture de subsistance, ces problématiques

Au mois de juillet 2015, la Cour constitutionnelle de la RCA a annulé l’amendement adopté par le Parlement qui
prévoyait d’exclure les réfugiés des élections.163
164
Ce chiffre reste relativement faible si on prend en compte les 73 000 Maliens qui étaient alors en âge de voter.
165
Les réfugiés centrafricains pourront-ils voter ? IRIN, septembre 2015.
166
Avec le HCR et le gouvernement centrafricain.
167
Marie-Thérèse Keita Bocoum : “En Centrafrique, il ne faut donner aucun répit à l’impunité”, Mondafrique,
17 juin 2015.
168
« Retour difficile en RCA », Centrafrique-presse, 27 juillet 2015.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

peuvent avoir d’importantes répercussions en termes de sécurité alimentaire et de moyens de


subsistance à long terme.169

A cet effet ; Les Principes des Nations Unies concernant la restitution des logements et des
biens dans le cas des réfugiés et des personnes déplacées offrent le cadre juridique pour faire
valoir ces droits. Ils privilégient le droit à la restitution comme moyen de recours en cas de
déplacement, soulignant que la restitution constitue « un droit distinct, sans préjudice du
retour effectif ou du non-retour des réfugiés ou des personnes déplacées ayant droit à la
restitution de leur logement, de leurs terres et de leurs biens.

170
Enfin, le processus de retour et de réconciliation avec les musulmans est complexifié par la
dimension ethnoreligieuse qu’a prise la crise. Ceux qui sont revenus dans leurs villages sont
souvent persécutés par les Anti-balaka et les autres sont regroupés dans des enclaves,
protégées par les forces internationales. Aujourd’hui, ils sont environ 30 000 à vivre répartis
dans sept enclaves à l’Ouest du pays.171

En ce concerne, l’indemnisation des victimes, L'indemnisation vise à réparer les dommages


causés aux victimes de violations des droits de l'homme, qui se prêtent à une évaluation
économique.

Ces dommages peuvent comprendre la perte de revenus et de la possibilité de gagner sa vie,


ainsi que la perte, pour une personne à charge, du soutien d'un parent ou d'un proche tué ou
rendu invalide des suites du conflit. L'indemnisation suppose une évaluation du préjudice subi
par la victime, en tenant compte de la dimension genre, et un effort de proportionnalité par
rapport au tort subi.

La forme sous laquelle l'indemnisation est accordée devrait aussi faire l'objet d'un examen
approfondi, afin d'en accroître le potentiel de transformation. Elle devrait empêcher la
stigmatisation, l'ostracisme et la discrimination en garantissant la confidentialité des victimes.
Une indemnisation devrait être accordée pour les atteintes physiques graves, tels que des
meurtres, le viol ou des actes de violence sexuelle, la torture entraînant des blessures

169
Les dimensions migratoires de la crise en République centrafricaine, Organisation internationale pour les
migrations (OIM), août 2014.
170
Rapport final du Rapporteur spécial, Paulo Sergio Pinheiro -Principes des Nations Unies concernant la
Restitution des logements et des biens dans le cas des réfugiés et des personnes déplacées
(E/CN.4/Sub.2/2005/17), 28 juin 2005, Principe 2.
171
Suppression de l’identité - les musulmans dans les zones de la République centrafricaine soumises au
nettoyage ethnique, Amnesty international, juillet 2015.

80
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

corporelles ou psychologiques graves, ainsi que des cas de pillage graves, et d'autres
violations graves des droits économiques, sociaux et culturels.

Dans le contexte centrafricain, il est important de considérer l'ampleur du pillage organisé et

De la destruction des infrastructures communautaires par les groupes armés dans un contexte

De pauvreté chronique et des difficultés économiques. Cette destruction a gravement porté


atteinte aux droits à la santé, à l'éducation, à l'emploi et d'autres droits économiques et
sociaux. Par exemple, la politique de la terre brûlée dirigée par les FACA dans le nord-est, a
directement porté atteinte au droit au logement puisqu’on estime à 10 000, le nombre de
maisons d’habitation incendiées dans le nord du pays entre 2006 et 20081207. 172

Ces violations des droits économiques et sociaux doivent être dûment prises en considération
dans la classification des préjudices, de manière à refléter leur impact sur la souffrance de la
population.

Il ressort des incidents documentés dans le présent rapport que certains groupes armés, tels
que la Séléka lors de sa marche sur Bangui et sa gouvernance cherchait autant à piller toutes
les propriétés qu’ils trouvaient, qu'à atteindre des objectifs spécifiques militaires ou
politiques. Une fois au pouvoir, ils se sont servis de leur position de force pour piller encore
davantage.

De nombreuses attaques ont été menées dans le but de piller et de saccager : ceci s'explique en
partie par la présence au sein de la Séléka d'anciens Zaraguinas (bandits de route armés ayant
terrorisé pendant des années l'ouest et la sous-région d’Afrique centrale plus large), ainsi que
de braconniers soudanais, connus pour tuer des d'espèces menacées à des fins de trafic avec
des groupes criminels.

Étant donné l'étendue des dommages aux propriétés, aux logements et aux biens en
République centrafricaine, il est important d'informer clairement la population sur
L’indemnisation à titre de réparation pour les violations des droits de l'homme.

En particulier, Il faudra expliquer la différence entre l'indemnisation aux victimes de


violations des droits de l'homme, et les réclamations pour les pertes économiques causées par
les groupes armés et qui ne relèvent pas des réparations pour violations des droits de l'homme.

172
Voir HRW État d'anarchie, 14 septembre 2007.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Il sera important de souligner le lien avec les violations du droit international des droits de
l’homme et le droit International humanitaire et d'expliquer clairement pour quel type de
préjudice subi une Indemnisation peut être octroyée.

Le vote des réfugiés est donc une condition essentielle pour apaiser la transition mais au-delà,
la réintégration des populations déplacées et réfugiées au sein de la société reste l’enjeu
principal car elle est indispensable au processus de réconciliation.

Ainsi, dit, notons qu’au-delà du processus de réconciliation mise en place pour faciliter le
retour de la paix durable, il convient de s’intéresser à l’extension de l’autorité de l’État.

SECTION :2 L’extension de l’autorité de l’État


Les autorités de la République centrafricaine à mettre en œuvre leur stratégie d’extension de
l’autorité de l’État, notamment en appliquant les dispositions pertinentes de l’Accord de paix,
aux fins de la mise en place, sous leur supervision, de dispositifs de sécurité et d’arrangements
d’ordre administratif provisoires acceptables pour la population grâce à une répartition
hiérarchisée des tâches entre l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires pertinents ;
Promouvoir et soutenir l’extension rapide de l’autorité de l’État sur tout le territoire de la
République centrafricaine.

Notamment en appuyant le déploiement dans les zones prioritaires d’agents de la police et de


la gendarmerie nationales agréés et formés, notamment en faisant en sorte qu’ils partagent les
mêmes locaux et en leur fournissant des conseils, un encadrement et un suivi, en coordination
avec d’autres partenaires, dans le cadre du déploiement de l’administration territoriale et
d’autres autorités chargées de Désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration.

Il est important d’analyser de la situation en RCA (paragraphe1) d’autre part de voir le


renouvèlement du contrat social entre l’État et la population (paragraphe2)

1.5 PARAGRAPHE 1 : Analyse de la situation en RCA

La RCA connait une situation d’urgence depuis les 5-6 décembre 2013. La crise a débuté en
décembre 2012 lorsque la Séléka, une coalition armée menée par des groupes majoritairement
musulmans du Nord-Est du pays, a entamé une campagne aboutissant à la prise de la capitale,
Bangui, par un coup d’Etat le 24 mars 2013. L’incapacité du nouveau pouvoir à rétablir la
sécurité dans le pays ont progressivement fait sombrer la RCA dans le chaos.

82
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

À l’automne 2013, en réponse aux violences armées perpétrées par d’anciens Séléka contre la
population majoritairement chrétienne, des groupes d’auto-défense les anti-Balaka se sont
formés. Début décembre, suite à une vague de violence sans précédent à Bangui, la crise a
pris une nouvelle dimension. C’est dans ce contexte la force de défense se trouve dans une
situation de faiblesse. A cet effet ; sur vote de la résolution 2127 (2013) du Conseil de
Sécurité de l’ONU le 5 décembre 2013, un mandat de désarmement des combattants et de
protection des civils a été confié conjointement à un contingent français de 1 600 hommes,
l’opération « Sangaris », déployé en RCA les 6-7 décembre, et à la Mission Internationale de
Soutien à la Centrafrique sous conduite Africaine (MISCA).

C’est dans cette optique d’idée nous allons aborder dans un premier temps une réforme du
secteur de la sécurité (A) et dans un second temps le désarmement, démobilisation,
rapatriement et réintégration (B).

A. Réforme du secteur de la sécurité


La République centrafricaine a connu un éclatement substantiel de son appareil sécuritaire,
qui a nécessité une réforme du système global du pays.

Cette réforme a permis une mise en route et une réalisation des activités du pays à concevoir
des stratégies, la réforme du secteur de la sécurité (RSS), en RCA, marque le pas pour les
activités de moyen et long terme. Les invasions violentes de la Seleka en 2013 et des anti-
Balaka en 2014 ont effrité et font disparaître les systèmes de sécurité de la RCA. C’est
pourquoi il faut reconstruire, et non réformer, le secteur de la sécurité centrafricaine.

Une réforme efficace du secteur de la sécurité est indispensable pour garantir : que les forces
militaires, la gendarmerie et la police seront aptes à protéger la population à contrôler le trafic
illicite des armes et à prévenir l’émergence de nouveaux conflits ; et qu’il y ait un contrôle
démocratique du secteur de la sécurité. Toutes les personnes interrogées dans le cadre de
l’enquête conduite auprès des ménages pour le compte du plan de relèvement et de
consolidation de paix (RCPCA)173 ont confirmé l’importance fondamentale de la réforme du
secteur de la sécurité pour la paix et la stabilité à long terme en RCA.

Cette réforme sera également indispensable pour améliorer la gouvernance et la supervision


démocratique du secteur de la sécurité, permettant ainsi de Répondre à certains enjeux
structurels latents qui ont alimenté les conflits antérieurs. A court terme, le RCPCA porte

173
Voir plan de relèvement et de consolidation de paix (RCPCA).

83
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

particulièrement sur les efforts déployés par le Gouvernement pour finaliser et adopter le
cadre politico-stratégique du secteur de la sécurité.

Ceci consistera notamment à adopter la politique nationale de sécurité, le plan intérimaire


d’intégration de certains ex-combattants éligibles dans les corps en uniforme de l’Etat et la
stratégie nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC)
mettre en place le Conseil national supérieur de la sécurité, chargé de superviser l’exécution
du plan de réforme et réorganiser le système de contrôle des frontières.

Suite à l’adoption du cadre politico-stratégique de réforme du secteur de la sécurité, les


réformes de la défense et de la sécurité intérieure seront entreprises à court et moyen termes,
en particulier : l’adoption des cadres juridiques et réglementaires des forces de défense et de
sécurité intérieure ; la rationalisation et l’assainissement de la gestion du personnel de défense
et de sécurité intérieure, y compris la mise à la retraite ou l’orientation du personnel qui ne
répond pas aux critères physiques ou éthiques exigés ; l’instruction théorique et opérationnelle
; la formation et l’équipement des premiers bataillons d’infanterie qui seront déployés dans les
provinces.

Les réformes de défense et de sécurité intérieure se concentreront également sur la formation


intensive et continue du personnel, le développement des capacités y compris la fourniture
d’équipements, et la réhabilitation et l’équipement des infrastructures essentielles. Des
procédures opérationnelles et de contrôle seront développées et mises en œuvre pour renforcer
les chaînes de commandements et de communication.

La gestion des ressources humaines des forces de défense et des forces de sécurité Activité
mandatée dans la Résolution 2147 du Conseil de Sécurité (2015). Résumé des besoins et des
priorités intérieures continuera d’être améliorée par des procédures de recrutement
transparentes, assurant une représentativité régionale et de genre équitable. La stratégie de
lutte contre la prolifération des ALPC sera mise en œuvre174. De même, la capacité des
autorités nationales à gérer les armes et munitions sera assurée. Enfin, la supervision des
forces de défense et de sécurité sera développée par le renforcement des services respectifs
d’inspection, et par les opérations de la justice militaire comme instrument de lutte contre
l’impunité et de renforcement de l’Etat de droit.

174
Rappelant sa résolution 2117 (2013) et se disant gravement préoccupé par la menace que font peser sur la
paix et la sécurité en République centrafricaine, le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le
détournement d’armes légères et de petit calibre.

84
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Les événements qui se sont déroulées au cours de l’année 2013 en RCA ont mis une fois de
plus en évidence les faiblesses et la désorganisation des forces de défense et de sécurité. Mal
équipées, et mal entraînées, les FACA ont été incapables d’assurer un minimum de sécurité
dans le pays et de faire face à la menace venant du nord-est. Elles se sont effondrées lors de
l’arrivée de la Seleka. Elles étaient dispersées, invisibles, et dénuées de toute capacité
opérationnelle du fait de la dispersion de leurs personnels, et de la disparition ou destruction
de la quasi-totalité de leurs équipements et matériels. Alors que certains d’entre eux avaient
rejoint la Séléka dans les tout premiers mois de la rébellion, beaucoup sont allés grossir les
rangs des Anti-balaka.

Lors du 6ème Groupe international de contact (GIC)175 sur la RCA tenu le 11 novembre 2014
à Bangui, les participants ont, « à nouveau, demandé aux Autorités centrafricaines d’engager
au plus tôt, le processus de refonte des FACA en vue de mettre en place une armée
professionnelle, équilibrée et représentative y compris l’adoption de mesures d’absorption des
éléments des Groupes armés répondant à des critères de sélection rigoureux ainsi que d’autres
mesures concernant la reconversion d’une partie des FACA ».

Lors de la réunion du 7ème GIC du 16 mars 2015, les participants ont rappelé aux autorités de
la Transition l’obligation qui leur incombe d’entreprendre un programme de réforme du
secteur de la sécurité (RSS) conforme à la résolution 2121 (2013) du Conseil de sécurité des
Nations unies, laquelle insiste sur la nécessité de la constitution de forces de sécurité «
professionnelles, équilibrées et représentatives ». Il s’agit de mettre en exergue les faiblesses
qui minent les Forces de défense et de sécurité centrafricaines afin de pouvoir prescrire les
remèdes adéquats.

Afin d’aider les autorités de Transition dans cette tâche et à la demande de celles-ci, l’Union
européenne a lancé une mission de conseil militaire (EUMAM) depuis le 16 mars 2015. Les
populations fondent beaucoup d’espoir sur la réforme du secteur de la sécurité et le lancement
du DDR, car ces programmes ont pour objectif d’assurer le retour à une paix durable sur toute
l’étendue du territoire et de garantir la protection des personnes contre les agressions de tous
genres d’origines internes et externes.

Les invasions violentes de la Seleka en 2013 et des anti-Balaka en 2014 ont effrité et font
disparaître les systèmes de sécurité de la RCA. C’est pourquoi il faut reconstruire, et non

175
https://www.peaceau.org/fr/article/conclusions-de-la-6eme-reunion-du-groupe-international-de-contact-sur-
la-rca paragraphe 1-5

85
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

réformer, le secteur de la sécurité Centrafricaine. C’est ainsi nous allons aborder d’une part
Désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR).

Cependant il est indispensable de redonner confiance aux Centrafricains en leurs institutions


avant d’entamer un processus de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration.

B. Désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR)

Le Processus de réconciliation national doit passer par la réintégration des anciens


combattants dans la société. Dans ce cadre, une première étape a été franchie lors de la
signature, le 10 mai 2015176, d’un accord de désarmement, démobilisation, réinsertion et
rapatriement entre le gouvernement de transition et les groupes armés. Cet accord prévoit que
les candidats éligibles au DDR sont ceux qui sont membres d’un des groupes armés
signataires des accords de Bangui et qui possèdent une arme de guerre.

Ils doivent être rassemblés pour une courte durée dans un camp de cantonnement pour être
désarmés. Par la suite, ils peuvent choisir de candidater pour intégrer les corps en uniforme de
l’Etat ou réintégrer la population civile grâce à des programmes communautaires. Les
combattants qui ne remplissent pas les critères du DDR doivent prendre part à des
programmes de réductions de violences communautaires et autres programmes de
développement. Enfin, les ex-combattants étrangers qui n’ont pas commis de crimes de guerre
sont reconduits à la frontière.

Les précédents DDR ont tous échoué en Centrafrique. Le programme national sur le
désarmement et la réinsertion (2002-2003) a été abandonné en raison de l’instabilité du
contexte politico-sécuritaire, notamment due à la tentative de coup d’Etat avortée. Le
deuxième projet de réinsertion des ex-combattants et d’appui aux communautés (2004-2008)
a échoué pour des raisons structurelles : absence d’identification des combattants, manque de
coordination interinstitutionnel, projets d’appui aux communautés mal identifiés, retards entre
le désarmement et la réintégration sociale, etc.

