IT For Business - Mai 2023
IT For Business - Mai 2023
IT For Business - Mai 2023
Hélène Pierre-Yves
Chaplain Lambert, Calloc’h,
DSI groupe, CDO,
Pernod Ricard Pernod Ricard
« La technologie
est présente
partout, du
terroir jusqu’au
comptoir ! »
Transformation
Passer d’une
culture data à une
culture produit
Usages
Le métavers, un flop
ou une profonde
mutation ?
N°2283 mai 2023
EN 2030,
30% DU PIB MONDIAL
SERA GÉNÉRÉ PAR LA DONNÉE.
ET VOUS ?
QU’ATTENDEZVOUS
POUR INDUSTRIALISER
VOS DONNÉES ?
www.jems-group.com
éditorial
Un métavers à moitié
plein ou à moitié vide ?
L
a première fois que j’ai entendu parler de serious games, de simulation et de Second Life. Sauf
métavers, je me suis dit : encore un nouveau que le coup de boost de l’année dernière a engendré,
Pierre type de virus informatique… Cela s’est en fait de part et d’autre, des investissements de millions
Landry révélé un virus médiatique, qui n’a pas quitté de dollars et d’euros, notamment dans les jumeaux
Rédacteur les unes des journaux et les homepages des sites pen- numériques, ainsi que des réflexions plus abouties
en chef dant quelques mois, avant de s’affaiblir peu à peu, ne sur les cas d’usage. De quoi, par exemple, mieux dif-
ressurgissant que sporadiquement, au gré des décla- férencier ceux qui nécessitent un réalisme poussé –
rations d’un Mark Zuckerberg, des annonces de nou- avec un matériel adapté – de ceux qui procurent l’im-
veaux casques de réalité virtuelle ou… d’arrêt des acti- mersion souhaitée sans gadgets coûteux.
vités de la division métavers de Disney et de coup de
rabot dans les équipes Hololens de Microsoft. Les métavers – s’il faut leur donner ce nom – vont
donc continuer à se développer. Indépendamment.
Fini le rêve (ou le cauchemar, pour certains) ? Le Presque tranquillement (et cela fait souvent du
(méta)rêve peut-être. Mais le rêve de la réalité virtuelle bien de réfléchir avant d’agir). Jusqu’à l’arrivée d’un
(ou augmentée ou mixte) se poursuit de manière « ChatGPT des métavers » qui générera de nouveau
éveillée, plus consciente désormais, dans plusieurs le buzz.
domaines. Notre dossier du mois en témoigne, à
grands renforts d’exemples concrets déjà mis en En attendant, un métavers, non ! Plusieurs méta-
œuvre au sein des entreprises. vers, bonjour les débats…
l’entretien
14 Hélène Chaplain Lambert,
DSI groupe, Pierre-Yves
Calloc’h, CDO, Pernod Ricard
« La technologie est
présente partout, du terroir
jusqu’au comptoir ! »
talents
21 mouvements du mois
22 portrait
Fabien Zaccari,
DSIN de MACS
« Mettre la technique au service
d’un projet, c’est vital »
23 ressources
24 décryptage
Freelances dans le
numérique : mieux les
connaître pour les attirer
ChatGPT, la planète
ne lui dit pas merci…
Une étude de Greenly sur la star actuelle des GAN ne rend pas optimiste sur l’évolution des émissions carbone de ces algorithmes.
Prenant l’exemple d’une entreprise qui utiliserait ChatGPT pour envoyer un million de mails rédigés automatiquement par mois,
elle conclut à des émissions de 240 tCO2éq sur un an. Dans le détail, c’est la phase d’apprentissage qui « émet » le plus (99 % du total),
essentiellement du fait de la consommation électrique des datacenters (surtout s’ils sont situés dans des pays n’ayant pas d’énergie
nucléaire). La part de l’utilisation (traitement, envoi, stockage) est donc beaucoup plus faible, ce qui laisserait espérer une baisse
tendancielle avec un usage prolongé des modèles. Mais comme ceux-ci et leurs bases d’apprentissage doivent toujours évoluer…
du numérique
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tendances express
IA génératives, on freine…
Côté face, des scientifiques lancé, via la National à l’accès aux données. responsables de la validité
et un Elon Musk qui Telecommunications Pour une fois sur la des données utilisées pour
demandent un moratoire and Information même longueur d’onde, les entraîner. Et en France ?
de six mois. Une Italie Administration (NTIA), la Chine et sa Cyberspace Le ministre délégué chargé
qui bloque l’accès au site un appel à contributions Administration of China de la Transition numérique,
d’OpenAI, une Allemagne sur les politiques à mener (CAC) ont officialisé Jean-Noël Barrot, a déclaré
qui a engagé une procédure pour un écosystème de des mesures encadrant dans une interview à
de vérification du respect responsabilité en matière la gestion des services La Tribune, qu’il n’était
par ChatGPT du RGPD. d’IA, avec notamment des d’IA générative, rendant pas question d’interdire
Les États-Unis, eux, ont interrogations relatives notamment les fournisseurs ChatGPT.
… ou bien on accélère ?
Côté pile, OpenAI organise d’Accenture, qui incite les Technology en France. des “modèles de fondation”
un bug bounty pour détecter entreprises à aller de l’avant : Et d’ajouter : L’IA générative pour répondre aux besoins
les vulnérabilités de ses « La prochaine décennie aura un impact considérable, uniques des entreprises. »
logiciels, de ses API et des sera définie par trois grandes mais les dirigeants Une vision positive et
informations transmises vagues de transformation doivent s’y intéresser dès ambitieuse, qui épouse
aux partenaires. Rien – le cloud, le métavers et l’IA – maintenant pour réaliser l’enthousiasme affiché par
par contre, on s’en doute, qui, collectivement, aboliront l’intégralité de son potentiel, les près de 5 000 dirigeants
sur la fragilité éventuelle la distance entre nos mondes car elle nécessitera interrogés en parallèle à
des données qui nourrissent numérique et physique , des investissements l’étude. Mais ces derniers
les modèles. De quoi éclairer y déclare ainsi Christophe importants dans les se préoccupent-ils
d’une lumière interrogative Jeantet, directeur exécutif, données, les personnes autant d’éthique que
le récent rapport TechVision responsable d’Accenture et la personnalisation les gouvernements ?
Les dépenses IT
toujours difficiles
à prévoir
Après avoir tiré la sonnette d’alarme en tout début
d’année et annoncé une division par deux de la
croissance des dépenses IT mondiales pour 2023
Le casque R1 (+2,4 % au lieu de +5,1 % prévus fin octobre dernier),
de Lynx en version Gartner fait le chemin inverse et table désormais
prototype. sur un marché global de 4 600 Md$ pour cette année,
soit une croissance de 5,5 %. Une volte-face pas
facile à expliquer si ce n’est par la faiblesse du dollar
qui doperait les investissements des entreprises.
La réalité mixte vedette de Laval Virtual Mais les taux d’intérêt qui remontent pourraient
aussi bien justifier le mouvement inverse… De son
Après deux années de française Lynx en a profité pour côté, IDC a ajusté sa précédente prévision datant
pandémie, Laval Virtual 2023, présenter la version finale de de mars : le cabinet d’analyses table désormais
salon des réalités virtuelle et son casque R1, très attendu sur un marché global de 3 250 Md$, en croissance
augmentée, a été marqué par sur un marché dominé par des de 4,4 % et tiré par le segment des services (+5,7 %).
le retour au présentiel. Lors de constructeurs non européens.
cet événement, les solutions Les résultats de l’étude
de réalité mixte (outil de gestion sectorielle lancée en décembre Estimation des dépenses IT mondiales en
collaborative et de visualisation dernier par le Conseil national 2023 (croissance par rapport à 2022) en Md$
4 600 3 250
Synergie Harbor, casque Vive de la XR (co-créé en avril 2022
XR Élite multi-usages, etc.) par Laval Virtual) étaient aussi
ont raflé la plupart des huit espérés. Mais le document
trophées décernés. La start-up n’est pas encore public. (+5,5 %) selon Gartner (+4,4 %) selon IDC
2 400 2332
opérationnel en IA »
Pour Céline Corno, il ne s’agit
pas de tromper son public :
« Nous formons des artisans,
des techniciens de l’IA avec
Volonté des pouvoirs publics, accompagnement d’entreprises équivalence Bac +2/+3. » La
partenaires, titre RNCP reconnu par l’État : la formation en formation est plus pratique
que théorique : « On y met
alternance aux nouveaux métiers de l’IA nécessite d’être avant les mains dans le cambouis »,
tout comprise comme une démarche d’insertion professionnelle. rappelle-t-elle. Mais l’école
Pour passer à la vitesse supérieure ? Simplon est aussi là pour
« apprendre à apprendre ».
Avec succès : 98,45 % des
C
’est à Montreuil préalable, celle d’un langage et responsable des écoles élèves passés par la formation
que se nichent de programmation. Et notre pour Microsoft France. à l’IA sont aujourd’hui en
les bureaux hôte d’insister : « Cela ne veut poste, souligne avec fierté
historiques de ni dire être développeur, ni 5 % en situation Frédéric Bardeau, tout en
Simplon.co et son vieux être diplômé d’une école. Mais de handicap et reconnaissant que « nos élèves
poêle à bois autour duquel avoir déjà compris ce qu’était 31 % de femmes font sept mois en intensif,
se réunissaient les premiers la syntaxe, la grammaire d’un Cette formation dispensée avant de partir en alternance.
apprenants en 2013. Dix ans langage de programmation. par des experts du métier Mais en sept mois, vous ne
plus tard, on y fête les cinq Et disposer d’un niveau solide dans toutes les régions faites pas un développeur
ans de l’École IA Microsoft en maths. » Ensuite, il faut de France – dans les Outre- opérationnel en IA ».
by Simplon, dont près être motivé et montrer, mer comme en ruralité et Construites conjointement
d’un millier de développeurs même si la formation est dans des endroits parfois avec Microsoft, les
sont désormais sortis avec gratuite, que l’on dispose surprenants – affiche fondations de cette
un titre reconnu par l’État. des moyens matériels pour un panel diversifié : « 905 formation sont d’abord celles
Frédéric Bardeau, ne pas être en situation de apprenants, dont l’âge moyen qui consistent « à former
président et cofondateur de décrocher. Les apprenants est de 31 ans, ont composé à la compréhension, au
l’établissement, rappelle le viennent de tous types les 50 premières promotions nettoyage, à la classification,
caractère d’exigence de cette d’horizons, « avec parfois des des Écoles IA Microsoft à l’utilisation de la donnée
formation : « Pour former personnes qui ont travaillé by Simplon, dont 31 % de au profit d’algorithmes d’IA
une personne, nous devons dix ans dans la logistique », femmes. 25 % des apprenants déjà créés pour les intégrer
en voir trois à cinq fois plus ! » détaille Céline Corno, ont intégré l’école IA avec un dans différents projets
Avec comme connaissance directrice de la philanthropie niveau bac ou inférieur, et 5 % d’entreprises. Et de manière
complémentaire avec les
data scientists ou autres
EXPERT Frédéric Bardeau, président et cofondateur de Simplon.co professionnels de l’IA ».
La formation continue
« Permettez-moi ce petit coup de gueule : en France, d’évoluer dans sa définition
70 % des alternants sont des Bac +5. Ce n’est pas normal ! » en concertation avec
Microsoft et ses 320
partenaires-recruteurs,
au rang desquels figurent
Le cofondateur de l’École de Simplon et Microsoft principalement des
Simplon n’en décolère est à vocation « d’insertion ESN. Les IA génératives
pas quand il constate la professionnelle », grâce à un arriveront probablement
dérive prise par le système accompagnement financier au programme. Déjà,
de l’alternance : « Que des « comme jamais » de l’État : GitHub Copilot est utilisé
bac +5 ou des HEC soient « Chez Simplon, nous ne dans les formations depuis
en alternance, je veux bien. travestissons pas le caractère la rentrée dernière.
Mais normalement, ce “insertion” de l’alternance ! » Chez Simplon, comme
n’est pas fait pour eux ! ». Cette formation, comme chez Microsoft, on rêve
Rappelant que « en 2018, il n’y avait bien d’autres, est un marchepied où, d’atteindre le chiffre de
que 2 % d’alternants dans le numérique ; au sortir de l’école, c’est à l’entreprise 10 000 alternants formés
aujourd’hui, nous sommes passés à 4 % », partenaire de prendre le relais, pour un prochain rendez-
il souligne que la démarche conjointe y compris sous la forme d’un tutorat. vous dans cinq ans.
