Crises Et Conflits en Afrique de L'ouest: Quelle Politique Sécuritaire Face Aux Menaces ?
Crises Et Conflits en Afrique de L'ouest: Quelle Politique Sécuritaire Face Aux Menaces ?
Crises Et Conflits en Afrique de L'ouest: Quelle Politique Sécuritaire Face Aux Menaces ?
en Afrique de l’Ouest
Quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Sommaire
Préface ............................................................................................. 5
Introduction ..................................................................................... 11
B. Agenda ......................................................................................... 41
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Préface
Avec la Fondation Friedrich Ebert, sous le signe de la paix et de l’intégration
africaine, pour un monde solidaire.
« S’engager, se mobiliser, changer la gouvernance des ressources, instaurer
une paix solidaire pour un développement durable ».
La 7ème édition du forum social africain a vécu. Elle a eu lieu au Sénégal, à
Dakar du 15 au 19 octobre 2014 sous le thème central de : Crises-conflits,
accaparement des ressources naturelles et interventions militaires. Quels
rôles pour les mouvements sociaux ?
Cette édition s’est tenue dans un contexte géopolitique marqué par des
crises et des conflits récurrents sur fond de nombreuses menaces pour la
paix et la stabilitésociale et politique des Etats.
De nombreux foyers de tensions sont notés ici et là avec de graves s
conséquences sur les populations et sur les principes de libre circulation des
personnes et des biens.
C’est dans ce cadre que la Fondation Friedrich Ebert, qui entretient de tra-
ditionnelles relations avec les mouvements sociaux, a organisé un atelier
sous régional en partenariat avec le Forum social sénégalais maître d’œuvre
du forum de Dakar.
Le thème de cet atelier sous régional était : Crises et conflits en Afrique de
l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Cet atelier qui a réuni de nombreuses personnalités de la sous région a per-
mis de partager des avis et des points de vue à partir de communications
faites par des experts et personnes ressources travaillant sur les questions
de crises et de conflits.
Entre autres communications en panel, nous pouvons relever :
• Les défis de sécurité en Afrique de l’Ouest/ Par Allen Yéro Embalo, de la
Guinée Bissau,
• Les ressources naturelles : gestion nébuleuse et source de conflits/ Par
Moussa Ba, Expert,
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Avant Propos
Le Forum Social Africain s’est tenu dans un pays modèle, le Sénégal. Il de-
meure l’un des pays les plus stables du continent Africain. La stabilitéet la
démocratie sénégalaises sont souvent citées en exemple. Avec deux alter-
nances politiques et un pouvoir civil sans discontinu depuis les Indépen-
dances, il présente une belle carte de visite en Afrique. C’est le moment de
saluer la participation active du Sénégal pour l’amélioration de la politique
sécuritaire en Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui les acquis en matière de paix et de sécuritéen Afrique de l’Ouest,
qui restent àconsolider, sont sous la menace de nouveaux risques. Bien que
débarrassée des conflits ouverts et violents, la sous région est à nouveau
face àdes situations pleines de dangers pour la paix et la stabilité.
Ces menaces ont entre autres noms : dilapidation des ressources naturelles,
insécurité alimentaire, mal- gouvernance, crise énergétique, criminalité,
inégalités sociales, insécuritémaritime, migration, etc.
Face à ces défis divers plans régionaux sont adoptés mais peinent à être
mis en œuvre par manque de volontépolitique suffisante pour mobiliser les
efforts nécessaires et faire face collectivement àla menace commune. Les
pays de la sous région réagissent de manière inégale même si au sein de la
CEDEAO une politique sécuritaire commune existe tant bien que mal. Une
telle approche parcellaire des problèmes tend parfois àles déplacer et àles
différer plutôt qu’ày apporter des solutions durables.
En réalité, les problèmes en Afrique de l’Ouest ont une dimension régionale
indéniable requérant une approche tout aussi régionale.
