Palmyre (Tadmur SY) @wiki2022fr

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Palmyre

Palmyre (en grec ancien : Παλμύρα / Palmúra) ou Tadmor (en palmyrénien : ; en arabe : ‫ﺗﺪﻣﺮ‬
Site de Palmyre *
/ tadmur) est une ville antique de Syrie, située à proximité d'une oasis du désert de Syrie, à 210 km au nord-
est de Damas et dont les ruines sont adjacentes à la ville moderne de Tadmor. Patrimoine mondial de l'UNESCO

Le site est classé patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1980. Il a été classé « en péril » pendant la guerre
civile syrienne.

Sommaire
Découverte et exploration
Relations de voyages et relevés épigraphiques
Campagnes de fouilles
Histoire Vue générale du site en 2008.
L'origine de Palmyre Coordonnées 34° 33′ 15″ nord,
Palmyre gréco-romaine 38° 16′ 00″ est
L'urbanisme de Palmyre gréco-romaine Pays Syrie
La société palmyrénienne Type Culturel
Le commerce caravanier
Critères (i) (ii) (iv) (http://whc.unesc
Les guerriers de Palmyre o.org/fr/criteres/)
Les dieux de Palmyre Superficie 0,36 ha
Le christianisme à Palmyre Numéro 23 (http://whc.unesco.org/f
La ville islamique d’identification r/list/23)
Développement moderne Zone
États arabes **
Guerre civile syrienne géographique
Terreur djihadiste et destructions archéologiques Année
1980 (4e session)
Reprises successives d’inscription
Classement en
Description du site archéologique 2013
péril
Vestiges de la ville gréco-romaine
Géolocalisation sur la carte : Syrie
Structure générale
Temple de Bêl
Arc triomphal et decumanus à colonnades
Théâtre et agora
Camp de Dioclétien
Autres vestiges urbains
Art funéraire
Culture populaire
Notes et références
Notes
Références
Annexes * Descriptif officiel UNESCO
Bibliographie ** Classification UNESCO
Essais, synthèses et vulgarisation
Urbanisme, monuments, vestiges
Histoire et société
Articles connexes
Liens externes

Découverte et exploration

Relations de voyages et relevés épigraphiques

Au début du XVIIe siècle, la Mésopotamie commence à attirer les voyageurs européens, comme Pietro della Valle, qui évitent les environs de Palmyre, alors
1
occupés par des tribus bédouines hostiles . En 1678, une première expédition de 16 marchands anglais accompagnés de 24 serviteurs, organisée notamment
par l'orientaliste et aumônier de la Levant Company Robert Huntington, tourne mal. L'émir local craint que les curieux ne révèlent leurs positions aux Turcs et
les contraint à partir après le paiement d'une rançon. En 1691, une seconde tentative réussit et le pasteur Wiliam Hallifax témoigne de ces observations dans les
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Philosophical Transactions en 1695 . Au côté des inscriptions grecques, il reproduit des caractères palmyréniens, variante de l'araméen alors indéchiffrable .
2
Palmyre est à l'époque et jusqu'aux premières fouilles d'Herculanum la ville antique la mieux préservée connue .

4
4
Après un voyage de deux ans en 1751-1752, accompagnés des antiquaires John Bouverie et James Dawkins , Robert
Wood publie en 1753 The ruins of Palmyra ; otherwise Tedmor in the desert. Cet ouvrage, regroupant des descriptions
et des dessins des monuments, connaît un succès notable en Europe. À partir de copies d'inscriptions bilingues plus
soignées que celles antérieures, Jean-Jacques Barthélemy déchiffre le palmyrénien et présente le résultat de ses travaux
2, 5
en 1754, devant l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres .
Gravure du Temple de Baalshamin,
Campagnes de fouilles par Robert Wood.

L'étude scientifique du site commence véritablement au début du XXe siècle, avec les campagnes allemandes d'Otto
Puchstein en 1902, de Theodor Wiegand en 1917 et de Daniel Krencker (en) en 1928. Un bilan de ces recherches est publié en 1933, dans lequel la
6, 7
description des monuments, accompagnée de dessins des coupes architecturales et un compte-rendu des restaurations, fait encore autorité .

En 1929, alors que le territoire est sous mandat français, Henri Seyrig, directeur des Antiquités de Syrie et du Liban, initie et supervise la campagne de
8
dégagement et de restauration du temple de Bêl après en avoir expulsé les habitants . Robert Amy, architecte DPLG, s'acquitte de cette tâche de 1935 à 1945,
9
mais s'intéresse également à la refection des Trois Arcs, ainsi qu'à l'étude de la tour d'Elahbel et de l'hypogée Iarhai . De 1933 à 1935, Daniel Schlumberger
10
dégage des sanctuaires de la Palmyrène et étudie le développement urbain de la ville, écrivant par la suite sur sa fiscalité et ses cultes . En 1965 et 1967,
11
Robert du Mesnil du Buisson dirige deux campagnes, dont l'un des buts est de chercher des vestiges antérieurs à l’époque héllenistique . L'étude du matériel
archéologique tiré du sondage du temple de Bêl par cet archéologue révèle une relation privilégiée entre l'oasis de Palmyre et la vallée de l'Oronte au milieu du
12
IIIe millénaire av. J.-C ..

De 1959 à 1966, Kazimierz Michalowski débute les premières campagnes polonaises et découvre des erreurs dans les plans urbains précédemment élaborés.
13 14
Donnant lieu à cinq volumes , les recherches portent notamment sur le temple des Enseignes, principia du camp romain, et ses abords . Anna Sadurska lui
15
succède en 1970, puis Michał Gawlikowski à partir de 1973, dirigeant les fouilles pendant près de 40 ans . En mai 2005, c’est une équipe polonaise qui
fouillait le temple de Lat, où elle a mis au jour une statue de pierre très finement détaillée de Nikè (déesse ailée de la Victoire).

