2-Les Myosites
2-Les Myosites
2-Les Myosites
= MYOSITES
Objectifs
Plan
I. Introduction
II. Epidémiologie
II. Epidémiologie
Il s’agit d’un groupe de maladies auto-immunes systémiques, rares dont
l’incidence estimée est de 5 à 10 cas par million et la prévalence de 50 à 100 cas
par million.
Ces différentes maladies touchent les femmes ou les hommes de 7 à 77 ans.
1. Atteinte musculaire
- La faiblesse musculaire s’installe en général en quelques semaines,
Cependant, le début est parfois aigu ou, à l’inverse, insidieux.
- Le déficit moteur est proximal symétrique et non sélectif avec faiblesse
des extenseurs de la nuque
- Myalgies souvent associées
- Amyotrophie rare et tardive avec myosclérose
- Dysphagie par myosite cricopharyngée : un tiers des cas
- Parfois tableau pseudomyasthénique
À l’opposé, les lésions cutanées peuvent être discrètes, retardées par rapport à
l’apparition des signes musculaires voire exceptionnellement rester absentes
(dermatomyositis sine dermatitis).
Le diagnostic repose alors essentiellement sur la biopsie musculaire.
2. Examens complementaires :
Biologie :
- Enzymes musculaires (CPK –LDH-transaminases-aldolase) sont élevés
- Auto-Ac spécifique :
Ac anti-Mi2 = marqueur très spécifique des DM (20%)
Leur présence est par ailleurs un marqueur de bon pronostic de ces DM
corticosensibles très rarement associés aux cancers
- Syndrome inflammatoire biologique : évident dans les DM.
Electromyogramme (EMG) : syndrome myogène
IRM : détecté l’inflammation et l’involution graisseuse.
3. Biopsie musculaire :
- Examen indispensable pour affirmer le diagnostic
- Certaines anomalies sont communes aux myosites :
Foyers de nécrose –régénération des fibres musculaires
Infiltrats inflammatoires
- D’autres sont spécifiques, reflètent leurs physiopathologie et permettent de les
distingués
- La DM est décrite comme une micro-angiopathie à point de départ endothélial
médiée par le complément conséquence d’une activation du système
immunitaire inné et notamment des cellules dendritiques plasmacitoides CD4+
productrice d’interféron de type 1
- A la nécrose régénération s’associe une triade typique :
-Micro-angiopathie :
-Atrophie péri-fasciculaire :
-Inflammation péri-vasculaire : constituée de lymphocyte B, macrophage,
cellule CD2+, CD8+. Sans invasion des fibres non nécrotiques
4. Dermatomyosite et cancer :
- La DM est de loin la MII la plus associée aux cancers
- Les DM avec Ac anti-Mi2 ont très peu de Kc
- Les DM juvéniles, les DM de chevauchement ne sont pas à risque de Kc
- Le risque est plus élevé dans les 5 ans suivants le diagnostic, avec un pic dans la
1ére année, et au dessus de l’âge de 40 ans
- La PM affecte les adultes de tous les âges, mais exceptionnellement les enfants.
- Sexe : prédominance féminine. 2femmes/1homme
- La PM pure n’affectant que le muscle est une rareté (5-10%) : il faut souligner
que certains auteurs remettent en question l’existence de cette forme
nosologique
- Le plus souvent, il s’agit d’un syndrome de chevauchement
1. Clinique :
Elle n’est pas spécifique, partagée par toutes les MI et un nombre de myopathie à
révélation tardive
Faiblesse musculaire :
- Se développe habituellement sur plusieurs semaines ou mois.
- Le déficit moteur : bilatéral, symétrique, prédomine sur les muscles proximaux.
- L’intensité de la faiblesse musculaire est variable d’un sujet à l’autre, allant
d’une simple gêne fonctionnelle à une paralysie flasque.
- Un déficit distal peut s’observer tardivement dans 25% des cas, il est souvent
discret.
Myalgies : 25-70%. Rarement au 1er plan.
Troubles oesopharyngés : 25-30%
- Résultent de l’atteinte de la musculature striée du pharynx et de la partie
supérieure de l’œsophage.
- Dysphonie, dysphagie voire fausses routes.
- La musculature oculaire est respectée.
Autres signes musculaires :
- Amyotrophie, contractures et hyporéflexie. (Rares au cours des myosites)
- L’abolition des ROT s’observent dans les formes sévères et tardives.
Manifestations articulaires : 15-30%
- Arthralgies : inflammatoires, intéressant surtout les poignets, genoux, épaules,
IPP, MCP.
- Arthrites : exceptionnelles sauf dans le cadre du syndrome des anti-
synthétases.
Atteinte cardiaque : 30-70%
- Anomalies purement électriques (troubles du rythme et/ou de la conduction).
- Rarement : vascularite coronaire, péricardite, prolapsus de la valve mitrale.
- Elle peut être responsable de mort subite.
Atteinte pulmonaire : 15-45%
- Pneumopathie de déglutition : 10-20% (seconde cause de mortalité après les
cancers).
- Pneumopathie interstitielle diffuse : 10-15%
Autres manifestations : exceptionnelles
- Néphropathies glomérulaires.
- Atteinte des muscles lisses du tube digestif : gastroparésie, diarrhée,
constipation
- Rétinopathie ischémique.