C’est dans ce contexte que cet atelier avait pour objectif principal, le partage
d’expériences et de bonnes pratiques en matière de gestion de crise sécu-
ritaire, tout en formulant des recommandations fortes capables d’encourager
un dialogue solidaire et constructif entre décideurs et acteurs de dévelop-
pement afin de promouvoir un système moderne de gouvernance sécuritaire
en Afrique de l’Ouest.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Annette Lohmann,
Représentante Residente Fondation
Friedrich Ebert Dakar-Sénégal
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Introduction
Le Sénégal a abritédu 15 au 19 octobre 2014 le Forum Social Africain (FSA).
Dans ce cadre, la Fondation Friedrich Ebert a organiséavec le FSA un atelier
sous régional sur la thématique « Afrique de l’Ouest : quelle politique sécu-
ritaire face aux menaces ? ». Les travaux ont eu lieu dans la Salle de
conférence de la Fondation Friedrich Ebert sise, Avenue des Ambassadeurs
àFann Résidence, Dakar.
L’objectif global de cet atelier était de partager les expériences et bonnes
pratiques en matière de gestion des crises, d’encourager un dialogue soli-
daire et constructif entre décideurs et acteurs de développement, de formu-
ler des recommandations pour anticiper et / ou gérer la sécurité.
Les participants aux travaux de cet atelier sous-régional étaient : des
délégués d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la
sociétécivile, d’organisations communautaires de base, des chercheurs, des
universitaires, des officiers supérieurs, des responsables syndicaux, des lea-
ders d’association de femmes, des jeunes, des journalistes, des hommes
politiques.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
I. Résuméde l’Atelier
Depuis quelque temps, les pays d’Afrique de l’Ouest sont secoués par des
crises, qui ont un impact négatif sur la stabilité, le développement écono-
mique et démocratique et le respect des droits de l’homme dans la sous
région. Les conséquences sur la population civile et leur sécuritésont sou-
vent désastreuses. Dans le passé, comme aujourd’hui d’ailleurs, il y a eu di-
verses approches d’acteurs aux niveaux national, régional et international
pour travailler sur les questions de sécuritéen Afrique de l’Ouest.
C’est dans ce contexte que la Fondation Friedrich Ebert, au Sénégal, a or-
ganisél’atelier sur la sécurité. Y ont étéinvités les représentants de plusieurs
États de la sous région, et même au- delà1, pour réfléchir, partager des
expériences et échanger sur les défis actuels et des pistes de solutions face
aux multiples crises sécuritaires auxquelles ladite sous région est confrontée.
Les thèmes abordés tournaient autour de la criminalitétransnationale orga-
nisée, la sécurité maritime, les ressources naturelles et Conflits et enfin la
crise en Casamance. Tout ceci dans une perspective de partage
d’expériences et la recherche d’approches communes dans un esprit de dia-
logue cohérent, inclusif et constructif pour trouver et proposer des solutions
aux problèmes de sécurité.
Il a été clairement souligné durant les discussions que les problèmes de
l’Afrique de l’Ouest sur le plan sécuritaire ont une dimension régionale et
nécessitent donc une approche commune. Tous les participants ont insisté
sur l’exigence et l’urgence de mettre en place une véritable architecture
sécuritaire africaine, pour trouver des solutions africaines aux problèmes afri-
cains.
C’est dans cette dynamique que les questions de leadership et d’approche
inclusive dans la gestion des crises en Afrique de l’Ouest ont occupé une
place importante dans les discussions. En ce qui concerne le leadership, il
a étérelevéla faiblesse des Etats africains qui doit être nécessairement réso-
lue afin qu’’ils puissent jouer un rôle plus actif dans la résolution de leurs pro-
12 1 - Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Rwanda...
Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
pres conflits. En même temps, tous les acteurs doivent être impliqués dans
une approche inclusive, participative dans ce processus.
A la suite il y a eu des échanges intenses et constructifs sur la criminalité
transnationale organisée dans la région. C’est l’un des plus grands
problèmes sécuritaires en Afrique de l’Ouest qui doit avoir une place priori-
taire dans la recherche de solutions aux crises sécuritaires.
Pour ce qui est de la sécuritémaritime, elle constitue également pour la sous
région, et surtout pour le Sénégal un défi majeur, du fait de l’importance du
secteur maritime, pour ne pas dire la pêche, dans son économie. A ce niveau
également il y a la nécessitéd’une approche régionale.
