Guide Pratique Assm Communication
Guide Pratique Assm Communication
Guide Pratique Assm Communication
dans la médecine au
quotidien
Un guide pratique
Éditrice
Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM)
Maison des Académies, Laupenstrasse 7, CH-3001 Bern
[email protected], www.assm.ch
Conception et photos
Howald Biberstein, Basel
Traduction
Dominique Nickel, Bern
Impression
Gremper AG, Basel
1ère édition 2013 (1000 f, 4000 a)
2e édition 2019 (800 f, 2500 a)
3e édition inchangée 2022 (400 f)
Copyright: ©2022 Académie Suisse des Sciences Médicales. Ceci est une publication
Open Access, distribuée sous les termes de la licence Creative Commons Attribution
(http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/). Le contenu de cette publication peut
donc être utilisé, distribué et reproduit sous toute forme sans restriction, à condition
que l’auteur et la source soient cités de manière adéquate.
DOI: doi.org/10.5281/zenodo.7148494
membre des
La communication dans
la médecine au quotidien
Un guide pratique
0. AVANT-PROPOS 5
1. BASES DE LA COMMUNICATION 8
1.1. Théories et modèles 9
1.2. Objectifs de la communication 11
1.3. Perception et structure de la situation de communication 13
1.4. Communication non verbale et paraverbale 17
1.5. Documentation de l’entretien 20
2. TECHNIQUES D’ENTRETIEN 22
2.1. Définition du cadre temporel et des thèmes 22
2.2. Techniques de communication ARRR 22
2.3. Gestion des émotions – le modèle NURSE 25
2.4. Transmission d’informations 26
2.5. Gérer des représentations divergentes 30
2.6. Prise de décision 32
5. ANNEXE 78
Avant-propos
L’entretien entre le médecin et le patient constitue le fondement d’une bonne
prise en charge. Les patients veulent être entendus quand il s’agit de diagnosti-
quer et, le cas échéant, de traiter leurs plaintes. Ce constat n’est certes pas nou-
veau, mais il n’en reste pas moins actuel. Au début des années 70, des experts
ont, pour la première fois, analysé des entretiens entre médecins et patients et
observé que la communication était pauvre et largement inadéquate. Les méde-
cins interrompaient fréquemment le récit des patients après moins d’une minute,
passant ainsi quelquefois à côté d’informations importantes sur leur état. Certains
patients ne comprenaient pas les informations communiquées par leur médecin
et lorsqu’ils quittaient le cabinet, ne savaient ni ce que leur médecin venait de
leur expliquer, ni ce qu’ils devaient faire.
5
Cette asymétrie est aujourd’hui réduite et, ces dernières années, le patient a gagné
en importance. Toutefois, la plupart du temps, la relation entre le médecin et
le patient reste asymétrique, car le patient consulte le médecin en vue de gué-
rir et de nombreux patients sont reconnaissants au médecin de leur indiquer ce
qu’ils doivent faire. Néanmoins, le patient est de plus en plus écouté et ses sou-
haits sont davantage respectés. Sa volonté tend à prédominer sur son bien-être. Il
devient un client et le médecin un prestataire de services. L’entretien idéal prend
aujourd’hui la forme d’une discussion dont le contenu et le déroulement sont
contrôlés simultanément par le médecin et le patient. Le médecin et le patient
se relaient pour mener cette discussion.
Ces dernières années, Internet a, par ailleurs, facilité l’accès aux informations médi
cales. Toujours plus de patients s’informent, avant une consultation, des diffé-
rents spécialistes, hôpitaux, possibilités diagnostiques, thérapies, etc. Les patients
échangent leurs expériences liées à l’utilisation de certains médicaments et à leurs
effets secondaires sur les blogs. Fréquemment, ils choisissent leur médecin via
Google et le contactent par e-mail. Cependant, les informations disponibles sur
internet sont souvent de qualité insuffisante et ne peuvent remplacer l’entretien
avec le médecin, car seul le contact direct permet de contextualiser correctement
les informations et de prendre les bonnes décisions.
Beaucoup de choses ont changé depuis les années 70; par exemple, la commu-
nication occupe à présent une plus grande place dans les études de médecine.
Pourtant, certaines études révèlent que les déficits constatés à l’époque subsistent.
Et il semble que dans les années à venir, le système de santé suisse ne soit guère
apte à combler ces insuffisances. La rationalisation est prioritaire et la durée des
traitements diminue.
Ce guide pratique vise à aider les médecins à analyser et améliorer les entretiens
avec leurs patients. Il tient compte des défis que rencontre actuellement le sys-
tème de santé suisse et tente de montrer, à l’aide d’exemples, comment combler
les insuffisances.
6
7
CHAPITRE 1
Bases de la communication
La communication est omniprésente. Nous communiquons en permanence les
uns avec les autres et avons, de ce fait, l’impression d’avoir des connaissances
suffisantes dans ce domaine. Néanmoins, l’écart entre l’expérience quotidienne
et le savoir est particulièrement important quand il s’agit de communication.
8
La communication devient interaction dès que l’on interprète ce que l’on a en-
tendu, vu ou écrit et qu’une réponse est possible, comme c’est par exemple le cas
dans un entretien entre un médecin et son patient. «Je ne comprends ce que j’ai
dit que lorsqu’on m’a répondu», déclarait Norbert Wiener (1894 – 1964), mathé-
maticien et père fondateur de la cybernétique. L’interaction ou la communica-
tion entre individus ne peut être considérée comme un transfert unilatéral, mé-
canique et stable d’informations, car nous sélectionnons les informations issues
de notre environnement selon des critères et des valeurs qui nous sont propres
et les assimilons activement avant et pendant que nous y réagissons. La com-
munication entre individus est donc un échange actif – qu’elle soit verbale ou
non verbale.
Littérature
Nünning A., Zierold M.: Kommunikationskompetenzen. 4. Auflage. Klett, Stuttgart 2011.
Six U., Gleich U., Gimmler R. (Hrsg.): Kommunikationspsychologie.
Beltz Psychologie Verlags Union, Weinheim 2007.
Ces théories peuvent être distinguées en deux catégories: d’une part les théories
qui considèrent la communication comme un processus d’échange entre A et B
et, d’autre part, celles qui envisagent la communication comme un processus qui
engage les différents protagonistes dans un mouvement commun où la partici-
pation individuelle n’est que difficilement identifiable.
9
révélation de soi (ce que j’exprime sur moi-même), le niveau relationnel (ce que
je pense de toi et comment nous nous situons l’un par rapport à l’autre), l’appel
(ce que j’attends de toi) et le contenu.
Les théories qui se centrent non pas sur l’interaction immédiate, mais sur le cli-
mat entre les partenaires, sont beaucoup moins connues. Ce «quelque chose»,
difficilement descriptible, est souvent défini par la notion de relation: il s’agit du
climat de confiance pouvant s’installer entre des individus. Un exemple type de
tels phénomènes est le sentiment d’être suffisamment informé, une impression
qui émerge habituellement après un certain temps lors d’un entretien informa-
tif entre le médecin et le patient. Sur quoi se fonde ce sentiment qui amène le
patient à déclarer: «Merci, je crois savoir maintenant de quoi il s’agit. Je suis d’accord
pour l’intervention, je vous fais confiance.» Pareilles affirmations ne reposent sur
10
aucune preuve statistique, dans le sens que le patient ne sait pas quel pourcentage
du savoir du médecin lui est transmis; elles ne reposent que sur le sentiment que
«c’est suffisant maintenant». Il existe un phénomène d’accord similaire, sans jus-
tification précise, au niveau temporel: lors d’une visite chez un malade ou d’un
entretien, il arrive un moment où émerge le sentiment qu’il est temps de partir.
Littérature
Schulz von Thun F.: Miteinander reden 1 – Störungen und Klärungen.
Rowohlt Taschenbuchverlag, Reinbek bei Hamburg 1981.
Watzlawick P., Beavin J., Jackson D.: Menschliche Kommunikation.
Formen, Störungen, Paradoxien. Huber-Verlag, Bern 2000.
D’autres modèles préfèrent se focaliser sur des niveaux supérieurs. Leurs objectifs
sont adaptés en conséquence (par ex. le modèle de Lazare, Putnam, & Lipkin, 1995):
1. Développer, entretenir et conclure une relation;
2. Identifier la nature du problème et en contrôler l’évolution;
3. Transmettre des informations au patient et établir un plan thérapeutique.
La comparaison de ces deux modèles montre que les objectifs sont définis à des
niveaux tout à fait différents. Le premier objectif, «recueillir des informations»,
peut être vérifié par l’observation du comportement du médecin, qui est en
mesure d’effectuer une anamnèse plus ou moins complète. Le troisième objectif
du modèle de Bird et Cohen-Cole peut aussi être vérifié en observant le compor-
tement du médecin, à condition que le patient exprime son ressenti de manière
directe ou indirecte. Dans le modèle de Lazare et al. la signification de la relation
entre le médecin et le patient est mise en relief. Cette relation pourrait théorique-
ment être décrite en se basant sur la perspective des deux partenaires de l’interac-
tion; ce modèle ne définit pas de critères à remplir pour qu’un entretien entre le
médecin et son patient puisse être considéré comme réussi.
11
Toutefois, en y regardant de plus près, des objectifs qui, à première vue, semblent
simples – tels que la transmission d’informations –, se révèlent être des tâches
complexes: lorsqu’une information est transmise dans le but de renseigner le
patient, la boucle doit être bouclée à la fin de l’entretien: le médecin vérifie ce
que le patient a compris. Le même principe est applicable à la phase de trans-
mission de l’information: la transmission de l’information est réussie quand elle
est comprise comme un processus récursif (transmission, attente de la réaction,
transmission, attendre de la réaction).
Cette brève discussion montre à quel point il est difficile de définir des objectifs
généraux pour la communication entre le médecin et le patient, car – après une
analyse détaillée – ceux-ci s’avèrent souvent être des tâches complexes qui sont
loin d’être adaptées à toutes les consultations.
Une étude, publiée en 1998 par Kinmonth et al., portant sur l’impact d’une for-
mation en communication centrée sur les patients, destinée à des médecins et
des médecins-assistants, montre combien il serait important de s’entendre sur
les objectifs visés. Si le but d’une consultation médicale est d’atteindre la meil-
leure satisfaction possible du patient, cette étude a été un succès: les patients du
groupe d’intervention étaient clairement plus satisfaits. Si, par contre, l’objectif
est défini comme étant la qualité du contrôle du diabète et la prise en compte
des connaissances des patients sur leur propre maladie, la communication cen-
trée sur le patient, du moins telle qu’elle est comprise dans ce travail, a aggravé
l’état des patients.
Littérature
de Haes H., Bensing J.: Endpoints in medical communication research, proposing a
framework of functions and outcomes. Patient Educ Couns. 2009; 74: 287 – 94.
Bird J., Cohen-Cole S.A.: The three-function model of the medical interview.
An educational device. Adv Psychosom Med. 1990; 20: 65 – 88.
Lazare A. et al. Three Functions of the Medical Interview. In: Lipkin M.; Lazare A.;
Putnam S.M. (Hrsg.): The Medical Interview: Clinical Care, Teaching and Research.
Springer-Verlag, New York 1995, S. 3 – 19.
Miller W., Rose G.: Toward a Theory of Motivational Interviewing. Am Psychol.
2009; 64: 527 – 37
Kinmonth A.L. et al.: Randomised controlled trial of patient centred care of diabetes in
general practice: impact on current wellbeing and future disease risk. BMJ. 1998; 317: 1202 – 8.
12
1.3. Perception et structure de la situation
de communication
13
Eviter les frustrations
Dans ce contexte, la notion de dissonance cognitive est importante. Elle désigne
un état de tension interne respectivement un sentiment de frustration qui émerge
lorsque les interlocuteurs sont confrontés à des informations contradictoires au
cours du processus de communication. Selon la théorie de Festinger, l’individu
a une forte tendance à éviter les éléments cognitifs incompatibles, c’est-à-dire à
réduire la dissonance cognitive vécue. L’intensité de la tension ou de la motiva-
tion visant à réduire la dissonance dépend de l’intensité de la dissonance vécue.