THIERRY DEROUET
C
ent-cinquante entreprises peuvent déjà Le passage au cloud public et cloud semblent s’être
outils à suivre, soit tester les technologies dans toujours plus d’actualité réconciliés. D’un côté,
autant que l’année des POC, en impliquant Lors de la table ronde les entreprises ont, pour
dernière, mais avec leurs collaborateurs. « Thriving in the cloud les plus matures, généralisé
près de la moitié d’entre eux Ces derniers peuvent aussi native era » pendant la pratique DevSecOps. De
renouvelés : la version 2023 s’en inspirer « pour renforcer laquelle ce référentiel a été l’autre, les cloud providers
du TechRadar de Devoteam leur employabilité grâce à présenté, les experts ont fournissent des protections
donnera de nouveau du grain l’obtention des certifications insisté sur la convergence qu’une majorité d’entreprises
à moudre aux aficionados de les plus judicieuses », suggère à venir des investissements ne pourraient, seules,
la technologie dans les DSI, Karen Auffret, responsable des entreprises vers ces s’offrir ou élaborer. On peut
surtout celles engagées dans marketing stratégique architectures. « La première toutefois s’interroger sur la
un mouvement vers le cloud de l’ESN. Le TechRadar étape de leur cloudification, dépendance ainsi renforcée
native. propose d’ailleurs une autre qui les avaient vues faire vis-à-vis des hyperscalers,
Téléchargeable gratuitement, classification, par degré de le plus simple en portant américains principalement.
l’opus classe ces solutions priorité dans leur mise en leur existant, est désormais Au-delà des questions de
en six grandes familles : œuvre : Adopt pour les outils derrière elles, note ainsi souveraineté soulevées par
trust and cybersecurity ; ayant fait leurs preuves et Philippe Bournhonesque, les lois qui les gouvernent,
distributed cloud ; data- largement employés dans VP innovative development se pose celle de l’autonomie
driven intelligence ; digital les entreprises ; Trial pour de Devoteam. Désormais, à moyen ou long terme des
business and products ; ceux à tester rapidement sur pour tirer parti des entreprises, si elles ne font
business automation ; des projets en bêta afin de ressources disponibles et pas l’effort de maintenir des
et sustainability enabled préparer des déploiements des potentialités de scalablity compétences, en particulier
by digital. Chaque catégorie à plus grande échelle ; du cloud, elles repensent sur les architectures
compte 15 à 30 produits, Assess pour des essais visant leurs architectures en les logicielles. Il en va en effet
parmi lesquels on retrouve à comprendre l’intérêt basant sur des microservices, de leur capacité à maintenir
les stars (Kubernetes, potentiel pour l’entreprise ; les services mesh, les API la portabilité entre clouds,
Github...), et de futures et enfin Hold pour les ou le serverless computing. » publics ou privés, voire avec
incontournables, selon outils intéressants, mais Ce mouvement est des datacenters détenus en
l’ESN. Une somme dont les qui doivent encore évoluer. aussi dû à des pressions propre. FRANÇOIS JEANNE
#hiring
Du fait d’un carnet de commandes digitale, recrutent parfois par en sponsorisant des hackathons
bien rempli, mais aussi d’un turn- centaines, notamment lorsqu’elles ou, pour Docaposte, le Master Dev
over important et qui progresse cherchent à staffer leur digital factory France organisé en mars dernier.
encore actuellement, les ESN sont ou leur DSI (qu’elle soit intégrée Des entreprises comme Decathlon,
traditionnellement de forts recruteurs. ou sous forme de filiale). À grands Bouygues Telecom, Société Générale
Et leurs besoins, pour les plus grosses, renforts, dans ces cas-là, d’une communiquent régulièrement sur
se chiffrent en milliers de postes à présence accrue dans les médias, et leurs besoins de profils IT. Tout
pourvoir par an. Un cran en dessous, de campagnes sur le terrain, parfois récemment, c’est la filiale IT de Crédit
les entreprises, du moins celles au travers d’événements virtuels Agricole, CA-GIP, qui a annoncé vouloir
avancées dans leur transformation (voir page 51) ou bien réels, par exemple recruter 750 profils IT d’ici 2025.
P
our mémoire, l’article 82 de la L’alternative proposée par le site se trou- Ainsi, lors d’une procédure
Loi informatique et libertés issu vant être souvent financière – on parle juridictionnelle, il revient
de la Directive E-privacy de 2002 alors de « pay wall » –, la Cnil précise qu’en au juge, pour accepter
impose le recueil préalable du l’absence de possibilité de fixer un pla- une preuve, de mettre en
consentement de tout internaute avant fond, ce montant s’appréciera au regard balance les différents droits
toute action tendant à accéder ou stocker de la limite du « raisonnable ». Selon elle, il concernés, en particulier
des informations se trouvant sur l’équi- s’agira de se poser la question suivante : la le droit à la protection
pement terminal : informations connues contrepartie financière est-elle de nature à des données avec le droit
sous le nom de traceurs ou, plus commu- priver l’internaute d’un véritable choix ? Si à un recours effectif.
nément, cookies. elle répond par la positive à cette question,
La validité de ce consentement s’analyse notamment en cas de montant trop élevé, #Géolocalisation
au regard de quatre critères cumulatifs dic- elle considérera que le consentement n’est
tés par l’article 4 du RGPD, soit un consen- pas donné librement. Ainsi, il appartiendra En sanctionnant la société
tement 1) libre, 2) spécifique, 3) éclairé et 4) à l’éditeur de justifier la contrepartie finan- Cityscoot par une amende
univoque. Il appartiendra à l’éditeur, res- cière notamment au regard de son modèle à hauteur de 125 000 €,
ponsable de traitement, et/ou au sous-trai- économique et de la rentabilité du site. La la Cnil a rappelé, le 16 mars
tant, responsable conjoint, d’obtenir et de Cnil va plus loin en proposant à l’éditeur dernier, que la collecte et la
garder la preuve de ce consentement. de publier directement cette analyse sur conservation des données
Mais qu’en est-il des cookie walls ? Le le site. de géolocalisation des
cookie wall, ou mur de traceurs, est une En outre, la Cnil indique que l’alternative clients doivent répondre
pratique consistant à conditionner l’accès doit revêtir un caractère réel et équitable à une finalité précise,
à un site internet à l’acceptation par l’inter- et être facile d’accès, ajoutant ainsi que justifiant le degré d’atteinte
naute de traceurs sur son terminal. Cette l’éditeur doit rester vigilant et ne pas tom- à la vie privée de la
pratique fut interdite dans un premier ber dans le déséquilibre avec l’internaute, personne concernée. Cette
temps par la Cnil via des lignes directrices, notamment en cas de position d’exclusi- collecte des données doit
puis elle fut finalement validée par un arrêt vité ou de dominance du marché. veiller à être minimisée et ne
du Conseil d’État du 19 juin 2020 rappelant En attendant un accord interinstitution- contenir que des données
à la Cnil son défaut de pouvoir législatif. La nel européen sur le Règlement E-privacy adéquates, pertinentes
Cnil prit acte de la décision et réactualisa obligeant les éditeurs de navigateur à para- et non excessives.
ses lignes en décidant que « la pratique dite métrer un consentement centralisé des
de “cookie wall” est susceptible de porter cookies en vue de lutter contre « la lassitude #Cybersécurité
atteinte, dans certains cas, à la liberté du du consentement aux cookies », il faudra
consentement ». continuer en tant qu’éditeur et internaute La Commission européenne
Cette liberté du consentement est cen- à prendre son cookie en patience... n a adopté, le 18 avril, une
trale dans le contrôle de légalité de la pra- proposition de règlement
tique des cookie walls. C’est sous cet angle appelée Cyber Solidarity
que la Cnil a publié, en mai 2022, « des Act, dont l’objectif est de
premiers critères d’évaluation » prévoyant Cassandre renforcer les capacités de
que la légalité de la pratique dépend de Mariton résilience et de réactivité
« l’existence d’alternative(s) réelle(s) et satis- & Héloïse de l’Union européenne en
faisante(s) proposée(s) [par le site] en cas Hacker, matière de cybersécurité.
de refus des traceurs » par l’internaute, les PRD Avocats La création d’un Bouclier
conséquences d’un tel refus devant alors Européen de Cybersécurité
lui être explicitées. et d’un Mécanisme de
Cyber Urgence permettra
une meilleure détection
et sensibilisation aux
La liberté du consentement est centrale dans le contrôle menaces et aux incidents
de légalité de la pratique des cookie walls de cybersécurité.
Pierre-
Yves
Calloc’h,
CDO, Pernod Ricard
« La technologie est
présente partout,
du terroir jusqu’au
comptoir ! »
S’adapter vite et même très vite à des modes de consommation,
dont les lignes bougent encore plus vite depuis la pandémie, c’est
l’impératif d’un groupe aux 240 marques de vins et spiritueux,
opérant sur 74 marchés. Entretien croisé avec un duo flamboyant,
managers d’équipes IT et du digital au service d’un business
où la data et l’IA occupent un rôle de plus en plus prépondérant.
Propos recueillis par THIERRY DEROUET Photos MAŸLIS DEVAUX
« CERTAINES DE NOS ÉQUIPES avec des experts métiers selon ce que nous appe-
lons des modèles d’engagement qui impliquent
ONT CHANGÉ COMPLÈTEMENT toutes les strates de l’organisation, depuis la direc-
DE JOB EN QUELQUES SEMAINES. » tion générale de chacune de nos filiales jusqu’aux
équipes plus opérationnelles.
Hélène Chaplain Lambert Nous mobilisons à
et des moyens métiers et technologiques pour chaque fois l’ensemble des parties prenantes.
créer de la valeur. Nous avons tous les deux une Chaque partie s’assemble en fonction de l’initia-
bonne connaissance des enjeux stratégiques de tive au niveau local. Nous avons comme objectif
Pernod Ricard, comme des leviers business que la création de valeur pour nos affiliés. Et cette
nous devons actionner. Et ensuite, nous avons création de valeur passe aussi bien par le projet
une partition qui se joue à travers des équipes amené que par son déploiement. Mais surtout
métiers digitales et des équipes technologiques. par notre capacité à l’apporter au bon moment
Lesquelles s’assemblent pour les initiatives et les pour l’inscrire dans une trajectoire en phase avec
nouvelles pratiques que nous souhaitons mettre l’agenda métier. C’est vraiment un maillage com-
en place. plet, orchestré au niveau du groupe.
Pierre-Yves Calloc’h Ce qui est important, c’est de
créer des équipes en mode agile. Nous réassem- La pandémie a-t-elle été un
blons nos équipes de manière ad hoc pour chacun révélateur technologique ?
des projets que nous déployons.
Hélène Chaplain Lambert Oui pour la virtualisa-
Comment faites-vous face aux tion et la capacité à supprimer le besoin d’unité de
besoins en nouveaux talents ? temps et de lieu. Nous avons été capables d’avoir
des relations avec tous sans présence, sans incar-
Pierre-Yves Calloc’h Il y a des domaines que nous nation physique. Cela nous a permis de com-
avions peu explorés, en particulier ce qui a trait à prendre tout ce que la technologie pouvait offrir
la gouvernance des données. Idem sur les sujets de comme opportunités et accélérations.
la data science et du change management. Ce sont Pierre-Yves Calloc’h Nous avions en fait décidé de
des profils que nous recrutons depuis à peu près lancer une grosse partie de notre programme de
trois ans. Nous avons aussi renforcé nos équipes transformation juste avant la pandémie. Pendant
technologiques avec des « machine learning cette période, il y a eu un changement de « mind-
engineers » et des « data engineers », ressources qui set ». Nous étions en mode changement perma-
étaient trop rares au sein de notre entreprise. nent dans nos vies quotidiennes. Le business a
lui aussi changé. Toutes les forces de vente qui
Comment embarquez-vous les équipes métiers ? visitaient les bars ont été orientées vers la grande
distribution pour que nos clients puissent conti-
Pierre-Yves Calloc’h Nos programmes sont lancés nuer à trouver nos produits et nos marques.
« Mettre la technique
vous êtes fier
Le travail que nous menons
au service d’un
sur la convergence
de toutes nos activités,
qu’il s’agisse de nos
E
n escalade, quand vous êtes sur la de procédures que sur l’inclusion numérique vision trop technicienne
paroi, vous êtes à la fois seul face au des populations en difficulté, ou encore sur du métier d’ingénieur et qui
défi que vous vous êtes lancé… et en la mise en sécurité du système d’information m’a conseillé d’essayer des
même temps, vous dépendez de celui de la collectivité. « Nous avons déjà eu plu- études de management à
qui vous assure. » Fabien Zaccari, DSI de la sieurs prix pour ces réalisations, mais ce n’est Toulouse Business School.
communauté de communes MACS autour pas l’esprit de compétition qui m’anime. C’est C’est devenu une amie.
de Saint-Vincent de Tyrosse dans les Landes plutôt le plaisir de construire ensemble des
(40), aime la montagne et l’ambiance des cor- réussites. Je suis très associatif dans l’âme. » Un livre à
dées. Il aurait même voulu être guide. Mais il Son engagement dans de nombreux clubs ou
a pris une autre voie. Et s’il est animateur de collectifs (Clusir, Green IT, etc.) et ses activi-
conseiller
sessions d’initiation à l’escalade, il est surtout tés d’enseignant en attestent. Ce caractère Celui de l’anthropologue
maintenant à la tête d’une DSI de 19 collabo- l’aide aussi à prendre du recul sur les projets Fanny Parise, Les enfants
rateurs. Pour en arriver là, il a d’abord fallu à mener, et à les envisager toujours dans une gâtés, anthropologie
qu’il trace un chemin pas tout à fait linéaire, vision systémique, et avec toutes leurs exter- du mythe du capitalisme
en passant par une école d’ingénieurs à nalités : « C’est ainsi que vous pouvez atteindre responsable. Avec elle et
Tarbes et, plus étonnament, une autre de l’objectif : mettre le numérique au bon endroit, Cyril De Sousa-Cardoso,
management à Toulouse. « La technique ne au bon moment et pour les bonnes raisons », nous sommes co-auteurs
m’intéresse que si elle est reliée à un projet conclut-il. FRANÇOIS JEANNE d’un ouvrage à paraître
prochainement qui est
consacré au numérique
responsable.