Histoire

L'origine de Palmyre

L’histoire de Palmyre à l’âge du bronze est mal connue : la ville se développe sur un tell qui fut au Ier siècle av. J.-C. recouvert par la terrasse du sanctuaire de
16 17
Bēl . La ville est mentionnée dans les archives de Mari (XVIIIe siècle av. J.-C.) .

Quand les Séleucides prennent le contrôle de la Syrie en 323 av. J.-C., la ville devient indépendante. Mais de la fin du IVe siècle av. J.-C. jusqu'en 41 av. J.-C.,
la situation de la ville ne nous est pas connue.

Palmyre était un point de passage sur une des deux routes (ou pistes) antiques conçues pour faciliter la traversée du désert, menant de Sippar (ou Abu
Habbeh (en)) à Qatna (en Syrie). Cette route se divisait en plusieurs sous-branches pour finalement aboutir aux ports Phéniciens, à Damas, en Palestine, et
18
également en Égypte .

Le ou les auteurs du deuxième livre des Chroniques, dans la Bible, attribuent la construction de Palmyre au roi Salomon : « Il bâtit Thadmor dans le
19 20
désert ». Il s'agit vraisemblablement d'une confusion, volontaire ou non, avec Tamar, au sud du royaume de Juda et mentionnée dans le livre des Rois .

Palmyre gréco-romaine

La ville faisait partie d’un réseau marchand reliant la Syrie à la Mésopotamie et à la côte méditerranéenne. Le nom de Palmyre est mentionné pour la première
fois dans les sources gréco-romaines en 41 av. J.-C., quand Marc Antoine lança ses troupes contre elle, pour leur procurer du butin. En 41 av. J.-C., en effet,
les Romains tentèrent de piller Palmyre, mais échouèrent, les habitants de la ville s’étant réfugiés avec leurs biens de l’autre côté de l’Euphrate. On en déduit
que les Palmyréniens de cette époque étaient encore pour l’essentiel des nomades, vivant de l’élevage et du commerce caravanier.

Intégrée à l’Empire romain sous Tibère, en l'an 19, dans le cadre de la province romaine de Syrie, Palmyre entretint d'étroites relations avec la principauté des
Sampsigéramides qui s'étendait autour d’Aréthuse et d’Émèse, cette dernière constituant le débouché naturel vers la mer pour le commerce de Palmyre. Dans
21
une inscription provenant du temple de Bel à Palmyre, Sampsigéramos II est d'ailleurs désigné comme « roi suprême » . Selon Pline l'Ancien, le territoire de
22 23 a
Palmyre confinait à celui d'Émèse (aussi appelé « l'Émésène » ) . Palmyre atteignit ensuite son apogée sous Hadrien, qui la visita en 129. À cette occasion,
elle prit le titre d’Hadriana Palmyra, épithète qui traduit habituellement une aide matérielle puissante de l'empereur, sans qu'il faille y voir l'octroi juridique
27
d'un statut de cité libre . C’était une ville splendide, qui se développa jusque sous les Sévères. En 212, l’empereur Caracalla promut Palmyre et sa voisine
28
Émèse au statut de colonie romaine . L’armée romaine y entretenait une garnison de soldats auxiliaires dans un camp au nord de la ville.

Au cours de la crise du IIIe siècle, Palmyre échappa aux invasions perses qui ravagèrent la Syrie en 252 et 260.
Après 260, ce fut un notable de Palmyre, Odénat, qui fut chargé par l’empereur Gallien de coordonner la
défense de l’Orient. Quand sa veuve Zénobie tenta de prendre le pouvoir comme impératrice avec son fils
Wahballat, Palmyre se retrouva impliquée un peu malgré elle dans une guerre civile romaine. En 272, vaincue
par Aurélien à Antioche, puis à Émèse, Zénobie se replie avec ses troupes sur Palmyre, où Aurélien vient la
poursuivre. Dans un premier temps, les notables de Palmyre se rallient à Aurélien et chassent Zénobie, qui est
arrêtée. Aurélien laissa à Palmyre une petite garnison et rentra en Italie. À ce moment éclate dans la cité une
révolte qui tente de remettre le pouvoir à Antiochos, père de Zénobie. Aurélien revient sur ses pas, mate la
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révolte, mais ne semble pas avoir exercé de représailles sur la ville. Le sanctuaire d'Hélios fut cependant pillé ;
En jaune, l’Empire de Palmyre vers 260. 30
l’empereur réquisitionna tout le quartier ouest de la ville pour y installer à demeure la Ire Légion illyrienne. .

Au IVe siècle et par la suite, Palmyre n'est plus la prospère cité caravanière d’autrefois. C’est une ville de
garnison, occupée par la Ire Légion illyrienne, étape d’une route militaire reliant la région de Damas à l’Euphrate, la Strata Diocletiana. La partie monumentale
30
de la ville fut protégée par un rempart qui laissait au dehors tout le quartier sud (entre le wadi et la source Efqa), quartier peut-être abandonné à cette date .
er e
Sous Constantin I , les forts de la Strata Diocletiana sont pour la plupart abandonnés, mais Palmyre demeure jusqu’au VI siècle une ville romaine occupée par
l’armée, tandis que la steppe tout autour est occupée par des communautés de moines monophysites et contrôlée par les tribus arabes Ghassanides chrétiennes
et alliées de l’Empire. Des églises furent construites, tandis que d’anciens temples païens comme la cella de Baalshamin ou encore celle du temple de Bêl
furent convertis en églises et décorés de peintures murales.

Sous Justinien au VIe siècle, l’enceinte fut renforcée de tours, et les adductions d’eau furent restaurées. La ville qui, selon Procope de Césarée, « était devenue
depuis longtemps un désert », reçut une nouvelle garnison qui constituait le poste avancé de la Syrie contre les invasions des Perses.