Ainsi, il est possible qu’un patient tente d’éviter la discussion avec son méde-
cin pour s’épargner un état de tension déterminé: par exemple, si un patient est
convaincu d’avoir posé (lui-même) le bon diagnostic sur sa souffrance, il oppo-
sera une grande résistance à ses proches qui le pressent de se laisser examiner par
un médecin.
Les êtres humains s’efforcent de construire une image de la réalité aussi consis-
tante et cohérente que possible, c’est-à-dire qu’ils cherchent des conditions qui
confortent leurs hypothèses.
Pour faire face aux éventuelles dissonances cognitives, l’être humain a le choix
entre différents comportements. Dans ces situations, les comportements décrits
ci-dessous dépendent d’éléments tels que la sûreté, l’attitude face aux change-
ments etc.:
– Les attitudes et constructions antérieures sont modifiées.
– Le message de l’interlocuteur est ignoré, rejeté ou rapidement oublié.
– L’individu cherche des informations supplémentaires pour asseoir
son attitude.
– Il juge son interlocuteur comme une source d’informations négligeable ou
incompétente.
– Il cherche activement une confirmation sociale de son point de vue.
En conséquence, les attentes dirigent les événements. Les attentes déçues, en par-
ticulier, révèlent ce qui était véritablement attendu: si, en tant que patient, nous
nous rendons pour la première fois chez un médecin en supposant d’avance que
nous serons bien accueillis, mais qu’à la place nous sommes reçus par une assis-
tante stressée et un médecin surchargé qui n’accorde que peu de temps à la dis-
cussion, nous allons prendre conscience de nos attentes; en effet, nous prenons
(très souvent) conscience de nos attentes lorsque celles-ci ne sont pas satisfaites.
14
De plus, les attentes influencent la perception: ainsi, un patient qui s’attend à
un diagnostic précis de la part du médecin se focalisera sur les propos qui corres-
pondent à ses attentes. Ou si un médecin lit une publication scientifique avec des
attentes précises – par exemple en vue de confirmer ses préoccupations d’expert –,
les passages du texte qui correspondent à ses attentes lui sauteront aux yeux.
La communication harmonieuse
Dans certaines situations de communication, il arrive qu’une personne se sente
mal à l’aise ou incomprise tout en sachant qu’elle a été comprise; pareilles situa-
tions ne peuvent être qualifiées de communication réussie. Une telle dissension
peut survenir lorsque l’on «fonctionne» dans une situation, mais que les senti-
ments sont simulés.
Dans son célèbre carré de communication, Schulz von Thun (1998) a élaboré le
concept d’harmonie, qui considère qu’une communication réussie n’est pas seu-
lement liée au niveau de savoir, mais également à d’autres niveaux de commu-
nication. D’après ce concept, une communication est harmonieuse lorsqu’elle
est adaptée à la personne et à la situation, c’est-à-dire lorsque les interlocuteurs
ont le sentiment de gérer correctement la situation tout en pouvant rester «eux-
mêmes». Schulz von Thun présente ces deux dimensions dans un schéma mon-
trant les quatre variantes d’une communication plus ou moins réussie:
à la situation
à moi-même
Les quatre aspects de la communication harmonieuse selon Schulz von Thun, 1998.
15
Schulz von Thun distingue trois cas de communication non harmonieuse (1998):
Littérature
Frindte W.: Einführung in die Kommunikationspsychologie. Beltz-Verlag, Weinheim 2001.
Bierbrauer G.: Sozialpsychologie. Verlag W. Kohlhammer, Stuttgart 2005.
Bierhoff H.W.: Einführung in die Sozialpsychologie. Beltz-Verlag, Weinheim 2002.
Festinger L.: A Theory of Cognitive Dissonance. Stanford University Press, Stanford 1957.
Zimbardo P.: Psychology – Core Concepts. Allyn & Bacon Publishing, Boston 2005.
Nünning A., Zierold M.: Kommunikationskompetenzen. Klett-Verlag, Stuttgart 2011.
Schulz von Thun F.: Miteinander reden 3 – Das «innere Team» und situationsgerechte
Kommunikation. Rowohlt, Reinbek 1998.
16
1.4. Communication non verbale et paraverbale
Une patiente arrive très en retard à son rendez-vous et justifie son retard en recou-
rant à une explication perçue comme boiteuse par le médecin qui contient sa
colère. Verbalement, il banalise la situation et lui assure que son retard ne pose
pas problème, mais en même temps, sa mimique ainsi que sa gestuelle reflètent
clairement sa contrariété. Pendant tout le temps de la consultation, la commu-
nication est tendue et les interlocuteurs se sentent mal à l’aise.
Les éléments non verbaux, tels que la gestuelle, la mimique, le regard, la posture,
etc., mais également les phénomènes paraverbaux, tels que le registre vocal, le
rythme ou le volume, révèlent l’état émotionnel et l’attitude face à autrui, ils sou-
tiennent et illustrent le discours.
En résumé:
– Plus la communication verbale est limitée, plus une place importante est
accordée à la communication non verbale.
– Lorsque l’expression non verbale ne correspond pas à l’expression verbale,
c’est-à-dire lorsque la mimique ou le registre vocal ne transmettent pas
la même chose que les mots, ces deux niveaux de communication sont en
décalage.
– Les interprétations sont variables – ainsi, un individu n’est pas déterminé
et ne se laisse pas définir de manière fiable par sa communication non
verbale.
17
qu’un changement d’interlocuteur est de mise. La posture, par contre, renseigne
sur l’apparence globale et montre, par exemple, si la personne s’intéresse ou non
à son interlocuteur.
Pourtant, là aussi, la perception subjective joue un rôle: pour les uns, une très
courte pause représente déjà une invitation ou une possibilité de donner une
réponse ou d’exposer son point de vue; d’autres, par contre, ont besoin d’une
pause plus longue et d’une certaine «dose» de silence pour participer à la dis-
cussion. Il est donc possible qu’une patiente ait besoin de plus de temps ou de
silence pour se lancer et parler, même si la durée de ce silence semble inhabituel-
lement longue au médecin.
18
La signification des pauses diverge, en outre, d’une culture à l’autre.
En revanche, au Japon, souvent le rire n’est pas l’expression de la joie, mais plu-
tôt de l’embarras, ce qui peut se révéler irritant pour les non-initiés. Le contact
visuel direct avec un interlocuteur répond également à des règles divergentes:
dans la culture occidentale, il est «convenable» de soutenir le regard de son inter-
locuteur, une attitude très mal vue dans d’autres cultures – ainsi, le seul homme
qu’une femme du Proche-Orient a le droit de regarder directement dans les yeux
est son mari.
Littérature
Argyle M.: Körpersprache und Kommunikation. Junfermann, Paderborn 2005.
Heringer H. J.: Interkulturelle Kommunikation. Grundlagen und Konzepte. Francke,
Tübingen und Basel 2010.
Ekman P.: Gefühle lesen – Wie Sie Emotionen erkennen und richtig interpretieren.
Spektrum Akademischer Verlag, München 2004.
Maletzke G.: Interkulturelle Kommunikation: zur Interaktion zwischen Menschen
verschiedener Kulturen. Westdeutscher Verlag, Opladen 1996.
19
1.5. Documentation de l’entretien
La documentation de l’entretien est un aspect souvent négligé, mais néanmoins
important, dans la rencontre professionnelle entre le médecin et le patient. Elle
est particulièrement importante dans les policliniques ou dans le domaine ambu-
latoire, où les fréquents changements de médecins traitants ne permettent pas
d’assurer une prise en charge continue par le même soignant. De ce fait, la
transmission d’informations par écrit revêt une importance majeure. A l’heure
actuelle, il n’existe qu’une seule étude montrant quelle part d’une consultation
est reportée dans le dossier médical.
Littérature
Langewitz W.A., Loeb Y., Nubling M., Hunziker S.: From patient talk to physician notes – Comparing
the content of medical interviews with medical records in a sample of outpatients in Internal Medicine.
Patient Educ Couns. 2009; 76: 336 – 40.
20
21
CHAPITRE 2
Techniques d’entretien
La principale difficulté liée à la phase d’attente réside dans le fait d’évaluer com-
bien de temps peut durer une pause sans que le silence ne devienne pesant. En
règle générale, les pauses qui durent jusqu’à trois secondes ne sont pas ressenties
comme dérangeantes. Pour que la pause ou l’attente soit interprétée comme une
invitation, l’attention du médecin doit être dirigée vers le patient; cette attention
se manifeste principalement par le contact visuel.
22
Mais la pause remplit encore d’autres fonctions rhétoriques qui ont également
leur importance dans la communication entre le médecin et le patient. La pre-
mière fonction de l’attente est l’invitation: elle offre au patient la possibilité de
prendre le temps de réfléchir à ce qu’il souhaite ajouter ou à la manière dont il
pourait formuler ses préoccupations. Cette fonction vaut aussi pour le méde-
cin lorsqu’il fait une pause après que le patient ait formulé des propos inatten-
dus ou particulièrement saisissants et qu’il lui faut assimiler ce qu’il a entendu.
Si le médecin fait part de ses impressions, il devra veiller à ne pas donner trop de
place à sa propre consternation afin que le patient puisse poursuivre son récit.
Les deux fonctions suivantes sont tirées de la boite à outil rhétorique: les pauses
permettent de souligner certains propos, en mettant en évidence des propos
exprimés précédemment ou ultérieurement. L’absence de telles pauses est parti-
culièrement frappante quand le médecin veut faire preuve d’empathie avec une
phrase comme par exemple: «Je peux aisément comprendre à quel point cela vous per-
turbe.» Quand après une telle remarque, le thème suivant est abordé sans temps
de pause («J’aimerais encore savoir comment vous supportez les nouvelles pilules»), sa
portée empathique est réduite.
Dans la phase de répétition, les propos exprimés par la patiente sont simplement
répétés; cette phase intervient uniquement lorsque le flux de paroles est hésitant
et doit être relancé:
La patiente: «Eh bien, alors mon mari a pensé que je pourrais vous demander
si ça peut venir du cœur.»
La patiente: «Oui, chez lui ses problèmes cardiaques ont débuté de façon tout à fait
similaire. Lui aussi avait toujours cette sensation de froid dans la mâchoire inférieure
et une pression au niveau de la poitrine et ensuite, il a été victime d’un infarctus.»
23
Dans la phase de reformulation, le médecin répète ce qu’il a entendu ou compris
des propos de la patiente. Cela implique concrètement que le médecin ne refor-
mule que le contenu du discours du patient.
Le médecin: «Et maintenant, vous êtes inquiète que cela puisse être quelque
chose de grave...?» [Refléter l’émotion; nommer l’émotion]
La patiente: «Oui, et de plus, lorsque ma mère avait environ mon âge, au milieu de
la cinquantaine, elle a été victime d’une crise cardiaque soudaine et inattendue
pendant ses vacances à Majorque; ils sont alors rentrés très vite et les médecins lui
ont dit qu’elle avait eu beaucoup de chance.»
Il s’agit d’une des techniques permettant d’«ouvrir l’espace», étant donné qu’elle
est utilisée pour permettre à la patiente de s’exprimer plus facilement. Elle ne
constitue pas une évaluation finale. Toutefois cette différence n’est pas toujours
aisément identifiable dans la transcription des entretiens. Elle résulte avant tout
de la modulation de la voix: l’intonation descend à la fin d’une phrase déclara-
tive et a tendance à remonter (ton interrogatif) lors d’une reformulation tenant
lieu d’invitation.
24
2.3. Gestion des émotions – le modèle NURSE
Cet acronyme dissimule cinq techniques pouvant se révéler utiles pour gérer les
émotions d’une patiente:
Une fois l’émotion exprimée, il s’agit pour le médecin d’évaluer s’il l’a bien com-
prise. Si tel est le cas, l’Understanding constitue alors une intervention tout à fait
salutaire où le médecin montre de façon prototypique toute son estime pour le
patient et son vécu.