PARCOURS
Une citation
Depuis 2018 : Directeur des 2007-2008 : Auditeur FORMATION
systèmes d’information et du chez Franclet « Le soleil n’est jamais
Master en management
numérique de la communauté si beau qu’un jour où l’on
Fabien Zaccari est des systèmes d’information,
de communes MACS également formateur Toulouse Business se met en route. » C’est
(Maremne Adour Côte-Sud) pour l’école d’ingénieurs School (2008) de Jean Giono, dans Les
2008-2018 : Responsable CESI depuis 2021 et Grands Chemins (1951).
système d’information TBS (Toulouse Business
chez FranceMetal School) depuis 2019.
FORMATION
Baptisé Parcours Ingé, diplômé sur trois est une
ce dispositif vise à insérer femme.
plus de jeunes dans les Élaboré avec l’ISTP (Institut
métiers de l’ingénierie, Supérieur des Techniques
par la voie de l’alternance, de la Performance), le
et ce dès la première programme dure trois
année. Avec les atouts ans, avec la possibilité
propres à l’alternance de poursuivre jusqu’au
– enseignements sur le niveau bac+5 (Master,
terrain, prise en charge titre d’ingénieur).
du coût de la formation –, Multidisciplinaire, il vise
Syntec-Ingénierie entend à former des profils
attirer des publics généralistes en couvrant
traditionnellement éloignés les grands domaines
de l’ingénierie en raison de l’ingénierie, des
sur l’alternance
Pour le syndicat, Ambitieux, Syntec-
démocratiser l’accès à la Ingénierie estime que le
formation doit favoriser programme doit répondre
la mixité et la diversité. à terme à 20 % des besoins
Il manquerait chaque compétences, Syntec- Il rappelle que les enfants de la profession. La
année, toutes spécialités Ingénierie, qui regroupe de cadres supérieurs, promotion pilote débutera
confondues, 20 000 notamment les entreprises d’enseignants ou de en septembre prochain
ingénieurs pour répondre de conseil en technologies, professions libérales sur les bancs de l’ISTP, à
aux besoins de notre lance un nouveau parcours sont surreprésentés dans Saint-Etienne. Réplicable, le
économie. Pour pallier de formation et d’insertion les cursus scientifiques modèle devrait être ensuite
cette pénurie de professionnelle. et que seul un ingénieur proposé par d’autres écoles.
LIVRE LIVRE
Une rare étude sur le freelancing dessine le portrait-robot de l’indépendant et de ses leviers
de motivation. Des critères à prendre en compte pour les entreprises qui souhaitent les enrôler.
Freelances dans
des répondants réalisent même un
chiffre d’affaires mensuel compris
entre 10 000 et 13 330 € HT.
L
es études sur les freelances tion du recours au freelancing chez nière est de 145 jours en moyenne.
sont rares, surtout celles s’in- les grands comptes. Les PME (51 %), La généralisation du télétravail
téressant aux indépendants les TPE (38 %) et les start-up (31 %) sont est passée par là et le lieu de travail
qui exercent dans le numé- aussi plébiscitées, mais plus rarement n’intervient que dans 14 % des cas.
rique. L’enquête menée par le cabi- les acteurs publics (12 %), en raison de Ne faisant pas partie des effectifs de
net Xerfi, à la demande de la plate- la difficulté des indépendants à accé- l’entreprise, les freelances préfèrent
forme d’intermédiation Comet, nous der aux marchés publics. effectuer leurs missions à distance.
éclaire sur leur profil et leurs attentes. Quelles sont les motivations à exer- Ils sont même 57 % à souhaiter exercer
Conduite en ligne fin 2022, elle porte cer en indépendant ? Les freelances en « full remote ». Le même pourcen-
sur un échantillon d’un peu plus de répondent à 51 % le plaisir à remplir tage d’indépendants montre un inté-
1 220 freelances de l’IT, de l’ingénie- les missions, un meilleur équilibre rêt pour les missions à l’international.
rie et des métiers connexes comme le entre le travail et leur vie personnelle Plus des deux tiers (68 %) des free-
marketing digital et le design. (45 %), le choix des clients et des mis- lances ont des préférences secto-
Sans surprise, le portrait-robot qui sions (44 %) et la possibilité de gagner rielles. Ils privilégient, dans l’ordre, les
se dessine est celui d’un homme (68 %) des revenus supérieurs (43 %). secteurs des télécoms, de l’énergie, du
expérimenté. À 41 %, les répondants De fait, ils gagnent bien leur vie tourisme et de la recherche. A contra-
justifient d’un minimum de dix ans avec un TJM (tarif journalier moyen) rio, le monde de la finance arrive bon
d’expérience salariée et de 3,7 ans en s’élevant en moyenne à 578,39 € HT, dernier avec 30 % d’intérêt. L’étude
tant que freelance. soit une rémunération mensuelle de met en avant « des contraintes régle-
La moitié (49 %) des indépendants 7 396 € HT. Elle monte à 8 816 € HT mentaires fortes telles que la confiden-
travaillent pour de grandes entre- pour les seuls experts de l’IT et de tialité et la sécurité des données qui
prises, ce qui illustre la démocratisa- l’ingénierie. Près d’un tiers (30 %) limitent le recours au télétravail. »
Les freelances consacrent 10 % de
leur temps à la prospection commer-
Répartition des répondants selon la motivation à choisir une mission ciale et 71 % d’entre eux sont prêts à
Plusieurs réponses possibles. attendre jusqu’à 30 jours pour trouver
Le TJM la mission idéale. Ils font avant tout
appel à leur réseau (84 %), aux plate-
x69 %x
formes d’intermédiation (39 %), aux
Les conditions de travail cabinets de conseil et ESN (24 %), et
x60 %x aux cabinets de recrutement (14 %).
L’étude conseille, pour attirer les
Le périmètre d’action de la mission en regard de votre expertise technique
meilleurs experts, de créer une stra-
x42 %x
tégie de marque employeur dédiée
Le périmètre d’action de la mission en regard de votre expertise métier aux freelances, de proposer un TJM
x36 %x au niveau du marché voire supérieur,
d’adapter le processus de recrute-
Les valeurs et la culture de l’entreprise
ment et les règles du télétravail.
x32 %x Si les freelances sont sensibles à un
La durée de la mission management bienveillant, ils attendent
x28 %x avant tout qu’on leur communique
avec clareté et transparence le contenu
Le lieu de travail de la mission. Il convient, enfin, de
x14 %x s’inspirer des bonnes pratiques des
Les responsabilités humaines demandées pour la mission entreprises où il fait bon travailler
selon les freelances. Leur palmarès :
x7 %x
Allianz, Decathlon, L’Oréal et Société
SOURCE : XERFI POUR COMET AUPRÈS DE 1 220 FREELANCES (IT, INGÉNIERIE, MARKETING DIGITAL, DESIGN) Générale. XAVIER BISEUL
AG Insurance
lâche sans encombre
son mainframe
Obligé de repenser son infrastructure legacy, le premier
assureur belge a hésité avant de choisir la solution a priori
la plus risquée, celle du replatforming vers des systèmes HPE
sous Windows et avec les solutions d’émulation de Micro Focus.
N
écessité fait loi, dit-on. En cer chez AG Insurance. Ils hébergeaient
matière de dette informa- notre mainframe sur une partition de
tique, elle a même tendance leur site des Ardennes, assez proche de
à s’imposer face à toutes les nos propres sites d’exploitation et de nos
bonnes raisons d’attendre encore un peu 2 000 serveurs. Mais fin 2018, ils nous ont
avant de s’attaquer au legacy. Pour AG annoncé leur départ. Nous avions quatre
Insurance, premier assureur de Belgique, ans devant nous. » L’assureur se trouve
rebaptisé de son nom d’origine après une donc forcé de choisir, sachant que l’op-
intégration de quelques années au sein tion de rester dans le futur datacenter
du groupe Fortis et une indépendance parisien de BP2i est exclue d’emblée,
retrouvée lorsque la partie bancaire de compte tenu de la distance.
ce dernier fut rachetée en 2012 par BNP
Paribas, l’urgence a pris la forme… d’un Quatre options évaluées
déménagement. En l’occurrence celui du La première piste, celle de l’acquisition
datacenter de BP2i, BNP Paribas Partners d’un package progiciel est vite écartée,
for Innovation, filiale du groupe chargée car aucun de ceux disponibles n’atteint
de gérer ses infrastructures informa- la richesse applicative du patrimoine
tiques, dans laquelle IBM était encore construit depuis des années : « De plus, la réécriture totale pour de nouveaux
partie prenante. « Bien qu’indépendants nous avons une architecture très perfor- environnements, est également rejetée
de BNP Paribas, nous avions un accord mante, qui limite notre ratio de main- compte tenu des 80 millions de lignes de
avec eux qui courait depuis le rachat tenance à 17 % seulement de notre bud- code concernées.
de Fortis, explique Philippe Van Belle, get global. Il était difficile d’imaginer de L’éventualité d’un re-hosting est
chief information & technology offi- l’écarter. » La seconde option, celle de ensuite évaluée, mais laisse craindre
des difficultés d’intégration avec les
partenaires. « Finalement, c’est la piste
du replatforming que nous avons sui-
De l’intérêt et des limites d’avoir un plan B vie », révèle Philippe Van Belle. Non
sans craintes : « D’une part le Gartner,
« On s’était préparés à devoir sortir nous aurions à l’activer, se rappelle le consulté, nous déconseillait l’aventure.
les Canadairs. » Dans son langage responsable. Sinon ils nous auraient Et d’autre part, nous n’avions pas le droit
fleuri, Philipe Van Belle se rappelle vraisemblablement fait payer plus à l’erreur : avec nos 80 Md€ en caisse et
les affres qui l’ont agité tout au cher ce travail préparatoire que nous dans un secteur de l’assurance très régulé,
long du projet, jusqu’à environ n’avons finalement pas eu à utiliser. » nous sommes considérés par le régula-
un mois avant la bascule. « Nous Il n’empêche que cette organisation teur comme à risques systémiques. » C’est
avons donc envisagé le scénario a eu le mérite de rasséréner un pourquoi le responsable d’AG Insurance,
du pire, à savoir que finalement, peu les équipes qui savaient qu’il tout en actant ce choix qui repose
le replatforming ne fonctionne pas. existait un garde-fou. Avec toutefois notamment sur les outils d’émulation de
Il fallait donc une solution de secours une limite que tient à souligner Micro Focus, prend le soin d’établir un
pour pouvoir basculer, fin 2022, Philippe Van Belle : « Sur un tel projet, plan B, au cas où… (voir encadré).
sur un environnement mainframe la conduite du changement est En accord avec HPE, intégrateur de
classique. » AG Insurance consulte évidemment importante, mais il ne ses propres systèmes, et Capgemini
donc Atos, qui fait une étude faut pas se référer en permanence à pour toute la partie tests, le choix de
technique poussée, et finit par l’existence d’une solution de secours, AG Insurance se porte sur un environ-
contractualiser le plan B en question. car vous risquez de démotiver nement cible Windows. Les produits
« Je crois qu’ils étaient persuadés que les collaborateurs. » Dont acte. Enterprise Developer et Enterprise
Server de Micro Focus sont utilisés
16
d’Europe », se souvient le DSI. Surtout, la resté constant, mais le TCO a été divisé
promesse est de limiter au maximum les par quatre !
modifications à réaliser pour le change- Comme le conclut le DSI, « ce niveau
ment de plateforme. atteint est une véritable surprise. millions de
L’architecture est en particulier très stable, transactions
Une bascule en un week-end il faut dire qu’il est très facile désormais exécutées
Si la bascule se fait finalement durant de déporter une tâche lorsqu’il y a un chaque jour sur les
le week-end de Pâques 2022, avec six souci avec un serveur. » AG Insurance serveurs Windows
4
mois d’avance, les angoisses n’auront pas ne va pas s’en contenter pour autant.
manqué : « Sans repère sur un tel projet, L’assureur veut pouvoir profiter des ser-
nous avons changé quatre fois d’archi- vices dans le cloud, et utiliser l’environ-
tecture cible », se rappelle Philippe Van nement applicatif de Micro Focus pour Le facteur de
Belle. Presque tous les collaborateurs de faciliter l’intégration de ses systèmes gain sur le TCO
son département – un millier au total – les plus stratégiques avec ceux de ses
sont impliqués. Et les échanges avec le partenaires. S’être libéré du mainframe
régulateur rythment le chantier tous lui permet aujourd’hui de dérouler un
les deux mois. Le soulagement n’en est plan d’évolution plus ambitieux : « Nous L’ENTREPRISE
que plus grand lorsque, quelques mois avons rapproché l’opérationnel de l’ana-
après le transfert, un premier bilan est lytique. L’opération a permis de faire Activité
tiré. Aucune interruption dans les activi- émerger un environnement plus ouvert, Assurances
tés quotidiennes d’AG Insurance n’a été propice à une nouvelle stratégie centrée Effectif
constatée, ni dans les services dispensés sur les données. » Il aura juste fallu que
4 400 collaborateurs
à ses trois millions de clients. les circonstances obligent l’entreprise à
Côté performances aussi, les sourires changer ses infrastructures pour obtenir Primes encaissées
sont de mise. Elles n’ont pas été affectées ce résultat… FRANÇOIS JEANNE 6,1 Md€ (2020)
S
i un projet ERP s’étale en général etc.) laissait elle-même à désirer, et la
sur plusieurs années, celui mené consolidation dans Excel ne facilitait ni
par le distributeur textile Fast leur exploitation ni leur partage.
