Cours de Techniques D'alphabetisation Isdr Corr

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

INSTITUT SUPERIEUR DE DEVELOPPEMENT RURAL

I.S.D.R KITSOMBIRO
B.P. 43 LUBERO

NOTES DU
COURS DE Année Académique : 2012-2013

TECHNIQUES
D’ALPHABETISAT
Facilitateur : Chef de TravauxKAMBERE MWANGAZA
Matama

Tel : +243997294423
+243893074898
+243829213541

E-mail: [email protected]

ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022


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1. PLAN DU COURS
1. Plan
2. Bibliographie
3. Objectifs du cours
4. Préambule

CHAP I: EDUCATION ET ALPHABETISATION


1.1 Définition de quelques concepts
1.1.1 Education
1.1.2 De l’éducation traditionnelle à l’éducation scolaire
1.1.3 Instruction et alphabétisation
1.1.4 Le développement
1.2 Différence entre éducation scolaire et alphabétisation

CHAPII : ECRITURE ET DEVELOPPEMENT


2.1Alphabet : une brève histoire de l’alphabet
2.2Institution de l’école
2.3 Ecole et développement

CHAPIII : ALPHABETISATION ET DEVELOPPEMENT


3.1 Analphabétisme comme phénomène mondial
3.2 Destinataire de l’Alphabétisation
3.3 Pédagogie de l’alphabétisation
3.4 Expérience pilote de PAULO FREIRE
3.5 Ce qu’il faut éviter au cours du processus d’alphabétisation

CHAP IV : LES EFFETS DE L’ALPHABETISATION


4.1 Alphabétisme et développement
4.2 Alphabétisation et changement social
4.3 Alphabétisation et croissance économique
4.4 Evaluation des campagnes d’alphabétisation
4.5 Evaluation du taux d’analphabétisme en RDC

CHAP V : QUELQUES PRINCIPES D’ALPHABETISATION

CHAP VI : QUELQUES METHODES OU TECHNIQUES D’ALPHABETISATION


6.1 Etapes en alphabétisation
6.2 Orientation méthodologique en alphabétisation conscientisante
6.3 Principes pédagogiques

CHAP VII : APPRENTISSAGE COMMUNAUTAIRE BASE SURLA COMPETENCE


7.1. Dimension de l’éducation
7.2. Education à base communautaire
7.3. L’apprentissage base sur le problème
7.4. Organisation d’une formation
7.5. Etapes pour renforcer l’autoformation
7.6. Raisons de non-participation à la communication d’un groupe en
autoformation

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2. BIBLIOGRAPHIE
BUNZIGIYE, D ; Alphabétisation, un Tremplin pour le Développement, Pallotti-
Presse, Kigali, 2005
Encyclopediauniversalis, T1, Paris 1992, pp 1017-1021
GAL ROGER ; Histoire de l’éducation, Que sais-je, paris, 1969
Georges DEFOUR (2000) ; Andragogie, Orientations de base d’un
accompagnement à l’autopromotion des groupes d’adultes, éditions Bandari,
Bukavu

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous


droits réservés.

STEIFFELER F. et al ;Zaïre, villages, villes et campagnes, Paris, l’Harmattan,


1986
VAAST, P. et MEDARD, R., Pédagogie pratique et morale professionnelle
RDC/UNICEF/MISS 2011 : Enquête nationale sur la situation des enfants et
des femmes en 2011, Kin, ministère de la santé, 2011
www.dvv-internationa-de/index.php
fr.wikipedia.org/wiki-alphabetisation
Questions d’éducation des adultes, in éducation des adultes et
développement, Mars 1990.
Revues : Institut de coopération internationale de la confédération
allemande pour l’éducation des adultes. N 2 en 2004, N 65 en 2005

3. OBJECTIFS DU COURS
Ce cours poursuit comme objectifs :
 D’informer les étudiants des voies d’instruction parallèles à celles
scolaires.
 D’en étudier les expériences probantes (qui prouvent) avec des leçons
conséquentes.
 Conduire les étudiants à réinventer une pédagogie de l’alphabétisation
de nos masses inadmissibles aujourd’hui dans les structures scolaires
formelles.
 Initier et outiller les étudiants en méthodes et techniques
d’alphabétisation.
 Informer les étudiants sur les principes d’alphabétisation.
 Alimenter la discussion sur les stratégies d’alphabétisation favorable
au développement de notre pays ou de notre région.
 Eveiller chez les étudiants le goût d’initier des projets de
(développement) d’alphabétisation.

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PREAMBULE
Dans un monde en changement, à l’heure la mondialisation, certains besoins
éducatifs fondamentaux lacunaires (savoir lire, écrire et compter, mais aussi
résoudre des problèmes et extrapoler ces acquis aux événements de la vie
quotidienne) conditionnent les capacités de développement personnel et social et
par conséquent la réduction de certains fléaux sociaux.
La contribution de l’éducation des adultes à la réduction de la pauvreté dans
le monde est l’un des plus grands défis auxquels nous ne cessons de devoir faire
face. Au quotidien, il va de soi que nous travaillons dans des domaines spécialisés
divers notamment la formation initiale et continue, l’organisation et
l’administration, la recherche et l’évaluation. Nous débattons aussi du rôle qui
nous incombe dans l’apprentissage tout au long de la vie et nous engageons en
faveur de l’alphabétisation dans le cadre de l’éducation pour tous(L’EPT) : c’est le
cadre de l’éducation sur lequel repose nos réflexions sur l’évolution de
l’apprentissage et de la formation.
L’éducation est un droit fondamental ancré dans les principales chartes
internationales, entre autre celles des nations unies. Partout dans le monde, on se
préoccupe en outre de nécessité d’éduquer les adultes, d’éradiquer
l’analphabétisme et leur inculquer les connaissances professionnelles qu’il leur
faut améliorer leur productivité économique d’où le développement économique.
Le sous-secteur de l’alphabétisation est par conséquent primordial au point de vue
de l’acquisition de compétences, en particulier pour les gens qui se trouvent hors
du système d’éducation formelle (qui suit le rythme normal de l’éducation).
Mais du fait que nous préconisons une éducation des adultes axée sur le
développement, nous devons plus que jamais agir contre l’aggravation de la
pauvreté à l’ère de la mondialisation. L’alphabétisation reste également l’un de
nos sujets principaux, notamment parce qu’elle représente l’un de problème
majeur de l’éducation des adultes la plupart des pays les plus pauvres. En titre
illustratif, il s’apparut au Kenya que l’analphabétisme constituait un sérieux
obstacle au développement, priorité fut donnée à son éradication. Ceci donna lieu
au déblocage d’immenses ressources destinées au programme d’alphabétisation
mis en place en 1979. Et au départ le nombre d’inscription était élevé
parl’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
(UNICEF).
En apparence, un individu peut apprendre tout seul à déchiffrer un nom
simple. En réalité, il réussira ce décodage grâce aux diverses indications qu’on lui
aura fournies ça et là et qu’il recoupera.C’est donc essentiellement dans un cours
que l’alphabétisation est possible. Apprendre à lire et à écrire à un élève, c’est,
littéralement, faire de l’alphabétisation. Mais en général, on restreint le public
analphabète aux personnes qui n’ont pas appris à lire et à écrire quand ils étaient
jeunes. Pour les personnes qui ont été capables de lire et d’écrire mais qui ne le
sont plus du fait d’un parcours psycho-social compliqué ou très éloigné de la
culture écrite, on parle d’illettrisme.
L’alphabétisation concerne donc tout public (adulte ou enfant) qui n’a jamais
vraiment acquis les bases de l’écrit. Parfois ; l’apprenant n’a jamais été scolarisé :
il découvre ce qu’est l’écriture, prérequis essentiel à l’intégration dans la plupart
des sociétés.
Avec notre cours, pour être plus concret et scientifique nous allons nous fier
sur les objectifs de l’EPT qui furent formulés au forum mondial de Dakar (Sénégal)
en 2000 en rapport avec l’éducation des jeunes et des adultes :
1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l’éducation de
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la petite enfance et, notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés
2. Faire en sorte qu’ici 2015 tous les enfants notamment les filles, les enfants en
difficulté et ceux appartenant à une minorité ethnique aient la possibilité
d’accéder à un enseignement primaire obligatoire gratuit de qualité et de le suivre
jusqu'à son terme.
3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en
assurant un accès équitable à de programme adéquat ayant pour objet
l’acquisition de connaissance ainsi que de compétences nécessaires dans la vie
courante.
4. Améliorer de 50% d’ici 2015 le niveau d’alphabétisation chez les adultes en
particulier chez les femmes et offrir à tous les adultes un accès équitable à
l’éducation de base et à la formation continue.
5. Eliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et
secondaire d’ici 2015 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant
notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une
éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite.
6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation dans un souci
d’excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus
et quantifiables notamment à ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les
compétences indispensables dans la vie courante. (Source : UNESCO, Rapport
mondial de suivi sur l’EPT).

CHAP.I : EDUCATION ET ALPHABETISATION

1.1 Définition de quelques concepts


1.1.1 Education
Paréducation, on entend généralement le processus ordinaire qu’utilise une
société pour conduire ses membres à une heureuse adaptation à la vie du groupe,
à la participation en tant qu’individu et en tant qu’unité fonctionnelle, contribuable
au progrès et à la survie générale de cette société.
Cette éducation peut être assurée à un niveau informel et empirique comme
c’est le cas de milieu traditionnel non branché sur un système scolaire. Cette
forme est en nette régression pour ses influences et dans la plupart des sociétés,
l’école joue un rôle complémentaire irréversible pour conduire les jeunes à leur
maturité suivant des principes scientifiques éprouvés.
Toute éducation vise en effet le développement harmonieux de la
personnalité humaine dans toutes les dimensions physique, sociale, intellectuelle,
religieuse, morale, professionnelle. La culture ou le développement de chacune de
ces dimensions fait l’objet d’une formation particulière, c'est-à-dire d’un
entraînement comportant des exercices appropriés pour le plein épanouissement
de l’aptitude recherchée.
De toutes ces formes, l’éducation intellectuelle est la plus délicate car elle
exige la présence d’un guide éclairé et crédible ainsi que des méthodes qui ne
sont le lot (don) de tout individu.

1.1.2 De l’éducation traditionnelle à l’éducation scolaire


L’éducation est en effet, un phénomène universel dans la société humaine.
Partout et toujours on a éduqué l’enfant à la vie du groupe. C’est le rôle

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traditionnel de la famille de poser le premier jalon de toutes les formations


évoquées ci-haut.
En revanche, l’éducation scolaire a toujours été réservée à une catégorie des
personnes ou des familles émergentes de la société. Elle n’est pas le lot de tous et
ne s’est instituée qu’à travers plusieurs stades d’évolution.
MARROU et ses collaborateurs expliquent l’origine de l’école en ces
termes : la famille est une émanation de la communauté humaine. C’est par son
caractère sacré qu’elle est signalée comme première éducatrice de ces sociétés,
l’éducation, action qui, spiritualisant d’emblée la vie familiale et sociale était
donnée par les parents aux enfants à travers un contact humain continuelle de la
vie humaine que la famille a prédisposé l’espèce humain au goût de l’effort et à la
recherche d’une échelle de valeurs séculairement (depuis des siècles)
perfectionnées. C’est également par l’institution de l’éducation que la famille
primitive a confirmé sa primarité comme héritable élément fondamentale de
l’humanité.
L’éducation est pour la famille un instrument d’humanisation de ses propres
membres, c'est-à-dire un moyen permettant d’éveiller et de développer dans
chaque homme la capacité de vivre moralement et socialement bien dans son
milieu ambiant.
L’intégration sociale des membres des sociétés préhistoriques se réduisant à
l’apprentissage de quelques responsabilités adultes par des techniques et des
cérémonies d’initiation, ces cérémonies s’organisaient à des moments de la vie
particulièrement critiques : enfance, puberté, …
Bien que cette époque fut celle d’une pédagogie familiale naissante, les
sociétés disposaient déjà de maîtres ceux-ci étaient chargés de transmettre à
chaque membre de la société les traditions et rites sacrés afin d’assurer la
cohésion et la sécurité de la vie communautaire. Comme on peut le constater, le
maître de rituel d’initiation est après les parents le premier de tous les instituteurs
du genre humain, le véritable dépositaire de la civilisation.
L’histoire prouve qu’il a existé plusieurs foyers de civilisations. Celles- ci se
manifestent par des activités tels que : l’agriculture, le commerce, la vie urbaine,
transport, la médecine, l’invention de l’écriture,… ces techniques permirent, vers
le début du troisième millénaire, ouvrant notre ère à certains groupements
humains d’inaugurer le temps historique. De toutes ces inventions, c’est l’écriture
qui nous intéresse de plus parce qu’elle engendra la culture scolaire et permit la
rationalisation continuelle jusqu’à nos jours.
Ces auteurs ajoutent aussitôt que l’école aurait son origine connue dans la
culture de la Grèce Antique au 6e S avant J.C et son inspiration dans les sports et
autres activités récréatives inventées par l’aristocratie, c'est-à-dire la classe de la
noblesse et la physique ou de la réalisation progressive de l’éducation physique ou
de la gymnastique à toutes les couches sociales de l’époque conduisit à une
organisation pédagogique impliquant la présence des spécialistes à différents
enseignements qui se faisaient payer selon leur célébrité et le savoir-faire bien
défini.
L’école naît donc du besoin d’apprentissage chez les apprenants, de la
présence et de la disponibilité des dépositaires du savoir-faire désiré et du savoir-
faire lui-même.
Bref l’école est le lieu spécialement aménagé pour réunir les conditions
optimales d’enseignement apprentissage de la manière la plus économique et la
plus évolutive.

1.1.3 Instruction et alphabétisation

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Nous venons de relever que l’éducation est le processus ordinaire par lequel
toute société veut se maintenir et se développer à travers ses membres à se
réaliser en tant que collaborateur et contribuable au progrès et à la survie
générale.
Cette éducation est assurée au niveau empirique et informel dans le milieu
traditionnel par la famille ou le clan : ici l’enfant est une tribu par l’imitation et
l’incitation occasionnelle des adultes qui lui apprennent les techniques de
communication orale et imagée, des techniques d’expression artistique, des
pratiques médicales, professionnelles ou culturelles.
Cette somme de connaissances est une instruction mais qui n’est pas
systématique ni formelle. Elle est informelle, ponctuelle, sans programme en
contenu précis.
En revanche, l’éducation scolaire se différencie de l’éducation familiale par
le fait qu’elle est confiée à des spécialistes et transmise selon des normes précis et
répondant à certains critères de réceptivité : contrôle de la progressivité, âge du
destinataire, aptitude des enseignants et des destinataires.
Mais hélas ce n’est pas à tout le monde qu’il est donné d’accéder à cette
éducation structurée ou formelle à temps utile ou optimal. L’alphabétisation est
une entreprise de récupération du retard mis par les apprenants dans l’acquisition
des connaissances, des techniques des attitudes et aptitudes qui auraient dû déjà
être cultivés. Elle est aussi ponctuelle et localement organisée en fonction de la
collectivité des sujets qui en bénéficient.
Comme déjà dit, toute éducation vise le développement harmonieux de la
personnalité humaine dans ses dimensions physiques, sociales, intellectuelles,
religieuses, morales, professionnelles,… la culture de chacune de ces dimensions
fait l’objet d’une formation spécifique, et à l’école, l’instruction est précisément le
processus d’ameublement rationalisé des fonctions intellectuelles de l’apprenant.

1.1.4Le développement
Par développement, nous voulons entendre une évolution sur 2 niveaux : le
niveau individuel et puis au niveau collectif. Au niveau individuel c’est
l’épanouissement de la personnalité de l’apprenant, l’extension ou
l’enrichissement de ses potentialités innées pour son propre bonheur et le bien-
être social. Au niveau collectif, le développement n’est rien d’autre que le progrès,
l’amélioration en qualité et en quantité des ressources permettant une plus grande
bienséance, un mieux –être commun.
En effet, l’éducation scolaire, particulièrement l’instruction (formation
intellectuelle) est basée sur des méthodes et principes scientifiquement avérés
répondant aux lois de la psychologie de l’apprenant destinée aux enfants, aux
jeunes gens par une société qui projette et planifie son avenir et forme les
individus en harmonie avec ses objectifs.
En tant qu’entreprise rationalisée et systématique l’éducation scolaire utilise
des méthodes que la philosophie nomme : intuition, déduction, induction, tradition
analyse, synthèse et s’appuie sur les principes généraux d’adaptation, d’intérêt,
d’activité, de progressivité,…
Soulignons particulièrement ici la mise en valeur de la notion de motivation :
A l’école, le sujet d’enseignement est choisi par le maître et pour intéresser
l’apprenant il a besoin d’être fortement motivé afin d’amener celui-ci à prendre
plaisir à la leçon qui ne découle pas de son besoin ou de sa demande.
Dans l’éducation familiale ou dans l’alphabétisation, l’apprenant est à la
base de son apprentissage, il demande qu’on l’aide à résoudre un problème dont il
ressent l’acuité. Et cet apprentissage procède d’exercice volontaires et utilitaires

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pour l’apprenant ; ce qui implique des méthodes appropriées. Pour


l’alphabétisation, comme nous allons le voir les méthodes à utiliser dépendront de
la motivation des demandeurs.
Le développement est essentiellement un processus de changement de
mentalité ou plutôt de conversion qui organise la société dans son passage d’une
société traditionnelle à vision statique et cyclique à une culture technique ou
technologique mais responsable.
Les auteurs comme FOURASTIE soulignent que l’éducation est non
seulement la base de la civilisation et de la morale mais aussi de l’économie ; les
mêmes auteurs reconnaissent également que le sous-développement est jusqu’à
un certain point la conséquence d’un défaut d’instruction. A titre d’exemple, nous
remarquons qu’en général le taux d’analphabétisme est plus élevé dans les pays
sous-développés que dans les pays développés.
A ce propos, LE THANKHOI déclare ce qui suit : En effet, plus qu’un moyen de
transmission des connaissances, de transformation des mentalités et d’intégration
nationale, l’école est considérée, à l’heure actuelle, comme une entreprise
d’investissement des ressources rentables à court, moyen et à long terme. Elle est
une activité destinée à produire des biens et services humains et renforcer les
rendements d’activités humains.
Quand on parle de l’alphabétisation on pense sans doute à l’analphabète.
C’est bien lui le sujet de l’alphabétisation. En général c’est celui qui ne sait ni lire
ni écrire. Cependant d’après la définition de l’UNESCO, il semble parfois et aussi
réputé analphabète même celui qui sait lire et écrire son nom. Tout dépend du
degré d’intégration sociale et de participation de l’homme à la vie pratique.
L’alphabète est une personne qui peut lire et écrire, tout en comprenant un
exposé court et simple sur la vie quotidienne. La conception actuelle de
l’alphabétisation des adultes vient de passer l’étape de la lecture et de l’écriture et
se révéler être un moyen puissant de mobiliser les masses pour la révolution et
pour la construction de la nation.
Alphabétiser c’est en même temps éveiller la conscience et la participation
pratique ; c’est apprendre à lire et écrire aux gens.
Alphabétisme= est le système d’écriture qui repose sur l’alphabet.
Alphabétiseur = celui qui alphabétise les autres.
Alphabétisé = celui qui apprend.
Analphabétisme = absence de tout rendement d’instruction et en particulier
l’état d’une personne qui ne sait ni lire ni écrire.
Analphabète = celui qui ne sait ni lire ni écrire dans une langue quelconque n’est
pas forcement ignorant et malheureux mais non équipé pour affronter le monde de
papier dans lequel nous vivons aujourd’hui.