Un troisième défi sécuritaire majeur pour l’Afrique de l’Ouest a ensuite été
abordé; c’est la gestion des ressources naturelles. Les participants ont mis
l’accent sur les conflits engendrés par des gestions nébuleuses dans la
répartition et le partage des ressources, non seulement en terme d’ingérence
d’acteurs extérieurs, mais aussi au sein même des Etats africains.
Ces conflits risquent de dégénérer davantage, surtout si les Etats n’adoptent
pas et ne mettent pas en pratique une démarche inclusive et participative
dans la gestion des ressources naturelles, évitant ainsi toute forme de dis-
crimination et d’exploitation des populations locales. A ce niveau, il ne faut
pas seulement poser le problème sous l’angle du partage et de la répartition
des ressources, mais il faut aussi prendre en considération les impacts en-
vironnementaux et sociaux occasionnés par la rareté ou l’épuisement des
ressources naturelles sans oublier les problèmes de santédes populations
qui ne sont pas toujours bien pris en charge par les Etats. Et tout ceci est
source potentielle de conflits.
Les résolutions et décisions, pour assurer la transparence au niveau de la
gestion des ressources naturelles doivent être appliquées afin de garantir
une juste répartition prenant en compte les aspects environnementaux et
sociaux. A ce niveau les acteurs de la SociétéCivile peuvent et doivent jouer
un rôle actif pour informer et sensibiliser le public sur les problèmes et exiger
le respect des engagements officiels.
Enfin la crise en Casamance a étéle dernier point abordé. Les participants
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
ont tour àtour insistésur le fait que cette crise, même si elle se déroule prin-
cipalement au Sénégal, a cependant une connotation sous régionale avec
les liens historiques, culturels, sociologiques et économiques qu’il y a entre
le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau et même d’autres pays. Ils ont attiré
l’attention sur la situation de ni guerre ni paix qui ne rassure aucune des par-
ties prenantes. D’autant plus que l’économie de guerre qui s’y est déve-
loppée apporte avec elle de nouveaux défis de sécurité.
Mais avant tout, ils ont souligné la nécessité urgente de poser le conflit en
Casamance comme une question nationale au Sénégal pour dissiper cer-
taines incompréhensions qui pousseraient certains àvouloir en faire stricto
sensu un problème casamançais. Pour cette raison, des débats à l’échelle
nationale sont d’une importance
toute particulière dans une dynamique d’inclusion et de participation de l’en-
semble des régions du Sénégal.
Les signes positifs venant de l’Etat du Sénégal et du nouveau gouvernement
de la Guinée-Bissau, pour la résolution du conflit, doivent être exploités dans
une approche commune avec une implication des acteurs de la sociétécivile
de la sous région pour soutenir toute action qui puisse tendre àmettre fin à
cette crise qui dure depuis plus de trente ans.
Pour tous ces défis invoqués, il est plus que jamais nécessaire que les Etats
et les populations de l’Afrique de l’Ouest mettent en place une architecture
de sécurité africaine stable et bien développée capable de faire face aux
crises multiformes actuelles et émergentes. Et du fait qu’elles sont intercon-
nectées, leur solution découlera nécessairement d’une approche transna-
tionale, régionale, intégrée et inclusive.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
II. Communications
Session 1
Introduction générale : les défis de sécuritéen Afrique de l’Ouest
« La sécuritéet la défense sont l’un des grands défis du 21ème siècle. Dans
une époque et un monde, en perpétuelle évolution, marqués par une recru-
descence du terrorisme, des conflits ouverts et des malaises sociaux, les
priorités de la communautéinternationale se tournent vers la protection des
biens et des personnes, la sauvegarde et le rétablissement de la paix. Au-
jourd’hui et depuis l’attentat du 11 septembre 2001 particulièrement, le nou-
veau contexte géopolitique mondial et régional fait que le sentiment de
danger est côtoyéau quotidien». Cette phrase par laquelle je veux planter le
décor est d’Oliver Dalichau, Représentant Résident Friedrich-Ebert-Stiftung
Madagascar.