Enfin, le programme de DDR de 2008-2011 a été suspendu à cette date à cause du manque de
coordination entre les donateurs et surtout, la présence d’un trop grand nombre d’étrangers
dans les groupes armés. Aujourd’hui, la Centrafrique fait reposer tous ses espoirs sur le

176
https://minusca.unmissions.org/sites/default/files/contribution20ddrr.pdf

86
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

nouveau DDR et sur la MINUSCA. Pourtant, aucune des conditions n’est réunie pour assurer
le succès du programme.177

Le principal problème est d’ordre financier puisque le budget du DDR qui est estimé à 28
millions d’euros n’est pas disponible, tout comme le budget pour le programme de réduction
de violences communautaires, chiffré à 26 millions d’euros. Ensuite, il n’y a aucune volonté
de la part de la classe politique dirigeante de mener à bien le processus.

Alors que le DDR devait commencer avant les élections, Catherine Samba Panza a annoncé
qu’elle laissait le DDR au prochain gouvernement et ne mettrait en œuvre que des mesures de
pré-DDR178, c’est-à-dire des chantiers à haute intensité de main-d’œuvre. De plus, l’approche
actuelle du désarmement des groupes armés sous-estime la dimension communautaire de la
violence et la fragmentation des groupes armés.

D’une part, les chefs des groupes armés qui ont signé l’accord de Bangui n’ont pas toujours
autorité sur leurs hommes. D’autre part, le DDR n’a pas été accepté par tous les groupes
armés. En effet, Nourredine Adam a rejeté l’accord quelques jours après l’avoir signé et le
Front populaire pour la renaissance centrafricaine (FPRC) continue de faire obstacle au
processus de DDR, comme en témoignent les attaques perpétrées dans les alentours de Sibut
au mois d’octobre.179

Au-delà du désarmement et de la démobilisation, la réinsertion des combattants constitue un


enjeu encore plus complexe car elle doit être inclusive et prendre en compte les communautés
d’accueil. Il faut trouver un emploi durable aux anciens combattants sans pour autant donner
l’impression à la population que les ex-combattants sont récompensés. Une première étape
peut donc consister à employer ces derniers sur des chantiers à haute intensité de main-
d’œuvre pour reconstruire des infrastructures communautaires.

Des initiatives allant dans ce sens ont déjà été prises pour tenter de relancer la machine
économique en RCA, de même que des projets pour relancer le commerce artisanal ou
l’agriculture par exemple. Ils sont indispensables au succès du DDR car sans relance de
l’économie, il n’y a pas de réinsertion possible. Cependant, ces activités génératrices de
revenus reposent surtout sur de petits financements. Alors que le désarmement et la
démobilisation figurent dans le budget de la MINUSCA, la réinsertion est financée par des

177
Centrafrique : les racines de la violence, International Crisis Group, 21 septembre 2015
178
Pour Catherine Samba-Panza la transition ne peut plus durer, RFI, 15 juin 2015.
179
« Centrafrique : des combats autour de Sibut », RFI, 10 octobre 2015.

87
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

contributions volontaires. Mais en l’absence d’une stratégie claire du DDR, les bailleurs de
fonds se montrent réticents à augmenter leurs contributions. À terme, l’insuffisance ou le
retard des financements risque d’entrainer la suspension des mesures de réinsertion
(formations professionnelles, projets culturels, micro-crédits pour soutenir l’entreprenariat,
etc.).

Enfin, il faudrait confier l’exécution du DDR à la MINUSCA au lieu de la cantonner à une


mission d’assistance.180 En Côte d’Ivoire, la communauté internationale a tenté d’imposer un
dispositif de DDR même si elle s’est heurtée à une forte opposition politique.

Les acteurs internationaux ont dû négocier avec les belligérants181 et n’ont finalement pas
collecté autant d’armes qu’espéré. En effet, la majorité des armes collectées étaient en fait des
armes de petits calibres, des obus, des roquettes et des cartouches. Mais en Centrafrique où le
pouvoir politique est inexistant, la communauté internationale bénéficie d’une marge de
manœuvre suffisante qui lui permettrait d’imposer des conditions strictes pour le DDR,
notamment en ce qui concerne l’éligibilité des ex-combattants.

A force de repousser l’échéance du DDR182, l’inaction des forces politiques et internationales


risque de renforcer les groupes armés et les divisions entre les habitants. Les comités locaux,
composés d’ex-combattants, d’autorités locales, traditionnelles et religieuses, et d’autres
membres de la communauté y compris les jeunes en situation précaire, joueront un rôle clé
dans L’identification des besoins de leurs communautés.

C’est la Minusca183 à aider les autorités centrafricaines à mettre en œuvre un programme


inclusif, tenant compte des questions de genre et progressif pour le désarmement, la
démobilisation et la réintégration des membres des groupes armés et, dans le cas des
combattants étrangers, pour leur rapatriement, et, le cas échéant et en consultation et en
coordination avec les partenaires internationaux, soutenir d’éventuelles zones temporaires de
cantonnement volontaire à l’appui d’une réintégration socioéconomique dans la collectivité, y
compris en aidant le Gouvernement à assurer la sécurité des ex-combattants démobilisés et à
leur fournir une protection appropriée, conformément aux Principes de désarmement,
démobilisation, réintégration et rapatriement et d’intégration dans les corps en uniforme,

180
Voir l’article 30.g) relatif au processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement de la
résolution 2149 (2014) du Conseil de sécurité de l’ONU, 10 avril 2014.
181
Magali Chelpi-den Hamer, « Les tribulations du dispositif Désarmement, démobilisation et réinsertion des
miliciens en Côte d’Ivoire (2003-2015) », Hérodote, n° 158, La Découverte, 3ème trimestre 2015.
182
Activité mandatée dans la Résolution 2147 du Conseil de Sécurité (2015).
183
S/RES/2709 (2023).

88
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

signés lors du Forum de Bangui en mai 2015 et compte tenu des normes intégrées de
désarmement, démobilisation et réintégration, telles que révisées en 2019, en accordant une
attention particulière aux besoins des enfants associés aux forces et groupes armés et aux
combattantes, et à la nécessité de séparer les enfants de ces forces et groupes et d’éviter de
nouveaux enrôlements, notamment par la mise en œuvre de Programmes tenant compte des
questions de genre ;

2) Aider les autorités centrafricaines et les organisations de la société civile


concernées à élaborer et à appliquer des programmes de lutte contre la violence au sein de la
collectivité, y compris des programmes tenant compte des questions de genre, à l’intention
des membres des groupes armés, dont ceux qui ne sont pas admis à participer au programme
national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, en coopération avec
les partenaires de développement et en collaboration avec les communautés d’accueil
conformément aux priorités énoncées dans le Plan national de développement pour 2024-
2028 ;

3) fournir une assistance technique aux autorités centrafricaines pour l’exécution d’un
plan national d’intégration visant à intégrer dans les forces de défense et de sécurité les
membres démobilisés des groupes armés qui remplissent les conditions requises, dans le droit
fil du processus général de réforme du secteur de la sécurité, compte tenu de la nécessité de
mettre en place des forces nationales de défense et de sécurité professionnelles, ethniquement
représentatives et géographiquement équilibrées, et offrir des conseils techniques aux
autorités centrafricaines pour accélérer la mise en œuvre des arrangements de sécurité
transitoires prévus par l’APPR, après vérification des Antécédents, désarmement,
démobilisation et formation de leurs membres ;

4) coordonner l’appui fourni par les partenaires multilatéraux et bilatéraux, y


compris la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Commission de
consolidation de la paix, aux activités que mènent les autorités centrafricaines dans le cadre
des programmes de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement pour aider les
membres des groupes armés qui remplissent les conditions requises et dont les antécédents ont
été vérifiés à

Revenir à une vie civile paisible et contribuer à garantir que ces activités aboutiront à une
réinsertion socioéconomique durable. Cet effet ; les activités de désarmement, démobilisation,

89
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

réintégration et rapatriement permettront à l’État de renouveler son contrat social avec la


population.

1.6 PARAGRAPHE 2 : Renouveler le contrat social entre l’État la


population

Renouveler le contrat social entre l’État la population, a pour but de restaurer et d’améliorer
les infrastructures et d’établir les capacités requises pour fournir des services sociaux et
administratifs de qualité sur l’ensemble du territoire. Il rectifiera en premier lieu les décennies
de sous-investissement dans la capacité administrative et la fourniture de services de base, et
mettra en place et renforcera les capacités du Gouvernement central afin qu’il puisse assumer
la gestion financière et les fonctions de contrôle qui lui sont dévolues. Les priorités dentifiées
renforceront l’aptitude et la légitimité de l’État, ainsi que le contrat social, après des années
d’absence de l’État dans une grande partie du pays.

Au regard, ce paragraphe nous allons aborder le redéploiement de l’administration (A)


ensuite la relance de bonne gouvernance (B).

A Redéployer l’administration Centrafricaine sur tout le territoire


L’érosion de l’État est l’un des grands facteurs de fragilité en RCA. Le retour d’une présence
opérationnelle et proactive de l’État sur tout le territoire, y compris la participation et
l’engagement des femmes dans les fonctions électives et de prise de décision, indiquera, au
plan politique, que la situation s’améliore progressivement.

Cette présence rétablira aussi La communication entre les instances locales et centrales de
l’administration, ce qui permettra de formuler des politiques de développement équitables et
efficaces tenant compte des disparités régionales. La mise en place de processus politiques
inclusifs au plan local aidera à garantir des politiques publiques adaptées aux besoins locaux
et une responsabilité accrue, tout en atténuant le recours à la violence pour exprimer les griefs
par l’élaboration de politiques inclusives et participatives. Ceci permettra de maintenir une
paix durable.

Une Politique de décentralisation sera mise en œuvre, y compris des élections locales pour la
mise en place des autorités locales, ainsi qu’une politique locale de réconciliation et de
cohésion sociale. Ceci comprendra la mise en œuvre de plans locaux de relèvement et de
consolidation de la paix, et des mesures de renforcement de capacités centrées sur les
Communautés locales.

90
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

La mise en place des institutions prévues dans la Constitution sera appuyée, notamment celle
de la Cour constitutionnelle. Les institutions existantes seront renforcées, y compris
l’Assemblée Nationale, ainsi que la Gouvernance politique, les processus nationaux de
planification et de contrôle et les processus législatifs. Cela inclut un registre national efficace
pour la fonction publique et le recensement de la population.

De plus, un environnement propice au redéploiement des fonctionnaires et de la fonction


publique sera établi. Il consistera, entre autres, à réhabiliter l’infrastructure, à fournir le
matériel de base et à introduire temporairement un système régional de paiement des salaires.

En attendant l’ouverture d’agences bancaires. Le redéploiement aura lieu graduellement en


parallèle à ces mesures. Une stratégie adaptée de communication sera mise en œuvre
pour aider à recréer le contrat social ainsi qu’à rétablir la crédibilité de l’État. Une stratégie de
décentralisation sera actualisée et accompagnée du cadre juridique et du mécanisme national
de coordination correspondants. Une évaluation des besoins relatifs à la préparation et à la
tenue d’élections locales inclusives sera réalisée, en tenant compte de la base de données
concernant les réfugiés et les déplacés internes.

Le redéploiement et la réhabilitation de l’infrastructure de l’administration se poursuivront,


des mécanismes de contrôle seront introduits pour effectuer le suivi de l’efficacité et de
l’efficience des pouvoirs publics au niveau local et veiller à la fourniture de services de
qualité à la population.

Les capacités des fonctionnaires de haut niveau de l’administration territoriale seront


renforcées. Coût total de cette composante est estimé à 88 millions USD, dont 28 millions
USD doivent être immédiatement disponibles. Fourniture des services essentiels à la
population dans l’ensemble du pays La fourniture de services de base constitue une priorité
pour le développement à moyen et à long terme du pays.

L’amélioration de l’accès à l’éducation, à la santé, à la nutrition, à l’eau, à l’assainissement, et


à la protection sociale, aura un impact positif sur la stabilité, en créant d’une part des
opportunités pour les jeunes marginalisés et en élevant les niveaux de vie, et d’autre part en
permettant de poser les bases du relèvement économique grâce à une main-d’œuvre saine et
qualifiée, et en mettant en place les éléments d’une protection sociale au niveau national.
Dans l’immédiat, une priorité absolue dans l’ensemble des divers secteurs des services de
base consistera à rétablir et réviser les politiques nationales et les cadres institutionnels. Il

91
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

s’agira notamment du Plan sectoriel de l’éducation 2019-2028, de la Politique nutritionnelle


nationale, de la Politique nationale de santé et du Code de la santé publique.

Ceux-ci devront s’accompagner de législations correspondantes, comme la législation


nationale sur la commercialisation des substituts du lait maternel. Les activités renforceront
aussi les capacités des diverses institutions à planifier, gérer et réagir aux situations de crise.
Elles permettront également de suivre la mise en œuvre, ainsi que la performance
opérationnelle et commerciale des entreprises publiques, comme la Société de Distribution
d’Eau en Centrafrique (SODECA).

En particulier, les systèmes d’information et de gestion seront améliorés. La coordination


entre les acteurs de chaque secteur sera renforcée Par la mise en place de la plateforme de
coordination et de suivi du RCPCA.

L’amélioration de l’accès aux services essentiels de qualité constitue une priorité Immédiate.
Il s’agira, entre autres, de construire et de réhabiliter les locaux administratifs, Les structures
de santé, l’infrastructure de distribution d’eau et d’assainissement, les écoles Et un centre de
formation. Des programmes visant à lever les obstacles entravant l’accès des groupes les plus
vulnérables seront développés (y compris des programmes basés sur le genre), notamment par
la mise en œuvre d’une stratégie nationale de cantines scolaires, L’approvisionnement en
fournitures scolaires et la gratuité des services de santé. Des programmes cruciaux de
formation et de recrutement des enseignants et des agents de santé Seront établis. L’éducation
non formelle, qui sera aussi introduite progressivement, ciblera Les enfants et les jeunes qui
ont été exclus de la société ou qui ont rejoint les groupes armés. La disponibilité des
médicaments essentiels, du matériel et des fournitures sera élargie. Un Système de
financement basé sur la performance sera introduit progressivement pour améliorer
l’efficience et la durabilité du secteur de la santé.

Les programmes de renforcement de capacité des « équipes cadres de santé » locales seront
élargis, en particulier hors de Bangui. En outre, une campagne portant sur les suppléments
nutritionnels et la fortification Alimentaire sera lancée. Une stratégie de communication et de
mobilisation sociale sera mise en œuvre en appui à l’activité d’approvisionnement en eau et
d’assainissement. L’amélioration des services de base aura un impact majeur sur le
relèvement et la consolidation de la paix en RCA, et renforcera la confiance des citoyens
envers l’Etat.

92
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Plus particulièrement, au cours des cinq prochaines années, l’objectif consiste à former et à
recruter 560 agents de santé, à former 700 agents à la santé reproductive et la nutrition
infantile, et à équiper 700 services de santé maternelle. Au total, 218 écoles seront construites
dans l’ensemble du pays, 1 000 enseignants seront recrutés, 1200 cantines scolaires seront
ouvertes et 150 000 enfants recevront des kits scolaires.

Concernant l’eau et l’assainissement, la réhabilitation et la construction de 2000 forages


Permettront à plus d’un million de personnes rurales d’avoir accès à l’eau potable.

Par ailleurs, le cadre de protection sociale devra être élargi afin de renforcer les filets sociaux
et Promouvoir la stabilité d’une bonne gouvernance et État de droit.

B. Le Renforcement de la Bonne Gouvernance et État de droit

En dépit des progrès notés sur le plan des libertés publiques, de la liberté d’expression, du
renforcement du cadre institutionnel et légal et du respect du droit constitutionnel pour les
partis politiques de concourir à l’expression du suffrage universel par des moyens
démocratiques et pacifiques, la République Centrafricaine continue à être caractérisée par un
déficit de gouvernance démocratique.

Celui‐ci est perpétué par (1) la faiblesse de la présence et des capacités des institutions et des
services publics, surtout dans l’arrière‐pays ; (2) la non‐conformité de certains textes
nationaux aux engagements internationaux du pays ; (3) le faible niveau d’application des lois
et les insuffisances des institutions et des organes administratifs et judiciaires de contrôle et de
gestion de l’État ; (4) l’absence d’un système efficient de lutte contre la corruption et
l’impunité.

Pour faire face à ces défis, le gouvernement a inscrit la thématique « Gouvernance et État de
Droit » dans l’axe stratégique 1 « Consolidation de la Paix, Gouvernance et État de Droit » du
184
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP2) , en vue de poursuivre et
consolider les acquis obtenus grâce à la mise en œuvre des réformes.

184
Dans le cadre de faire face à la pauvreté, le Gouvernement de la République Centrafricaine a conçu la
Stratégie de Réduction de la Pauvreté. Fondée sur les orientations stratégiques mises en évidence à travers
l’évaluation de la pauvreté et le processus participatif, la stratégie présente une vision intégrée pour réduire la
pauvreté tout en adressant les causes profondes des crises centrafricaines.

