Perceptions Public
Perceptions Public
Perceptions Public
octobre 2006
Cette étude a été réalisée par :
SOMMAIRE ................................................................................................................................. 4
OBJECTIFS ................................................................................................................................. 5
MÉTHODOLOGIE ......................................................................................................................... 6
SYNTHÈSE ................................................................................................................................. 7
- le fonctionnement des salles Art et Essai comme salles de proximité ou comme lieux
de vie ;
Cette étude qualitative s’appuie sur trois réunions de groupes qui se sont tenues au cours du
mois d’octobre 2005.
Le premier groupe, réuni à Paris, a rassemblé 7 femmes et 3 hommes âgés de 24 à 54 ans
pour une discussion de 4 heures. Le deuxième groupe, organisé à Lille, réunissait 5 femmes
et 3 hommes âgés de 23 à 57 ans. La réunion a duré 3h45. Enfin, le dernier groupe, réuni à
Nantes pendant 3h45 également, rassemblait 6 femmes et 3 hommes âgés de 30 à 56 ans.
Au cours de ces réunions, ces spectateurs, sous l’égide d’un animateur, se sont exprimés
sur leurs expériences et leurs attentes vis-à-vis du cinéma d’Art et Essai.
Cette phase de réunions a été complétée par une enquête d’approfondissement administrée
par Internet auprès de 228 spectateurs Art et Essai. Le questionnaire, d’une durée de 20
minutes, comportait des questions fermées et quelques questions ouvertes dont les
réponses ont fait l’objet d’une analyse qualitative systématique.
Avertissement
Comme toute étude qualitative s’appuyant sur des réunions de groupes, cette étude ne fait
que restituer des avis exprimés par les spectateurs interrogés, sans aucun parti pris, et les
analyses exposées dans ce document ne prétendent à aucun objectif d’exhaustivité.
L’Art et Essai n’est pas une catégorie objective, elle est potentiellement très ouverte
La catégorie Art et Essai est assez difficilement délimitable pour les spectateurs. Elle se
situe entre deux pôles :
- avant tout, la notion d’Art et Essai est principalement définie par une série
d’oppositions parfois manichéennes avec le cinéma grand public ou « commercial »,
avec des critères assez exigeants, puristes, voire un peu élitistes ;
- dans le même temps, elle peut être très ouverte, incluant une grande variété de films,
dès lors qu’ils apportent un bénéfice d’ordre artistique, intellectuel et émotionnel, sans
exclure nécessairement le plaisir divertissant.
Pour les spectateurs, la notion d’Art et Essai couvre donc une palette très diversifiée de
cinémas, entre un pôle « puriste » et un pôle « ouvert », avec des films ancrés dans la
sphère « auteur » de façon plus ou moins nette.
Ainsi, ils reconnaissent des films clairement Art et Essai et des films clairement commerciaux
mais, entre les deux, existe une nébuleuse de films dont la nature est incertaine. Certains
spectateurs acceptent de voir qualifiés d’Art et Essai des films très accessibles au grand
La recherche de la V.O.
Les spectateurs associent fortement la notion d’Art et Essai à la version originale, comme
seul moyen d’appréhender l’œuvre originale. Pour un film Art et Essai, ils choisissent en très
grande majorité la version originale alors qu’une même proportion d’entre eux peuvent opter
pour la version doublée d’un film grand public.
Les parents spectateurs attendent des salles Art et Essai des programmations originales, en
particulier dans le domaine du film d’animation, et qui soient complémentaires avec les
programmes pour enfants accessibles à la télévision.
Les salles qui valorisent bien leur programmation pour enfants trouvent un public fidèle et
très satisfait, notamment lorsque les projections sont accompagnées d’une animation, sous
forme de goûter ou de discussion pédagogique par exemple. Pour les parents amateurs de
cinéma d’Art et Essai, il est très important d’encourager la cinéphilie de leurs enfants.
Néanmoins, il existe un risque que le confort des grandes salles, de plus en plus modernes,
augmente le niveau d’attente des spectateurs pour les salles Art et Essai. Ils sont nombreux
à considérer que le confort devrait également être une préoccupation des petites salles Art et
Essai.
Le film Art et Essai est appréhendé comme une œuvre. Matière à réflexion, il est crédité d’un
vrai bénéfice personnel et culturel. Il est vécu comme une invitation à la découverte, tant sur
le plan intellectuel et esthétique qu’émotionnel. La relation au film est vécue comme une
expérience, une rencontre, dans laquelle le spectateur est actif et partie prenante. Avec le
film « grand public » au contraire, le spectateur est davantage dans une posture de détente
et de réception d’un divertissement, voire de « consommation d’un produit ».
Compte tenu de leur accessibilité limitée (horaires, durée de programmation), les films Art et
Essai impliquent un minimum d’effort de la part du spectateur. Celui-ci doit s’organiser pour
les voir. En comparaison, le film « grand public » semble moins choisi, il s’impose davantage
au spectateur. Grâce à une promotion importante, ces œuvres sont visibles à peu près
partout, sur une durée relativement longue. Le choix d’aller voir un film grand public peut
même résulter d’une pression sociale, notamment insufflée par les médias, qui rend certains
films incontournables, indépendamment de leur qualité artistique.
Compte tenu de la qualité des films considérés comme Art et Essai, les spectateurs se
déclarent moins souvent déçus avec ce type de films qu’avec les films grand public pour
lesquels l’intérêt et la satisfaction sont plus aléatoires, notamment en raison du fort risque de
décalage entre une promotion importante et attractive et la réalité du film.