Les défis qui se posent à la sécurité en Afrique sont énormes. Ils ont entre
autres noms, la sécurité alimentaire, la mal-gouvernance, la criminalité, les
inégalités sociales, l’emploi des jeunes, la faible couverture sociale, le chan-
gement climatique.
Véritables freins au développement économique, ils posent avec acuité le
problème de la prise en charge des préoccupations et du bien-être des po-
pulations. Au-delàde la défense de la sécuritépublique et du maintien de la
paix, une gestion transversale des questions de sécurité est cruciale pour
les États et les populations africaines.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Session 2
Les crimes organisés en Afrique de l’Ouest2
I. Contexte
Le débat autour de la question liée aux crimes organisés en Afrique de
l’Ouest n’est nullement une préoccupation récente. Il répond depuis les pre-
mières époques de nos Indépendances jusqu’ànos jours àdes intérêts d’or-
dre multidimensionnel et très pratique.
Ainsi, l’on pourrait définir un Crime organisécomme une action d’un groupe
de personnes agissant dans l’intérêt d’en tirer, directement ou indirectement,
un avantage financier ou matériel entre autres.
Les questions fondamentales de ces débats tournent autour des trafics
d’êtres humains, d’armes et de stupéfiants, des vols à main armées, de la
contrefaçon, du blanchiment de fonds et de la piraterie maritime. En effet
presque tous les domaines de criminalitéauxquels s’intéresse l’organisation
ont un rapport avec la criminalitéorganisée.
Quant aux crimes organisés, nous pouvons relever des facteurs sous-jacents
qui contribuent largement àcet effet. Il s’agit de la pauvretéextrême, de l’in-
stabilité politique de la zone et de l’inefficacité des politiques sécuritaires.
Toutefois, il faut noter que, seules des politiques sécuritaires adéquates, et
des politiques de développement efficaces peuvent définir des schémas di-
recteurs du développement durable territorial et de la coexistence pacifique
entre les acteurs.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Autres DEFIS
• Le trafic – des marchandises et des humains (enlèvement, trafic
d’enfants, d’adultes, vente d’esclaves, proxénétisme)
• Trafic des stupéfiants (drogues, médicaments contrefaits ou non
autorisés...)
• Les attaques armées (population, institutions (banques...), positions
ou casernes militaires
• Les vols àmain armés
• La contrefaçon
• Le blanchiment des capitaux
• La prolifération des armes légères
• La prolifération des groupes rebelles
• La cybercriminalité
• La piraterie maritime dans le golf de Guinée
• D’autres formes de criminalités
C. MENACE PROFONDE
• Le trafic de drogue
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
• Le blanchiment d’argent
D. LA PAUVRETÉ
Le rapport des Nations Unies de 2004 range plus de 40 Etats africains dans
la catégorie des pays les plus pauvres du monde.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
L’expérience de WANEP
Face aux défis énormes liés à l’insécurité, la mauvaise gouvernance et les
criminalités organisées en Afrique de l’ouest, WANEP à travers son pro-
gramme d’alerte précoce (NEWS) essaye d’apporter des réponses en vue
de prévenir tous ces fléaux.
Conclusion
La nécessitéd’un changement de paradigmes dans la conceptualisation de
la sécuritéliée àla relation symbiotique entre le développement, la gouver-
nance et le renforcement de la sécurité humaine en Afrique de l’Ouest est
essentielle.
Matière àréflexion: «Traverser la rivière en tâtant les pierres sous les pieds »
(Grand Leader chinois, Deng Xiaoping)
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Session 3 :
La Sécuritémaritime en Afrique de l’Ouest
Le rôle capital que joue la mer dans les relations entre les Etats est un fait
marquant du XXIème siècle, particulièrement àla faveur de la mondialisation
des échanges, àun point tel que l’on parle régulièrement de la ‘maritimisa-
tion’ des échanges. Les océans, couvrant 70% de la surface de la Terre,
constituent la principale voie de transit du commerce mondial avec environ
90% des échanges commerciaux. Par ailleurs, du fait de leur immensité et
des difficultés àles contrôler, les océans constituent le lieu privilégiéd’une
criminalité en essor constant et d’un trafic intense de produits illicites qui
menacent la stabilité et le développement des Etats. Enfin, les océans qui
constituent une immense réserve de richesses biologiques et minérales dont
le contrôle, l’appropriation et la gestion durable sont au cœur de la conflic-
tualitécontemporaine.