Tout particulièrement dans les cas où des patients relatent des situations de vie
difficiles, il est toujours possible de valoriser les efforts qu’ils déploient pour s’en
sortir. L’interaction type qui suit montre comment le médecin manifeste du res-
pect à l’égard du patient (Respecting):
La patiente a perdu son mari il y a six mois, elle est triste et pleure lorsqu’elle
évoque cette perte. Elle raconte ensuite qu’elle a commencé un cours de langue à
l’université populaire, car elle envisage de faire un séjour en Andalousie avec son
amie dans quelques mois. Elle conclut par la remarque suivante:
La médecin: «Cette période est certainement très difficile pour vous. [exprimer
l’émotion]. Mais je trouve formidable que vous ayez pris l’initiative d’apprendre une
nouvelle langue.»
25
La dernière technique est l’investigation des sentiments: Exploring. Cette inves-
tigation est particulièrement conseillée lorsque le médecin ne connaît pas l’état
émotionnel de sa patiente. Il perçoit qu’il y a quelque chose, mais ne dispose pas
d’assez d’informations ou ne perçoit pas son état émotionnel de manière assez
précise pour nommer les émotions de celle-ci (Naming: reformulation).
26
Il est recommandé de structurer ce processus: à l’instar du contenu d’un livre qui
est présenté en différentes parties (titre, table des matières, titres des chapitres,
texte, annexes), l’information – même quand elle est transmise oralement – doit
être structurée.
Pause.
27
Il reste à mentionner un dernier point: les médecins vérifient très rarement ce
que les patients ont compris. Les travaux de Schillinger D. et al., révèlent que sur
124 nouvelles informations transmises, les médecins vérifient seulement si 15
d’entre elles ont été bien comprises par les patients. Parmi ces 15 informations,
8 d’entre elles ont été correctement comprises et 7 ne l’ont pas été (les patients
n’avaient pas saisi le message du médecin).
Le «Blaming myself», illustré par l’exemple suivant, est l’un des moyens de véri-
fier si les informations transmises ont été bien comprises:
A: «Je trouve qu’il est difficile de bien expliquer cette intervention. Je ne sais pas
si je vais y parvenir. C’est pourquoi ce serait bien que vous me disiez de temps
en temps ce que vous avez compris de mes explications. Et si ce n’est pas correct,
il faudra que j’essaie de mieux l’expliquer.»
Littérature
Armstrong K. et al.: Using survival curve comparisons to inform patient decision making
can a practice exercise improve understanding? J Gen Intern Med. 2001; 16: 482 – 5.
Doak C.C., Doak L.G., Friedell G.H., Meade C.D.: Improving Comprehension for Cancer
Patients with Low Literacy Skills: Strategies for Clinicians. CA Cancer J Clin. 1998; 48: 151 – 62.
Cohn E., Larson E.: Improving participant comprehension in the informed consent process.
J Nurs Scholarsh. 2007; 39: 273 – 80.
Edwards A.G. et al: Personalized risk communication for informed decision making about
taking screening tests. Cochrane library 2008.
Schillinger D. et al.: Closing the Loop – Physician Communication With Diabetic Patients
Who Have Low Health Literacy. Arch Intern Med. 2003; 163: 83 – 90.
Turner P., Williams C.: Informed consent: patients listen and read, but what information
do they retain? N Z Med J. 2002; 115: 218 – 25.
Watson P.W., McKinstry B.: A systematic review of interventions to improve recall of
medical advice in healthcare consultations. J R Soc Med. 2009; 102: 235 – 43.
van der Meulen N. et al.: Interventions to improve recall of medical information in cancer
patients: a systematic review of the literature. Psycho-Oncology. 2008; 17: 857 – 68.
28
29
2.5. Gérer des représentations divergentes
Il est plutôt rare que le patient et le médecin aient la même représentation de la
maladie et de son traitement. Quand la plupart de leurs représentations sont par-
tagées, celles qui ne le sont pas ne posent pas problème. Toutefois, si les représen-
tations du médecin et de son patient divergent trop, il peut s’avérer impossible
d’établir un diagnostic et de proposer un traitement adéquat.
Y penser et aborder la question Souvent le médecin n’a pas conscience du fait que
le patient a une conception de sa maladie différente de la sienne. Il est rare que
les patients évoquent spontanément leurs représentations et ils peuvent se com-
porter d’une façon qui irrite le médecin.
«J’apprécie que vous parliez aussi ouvertement avec moi de votre difficulté à prendre
des médicaments et que vous m’expliquiez les raisons...»
30
Expliquer la dysfonctionnalité des représentations et présenter la conception médi-
cale Après avoir discuté des représentations du patient, il s’agit d’aborder de façon
directe et non moralisatrice les aspects dysfonctionnels des représentations du
patient.
Exemple: «Je peux comprendre que vous ne voulez pas prendre de médicaments
inutiles. Mais si vous ne prenez que la moitié de la dose prescrite, vous n’aurez pas
la moitié de l’effet souhaité, mais aucun effet.»
Négocier (nécessite du temps) Il est souvent plus facile de discuter quand le méde
cin connaît les représentations du patient.
Exemple: «Je peux comprendre que vous ne voulez pas prendre de médicaments
inutiles. Vous pourriez vous en passer en modifiant vos habitudes de vie.»
Pause.
Le patient: «Ok.»
Le médecin: «Il n’est pas toujours facile de changer ses habitudes. Etes-vous
d’accord de faire un essai?»
Littérature
Leventhal H., Brissette I., Leventhal E.A: The common-sense model of self-regulation of health and
illness. In: Cameron L.D., Leventhal H. (Hrsg.). The Self-Regulation of Health and Illness Behaviour.
Routledge, London 2003, S. 42 – 65.
Miller W.R., Rollnick S.: Motivational interviewing: Preparing people to change addictive behavior.
Guilford Press, New York 1991.
31
2.6. Prise de décision
La nature de la prise de décision (partagée ou non) dépend de l’objet de la déci-
sion. Le consentement du patient est toujours indispensable.
Les exemples suivants diffèrent les uns des autres au niveau du risque et de la certi
tude et impliquent une prise de décision partagée ou non:
– Patient aux urgences avec une balle dans le ventre: risque élevé, certitude
élevée quant aux mesures à adopter ➞ pas de décision partagée.
Quelles sont les différentes options? Voir 3.4. Parler de décisions difficiles.
Quels sont les avantages et inconvénients des différentes options? Voir 3.4. Discu-
ter des décisions difficiles.
Quelles sont les préférences du patient? Les préférences du patient peuvent se révé-
ler très divergentes au moment de la prise de décision; elles sont susceptibles de
changer au fil du temps et suivant la décision à prendre. Ces préférences sont
globalement de trois types:
32
– Le patient décide lui-même
«Je ne veux pas prendre de décision aujourd’hui. Je veux encore l’avis de
votre collègue, comme seconde opinion.»
Il est difficile pour les médecins – malgré leurs évaluations – de déterminer les pré-
férences de leurs patients dans la prise de décision. C’est pourquoi il est impor-
tant de leur poser la question:
Le processus d’information peut être adapté, abrégé ou allongé suivant les pré-
férences.
(Quelle est la préférence du médecin?) Cette question est mise entre parenthèse,
car l’investigation de la préférence du médecin ne fait pas «officiellement» par-
tie de la prise de décision partagée; elle revêt toutefois une grande importance
pour le patient.
Exemple: «Docteur, supposons que votre épouse soit dans la même situation que
moi, quelle option lui conseilleriez-vous?» Le médecin présentera ses préférences
par rapport à la situation et à ses convictions personnelles.
Littérature
Shaw D., Elger B.S.: Evidence-based persuasion: an ethical imperative. JAMA. 2013; 309(16):
1689 – 90.
33
34
CHAPITRE 3
Lorsqu’il s’agit d’élaborer des hypothèses, les questions ciblées sont dépourvues
de sens, car l’objectif n’est pas connu. Il convient d’ouvrir au patient un espace
de narration, en utilisant par exemple la technique AAAR décrite sous 2.2. En
revanche, lorsqu’il s’agit de vérifier des hypothèses, il est pertinent de poser des
questions ciblées, tenant compte du degré de précision ou d’incertitude des hypo-
thèses de travail.
Exemples:
«Vos problèmes respiratoires se sont-ils aggravés ces derniers temps?» Cette question
vise plutôt la dégradation de la fonction cardiaque ou pulmonaire.
«N’avez-vous plus pris régulièrement vos diurétiques ces derniers temps?»: cette ques-
tion porte spécifiquement sur un problème lié à l’observance de la thérapie.
35
Les relations suivies dans le cadre de la médecine de famille ou de séjours hospita-
liers prolongés posent un problème particulier, car les médecins tendent à croire
qu’ils savent ce qu’ils peuvent attendre du patient. Chaque entretien consacré
à la discussion de nouveaux résultats devrait être considéré comme un premier
entretien, car il se peut que le patient montre un nouvel aspect de lui-même –
à condition qu’il ait la possibilité de le faire et n’en soit pas empêché par le soi-
gnant dès le début de l’entretien.
3.2. Anamnèse
La description qui suit concerne les situations dans lesquelles au moins 15 minutes
sont consacrées au recueil de l’anamnèse. Dans les autres situations ou en pré-
sence d’un tableau clinique aigu, le médecin peut se limiter aux questions des
rubriques «Souffrance actuelle» et «Anamnèse spécifique» et à des questions
des rubriques «Auto-anamnèse» ou «Anamnèse par système» dans la mesure où
elles sont susceptibles d’influencer le diagnostic ou le traitement d’urgence (par
exemple allergies, intolérances, médication actuelle).
Souffrances actuelles
Pourquoi le patient se rend-il chez le médecin/à l’hôpital? Lorsque le problème
n’est pas immédiatement visible (comme par exemple une plaie saignante):
Lorsque le patient laisse la parole au médecin, celui-ci fait part de son point de
vue dès qu’il a identifié le fil conducteur du récit du patient et qu’il est en mesure
de formuler une hypothèse de travail.
– Annoncer qu’il prend la direction de l’entretien (structure)
– Le cas échéant, résumer avec une première information au sujet des
hypothèses médicales
36
– Décrire en détail les symptômes avec les questions suivantes:
– Temps Première apparition des symptômes: moment, durée,
déroulement?
– Lieu À quel endroit les symptômes sont-ils les plus marqués, diffusion?
– Caractéristiques Comment pouvez-vous les décrire? Quelle est leur
intensité? Symptômes concomitants?
– Facteurs d’influence Quels sont les facteurs susceptibles d’aggraver ou,
à l’inverse, de soulager les symptômes?
Anamnèse spécifique
Les indications dans ce paragraphe répondent aux questions suivantes:
– Le patient a-t-il déjà contracté une maladie similaire? Comment a-t-elle été
traitée?
– Si le patient fournit des indications spécifiques à une maladie, poser des
questions ciblées.
– Employer des techniques d’entretien permettant aux patients de fournir des
informations précises (questions ciblées, questions fermées).
Anamnèse familiale
– Y a-t-il des tableaux cliniques similaires dans la famille?
– Y a-t-il dans la famille des prédispositions héréditaires à certaines
maladies (par exemple hypertension, dépression, diabète de type II,
maladies tumorales)?
37
– Dans cette phase, il est important de structurer; le patient doit savoir
pourquoi le médecin s’intéresse à son histoire familiale et jusqu’où
il souhaite être informé
– Une majorité de questions ciblées et fermées
Anamnèse sociale
– Dans quelles conditions sociales ce patient vit-il?
– Comment gère-t-il sa maladie au quotidien?
– En l’absence d’indications spécifiques, par exemple sur des maladies profes-
sionnelles, (comme des allergies de contact, des troubles du sommeil liés au
travail en équipes), il s’agit d’ouvrir un espace au patient en centrant la
communication sur lui; dans le cas contraire, poser des questions ciblées.
– A la fin de l’anamnèse complète, il importe de résumer et d’informer le pa-
tient des hypothèses de travail et des prochaines étapes du diagnostic et du
traitement.
