Manifeste Des Espèces Compagnes

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Donna Haraway

Manifeste
des espèces compagnes
Chiens, humains
et autres partenaires

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jérôme Hansen


Préface de Vinciane Despret

Climats
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© Donna Haraway, 2003.


© Climats, un département des éditions Flammarion,
Paris, 2018, pour cette nouvelle édition.
Précédemment paru aux Éditions de l'éclat, 2010.
Titre original : The Companion Species Manifesto :
Dogs, People and Significant Otherness,
Prickly Paradigm Press, Chicago, 2003.
ISBN : 9782081451483
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Préface

« Quand je caresse Willem, le voluptueux mon-


tagne des Pyrénées de ma voisine Susan Caudill,
je touche en même temps les loups gris canadiens
et les élégants ours slovènes réhabilités, l'écologie
restaurative internationale 1, les expositions canines
ainsi que les économies pastorales multinationales. »
Donna Haraway écrit cette phrase dans les toutes
dernières lignes de ce livre. J'aurais pu commencer
par en citer d'autres, et j'avoue avoir hésité, peut-
être même avec celle qui tout juste lui précédait :
« Quand la “pure race” Cayenne, le “mélangé”
Roland et moi nous nous touchons, nous incarnons
dans la chair les connexions entre tous les chiens et
les humains qui ont rendu notre contact possible. »

1. Donna Haraway fait ici allusion aux programmes inter-


nationaux de réhabilitation et de restauration d'espaces natu-
rels, et plus précisément à la réintroduction d'espèces autrefois
présentes dans ces territoires comme les ours ou les loups.

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Car l'une et l'autre de ces phrases disent tout aussi


bien, mais différemment, ce que ce livre a de scan-
daleusement révolutionnaire tant dans le champ
académique que dans celui des théories féministes :
s'il parle d'attachements et d'attachements multiples
– ce que, suite notamment au travail de Bruno
Latour, l'on arrive aujourd'hui à trouver académi-
quement convenable –, ces attachements se tissent
avec des CHIENS.
Car ce livre est à propos d'eux, et à partir d'eux,
sans les quitter d'une patte. Non pas le chien symbo-
lique de l'anthropologue – n'espérez pas ce compro-
mis honorable, vous allez en fait avoir affaire aux
plus audacieuses compromissions –, et pas non plus
celui qui mettra à jour des représentations sociales,
des attitudes nouvelles ou un contexte historique,
comme le chien du sociologue ou de l'historien.
Il ne s'agira pas du loup abstrait et polémique de
la meute de Deleuze et Guattari 1 ni du Bobby de

1. Dans un livre ultérieur, Donna Haraway adressera une


vive critique au Mille plateaux de Gilles Deleuze et Félix
Guattari, pour leur mépris affiché à l'égard des animaux
familiers et, plus précisément, leur dédain envers le « mon-
dain et l'ordinaire » et leur absence de curiosité et de respect
vis‑à-vis des « animaux réels », ceux avec qui les gens vivent.
Contre les modèles patriarcaux de filiation (dans lesquels les
auteurs pensent que s'inscrivent les relations « sentimen-
tales », « œdipiennes » et régressives avec les animaux domes-
tiques), ils opposent le schème en quelque sorte sublime de la

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Levinas, celui qui rendit son humanité aux prison-


niers mais qui n'en resta pas moins de l'autre côté de
la frontière qui protège le propre des humains 1, et ni
encore du chien de l'amour inconditionnel. Non,
des chiens qui sont là, ce qui veut dire ici pour quel-
qu'un, Willem, Roland, Cayenne, des chiens que
l'on touche, avec des corps chauds et des truffes
humides, des chiens poilus, vivants, avec des salives
qui se mélangent à celle de Haraway – lisez à cet
égard les premières lignes de son texte, passage
qu'elle qualifiera en riant, dans un de nos entretiens,
de pornographie soft 2.

