Chapitre 2 - La Guerre de Cent Ans

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Chapitre II : Les débuts de la guerre, les premiers désastres

(L’Ecluse, Crécy, Calais) et la peste (1337-1352)

Ce conflit prend des formes neuves. Des éléments jamais vus vont intervenir.
Cette phase va de la déclaration de la guerre à la mort de Philippe VI. A la fin de
son règne, Philippe VI ne remporte plus aucune bataille, il connaît alors de
grandes défaites et surtout l’arrivée de la peste noire.

֍ Les raisons de la guerre


Edouard III a voulu cette guerre et elle sera son moteur jusqu’à sa mort en 1377.
Les motivations font débat :
➔ Certains pensent qu’il ne songeait pas à la couronne de France mais à la
Guyenne : il voulait se soustraire à l’hommage au roi de France. Reprocher
au roi de France d’être illégitime était la seule façon de ne plus lui rendre
hommage…
➔ D’autres disent qu’il voulait obtenir la couronne de France et n’avait pas
d’autre but que de la récupérer.
Selon Edouard III, Philippe VI est un usurpateur, il est le vrai roi. Dans ce cas-là,
le roi d’Angleterre doit être considéré comme félon (rejet du pape, banni) mais il
inverse la situation : il se présente comme étant la victime d’un souverain
illégitime et tyrannique.
Edouard III se considère spolié et veut récupérer son héritage (comme dans les
romans de chevaliers, on pense notamment au roi Arthur) à l’instar de Richard
Cœur de Lion.
Dès que l’on fait de la propagande, c’est à destination des autres, mais celui qui
la créer baigne dedans et devient convaincu par sa propre propagande. Ici,
Edouard III croit à sa légitimité et sa possibilité de gagner.

Au XVe siècle, Henry VI sombre dans la folie quand il comprend que tout est
perdu. La question de légitimité est cruciale, contrairement à avant : il était
question de combats féodaux, pas de légitimité.
La guerre ne se passe pas du tout en Guyenne, tout à lieu au nord de la France car
il y a d’autres enjeux.
Du point de vue français, la guerre n’est pas une mauvaise chose en soi. En effet,
Philippe VI a déjà gagné contre la Flandre au début de son règne. Cette nouvelle
guerre permet de montrer qu’il est toujours un bon chevalier, fort mais elle lui
permet aussi de prélever des impôts aux nobles. Il pense gagner, que le roi
d’Angleterre va lui rendre hommage après sa défaite et que tout va rentrer dans
l’ordre.
Le roi de France ne voit pas que l’enjeu des Anglais est sérieux, qu’il s’agit de la
guerre pour la couronne.

֍ Les échauffements de la pré-guerre


En 1336, on se bat ouvertement. Philippe VI envoie un contingent en Ecosse pour
combattre les Anglais. Ces derniers, apeurés, pensaient que les Français avaient
prévu un débarquement en Angleterre…
En Guyenne, la guerre n’avance pas, on continue les combats féodaux.

Edouard III se prépare réellement à la guerre :


• Il décide ainsi d’interdire l’exportation de la laine pour que les Flamands
se tournent du côté de l’Angleterre. En effet, les Flamands dépendent
d’eux : sans laine, leur économie de draperies ne marche pas. Le chômage
explose alors et les Flamands se retournent contre les Français auxquels ils
sont rattachés et à qui ils payent des impôts.
• Il convoque le Parlement pour obtenir de l’argent : il utilise l’argument de
la machination des Français contre laquelle il souhaite se battre.
• Son plan est stratégique et plus complexe pour trouver des alliés. Il traverse
la mer du Nord pour aller en Flandre, où l’on mobilise le peuple et où l’on
menace la France.
Economiquement, il oblige les grandes villes flamandes à se détourner du roi de
France. Mais politiquement, le Brabant et le Hainaut dépendent du Saint-Empire
romain germanique et non du roi de France. Edouard III va alors donner de
l’argent (une grande partie du trésor anglais) aux princes allemands pour qu’ils
l’écoutent.
Cela bouge dans le nord de l’Europe avec des mouvements fomentés par le roi
d’Angleterre : c’est un conflit international.