En Afrique de l’Ouest où12 parmi les 15 Etats membres de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont des Etats
côtiers, la fragiliténotée au niveau continental se transpose en mer àla fa-
veur d’une gouvernance sécuritaire de la mer insuffisante.
En effet, parallèlement à l’accroissement des activités humaines et du vo-
lume des richesses qui transitent en mer, une multitude de menaces s’est
développée dans ce milieu. La réponse des Etats n’est pas encore àla hau-
teur des défis notés tant les ressources nécessaires ne sont pas mobilisées
et la synergie sous-régionale àl’état de balbutiement.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
pêche illégale, non déclarée et non réglementée (pêche INN) auront des
répercussions sur les communautés de pêcheurs, en particulier la pêche ar-
tisanale qui génère près de 90% des captures. Outre l’impact au plan écono-
mique, la pêche INN, du fait qu’elle conduit à une rareté de la ressource,
génère des tensions entre communautés pour l’accès et le contrôle. Ces ten-
sions peuvent s’étendre aux Etats notamment quand il s’agit de limiter les
zones de pêche transfrontalières.
Il s’y ajoute enfin que les menaces actuelles comme la piraterie ou la crimi-
nalitémaritime, le trafic de drogue, le trafic d’armes, seront plus prégnantes
du fait que les forces maritimes des Etats, devant assurer la sécuritésur des
espaces océaniques immenses, seront confrontées àdes acteurs non étatiques
sachant également tirer profit du « potentiel égalisateur de la technologie ».
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Session 4 :
Les ressources naturelles : gestion nébuleuse et source de conflits
La gouvernance des ressources minérales reflète un moment particulier ; en
effet, depuis une dizaine d’années, cette question s’est imposée au premier
rang des enjeux du développement en Afrique.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Tous ces constats constituent des sources de conflits bien connus de tous.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Partout oùla gouvernance du secteur est opaque, on note des crises allant
de basse à haute intensité, comme l’indiquent les spécialistes en géopoli-
tiques. Nos paisibles et innocentes populations doivent- elles continuer à
souffrir des impacts de la mal gouvernance ambiante dans le secteur, de
l’exploitation de leurs richesses naturelles ? Peut- on conjurer le sort de la
malédiction des ressources naturelles ? La réponse me semble affirmative,
car au cours de la décennie écoulée, beaucoup d’avancées (aiguillonnées
par les acteurs de la sociétécivile) ont éténotées dans le cadre de la régu-
lation du secteur avec notamment :
Au plan mondial :
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Au plan continental
A cet égard, de notre point de vue, des actions concertées sur plusieurs
échelles : locales, nationales, régionales et internationales sont possibles car
la question de l’exploitation des ressources naturelles est une question mon-
diale et un certain nombre d’acteurs l’ont compris et ont démontréla perti-
nence de la mobilisation complémentaire de la société civile mondiale à
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Session 5 :
La crise en Casamance Introduction
En plaçant l’atelier sous régional sur la sécurité sous le thème central «
Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire faces aux menaces ? », la
Fondation Friedrich Ebert et le Forum Social Africain nous offrent l’occasion
de passer en revue les crises et conflits dans la sous région ouest africaine,
leurs causes, conséquences, les dynamiques communautaires de la gestion
de leur résolution et le rôle des mouvements sociaux.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Causes de la crise
Il faut rechercher les causes de cette crise dans les revendications indépen-
dantistes portées par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casa-
mance (MFDC) dont les actions ont éclaté au grand jour le 26 décembre
1982, avec des manifestations pacifiques de contestation de la légitiméde
l’autorité républicaine dans cette région du Sénégal. C’est la première fois
que ce mouvement né le 4 mars 1947 à Sédhiou a initié des actions aussi
spectaculaires depuis l’accession du Sénégal àla souverainetéinternationale.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Conséquences de la crise
Les stratégies développées de part et d’autre par les deux camps, notam-
ment la division administrative de la région de la Casamance en
trois régions (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou) par l’Etat du Sénégal et la mise
en place de champs de mines , d’attaques armées des villages et des can-
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
La Casamance vit une crise qu’il est juste de situer comme étant la plus
grave de l’histoire récente du Sénégal de par sa durée, les traumatismes
qu’elle a engendrés et les tragédies qui ont jalonnésa douloureuse évolution.
