Article JVE-Échanges

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 27

ISSN : 2310-3329

e-ISSN : 2957-7411

REVUE DE PHILOSOPHIE, LITTÉRATURE ET SCIENCES HUMAINES

ÉCHANGES

VOLUME 2 : SCIENCES HUMAINES

REVUE SEMESTRIELLE No 021 DÉCEMBRE 2023


LOMÉ-TOGO
REVUE DE PHILOSOPHIE, LITTÉRATURE ET SCIENCES HUMAINES

ÉCHANGES
VOLUME 2 : SCIENCES HUMAINES

N° 21 Décembre 2023

Directory of Research Journal Indexing

International Journal Adress: IJA.ZONE/2310 127667411

Site de la revue : https://www.revueechanges.fr


Adresse : [email protected]

Éditeur
Laboratoire d’Analyse des Mutations Politico-juridiques, Économiques et Sociales
(LAMPES)
Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société
Université de Lomé
01 BP 1515 Lomé
www.lampes-ul.net

ISSN 2310-3329/e-ISSN 2957-7411


ADMINISTRATION ET RÉDACTION DE LA REVUE

Revue de Philosophie, Lettres et Sciences humaines de la Faculté des Sciences de


l’Homme et de la Société, Université de Lomé (Togo)
Revue créée en 2013

Directeur de publication : Bilakani TONYEME, Maître de Conférences

Secrétariat de rédaction : Roger FOLIKOUE, Bilakani TONYEME, Charles-


Grégoire Dotsè ALOSSE, Bantchin NAPAKOU, Yawo AMEWU, Koffi AGNIDE,
Komlan AZIALE

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Pr Koutchoukalo TCHASSIM
Pr Octave Nicoué BROOHM
Pr Iba Bilina BALLONG
Pr Komla NUBUKPO
Pr François D. GBIKPI
Pr Laurence FAVIER
Pr Doh Ludovic FIÉ

COMITÉ DE LECTURE

Pr Yaovi AKAKPO (Université de Lomé)


Pr Pierre NAKOULIMA (Université de Ouagadougou 1)
Pr Mahamadé SAVADOGO (Université de Ouagadougou 1)
Pr Adovi GOEH-AKUE (Université de Lomé)
Pr Yao DJIWONOU (Université de Lomé)
Pr Laurence FAVIER (Université Lille 3)
Pr Doh Ludovic FIÉ (Université de Bouaké)
Pr Widad MUSTAFA EL HADI (Université Lille 3)
Pr Atafeï PEWESSI (Université de Lomé)
Pr Issiaka KONÉ (Université de Bouaké)
Pr Essoham ASSIMA-KPATCHA (Université de Lomé)
Pr Robert DUSSEY (Université de Lomé)
Pr Tamasse DANIOUE (Université de Lomé)
Pr Essodina K. PERE-KEWEZIMA (Université de Lomé)
Pr Komlan E. ESSIZEWA (Université de Lomé)
Pr Thiémélé L. Ramsès (Université de Cocody, Abidjan)
Pr Jean-Gobert TANOH (Université de Bouaké)
Pr Rubin POHOR (Université de Bouaké)
Pr Henri BAH (Université de Bouaké)
5
Pr Tchégnon ABOTCHI (Université de Lomé)
Pr Wonou OLADOKOUN (Université de Lomé)
Pr Aklesso ADJI (Université de Lomé)
Pr Dossou GBENOUGA (Université de Lomé)
Pr Kokou ALONOU (Université de Lomé)
Pr Nicoué BROOHM (Université de Lomé)
Pr Edinam KOLA (Université de Lomé)
Pr Lare KANTCHOA (Université de Kara)
Pr Donissongui SORO (Université de Bouaké)
Pr Follygan HETCHELI (Université de Lomé)
Pr Komi KOUVON (Université de Lomé)
Pr Koudzo SOKEMAWU (Université de Lomé)
Pr Gbati NAPO (Université de Lomé)
Pr Komlan AVOUGLA (Université de Lomé)
Pr Mawusse Kpakpo AKUE-ADOTEVI (Unviersité de Lomé)
Komlan KOUZAN, Maître de conférences (Université de Kara)
Padabô KADOUZA, Maître de conférences (Université de Kara)
Afiwa Pépvi KPAKPO, Maître de conférences (Université de Lomé)
Mike MOUKALA NDOUMOU, Maître de conférences (Université Omar Bongo,
Libreville)
Koffi Messan Litinmé MOLLEY, Maître de conférences (Université de Lomé)
Koffi KPOTCHOU, Maître de conférences (Université de Lomé)
Badji OUYI, Maître de conférences (Unviersité de Lomé)
Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE, Maître de conférences (Université de Lomé)
Bantchin NAPAKOU, Maître de conférences (Université de Lomé)
WALLA Pamessou, Maître de conférences (Université de Lomé)

Secrétaire : Joseph BALOUKI

Éditeur : Laboratoire d’Analyse des Mutations Politico-juridiques, Économiques


et Sociales (LAMPES), Université de Lomé.
Mail : [email protected]
Site : www.lampes-ul.net

Contact

- Adresse : Revue Échanges, Faculté des Sciences de l’Homme et de la


Société, Université de Lomé, 01 BP 1515, Lomé 01 Togo.
- Bureau 008 Ancienne Présidence de l’Université de Lomé (Lycée de
Tokoin)
- Tel : 90142268 (Uniquement pour les renseignements)
- Mail : [email protected]

6
SOMMAIRE
SOMMAIRE .................................................................................................................. 13
SCIENCES HUMAINES ............................................................................................. 291
TYPES DE FAMILLES, TYPES DE PRATIQUES PARENTALES ET
DÉVIANCES DES ÉLÈVES DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE DU
LYCÉE MUNICIPAL D’ATTÉCOUBÉ (ABIDJAN), Doppon Ali COULIBALY
(Université Félix Houphouët-Boigny - RCI) .......................................................... 293
PRODUCTION DE DÉCHETS DANS LA COMMUNE DE KOZAH1(TOGO) :
ÉTAT DES LIEUX ET IMPLICATIONS, Gountante DANSOIP (Université de
Kara –Togo) ........................................................................................................... 314
LA QUESTION DE L’INTÉGRATION DES VALEURS D’ÉCO-CITOYENNETÉ
À L’ÉCOLE : UNE ÉTUDE CHEZ LES ÉLÈVES DU PRIMAIRE DANS LA
VILLE DE LOMÉ AU TOGO, Kobina DJIAMONGOU, Namiyate YABOURI
(Université de Lomé - Togo) .................................................................................. 329
LA RÉGIONALISATION DE LA SÉCURITÉ COLLECTIVE EN AFRIQUE :
D’UNE ARCHITECTURE CONTINENTALE À UN RÉGIONALISME DE TYPE
CONJONCTUREL, Éric Wilson FOFACK (Université de Dschang - Cameroun) 344
IMPACT SOCIOÉCONOMIQUE ET VULNERABILITÉS DE LA FILIÈRE
PONDEUSE DANS LA SOUS-PRÉFECTURE D’AGNIBILÉKROU (EST DE LA
CÔTE D’IVOIRE), Aya Suzanne KONAN (Université Alassane Ouattara Bouaké -
RCI) ........................................................................................................................ 360
AMELIORER LE DIALOGUE ENTRE CHERCHEURS, ACTEURS PAR LA
RECHERCHE ACTION PARTICIPATIVE : L’EXPÉRIENCE DU PROJET
INTERUNIVERSITAIRE CIBLE SUR LES PERSONNES ÂGÉES À BOBO-
DIOULASSO (BURKINA FASO), Blahima KONATE (Centre Muraz – B.-F) .. 386
ÉVALUATION À MI-PARCOURS D’UN PROJET D’ACCÈS À L’ÉNERGIE EN
MILIEU RURAL : CAS DU PROJET « EMPOWERING COMMUNITIES 2 » AU
TOGO, Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA,
Sena ALOUKA, Annette Luttah ALUORA (Université de Kara, Jeunes Volontaires
pour l’Environnement) - Togo................................................................................ 401
LES FANTE ET LA CACAOCULTURE EN CÔTE D’IVOIRE (1870-1958),
Mathieu MIESSAN (Université Alassane Ouattara-Bouaké - RCI)....................... 422
MARIAGES D’ENFANTS AU TOGO : INFLUENCES NORMATIVES,
NÉGOCIATIONS CULTURELLES ET CHOIX DE RÉFÉRENTIELS
AXIOLOGIQUES, Mahamondou N’DJAMBARA, Atiyihwè AWESSO (Université
de Lomé - TOGO) .................................................................................................. 441
STYLES DE LEADERSHIP DES CHEFS D’ÉTABLISSEMENTS ET LE
CLIMAT SCOLAIRE DANS LA SISSILI, P. Marie Bernadin OUEDRAOGO,