֍ Les tentatives d’Edouard III


En 1337, Philippe VI estime que son vassal félon a dépassé les bornes : il
prononce la commise pour lui enlever le duché de Guyenne en signe de
protestation. Les Français lancent des raids en Angleterre.
Mais en octobre, la guerre n’est toujours pas déclarée…
Edouard III revendique officiellement la couronne de France et nomme Jean de
Brabant vicaire du royaume de France. En novembre, il envoie l’évêque de
Lincoln à Paris pour porter au roi des lettres de défis (lettre de mépris, d’insultes)
à Philippe de Valois ‘’qui se dit roi de France’’. Il ne lui rend plus hommage car
Philippe VI n’est pas le roi selon lui.
Froissart dit que Philippe VI a ri de cette lettre : c’est la première fois qu’un roi
anglais va aussi loin.
Les lettres marquent le début du conflit officiellement : c’est la rupture à la
Toussaint.

En hiver, il y a une révolte contre le comte de Flandre, qui soutient le roi de


France. Jacob Van Artevelde, un homme d’une cinquantaine d’années, intelligent,
sage, puissant, hautain, subtile et avec beaucoup de verve chasse le comte. Il est
alors nommé capitaine de Gand pour chasser les Français. Grâce à lui, la laine
revient en Flandre, chassant ainsi le chômage.
En juillet 1338, Edouard III rend visite à Jacob en Flandre, pour lui soutirer de
l’argent et des hommes. Mais Jacob représente les grands artisans qui revendent
les étoffes à la France et ne veut pas déclarer la guerre à ce pays.

Edouard III va alors voir l’empereur allemand -à qui il donne des sous- et le
reconnaît comme vicaire sur la France. En échange, l’empereur lui garantit ses
droits sur la couronne de France.
Mais il ne se passe rien de plus car les Flamands, qui n’aiment ni les Français ni
les Anglais ne veulent pas agir et les Allemands n’ont aucun intérêt à entrer dans
ce conflit. Ils retournent donc à leurs affaires : rien ne se passe, on parle, on promet
mais c’est tout.
Edouard III hésite à s’engager. Il faut attendre la fin de l’été 1339 où le roi
d’Angleterre, sanguin, décide d’attaquer après trois ans d’inaction totale.

֍ La première chevauchée anglaise : un désastre pour les deux camps


En 1339, le trésor anglais est à sec mais fin septembre, Edouard III, alors en
Flandre, décide d’attaquer Cambrai qui est sur son chemin. Mais la ville est bien
défendue, les fortifications sont en bon état. Les Anglais restent devant pendant
une semaine mais les Français menacent et les Anglais décident de s’en aller. Ils
arrivent alors à Péronne dans la Somme mais ils ne parviennent pas à assiéger. Ils
vont en Champagne, mais c’est également un échec. Finalement, un mois après,
Edouard III retourne à Gand. Il a seulement ravagé, brûlé, détruit les villages
durant sa chevauchée.
La chevauchée est la guerre féodale dans toute son horreur. On ne fait pas de
siège : on brûle les campagnes, on tue les paysans, on détruit tous les villages, on
prend les réserves des paysans. Le but est de faire du mal à son ennemi en lui
prouvant qu’il n’est pas capable de protéger ses terres. La guerre n’épargne pas
les civils. Mais pour le roi de France, cette chevauchée et ces exactions ne sont
qu’un désagrément.
Cette chevauchée est sans lendemain, ce n’est qu’une démonstration de force. Il
y a eu une soixantaine de villages brûlés (nombre dérisoire).

Edouard III en tire des leçons : le roi de France a été hésitant, long. Philippe VI
montre qu’il est un roi qui ne peut pas protéger ses sujets. Mais le problème est
qu’Edouard III brûle le pays dont il se réclame être le roi : il ne peut donc pas être
bien accueilli. Il est identifié comme l’ennemi absolu et il est considéré comme
l’envahisseur : ce sont les Anglais coués (petite queue poilue à l’arrière).
Cette chevauchée n’est glorieuse pour aucun des deux rois. Edouard III le sait.

֍ Les provocations d’Edouard III


Le roi d’Angleterre décide en janvier 1340 d’écarteler les armes de France et
d’Angleterre pour montrer qu’il a des droits égaux sur les deux états. Il ne pourra
plus jamais reconnaître le roi de France : la coupure est définitive. Les Français
sont en colère : c’est un crime épouvantable d’un point de vue féodal.
Les successeurs n’y renoncent pas car cela serait reculer.

Un texte de propagande dit qu’Edouard III est le vrai roi de France. Il explique
aussi que les autres rois de France avaient augmenté les impôts, dévalué la
monnaie. Edouard III propose ainsi de diminuer les impôts dans ce manifeste.
Mais après avoir brûlé des villages, sa promesse ne sert à rien, il comprend que ce
manifeste est ridicule et il se retire alors en Angleterre.
Les Anglais utilisent les armes économique et idéologique.