1.2. Différence entre éducation scolaire et alphabétisation


On peut schématiquement dire que si les deux initiatives appellent la présence du
couple enseignant-apprenant et un contenu qui constitue et justifie leur
interaction, la différence entre ces deux modalités d’éducation se situe à plusieurs
niveaux :
1.Le destinataire : L’alphabétisation est réservée à ce que l’éducation familiale
et scolaire n’a pas pu les outiller suffisamment pour leur adaptation à la vie
présente.

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2.L’âge de l’apprenant : Généralement, l’éducation scolaire, en particulier est


destinée au plus jeune tandis que l’alphabétisation est strictement envisagée pour
les individus dont l’âge ne permet plus le classement dans le registre scolaire.
3. Le commanditaire : L’éducation scolaire est conçue par l’Etat, c'est-à-dire le
pouvoir organisé en vue de l’adaptation de la jeunesse. Ce pouvoir définit donc
l’éducation dans son contenu, ses méthodes et objectifs. Par contre,
l’alphabétisation se justifie par une demande de savoir ou de savoir faire face à
des problèmes vécus dans leur réalité locale.
4.Les méthodes pédagogiques : L’alphabétisation porte plus des fruits avec les
méthodes dites actives et participatives, s’appuie sur la contribution intellectuelle
des apprenants tandis que l’éducation scolaire doit aussi recourir pour être
complète aux simulations et le niveau d’assimilation des apprenants.
En revanche, l’alphabétisation n’a de préconçu que le sentiment unanime
d’une lacune ou d’un problème à combler. C’est le sentiment qui, du reste, définit
la qualité de l’animateur dont les compétences doivent être en rapport étroit avec
le problème central ressenti.
5. Le point de vue institutionnel : L’école est une institution sociale venant au
secours des familles incapables d’assurer avec un maximum de garantie des
différentes formes d’éducation. Elle est un bien commun pour la nation et un droit
pour la jeunesse.
L’alphabétisation, en revanche, n’est ni une institution ni une obligation à
l’adresse de qui que ce soit. Pendant que la scolarisation est une entreprise
nationale conçue dans la sphère de l’autorité philosophique et politique,
l’alphabétisation procède d’une nécessité ponctuelle, d’une situation particulière
et peu dépendante de la volonté politique. Cela bien sûr n’exclut pas que l’Etat
m’apporte son appui à une initiative d’alphabétisation qui concoure au
développement général.

CHAPII : ECRITURE ET DEVELOPPEMENT

2.1 Alphabet : brève histoire et naissance de l’école


C’est à dessein que nous n’avons pas d’amblée donné une définition au
concept alphabétisation par ce qu’il implique la notion d’alphabet et d’écriture qui
sont au centre de l’instruction scolaire et de l’alphabétisation. Si l’on peut parler
de civilisation et de développement actuel de l’humanité, c’est assurément grâce
à l’invention de l’écriture et notamment de l’alphabet. La transmission des
connaissances aux générations suivantes n’a été possible que grâce à l’écriture.

211. Les premières écritures


Le cunéiforme, inventé en Mésopotamie vers plus de 3400 ans av. JC et les
hiéroglyphes imaginés en Egypte vers plus ou moins 3200 ans av. JC, servent
d’abord à établir des inventaires.
Ils comprennent en plus des chiffres, des pictogrammes, c'est-à-dire des
dessins représentant un être ou un objet. Ces écritures se sont compliquées
lorsqu’il fallait écrire des phrases. Les pictogrammes qui tendent à devenir des
dessins stylisés se répartissent en 3 catégories selon leurs fonctions :
L’idéogramme : qui a la valeur d’un mot tout entier et qui représente un être ou
un objet. Il peut aussi évoquer des termes abstraits par association d’idées.
Exemple :Le pictogramme étoile, en devenant un idéogramme signifie étoile, dieu
haut.

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Le phonogramme : est un signe phonétique qui transcrit une syllabe ou


seulement pour les hiéroglyphes une consonne isolée.
Le déterminatif : que l’on place au côté d’un mot écrit au moyen des signes
phonétiques ou d’idéogramme complexe qui supprime toute possibilité d’erreur
de lecture en indiquant à laquelle catégorie d’être ou d’objet appartient le mot en
question.
Les deux premiers systèmes d’écritures (idéo et phono) ayant mis des
siècles à se constituer, il en résulte que chaque signe a plusieurs valeurs soit
comme idéogramme, soit comme déterminatif ou encore comme phonogramme.
C’est pourquoi, l’emploi de l’écriture est resté, pendant plus de deux
millénaires réservé à une élite qu’on appelle les scribes qui après des longues
études ont acquis le monopole des charges administratives, des sciences sacrées
et profanes. Les scribes mésopotamiens utilisent l’écriture la plus compliquée
(cunéiforme) tentent de la signifier de plus à plus grâce aux signes phonétiques,
mais ils ne renoncent jamais au plaisir des jeux des mots, à l’emploi des
idéogrammes et des signes rares réservés aux initiés.
Le royaume Egyptien et les cités de la Mésopotamie ont servi les Etats
apparus plus tard, à profiter de leurs expériences en inventant leurs écritures.
C’est alors la syllabique ou à côté d’un petit nombre d’idéogrammes à valeur
unique et concrète. Il n’y a plus que de signes phonétiques transcrivant chacun
une seule syllabe à nombre limité (entre 45 et 90 signes). C’est le cas du proto
élamite linéaire qui est apparu 2200 ans av. JC, des écritures de la Crête, des
écritures de Chypre du 16eau 8eS, av. JC).
Le système parfois combiné avec l’alphabétisme sera encore en usage après
l’apparition de l’alphabet.

212 L’alphabet latin


La postérité la plus importante de l’écriture grecque se situe en Italie.
Langue de culture le latin survivra à la chute de l’empire romain. Les peuples
barbares (non romains) instruit par les adeptes de la culture latine adoptèrent
l’alphabet latin qui bénéficie de l’esprit conquérant et de la primauté intellectuelle
des nations de l’Europe occidentale. Les conquistadores et les colombs apportent
leurs cultures à des continents (Amérique, Australie) qui étaient restés
analphabètes ou qui n’avaient que des écritures de type archaïque condamnées à
disparaître dès le premier contact avec les blancs.
De nos jours, les écritures traditionnelles sont en recul ou sont sur leur
défensive devant le progrès de l’alphabet latin aujourd’hui apporté par les
linguistes. Ceux-ci utilisent ces lettres complétées par des signes diacritiques (ex :
accent) pour créer des nouvelles écritures qu’il s’agisse comme en Afrique
d’élever les parlées indigènes jusque-là non écrit au rang des langues officielles ou
comme en Turquie, lors de la reforme d’ATATURK en 1928, de faire disparaître
une écriture (arabe) difficile et peu précise. Ainsi, l’URSS conserve les alphabets
cyrilliques qui servent aux 4/5 de la population mais le gouvernement soviétique a
utilisé des éléments des lettres latines pour les alphabets créés, à l’intention de la
minorité qui ignorait jusque-là l’écriture. Par contre, la chine hésite encore à
adopter une écriture de type alphabétique ; ce qui supposerait une refonte totale
de leur langue.

22. L’institution de l’école


L’éducation, plus que toute autre initiative, a le pouvoir de favoriser la
formation d’un nombre toujours plus crossant dans les limites qui dépassent la
famille. L’école estime de plus précieuses inventions de la coopération humaine

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pour la mise en profit des dons particuliers que la nature a mis à certains
individus.
L’école est devenue une institution par souci d’économie talent et des
énergies humaines ainsi que par besoin de promotion des talents de plus en plus
diversifiés. C’est le lieu de la recherche, de la découverte et de la démonstration
de tout progrès intellectuel, technique ou technologique. C’est pour cela que
SHAKESPEARE a fait dire à l’un de ses héros : « Dis-moi de quelle école tu
remontes et je te dirai de quelle nation tu viens ».

2.3 Ecole et développement


L’investissement dans l’éducation est pour la nation le moyen le plus sûr et
plus direct dont dispose le pays pour promouvoir le bien-être économique et social
de sa population et jeter les bases d’une société plus démocratique.
Le sommet mondial pour les enfants (UNICEF 2000) a reconnu à l’éducation
cette importance et a recommandé 3 objectifs que tout pays devait atteindre à la
fin de la décennie 1990-2000. A savoir, l’objectif 6 « l’accès universel à l’éducation
de base et l’achèvement du cycle de l’enseignement primaire par au moins 80%
d’enfants d’âge scolaire au terme d’un enseignement formel ou non formel comme
l’alphabétisation qui obéit à des normes comparables, l’accent étant mis sur la
réduction des écarts entre filles et garçons ».
L’école ou mieux le nombre d’établissements scolaires où tout fonctionne
normalement est un de meilleurs indices de la capacité de promotion parce qu’une
institution scolaire présuppose non seulement l’infrastructure matérielle mais
encore et surtout un personnel formé, un matérielle mais encore et surtout un
personnel formé, un certain nombre de matériel didactique et de logistique prévu
pour soutenir les enseignements en vue de l’atteinte des objectifs. Or ces objectifs
sont toujours subordonnés à la politique socio-économique du pays. L’école est
donc la voie obligée pour le progrès d’une nation.

CHAP III : ALPHABETISATION ET DEVELOPPEMENT


Analysons ces exemples
1. Une jeune mère se précipite dans une clinique où on lui prescrit un flacon de
goûtes en lui indiquant la posologie adéquate, bouleversée, elle a oublié le
dosage en arrivant chez elle. Le temps de trouver un voisin capable de lire
l’étiquette du flacon, le bébé est presque mort.
2. Une veuve vit avec ses enfants dans la maison familiale. Ces derniers lui
proposent de vendre la maison, la pauvre veuve refuse. Malgré ce refus, les
jeunes gens vendent la maison à l’insu de leur maman. Au nom de celle-ci,
ils rédigent un acte de vente et lui demandent de poser son empreinte
digitale en lui expliquant que par ce document elle s’engage à ne jamais
vendre la maison. Quelques jours après, avec le concours de la police
l’acteur de la maison expulse la pauvre veuve en lui montrant l’acte de
vente qu’elle a elle-même signée.
3. Un papa déclare qu’il a déjà été plusieurs fois arrêté tout simplement parce
qu’il passe en des endroits où il est interdit de passer. En effet, on met des
pancartes interdisant le passage, comme il ne sait pas lire il est toujours
arrête, humilié et paie des amandes.
4. Un jour je suis allé au marché car j’avais l’envie d’acheter une chemise. On
avait écrit le prix de la chemise sur un morceau de papier. Comme je ne sais
pas lire j’étais obligé de demander le prix à la vendeuse. Celle –ci m’a

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ridiculisé en disant : n’as-tu pas des yeux pour voir l’étiquette affichée ?
J’étais profondément humilié.

3.1 Analphabétisme comme phénomène mondial


Le concept alphabétisation se définit mieux par opposition à la notion
inverse qui est l’analphabétisme.
L’analphabétisme est mesuré par l’incapacité à lire et à écrire un texte dans
une langue quelconque. On le distingue de l’illettrisme qui est le fait de retomber
dans l’analphabétisme par insuffisance d’instruction ou d’exercices intellectuels.
L’alphabétisme est l’effort d’appropriation de l’outil de connaissance que
constitue la lettre, l’écriture. Vers 1950, on estimait à 700 000 000 le nombre
d’analphabètes, soit 44% de la population adulte du monde de ce temps. En 1980,
le pourcentage a diminué dans la plupart des nations, le nombre d’analphabètes,
en effet, avec celle du sous-développées : des lenteurs et influences de la
scolarisation mais surtout du fait que beaucoup d’alphabétisés retombent dans
l’analphabétisme lorsqu’ils n’ont pas la possibilité de continuer à se cultiver.
La carte de l’analphabétisme coïncide en effet avec celle du sous-
développement : l’analphabétisme en est cause et effet. S’il atteint 60% dans
certaines régions d’Afrique, il n’épargne pas les pays industrialisés : En Europe du
sud, il se chiffre à 8,1%. Jusqu'à une date récente, l’analphabétisme a été
considéré comme un fléau social plutôt que dans ses relations avec le
développement économique et social.
Mais depuis une trentaine d’années la diffusion de cette dernière notion et la
mise en œuvre de politique nationale de développement ont révélé que
l’analphabétisme est un des facteurs décisifs du progrès de société et de la
promotion de l’homme.

311. Envergure du problème


L’analphabétisme est un phénomène mondial comme nous venons de le voir
mais les effets se ressentent différemment selon le lieu où l’on se trouve et selon
les cultures.
Les statistiques récentes de l’UNESCO qui ne sont pas plus objectives
montrent que même les Etats Unis qui détiennent la plupart des records dans le
développement sous les divers aspects, accusent encore un taux résiduel
d’analphabétisme qui environne 5% de la population. Le seul pays qui semble
bientôt triompher de ce fléau parait être le Japon où cet analphabétisme est
remplacé par l’éducation professionnelle qui prend en charge la formation de
l’ouvrier au point qu’au Japon il semble que le taux d’analphabétisme ne
dépasserait guère 3%. Dans les pays d’Europe, l’Angleterre serait à la tête des
pays qui ont le mieux lutté contre l’analphabétisme. Mais ces pays ne livrent
jamais toutes ses statistiques.
Les pays les plus menacés par ce fléau sont sans conteste ceux que
l’économie de marché tient sous tenailles (c'est-à-dire les pays dont les échanges
avec le monde développé sont à perpétuelle fluctuation). C’est notamment les
pays du tiers monde, ceux de l’Asie du sud, de l’Afrique et de l’Amérique latine.
Le monde développé a comme intérêt à maintenir les statistiques pour
exploiter encore plus longtemps une main d’œuvre si bon marché gérée dans des
pays dont la force politique n’est pas à mesure d’assurer une stabilité économique
et ce sont pour la plupart des régions productrices des matières premières dont les
usines des pays développés si la persistance d’analphabétisme dans certains
quartiers du monde n’est pas un fait intentionnel de certaines sphères
économiques.

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312. Evolution du concept alphabétisé


Nous venons de souligner que l’analphabétisme a un lien étroit avec la
situation économique qui implique aussi la situation sociale. Au 19 è s dans les
pays en voie d’industrialisation, on admettait souvent signer son propre nom. Dans
le langage courant d’aujourd’hui, est réputé analphabète celui qui ne sait ni lire ni
écrire et ce critère est encore utilisé dans le recensement ordinaire.
En 1951, un comité d’experts de l’UNESCO définissait l’alphabète comme
« une personne capable de lire et d’écrire en comprenant un exposé simple ; bref
des faits en rapport avec la vie quotidienne ». Mais, 11 ans plus tard, un autre
comité réuni par l’UNESCO, adopte la définition suivante : « Un alphabète est une
personne qui a acquis les connaissances et les compétences indispensables à
l’exercice de toutes les activités où l’alphabétisation est nécessaire pour jouer
efficacement un rôle dans son groupe et sa communauté et dont le résultat atteint
en lecture, en écriture et en arithmétique sont tels qu’ils lui permettront de
continuer à mettre ses aptitudes au service de son développement propre et du
développement de sa communauté et de participer activement à la vie de son
pays ».

313. Définition actuelle de l’alphabétisation


La nouvelle définition de l’alphabétisation met plutôt l’accent sur le contenu,
ou mieux sur l’élargissement du contenu et des objectifs.
Selon le Robert, l’alphabétisation consiste en un enseignement de l’écriture
et de la lecture aux éléments analphabètes d’une société. Mais comme nous
venons de le voir, cette définition est particulièrement incomplète car elle oublie
ou elle n’insinue que trop indirectement des implications sociales, les prospectives
et les objectifs visés par les apprenants. Actuellement, l’accent est mis sur la
notion de « l’alphabétisation fonctionnelle, sur la promotion de l’individu en même
temps que sur la participation au développement de son pays ».
En effet, le problème présente une importance capitale pour les états
devenus indépendants à la fois sur le plan politique, social et économique.
L’alphabétisation doit mobiliser les énergies en vue de bâtir la nation ; elle
transforme le milieu et élève la productivité des travailleurs, favorise la
scolarisation des enfants. Elle est le gage de la participation réelle des hommes, à
l’édification et leur propre destin. En d’autres termes, l’alphabétisation ne vise pas
seulement la culture ou le développement individuel mais aussi et surtout
l’avancement social et collectif.
Parlant de l’analphabète, prof MOKONZI s’exprime en ces termes :
« l’analphabète est comparé à une personne dont les yeux, la bouche et les
oreilles sont bandées, une personne qui, par conséquent ne voit pas, ne parle pas
et n’écoute pas ».
 L’Analphabète ne voit pas : Ne sachant pas lire, l’analphabète ressemble,
dans certaines circonstances à un aveugle. Cela est bien illustré par les
exemples 3et4.
 L’Analphabète ne parle pas :Il ressemble quelquefois à un muet.
En effet, écrire est un moyen largement utilisé pour parler à ceux qui sont loin de
nous ou qui vivront après nous. Par une lettre, on parle aux membres de la famille
et à d’autres personnes restées au village, parti pour s’installer en ville, dans
d’autres pays….
 L’Analphabète n’entend pas : il n’entend pas ceux qui parlent par écrit
puisqu’il ne sait pas lire. Il n’entend pas ceux qui parlent dans les journaux,
les livres…

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Alphabétiser quelqu’un revient donc à enlever le bandeau qui lui couvre les yeux,
la bouche et les oreilles. C’est lui apprendre à voir, à parler et à entendre.
En quoi sert-il d’enseigner la lecture, l’écriture et le calcul à des personnes
vivant dans des conditions difficiles sans les aider en même temps à combattre la
pauvreté, la dépendance ? Cette question a été clairement posée par un groupe
des paysans indiens à travers un célèbre poème dont nous reprenons ci-après
quelques extraits :
« Savoir signer son nom, ne veut rien dire,
Savoir lire quelques mots ne veut rien dire,
Nous acceptons de venir au cours
Si vous pouvez nous apprendre comment ne plus dépendre des autres.
L’alphabétisation peut-elle nous aider à vivre mieux ?
A être moins affamé ?
L’alphabétisation devrait nous permettre de vivre mieux au moins c’est ce
que nous pensons…
Aurons-nous des meilleurs grains et toute chose dont nous avons besoin ?
Tout cela c’est apprendre à vivre… »
L’alphabétisation est, par conséquent, de plus en plus considéré
comme l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul ainsi que des
connaissances et des activités qui peuvent aider à l’amélioration des conditions de
vie des personnes et des communautés. C’est donc apprendre à vivre.
Selon cette signification, l’alphabétisation est comprise comme la lecture et
l’écriture du monde.
 Lecture du monde : C’est l’analyse et la compréhension du monde avec
ses réalités.
 Ecriture du monde : C’est la transformation ou le développement du
monde.
Ainsi, considérant les définitions ci-haut, on peut distinguer :
l’alphabétisation classique et l’alphabétisation fonctionnelle.
 Alphabétisation classique : appelé également alphabétisation
traditionnelle ou encore alphabétisation scolaire, elle poursuit comme objectif,
l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de du calcul.
 Alphabétisation fonctionnelle : est entendue comme un procédé
d’enseignement qui associe l’enseignement de la lecture, et de l’écriture et du
calcul à une formation accélérée dans le domaine de développement tels que
l’agriculture, la nutrition, l’éducation sanitaire,... Il s’agit donc d’une
alphabétisation organisée pour le développement de l’homme et de sa
communauté.
Ainsi actuellement, on distingue : les analphabètes intégraux et les
analphabètes fonctionnels. Les premiers sont les personnes incapables d’écrire
leur nom, de lire et d’écrire des mots simples ou des phrases courtes ou faire des
calculs élémentaires, tandis que les seconds sont des personnes dont la capacité
de lire, d’écrire et de calculer efficacement a disparu. On parle dans ce cas
d’illettrisme.
Exemple : Un diplômé en pédagogie qui ne connaît plus préparer une leçon.
Actuellement, l’accent est mis sur l’alphabétisation « fonctionnelle », sur la
promotion de l’individu et en même temps sur sa participation au développement
de son pays.
L’objectif de l’alphabétisation est, en effet, de mobiliser les énergies des
personnes n’ayant pas bénéficié d’une formation quelconque dans le but de bâtir
la nation. L’alphabétisation a comme objectifs de transformer le milieu, d’élever la
productivité des travailleurs, de favoriser la scolarisation des enfants par la

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motivation de leurs parents. Elle est donc le gage d’une participation réelle des
hommes à l’édification de leur propre destin.
En d’autres termes, l’alphabétisation ne vise pas seulement la culture ou le
développement de l’individu mais aussi et surtout le progrès collectif et social. En
plus, elle vise une action à effet plus immédiat que l’instruction scolaire qui
prépare à un avenir tout azimut (terrain) alors que l’alphabétisation est centrée
sur des préparations bien précises choisies souvent en concertation entre
l’enseignant et l’apprenant.