13
Parfait D.S. KABORE, Hamidou SANNA (Université Thomas SANKARA, DGESS
du Ministère de Transition Digitale) – B. F ............................................................ 461
CONDUITE DU CHANGEMENT DANS LA MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME
D’INFORMATIONS DES RESSOURCES HUMAINES, Badji OUYI (Université
de Lomé – Togo) .................................................................................................... 478
ORPAILLAGE AU SUD-OUEST DU BURKINA FASO : UNE ÉVOLUTION AU
DÉTRIMENT DE LA FEMME ET DE L’ENVIRONNEMENT CHEZ LES LOBI
ET LES BIRIFOR, Nonna Anne DAH (Université Nazi-Boni/Bobo Dioulasso - B.-
F), Domèbèimwin Vivien SOMDA (Unité Universitaire à Abidjan UCAO-UUA -
RCI) ........................................................................................................................ 493
LES ARTS PLASTIQUES, UN LEVIER D’INNOVATION ET DE
DÉVELOPPEMENT DES INDUSTRIES CULTURELLES ET CRÉATIVES EN
CÔTE D’IVOIRE, Kignigouoni Dieudonné Espérance TOURÉ (Institut National
Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) – RCI) ............................ 511
CATEGORIE PROFESSIONNELLE, GENRE ET PERCEPTION DES
DISCRIMINATIONS EN MILIEU DE TRAVAIL BURKINABE : CAS DE
L’ONATEL-SA, Kinanya Donatien TOURE, Yao René YAO, Awa NABALOUM
(Université Félix Houphouët Boigny_Abidjan – RCI) ........................................... 529
EMPRUNTS ET CODE-SWITCHING DANS LE DISCOURS DES VENDEURS
DE PRODUITS DE SANTE DANS LES CARS INTERURBAINS AU BURKINA
FASO : LES LANGUES NATIONALES AU SECOURS DU FRANÇAIS, Daouda
TRAORÉ (Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique – B.-F)
................................................................................................................................ 544
LA MUSIQUE ENREGISTRÉE FACE AUX ENJEUX DU NUMÉRIQUE : DE
LA TRANSFORMATION À L’HYBRIDATION, Fabrice Guy ZIGANE, Jacob
Yarassoula YARABATIOULA (Université Joseph KI-ZERBO – B.-F) ............... 560
SOCIDO-SODIRO, UN EXEMPLE INABOUTI DE DÉVELOPPEMENT
RÉGIONAL AGRO-INDUSTRIEL ET COMMERCIAL DANS LE NORD-
OUEST IVOIRIEN (ODIENNE) : 1979-1999, Valy YEO, Ladji KAMATE
(Université Félix Houphouët-Boigny – RCI) ......................................................... 575
LE MARCHÉ CONGOLAIS DU BOIS D’ŒUVRE (1899 À 1963), Philippe
MAKITAS, Joseph ZIDI (Université Marien Ngouabi - République du Congo) .. 595
LE JAPON ET LE DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUTURES ROUTIÈRES
ET PORTUAIRES EN CÔTE D’IVOIRE (1982-2023), Adjoua Marie-France
KOUAME, N’dri Laurent KOUAKOU (Université Alassane Ouattara RCI)........ 616

14
ÉVALUATION À MI-PARCOURS D’UN PROJET D’ACCÈS À
L’ÉNERGIE EN MILIEU RURAL : CAS DU PROJET « EMPOWERING
COMMUNITIES 2 » AU TOGO, Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou
BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette Luttah ALUORA
(Université de Kara, Jeunes Volontaires pour l’Environnement) - Togo
[email protected]
Résumé
L’accès des populations aux différentes formes d’énergie (électricité ou
énergie de cuisson) constitue actuellement un des défis majeurs pour le continent
africain. La biomasse reste la principale source de l’énergie de cuisson, avec ses
conséquences néfastes sur les écosystèmes environnementaux et sur la santé des
populations. Cet article a eu pour objectif d’évaluer un projet d’accès à l’énergie
mise en œuvre par une organisation non gouvernementale (ONG) pour la
vulgarisation des foyers améliorés et des kits solaires dans les zones rurales du
Togo. Une méthodologie de type mixte a été utilisée, alliant questionnaires et
entretiens semi-directifs. Au terme de l’analyse, il en est ressorti que les principales
réussites du projet ont trait à l’implication des communautés bénéficiaires, aux taux
élevés d’adoption des foyers améliorés par les ménages, et à l’organisation des
femmes en groupements d’épargne et de crédit, contribuant ainsi à leur
autonomisation. Toutefois, les analyses ont permis de faire ressortir des points
d’amélioration relatifs aux matériaux utilisés pour les foyers. Il a également été
recommandé à l’ONG de développer de nouvelles collaborations pour assurer la
pérennisation du projet.
Mots clés : Foyers améliorés, kits solaires, environnement, épargne rurale, JVE,
Togo
MID-TERM EVALUATION OF A RURAL ENERGY ACCESS PROJECT:
THE CASE OF THE “EMPOWERING COMMUNITIES 2” PROJECT IN
TOGO
Abstract
Securing public access to various forms of energy (electricity or cooking
energy) is currently one of the major challenges facing the African continent.
Biomass remains the main source of cooking energy, with its harmful
consequences on environmental ecosystems and the health of populations. The aim
of this article was to evaluate an energy access project implemented by a non-
governmental organization (NGO) to popularize improved stoves and solar kits in
rural Togo. A mixed methodology was used, combining questionnaires and semi-
structured interviews. At the end of the analysis, it emerged that the project’s main
successes related to the involvement of beneficiary communities, the high rates of
adoption of improved stoves by households, and the organization of women into
savings and credit groups, thus contributing to their empowerment. However, the
analyses highlighted areas for improvement in terms of the materials used for the
401
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

