Blindages de Tranchées Exécutées en Bon Terrain (2002.11)

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Fiche de sécurité

D1 F 03 91

Tour Amboise
204, rond-point du Pont-de-Sèvres
92516 BOULOGNE-BILLANCOURT CEDEX
Tél. : 01 46 09 26 91
Blindages de tranchées
Tél. : 08 25 03 50 50
Fax : 01 46 09 27 40 exécutées en bon terrain

OBJET : Description de divers dispositifs utilisés dans les tranchées étroites pour le blindage ou la
protection contre l’éboulement, lorsque le terrassement est exécuté en totalité à la pelle mécanique
jusqu’au fond de la tranchée.

1 - MESURES GENERALES DE PREVENTION


Les travaux visés dans la présente étude concernent ment, le bon blindage est celui qui a été soigneuse-
les tranchées étroites dans lesquelles des travailleurs ment étudié et se monte rapidement, sans retarder le
sont appelés à descendre lorsque le terrassement est travail de la pelle.
terminé (pose de canalisations par exemple). Il n’est Il y a intérêt à employer des éléments standardisés, et
pas question ici des tranchées très étroites, exécutées à en revêtir la totalité de la tranchée de la même
avec des engins spéciaux et non accessibles aux tra- manière, sans chercher à les espacer ou à les suppri-
vailleurs (voiles coulés à pleine fouille, par exemple). mer si le terrain devient meilleur. La bonne solution est
Dans les tranchées considérées, le terrassement est de décider à l’avance de blinder systématiquement, et
supposé être exécuté en une seule passe par une pelle de rationaliser le procédé pour diminuer le temps de
mécanique travaillant en rétro. (Lorsque la profondeur pose, car en cette matière, la sécurité sera d’autant
est trop grande, on exécute parfois une première passe mieux assurée qu’on parviendra à diminuer les coûts
de largeur appropriée au matériel et que l’on talute à par des progrès technologiques.
une pente convenable. La pelle mécanique exécute Il est illusoire de se contenter d’un couple de longrines
ensuite la deuxième passe en tranchée étroite). étrésillonnées entre elles dans la partie supérieure de
Une fois terminée, la tranchée présente donc des la tranchée, ou de quelques madriers ou bastings ver-
parois sensiblement verticales sur toute la hauteur. En ticaux clairsemés et étayés face à face, sans lien entre
application de l’article 66 du décret du 8 Janvier 1965, eux. Ces pratiques n’empêchent jamais l’éboulement
ces parois doivent obligatoirement être “blindées”, de se produire ; les accidents le prouvent amplement.
“étrésillonnées” ou étayées” en fonction de la nature D’autre part, un blindage doit être suffisamment résis-
du terrain. tant et bien bloqué contre le terrain. Tout vide impor-
tant entre les planches et les parois doit être comblé.
1.1 - Préparation du projet Les points singuliers : angles, branchements, etc.,
L’exécution des tranchées étroites par procédés doivent être particulièrement soignés.
mécaniques repose fondamentalement sur l’hypothè- Il convient de ne pas négliger les risques d’éboule-
se que les parois de la tranchée resteront stables au ment des parois transversales des abouts des fouilles
moins jusqu’au moment où leur blindage sera terminé. en tranchée. Il est parfois nécessaire de les blinder
Cela implique que le terrain réponde à certaines comme les parois longitudinales.
caractéristiques : absence de remblais frais, cohésion Enfin le projet doit être approprié au travail à réaliser
suffisante, degré d’humidité faible, etc. dans la tranchée, qu’il ne doit pas gêner sensible-
Avant de décider l’emploi de cette méthode, il ment. Il doit permettre une dépose d’un blindage faci-
convient donc d’effectuer une étude préalable particu- le et sans danger pour les ouvriers. Dans les cas
lière, prenant en compte notamment : délicats, les bois peuvent être abandonnés en totalité
- la nature des terrains (cohésion, angle de frottement, ou en partie.
sensibilité à l’eau, pendages des couches) ;
- la nappe phréatique (pompage, condition de renard) ; 1.2 - Précautions lors de l’exécution des travaux
- les surcharges susceptibles d’exister en crête de La stabilité des parois non soutenues restant toujours
tranchées (circulation, zones de stockage de maté- très aléatoire, même dans un terrain consistant, il est
riaux, constructions existantes) ; nécessaire que les travaux de blindage suivent la pelle
- les risques résultant d’une éventuelle décompres- mécanique d’aussi près que possible, étant entendu
sion des terrains. que les boiseurs doivent se trouver hors de la zone
Le projet de blindage découle de la connaissance du d’action du godet.
terrain. Il y a lieu d’en déterminer tous les éléments à Si les déblais sont laissés sur place pour permettre le
l’avance, afin que les matériels nécessaires soient remblaiement ultérieur de la tranchée, il y a lieu de les
complètement approvisionnés sur place dès que déposer aussi loin que possible de celle-ci afin de ne
commence l’excavation de la fouille. pas surcharger le sol. Pour la même raison, il faut inter-
Technique et sécurité vont de pair en général. Aussi, dire toute circulation de véhicules aux abords immédiats
dans un chantier mécanisé où la pelle avance rapide- de la tranchée tant que celle-ci n’est pas blindée.