93
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Les institutions étatiques, le secteur privé et les organisations de la société civile (OSC) 185186
appliquent les principes de bonne gouvernance et sont accessibles aux populations de façon
équitable ». Elle visera à poursuivre et renforcer l’appui apporté antérieurement pour créer les
conditions nécessaires à la primauté du droit et au renforcement de la démocratie et des
institutions publiques.
187
Les résultats attendus de la contribution du Système des Nations Unies (SNU) seront
notamment :

 La formulation et la mise en œuvre d’une politique et d’une stratégie de


décentralisation, de développement local et d’administration territoriale afin de
permettre aux communautés de Prendre elles‐mêmes les décisions qui les affectent ;

 Le renforcement des capacités des institutions publiques, de la société civile, des


partenaires sociaux et des communautés afin qu’elles puissent lutter efficacement
contre la corruption et développer la transparence dans la gestion de la chose publique

 La mise en place d’une administration électorale pérenne pour la préparation


anticipative et la gestion du cycle électoral, en conformité avec les standards
internationaux, et la promotion de la participation des femmes et des jeunes au
processus électoral ;

 L’intégration effective des variables démographiques et des questions de genre et de


jeunes, des droits humains et des droits de l’enfant dans les programmes et stratégies
de développement

 Le renforcement du système national d’information statistique pour qu’il puisse


rendre disponible des données actualisées et désagrégées par âge et sexe et des
informations fiables afin de permettre une prise de décision et une planification basée
sur des faits et des données et assurer une meilleure évaluation de l’impact des
interventions sur les groupes cibles ;

185
Près de 2/3 de la population centrafricaine a besoin d’assistance humanitaire et de protection. Les
Organisations de la Société Civile (OSC) ont un rôle essentiel à jouer dans la réponse à la crise : elles ont un
accès précieux aux populations vulnérables et elles sont des acteurs de développement et de gouvernance.
186
https://international-partnerships.ec.europa.eu/news-and-events/stories/une-maison-au-service-des-
organisations-de-la-societe-civile-centrafricaine_fr.
187
https://republiquecentrafricaine.un.org/fr/236812-plan-cadre-de-coopération-des-nations-unies-pour-le-
développement-durable-2023-2027.

94
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

 Le renforcement du système de planification, de mise en œuvre et de suivi et


évaluation des politiques économiques et financières ;

 La participation des institutions nationales, régionales et locales et les organisations


de la société civile à la prévention et à la gestion des crises humanitaires et des
catastrophes Naturelles dans le respect de l’égalité de genre et des droits humains.

En ce qui concerne ; État de droit, La Constitution centrafricaine proclame les droits humains
comme la base de toute communauté humaine et établit le caractère sacré et inviolable de la
personne humaine. Ces dispositions constitutionnelles sont complétées par un important
dispositif juridique en liaison avec des conventions internationales comme par exemple le
Statut de Rome sur la Cour Pénale Internationale, la Convention sur l’Élimination de toutes
les formes de Discrimination à l’Égard des Femmes, la Convention sur les Droits des enfants
et la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies 188Sur la paix et la sécurité.

Le Code Pénal et le Code de Procédure Pénale ont été réécrits pour y intégrer les normes du
droit pénal international et du droit international humanitaire. Une loi portant protection de la
femme contre les violences en RCA a été promulguée en décembre 2006.

Cependant, la situation des droits humains reste encore précaire. De multiples violations des
droits humains commises aussi bien par les mouvements rebelles, les groupes armés que par
les forces de défense et de sécurité, ont été constatées. L’absence, dans certaines zones, de
services publics et les faibles capacités des institutions publiques et de la société civile
accroissent la vulnérabilité des populations.

Le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire189 et la faible application de la loi créent au sein


de la population un sentiment d’inégalité devant la loi et une défiance à l’encontre des
institutions judiciaires, considérées comme peu accessibles et peu crédibles. Les populations
et particulièrement les femmes, sont très peu informées de leurs droits. L’impunité, la faible
capacité des institutions et les violations persistantes des droits humains sont les trois facteurs
qui freinent les progrès vers un État de droit190 et le respect des droits humains.

188
La résolution 1325 est une résolution onusienne, adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 par le Conseil de
sécurité des Nations unies dans sa 4213ᵉ séance, qui concerne le droit des femmes, la paix et la sécurité.
189
En cas de mauvais fonctionnement de l'institution judiciaire, le justiciable possède plusieurs recours lui
permettant, d'une part, de contester la décision dont il a fait l'objet, et, d'autre part, de mettre en jeu la
responsabilité du service public de la justice.
190
L’État de droit peut se définir comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise
au droit.

95
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

L’impunité est encouragée par l’absence de plaintes et l’insuffisance de sanctions à tous les
niveaux ; les pesanteurs sociales qui dissuadent les populations de porter les différends devant
la justice ; le trafic d’influence et la corruption ; l’analphabétisme de la population et son
Ignorance des textes et du rôle de la justice.

L’inefficacité des institutions s’explique par le non application et/ou la méconnaissance des
textes et le manque de moyens matériels, financiers et humains, notamment au niveau local.
L’impunité et l’inefficience des institutions nationales dans l’application des principes
démocratiques résultent dans une violation récurrente des droits humains aggravée par
l’ignorance et la méconnaissance des textes ; la faiblesse des organes de protection
communautaires ; la circulation des armes ; et la faiblesse des infrastructures sociales de base.

Les institutions clés et la société civile, en charge de la promotion de l’État de droit et de la


protection des droits humains, sont efficaces et accessibles aux populations de façon équitable
» à soutenir les efforts du gouvernement qui dans la thématique « Gouvernance et État de
Droit » met l’accent sur l’accès équitable des populations aux services judiciaires et à la
protection de leurs droits. Sont notamment attendus comme résultats de l’intervention du
Système des Nations Unies (SNU) :

Le renforcement du système judiciaire pour qu’il puisse garantir de façon efficace et


indépendante la protection des droits des personnes, en particulier les femmes et les enfants
dans les zones cibles ; ) la mise en œuvre de la réforme de l’administration pénitentiaire afin
d’améliorer les conditions de détention et la réinsertion sociale des personnes incarcérées, y
compris les mineurs ; le renforcement de l’information des populations sur leurs droits afin
qu’elles soient en mesurer d’exiger leur respect et leur protection de la part des institutions
nationales ; la mise en œuvre des réformes institutionnelles relatives à la promotion de
l’équité de genre et au renforcement des capacités des femmes ; le renforcement des capacités
de la société civile et des partenaires sociaux afin qu’ils puissent mieux contribuer à la
protection des droits humains et la promotion de l’État de Droit.

La résolution 2552 de 2020 adopté par le conseil sécurité ,a appuyé et coordonner, avec
l’appui de l’équipe de pays des Nations Unies, l’assistance internationale fournie pour
renforcer les capacités et l’efficacité du système de justice pénale, dans le cadre du rôle
dévolu au Coordonnateur des Nations Unies pour les questions relatives à l’état de droit, ainsi
que l’efficacité et la responsabilité de la police et du système pénitentiaire ; Concourir, sans
préjudice de la responsabilité principale des autorités de la République centrafricaine, au

96
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

rétablissement et au maintien de la sécurité publique et de l’état de droit, notamment en


arrêtant et en remettant aux autorités de la République centrafricaine, conformément au droit
international, les personnes responsables dans le pays de crimes constituant de graves
violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits et de graves violations du droit
international humanitaire, y compris des actes de violence sexuelle en temps de conflit, afin
qu’elles puissent être traduites en justice, et en coopérant avec les États de la région et avec la
Cour pénale internationale dans les cas de crimes relevant de sa compétence, à la suite de la
décision prise par la Procureure de la Cour pénale internationale, le 24 septembre 2014,
d’ouvrir une enquête, comme suite à une demande des autorités nationales, sur les crimes qui
auraient été commis depuis 2012 .

Au regard de ce qui a été énuméré en haut, la bonne gouvernance et l’Etat de droit


représentent un pilier fondamental d’un Etat. Toute personne qui intervient pour maintenir la
paix doit assurer la protection et la promotion de bonne gouvernance et l’Etat droit.

Les priorisations du relèvement de consolidation de la paix durable tel que pense plus haut à
l’avantage de nous plonger dans l’esprit de stratégie de sortie de la crise dans laquelle nous
évoluons sous ce titre dont il importe d’apprécier la consolidation de la paix : des processus
de plus en plus complexes.

CHAPITRE 2 :LA CONSOLIDATION DE LA PAIX : DES


PROCESSUS DE PLUS EN PLUS COMPLEXE
Une fois les accords de paix signés, le retour à une situation normalisée n’est pas acquis pour
autant. Les missions de consolidation de la paix tentent d’interdire le retour vers des
affrontements armés via différentes missions de reconstruction et de pacification des rapports
sociaux. Elles consistent en la reconstruction des infrastructures civiles, la reconstruction de
l’Etat et de sa légitimité, ainsi que la réhabilitation du secteur économique. Cependant, cette
phase de la sortie de crise ne peut être engagée qu’à la suite de la mise en application d’un
accord de paix.

97
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le terme de la reconstruction et le développement post-conflit (RDPC) 191


que l’Union
africaine préfère à celui de consolidation de la paix, désigne pour l’Union : Dans un pays en
voie de développement comme la RCA, la période post-conflit doit être utilisée pour
développer ou renforcer les institutions nécessaires à l’existence même de l’Etat.

Les défis relatifs à la reconstruction de l’État sont étroitement attachés aux réalités du pays.
Nous allons analyser d’abord les défis du relèvement économique et le développement durable
(section I), qui sera suivi ensuite les perspectives de la reconstruction de l’Etat centrafricain
revient à examiner le contenu et les règles de cette reconstruction (section II).

SECTION 1 : Les défi du relèvement économique et le développement

Il va falloir relancer très rapidement l'activité économique, le pays regorge d'immenses


richesses naturelles qui pourraient servir à la reconstruction économique (paragraphe 1) et
également au développement des infrastructures de base (paragraphe2). Ces richesses
nationales contrastent avec les indicateurs démographiques du pays qui connait notamment
une population majoritairement jeune et sans emploi. Pour cela, il faudra offrir aux
investisseurs un environnement des affaires absolument attractif et sécurisé. Une politique de
relèvement économique ambitieuse et dynamique pourrait s'avérer indispensable pour
atteindre cet objectif.

1.7 Paragraphe I : Le relèvement économique


les autorités de la République centrafricaine, agissant avec le concours de la communauté
internationale, en particulier avec les institutions financières internationales qui pilotent
l’action internationale, et compte tenu des objectifs cruciaux de consolidation de la paix et
d’édification de l’État, à continuer de renforcer les mécanismes de gestion des finances
publiques et de responsabilité financière d’une façon qui, d’une part, leur permette de faire
face aux dépenses de fonctionnement de l’État, de mettre en œuvre des plans de relèvement
rapide et de relancer l’économie d’une manière durable les secteurs productifs ( A) , et qui,
d’autre part, favorise la réhabilitation et la construction des infrastructures (B).

A. Promouvoir économique et la relance des secteurs productifs

La RCA est dotée d’immenses ressources naturelles, mais leur exploitation a été entravée par
des années de sous-investissement, de pillage et de mauvaise gestion. Historiquement,

191
La reconstruction et le développement post-conflit (RDPC) est un ensemble global de mesures qui visent à :
répondre aux besoins des pays sortant de la crise.

98
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

l’exploitation des ressources renouvelables et non renouvelables a été contrôlée par une petite
élite, qui s’est servie des recettes pour se maintenir au pouvoir et faire adopter des politiques
d’exclusion. Les investissements ayant été trop faibles pendant des décennies, situation que
les dommages causés par la crise n’ont fait qu’exacerber, l’infrastructure économique se
trouve en très mauvais état. Pour rectifier ceci, le pilier s’attaquera à l’insuffisance affaires
pour le secteur privé et créera des opportunités d’emplois et des moyens de subsistance.

L’appuis dont bénéficieront les secteurs productifs clés permettra d’augmenter la résilience en
milieu rural, d’améliorer les moyens de subsistance et d’accélérer la création d’emplois. Ceci
fournira ainsi un terreau économique favorable, qui renforcera les actions d’intégration des
anciens combattants et des personnes déplacées, ce qui aidera à préserver la paix et la stabilité
générales.

Par ailleurs, la stimulation des secteurs productifs permettra d’accroître les recettes
intérieures, donc de Promouvoir la stabilité macroéconomique et la capacité à investir dans les
Infrastructures et à les entretenir. Le relèvement économique dépendra aussi de la création de
conditions propices au développement du secteur privé, notamment les investissements dans
les infrastructures, l’amélioration du climat des affaires et l’accès accru au financement et aux
ressources humaines qualifiées.

Le relèvement économique appuiera la création d’emplois et ouvrira des perspectives pour les
jeunes marginalisés qui autrement s’adonneraient au banditisme ou rejoindraient les groupes
armés. Ce faisant, la jeunesse contribuera à atténuer la violence, à soutenir le processus de
paix et à devenir l’agent d’un changement positif et transformateur de la société. Les secteurs
de l’agriculture et de l’élevage sont jugés prioritaires parce qu’ils peuvent contribuer à
améliorer les moyens de subsistance de la majorité de la population rurale, et avoir un impact
immédiat, visible et tangible sur les personnes les plus pauvres et vulnérables. La promotion
des activités de transformation dans les bassins de production peut aussi aider à atténuer les
disparités régionales.

Les secteurs extractif et forestier peuvent devenir des moteurs puissants d’une croissance
rapide, en accroissant les recettes intérieures requises pour procéder aux investissements
stratégiques qui soutiendront les efforts de consolidation de la paix. Les initiatives visant à
réduire l’exploitation non formelle et illicite aideront à faire en sorte que les recettes soient
réparties plus équitablement et moins concentrées entre les mains de l’élite, ce qui accentuera
la stabilité et atténuera les conflits liés au contrôle des ressources.

99
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Agriculture

L’accès aux intrants sera amélioré en renforçant l’Institut Centrafricain de Recherche


Agronomique (ICRA)192 et les producteurs locaux de semences, et en appuyant les intrants
vétérinaires et halieutiques. La fourniture des services de formation et de vulgarisation à
l’intention des agriculteurs et des éleveurs sera renforcée en mettant à jour les programmes de
formation, en réhabilitant les centres de formation et en redéployant les services de
vulgarisation, afin de donner aux bénéficiaires les conseils les plus récents et les aider à
adopter des techniques adéquates.

Les potentiels agros écologiques seront Cartographiés et des études de marché associées
permettront d’identifier les cultures Commerciales et les chaînes de valeur les plus
susceptibles de créer des emplois et d’accroître les recettes, en se penchant tout
particulièrement sur la substitution aux importations et les exportations à haute valeur ajoutée.
Le code agropastoral sera réexaminé et révisé dans le but de promouvoir une meilleure
cohabitation entre les éleveurs et les agriculteurs et un meilleur partage des ressources. La
cartographie des zones agricoles et des parcours de transhumance sera actualisée.

À moyen terme, les obstacles entravant l’agriculture commerciale et l’agro-industrie seront


progressivement levés. Il s’agira notamment de faciliter la production et la distribution des
intrants du secteur agropastoral et des pêches, comme les semences améliorées, les engrais, et
l’alimentation du petit cheptel, ainsi que d’améliorer l’accès au matériel. Une stratégie
nationale de recherche agricole, ayant pour objet d’accroître la productivité, sera adoptée ; les
centres de recherche seront réhabilités et deviendront fonctionnels. Des agropoles
multifonctionnelles seront créées dans les centres ruraux et regrouperont des solutions en
matière de formation, de technologie et d’accès au crédit, et comme base pour les industries
de transformation locales. Les chaînes de valeur des sous-secteurs des cultures

De rente, de l’élevage et de la pêche, seront appuyées, en soutenant particulièrement les


intrants, la production, la transformation, la distribution et la commercialisation. Les parcours
officiels de transhumance seront révisés de sorte à accentuer les synergies entre l’agriculture
et l’élevage. A terme, La conception participative de plans d’aménagement et de gestion du
territoire permettra une gestion négociée des ressources.

SECTEUR FORESTIER ET RESSOURCES NATURELLES DURABLES

192
https://www.accesstoseeds.org/fr/index/afrique-de-louest-et-afrique-centrale/profils-de-pays/republique-
centrafricaine/

100
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

À court terme, un audit technique et financier des sociétés forestières sera réalisé, En tenant
compte des dégâts enregistrés pendant la crise. Le Gouvernement s’accordera avec les
opérateurs forestiers sur un plan de règlement des arriérés fiscaux de ces derniers.

En outre, il analysera et validera les plans d’affaires des nouvelles concessions forestières, en
tenant compte de la nécessité d’exploiter durablement les ressources et de prendre des
mesures qui amélioreront le climat des affaires du secteur. Les communautés locales seront
aidées à améliorer le développement et à apaiser les contentieux avec les compagnies
d’exploitation forestière. Le processus FLEGT (Forest Law enfoncement gouvernance and
trade)193 sera renouvelé, pour lutter contre l’abattage illicite, ouvrir l’accès aux marchés
européens et accroître les recettes. Une stratégie REDD+ (reducing emissions from
déforestation)194 L’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges
commerciaux. Sera élaborée, en conjonction avec un plan d’investissement pour les activités
d’atténuation du changement climatique, comme le reboisement industriel.