32. Destinataires de l’alphabétisation


Il va sans dire que l’alphabétisation s’adresse aux analphabètes, c'est-à-dire
aux individus qui n’ont pas eu la chance de faire une scolarité ordinaire ou encore
qui n’ont pas pu la mener à terme, pour diverses raisons hormis la débilité
profonde.
Il ne faut pas, en effet, confondre l’alphabétisation avec la pédagogie
curative ou encore l’éducation spécialisée qui se préoccupe de la récupération des
individus incapables de s’adapter à l’enseignement normal ordinaire à cause d’un
quotient intellectuel particulièrement faible ou d’une malformation physique qui
interdit l’accès à l’apprentissage.
L’alphabétisation s’effectue généralement dans un cadre socio-politique
collectif, dans une perspective définie et concertée avec un résultat parfaitement
ciblé. C’est pourquoi la destination est aussi sélective.
Ex : Les analphabètes de telle région, de telle profession, de telle coopérative, de
tel âge, c'est-à-dire des gens appelés à accomplir telle mission, les gens de telle
couche sociale, tel apostolat, tel service,…
On comprend donc la souplesse et le souci de rentabilité immédiate qui
pourrait faire offense à la rigueur disciplinaire et la largeur de l’éventail de
perspective qu’ambitionne d’atteindre l’éducation scolaire.
Par conséquent, l’alphabétisation s’adresse aussi bien aux individus n’ayant
jamais mis leurs pieds à l’école qu’aux semi-lettrés qui ont prématurément lâché
les bancs de l’école suite aux diverses difficultés (économiques, sociales,
géographiques, socio-politiques) avant de maîtriser l’écriture et d’intégrer dans le
quotidien leurs capacités de travail intellectuel. Alors que l’école est une affaire
exclusive de l’Etat, les initiatives d’alphabétisation peuvent être prises en
discrétion soit par des partis politiques, religieux ou encore par des ONG.

33. Pédagogie de l’alphabétisation


331. Regard rétrospectif sur quelques expériences d’alphabétisation
Il a été noté jusqu’ici que les campagnes massives d’alphabétisation n’ont
réussi que dans les pays socialistes. On peut se demander si le succès en cette
matière ne dépend pas d’abord d’une condition politique, c'est-à-dire d’un appel
national coercitif lancé par un gouvernement révolutionnaire ou d’un climat
d’enthousiasme et d’émulation créant un choc psychologique de grande ampleur
et mobilisant les dynamismes sociaux en vue d’agir sur les individus par les
groupes auxquels ils appartiennent.
L’accession à l’indépendance a pu avoir la même influence dans certains
pays et même au Congo. A la veille des indépendances, on a observé un désir
accru d’alphabétisation ou de scolarisation : les écoles du soir.
Et les écoles du soir et les enseignements privés ont fleuri un peu partout,
dans l’ambition de se préparer occuper les postes laissés par les colonisateurs.
Malheureusement, la méthode utilisée s’avérait inappropriée puisque les
enseignants confondaient psychologie de l’enfant et psychologie de l’adulte.

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Cependant, la condition politique n’est pas suffisante. Elle doit être complétée par
une bonne organisation en ce qui concerne la préparation et l’exécution de la
campagne et surtout en ce qui concerne l’adaptation de l’enseignement aux
motivations des adultes et la satisfaction donnée à ces motivations même si elles
ne sont que des conditions externes certes, mais indispensables.
Comme au Congo Démocratique, l’Algérie en 1963 a lancé immédiatement
après l’indépendance un vaste mouvement d’alphabétisation des adultes conçu
comme un service civique sur le modèle urbain. Mais, l’organisation de cette
alphabétisation était improvisée et après les premières vagues d’enthousiasme,
les individus ont commencé à déserter les cours. En effet, beaucoup d’instructeurs
formés à la hâte manquaient d’expérience pédagogique et le contenu des manuels
utilisés (programme école primaire) ne répondait pas aux intérêts et aux attentes
des groupes à alphabétiser.

332. Organisation et planification


Les structures d’organisation diffèrent selon les conditions propres à chaque
pays. Mais l’expérience montre que plusieurs conditions sont nécessaires. Il faut
d’abord que l’action gouvernementale soit appuyée par l’ensemble des
organisations nationales : associations privées, mouvements religieux, syndicats
patronaux et ouvriers, partis politiques,…
En outre, l’alphabétisation doit être planifiée dans le cadre du
développement économique et social général sur le plan national et régional.
Cette planification implique non seulement la location d’un certain budget et la
prévision des locaux et d’un personnel enseignant mais aussi des liaisons directes
avec la planification économique : il faut prévoir les catégories d’emplois qui
seront ouverts aux futurs alphabétisés et les qualifications qui seront exigées
d’eux ; c’est puisqu’ils exercent une grande influence sociale ainsi qu’agents
principaux du développement de leur milieu.
Ayant renoncé à son projet de la campagne mondiale contre
l’analphabétisme, l’UNESCO adopta en 1964, une stratégie d’alphabétisation
fonctionnelle intensive et sélective. Elle est sélective car l’effort sera concentré sur
quelques pays où l’évaluation scientifique des résultats fournira la base des
résultats des étapes ultérieures. Elle est intensive en ce qu’elle portera non pas
sur la population tout entière mais sur les éléments les plus capables de
promouvoir la croissance. Ex : Les ouvriers d’entreprise publique ou privée,
paysans des coopératives ou des organisations de développement
communautaire,… qui seront formés en même temps qu’alphabétisés.

333. Facteurs liés à la disparition de l’analphabétisme

Le principal obstacle à l’alphabétisation est en effet la pauvreté. Il s’agit


d’un véritable cercle vicieux : la pauvreté d’un pays fait obstacle à l’éducation et le
manque d’éducation freine son développement.

La situation est particulièrement préoccupante en Asie du Sud et dans


l’Afrique subsaharienne (c’est-à-dire dans les pays situés au sud du Sahara). La
difficulté de faire disparaître totalement l’analphabétisme dans ces pays est due à
plusieurs facteurs :

 l’insuffisance des dépenses consacrées par les gouvernements à


l’éducation : l’État n’a pas ou ne donne pas assez d’argent pour construire
des écoles, fournir du matériel, former et payer des professeurs ;

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 la forte croissance démographique : plus la population augmente dans


les pays pauvres et plus le nombre d’analphabètes augmente ;
 les guerres : dans un pays en guerre, l’accès à l’éducation n’est pas
prioritaire.

Entre les hommes et les femmes

L’analphabétisme touche davantage les femmes que les hommes : deux


analphabètes sur trois dans le monde sont des femmes. Cette situation
s’explique par plusieurs raisons.

Il existe notamment des motifs économiques : dans les pays pauvres,


l’aide apportée par les filles dans les tâches domestiques est trop importante pour
que les familles puissent s’en priver en les envoyant à l’école.

Les motifs culturels sont également importants : dans de nombreux


pays, la tradition veut encore que les filles ne soient pas envoyées à l’école ;
l’accès à l’éducation est réservé aux garçons, tandis que la place des filles est à la
maison.

Pourtant, il est vraiment important que les femmes aussi puissent apprendre
à lire et à écrire. Tout d’abord parce qu’elles en ont le droit autant que les
hommes, pour mieux vivre en société et accéder à la culture.

D’autre part, parce que l’éducation des filles est cruciale pour le
développement d’un pays. En effet, lorsque le niveau d’éducation des femmes
augmente dans un pays, le pays est en meilleure santé, car la femme est
souvent une mère qui peut directement appliquer ses connaissances acquises
dans le domaine de l’hygiène et de la santé : les pratiques d’hygiène sont
meilleures ; les enfants sont nourris de manière plus appropriée ; les femmes ont
moins d’enfants ; il y a moins de décès lors de la naissance ou au cours de la
petite enfance, car les femmes instruites sont plus en mesure de demander et
d’obtenir des soins avant et après l’accouchement.

Enfin une femme qui sait lire et écrire sera plus consciente de l’importance
d’envoyer à l’école ses enfants, en particulier ses filles.

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Une classe en plein air au Pakistan


L'accès à l'éducation a toujours constitué l'une des principales batailles de
l'Unicef, ainsi que d'autres organisations internationales, telles que l'Unesco. La
proportion d'enfants scolarisés dans les pays pauvres est de nos jours de 75 % en
moyenne. L'Unicef estime qu'environ 121 millions d'enfants dans le monde ne vont
pas à l'école. Cette situation touche encore plus durement les filles (65 millions).
C'est pourquoi l'accès des filles à l'école est l'une des grandes priorités de l'Unicef.
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Une classe en plein air au Burkina


Les enfants de la ville de Bobo-Dioulasso, située dans le sud-ouest du
Burkina, vont en classe en plein air. L’école est gratuite et obligatoire pour les
enfants de 6 à 16 ans, mais, en raison du manque d’enseignants et du caractère
rural du pays, un tiers seulement des enfants peut en bénéficier réellement. Le
niveau d'alphabétisation de la population est l'un des plus bas du monde :
seulement 27 % de la population sait lire et écrire. Le français est la langue
officielle dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Toutefois de nombreux dialectes sont
également parlés, et cette diversité complique encore l'éducation.

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3.3.4 Conditions de réussite d’un programme d’alphabétisation


L’alphabétisation est une activité complexe dont la réussite dépend du
respect de plusieurs facteurs.

a. Conditions liées aux élèves


La réussite d’un programme d’alphabétisation nécessite que l’on trouve
chez les élevées au moins trois principales qualités dont la motivation, la
compréhension et la participation.
1. La motivation
Un programme d’alphabétisation ne peut réussir que si les participants sont
fortement motivés pour suivre cours. En effet, lorsqu’on a à faire à deux
participants de même niveau d’intelligence, l’on observe le plus motivé s’absente
moins possible, poursuit les activités de la lecture et de l’écriture à la maison…
En d’autres termes, il fournit plus d’effort et apprend plus rapidement que le
participant le moins motivé.
La motivation des participants provient d’abord des difficultés qu’ils éprouvent
dans la vie courante parce qu’ils sont analphabètes.(Voir exemple donné).
Pour découvrir le degré de cette motivation, on peut, avant le démarrage
des cours, poser au candidat la question :
Pourquoi voulez-vous savoir lire, écrire et calculer?
Les réponses seront certainement l’occasion de relever certaines aspirations. Ex :
Savoir lire la Bible, éviter de se faire rouler, échapper à un sentiment d’infériorité,

2. La compréhension
On ne peut réussir un programme d’alphabétisation que si les participants
comprennent la matière qui leur est assignée. Ceci nécessite l’emploi d’un
vocabulaire simple et d’une méthode simple d’enseignement. Les difficultés de
compréhension sont généralement l’une des causes de l’abandon des centres
d’alphabétisation par les participants.
3. La participation
Les adultes ont une riche expérience qu’ils ont accumulée tout au long de
leur vie. C’est pourquoi il faut solliciter leur participation dans les différentes
phases ‘alphabétisation. Il faut qu’ils participent à l’élaboration du contenu, aux
discussions qui se déroulent au cours de l’enseignement, à l’évaluation du
programme, à toute prise de décision concernant le fonctionnement du centre
d’alphabétisation.
Pour montrer combien la participation est importante, PAULO FREIRE utilise
le terme étudiant-éducateur pour désigner les élèves de classes d’alphabétisation.
Ceux-ci à la fois élèves (car ils apprennent de leurs enseignants) et éducateurs
(car ils apprennent à leurs enseignants)… Le maître sait peut-être des choses que
nous ne savons pas, mais nous savons beaucoup de choses qui les dépassent…

b. Conditions liées à la méthode et au programme


Outre la simplicité dans son comportement, le respect des participants, le
sens de dialogue, la patience, l’alphabétiseur est appelé à être motivé pour le
travail d’alphabétisation et à suivre une formation appropriée.
Il ne suffit pas que les participants soient motivés, il faut encore que
l’alphabétiseur ait une forte motivation pour l’activité de l’alphabétisation. Il faut

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qu’il sente en lui une vocation pour ce travail. C’est la motivation qui pousse
l’alphabétiseur à travailler avec dévouement.
En plus de la motivation, il faut que l’alphabétiseur suive une formation
appropriée. Comme disait déjà Vincent en 1964 ; « l’Afrique ne pouvait réussir des
campagnes d’alphabétisation sans les alphabétiseurs formés à cet effet. »
Par manque de formation, certains alphabétiseurs enseignent aux adultes
comme s’ils enseignaient aux enfants, ignorants ainsi que l’éducation des adultes
répond à des principes spécifiques.

c.Conditions liées à l’organisation des cours


Une séance d’alphabétisation prendra environ deux heures et ne devrait pas
dépasser 2heures30minutes. Cette courte durée est justifiée par le fait que
l’alphabétisation ne doit pas empêcher aux adultes la réalisation d’autres activités
dont dépend leur survie ainsi que de leur familles et de leurs communautés
respectives (vendre au marché, cultiver le champs,, chasser, pêcher, coudre,…)
 Il faut un minimum de trois séances de cours par semaine. S’il se passe
beaucoup de jours entre deux séances, les adultes auront tendance à oublier
les notions apprises dans les leçons antérieures.
 Pour l’efficacité des enseignements, on fera de sorte que le nombre ne
dépasse pas 30 personnes par classe.
 En vue de faciliter la réussite d’un programme d’alphabétisation, il faut
admettre dans une classe les apprenants d’un niveau assez homogène.
Sinon, l’alphabétiseur aura tendance à adapter ses enseignements soit aux
forts soit aux plus faibles.
Il importe par conséquent, de constituer des classes homogènes. Pour
cela, l’alphabétiseur soumettra les candidats à un test (examen) comprenant
principalement trois parties : lecture, écriture et calcul.

3.3.5Choix de la langue
Du point de vue pédagogique, il est incontestable que le meilleur véhicule de
l’enseignement est la langue maternelle. Celle-ci permet à l’enfant comme à
l’adulte d’apprendre plus rapidement qu’il ne le ferait dans une autre langue. C’est
pourquoi, l’alphabétisation à langue maternelle réussit toujours mieux qu’à langue
autre que la maternelle.
Un problème difficile se pose aux pays qui ne peuvent enseigner en langue
maternelle pour une raison ou une autre, soit qu’il n’existe pas des langues écrites
ou pas des maîtres, pas des manuels, soit que dans une aire géographique
déterminée, il existe un grand nombre de langues ce qui a pour conséquence
d’entraîner une élévation du coût de l’enseignement. Le choix de la langue
d’alphabétisation et d’instruction en général devient alors une question du ressort
politique.
Mais il faut bien se rendre compte que l’alphabétisation dans une langue
étrangère ne peut jamais être une alphabétisation de masse. Le choix de langue
d’alphabétisation influence directement l’adoption de telle ou telle autre méthode
d’enseignement (méthode analytique, synthétique).

3.3.6.Le matériel didactique


Le matériel de lecture constitue un problème épineux pour les pays en voie
de développement qui n’en ont pas suffisamment pour leurs écoles.
Dans tous les cas, le matériel didactique prévu pour une alphabétisation
c’est-à-dire destiné à des personnes ayant dépassé l’âge scolaire doit être
différent de celui pour les enfants, psychologie appliquée oblige.

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Dans certains pays, on fonde des grands espoirs sur les moyens audio-
visuels comme devant permettre une large diffusion et pallier la pénurie des
maîtres qualifiés.
La T V a, il est vrai, un puissant pouvoir de démonstration. Son message
atteint immédiatement les processus et les gestes qu’elle montre (par ex une
technique de production agricole ou industrielle) communique rapidement le
savoir demandé.
La TV comporte toutefois deux inconvénients :
- elle est coûteuse et demande une intervention à un triple niveau : au niveau de
l’émetteur, de l’antenne de transmission et de la réception.
- aussi la rigidité de ses horaires s’adapte mal à l’activité différenciée des
hommes.
De toutes les manières, les moyens audio-visuels sont des moyens et non
pas de fins. Ils peuvent servir comme instrument juste pour éveiller la curiosité
des spectateurs, relever la motivation des destinataires. Ainsi, ils peuvent servir
comme instrument d’acquisition des connaissances (des langues notamment) et
comme auxiliaire de la formation du personnel enseignant mais ils ne
remplaceront l’enseignant. Il serait donc dangereux de fonder l’instruction
uniquement sur l’image télévisée. Seul, en effet, l’écrit ouvre l’accès à la réflexion
et à la culture alors que l’audio-visuel ne transmet qu’un savoir-faire ? L’abandon
à l’image conduit directement à l’aliénation.

3.3.7. Le personnel enseignant


L’alphabétisation a le malheur d’être marginalisée parmi les processus de
l’éducation des individus. Aussi peut-on remarquer surtout remarquer surtout dans
les pays du tiers monde que l’alphabétisation est souvent abandonnée au soin des
personnes et des animateurs que l’enseignement ordinaire a rejeté comme inaptes
à la productivité et l’efficience pédagogique.
Cette situation est fort déplorable et explique partiellement certains échecs
dans les campagnes d’alphabétisation ou de vulgarisation. Dans le cas d’une
alphabétisation fonctionnelle, c'est-à-dire un apprentissage lié ou mêlé à la
formation professionnelle, les meilleurs alphabétiseurs doivent être cherché parmi
le cadre même de cette profession. Il convient de veiller à ce que le temps pris par
l’alphabétisation ne nuise pas à la productivité du travail.
Tous les agents d’alphabétisation qui ne sont pas déjà des enseignants
doivent recevoir une formation pédagogique afin d’être capable de bien
communiquer leurs connaissances.
De toute façon, pour maximiser les chances de réussite d’une campagne
d’alphabétisation, on ne doit recourir au service des animateurs sous qualifiés qu’à
défaut de mieux et après avoir pris les précautions utiles d’une préparation
préalable de ceux-ci. Dans le cas, l’utilisation des encadreurs issus du métier est la
plus recommandable parce qu’il suffit de leur donner quelques séances de
procédure méthodologique.