Retailing (Uniqlo, Comptoir des
Cotonniers, Princesse tam.tam, Theory) Le Black Friday pour horizon
a été plus expéditif. « J’avais demandé Pour toutes ces raisons, le déploiement
entre dix-huit et vingt mois à ma direction, d’un nouvel ERP s’imposait donc. Juste
qui m’en a accordé seulement quatorze avant l’été 2021, au terme d’une phase
pour basculer avant le Black Friday de de cadrage « complet et détaillé » menée
l’année suivante », se rappelle ainsi Serge par le cabinet Citwell, avec lequel Serge
Lengagne, le DSI Europe du groupe. La Lengagne avait déjà collaboré, un appel
justification du projet, à mener sur le d’offres est lancé auprès de huit inté-
périmètre européen et baptisé « Sky », grateurs SAP. La solution S/4Hana avait
était claire : un retard accumulé dans en effet été préalablement choisie, pour
la modernisation des systèmes, avec sa réponse globale et son module CAR
une version « vieillissante » de l’ERP (Customer Activity Repository) offrant
Dynamics AX installée dix ans plus tôt, une base commune et un modèle de
dépassée et peu documentée malgré les données de transaction harmonisé, À partir de septembre 2021, les quatre
multiples développements spécifiques. crucial pour gérer les stocks en temps premiers mois sont consacrés à la concep-
« Non seulement cet environnement géné- réel, ainsi que pour les facilités de récu- tion et au design du futur système avec
rait de nombreux dysfonctionnements et pération de l’existant. « Rien ne nous a les équipes de Viseo, l’intégrateur retenu.
erreurs, mais il couvrait mal les nouveaux été imposé et nous avions carte blanche. Puis environ cinq mois à sa réalisation,
enjeux du e-commerce et n’offrait pas un Mais nous savions que SAP était la solu- en séparant la création des données de
suivi efficace des indicateurs de perfor- tion financière de la maison mère en Asie, référence et celle des flux transaction-
mance », détaille le responsable. La qua- avec laquelle nous devions nous synchro- nels, et en restant au maximum dans les
lité des données (ventes, stocks, coûts, niser », précise le CIO Europe. standards. Enfin cinq autres mois à la
recette et au déploiement, jusqu’au « go
live » en novembre 2022 après un « Big
Bang », en tous cas vécu comme tel par
La pandémie de Covid, un frein les équipes, sur deux semaines.
devenu accélérateur
Un projet qui va au delà du
La réussite du projet de Fast Retailing, Lengagne. Les entreprises ont en seul déploiement de l’ERP
sur un temps aussi court, est d’autant effet découvert que les laptops et les Dans ce déroulé, « le projet ne s’est pas
plus remarquable que le chantier réseaux d’aujourd’hui permettaient limité à la mise en œuvre du nouvel ERP,
s’est déroulé en pleine pandémie de tenir une réunion, de travailler sur insiste Serge Lengagne. Il incluait aussi
de Covid-19. D’abord perçue comme un même document, de partager du les systèmes connexes (points de ventes,
un handicap, du fait de la dispersion contenu, etc., depuis n’importe où, site e-commerce, commandes, etc.) qui
des équipes et de l’isolement, la ou presque. Cela, de manière rapide devaient être remplacés ou remis à niveau,
situation a finalement été salutaire. et sécurisée, à travers des outils avec comme ambition de tout démarrer
« Indirectement, les changements collaboratifs et de visioconférence au même moment. Nous en avons pro-
de mentalité et des outils induits matures et fonctionnels (Teams, fité pour revoir les interfaçages en nous
par cette crise nous ont beaucoup Zoom, etc.) longtemps perçus appuyant sur la plateforme d’intégration
aidés, en facilitant et accélérant les comme des « futurs prometteurs », Mulesoft, avec l’appui de Devoteam. » En
prises de décision », explique Serge mais qui n’arrivaient pas. outre, deux phases ont fait l’objet d’une
attention renforcée : la reprise des don-
Serge Lengagne,
DSI Europe de Fast Retailing
« En plus de respecter
le budget et le
calendrier prévus,
nous avons répondu
aux attentes et dépassé
nos objectifs. »
300
magasins
concernés par
le projet (Europe),
sur 3 000
25
pays à travers
nées et la recette. Elles ont d’ailleurs Des moyens renforcés pour le monde
compenser les délais serrés
60
conduit Fast Retailing à faire appel à des
spécialistes, et à mettre en place deux Avec aujourd’hui six mois de recul, Serge
« rangers », c’est-à-dire des profils de Lengagne se félicite d’avoir atteint et
terrain chargés du suivi des opérations, même dépassé les objectifs fixés dans personnes (ETP)
à temps plein. « La reprise des données le timing imposé. « Il faut dire que la impliquées dans
dans près de 180 sources différentes, direction du groupe, consciente du défi, le projet, dont 80 %
complétée par leur nettoyage, nous a nous a donné les moyens et toute la lati- d’intervenants
évité l’“effet tunnel” en nous permettant tude dont nous avions besoin, recon- externes
de travailler sur les processus à partir de naît-il. Nous avons ainsi pu adopter une
bases saines, explique Serge Lengagne.
Quant aux tests, ils ont été menés avec
B/Acceptance selon une méthode rigou-
approche “best-of-breed”, avec les meil-
leurs outils et les meilleures équipes, ce
qui imposait toutefois un pilotage rigou-
6 000
reuse de tri des anomalies, d’affectation reux ». En termes de résultats, le nouveau
étapes de test
des corrections à effectuer et de suivi dra- système hébergé dans le cloud a permis avec correction de
conien des actions. » d’améliorer la transparence financière, plus de 3 000 bugs
La conduite du changement, elle, n’a par une meilleure communication
pas suivi une méthodologie « formelle ». avec la maison mère et une plus grande
« Avec 150 à 200 utilisateurs concernés, il maîtrise des indicateurs de perfor-
n’était pas nécessaire de désigner des “key mance, et d’optimiser la supply chain L’ENTREPRISE
users” pour enclencher et accompagner en fiabilisant les stocks et en optimisant
le mouvement, explique Serge Lengagne. les flux. Pour effectuer ces suivis, quasi- Activité
Nous avons simplement organisé en ment en temps réel, Excel a quasiment Distribution d’articles
amont des ateliers de formation aux fon- disparu. Surtout, « nous avons posé les d’habillement
damentaux de SAP, puis communiqué bases de l’omnicanalité, qui fait désor- Effectif
de façon régulière à travers un comité de mais partie des principaux axes d’évolu-
57 000 collaborateurs
coordination, pendant que les équipes de tion dans les mois à venir », conclut Serge
Citwell assuraient le lien entre l’informa- Lengagne. CA
tique, l’intégrateur et les métiers. » THIERRY PARISOT 16,7 Md€ (2022)
D
’un point de vue technique, métiers. Puis l’IRSN a fait l’achat d’ap-
le projet de l’IRSN (Institut de pliances Netbackup pour un stockage de
Radioprotection et de Sûreté premier niveau visant la sauvegarde des
Nucléaire) situé à Fontenay- données en production, donc fréquem-
aux-Roses (92), est assez simple à décrire : ment accédées.
il s’agit de faire face à l’augmentation Enfin, l’Institut a mis en place une baie
du volume de données sur des NAS vieil- d’archivage Veritas Access Enterprise
lissants, de passer d’une sauvegarde sur de 2 Po, à base de disques et non plus
bande à une sauvegarde sur disque, et de bandes, que Simon Tourard pré-
de l’adapter en taille à la croissance du fère nommer « baie de conservation
volume de données à conserver. Débutée des données », car elle n’est pas utilisée
en 2020, la nouvelle architecture de stoc- dans le strict respect de la réglementa-
kage a été mise en production au tout tion de l’archivage. Les données froides
début de l’année. sont conservées sur ce second niveau de
Les NAS NetApp servant au partage sauvegarde sur le long terme, avec deux
de fichiers et de données, aussi bien autres baies répliquées sur deux sites
chaudes que froides, étaient initiale- différents.
ment sauvegardés sur bande via Veritas Maintenant que le projet est terminé,
Netbackup. « Nous avons constaté que, seules les données ayant fait l’objet d’une
chaque jour, des données qui n’avaient modification sont sauvegardées sur les
pas été modifiées étaient à nouveau appliances Netbackup en stockage de
sauvegardées. Notre idée a donc été premier niveau. Concernant les autres, l’amenant au fichier stocké dans la baie
de déplacer ces fichiers parmi les plus le logiciel Enterprise Vault réduit l’es- de disques. Enfin, dès lors qu’une donnée
anciens (datant de plus de deux ans) dans pace de stockage des NAS et garantit une provenant de la baie de conservation est
des systèmes moins coûteux et d’arrêter rétention à long terme des fichiers non modifiée, elle revient dans le système de
cette sauvegarde quotidienne inutile les modifiés depuis deux ans en les envoyant sauvegarde. « Ainsi, nous optimisons nos
concernant », résume Simon Tourard, de façon automatisée sur la baie Veritas espaces de stockage en mettant de côté
directeur délégué au développement Access, sans passer par les NAS intermé- les données plus anciennes, et nous libé-
rons de la place pour les plus chaudes »,
se réjouit Simon Tourard. À noter que les
Seules les données ayant fait l’objet d’une data ne sont pas accessibles par internet,
le projet ne concernant que l’IRSN, et
modification sont sauvegardées sur les appliances sont donc conservées dans ses propres
Netbackup en stockage de premier niveau datacenters. De même, les informations
à caractère sensible sont situées sur un
réseau indépendant.
numérique et aux systèmes d’informa- diaires NetBackup. Enterprise Vault per- L’idée du projet était aussi d’impliquer
tion à l’IRSN. L’intérêt était aussi éco- met d’économiser énormément d’espace les métiers dans la gestion de leurs don-
nomique, en particulier parce que le sur les NAS de production, car la majo- nées. Une bonne partie de l’activité de
logiciel de sauvegarde Netbackup a un rité (les trois quarts) des fichiers qui s’y l’organisme relève de la recherche, un
modèle de licence qui repose sur la volu- trouvaient jusque-là étaient des données milieu qui évolue de plus en plus vers la
métrie sauvegardée. froides. De plus, sortir ces données des science ouverte (open science). Dans ce
NAS signifie aussi qu’il n’est plus néces- cadre, les chercheurs sont amenés à par-
Moins de sauvegardes saire de les sauvegarder régulièrement, tager certaines de leurs informations, et
à effectuer, moins de coûts ce qui se traduit par une économie sur du coup à définir un data management
La première étape fut l’acquisition de les licences et sur l’espace de l’appliance plan (DMP), ou PGD en français (plan de
nouveaux NAS NetApp de production de sauvegarde. Ces données restent tou- gestion de données), dans lequel ils vont
d’une capacité totale de 1 Po pour faire tefois accessibles à l’utilisateur qui voit décrire quelles données ils sauvegardent,
face à la croissance des besoins des dans son répertoire réseau un pointeur où et pendant combien de temps. Ces
2 ans
Cette stratégie nécessite de détermi- inutiles, « par exemple le compte-rendu
ner quelles informations ont un intérêt d’une réunion très locale et qui a eu lieu il
et doivent être conservées. Par ailleurs, y a cinq ou dix ans ».