À moyen terme, un plan de revitalisation sera élaboré, afin d’accroître la valeur ajoutée. Ceci
consistera, entre autres, à diversifier les activités et à promouvoir l’industrie locale de
transformation du bois, notamment en révisant le cadre fiscal et en élaborant. Des
programmes de formation adaptés.

Une démarche intégrée, participative et durable sera poursuivie pour la planification de


l’aménagement des zones des savanes boisées et des forêts sèches, et pour l’élaboration de
plans de gestion des zones protégées, de manière à assurer une croissance partagée et
l’exploitation durable des ressources naturelles, notamment de la faune et des produits
connexes.

INDUSTRIES EXTRACTIVES

A court terme, des mesures seront prises pour améliorer le climat d’investissement et accroître
les ressources du secteur. Une réforme du cadre juridique et institutionnel sera entreprise et le
régime fiscal sera révisé sur la base des normes internationales. Les aspects institutionnels et
organisationnels du secteur artisanal feront l’objet d’une étude qui formera la base d’une
stratégie plus élargie de formalisation. Les mineurs artisanaux recevront un appui pour
perfectionner leurs méthodes de production et s’organiser en coopératives, afin d’améliorer

193
L’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux.
194
La réduction des émissions résultant du déboisement et la dégradation des forêts.

101
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

leurs moyens de subsistance, de réduire l’impact sur l’environnement et de faciliter la


formalisation.

A moyen terme, d’autres mesures seront adoptées pour attirer les investissements dans le
secteur, notamment en améliorant la gestion du cadastre minier et en facilitant L’accès aux
données géo scientifiques. Une Stratégie de répression de la fraude Sera mise en œuvre et la
coopération avec les forces de sécurité sera renforcée, afin de mieux contrôler l’exploitation
informelle et réprimer les trafics. La conformité au Processus de Kimberley195 sera étendue
au-delà de la zone de Berberati, afin d’intensifier la formalisation des mines artisanales de
diamant.

Les capacités de l’administration seront renforcées afin qu’elle puisse mieux gérer la gestion
et contrôle des finances publiques, ainsi les recettes fiscales et lutte contre la corruption.

B. Renforcer la stabilité macroéconomique et la bonne Gouvernance :


gestion et contrôle des finances publiques, recettes fiscales, lutte contre la
corruption

Le Gouvernement devra stimuler le développement économique pour consolider la paix, ce


qui prendra notamment la forme de programmes d’investissement public, Un programme de
réforme a été établi avec le Fonds Monétaire International (FMI), et devra être mis en œuvre
dans les années à venir afin d’insuffler une dynamique positive autour de la gestion des
finances publiques et ainsi créer le cercle vertueux requis pour financer ce stimulus : une
bonne gestion des finances publiques permettra d’une part à l’État de reconstruire une base
fiscale et de collecter des revenus, et d’autre part, d’investir dans les secteurs productifs
prioritaires196 , de sorte à optimiser l’impact économique.

Cette dynamique aidera aussi à obtenir l’appui financier nécessaire auprès des partenaires
techniques et financiers afin de relancer la croissance économique et de consolider les recettes
publiques. La réforme permettra de veiller à ce que la programmation budgétaire serve d’outil
de consolidation de la paix, assurant un alignement des dépenses avec les besoins prioritaires
Identifiés dans le RCPCA.

195
Processus de Kimberley : rassemble des administrations, des sociétés civiles et industrielles dans le but de
réduire l'existence des diamants de conflits (diamants bruts utilisés pour financer les guerres livrées par des
rebelles visant à déstabiliser les gouvernements) partout dans le monde.
196
Voir la section2 du chapitre 2

102
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

A court terme, le renforcement ciblé des capacités se donnera pour but d’améliorer la
comptabilité publique et la transparence des modalités.

D’élaboration et de gestion du budget, Un nouveau calendrier budgétaire sera déployé afin


que les ministères de tutelle puissent réellement y contribuer. L’assiette fiscale sera élargie,
notamment en réformant les exonérations de la taxe sur la valeur ajoutée, de manière à
accroître les recettes. Les contrôles des quantités (accise) 197 et des douanes, les mécanismes
de contrôle interne, et la passation des marchés publics seront renforcés.

Les efforts visant à rétablir la chaîne de la dépense consisteront, entre autres, à réduire le
recours aux procédures de dépense exceptionnelles, renforcer les capacités et les procédures
de passation des marchés, et continuer à rationaliser le système de la solde et à simplifier la
gestion des ressources humaines.

La comptabilité publique sera améliorée en centralisant les comptes publics dans un Compte
unique du Trésor. Après avoir été renforcé, l’Institut Centrafricain des Statistiques et des
Etudes Economiques et Sociales (ICASEES)198 mettra à jour des statistiques importantes
comme l’indice des prix à la consommation et lancera des enquêtes et recensements
nécessaires pour l’orientation des politiques publiques.

Des efforts seront déployés pour réduire la corruption et accroître la redevabilité et la


transparence, notamment en reprenant le processus de l’ITIE (Initiative pour la Transparence
des Industries Extractives)199 200 201
, et en renforçant les organes de contrôle financier et de

197
Le droit d’accise est un impôt indirect perçu sur la consommation, parfois aussi le seul commerce de certains
produits, en particulier le tabac, l'alcool et le pétrole et ses dérivés.
198
Crée par les dispositions de l’article 21 de la Loi n0 06 .008 du 16 juillet 2006, portant réglementation des
activités statistiques en République Centrafricaine, l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Etudes
Economiques et Sociales (ICASEES), est un établissement public doté de la personnalité juridique et de
l’autonomie financière.
Elle est également régie par la Loi n° 08.011 du 13 février 2008, portant organisation du cadre institutionnel et
juridique applicable aux Entreprises et Offices Publics. L’article 3 des Statuts, confirme l’ICASEES dans sa
forme d’Etablissement Public disposant d’une autonomie de gestion.
199
L'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), en anglais Extractive Industries
Transparency Initiative (EITI) est une organisation internationale à but non lucratif et de droit norvégien,
chargée de maintenir à jour et superviser la mise en œuvre d’une norme. Lancée en 2003, l’objectif de cette
norme est d’évaluer dans quelle mesure les revenus des ressources pétrolières, gazières et minérales d’un pays
sont gérées de manière transparente.
200
L’ITIE a pour but de renforcer les systèmes gouvernementaux en accentuant la gouvernance publique et des
entreprises. L’ITIE sert aussi de source d’information pour sensibiliser la population, favoriser le débat public,
face au secteur extractif et à l’usage qui est fait des revenus en provenant.
201
L’ITIE part du principe que les ressources naturelles d’un pays appartiennent aux citoyens de ce pays.
Lorsque l’extraction de ces ressources est bien gérée, la richesse générée peut contribuer à développer le secteur
économique et social. Cependant, si le secteur extractif souffre d’une mauvaise gestion, celui-ci peut être source
de corruption et de conflit.

103
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

passation des marchés comme la Cour des Comptes, l’Inspection générale des finances, ou
l’Agence de Régulation des Marchés publics, ainsi que l’Assemblée Nationale.

A moyen terme, les mécanismes de recouvrement des recettes seront renforcés, notamment
par la formation et le renforcement des capacités des services des douanes et des finances, et
l’amélioration de leur interconnexion. La chaîne de la dépense sera renforcée en préparant
progressivement la déconcentration de la gestion budgétaire, en continuant à améliorer le
processus de passation des marchés, en modernisant la gestion des ressources humaines, en
mettant en place un système de gestion basé sur les résultats et en définissant une politique de
recrutement et de gestion de carrières.

La comptabilité publique se conformera aux bonnes pratiques à tous les échelons de la


fonction publique et les procédures de dépenses exceptionnelles seront suspendues. La
capacité des organisations de la société civile et des médias en matière de redevabilité sera
renforcée, et la Haute autorité pour la bonne gouvernance commencera ses activités. Enfin, en
complément d’une gestion budgétaire rigoureuse, et d’efforts de mobilisation des ressources
intérieures, l’appui budgétaire permettra de contribuer à l’allègement du déficit budgétaire
pour les dépenses incompressibles de l’Etat pendant toute la période du RCPCA.

Le coût total de cette composante est estimé à 481 millions USD, dont 92 millions USD
doivent être immédiatement disponibles. La majorité de ce montant — 355 millions USD —
est associée au déficit estimatif de l’Etat jusqu’en 2021, à couvrir par de l’appui budgétaire.

Les autorités ont adopté un plan d’action afin de leur permettre de réduire leur dépendance à
l’aide publique au développement. Ce plan prévoit une augmentation des recettes publiques
dans les années à venir, grâce à une révision de la politique fiscale et une meilleure gestion
des ressources naturelles. S’agissante des dépenses, le Gouvernement entend poursuivre les
mesures d’assainissement budgétaire, de réforme de la gestion des finances publiques et de
révision de la masse salariale. Celle-ci a déjà fait l’objet d’une rationalisation entre 2014 et
2015, permettant d’améliorer sa fiabilité et de réduire de 4 pour cent les effectifs du secteur
public, soit une baisse de 1307 agents. Les autorités ont exercé un contrôle serré sur les
dépenses primaires, qui demeurent globalement inchangées à 10,3 pour cent du PIB en 2015.
Pour ce qui est de la collecte des revenus, les contrôles douaniers et des accises ont été
renforcés, notamment le contrôle de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits
pétroliers et le contrôle des exonérations.

104
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

En conséquence, les recettes intérieures ont augmenté à 7,1 pour cent du PIB en 2015, et le
solde primaire s’est réduit de −7 pour cent du PIB en 2013 à −3 pour cent du PIB en 2015.
Ces mesures entrent dans le cadre du programme de politiques économique et financière
appuyées par le FMI, qui a fixé entre autres comme objectif de ramener ce déficit primaire à1
pour cent d’ici 2019.

Les efforts consentis pour améliorer les dépenses budgétaires et mettre en œuvre les réformes
en matière de gestion des finances publiques contribueront à stimuler la reprise économique et
à rétablir le montant des recettes fiscales à leur niveau pré-crise. En conséquence, les besoins
de financement devraient passer de 4,8 pour Cent du PIB en 2016 à 3,1 pour cent en 2019, ce
qui permettra de réduire progressivement les besoins en financement extérieur au cours des 5
années du RCPCA. Au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC)202, approuvé par le conseil
d’administration du Front Monétaire International (FMI) en juillet 2016 pour un montant
de115,8 millions USD, considérations pour la phase de mise en œuvre.

Le coût estimé du pilier 2 s’élève à un montant de 1,326 milliards USD, réparti en quatre
objectifs stratégiques. Pour réaliser les activités des composantes 1 et 4, le Gouvernement
devra s’efforcer d’entreprendre des réformes immédiates et de veiller à ce que les éléments du
cadre élargi de l’édification de l’État soient mis en place. Aussi, il faut que les fonctions
centrales du Gouvernement en matière de gestion fiscale et de supervision fiduciaire soient
établies et renforcées.

Ces efforts exigent aussi une attention toute particulière de la part de la communauté
internationale, même si les implications financières sont moins lourdes. Les expériences dans
d’autres pays indiquent qu’il est possible de mettre en place rapidement des systèmes
fiduciaires permettant aux bailleurs de fonds de commencer à utiliser les systèmes nationaux,
notamment en adoptant des mécanismes de redevabilité mutuelle. Les activités prévues dans
le cadre des composantes 2 et 3 exigeront des ressources importantes et une forte coordination
dès le départ. Actuellement, les services sont en majorité fournis par les acteurs humanitaires
et il sera indispensable de veiller à ce qu’ils puissent continuer à travailler, voire à élargir leur

202
La facilité élargie de crédit (FEC) fournit une aide financière aux pays qui Connaissent des difficultés
prolongées de balance des paiements. La FEC a Été créée comme guichet du fonds fiduciaire pour la réduction
de la pauvreté et pour la croissance (fonds fiduciaire RPC), dans le cadre d’une réforme plus large visant à
assouplir le soutien financier du FMI et à mieux l’adapter aux besoins divers des pays à faible revenu,
notamment en période de crise. La FEC est le principal outil dont dispose le FMI pour apporter un soutien à
moyen terme aux pays à faible revenu.

105
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

champ d’action en fonction de l’amélioration du climat sécuritaire et de l’avancement de la


mise en œuvre du RCPCA.

Parallèlement, il sera important de mettre en place les systèmes et les capacités publiques, et
de réfléchir aux étapes qui déclencheront le transfert progressif des fonctions de supervision et
de coordination de la fourniture des services. Pour ce faire, il sera peut-être nécessaire
d’établir un certain nombre de programmes nationaux, qui seraient exécutés avec un
financement commun et une meilleure coordination entre les acteurs humanitaires et de
développement, notamment les groupes de travail sur la sécurité alimentaire et le système
d’alerte précoce, en vue de réaliser des objectifs communs.

Des instruments précis existent également pour promouvoir la résilience en conjuguant les
ressources humanitaires et de développement, ce qui peut servir à élargir rapidement la
fourniture des services en dehors de Bangui. En ce sens ; cette étude nous permettra de
promouvoir d’un développement durable.

Paragraphe II : La promotion du développement durable

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030203, adopté par l’Assemblée


générale des Nations Unies204 le 25 septembre 2015, reconnaît non seulement que la paix et la
sécurité sont des conditions préalables à la réalisation du développement durable, mais que ce
dernier ouvre la voie à l’édification de sociétés pacifiques.

Ce nouveau programme axé sur la paix est inclusif et ambitieux et pourrait promouvoir un
nouvel esprit de solidarité mondiale. Avec ses cinq piliers (paix, personnes, planète,
prospérité et partenariats), il ouvre une nouvelle ère de développement.

Á cet égard ; il faudrait réhabiliter et construire les infrastructures pour pouvoir développer le
pays et également pour stabiliser une paix durable.

A. Réhabilité et construire les infrastructures

Les investissements dans l’infrastructure de la RCA sont indispensables pour réaliser le


potentiel économique du pays et faciliter la mobilité et la communication l’amélioration des

203
Le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles est un accord clé passé entre les États en situation de
fragilité et de conflit, les partenaires au développement et la société civile pour améliorer la politique de
Développement et les pratiques actuelles dans les États fragiles et touchés par un conflit.
204
https://www.un.org/fr/chronicle/article/promouvoir-la-paix-et-le-developpement-durables

106
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

transports et des réseaux technologies de l’information et de la communication (TIC)


permettra aussi de désenclaver certaines régions, ce qui appuiera et facilitera le redéploiement
de l’État, ainsi que l’échange d’informations entre les autorités centrales et locales, tout en
accentuant la cohésion nationale.

La construction de l’infrastructure de transport, notamment les corridors internationaux et les


routes rurales, facilitera aussi l’aidant ainsi à atténuer les disparités. Autant que possible,
l’infrastructure sera réhabilitée et reconstruite en employant des méthodes à haute intensité de
main d’œuvre afin d’ouvrir des possibilités d’emploi à court terme, en liaison avec des
dispositifs de formation professionnelle qui feront le lien avec l’emploi à plus long terme.

Le réseau routier sera réhabilité, en mettant la priorité sur les goulots


d’étranglement, comme les ponts impraticables ou les sections stratégiques. À court terme, la
priorité sera donnée à la réhabilitation des routes nationales, régionales et particulièrement
rurales, étant donné l’importance de ces dernières pour la production agricole et la fourniture
des services en milieu rural. La réhabilitation des routes vers les régions de l’est et du nord-est
sera priorisée pour atténuer les déséquilibres régionaux.

L’aéroport international de Bangui sera mis aux normes internationales. De même, les travaux
du tronçon Bouar-Baoro, Dernière section non revêtue du corridor international Bangui-
Douala, commenceront en vue de fluidifier les échanges commerciaux avec la sous-région,
réduire le coût des importations et augmenter la compétitivité des produits d’exportation.

La gestion du secteur sera améliorée, notamment en réformant le Fonds d’entretien routier


205
et en perfectionnant la planification du secteur en élaborant un schéma directeur des
transports. À moyen terme, la réhabilitation des routes se poursuivra. Les recettes du Fonds
d’entretien routier seront augmentées pour renforcer la durabilité des infrastructures. Les
études de faisabilité de l’axe Congo- Bangui-Tchad seront achevées et les travaux
commenceront. Les aéroports régionaux seront également réhabilités. Les investissements
dans le secteur énergétique auront pour objet d’accroître l’accès aux sources fiables d’énergie,
à commencer par la réhabilitation et l’extension des capacités existantes de production.
L’accès à des sources d’énergie fiables sera notamment accru en dehors de Bangui, en
réhabilitant les infrastructures dans les préfectures et en investissant dans des solutions à
petite échelle sur la base des énergies renouvelables afin de fournir l’électricité aux services et
industries.

205
https://projectsportal.afdb.org/dataportal/VProject/show/P-CF-DB0-001 ?

107
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Les réformes de la gouvernance d’ENERCA (Energie Centrafricaine) 206 seront menées pour
améliorer sa performance et sa rentabilité, et un nouveau cadre stratégique avec un accent
particulier porté à l’électrification rurale et aux énergies renouvelables sera élaboré. Les
investissements dans le réseau de distribution, l’interconnexion avec les pays limitrophes et la
construction de nouvelles capacités majeures de production hydroélectrique, comme les
barrages sur les fleuves de la Lobaye ou de la Sangha, commenceront à moyen terme. Le
cadre institutionnel de mise en place des TIC sera amélioré à court terme, notamment en
restructurant l’entreprise publique SOCATEL (Société Centrafricaine des
Télécommunications).