Edition novembre 2002.


1
FICHE N° D1 F 03 91

Il est nécessaire en outre, d’éloigner ou de détourner d’appui sur les montants ou sur les longrines. Les
les eaux de ruissellement et de ménager des bermes blindages doivent être surveillés par une personne
de chaque côté de la tranchée. compétente et maintenus en bon état.
Lorsque la tranchée vient d’être creusée, personne ne Après une période d’arrêt prolongé des travaux, ou
peut dire pendant combien de temps les parois tien- une période d’intempéries, de gel et dégel, un exa-
dront sans soutènement. La sécurité des ouvriers men particulièrement sérieux des blindages est
affectés au blindage n’est donc assurée que si une nécessaire. Les réparations ou renforcements jugés
protection provisoire mais efficace peut être placée utiles doivent être exécutés avant de reprendre les
dans la fouille depuis le haut, avant leur descente, ou travaux dans la tranchée.
qu’elle puisse être réalisée à l’avancement sous la Les chocs sur les étrésillons sont à éviter (heurts par
protection du blindage déjà mis en place. C’est le but une benne ou un tuyau).
des méthodes décrites ci-après. Sauf si des dispositions spéciales sont prises, il ne
La dépose du blindage exige des précautions ana- faut pas appuyer des planchers chargés sur les étré-
logues. En général, les blindages sont retirés au fur et sillons (supports de pompes par exemple) ni consti-
à mesure du remblayage et du compactage, les vides tuer des points d’amarrage de câbles (pour ripage
laissés après le retrait des blindages étant soigneuse- des canalisations en particulier).
ment comblés. La dépose du blindage exige des pré- Au cours des travaux dans les tranchées on peut
cautions analogues à celles prescrites lors de la être amené, pour faciliter une manoeuvre, à déplacer
pose. Il ne peut être procédé à l’enlèvement d’un un étrésillon, voire une ceinture ou un cadre avec ses
composant du blindage que si le personnel chargé de étrésions. L’opération ne peut être faite qu’après
cette opération est parfaitement protégé contre les avoir doublé les pièces à enlever par des dispositifs
risques d’éboulement par un moyen équivalent au pouvant reprendre les poussées qu’elles équili-
moins à celui retiré. Un mode opératoire préalable braient.
doit être étudié pour définir les conditions de rem-
blayage et de compactage et les mesures de sécurité
1.4 - Choix d’un blindage
envisagées. Celui-ci doit être respecté.
Rappelons les qualités que doit posséder un bon
Toute descente de travailleurs dans la tranchée doit être
blindage (voir fiche D1 F 02 91) :
interdite tant que leur protection n’est pas assurée.
• pouvoir être mis en place et déposé sans exposer
De même, un dispositif approprié doit permettre une
les exécutants au risque d’éboulement
évacuation rapide du personnel.
• être suffisamment résistant pour résister à la pous-
sée des terres
1.3 - Surveillance et entretien des blindages • être conçu de façon à constituer une cage résistant
L’exécution des tranchées n’est à confier qu’à du aux efforts obliques.
personnel qualifié, averti du danger présenté par un Suivant la nature et l’importance du travail à exécuter
travail défectueux. Les étrésillons doivent être placés le blindage pourra être choisi parmi les modèles
bien horizontalement et à l’équerre de leur surface décrits ci-dessous.