stoves. The NGO was also advised to develop new collaborations to ensure the
sustainability of the project.
Key words: Improved stoves, solar kits, environment, rural savings, JVE, Togo.
Introduction
L’accès à l’énergie constitue aujourd’hui une des priorités des pays en
développement, surtout ceux en Afrique subsaharienne. Malgré des avancées
notables ces dernières années, l’Afrique reste le continent où les populations ont le
moins accès à l’énergie. Concernant l’électricité, nonobstant les énormes
potentialités du continent en diverses sources d’énergie traditionnelle (pétrole,
charbon, Uranium) et renouvelable (éolienne, solaire, géothermique, etc.), près de
la moitié de la population africaine n’a toujours pas accès à l’électricité (Banque
mondiale, 2022). Pour ce qui a trait à l’énergie utilisée pour la cuisson, le retard
que connait le continent africain est également grand. Il était estimé en 2022 que
plus de 850 millions d’Africains dépendaient encore du bois et du charbon de bois
comme source d’énergie primaire ou secondaire pour la préparation des aliments
(IPCC, 2022). Le bois et ses dérivés sont utilisés pour la cuisson par la quasi-
totalité des ménages en milieu rural. L’Afrique subsaharienne produit à elle seule
65 % du charbon de bois dans le monde (K. Mensah et al., 2022), et au vu des
tendances actuelles, l’utilisation du charbon de bois devrait rester élevée au cours
des prochaines décennies (J. Rose et al. 2022). Avec la coupe des arbres pour
obtenir le bois de chauffe ou fabriquer du charbon de bois, ces sources d’énergie de
cuisson ont un impact très néfaste sur le couvert végétal en Afrique (J. Alfaro et al.,
2018). Par ailleurs, les risques sur la santé sont également non négligeables (P. Sola
et al. 2017), car la fumée qui se dégage de la combustion du bois est néfaste tant
pour la voie respiratoire que les yeux (O. Bede-Ojimadu et O. Orisakwe 2020).
Cela affecte plus les femmes qui sont en première ligne dans l’utilisation de cette
matière première pour la cuisson. Toutefois, il est difficile aux États d’interdire
cette activité de façon absolue à cause du nombre d’emplois provenant de la
production du charbon de bois, et du fait qu’il s’agit d’une activité économique de
subsistance pour de nombreux ménages pauvres (V. Putti et al., 2015 ; F. Vollmer
et al., 2017). Les tentatives de régulations du secteur n’ont eu qu’un impact très
limité dans la plupart des pays concernés (J. Rose et al., 2022).
Avec une population de 8 095 498 habitants (RGPH, 2022), et un indice de
développement humain qui le classe dans la catégorie « développement humain
faible » (162ème sur 189 pays en 2021) (PNUD, 2022), le Togo fait également face à
ce défi d’accès à l’électricité. Le pays a certes connu des améliorations ces
dernières années, avec un taux d’accès à l’électricité qui est passé de 17 % en 2000
à 55,7 % en 2021 (Banque mondiale, 2021). L’on note toutefois une grande
disparité entre le taux d’accès dans les zones urbaines et celui dans les zones
rurales qui étaient respectivement de 96 % et 24 % en 2021 (Banque mondiale,
2022). Le taux d’urbanisation étant de 42 % au Togo, et le niveau de pauvreté en
milieu rural étant estimé au double de celui en milieu urbain, l’ampleur de l’écart
402
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

reste très élevée en nombre absolu. Des recherches menées au Togo ont également
montré un accès inégal à l’électricité entre différents groupes sociaux, les plus
pauvres ayant un accès plus restreint (A. Tchagnao et N. Bayale 2021). Au vu des
récentes tendances, l’objectif du pays d’aboutir à un taux d’électrification de 75 %
en 2025 apparait difficile à atteindre. Le Togo n’échappe pas également à la
dynamique régionale en ce qui concerne l’énergie de cuisson, avec la biomasse
représentant en 2009, 97 % de la consommation énergétique totale de la population
(Fin Mark Trust, 2017), entrainant des impacts importants sur les dégradations des
forêts et savanes (A. Kaina et al. 2018).
Face à ces défis, l’accès à l’énergie reste donc au cœur des efforts de
développement des pays africains en général, et du Togo en particulier. Ces enjeux
sont d’ailleurs centraux dans un contexte de changement climatique où l’utilisation
des énergies fossiles est décriée et celles des énergies renouvelables encouragées.
Dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), les pays africains
ont pris plusieurs initiatives pour faciliter l’accès à l’énergie (ODD 7) et financer
des projets d’infrastructures d’électricité (ODD 9). L’État togolais s’est fixé
comme objectif dans le cadre de la Feuille de route gouvernementale 2020-2025
(Projet 27) le « Développement de capacités de production durables et fiables,
notamment dans le solaire et l’hydroélectrique, et le renforcement correspondant
du réseau de transport et de distribution ». Diverses initiatives ont ainsi vu le jour,
avec notamment le projet d’électrification rurale CIZO initié par l’État en
partenariat avec des acteurs du secteur privé pour fournir des kits solaires à des
coûts abordables aux populations rurales. Des organisations non gouvernementales
(ONG) togolaises contribuent également à ces efforts en initiant des projets pour
faciliter l’accès à l’énergie. Le projet « Empowering Communities 2 » en est un
exemple, et cet article a eu pour objectif de faire une évaluation à mi-parcours
dudit projet. Il sera présenté dans les paragraphes suivants d’abord le contexte du
projet, ainsi que les objectifs poursuivis par l’évaluation effectuée. Ensuite,
l’approche méthodologique sera exposée, suivi des résultats de l’analyse. Enfin, il
sera mené une discussion autour des principaux résultats de l’étude.
1. Problématique
Le projet « Empowering Communities » a été lancé depuis 2017, afin de
relever le défi de l’accès à l’énergie abordable au Togo, surtout en milieu rural.
Après une première phase de mise en œuvre qui a couvert la période 2017 à 2020,
la seconde phase « Empowering Communities 2 » a été initiée pour une période de
2021 à 2025. Financé par l’Agence norvégienne de coopération au développement
(NORAD) à travers l’organisation Naturvernforbundet (NNV), le projet est mis en
œuvre dans trois pays africains (Mozambique, Nigéria, Togo). Au Togo, le projet
est porté par l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), une
organisation fondée depuis 2001et qui intervient sur diverses thématiques qui
peuvent être regroupées en trois axes : (i) énergie, climat et développement ; (ii)
gestion des ressources naturelles ; et (iii) écocitoyenneté.
403
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Globalement, il s’agit, grâce à l’introduction des services modernes


d’énergie dans les zones rurales, de permettre des économies de coûts et de temps,
tout en contribuant à l’amélioration de la santé des populations, surtout des
femmes, et à la protection des écosystèmes. Le projet a cinq principaux objectifs, à
savoir (i) l’accroissement de la durabilité dans l’utilisation de la forêt et des autres
ressources naturelles clés dans les communautés ; (ii) la réduction par les ménages
de leurs dépenses énergétiques, du temps passé dans la cuisson, et des effets
négatifs des pratiques de cuisson sur leur santé ; (iii) l’accroissement des capacités
financières des ménages ; (iv) un meilleur accès à l’électricité ; et (v) l’amélioration
de la capacité organisationnelle de l’ONG. Les activités sont mises en œuvre en
mobilisant les ressources et le savoir-faire endogènes, et en développant les
capacités des communautés à s’auto-organiser pour la protection de leur
écosystème.
Concrètement, le projet a deux volets. Le premier volet nommé « Village
sans fumée » est relatif au déploiement à des prix abordables de foyers améliorés à
bois et à charbon de bois. Ces foyers ont la capacité de réduire substantiellement
les quantités de bois et de charbon utilisés dans la cuisson des aliments. Des
individus et entreprises issus des communautés bénéficiaires sont formés et
contractés pour la fabrication de ces foyers, ce qui crée des emplois endogènes. À
travers cette vulgarisation de foyers améliorés, le projet vise à réduire les pertes
tant en énergies dans les cuissons, qu’en temps dans le ramassage du bois de chaud,
et en argent dans l’achat du bois de chaud ou du charbon de bois. Parallèlement à
cette vulgarisation des foyers, les communautés bénéficiaires sont accompagnées
dans la mise en place de plateformes multipartites locales pour la gestion durable
des ressources naturelles. Ces plateformes multipartites sont constituées par les
leaders locaux, les comités de village et quartiers, les représentants des services
déconcentrés de l’État et des collectivités locales. À terme, le projet vise à accroitre
la durabilité du couvert végétal dans les zones concernées, tout en créant des
emplois pour les bénéficiaires. Le second volet du projet est relatif à la
vulgarisation de kits solaires. En effet, des lampes et systèmes solaires autonomes
sont mis à la disposition des ménages également à des prix subventionnés. Il s’agit
d’accroitre l’accès à l’électricité dans ces zones rurales pour les familles en
général, et les enfants scolarisés en particulier.
Par ailleurs, sur la base de la réduction des dépenses énergétiques (cuisson
et éclairage) et des épargnes ainsi constituées par les ménages, le projet les
accompagne à s’organiser en groupements d’épargne et de crédit. Grâce à ces
groupements, les communautés bénéficiaires peuvent initier diverses activités
génératrices de revenus.
Si sur papier le projet a été bien monté avec une théorie du changement
bien élaboré, il est toutefois crucial d’analyser sa mise en œuvre sur le terrain. En
effet, diverses recherches ont déjà montré dans le contexte africain les disparités
qui peuvent exister entre d’une part les intentions des organisations qui conçoivent
et implémentent les projets, et d’autre part, les logiques endogènes des
404
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