A moyen terme, la connectivité sera améliorée au plan local en déployant des centres
communautaires de TIC207, et au plan international en construisant un réseau de fibre optique,
d’abord avec le Cameroun puis avec le Congo.

En vue de cela ; il est important d’assurer les conditions favorables au développement du


secteur privé permettra de relancer rapidement les principales industries qui aideront à créer
des emplois et auront un Impact immédiat et visible pour la population.

B. Assurer les conditions propices au développement du secteur privé et


à l’emploi

Les activités et les résultats proposés dans le cadre de ce pilier appuieront directement, le
relèvement et la consolidation de la paix, l’appui dont bénéficieront les secteurs productifs
clés permettra d’augmenter la résilience en milieu rural, d’améliorer les moyens de
subsistance et d’accélérer la création d’emplois. Ceci fournira ainsi un terreau économique
favorable, qui renforcera les actions d’intégration des anciens combattants 208 et des personnes
déplacées209, ce qui aidera à préserver la paix et la stabilité générales.

Par ailleurs, la stimulation des secteurs productifs permettra d’accroître les recettes
intérieures, donc de promouvoir la stabilité macroéconomique et la capacité à investir dans les

206
Enerca, Energie Centrafricaine est l’entreprise publique de production, transport et distribution de l’électricité
de la République centrafricaine. Elle est créée en 1963.
207
Ensemble d’outils et de ressources technologiques permettant de transmettre, enregistrer, créer, partager ou
échanger des informations, notamment les ordinateurs, l’internet (sites Web, blogs et messagerie électronique),
les technologies et appareils de diffusion en direct (radio, télévision et diffusion sur l’internet) et en différé
(podcast, lecteurs audio et vidéo et supports d’enregistrement) et la téléphonie (fixe ou mobile, satellite,
visioconférence, etc.)
208
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20170831-rca-debut-programme-reinsertion-anciens-combattants-ddr-projet-
pilote
209
https://reports.unocha.org/fr/country/car/.

108
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

infrastructures et à les entretenir. Le relèvement économique dépendra aussi de la création de


conditions propices au développement du secteur privé, notamment les investissements dans
les infrastructures, l’amélioration du climat des affaires et l’accès accru au financement et aux
ressources humaines qualifiées.

En effet ; le développement du secteur privé et à l’emploi210, amélioration de l’appui aux


entreprises, aux services financiers, à la formation professionnelle, à l’entrepreneuriat et à
l’emploi Eliminer les obstacles au développement du secteur privé permettront de relancer
rapidement les principales industries qui aideront à créer des emplois et auront un impact
immédiat et visible pour la population. Parallèlement, des programmes de formation,
accompagnés de mesures à l’intention des petites et moyennes entreprises, aideront non
seulement à stimuler l’entrepreneuriat, mais permettront aussi de mieux faire correspondre les
compétences de la main d’œuvre centrafricaine aux besoins du secteur privé.

Ces mesures donneront lieu à de plus amples opportunités et favoriseront l’inclusion,


Particulièrement celle des populations vulnérables mais aussi des jeunes éduqués, qui sont
gravement touchés par le chômage et le sous-emploi, ce qui accentuera la stabilité.

La mise en œuvre du cadre mixte de concertation pour l’amélioration des affaires, une
plateforme de dialogue public-privé, sera parachevée. La nouvelle stratégie nationale de
microfinance sera mise en œuvre et s’efforcera particulièrement de professionnaliser les
institutions de microfinance, en étendant leur présence géographique en dehors de Bangui et
en élargissant leur offre de produits, et en améliorant la connaissance du sous-secteur,
notamment des clients et des acteurs humanitaires qui y interviennent. Le processus de
création d’entreprise et les procédures d’accès à des permis seront facilitées, notamment en
renforçant le « guichet unique » à Bangui et dans tout le pays. Le coût de l’activité
commerciale sera réduit en sécurisant mieux l’axe Bangui- Douala, tout en procédant aux
réformes du secteur judiciaire et en investissant dans la remise en état des infrastructures. La
plateforme de dialogue public-privé poursuivra ses travaux et les réformes proposées seront
introduites pour améliorer le climat des affaires en RCA. Les petites et moyennes Entreprises
bénéficieront d’un appui permettant de renforcer leurs capacités administratives, comptables
et de gestion, avec pour résultat un accroissement de leur performance. Le cadre juridique du
secteur financier sera amélioré, ce qui permettra de mettre en place un fonds de garantie, une
banque de crédit agricole et une institution de crédit-bail, tout en poursuivant la mise en

210
https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/---
ifp_skills/documents/genericdocument/wcms_742221.pdf

109
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

œuvre de la stratégie de microfinance et en renforçant l’intégration de ce sous-secteur dans Le


secteur financier. L’enseignement technique et la formation professionnelle (ETFP) seront
rehaussés et l’entrepreneuriat sera soutenu pour garantir une transition fluide vers le marché
du travail, afin de maximiser l’utilisation du capital humain disponible pour stimuler la
croissance du secteur privé.

Une nouvelle politique d’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle 211 sera


formulée et les centres d’ETFP existants seront réhabilités. Des programmes d’emplois de
courte durée seront conjugués à une formation technique et à l’entrepreneuriat accélérée, à
l’intention des jeunes déscolarisés. L’adoption de démarches diversifiées sera encouragée, en
réponse à la diversité des besoins en milieux rural et urbain, comme relevé par l’enquête
auprès des communes.

La mise en œuvre de la Politique nationale de l’emploi et le renforcement des organes


d’intermédiation donneront une cohérence à l’ensemble. De nouveaux programmes
pédagogiques, plus adaptés au marché du travail, seront élaborés, les formateurs recyclés et de
nouveaux supports didactiques seront distribués. De nouveaux centres d’ETFP, axés sur les
grappes de croissance de la RCA, seront construits. Les programmes d’entrepreneuriat seront
étendus de sorte à absorber une portion significative des 600 000 jeunes marginalisés.

Par ailleurs, la fin du conflit ne signifie pas automatiquement l’établissement de la paix. Les
212
infrastructures sont souvent dévastées, de nombreuses personnes ont été déplacées de force
et brutalisés de diverses manières, la confiance dans les institutions publiques est au plus bas,
l’économie doit être reconstruite. Sans réformes et soutien, les sociétés comme les États
peuvent continuer à souffrir longtemps des conséquences de la violence armée. Tout l’enjeu et
la difficulté de la reconstruction post-conflit est de permettre la stabilisation d’une société
pour lui éviter de replonger dans le conflit, ce qui nous permettra d’aborder
l’accomplissement des acteurs de la reconstruction de post crise.

Section 2 : Les enjeux de la reconstruction

211
L'enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) ont pour objet l'acquisition de
connaissances et de compétences pour le monde du travail.
212
Dans La guerre et la paix (2020), pages 401 à 41

110
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Le défi est de concilier les différents acteurs, domaines et échelles de la reconstruction pour
mettre en place une structure sociale qui pérennise la paix. La reconstruction doit être portée
par un projet de société.213

En effet, la RCA est souvent qualifiée d’Etat fantôme214,au fil des tutelles coloniales,
néocoloniales et régionales, l’Etat ne s’est jamais vraiment construit et ceux qui ont gouverné
le pays se sont imposés par la force. La corruption et l’accaparement des ressources par le
pouvoir ont empêché le développement de toute capacité institutionnelle et la crise de 2012 a
conduit à une véritable catastrophe humanitaire. Depuis, le pays est sous perfusion. Mais
aujourd’hui, la communauté internationale fait pression sur le gouvernement de transition
pour mener les élections à terme, qu’elle considère comme la fin du processus de sortie de
crise.

Nous exposerons premièrement le concept de la reconstruction de l’Etat (paragraphe I), avant


de faire une présentation en deuxième lieu de l’esquisse du défi de cette reconstruction au
(paragraphe II).

1.8 Paragraphe1 : le concept de reconstruction de l’État

Dans sa définition, le terme « reconstruction » se réfère à l’action de reconstruire qui peut à la


fois signifier « rétablir dans son état originel » et « imaginer quelque chose autrement » (Le
Petit Larousse illustré). Il est en tous les cas communément liés au temps d’après le conflit.
Cela semble logique ; le conflit évoque la destruction quand le post-conflit s’attèle à
reconstruire. Cette notion paraît alors prendre sa place dans le schéma urgence / post-urgence-
réhabilitation / développement. Cette configuration rapprocherait la période de post-urgence /
réhabilitation de la notion de reconstruction.

Par ailleurs, la reconstruction ne relève pas des mesures coercitives du Conseil de sécurité qui
au nom de la préservation de la paix internationale peuvent affecter la souveraineté de l’Etat.
Les exigences liées à la souveraineté sont donc présentes dans l’action de reconstruction et
l’Etat, la RCA en l’occurrence, a un rôle majeur à jouer dans les orientations à prendre pour
son relèvement. Cette présence de « l’Etat souverain » favorise le respect du principe dit de «
l’appropriation nationale ».

213
https://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-923_fr.html
214
République Centrafricaine : anatomie d’un État fantôme, rapport ICG, décembre 2007.

111
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Néanmoins, la RCA ne peut assurer sa reconstruction seule. Par conséquent, tout en


examinant l’application du principe de l’appropriation nationale qui garantit la maitrise de la
reconstruction par les autorités nationales (A), nous verrons que le rôle de la communauté
internationale revêt une grande importance bien que subsidiaire à la responsabilité des
autorités centrafricaine (B).

A. Le principe de l’appropriation nationale dans la reconstruction l’État

Appropriation nationale et souveraineté : Comme relevé auparavant, le principe de


l’appropriation nationale conforte le statut de l’Etat souverain. Jusqu’à présent, on n’a pas
observé en droit international une pratique qui conduirait le Conseil de sécurité à ignorer la
souveraineté d’un Etat, en dehors des mesures coercitives régies par Chapitre VII de la Charte
des Nations Unies. Le Professeur Serge Sur relève toutefois que « L’affaiblissement d’un Etat
tend à transformer ses problèmes internes en problèmes internationaux »215.

Dans certaines situations comme au Timor oriental, au Kosovo, en Somalie ou en


Afghanistan, les Nations Unies sont parfois allées jusqu’à exercer les fonctions régaliennes de
l’Etat. Les responsabilités de l’Administration Transitoire des Nations Unies au Timor
Oriental (ATNUTO) l’ont ainsi conduit à administrer le territoire et exercer les pouvoirs
législatifs et exécutifs durant la période de transition. La situation est toutefois différente en
Centrafrique qui dispose d’autorités politiques, quoique de transition216. C’est donc à ces
autorités nationales par intérim qu’il revient d’exprimer la souveraineté centrafricaine.

Le Conseil de sécurité, en ce sens, rappelle dans toutes ses résolutions « son ferme
217
attachement à la souveraineté de la RCA », et la nécessité de voir le processus de
reconstruction « sous la prééminence de la RCA218 ».

De façon plus explicite, il insiste : « sur le fait que c’est aux autorités centrafricaines qu’il
incombe au premier chef de régler les crises interdépendantes auxquels le pays doit faire face,
et qu’un règlement durable de la crise malienne ne peut être trouvé que sous la prééminence

215
S. SUR, « Sur quelques tribulations de l’Etat dans la société internationale », RGDIP, n° 97, 1993, p. 894.
216
S/RES/1272 (1999), du 22 octobre 1999, § 2.
217
S/RES/2127 (2013), du 25 avril 2013, § 2 du préambule ; Le Conseil réaffirme également que « c’est aux
autorités de transition Centrafricaines qu’il incombe au premier chef de protéger les civils en RCA », § 24
218
S/RES/2127(2013), § 21 du préambule.

112
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

de la RCA du préambule 219


». Lors de l’examen du dispositif de consolidation de la paix de
l’ONU en 2010, les Co-facilitateurs relevaient que :

« La maitrise nationale n’est pas quelque chose qui est juste souhaitable ou politiquement
correct ; elle est un élément incontournable, absolument essentiel, pour que la consolidation
de la paix ait une chance de s’enraciner 220
». De son côté, l’Union africaine, dans le cadre de
la Reconstruction et du développement post-conflit (RDPC) relève que le principe
d’appropriation nationale et locale « est essentiel pour s’assurer que les activités de la RDPC
correspondent aux besoins et aspirations locales 221».

L’appropriation nationale de Centrafrique se manifeste d’abord par le fait que ce sont les
autorités centrafricaines elles-mêmes qui ont élaboré la Feuille de route de Transition222. La
reconstruction de l’Etat centrafricain se fait donc sur la base de cette Feuille de route élaborée
par le Gouvernement centrafricain, à l’issue d’un processus participatif de concertation des
forces vives de la Nation centrafricaine, y compris notamment les regroupements politiques et
les organisations de la société civile, avant d’être approuvée à l’unanimité par le Parlement
centrafricain.

Les éléments principaux de cette Feuille de route concernent le rétablissement de l’intégrité


du pays par la reconquête du Nord et l’organisation d’élections générales, libres, transparentes
et crédibles.

Par ailleurs, un certain nombre de défis est également identifié dans la Feuille de route : le
bon fonctionnement des institutions sur l’ensemble du territoire, l’établissement d’un climat
de paix et de sécurité, la restauration de l’Etat de droit, la lutte contre la corruption 223, le
népotisme224, l’exclusion et l’impunité, la préparation de l’après-guerre et du retour des
déplacés et réfugiés, enfin, le rétablissement de la cohésion sociale et la concorde entre les
communautés. Ces priorités ont été établies par les autorités centrafricaine elles-mêmes, certes

219
S/RES/2085 (2013), § 13 du préambule.
220
A/64/868 – S/2010/393, § 17
221
A/64/868 – S/2010/393, § 17
222
Dans sa résolution S/RES/2085 (2013), § 1, le Conseil de sécurité avait engagé les autorités centrafricaines à
finaliser cette Feuille de route comme le voulait l’Accord-Cadre signé le 6 Avril 2011 sous les auspices de la
CEEAC.
223
Jere Lehtinen, Giorgio Locatelli, Tristano Sainati, Karlos Artto et Barbara Evans, « Le grand défi : Mesures
anti-corruption efficaces dans les projets », International Journal of Project Management, vol. 40, no 4, 1er mai
2022, p. 347–361
224
Le népotisme est la tendance de certains supérieurs ecclésiastiques, évêques et papes, et par extension de
certains dirigeants d'autres institutions, à favoriser l'ascension des membres de leur famille, ou plus généralement
de leur cercle rapproché, dans la hiérarchie qu'ils dirigent, au détriment des processus de sélection ordinaires
basés sur le mérite.

113
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

avec l’aide de la communauté internationale mais le choix définitif des orientations est revenu
aux autorités maliennes. L’appropriation du processus de reconstruction suppose cependant
un renforcement des capacités centrafricaine.

Renforcement des capacités nationales : L’une des erreurs observées dans les processus de
reconstruction de l’Etat au lendemain d’une crise consistait à apporter des compétences
internationales au détriment des compétences locales. Offrir une grande place aux
compétences nationales permettra aux centrafricains de poursuivre le travail entamé avec
l’aide des acteurs internationaux après le départ de ces derniers. Le secrétaire général le
relevait dans son rapport du 11 juin 2009 montrant qu’il est capital de commencer à renforcer
les capacités nationales immédiatement après le conflit.

« Le fait de négliger cet aspect empêche les acteurs nationaux de prendre en charge le
relèvement de leur pays et limite l’obligation de résultat de l’Etat à l’égard de la population
».225 Les compétences internationales ne doivent donc être sollicitées que quand il y a défaut
au niveau national. En ce sens ; il est nécessaire que la communauté internationale intervienne
dans reconstruction d’un État post crise.

B. Le rôle de la communauté internationale pour la


reconstruction de l’Etat

Sur le plan de l’aide internationale, la sortie de crise centrafricaine est synonyme de transition
entre l’aide d’urgence et l’aide au développement, avec une action qui doit être menée
conjointement par les forces armées, les civils des missions internationales et ceux des ONG.
Cela se traduit d’abord par le retrait progressif des forces armées. Déjà, la mission de l’Union
européenne, l’EUFOR, a quitté le territoire mars 2015 et la France a réduit ses effectifs
militaires à 900 hommes. Sa mission doit s’achever sur un bilan positif puisque, comme prévu
dans son mandat, elle a permis au pays de retrouver un niveau de sécurité minimum, préparant
le terrain pour le déploiement de la MINUSCA et le retour des ONG.

Les hommes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la


stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) sont arrivés en Centrafrique en
septembre 2014, avec un mandat plus élargi, comprenant des missions de protection des
civils, d’appui à la transition, à l’aide humanitaire, à la justice et au programme de DDR.
Cependant, ils peinent à assurer la stabilisation du pays en raison des groupes armés qui

225
Voir la resolution A/64/868 – S/2010/393, § 19.

114
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

continuent de défier les forces de maintien de la paix, comme en témoignent les accrochages
qui ont lieu régulièrement avec des groupes armés. En dehors de la capitale, nombreux sont
les bandits et les criminels qui continuent à agir en toute impunité, commettant braquages et
extorsions sur les populations et les ONG.226

Il est difficile de distribuer l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire alors que plus de
2,7 millions de personnes en dépendent. L’an dernier, l’Union européenne a créé le Fonds
Békou, qui est le premier fond fiduciaire européen devant permettre une meilleure articulation
entre les actions d’urgence et de développement. Dans ce cadre, plusieurs chantiers à haute
intensité de main-d’œuvre ont déjà été lancés.