2 - BLINDAGES PAR PANNEAUX EN BOIS

C’est l’un des procédés les plus simples, sa mise enoeuvre ne demandant aucun matériel particulier. (fig. 1)

▲ Fig. 1

2
FICHE N° D1 F 03 91

Il consiste à fabriquer à l’avance des panneaux en pouvant être manoeuvrés depuis le haut de la tran-
planches jointives ou non, d’une épaisseur adaptée à chée. Ces cadres peuvent assurer soit l’étrésillonna-
la nature du terrain. ge provisoire, soit l’étrésillonnage définitif. (fig. 2)
Leur longueur est de 2 m à 2,50 m et leur hauteur est Ils peuvent également rendre de grands services pour
supérieure à la profondeur de la tranchée de 15 à 20 cm. le déblindage en remplaçant provisoirement et suc-
cessivement les éléments de butée que l’on est obli-
Les panneaux sont ensuite descendus au fond de la
gé d’enlever.
fouille en les faisant glisser sur des perches ou des
tubes métalliques. Dans le cas de fouilles de petites dimensions, il est
possible de remplacer les panneaux rigides par une
Ils sont ensuite redressés verticalement contre la
peau souple en géotextile raidie par des barres en
paroi. D’une petite passerelle lancée en travers de la
fibre de verre enfilées dans des évidements horizon-
fouille on descend, avec une fourche pointue ou un
taux aménagés dans le géotextile.
étrier, des étrésillons provisoires en bois que l’on fait
Le faible poids et la structure souple de ces éléments
reposer sur des taquets fixés aux montants. Les boi-
faciliteront considérablement leur transport et leur
seurs peuvent alors, sans risques, descendre dans la
remise en place.
tranchée pour poser et bloquer les étrésillons défini-
tifs entre les montants ou les longrines des panneaux. Le procédé ne doit pas être utilisé dans des tran-
Une technique plus élaborée consiste à remplacer la chées d’une largeur inférieure à 0,80 m car en cas
pose des étrésillons par l’utilisation de cadres com- d’éboulement la paroi souple prend une flèche qui
plets en alliage léger équipés de vérins hydrauliques diminue l’espace libre dans les tranchées.

▲ Fig. 2

3 - BLINDAGE PAR CAISSON BOIS

Ce blindage, comme le précédent est utilisable dans de planches horizontales assemblées par des mon-
des petites tranchées. tants métalliques et des vérins à vis spécialement
conçus. (fig. 3)
Ce procédé consiste à descendre dans la tranchée
des éléments de blindage comprenant les deux parois Ces éléments font 2,50 m de longueur avec des

3
FICHE N° D1 F 03 91

planches de 6 cm d’épaisseur. Leur hauteur peut être


de 50 ou 90 cm. Les opérations d’assemblage des
▲ Fig. 3
deux parois entre elles et le réglage approximatif des
étrésillons se font aux abords de la tranchée.
Les éléments sont ensuite descendus avec un engin
de levage et empilés les uns sur les autres, de façon
que le dernier dépasse au moins de 15 à 20 cm le
bord supérieur de la tranchée. Les ouvriers peuvent
alors descendre dans la tranchée pour bloquer
chaque élément contre les parois, en commençant
par les éléments supérieurs.
Les montants verticaux sont solidarisés entre eux,
grâce à un étrier spécial au droit du joint.
Si la nature du terrain, la précision du dressage des
parois, la puissance de l’engin de levage le perme-
tent, on peut gagner du temps en assemblant les élé-
ments l’un au-dessus de l’autre, hors de la tranchée,
de façon à constituer un ensemble de hauteur appro-
priée à la profondeur de la tranchée qui sera introduit
en entier dans la fouille.
Pour le déblindage, il faut démonter les éléments
dans la tranchée, en commençant par les éléments
inférieurs et en remblayant au fur et à mesure.

Si l’on craint une poussée importante des terres, on


peut utiliser un blindage exactement du même type,
mais plus résistant car entièrement métallique.