38
On peut toutefois se demander si un modèle aussi complexe est transposable à
la pratique clinique quotidienne. Tout particulièrement le deuxième point, Per-
ception, est discutable («Avez-vous une idée de ce dont nous allons discuter ensemble
aujourd’hui?»), car il pourrait tourmenter inutilement le patient. Il peut être per-
tinent de recueillir au préalable les attentes et les craintes du patient, lorsque,
par exemple, l’oncologue ignore si le patient sait que la discussion va porter sur
un résultat d’analyse critique.
La manière de procéder qui suit tient davantage compte de la réalité clinique; elle
inclut également les techniques de base de la communication s’agissant de struc-
turer l’entretien, de transmettre des informations et de gérer les émotions. L’acro-
nyme BAD décrit cette procédure: B pour Breaking bad news, A pour Acknowledge
patient’s reactions, et D pour Develop plans for the near future. Chacune de ces trois
étapes concerne des points précis:
Que sait le patient? Dans les cas où le médecin intervient pour la première fois en
tant que spécialiste, il est conseillé de demander au patient: «Pouvez-vous me dire
brièvement ce que vous savez de votre maladie?» avant d’annoncer la mauvaise nou-
velle. Les connaissances qu’ont les patients de leur maladie ne correspondent pas
toujours à ce que les collègues croient.
Annoncer «Je suis désolé ...». L’annonce permet de focaliser l’attention du patient
sur ce qui va suivre. Parfois le patient anticipe la mauvaise nouvelle: «La tumeur
est revenue?»
KISS: Keep It Short and Simple La plupart des mauvaises nouvelles peuvent être
annoncées brièvement et avec simplicité. Les médecins qui parlent beaucoup et
utilisent un langage compliqué, satisfont davantage leurs propres besoins que
ceux des patients.
Attendre Après l’annonce d’une mauvaise nouvelle, il importe de faire une pause
pour permettre au patient de réagir et d’exprimer ses besoins immédiats. Ce
moment est souvent difficile à supporter pour les médecins.
39
Acknowledge patient’s reactions
En fonction de la réaction du patient, le médecin répondra plutôt à ses émotions
ou à son besoin d’informations.
Pour gérer les émotions, la technique NURSE est recommandée (voir 2.3.).
Puis-je compléter la mauvaise nouvelle par une bonne nouvelle? Exemple: «Les
traitements que je vous propose sont très invasifs, mais notre but est de vous guérir»
Littérature
Tulsky J.A.: Efficacy of communication skills training for giving bad news and discussing
transitions to palliative care. Arch Intern Med. 2007; 167(5): 453 – 60.
Buckman R.A.: Breaking bad news: the S-P-I-K-E-S strategy. Community Oncology. 2005;
2(2): 138 – 42.
Fallowfield L., Jenkins V.: Communicating sad, bad, and difficult news in medicine.
Lancet. 2004; 363: 312 – 9.
Hale E.D., Treharne G.J., Kitas G.D.: The common-sense model of self-regulation of health
and illness: how can we use it to understand and respond to our patients’ needs?
Rheumatology. 2007; 46(6): 904 – 6.
Phillips L.A., Leventhal H., Leventhal E.A.: Physicians’ communication of the common-sense
self-regulation model results in greater reported adherence than physicians’ use of
interpersonal skills. British Journal of Health Psychology. 2012; 17(2): 244 – 57.
Scholl I. et al.: Development and psychometric properties of the Shared Decision Making
Questionnaire – physician version (SDM-Q-Doc). Patient Educ Couns. 2012; 88(2): 284 – 90.
Whitney S.N., McGuire A.L., McCullough L.B.: A typology of shared decision making,
informed consent, and simple consent. Ann Intern Med. 2004; 140(1): 54 – 9.
40
3.4. Discuter des décisions difficiles
Pour le malade, l’entretien portant sur des décisions difficiles, par exemple sur
l’organisation de la dernière phase de la vie, doit présenter les trois caractéris-
tiques suivantes: le malade a besoin de compréhension pour sa situation, son
autonomie doit être encouragée et il doit bénéficier d’informations compréhen-
sibles. La priorité est souvent donnée à la transmission d’informations aussi com-
plètes que possible, même au détriment d’autres aspects, ne serait-ce que pour des
raisons légales (voir 3.11.); le patient est alors submergé d’informations. Cepen-
dant, du point de vue de l’éthique, les deux premiers aspects revêtent au moins
autant d’importance; leur répercussion est discutée ci-après.
Dans l’idéal, une décision est prise en connaissance de cause et après évaluation
de ses conséquences, donc sur la base d’informations adéquates et sur leur éva-
luation rationnelle par une ou plusieurs personnes (voir 2.4.). Une décision équi-
table repose – toujours dans l’idéal – sur un équilibre entre les intérêts des diffé-
rents protagonistes. Une décision authentique doit correspondre au projet de vie
du patient, c’est-à-dire à ses valeurs, ses objectifs et ses convictions – notamment
lorsqu’elle a une portée et une signification existentielles (comme c’est le cas de
nombreuses décisions médicales).
Il peut arriver que les valeurs (éthiques) ne soient pas conciliables; de réels conflits
de principes émergent alors. Le fait de dire la vérité à un patient gravement
malade constitue un exemple typique. Quelquefois le médecin ne peut pas dire
la vérité sans décevoir les attentes irréalistes du patient. Les études d’éthique cli-
nique montrent que de telles situations soulèvent les plus gros problèmes chez
les médecins, les patients et les proches.
La question de l’équité se pose dès lors que les décisions médicales ne concernent
pas uniquement le patient, mais également ses proches, qui peuvent être tou-
chés du point de vue existentiel comme le malade lui-même. L’allocation des res-
sources au sein du système de santé est également une question d’équité.
Les décisions sont authentiques lorsqu’elles prennent en compte les valeurs per-
sonnelles de la personne concernée. Ces décisions nécessitent un examen détaillé
des objectifs, lesquels peuvent, le cas échéant, se révéler contradictoires. Ceci sup-
pose également le respect du projet de vie du patient.
41
42
En plus de ces quatre principes, il importe – au plan éthique – de changer systéma-
tiquement de perspectives dans les entretiens concernant des décisions difficiles.
Jusqu’alors, l’éthique médicale traditionnelle était trop concentrée sur la rela-
tion médecin-patient et négligeait les relations avec les autres intervenants: soi-
gnants, thérapeutes, assistants et travailleurs sociaux, bénévoles etc. Leur point de
vue doit être entendu au même titre que celui des proches du patient. Il n’est pas
seulement question d’individus, mais également de systèmes: équipes, structures
coopérant à la prise en charge des patients, mais aussi famille, proches, réseaux
sociaux du malade. Vient ensuite, dans la hiérarchie du système, la perspective
de l’institution: les groupes professionnels et leurs règles ou codes; l’assurance
du patient etc. jusqu’au système de santé (national) avec sa propre législation.
La médecine fait partie de la société et véhicule ses valeurs et normes. Les convic-
tions religieuses et politiques jouent, elles aussi, un rôle, tant dans l’optique des
patients que des soignants.
43
Le changement systématique de perspective permet de développer des perspec-
tives éthiques qui ne se basent pas sur un destin individuel ou une vision limitée.
Sont prises en compte les multiples combinaisons des différentes valeurs chez les
individus, au sein des familles et dans le contexte social global.
Littérature
Beauchamp T.L., Childress J.F.: Principles of Biomedical Ethics (6th Edition).
Oxford University Press, New York, Oxford 2008.
Hauke D., Reiter-Theil S., Hoster E., Hiddemann W., Winkler E.C.: The roles of patient
relatives in decisions to limit life-prolonging treatment in patients with end stage
malignant disorders: informants, advocates or surrogates of patient preferences?
Annals of Oncology. 2011; 22 (12): 2667 – 74.
Reiter-Theil S.: Klinische Ethikkonsultation – eine methodische Orientierung zur
ethischen Beratung am Krankenbett. Schweiz Ärztezeitung. 2005; 86: 346 – 51.
Reiter-Theil S., Mertz M.: Was ist ein moralisches Problem – Medizinethik? In: Zichy M.,
Ostheimer J., Grimm H. (Hrsg.): Was ist ein moralisches Problem. Zur Frage des Gegenstands
angewandter Ethik. Verlag Karl Alber, Freiburg und München 2012. S. 293 – 321.
Winkler E.C. et al.: Patient involvement in decisions to limit treatment: the crucial role of
agreement between physician and patient. J Clinical Oncology. 2009; 27(13): 2225 – 30.
44
La violence domestique dans la prise en charge médicale
Les victimes de violence domestique font fréquemment appel au système médi-
cal en raison de leurs blessures physiques. Toutefois, il arrive souvent que le sou-
tien psychosocial nécessaire à leur protection à long terme – à côté de la prise
en charge médico-somatique – fasse défaut. Ce soutien psychosocial comprend
en principe:
– la protection du droit élémentaire à l’intégrité physique et psychique,
– l’évaluation du danger possible,
– la prise en compte du stress émotionnel de la victime,
– l’initiation d’un processus de détachement (qui souvent ne pourra
être atteint qu’à long terme) par rapport à la relation de dépendance
marquée par la violence.
Prendre en compte les émotions Les victimes de violence sont souvent dans un
état émotionnel difficile. Les émotions qui dominent chez elles sont la honte
et la peur. Les victimes de violence se sentent coupables de ce qu’elles subissent
(«je l’ai provoqué») et éprouvent de la honte de ne pas être capables de se libérer
elles-mêmes de cette situation humiliante («Pourquoi j’accepte que l’on me traite
ainsi?»). Par ailleurs, les victimes de violence ressentent souvent une peur réelle,
car elles ont déjà été battues et humiliées et craignent – à juste titre – de revivre
la même situation. Il est fréquent que l’auteur des violences profère des menaces
concrètes contre sa victime («Si tu racontes ce qu’il t’est arrivé, je te détruirai»).
C’est pourquoi il importe de prendre en compte ces émotions lors de l’entretien.
Le modèle NURSE décrit des techniques qui peuvent s’avérer utiles ici (voir 2.3).
45
Aborder le sujet directement en cas de suspicion de violence domestique En cas de
suspicion de violence domestique, il importe d’aborder cette question sans détour.
Les questions suivantes peuvent se révéler utiles: «Est-il possible que vos blessures
aient éventuellement une autre origine?» ou «Vous savez, nous accueillons beaucoup
de patients qui arrivent avec des blessures corporelles causées par quelqu’un de proche».
En revanche, il importe d’éviter les remarques provocantes, telles que: «Mais vos
blessures ne correspondent pas du tout à la cause de l’accident que vous mentionnez».
Éviter de faire pression sur le patient pour qu’il prenne une décision La violence
domestique survient dans des relations aux rapports de force asymétriques. Les
victimes de violence tendent à être ou à se vivre comme dépendantes. Mais sou-
vent, le détachement psychique d’une relation de dépendance constitue un long
cheminement. L’entretien médical ne peut pas viser un détachement immédiat;
tous les protagonistes se sentiraient dépassés. Il est tout à fait déconseillé de faire
pression sur la victime pour qu’elle se sépare de l’auteur des violences. Il est plus
utile et plus réaliste de considérer que la sortie d’une relation de dépendance est
un processus qui s’étale le plus souvent sur plusieurs années, à l’exception des
situations où la victime est exposée à un danger imminent. Dans pareil cas, les
mesures destinées à protéger la victime sont prioritaires, le cas échéant avec l’in-
tervention de la police et des instances officielles.
Documenter les faits pour qu’ils soient utilisables devant les tribunaux Les résul-
tats médicaux pourront être utilisés dans le cadre d’une action en justice, c’est
pourquoi il importe de respecter les standards médico-légaux (photos, pièces à
conviction).
Proposer un suivi La fréquence des violences domestiques étant élevée, il est utile
de proposer activement un suivi – qui permettra également d’établir une rela-
tion de confiance.
46
Littérature
Back A.L. et al.: Efficacy of communication skills training for giving bad news and discussing
transitions to palliative care. Arch Intern Med. 2007; 167(5): 453 – 460.