bénéficiaires (P. Lavigne Delville, 1997). La question principale de cette recherche


est donc la suivante : comment le projet est-il réellement mis en œuvre sur le
terrain ? De façon spécifique, il s’agira de voir : dans quelle mesure les résultats
prévus ont été atteints ? Le projet contribue-t-il à créer une meilleure durabilité
dans la gestion des écosystèmes naturels ? Les bénéficiaires ont-ils un meilleur
accès aux foyers améliorés et aux kits solaires ? La capacité financière des
bénéficiaires s’est-elle accrue ? L’hypothèse de départ est qu’il existe un écart entre
les objectifs prévus et ceux atteints. En se focalisant sur les processus, l’efficacité,
la durabilité et la couverture du projet, cette recherche vise à vérifier les acquis du
projet, y compris ses défis, identifier les leçons apprises au niveau opérationnel,
ressortir les bonnes pratiques, et éventuellement fournir des recommandations pour
le renforcement des résultats du projet dans le futur.
2. Méthodologie
La démarche retenue pour l’évaluation du projet « Empowering
Communities 2 » a suivi une approche participative et itérative.
2.1 Étape préparatoire
L’étape préparatoire s’est essentiellement basée sur une revue
documentaire des archives de l’ONG et du projet, et aussi des documents de
politiques régionales et nationales. La majorité des documents a été fournie par
l’ONG JVE. Il s’agit notamment des documents de présentation du projet, du cadre
de résultats, du document des données de base 2021, du plan de gestion des
risques, du document de la stratégie de vulgarisation des foyers, du rapport narratif
intermédiaire 2021, du guide du suivi et du rapportage. D’autres documents comme
les rapports du projet « Empowering Communities 2017–2020 » et les documents
relatifs à l’ONG JVE et à son fonctionnement ont également été mis à la
disposition de l’équipe de l’évaluation. Par ailleurs, d’autres informations ont pu
être collectées sur le site internet et les réseaux sociaux de JVE. Enfin, à titre
complémentaire, la revue de documents relatifs aux grandes orientations nationales
a également été menée. Il s’agit entre autres de la Feuille de route gouvernementale
2020-2025, de la Politique nationale de l’environnement, de la Loi-cadre sur
l’environnement, de la Stratégie nationale de conservation et d’utilisation durables
de la diversité́ biologique, du Plan d’action national 2020-2024 de la République
du Togo pour la politique d’intégration du genre dans l’accès à l’énergie de la
CEDEAO, et la Loi relative à la promotion de la production de l’électricité à base
des sources d’énergies renouvelables au Togo.
Suite à la revue des documents, l’analyse préliminaire a permis d’élaborer
les outils de collecte quantitative et qualitative. Ainsi, un questionnaire a été
élaboré en utilisant l’outil Kobo Toolbox. Le questionnaire comporte plusieurs
catégories destinées chacune à une cible particulière (bénéficiaires, responsables de
services publics, leaders locaux, producteurs de foyers et distributeurs de kits
solaires, responsables de groupement d’épargne, staff de JVE). Par ailleurs, un
405
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

guide d’entretien a également été élaboré avec des questions ouvertes destinées à
ces diverses cibles. Tout au long de cette revue documentaire et de l’élaboration
des questionnaires et guide d’entretien, divers échanges ont eu lieu avec des
personnes-ressources clés de JVE, surtout la division chargée des projets et la
direction exécutive. Avant le terrain, les agents de collecte ont été formés sur
l’utilisation du questionnaire et du guide d’entretien.
2.2 Étape de terrain
L’étape de terrain a d’abord débuté par une première collecte de données
tests en utilisant un formulaire Kobo en ligne qui a été rempli par un échantillon de
personnes du staff de JVE (cinq personnes) et des bénéficiaires (sept personnes).
Ensuite, il y a eu une visite faite au siège de l’ONG JVE, au cours de laquelle le
staff de l’ONG a fait une présentation détaillée du projet « Empowering
Community 2 », de ses activités clés et des indicateurs de performance utilisés. Les
réponses provenant de ce questionnaire test ainsi que les échanges avec le
personnel de JVE ont permis de réajuster le questionnaire et le guide d’entretien
final utilisé pour la suite de la collecte.
Le choix des sites de collecte a ensuite été fait après cette première étape
sur la base de représentativité régionale du territoire national. L’on s’est également
assuré que les sites choisis permettaient d’avoir accès aux différentes formes de
mise en œuvre du projet (foyers, kits solaires, groupements d’épargne, écosystème
végétal, etc.). D’autres critères d’ordre pratique ont également été pris en compte
(distance, accessibilité, capacité à mobiliser les bénéficiaires en un temps court). Le
Tableau I présente les sites qui ont ainsi été retenus pour la collecte. Il faut noter
que cette première évaluation s’est focalisée sur la partie sud du pays, notamment
les régions maritimes et des plateaux.

Tableau I. Sites de la collecte


Région Commune Écosystème
Vô 1 Rivière Boko
Maritime
Haho 1
Kpélé 1 Forêt classée
Plateaux
Danyi 1 d’Assimé
Source : Données de terrain, 2023
Sur chaque site visité, la collecte a touché un échantillon des bénéficiaires,
l’ensemble du staff de JVE, ainsi que des leaders locaux. L’équipe de collecte était
constituée de sept membres avec des expertises en sociologie, gestion de projets,
économie, énergies renouvelables, et statistiques sociales. Suite à la phase de test,
la collecte proprement dite s’est déroulée sur cinq jours durant le mois de janvier
2023. À la fin de chaque journée de collecte, un point est organisé avec l’équipe de
collecte afin de répondre aux questions et discuter des difficultés rencontrées
durant la journée. Cela a permis de comparer les approches de chacun, et minimiser

406
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

les écarts et erreurs durant le terrain. Le Tableau II présente les outils de collecte
utilisés et les tailles des échantillons.

Tableau II. Outils et échantillonnage


Type de
Outils de collecte Cibles Quantités
données
Bénéficiaires 21
JVE Staff 15
Entrevues Responsables services
Données 3
déconcentrés de l’État
qualitatives Leaders locaux 6
Observations Bénéficiaires N/A
Focus Group Bénéficiaires 60
Bénéficiaires 45
JVE Staff 20
Responsables services
Données 6
Questionnaires déconcentrés de l’État
quantitatives
Distributeurs de kits
2
solaires
Leaders locaux 7
Source : Données de terrain, 2023

3. Résultats et discussions
3.1 Résultats
Suite à l’analyse des données recueillies, les principaux résultats présentés
ici sont relatifs aux plateformes multipartites de gestion des écosystèmes, à l’accès
aux foyers améliorés et aux kits solaires, et aux épargnes constituées par les
ménages.
3.1.1 Durabilité dans l’exploitation de la forêt et des autres ressources
naturelles clés de la communauté.
L’analyse des données a permis de noter que des mesures concrètes ont été
prises pour gérer durablement les ressources naturelles. Les analyses ont fait
ressortir une augmentation du nombre d’accords entre les communautés et JVE, et
au sein des communautés sur les questions de gestion de ressources. Au moment de
l’évaluation, JVE avait déjà signé des conventions de partenariats avec plusieurs
collectivités locales (communes). Ces conventions ont permis à l’ONG d’être
impliquée dans l’élaboration des plans de développement communaux desdites
collectivités. Cela a facilité l’élaboration des plans d’action pour la gestion durable
de leurs ressources naturelles. Par ailleurs, l’on a pu remarquer une augmentation
non seulement du nombre des plateformes locales multipartites, mais aussi du
nombre de parties prenantes participant activement à ces plateformes. Le
407
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Tableau III fait une synthèse permettant de constater les améliorations obtenues sur
divers indicateurs relatifs au fonctionnement des plateformes. Non seulement le
nombre de plateformes a augmenté, mais la proportion des parties prenantes locales
impliquées s’est également accrue.