34. EXPERIENCE PILOTE DE PAULO FREIRE : L’ENQUETE


CONSCIENTISANTE
3.4.1 Vie de l’auteur
PAULO FREIRE est né le 19 septembre 1921 à RECIFE dans le Nord- Est du
Brésil et mort le 02mai 1997 à Sao Paulo, dans le nord-est du Brésil. De père
officier militaire et de mère fervente catholique, il apprit très tôt, dans l’ambiance
familiale, le dialogue, qu’il a ensuite développé, au cours de différentes phases de
sa vie. Philosophe de formation, il développe en 26 ans une théorie philosophique

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basée sur l’observation de la vie ambiante dans son pays ; théorie qu’il baptise du
nom de « conscientisation » elle consiste à conduire les masses de désirer
s’alphabétiser en leur faisant prendre conscience de leur condition existante et par
suite de leur capacité à les changer moyennant leur volonté individuelle et
collective.
L’homme analphabète est opprimé or, par son travail il est travailleur, il est
créateur de culture. C’est ce qu’il lui faut faire comprendre par une méthode
active fondée sur le dialogue. Il découvrira alors la nécessite d’apprendre à lire et
écrire pour participer à la vie sociale. Il devient ainsi lui-même agent de cet
apprentissage qui consiste à comprendre ce qu’on dit et à écrire ce qu’on
comprend. Selon FREIRE, l’alphabétisation doit être donc une autoformation et par
là « le but de l’éducateur n’est plus seulement d’apprendre quelque chose à son
interlocuteur mais de rechercher avec lui le moyen de transformer le monde dans
lequel ils vivent »
La forme que prend la démarche de FREIRE c’est l’enquête conscientisante
et comme technique sociologique, l’enquête prend le visage d’une pédagogie
collective.
Le but du travail de recherche est bien de se reconnaître soi-même en tant que
sujet et en tant que groupe social. Ce travail est également un moyen de changer
le groupe enquêté et le groupe enquêteur. Le but de l’enquête conscientisante
c’est changer la mentalité ainsi que les structures institutionnelles.

3.4.2. Principes de la méthode de PAULO FREIRE


FREIRE reproche à la pédagogie traditionnelle d’avoir conçu l’homme un
récipient dans lequel on veut déposer le savoir, donc comme un être plus ou moins
passif. Pour lui:
 L’homme est au fond un être actif qui fait ses propres appréciations et
en tire son propre savoir. Au lieu de traiter l’homme comme un objet,
la pédagogie devrait reconnaître en l’homme son activité et sa
subjectivité.
 L’homme a possibilité d’adapter la réalité à soi au lieu d’être forcé à
s’adapter à la psychologie.
La pratique ne doit pas travailler pour le peuple mais plutôt avec le peuple. Il
ne s’agit pas d’apprendre quelque chose aux gens par cœur et répéter mais plutôt
de rendre aptes à faire des recherches dans leurs propres domaines.
Même quand il s’agit de faire apprendre à lire et à écrire aux gens, il s’agit
de mettre des instruments à leur disposition afin qu’ils puissent eux-mêmes se
faire apprendre de lire et d’écrire. Et cette activité doit utiliser l’expression des
expériences et de développer quelques capacités abstraites : il s’agit de rendre
consciente les expériences pratiques des gens.

3.4.3. Procédure concrète de l’alphabétisation conscientisante


Elle se déroule en 6 phases :
Première phase : Elle consiste en une investigation sur le vocabulaire du groupe
avec lequel on travaille. Cette recherchese fait dans des réunions informelles avec
les habitants du milieu.
Deuxième phase : C’est la sélection des mots clefs d’après les critères
didactiques. C’est-à-dire difficulté progressive d’écrire les mots et d’après les
critères d’une intégration maximale du mot dans la réalité sociale, culturelle et
politique existantes. A titre d’exemple, FREIRE a sélectionné certains mots à l’aide
desquels les habitants de la cité de RIO DE JANEIRO ont appris à lire et à écrire les
mots suivants : cité, pluie, charrue, terre, nourriture, boutique, vélo,…

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Troisième phase : C’est celle du codage : ici on fait une photo ou une image
d’une situation ayant trait à chaque mot clé sélectionné.
Quatrième phase : La préparation des cartes où se trouvent uniquement des
mots articulés en syllabes : su-cre-rie.
Cinquième phase : Préparation des animateurs (par le mode mutuel). Ce qui est
le plus difficile c’est de leur apprendre d’assumer une attitude de dialogue. Il leur
faut apprendre à écouter, à s’intéresser aux exercices et aux opinions des gens à
inviter. C’est ce que FREIRE désigne comme des formations par opposition à une
vraie formation. Bref, il recommande l’attitude non directive.
Sixième phase : Ce sont les séances avec les alphabétisés : le décodage d’abord
en montrant l’image avec le mot soit en employant un projecteur de dispositif soit
en employant le carton et d’autres matériels. Puis, on fait une discussion
exhaustive (complète) sur la situation représentée par l’image, on fait un échange
de vue et une analyse de cette situation.
Ex : A propos du mot nourriture on a discuté sur la sous-alimentation sur le plan
local et national, sur la mortalité des enfants, sur les maladies,…
Seulement après cette situation, l’animateur attire l’attention des gens sur
les mots et encourage les gens à graver ces mots dans la mémoire. Après, on
montre sur un autre dispositif ou sur une pancarte seulement ce mot, après quoi
on analyse le mot dans ses diverses syllabes. Puis on montre des cartes où se
trouvent ces mêmes consonnes qui commencent des syllabes. Seulement
combinés avec d’autres voyelles en particulier et puis pour toutes les syllabes
ensemble. Dans ce dernier schéma les alphabétisés doivent reconnaître le mot
original.

3.4.4. Cadre de l’étude et méthode choisie pour la mener


Pour utiliser la méthode d’alphabétisation freirienne dans la pratique, une
approche quasi-expérimentale fut adoptée. Trois centres d’alphabétisation situés
au centre d’Ibadan land, capitale de l’Etat d’OYO, et deux villes d’Afrique
subsaharienne, furent choisis au hasard. Le premier centre est géré par une
organisation religieuse, la mission baptiste, le second par le département
d’éducation des adultes de l’université d’Ibadan et le troisième, situé dans la
commune d’Iddo, est organisé et parrainé par l’AANFE (Agence d’éducation des
adultes et d’éducation non formelle de l’Etat d’Oyo).
35. CE QU’IL FAUT EVITER AU COURS DU PROCESSUS D’ALPHABETISATION
- Ne pas imposer au groupe votre manière de penser et d’agir.
Ce danger touche les éducateurs. L’alphabétiseur n’est pas celui qui sait.
L’alphabétisé n’est pas ignorant. Il est donc nécessaire à connaître et à respecter
le groupe qu’on alphabétise.
Exemple : Le danger de tutoyer les gens
-Ne pas traiter les alphabétisés comme des enfants : l’adulte ne va pas être
dévalorisé. Il faut le traiter comme on traite n’importe quelle personne adulte avec
qui on a des relations quotidiennes
Exemples : décider les horaires de cours, contrôler les présences, maintenir la
discipline, ne pas monopoliser la parole, maître et élèves apprennent à s’écarter
mutuellement, chacun peut poser des questions et peut aussi donner des
réponses.
- Ne pas monopoliser l’information sur le processus d’enseignement
Il importe par l’éducation d’expliquer l’origine, l’étude faite, les
préparations de L’alphabétiseur au sujet du travail de l’alphabétisation, les

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modalités de son déroulement, contenu de l’apprentissage, fonction et mode


d’utilisation des cartes syllabiques, types des diplômes à obtenir à la fin de la
campagne de l’alphabétisation possibilité offerte par la suite concernant la
poursuite d’apprentissage.
Ne pas oublier que l’apprentissage repose sur les efforts fournis par les
alphabétisés eux-mêmes. On peut apprendre à lire qu’en lisant, à écrire qu’en
écrivant.
Ce sont donc les alphabétisés qui doivent lire et écrire en mettant ainsi en
œuvre l’énergie et créativité.
- Ne pas adopter des corrections permanentes, celui qui apprend à lire et à écrire
fait nécessairement beaucoup d’erreurs, elles sont inévitables, l’éducateur qui se
concentre aux erreurs sans d’abord en valeur les réussites et le progrès risque de
frustrer ses élèves.
- Ne pas favoriser l’humanisme et la concurrence. Il faut plutôt stimuler le collectif
et la coopération dans le groupe.
Exemple : discussion sur les thèmes, exercices de lecture et d’écriture de coupage
de cartes syllabiques, formation des mots et phases.
- Ne pas exagérer les exercices de pré-lecture et pré-écriture.
- Ne pas enseigner à faire les mots et les sons des lettres
Il faut éviter la méthode syllabique (a, b, c, …) et la méthode phonétique.
- Il faut des mots, puis le groupe des mots puis des syllabes
- Ne pas donner du travail à la maison à moins que les élèves l’exigent eux-
mêmes
- Ne pas aboutir à une lecture syllabique, il faut apprendre à lire des mots
complets.

CHAPITRE IV : LES EFFETS DE L’ALPHABETISATION


4.1. ALPHABETISME ET DEVELOPPEMENT
Il est curieux de constater que la carte mondiale de l’analphabétisme
coïncide avec celle du sous-développement. En réalité l’analphabétisme est à la
base de difficultés de développement soit parce que les leaders sociaux manquent
des lumières et des perspectives utiles pour le développement local soit aussi
parce qu’ils manquent une compréhension, une attente entre les dirigeants
politiques, les techniciens avec ses leaders meneurs de la population sous
développée.
La lutte contre l’analphabétisme est d’abord un puissant moyen de
mobiliser la population dans des taches de construction nationale. Nous devons ici
féliciter les colonisateurs pour avoir forcé nos grands-parents à tracer des routes, à
entretenir des plantations,… Tout cela, sous les moyens de coercition parce qu’il
leur a été difficile de faire comprendre aux leaders des indigènes le bien-fondé de
ces outils de développement. La violence qu’ils ont utilisée est donc ainsi
excusable.
Tous les gouvernements révolutionnaires ont inscrit parmi les tâches
principales prioritaires la lutte contre l’analphabétisme. Dès le lendemain de la
révolution d’octobre en 1918, LENINE promulgue un décret destiné à alphabétiser

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toute la population de 15-50 ans. Un vaste mouvement s’ensuivi, dans lequel la


politique de l’Etat était appuyé et appliqué par une grande association nationale
de lutte contre l’analphabétisme, toutes les organisations du parti, syndicat, la
jeunesse avec des contributions budgétaires des Etats, des régions et des
communes voire des citoyens. Grâce à cet effort massif à l’échelle de la nation
entière le taux d’analphabétisme qui était de 76% en 1897 et qui n’avait guère
évolué jusqu’à la première guerre mondiale est tombé à 49% en 1926 et 19% en
1939.
Le deuxième exemple nous est donné par le Vietnam. Au Vietnam, du
lendemain de la révolution d’Août 1945 et de la fondation de la République
Démocratique, HO CHI MINH appelle la nation à mener des fronts contre 3
ennemis : la famine, le colonisateur et l’analphabétisme en disant : « pour
sauvegarder l’indépendance et faire de notre pays une nation forte et prospère,
chaque Vietnamien doit connaître ses droits et ses devoirs, être à même de
participer à l’édification du pays et à premier lien savoir lire et écrire dans la
langue nationale ». Les cadres, la presse, la radio ont mené une intense campagne
d’agitation et d’explication parmi la population des villes et des milieux ruraux afin
de lui faire comprendre le sens et le rôle de l’instruction relative à la lutte pour
l’indépendance. Quand la guerre de libération s’étendit à tout le pays (Déc. 1946),
un mot d’ordre fut lancé : « Chaque classe est un foyer de propagande pour la
résistance ».
Sous le bombardement, à travers les opérations ennemies, les militaires
continuèrent à maintenir les cours d’enseignement pour adultes aussi bien dans
les zones libres que dans les zones occupés et grâce à eux, la ligne politique
définie par leur leader HO CHI MINH permettrait dans les masses en y entretenant
le patriotisme et la confiance à la victoire finale. Après la guerre, en 1954, la lutte
contre l’analphabétisme fut associée aux objectifs de la construction nationale :
Réforme agraire, développement des coopératives, édification du socialisme, …
Ainsi, la liquidation du socialisme aujourd’hui achevée dans les plaines, a
été conçue avant tout par la conscience politique et idéologique des masses et
d’autre part leur capacité de lutte et de production. En plaçant la formation
idéologique et politique au cœur de l’éducation des adultes et des enfants, la
République Démocratique du Vietnam est arrivée à surmonter les obstacles
gigantesques pour ce pays pauvre et en retard, d’abord, dans son combat pour
l’indépendance, ensuite dans sa construction économique.

4.2. ALPHABETISATION ET CHANGEMENT SOCIAL


4.2.1. Formation des paysans pilotes ou de développement
communautaire
Les pays qui n’ont pas connu la révolution ne peuvent susciter un
mouvement aussi vaste de mobilisation des masses mais beaucoup ont compris
qu’à défaut de transformation politique, l’alphabétisation et l’éducation des
adultes pouvaient contribuer au changement social. En effet, l’idée que le
développement des communautés rivales doit être l’œuvre de la population elle-
même, celle-ci devrait présenter ce développement comme une nécessité, d’abord
propre et non comme un besoin imposé du dehors est à la base des programmes

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de développement communautaire et d’animations rurale ; font tous les deux une


large place à l’alphabétisation, ce changement d’attitude des paysans et leur
participation active.
C’est par un processus d’éducation multiforme, extrascolaire que des
jeunes et des adultes de la collectivité pourront conduire au succès leurs initiatives
sectorielles. Si des cadres locaux volontaires, sont des fonctionnaires de
l’administration, l’animation rurale formera ses cadres uniquement avec des
hommes issus du milieu lui-même et à travers lesquels elle s’efforcera d’atteindre
toute la population en vue d’obtenir un effet multiplicateur. Les animateurs ruraux
seront choisis par la population de leur propre village et y rentrent après leur stage
afin de partager avec cette population la formation qu’ils ont reçu. Deux conditions
seulement sont requises pour être animateur rural : être d’âge mûr et exploiter sa
propre terre. Car, trop jeune, il risque de ne pas avoir d’influence et trop vieux, il
pourrait ne pas se détacher suffisamment de ses manières traditionnelles. Il s’agit
donc ici de faire évoluer non pas des individus mais des collectivités, d’ensembles.
Aujourd’hui, des nombreux pays pratiquent le développement
communautaire ou l’animation rurale, sauf quelques exceptions notables, les
résultats ont été partout très limités. La raison essentielle de ce résultat tient à la
contradiction entre les objectifs de ce programme et la résistance des structures
anciennes. (Résistances au changement).
La méfiance envers l’administration, associée au souvenir du
colonialisme , à la division sociale de classes, elles-mêmes liées à l’inégale
répartition de la prospérité, la tendance des notables locaux à utiliser à leur
bénéfice les institutions nouvelles, tous ces facteurs empêchent que le village se
sente comme une véritable communauté et unisse des efforts pour les travaux
utiles pour tous.
Néanmoins ces programmes ont eu le mérite de poser les bases d’un
changement d’habituer à penser au développement comme une activité
coordonnée portant sur tous les aspects de la vie économique et sociale.

4.2.2. Effets sociologiques d’une alphabétisation planifiée


Dès le début, le développement communautaire a fait partie intégrante
du plan quinquennal en Inde et a réussi à rassembler dans un même organisme,
aux échelons nationaux, régionaux et locaux, un ensemble des services jusqu’alors
cloisonnés (séparés). Mais son action risque pourtant d’être lente si elle n’est pas
accompagnée des réformes économiques et sociales plus ou moins radicales.
L’alphabétisation des adultes exerce toujours un fait favorable : la scolarisation
des enfants.
On a souvent remarqué que les enfants qui vivent dans un milieu illettré
oublient vite ce qu’ils ont appris à l’école. La rapidité avec ce qu’ils ont quitté
l’école plus ou moins tôt. Une enquête effectuée à Uruguay, dans une région rurale
a révélé que 32% des adultes ayant eu 5 ans de scolarité étaient redevenus
analphabètes ou semi-alphabètes. Or l’Uruguay est l’un des pays de l’Amérique
Latine le plus avancé en matière d’enseignement. A l’inverse, les difficultés
d’adaptation à l’aide sont moins grandes, les abandons moins fréquents et la
rétention des connaissances plus durable pour les enfants dont la famille n’est pas
illettrée ou qui vivent dans un environnement où ils y a la possibilité de continuer à
lire, d’utiliser ou de fixer leurs acquisitions.
Ces observations mettent en valeur un phénomène sociologique

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fondamental : l’éducation est un processus sociologique par l’intermédiaire de tous


les milieux sociaux. L’école n’en est que l’un des instruments, elle ne peut se
substituer entièrement à « l’action des générations sur celles qui ne sont pas
encore mûres pour la vie sociale ». Selon la définition de DURKHEIM.
Il convient de noter à cet égard le rôle extrêmement important que peut
jouer l’alphabétisation des femmes. Du point de vue purement matériel, on
pourrait ne lui trouver qu’une faible justification car elles ont en général une
moindre qualification que les hommes et sont moins demandées sur le plan du
travail. Par ailleurs, un grand nombre d’entre-elles n’entrent même pas en
profession ou s’en retirent pour s’occuper de leur foyer au point que leur formation
semble être « inutile ». Mais, ainsi penser il n’est pas voir leur fonction éducatrice.
L’éducation d’une femme signifie l’éducation de toute la famille, voire toute la
nation. On a observé, en plus, combien une femme contribue à une meilleure
fréquentation scolaire des enfants et à la fixation de leurs connaissances.
L’éducation nutritionnelle, sanitaire et ménagère exerce également l’effet le plus
positif sur la santé familiale sur son équilibre alimentaire, sur son économie
budgétaire, … Enfin, même au point de vue économique, les femmes constituent
la plus grande réserve des capacités. C’est également par celles-ci que certains
pays ont trouvé une solution à leur pénurie des ressources humaines.

4.3. L’ALPHABETISATION ET CROISSANCE ECONOMIQUE


L’alphabétisation constitue-t-elle une condition de développement
économique ?
R/ Les recherches qui ont été faites jusqu’ici sur le rôle de l’instruction
dans la croissance économique, aucune ne permet d’avancer une conclusion
certaine.

4.3.1. Constat paradoxal


D’après les données recueillies par LETHANKHOI, il n’existe, entre le taux
d’alphabétisation et le niveau du produit intérieur considéré comme un indice
d’industrialisation, qu’une corrélation lâche (qui n’est pas significative) et non
linéaire.
Vers 1960, seuls les pays ayant plus de 90% d’analphabètes possédaient
un produit national intérieur (PNI) par habitant supérieur à 500$ (excepté
Venezuela, Uruguay, Portorico, Japon et Israël). Là où ce taux d’analphabète
descend à 30%, le PNI est inférieur à 200$. Cependant les pays avec un PNI
inférieur à 100$ ont des taux d’alphabétisme variant entre 20 et 68% et parmi
ceux qui ont un PNI compris entre 20 et 200$, le taux d’alphabétisme varie entre
13% à 83% (Corée du Sud). Entre 20 et 70% d’analphabètes, il n’ya pratiquement
pas de corrélation entre le taux d’alphabétisme et le niveau de revenus. Sur le
plan régional, les pays d’Asie Orientale ont des revenus très bas par rapport à leur
indice d’instruction, ce qui s’explique par leur densité démographique.
4.3.2. Seuil minimal
En réalité, il existe un seuil technique d’alphabétisation à partir duquel un
développement est alors seulement possible mais en deçà de ce seuil, l’instruction
n’est plus indispensable et le développement pratiquement difficile à concevoir.
Dans les campagnes, la vulgarisation agricole peut s’adresser oralement
aux personnes analphabètes et on peut les enseigner à améliorer leurs méthodes
culturales, à adopter des outils nouveaux, à lutter contre les insectes et les

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maladies des plantes sans nécessairement passer par une instruction ou une
alphabétisation systématique. Les relations interpersonnelles, les contacts avec la
ville, la presse, la radio, les journaux peuvent servir des substituts à l’éducation et
à l’alphabétisation et induire des réels changements. Plusieurs études ont montré
que les paysans illettrés ne sont pas les derniers à accueillir les changements
technologiques et les innovations pour autant qu’ils aient été en contact avec les
milieux où ces progrès sont déjà en usage courant.
Si l’on passe de l’agriculture à l’industrie, il est certain qu’ici aussi des
usines employant des machines simples peuvent fonctionner avec des ouvriers
analphabètes. Mais leur alphabétisation permettra d’améliorer à la fois la
production et l’organisation du travail en rationalisant le comportement des
ouvriers, en réduisant les accidents et le gaspillage ainsi que le nombre de
surveillants.