Coker A.L. et al.: Physical and Mental Health Effects of Intimate Partner Violence for Men
and Women. American Journal of Preventive Medicine. 2002; 23: 260 – 8.
Feder G.S., Hudson M., Ramsay J., Taket A.R.: Expectations and experiences when they
encounter health care professionals: a meta-analysis of qualitative studies. Arch Intern Med. 2006;
166(1): 22 – 37.
Olive P.: Care for emergency department patients who have experienced domestic violence:
a review of the evidence base. Journal of Clinical Nursing. 2007; 16(9): 1736 – 48.
Selg H., Mees U., Berg D.: Psychologie der Aggressivität. 2. Auflage. Hogrefe, Göttingen 1997.
Les expériences montrent que les patients sont reconnaissants lorsque des mots
sont mis sur leurs problèmes en faisant preuve de tout le tact nécessaire. Les
patients tendent à être déçus et frustrés quand le médecin n’aborde pas les sujets
délicats.
47
Épidémiologie, conséquences et signification
d’une consommation excessive d’alcool
En Suisse 250 000 à 300 000 personnes sont dépendantes à l’alcool. Cette mala-
die entraîne des coûts directs et indirects de CHF 2,3 milliards. Plus de 90% des
personnes alcooliques ne sont pas traitées. La dépendance à l’alcool est une mala-
die cérébrale chronique, avec une prédisposition génétique élevée, qui affecte
la santé et cause de nombreux problèmes au sein de la famille et sur le lieu de
travail. La réduction des risques liés à l’alcool et la prévention de l’alcoolisme
comptent parmi les principaux défis auxquels doit faire face la société. L’addic-
tion à l’alcool ne concerne pas seulement le patient, mais également, et dans une
très large mesure, sa famille, son environnement social et professionnel ainsi que
l’ensemble de la société (conduite automobile, violence, absentéisme au travail).
La Confédération a investi CHF 1,3 millions dans la prévention dans le cadre du
programme national Alcoolisme (2013 à 2016).
Traitement
Les personnes dépendantes à l’alcool devraient être soignées dans une institution
spécialisée. A l’évidence, le médecin joue un rôle clé lorsqu’il s’agit d’aborder la
problématique et de proposer un traitement. Il existe en Suisse une vaste offre de
consultation (tant hospitalière qu’ambulatoire). Lorsqu’un médecin parvient à
traiter lui-même un patient ou à le motiver à chercher un organisme d’aide, il est
déjà arrivé à un résultat notable. Il s’agit ici du groupe de consommateurs – statis-
tiquement beaucoup plus important – qui n’est pas encore dépendant, mais dont
la consommation est problématique (environ 1 million de personnes en Suisse).
Ce sont parfois les proches qui cherchent en premier le dialogue avec le médecin.
48
Déroulement
Après avoir vérifié que les symptômes n’ont pas une autre origine, la probléma-
tique est abordée. Le médecin doit consacrer suffisamment de temps à cet entre-
tien. Le patient doit avoir la possibilité de s’expliquer et le médecin celle de
demander des précisions et de proposer une marche à suivre.
Le médecin peut engager la conversation comme suit: «Vous m’avez fourni des
informations importantes concernant votre comportement en matière de santé et d’ac-
tivité physique, vos habitudes de consommation d’alcool et de tabac; ça ne va pas de soi
et je vous en remercie! J’aimerais en parler brièvement avec vous. Êtes-vous d’accord?»
49
La «harm reduction approach» – en remplacement d’un traitement exclusive-
ment orienté vers l’abstinence – fait actuellement l’objet de discussions et a la
faveur des patients qui semblent davantage enclins à contrôler leur consom-
mation qu’à choisir une abstinence totale. Le médecin de famille dispose ainsi
d’autres possibilités thérapeutiques pour parvenir à limiter les dommages. Des
nouveaux modulateurs des récepteurs opioïdes qui diminuent l’envie de consom-
mer de l’alcool sont susceptibles de soutenir cette approche. Dans certains cas, la
consommation d’alcool contrôlée peut aussi représenter une étape intermédiaire
vers l’abstinence. On manque malheureusement d’études sur le sujet.
Littérature
Kündig H.: Estimation du nombre de personnes alcoolo-dépendantes dans la population
helvétique. Rapport final, Addiction Info Suisse, Lausanne 2010.
Jeanrenaud C. et al.: Die sozialen Kosten des Alkoholmissbrauchs in der Schweiz. Institut für
Wirtschafts- und Regionalforschung, Universität Neuenburg. Neuenburg 2003.
Spiesshofer M. et al.: Indikatoren für den Behandlungsverlauf einer stationären Entwöhnungs-
behandlung Alkoholkranker. Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie. 2011; 162(2): 66 – 71.
Rollnick S., Mason P., Butler Ch.: Health Behaviour Change – a Guide for Practitioners. Churchill
Livingstone, Philadelphia 1999.
Di Clemente C., Prochaska J.: Toward a comprehensive, transtheoretical model of change:
Stages of Change and addictive behaviors. In: Miller W R, Heather N (Hrsg.): Treating addictive
behaviors. 2nd edn. Plenum, New York 1998.
Soyka M. et al.: Therapiesituation Alkoholabhängigkeit. Suchtmed. 2012; 14 (4): 176 – 7.
Aeschbach C.: Der «schwierige» Alkoholpatient. Schweiz Med Forum. 2012; 12(46): 893 – 6.
50
51
3.7. Entretien avec les proches d’enfants malades
Comparés aux autres entretiens médicaux, les entretiens avec les parents d’en-
fants malades présentent certaines particularités. En règle générale, plusieurs per-
sonnes participent à ces entretiens: le médecin, d’autres professionnels de la santé,
les parents et l’enfant. Le médecin doit être flexible et capable de s’adapter aux
différentes personnes présentes dont les souhaits, les attentes et les compétences
communicationnelles sont souvent divergents. Il doit, en outre, s’efforcer d’in-
tégrer l’enfant à la discussion. Pour ce faire, le médecin doit parvenir à établir
une relation avec l’enfant et à adapter l’entretien à ses compétences communi-
cationnelles. La collaboration est complexe et délicate du fait que les parents des
patients mineurs – et non le patient lui-même – sont à la fois interlocuteurs et
décisionnaires pour les questions qui concernent les mesures médicales. Égale-
ment le fait que les proches prennent (ou soient obligés de prendre) à la place
de leurs enfants des décisions que le médecin n’approuve pas forcément (par
exemple refus d’une mesure médicale nécessaire), peut créer des situations dif-
ficiles pouvant, dans le pire des cas, soulever des interrogations concernant les
mesures de protection de l’enfant.
Plusieurs points doivent être clarifiés au préalable avec la famille: l’enfant et les
proches doivent-ils participer d’entrée à l’entretien? Les proches doivent-ils, au
préalable, parler seuls à seuls avec l’enfant de sa maladie? ou est-ce le médecin qui
doit d’abord parler seul à l’enfant? Dans une étude concernant les parents d’en-
fants atteints de leucémie lymphoblastique, la majorité des parents a souhaité
s’entretenir avec le médecin sans la présence de l’enfant, pour pouvoir mieux se
concentrer et décider seuls des informations à transmettre à leur enfant.
52
Lorsque l’enfant grandit, la question de son autonomie devient centrale. Dès
douze ans, les adolescents sont capables de discernement et ont un droit de déci-
sion pour ce qui concerne leurs affaires personnelles. Ils doivent donc pouvoir
participer aux décisions. Se pose alors la question de savoir dans quelle mesure
les parents sont autorisés à participer aux décisions concernant les mesures médi-
cales appliquées à leurs enfants. La relation parents-médecin-patient devient plus
complexe et, par conséquent, plus délicate, car les décisions prises par l’adoles-
cent peuvent être sources de litiges. Également l’application concrète du secret
médical devient primordiale: quelles informations sur leur enfant faut-il four-
nir aux proches?
53
L’entretien avec les enfants et adolescents
Les enfants ont le droit de recevoir des informations adaptées à leur âge concer-
nant l’ensemble des étapes diagnostiques et thérapeutiques ainsi que le déroule-
ment de leur maladie. Il importe de communiquer également avec les enfants qui
ne disposent encore que de compétences verbales limitées. À partir de sept ans
environ, les enfants peuvent être inclus dans les décisions médicales. Le méde-
cin devrait dire la vérité à l’enfant sur sa maladie. De nombreux médecins ren-
contrent des difficultés, car ils ne savent pas comment expliquer la maladie (com-
plexe) et/ou redoutent les questions de l’enfant. Il est toutefois inutile de donner
des fausses informations à l’enfant dans le but de le ménager. Des informations
erronées ou cachées peuvent être, pour l’enfant, pires que les mots; la plupart
du temps il perçoit lorsqu’une information est inexacte et se fait alors sa propre
idée, qui est souvent plus menaçante que la réalité. L’enfant arrive à de fausses
conclusions et hypothèses; il peut, par exemple, penser qu’il est responsable de
sa maladie. Chaque information erronée ou pieux mensonge altère la confiance
et éveille la méfiance de l’enfant vis-à-vis des médecins et des parents, ce qui peut
compliquer la prise en charge ultérieure. Une information honnête sur sa mala-
die offre à l’enfant la possibilité de poser des questions et de chercher de l’aide.
Chez les jeunes enfants, il est important d’illustrer l’information avec des dessins
et des livres. Après avoir donné une information à l’enfant, le médecin devrait
toujours lui demander ce qu’il a compris. Les questions suggestives du type «Tu
as bien compris, n’est-ce pas?» ne sont d’aucune aide, car les enfants tendent à être
d’accord avec les représentants de l’autorité, même s’ils n’ont pas compris. Lors
de l’entretien médical, il serait pertinent de demander à l’enfant, en présence de
ses parents, ce qu’il a compris de sa maladie et du traitement. Il s’agit de donner
la parole à l’enfant pour lui permettre d’exposer son mal avec ses propres mots.
Ainsi, le médecin peut se faire une idée de la manière dont l’enfant se représente
sa maladie, et il peut adapter l’entretien aux connaissances préalables de l’en-
fant et à sa représentation de la maladie. Pourtant, dans la plupart des cas, après
avoir salué l’enfant, le médecin, au lieu de s’adresser directement à lui, ne parle
plus qu’aux parents. Si l’enfant ne répond pas immédiatement, les parents inter-
viennent et répondent fréquemment en son nom. Il convient alors de remettre
les choses à leur place et de signaler à l’enfant que l’on souhaite qu’il réponde
lui-même aux questions.
54
Règles de base pour l’entretien avec un enfant:
– Adapter le langage en fonction de l’âge et du niveau de développement de
l’enfant.
– Laisser parler l’enfant de son mal.
– Laisser à l’enfant le temps de s’exprimer à son propre rythme.
– Faire des phrases courtes, claires et simples; éviter les termes techniques.
– Transmettre à plusieurs reprises les principales informations sans submerger
d’informations les parents et l’enfant.
– Permettre à l’enfant de raconter ce qu’il a compris.
– Ne pas poser de question suggestive.
– Ne pas se limiter à la parole, mais visualiser les informations (dessins,
illustrations etc.).
– Nommer la maladie (par exemple cancer).
– Laisser du temps pour les questions; encourager l’enfant à poser des
questions sans le brusquer.
– Ne pas tout expliquer en détail lors du premier entretien.
– Dire la vérité.
– Veiller à ce que l’enfant ne développe pas de sentiments de culpabilité et
ne se fasse des reproches.
– Promettre à l’enfant qu’il sera informé de toutes les questions importantes.
– Répondre honnêtement à toutes les questions. Les enfants attendent des
réponses justes à leurs questions.
– Accepter le fait de ne pas toujours être en mesure de fournir une réponse
précise à certaines questions (par exemple «Est-ce que je vais guérir?»
«Vous êtes sûr que je ne vais pas mourir?»).
Littérature
Langer T.: Das Gespräch zwischen Patient, Eltern und Arzt in der Pädiatrie. In: Langer T.,
Schnell M.W. (Hrsg.): Das Arzt-Patient/Patient-Arzt-Gespräch. Marseille-Verlag, München 2009.