L'urbanisme de Palmyre gréco-romaine

Au temps de son apogée au début du IIIe siècle, la ville de Palmyre était beaucoup plus étendue que l’actuel site
archéologique, pourtant très vaste. La plupart des maisons étaient faites de briques crues, qui n’ont guère laissé de
30
vestiges visibles .

Les vestiges de la Palmyre hellénistique ont été identifiés au sud du wādi. La ville se développa d’abord à
l’emplacement du sanctuaire de Bel puis, quand le grand parvis fut construit au Ier siècle, elle s’étendit entre le
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sanctuaire de Bel et la source Efqa au sud-ouest (là où aujourd’hui il n’y a plus que les jardins de l’oasis) . Autour de
la ville vinrent se fixer des familles arabes d’origine nomade, chacune autour de son sanctuaire tribal, comme celui de
32, 33
Baalshamin ou, tout à l’ouest sur la route d’Émèse, celui d’Al-lat . Au cours du IIe siècle, ces banlieues furent
34 L’ancien decumanus.
intégrées au tissu urbain avec la construction du quartier monumental structuré autour de la grande colonnade .

Pendant cette période prospère, Palmyre était une ville ouverte, dépourvue de remparts. Il existait un mur
(traditionnellement appelé « mur de la douane ») entourant un très vaste secteur tout autour de la ville, mais ce mur de pierres ou de briques crues selon les
secteurs n’avait aucune fonction militaire ou de prestige : c’était une simple limite administrative, un péage municipal pour le paiement des taxes fixées par le
35, 34
texte intitulé « Tarif de Palmyre », promulgué le 18 avril 137 sous l’empereur Hadrien . À la fin du IIIe siècle, un rempart défensif fut construit à la hâte en
réemployant des pierres prélevées sur des monuments funéraires, et ne protégeant que le quartier monumental, tandis que le reste de la ville était sans doute
34
abandonné .

La société palmyrénienne
36
Écrites en grec et en palmyrénien, les très nombreuses inscriptions retrouvées sur place permettent de connaître l’organisation de la cité à l’époque romaine .
Palmyre adopta les institutions grecques : elle était gouvernée par une boulè, assemblée des principaux propriétaires terriens, et un démos (peuple) constitué
des citoyens. Les responsabilités particulières étaient confiées à des magistrats pris dans la boulè, tels que les archontes, renommés stratèges lors l'accession au
37
statut de colonie romaine , ou les agoranomes. Un curateur ou logistès, sorte de contrôleur des finances, était chargé d'apurer les comptes civiques, dès avant
la création de la colonie de Palmyre.

Ces institutions étaient demeurées en place jusqu’au IVe siècle, y compris, semble-t-il, pendant la crise du IIIe siècle, quand Odénat fut salué du titre de resh (en
grec « exarque ») de Palmyre : il dut s’agir d’un commandement militaire. Quant au titre de « Roi des rois » porté plus tard par ce même Odénat, et repris par
38
sa veuve Zénobie et son fils Wahballat, il était purement honorifique en référence aux victoires d'Odénat sur les Perses et n'a pas eu d'impact sur le
39
fonctionnement de la cité, puisque les inscriptions montrent qu’à cette époque, c’est toujours la boulè et le démos qui font les lois .

À côté de ces institutions civiles, les élites de la cité étaient organisées en collèges de prêtres pour le culte rendu aux principaux dieux. Le plus prestigieux de
ces collèges était celui des prêtres de Bel, présidé par le symposiarque (« chef du banquet »).

Les commerçants et les artisans de Palmyre étaient organisés eux aussi en corporations : on connaît celles des corroyeurs, des orfèvres, des tanneurs, des
fabricants de radeaux d’outres (radeaux « pneumatiques » nommés keleks utilisés jusqu’au IXe siècle pour transporter des marchandises qui descendaient
40
l’Euphrate ou le Tigre) . Palmyre a aussi développé une activité florissante de tissage de soie, laine, coton et lin.

Buste funéraire Stèle d'Atenatan Stèle de la « Beauté Dalle funéraire Inscription


d’Aqmat, fille Gurai (mort en 133). de Palmyre » (morte portant une palmyrénienne.
d’Hagagu, Ny Carlsberg vers 200). Ny inscription : « [au Musée du Louvre.
descendant de Glyptothek, Carlsberg mois de] Nisan, l’an
Zebida, descendant Copenhague. Glyptothek, [3]08. Ceci est la
de Ma’an, fin du Copenhague. tombe de Zabdibôl,
e
II siècle, British fils de (...) ’Ataraùri
Museum. des Benê Komrê,
qu’il a faite pour lui
et ses enfants. »
Calcaire, an 4 av. J.-
C. Musée du Louvre.
Provenance :
Palmyre.

Le commerce caravanier

Palmyre fut du Ier siècle au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, prenant le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens.
Palmyre exploitait une route caravanière qui, passant par des caravansérails dans la steppe, gagnait les bords de l’Euphrate et les longeait jusqu’à la région de
Babylone. De là, ces caravanes gagnaient le royaume de Mésène à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Des navires partaient de là pour gagner l’Inde ou
d’autres ports de l’Océan Indien. Au début des années 2000, une équipe de spéléologues belges a retrouvé une tablette
votive laissée par un Palmyrénien nommé Abgar, en 258, sur une grotte de l’île de Socotra, au large de la Somalie et
possession du Hadramawt. Un autre exemple de la présence palmyrène dans ce royaume sudarabique est l'inscription
41
d'ambassadeurs de Palmyre lors de l’intronisation du roi dans les années 210 .