Cette forte satisfaction vis-à-vis du cinéma Art et Essai se traduit par un effet d’entraînement
des spectateurs pour aller voir d’autres films Art et Essai dans ces établissements
cinématographiques.
Pour les spectateurs, la notion d’Art et Essai est souvent en opposition manichéenne avec le
cinéma commercial, dans une définition assez stricte, avec de nombreux critères (artistiques,
économiques, etc).
Une partie des spectateurs jugent cependant que la notion d’Art et Essai est potentiellement
plus ouverte et peut couvrir une grande variété de films, dès lors qu’ils apportent un bénéfice
d’ordre artistique, intellectuel, émotionnel, sur un mode qui ne soit pas celui du « prêt à
consommer ».
Ainsi, la notion d’Art et Essai couvre en réalité une palette diversifiée de cinémas entre deux
pôles opposés :
- un pôle « puriste » : intellectuel, anti-commercial, un peu élitiste, exigeant,
- un pôle plus « ouvert », plus accessible, avec des critères moins stricts, où l’aspect
divertissant n’est pas totalement exclu.
Appliquée aux films, l’expression « Art et Essai » peut renvoyer à des œuvres
expérimentales, ennuyeuses, où la recherche esthétique s’opère au détriment du
divertissement.
« Un peu intellectuel (« essai »), dans le sens négatif, chiant »
« Parfois ennuyeux »
« Lent »
« Technique »
« Contemplatif »
Les spectateurs regrettent que les connotations négatives de l’expression « Art et Essai »
enferment l’image de ce cinéma dans ses aspects puristes, vieillots ou élitistes et empêchent
de rendre compte d’une ouverture et d’une accessibilité plus grandes.
Aujourd’hui, l’image du cinéma d’Art et Essai est cantonnée dans son pôle puriste, vieillot,
« intello » et un peu austère, et pas du tout sur ses valeurs d’ouverture et d’accessibilité.
Les spectateurs estiment que la plus grande mise en avant des réalisateurs, qui valorisent
les films comme œuvres d’auteur, améliore l’image de l’Art et Essai. De même, la
multiplication des événements de type festivals est perçue favorablement. Ces opérations
favorisent l’accès au grand public et manifestent une volonté d’animation et d’ouverture (par
opposition à l’immobilisme et l’aspect confidentiel). La plus grande implication des
municipalités et des réseaux de municipalités contribue à donner une image plus proche de
l’Art et Essai.
Par ailleurs, pour l’avenir, les spectateurs considèrent qu’un effort auprès du jeune public est
essentiel. Ils ont eux-mêmes été initiés au cinéma Art et Essai lorsqu’ils étaient jeunes et
considèrent que cette « éducation » doit se faire dès le plus jeune âge. Ils jugent primordial
de préserver le cinéma d’Art et Essai de la logique marchande du cinéma, en faisant
découvrir aux enfants des alternatives, aux films Disney notamment.
Les premières expériences de cinémas d’Art et Essai sont souvent mémorisées par les
spectateurs. Ils sont capables de citer plusieurs films les ayant marqués.
« Au lycée de Tourcoing, la charrette fantôme, qui était grand public et qui depuis
sont devenus cinémathèque / Art et Essai. »
« Elle m’emmenait voir des comédies dramatiques, et des films durs aussi : je
me souviens de Happiness, qui avait été assez choquant pour moi à l’époque, ou
Dead Man… »
« Enfant puis ado j’ai découvert des films comme Delicatessen, The Wall, puis
les études au lycée on était allés voir Festen. »
Dans le contexte actuel de « marchandisation » des films grand public, aller voir un film d’Art
et Essai en salle est vécu de plus en plus comme un plaisir. Cela correspond à un vrai choix
personnel, culturel et valorisant.
« Mon budget ciné a augmenté, j’y vais davantage pour voir des choses qui
m’intéressent, des documentaires, plus souvent seule. C’est moi qui me choisis
mes petits films. »
« Une évolution personnelle de se donner les moyens d’aller voir des choses
qu’on choisit. »
Pour les parents spectateurs, la fréquentation des cinémas Art et Essai est en grande partie
corrélée à l’âge de leurs enfants. Lorsqu’ils sont très jeunes (moins de 8-10 ans), ils les
emmènent facilement voir des films Art et Essai pour enfants.
« On les initie à partir de tous petits, ils se laissent encore faire quand ils sont petits ! »
Lorsque les enfants sont grands et vont seuls au cinéma, les parents retrouvent davantage
de disponibilité et d’autonomie, se tournant à nouveau vers les salles Art et Essai.
« Elle est progressive : en fonction de la vie personnelle, les enfants qui grandissent,
on a plus de temps. »
Néanmoins, le cinéma d’Art et Essai peut largement concerner un public d’enfants, dès lors
que les salles mettent en avant cette programmation. Les programmes à destination du
jeune public sont d’autant plus appréciés lorsqu’ils sont accompagnés d’une animation, sous
forme de goûter ou de discussion après la projection.
« Il y a des mercredis pour enfants avec goûter et ils discutent des films. »
D’une manière générale, les spectateurs regrettent le manque de films alternatifs à ceux des
circuits commerciaux pour les enfants. Le cinéma d’Art et Essai comporte cependant des
affinités importantes avec le public des enfants. En effet, les établissements disposent de
salles plus petites, plus intimes, à dimension humaine, moins impressionnantes pour un
jeune enfant que les salles des grands complexes.