des organismes comme l’ANR (Agence « Des amis archivistes me disent qu’ar- Âge de
nationale de la recherche) demandent chiver, c’est d’abord détruire », plaisante l’obsolescence
des comptes sur la manière dont les Simon Tourard. C’est une manière, en des données
scientifiques gèrent leurs données. effet, de lutter contre l’infobésité dans
Seule, la DSI ne pourrait lui répondre. le cadre d’une politique numérique
Les métiers doivent donc s’impliquer, responsable. « Mais ce n’est pas l’IT qui
et de son côté la DSI doit leur fournir génère de la donnée, ce sont les métiers, L’ENTREPRISE
les outils nécessaires pour mettre en qui ont des besoins de plus en plus impor-
place ce PGD. Elle travaille ainsi à définir tants. Et compte tenu des enjeux clima- Activité
des tableaux de bord pour les métiers, tiques, il est plus que temps de leur faire Sécurité nucléaire
afin de leur donner des indicateurs sur prendre conscience des aspects envi-
Effectif
l’âge d’une donnée ou la fréquence à ronnementaux derrière leurs pratiques
laquelle elle est consultée, de manière de stockage. Stocker énormément de 1 750 permanents,
à ce qu’ils disposent d’outils de mana- données consomme de l’énergie et a un et 150 doctorants et
post-doctorants
gement leur indiquant, par exemple, impact sur l’environnement », conclut
qu’ils ont des données qui n’ont pas été Simon Tourard. Budget
accédées depuis quatre ans. À eux alors PIERRE BERLEMONT 285 M€
E
n 2018, Pascal Anquetin prend Deux personnes sont recrutées pour self help fonctionne très bien. Ce fut le cas
le poste de group chief informa- travailler sur l’implémentation d’Easy- lors du déploiement de notre logiciel de
tion officer de Foncia (devenu Vista, avec un travail réalisé sur la redé- softphone en 2019. Nous avons tenté l’ap-
depuis Emeria). À l’époque, l’en- finition des groupes de support, sur les proche sur des thématiques métiers plus
treprise doit faire face à un problème des workflows et une grosse activité de net- fonctionnelles, mais avec moins de succès.
plus classiques en matière de support toyage des données. Une mise en œuvre Produire une base de connaissances est
IT, en l’occurrence le renouvellement initiale de l’outil assez classique, la ges- un vrai métier et nécessite un vrai investis-
d’une solution de gestion arrivée en bout tion des incidents devenant le premier sement », conclut Pascal Anquetin.
de course. Deux solutions sont alors en process à être déployé. Mais des fonctions Si l’essentiel des process IT ont
lice : ServiceNow et EasyVista. « J’avais additionnelles vont venir compléter la aujourd’hui été modélisés, la DSI conti-
déjà déployé EasyVista avec succès lors plateforme, avec notamment la gestion nue à promouvoir la plateforme auprès
de mes expériences professionnelles pré- des demandes, puis celle des process hors des métiers. Après l’IT, la comptabilité
cédentes chez Altran et Elior. Je savais DSI. « Nous sommes sortis de l’IT pour aller et les RH, la plateforme va être mise
que la solution couvrait tous les besoins vers d’autres métiers, notamment vers la en œuvre sur des process transverses
classiques de l’ITSM sans amener trop de gestion de flotte pour nos véhicules, puis comme le parcours du nouveau collabo-
complexité. » Le responsable opte donc la trésorerie pour gérer les échanges entre rateur, qui demande un workflow plus
en 2019 en faveur de l’éditeur français. nos entités et la trésorerie centrale. » complexe. ALAIN CLAPAUD
L’ENTREPRISE
Pascal Anquetin,
group chief information officer d’Emeria Activité
« Aujourd’hui, les utilisateurs disposent Services immobiliers
d’un portail d’accès à un large catalogue Effectif
de services, avec une visibilité complète 13 000 collaborateurs
sur l’état d’avancement de leurs demandes. »
CA
1,2 Md€
Intersport Rent :
les magasins, qui disposent désormais
d’une visibilité sur le fonctionnement
du site. Ils peuvent entre autres suivre
I
ntersport compte 261 magasins tournent toute l’année alors que l’essen- « Créer et gérer des environnements ayant
implantés dans les stations de ski, tiel de l’activité s’étale sur quatre mois une très haute disponibilité, de plus de
et un site e-commerce, Intersport et demi n’avait pas de sens, sur les plans 99,9 %, se fait simplement, sans nécessi-
Rent, qui draine vers eux les vacan- financier, technique comme environne- ter de connaissances techniques », illustre
ciers en quête d’équipements à louer. Il mental », explique le responsable. La Grégory Lafont. En passant d’un héber-
joue donc un rôle central, mais peinait décision est donc prise de se tourner geur physique au cloud, le responsable
à l’assurer avant la crise sanitaire, face vers un hébergeur cloud, choix aussi craignait tout de même de perdre en
à la croissance de son trafic. « L’arrêt de en phase avec ceux faits pour la partie réactivité et en qualité d’échange. Ce n’est
l’activité imposé par la pandémie nous a applicative. Parmi les opérateurs solli- pas le cas. « J’ai un contact privilégié avec
donné l’occasion de tout remettre à plat cités, Platform.sh se distingue. Il pro- un account manager et le support répond
et d’engager une refonte tant au niveau pose une formule adaptée au contexte rapidement aux tickets. En revanche, avec
infrastructures qu’applicatifs », raconte du distributeur. Celle-ci comporte un un hébergeur cloud, vous n’avez plus un
Grégory Lafont, le responsable exploita- plan maximal pour la période princi- interlocuteur qui vous apporte des solu-
tion e-commerce d’Intersport. pale d’activité, dimensionnant les res- tions. Vous êtes autonomes et l’on vient
Le site est à l’époque déployé chez un sources par rapport au chiffre d’affaires vous aider en cas de besoin. C’est un chan-
hébergeur physique. Une situation qui et aux projections de trafic, afin de tenir gement de méthode auquel il faut s’adap-
ne satisfait plus. « Avoir 55 serveurs qui la charge et gérer les pics d’activité, et un ter », conclut-il. STÉPHANE MORACCHINI
L’ENTREPRISE
Grégory Lafont,
responsable exploitation e-commerce d’Intersport Activité
« Créer et gérer des environnements Location de matériel de ski
ayant une très haute disponibilité Réseau
se fait simplement, sans nécessiter 261 magasins Intersport
de connaissances techniques. » de montagne
CA
Non communiqué
N
ous avons commencé par en fin de vie chez nous. » En décidant eux ont manqué de disponibilités pour
automatiser là où c’était le finalement d’utiliser AAP (Ansible se former à l’outil. Ensuite parce que le
plus facile, au niveau des Automation Platform), CA-GIP a mis à passage de AWX, assez permissif car
opérations », explique Pierre- l’échelle une démarche d’automatisation adaptable, à un AAP qui fixe un cadre
François Liozon, responsable des qui concerne environ 30 000 serveurs au plus industriel, a été délicat à présenter.
équipes Unix au Crédit Agricole Group total. Le retour sur investissement a été Certains développeurs ont retenu qu’ils
Infrastructure Platform (CA-GIP). Créée atteint en moins d’un an. « La décision perdaient des droits à l’issue de cette
début 2019, cette entité d’environ 1 000 a été relativement facile à prendre. Avec transition, « cependant la majorité d’entre
personnes gère 80 % de la production la version bêta, nous devions fournir des eux ont bien compris et donc accepté
informatique du groupe Crédit Agricole. efforts de stabilisation importants. Et ce les gains induits par la mise en place de
« Nos équipes de production avaient n’est pas notre métier », justifie Pierre- la chaîne d’automatisation qui intègre
développé une bonne pratique de Ansible François Liozon. les règles des équipes d’infrastructure
dans sa version AWX bêta, tout en conti- Et surtout, les collaborateurs avaient concernant la compliance et la cybersé-
nuant à utiliser un logiciel propriétaire d’autres priorités à gérer. Les métiers de curité en particulier ». FRANÇOIS JEANNE
L’ENTREPRISE
Pierre-François Liozon,
responsable des équipes Unix chez CA-GIP Activité
« Cette automatisation orchestrée GIE Bancaire (production et
présente aussi l’avantage de développement informatique)
renforcer la standardisation au niveau Effectif
des différentes configurations. » 1 800 collabrateurs
CA
NC
I
nitiée en 2020, le move-to-cloud de Du cloud privé vers le cloud public encapsulant le code Cobol pour l’expo-
CERP Rouen, grossiste répartiteur Pour les ingénieurs système, la conti- ser aux nouveaux programmes, et avant
de médicaments filiale du groupe nuité est de mise puisque CERP Rouen d’éventuelles réécritures complètes en
coopératif Astera, a finalement été était auparavant lié par un contrat de Java. Surtout, ils se sont attaqués depuis
réalisé par Kyndryl, suite à la scission service et de LOA (location avec option quelques mois à la refonte totale de l’ap-
du géant d’Armonk. Mais les finalités de d’achat) avec IBM/Kyndryl en mode plication de facturation, avec en ligne
l’opération n’ont pas changé, explique cloud privé. « Avec ce passage dans le de mire l’obligation de dématérialisa-
Christophe Plessis, DSI d’Astera - CERP cloud public, nos serveurs de produc- tion totale des 25 millions de factures
Rouen : « Il s’agissait de préparer un futur tion [IBM System Z et System I, NDLR] ne annuelles du CERP Rouen dès juillet
choc démographique interne, avec le sont simplement plus dans leurs locaux 2024.
départ prévu de la dizaine de cobolistes de Montpellier, mais dans un datacen- À cette occasion, apprécie Christophe
internes et externes qui ont conçu depuis ter à Clichy. » En revanche, côté sécu- Plessis, « il s’est instauré un dialogue entre
30 ans l’essentiel de nos applications. Et rité, l’infrastructure de sauvegarde est les anciens et les modernes autour des
de préparer nos futures transformations désormais située en Allemagne. Surtout, règles de gestion. Les cobolistes se sont
autour de technologies plus évolutives. » sa mutualisation permet de limiter les mis en posture de transmettre leurs com-
charges du PRA, tout en conservant une pétences fonctionnelles ». FRANÇOIS JEANNE
L’ENTREPRISE
Christophe Plessis,
DSI d’Astera - CERP Rouen Activité
« Nos serveurs de production Distribution de médicaments
ne sont simplement plus dans Effectif
leurs locaux de Montpellier, 2 527 collaborateurs (2021)
mais dans un datacenter à Clichy. »
CA
4,3 Md€ (2021)
Passer d’une
culture data à
une culture produit
D
epuis une dizaine d’an-
nées, les entreprises
ont compris l’intérêt
de tirer profit des don-
nées pour mieux connaître leurs
clients, optimiser leur supply
chain, mais aussi concevoir de
nouveaux produits. Avec l’ère du
big data, elles se sont converties
à la « culture data ». Mais pour
contrer les nouveaux entrants et
rivaliser avec les Mamaa, il faut
lutter avec les mêmes armes et
fonctionner comme une start-up
du digital. Plaquer une couche de
données au-dessus d’une organi-
sation classique ne suffira pas. Il
faut aller vers une organisation
réellement orientée produit.
pement de leur produit ; mise en l’externe : c’est tout un nouvel
Des plateformes logicielles, place d’une plateforme de gou- écosystème qu’il faut mettre en
mais pas seulement vernance de la donnée décentra- place pour mener cette tran-
Organisation agile « à l’échelle » lisée de type data mesh ; déploie- sition. Pour Sébastien Hidocq,
articulée autour de product ment de places de marché pour data officer du groupe Decathlon,
owners responsables du dévelop- diffuser les API en interne et vers un distributeur particulièrement
Applications de prévision
et outils d’analyse des données
(par exemple, tableaux de bord,
applications basées sur du ML…)
Gouvernance des données
Observabilité
Data platform
(hébergement de la donnée, fiabilisation, etc.)
Mettre en place une plateforme IT de type data mesh n’est pas la finalité pour aller vers une stratégie orientée produit.
La part liée à l’organisation est capitale. Elle s’inspire directement des méthodes agiles et des organisations « agile at scale ».