meute, en l'occurrence celle des loups (When Species Meet,


University of Minnesota Press, 2008, p. 29-30).
1. Toujours dans When Species Meet, Haraway reprend
l'histoire, racontée par Levinas, du chien Bobby qui, en
accueillant les prisonniers juifs à leur retour du travail dans
les camps de concentration, rappela à ces hommes leur
humanité. Toutefois, Levinas ajoutera, écrit Haraway, que
Bobby était le dernier kantien de l'Allemagne nazie, sans
toutefois avoir le cerveau nécessaire pour universaliser les
maximes et les règles, rappelant de ce fait l'exceptionnalisme
humain et reléguant le chien dans la sphère des moins-
qu'humains (p. 311).
2. Entretien avec Donna Haraway en juillet 2010 pour la
préparation du chapitre « En finir avec l'innocence. Dialogue
avec Isabelle Stengers et Donna Haraway », in Elsa Dorlin et
Eva Rodriguez, Penser avec Donna Haraway, PUF, 2012.
Une version presque complète de cette interview sera publiée
en 2019 dans le livre Habiter le trouble. Avec Donna

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Bref des chiens de chair et de sang qui entrent


dans des histoires ou, plus précisément, qui, parce
qu'on les touche, nous conduisent à toucher d'autres
histoires, réactivent une multiplicité de récits dont
ils ne sont ni les narrateurs ni surtout les héros
– Haraway nous a fait passer le goût des grands récits
et des épopées viriles –, si ce n'est cet héroïsme dis-
cret de ceux par qui et avec qui quelque chose se met
à compter autrement, quelque chose fait événement
qui infléchit une vie, une manière de se rapporter à
ce monde, c'est‑à-dire à ceux qui le peuplent. Ce
n'est en fait même pas de l'héroïsme, aussi discret
soit-il, c'est la grâce terriblement infectieuse de cer-
tains attachements.
Et c'est le pari de ce livre, sa prémisse et le sens
de son aventure : si on prend la relation avec les
chiens au sérieux, propose Haraway, nous pour-
rons apprendre « une éthique et une politique qui
soient dévolues à la prolifération de relations avec
des êtres autres qui comptent 1 ». Car, écrit-elle, la

Haraway, sous la direction de Florence Cayemaex, Vinciane


Despret et Julien Pieron, Éditions Dehors.
1. Le terme « significant other » est compliqué à traduire, car
il sonne très mal si on tente d'en garder le sens par la traduction
littérale « autre significatif ». Le traducteur Jérôme Hansen a
choisi d'utiliser « partenaire », ce qui semble pertinent dans la
plupart des cas, mais dans d'autres fait perdre le sens, voire
conduit à un contresens et doit donc être abandonné pour
d'autres formes, moins lisses mais mieux accordées.

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catégorie des espèces compagnes est bien plus


vaste que celle des animaux de compagnie, ne fût-
ce que parce qu'elle inclut le riz, les abeilles, la
flore intestinale, les tulipes… « Vivre avec les ani-
maux, investir leurs histoires et les nôtres, essayer
de dire la vérité au sujet de ces relations, cohabiter
au sein d'une histoire active : voilà la tâche des
espèces compagnes. » Pas de grands récits, donc,
mais des histoires, dont on lira qu'elles sont « sans
queue ni tête 1 », car leur projet est avant tout, dit
Haraway, de mettre des bâtons dans les roues au
projet humain d'écrire seuls cette histoire. Des his-
toires d'amour, bien entendu, mais également des
histoires non-innocentes, des histoires de violence
et d'injustices, de pouvoir, de conflits raciaux et
d'idéologies coloniales, de joies et de grâces, des
histoires qui, écrit-elle, l'aident à imaginer « des
manières positives de vivre conjointement avec

1. Au-delà de son heureux à-propos, cette traduction


française de « shaggy dog stories » qu'utilise Haraway, prise
littéralement, serait presque ironiquement contradictoire à
ce qu'elle décrit – puisque justement ces histoires sont
remarquables par la prolifération de têtes et de queues.
L'origine de l'expression « shaggy dog stories » quant à elle fait
l'objet de débats, mais l'une des plus plausibles l'attribue à
l'éleveur de chiens, journaliste et célèbre auteur américain
d'histoires d'animaux du début du XXe siècle, Albert Payson
Terhune, qui rendit le chien Lad célèbre par les aventures
invraisemblables dont il sortait toujours indemne.