- Les signes généraux sont absents ou discrets. Leur présence doit faire suspecter
une forme secondaire.
2. Examens complémentaires :
Bilan standard :
VS : accélérée (modérée).
Hyperleucocytose à PN (inconstante).
CPK : élevé (85%).
Bilan de l’auto-immunité :
AAN : 30-50%. anti-RNP, anti-PM-scl, anti-SSA, anti-SSB.
Ac anti-JO1.
Ac PL7, PL12 (syndrome des antisynthétases).
anti-SRP : dans les formes associées à une myocardite, de pronostic
défavorable
EMG: caractère myogène dans les territoires cliniquement atteints.
Autres :
ECG : recherche une atteinte infra-clinique (troubles de
rythme/conduction).
Echocardio : valvulopathie, cardiomyopathie dilatée, péricardite.
TDM : musculaire. Sur coupes transversales : disparition de la structure
normale avec remplacement du muscle par une densité graisseuse,
amyotrophie.
IRM : Elle peut mettre en évidence des zones inflammatoires musculaires
(hypersignales).
3. Biopsie musculaire :
- La biopsie musculaire est en faveur de phénomènes de cytotoxicité directe des
lym T CD8+ auto réactifs dirigés contre les fibres musculaires
- La biopsie n’est pas spécifique, cependant une triade est caractéristique :
Processus de nécrose –régénération dispersé d’intensité variable
Inflammation endomysiale péri-nécrotique sans topographie vasculaire
constitué de lym T CD8+ et de macrophages entourant les fibres non
nécrotiques
Expression myocytaire diffuse de CMH I
4. Traitement :
Corticoïdes :
-prednisone: 1mg/k/j.
-ces doses doivent être maintenues jusqu’à la régression de l’ensemble des
signes cliniques et la nette diminution des enzymes musculaires.
-associer les mesures hygiéno-diététiques, le traitement vitamino-calcique et
éventuellement un bisphosphonate.
-en cas de rechute : augmenter les CTC.
-les bolus de CTC avec la corticothérapie orale n’ont pas fait leur preuve.
Immunosuppresseurs :
-en seconde intention, en cas d’inefficacité des CTC.
-Azathiprine (Imurel®), Méthotrexate, Cyclophosphamide (Endoxan®) : indiqué
si myosite + pneumopathie interstitielle.
- Ciclosporine (Néoral®) : dans les myosites corticorésistantes.
Immunglobulines intra-veineuses :
-en cures mensuelles. 6 cures, puis dégression.
- 2g/k/cure.
-indication : en alternative aux immunosuppresseurs en cas de leur échec.
-coût élevé.
4- Autres :
-plasmaphérèse.
-irradiation corporelle.
-nouveaux immunosuppresseurs : mycophénolate mofétil, tacrolimus, anti-TNF.
-en cas de troubles de la déglutition : arrêt de l’alimentation orale. Ga vage ou
alimentation parentérale + kiné-ergothérapie.
C. MYOSITE A INCLUSION
Examens complémentaires :
1-CPK : normal ou augmenté mais ˂ 12 × N (habituellement à 3–4 × N)
2-L’EMG : souvent un syndrome myogène
3-L’IRM musculaire : comparativement aux PM/DM, les MI présentent plus
d’atrophie et d’involution graisseuse que d’inflammation, avec notamment une
atteinte assez élective du chef médial des gastrocnémiens
Biopsie musculaire :
- Nécrose/ régénération + infiltrat inflammatoire + vacuoles bordées
- La microscopie électronique permettait de mettre en évidence ces inclusions
tubulo-filamentaires, de 15 à 18 nm de diamètre, dans le cytoplasme, plus
rarement dans les vacuoles ou dans les noyaux et qui correspondent aux
granulations éosinophiles ; Elles permettaient d’affirmer le diagnostic.
Traitement :
- Les MI répondent rarement aux corticoïdes
- Les immunosuppresseurs en particuliers le methotrexate sont inefficaces tout
comme les Ig IV qui peuvent néanmoins apporter un bénéfice transitoire en cas
de troubles de la déglutition.
- Prise en charge des troubles de la déglutition :
Les traitements par corticoïdes ou IgIV peuvent être efficaces, du moins
un temps. . .
Lorsqu’ils sont dépassés, des myotomies crico-pharyngiennes, des
injections de toxine botulique dans le sphincter supérieur de l’œsophage
puis la gastrostomie peuvent être proposées.
- Le maintien d’une activité physique (exercice doux à modéré) améliore la
maladie.
D. Myosite de chevauchement
C’est la forme la plus fréquente des MII (65 à 70 % des cas) caractérisée par
l’association d’une DM ou d’une PM et de signes cliniques extra-musculaires
et/ou la présence d’auto-anticorps.
Références bibliographiques
1. Dalakas MC. Inflammatory myopathies: update on diagnosis, pathogenesis and
therapies, and COVID-19-related implications. ACTA MYOLOGICA 2020; XXXIX: p. 289-
301. Doi: 10.36185/2532-1900-032
2. Serraj K et al. Les myopathies inflammatoires : actualité s et donné e s d’inté r ê t pour le
praticien. mt 2019 ; 25 (2) : 114-117. doi :10.1684/met.2019.0763
3. Collège des Enseignants de Neurologie