SOURCE OCTO TECHNOLOGY
vérifie l’avancement du business lisation de la gestion des sources d’archéologie et retrouver dans
sur chacun des items. » apportent un véritable plus sur chaque organisation des gens qui
le plan de la gouvernance. « Sur le voulaient bien assumer ce rôle de
Le data mesh, support de la plan de la conformité et de la sécu- garant de la donnée, de sa classi-
transformation de la donnée rité des données, disposer d’une fication et du respect des règles de
Pour redonner ce pouvoir sur la plateforme centralisée nous a per- rétention conformément à la légis-
donnée aux utilisateurs, le Club mis d’avoir l’esprit beaucoup plus lation. Leur rôle est aussi de propo-
Med s’est appuyé sur Zeenea, un tranquille. Elle nous aide à réaliser ser de nouveaux usages. »
logiciel de data catalog. La Coface plus rapidement les contrôles de Olivier Wulveryck, expert de la
s’est engagée sur la même voie, conformité et les audits. » question chez Octo Technology,
avec la création d’un data lab et Cette approche s’intègre dans estime que, dans ce changement
la mise en place d’une solution la mouvance data mesh, une piste de paradigme, la DSI doit se poser
un peu différente : la plateforme suivie également par Amadeus. en tant que facilitateur : « Elle devra
de virtualisation des données Le géant du voyage a basculé son fournir l’ensemble des capacités
de Denodo. Samia Boujatioui, infrastructure data sur Microsoft d’hébergement, d’exécution et de
responsable des traitements de Azure et a totalement revu sa portage des data products. Ce der-
données chez Coface, explique la plateforme technique et son nier peut être travaillé par un data
démarche : « Nous avons pu bri- organisation. Damien Claveau, analyst, mais ce produit doit être
ser les silos et faciliter l’accès aux data platforms operations lead placé en intégration continue, être
données qui étaient auparavant engineer, résume l’impact du pro- maintenu en qualité dans la durée,
inaccessibles, en tout cas très coû- jet quant à la gestion des données : recalculé lorsqu’il le faut, etc. Aller
teuses à mettre à disposition des « En termes d’ownership de la don- vers une approche “data as a pro-
métiers. La solution nous permet née, quand nous avons commencé duct” est un véritable changement
de travailler de manière très col- la refonte de la data platform, de paradigme, et l’outillage doit
laborative et flexible : le logiciel nous avons réalisé que, pendant suivre. » L’IT doit donc aller vers une
est assez intuitif, nécessite peu de la dizaine d’années où nous avons architecture de type data mesh,
formation préalable. » Si la plate- fait du big data, nous avons perdu mais aussi aider les métiers à mener
forme permet de rapprocher les nos data owners... Plus personne ne leur transformation interne pour
données de leurs utilisateurs – les se sentait réellement responsable faire que la data devienne finale-
métiers –, ses capacités de centra- des datasets. Il a fallu faire un peu ment le produit. ALAIN CLAPAUD
L
e fait est qu’on a du français dans des domaines à « au moins l’un des objectifs de
mal à s’enthousiasmer aussi divers que la décarbonation, France 2030 », être une entreprise
pour le plan de bataille la réindustrialisation verte, « indépendante » et avoir obtenu
« French Tech 2030 » l’agriculture de demain, les sur les trois dernières années
piloté par le Secrétariat biotech, la conquête de l’espace, un « financement d’au moins
général pour l’investissement. l’intelligence artificielle, la 5 M€ » par différentes modalités
Est-il seulement fumeux, cybersécurité et le quantique ! classiques, ce renouveau de
plutôt fameux ou vraiment Faut-il s’en plaindre ? la French Tech n’est pas loin
ambitieux ? Il propose en tout Assurément, non. Toutefois, dans de ressortir la cocarde bleu, blanc
Thierry cas des perspectives à sept sa présentation, cette recherche et rouge, le Chant des partisans
Derouet ans, et une utilisation d’ici là d’entreprises « à haut potentiel voire notre bon vieux coq
Directeur de tous les leviers de l’État, de croissance, d’impact, ou symbole de la « Renaissance », du
de la rédaction financiers ou non-financiers, d’audace » a de quoi faire sourire roi de France et de son royaume…
pour accompagner une nouvelle tant elle fait sonner clairons et Un peu plus de réalisme
génération de 100 nouvelles trompettes. et de modestie ne ferait pas
entreprises technologiques En posant des exigences comme de mal. Histoire que l’ambition
et industrielles. Ces « deeptech » « disposer d’un siège social sur à la française ne devienne pas
sont censées nourrir le renouveau le territoire français », répondre synonyme d’autosuffisance. n
K
Officiellement saar est une start-up pour croître, un moyen pour lui de des workflows, l’éditeur travaille
créé en 2018, le moins hors normes « rester connecté au réel ». aujourd’hui sur le volet gouver-
Ksaar a lancé dans le monde du logi- Face aux nombreuses solutions nance du no-code, avec une ges-
la version 1 de ciel. Créée par Benoît- no-code sur le marché, la plate- tion de l’organisation interne du
sa plateforme Marie Flach, un ancien bûcheron forme Ksaar a aussi l’atout d’être travail en no-code, ou encore
en 2020. passé par tous les métiers, elle exclusivement orientée process. en s'intégrant avec une gestion
Aujourd’hui,
édite une solution no-code dont Son objectif numéro 1 est d’auto- de projet existante. Enfin, l’édi-
celle-ci
revendique l’une des valeurs fortes est d’être matiser les processus métiers des teur met l’accent sur la conduite
plus de développée en France et de s’ap- entreprises. « Notre volonté n’était du changement pour diffuser le
100 000 puyer sur un solide écosystème pas de proposer un outil pour créer no-code. « Nous avons créé plu-
utilisateurs. souverain. « Nous essayons de des sites web ou aider un entrepre- sieurs modules de formation pour
porter des valeurs fortes comme le neur à prototyper un service SaaS. aider les entreprises à intégrer
“Made in France” ainsi que l’héber- Il s’agit bien de répondre à des cette pratique dans leur organisa-
gement des données chez un héber- besoins internes des entreprises. La tion. Il s’agit d’aider les DSI à éra-
geur au capital français, Scaleway solution permet donc de créer des diquer la shadow IT, mais aussi les
en l’occurrence, afin d’être totale- interfaces, mais aussi des automa- métiers à comprendre comment
ment à l’abri du Cloud Act. » Les tisations. » fonctionne le no-code, ce qu’ils
autres valeurs fortes poussées par peuvent faire ou non avec. Enfin, il
l’éditeur, ce sont la sécurité et la Des intégrations faut pousser la digital factory à se
conformité. À preuve, son premier avec des poids lourds placer en chef d’orchestre entre les
client fut l’Armée de terre, ce qui l’a du marché logiciel métiers et l’IT », conclut le fonda-
poussé à rester exemplaire sur ce La plateforme s’appuie sur une teur de Ksaar.
volet. base de données PostgreSQL ALAIN CLAPAUD
D
Chaque efants commercialise indétectable, puis qu’il faut 80 cybersécurité... et breton
collaborateur une solution simpli- autres jours pour l’expulser du sys- Aujourd’hui, Defants travaille
peut fiant les outils tradi- tème. Nous espérons diminuer ce surtout avec des grands comptes,
contribuer tionnels de sécurité du délai à 40 jours », affirme François mais souhaite se développer com-
aux tâches numérique, lesquels ont souvent Khourbiga. mercialement pour adresser un
ouvertes et besoin de beaucoup de temps pour marché plus large. L’entrée à son
en proposer
de nouvelles,
être efficaces », promet François Quinze minutes capital de Cyber Impact Ventures,
et ainsi Khourbiga, PDG et cofondateur pour tout installer fonds d’investissement dédié aux
optimiser le de la société en 2021. La start-up La plateforme est mise en place start-up de cybersécurité fran-
temps passé. s’adresse aux experts de la cyber- en fonction des contraintes de çaises et européennes, du fonds
sécurité en entreprise pour auto- sécurité des clients de Defants. régional Breizh Up ainsi que de
matiser les tâches qu’ils ont à réa- Si l’un d’entre eux a par exemple trois business angels pour un
liser. Elle s’appuie entre autres sur déployé son infrastructure chez montant total de 2 M€, devrait y
le framework MITRE ATT&CK, Azure, l’outil sera installé dans contribuer, en favorisant notam-
une base de connaissances mon- le cloud concerné. Sa mise en ment le recrutement de collabo-
diale regroupant les différentes œuvre ne nécessite que quinze rateurs suppplémentaires. Les
méthodes employées par les minutes pour une configuration collaborations avec le monde
cyberattaquants. Le client peut y standard, et il suffit d’un naviga- académique également : « Au
rajouter des data provenant des teur web pour la rendre opéra- niveau technique, nous avons des
outils DFIR (Digital Forensics and tionnelle. Enfin, comme elle est partenariats avec des laboratoires
Incident Response) ORC (outil de en mode SaaS, n’importe quel de recherche universitaires qui
recherche de compromissions) expert agissant de n’importe où nous accompagnent pour amé-
de l’Anssi ou de la collection d’ar- dans le monde peut apporter sa liorer notre plateforme sur le long
tefacts FastIR de Sekoïa. Le prin- contribution à la résolution d’une terme », promet d’ailleurs François
cipe de son outil, baptisé Defants cyberattaque. Khourbiga. PIERRE BERLEMONT
D
es messages qui arrivent et Slack. Messenger, Instagram, offre déjà à l’utilisateur le moyen
Avec Unipile, par e-mail, WhatsApp, Twitter, Telegram, Teams et les d’analyser sa charge de travail, via
l’utilisateur SMS, LinkedIn et autres SMS seront bientôt disponibles. le nombre de messages reçus et
planifie
canaux, et un casse- Le calendrier a vocation, lui, à syn- envoyés ou l’indication des per-
directement le
traitement de tête pour les gérer, pour ne pas chroniser tous les agendas. Il le sonnes avec qui il communique le
ses messages rater les plus importants et voir fait déjà avec Google Calendar et plus. « Nous voulons étendre cette
en les faisant à temps les plus urgents. C’est le fera bientôt avec Outlook et iCal. possibilité à l’échelle d’une équipe
glisser de ce que vivaient Julien Crépieux Toujours dans le but de renforcer et apporter d’autres indicateurs
la boîte de et Arnaud Hartmann dans leur la productivité, l’application per- facilitant le pilotage, comme le
réception dans emploi antérieur. Avant que, faute met de créer des modèles de mes- temps de réponse aux messages, ou
un calendrier. de trouver une solution, ils ne sage pour les besoins de réponses encore la fluctuation de la charge
décident de créer la leur. Baptisée standards, comme celles qu’ap- de travail dans le temps », indique
Unipile, comme leur start-up, elle porte un service support client, Julien Crépieux. Enfin, Unipile
affiche sur une seule interface, par exemple. Mais elle intègre lancera courant 2023 la version
à gauche, une boîte de réception aussi l’API de l’assistant virtuel mobile de son application pour
avec les messages provenant de ChatGPT-3 d’OpenAI, pour faire iOS et Android. Pour soutenir ces
différents canaux et, à droite, gagner du temps dans la rédaction. développements et sa croissance,
un calendrier, dans lequel l’uti- Lorsqu’un message nécessite une y compris à l’international, elle
lisateur peut glisser les premiers réponse négative, positive ou per- a levé 1,5 M€ en mars dernier. La
afin de planifier leur traitement sonnalisée, l’utilisateur l’indique à moitié de ses utilisateurs sont hors
directement depuis l’application. l’application et le robot lui fait une de France, en Espagne, Allemagne,
Le moment venu, il sera notifié proposition de réponse en fonc- Italie, au Royaume-Uni et aux
et, s’il ne répond pas au message, tion de l’historique des conversa- États-Unis. STÉPHANE MORACCHINI
Un consortium pour
tions mathématiquement exactes.
Plus précisément, on ignore s’il en
existe une et on ne fait qu’approcher
industriels au quantique
cet exemple comme sur beaucoup
d’autres, un ordinateur quantique
serait bien plus efficace.
Il faut cependant préciser, comme
le fait Xavier Aubry, fondateur et
directeur de Da Vinci Labs, que « le
consortium ne cherche pas à produire
des programmes quantiques géné-
La start-up Pasqal, ralistes pour résoudre tous les pro-
cofondée par le prix blèmes. Nous développons plutôt ce
Nobel de Physique qu’il faudrait appeler des primitives
2022 Alain Aspect, est quantiques qui seront réutilisables ». Il
l’un des fournisseurs cite l’exemple des méthodes de Monte
d’ordinateurs quantiques Carlo quantiques – méthodes de
du consortium. simulation probabiliste de l’équation
de Schroedinger – , utilisées notam-
ment en physique nucléaire et dans
tous les domaines où les spins jouent
un rôle déterminant. « Nos routines
seront donc capables d’exploiter diffé-
rentes techniques suivant le hardware
auquel elles sont destinées. »
Ajoutons que l’ordinateur du
futur est toujours en construction.
Les chercheurs effectuent donc des
simulations de calcul quantique sur
Regroupant huit organismes publics et privés, Equality des superordinateurs classiques, en
faisant appel à 20 ou 30 qbits de puis-
prépare activement les futures applications industrielles
sance dans un premier temps, puis en
de l’informatique quantique. En particulier celles qui vont montant jusqu’à 100 qubits virtuels
favoriser la transition verte. si les résultats sont satisfaisants. À ce
stade des tests, un modèle simulant le
bruit quantique spécifique à chaque
C
’est dans une forêt aux alen- quantique : profilage aérodynamique, matériel est intégré au simulateur,
tours d’Amboise (et près du conception de batteries, dynamique avant que l’ensemble ne soit testé sur
Clos Lucé, où résida Léonard des fluides, optimisation des missions un véritable ordinateur quantique.
de Vinci) que sera achevée spatiales, conception de nouveaux Enfin, rappelons qu’il n’existe à ce
en 2024 la construction du bâtiment matériaux, etc. À l’heure actuelle, jour pas de langage de programma-
du Da Vinci Labs qui va notamment pour traiter ces problématiques, les tion standard, et encore peu de com-
héberger, parmi plusieurs autres pro- scientifiques doivent simplifier les pétences humaines dans ce domaine
jets public/privé de recherche majeurs, équations mises en jeu, employer des encore récent. Les scientifiques choi-
le consortium Equality. Parmi ses supercalculateurs ou construire de sissent donc les ordinateurs quan-
membres figurent Airbus, Capgemini, coûteux simulateurs physiques – par tiques qui engendrent le moins d’er-
Fraunhofer ENAS (Electronic nano exemple des souffleries de plus en reurs en fonction des problématiques
systems), German Aerospace Center plus sophistiquées dans le domaine et des équations qu’ils cherchent à
(DLR), l’Inria, Leiden University, et le de l’aréodynamique. résoudre. Pour l’heure, ceux d’Equa-
constructeur français d’ordinateurs Equality propose de développer lity sont fournis par Pasqal (qui
quantiques Pasqal. des logiciels quantiques de pointe exploite notamment l’interaction
Le consortium s’est donné pour pour répondre à des problèmes de van der Waals entre atomes de
objectif de développer des algo- industriels cruciaux, à la fois en Rydberg), IQM (supraconducteurs)
rithmes quantiques pour des appli- termes de performances, mais aussi, et DLR (technologie des ions piégés),
cations industrielles dans plusieurs et tout simplement si l’on ose dire, entre autres. La dotation du pro-
disciplines, présentant toutes un pour les résoudre. En effet, certaines gramme européen Horizon Europe, à
intérêt pour la protection de l’envi- équations mathématiques, comme hauteur de 6 M€/an pendant trois ans,
ronnement. Equality vise logique- l’équation de Navier-Stokes rencon- est donc bienvenue pour financer ces
ment celles qui pourraient tirer béné- trée dans la mécanique des fluides, investissements.
fice de la vitesse de l’informatique n’ont tout bonnement pas de solu- PIERRE BERLEMONT
Métavers, un flop
ou une profonde mutation ?