« C’est facile, c’est proche. »
« Ce sont des salles tranquilles, c’est plus intime que dans les grands cinémas. »
Les films sont d’une qualité particulièrement adaptée au jeune public. Ainsi, les films
d’animation correspondent aux univers formels avec lesquels les enfants sont déjà
familiarisés. Les courts-métrages proposés dans ces salles correspondent à un format
accessible, adapté pour les enfants car ils exigent une attention sur un temps limité et
répondent à leur besoin de diversité. Les salles Art et Essai proposent également certains
grands classiques (ex : Peau d’Âne, les Chaplin, Laurel et Hardy, etc.) intemporels et
universels, qui continuent de satisfaire l’imaginaire des jeunes générations.
Les parents spectateurs attendent des salles Art et Essai une programmation de films
novateurs, en particulier dans le domaine du film d’animation, et complémentaires des offres
enfants proposées par la télévision.
Pour le cinéma d’Art et Essai, certaines différences révèlent une attitude plus volontariste à
l’égard du film, une plus grande ouverture à la découverte. Le film est le critère de choix
prédominant. Les spectateurs insistent sur la primauté absolue du choix du film –de l’œuvre-
dans leur processus de décision. Ils choisissent avant tout un film. La programmation de la
salle à proximité de chez soi ou dont on apprécie particulièrement la ligne éditoriale est
également très souvent un critère de choix. Les spectateurs se laissent facilement tentés par
des films qu’ils ne connaissent pas mais qui bénéficient de la prescription de leur(s) salle(s)
favorite(s). Enfin, l’horaire peut également constituer une fenêtre d’entrée. Avides de cinéma
et de découverte, les spectateurs se laissent facilement tenter par un film dont l’horaire
correspond à leur créneau de disponibilité.
« C’est sympa de se faire une toile quand on a deux heures de battement. »
« Ca m’est déjà arrivé d’entrer dans un cinéma, comme ça, en passant devant,
parce que l’horaire correspondait et que je n’avais rien de prévu. »
Le manque d’information sur le cinéma d’Art et Essai s’exprime à trois niveaux : les
spectateurs déplorent la difficulté qu’ils rencontrent pour prendre connaissance de
l’existence même des films. C’est à ce niveau que les spectateurs ressentent le plus fort
déficit d’information. L’accès à des informations détaillées sur un film précis (résumé,
En conclusion, le manque d’information sur le cinéma d’Art et Essai constitue un frein pour la
fréquentation des salles.
« Il manque un accès plus facile à l’information. »
« On doit faire un effort de déchiffrage, de récupération de brochure, etc. »
« C’est stressant, on passe notre temps à avoir peur que le film qu’on veut voir
ne soit plus à l’affiche, le temps de s’informer. »
A l’inverse, pour le cinéma commercial, ces trois niveaux d’information ne nécessitent pas
d’effort de la part des spectateurs. La sortie des films est très largement relayée par les
médias. Les spectateurs prennent ainsi connaissance de l’existence des films sans effort.
Cette promotion médiatique permet également de fournir des informations détaillées sur ces
films (thème, résumé, bandes-annonces, extraits, distribution). Par ailleurs, l’information sur
les séances ne constitue qu’un détail pratique en raison de la large diffusion de ces films
(dans tous les cinémas, à un grand nombre d’horaires, pendant plusieurs jours, voire
plusieurs semaines).
- Mais la majorité des spectateurs regrette le manque d’information sur le cinéma d’Art et
Essai et désire que ces films soient mieux valorisés.
« On n’est pas assez informés. Parfois, je regrette d’avoir raté des films qui ne
passent plus parce que je n’étais pas au courant en temps voulu. »
« Ca demande un effort, ça devrait être plus accessible. »
Après la presse (surtout locale), le bouche à oreille constitue pour beaucoup de spectateurs
une source d’information essentielle pour le cinéma d’Art et Essai. Ce phénomène est
particulièrement avéré dans le milieu estudiantin ou dans les professions artistiques et
culturelles. Le bouche à oreille s’impose également comme un moyen puissant de
prescription en faveur –ou en défaveur- des films.
Mais le bouche à oreille présente l’inconvénient d’informer de façon différée, ce qui conduit
souvent à rater le film compte tenu de leur durée limitée de vie en salles.
« Ca m’arrive de rater des films qui m’auraient intéressée car, quand on m’en parle,
c’est en général quelques jours ou une semaine après, et bien souvent ils ne passent
déjà plus. »
Les différentes sources d’information utilisées par les spectateurs pour l’Art et Essai
Par rapport aux spectateurs parisiens, les spectateurs de banlieue et de province se rendent
plus facilement dans les cinémas pour voir les affiches, les séances ou récupérer de la
documentation. Ils utilisent davantage la presse locale gratuite. Le recours à la radio, la
télévision et la presse écrite (Le Monde, Télérama,…) caractérise davantage les spectateurs
parisiens.
Les médias nationaux sont utilisés par tous les spectateurs (Parisiens et provinciaux). Les
spectateurs s’informent auprès de la presse culturelle : Télérama, les Inrockuptibles, les
Cahiers du cinéma, Positif, etc. Certains spectateurs, notamment parisiens, se défendent
parfois de lire la presse cinéma dédiée aux films très grand public comme Première ou
Studio.