4.3.3. Alphabétisation, instruction et rendement professionnel


En Afrique les tests psychologiques effectués par les entreprises
industrielles pour sélectionner les ouvriers montrent que la simple alphabétisation
(acquisition de la lecture et de l’écriture d’une langue modèle, un peu de calcul)
fait franchir un seuil d’acculturation technique. Au-delà, le sujet est apte à entrer
dans l’âge industriel, c’est-à-dire quand l’individu a des notions supérieures à la
simple lecture, écriture et comptage, il est susceptible de se montrer apte à
d’autres travaux de l’industrie qui exigent le déploiement d’une entreprise
intellectuelle.
Les résultats des individus qui ont été scolarisés jusqu’au niveau de la 6è primaire
sont très nettement supérieurs des résultats des simples alphabétisés qui eux-
mêmes l’emporte nettement sur ceux des analphabètes.
En revanche, les alphabétisés et les scolarisés ont des chances sensiblement
égales vis-à-vis d’un matériel simple de type technique. Mais lorsqu’ ‘il s’agit d’une
activité intellectuelle concrète fondée, les chances des scolarisés et des
alphabétisés sont sensiblement différentes bien que faibles.
Enfin, les tests d’apprentissage sont insensibles au niveau d’instruction, c’est-à-
dire les 3 groupes (analphabètes, alphabètes, et analphabétisme) ont des chances
égales d’y réussir. Ainsi, dans l’ensemble, les individus qui ont été à l’école
pendant un certain temps réussissent mieux que les autres mais ce qui est
important ce que pour certaines tâches de type technique, la simple
alphabétisation suffit à donner aux sujets le même niveau de possibilités que celui
des ouvriers scolaires.
En Russie, dès 1924, STROUMILINE a montré la production supérieure des
ouvriers ayant reçu à la fois une instruction et une formation dans l’industrie
sur ceux qui n’ont reçu que cette dernière. Selon cette étude une année étude
primaire augmente la productivité du travailleur de 30% à moyenne tandis que
l’amélioration des qualifications et des rendements qui résultent n’est que de 12 à
16% par an. Après 4 années d’études primaires, un ouvrier a un rendement, et un
salaire supérieur de 79% par rapport à ceux d’un ouvrier de 1 ère catégorie qui n’a
pas fait d’études. Ces différences de rendement se traduisent sur le plan du
salaire.
En Afrique, le salaire moyen d’un travailleur certifié du primaire est au moins le
double de celui d’un illettré dans les emplois urbains, ceci s’explique aisément
puisque beaucoup d’emplois exigent la lecture, l’écriture, le calcul et que de cette
manière les analphabètes ne peuvent y accéder.

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4.4. EVALUATION DES CAMPAGNES D’ALPHABETISATION


De nombreuses recherches menées sur les diverses campagnes d’alphabétisation
à travers le monde ont tendance à confirmer que les connaissances acquises par
l’alphabétisation même fonctionnelle ne dure pas longtemps si l’adulte n’a pas la
possibilité de s’instruire.
Il faut donc qu’il dispose d’un matériel qui alimente sa curiosité et son
information. Par exemple un matériel de lecture : livres, journaux, …, des
occasions de rappel de ses connaissances (des séminaires, des exercices, des
concours, des exposés, …).
Il faut surtout que ceux qui sont déjà dans la production continuent à apprendre
afin d’améliorer leur productivité. De cette manière, le meilleur enseignement sera
à la fois lié au milieu du travail et simplifié, c’est-à-dire centré sur un certain
nombre de matières essentielles, celles-ci dépendant des intérêts de chaque
groupe professionnel, langue, mathématique, physique et biologie pour les
paysans .Pour les ouvriers avec un complément en électricité ou mécanique s’ils
sont électriciens ou mécaniciens.
La pédagogie mettra l’accent sur la liaison entre la théorie et la pratique de
manière que les adultes appliquent leurs connaissances à la solution des
problèmes qui se posent dans leur travail. Après une campagne d’alphabétisation
pour un groupe quelconque il faut donc prévoir le secteur où la nouvelle
alphabétisation pourrait exercer ses connaissances de manière continue ou tout
au moins régulière.
A LUKANGA et à MULO, des campagnes d’alphabétisation instituées par des
volontaires dans les paroisses catholiques se révèlent avoir porté des fruits
durables avec pour explications qu’après leur formation, la plupart des
alphabétisés qui l’ont accepté ont été dirigés vers les activités lucratives soit de
développement communautaire dans lesquels se sont vu valorisés par leur
nouveau bagage : comptable ou animateurs, présidents ou trésoriers des
mouvements de jeunesse, …
A KITSOMBIRO en 1954, le missionnaire protestant HURLBERT a entrepris une
vaste campagne d’alphabétisation destinée à récupérer le retard d’évangélisation
protestante freiné en dessein par la politique coloniale. Après que lui-même ait
appris la langue des alphabétisés. Qu’il a parlé en perfection, il leur a appris à lire
la Bible, au plus jeune et plus apte, à écrire pour qu’il lui transmettre
régulièrement un rapport compréhensible sur l’évolution de la mission
d’évangélisation. La plupart des postes sont dirigés par des prosélytes (fanatiques)
formés sur les tas et les fruits de leur instruction qui sont encore palpables
aujourd’hui. C’est à son exemple que les missionnaires catholiques ont alors
pensée à instruire sans succès, quelques catéchistes du village et sur cet échec ils
ont orienté avec plus de bonheur leur alphabétisation vers les membres des
mouvements de jeunesse ; scoutisme, JOC,… Le manque de gratification a
entraîné le désintérêt et la plupart d’entre eux qui n’ont pas eu la chance de
s’exercer ont rapidement perdu l’agilité de l’écriture et progressivement la lecture
aussi.

4.5. EVOLUTION DU TAUX D’ANALPHABETISME EN REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO.
Suivant les résultats de l’enquête menée par l’UNICEF en 2001, en RDC, un
adulte sur trois (32%) ne sait ni lire ni écrire. L’analphabétisme frappe, comme
dans la plupart de pays du tiers monde, plus les femmes que les hommes. C’est

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ainsi que 44% de celles-là contre 19% de ceux-ci sont analphabètes. Ces
estimations de l’UNICEF concordent en gros avec celles de L’UNESCO, lesquelles
mentionnent, pour la RDC, un taux d’analphabétisme de 34,7% de la population
adulte âgée d’au moins 15 ans au cours de la période de 2000-2004. Ce taux
s’élevait, au cours de la même période, à 20,2% pour les hommes et 48,1% pour
les femmes.
En matière d’alphabétisation des adultes, les estimations de l’Institut de
statistique de l’UNESCO montrent que la situation s’améliore progressivement de
sorte qu’en 2015, le taux d’analphabétisme sera d’environ 20,8% pour l’ensemble
de la population adulte, 13,8% pour les hommes et 27,7% pour les femmes.
Permettant à la RDC d’atteindre l’objectif de la réduction de 50% du taux
d’analphabétisme par rapport à la situation de l’an 2000. Cette amélioration
s’accompagne de la réduction progressive des disparités entre les hommes et les
femmes.

Tableau 1 : Evolution du taux d’analphabétisme en RDC de 1970 à 2015.

Année Taux Taux Taux


s d’analphabétisme d’analphabétisme d’analphabétism
global Masculin e Féminin
1970 77,2 64,4 88,6
1980 65,9 51,4 79,2
1990 52,5 38,6 65,7
1995 45,4 32,4 57,7
2000 38,6 26,9 41,8
2005 31,9 21,8 41,7
2010 25,8 17,3 34,1
2015 20,8 13,8 27,7

Source : Institut de statistique de l’UNESCO, section alphabétisation et


éducation non formelle, 2002.

Graphique 1 : Evolution du taux d’analphabétisme en RDC de 1970 à 2015


par sexe.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 30


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

100

90

80

70

60

50 Taux d’analphabétisme Masculin


Taux d’analphabétisme Féminin
40

30

20

10

0
1970 1980 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Néanmoins, compte tenu du contexte sociopolitique actuel de la RDC, il est
permis de douter de la réalisation de ces estimations de l’Institut de l’UNESCO. En
effet, depuis plus de deux décades, la procédure curative de l’analphabétisme,
c’est-à-dire l’alphabétisation des jeunes et des adultes en dehors de l’école est
l‘un des secteurs les plus négligés en RDC, de sorte que la lutte contre
l’analphabétisme s’appuie, sinon exclusivement, du moins principalement sur la
procédure préventive, à savoir l’enseignement primaire. Or ce dernier n’est
actuellement efficace ni sur le plan quantitatif, ou sur le plan qualitatif.
La RDC a aujourd’hui besoin d’un citoyen qui fait sien le discours suivant :
« C’est moi qui prends conscience de mes besoins, de mes possibilités, de
mes carences ; c’est moi qui me mobilise et acquiers certains outils ; après un
certain temps, c’est moi qui m’engage dans le développement de mon milieu et
dans le changement social » (HAUTECOEUR, 1978, p 144).
La phase historique que traverse actuellement la RDC n’est-elle pas
favorable à l’organisation des campagnes d’alphabétisation conscientisante. En
effet, suivant l’esprit de la nouvelle constitution adoptée par référendum, le 18
décembre 2005, le peuple congolais voudrait, dans un avenir relativement proche,
bâtir un Etat :
 Où se consolide l’unité nationale ;

 Qui est résolument engagé dans la bataille du développement ;

 Où les droits fondamentaux sont garantis ;

 Et ou s’instaure la démocratie pluraliste.

L’alphabétisation conscientisante s’avère être l’un des moyens de la


formation de cette conscience dont le peuple a besoin pour sa libération
permanente.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 31


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

CHAP. V : PRINCIPES D'ALPHABÉTISATION

Créez votre propre programme fonctionnel

N'imitez pas les méthodes, ni les programmes scolaires ; cela ne fonctionne


pas avec des analphabètes. Utilisez ces principes de base pour créer un
programme approprié.

1. N'utilisez ni des méthodes ni du contenu orthodoxe ou traditionnel :

Vous serez un formateur plus efficace si vous abandonnez l'idée qu'il n'y a
qu'une manière correcte de faire les choses et que celle-ci se trouve dans des
livres classiques. Si vous concevez votre propre méthode et votre propre
programme d'enseignement, basés sur les besoins, les intérêts, les
caractéristiques et les conditions locales (c'est à dire fonctionnels), votre approche
aura plus de sens pour vous et pour les élèves.

Suivez les principes listés ici, plutôt que d'imiter ce que d'autres ont fait, que
ce soit pour les programmes ou les méthodes. Le principe sur lequel se base la
tradition, qui est « c'est ainsi que l'on a toujours fait » ou « c'est la meilleure façon
de le faire, » est simplement basé sur l'habitude plutôt que sur le besoin.

Si vous cherchez à identifier des mots et des phrases qui soient


immédiatement utiles, vous devez laisser de côté des textes issus de livres
conventionnels, qui listent des mots et des phrases adaptés à d'autres
communautés. Chaque communauté est différente et votre programme doit donc
être différent pour chacune d'entre elles.

Dans les méthodes classiques d'apprentissage, la plupart des programmes


ont été conçus pour des élèves dans un cadre scolaire. Votre public est constitué
d'adultes analphabètes ou semi-analphabètes.

Beaucoup d'entre eux ont connu une expérience de quelques semaines


d'école classique et l'ont abandonnée, parce qu'ils ne s'y sont pas sentis à l'aise ou
qu'ils n'y ont pas trouvé d'intérêt. Ils seront donc peu susceptibles d'apprendre
beaucoup avec votre approche si vous imitez celle de l'école. Pour ceux qui ne
sont jamais allé à l'école, ils ne trouveront rien d'attirant si vous créez une
atmosphère de type scolaire.

Regardez le module sur les méthodes de formation. Il est destiné à des


formateurs. Beaucoup de principes qui y sont listés sont applicables ici. Evitez de
proposer une imitation scolaire. Mettez l'accent sur l'action plutôt que sur l'écoute
comme manière la plus importante d'apprentissage. Encouragez la découverte
plutôt que le conformisme. Encouragez l'exploration plutôt que la discipline.

Laissez votre public batailler un petit peu : ce qu'ils apprennent sera mieux
retenu. Cependant, ne les obligez pas à se débrouiller si fort qu'ils finissent par
abandonner, mais trouvez des moyens pour qu'ils se disent : « nous l'avons fait
nous-mêmes. »

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 32


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

2. Développez vos propres méthodes et programmes d'enseignement,


basés sur les principes de renforcement :

Les deux questions principales que vous devez vous poser pour la
planification, la conception ou la création de programmes d'alphabétisation, sont :
« Qu'est-ce qu'on doit enseigner ? » (le programme) et « Comment doit-on le
faire ? » (la méthode).

Votre programme de formation doit contenir des mots, des expressions et


des phrases, adaptées à la situation des participants. Savoir écrire les noms et les
prix de divers poissons de mer peut être tout à fait adapté à des gens d'une
communauté située au bord de l'océan, dont l'activité principale est la pêche. Mais
cela ne sera pas utile à une communauté d'éleveurs nomades de la savane.

Cette communauté sera plus intéressée par les noms des différents types de
chameaux ou de bétail, selon ce qu'ils ont dans leur troupeau. Les habitants d'une
zone urbaine seront intéressés par les marchés locaux, les coûts de transport local
ou les divertissements gratuits, plutôt que par les détails de la pêche ou de
l'élevage. Puisque nous apprenons tous mieux en participant plutôt qu'en
écoutant, trouvez des moyens d'encourager vos élèves à participer à un exercice
d'identification des mots qui soient les plus adaptés à leurs vies et à leurs
situations.

Par exemple, dans une communauté de pêcheurs, un bon exercice avec 4 à


8 participants est de faire une sortie sur la plage où les poissons sont amenés et
vendus, pour établir une liste des noms des différentes espèces de poissons, avec
leurs tailles et leur prix. Ceci peut être fait à travers la réalisation d'un poster ou
d'un livret par le groupe, qui puisse avoir des utilisations pratiques évidentes.
Servez-vous de votre imagination.

Un groupe de citadins doit faire une sortie sur le terrain différente, en


identifiant les différents panneaux de signalisation : les enseignes de magasins, les
panneaux de circulation, les noms des rues ...

Remarquez que cette méthode est bien une forme d'action, ou les élèves
font quelque chose de pratique ou d'utile, plutôt que d'écouter un exposé ou
regarder une présentation.

De même que dans un gymnase, l'exercice (l'action) renforce.

3. Les adultes ne sont pas des enfants, sur ce, des approches différentes
sont nécessaires :

Il est facile de croire que, lorsque nous enseignons, nous somme les adultes
et ceux qui apprennent sont des enfants. Après tout, n'est-ce pas la situation à
l'école ?

Mais nous serions alors dans l'erreur. Dans un cours d'alphabétisation, ceux
qui apprennent sont des adultes, pas des enfants. Le fait qu'ils ne sachent ni lire,
ni écrire, ne signifie pas qu'ils nous sont inférieurs en quoi que ce soit.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 33


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Nous devons nous assurez de ne pas leur donner l'impression, par les
mouvements de notre corps, le ton de notre voix ou notre façon de formuler des
phrases, que nous sommes de quelque façon que ce soit, meilleurs qu'eux (plus
sages, supérieurs, plus puissants). Agir de cette façon, les déconnecterait (les
découragerait), et ainsi, nous les perdrions et nous échouerions dans notre
apprentissage.

En enseignant à des adultes, nous devons nous avoir à l'esprit que ce ne


sont pas des enfants et éviter de croire de façon simpliste qu'ils en sont.

En tant qu'adultes, ils sont ─ et doivent être ─ considérés comme nos égaux.
Nous ne devons pas fournir beaucoup d'efforts, ni passer beaucoup de temps à
effectuer ce que nous faisons lorsque nous apprenons à des enfants.

Les enfants apprennent bien plus de choses que le seul sujet en question : ils
apprennent l'autorité, à être avec d'autres personnes, ils apprennent des choses
sur la communauté ou encore à ordonner leurs désirs. Ce n'est pas le cas des
élèves adultes. Et nous devons éviter d'avoir des comportements automatiques et
inconscients, pouvant leur faire croire que ce sont des enfants.

Une grande partie des efforts, du temps et des pensées de l'enseignant à


l'école, est consacrée à s'assurer que les enfants se comportent correctement et
qu'ils écoutent le professeur. Vous ne devez pas consacrer une minute de votre
temps à cela. Agir ainsi sera rapidement détecté par les participants adultes et ils
répondront en refusant d'apprendre ce que nous avons à leur proposer.

Si nous pouvons montrer aux participants que nous les reconnaissons en


tant qu'adultes et que nos égaux, ils répondront mieux à nos méthodes visant à
les guider vers l'alphabétisation.

4. Les modèles d'enseignement ne doivent pas être issus du milieu


scolaire :

Lorsque nous enseignons, nous utilisons souvent des modèles de


comportement. Parfois, nous acquérons délibérément ces modèles, en nous
inspirant de modèles anciens ou en nous inspirant d'autres personnes que nous
respectons et que nous voulons imiter.

En d'autres circonstances, nous ne sommes mêmes pas conscients que nous


utilisons des modèles et nous faisons simplement les choses, qui de façon intuitive
semblent justes. Ceci se base sur notre propre conception et celles d'autres
personnes, de ce qui est et de ce que nous devons faire.

Dès lors il y a un danger, si notre seule expérience d'apprentissage,


spécialement pour ce qui est d'apprendre à lire et à écrire, est l'école. Le danger
est d'utiliser l'école comme notre unique source de modèles pour enseigner
l'alphabétisation.

Nous devons faire l'effort de nous rappeler la façon dont les choses se
déroulent à l'école, et faire attention à ne pas appliquer ces choses inappropriées
à des adultes, ce qui entraverait leur alphabétisation. Cela inclue, mais n'est pas

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 34


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

limité à : insister sur la discipline, donner des ordres, supposer que le professeur à
toujours raison, agir comme source de sagesse et de connaissance.

Dans certaines écoles, les professeurs insultent des élèves devant les autres,
ils les punissent physiquement ou verbalement, ils leur parlent d'une façon
arrogante et supérieure, ils les critiquent et les abaissent. Heureusement,
aujourd'hui beaucoup de ces comportements de professeurs et d'officiels de
l'enseignement sont en train d'être supprimés des écoles dans le monde entier. De
même, ils doivent donc être scrupuleusement bannis pour l'alphabétisation
d'adultes.

Réfléchissez à des moyens alternatifs d'interaction avec les participants. Ne


tenez pas de classes. A la place, créez des ateliers pour discuter de diverses
suggestions, programmer des activités et organiser des sorties de terrain, ainsi
que des projets pour réaliser ces activités.

L'objectif suggéré ici est d'avoir deux types de séances, la première étant
une sorte de réunion. Elle ne doit pas être appelée classe, même si vous utiliserez
peut être une salle de classe comme lieu de réunion. Une réunion peut servir à
identifier les besoins, les niveaux d'alphabétisation déjà atteints par les
participants, afin de générer des idées de projets d'apprentissage, pour
programmer ces projets et enchaîner avec des activités après les sorties de
terrain.

Le deuxième type de séance serait une sortie de terrain ou projet que les
participants auraient imaginé en groupe au cours de la première séance. Ce peut
être une sortie sur la plage pour écrire les noms et les prix des poissons qui y sont
amenés. Ce peut être une sortie dans un marché pour y faire la même chose avec
les produits qui y sont vendus.