L
e métavers ne fait plus la une des nucléaire en s’immergeant dans son double
médias et beaucoup l’ont déjà numérique. Chez Neoma Business School,
enterré. Un flop ? Pas si sûr. Année les 10 000 étudiants accèdent, eux, à un cam-
d’effervescence sur le sujet, 2022 fut pus virtuel, entre autres pour des activités
surtout une phase de découverte. L’euphorie pédagogiques.
autour des métavers à la sauce Web3 retom- Autre secteur en avance, celui de l’indus-
bée, un plus grand nombre d’entreprises trie. Ici, on parle de jumeau numérique.
s’intéressent désormais à la réalité virtuelle À petite échelle, comme chez Engie, pour
ou mixte, pour créer des expériences autour rendre visible sur un équipement la tempé-
de cas d’usage métier. rature de ses différents éléments. Ou à très
La tendance a ses pionniers. En premier grande échelle, pour créer un jumeau numé-
lieu, le secteur de l’éducation-formation. À rique de toutes ses usines, un véritable méta-
l’Ensta, par exemple, les élèves-ingénieurs, vers industriel, comme chez Renault et BMW.
sous forme d’avatars, apprennent avec Non, le métavers n’est décidément pas mort.
leur professeur à démanteler un réacteur Dossier réalisé par STÉPHANE MORACCHINI
Un engouement
désormais bien réel
pour la réalité virtuelle
O
n l’a un peu oublié, mais l’an dernier à
pareille époque, le métavers monopolisait
l’attention. Le sujet animait tous les médias,
et les débats se succédaient, traitant ici de
ses technologies, là de son potentiel d’usages, ail-
leurs de ses enjeux sur le plan juridique ou des rela-
tions humaines. L’intelligence artificielle (IA) généra-
tive et autres GAN (réseaux antagonistes génératifs)
l’ont remplacé cette année dans les conversations :
ils se sont invités fin 2022 avec le robot ChatGPT, au
moment même où les commentateurs cherchaient
tous à lire dans la dégringolade en bourse de Meta le
signe de la fin de l’aventure du métavers. L’américain
voyait sa capitalisation s’effondrer de 600 Md$, soit 2/3
de sa valeur, et son bénéfice annuel chutait de 41 % à
23,2 Md$. En charge des tech- propices aux acteurs technologiques. Son métavers
nologies de réalité virtuelle et grand public, AltspaceVR, est ainsi aujourd’hui fermé,
augmentée, son Reality Labs et son équipe recentrée sur Mesh, sa plateforme de
accusait une perte de 13,7 Md$, réalité mixte, avec l’objectif d’explorer les usages
quand Horizon Worlds, son professionnels de la réalité virtuelle. Une orientation
univers virtuel grand public, qui doit s’illustrer par le lancement prévu en ce mois
ne parvenait à rassembler que de mai, en version bêta publique, des avatars 3D de
200 000 utilisateurs mensuels Teams. Ils seront utilisables lors d’une visioconfé-
(contre un objectif 2022 de rence et s’animeront en captant ce que dit la per-
500 000). sonne, ou selon l’emoji de réaction qu’elle déclenche.
En dépit de ces déboires, L’utilisateur pourra personnaliser son avatar et le
Meta annonçait néanmoins décor dans lequel il apparaît. Mais cette nouvelle
Jean-François maintenir son cap stratégique. fonction arrive un an et demi après la date prévue,
Gaudy, Microsoft, lui, apportait au et elle reste très loin de l’ambition affichée fin 2021
vice-président Innovation contraire de l’eau au moulin de proposer des espaces de collaboration en réalité
& Digital d’Inetum des prophètes pré-signant virtuelle. Sur ce plan, difficile d’ailleurs de dire ce
« La fin de l’acte de décès du métavers, qu’il adviendra, Microsoft semblant surtout vouloir
l’engouement en mettant un coup de frein s’appuyer sur les technologies de Meta. En octobre
a permis aux à ses initiatives en la matière. dernier, les deux acteurs ont signé un partenariat
L’éditeur préférait plutôt pour intégrer Microsoft 365 à Horizon Workrooms, la
entreprises de
investir ses milliards dans l’IA solution de bureaux virtuels du second.
s’interroger sur les générative d’OpenAI, concep- Microsoft se concentre ainsi sur le métavers dit
usages qui seraient teur de ChatGPT, une techno- « industriel », en clair, sur les usages de son casque
intéressants dans logie au retour sur investisse- de réalité mixte Hololens 2. Mais dans ce domaine
un métavers qui, ment sans doute jugé plus sûr aussi, il a réduit la voilure. En début d’année, quatre
en soi, n’a rien à en cette période de taux d’in- mois seulement après sa création, l’équipe chargée
voir avec le Web3. » térêt élevés et d’inflation non d’accompagner les clients de l’éditeur sur le sujet du
Le monde de
la formation
défriche le terrain
S
erious game. En 2010, dans le secteur de la forma-
tion, c’est lui qui faisait le buzz. Son principe : faci-
liter l’acquisition des connaissances en plongeant
l’apprenant dans un monde virtuel dans lequel il
est acteur, interagit avec des objets ou des personnages
en fonction du scénario d’apprentissage. Le même
objectif a fait de la formation un domaine pionnier dans
l’adoption de la réalité virtuelle. En immergeant l’appre-
nant dans une simulation de situation réelle où il doit
agir pour acquérir les bons gestes et les bons compor-
tements, elle faciliterait l’ancrage mémoriel, améliorant
tant l’efficacité que la rapidité de la formation.
Dans l’industrie, on profite notamment de sa capa-
cité à recréer des contextes qui seraient difficilement
accessibles à des fins de formation en raison de leur
dangerosité. Chez Volkswagen, par exemple, une solu- Chez Volkswagen, les techniciens de maintenance électrique sont
tion en réalité virtuelle est utilisée pour former les formés à détecter les pannes et à sécuriser les interventions sur
techniciens de maintenance électrique à détecter les les équipements dans un double de leur environnement de travail.
pannes et à sécuriser les interventions sur les équipe-
ments. Elle reproduit leur environnement de travail et notamment avec des solutions comme VirtualSpeech
leur permet d’y agir sans risquer de danger en cas d’er- ou BodySwaps. Elles reprennent le principe des
reur. Cette solution a été conçue par LS Group, qui s’est serious games, immergeant l’apprenant dans un envi-
appuyé sur le moteur de jeu Unity pour la création des ronnement virtuel en compagnie d’interlocuteurs ou
scénarios d’apprentissage. À l’Ensta, école d’ingénieurs d’un public fictif animé. Toutes deux proposent de
spécialisée dans l’énergie, on s’est tourné vers ce même multiples modules de formation, pour savoir prendre
spécialiste pour reconstituer la salle d’une piscine de la parole en public, mener une négociation commer-
stockage de combustibles nucléaires. Les apprenants ciale, résoudre un conflit, apprendre à écouter, etc. Et
s’y retrouvent avec leur enseignant, sous forme d’ava- elles s’appuient sur l’IA pour analyser, pendant l’exer-
tars, pour apprendre les bonnes opérations à effectuer. cice, les mots employés par le candidat, son langage
corporel, son regard, afin de lui restituer un bilan et
Coacher par l’IA lui apporter des conseils pour s’améliorer. Depuis le
Boehringer Ingelheim, dans l’industrie pharmaceu- début de l’année, elles intègrent le robot ChatGPT,
tique, recourt à la réalité virtuelle pour former à la sté- pour reproduire un contexte naturel de conversa-
rilisation à la vapeur de cuves, un processus complexe tion entre le participant et les personnages fictifs.
et dangereux qui vise à éliminer tous les germes et BodySwaps se distingue par sa fonction éponyme qui
contaminants. Pour créer un environnement virtuel permet à l’apprenant de revoir l’exercice à travers le
similaire au réel, dans lequel l’apprenant va effectuer les regard de son interlocuteur, afin de mieux observer et
bonnes manipulations, l’industriel s’est appuyé sur la comprendre son propre comportement.
solution Intraverse, qui présente l’avantage d’être auto-
nome dans la conception des modules de formation. Déclencher l’effet Proteus
L’usage de la réalité virtuelle pour acquérir des Pionnier, le monde de l’éducation l’est aussi dans l’adop-
compétences non techniques s’est lui aussi développé, tion du métavers. Neoma Business School, par exemple,
L’industrie passe
à l’échelle sur le
jumeau numérique
Ê
tre adepte depuis longtemps de la modélisa-
tion 3D prédispose-t-il au métavers ? Le sec-
teur industriel passe en tout cas souvent pour
un pionnier en la matière avec le concept de
jumeau numérique, cette réplique d’un objet ou d’un
système physique pouvant être utilisée tant en phase
de conception, de fabrication que de maintenance et
d’optimisation. Dès les années 1960, la Nasa modéli-
sait ses navettes spatiales à des fins de simulation. Il
faudra cependant attendre 2002 pour voir vraiment
émerger le concept de jumeau numérique, avec le téresser au sujet. Les grands cabinets de conseil s’en
premier prototype d’application dans le domaine de sont aussi emparés, souvent d’ailleurs en essayant
la fabrication. Et vingt ans plus tard, l’usage du vir- d’acquérir chez les spécialistes du domaine l’expé-
tuel ne fait en réalité que commencer dans l’indus- rience de terrain qui leur fait défaut.
trie. « La réalité virtuelle a toujours été un sujet pour les
directions de l’innovation. Mais cela n’allait jamais plus La réalité mixte conquiert le terrain
loin qu’un POC, témoigne Jordane Richter, Chief Sales Côté réalité mixte, technologie inventée en 1994, il
& Marketing officer chez l’expert en développement de faudra attendre 2015 et la sortie du casque Hololens de
solutions RV/RA, LS Group. Il y a quatre ans, on en était Microsoft pour voir son usage commencer à se déve-
encore à expliquer qu’elle n’est lopper. Mais ce n’est qu’à partir de 2018 que les choses
pas un jouet. Aujourd’hui, les sérieuses ont démarré, avec les premières applica-
entreprises ont pris conscience tions sur étagère proposées par l’éditeur, notamment
de ce qu’elle pouvait leur appor- Remote Assist, Guides et Layout, respectivement des-
ter en termes de ROI et l’on entre tinées au support à distance, au suivi de procédures
dans des démarches d’indus- et à l’aide à l’aménagement. « Elles ont constitué un
trialisation », constate-t-il. vrai facteur d’accélération du déploiement d’Hololens,
En pointe dans ce domaine, estime Fabrice Barbin, CEO de Synergiz, spécialiste
on trouve effectivement les de la solution. Elles l’ont fait passer de la pure innova-
secteurs exploitant la 3D tion à un début d’industrialisation, sur des usages vali-
depuis longtemps : l’auto- dés en termes de ROI, avant que la période de Covid ne
Jordane Richter, mobile, l’aérospatial et l’aé- vienne encore renforcer les déploiements », ajoute-t-il.