4 - BLINDAGE PAR CAISSONS METALLIQUES

Le matériel utilisé est le même que celui décrit aux


paragraphe 3 de la fiche D1 F 02 91 mais dans un
terrain de bonne tenue où la stabilité des parois est
assurée pendant le creusement, les éléments sont
déposés au fond de la tranchée avant que les tra-
vailleurs ne descendent pour bloquer les étrésillons.
Dans ce cas aussi le nombre de caissons à utiliser
simultanément dépendra de la longueur des éléments
de tuyauterie à mettre en place. (fig. 4)

Il est nécessaire en général d’utiliser 3 éléments de


3 m de longueur.

La progression du blindage s’obtient alors soit en


tirant les éléments avec la pelle après les avoir solida-
risés entre eux, soit en opérant un déplacement régu-
lier consistant à prendre systématiquement le caisson
placé à l’arrière pour le placer sur le devant de la
pelle.

4
FICHE N° D1 F 03 91

5 - AUTRES PROCEDES

Il est bien évident que dans les bons terrains, il est dont elle dispose.
possible de blinder aussi en utilisant les méthodes Il s’agit des procédés décrits aux paragraphes 4, 5, 6
employées en mauvais terrain, si ce choix présente et 7 de la fiche D1 F 02.
un intérêt pour l’entreprise, compte tenu du matériel

6 - PROTECTION DU PERSONNEL DU FOND SANS BLINDER LA TRANCHEE

Lorsque la tranchée doit rester ouverte pendant une Ces cages doivent avoir une résistance suffisante
durée très courte, comme c’est le cas lorsque le tra- pour supporter les efforts dynamiques et dissymé-
vail dans la fouille est réduit, il peut paraître dispro- triques auxquels elles peuvent être soumises en cas
portionné d’établir un blindage complet qui demande d’éboulement. Des éléments trop légers, conçus sur-
toujours un travail assez long et une immobilisation tout en vue de leur déplacement facile apporteraient
importante de matériel. une protection illusoire.
Il est possible dans ce cas d’utiliser, lorsque le terrain Ce procédé n’est exploitable qu’en très bon terrain et
s’y prête, des protections mobiles, autres que les ne présentant pas de surcharges d’exploitation. Il
caissons métalliques décrits au paragraphe 4, qui per- exige que la pose des tuyaux suive le terrassement
mettent aux ouvriers de poser une conduite sans d’assez près de telle sorte que le terrain ne se soit
craindre les conséquences d’un éventuel éboulement. pas éboulé avant la mise en place du dispositif de
protection.
Elles sont constituées en général par des cages
construites par l’entreprise et de dimensions adap- La circulation dans la tranchée , hors de la zone pro-
tées aux travaux à réaliser. Le plus souvent, l’ossature tégée, est dangereuse. Il y a lieu de remblayer la tran-
de la cage est métallique et les parois sont consti- chée aussi près que possible de la cage et d’interdire
tuées de planches ou de palplanches. Des semelles la circulation et le stationnement des travailleurs entre
formant berceau permettent de déplacer l’ensemble la cage et la pelle.
par traction vers l’avant. (fig. 5)

▲ Fig. 5

5
FICHE N° D1 F 03 91

7 - REGLEMENTATION

Titre 4 du Décret du 8 Janvier 1965

Dans ce titre les blindages sont concernés par les


articles 66, 67, 68, 70, 71, 72, 74 et 77.

Le plus important d’entre eux est l’article 66 qui pré-


cise :

• Lorsqu’une tranchée à parois verticales a plus de


1,30 m de profondeur et que sa largeur est égale ou
inférieure aux 2/3 de sa profondeur, elle doit être obli-
gatoirement blindée quelle que soit la nature du ter-
rain ;
• dans tous les autres cas, les parois doivent être
aménagées de façon à éliminer les risques d’écoule-
ment. (fig. 6)

Le respect de cet articles 66 entraîne pratique-


▲ Fig. 6 - traduction graphique de l’article 66 du décret du
ment l’obligation de retenir par un blindage les
8/1/1965 : les tranchées suivant leurs caractéristiques
parois de toutes les fouilles sauf si elles sont géométriques (profondeur, largeur) sont classées dans
correctement talutées. deux zones, chacune d’elles étant soumises à des règles
particulières.

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