S. 43 – 52.
Tates K., Meeuwesen L.: Doctor-parent-child communication. A (re)view oft the literature.
Social Science and Medicine. 2001; 52: 839 – 51
Tates K., Meeuwesen L., Elbers E., Bensing J.: I’ve come for this throat’: roles and identities in
doctor-parent-child communications. Child Care, Health and Development. 2002; 28: 109 –16.
Wassmer E., Minnaar G., Abdel Aal N. et al.: How do paediatricians communicate with children
and parents? Acta Paediatrica. 2004; 93: 1501– 6.
55
3.8. Entretien avec les proches de patients
atteints de démence
Des études montrent que les proches peuvent tirer profit d’une discussion ouverte
avec les médecins et les spécialistes, en particulier si ces discussions se sont dérou-
lées avant l’annonce d’une possible démence. Le choc causé par l’annonce du dia-
gnostic est alors moins violent. C’est pourquoi il est important pour les proches,
quand ils soupçonnent un trouble cognitif chez un de leurs parents, de faire part
de leurs observations à un spécialiste, le plus tôt possible. La plupart du temps,
leurs inquiétudes, peurs, préoccupations et préjugés peuvent être ainsi dissi-
pés. Il importe au cours de ce processus d’information, de découvrir ce que les
proches savent de la maladie et de les informer, selon leurs attentes, sur la mala-
die et ses conséquences. Ils ont alors la possibilité de se familiariser avec la mala-
die quand elle est encore à un stade précoce et de procéder à des aménagements
qui permettront d’améliorer à long terme la qualité de vie de l’ensemble des per-
sonnes impliquées.
56
Dans l’idéal, c’est le médecin en charge du suivi futur du patient qui devrait
annoncer le diagnostic. A condition que le patient soit capable de discernement
et qu’il ait donné son consentement, un membre de la famille ou un soignant
familier devrait également prendre part à l’entretien portant sur le diagnostic. Il
s’agit pour le médecin d’adapter les informations transmises aux attentes et capa-
cités cognitives du patient. Pour ce faire, le besoin d’information du patient doit
être distingué de celui de ses proches. Dans la mesure où le médecin de famille
a déjà eu l’occasion d’informer les proches sur la démence, il peut se consacrer
entièrement au patient lors de l’entretien concernant le diagnostic.
Littérature
Robinson L., Gemski A., Abley C., Bond J., Keady J., Campbell S. et al.:
The transition to dementia – individual and family experiences of receiving a diagnosis:
a review. Int Psychogeriatr 2011; 23(7): 1026 – 43.
Aminzadeh F., Byszewski A., Molnar FJ., Eisner M.: Emotional impact of dementia diagnosis:
exploring persons with dementia and caregivers’ perspectives.
Aging Ment Health 2007; 11(3): 281– 90.
Bamford C., Lamont S., Eccles M., Robinson L., May C., Bond J.: Disclosing a diagnosis
of dementia: a systematic review. Int J Geriatr Psychiatry 2004; 19(2): 151– 69.
Campbell KH., Stocking CB., Hougham GW., Whitehouse PJ., Danner DD., Sachs GA.:
Dementia, diagnostic disclosure, and self-reported health status.
J Am Geriatr Soc 2008; 56(2): 296 – 300.
Byszewski AM., Molnar FJ., Aminzadeh F., Eisner M., Gardezi F., Bassett R.:
Dementia diagnosis disclosure: a study of patient and caregiver perspectives.
Alzheimer Dis Assoc Disord 2007; 21(2): 107 – 14.
57
3.9. Travail avec les interprètes
Il arrive fréquemment que les patients qui ne maîtrisent ni l’une des langues
nationales suisses, ni l’anglais aient du mal à se faire comprendre et sont, de ce
fait, parfois mal compris. Il est établi que les barrières linguistiques entravent la
qualité de la prise en charge médicale. Il est également clair que les interprètes
pouvant justifier d’une formation professionnelle sont mieux à même de traduire
le contenu d’une discussion entre un patient et un médecin que des traducteurs
ad-hoc (par exemple un membre du personnel ou de la famille).
Mais en fait, les missions des interprètes professionnels ne sont pas clairement
définies: doivent-ils traduire mot à mot ou transmettre un message d’une culture
à une autre, c’est-à-dire prendre également en compte les différents us et cou-
tumes, valeurs et sujets tabous? Le modèle «Conduit» correspond à la première
variante, dans laquelle l’interprète traduit précisément ce qui est dit et se posi-
tionne à l’arrière plan. La deuxième variante consiste – du moins en partie – en
une «traduction interculturelle» où l’interprète remplit la fonction de médiateur
interculturel.
Il ressort de la littérature que, jusqu’alors, les patients n’ont guère été interrogés
sur leurs attentes en termes d’interprétariat. Les professionnels qui font appel
aux services d’un interprète préfèrent généralement le modèle Conduit et ne
demandent pas davantage aux interprètes. Par contre, les interprètes et les experts
confrontés à la question de la traduction considèrent à l’unanimité que le modèle
Conduit est inadéquat et souhaitent qu’il englobe d’autres tâches.
58
Dans l’ensemble, on constate les types d’erreurs suivants:
Informations omises
– Éléments phatiques (formules de politesse, phrases toute faites entre autres)
ou gênants
Informations ajoutées
– Compléments et précisions
– Explications, questions
Inversion de rôles
– Propos non traduits (la traduction n’est toutefois pas nécessaire
si le patient a compris)
– Changement de perspective: passage du tu ➞ vous, métacommunication
(demandez à Madame B., si elle....), passage à la troisième personne,
discours indirect, actif ➞ passif
59
Le catalogue suivant décrit les comportements des interprètes et des profession-
nels de la santé qui permettent de mener aussi correctement que possible un
entretien traduit centré sur le patient.
Professionnel de la santé
Avant l’entretien
1. Expliquer les termes techniques qui seront utilisés
(par exemple manchette à pression artérielle)
2. Informer l’interprète au sujet
a. du contenu, de l’objectif et de la durée de l’entretien
b. de la nécessité d’une traduction fidèle, sans interprétation,
ni compléments d’information ou explications
c. de l’utilisation du «Je» pour la traduction.
d. de la possibilité de poser des questions s’il ne comprend pas
quelque chose.
Au cours de l’entretien
1. Présenter l’interprète et le patient par leurs noms.
2. Informer le patient que l’interprète est tenu au secret médical.
3. Expliquer au patient que l’interprète traduira TOUT ce qui est dit lors
de l’entretien.
4. Garder le contact visuel avec le patient.
5. S’adresser toujours directement au patient et ne pas parler à la troisième
personne.
6. Parler clairement, avec des phrases entières et ne pas utiliser inutilement
des termes techniques.
7. Interroger le patient si la traduction semble dénuée de sens et/ou si
elle n’a aucun rapport avec la question posée.
8. Demandez au patient de récapituler ce qu’il a compris.
Après l’entretien
1. Vérifier auprès de l’interprète que l’entretien a été satisfaisant et
compréhensible pour le patient.
2. Demander à l’interprète un feedback concernant la manière de
diriger l’entretien.
60
Interprète
Avant l’entretien
1. Penser à emporter un lexique technique de la langue en question.
2. Avoir un bloc et un stylo à portée de main.
3. Éviter les discussions privées avec le patient avant l’entretien.
4. Informer le professionnel de la santé si le patient est une connaissance.
5. Clarifier les termes techniques qui seront utilisés.
6. Annoncer que la personne qui parle sera interrompue en cas
d’intervention trop longue ou trop compliquée.
7. Annoncer que vous poserez des questions si vous ne connaissez pas
un des termes employés.
Au cours de l’entretien
1. Traduire exactement et entièrement, ne rien omettre et ne rien changer
(par exemple: gardez le «tu» et le «vous»).
2. Toujours traduire à la première personne; par exemple
«J’ai subi une opération il y a un an».
3. Traduire les transitions et les remarques entre parenthèses
(par exemple «Je me demande si …», «j’ai l’impression que …»).
4. Si les propos du professionnel de la santé ne sont pas clairs, redemander
avant de les traduire.
5. Si les propos du patient ne sont pas clairs, demander de répéter et traduire
sa réponse.
6. Préparer des aide-mémoires, en particulier pour les noms, les chiffres
et l’ordre des informations données.
7. Traduire les propos des patients même quand ils semblent inadaptés,
illogiques, gênants ou déplacés.
8. Informer le professionnel de la santé en cas de possible malentendu,
ne pas chercher à le résoudre soi-même.
9. Veiller à ce que le professionnel et le patient restent en contact visuel
(par l’attitude et la position).
Après l’entretien
1. Informer le professionnel de la santé si, par moment, l’entretien a
pu paraitre inadéquat ou problématique.
2. Demander un feedback concernant votre prestation.
61
Médiation interculturelle
En conclusion, la question suivante se pose: serait-il pertinent que les interprètes
soient également un lien entre les cultures?
Littérature
Woloshin S. et al.: Is language a barrier to the use of preventive services?
J Gen Intern Med. 1997; 12(8): 472–7.
Kale E., Syed H.R.: Language barriers and the use of interpreters in the public health services.
A questionnaire-based survey. Patient Educ Couns. 2010; 81(2): 187– 91.
Ngo-Metzger Q. et al.: Providing high-quality care for limited English proficient patients:
the importance of language concordance and interpreter use. J Gen Intern Med. 2007;
22 (Suppl. 2): 324 – 30.
Bischoff A. et al.: Language barriers between nurses and asylum seekers: their impact on
symptom reporting and referral. Social Science & Medicine. 2003; 57(3): 503 – 12.
Flores G. et al.: Errors in medical interpretation and their potential clinical consequences
in pediatric encounters. Pediatrics. 2003; 111(1): 6 –14.
Elderkin-Thompson V., Silver R.C., Waitzkin H.:, When nurses double as interpreters: a study
of Spanish-speaking patients in a US primary care setting. Social Science & Medicine. 2001.
52(9): 1343 – 58.
Shannon C.E.: The mathematical theory of communication. 1963. MD Comput 1997.
14(4): p. 306 –17.
Sleptsova M. et al.: The role of the interpreter in a clinical setting: Narrative literature review.
submitted 2012.
Angelelli C.: Revisiting the interpreter’s role: a study of conference, court, and medical
interpreters in Canada, Mexico and United States. John Benjamins: Amsterdam 2004.
62
63
3.10. Entretien concernant les directives
anticipées et la réanimation
Les valeurs personnelles et les volontés d’un patient sont consignées dans les DA
pour le cas où il ne serait plus en mesure de s’exprimer et donc de décider. Le
patient doit réfléchir aux questions liées à l’éventualité d’une maladie grave et
de la mort avec ses proches, les médecins et les soignants. Les DA soulèvent par
définition des réflexions sur des questions difficiles.
Les DA pré-rédigées et signées par des personnes n’ayant bénéficié d’aucun sou-
tien de la part de médecins ou de soignants et n’ayant pas fait l’objet d’une
réflexion approfondie avec les proches, ne présentent aucune utilité. Elles ne per-
mettent pas de réduire l’écart entre la volonté seulement présumée du patient et
sa volonté réelle. Toutefois, nombreux sont les médecins qui craignent d’abor-
der la question de la mort avec leur patient, qu’il s’agisse de discuter des DA ou
de clarifier les démarches à entreprendre en cas d’arrêt cardio-circulatoire. Plu-
sieurs études montrent que cette réserve n’est pas justifiée.
Déroulement de l’entretien
Il convient de clarifier d’entrée la motivation du patient à rédiger des DA ou à
discuter de la réanimation. A-t-il été informé d’une maladie grave? Une personne
de son entourage est-elle décédée suite à une longue maladie? L’approche sui-
vante est recommandée:
– relever la capacité de discernement du patient,
– établir une anamnèse des valeurs,
– définir clairement le déroulement en situations concrètes,
– déterminer une ou plusieurs personnes habilitées à prendre les décisions
concernant le maintien en vie ou l’arrêt thérapeutique à la place du patient,
si celui-ci n’est plus capable de s’exprimer ou de discernement.