L’Agence française de développement a, par exemple, piloté des travaux de rénovation


urbaine dans certains quartiers de Bangui. L’intérêt de tels projets est qu’ils créent des
emplois rémunérés et contribuent à la fois à la stabilisation sécuritaire et au redémarrage
économique du pays.227 Cependant, les sources de financements sont encore largement
insuffisantes. Sur les 415 millions de dollars jugés nécessaires par l’ONU à l’aide pour la
Centrafrique en 2015, seuls 17,9 millions ont été versés au Fonds humanitaire commun en
RCA.228 De plus, la longévité des emplois créés reste souvent limitée à la durée de vie des
projets de développement.

Malgré la création d’outils innovants comme le Fonds Békou et les doctrines institutionnelles
internationales qui soulignent le lien fondamental qui existe entre sécurité et
développement229, militaires, humanitaires et bailleurs de fonds peinent à se coordonner,
notamment en raison de la rigidité des mandats des forces internationales. À la lecture de ces
derniers, les opérations EUFOR et Sangaris sont des succès. Pourtant, il a fallu attendre quatre
mois avant que l’UE n’intervienne en RCA, à l’appel de la France, en décembre 2013. 230
Quant à la France, elle réduit ses effectifs au moment de la préparation des élections, alors
que de nombreux problèmes sécuritaires entravent encore le processus électoral. Enfin, il
revient à la MINUSCA d’assister l’Etat dans le redéploiement de son autorité. Cependant, il
faudrait préalablement rétablir la situation sécuritaire et désarmer les miliciens. Or, sans

226
« Too soon to turn away », International Rescue Committee, July 2015 ; « Malgré le chaos, la Centrafrique
prépare les élections », Le Monde, 24 août 2015.
227
Thierry Vircoulon et Charlotte Arnaud, Penser et anticiper les impacts socio-économiques de l’intervention
humanitaire en République centrafricaine, IFRI, 2 juillet 2015.
228
Données OCHA.
229
Voir le manuel de l'OCDE-CAD sur la réforme des systèmes de sécurité (avril 2008) et le rapport annuel de la
Banque mondiale « Conflits, sécurité et développement » (2011).
230
Les premiers hommes de l’EUFOR RCA arrivent en Centrafrique le 5 avril 2014. Général Thierry Lion à la
conférence Minerve « La RCA : situation et avenir », 24 septembre 2015.

115
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

financement supplémentaire de la part des bailleurs internationaux, la politique de


désarmement relève de la mission impossible. Finalement, l’absence d’une stratégie de sortie
de crise coordonnée de la part des acteurs internationaux avant la tenue des élections, revient
à laisser reposer tous les efforts sur le prochain gouvernement.

En ce qui concerne le dialogue républicain et les élection 2024 ; Aider les231 autorités
centrafricaines à donner suite aux recommandations de 2022 issues du Dialogue républicain et
à préparer et organiser des élections locales libres, régulières et pacifiques en 2024 et 2025, se
déroulent de manière transparente, crédible, pacifique et dans les délais fixés, comme énoncé
dans le préambule et au paragraphe 8 de la présente résolution, en leur offrant ses bons
offices, y compris en favorisant le dialogue entre tous les acteurs politiques, avec la
participation pleine, égale et véritable des femmes, des jeunes, des personnes revenues au
pays, des déplacés et des réfugiés, afin d’apaiser les tensions durant la période électorale, ainsi
qu’en fournissant un appui sur les plans opérationnel, logistique, de la sécurité et, le cas
échéant, technique, en particulier de manière à faciliter l’accès aux zones reculées, et en
coordonnant l’assistance électorale internationale avec le Programme des Nations Unies pour
le développement et d’autres partenaires internationaux .

Quant à la question de justice ; Les groupes armés qui ont commis des exactions en RCA ont
toujours bénéficié de lois d’amnistie. Pourtant, les consultations populaires menées en amont
du forum de Bangui ont fait ressortir que les principales attentes de la population étaient la
condamnation des acteurs responsables de la crise et la réparation des victimes.
L’administration de la justice pendant la période de transition doit donc mettre fin à
l’impunité. Cela doit, en premier lieu, passer par la réhabilitation du système judiciaire et
policier.

En effet, de nombreuses infrastructures comme le palais de justice, les tribunaux et les prisons
ont été saccagées pendant la crise et doivent être reconstruites. Du côté de la police, quelques
progrès ont été réalisés à Bangui. Cinq commissariats jusqu’alors occupés par les Anti-balaka
ont été rouverts au mois de juin et les forces de police ont reçu une formation par des
instances internationales. Cependant, on ne compte que 1500 policiers, appuyés par la
Gendarmerie, alors qu’il en faudrait 30 000 sur l’ensemble du territoire. La MINUSCA prend
également part à la mission de reconstruction de l’Etat, en soutenant des programmes de
réhabilitation des secteurs de la justice et de la police républicaine centrafricaine. Dans ce

231
S/RES/2709 (2023).

116
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

cadre, elle a inauguré, le 15 juillet, à Bria, les nouveaux locaux de la Préfecture de la Haute-
Kotto. De même, elle prévoit de réhabiliter le commissariat de police, la brigade de
gendarmerie, ainsi qu’une prison provisoire.232

Actuellement, seule la prison de Ngaragba tient encore debout mais elle est surpeuplée. Il est
donc important de redéployer les magistrats sur le territoire car ils peuvent désengorger le
système carcéral dans lequel sont détenues un trop grand nombre de personnes arrêtées pour
des délits de droit commun. En parallèle, la Commission Justice, vérité, réparations et
réconciliations doit commencer son travail de recensement et d’examen des crimes et des
exactions commis sur le territoire centrafricain, en distinguant ceux dont les auteurs doivent
être traduits en justice et ceux pouvant faire l’objet de simples réparations (dédommagements
ou travaux d’intérêts généraux), afin d’induire les effets de contrition et de réconciliation
intercommunautaire.

En ce qui concerne les crimes graves, Catherine Samba Panza a promulgué la loi organique
sur l’institution de la Cour Pénale Spéciale (CPS) le 3 juin 2015, cette cour spéciale sera un
tribunal mixte au sein du système judiciaire national.

Elle sera présidée par un juge centrafricain, composée de magistrats nationaux et


internationaux et assistée d’une unité de police judiciaire. Elle sera chargée de juger les
violations graves des droits humains et les violations graves du droit international humanitaire
commis sur le territoire centrafricain depuis le 1er janvier 2003. Elle doit permettre de
compléter le travail de la CPI, qui a ouvert une enquête en septembre 2014 sur les crimes
commis en Centrafrique, mais seulement depuis 2012. Cependant, les sources de
financements sont encore insuffisantes et dépendent des bailleurs internationaux, ce qui laisse
penser qu’il faudra encore du temps avant que la CPS ne soit vraiment effective. La lutte
contre l’impunité est un combat de longue haleine qui se prolongera au-delà de la période de
transition politique.

Dans cette optique ; ce passage de la communauté internationale qui a joué un rôle important
dans ce processus en fournissant une l’aide financière et technique dont celui-ci avait besoin
pour sortir de la ruine dans laquelle le conflit l’avait plongé. En ce sens ; il est primordial
d’examiner le défi de la reconstruction de l’Etat centrafricain.

232
« Centrafrique : la préfecture, le commissariat et la gendarmerie de Bria réhabilités », Journal de Bangui, 16
juillet 2015.

117
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

1.9 Paragraphe 2 : Les négociations pour une sortie de crise

Depuis quelques mois, la violence s’accroit et atteint des niveaux comparables à ceux
observés en 2014. Une normalisation totale de la situation sécuritaire en RCA n’est pas
envisageable dans un avenir proche et un accord de paix solide pourrait mettre du temps à se
dessiner. Dans ce contexte, la tentation est grande d’adopter des solutions de facilité qui
pourraient s’avérer problématiques sur le long terme.

Il est toutefois possible de faire quelques progrès, même limités, en adoptant une double
approche qui permette de traiter, en parallèle du désarmement des groupes armés, les causes
plus structurelles du conflit sur lesquelles des actions concrètes peuvent être engagées. C’est
le cas par exemple de la transhumance et des conflits entre agriculteurs et éleveurs, qui
intéressent à la fois les autorités tchadiennes, camerounaises, soudanaises, congolaises et
centrafricaines.

Ces sujets peuvent permettre d’impliquer les autorités centrafricaines et d’obtenir le concours
des voisins dans une stratégie « gagnant-gagnant ». Par ailleurs, sur la question des groupes
armés, favoriser une solution négociée avec les rebelles implique de regagner en amont de
l’influence sur les parties au conflit.

Cela pourrait se faire à travers une lutte efficace contre l’économie de guerre (A)mais aussi en
prenant des engagements forts vis-à-vis de régions dont les populations éprouvent de la
méfiance, voire de l’hostilité, à l’égard des pouvoirs successifs (B).

A. Traiter la question des groupes armés

Face à l’épineuse question des groupes armés233, les autorités et leurs partenaires sont dans
une double impasse, militaire et politique. En effet, la capacité des forces internationales à
imposer un rapport de force aux groupes armés pour les inciter à négocier est limitée et le
demeurera sans doute à l’avenir. Le redéploiement précipité des forces armées centrafricaines
ne changerait rien à cette réalité234. Même avant la crise, le territoire centrafricain recevait
l’appui militaire de sept puissances étrangères. De plus, les autorités n’ont pas grand-chose à
proposer politiquement aux groupes armés qu’ils soient en mesure d’accepter et les initiatives
de l’Union africaine et de Sant’Egidio, même partant d’une bonne intention, ont parfois eu

233
Le terme « groupe armé » sert à désigner un groupe qui n'a pas le statut d'État mais qui a la capacité de
générer un niveau de violence préoccupant du point de vue humanitaire.
234
« La reconstitution de l’armée centrafricaine : un enjeu à hauts risques », op. cit.

118
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

des effets contreproductifs : elles tendent à radicaliser les demandes de ces groupes plutôt
qu’à les modérer.

Les autorités, avec l’aide de leurs partenaires, doivent prendre acte des blocages actuels et
éviter de concentrer toute leur énergie sur la réalisation d’un programme DDRR souhaitable
mais hypothétique. Comme l’a déjà recommandé Crisis Group, il est temps d’adopter une
politique qui réduise l’attrait de l’économie criminelle et des groupes armés, notamment pour
les jeunes, et qui allie mécanismes de pression et d’incitation pour les dirigeants des
groupes235.

1. S’attaquer aux finances des groupes armés

Il s’agit d’abord de lutter contre les trafics les plus rémunérateurs, car cette prédation est au
cœur de l’agenda personnel des chefs des groupes armés depuis quinze ans. Jusqu’ici, le
mandat des Casques bleus reste flou sur la question des trafics puisque la résolution 2301 du
Conseil de sécurité prévoit seulement « d’aider les autorités centrafricaines à élaborer une
stratégie nationale de lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles236 et les
réseaux de trafiquants qui continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en
République centrafricaine ». Or, aucun progrès ne peut être réalisé sur ce terrain sans une
implication plus directe des forces internationales. Alors que le mandat de la Minusca devra
être renouvelé en novembre 2017, des missions précises devraient être assignées à ses
contingents pour tarir ces réseaux. C’est une condition nécessaire pour que les forces
internationales puissent regagner de l’influence sur les parties au conflit.

La reprise, par les forces internationales, des principaux sites miniers que se disputent les
groupes armés à l’Est, présenterait plusieurs avantages. Associée à un retour du personnel de
l’administration minière centrafricaine et à une relance du mécanisme de certification du
processus de Kimberley pour les diamants issus de ces zones, cette reprise permettrait de
priver les groupes armés de cette manne financière mais aussi, peut-être, d’éroder le soutien
des acteurs du diamant, qui figurent parmi les principaux commerçants et notables des villes
minières de l’Est, aux groupes de l’ex-Seleka. Une relance contrôlée du commerce pourrait
redonner du travail aux jeunes, relancer l’économie locale et désolidariser les acteurs
économiques des groupes armés. Il importe aussi de limiter d’autres formes de trafic,
notamment de bétail, à travers une coopération plus étroite avec les pays voisins, dont le

235
Voir le rapport Afrique de Crisis Group N°219, La crise centrafricaine : de la prédation à la stabilisation, 17
juin 2014.
236
S/RES/2693 (2023)

119
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Cameroun, qui constitue une des filières d’écoulement du bétail volé en RCA. En mai 2017,
les ministres de la Défense camerounais et centrafricains évoquaient l’idée d’une commission
militaire conjointe pour la sécurisation des frontières. Un travail de renseignement et de police
doit également être envisagé pour démanteler ces filières, notamment en surveillant les
marchés frontaliers avec des propriétaires de bétail volé237. Les Casques bleus devraient se
voir confier la mission de surveiller les points frontaliers connus où le bétail centrafricain et
tchadien volé entre en territoire voisin.

2. Un mélange de pressions et d’incitations

La politique menée à l’égard de ces groupes doit également comprendre des mesures de
contrainte et des incitations. Les avancées lors des négociations passées, que ce soit lors de
l’accord de Birao en 2007 ou de Libreville en 2013 ont d’abord été le fruit de pressions et de
rapports de force institués238. Le travail des forces spéciales portugaises de la force de réaction
rapide a été salué dans le cas de Bambari. Il faut aujourd’hui renforcer la Minusca. Un nouvel
effort de génération de troupes doit être consenti très rapidement pour obtenir le déploiement
d’autres contingents capables d’exercer une pression similaire sur les acteurs du conflit.

Pourtant, même une pression militaire plus forte sera insuffisante. Si elle peut faire infléchir
les groupes relativement organisés comme les factions de l’ex-Seleka, les groupes comme les
anti-balaka, plus éparpillés, moins facilement reconnaissables et davantage mêlés à la
population, sont plus difficiles à atteindre. Il est donc indispensable d’identifier les dirigeants
locaux et les anciens FACA qui poussent ces groupes à agir et d’arrêter ceux, bien connus à
Bangui, qui tiennent un double langage aux autorités et aux Nations unies. Cette capacité de
renseignement et d’arrestation rapide à la suite d’exactions est essentielle pour éviter le chaos.
Conformément à sa résolution 2301 du 26 juillet 2016, le Conseil de sécurité devrait redonner
à la Minusca l’ordre et les moyens d’arrêter les seigneurs de guerre qui continuent de
perpétrer des attaques.

En parallèle, des incitations devraient être données aux groupes armés pour sortir de la crise.
Au-delà de l’intégration d’un nombre limité de miliciens dans l’armée, la possibilité, pour des
cadres de ces groupes, de jouer un rôle plus politique, non pas au niveau national mais au

237
Le ministre centrafricain de la Défense nationale a effectué une visite au Cameroun du 17 au 19 avril 2017
pour y rencontrer son homologue camerounais. « Joseph Yakété visite les structures de Défense et le musée
national », Cameroun Radiotélévision (CRTV), 17 avril 2017.
238
En 2007, la signature de l’accord de Birao par Zacharia Damane faisait suite à l’intervention des forces
françaises à Birao, laquelle a malheureusement été suivie d’exactions commises par l’armée centrafricaine. Les
accords de Libreville en janvier 2013 étaient le fruit d’une forte pression du Tchad.

120
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

niveau local, pourrait être au menu des discussions. Cette reconversion en acteurs politiques
locaux pourrait les amener à jouer un rôle plus positif.239

Ce système ne pourrait fonctionner qu’à plusieurs conditions. Un mécanisme de vérification


(vetting) devrait être mis en place pour éviter de propulser les dirigeants les plus sanglants
dans le processus politique, même local. Un programme de formation adapté devrait ensuite
être conçu pour que des cadres identifiés puissent devenir des administrateurs civils. L’Etat
qui les nomme devrait avoir le pouvoir de les sanctionner et les arrêter s’ils maintiennent leurs
activités criminelles.

B. Rebâtir une meilleure relation saine entre périphéries, Bangui et


voisins
Par le passé, les groupes armés ont tiré parti non seulement de l’absence d’Etat, mais aussi de
son incapacité à agir dans les périphéries autrement que par la répression aveugle, suscitant
une défiance importante des populations. Les exactions commises par la garde présidentielle
240
de Bozizé contre les Gula en 2006 sont restées dans les mémoires.