Tableau III. Fonctionnement des plateformes


Données de Janvier
Indicateurs
départ (2021) 2023
Nombre de parties prenantes locales
8 10
impliquées dans le projet
Nombre de plateformes/dialogues
5 8
multipartites
Pourcentage de parties prenantes locales
identifiées participant à des plateformes 47 % 76 %
multipartites
Pourcentage des parties prenantes
participantes qui déclarent avoir été en 20 % 49 %
mesure de faire valoir leurs intérêts
Source : Données de terrain, 2023
L’augmentation du nombre de plateformes multipartites, les partenariats
signés entre JVE et les collectivités, et les plans d’actions élaborés dans ces
collectivités permettent une meilleure réappropriation de l’initiative par les
communautés. Cela concourt à une plus grande durabilité dans l’utilisation des
forêts et des autres ressources naturelles.
3.1.2 Meilleur accès des ménages aux foyers améliorés
L’analyse des données recueillies permet de noter que le projet atteint ses
cibles sur plusieurs indicateurs relatifs à l’accès aux énergies améliorées de
cuisson. En premier lieu, comme on peut le noter sur les images (a) et (d), les
techniques de construction des foyers prennent en compte les matériaux
disponibles localement (argile, pierre). L’intégration de ces techniques endogènes
s’avère également être bonne pour la durabilité des foyers. Selon les bénéficiaires
rencontrées, les foyers ont une durée assez longue (trois ans au minimum) si la
maintenance est faite régulièrement et de la bonne manière. Les bénéficiaires ont
déclaré avoir été formées aux techniques de maintenance des foyers et donc n’ont
pas de recours à une intervention extérieure. En ce qui a trait spécifiquement aux
foyers améliorés à bois de chauffe, il faudrait toutefois noter que la cheminée est
faite en utilisant des morceaux de tôles (Image b). Les bénéficiaires ont mentionné
la fragilité de ces cheminées qu’elles sont amenées à changer au moins chaque
année. Ce fait s’explique par les contraintes thermiques au niveau de la fumée qui
s’en échappe. Ainsi, le matériau (tôle) utilisé ne pourra supporter cette contrainte
durablement. La solution localement accessible et durable que l’étude a suggérée

408
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

est la construction de la cheminée aussi en argile ou en pierre comme illustrée sur


l’image (a).
Le projet est arrivé à vulgariser les nouveaux foyers de cuisson. Les
données recueillies montrent que dans les communautés où intervient le projet, l’on
note une baisse importante des foyers traditionnels à trois pierres, grandes
consommatrices de bois. Comme le Tableau IV le montre, depuis le lancement du
projet, de nombreux ménages ont adopté les foyers améliorés, en moyenne 73 %.
Plus encore, dans 60 % des communautés bénéficiaires, au moins la moitié des
ménages utilisent des foyers améliorés.
Tableau IV. Utilisation des foyers améliorés
Données Janvier
Indicateurs
de départ 2023
Pourcentage de ménages dans les communautés
0 73,42
du projet qui utilisent des foyers améliorés
Pourcentage des communautés du projet où au
moins la moitié des ménages utilisent des foyers 0 60
améliorés.
Nombre de foyers améliorés pour le bois produits
0 1 252
dans le cadre du programme
Source : Données de terrain, 2023
Aussi, sur 76 055 ménages concernés, le projet a permis de produire et de
distribuer 17 508 foyers améliorés à charbon de bois dans l’ensemble des
communautés où l’intervention se déroule.
Par ailleurs, les quantités de charbon et de bois de chauffe utilisées en moyenne par
les ménages ont réellement diminué (Tableau V). En ce qui a trait au bois de
chauffe, le temps consacré à la collecte du bois s’est également réduit de moitié,
car la faible demande en bois des foyers améliorés diminue la nécessité qu’ont les
femmes d’aller à la recherche des grosses branches ou tronc d’arbustes pour les
activités de cuisson.
Tableau V. Quantités de charbon et bois de chauffe utilisées
Données de Janvier
Indicateurs
départ (2021) 2023
Quantité de charbon de bois (kg/an) 1500 650
Quantité de bois de chauffage (kg/an) 2400 1320
Temps consacré à la collecte de bois de
6 3
chauffage (heure/semaine)
Source : Données de terrain, 2023
Comme l’illustre l’image 3 ci-dessous, et selon les femmes interrogées,
« quelques petits bois secs ramassés suffisent largement pour assurer la cuisson des
repas. » Par ailleurs, tous les ménages qui utilisent les foyers améliorés à bois de
409
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

chauffe ont déclaré avoir moins de problèmes respiratoires et oculaires. Comme on


peut le noter sur les images 1 et 2, la fumée qui sort du feu de bois est canalisée et
renvoyée vers une cheminée extérieure.

Images : (a) Foyer amélioré à bois de chauffe ; (b) Cheminées de foyer amélioré à bois
de chauffe ; (c) Bois de chauffe utilisé dans les foyers améliorés ; (d) Foyer amélioré à
charbon de bois.
L’accès aux foyers améliorés est lié non seulement à leur disponibilité,
mais aussi à leurs coûts d’acquisition par les ménages. Les analyses des données
ont donc également porté sur la perception des bénéficiaires relativement aux coûts
des foyers. À ce propos, comme l’illustre la Figure 1, 53 % des bénéficiaires
enquêtés jugent les prix abordables ou moins chers. L’on note cependant une
proportion non négligeable (46,6 %) qui juge les prix un peu ou très chers.

410
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Figure 1. Appréciation du prix des foyers

En ce qui a trait à l’inclusion des groupes vulnérables, surtout les femmes,


les enquêtes de terrain ont montré que plus de 90 % des bénéficiaires directs du
projet sont des femmes. Les groupements d’épargne et de crédit rencontrés
(images e et f) dans les différentes communautés sont essentiellement constitués de
femmes.

Images : (e) Focus Group avec un groupement de femmes Vô 1 ; (f) Focus Group avec
un groupement de femmes Kpélé.
3.1.3 Capacités financières accrues des ménages
L’analyse des données recueillies montre que les sommes dépensées pour
acheter le charbon de bois ou le bois de chauffe se sont réduites depuis le début du
projet. Cela entraine ainsi une baisse des dépenses liées à l’achat de ces matières

411
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

premières pour la cuisson. Cela contribue à accroitre le revenu annuel moyen des
ménages. En moins de deux ans, les sommes moyennes annuelles dépensées par les
ménages pour l’achat du charbon de bois et du bois de chauffe ont été très réduites
suite à l’adoption des foyers améliorés par les ménages (Tableau VI).
Tableau VI. Sommes dépensées
Données de Janvier
Indicateurs
départ 2023
Somme dépensée pour charbon de bois
75 000 32 500
(FCFA/année)
Somme dépensée pour bois de chauffe
96 000 52 800
(FCFA/année)
Revenu annuel en espèces du ménage
240 000 283 200
(FCFA/année)
Source : Données de terrain, 2023

Les économies ainsi faites par les ménages ont constitué des épargnes au
sein de groupements organisés par le projet. En effet, les enquêtes de terrain ont
montré que le projet a suscité la redynamisation des groupements d’épargne et de
crédit existants, et la création de nouveaux groupements. Comme présenté dans le
Tableau VII, cela entraine une augmentation des épargnes personnelles des
bénéficiaires. Plus encore, ces groupements octroient des crédits à leurs membres à
des taux d’épargne (en moyenne 8 %) qui sont bien en dessous des taux bancaires.
Les femmes constituent la cible principale de la vulgarisation des foyers améliorés,
car étant les principales, et très souvent les seules, utilisatrices des foyers dans les
ménages. Ces groupements d’épargne et de crédit contribuent à l’autonomisation
financière des femmes. Les groupements de femmes rencontrées à Kpélé et dans le
Vo ont déclaré réaliser une épargne moyenne de 38 000 FCFA par an. Durant les
entretiens, ces femmes ont déclaré avoir pu lancer des activités économiques
(maraichage, savonnerie, commerce de céréale, etc.) grâce à ces épargnes et aux
crédits que cela leur a permis de faire.
Tableau VII. Groupes d’épargne et de crédit
Janvier
Indicateurs Données de départ
2023
Nombre de groupes d’épargne et de
crédit créés et ayant achevé leur 14 20
premier cycle d’épargne
Augmentation annuelle en % de
7
l’épargne par personne
Source : Données de terrain, 2023
Les analyses se sont également intéressées à la connexion des groupes
d’épargne et de crédit aux services bancaires formels. Les données collectées ont