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toutes les espèces avec lesquelles les êtres humains


sont apparus sur cette planète ». Ce sont des his-
toires qui explorent, qui cherchent ou peut-être
même se chargent d'inventer de nouveaux modes
d'attention.
Au cœur de cette recherche-création de modes
d'attention, une expérience joue un rôle crucial,
sous la forme d'une activité encore plus étrangère
au répertoire des sujets académiquement certifiés
honorables, et dont je me réjouirais que le nom
figure un jour dans le Lalande ou autre dictionnaire
prestigieux de la philosophie, entre « Agent » et
« Agnosie », l'Agility 1 – mais il est à craindre que
quelques étapes soient encore nécessaires, ne fût-ce
que celle par laquelle la philosophie accepte enfin
de rompre avec sa fâcheuse adhésion à cette idée
idiote de l'exceptionnalisme humain et avec sa
frayeur des relations incarnées. Expérience cruciale
car ce sport d'agility qui réunit humains et chiens
de talent, ce sport qui engage des « devenir avec »,

1. L'agility est un sport d'équipe chien-humain qui appa-


raît en 1978. Il est en partie inspiré des concours équestres de
sauts d'obstacles mais il renoue également avec les exercices
d'entraînement des chiens de l'armée et les concours de
chiens de travail. Un chien, sous la direction de son maître,
franchit un parcours constitué d'une série d'obstacles, sou-
vent difficiles, comme des haies, des tunnels, des balançoires,
des lignes de douze piquets, des palissades en A…

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c'est‑à-dire des devenir « autre » avec ces « autres très


autres » que sont les êtres d'une autre espèce (et cela
vaut tant pour les humains que pour les chiens)
s'avère constituer un exercice, ou plus justement
une performance, éthique. Il s'agit d'un véritable et
très exigeant apprentissage de la cohérence, du res-
pect et de l'attention. Car ce qu'on y apprend,
outre la joie de ce qui s'y passe et la grâce des réus-
sites, apparaît comme « un moyen de se rendre plus
présent au monde, plus à l'écoute des demandes de
nos partenaires ». Je crois, en passant, que Donna
Haraway apprécierait particulièrement ce qu'un
dresseur canin a dit à l'un de mes amis, Marcos
Matteos Diaz, après une séance de dressage particu-
lièrement désordonnée avec son espiègle border
Baruch : « N'oubliez pas que vous n'êtes pas son
maître, seulement son apprenti. »

J'ai parlé de dimension éthique, la question poli-


tique pourrait alors se poser. Haraway ne l'esquive
pas : « Dans un monde ébranlé par tant de crises
écologiques et politiques urgentes, comment puis-je
y attacher une quelconque importance ? » En quoi
serait-ce politique de s'adonner à des activités
qui mettent en jeu de l'amour, du dévouement et
des désirs d'épanouissement réciproque ? Or, chez
Haraway, éthique et politique ne peuvent être disso-
ciés, ne serait-ce que parce que le respect (dont elle
rappelle que l'étymologie renvoie au fait de rendre le

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regard) 1 engage le fait de répondre, d'être en ce sens


responsable. Et parce que l'amour a des conséquences
et implique des engagements qui peuvent faire une
différence dans la manière dont nous habitons ce
monde avec d'autres êtres, pour peu que l'on cesse
sérieusement d'adhérer à cette autre idée idiote que
nous sommes les seuls habitants « qui comptent »
sur cette terre. Ce type d'acte d'amour qu'engage
l'agility, écrit-elle, « engendre à son tour d'autres
actes d'amour comme celui de se préoccuper et
d'agir dans une succession de mondes émergents ».
Il ne s'agit pas seulement d'apprendre à « s'engager
dans une danse conjointe des êtres qui cultivent le
respect et la réciprocité dans la chair, durant la
course, sur le terrain » mais de se rappeler ensuite
comment étendre cette relation à tous les niveaux
« où se joue la création de mondes plus habitables »,
avec tous les « êtres-autres-qui-comptent ». Façon-
ner des futurs multispécifiques propices à la vie :
sans innocence, mais en s'efforçant de devenir, l'un
avec l'autre, plus responsables, c'est‑à-dire plus
capables de répondre. Le Manifeste, en ce sens, est
un « acte de foi politique ».
Sans innocence : quand Haraway évoque la « pure
race » de berger australien Cayenne ou le « mélangé »
Roland, elle sait ce que ces discours tissent de com-
plicités avec les discours raciaux. Et tout comme elle