64
Selon l’état du patient, certains aspects auront plus d’importance que d’autres.
Chez les personnes en bonne santé, la définition des valeurs personnelles sera
primordiale. Lorsqu’une maladie grave laissant présager une incapacité de discer-
nement (par exemple démence) est diagnostiquée chez un patient, il importe de
discuter de la manière de procéder en rapport avec sa maladie.
Capacité de discernement
Pour rédiger des DA, le patient doit être capable de discernement en ce qui
concerne certains actes (conformément à l’art. 16 du Code Civil: «Toute personne
qui n’est pas privée de la faculté d’agir raisonnablement à cause de son jeune âge,
de déficience mentale, de troubles psychiques, d’ivresse ou d’autres causes sem-
blables, est capable de discernement au sens de la présente loi.»). Un exemple de
cas simple peut être présenté au patient en vue d’évaluer sa capacité de discerne-
ment. Il devrait être capable de le comprendre et de le résumer. Il devrait égale-
ment être en mesure d’exprimer ses préférences thérapeutiques par rapport à la
situation concrète, d’évaluer les différentes alternatives possibles et de déduire
les conséquences de ses choix à court et à long terme.
«Imaginez que vous ayez subi une attaque cérébrale et que, suite à cette attaque, vous
ne puissiez plus bouger ni votre bras droit ni votre jambe droite. Vous ne pouvez plus
ni parler ni déglutir, mais vous percevez parfaitement les paroles de vos semblables.
En raison de votre incapacité à déglutir, on vous demande si vous acceptez la pose
d’une sonde gastrique à travers la paroi abdominale, afin de garantir un apport nutri-
tionnel suffisant.
A votre avis, que pourrait-il vous arriver si vous n’acceptiez pas cette mesure?»
65
Anamnèse des valeurs
Il arrive sans doute que des DA puissent être élaborées en une seule séance. Tou-
tefois, la plupart du temps, plusieurs séances sont nécessaires, car il s’agit de cer-
ner les valeurs du patient, d’établir les objectifs thérapeutiques, de désigner les
représentants et de se positionner par rapport à des situations thérapeutiques
spécifiques (voir 3.3.).
Le premier entretien doit permettre d’introduire des thèmes tels que la maladie
grave et la fin de vie. Le patient fait part de sa situation de vie actuelle (santé,
contacts sociaux, projets d’avenir), de ses réflexions et préoccupations liées à la
maladie et à la mort, de ses angoisses à ce sujet et nomme les personnes suscep-
tibles d’être ses représentants thérapeutiques. Dans ce contexte, le médecin peut
aussi remettre au patient de la documentation concernant les directives antici-
pées.
«Avez-vous déjà pensé à votre vieillissement et à votre mort? Si oui, pourquoi et dans
quel contexte? Souhaitez-vous m’en parler un peu?»
Il est essentiel que les médecins, les soignants et les représentants thérapeutiques
aient mené une réflexion approfondie sur les principales questions relatives à la
vie et à la mort, afin de pouvoir dissocier clairement leurs propres valeurs et pré-
férences thérapeutiques de celles du patient.
Ce n’est que lors d’une troisième rencontre que les DA sont définitivement rédi-
gées, dupliquées et signées.
Plus les valeurs auront été définies individuellement, plus la qualité des DA sera
élevée. Une anamnèse des valeurs peut être établie en demandant au patient de
décrire ses valeurs avec simplicité et honnêteté.
«Pouvez-vous me dire quelles sont, pour vous, les principales valeurs et ce qui vous
paraît particulièrement important en fin de vie?»
Vu les difficultés rencontrées par la plupart des personnes pour définir ces valeurs,
le médecin peut s’appuyer sur une liste de questions. Il peut également se servir
de cartes que le patient doit évaluer (jeu de cartes Go-Wish) en mettant en évi-
dence les éléments qu’il considère comme importants.
66
On peut imaginer la manière de procéder suivante:
«Supposons que votre survie est limitée à quelques semaines ou quelques mois. Parmi
les valeurs suivantes, lesquelles revêtent pour vous une importance majeure et les-
quelles une moindre importance?
Conserver ma dignité.
Préférences thérapeutiques
En fonction de la situation, le médecin discutera des exemples de cas concrets
avec le patient. Le patient doit décider si, dans les situations présentées, il choisit
plutôt le maintien en vie ou l’interruption thérapeutique. Des instruments vali-
dés permettent de relever les préférences du patient.
Représentants thérapeutiques
Les représentants thérapeutiques choisis doivent connaître les valeurs du patient.
Lors de l’entretien avec l’auteur des DA et ses proches, il importe de veiller à ce
que les médecins et les soignants soient libérés du secret médical envers les repré-
sentants thérapeutiques.
67
Littérature
Ramsaroop S.D., Reid M.C., Adelmann R.D.: Completing an advance directive in the primary
care setting: What do we need for success? J Am Geriatr Soc. 2007; 55(2): 277 – 83.
Barrio-Cantalejo I.M., Molina-Ruiz A., Simon-Lorda P. et al.: Advance directives and proxies’
predictions about patients’ treatment preferences. Nurs Ethics. 2009; 16(1): 93 – 109.
Ghelli R., Gerber A.U.: Die Frage der Reanimation (REA). Der Patientenauftrag und Reaktionen auf
dessen Erfragung. 66. Jahresversammlung der Schweiz. Gesellschaft für Innere Medizin 1998.
Lack P.: Verschiedene Formen der Patientenverfügung und ihre Eignung für bestimmte Personen
gruppen. Bull Soc Sci Med. 2008: Nr. 3: 415 – 27.
Fazel S., Hope T., Jacoby R.: Assessment of competence to complete advance directives:
validation of a patient centred approach. BMJ 1999; 318: 493 – 7.
Folstein M.F., Folstein S.E., McHugh P.R.: «Mini-mental state». A practical method for grading
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Emanuel L.L., Danis M., Pearlman R.A., Singer P.A.: Advance care planning as a process:
structuring the discussions in practice. J Am Geriatr Soc. 1995; 43(4): 440 – 6.
Lankarani-Fard A., Knapp H., Lorenz K.A. et al.: Feasibility of discussing end-of-life care goals
with inpatients using a structured, conversational approach: the go wish card game.
J Pain Symptom Manage 2010; 39(4): 637 – 43.
Beland D.K., Froman R.D.: Preliminary validation of a measure of life support preferences.
Image J Nurs Sch. 1995; 27(4): 307 –10.
Académie suisse des sciences médicales. Directives anticipées. Directives médico-éthiques
et recommandations, 2009.
Une grande majorité de personnes comprennent que des erreurs peuvent être
commises, même dans la prise en charge médicale. Les patients, indépendam-
ment de leur âge, de leur sexe ou de leur niveau de formation, privilégient incon-
testablement une communication transparente au sujet des erreurs. Lorsque les
professionnels de la santé impliqués n’informent pas ouvertement les patients,
il n’est pas rare que ceux-ci tentent de trouver des explications auprès de tierces
1 Les affirmations ci-après concernent les situations, dans lesquelles la responsabilité financière du
médecin n’est pas engagée. Par contre, lorsque la responsabilité financière ne peut pas être
exclue (par ex. en cas de dépendance durable suite à une erreur médicale), la communication ne
peut pas être séparée du règlement des indemnités. Dans de tels cas, le règlement des indem
nités intervient le plus souvent en coopération avec un assureur, c’est pourquoi il n’est pas abordé
dans ce guide pratique.
68
personnes (avocats, experts, bureaux de conciliation). Les médecins essaient sou-
vent d’éviter de discuter clairement et ouvertement des erreurs commises, non
seulement parce qu’il s’agit d’une tâche pénible, mais encore par crainte de suites
judiciaires. De tels comportements entrainent souvent des situations paradoxales
où une communication confuse mène à une confrontation susceptible de déra-
per au-delà de la relation médecin-patient. Des études réalisées dans d’autres
pays montrent que la recherche de la vérité et l’information sont les principales
raisons motivant les patients à se tourner vers des institutions correspondantes.
Après une erreur médicale, les aspects suivants sont essentiels: révéler soi-même
l’erreur rapidement et clairement; assumer la responsabilité de l’erreur; informer
de l’erreur et de ses conséquences éventuelles et exprimer des regrets sincères.
Toutes les erreurs de traitement n’entraînent pas des dommages. Ainsi, il existe
des cas où un dommage peut être empêché à temps. En principe, le patient
devrait être informé des erreurs sans conséquences pour lui dès le moment où il
se rend compte de l’erreur, comme par exemple, lorsqu’un examen diagnostique
est pratiqué sur le mauvais côté du corps. Dans de telles situations, le fait de dis-
simuler l’erreur est source d’irritation et d’insécurité, alors que la formulation
claire de l’erreur peut renforcer la confiance du patient en son médecin (et en sa
propre perception). Lorsqu’un événement n’a causé aucun dommage et n’a pas
été remarqué par le patient, il est en principe inutile de fournir une explication.
69
Forme de l’entretien
Comme dans toutes les situations difficiles, l’information concernant une erreur
doit être communiquée personnellement. Il importe également de disposer d’un
endroit calme et de suffisamment de temps. Les proches doivent pouvoir accom-
pagner le patient si celui-ci le souhaite. Tout particulièrement dans les cas où les
erreurs ont de lourdes conséquences, l’information au sujet de l’erreur est une
tâche qui revient aux cadres dirigeants (médecins cadres), même si ceux-ci ne
sont pas directement impliqués dans l’incident. Par ailleurs, il est souvent utile
et souhaité par le patient que les spécialistes directement concernés par l’erreur
prennent également part à l’entretien. L’erreur médicale devrait être révélée le
plus rapidement possible. Il apparaît souvent nécessaire d’organiser un nouvel
entretien après avoir obtenu des informations certifiées concernant l’incident.
Suivi ultérieur
Un grand nombre d’informations importantes pour le patient ne seront dis-
ponibles qu’à un moment ultérieur. Ainsi, les causes des erreurs et leurs consé-
quences au sein de l’institution, telles que, par exemple, des modifications des
procédures, ne pourront, en principe, être établies qu’après une analyse détaillée.
Les patients et leurs proches doivent être informés ultérieurement et de manière
proactive de ces résultats. Dans tous les cas, il faut proposer aux patients concer-
nés une rencontre de suivi à laquelle ils pourront se préparer.
70
Littérature
Stiftung für Patientensicherheit: Kommunikation mit Patienten und Angehörigen – Wenn etwas
schief geht. Schriftenreihe Nr. 1. Zürich, 2006.
O’Connor E., Coates H.M., Yardley I.E., Wu A.W.: Disclosure of patient safety incidents:
a comprehensive review. Int J Qual Health Care. 2010; 22(5): 371 – 9.
Helmchen L.A., Richards M.R., McDonald T.B.: How does routine disclosure of medical error
affect patients’ propensity to sue and their assessment of provider quality? Evidence from survey
data. Med Care. 2010; 48(11): 955 – 61.
Kachalia A., Kaufman S.R., Boothman R., Anderson S., Welch K., Saint S., Rogers M.A.:
Liability claims and costs before and after implementation of a medical error disclosure program.
Ann Intern Med. 2010; 153(4): 213 – 21.
López L., Weissman J.S., Schneider E.C., Weingart S.N., Cohen A.P., Epstein A.M.:
Disclosure of hospital adverse events and its association with patients’ ratings of the quality
of care. Arch Intern Med. 2009; 169(20): 1888 – 94.
Pourquoi est-il alors difficile d’instaurer une culture de dialogue qui soutient effi-
cacement la collaboration entre les différents groupes professionnels?