Il faudra, pour réduire l’influence des groupes armés, prendre des mesures concrètes à l’égard
des populations, sans négliger les multiples lignes de fracture qui minent les communautés du
Nord. La tâche ne sera pas aisée. Dans l’est du pays, le parcours politique de Touadéra,
anciennement Premier ministre de Bozizé et vice-président de son parti, le Kwa Na Kwa et la
présence de nombreux soutiens de l’ancien président dans ses rangs, suscitent la méfiance
d’une partie de la population. La récente levée du contrôle judiciaire de Jean-Françis Bozizé,
fils de François Bozizé et ancien ministre de la Défense, ne fait que conforter la perception de
cet héritage politique.241

Pour bâtir une meilleure relation entre la capitale et l’Est du pays, le gouvernement ne pourra
donc pas se contenter de redéployer quelques fonctionnaires, le plus souvent dépourvus
d’autorité. Il devra proposer et assumer une vraie rupture avec les politiques menées par les
régimes précédents. Si l’instauration de jours fériés musulmans et les multiples voyages du
président en province sont des étapes positives, il lui faudra aller bien au-delà. Alors qu’un
projet de code des collectivités territoriales et des circonscriptions administratives doit être

239
Mahamat Zacharia, l’un des dirigeants les plus influents de l’ex-Seleka, longtemps chef de l’UFDR, a
d’ailleurs été conseiller municipal à Gordil au début des années 2000.
240
Entretiens de Crisis Group, acteurs de la société civile, commerçants, Bria, décembre 2016 ; et lire « Etat
d’anarchie, rébellions et exactions contre la population civile », Human Right Watch (HRW), septembre 2007.
241
« Francis Bozizé mettra fin à son contrôle judiciaire le lundi prochain », Réseau des journalistes pour les
droits de l’Homme – Centrafrique (RJDH), 5 mai 2017.

121
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

voté à la rentrée parlementaire, l’absence de moyens de fonctionnement suffisants pour opérer


une véritable déconcentration, c’est-à-dire une délégation de compétences à des institutions
locales, risque de créer des frustrations.

Face au déficit de représentation des musulmans, des règles devraient être élaborées pour
favoriser la diversité géographique et communautaire des recrutements dans la fonction
publique.

Face au déficit de représentation des musulmans, des règles devraient être élaborées pour
favoriser la diversité géographique et communautaire des recrutements dans la fonction
publique. La formation d’une nouvelle élite administrative dans des domaines majeurs comme
les travaux publics, la finance et la sécurité doit être un chantier prioritaire. Le gouvernement
et les principaux bailleurs de la RCA devraient mettre en œuvre un tel programme, dispenser
ces formations à Bangui mais aussi en province et veiller à ce que des musulmans en
bénéficient.

La réforme de la nationalité faisait déjà partie des recommandations du dialogue politique


inclusif de 2008. Le médiateur de l’époque, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, à la
demande d’Abakar Sabone, avait même souhaité que la lutte contre toute forme de
discrimination religieuse figure dans l’accord242, Mais des discriminations notoires persistent,
par exemple sur la délivrance de papiers d’identité. Il s’agit donc d’œuvrer à la reconstitution
de l’état civil y compris dans les quartiers musulmans. Le message des autorités doit être clair
les musulmans sont centrafricains et ont toute leur place dans l’espace national.

En outre, en plus des réformes de fond, des mesures symboliques devraient être prises.
L’organisation de la fête nationale du 1er décembre dans le Nord-Est aurait pour effet
d’arrimer cette région à l’espace national, ce qui aurait certainement des répercussions
politiques positives. Le président pourrait également faire preuve de courage politique et
reconnaitre, au nom de l’Etat, les crimes commis par ses prédécesseurs dans le Nord-Ouest et
l’Est du pays afin de tirer un trait sur le passé et d’ouvrir une nouvelle page. Au cours du
dialogue politique inclusif, Patassé avait présenté des excuses, même si le contexte politique
était différent car Bozizé était au pouvoir. 243 En ce qui concerne les voisins de la RCA, cas de
transhumance, la rédaction d’un nouvel accord de paix ou l’organisation d’un dialogue

242
La réforme de la nationalité faisait déjà partie des recommandations du dialogue politique inclusif de 2008.
Le médiateur de l’époque, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, à la demande d’Abakar Sabone, avait même
souhaité que la lutte contre toute forme de discrimination religieuse figure dans l’accord
243
Ibid.

122
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

politique inclusif nécessitent en amont de bâtir des coopérations solides entre Bangui et ses
voisins. Certains sujets comme les conflits liés à la transhumance, qui ont explosé depuis le
début de la crise, pourraient permettre, s’ils sont bien traités, de créer une partie du socle
d’intérêts communs nécessaire à la réussite d’un processus de sortie de crise. De surcroît,
plusieurs groupes armés comme l’UPC et « Retour, réclamation et réhabilitation » (3R), 244
créé fin 2015 et évoluant à l’ouest de la RCA, ont fait de la protection des éleveurs un élément
important de leur agenda, développant même un certain nombre de propositions pour
cartographier les couloirs de transhumance et recréer un corps d’archers pour protéger le
bétail245. Progresser sur ces sujets permettrait de contenir les actions de ces groupes plus
efficacement que les concessions politiques et financières habituelles.

Tous les voisins de la RCA ont intérêt à ce que les relations entre les éleveurs et le reste de la
population s’apaisent. Le Cameroun, où est écoulé le bétail issu du trafic pratiqué du côté
centrafricain de la frontière, compte désormais de très nombreux réfugiés peuls centrafricains.
La plupart de ces réfugiés sont des éleveurs dont un grand nombre ont perdu leurs bêtes lors
d’affrontements violents.

Les transhumances soudanaises en RCA sont également violentes, elles provoquent


régulièrement des affrontements dans la préfecture de la Vakaga et contribuent à la
militarisation du Nord-Est. Enfin, dans la province orientale de la République démocratique
du Congo, de nombreux Peul sont venus de RCA dans les années 2000 et des conflits se
multiplient avec les populations locales dans les districts du Haut et du Bas-Uélé, forçant
même les autorités de Kinshasa à intervenir, par l’intermédiaire du Premier ministre246

De son côté, N’Djamena est depuis longtemps préoccupé par les vols de troupeaux tchadiens
sur le territoire centrafricain. A plusieurs reprises, Idriss Déby avait ainsi reproché au
président Bozizé son inaction face aux coupeurs de route. Le passage régulier de soldats
tchadiens chargés de régler des litiges impliquant des éleveurs sur le territoire centrafricain
témoigne de ces préoccupations.247 Si le dialogue avec les groupes armés s’enlise, Tchadiens
et Centrafricains peuvent travailler de concert sur le sujet concret de la transhumance. Il est

244
Le groupe 3R est dirigé par le général autoproclamé Sidiji Abass et est créé au départ pour protéger les
populations peules prises pour cibles par les milices anti-balaka. Depuis, le groupe 3R a commis un grand
nombre d’exactions sur des civils dans la zone frontalière avec le Cameroun.
245
« Rencontre de Malloum entre Ali Darassa et les chefs traditionnels des éleveurs et des agriculteurs »,
communiqué, déclaration de Malloum, 8 septembre 2016 à la radio ndeke Luka.
246
Voir le rapport Afrique de Crisis Group N°215, Afrique centrale : les défis sécuritaires du pastoralisme, 1er
avril 2014.
247
Entretien de Crisis Group, expert militaire, Bangui, juin 2017.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

essentiel de relancer les initiatives bilatérales sur cette question, nées en 2012 dans le cadre de
la commission mixte tchado-centrafricaine, mais abandonnées avec la crise.

Plus largement, la Communauté économique du bétail, de la viande et des ressources


halieutiques (Cebevirha)248 et le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale
249
(UNOCA) devraient se saisir de ce dossier et organiser un forum régional pour tenter de
250
pacifier les mouvements de transhumance transfrontaliers.

En RCA, un soutien fort à la Fédération nationale des éleveurs centrafricains et un travail en


synergie avec les fédérations tchadiennes de l’élevage devraient également être tentés pour
informer les transhumants tchadiens sur les itinéraires à privilégier et les zones agricoles à
éviter. On pourrait même imaginer à terme qu’elles accompagnent ensemble les transhumants
à certains niveaux et servent d’interface entre eux et les autorités locales centrafricaines.

Si les autorités centrafricaines et la communauté internationale veulent donner un nouveau


souffle aux médiations en cours, elles doivent se ressaisir du dossier de la transhumance, pour
construire un consensus et s’attaquer aux causes plus structurelles du conflit.

248
La Cebevirha est l'une des institutions spécialisées de la CEMAC. Née de la volonté politique des Etats, elle
est chargée de conduire et de développer des activités de l'élevage, de la pêche et de l'aquaculture afin de lutter
efficacement contre la pauvreté.
249
Le soutien de l'UNOCA reste intact. Conformément à son mandat, le Bureau régional des Nations Unies pour
l'Afrique centrale est chargé de mobiliser des acteurs sous-régionaux en vue d'un appui au processus de paix en
RCA, en étroite coopération avec la MINUSCA.
250
La Cebevirha, une institution de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac)
créée en 1987, a pour mission principale de travailler à la valorisation de l’élevage et à l’harmonisation de ces
pratiques au sein de la zone Cemac.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

CONCLUSION
Une sortie de crise est conditionnée par plusieurs facteurs : défaite de l’une des parties,
intérêts communs pour trouver un consensus, influences et pressions d’acteurs tiers ou encore
intervention militaire étrangère. La signature d’un accord de paix, processus souvent
chapeauté par d’autres pays ou par l’ONU, officialise le cessez-le-feu, mais définit aussi la
mise en application d’une stratégie de reconstruction251.

La pacification d’un territoire est donc aujourd’hui un processus complexe et multifonctionnel


qui implique non seulement l’arrêt des violences, mais aussi la reconstruction des
infrastructures (politiques, matérielles) ainsi que l’apaisement des rapports sociaux.

La consolidation de la paix252 englobe des tâches et des compétences variées comme


l’acheminement de l’aide humanitaire, la sécurisation de la zone, un suivi relatif aux droits de
l’Homme, la reconstruction de l’appareil étatique, de l’économie ou encore celle de la société.

Pour mettre en place ces nombreux chantiers, on assiste à une multiplication d’acteurs de la
paix et à un élargissement des compétences militaires, qui s’orientent de plus en plus vers
l’aide aux populations civiles.

Par ailleurs, la situation de crise prévalant en République Centrafricaine ces dernières


décennies constitue un fardeau lourd à ne pas être supporté par le seul pays en proie aux
attaques des groupes armés exposant sa population aux risques énormes d’être décimée, vu les
violations et crimes de guerre253 commis par des hommes ignorant totalement les règles du
droit international humanitaire qui doivent être désormais dispensées et vulgarisée en milieu
des forces de défense et de sécurité nationale.

Ce conflit arme interne est tout naturellement un risque non seulement de blocage aux efforts
de développement socio-économique entrepris par les Autorités politique nationales depuis
l’indépendance acquise, il y a soixante-cinq (65) ans maintenant vu la précarité des conditions
de vie sociales dans laquelle se trouve sa population, l’état de délabrement, de sous-
développement et de paupérisation du pays en dépit de l’existence d’énormes ressources

251
https://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-924_fr.html
252
La consolidation de la paix, également nommée préservation de la paix ou encore maintien de la paix, désigne
toute intervention destinée à prévenir la reprise ou le commencement d’un conflit.
253
Un crime de guerre est une violation du droit de la guerre d'une gravité particulière. Aux Nations unies, le
crime de guerre est défini par des accords internationaux.

125
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

naturelles mais, aussi et surtout une raison suffisante devant conduire inéluctablement à la
balkanisation254 de la Nation Centrafricaine, qu’ il faudrait sauver à tout prix.

Alors la Communauté internationale notamment l’Organisation des Nations Unies dans


l’accomplissement de sa mission à l’échelle planétaire n’a ménagé aucun effort en écoutant
les cris d’alarme du Peuple Centrafricain de lui venir en aide pour lui sauver la vie.

Disons que les autres composantes de la Communauté Internationale ne sont pas demeurées
indifférentes face à cette situation de crise qu’a connue la RCA tout en se mobilisant au côté
des Nations Unies et d’œuvrer étroitement avec elles pour sortir ce pays de l’ornière ou du
gouffre dans lequel il est tombe. Tous ces partenaires ont déployé des moyens colossaux en
termes des ressources humaines, matérielles, financières et l’expertise en cherchant les voies
et moyens pour trouver une solution idoine à cette crise afin de soulager la souffrance du
Peuple meurtri et de soutenir les Autorités politiques centrafricaines dans la mise en œuvre de
leur programme d’action visant le relèvement économique.

C’est pourquoi, la question de la reconstruction de la RCA est cruciale et primordiale. Ce pays


est souvent qualifié d Etat fantôme. Au fil des tutelles coloniales, néocoloniales et régionales,
l’Etat Centrafricain ne s’est jamais vraiment construit et ceux qui ont gouverne le pays se sont
imposés par la force. La corruption et l’accaparement des ressources par le pouvoir ont
empêché le développement de toute capacite institutionnelle et la crise de 2012 a conduit à
une véritable catastrophe humanitaire. Depuis, le pays est sous perfusion et a besoin d’une
assistance accrue.

Pourtant de l’autre cote les Groupes armes se dotent en armes sophistiquées pour continuer de
défier les FACA255 dans l’accomplissement de leur mission de protection du territoire national
et de la population civile. A cet égard, nous faisons un plaidoyer en faveur de la levée de cette
mesure discriminatoire ayant assujetti la RCA d’être une victime car, ne dispose pas des
moyens matériels appropries pour garantir sa défense. Alors si le pire est passé, les efforts à
fournir doivent être intensifs pour réussir le processus de sortie de crise. Les violences
récurrentes montrent à tel point que la situation sécuritaire n’est pas encore stabilisée et qu’un
retrait précoce des forces armées internationales peut nuire ou être nuisible au pays.
254
Le terme de balkanisation est utilisé pour décrire le processus de fragmentation et de division d’une région ou
d’un État en des États et régions plus petits et souvent hostiles les uns envers les autres.
255
Les Forces armées centrafricaines (FACA) sont les forces armées de la République centrafricaine, créées lors
de l'indépendance en 1960. Son manque de loyauté envers les présidents est mis en évidence par les coups d'État
et les mutineries de 1996 et 1997. Elles ont également été critiquées par les organisations promouvant les droits
de l'homme du fait de ses pratiques incluant des meurtres, de la torture et des violences sexuelles. Elles souffrent
d'un manque d'institution et dépendent de l'aide internationale pour mettre fin à la guerre civile.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Pour la communauté internationale, il est difficile de choisir la moins pire des solutions entre
la prolongation du mandat d’un quelconque gouvernement incompétent du pays qui causerait
de préjudices à la nation un cote seules les autorités au pouvoir et les groupes armes tirent
profit de la situation prévalant actuellement on a tenté de croire que la RCA risque de sortir du
champ de vision des acteurs internationaux alors qu’il reste d’immenses chantiers à terminer.

Les partenaires internationaux doivent fournir une aide plus cohérente et plus coordonnée
dans les différentes phases de consolidation de la paix en période post-conflit. La réussite de
la réforme du secteur de sécurité (RSS) sera conditionnée par celle du DDR et en particulier
par la réintégration des combattants dans leurs communautés.

Le soutien apporte aux institutions sectorielles de gouvernances de sécurité est un moyen


souvent sous-estime pour établir le lien entre le DDR et RSS. Pourtant la MUNISCA doit en
tenir compte pour jouer pleinement son rôle d’aider l’Etat à retrouver sa souveraineté sur
l’ensemble du territoire. De plus c’est grâce à la reconstruction des institutions et de la justice
que les Centrafricains retrouveront confiance en l’État.

Enfin, si le rétablissement de son autorité est indispensable au retour des refugies, à leur
intégration dans la société et au processus de réconciliation, celui de l’économie est tout aussi
déterminant pour recréer du lien social entre les communautés. La Munisca, l’UE et la
Banque Mondiale256 257
devraient coordonner leurs actions pour articuler les programmes de
DDR a des programmes de développement, plus durables et créateurs d’emplois.

Quelle que soit la date de la période, stopper la perfusion signifie laisser le pays à l’agonie
alors que la communauté internationale devrait continuer ses efforts pour aider les
Centrafricains s’approprier les enjeux du processus de sortie de crise. On est en droit de croire
que la diplomatie centrafricaine qui s’est déployée sur la scène internationale a réussi dans
l’accomplissement partie de sa mission en drainant la communauté internationale pour la
cause centrafricaine. Alors la République centrafricaine si l’issue du processus de résolution
de cette crise en cours n’est pas conclusion ?

256
La Banque mondiale, parfois abrégée BM, est une institution financière internationale qui accorde des prêts et
autres appuis financiers à des pays en développement pour des projets d'investissement.
257
ww.banquemondiale.org/fr/results/2016/12/01/bringing-stability-to-the-central-african-republic-using-
emergency-public-service.

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La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
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BIBLIOGRAPHIE
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 Professeur Saidou Nourou Tall, Droit du Contentieux International Africain :


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X
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

II. OUVRAGES SPECIFIQUES :

 cairn.info/revue-civitas-europa-2013-2-page-219.htm#no16.

 Daniel LAGOT, Droit international et les guerres de notre temps, édition harmattan,
2000.

 David Charles Philippes, « la paix et la guerre : approche contemporaine de la sécurité


et la stratégie ». Sciences-Po Les Presses, Paris, janvier 2013, p. 283.

 Doob (L W), « La résolution des conflits », Artigues, Nouveaux horizons, 1984.

 Gabriel Amvane, enjeux et perspectives de la reconstruction de l’Etat, dans Civitas


Europa 2013/2 (N° 31), pages 219 à 231.
 International Crisis group, 277 / africa 18 juin 2019, dernier accord de paix en RCA :
les conditions du succès.