Les caravanes de Palmyre étaient des entreprises saisonnières et annuelles. Les différents marchands s'associaient pour
grouper leurs expéditions, sous la responsabilité d'un « synodiarque » ou « chef de caravane », puissant commerçant
qui prenait en charge une partie des frais. Si des caravansérails ont été identifiés par les archéologues aux sorties de la
ville, c’est au cœur du quartier monumental que se trouvait le centre commercial, une place entourée de boutiques et Route de la soie.
nommée « agora » de Palmyre.

Des communautés de commerçants palmyréniens expatriés étaient installées à demeure dans les différentes étapes de ce réseau commercial. On connaît, grâce
aux inscriptions, l’existence de cette diaspora à Séleucie du Tigre (au sud de l’actuelle Bagdad) au Ier siècle, puis à Ctésiphon (capitale des Parthes, face à
Séleucie), à Vologésias, cité commerciale fondée par les Parthes sans doute non loin du site de Babylone, et surtout à Spasinou Charax (ou Charax de
Mésène), capitale du royaume de Mésène. Là, la communauté palmyrénienne était si implantée et si influente que des Palmyréniens pouvaient y occuper des
fonctions officielles auprès du roi. D’autres Palmyréniens étaient implantés en Égypte sur les bords de la mer Rouge. Enfin, il existait une communauté
palmyrénienne à Rome même, installée au IIe siècle dans le quartier du Trastevere.

Ce trafic caravanier s'est poursuivi jusqu’aux années 260, y compris quand la Mésène et la Mésopotamie étaient sous la domination des Perses Sassanides.
C’est après l’assassinat d’Odénat en 267-268, et la tentative de prise du pouvoir par Zénobie que les caravanes cessent d’être attestées. Beaucoup plus tard au
e
VI siècle, c’est la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prend la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier.

Les marchandises exotiques dont Palmyre faisait ainsi commerce du Ier au IIIe siècle sont mal connues dans le détail. Il est certain qu’il s’agissait pour l’essentiel
de marchandises précieuses, représentant une grande valeur sous un faible volume, comme les tissus de luxe (notamment la soie), les perles, les pierres
précieuses, les épices. Les Palmyréniens eux-mêmes, du moins les plus riches, étaient grands amateurs de ces produits. Les reliefs représentant les riches
Palmyréniens en costume parthe montrent que ces costumes étaient couverts de rangées de perles, qui ne viennent guère à cette époque que de l’Inde ou de
l’île de Ceylan. D’autre part, on a retrouvé dans les tombes de Palmyre des fragments de soieries chinoises du Hunan parfois brodées de dragons, et du
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cachemire d'Afghanistan .

Les guerriers de Palmyre

Pour protéger ces caravanes, les Palmyréniens se faisaient aussi soldats. Le territoire de Palmyre, au nord de la ville, possédait au IIe siècle de véritables haras
dans la steppe où l’on élevait des chevaux, à des fins qui ne pouvaient être que militaires. La ville elle-même avait une garnison de l’armée régulière romaine,
mais les bédouins ou les paysans du territoire de la cité formaient des guerriers montés sur des chevaux ou des chameaux et combattant à la lance ou à l’arc.

Ces guerriers arabes furent enrôlés dans l’armée romaine, surtout à l’époque des Sévères. Certains furent incorporés à l’armée régulière, comme la XXe
cohorte des Palmyréniens, unité de cavalerie qui formait la garnison de Doura Europos, au bord de l’Euphrate, sous Sévère Alexandre. D’autres, servant
comme numeri, troupes informelles commandées par des officiers romains, mais gardant leur équipement traditionnel, furent basés sur les bords du Danube ou
encore, pour des méharistes, dans la province de Numidie (en Algérie actuelle). Il n’est pas douteux que cette cavalerie palmyrénienne ait constitué une grande
43, 44, 45, 46, 47
partie des forces militaires d'Odénat (220 av. J.-C. - 267 av. J.-C.), puis de la reine Zénobie .

Les dieux de Palmyre

Selon Jean Starcky, les Palmyréniens de l’époque hellénistique adoraient une divinité suprême nommée Bôl (« le Seigneur » dans le dialecte araméen de
Palmyre). Très tôt, sous l’influence de Babylone, ce dieu suprême fut désigné comme Bel, forme babylonienne. D’autres dieux lui étaient associés comme
Aglibôl (dont le nom conserve la forme ancienne) et Malakbêl, littéralement « l’Ange (malak) du Seigneur (Bel) ». Ce sont là, semble-t-il, les dieux historiques
de Palmyre.

Avec l’arrivée d’autres Syriens ou de nomades arabes de plus en plus nombreux, d’autres dieux vinrent ajouter leurs sanctuaires à celui de Bel, voire s’y
assimilèrent. C’est ainsi qu’on éleva un temple au dieu solaire syrien Baalshamin (littéralement « le Seigneur (Baal) des Cieux (shamin) »), qui fut assimilé à
Bel.

D’autres Arabes édifièrent à l’ouest de la ville un sanctuaire à la déesse arabe Al-lat, assimilée par les Grecs à Athéna. Dans ce temple, fouillé par les
archéologues polonais, ont été retrouvées deux statues d’Al-lat : la première, du Ier siècle, représente la déesse comme un lion protégeant une gazelle (voir Lion
de Palmyre) ; la seconde, plus récente, est tout simplement une statue en marbre d’Athéna, dans le style de Phidias, importée de Grèce.

Au sud du sanctuaire de Bel se trouvait le sanctuaire de Nébo, un dieu d’origine babylonienne, assimilé par les Grecs à Apollon.

D’autres dieux étaient attestés à Palmyre : Arsou et Azizou, dieux chameliers protecteurs des caravanes, ainsi que le dieu Hammon, d’origine sans doute
égyptienne.