Ce peut être une sortie dans un kraal (enclos) pour identifier le bétail. Ce
peut être une sortie à la ferme, pour identifier les cultures. Ce peut être un cas
concret dans une cuisine, pour identifier les ustensiles ou des recettes. Ce peut
être une sortie dans un site en construction pour identifier les outils, les
travailleurs ou le processus de construction. Encouragez vos participants à être
créatifs, en vous rappelant que le programme doit être adapté à leur situation.

Tout ceci requière une forte participation de la part des participants. Leur
participation à ces choses ─ c'est à dire, programmer, exécuter et suivre une
activité (cas concret, projet) ─ est l'effort (qu'ils doivent faire), nécessaire à leur
renforcement.

Ne prenez pas de décisions pour eux. Lorsqu'ils prennent des décisions, ils
renforcent leur prise de décision. Ils deviennent plus renforcés, plus forts.

Vos participants ne sont pas des élèves et ne sont pas des enfants. Ce sont
vos égaux et des partenaires dans un défi honorable. Ne l'oubliez jamais et
comportez-vous toujours avec eux de cette façon.

5. Le respect est très important :

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 35


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Prenez en compte les expériences vécues par une personne ne sachant ni


lire, ni écrire.

Cette personne peut avoir été taquinée et/ou insultée parce qu'elle ne savait
ni lire, ni écrire. Il/elle peut avoir été tenté/e de cacher son analphabétisme. En
participant à vos ateliers et cas concrets, il ou elle, admet au reste du monde
qu'il/elle ne sait pas lire et écrire. Si cette personne n'obtient pas de récompense
ou de bénéfices et n'est pas respectée, alors qu'elle participe, elle abandonnera.

Il faut donc du courage pour suivre vos séances d'alphabétisation et il serait


sage de votre part de reconnaître et d'encourager ce courage.

Encore une fois, vous devez consciemment éviter d'agir comme dans une
école, face à des élèves et vous devez respecter vos participants. Insistez
également sur leur respect mutuel. Construisez le respect de soi.

Ne vous donnez pas de titre (M., Mme., Dr., Mlle., Révérend), à moins d'en
donner un à tous les participants. De même, tout le monde, y compris vous-même,
doit être nommé par son prénom ou tout le monde doit être nommé avec un titre
et son nom de famille. (Appelez-moi Agronome KOMBI).

Vous ne devez pas seulement respecter tous les participants, mais vous
devez aussi faire un effort particulier, pour vous assurer que chaque participant
sache que vous le respectez.

6. Apprendre en agissant est plus efficace que d'apprendre en regardant


et en écoutant :

Nous apprenons de diverses façons : en écoutant des exposés, des


enregistrements, en regardant des vidéos et des films, en regardant des
présentations ou des spectacles ... et en agissant. De nombreuses méthodes
efficaces pour la formation des formateurs, le sont également pour la formation
des analphabètes.

Remarquez que agir couvre une large gamme d'activités, depuis des
séances pratiques ou simulées dans la salle de classe, jusqu'à des activités de
terrain, surveillées ou non. Générer pour les participants des moyens intéressants,
appropriés et utiles d'apprentissage par l'action, est une responsabilité importante
pour vous. Programmer de telles séances sera profitable, en impliquant vos
participants à les imaginer et à les concevoir.

Voici un exemple. Vous n'avez pas d'enseignement dans une salle de classe.
Vous avez des séances programmées et des cas concrets. Dans les séances
programmées vous avez fait une évaluation des besoins avec les participants

C'est un village de pêcheurs. En groupe, vous décidez d'un projet pour


réaliser un livret listant tous les types de poissons amenés au village, leurs tailles
et leurs prix. Vous prenez deux heures pour la sortie sur le terrain, en allant en
groupe sur la plage où les poissons sont amenés et vous écrivez les noms des
poissons et leurs prix.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 36


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Vous ramenez la liste dans la salle de programmation et à partir de cette


liste, vous réalisez un livret listant tous les prix. Il faut donner à tous les membres
du groupe la possibilité d'écrire le nom de quelques poissons avec leurs prix, le
permettant ainsi d'avoir une expérience pratique d'écriture avec but significatif.
Utilisez le livret pour lire la liste avec chaque participant.

Dans les différentes phases du projet, identifiez comment l'enregistrement


d'informations et la façon d'en rendre compte sont aidés par l'écriture et la lecture,
et de quelle façon les participants le font, pas vous.

7. Ne visez pas un haut niveau sophistiqué d'alphabétisation :

Etre hautement instruit, capable d'analyser une grammaire compliquée, être


sûr de son orthographe, être capable d'apprécier une poésie fine et de la prose,
peut être une fin intéressante en soi. Evidemment si un ou deux participants vous
font part de l'envie d'atteindre ce niveau, encouragez-les à trouver les moyens de
le faire. Cependant, votre programme d'alphabétisation ne doit pas être orienté
pour atteindre de tels objectifs.

Vous n'enseignez pas la lecture et l'écriture dans l'intérêt que les membres
de la classe deviennent instruits. Vous aidez une communauté à être plus forte, en
permettant à ses membres de faire des choses pratiques grâce à la lecture et à
l'écriture. Une orthographe ou une grammaire parfaite n'est pas nécessaire.

La capacité d'identifier des mots écrits utilisés couramment et la capacité


d'écrire sur du papier des symboles pouvant être lus par d'autres ─ c'est le niveau
d'alphabétisation vers lequel vous devez tendre. Ne reprochez jamais une faute
d'orthographe ou de grammaire. Jamais.

Limitez vos sujets à ceux qui sont immédiats, adaptés et locaux. Les gens
d'un village de pêcheurs n'ont pas besoin de connaître Shakespeare ou Proust. Des
éleveurs n'ont pas besoin de citer Wordsworth ou Browning. Les habitants d'une
zone n'ont pas besoin de savoir comment analyser une phrase ou décliner un
verbe. Des horticulteurs n'ont pas besoin d'être capables d'écrire de nouvelles
poésies ou des paroles de chansons. Certains individus poursuivrons peut être la
découverte de ces joies (encouragez-les à le faire), mais pas dans votre
programme d'alphabétisation.

Ne vous inquiétez pas si vos participants n'écrivent pas avec une


orthographe ou une grammaire correcte. Si vous pouvez comprendre ce qu'ils
essaient de faire lorsqu'ils écrivent un mot, alors ils ont réussi. Félicitez-les.

Laissez-les rechercher la perfection ailleurs. « Ne demandez pas à une vache


de pondre des œufs, ne demandez pas un poulet de faire du lait. »

8. Recherchez une communication pratique ─ ne tendez pas vers la


perfection :

Les deux buts pratiques principaux liés à l'écriture sont : (1) prendre en note
une information et (2) en rendre compte. Ces deux choses peuvent être faites
verbalement, mais vous pouvez montrer à vos participants que ce peut être fait de
façon plus précise et plus facile, en utilisant les mots écrits.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 37


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Il y a des avantages à écrire des informations et à rendre compte par


l'écriture.

Si vous et vos participants faites une sortie au marché aux poissons et


écrivez les noms des différents types de poissons avec le prix pour chaque, vous
noter une information. Un mois plus tard, si vous regardez de nouveau le prix des
poissons, vous avez un registre des prix exact, comme ils l'étaient la première fois.
Ceci est plus fiable que la mémoire. Si vous prenez le livret ou le poster listant les
noms des poissons et leurs prix et que vous l'envoyez à quelqu'un qui n'était pas
dans le groupe de la sortie sur le terrain, alors vous faites compte rendu écrit.
C'est également plus fiable que la mémoire.

La fiabilité est un résultat pratique et utile d'écriture et de lecture.

C'est pourquoi cette sortie sur le terrain, si elle permet de recenser les noms
des poissons et leurs prix, est plus adaptée à une communauté de pêcheurs,
qu'aux membres d'une communauté d'éleveurs. Pour être pratique, vous devez en
premier lieu (et c'est encore mieux si cela est fait lors d'un travail de groupe avec
les participants) évaluer quels sujets sont les plus adaptés à la vie des
participants.

Ils verront probablement plus l'intérêt d'apprendre à lire et écrire et ils


retiendront probablement plus ce qu'ils apprennent.

9. Mettez l'accent sur les langues et les alphabets les plus communément
utilisés :

Pour le simple apprentissage de l'alphabétisation, la langue ou l'alphabet


utilisé n'a pas d'importance. Dans l'absolu, aucun n'est meilleur qu'un autre. Le
choix doit se baser sur ce qui est communément compris et parlé par la
communauté en général. Encore une fois, ce qui est approprié et utile doit être
votre critère. Il faut que vous connaissiez la communauté.

Parfois, il y a plus d'un alphabet pour une même langue. Par exemple, l'hindi
et l'ourdou sont pour l'essentiel la même langue, l'hindouisme influençant l'hindi et
l'Islam influençant l'ourdou. L'alphabet hindi est dérivé du sanskrit, à partir du
perse ancien, alors que l'alphabet ourdou (écrit de droite à gauche) est dérivé de
l'arabe, mais à partir d'influences perses. (La langue elle-même est un dérivé du
perse).

L'alphabet moderne japonais (le japonais à trois alphabets, dont l'un est
chinois) est une matrice où chaque caractère est une combinaison d'une consonne
suivie d'une voyelle. Il en est de même avec les 240 caractères de la langue
amharic d'Ethiopie. La distinction entre consonne et voyelle est bien entendu une
caractéristique des langues européennes, principalement basées sur l'alphabet
romain.

Il est possible d'utiliser plusieurs alphabets dans votre travail, démontrant


comment un simple mot peut être écrit de différentes façons, en utilisant chaque
alphabet. La seule exigence est que les alphabets que vous utilisez soient
communément compris par la communauté.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 38


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Dans la plupart des pays d'Afrique, seul un alphabet est employé, basé sur
les langues européennes et souvent introduites par des missionnaires chrétiens.
Simplement parce que vous l'employez ne doit pas signifier que vous deviez être
un démagogue stricte, insistant sur la bonne orthographe et grammaire
européenne.

Vos principes d'accompagnement doivent consister à ce que, ce


qu'apprennent vos participants soit pratique, compris et utilisable (pas
nécessairement correct).

10. Combinez des mots écrits avec des images simples :

Vous avez appris à identifier des images, peut être inconsciemment, comme
une partie de votre apprentissage de la lecture. Si vous êtes instruit ─ et vous
l'êtes si vous lisez ceci ─ vous serez peut être surpris de découvrir que beaucoup
d'analphabètes ne savent pas identifier des images dessinées, comme celles
utilisées dans ce site Internet.

Une personne totalement analphabète n'a rien pour faire de comparaison.


Les dessins sont noirs et blancs, pas comme dans la vraie vie. Ce sont des
symboles, ils sont artificiels. Mais comparativement ils sont plus faciles à
apprendre, plus simples que le plus arbitraire caractère de la plupart des
alphabets (à part peut-être, le chinois, qui est basé sur des images).

Une fois que vos participants ont appris à identifier des images simples en
noir et blanc, vous pourrez inclure des dessins dans votre programme. Par
exemple, un projet peut consister à réaliser un livret, ou un ensemble de posters,
dans lequel un objet bien connu et couramment utilisé, approprié à une
communauté, est dessiné par les participants, et un mot identifiant le même objet,
est écrit en dessous.

Réunion :

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 39


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

11. Incluez des rudiments de calcul dans votre programme


d'enseignement :

L'expression capacité de calcul ne se trouve pas souvent dans les


dictionnaires. Elle signifie avoir les compétences élémentaires nécessaires, pour
reconnaître des nombres, les écrire et les utiliser pour compter et mesurer.

Beaucoup d'individus qui n'ont pas appris à lire et écrire de la prose ont
cependant d'une manière ou d'une autre, acquis une capacité de calcul basique et
l'utilisent pour manipuler de l'argent. C'est bien et cela doit être utilisé comme
fondation pour apprendre à lire et écrire.

D'autres n'ont pas acquis cette capacité. Votre enseignement doit inclure
l'apprentissage du calcul. Incluez des nombres dans votre programme
d'alphabétisation.

N'apprenez pas l'arithmétique. Apprenez la reconnaissance des nombres et


comment les écrire.

12. Ce qui est appris doit être pratique, immédiat et utile :

Il y a beaucoup de ressemblances (pour l'alphabétisation) avec la méthode


auditive d'apprentissage d'une langue orale.

Ces méthodes ont un élément important en commun : ce qui est appris ne


doit pas l'être par cœur, ni être sans lien avec des activités de tous les jours. Si
vous avez soif, apprenez à dire « donnez-moi de l'eau, » et cela s'imprégnera
mieux (il sera mieux retenu). Spécialement si en le disant, quelqu'un vous donne
un verre d'eau.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 40


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Qu'en est-il, si l'on apprend à écrire la phrase « donnez-moi de l'eau » et


qu'en le faisant, on obtienne un verre d'eau ? Renforcement positif. Apprendre doit
être existentiel.

C'est pourquoi, en tant que formateur, vous devez apprendre à bien


connaître la communauté ainsi que les éléments importants pour ses membres.
Ces éléments doivent être à la base de la définition du programme de projets
d'apprentissage que vous organiserez.

13. Apprenez et utilisez ce qui est utile et intéressant dans une


communauté en particulier :

Tout d'abord, vous devez apprendre à bien connaître la communauté, ainsi


que les choses et les activités qui y sont les plus essentielles. Puis, vous devez
inciter vos participants à faire la même chose, pour qu'ils soient plus conscients
des détails de ce qui se passe autour d'eux.

Lorsqu'ils apprennent une alphabétisation basique, il ne faut pas les charger


avec un large vocabulaire ou en leur apprenant les formes de nombreux
caractères des alphabets que vous utilisez. Vous devez donc être sélectif et choisir
des mots qui identifient les choses qu'ils emploient le plus couramment.

Le vocabulaire et le contenu de votre programme doivent être fonctionnels.


Cela signifie qu'ils doivent être pratiques et adaptés. Ils doivent changer d'une
communauté à une autre. C'est pourquoi, en tant que formateur vous devez être
très familiarisé avec les détails du quotidien, pour créer votre programme
d'alphabétisation. Vous ne le faites pas vous-mêmes, vous le faites par
l'intermédiaire des participants ─ mais vous avez besoin de savoir ce que les
participants peuvent vous apporter.

14. Evitez un programme d'études (du contenu) emprunté au milieu


scolaire classique ─ Créez le vôtre :

Il est très tentant, particulièrement lorsque vous commencez à créer un


programme d'alphabétisation, d'emprunter un livre de lecture élémentaire dans
une école à proximité et de commencer à enseigner les mots qui y sont. Soyez
forts : évitez cette approche.

Regardez bien attentivement un tel livre. Quels sont les mots qui y sont ?
Combien d'entre eux concernent ce qui est important pour vos participants ? Bien
qu'aujourd'hui beaucoup d'efforts soient entrepris pour rédiger des livres plus
adaptés aux images et aux idées d'un pays, aucun livre ne peut refléter la grande
variété des activités, des éléments et des idées à l'intérieur d'un pays. Les
communautés diffèrent tant de l'une à l'autre.

De plus, constituer une liste de vocabulaire propre, au cours d'une activité


de groupe avec vos participants, les aide à devenir plus renforcés et les aide à
mieux identifier les mots choisis (qu'ils ont choisi eux-mêmes). Le critère de
sélection de vos méthodes et de votre programme ne doit pas être « est-il
orthodoxe ou non ?, » mais plutôt « fait-il véritablement augmenter le nombre de
membres alphabétisés dans la communauté ? »

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 41


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

15. Evitez les sujets traditionnels, orthodoxes et inutiles (par exemple :


alphabet, poésie, pièce de théâtre étrangère) :

Dans un cadre scolaire, il est commun d'enseigner aux élèves l'alphabet


entier. Mais qu'est-ce qu'un alphabet ? C'est un ensemble de caractères, chacun
avec une forme différente et représentant un son différent ou un ensemble de
sons différents.

L'alphabet et les lettres qui y sont ne représentent rien de pratique ou d'utile


dans la vie des participants. Ils sont difficiles à mémoriser et ne sont pas
directement connectés à la vie quotidienne.

N'enseignez pas l'alphabet. Enseignez uniquement les lettres qui sont dans
les mots que vous avez choisis comme pratiques et utiles (qui diffèrent d'une
communauté à l'autre et diffèrent entre les groupes d'une même communauté).
Finalement, peut-être que les participants apprendront chaque lettre de l'alphabet
ou au moins toutes celles qui sont utilisées.

Et qu'est-ce que la poésie ? La poésie enseignée dans les écoles à été


choisie pour être appropriée pour les élèves. C'est souvent très sophistiqué et
toujours particulièrement non pratique. Quel usage pratique peut avoir un poème
pour des analphabètes apprenant à lire et écrire ?

Qu'en est-il des autres formes de littérature ? Bien sûr elle peuvent être un
plaisir à lire ─ du moins pour certaines personnes. Mais si elles ne sont pas
pratiques, adaptées et utiles immédiatement pour vos participants, ne les
enseignez pas dans votre programme. Si l'un des participants montre un intérêt
pour cela, encouragez-le, soutenez-le et suggérez qu'il étudie la poésie, le théâtre,
la prose ou d'autres arts littéraires, dans d'autres cadres.

16. Ne critiquez jamais ; félicitez souvent :

Lorsque nous critiquons quelqu'un, cette personne ne corrigera pas


facilement ou automatiquement une erreur. Elle fera plus d'efforts pour la
défendre et aura moins de volonté à suivre vos directions. Ce principe, qui est
appliqué à la gestion d'équipe et de bénévoles, s'applique également ici pour
accompagner les participants vers l'alphabétisation.

Attendez-vous à ce que les participants fassent des erreurs : c'est une


caractéristique humaine importante (et distingue les humains de dieu). La façon
de laquelle vous répondrez à leurs erreurs fera une grande différence dans leur
façon de gagner en alphabétisation grâce à vous. Restez calmes, tolérants et
concentrez-vous sur les résultats.

Utilisons un exemple hypothétique. Disons que l'un des participants était en


train d'écrire : « le chat s'est assis. » Peut être auront-ils écrit : « le chat s'est
assos. » Reconnaissez que les participants ont fait des progrès car c'est déjà un
travail très difficile d'arriver jusque-là. Faites savoir à ce participant que plus de
gens reconnaîtront assis dans la phrase s'il/elle écrit : « assis. » (Ne mentionnez
même pas le t dans « cha »). En général, le type de réponse que vous devrez faire
sera : « très bien et tu peux même faire mieux, en faisant ... » (les trois petits

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

points changent selon l'amélioration que vous suggérez). Sans critiquer, vous
pouvez suggérer une amélioration.

Dans un cas rare, le participant pourrait tout à fait vous demander « est-ce
que ‘assos’ est faux ? » Dans une formation basique d'alphabétisation, il n'y a rien
de faux. Dites-lui qu'il y a simplement plus de personnes qui comprendront ce que
vous voulez dire, si vous écrivez : assis plutôt que assos. Faites l'éloge des
résultats. Mais ne félicitez pas de façon superficielle ou hypocrite. Reconnaissez
honnêtement les résultats. Ce n'est pas une chose aisée de reconnaître un
caractère et d'être capable de le reproduire pour que d'autres puissent aussi le
reconnaître. C'est un grand résultat.

Plutôt que de critiquer en disant que quelque chose est faux, montrer
gentiment comment quelque chose peut être amélioré. Voir Sandwich : vous
sandwichez (insérez) la suggestion d'amélioration (pas la critique) entre les éloges
(le pain).

Un slogan important dans la formation en gestion est : « Il n'est pas


nécessaire d'être mauvais pour s'améliorer. » Rappelez-vous que vos participants
feront des erreurs. Ne soulignez pas les erreurs, montrez-leur qu'ils ne sont pas
mauvais et qu'ils peuvent s'améliorer.