« Moi je suis abonnée à Télérama, alors forcément, je regarde systématiquement
là. »
« Je lis beaucoup Positif, les Cahiers, … »
Les spectateurs plébiscitent également la radio (France Culture et France Inter, notamment
le Masque et la Plume), la télévision (notamment Ubik sur France 5 et certaines émissions
d’ARTE) et Internet (Allociné surtout et les sites des salles).
« Le Masque et la Plume : ça balaie tout, c’est bien. »
Les bandes-annonces
D’une manière générale, le public de l’Art et Essai semble moins attiré par les bandes-
annonces car ces spectateurs cherchent à préserver au maximum leur expérience de
découverte de l’œuvre. En outre, ils déplorent la durée souvent trop longue des bandes-
annonces actuelles, en particulier pour les films commerciaux.
Pour les films Art et Essai, les bandes-annonces doivent être un moyen d’information de
l’existence des films et de leur thème. Les spectateurs expriment leur attente pour des
bandes-annonces courtes qui ne déflorent pas le film.
« Les bandes-annonces sont de plus en plus longues, trop explicites, on voit le
début, la fin. »
« Pour les films à petits budgets, on va plus les découvrir, je n’aime pas trop en
voir avant. »
« Moi je n’aime pas qu’on m’en dise trop. »
‘’Valeur’’ artistique
Les critiques
Les spectateurs de cinéma d’Art et Essai sont en général de gros consommateurs de
médias, en particulier de presse. Ainsi, ils sont en contact avec les critiques de films (en
particulier à Paris, où ils sont davantage lecteurs du Monde et des Cahiers du cinéma).
Ces spectateurs abordent les critiques de manière ambiguë.
D’un côté, ils les utilisent comme une source d’information sur les films. Avant d’avoir vu le
film, ils tentent parfois de mettre de côté l’avis défendu pour ne glaner que les éléments
objectifs leur permettant de se faire leur propre idée. Mais d’un autre côté, ils les considèrent
aussi comme une source de prescription relative :
- les médias très grand public (par exemple Première ou le Parisien) qui recommandent
un film jouent parfois comme des repoussoirs, notamment pour les parisiens les plus
puristes.
« Si le Parisien trouve un film bon, je n’irai pas le voir. »
« Pour le reste, tout ce qui est presse, Première, etc., je suis très réticente parce
que j’ai toujours l’impression qu’on nous balance des films pas super. »
En revanche, ils sont plutôt méfiants vis-à-vis des récompenses décernées lors du festival de
Deauville.
Au contraire, les spectateurs ont tendance à exclure de l’univers Art et Essai les catégories
suivantes :
- les films d’un genre précis (le cinéma d’Art et Essai est perçu comme affranchi d’une
catégorisation selon les genres habituels du cinéma grand public) ;
- les films très grand public, fédérateurs, destinés à faire beaucoup d’entrées, taxés de prêts
à consommer : les « blockbusters » ;
- les dessins animés - alors que les « films d’animation » sont considérés comme pouvant
être des films Art et Essai compte tenu de leur valeur esthétique ;
- les documentaires pour lesquels la démarche artistique n’est pas évidente (ex : la Planète
bleue est jugé indéniablement esthétique mais ne contient pas vraiment de message et ne
peut pas être tout à fait considéré comme un film « d’auteur »).
- avec le nombre d’entrées (et le nombre de copies pour les spectateurs les plus avertis).
Les spectateurs ont tendance à appréhender le faible nombre de copies -et a posteriori, le
nombre d’entrées- comme un critère pour statuer sur la nature Art et Essai d’un film.
- avec le type de production, la notion d’indépendance étant associée à l’Art et Essai alors
que la production des studios ou des groupes intégrés est assimilée au cinéma
commercial.
Pour de nombreux spectateurs, ce sont donc en grande partie des critères de notoriété
(réalisateur, acteurs, nombre de copies, nombre d’entrées,…) qui définissent la frontière
entre « Art et Essai » et « grand public ».
Ainsi, certains réalisateurs reconnus comme étant à l’origine des auteurs de films Art et
Essai (par exemple Martin Scorsese ou Steven Spielberg) peuvent devenir « grand public »
avec la notoriété.
EXEMPLES DE FILMS
Films situés dans la zone de flou :
Films jugés Art et Essai Films jugés commerciaux
entre Art et Essai et commercial
Films de patrimoine : International International
La Dolce Vita de Fellini, Broken Flowers Star Wars
La Notte d'Antonioni,… Match Point Le Seigneur des anneaux
International Mulholland Drive Tigre et Dragon
Dogville
Elephant France France
Bonbon el Perro La Haine Le Cinquième Elément
Gabrielle Taxi
France Jet Set
Rois et Reine
Caché
Demonlover
Ce n’est pas tant l’offre réelle disponible qui pose problème, que parfois le manque de
communication sur l’existence de cette offre.
Cette ouverture est également jugée bénéfique pour l’image du cinéma d’Art et Essai et peut
amener un public supplémentaire à s’y intéresser. Mais, à l’inverse, les spectateurs les plus
puristes ont le sentiment d’une ouverture trop importante susceptible de vulgariser l’Art et
Essai.
