Napo 03

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Bonaparte maître de la France A LA CONQUETE DE L'EUROPE

(les grandes étapes de son règne)


La guerre recommence en 1803. Napoléon songe à
débarquer en Angleterre. Mais celle-ci jette contre la
Le Consulat est une république gouvernée par France successivement les puissances du continent
trois consuls et quatre assemblées ou conseils. Mais et elle écrase la flotte française à Trafalgar (1805).
en fait, Napoléon, Premier consul, réunit presque Napoléon bat les diverses coalitions, Autrichiens,
tous les pouvoirs. II l'emporte sur ses deux collègues; Prussiens et Russes. Pour atteindre l'Angleterre, il
il choisit la majorité des conseillers ; il propose seul défend a tous les États du continent de lui acheter et
les lois. Il nomme, dans les départements et les de lui vendre ; il pense ainsi l'affamer : c'est le
arrondissements, des fonctionnaires qui ont tous blocus continental. Mais l'Angleterre reçoit des
pouvoirs pour administrer en son nom : les préfets et approvisionnements d'Amérique, certains États
les sous-préfets. II signe avec le pape un accord, un n'appliquent pas le blocus, il y a une active
Concordat, qui lui donne le droit de nommer les contrebande. Pour obliger l'Espagne à appliquer le
évêques ; ceux-ci doivent obéir aux lois, soutenir le blocus, Napoléon s'engage dans une guerre
régime. meurtrière de cinq ans, où il subit ses premières
défaites (Baylen 1808).
CHEF DES ARMÉES ET En 1810, l'Empire français compte 130
départements. Le long de ses frontières (v. carte p. 2),
GÉNÉRAL PRESTIGIEUX Napoléon a créé une série d'États vassaux où règnent
ses lieutenants ou ses parents.
Bonaparte vainqueur amène l'Autriche puis En 1810, il épouse la fille de l'empereur
l'Angleterre à signer la paix (1801 et 1806) d'Autriche. En 1811, il a un fils, le roi de Rome. Il se
croit alors le maître tout-puissant de l’Europe.
La France retrouve ses colonies perdues, conserve
la Belgique et les territoires de la rive gauche du
Rhin. Bonaparte apparaît comme un sauveur. En REVERS ET DÉCLIN
1802, il est nommé consul à vie et en 1804 empereur,
sous le nom de Napoléon 1er.
Sur 3'524’254 votants, il y eut seulement 2’579 L'Angleterre n'est toujours pas vaincue. Et la
non. Mais il fallait voter en signant sur un registre... Russie reprend la lutte. La Prusse et l'Autriche
Et deux électeurs sur trois n'étaient pas venus. attendent une occasion de revanche.
La Campagne de Russie (1812) s'achève par une
retraite désastreuse de Moscou en Prusse. La grande
L'EMPIRE : 1804-1814 armée se bat pied à pied au cours de la campagne
d'Allemagne (1813) où elle est vaincue à Leipzig en
Saxe. Enfin, la campagne de France (1814), malgré
Napoléon règne comme un monarque absolu. La plusieurs victoires françaises, conduit les ennemis
police surveille tout, paroles et écrits. L'Université jusqu'à Paris. Napoléon doit capituler, et partir à l'île
impériale forme dans les lycées les cadres militaires d'Elbe pour l'exil que lui ont imposé les Alliés. Le
et civils puisés dans la bourgeoisie. frère de Louis XVI, Louis XVIII, devient roi de France.
C'est la première Restauration.

Les cent jours : mars - juin 1815

L'année suivante, Napoléon s'échappe et débarque


en France près de Nice. On l'accueille avec
enthousiasme. C'est une marche triomphale par Gap,
Grenoble, Lyon et Paris (le vol de l'Aigle). Louis XVIII
s'enfuit. Mais les Alliés reprennent les armes.
L'empereur doit faire face à un contre deux.
La bataille suprême, à Waterloo, près de
Bruxelles, s'achève, malgré l'héroïsme de la Vieille
Garde, par la défaite des Français (18 juin 1815).
Après cet intermède des Cent·Jours, Napoléon doit
abdiquer de nouveau. Les vainqueurs lui imposent
l'exil dans l'île lointaine et malsaine de Sainte-Hélène
où il mourra six ans plus tard. Louis XVIII rentre à
Paris (seconde Restauration). La France est ramenée
à ses frontières de 1790. L'ennemi occupe 58 des
départements, jusqu'à paiement d'une lourde
Grognard de la garde impériale Chasseur à cheval indemnité de guerre.