1. Voir When Species Meet, op. cit., p. 19.

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sait que leurs ancêtres, « chiens de ranch de l'ouest


américain » ont été impliqués dans une histoire vio-
lente, celle de la ruée vers l'or, celle de la guerre de
Sécession, celle de l'annexion de l'Ouest américain
par les États-Unis. Raconter cette histoire, ne pas
en occulter les pans obscurs, résister à l'amnésie,
inventorier ce qu'elle donne comme héritage et
prendre acte de ses contradictions, habiter le trouble
comme elle le proposera ultérieurement 1, est la
seule façon sérieuse de s'engager à lui donner une
suite, et à lui offrir un futur viable. Cette histoire,
insiste Haraway, elle se doit de la raconter, afin
qu'ils n'en héritent pas dans ce qu'ils font ensemble,
elle et eux : « L'amnésie corrompt le signe et la chair,
et rend l'amour mesquin. Si je raconte l'histoire de
la ruée vers l'or et de la guerre de Sécession, alors
peut-être pourrais-je garder en mémoire les autres
histoires associant les chiens et leurs humains : les
histoires d'immigration, de mondes indigènes, de
travail, d'espoir, d'amour, de jeux et de possibilités
de cohabitation qui apparaissent une fois remis en
question les principes de souveraineté et les nature-
culture écologiques et développementales. »
Le terme « natureculture » est le terme qu'Hara-
way a forgé pour répondre au fait que les termes de
nature et de culture ne peuvent plus constituer des

1. Staying with the trouble. Making kin in the Chthulucene,


Duke University Press, 2016.

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catégories pertinentes, comme ils ne peuvent plus


être des termes antagonistes. En effet, tant les nou-
velles questions de la biologie que les récits que nous
ramène l'anthropologie nous apprennent qu'a perdu
tout son sens l'idée, autrefois si évidente, qu'il y
aurait, bien séparées, une nature et une (ou des)
culture(s). La coévolution des chiens et des humains,
explique Haraway, est un lieu privilégié pour ce type
d'exploration – à condition d'accepter une définition
plus large que celle couramment admise par les biolo-
gistes et dont l'adaptation mutuelle des fleurs et des
insectes constitue l'exemple paradigmatique. Car on
ne peut, souligne-t‑elle, en toute rigueur, attribuer à
la biologie (et donc à la nature) les mutations corpo-
relles et psychiques des chiens, et à la culture celles
des humains, que ce soient les transformations cor-
porelles ou celles de leur mode de vie. Ainsi peut-on
soupçonner que « les génomes humains contiennent
une grande quantité de traces moléculaires laissées
par les pathogènes de leurs espèces compagnes ».
Le Manifeste, écrit-elle, est « une déclaration de
parenté ». C'est important. Donna Haraway se
déclare ici, clairement quoique par des chemins nar-
ratifs sans doute surprenants, héritière de Darwin.
La parenté qu'elle évoque ne se résume pas aux
modes d'adoption ou d'affiliation 1, quoique ceux-ci

1. Comme ses écrits ultérieurs notamment en feront la


proposition avec le « Make kin, not babies » dont la traduction

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importent. Tout le Manifeste peut être lu comme


une extension de ce que peut signifier l'apparente-
ment dans une histoire concrète et matérielle, incar-
née, une histoire qui se crée dans la chair, dans les
cellules, les formes corporelles, les affects, les habi-
tudes incorporées, de tous ceux qui se sont trans-
formés ensemble, l'un par l'autre et avec les autres.
Une histoire qui nous engage à d'autres relations,
d'autres mises en rapport – c'est‑à-dire aussi d'autres
manières de se rapporter à –, d'autres manières de
nous penser dans l'ordre, ou plutôt dans le désordre
du vivant. Une histoire qui ne prend plus la forme
d'un arbre, mais bien celle d'un réseau forgé d'inti-
mités actives, de transformations réussies, d'échan-
ges de propriétés et d'inventions de nouvelles.
Ce que Darwin lui-même nommait : un réseau
inextricable d'affinités.
Voilà donc, et cela vaut à présent même pour
ceux qui n'aimeraient pas les chiens, où Haraway
propose de nous conduire avec de multiples his-
toires qui croisent des êtres et des temporalités
hétérogènes. Des récits de cohabitation qui pour-
raient nous mettre en appétit pour d'autres cohabi-
tations, pour d'autres narrations qui ne seraient pas
seulement les nôtres, seulement humaines, des his-
toires de socialité interspécifiques. Des histoires en

donne le merveilleusement équivoque « Faites des parents,


pas des enfants ».

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