« Il y a des films que moi je n’aurais pas mis comme étant d’Art et Essai. »
« Je pense qu’on est pas du tout d’accord sur le terme Art et Essai. J’ai
l’impression que pour eux, il englobe quelque chose de très large alors que pour
nous c’est quelque chose de très restrictif. »
À Paris, l’offre de salles Art et Essai est relativement bien identifiée par les spectateurs. Il
existe en effet de nombreux établissements exclusivement ou quasiment dédiés à l’Art et
Essai, qu’il est facile d’identifier comme tels. Toutefois, il n’est pas toujours évident
d’associer un réseau de salles à une catégorie spécifique. UGC Les Halles est ainsi perçu
comme étant positionné sur l’Art et Essai alors que le réseau UGC dans son ensemble est
plutôt apparenté au cinéma commercial. De même, le MK2 Gambetta n’évoque pas du tout
une salle Art et Essai de par sa programmation alors que la marque MK2 dans son
ensemble est plutôt perçue comme un réseau Art et Essai.
En province, les spectateurs sont confrontés à une offre plus confuse. Le nombre
d’établissements susceptibles d’être considérés comme exclusivement –ou presque- Art et
Essai est plus limité (par exemple Le cinématographe à Nantes). De fait, pour les
spectateurs, la majorité des établissements propose une programmation mixte.
Les salles de banlieue font l’objet d’une classification différente des salles parisiennes. Les
spectateurs de banlieue distinguent les salles municipales de proximité, qui drainent un
public mixte et très diversifié, par opposition aux salles qui proposent une programmation
ambitieuse et très qualitative en particulier pour le jeune public. La diversité des animations
font de l’établissement cinématographique un lieu de vie culturel et de proximité (exemple :
le Méliès de Montreuil).
« Le Méliès ;c’est un cinéma de rencontres aussi, on rencontre le réalisateur
après, on le met avec les activistes. »
Cinémas très anciens, voire vétustes Salles municipales de proximité De nombreux établissements à
(ex : Epée de bois) programmation mixte
Salles à programmation ambitieuse et
Salles historiques du Quartier Latin de grande qualité (ex : Le Méliès à Quelques salles dédiées Art et Essai
(ex : Champo) Montreuil) très qualitatives
Pour l’Art et Essai, les spectateurs restent attachés à des enseignes personnalisés qui ne
s’apparentent pas à des « chaînes » ou « marques » comme Gaumont ou UGC.
« Ce sont des noms moins locaux. »
« Ca fait chaîne comme des Novotel. »
« C’est décliné partout pareil. »
« Ca n’a pas de personnalité. »
« Pour l’Art et Essai, je trouve ça mieux qu’ils aient leur propre nom, que les
propriétaires se lâchent. »
D’autres spectateurs sont davantage dans une posture de recherche de modernisation afin
de favoriser l’attractivité, l’ouverture et l’accessibilité de l’Art et Essai. À cet égard, des noms
comme Images d’ailleurs ou Utopia sont particulièrement valorisés.
« Images d’ailleurs par exemple, c’est très prometteur, c’est beaucoup plus
moderne et vaste. »
« Utopia, c’est joli, ça ouvre. »
« Par rapport au concept d’utopie. »
« Ça sonne bien à l’oreille, ça se retient facilement, il y a quelque chose
d’universel. »
C. L’ambiance et le confort
L’ambiance dans les établissements Art et Essai
Pour les spectateurs, l’ambiance des établissements Art et Essai est un point de
différenciation majeur par rapport aux cinémas « commerciaux ». Elle constitue un véritable
avantage qualitatif et un motif de fidélisation. Elle est jugée importante et est appréciée par
neuf spectateurs sur dix.
- plus charmante, avec un côté rétro, le charme d’un lieu qui a vécu ;
« Ce sont des salles qui sont souvent anciennes, elles sont chargées. »
« Ca a beaucoup de charme. »
- plus respectueuse, avec un public plus concerné, plus discipliné (contrairement aux
portables qui sonnent, aux gens qui se lèvent, parlent et mangent du pop-corn) ;
« Au moins, ce sont de vrais amateurs de cinéma. »
- plus sobre et discrète, avec une dimension culturelle faisant du film la seule motivation,
sans aspects consuméristes, à la différence des complexes (effervescence, gadgets, foire
aux friandises, son trop fort, etc).
Toutefois, les spectateurs adressent deux types de reproches à l’ambiance des salles d’Art
et Essai . Ils déplorent tout d’abord un déficit relationnel concernant l’accueil : les spectateurs
–à Paris, en banlieue ou en province - regrettent souvent la piètre qualité de l’accueil (aux
caisses, à l’entrée des salles, etc). Les spectateurs attendent un accueil plus humain et plus
chaleureux.
« Pas toujours aimables. On prend son ticket et puis c’est tout. »
« Bientôt, on prendra son ticket dans un distributeur, il ne faut pas le souhaiter
mais ça pourrait arriver. J’espère pas ! »
« Ils vous ignorent, ils sont indifférents. C’est pas les clients qui les intéressent. »
« Ils ne sont pas là pour le relationnel, c’est clair. »
De plus, ils souhaiteraient que l’accueil des cinémas tienne un rôle d’information et de
conseil sur les films. À Nantes, les anciens spectateurs de l’Apollo se souviennent avec
nostalgie de la personne à la caisse qui conseillait les spectateurs en fonction de leurs goûts
cinématographiques :
« Elle était super : j’arrivais au cinéma sans savoir et elle me disait tel film vous
allez aimer, je vous conseille celui-ci, etc. Et après le film ou la fois d’après, on
retournait la voir pour discuter. Elle ne s’est jamais trompée dans les films qu’elle
m’a conseillés ! Elle connaissait ses clients à force. Ca c’était génial. »
Ainsi, notamment dans certaines salles parisiennes, cet aspect confère au cinéma d’Art et
Essai une image un peu caricaturale et cloisonnée.