 Pierre-Marie Dupuy, Les grands textes de droit international public, 8è édition Dalloz
2012 pages.

 Rapport du groupe thématique 2 : justice et réconciliation, 2016.

 Rapport Mapping HCDH | République centrafricaine (RCA) 2014.

 Rapport Mapping et la Cour pénale spéciale : recommandations principales.

 Rapport de la Présidente de la Commission sur la situation en République


Centrafricaine, 17 June 2013.
 Rapport du Secrétaire général des nations unies sur la situation en République
centrafricaine, S/2013/787, paraphe 6.

 SAINT-JAMES Virginie, « Trois répressions du génocide rwandais », in Apprendre à


douter, questions de droit, question sur le droit, Mélanges en l’honneur du Professeur
C. LOMBOIS, PULIM, 2004, pp. 441-473
 TSHIYEMBE Mwayila, Géopolitique de paix en Afrique médiane. Angola, Burundi,
République démocratique du Congo, République du Congo, Ouganda, Rwanda,
Soudan, Centrafrique Paris, l’Harmattan, pages 220.

 ZARTMAN William, La résolution des conflits en Afrique, Paris, L’Harmattan, 1990,


pages 269.

 lepoint.fr/monde/centrafrique-demission-du-president-michel-djotodia-10-01-2014-,
page 2

XI
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

III. ARTICLES ET CONTRIBUTIONS.

 Brookings institution-université de berne

 BALMOND Louis, « La contribution des organisations régionales à la sécurité


collective : entre chapitre VIII et néo régionalisme », in Mélanges en l’honneur du
professeur Jean-François GUILHAUDIS, La sécurité internationale entre rupture et
continuité, Bruxelles, Bruylant, 2007, pp. 1-18

 Conflit inattendu pages 256 à 260 sur cairn. Info ; mise en ligne 14/O4/2016.

 Par Challenges le 14.09.2013 à 10h31, mis à jour le 14.09.2013 à 10h31.

 Défense nationale 2016/7/N°792, page 110 à 114.

 Edition institut français des relations internationales. Source jeuneafrique.com, publié


05/08/2023.

 Fondation pour la recherche stratégique : De la reconstruction à la réconciliation


nationale : les défis de la sortie de crise centrafricaine P 3-10.

 Frstrategie.org/publications/notes/reconstruction-reconciliation-nationale-defis-
sortie-crise-centrafricaine-2015.

 Mohamed HOUSSEIN, République Centrafricaine, publié 15 janvier 2014, à 12h 05.

 La reconstruction post-conflit Charles-Philippe David, Olivier Schmitt dans La guerre


et la paix (2020), pages 401 à 413.

 La collection Union africaine : Paix, justice et réconciliation en Afrique Opportunités


et défis liés à la lutte contre l’impunité.

 La loi portant création, organisation et fonctionnement de la CVJRR a été adoptée le


7 avril 2020.

 La loi organique n°15.003 portant création, organisation et fonctionnement de la


Cour Pénale Spéciale en juin 2015.
 Plan de relèvement et de consolidation de paix (RCPCA) 2017-2021. P71-75.

 Principe de subsidiarité l’exemple de la CEEAC dans la crise centrafricaine P 8.

 Projet sur le déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays 1998 P 1

 Protocole relatif à la création du conseil de paix et de sécurité de Union Africaine


(UA),2002.

XII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

 Rébellion et limites de la consolidation de la paix centrafricain cairn. Info/revue -


politique-africaine 2012 ; page 189 à 208.

 Résolution conseil de sécurité 2127 qui permet à la France de déclencher opération


sangaris au début décembre 2013.

IV. Thèse et mémoire

Thèse :

Sady (S), « L'ONU, l'OUA et le maintien de la paix en Afrique » : les vicissitudes d'une
coopération : mémoire de D.E.A. de science politique, université de Dakar, 1996, 81 pp.

 Mémoire :

 Hervé BONGISA, Analyse du rôle de l'organisation des nations unies et de l'union


africaine dans le règlement du conflit en république centrafricaine, mémoire présenté
et soutenu publique en vue de l’obtention du diplôme de Master Droits et science
politique à université Protestante au Congo (UPC) 2016,

 Patrick Alexis ZE, Les accords de paix dans la résolution des conflits armés en
République Centrafricaine, mémoire présenté et soutenu publique en vue de
l’obtention du diplôme de Master Droits l’Homme et action Humanitaire

 Chrisogone Ignace MENEHOUL KOBALE, la régionalisation du maintien de la


paix et de la sécurité internationales : Étude appliquée au conflit en République
Centrafricaine, mémoire présenté et soutenu publique en vue de l’obtention du
diplôme Université de Yaoundé II (Cameroun) - Master recherche en Droit public
2016

 Mamadou Amadou DIA, conceptualisation et résolution des conflits en droit


international, mémoire présenté et soutenu publique en vue de l’obtention du diplôme
master université de Nouakchott Mauritanie 2009, Droit et science politique.

V. DOCUMENTS INTERNATIONNAUX

 Acte constitutif de l’Union Africaine (UA) de 2001.

 Charte africaine sur la Démocratie, les élections et la gouvernance du 30 janvier 2007.

XIII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

 Charte africaine sur les droits de l'homme et des peuples du 21 juin 1981

 Charte de l’Organisation des Nations Unies (ONU) de 1945.

 Convention de Vienne sur le droit des traités entre Etats et organisations


internationales ou ente organisations internationales du 21 mars 1986.

 Conventions de Genève de 1949 relatives au Droit International Humanitaire.

 Pacte de non-agression et de défense commune de l'Union africaine adopté en 2005.

 Protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine


de juillet2002.

 Statut de Rome de la Cour pénale internationale du 1er juillet 2002.

VI. DOCUMENTS OFFICIELS DES NATIONS UNIS

 Rapport du Secrétaire général de l’ONU, Désarmement, démobilisation et


réintégration, A/C.5/59/31.

 Rapport du Secrétaire général l’ONU, du Forum national de Bangui du 4 au 11 mai


2015.

 Rapport du Secrétaire général sur la République centrafricaine, établi en application


du paragraphe 48 de la résolution 2127 (2013) du Conseil de sécurité, S/2014/142
(2014).

 Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine,


S/2013/261(2013).

 Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur la


situation des droits de l’homme en République centrafricaine, A/HRC/24/59, 12
septembre 2013.

 S/RES/1645 (2005), Paix après les conflits.

 S/RES/2127 (2013), Déploiement de la force Africaine, ainsi de la force non


onusienne (opération sangaris).

 S/RES/2149 (2014, création Crée la Mission multidimensionnelle des Nations Unies


pour la stabilisation en République centrafricaine et la charge d’apporter son concours

XIV
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

au Comité créé par la résolution 2127 (2013), notamment en surveillant la mise en


œuvre des mesures de sanctions.

VII. WEBOGRAPHIE
 https://minusca.unmissions.org/activités

 https://minusca.unmissions.org/droits-de-l’homme

 https://minusca.unmissions.org/sites/default/files/final.rca-factsheet_1-
presentation_projet_mapping_fr.pdf

 https://peacekeeping.un.org/fr/la-minusca-apporte-un-appui-important-la-reforme-du-
secteur-de-la-securite

 https://reliefweb.int/report/central-african-republic/rca-l-emploi-un-enjeu-majeur-de-
consolidation-de-la-paix-d-clare-le

 https://www.frstrategie.org/publications/notes/reconstruction-reconciliation-nationale-
defis-sortie-crise-centrafricaine-2015

 https://www.radiondekeluka.org

 https://minusca.unmissions.org/forum-national-de-bangui-

 https://www.irenees.net

 https://binuca.unmissions.org

 https://www.lepoint.fr/monde/centrafrique-demission-du-president-michel-djotodia-
10-01-2014-

 https://www.peaceau.org

 https://www.crisisgroup.org/

 https://www4.unfccc.int/sites.

 https://www.diplomatie.gouv.fr

 https://www.un.org/fr/chronicle/article/promouvoir-la-paix-et-le-developpement-
durables

 https://www.un.org/fr/chronicle/article/les-conflits-armes-et-le-femmes-la-resolution-
1325-du-conseil-de-securite-dix-ans-dexistence.

XV
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

 https://cmi.fi/wpcontent/uploads/2017/03/Principle_of_Subsidiarity_ECCASCMI_Fre
nch.pd

 https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-
centrafricaine/presentation-de-la-republique-centrafricaine/

GLOSSAIRE

Accord de paix : Accord de paix : Un traité formel visant à mettre fin à un conflit ou à le
transformer de manière significative.

Cessez-le-feu : Consiste en un accord organisant la cessation de toute activité militaire durant


un temps donné et dans un espace donné. Il peut être déclaré de façon unilatéral ou négocié
entre les parties au conflit. On peut aussi parler d’armistice, bien que les termes soient
légèrement différents.

La Doctrine Capstone : C’est une doctrine formulée en 2008, elle énonce les fondements
doctrinaux du maintien de la paix et professionnalise la planification, la conduite et la gestion
des opérations de maintien de la paix contemporaines, afin que ces dernières soient mieux
adaptées à la multiplication.

Consolidation de la paix : Elle comprend des mesures ciblées visant à réduire les risques de
reprise d’un conflit et à jeter les bases d’un développent durable, notamment à travers le
renforcement des capacités nationales en matière de gestion des conflits à tous les niveaux.
Les activités de la consolidation de la paix visent les causes structurelles profondes d’un
conflit armé à travers une approche globale.

Les bons offices : L’autorité et la légitimité liées à la stature morale d’une personne ou
obtenues grâce à la position ou aux fonctions remplis par cette personne lui permettant
d’accomplir des actions bénéfiques pour une autre personne. Cette autorité et légitimité
permettent aux individus d’agir en tant qu’intermédiaire ou de médiateur dans différents types
de différends.

La milicianisation : le processus de radicalisation, de mobilisation et d'émergence des


milices dans le champ social.

XVI
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

ANNEXES
Annexe 1 : L’éventail des activités de paix et sécurité de l’ONU selon la Doctrine
Capstone

PREVENTION DE CONFLIT

………………………………………………………………………………

Conflit

RETABLISSEMENT DE LA PAIX IMPOSITION DE LA PAIX

………………………………………………………………………………….

Cessez le feu MAINTIEN DE LA PAIX

CONSOLIDATION DE LA PAIX POST-CONFLIT, PROCESSUS DE


STABILISATION ET PREVENTION DE LA REPRISE DU CONFLIT

Source : https://www.un.org PROCESSUS

POLITIQUE

XVII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Annexe 2 : Carte de la République Centrafricaine avec des zones conflictuelles en 2013

Source : Médecin Sans Frontière (MSF)

XVIII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Annexe 3 : L’entrée de groupe rebelle (de la coalition SELEKA) à Bangui le 24 mars


2013.

Source : Radio France Internationale (RFI)

XIX
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

Annexe 4 : représailles des milices chrétiennes contre les rebelles de la SELEKA et leurs
familles le 5 Décembre 2013.

Source : France 24.

XX
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT .......................................................................................................................... I
DEDICACE......................................................................................................................................II
REMERCIEMENT ....................................................................................................................... III
SIGLE ET ABREVIATION .......................................................................................................... IV
RESUMÉ........................................................................................................................................ VI
EPIGRAPHIE ............................................................................................................................. VIII
INTRODUCTION ............................................................................................................................ 1
PREMIÈRE PARTIE : L’ANALALYSE DU PROCESSUS DE RESOLUTION DE LA CRISE
CENTRAFRICAINE ...................................................................................................................... 10
CHAPITRE1 : CADRE INSTITUTIONNEL DU REGLEMENT DE LA CRISE
CENTRAFRICAINE ...................................................................................................................... 11
SECTION1 : LA RESOLUTION NATIONALE DU CONFLIT .................................................. 11
1.1 PARAGRAPHE 1 : Le contexte historique des évènement survenus en ........................ 12
1.2 RCA en 2013 .................................................................................................................... 12
A. Les péripéties du déclenchement de la crise en Centrafrique ................................. 14
B. les mesures inefficiente prises par les acteurs au niveau local ........................................... 17
1.3 Paragraphe II : l’avènement de la transition politique ................................................... 20
A. L’influence de la présidente de la transition de 2014 á 2016 ................................... 21
B. L’élection de la présidente post-transition ......................................................................... 23
SECTION2 : Les interventions des organismes supranationaux................................................... 26
1.4 PARAGRAPHE 1 : L'intervention des organisations africaines .................................... 27
A. Les interventions de communauté des États économique de l’Afrique centrale
(CEEAC) ................................................................................................................................. 27
B. L’intervention de l’union Africaine (UA) ................................................................ 30
Paragraphe II : L’intervention de la communauté internationale ............................................. 32
A. L ’intervention de l’Union Européenne (EU) .......................................................... 33
B. L’intervention de la force Onusienne en RCA (Minusca).................................................. 35
CHAPITRE 2 : LE CADRE NORMATIF DU REGLEMENT DE LA CRISE ............................ 38
SECTION 1 : Le cadre normatif relatif aux accords ..................................................................... 38
Paragraphe :1 L’approche juridique des instruments ............................................................... 39
A. Accord de cessation des hostilités de Brazzaville, juillet 2014 et Stratégie de
réconciliation nationale, novembre 2014 ................................................................................ 39
B. Dialogue politique interne : (Forum nationale de Bangui) 4 - 11 mai 2015 ....................... 42
Paragraphe II : La mise en œuvre de l’accord de paix............................................................... 45

XXI
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.
A. L’accord Politique pour la Paix et de la Réconciliation .......................................... 46
B. La problématique de mise en œuvre l’accord politique pour la paix et réconciliation ..... 51
SECTION II : L’application du droit international....................................................................... 55
Paragraphe I : Les principes du droit international .................................................................. 56
A. La responsabilité internationale des États ............................................................... 56
B. La solidarité internationale des États ................................................................................. 59
Paragraphe II : L’application du droit jurisprudentiel ............................................................. 62
A. La jurisprudence internationale .............................................................................. 62
B- La cour pénale spéciale....................................................................................................... 64
SECONDE PARTIE : UNE APPROCHE FAVORABLE POUR LA CONTRIBUTIOND’UNE
PAIX DURABLE ............................................................................................................................ 68
CHAPITRE 1 : Une approche théorique : l’établissement, et la consolidation de la paix ............ 68
SECTION1 : Les facteurs des priorisations pour la consolidation de la paix ............................... 69
Paragraphe I : Les facteurs fondamentaux pour la consolidation de la paix ............................ 69
A. Bons offices et appui au processus de paix .............................................................. 70
B. Réforme de la justice et promouvoir la fin de l’impunité .................................................. 72
Paragraphe II : Le processus de la réconciliation ...................................................................... 74
A. Réengager le dialogue intercommunautaire ............................................................ 74
B. La question des déplacées, des réfugiés et indemnisations victimes .................................. 77
SECTION :2 L’extension de l’autorité de l’État ............................................................................ 82
1.5 PARAGRAPHE 1 : Analyse de la situation en RCA ...................................................... 82
A. Réforme du secteur de la sécurité ............................................................................ 83
B. Désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR) ............................ 86
1.6 PARAGRAPHE 2 : Renouveler le contrat social entre l’État la population .................. 90
A Redéployer l’administration Centrafricaine sur tout le territoire ..................................... 90
B. Le Renforcement de la Bonne Gouvernance et État de droit ............................................ 93
CHAPITRE 2 :LA CONSOLIDATION DE LA PAIX : DES PROCESSUS DE PLUS EN PLUS
COMPLEXE ................................................................................................................................... 97
SECTION 1 : Les défi du relèvement économique et le développement........................................ 98
1.7 Paragraphe I : Le relèvement économique ..................................................................... 98
A. Promouvoir économique et la relance des secteurs productifs ............................... 98
B. Renforcer la stabilité macroéconomique et la bonne Gouvernance : gestion et contrôle
des finances publiques, recettes fiscales, lutte contre la corruption ..................................... 102
Paragraphe II : La promotion du développement durable ...................................................... 106
A. Réhabilité et construire les infrastructures ........................................................... 106
B. Assurer les conditions propices au développement du secteur privé et à l’emploi
108
Section 2 : Les enjeux de la reconstruction .................................................................................. 110

XXII
La résolution de la crise Centrafricaine de 2013 jusqu’à nos jours : Contribution à l’étude des politiques et
stratégies de sortie de crise pour la construction d’une paix durable.
1.8 Paragraphe1 : le concept de reconstruction de l’État ................................................... 111
A. Le principe de l’appropriation nationale dans la reconstruction l’État ......................... 112
B. Le rôle de la communauté internationale pour la reconstruction de l’Etat ................... 114
1.9 Paragraphe 2 : Les négociations pour une sortie de crise ............................................ 118
A. Traiter la question des groupes armés .................................................................. 118
B. Rebâtir une meilleure relation saine entre périphéries, Bangui et voisins ........... 121
CONCLUSION ............................................................................................................................. 125
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................... X
VII. WEBOGRAPHIE.................................................................................................................. XV
GLOSSAIRE ................................................................................................................................ XVI
ANNEXES .................................................................................................................................. XVII
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................... XXI

XXIII

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