71
Obstacles
La socialisation et les expériences professionnelles des soignants et des méde-
cins sont divergentes et constituent toujours des obstacles; leurs racines histo-
riques sont profondes: au milieu du 19e siècle, la médecine s’est imposée comme
discipline scientifique dans les universités et les hôpitaux, où les soignants tra-
vaillaient comme assistants et employés de maison. Les relations entre ces deux
groupes professionnels restent empreintes de cette réalité historique et se révèlent
au quotidien dans des différences hiérarchiques évidentes qui entravent la col-
laboration entre les soignants et les médecins. Mais depuis, la profession de soi-
gnant a acquis une grande autonomie ainsi qu’une expertise, qui ont permis de
développer des filières d’études universitaires dans les pays anglo-américains dès
le milieu du siècle dernier. En principe, les conditions devraient alors être réu-
nies pour permettre à ces deux groupes professionnels de se rencontrer sur un
pied d’égalité dans le quotidien clinique et d’apporter leur expertise respective
lors des rapports et des visites aux malades.
Facteurs encourageants
Compte tenu des difficultés liées à l’évolution historique de ces professions, la
collaboration entre les médecins et les soignants doit être explicitement encou-
ragée par l’introduction de standards concernant le déroulement des visites, les
discussions conjointes de cas et les formations prégraduées, postgraduées et conti-
nues communes. Tous les efforts déployés doivent être soutenus par la direction
qui est à même d’instaurer une culture de collaboration adéquate et efficace, par
exemple en définissant clairement les rôles et les responsabilités.
72
de soutenir les parents en abordant explicitement leurs peurs et leurs inquié-
tudes. Les médecins et soignants de cette étude connaissent cette répartition des
tâches et reconnaissent la compétence de l’autre groupe. Les deux groupes sont
perçus comme soutien émotionnel par les parents. Toutefois, pareil modèle ne
peut fonctionner que si les deux groupes partagent la même conception et se res-
pectent mutuellement.
Littérature
Büssing A., Barkhausen M.: Interdisziplinäre Zusammenarbeit und ganzheitliche Pflege.
Eine systemorientierte Schnittstellenanalyse. In A. Büssing (Hrsg.): Von der funktionalen zur
ganzheitlichen Pflege. Reorganisation von Dienstleistungsprozessen im Krankenhaus.
Organisation und Medizin. Verlag für Angewandte Psychologie, Göttingen 1997; 163 – 92.
Forsey M. et al.: Comparing doctor’s and nurses’ accounts of how they provide emotional care for
parents of children with acute lymphoblastic leukaemia. Psycho-oncology. 2013; 22: 260 – 7.
Kesselring A., De Geest S.: Medizin und Pflege: siamesische Zwillinge?
SAMW Bulletin. 2002; Nr 3: 1 – 3.
Manser T.: Teamwork and patient safety in dynamic domains of healthcare: a review of the literature.
Acta Anaesthesiol Scand. 2009; 53(2): 143 – 51.
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ISBN 92 4 156280 3 (NLM classification: W 18). WHO, Geneva 2005.
Yeager S.: Interdisciplinary collaboration: the heart and soul of health care. 2005; 17(2): 143 – 8.
Xyrichis A., Lowton K.: What fosters or prevents interprofessional teamworking in primary and
community care? A literature review. Int J Nurs Stud. 2008; 45(1): 140 – 53.
Zwarenstein M., Goldman J., Reeves S.: Interprofessional collaboration: effects of practice-based
interventions on professional practice and healthcare outcomes. Cochrane Database of Systematic
Reviews 2009 Issue 3. Art. No.: CD000072. DOI: 10.1002/14651858.CD000072.pub2.
73
74
CHAPITRE 4
Dans les interventions principalement focalisées sur les aspects techniques, les
enseignements qui transmettent des techniques simples (par exemple poser des
questions ouvertes) seront plus efficaces que ceux qui requièrent des compé-
tences complexes (par exemple prise de décision participative). En conclusion:
le succès et l’échec des programmes de formation dépendent de la définition des
objectifs d’enseignement.
Formation prégraduée
La formation des étudiants en médecine peut transmettre non seulement des
aptitudes isolées, mais également des tâches complexes comme l’annonce de
mauvaises nouvelles. Une autre étude montre qu’une intervention bien ciblée
d’une heure améliore de façon significative la capacité des étudiants à transmettre
des informations, dans la mesure où ceux-ci maîtrisent les bases de la communi-
cation professionnelle.
Formation postgraduée
Des études concluent que les techniques de la communication centrée sur le
patient peuvent être transmises avec succès en-dehors des cours des étudiants.
Toutefois, les données empiriques concernant l’enseignement manquent. Dans
de nombreux domaines de la médecine humaine, on ne connaît pas les outils
didactiques permettant d’atteindre au mieux les objectifs d’enseignement. C’est
pourquoi, la collaboration «Best Evidence in Medical Education (BEME)» a vu le
jour; elle vise à identifier les éléments à la base des interventions réussies dans
l’enseignement et à définir des critères de qualité pour les études dans le domaine
de l’enseignement.
75
ficiles à appliquer dans le contact avec les patients. Il en va de même pour l’ana-
lyse des transactions, dont les résultats ne sont pas testés dans la pratique clinique
quotidienne. Les jeux de rôles comptent parmi les outils d’enseignement fré-
quemment utilisés dans les cours et les formations postgraduées et continues;
même s’ils ne sont pas toujours appréciés, ils permettent néanmoins aux méde-
cins-assistants de se mettre à la place du patient et de vivre dans leur propre corps
la manière dont se déroule un entretien lorsque «le médecin» modifie son com-
portement de communication. Pour celui qui joue le rôle du médecin, la qualité
du feedback est centrale: le feedback porte-t-il sur un élément également relevé
par l’étudiant? Est-il formulée avec égard? Fait-il écho aux intentions et aux pos-
sibilités de l’étudiant? etc. Des problèmes peuvent survenir quand le feedback
porte sur des contenus trop conséquents; l’étudiant ne sait alors plus de quoi il
s’agit vraiment.
Feedback
L’utilisation de vidéos permet également d’enrichir le contenu des feedbacks;
mais pour des raisons logistiques et de protection des données, elles sont plutôt
utilisées hors du quotidien clinique, par exemple dans des jeux de rôles ou des
interactions avec des acteurs jouant le rôle des patients. Le recours à des acteurs
est de plus en plus fréquent, tant dans la formation que dans l’enseignement de
techniques complexes comme l’annonce de mauvaises nouvelles; depuis 2011,
les compétences cliniques sont également évaluées pour l’examen fédéral, en fai-
sant appel à des comédiens amateurs qui mettent en scène des cas particuliers
de patients.
Un feedback est d’autant plus efficace qu’il se rapporte à la pratique et non pas à
une situation artificielle, comme par exemple dans le cadre d’un séminaire. L’en-
seignant s’intéresse moins à l’exécution du jeu de rôle qu’à la capacité de com-
muniquer de manière professionnelle dans le quotidien clinique, d’où le déve-
loppement d’instruments de feedback applicables dans la pratique quotidienne.
Ceux-ci permettent, comme par exemple en Grande-Bretagne, de documenter le
déroulement de l’enseignement jusqu’au diplôme de spécialiste. De tels «Work-
place-based assessments» ou, dans les cours, des Mini CEx (Mini Clinical Exami-
nation) et des DOPS (direct observation of procedural skills) sont de plus en plus
utilisés dans la formation des étudiants.
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Les enseignements basés sur internet devraient être d’autant plus efficaces que les
réponses sont directement et individuellement associées entre elles, par exemple
sur le modèle d’une vidéo disponible sur internet avec un feedback profession-
nel. C’est, par exemple, le cas avec la nouvelle application de la Drexel Medical
School à Philadelphie, qui permet aux étudiants d’interagir avec un comédien
jouant le rôle du patient; l’entretien est directement analysé et les moments cri-
tiques sont commentés tandis que l’étudiant est encouragé à trouver des solu-
tions alternatives.
Littérature
Berendonk C., Beyeler C., Westkämper R., Giger M.: Strukturiertes Feedback in der ärztlichen
Weiterbildung: Mini-CEX und DOPS. Schweizerische Ärztezeitung. 2008; 89: 1337 – 40.
Berkhof M., van Rijssen H.J., Schellart A.J., Anema J.R., van der Beek A.J.: Effective training
strategies for teaching communication skills to physicians: an overview of systematic reviews.
Patient Educ Couns. 2011; 84(2): 152 – 62.
Bokken L. et al.: Instructiveness of real patients and simulated patients in undergraduate medical
education: a randomized experiment. Acad Med. 2010; 85(1): 148 – 54.
Cantillon P., Sargeant J.: Giving feedback in clinical settings. BMJ. 2008; 337: a1961.
Cook D.A., Beckman T.J., Bordage G.: Quality of reporting of experimental studies in medical
education: a systematic review. Med Educ. 2007; 41(8): 737 – 45.
Kogan J.R., Holmboe E.S., Hauer K.E.: Tools for direct observation and assessment of clinical
skills of medical trainees: a systematic review. JAMA. 2009; 302(12): 1316 – 1326.
Lane C., Rollnick S.: The use of simulated patients and role-play in communication skills training:
a review of the literature to August 2005. Patient Educ Couns. 2007; 67(1– 2): 13 – 20.
Langewitz W.: Zur Erlernbarkeit der Arzt-Patienten-Kommunikation in der Medizinischen Ausbildung.
Bundesgesundheitsblatt. 2012; 55: 1176 – 82.
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Annexe
Auteurs
Nous remercions tous les auteurs de cette publications de leur collaboration
engagée et efficace:
Dr méd. Klaus Bally
Spécialiste en médecine interne générale, chargé de cours à l’Institut de
médecine de premier recours de l’Université de Bâle
Verena Berchtold-Ledergerber, dipl. Psych. FH/SBAP
Chargée de cours et responsable de projets de recherche auprès des Zürcher Hochschulen
der Angewandten Wissenschaften (ZHAW), Zurich
lic. phil. Gertrud Hofer
Zürcher Hochschulen der Angewandten Wissenschaften, Winterthour
Dr méd. André Karger
Spécialiste en médecine psychosomatique, Klinisches Institut für Psychosomatische Medizin
und Psychotherapie, Universitätsklinikum Düsseldorf
Prof. Dr méd. Alexander Kiss
Médecin-chef du service de psychosomatique, Hôpital universitaire de Bâle
Prof. Dr méd. Reto W. Kressig
Médecin-chef, centre universitaire de gériatrie, Hôpital Felix Platter, Bâle
Prof. Dr méd. Wolfgang Langewitz
Médecin-chef du service de psychosomatique de l’Hôpital universitaire de Bâle
Dr méd. Pierre Loeb
Spécialiste en médecine générale, en médecine psychosomatique et psychosociale, Bâle
Dr Jacqueline Martin
RN, Directrice du ressort soins/ MTT, Hôpital universitaire de Bâle
Prof. Dr Stella Reiter-Theil
Dipl.-Psych., Professeur d’éthique médicale et de la santé, Directrice de l’éthique clinique,
Hôpital universitaire de Bâle
Mathias Schlögl
Research Fellow, centre universitaire de gériatrie, Hôpital Felix Platter, Bâle
Prof. Dr David Schwappach, MPH
Directeur scientifique de la Fondation pour la sécurité des patients, Zurich
lic. phil. Marina Sleptsova
Interprète au service psychosomatique de l’Hôpital universitaire de Bâle
Prof. Dr Rebecca Spirig
RN, Directrice du centre de sciences infirmières cliniques à l’Hôpital universitaire de
Zurich et Professeure à l’Institut de sciences infirmières de l’Université de Bâle
Dr méd. Christian Wüthrich
Médecin-chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et Directeur du groupe
de protection de l’enfant de l’Hôpital pédiatrique universitaire de Berne
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Nous remercions les personnes suivantes de leur aide précieuse:
Prof. Dr iur. Christian Brückner
Bâle
Prof. Dr méd. Dieter Conen
Président de la Fondation pour la sécurité des patients, Buchs
stud. méd. Martin Diebold
Bâle
Prof. Dr méd. Jochen Gensichen
Institut de médecine générale, clinique universitaire Jena
Dr méd. Johanna Sommer
Directrice de l’Unité de recherche et d’enseignement en médecine
de premier recours, Université de Genève
Commission de rédaction
Traduction
Dominique Nickel
ASSM, Bâle
Dr méd Céline Bourquin
CHUV, Lausanne
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La communication dans la médecine au quotidien – Un guide pratique