Après prés de trente deux années durant lesquelles ont alterné confronta-
tions militaires de différentes intensités et accalmies entre les belligérants
que sont l’Etat du Sénégal et le MFDC, cette crise du Sénégal en Casamance
a atteint un point crucial oùles tendances àla paix et celles contraires s’en-
chevêtrent étroitement, pour donner une situation persistante de ni paix ni
guerre.
La profonde inquiétude des populations face àcet état de fait qui les plonge
dans l’angoisse, réduit de façon incommodante leurs possibilités d’épa-
nouissement individuel et collectif et limite véritablement leur capacité de
vaquer àleurs occupations, de faire aboutir leurs activités et de promouvoir
le développement de la région.
Ce conflit fait de plus planer de sérieux périls sur le pays et crée les condi-
tions d’un accroissement de l’insécurité au niveau de la sous région ouest
africaine déjàen bute àune économie de guerre menaçante, entretenue par
le double trafic des armes légères et des stupéfiants, sans compter les
réseaux de toutes sortes qui y ont élu domicile.
Cet état de fait, parce qu’il ne relève d’aucune fatalité, ne saurait commander
ni résignation ni démission. Baisser les bras face à pareille situation serait
une fuite de responsabilitéinacceptable, parce que justement cette violence
endémique cache en véritéles acquis engrangés par les multiples initiatives
(négociations de Cachau en Guinée Bissau, Assises de Foundiougne 1 et 2
etc.) qui ont parseméla marche de ce conflit meurtrier, lesquelles initiatives
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Pistes de solutions
L’heure est donc venue de se dresser et de s’impliquer pour mettre un terme
à cette situation de plus en plus inacceptable à tous les niveaux. Que cela
soit perçu comme une urgence prioritaire est une exigence dont nous tous
devons d’autant plus nous convaincre que, malgré les impasses, l’espoir
reste permis.
Il est permis pour autant que le pays, dans sa globalitéet la diversitéde ses
composantes, prenne conscience de la nécessitéd’emprunter avec la plus
grande détermination le sentier de la paix, fût-il jonché d’épines de toutes
sortes.
La volontéde dialogue exprimée par des voix les plus autorisées du maquis
et de l’Etat du Sénégal; la démarche novatrice et inclusive favorisant l’impli-
cation des populations de la région ; la concertation entre les différentes frac-
tions du MFDC ; les médiations entreprises par des leaders de pays voisins,
notamment le Président Yaya JAMMEH de la Gambie, mais aussi par des
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Conclusion et Recommandations
Nous réitérons les appels déjàlancés par plusieurs acteurs des organisations
politiques et de la sociétécivile :
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
et urgent que :
• les politiques, la société civile, les autorités religieuses et
coutumières, les différents segments du peuple, posent des actes concrets
pour consolider les initiatives existantes par la mise en place de réseaux po-
pulaires et citoyens pour la paix en Casamance ;
• les pays limitrophes (en particulier la Guinée Bissau et la Gambie),
en accord avec l’Etat du Sénégal, créent les conditions d’une implication po-
sitive, dans la recherche de solutions appropriées aux aspects de la crise
pouvant relever de leur ressort, dans une optique de solidaritépanafricaniste
et d’intégration sous régionale ;
• les patriotes, les démocrates et autres citoyens se donnent la main
et fédèrent les initiatives à l’échelle nationale, dans le but d’asseoir la ten-
dance àla paix en tant que dynamique irréversible ;
• les protagonistes travaillent àvaincre les hésitations pour réinstaurer
la confiance et s’engager avec détermination dans un dialogue qui, même
contradictoire, n’aurait d’autre objectif que la conduite de négociations