Le culte le plus important était rendu à Bel, le dieu protecteur de la cité. C’est à lui que fut dédié l’immense temple de Bêl, entouré de portiques, orné de
dizaines de statues de bienfaiteurs ayant contribué à le construire. Ce sanctuaire, à peu près contemporain du Temple de Jérusalem bâti par Hérode Ier le
Grand, lui était très comparable, tant pour les dimensions que pour la disposition générale et le style architectural. Sur l’immense parvis ouvert sur la ville par
des propylées entourés de deux tours se trouvaient un bassin, un autel monumental pour les sacrifices, une salle des banquets où se réunissaient les prêtres de
Bel, et surtout la cella monumentale, à laquelle sans doute seuls les prêtres pouvaient accéder. À l’intérieur, deux niches surélevées (l’équivalent du Saint des
Saints) contenaient les statues divines. Concession à l’Empire romain, on y plaça au Ier siècle aussi la statue de Germanicus et de Tibère.

Le dieu était peut-être aussi présent sous la forme d’un bétyle. Une niche, creusée dans le mur extérieur de la cella, abritait sans doute une pierre sacrée à
laquelle les pèlerins pouvaient ainsi accéder, comme celle de la Kaaba de la Mecque. Un bas-relief représente la procession de la pierre sacrée (ou est-ce autre
chose ?), placée sur un chameau dans une qubba fermée par des tentures, et au passage de laquelle les femmes voilent complètement leur visage de manière
rituelle.
La triade La procession du
palmyrénienne : de Bétyle sur un
gauche à droite, le chameau.
dieu de la Lune
Aglibôl, le
« Seigneur des
Cieux »
Baalshamin, et
« l’Ange du
Seigneur » Malakbêl

Le christianisme à Palmyre

Comme dans tout l'Empire, le monde arabe n'échappe pas à la diffusion du christianisme y compris dans la péninsule arabe elle-même : Najran, le royaume
d'Himyar au Yémen jusqu'à la côte orientale de la péninsule sur le Golfe Persique (les sites chrétiens de Al Qusur, Al Kharg, Akkaz, Jubayl, Al Hinnah, Sir
Bani Yas, etc.)[1] (http://mafkf.hypotheses.org/1364). À partir du premier siècle, il se diffuse vers l'est, en Mésopotamie, par la conversion du roi arabe
d'Edesse, Abgar, puis vers le sud en Irak (Al Anbar, Al Hira) sous juridiction de l'Empire perse sassanide. Par la construction de nombreux monastères tout le
long de l'Euphrate, jusqu'à Mossul, l'Église d'Orient s'implante durablement. L'Irak deviendra le centre du christianisme nestorien au Ve siècle par
l'établissement du catholicos de Ctésiphon. Signe de l'implantation du christianisme en Transjordanie et en Syrie, l'évêque de Palmyre est compté dans la liste
de ceux qui participent au concile de Nicée (325).[2] (http://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1953_num_143_2_5964)

La ville islamique

Palmyre fut prise au VIIe siècle par les Musulmans, quand elle ouvrit ses portes en 634 à Khalid ibn al-Walid. Sous les
califes omeyyades, la ville évolue. La construction de boutiques au beau milieu de la grande colonnade transforme
cette artère principale en souk, comme dans les autres villes de Syrie. Les califes firent construire dans la steppe aux
environs de Palmyre des domaines luxueux, comme Bkhara au sud-est (ancien fort romain transformé en château
omeyyade), ou le magnifique palais de Hisham à Qasr el Heyr el Gharbi, à l’ouest de la ville. Palmyre elle-même eut à
souffrir des guerres civiles qui aboutirent à la fin des Omeyyades.

Au temps des Croisades, Palmyre dépend des émirs seldjoukides de Damas, puis passe au pouvoir de l’atabeg bouride
Le château Qalat ibn Maan, construit
Tughtekin, puis de Mohammed fils de Shirkuh, en tant qu’émir de Homs dépendant de Saladin. C'est quand Palmyre
au XVI e siècle.
dépendait des Bourides de Damas qu’en 1132 le chambellan Nasir ad-Din transforme le sanctuaire de Bel en
forteresse. La cella du temple est transformée en mosquée. Au XIIIe siècle, la ville passe sous le contrôle du sultan
mamelouk Baybars (le texte d’un décret de Baybars relatif aux droits de pâturage des habitants de Tadmor a été retrouvé gravé sur le mur est de la cella de
Bel).

La ville fut pillée par Tamerlan en 1401, mais semble s’en être relevée. Au XVe siècle, Ibn Fadlallah al-Omari décrivit Tadmor en vantant ses « vastes jardins, la
prospérité de son commerce et ses curieux monuments ». Au XVIe siècle, Fakhr ed-Din al Maany fait construire un château fort, le Qalat Ibn Maan, sur la
montagne qui domine la ville à l’ouest. À l’époque ottomane, Palmyre décline. Au XVIIe siècle, la ville semblait avoir retrouvé ses dimensions de l’âge du fer :
ce n’est plus qu’un village enfermé dans l’enceinte fortifiée de l’ancien sanctuaire de Bel. Tout le reste a été abandonné.

Développement moderne

Au XIXe siècle, les Ottomans y installent une petite garnison, tandis que les archéologues venus d’Europe et des États-Unis commencent l’étude systématique
des ruines et des inscriptions.

Après la Première Guerre mondiale, la Syrie est occupée par les Français dans le cadre d’un mandat de la Société des Nations. L’armée française implante à
Palmyre une unité de méharistes et construit un terrain d’aviation pour le contrôle aérien de la steppe. Les fouilles archéologiques sont organisées sur une
grande échelle : le village qui occupait le sanctuaire de Bel est détruit et la population relogée dans une ville moderne construite au nord du site archéologique,
tandis que le temple antique est restauré. Le nom de Robert du Mesnil du Buisson, directeur de plusieurs missions archéologiques en Syrie et en Égypte entre
48
1919 et 1939, reste d'ailleurs « attaché à une importante mission archéologique française à Palmyre dont il eut la charge ». Lors de la Seconde Guerre
49
mondiale, Palmyre est prise par les Britanniques le 3 juillet 1941, après une bataille de treize jours contre les troupes françaises du régime de Vichy .