412
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

illustré le faible niveau de confiance des ménages vis-à-vis du système bancaire


formel. Aucun des groupes d’épargne et de crédit rencontré n’a recours aux
services bancaires. Les épargnants rencontrés ont relevé les coûts d’ouverture et de
tenue de compte et les documents à fournir comme obstacles à leur affiliation à une
banque ou une institution de microfinance. En ce qui a trait à l’utilisation des
moyens de transaction par téléphonie mobile, l’on note un début d’utilisation par
les bénéficiaires du projet ; toutefois, cette utilisation reste ponctuelle et limitée en
termes de montants.
3.1.4 Accès des ménages aux kits solaires pour l’éclairage
Tel que résumé dans le Tableau VIII, l’analyse des données collectées
montre une augmentation de la proportion des communautés où les kits solaires
sont disponibles, et du nombre de personnes qui bénéficient pour la première fois
des services d’électricité provenant de ces kits.
Tableau VIII. Disponibilité des kits solaires
Données de Janvier
Indicateurs
départ 2023
Pourcentage des communautés du programme où
40 90
ces solutions sont disponibles localement.
Nombre de personnes ayant eu accès pour la
première fois aux services d’électricité de base à - 15 762
domicile.
Nombre de personnes qui bénéficient/utilisent des
services communautaires gérés par les nouveaux - 17 622
points de service solaire.
Source : Données de terrain, 2023
Globalement, il y a un accroissement de la proportion des ménages
disposant de systèmes solaires avec prises de recharge. En effet, dans les
communautés ciblées, le suivi des indicateurs montre que cette proportion est
passée de 30 % à 65 %. Par ailleurs, la proportion des ménages ayant des enfants
scolarisés qui déclarent que le travail scolaire s’est accru à 75 % au moment de
l’enquête. En ce qui a trait à l’appréciation des prix des kits solaires, les trois quarts
(75 %) des bénéficiaires enquêtés jugent les prix d’acquisition abordables ou moins
chers. Le reste des répondants ont toutefois déclaré ne pas savoir. Cette proportion
pourrait s’expliquer par le fait que dans certaines communautés, les kits distribués
par JVE étant les seuls de ce genre, les bénéficiaires n’aient pas d’autres bases de
comparaison.

413
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Figure 2. Appréciation du prix des kits solaires

Source : Données de terrain, 2023

Le projet « Empowering Communities 2 » a donc permis une augmentation


des ménages qui ont pour la première fois accès à l’éclairage. Globalement, le
projet a beaucoup accru le nombre de communautés où les populations peuvent
désormais se procurer des kits solaires. La disponibilité des kits et leurs prix jugés
abordables rendent l’accès facile pour les communautés ciblées. Par conséquent, la
proportion des personnes utilisant ces kits a également substantiellement
augmenté ; cela entraine un meilleur accès à l’information et une augmentation du
travail scolaire des enfants. Durant les entretiens et les focus groups, les
bénéficiaires ont vanté la solidité des kits solaires et leur facilité d’utilisation qui
leur donnent une longue durée de vie lorsqu’ils sont bien entretenus. Toutefois, en
cas de manque d’entretien ou d’accident qui entraine des défaillances des kits, les
solutions de réparation ne se trouvaient pas localement. Il fallait s’en remettre aux
agents de terrain de JVE qui parfois collectent les kits défectueux pour les faire
réparer en ville.
3.1.5 Analyse FFOM du projet
Sur la base des données recueillies, une analyse des forces, faiblesses,
opportunités et menaces (FFOM) liées au projet a été faite. Le Tableau IX résume
les principaux résultats de cette analyse.

414
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Tableau IX. Tableau FFOM du projet


FORCES OPPORTUNITÉS
- Approche communautaire, - Feuille de route gouvernementale 2020-
participative et endogène dans la 2025, à travers le projet 27 (électrification
mise en œuvre du projet ; solaire) et la réforme 6 (Refonte de la
- implication réelle des acteurs locaux règlementation sur la protection des
(chefs traditionnels, responsables des ressources naturelles) ;
collectivités locales, coopératives) et - processus actuel de décentralisation, avec
bonne collaboration avec les services transfert de certaines prérogatives liées à la
déconcentrés de l’État ; protection de l’environnement aux
- équipe de JVE dédiée avec une collectivités locales ;
bonne connaissance du milieu ; - conventions de partenariat entre JVE et les
- libéralisation dans la distribution des collectivités locales ;
kits, suscitant des activités - existence de laboratoires de recherches
génératrices de revenus au niveau universitaires sur les énergies renouvelables.
local ;
- accessibilité géographique et
financière des kits.
FAIBLESSES MENACES
- Charge de travail quelques fois - Vulnérabilité des écosystèmes face aux feux
importante sur l’équipe du projet ; de brousse ;
- faible disponibilité de la main- - méfiance des populations rurales vis-à-vis
d’œuvre jeune au niveau local pour du système bancaire formel ;
la fabrication des foyers améliorés ; - pression démographique sur certains
- absence d’expertise locale dans les écosystèmes.
communautés pour la maintenance et
la réparation des kits solaires.
Source : Données de terrain, 2023
3.2 Discussions
L’analyse des données recueillies sur le terrain indique que la mise en
œuvre du projet « Empowering Communities 2 » a eu des résultats probants sur la
plupart des indicateurs. Le projet a déjà atteint ses cibles sur certains indicateurs, et
en bonne voie d’atteindre les autres cibles. Dans les communautés où l’initiative
est mise en œuvre, l’on note une réduction dans l’utilisation des bois de chauffe et
du charbon, avec des effets positifs observés par les bénéficiaires sur leur
écosystème. Ces résultats sont similaires à ceux trouvés par M. Kamdem et ses
coauteurs au Cameroun, concluant suite à leurs analyses que « les foyers améliorés
sont des outils de cuisson plus avantageux et dont la contribution à la préservation
de la végétation est totalement démontrée » (M. Kamdem et al., 2022, p. 705).
L’analyse des données recueillies durant cette étude illustre également que la mise
en œuvre des plateformes multipartites locales a une certaine effectivité en ce qui a
trait à l’implication des communautés dans la gestion de leur écosystème. Cela
confirme les conclusions des études qui ont démontré que les résultats produits par