Documents extraits de Histoire de l’antiquité à nos jours (Delagrave 1971) p. 3


Documents
Les adieux de Fontainebleau
Réfractaires et déserteurs Napoléon part pour l'exil de l'île d'Elbe
Un peu partout, surtout après 1806-1807, Il prend congé de la Garde impériale dans la
de nombreux conscrits refusent de partir. En cour du palais de Fontainebleau. Une scène
1810, on avoue que 160 000 réfractaires ont été célèbre que raconte un témoin :
condamnés. Des désertions se multiplient. Il faut
presque une armée pour en recruter une autre. «  ... Il fait signe qu'il veut parler. Tout le
Les remplaçants, payés 500 francs en 1802, monde se tait et, dans le silence le plus religieux,
s'achètent à 4000 francs. Malgré les mesures on écoute ses dernières paroles : « Soldats de ma
sévères des préfets et de la police, les désertions vieille Garde, je vous fais mes adieux. Depuis
ne font que s'accroître. Voici la lettre d'un maire vingt ans, je vous ai trouvés constamment sur le
au préfet : « Il n'est pas à ma connaissance que, chemin de l'honneur et de la gloire... Vous n'avez
Claude Chanroux, conscrit de 1810 de la cessé d'être des modèles de bravoure et de
commune de Condat, déserteur du 96 e de ligne, fidélité. Avec des hommes tels que vous, notre
ait paru dans ladite commune... Je ne sais pas cause n'était pas perdue; mais la guerre était
du tout où il est et je ne vois aucun moyen de le interminable. C'eût été la guerre civile et la
faire rejoindre. Son père, son oncle, ses cousins France n’en serait devenue que plus
et un étranger ont payé 1’415 francs 30 centimes malheureuse. J'ai donc sacrifié nos intérêts à
de frais de force armée et de colonne mobile. Le ceux de la Patrie. Je pars; vous mes amis,
père a été mis en prison par rapport à son fils. continuez de servir la France...
Tout cela n'a rien produit. Le père est mort Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser
depuis 5 à 6 semaines, la mère est errante, les tous sur mon cœur. Que j'embrasse au moins
parents les plus proches ont quitté la commune. votre drapeau ! »
Si la force armée séjourne encore ici, je me verrai A ces mots, le général Petit, saisissant l'aigle,
forcé de la faire payer par les vingt plus imposés, s'avance. Napoléon reçoit le général dans ses
ce qui les ruinera fort inutilement. Ainsi je vous bras et baise le drapeau. Le silence d'admiration
prie de rayer le plus tôt possible Claude que cette grande scène inspire n’est interrompu
Chanroux de 1a liste des hommes à poursuivre que par les sanglots des soldats. Napoléon dont
vous promettant de faire tout pour découvrir sa l'émotion est visible, reprend : « Adieu, encore
retraite et le faire arrêter si cela est possible. » une fois, mes vieux compagnons ! Que ce dernier
baiser passe dans vos cœurs ! » dit-il, et,
s'arrachant au groupe qui l'entoure, il s'élance
dans la voiture, au fond de laquelle est déjà le
Napoléon refuse une occasion de paix général Bertrand. »
(Entrevue avec le ministre autrichien Metternich, à
Dresde en Saxe, en 1813,)
Baron Fain : « Souvenirs de la campagne de
« …Huit heure durant, Napoléon accable France » Librairie académique Perrin.
Metternich de menaces, d'imprécations, de
reproches amers. « Voulez-vous me dépouiller ? je
ne céderai pas un pouce de terrain, je ne vous
donnerai rien parce que vous ne m'avez pas
battu... J'ai grandi sur les champs de bataille et
un homme comme moi ne se soucie pas de la vie
d'un million d'hommes. » Huit heures durant, ils
se promènent de long en large. « La paix et la
guerre sont entre vos mains, dit Metternich. Le
sort de l'Europe, son avenir et le vôtre dépendent
de vous seul. Aujourd'hui vous pouvez encore
conclure la paix, demain il sera trop tard...; ce ne
sera pas l'Europe qui succombera dans la lutte...;
vous voulez immoler un million d'hommes :
ouvrons les portes et les fenêtres pour que
l'Europe entende ces paroles ! »
Ces exhortations ne font qu'accroître la colère de
Napoléon. Incapable de se dominer, il lance dans
un coin du salon son chapeau que jusqu'alors il
avait tenu à la main. Et Metternich reste
imperturbable, appuyé sur une console, entre les
deux fenêtres : « Vous êtes perdu, Sire, lui dit-il,
avant de prendre congé. j'en avais le Le ministre de l’intérieur présente à Bonaparte
pressentiment en venant ici. Maintenant que je
m'en vais, j'en ai la certitude... » du sucre de betterave (gravure de David)
G. de Grünewald : La vie de Metternich. Calmann-
Lévy, éd. 1939, p. 118 et suivantes.

Documents extraits de Histoire de l’antiquité à nos jours (Delagrave 1971) p. 4

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