Chief Sales & Marketing ronautique. Ils recourent à la C’est avant tout pour assister les opérationnels de
officer chez LS Group réalité virtuelle à de multiples terrain que l’usage de la réalité mixte s’est beaucoup
« La réalité virtuelle a niveaux, du design de leurs développé. Guides et Remote Assist répondent à cet
produits à leur promotion, en enjeu. La première superpose dans le champ de vision
toujours été un sujet
passant par leur fabrication, d’un opérateur des indications qui le guident pas à
pour les directions leur test ou les opérations de pas dans la réalisation d’une procédure, grâce à des
de l’innovation. maintenance. La maturité informations textuelles, une vidéo, une simple flèche
Mais jusqu’à il y a du marché aidant, les autres pointant sur un élément à manipuler, ou même un
quatre ans, cela industries, et notamment hologramme animé reproduisant une manœuvre à
n’allait jamais plus celles du bâtiment et de l’im- effectuer sur un objet. Remote Assist, elle, sert à un
loin qu’un POC. » mobilier, commencent à s’in- opérateur de terrain pour collaborer avec un expert
du numérique
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agenda
Êtes-vous
leurs, en l’absence de relais et de répéteurs sécurisés, leur
système ne fonctionne que sur des distances limitées. Les
laboratoires de recherche travaillent donc à la construc-
prêt à entrer
tion de véritables réseaux quantiques capables de géné-
rer, stocker et synchroniser l’information quantique entre
sites distants. C’est à ce prix que la communication quan-
dans l’ère de la
tique pourra véritablement prendre son essor. Si certains
experts militent pour l’adoption de l’une ou de l’autre
communication
méthode (cryptographie quantique / post-quantique), les
solutions d’hybridation combinant l’une et l’autre offrent
la plus grande sécurité.
quantique ?
Nous avons identifié trois vagues dans la transition vers
la communication quantique. La première, de 2015 à 2025,
se caractérise par les investissements des États dans des
applications publiques et militaires, ainsi que le dévelop-
pement de systèmes QKD et QRNG. Lors de la deuxième
phase, de 2025 à 2030, les entreprises seront de plus en
plus nombreuses à adopter des solutions de cryptographie
quantique. À partir de 2030, enfin, nous devrions entrer de
L
a cybersécurité vit un moment crucial. Avec près plain-pied dans l’ère d’une cybersécurité quantique.
de 30 milliards d’appareils connectés d’ici 2030 Trois secteurs sont particulièrement concernés par les
selon Statista, la protection des données ainsi deux premières vagues : l’administration et l’industrie de
générées représente, plus que jamais, un enjeu la défense ; les institutions financières ; et le secteur des
stratégique pour les entreprises et les États. La gestion du télécoms.
risque devient critique au moment où la transformation Après des décennies de stabilité offerte par les algo-
digitale s’accélère et où l’intelligence artificielle promet de rithmes RSA et Diffie-Hellman, la cryptographie doit se
nouvelles opportunités de croissance. De plus, les proto- réinventer pour se mettre à l’heure quantique. La com-
coles de sécurité sont menacés par des attaques de plus munication quantique et la cryptographie post-quantique
en plus sophistiquées. Mais la grande inquiétude vient de pourraient ainsi remplacer les protocoles actuels d’ici
l’arrivée de l’ordinateur quantique, capable de rendre la 2030 à 2035. Les entreprises auront alors besoin d’adopter
plupart des protocoles de sécurité obsolètes dans moins ces technologies pour protéger leurs activités et doivent,
d’une décennie. La cybersécurité entre donc dans une dès aujourd’hui, se tenir en veille, analyser leur exposition
période de grande transformation. aux risques cyber, et explorer l’implémentation de ces
Par chance, la technologie est au rendez-vous des enjeux nouvelles solutions. n
et porte de nouvelles solutions. Face à l’urgence de la situa-
tion, les États-Unis, la Chine ou encore l’Europe inves-
tissent massivement dans ce domaine. À l’échelle inter-
nationale, plus de 16 Md$ de fonds publics devraient ainsi
être alloués à l’écosystème quantique dans son ensemble.
Deux grandes approches émergent pour répondre à ces
menaces.
La première, la cryptographie post-quantique res-
semble à nos protocoles actuels, mais repose sur des fon-
dements mathématiques différents qu’on pense inatta-
quables par les algorithmes quantiques connus à ce jour.
Mais le domaine de l’algorithmie quantique en est encore
à ses balbutiements et il n’y a aucune garantie qu’un pro-
tocole inattaquable aujourd’hui le soit encore demain.
Cependant, cette méthode présente l’avantage de ne pas
nécessiter d’implémenter de nouvelles infrastructures
matérielles et peut être intégrée comme un logiciel qu’on
met à jour de façon agile en fonction de l’apparition de
nouveaux risques.
La seconde approche, celle de la communication quan-
tique, porte une promesse d’inviolabilité et repose sur
de poste, pas de
cash-out ou P&L à améliorer, ce n’est pas la même chose !
Il s’agira enfin de comprendre qui est décisionnaire et
quels sont les circuits de validation. Et même quel niveau
le premier budget !
dans les grandes masses ?
V
ous souvenez-vous de vos prises de poste en tant de la DSI, mais à ceux des métiers. Un effort de pédagogie
que DSI ? Ce moment où l’on prend ses marques sur la distinction entre le build et le run sera également
avec autant d’excitation que d’appréhension, et appréciable. Sur les coûts récurrents, il faudra évidem-
où l’on découvre le budget de sa nouvelle direc- ment justifier les écarts, mais on marquera surtout des
tion… Un budget dont on n’est pas l’auteur, mais qu’il va points en valorisant les efforts initiés pour challenger
falloir faire sien, jusqu’à ce que vienne le temps du pre- chaque ligne de run. Il y a en quelque sorte un droit d’in-
mier budget que l’on va construire et présenter soi-même. ventaire du nouveau DSI : autant en profiter avant de s’at-
Lorsqu’arrive ce moment, on a beau avoir l’expérience, taquer à la baisse ou au contrôle de ces coûts.
s’être déjà livré plusieurs fois à l’exercice : on n’est jamais Quant au build, il faut là encore être stratège et habile
complètement serein. dans la présentation, en s’inscrivant dans la stratégie et
La bonne nouvelle, c’est que ce contexte de prise de l’ambition de l’entreprise (innovation, croissance, maîtrise
poste plaide en notre faveur. Si beaucoup d’attentes sont des coûts…), en déroulant par projet le chiffrage du porte-
concentrées sur notre personne, il y a également une vraie feuille au service des métiers, en déportant la responsabi-
écoute pour les idées neuves que nous allons amener. Cet lité de la prise de décision par le Codir dans son ensemble,
état de grâce est idéal pour faire bouger les lignes, en revi- et en éclairant les arbitrages sur la base d’éléments factuels
sitant l’ambition et la stratégie de la DSI, en engageant une tels que l’analyse de valeur et le ROI attendu. On n’omet-
transformation du SI, et en initiant des changements, y tra pas non plus les projets portés par la DSI en tant que
compris d’ordre budgétaire. Car sans être une fin en soi, sponsor (innovation, renforcement du SI, etc.). Le tout
qu’il soit de transformation ou de continuité, le budget nécessite d’apporter un grand soin au support de présen-
reste le nerf de la guerre. Le DSI nouvellement arrivé doit tation, en veillant notamment à comparer les chiffres du
donc saisir l’opportunité de le challenger ou de le redi- nouveau budget à ceux de l’année précédente. Cela ne peut
mensionner. Sans se tromper car, comme chacun le sait, que renforcer l’image recherchée de sérieux, de maîtrise
« on n’a pas deux fois l’occasion de faire une première bonne et d’ambition.
impression ».
« Ceinture ET bretelles »
Une première copie à travailler en profondeur Un dernier conseil ? N’hésitez pas à « prendre la tempéra-
Pour réussir dans ce premier exercice budgétaire, il faut ture ». Avant la présentation officielle, il sera utile de tes-
commencer par prendre le temps nécessaire pour bien ter son support – sur le fond autant que sur la forme –
cerner le contexte de l’entreprise et son nouvel écosys- notamment auprès du DAF ou d’un autre membre du
tème. Sinon, gare au risque de tuer dans l’œuf la plus bril- Codir. Outre le fait de s’assurer que le livrable est au niveau
lante des stratégies en passant à côté du sujet. Ce travail attendu, c’est une façon de se faire des alliés. Si tout se
de défrichage ne doit donc négliger ni le fond, ni la forme. passe comme prévu, cet exercice du premier budget va
C’est ainsi que, pour ne pas décrédibiliser sa copie par des imprimer votre marque de nouveau DSI en l’ancrant dans
approximations, il faudra d’abord parfaitement maîtriser la réalité de votre nouvelle entreprise. Et surtout ouvrir
les coûts dont on « hérite » et les chiffres manipulés. Cela la voie pour dérouler votre feuille de route… et vous tenir
passe par un état des lieux exhaustif de l’existant, dans prêt à recommencer, et recommencer… Car un budget pré-
lequel il faudra probablement remettre de l’ordre, en com- visionnel est évidemment fait pour être en permanence
mençant par vérifier que la base de travail est saine, en réaligné sur le réel. Mais cela, vous le saviez déjà ! n
croisant et en recoupant tous les chiffres à disposition –
Anticiper les
de hachage à sens unique, qui ne peut être employé pour
déchiffrer des messages –, mais plutôt pour la vérification
de leur intégrité et pour la signature numérique. Il est donc
futures menaces
généralement utilisé en combinaison avec un algorithme de
chiffrement symétrique ou asymétrique pour garantir la
confidentialité et l’authenticité des données.
d’archivage
est en place dans le SAE, permet d’ores et déjà d’effectuer
une démonstration d’intégrité valide dans un contexte
post-quantique (dès lors que l’algorithme utilisé pour le
électronique
chaînage est robuste, e. g. SHA-512). Cependant, le cachet
électronique utilisé pour sceller l’archive serait, lui, particu-
lièrement vulnérable.
Apposer dès à présent sur les archives des scellements à
l’aide d’algorithmes post-quantiques permet alors d’envi-
sager le moyen terme plutôt sereinement, et d’être rassuré
quant au fait que, une fois sorties du SAE, les archives et
L
es documents numériques font l’objet des mêmes leurs dossiers de preuve associés ne seront pas exposés à des
obligations de conservation que leurs équivalents risques pouvant conduire à leur irrecevabilité juridique en
papiers, pour des durées identiques et donc par- cas d’utilisation comme preuves dans un contentieux.
fois très longues. Ces documents doivent aussi, et Un tel système permet de fournir, en cas de besoin, des
surtout, au regard de la Loi, être conservés dans des condi- preuves d’archivage de type hybride, c’est-à-dire compre-
tions de nature à en « garantir l’intégrité » pendant toute la nant à la fois une preuve « pré-quantique » classique, inter-
durée des obligations légales. prétable par les logiciels actuels, et une preuve « post-quan-
Depuis dix ans s’est largement développée l’adoption tique ». Cette preuve ne perturberait pas les outils de
de systèmes d’archivage électronique (SAE) qui organisent validation actuels, mais viendrait garantir la robustesse de la
le stockage des documents, en garantissent l’accessibilité preuve lorsque les ordinateurs quantiques seront bien pré-
dans leur format d’origine, la traçabilité, l’intégrité, la vali- sents. Ce modèle hybride est d’ailleurs celui préconisé par
dation des signatures électroniques qu’ils contiennent, ou l’ANSSI en première phase de transition.
encore le chaînage des archives. Le bon fonctionnement
d’un SAE repose sur l’utilisation de moyens cryptogra- Privilégier une approche « crypto agile »
phiques qui se doivent d’évoluer avec le risque associé. Les technologies évoluant rapidement, il convient de ne pas
En la matière, les ordinateurs quantiques, dont existent compromettre l’avenir par une approche « trop rigide ». C’est
déjà des prototypes fonctionnels, représentent une nou- pourquoi l’implémentation d’une approche « crypto agile »
velle menace, car ils accélèrent la résolution de certains est judicieuse. Celle-ci permet en effet d’apporter la capacité
problèmes, telle la factorisation de grands nombres pre- à évoluer en termes d’algorithmes cryptographiques (nou-
miers sur laquelle repose la cryptographie à clé publique vel algorithme ou correction d’un algorithme existant), sans
(asymétrique). Les services de confiance numérique s’ap- avoir à changer de produit, et tout en conservant la rétro-
puyant sur de tels algorithmes (RSA, ECC…) deviendraient compatibilité. Et cela jusqu’au tournant de la décennie où
alors vulnérables. En particulier, l’intégrité garantie par les l’hybridation deviendra probablement uniquement option-
SAE pourrait être questionnée. nelle : la confiance dans les algorithmes post-quantiques
Il convient toutefois de préciser que le chiffrement sera alors suffisante pour que l’emploi complémentaire d’al-
symétrique, très utilisé dans le domaine de l’archivage gorithmes pré-quantiques ne soit plus nécessaire.
de documents numériques pour la gestion de l’intégrité Il est à noter que l’ANSSI recommande d’appliquer dès à
(hachage), est considéré comme moins exposé aux risques présent une « défense en profondeur » post-quantique pour
quantiques que la cryptographie asymétrique. Certaines les produits de sécurité ayant vocation à offrir une pro-
attaques quantiques pourraient néanmoins être utilisées tection longue durée des informations (jusqu’après 2030).
pour casser des clés de chiffrement symétriques faibles L’archivage à vocation probatoire entre pleinement dans
(SHA-128 voire, dans le futur, SHA-256). cette catégorie et il est de la responsabilité des fournisseurs
Dans le cas de la cryptographie asymétrique (utilisée pour de services d’archivage électronique d’intégrer cette fonc-
le chiffrement des documents ou la signature électronique), tionnalité désormais nécessaire. n
Et si Spotify
devenait LE réseau
social européen
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