415
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

une conservation contrôlée de l’extérieur sont largement moins probants que ceux
produits par des efforts où les peuples autochtones et les communautés locales
jouent un rôle central dans la protection ou la restauration de la biodiversité (N.
Dawson et al. 2021). L’exécution participative du projet constitue donc l’une de ses
principales forces.
Les ménages bénéficiaires du projet « Empowering Communities 2 » ont
pour la plupart déclaré avoir observé une baisse significative de leurs dépenses
énergétiques suite à l’utilisation des foyers améliorés. La mise en œuvre du projet a
permis aux bénéficiaires, surtout aux femmes, de faire des économies en termes de
dépenses énergétiques. Ces observations confirment celles d’études dans d’autres
pays (D. Negashet al., 2021). Dans certains contextes, l’usage des foyers améliorés
est même plus économique que celui du gaz butane. C’est ce qui ressort des
analyses de A. Neema Ciza et de ses coauteurs menées à Bukavu en République
Démocratique du Congo. Suite à leurs analyses des effets de l’utilisation des foyers
améliorés sur le niveau de vie des ménages, ces auteurs notent que, comparée à
l’utilisation du gaz butane, l’utilisation des foyers améliorés à charbon de bois
consommait une proportion plus faible du budget des dépenses alimentaires (A.
Neema Ciza et al., 2019). La présente étude permet également de confirmer dans le
contexte togolais des observations faites ailleurs relatives au fait que les foyers
améliorés peuvent faire gagner du temps et réduire les corvées, surtout pour les
femmes (K. Jagoe et al., 2020 ; P. Krishnapriya et al., 2021). Les données
recueillies dans le cadre de cette étude ont en effet montré que les ménages qui
utilisent les foyers améliorés dans les zones bénéficiaires ont réduit le temps
consacré au ramassage du bois et à la cuisson. Cette réduction en temps pour les
tâches domestiques permet aux femmes de se consacrer à d’autres activités
génératrices de revenus, contribuant ainsi à accroitre leur autonomie (P. Jacquemot,
2019). En outre, la baisse des problèmes respiratoires notée par les bénéficiaires
corrobore les résultats d’autres recherches qui ont porté sur les effets sur la santé
des fourneaux à biomasse. Pour des recherches menées dans divers pays en
développement et utilisant différentes méthodes (K. Cundale et al., 2017 ; K. Dutta
et al., 2007 ; R. Pratiti et al., 2020), les fourneaux améliorés atténuent ces effets sur
le court terme.
En ce qui a trait à la vulgarisation des lampes solaires, cela permet aux
communautés de bénéficier de l’accès à l’information ou à de plus longues heures
de travail nocturne. Les résultats des données collectées dans le cadre de
l’évaluation du projet « Empowering Communities 2 » viennent confirmer des
études menées dans d’autres pays. En Inde par exemple, R. Sharma et ses coauteurs
ont montré que dans les milieux ruraux, les lampes solaires ont permis d’accroitre
le temps d’étude des enfants scolarisés (Sharma et al., 2019). Plus encore, cette
même étude a montré que les dépenses mensuelles liées à l’achat du pétrole
lampant ont baissé (R. Sharma et al., 2019). Au Kenya également, N. Wagner et
ses coauteurs tirent des conclusions similaires après avoir mené leurs analyses sur
des données provenant de plus de 1000 ménages (N. Wagner et al., 2021). Dans la
416
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

même lignée, M. Sievert et J. Steinbuks (2020) et M. Grimms (2020) notent que


dans les zones rurales pauvres en Afrique subsaharienne, comparés aux
installations du réseau électrique classique, les kits solaires hors réseaux sont en
générale bien plus abordables. Ils préconisent alors que les pouvoirs publics
investissent plus sur les kits solaires hors réseaux que sur des extensions du réseau
électrique classique.
Enfin, un résultat important qui est ressorti de cette étude est le fait que les
groupes d’épargne et de crédit qui ont été suscités par le projet ont créé des cadres
permettant de canaliser les économies effectuées par les femmes dans des épargnes
qui ont subséquemment permis de lancer des activités économiques. Ces dernières
ont accru l’autonomisation des femmes, et donc les capacités financières des
ménages ciblés. Comme T. Okello et D. Mwesigwa (2022) l’ont observé dans le
contexte ougandais, une fois responsabilisées dans des groupements, les femmes
pauvres investissent judicieusement dans des activités et obtiennent des retours sur
investissement qui contribuent à leur autonomisation financière. Il faut aussi noter
que la constitution de ces groupements d’épargnes contribuera à la pérennité des
acquis du projet, puisque ces groupements fonctionnent aujourd’hui de façon
autonome. Les taux d’épargnes octroyés par ces groupements constituent un
élément attractif pour ces populations. Par contre, cela peut également constituer
une démotivation pour ces bénéficiaires lorsqu’il s’agit de rentrer dans le système
bancaire formel au vu des taux bas offerts par les banques.
Conclusion
L’étude présentée dans cet article avait pour objectif d’évaluer le projet
« Empowering Communities 2 » de l’ONG JVE, avec des questions portant sur ses
processus de mise en œuvre, son efficacité, sa durabilité, et sa capacité à être
inclusif. La collecte des données et les analyses menées ont permis de faire
ressortir que le projet atteint ses résultats sur la plupart des indicateurs. Aussi,
l’implication des communautés bénéficiaires et la valorisation du savoir-faire
endogène ont permis d’assurer une durabilité des acquis du projet. Les aspects
inclusifs du projet ont également pu être démontrés, car les femmes sont en
première ligne dans l’utilisation des foyers améliorés, et qu’elles sont les
principales animatrices des groupements d’épargne et de crédit. Toutefois, en ce
qui a trait aux écosystèmes, les feux de brousse constituent un risque externe
important dont les conséquences réduisent certaines avancées obtenues dans la
protection des écosystèmes. En effet, certains des écosystèmes restaurés par le
projet « Empowering Communities 2 » courent le risque d’être attaqués par des
feux de brousse. Avec une plus grande implication des plateformes dans la lutte
contre les feux de brousse, et une meilleure collaboration avec les services
déconcentrés de l’État, il devrait être possible de réduire les conséquences de ce
fléau. Il serait ainsi indiqué d’élargir les partenariats avec des programmes
complémentaires de l’État et d’autres ONG qui concourent à la protection des
écosystèmes.
417
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

Sur la base de l’analyse FFOM du projet, d’autres recommandations


peuvent être faites pour en améliorer la mise en œuvre. En premier lieu, malgré le
fait que la majorité des bénéficiaires aient trouvé les prix des unités abordables, des
proportions non négligeables les trouvent toujours chers. L’ONG JVE pourrait
analyser les possibilités de réduire les prix, ou d’instaurer des mécanismes de
paiement échelonnés. En second lieu, en ce qui a trait à la durabilité du projet, il
serait judicieux de développer des expertises locales pour la réparation des kits
solaires ; cela créerait des emplois locaux supplémentaires. Aussi, les enquêtes
ayant fait ressortir une faiblesse dans les matériaux utilisés pour la fabrication des
cheminées des foyers à bois, des matériaux plus adaptés pourraient être utilisés
pour une plus grande durabilité de ces unités de cuisson. Enfin, il serait pertinent de
développer la coopération entre l’ONG JVE et le monde de la recherche
scientifique pour trouver de meilleurs combustibles pour les foyers à charbon et
améliorer les composantes des foyers. La durabilité de l’impact du projet réside
dans son approche participative et la création pour les populations d’activités
génératrices de revenus dans le domaine de l’économie verte. Une plus grande
implication de JVE dans l’élaboration des plans de développement communaux
dans les communautés où le projet est mis en œuvre permet de s’assurer que les
acquis du projet resteront pérennes.
Au vu des bénéfices que les foyers améliorés et les kits solaires apportent
pour les ménages et pour l’environnement, leur utilisation devrait être encore plus
vulgarisée. Si l’information et la sensibilisation sont un premier pas, certaines
recherches arrivent à la conclusion qu’il faut aller au-delà, et que des initiatives
éducationnelles plus compréhensives destinées tant aux femmes qu’aux hommes
seraient plus efficaces (S. Lindgren 2020). De tels projets sont d’ailleurs cohérents
avec les politiques publiques nationales. D’une part, la consommation du charbon
de bois a vocation à rester élevée au cours des années à venir (J. Rose et al., 2022),
et d’autre part, l’extension du réseau électrique revient très couteuse aux pouvoirs
publics (M. Grimm et al., 2020) et a de la peine à suivre la demande en milieu rural
et dans les périphéries urbaines en Afrique. Des initiatives similaires à
« Empowering Communities 2 » de JVE devraient donc être réalisées à plus grande
échelle, afin de cibler la gestion durable du couvert végétal, la promotion des
foyers améliorés à faible consommation d’énergie, et la vulgarisation des kits
solaires hors réseaux.
Références bibliographiques
BANQUE MONDIALE, 2021, Accès à l’électricité (% de la population) - Sub-
Saharan Africa, [En ligne] mis en ligne en 2021, consulté le 2023-07-30, URL :
https://donnees.banquemondiale.org/indicator/EG.ELC.ACCS.ZS?locations=ZG
BANQUE MONDIALE, 2022, Accès à l’électricité, zones urbaines (% de la
population urbaine), [En ligne], mis en ligne en 2022, consulté le 2023-08-20,
URL : https://donnees.banquemondiale.org/indicator/EG.ELC.ACCS.UR.ZS