« Je trouve que c’est pas très varié, c’est un peu toujours le même genre de
personnes, faut pas se mentir. »
Les spectateurs apprécient particulièrement l’ambiance intime et authentique des salles d’Art
et Essai. Cependant, ils attendent que cette dimension chaleureuse s’accompagne d’un
accueil plus humain, plus « bavard », plus personnalisé.
Certains spectateurs soulignent que l’ambiance d’un établissement est un facteur important
dans la réception du film. Ainsi, il existe des affinités entre le type de film et le type de salle.
Pour les films ayant une dimension culturelle ou artistique forte, les petites salles d’Art et
Essai seront privilégiées pour leur ambiance. En revanche, pour les films plus divertissants
nécessitant une qualité sonore et une définition d’image excellente, les salles
« commerciales » peuvent être privilégiées. Leur décorum renforce en outre le contexte
divertissant recherché pour ce type de films.
Pour les spectateurs de l’Art et Essai, la qualité des films peut être l’unique motif de
satisfaction, indépendamment des conditions physiques de réception. Elle compenserait
presque le confort limité.
« On est plus tolérant de l’inconfort des cinémas d’Art et Essai, pas du tout dans
un multiplexe. »
« On est plus indulgents sur le confort Art et Essai, c’est pas ce qui est
important. »
De plus, l’ancienneté -valorisée- de la majorité des salles Art et Essai est perçue comme
justifiant ce confort moindre comparé aux complexes flambant neufs. Le confort limité de
certaines vieilles salles peut également être appréhendé comme un signe sympathique
participant à leur cachet et au charme d’une projection Art et Essai.
« Sinon, quand le degré minimum de confort n’est pas remis en cause, je trouve
ça plus sympa d’aller dans une petite salle Art et Essai. »
Ainsi, pour une partie du public, le vrai confort des salles Art et Essai réside dans la sobriété
entourant la réception du film, l’absence de décorum artificiel et la déconnexion avec un
univers consumériste (absence de publicité, de confiserie,…).
Néanmoins, pour certains spectateurs, le confort ne doit pas demeurer le monopole des
réseaux commerciaux. En effet, les films d’Art et Essai méritent d’être vus dans de bonnes
conditions de confort.
« Moi je suis plutôt exigeante, c’est pas parce qu’on va voir un film d’auteur que
ça doit être moins bien. »
De plus, un meilleur confort serait un outil d’attractivité et d’ouverture à un plus large public.
D’ailleurs, pour un film donné, certains spectateurs déclarent privilégier les salles modernes
des réseaux commerciaux aux petites salles d’Art et Essai pour des raisons de confort.
« Entre un cinéma indépendant et un cinéma de grosse programmation, s’il
programme le même film , moi je n’hésite pas, je vais dans la grande salle. »
Les attentes minimales en termes de confort dans les salles Art et Essai portent sur les
fauteuils et la propreté de l’établissement. En outre, les spectateurs exigent des salles
suffisamment vastes afin d’éviter l’impression de confinement ainsi qu’un espace suffisant
entre les rangées de fauteuils.
« Le Bastille, je n’y vais plus, ils ont refait la salle et il n’y a pas de place pour les
jambes. »
Ainsi, l’exigence de confort est moindre dans les salles d’Art et Essai car le film prime sur les
conditions de sa réception. En outre, le confort « à l’ancienne » participe du charme de ces
salles. Néanmoins, la modernisation des grandes salles et le gain de confort qui en résulte
augmente le niveau d’exigence des spectateurs à l’égard des salles Art et Essai. Ils sont
nombreux à considérer que le confort devrait également être une préoccupation des petites
salles Art et Essai.
D’un point de vue pratique, le manque de confort est davantage ressenti pour les salles
parisiennes, considérées dans leur ensemble ; les spectateurs de banlieue et de province
semblant globalement davantage satisfaits du confort des salles qu’ils fréquentent.
D. La politique tarifaire
Dans les réseaux commerciaux de type UGC, Pathé, Gaumont, le prix moyen des places est
évalué par les spectateurs autour de 8 euros pour le plein tarif en province et entre 9 euros
et 10 euros à Paris.
Les places les moins chères sont obtenues par le biais d’outils de fidélisation proposés par
les établissements (carnet, carte d’abonnement…) ou par des tarifs préférentiels proposés à
certaines catégories de spectateurs ou pour certaines séances (étudiants, comité
d’entreprise, séances du matin…)
E. La programmation
La programmation dans le temps
Le cinéma commercial repose sur une programmation hebdomadaire simple : le film est
associé à une salle, la sortie s’effectue le mercredi et la durée d’exposition est au minimum
d’une semaine, les mêmes films sont disponibles en même temps dans la majorité des
établissements.
En conséquence, dès qu’une opportunité de voir un film qui les intéressent se présente, ils
en profitent et ne diffèrent pas la séance.
« Si la séance me convient, je saute dessus, sinon je sais qu’il pourrait ne pas y
en avoir d’autres. »
« Moins de choix : donc c’est soit on peut, soit on peut pas. »
La politique horaire
Dans les grands réseaux commerciaux de type UGC / Gaumont, la politique horaire est
claire, stable et bien identifiée par les spectateurs. Ils savent que pratiquement tous les films
à l’affiche sur une période donnée seront visibles à des séances espacées de deux heures
environ entre 14h et 22h.