Depuis l’indépendance de la Syrie en 1946, la ville moderne de Tadmor s’est considérablement développée. Le terrain d’aviation est devenu une base militaire,
mais le projet d'en faire un aéroport civil pour développer le tourisme n’a jamais été mené à bien. Sa prison, utilisée par le régime jusqu'en 2015 pour y
enfermer des opposants nationaux et étrangers, est réputée comme l'une des plus inhumaines au monde, en raison des conditions de détention, des actes de
50
torture ou des exécutions sommaires de prisonniers .
51
Le déminage du site, à partir de 2017, a été mené à bien avec le concours de l'armée russe et du Centre international de déminage humanitaire .

Comme dans l’Antiquité, la ville vit de l’agriculture dans l’oasis, de l’élevage bédouin dans la steppe, tandis que les profits autrefois tirés du grand commerce
sont remplacés par les revenus non négligeables du tourisme.

Palmyre à l'époque contemporaine


Occupation par l'armée Enfant bédouin endormi sur un Fauconnier bédouin en 1998. La ville moderne de Tadmor en
britannique pendant la chapiteau de colonne antique. 2010.
campagne de Syrie
(1941).

Guerre civile syrienne

Terreur djihadiste et destructions archéologiques

En mai 2015, Palmyre est le théâtre d'une bataille entre le régime syrien et les djihadistes de l'État islamique. Des
combats ont lieu à seulement un kilomètre des ruines, avant que l'armée n'évacue la ville. La progression de l'État
islamique, qui a déjà produit des destructions volontaires de ruines en Irak, notamment à Nimroud et Hatra fait alors
52, 53, 54
craindre le pire pour le site de Palmyre . Le 21 mai 2015, l'État islamique contrôle la totalité de la cité antique
de Palmyre.

Irina Bokova, directrice-générale de l'UNESCO, appelle les parties en présence en Syrie à « protéger Palmyre et à tout Schéma synthétique de l'offensive
55 de l'EI sur Palmyre en 2015.
mettre en œuvre pour empêcher sa destruction » . Finalement, l'État islamique opte pour un autre registre dans la
provocation vis-à-vis de l’Occident puisque le théâtre antique de la ville sert dans la mise en scène de l'exécution de
56
vingt « prisonniers » . Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins 280 personnes sont exécutées à
57
Palmyre en dix mois . Le 29 mai 2015, Abou Leith al-Saoudi, chef des forces de l'État islamique à Palmyre déclare sur une radio syrienne que les statues
58, 59
seront détruites par les djihadistes, mais que la ville antique sera préservée .

Le 10 juin 2015, les hommes de l'État islamique détruisent plusieurs tombes d'habitants de la ville de Tadmor. Dix jours plus tard, deux mausolées sont détruits
par les djihadistes ; celui de Mohammad Ben Ali, à quatre kilomètres au nord de Palmyre, et un mausolée de Chkaf, celui de Nizar Abou Bahaeddine, vieux
60
de 500 ans et situé dans une oasis, près du site antique . Le 21 juin 2015, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) annonce que les djihadistes de
61
l'État Islamique ont miné le site . Fin juin 2015, les djihadistes détruisent la statue du Lion d'Athéna, pièce unique de trois mètres de haut qui avait été
62
découverte en 1977 par une mission archéologique polonaise . Le 18 août 2015, l'ancien directeur des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Asaad, expert de
63
renommée mondiale du monde antique, est décapité par les hommes de Daech . La destruction de vestiges imposants démarre fin aout 2015 avec le temple
64 65 66 67
de Baalshamin , celui de Bêl , puis sept tours funéraires, dont trois qui étaient particulièrement bien conservées . L'Arc triomphal et un certain nombre
68
de colonnes , vestiges pourtant non reliés au culte, sont détruits en octobre 2015.
69
Le château Qalat ibn Maan est également endommagé entre le 21 et le 24 septembre 2015 par des bombardements du régime syrien .

Aperçu des vestiges avant leur destruction

Le Lion d'Athéna en Le temple de Le temple de Bêl en Tours funéraires de L'arc triomphal en 2010.
2010. Baalshamin en 2010. 2010. Palmyre.

Reprises successives
70
Le 7 mars 2016, les forces syriennes, iraniennes, russes et les milices chiites lancent une offensive pour reprendre Tadmor et Palmyre . Le 25 mars, les
71, 72 73
loyalistes reprennent le château . Le 27 mars, la ville est entièrement reprise . Selon le directeur des antiquités et musées de Syrie (DGAM (en))
74 75
Maamoun Abdelkarim , 80 % des sites archéologiques auraient été épargnés par les djihadistes . Le musée de Palmyre, quant à lui, a été entièrement
76
saccagé par les djihadistes avant leur départ, comme le révèle Annie Sartre-Fauriat, expert de l'UNESCO pour le patrimoine syrien . Selon Michel Al-
Maqdissi, ancien responsable des fouilles et des études archéologiques de Syrie de 2000 à 2012, la reconstruction du Lion d'Athéna et de l'arc triomphal ne
poserait pas de problème, puisque tous les éléments les constituant sont restés presque intactes, prêts à être remontés. Pour les temples de Baalshamin et de Bêl,
77
l'archéologue est plus prudent : les pierres ayant totalement explosé, il considère leur reconstruction comme impossible .