418
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

BEDE-OJIMADU, Onyinyechi et ORISAKWE, OrishEbere, 2020. « Exposure to


Wood Smoke and Associated Health Effects in Sub-Saharan Africa: A Systematic
Review. »Annals of Global Health 86 (1). doi: 10.5334/AOGH.2725.
CUNDALE, Katie, THOMAS, Ranjeeta, MALAVA Jullita Kenala, HAVENS,
Deborah, MORTIMER, Kevin, et CONTEH, Lesong, 2017, « A Health
Intervention or a Kitchen Appliance? Household Costs and Benefits of a Cleaner
Burning Biomass-Fuelled Cookstove in Malawi », Social Science &
Medicine 183:1–10. doi: 10.1016/J.SOCSCIMED.2017.04.017.
DAWSON, Neil et al., 2021, « The Role of Indigenous Peoples and Local
Communities in Effective and Equitable Conservation », Ecology and Society 26
(3). doi: 10.5751/ES-12625-260319.
DUTTA, Karabi, et al., 2007, « Impact of Improved Biomass Cookstoves on
Indoor Air Quality near Pune, India », Energy for Sustainable Development 11
(2):19–32. doi: 10.1016/S0973-0826 (08)60397-X.
FINMARK TRUST, 2017, Togo, Énergie propre, Tableau de bord 2017, [En
ligne], mis en ligne en 2021, consulté le 2023-07-30, URL :
https://finmark.org.za/system/documents/files/000/000/231/original/Togo_Dashboa
rd_FinScope_Clean-energy_French.pdf?1601993181.
GRIMM, Michael et al., 2020, « Demand for Off-Grid Solar Electricity:
Experimental Evidence from Rwanda », Journal of the Association of
Environmental and Resource Economists 7 (3):417–54. doi: 10.1086/707384.
IPCC, 2022, Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of
Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel
on Climate Change [P.R. Shukla,J. Skea, R. Slade, A. Al Khourdajie, R. van
Diemen, D. McCollum, M. Pathak, S. Some, P. Vyas, R. Fradera, M. Belkacemi,A.
Hasija, G. Lisboa, S. Luz, J. Malley, (eds.)]. Cambridge University Press,
Cambridge, UK and New York, NY, USA. doi : 10.1017/9 781 009 157 926 008.
JACQUEMOT, Pierre, 2019, « Vers l’autonomisation Des Femmes En Milieu
Rural En Afrique », Dossier 8. Willagri-Femmes Rurales-10-19 | Enhanced
Reader.
JAGOE, Kirstie et al., 2020, « Sharing the Burden: Shifts in Family Time Use,
Agency and Gender Dynamics after Introduction of New Cookstoves in Rural
Kenya », Energy Research & Social Science 64:101413. doi:
10.1016/J.ERSS.2019.101413.
KAINA, Ayekiet al., 2018, « Impact de l’exploitation Du Bois Énergie Sur La
Végétation Dans Le Dans La Préfecture de Tchaoudjo Au Togo », Revue de
Géographie de l’Université de Ouagadougou 1 (7).
KAMDEM, Maxime et al., 2022, « Usage Des Foyers Améliorés et Préservation de
La Végétation Au Cameroun », ESI Preprints9:709. doi:
10.19044/esipreprint.9.2022.p688.
KOUAMI, Kokou et al., 2009, « Impact of Charcoal Production on Woody Plant
Species in West Africa: A Case Study in Togo », Scientific Research and Essay 4
(9):881–93.
419
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

KRISHNAPRIYA, Perumbillissery P., Maya Chandrasekaran, Marc Jeuland, and


Subhrendu K. Pattanayak, 2021, “Do Improved Cookstoves Save Time and
Improve Gender Outcomes? Evidence from Six Developing Countries.” Energy
Economics 102:105456. doi: 10.1016/J.ENECO.2021.105456.
LAVIGNE DELVILLE, Philippe, 1997, « A quoi servent les Sciences Sociales
dans les Projets de Développement Rural ? Points de Vue d'un "Agent Double" »,
Bulletin de l'APAD [En ligne], 14 | 1997, mis en ligne le 29 janvier 2007, consulté
le 05 septembre 2023. UR: http://journals.openedition.org/apad/589 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/apad.589
LINDGREN, Samantha A., 2020, « Clean Cooking for All? A Critical Review of
Behavior, Stakeholder Engagement, and Adoption for the Global Diffusion of
Improved Cookstoves », Energy Research & Social Science 68:101539. doi:
10.1016/J.ERSS.2020.101539.
NEEMA CIZA, Angélique et al., 2019, « Étude Comparative de Performance
d’utilisation Des Foyers Améliorés et Leurs Effets Sur Les Niveaux de Vie Des
Ménages de Bukavu », VertigO 19 (1).
NEGASH, Dugassa et al., 2021, « Environmental and Financial Benefits of
Improved Cookstove Technologies in the Central Highlands of Ethiopia », Biomass
and Bioenergy 150:106089. doi: 10.1016/J.BIOMBIOE.2021.106089.
OKELLO, Tonny et MWESIGWA, David, 2022, « Analysing the Significance of
Village Savings and Loan Association (VSLA) to Community Development in
Uganda », IJISET-International Journal of Innovative Science, Engineering &
Technology 09:6.
PNUD, 2022, Uncertain times, unsettled lives Shaping our future in a transforming
world (Human Development Report 2021/2022), United Nations Development
Programme, New York, NY 10017 USA
PRATITI, Rebecca et al., 2020, « Health Effects of Household Air Pollution
Related to Biomass Cook Stoves in Resource Limited Countries and Its Mitigation
by Improved Cookstoves », Environmental Research 186:109574. doi:
10.1016/J.ENVRES.2020.109574.
ROSE, Julian et al., 2022, « The Forgotten Coal: Charcoal Demand in Sub-Saharan
Africa », World Development Perspectives 25:100401. doi:
10.1016/J.WDP.2022.100401.
SHARMA, Rohit et al., 2019, « Do Solar Study Lamps Help Children Study at
Night? Evidence from Rural India », Energy for Sustainable Development 50:109–
16. doi: 10.1016/J.ESD.2019.03.005.
SIEVERT, Maximiliane et STEINBUKS, Jevgenijs, 2020, « Willingness to Pay for
Electricity Access in Extreme Poverty: Evidence from Sub-Saharan Africa »,
World Development 128:104859. doi: 10.1016/J.WORLDDEV.2019.104859.
SOLA, Phosiso et al., 2017, « The Environmental, Socioeconomic, and Health
Impacts of Woodfuel Value Chains in Sub-Saharan Africa: A Systematic Map »,
Environmental Evidence 6 (1):1–16. doi: 10.1186/S13750-017-0082-2/TABLES/6.

420
Ayemi Akessime LAWANI, Mamadou BOUKARI, N’detigma KATA, Sena ALOUKA, Annette
Luttah ALUORA / Évaluation à mi-parcours d’un projet d’accès à l’énergie en milieu rural : Cas du
projet « empowering communities 2 » au Togo / revue Échanges, n° 021, décembre 2023

TCHAGNAO, Abdou-Fataou, et BAYALE, Nimonka, 2021, « Déterminants de La


Dépense Domestique de La Consommation d’électricité Des Ménages Au Togo »,
Repères et Perspectives Économiques 5 (1). doi :
10.34874/IMIST.PRSM/RPE/25761.
WAGNER, Natascha et al., 2021, « The Impact of Off-Grid Solar Home Systems
in Kenya on Energy Consumption and Expenditures », Energy
Economics 99:105314. doi: 10.1016/J.ENECO.2021.105314.

421

Vous aimerez peut-être aussi