« C’est pas compliqué à l’UGC c’est 14h, 16h, 18h, 20h, 22h. On sait qu’on
pourra toujours trouver une séance qui nous convient pour voir un film. »
À Paris notamment, certains spectateurs déplorent que les séances ne commencent pas
toujours à l’heure dans les petites salles (jusqu’à 15 ou 20 minutes de retard). Ce type de
dysfonctionnements renforce l’image d’un cinéma dont l’organisation est artisanale, et ajoute
à la difficulté des spectateurs pour s’organiser pour une séance.
Si un film est programmé à la fois dans une salle Art et Essai et chez UGC et Gaumont,
certains spectateurs peuvent se tourner plus volontiers vers les réseaux commerciaux pour
avoir un plus grand choix d’horaires.
« Moi c’est surtout les horaires qui font que je vais aller chez UGC : parce qu’il y
a des séances plus tard et qu’il y a plus de plages au choix. »
La politique éditoriale
Une intention éditoriale qualitative
Pour les spectateurs, la programmation dans les réseaux grand public de type UGC ou
Gaumont résulte d’automatismes médiatico-commerciaux : il n’y pas de volonté éditoriale
qualitative propre à chaque établissement. Au contraire pour les salles Art et Essai, les
spectateurs perçoivent une vraie politique éditoriale propre à chaque établissement (ou
groupe d’établissements). Ils attribuent la ligne éditoriale au programmateur ou au
responsable de la salle.
À la différence des réseaux commerciaux, les établissements et salles Art et Essai doivent
prendre en compte la problématique de la fidélisation du public par leur programmation . Les
spectateurs sont sensibles aux choix éditoriaux audacieux. Ils ont tendance à être fidèles
aux salles dont ils perçoivent une ligne éditoriale affirmée. Cet aspect est particulièrement
avéré à Paris. D’autant que, ne pouvant pas être attentifs à la programmation d’une
multitude de salles, les spectateurs se concentrent sur celles où ils ont vécu les meilleures
expériences. Par ailleurs, ils apprécient que les programmateurs ou les responsables de
salle s’impliquent en venant à leur rencontre pour expliquer et valoriser leurs choix
éditoriaux.
Les programmations de cycles, rétrospectives ou festivals sur une longue période (plusieurs
jours à un mois et demi) présentent des avantages pour les spectateurs et donc pour les
établissements car elles favorisent la fidélisation, permettent d’annoncer suffisamment à
l’avance les prochains événements et de communiquer sur des supports ayant une certaine
longévité. Du point de vue du spectateur, elles incitent à repérer les films programmés en
leur permettant de s’organiser pour être disponible.
Le moment de l’avant-séance
Les spectateurs sont favorables à une revalorisation de l’avant-séance. La diffusion de deux
ou trois bandes-annonces de films Art et Essai, de courts-métrages ou d’une ambiance
sonore en lien avec le film constituent les principales attentes à ce niveau. Toutefois, pour
les spectateurs, l’avant-séance doit être brève. Elle doit combler le temps mort existant entre
Les avant-premières
Les avant-premières sont appréciées parce qu’elles sont souvent l’occasion de rencontrer
les acteurs du film et créent un événement festif. Néanmoins, les spectateurs regrettent que
les séances d’avant-première soient souvent bondées et drainent un public qui ne vient pas
forcément pour le film.
« Faut déjà avoir la place. »
« Il y a trop de jeunes, c’est la cohue. »
Avant-premières
Une source d’apprentissage, pour développer sa
Cycles de réalisateurs cinéphilie et/ou son regard sur le monde
En conclusion, il s’agit de trouver un juste équilibre entre la dimension familiale des petites
salles d’Art et Essai et la standardisation « marketée » des grands complexes. Une piste
consisterait à jouer la carte du lieu convivial à dimension humaine, d’un endroit d’échange
culturel sur les films et entre spectateurs qui ne soit pas seulement un lieu de projection. Il
s’agit d’un élément de différenciation très fort et qui répond aux attentes du public.
Le plein air offre également un mode d’écoute du cinéma d’Art et Essai dans un décorum
très convivial et accessible, qui le sort de sa connotation poussiéreuse, élitiste et codifiée.
« C’est une approche moins formelle. »
« Déjà, c’est gratuit donc accessible à tous. »
« Il y avait aussi des clochards qui étaient là, je trouve ça super. »
« Socialement c’est très bien. »
Le plein air propose des projections –souvent- gratuites qui font écho à la vision des films
comme des œuvres pour tous. Ce phénomène tranche avec l’appréhension d’un produit
destiné aux seuls individus ayant un pouvoir d’achat conséquent. Cette déconnexion de
l’univers marchand s’accorde pleinement avec les valeurs défendues par les amateurs de
cinéma d’Art et Essai. Pour les spectateurs, les projections en plein air ont un côté
folklorique, populaire et amusant, qui fait écho à une image positive et affective du cinéma
(comme les « drive-in » américains dans les années 60).
« C’est américain. »
« C’est euphorisant. »
« Je me suis gelée mais je me suis dit, faut que je voie la fin du film, c’était
sympa. »
Ce mode de projection représente une bonne initiation au cinéma d’Art et Essai. Il est
susceptible de stimuler l’appétit pour ce cinéma et sa consommation en salle.
« Sur Villeneuve d’Asq, ils l’avaient fait gratuitement et du coup les gens pensent
plus à aller dans les salles. »
« Il y a plein de gens qui du coup sont venus après au cinéma. »
En revanche, les projections en plein air peuvent être frustrantes pour certains spectateurs
attachés à un certain confort.