֍ L’Ecluse, la première bataille


Le premier épisode ‘’sérieux’’ se passe sur mer. On s’aperçoit au XIVe siècle que
ce sont les Français qui maîtrisent mieux la mer.
Philippe VI crée le Clos des Galées (chantier naval, arsenal maritime) à Rouen
sur le modèle italien. On établit un bâtiment où l’on construit et entretient des
galères (vient du mot ‘’galée’’) et quelques navires de haute mer.
Il n’y a pas de marine permanente : les bateaux servent à la guerre, sinon pour le
commerce ou la piraterie. En cas de guerre, le roi de France peut mobiliser une
cinquantaine de bateaux. En Angleterre, cela n’est pas aussi développé mais il y
a beaucoup de ports au sud : on peut réquisitionner des navires mais il n’y a pas
non plus de flotte.

Les affaires maritimes ont été confiées à deux hommes qui ont réfléchis à la guerre
sur mer en préparant un document où ils donnent les objectifs de la guerre.
Pour vaincre, il faut mobiliser toute la flotte et désorganiser les lignes maritimes
anglaises (ports, bateaux). On attaque la flotte du vin, les pêcheurs anglais (ils font
le gros de la flotte) et les ports du sud.
En 1337/38, on mène des raids à Portsmouth par exemple.
En 1339, il y a un débarquement (prévu ?). Les troupes restent sur les côtes. Cela
devient une vraie guerre nationale.

Au début de l’été 1340, Edouard III et ses navires sont en route pour la Flandre.
La flotte française, que l’on destinait à l’invasion de l’Angleterre, est détournée
vers les côtes flamandes pour lui couper la route. C’est là que se déroule la
première grande bataille de la guerre, près de l’Ecluse, avant-port de Bruges, le
24 juin 1340.
Pendant que l’armée ravage l’arrière-pays, on bloque l’importation de la laine
anglaise. Mais la flotte d’Edouard III arrive pour débarquer des hommes. Les
Français décident de rester sur place et de faire une épreuve de force, en bloquant
l’accès de Bruges à la flotte anglaise.

Les forces sont équivalentes (environ 250 navires de chaque côté). Du côté
français, 20 000 hommes formés, capables de se battre. Côté anglais, plus de
soldats (12 000 archers, 4 000 hommes d’armes) que de marins.
Leur tactique est considérable : ils enchaînent leurs navires sur trois rangs et
établissent des planches stables pour se battre sur l’eau. Les Français ne peuvent
pas se replier car ils sont près des terres flamandes alors que les Anglais peuvent
faire marche arrière si cela tourne mal. Edouard III organise des navires d’archers,
qui entourent d’autres bateaux. Les Français sont détruits, repoussés malgré de
nombreuses pertes anglaises. Seule une trentaine de bateaux français parviennent
à s’en sortir.
On compte 15 000 morts sur 20 000 du côté français. Ces pertes posent un
problème : il n’y a plus personne pour se battre sur l’eau car ils sont tous morts…
La voie vers la Flandre est ouverte pour les Anglais et la suprématie maritime
française n’est plus.
Les conséquences à long terme sont importantes.

Edouard III tente d’assiéger Tournai pendant 2 mois. Il propose un combat


singulier à Philippe VI dont l’enjeu serait la couronne de France. Philippe VI
propose de mettre en jeu la couronne d’Angleterre, ce qu’Edouard III refuse. Les
Anglais, épuisés, ruinés, qui n’ont pas réussi à tirer parti de leur victoire, signent
une trêve.

En 1341, le roi d’Angleterre revient en Angleterre. Le Parlement refuse de lui


donner de l’argent (cette guerre ne sert à rien). Le roi de France a perdu sa flotte
mais il n’y a pas eu de conséquence sur le domaine royal, il a pris quelques lieux
en Guyenne.

֍ Des tensions en Ecosse, en Bretagne et en Flandre qui se nourrissent


du conflit franco-anglais
Il y a des guerres civiles en Ecosse, en Bretagne ou en Flandre. Ces guerres se
nourrissent des conflits franco-anglais :
• Le roi d’Ecosse Bruce meurt en 1329. Son fils David a cinq ans, on met en
place une régence. Edouard Balliol soutenu par Edouard III, se fait
couronner roi à la mort du régent. Une guerre civile éclate alors. David se
réfugie en France tandis qu’Edouard III combat en Ecosse les rebelles.
• En Bretagne, Jean III meurt en 1341 sans héritier. Une querelle de
succession apparaît entre son demi-frère Jean de Montfort et sa nièce
Jeanne de Penthièvre, dont l’époux Charles de Blois prétendait au titre
ducal. Jean de Montfort a le soutien d’Edouard III tandis que Jeanne de
Penthièvre a le soutien de Philippe VI. Finalement, les Montfort gagnent et
les Bretons sont retirés de l’enjeu politique anglo-français.