Le 5 mai 2016, un concert intitulé « Prière pour Palmyre, la musique redonne vie aux murs antiques » est donné pour célébrer la libération de la cité antique.
L'orchestre du Mariinsky dirigé par Valeri Guerguiev joue du Bach (chaconne, 2e partita), du Prokofiev et du Chtchedrine, avec la participation du
violoncelliste Roldouguine. L'assistance est de quatre cents personnes, composée d'une délégation de l'UNESCO, de soldats syriens, irakiens et russes, de
78
dignitaires locaux et des habitants des environs. Il est retransmis en direct à la télévision syrienne et à la télévision russe .

Le 1er juin 2016, l'archéologue Hermann Parzinger, président de la Fondation des biens culturels prussiens, la plus grande Fondation culturelle allemande,
79
affirme que des fouilles illégales et des pillages sont commis à Palmyre par des soldats syriens après leur service .

Mais en décembre 2016, l'État islamique mène une nouvelle offensive. Malgré les bombardements de l’aviation russe, l'EI reprend la ville le 11 décembre,
80 81
après trois jours de combats . En janvier 2017, l'État islamique détruit le tétrapyle et endommage la façade du théâtre romain .
82
82
Le site est repris par les loyalistes début mars 2017 .

Vu comme symbole de la résilience et de la diversité de la culture syrienne, le Tétrapyle de Palmyre figure dans les armoiries d'un mouvement
83
intercommunautaire syrien créé par des notables de la société syrienne en 2019 . L'artiste réfugié syrien George Baylouni a pour sa part réalisé en 2012 un
84
tableau (acrylique sur toile - 149 x 100cm) représentant la reine Zénobie ensanglantée. Le peintre ayant perçu dans un éclair visionnaire - trois ans avant le
saccage du site archéologique de Palmyre - un désastre à venir.

Description du site archéologique


Le site archéologique de Palmyre témoigne de l’existence d'« une grande ville qui fut l'un des plus importants foyers culturels
17
du monde antique » : il est qualifié comme d'une « valeur universelle exceptionnelle » par l'UNESCO .

Vestiges de la ville gréco-romaine

Structure générale
1. Camp de Dioclétien (en)
2. Temple funéraire
3. Grande colonnade Vue générale du site.
4. Colonnade de traverse
5. Tetrapyle
6. Agora
7. Temple de Baalshamin
8. Thermes de Dioclétien
9. Théâtre romain
10. Temple de Nabû
11. Temple de Bêl
12. Muraille

Temple de Bêl

L’édifice le plus imposant de Palmyre est le temple de Bēl, qui a pu être décrit comme « le plus important édifice religieux du premier siècle de notre ère au
85
Moyen-Orient » . Le temple principal (détruit par l'État islamique le 28 août 2015) a été consacré en 32 ap. J.-C. et dédié à Bêl, le "seigneur" (auparavant
Bôl), Aglibôl (dieu lune) et Iahribôl (dieu de la source Efqa). Il se dressait au centre d'une vaste cour à portiques d'ordre corinthien à l'intérieur de laquelle se
trouvaient aussi un autel monumental, une salle de banquet, des bassins à ablutions et des chapelles pour les divinités honorées dans le sanctuaire aux côtés des
divinités principales. Le portique ouest et l’entrée (propylée) datent du IIe siècle. Le temple mesure 205 × 210 m. Le temple lui-même était un parfait exemple
architectural de la fusion des cultures de la Mésopotamie (porte sur le long côté, niches aux extrémités de la cella, fenêtres, merlons du toit en terrasse auquel
on accédait par des escaliers) et de l'Occident gréco-romain (péristyle à colonnes cannelées, ordre ionique et corinthien, sculptures du répertoire gréco-romain).

Temple de Bêl

Temple de Bêl : cella, Porte du temple (ouest) Cella du temple de Bêl


colonnes et merlons
(est)

Arc triomphal et decumanus à colonnades

Partant du temple, une rue à colonnades, qui correspond à l’ancien decumanus, conduit au reste de la ville antique. Un arc monumental, datant de Septime
Sévère (début du IIIe siècle) ouvre la voie triomphale et présente de riches décorations. Il a été détruit par les djihadistes de l'EI à l'été 2015. Il demeure assez
peu d'éléments du temple de Nabû, à part son podium, et ce que l’on appelle aujourd’hui les bains de Dioclétien.

La première section des fouilles se termine par un monument en grande partie restauré, appelé tétrapyle (monument à « quatre colonnes »), qui consiste en un
soubassement soutenant quatre ensembles de quatre colonnes (une seule de ces colonnes est d’origine, en granite égyptien). Il a eté détruit par l'État islamique
81
en janvier 2017 .

Arc triomphal
Colonnes et arc Arc triomphal et rue à Arc triomphal et Tétrapyle
triomphal colonnades colonnade

Théâtre et agora
86
Le théâtre présente aujourd'hui neuf rangées de gradins, mais il devait en comporter seize à l’origine, grâce à l’adjonction d’une structure en bois . Il a été
daté du début du Ier siècle de notre ère. Derrière le théâtre se trouve un petit Sénat, où les notables locaux examinaient les lois et les décisions politiques, et ce
que l’on nomme « cour du Tarif », à cause d’une inscription laissant penser à la perception d’un droit de péage coutumier pour les caravanes. À proximité
s’étend la grande agora (48 × 71 m), avec les restes d’une salle de banquet (triclinium). L’entrée de l’agora était décorée de statues de Septime Sévère et de sa
87
famille .

Autres vestiges urbains

Théâtre romain Théâtre romain L'agora Camp de Dioclétien

Camp de Dioclétien
88
Une rue transversale mène au camp de Dioclétien, construit par le gouverneur de Syrie Sosianus Hieroclès , avec le reste de la grande principia centrale
(salle abritant les insignes des légions).