Par ailleurs, les spectateurs ont du mal à imaginer qu’une salle puisse se limiter à un seul
label, car son offre serait alors beaucoup trop réductrice.
« Ils sont clairs mais pas équilibrés : une seule salle ne peut pas se permettre de
faire un seul truc : si elle fait que Patrimoine et répertoire … ? c’est un peu
limité. »
Le mot « découverte » est lui très positif et attractif. Il évoque aussi bien l’exploration d’un
nouveau style porté par un cinéaste, que la découverte par le spectateur d’une approche ou
d’un thème particuliers.
Les spectateurs préféreraient simplement l’appellation « Découverte ». Celle-ci s’avère plus
positive, plus ouverte et non rébarbative.
Allocine.fr
Aux yeux des spectateurs, ce site apparaît beaucoup plus exhaustif sur l’Art et Essai que
pourrait le laisser croire son image grand public et commerciale.
« J’avais un a priori, je ne pensais pas qu’il y avait le cinéma d’Art et Essai mais
en fait c’est complet, il y a vraiment tous les films. »
- avec des forums de spectateurs où les internautes s’expriment à propos des films non
traités par les médias officiels.
« Moi ce que j’aime bien, c’est qu’il y a toutes les salles et il y a les forums, où il y
a des gens qui parlent de films dont même la presse ne parle pas. »
Allociné est à la fois utilisé pour découvrir les sorties, trouver des informations sur les films,
et pour trouver une séance. Le Site assure une fonction à la fois informative et pratique.
A Paris, les spectateurs ne visitent pas naturellement les sites Internet des salles Art et Essai
car il y en a trop et l’offre est dispersée. En banlieue ou en province, les sites Internet sont
fréquentés, notamment lorsqu’ils sont reliés au site de la municipalité.
Sur les sites de salles, la possibilité de s’inscrire à une newsletter envoyée régulièrement
pour informer des sorties, de la programmation, des événements, est très appréciée.
« Une newsletter, ça fait penser à aller voir un film. »
« Le Concorde, on s’inscrit et il t’envoie une newsletter. »
« Je reçois la newsletter du Métropole (Lille). Du coup j’ai tous les horaires. Elle
est hebdomadaire. C’est pratique. »
La newsletter est un outil particulièrement attendu et pertinent pour le cinéma d’Art et Essai :
en allant vers le spectateur, la newsletter permet de compenser en partie le déficit
d’information inhérent aux médias traditionnels.
« Les newsletters, c’est bien, ça vient vers nous. Des fois, ils mettent l’accent sur
quelque chose qui t’a échappé. »
« Ca peut informer sur un changement de dernière minute auquel on n’aurait pas
eu accès autrement, par exemple sur un horaire de séance. »
Pariscope est souvent préféré à L’Officiel des spectacles par les spectateurs interviewés. Ils
lui reprochent notamment son manque de clarté dans l’indication des horaires.
« Moi, j’aime pas la présentation de l’Officiel, j’ai cru un nombre incalculable de
fois que mon horaire était celui du film d’après. »
« L’Officiel / Pariscope : pour quelqu’un qui n’est abonné à rien, on est sûr qu’il y
a tout. L’Officiel est mieux. »
En province, le gratuit Sortir (le plus utilisé par les spectateurs interviewés) permet de
s’informer surtout sur les séances, mais aussi sur les films grâce à quelques résumés
concernant l’Art et Essai. A Nantes, le journal Pill’s est souvent cité par les spectateurs pour
son information relativement complète concernant l’Art et Essai.
Les répondeurs téléphoniques sont perçus comme un service de proximité. Ils sont surtout
adaptés pour s’informer sur les séances une fois le film choisi, mais ne contribuent que
modestement à renseigner sur les films.
Ce moyen d’information est efficace et très utilisé par les provinciaux qui disposent d’un
nombre limité de salles. Il l’est beaucoup moins par les parisiens, étant donnée la quantité
d’établissements Art et Essai à Paris.
Les spectateurs expriment leur attente de pouvoir s’inscrire dans les salles qu’ils fréquentent
pour recevoir le programme chez eux par la poste.
« Au cinématographe, il y avait un cahier où il suffisait de mettre son nom et son
adresse et on était dans leur listing pour qu’ils nous envoient le prospectus. »
« Le Méliès, je le reçois par la poste, il y a une petite critique, c’est vraiment clair,
ça donne toujours envie. En encart, il y a toutes les heures, c’est très pratique. »
Les prospectus mensuels sont particulièrement valorisés. Ils permettent aux spectateurs
d’avoir une vision d’ensemble de la programmation et donc une visibilité sur la durée de vie
des films à l’affiche. Ainsi, ils permettent aux spectateurs d’anticiper sur les séances qui leur
conviennent et de s’organiser en conséquence. De plus, comme ils sont mensuels
(seulement douze numéros par mois), les établissements en soignent particulièrement la
forme -beau design, papier de qualité-, faisant de ce document un objet que le spectateur a
envie de conserver (à la différence des feuillets A4 ou A5 ordinaires des prospectus
hebdomadaires).
« Le Cinématographe, c’est un papier glacé, il est très beau. »
« Graphiquement il est très beau, je le garde tous les mois. »
« Chez moi je reçois une feuille A4 pliée, mais je la jette, ça donne pas envie de
la garder une information comme ça, ça sert à rien. »