17. Donnez des possibilités aux participants d'enseigner ce qu'ils ont


appris :

Vous l'avez peut être remarqué. Lorsque nous apprenons quelque chose et
que nous devons par la suite l'enseigner, nous l'apprenons mieux. Nous le
retenons plus longtemps. Nous le comprenons plus profondément. En faisant
l'effort d'apprendre aux autres, nous nous aidons à comprendre mieux quelque
chose.

Intégrez ce phénomène dans la méthodologie de votre programme


d'alphabétisation. Trouvez des moyens permettant à vos participants d'enseigner,
de démontrer ou d'illustrer les choses qu'ils apprennent. Leurs camarades
participants peuvent temporairement devenir leurs clients.

Ce peut être quelque chose d'élémentaire, comme comment faire la forme


d'une lettre, telle que le P. Ce peut être lié à la sortie de terrain du projet, comme
comment créer une brochure listant les noms des poissons avec leurs tailles et
leurs prix.

Si vous utilisez ces documents pour aider à former les formateurs à créer un
programme d'alphabétisation, donnez aux formateurs participants des tâches
d'enseigner l'un à l'autre les principes d'une alphabétisation pratique et
fonctionnelle. Voir Méthodes de formation.

Que vos participants soient des débutants pour l'alphabétisation ou des


formateurs débutants, le principe d'apprendre en agissant peut (et doit) être
étendu à trouver des moyens pour que les participants apprennent à d'autres les
compétences et les principes qu'ils sont eux-mêmes en train d'apprendre. En le
faisant, ils apprendront mieux.

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

18. Guidez les participants dans le respect et la joie de la découverte :

Vos participants ne vous auront pas toujours pour leur apprendre tout ce
qu'ils voudront ou tout ce dont ils auront besoin concernant la lecture et l'écriture.
Il sera donc productif si vous pouvez les préparer à continuer d'apprendre eux-
mêmes et d'explore les joies de chercher à apprendre plus.

Il n'y a pas d'apprentissage une fois pour toutes dans l'alphabétisation


fonctionnelle. Les gens peuvent devenir de plus en plus instruits ou ils peuvent
arrêter le processus à n'importe quel niveau. Vous les avez fait débuter depuis le
niveau le plus élémentaire. Ce doit être une base pour eux pour continuer à
apprendre (l'orthographe et la grammaire par exemple, qui n'auront pas du être
importants dans votre programme).

Une idée qui a été un succès ailleurs est de voir si les participants veulent
s'organiser en une association ou un club de lecture. En tant que club, ils auront
leur propre directeur, prendront des décisions quant à ce qu'ils souhaitent faire et
comment ils s'organiseraient.

Ils pourront choisir d'inviter des bénévoles, des retraité instruits par
exemple, ou des professionnels locaux, et d'autres personnes, à les visiter et faire
un exposé ou deux à propos d'un sujet spécifique. Ils pourront s'agrandir dans un
club de critique de livre ou un club de lecture de journaux, selon le niveau
d'apprentissage de lecture qu'ils auront atteints.

Lorsque vous montrez pour la première fois à des personnes qui apprennent
à lire et écrire, comment certains griffonnages de stylo sur un papier peuvent
permettre de communiquer un sens, ils montrent facilement de la joie et du
respect que ce peut être fait. C'est le bon moment pour suggérer que les nouvelles
choses à apprendre sont infinies et qu'ils peuvent continuer d'apprendre plus de
nouvelles choses jusqu'à la fin de leurs vies ─ s'ils en font le choix.

Si vous inculquez et/ou encouragez le sens de l'émerveillement et du respect


dans la joie d'apprendre, vous aurez rendu un grand service aux participants ─ et à
la communauté, car plus le nombre de ses membres qui savent lire et écrire
augmente, plus la communauté devient forte.

CHAPITRE VI : QUELQUES METHODES D’ALPHABETISATION


Parler de la méthodologie de l’alphabétisation, c’est décrire les différentes
façons générales qu’on utilise pour enseigner la lecture, l’écriture, le calcul, d’une
part et la manière dont il faut conduire les séances de conscientisation d’autre
part.

6.1. ETAPES EN ALPHABETIISATION


Elles sont généralement la causerie : situation- problème
- La série des phrases
- Mots générateurs ou mots clés
- Syllabes
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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

- Combinaison  exercices
- Ecriture
Pour que la leçon atteigne son objectif, il faut respecter la voie à suivre. Pour
la donner, selon CANDIP qui a vulgarisé l’alphabétisation conscientisante en 1985,
la 1ère étape est la causerie.
0. La causerie
- Il faut commencer la leçon par une causerie sur les choses de la vie,
présentées sur une image, un dessin, un tableau ou sur le problème du milieu.
Elle peut concerner les différentes réalités économiques, sanitaires,
familiales, politiques, le développement, la culture. Le maître doit avoir un
objectif clair c’est à dire que les alphabétisés doivent parvenir à retenir les idées
maîtresses.
Exemple fabrication des briques, construction, qualité du sol, urbaniser la ville,

Le maître pose quelques questions pour conduire cette causerie. Il faut
que l’alphabétiseur et les alphabétisés invitent quelqu’un qui a une
connaissance et l’expérience suffisante dans le sujet abordé par la causerie, un
agronome pour le champ, un médecin vétérinaire pour l’élevage, un infirmier
pour la CPN. Il faut que le maître invite à la causerie les autres personnes qui ne
sont pas dans le groupe des élèves car le développement du village concerne
tout le monde.
La causerie peut durer un jour ou même plus si le sujet à transmettre
est large à la fin. C’est important de retenir une proposition à réaliser pour le
développement communautaire.
1. La lecture
Elle peut commencer seulement quand la causerie est finie si les
élèves ne connaissent pas assez de swahili la causerie se fera en leur langue mais
que la lecture puisse se faire en swahili.
2. Le travail d’étude des mots clés
C’est à dire « NENO MUSINGI » = mots générateurs
Un mot générateur est celui qui réveille la conscience et aide les gens
à connaître l’importance de leur milieu. C’est un qui comporte beaucoup
d’enregistrement, il a un son qu’on prononce. Il éveille la pensée qui touche la vie
des gens. C’est un mot qui aide à la conversation, à écrire et lire.
Exemple : maji
Tamko 2 : ma-ji : puis analyse
ma :arfuyakiungo m
Arfuyasauti : a
a a
o o
m i j i
eu

jimême chose que ma

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

 Entrainement ou combinaison
mami, mimea
jojo, jua
juma, maji
3. Conduite détaillée de la leçon
La première partie qui est la plus longue causerie est consacrée pour 90
minutes. La deuxième qui débute par l’étude des phrases génératrices est de 30
minutes. Montrez une image concernant la phrase génératrice.
En posant quelques questions le maître conduit les adultes à trouver
quelques phrases génératrices. Cette phrase est inscrite au TN.
Le maître lit la phrase entière.
Ex : Majiinauzima
Quelques élèves répètent la phrase avec le maître. Mettre au TN, les
papiers, journaux sur les quels sont reproduits les différents mots clés en suivant
la phrase qui a été constituée.
Bouleverser les papiers, journaux plusieurs fois et chaque fois les mettre
encore en suivant la succession de la phrase. S’il n’y a pas de papier journal, on
peut suivre cette voie (TN). La lecture des mots d’abord en suivant la succession
de la phrase après sans suivre la succession de la phrase.
Ex : uzima, maji, inaleta.
Le maître montre avec l’aide du bâton ici et là
* Etude des mots générateurs
- Découvre la phrase au TN
- Lecture par le maître puis par les élèves
- Faire découvrir le mot clé en effaçant d’autres mots en laissant
seulement le mot clé (générateur)
- Découper le mot générateur en syllabes d’abord par la bouche grâce
aux sons ; ensuite au tableau en tirant des lignes sur et à la fin en le
disposant sur le papier journal
- Reconstruire les mots clés en remettant chaque syllabe à la place qu’il
lui faut.
Cette étude est de 20 minutes.
* La découverte des lettres : 20 minutes
- Partir des mots clés
- Le maître lit puis les élèves
- Découper les mots clés en syllabes
- Enlever une à une toutes les autres lettres en ne laissant que les
lettres à étudier
- Chercher au TN dans la phrase les lettres à étudier.
Ce travail peut s’effectuer même sur les journaux où les élèves cherchent par
cœur les mots ayant la lettre à étudier.
* Entraînement à l’écriture : 45 minutes
Pour commencer le maître donne un exemple au tableau noir. Exercices
d’entraînement pour rendre souple la main.

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6.2. ORIENTATION METHODOLOGIQUE EN ALPHABETISATION


CONSCIENTISANTE
L’alphabétisation actuelle est considérée, selon PAULO FREIRE, comme
outil d’assimilation au système qui l’opprime.
Elle ne fait pas des places aux apprentissages essentiels qui sont la
prise des responsabilités et la prise des décisions. Elle véhicule des
représentations et des attitudes inclinant à la passivité dans l’acceptation de
l’exploitation.
La méthode de PAULO est simple, pratique, complète,…
 Méthode destinée à des adultes basée sur le dialogue pour enseigner à partir
de ce qu’il dit.
 Au lieu de la classe, il faut une réunion d’adultes appelée cercle de culture
 Au lieu de l’école et de ses habitudes, chaque élève devient participant du
groupe
 Au lieu d’enseignant, les animateurs sont formés à ce type d’éducation basée
sur les qualités relationnelles.

Quelques phases préliminaires dans la méthodologie à ce sujet.


1) Inventaire de l’univers verbal du groupe de travail
Dans cette phase, une enquête est réalisée par les animateurs pour percevoir
les mots, les phases exprimant les représentations engendrant les réactions de
la pression.
De cela on définit les mots générateurs.
2) Le choix dans les mots clés à travers les mots recueillis au cours de
l’enquête
Cette solution est soumise au critère suivant :
- Richesse de son = phonème
- Difficultés phonétiques afin d’ordonner les mots dans un ordre des
difficultés croissantes
- Signification même du mot et difficulté de compréhension.

3) Création des situations typiques de groupe


Ce sont des situations présentant des problèmes codés partant en soi
ces éléments de la vie quotidienne des éduqués que seront décodés par des
groupes sous l’impulsion de l’animateur. Cette démarche amène les participants à
dire ensemble leur situation et ainsi à prendre conscience. La situation étudiée
ouvre des perceptives à des problèmes locaux, régionaux ou nationaux qui sont
ensuite analysés.
Les mots clés selon la graduation des difficultés phonétiques donnent
l’ordre ainsi dans la succession des leçons.

4) Préparation des fiches qui aideront les animateurs dans l’élaborationde leurs
tâches.
Cette élaboration des fiches comporte la décomposition des familles
phonétiques correspondant aux mots clés.

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5) Une fois ce matériel élaboré


Les animateurs commencent leur travail.

6. 3. PRINCIPES PEDAGOGIQUES.
1. Exercices
L’apprentissage de lecture et écriture c’est la température de l’exercice de
lecture, d’écriture, de penser.
2. La vitesse
Cette vitesse ne vient pas du maître mais de l’élève.
Elle se diffère peut être lente, moyenne ou rapide. Il faut s’adapter à tout le
monde, faire tout pour que ceux qui sont avancés aident les plus lents.

1. Changement des méthodes


Ex : Tel comprend vite, voit bon, tel ne sait pas toucher rapidement. C’est
pourquoi il faut savoir adapter la méthode changer aussi d’activité est
important, regarder les jeux instructifs, les chants, récréation.

2. Etude des cas


1) Exercices avant l’écriture, pré-écriture.
L’appréciation de l’écriture est difficile. D’où recourt aux exercices de pré-
écriture.
a) Une grande bonne image sera dessinée avec l’aide des membres
b) Chaque fois le maître les encourage avec les explications comme suit :
rapidement, SVP,TB, vite.
c) Tirer des lignes de gauche à droite

d) Les exercices suivants aideront les membres à écrire les lettres d’alphabet :

Cet exercice aidera les membres à écrire rapidement les lettres de l’alphabet.
N.B. Ne pas utiliser de préférence les feuilles lignées.
Cet exercice ne peut pas prendre plus de 10 minutes.

2) Exercice de lecture : elle est très utile car elle permet de découvrir ce que l’on
ne connaît pas.
Il y a deux formes :
- la lecture simple : ordinaire que l’on fait

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

- la lecture conscientisante ou analytique


L’élève ne se contente pas de chose à lire mais il s’interroge pourquoi ceci est
écrit.
Cet exercice est à accomplir l’objectif de l’alphabétisation conscientisante. La
lecture se fera à la fin de la séance.
Le maître lira le premier, après il lira ensemble avec les élèves et
progressivement, il va laisser les élèves lire seuls d’abord ensemble ensuite un à
un. Si la lecture est longue, le maître lira seul le texte mais pour les élèves le
texte sera subdivisé à plusieurs parties.
Les élèves peuvent parler ou relever les mots difficiles qui sont dans le texte à
lire.
Que les élèves n’obligent pas le maître à enseigner telle chose la conduite de la
lecture est entre les mains du maître.

3) Exercice de dictée : le maître lit toute la dictée deux ou trois fois. Après il va
dicter en lisant lentement syllabes par syllabes mots par mots et en définitive la
phrase. Pour aider l’élève à ajouter les mots qu’il a oublié ou mal écrit le maître
recommencera la lecture.
Avant que le maître corrige, chaque élève lira sa dictée. Au moment de la dictée
que l’élève soit libre de voir dans son cahier, aide son condisciple.

4) Exercice de rédaction : comme la dictée, la rédaction doit commencer par des


phrases courtes formulées et écrites par des élèves sans être aidé par le
maître. Celui-ci va d’abord corriger l’élève sur la façon dont il a écrit chaque
mot et sur la façon dont il espace les mots.
a) Sorte de rédaction
- rédaction orale
- rédaction écrite
b) Manière d’organisation
Le maître demande à chaque élève ce qu’il a écrit hier
Le maître corrige
c) Importance de la rédaction
L’élève réussit le mot et l’assimile
L’élève apprend à formuler les phrases
L’élève apprend à arranger les idées
A propos de la correction, le maître doit savoir que l’élève a peur de commettre
une erreur, il veut que tout soit correct, le maître va expliquer aux élèves que
l’échec est normal et il leur donnera la façon de réfléchir
Il y a trois façons de corriger :
- corriger le mot : le maître souligne les fautes au stylo rougeva écrire
le mot qui convient au-dessus
- corriger la phrase : le maître donnera une nouvelle façon de rédiger
- corriger l’idée : on donne la façon de l’arranger sans chercher à le
changer.
Si l’élève laisse une idée que le maître l’ajoute.

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

5) Exercice de mémorisation
- Pour retenir par cœur, on lit d’abord au TN
- On touche, on écrit à l’air, on efface le TN
- on demande de reproduire les mots à haute voix
- Reproduction au TN.
N.B: En général l’homme retient en moyenne
- 10% de ce qu’il lit
- 20% de ce qu’il entend
- 30% de ce qu’il voit
- 70% de ce qu’il voit et entend
- 90% de ce qu’il dit et fait lui-même
6) Exercice de calcul
a) Notion
Le calcul fait partie de notre vie quotidienne. Calculer l’argent après vente, la
production à la fin de la récolte. Mais comme beaucoup de gens n’aiment pas
les chiffres, le maître introduit les chiffres comme un jeu. Que le maître
n’enseigne pas le calcul avant que les éduqués n’en saisissent l’importance. Le
maître écrira les chiffres du début (1,2,3,…)
Il fera des chiffres et il va soumettre ces chiffres à la mémorisation
b) Calcul proprement dit
On va de facile au difficile. On commence par l’addition jusqu’à 10, la
soustraction de dix à un, la multiplication de un jusqu’à dix, la division de dix
jusqu’à un.
Le maître pourra enseigner aussi les fractions, le pourcentage, les quatre points
cardinaux, collatéraux.
c) Méthodologie du calcul à enseigner
- Le maître prend une feuille sur laquelle sont écrits les chiffres 1 à 10.
Le maître distribue les feuilles qui ont différents chiffres à chaque élève et qui, à
la fin de la séance va imiter à la maison, si l’élève le demande le travail sera
remis à la séance tenante. Pour lire les chiffres le maître montre cette feuille et
lit à haute voix et comme cela ne succède, chaque élève lit tout le répertoire. Si
l’élève échoue à lire un chiffre intérieur dans le répertoire c’est mieux qu’il
commence la lecture au début. Pour écrire, le maître lit et montre encore les
chiffres, après il peut les écrire au TN et les élèves les imiteront dans leurs
cahiers. Pour écrire dans les cahiers, l’élève peut dessiner les chiffres sur le
module de l’éducateur. Si l’élève n’écrit pas, le maître corrige dans son cahier,
l’élève commencera à écrire les chiffres après avoir terminé l’exercice pré-
écriture.
N.B. En classe, c’est important de mélanger l’écriture et le calcul.

7) Exercices d’addition, soustraction, multiplication et division.


Dans la causerie, le maître fera découvrir la chose qui montre l’addition, la
division, la multiplication et la soustraction sans que les élèves s’en aperçoivent.

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Les différents exercices de calcul s’accompagnent d’exemple se rapportant à la


vie.
- L’addition : les élèves connaîtront le signe d’addition
Le maître exerce l’élève par des exemples : 5+5, 4+5, 6+5, 1+1, 7+1, 10+1,
l’addition des dizaines et des unités.
Enfin les signes de soustraction, de multiplication, de division seront montrés
aux élèves. La leçon part d’une situation dans laquelle on est…
Motivation = causerie d’une situation.

CHAP VII : APPRENTISSAGE COMMUNAUTAIRE BASE SUR


LA COMPETENCE

7.1. DIMENSION DE L’EDUCATION


- Education formelle
Elle s’obtient au travers des informations, des écoles œuvrant dans une
structure bien organisée d’apprentissage.
- Education non formelle
Cette formation n’est pas basée sur un programme moins encore sur des
structures d’apprentissage bien organisées. Cette éducation n’a pas des
conditions préalables pour y participer.
- Education informelle
Elle est faite à base de la simple expérience telle que l’éducation diffuse.

7.2. EDUCATION A BASE COMMUNAUTAIRE


Est une approche d’enseignement et d’apprentissage qui créé un
environnement propice pour l »apprenant et la formation en vue de communiquer
d’égal à égal et ainsi faciliter un plus grand impact de l’apprentissage. Cette
approche implique la formation de la communauté dans son propre environnement
en se basant sur les besoins identifiés. L’objectif de l’apprentissage doit être
clairement défini.
L’éducation de base communautaire offre à l’apprenant l’attitude et
l’aptitude, les connaissances permettant de résoudre le problème identifié.
Il est important que tous les apprenants définissent le problème avant
que tout processus d’apprentissage ne commence.
L’apprentissage est d’autant efficace s’il a lieu dans un milieu familier
aux apprenants et dans lequel les aptitudes et les attitudes peuvent être mises en
pratique au fur et à mesure qu’on évolue.

Ce que l’éducation de base communautaire doit permettreà la


communauté de faire
 Permettre à la communauté d’identifier des opportunités, les capacités et les
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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

ressources
 Permettre aux gens d’être critiques, créatifs, actifs et responsables
 L’éducation de base communautaire devrait stimuler le dialogue qui du reste
est nécessaire dans le développement d’un apprentissage véritable.
 L’éducation de base communautairedevrait promouvoir des actions et des
réflexions constantes
 L’éducation de base communautaire devrait engager la communauté tout
entière dans sa propre transformation
 Elle devra pourvoir pour l’amélioration de la vie au sein de la communauté
 Elle devrait renforcer la capacité des apprenants et les aider à résoudre leur
problème immédiat
 En effet il est important de noter que s’ils sont certains qu’ils aideront à
résoudre le problème immédiats : c’est ce qu’on appelle l’apprentissage
basé sur le problème

7.3 L’APPRENTISSAGE BASE SUR LE PROBLEME


Quelques principes de l’apprentissage basé sur le problème
 L’objectif de l’apprentissage c’est l’ensemble d’expériences qui constituent
des problèmes auxquels l’apprenant fait face dans sa vie quotidienne
 Cet apprentissage utilise des méthodes audiovisuelles pour représenter des
situations de la vie réelle, situation que des apprenants peuvent facilement
considérer comme étant les leurs et suscitant ainsi la réflexion.