Autres vestiges urbains

Les fouilles ont permis de repérer à Palmyre de grandes maisons à péristyle dans les quartiers nord et nord-est de la ville ; on voit au sud-est de la ville antique
89
les vestiges de luxueuses maisons décorées de mosaïques, comme la « Maison d'Achille », avec ses dix-sept pièces, et celle « de Cassiopée » . Ces
mosaïques, de facture très raffinée, présentent des thèmes de la mythologie grecque : elles ont été réalisées par des artistes originaires d'Antioche, vers la fin du
e 90
III siècle apr. J.-C. .

On voit à proximité les vestiges du temple de la déesse syrienne Al-lat (IIe siècle apr. J.-C.), la porte de Damas et le temple de Baalshamin, érigé en 17
apr. J.-C. et développé plus tard sous le règne d’Odeinat. Un portique menant à la cella présente de notables vestiges. En outre, on peut distinguer un
quatrième temple venant s'insérer au sein de la zone sud-est du wadi. À proximité du temple de Bêl et flanqué de part et d'autre par la Grande Colonnade et la
voie antique principale palmyréenne, le sanctuaire de Nabû se présente comme un complexe religieux de petite taille et de forme trapézoïdale. Il a été fondé au
cours de la seconde moitié du Ier siècle. De par son architecture, le petit temple demeure en tout point typique des canons stylistiques syriens de l'époque
33, 91, 92
hellénistico-romaine .

Temples de Palmyre

Temple de Baalshamin, Temple de Nabû.


détruit en 2015.

Art funéraire
93
En dehors des murs de leur cité, les Palmyréniens construisirent de nombreux monuments funéraires, pour la plupart familiaux . Une partie des vestiges
forme aujourd'hui la « Vallée des tombeaux », nécropole qui s’étend sur une longueur d’un kilomètre, avec une série de grandes structures très richement
décorées. Les tombeaux sont principalement de trois types : tours funéraires de plusieurs étages, hypogées en sous-sol pour les classes moyennes, et temples-
94, 95
tombeaux pour les plus tardifs .
96
Ces tombes ont été creusées ou construites avec des compartiments (« loculi ») où les morts reposaient étendus. Dans l'hypogée des « Trois Frères », le plus
97
beau des tombeaux de Syrie, la riche décoration utilise en particulier la couleur bleue, coloris le plus difficile à obtenir et par conséquent le plus coûteux . Des
stèles calcaires, avec des bustes des défunts revêtus du costume gréco-romain, ou perse, sculptés en haut-relief, scellaient l’ouverture rectangulaire des
compartiments. Ces reliefs, qui représentent la personnalité ou l’âme du défunt, s’intègrent à la décoration murale de la chambre funéraire. Sur le couvercle des
98, 95
sarcophages, le personnage sculpté étendu porte toujours le long pantalon plissé sous la tunique brodée, caractéristiques du costume parthe .
Les stèles qui représentent des scènes de banquets correspondent au tombeau collectif d’une famille plutôt qu’à celui d'un individu. Les tombeaux étaient
94, 95
souvent construits par des frères pour eux-mêmes et leurs descendants mâles .

Art funéraire

Nécropole de Palmyre Tour Entrée de l'hypogée des Le prêtre Hypogée des Deux Marcus,
funéraire Trois Frères, nécropole Zabdila, Frères : intérieur colon à
d'Elahbel sud-ouest. mort en Bérytos,
176. mort vers
Musée du 200. Musée
Louvre. du Louvre.

Culture populaire
99
La ville de Palmyre est le lieu central où se déroule l'aventure de la bande dessinée "Magie de Palmyre ".
100
La ville est aussi le titre d'une chanson du groupe Rome

Notes et références

Notes
a. Daniel Schlumberger découvrit une borne à Qasr el-Heir el-Gharbi en 1936 24, érigée sous Hadrien (117-138) ou l'un de ses
successeurs 25 et portant l'inscription ci-après reproduite :

Fin[es]
inteṛ
Hadriano[s]
Palmyrenos
et
[He]ṃesenos 26

Références
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2. Catherine Saliou, Le Proche-Orient : De Pompée à Muhammad, Ier s. av. J.-C. - VIIe s. apr. J.-C., Belin, coll. « Mondes anciens »,
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l'historien, « La période ottomane », p. 516.
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Society Journal of the History of Science, vol. 70, no 3, septembre 2016, p. 209-320 (ISSN 0035-9149 (https://www.worldcat.org/issn/0035-
9149&lang=fr), DOI 10.1098/rsnr.2015.0059 (https://dx.doi.org/10.1098/rsnr.2015.0059), lire en ligne (https://royalsocietypublishing.org/doi/f
ull/10.1098/rsnr.2015.0059#FN89R), consulté le 5 décembre 2018)
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7. Sartre-Fauriat et Fauriat 2008, p. 25
8. Will Ernest, « Notice sur la vie et les travaux d’Henri Seyrig, membre de l'Académie », Comptes rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 137e année, n°. 2, 1993. pp. 384-394, Lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1993_num_1
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10. Pierre Amandry, « Notice sur la vie et les travaux de M. Daniel Schlumberger, membre de l'Académie », Comptes rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 122e année, no 2, 1978. pp. 482-497, p. 485, Lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/crai_00
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Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
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Articles connexes
Destruction du patrimoine culturel par l'État islamique
Syrie (province romaine)
Adnan Bounni
Temple de Nabû
Temple de Bêl
Temple de Baalshamin
Lion de Palmyre
New Palmyra Project

Liens externes
Notices d'autorité : Fichier d’autorité international virtuel (http://viaf.org/viaf/145438391) ·
Bibliothèque nationale de France (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11945601w) (données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11945601w)) ·
Bibliothèque du Congrès (http://id.loc.gov/authorities/n85334076) · Gemeinsame Normdatei (http://d-nb.info/gnd/4044429-6) ·
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Palmyre. Mission archéologique italo-syrienne de l'université de Milan (http://users.unimi.it/progettopalmira)

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