La Flandre est quant à elle, dans le chaos. Elle ne prend parti pour personne et des
guerres civiles ont lieu.

֍ La bataille de Crécy (26 août 1346) et la prise de Calais


Entre 1340 et 1345, la paix règne. Fin 1345, Edouard III se sent assez fort pour
reprendre la guerre. Il a tiré des leçons des évènements passés.
La Flandre n’a servi à rien, c’est un bourbier économique et la Guyenne est
toujours menacée. Les Français ont dû diviser leurs troupes entre la Guyenne et
la Flandre.

Il décide de débarquer là où l’on ne l’attend pas : en Normandie. En juillet 1346,


il débarque avec une petite armée (10/12 000 hommes). La Normandie n’a plus
de fortifications, il n’y a pas de troupes. Il brûle Caen, Saint-Lô… et parvient à
facilement avancer. C’est la première grande chevauchée anglaise. Les Anglais
vivent de pillages. Les soldats avancent sur trois colonnes, ils arrivent à Poissy
puis vont jusqu’à Paris (les banlieues sont brûlées). On s’attend à ce qu’Edouard
III attaque Paris, qui n’est pas très bien défendue. Il hésite car il sait que son armée
peut disparaître dans un combat de rues. Finalement, il décide de remonter vers le
nord.
Philippe VI, pendant un mois, est hébété. Personne ne comprend pourquoi il ne
bouge pas. Il décide enfin de réagir quand ils arrivent dans la Somme. Il convoque
le ban et l’arrière-ban et prend l’oriflamme. Il sait que les villes sont fortifiées
dans la Somme et veut acculer les Anglais jusqu’au fleuve pour les noyer. Les
Anglais se retrouvent bloqués par le fleuve mais trouvent un gué.
Philippe VI renonce à la poursuite et va se reposer à Abbeville. Le 25 août,
Edouard III s’installe à Crécy avec des soldats fatigués mais aguerris.
Philippe prend son temps tandis que les Anglais installent des tranchées.
Il y a 30 000 français contre 15 000 Anglais.
Les Français partent d’Abbeville. Quand ils arrivent, le roi de France décide
d’attaquer tout de suite plutôt que de s’installer : il y a un duel d’archerie, des
charges. Le roi de Bohême, aveugle, meurt car il est enchaîné avec d’autres
personnes.
Le combat continue jusqu’à la nuit tombante. Le roi veut continuer de se battre
mais des soldats l’en empêchent. Toute l’aristocratie tombe, le roi, bien que
blessé, parvient à s’enfuir et à échapper au massacre.
Qui va les remplacer ? Le gouvernement est anéanti.

Après la bataille, Edouard III tue tous les prisonniers dans le but d’une politique
d’extermination.
Crécy reste un épisode durable. Elle montre une monstrueuse erreur tactique, la
butte où les Anglais s’étaient positionnés leur a été fatale.
Edouard III continue jusqu’à Calais qu’il veut prendre. Les Anglais restent devant
pendant 11 mois. Le roi construit une ville de bois tout autour (Villeneuve-le-
Hardi). Pendant quelques mois, les habitants reçoivent des ravitaillements par la
mer.
Des troupes sont réunies près de Compiègne en octobre, puis rapidement
licenciées, Philippe VI n’osant plus attaquer après le désastre de Crécy…

Les bourgeois de Calais résistent avant finalement de se rendre le 4 août 1347,


faute d’action de Philippe VI. Six d’entre eux apportent les clefs de la ville à
Edouard III. Ils ont la corde au cou en signe de sacrifice. La reine d’Angleterre se
jette aux pieds de son époux, qui souhaite pendre des habitants et obtient leur
grâce.
La cité est traitée avec une grande rigueur. La population est chassée pour faire
place à un grand remplacement : cela devient une ville anglaise jusqu’en 1558.
C’est le symbole de la France anglaise. Une garnison permanente est établie et de
nouvelles fortifications sont érigées.

En 1346, le roi d’Ecosse est capturé. Un an plus tard, c’est au tour de Charles de
Blois, prétendant au duché de Bretagne.
Une trêve a lieu en septembre 1347 car ces affaires sont présentes. Elle reconnaît
la possession de Calais par les Anglais.