franches vers l’instauration d’une paix définitive ;
• les populations se démarquent de la culture et des manœuvres de
tous ceux qui, peu ou prou, ont fait de cette crise le terrain de prédilection
de leurs ambitions personnelles égoïstes, en l’utilisant notamment àdes fins
pécuniaires ou politiciennes, en misant sur la corruption et la division ;
• les partenaires au développement, les ONG s’engagent à accom-
pagner le processus de paix par la définition et la mise en œuvre de projets
et programmes spéciaux de développement et de réinsertion sociale des
combattants du MFDC.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
III. Annexes
A. Termes de Référence Atelier sous régional
Thème : Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Rappel du contexte
3 - En effet, disposant d’un PIB par habitant très faible, environ 1000 dollars PPA/an et
d’un IDH de 0,465 (moyenne mondiale de 0,729). Le nombre de mal nourris (206 millions
de personnes) a augmentéde 37 millions sur les dix dernières années.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
droits humains, n’a pas encore permis d’obvier les violations des droits hu-
mains en Afrique de l’Ouest.
La protection des populations dans les zones de crises pose des problèmes
spécifiques, en particulier la question de savoir s’il existe une réelle politique
de sécuritéen Afrique de l’Ouest.
Objectif général :
Objectifs spécifiques :
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
Résultats attendus
Les mouvements sociaux africains, et les structures qui travaillent sur la
question avec leurs partenaires stratégiques se sont retrouvés pour mieux
analyser les causes récurrentes des conflits et des crises en Afrique et dans
le monde, mais particulièrement en Afrique de l’Ouest ;
De fructueux échanges et des analyses citoyennes se sont tenus sur la si-
tuation de la géopolitique ouest africaine, africaine et internationale, et des
expériences et bonnes pratiques ont étépartagées ;
Les mouvements sociaux africains ont proposéet adoptéun agenda com-
mun de participation citoyenne dans la gestion et la résolution des conflits.
Groupes cibles
Les participants (e) attendus (e) dans cet atelier sont essentiellement des acteurs
issus des Organisations sociales et citoyennes qui travaillent sur ces questions.
Ils sont des délégués d’ONG/OSC/OCB, en Afrique, des chercheurs univer-
sitaires, des responsables d’institutions travaillant sur ces aspects ; des
Officiers supérieurs, responsables syndicaux, des leaders d’associations de
femmes, de jeunes, des responsables de Collectivités locales, des élus –
Députés, des journalistes, etc.
Ils viennent essentiellement des pays de la sous région (Gambie, Guinée Bis-
sau, Mali, Mauritanie, Niger) et aussi du Sénégal.
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
B. Agenda
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Crises et conflits en Afrique de l’Ouest : quelle politique sécuritaire face aux menaces ?
13 h 20 – 14 h 50 Pause déjeuner
14 h 50 – 16 h 00 Echanges pour une synthèse sur les deux sujets abordés dans la 2ème journée
(Ressources naturelles / Crise en Casamance)
Modération : Madame Ndèye Marie DIEDHIOU (Présidente de la Plateforme des
Femmes pour la Paix en Casamance)
16 h 00 – 16 h 20 Pause café
16 h 20 – 17 h 00 Lecture et Adoption du Rapport général de l’atelier
Modération : M. Seydou Touré
17 h 00 – 17 h 10 Cérémonie de clôture :
- Allocution de M. Mamadou Mignane DIOUF, Coordinateur du Comitéd’organisation
du Forum Social Africain
- Mme Annette LOHMANN, Représentante Résidente de la Friedrich-Ebert-Stiftung
17 h 30 – 18 h 30 Conférence de presse / Présentation des résultats de l’atelier
Modération : M. Mamadou Mignane DIOUF, Coordinateur du Comitéd’organisa-
tion du Forum Social Africain
18 h00 – 18 h 30 Collation
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