Méthodologie de l’apprentissage à base communautaire


On pressente quelque chose et on suscite un débat sur base de voir,
arriver, notre communauté, pourquoi, réaliser.
On doit provoquer le problème au sein de la communauté à base des
questions (où est ce que vous avez vu, c’est arriver comment, pourquoi cela…).

La réussite de cet apprentissage basé sur le problème dépendra de :


 L’apprenant :on doit connaître son background socioculturel, est ce qu’il est
préparé, quelles sont ses expériences antérieures à votre session de
formation, quelles sont les attitudes, se préparer pour couvrir les besoins
 L’identification claire et mutuelle des besoins ressentis
 Les méthodes et techniques d’apprentissage
 La matière c’est à dire la connaissance : les aspects à développer dans la
communauté pour qu’elle soit compétente (connaissance, attitude et
aptitude, pratique, condition sociales, habitudes, initiative, ressources,
responsabilité, relations sociales)
 La situation d’apprentissage : elle est normale, modifiée, le temps est
approprié, est ce qu’il y a eu connaissance ?
 Les ressources : sont-elles disponibles, conformes, en nombre suffisant.

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Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

ROLE DU FACILITATEUR
 Créer un environnement propice
 Poser le problème (provoquer la réaction dans la communauté)
 Encourager la recherche des solutions
 Assister le groupe
 Aider à planifier

7.4 ORGANISATION D’UNE FORMATION


La formation est un processus faisant partie du renforcement de capacité
ayant pour objectif de réduire l’écart entre le niveau actuel de comportement et le
niveau désiré chez une personne en vue de connaître comment réaliser les
objectifs donnés.

Cycles de la formation
 Collecte des informations
 Analyse des informations en vue de prendre la décision sur le type de modèle
 Dessin du plan technique
 Récolte et assemblage des ressources et les matériaux
 Mise en pratique du plan
 Suivi de l’évolution
 Evaluation finale
 Nouvelles informations pour une amélioration

Modèle de la formation
 Identification des besoins en formation
 Priorisation de ces besoins (attitude face à la formation : bonne attitude face à la
formation BAFF, mauvaise attitude face à la formation MAFF. BAFF plus
connaissance basse, MAFF plus connaissance élevée
 Conception d’un programme de formation (détermination du but et des
objectifs, durée, méthodologie et autre guide, matériel requis pour la formation :
supports…
 Développement du plan d’une session de formation : objectifs pédagogiques)
 Exécution de plan (suivi et coordination)
 Evaluation.

7.5 ETAPES POUR RENFORCER L’AUTOFORMATION


Contact ouvert avec les candidats - recueil de leurs besoins et de leurs
attentes
Le chargé de formation se plonge alors non dans ses livres ou les cours
qu’il a consommés mais dans le groupe qui attend se confier à lui ; il emmène
patiemment et sans rien forcer, apprécier ce dont ce groupe a besoin, ce qu’il
souhaite acquérir, pourquoi et dans quelle condition, quels sont les obstacles qu’il
voudrait vaincre et les moyens qui pourraient lui donner la possibilité… cela peut
se faire par simple conversation, par un exercice de brainstorming ensuite
l’éducateur synthétise ces données sur place ou dans les jours qui suivent et

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 53


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

s’assurer auprès du groupe que ce qu’il vient de résumer est bien ce que le groupe
entend exprimer. Il faut maintenant passer à l’étape suivante qui est celle de
savoir exactement ce que ces besoins exprimés signifient dans la vie courante du
groupe intéressé, car la formation est évidemment fonction de l’être et de l’action
de l’être et de l’action souhaitée.
Inventaire de la réalité concrète
Il ne serait guère suffisant ni même opportun de se fier aux manuels
ou de référer uniquement à une expérience personnelle, il faut scruter
objectivement la vraie et concrète réalité locale à la recherche de ce que
supposent deux degré de formation : formation spécifique et la formation
générale.
Formation spécifique
 aller observer soi-même et sur terrain et analyser la série d’actions
envisagées par le groupe dans son milieu d’intervention et observer
comment fonctionne un organisme semblable à celui que nous voudrions
diriger ou animer
 contacter et interroger les responsables du genre d’activités quoi fait l’objet
des taches prévues par le groupe : techniques et comportement nécessaire
ou utiles, peut être nuisibles ou causes de blocage… il y aura là des
questions à poser et des réponses à noter
Formation générale
 repérer et noter soigneusement les notions (le savoir), les techniques
(le savoir-faire), les comportements ou les lignes de réflexion (le
savoir-être) qui sur le plan de formation, peuvent aider à mieux
réaliser le projet envisagé, peuvent accompagner efficacement une
démarche d’autopromotion (sociologie, psychologie, d’animation des
groupes, éducation à la santé,
 parcourir la littérature qui décrit cette réalité que nous cherchons à
identifier, à mieux percevoir… cela ne se fait qu’après avoir exploité
notre expérience, après avoir interrogé les praticiens du terrain. En
effet, commencer par la consultation de la littérature pourrait bloquer
la réflexion personnelle et nous engager dans la simple copie de ce
qu’ont les autres, donc d’étouffer toute créativité, toute approche de
la situation existentielle, sur le terrain que nous abordons.

Tracé d’une situation idéale, d’une utopie créatrice


Il est grand temps de préciser l’objectif, de partir de cette
connaissance que nous venons de préciser au sujet de la situation que nous
abordons pour imaginer ce qu’elle devrait être si les attentes du groupe étaient
réalisées. Cela consiste à concrétiser le but poursuivi par le groupe :
 quel genre de personne, quel type d’homme souhaite-t-il
 quelle forme de société
 quel niveau professionnel ou social de groupe souhaite-t-il atteindre
 quel serait le visage du groupe, la situation réelle de la région si le projet
d’autopromotion que nous abordons était mené jusqu’à son terme
On arrive à une utopie : création imaginaire mais logique et
rigoureuse, d’une société qui constitue par rapport à celui qui la réalise et à se
conditions de vie, un idéal total, une sorte de modèle parfait… le modèle que nous
cherchons à réaliser.

Facilitateur CT KAMBERE MWANGAZA Matama Page 54


Notes du cours de TECHNIQUES D'ALPHABETISATION 2021-2022

Inventaire du capital de base dont nous disposons


Nous venons de prendre conscience du but que nous voulons
atteindre ; maintenant il s’agit de prendre conscience du point de départ, de la
base sur laquelle l’action va s’appuyer, du capital qu’il s’agit de fructifier.
Capital humain : il faut connaître le type d’individu à former, son expérience, sa
personnalité, ses exigences qu’il faut modifier ou écarter, les éléments manquants
qu’il faut introduire.
Capital matériel et organisationnel : les besoins dans ce domaine dépendent
de la nature, du degré et de l’ampleur de l’objectif visé : personnel formateur (sa
qualification, transport,…), de l’époque de l’année (saison ‘emploi du temps), du
matériel (de formation, logement, cuisine,…), de finances d’expérimentation, de
détente, bibliothèque…).
Structuration du programme
Comparant la situation actuelle avec la situation idéale (utopie
créatrice), ce que nous avons avec ce que nous voulons, nous pouvons maintenant
établir une programmation réaliste, basée sur la situation concrète, les attentes et
possibilités des candidats, nos propres attentes et possibilités, ce programme
étant évidemment conçu de façon pragmatique (donc visant la maîtrise d’une
situation professionnelle ou sociale précise, tel changements amorçant un vrai
développement), tout en y incluant des éléments de culture générale et d’exercice
de la créativité qui élargiront et amplifieront les perceptives.
Nous aurons à préciser :
 les besoins réels par l’enquête et les attentes des candidats par la
comparaison entre le vécu actuel et l’idéal
 les extras : pour chacun des thèmes programmés, nous chercherons quel
sera l’acquis à obtenir le plan de savoir, savoir-faire et du savoir devenir
pour nous rapprocher de l’utopie
 les intrants : qu’est-ce qu’il y aura à faire, à apporter aux attentes et aux
capacités des candidats
 connaître l’idéal du groupe, motivation interne et externe, convictions
personnelles et collectives, défauts à corriger, lacunes à combler ….
 Il nous faut maintenant choisir et mettre en ordre progressif (logique et
chronologique) les étapes (sujets à traiter, information à fournir, livres à
chercher, prise de conscience à susciter…) qui partant du niveau souhaité, à
passer du niveau 1 au niveau 2, puis au niveau 3…
 L’objectif brut étant précisé et dûment détaillé en étapes, nous allons
l’élargir, l’épanouir, lui donner sa dimension humaine de profondeur par des
éléments appropriés de culture générale apte à situer la technique
enseignée dans un contexte global, vraiment existentiel, à placer les formés
dans une perceptive.
 plus large et plus riche. Tout développement est un changement, un réel
rééquilibrage ; une nouvelle façon de vivre entraîne une nouvelle
personnalité.

Mise au point de ce programme avec les candidats


Notre but étant non de formation, mais d’autoformation, non de simple
promotion mais de réelle autopromotion, il nous faut nous assurer de ce

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programme, tel qu’il est conçu et détaillé, répond vraiment aux attentes et aux
besoins des candidats. Nous leur présenterons donc et éventuellement, nous le
modifierons jusqu’à aboutir à un consensus sincère, le groupe étant bien d’accord
et prêt à aborder l’effort proposé (comprendre l’objectif et le vouloir activement) à
prendre résolument en charge, en pleine collaboration, le programme qu’on vient
de tracer ensemble.

Réalisation du programme
Ce programme tel qu’il est maintenant préparé et organisé
logiquement en fonction des participants, des objectifs et des circonstances
locales est mis en route et développé progressivement, éventuellement corrigé,
remanié, réorienté, complété jusqu’au but que nous nous sommes fixé.

Evaluation et réajustement
Il y a eu échec, réussite et pourquoi ?
Il ne s’agit pas ici de remettre constamment en question l’option prise,
mais de voir si réellement, la façon dont elle est menée conduit efficacement à la
formation envisagée. Des révisions en petits groupe permettront de voir où l’on en
est, si les étapes sont assimilées, si les compétences s’approfondissent dans le
sens voulu, si l’équipe des formateurs est bien à son affaire, si le groupe des
formes est satisfait, si nous avons suivi les décisions prises et contourner les
obstacles…
Suivi (voir comment se déroulent les activités quotidiennes ceci est fait par les
services mêmes).
Le suivi (ensemble d’opérations consistant à suivre et à surveiller un
processus) consiste à ce que les formateurs se rendant sur terrain observent aussi
souvent que possible le comportement de ceux qu’ils ont aidés dans leur formation
et façons dont ils abordent les taches dans lesquelles ils se sont engagés. Ce suivi,
évidemment utile aux formés est nécessaire aussi aux formateurs qui peuvent
ainsi contrôler l’adéquation des programmes qu’ils offrent et les réadapter
constamment aux conditions, souvent changeant du vécu.

7.6 RAISONS DE NON PARTICIPATION A LA COMMUNICATION


D’UN GROUPE EN AUTOFORMATION
7.6.1 Raisons inhérentes à l’individu
 Il n’est pas dans des conditions d’écoute ;
 Le message est en dehors de son cadre de référence ;
 Le message ne correspond pas à son besoin ;
 Il a des préjugés sur la question
 On estime qu’on est incompétent à la matière
 On a un défaut physique ; handicap, malformation, tic nerveux
 On s’imagine être antipathique, peu aimé, incompris
 On a l’impression de mal s’exprimer, manque de vocabulaire, bégaiement,
mauvaise articulation, perte de mémoire, perte de fil de ses idées, hésitations
 On a un accent (étranger, les gens du terroir, provinciaux)
 C’est une tactique : on attend le moment favorable pour exprimer ces idées

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 Il est tard, on ne désire pas prolonger le temps de réunion


 Ce que l’on voudrait dire va peut-être provoquer une déviation dans l’étude du
sujet, et l’on ne désire pas faire sortir le groupe de ses rails
 On ne comprend pas ce qui se dit ou ce qui se fait par exemple parce que le
niveau de la discussion est trop élevé
 On est quelque peu assoupi et l’on somnole
 Complexe d’infériorité
 Etc.
Certains individus peuvent également bloquer l’apprentissage d’un groupe
d’autoformation.
Type d’individu Comment réagir
1. Questionnaire éternel : veut Renvoyez ces questions au
vous embarrasser et essaie de groupe mais ne résolvez pas vous-
vous faire appuyer par son idée même ce problème
2. Querelleur : aime blesser les Restez calme. Essayez de le faire
autres afin à quoi se plaindre ou isoler par le groupe. Dites que
peut avoir des légitimes sujets de vous traiterez volontiers son
se plaindre problème après la séance
3. Chicaneur : aime discutailler, Essayer de dégager ce qui est de
s’oppose pour le plaisir de bon dans toutes ses interventions.
s’opposer Proposez-lui l’avis du groupe.
Parlez-lui en particulier.
4. L’obstiné : ignorance Liguez lui contre le groupe, lui
systématiquement des autres et demander d’accepter les avis des
ne veut rien apprendre des autres autres dites-lui que vous allez
étudier sa question avec lui seul
5. Je sais tout : veut importer Arrêtez-le par des questions
son opinion peut être embarrassantes. Renforcez la
effectivement bien informé ou confiance du groupe envers vous.
simplement parce qu’il est bavard Dites-lui voilà l’intéressant,
qu’est-ce que le groupe pense.
6. Muet volontaire : se Essayez d’éveiller son intérêt en
désintéresse de tout, se croit au- lui demandant son avis sur un
dessus de tous. point qu’il connaît bien. Indiquer
le respect qu’on a pour
expérience sans exagérer en
faisant comprendre au groupe
votre intention. Expliquer mieux
ce qu’il ne comprend pas.
7. Chic-type : toujours prêt à C’est une aide précieuse dans les
vous aider, sûr de lui-même, discussions. Utilisez-le à tout
convaincu moment et le remercier à tout
moment.
8. Bavard : parle de tout sauf de Couper son souffle quand il
sujet et d’une façon interminable reprend la respiration. Montrez-lui
que nous sommes trop loin du
sujet et qu’il gaspille le temps du

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cours
9. Le timide : A des idées mais a Posez-lui des questions faciles.
de la peine à les formuler Augmenter la confiance du groupe
en lui demandant son aide dans la
préparation de la salle
10. Type aux idées fixes : parle Le ramener au sujet. Profiter des
interminablement lorsqu’il est idées intéressantes qu’il peut
lancé émettre, essayer de le
comprendre
11. Le distrait : il est distrait et L’interpeller à l’aide d’une
distrait les autres question facile et directe avec son
nom en tête reprenez la dernière
idée exprimée par le groupe et lui
demander son avis
12. Type au collet monté : Ne le critique pas s’il se trompe
traite d’une façon hautaine. Le utiliser la technique « ne savez-
secret ne vient pas à lui vous pas que »
Source : Nations Unies (2002d) ; UNESCO (2003d).

7.6.2. Au niveau du formateur


 Il formule mal les idées à transmettre ;
 Il ne sait pas choisir les mots qui conviennent au récepteur ;
 Il est en dehors du cadre de référence du récepteur ;
 Il n’est pas crédible ;
 Son statut social est perçu comme inférieur par le récepteur ;
 Ses motivations prêtent à des interprétations au niveau du récepteur ;
 Il n’est pas reconnu comme habitué à traiter du sujet par la
communauté
 Accoutrement qui laisse à désirer
 Complexe d’infériorité ou de supériorité
 Mauvais choix de lieu de la réunion
 Non-respect de timing
 Mauvais langage, vocabulaire très compliqué ou non adapté
 L’enseignant incarne les valeurs, des principes, des idées que l’on
n’accepte pas ou que l’on rejette momentanément
 L’animateur est trop âgé ou trop jeune
 L’enseignant impose son point de vue et cela ne sert à rien
d’intervenir
 Il a coupé une ou plusieurs interventions précédentes
 L’enseignant vient d’une institution ou classe sociale dédaignée des
plusieurs
 L’enseignant est incompétent ou incapable ; il serait donc inutile de
perdre le temps
 L’enseignant est un expert d’un niveau très élevé, il utilise des termes
scientifiques et des idées que les membres ne comprennent pas
 Etc.
D’une façon générale deux types d’enseignant peuvent regrouper les éléments
ci-haut développés.

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A. Le formateur autoritaire
Souvent sec, dominateur, l’enseignant autoritaire décide seul des
objectifs, impose sa volonté et sa manière d’agir au groupe sans tenir compte de
l’opinion des membres. Persuadé qu’il détient la bonne solution, soit parce que ses
qualités l’y rendent apte, soit parce qu’il se sent imprégné d’une force lui venant
de son mandat, il estime normal de communiquer simplement sa décision au
groupe et d’en diriger l’exécution ; au fond, il se sert du groupe pour réaliser ses
propres objectifs. Il obtient l’obéissance, mais rarement la sympathie ou la
confiance profonde. Au début et pendant un certain temps, il augmente la
productivité ; mais, celle-ci baisse et, à la longue, finit par disparaître.
Précisons quelques types particuliers : autoritaire, paternaliste,
maternaliste, caporaliste, despotique.
B. Le formateur laisser-faire
A l’opposé de l’enseignant autoritaire, le « laisser-faire » n’intervient
jamais ou très peu ; il laisse agir le groupe à sa fantaisie ; ballotté sans réactions
personnelles par les événements, il lâche les pédales et cesse tout effort de
direction. Ce genre de chef attire parfois la sympathie, une sympathie un peu
indulgente, mais rarement l’obéissance : sa façon d’être et d’agir, son manque de
contrôle des libertés individuelles aboutissent souvent au désordre et à l’anarchie.
Précisons-en quelques types particuliers : bonasse, laisser-aller,
indifférent, démagogue.
Un bon formateur devrait être démocratique
L’enseignant autoritaire se sépare du groupe et se place au-dessus ;
l’animateur laisser-faire se plonge dans le groupe et s’y noie ; l’enseignant
démocratique s’intègre au groupe, mais y garde son statut de chef. Plus souple
que l’autoritaire, mais moins mou que le laisser-faire, il amalgame les capacités du
groupe et les différences individuelles pour en dégager les buts communs et les
mener à bien
Précisons quelques types particuliers : coopératif, élucidateur,
poteauindicateur, facilitateur, mobilisateur, accompagnateur.

CONCLUSION DU COURS

Ce cours de Techniques d’alphabétisation a une place toute particulière


parmi les autres cours inscrits au programme de l’Institut Supérieur Emmanuel
d’Alzon de Butembo dont le but est celui de préparer des animateurs des adultes.
Ce cours offre à ces animateurs la possibilité de connaître son apprenant. Ici la
connaissance des principes d’éducation des adultes. Comme le stipule le
spécialiste Eugen Rosenstock en 1921 : L’éducation des adultes nécessite des
enseignants, des méthodes et une philosophie qui lui soient propres. Ce cours met
les futurs animateurs des adultes face aux problèmes généraux de la didactique
qui se résument en ces quatre points suivants : Pourquoi ? Quoi ? A qui ?
Comment ? La question pourquoi appelle comme réponse les finalités et les
objectifs du contact avec les apprenants. On répond à la question quoi en
indiquant les contenus, c'est-à-dire les programmes. La question à qui inclut
l’ensemble des problèmes psychologiques. Et enfin, la question comment, c’est
l’ensemble des méthodes, techniques et procédés andragogiques. Le but est
complété par les procédures d’évaluation.

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