֍ La peste noire
En 1348, la peste s’abat en Europe. On pense que ce sont les résultats d’envoi de
flèches invisibles.
La peste provoque un avant et un après. C’est un réel bouleversement au court
comme au long terme. Cette maladie revient de manière cyclique jusqu’au XVIIIe
siècle.
La peste fait son apparition à Caffa, une colonie génoise fortifiée, sur les bords de
la Mer Noire. Des Mongols assiègent la ville. Pour s’en emparer, ils catapultent
des soldats atteints de la peste, contaminant ainsi toute la cité. (essai de guerre
bactériologique). La résistance continue en face malgré tout.

Les génois qui peuvent prendre la mer envoient trois galères avec des rats infectés,
tout comme les hommes présents à bord. Ils arrivent à Constantinople, en Grèce,
en Sicile et à Gênes où l’entrée leur est interdite puis à Marseille en novembre
1347. La maladie se répand alors très vite partout entre 1347 et 1352 en Europe.
Grâce à la documentation, on suit la progression de la peste : la Provence est
d’abord infectée. Elle suit la côte méditerranéenne, puis longe la vallée du Rhône.
Elle arrive à Bordeaux (transmission par les rats et les puces aux Anglais par le
commerce de vin), et enfin à Paris.
La maladie se propage surtout par les navires. L’Europe est ainsi victime des
performances fluviales, des bateaux qui ont toujours des rats et des puces à bord.

La peste étonne l’Europe car elle a disparu depuis 767. Elle est donc inconnue
quand elle réapparaît. Ainsi, les organismes ne sont plus adaptés depuis plusieurs
siècles. (le microbe s’adapte à l’homme)

Il y a des dizaines de milliers de morts. On compte jusqu’à 500 morts par jour à
Paris et Froissart affirme que le 1/3 du monde est touché mortellement par cette
maladie. Mais les chiffres sont exagérés, parfois plus importants que le nombre
d’habitants, d’où la nécessité d’être prudent avec ces chiffres.

La peste est très importante le long des voies navigables, dans les villes mais peu
dans les campagnes, les montagnes… Il est plus facile de se protéger dans un
village car on y interdit l’accès à tout étranger.

La peste profite du manque d’hygiène. Quand on se lave, (on va dans des étuves)
on ne change pas forcément l’eau à chaque fois : c’est donc un vecteur de la
maladie.
Les plus touchés sont :
• Les villes : l’entassement des ordures et la densité des hommes favorise la
multiplication des rats, puces et la contagion directe.
• Les pauvres : la plupart vit sur un sol de terre battue.
• Les enfants.
La haute aristocratie est moins touchée car elle se confine à la campagne. De plus,
il semble que les demeures solides des élites laisse les rats dehors et le sol pavé
ne favorise pas la nidation des puces.

On estime que sur 20 millions d’habitants, 8 millions sont morts en France, soit
un peu plus du tiers. On estime que la moitié de la population anglaise est morte.

Il existe deux types de peste :


• La peste bubonique : les symptômes sont visibles comme les bubons
(bacille véhiculé par les puces qui piquent). Ils apparaissent à l’aine, aux
aisselles (grosseurs). On est alors pris de forte fièvre, de délires et de
vertiges. On s’en sort dans 30/40% des cas. Autrement, on meurt en une
semaine.
• La peste pulmonaire : le bacille de la salive est tellement violent qu’il se
transmet par les éruptions, la toux. Cela rentre dans les muqueuses, on a
une très forte fièvre (42, 43°C). Dès que cela touche le poumon, on ne peut
pas s’en sortir, on meurt en trois jours.
La peste est arrivée par ces deux formes. On ignore ce qu’est un microbe. Les
astrologues disent qu’il y a une mauvaise conjonction des astres. On s’en prend
aux lépreux, aux juifs et aux Anglais.
C’est peut-être une punition divine ? Mais il ne peut pas s’en prendre à tout le
monde…

La cour de France et d’Angleterre s’en sortent bien. On arrête les combats, la trêve
va jusqu’en 1355. Edouard III ne peut pas profiter de ses avantages.

L’économie souffre aussi, avec une baisse fiscale d’un quart. Les seigneurs
s’effondrent, il y a un appauvrissement dans les campagnes et les villes (il n’y a
plus de main d’œuvre), les prix flambent.
D’un point de vue militaire, il y a aussi des contraintes : on réduit le nombre de
militaires par trois. La guerre se fait par des petits contingents.
Mais cette catastrophe n’ébranle pas les monarchies française et anglaise. Edouard
III veut reprendre vite.
La reine française meurt de la peste et Philippe VI décède en 1350. C’est alors
son fils Jean II le Bon qui lui succède. C’est un bon chevalier qui souhaite
reprendre les combats suite aux défaites.

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