Chapitre 3 Microbiologie
Chapitre 3 Microbiologie
Chapitre 3 Microbiologie
1- Introduction
Les matières premières de cette industrie sont majoritairement des produits végétaux ou
animaux. Produits d'origine biologique, ils sont par nature variables, quels que soient les efforts
du producteur pour les homogénéiser. Pourtant, l'industriel se doit comme dans tous les autres
secteurs de mettre sur le marché des produits ayant des caractéristiques constantes afin de
satisfaire les attentes des consommateurs.
Ces matières premières sont des denrées périssables. Leur conservation est le problème majeur
que doit résoudre l'industrie alimentaire. On entend par conservation le maintien des propriétés
chimiques et physiques des aliments, ce qui permet, en conséquence, la conservation de leurs
propriétés fonctionnelles, nutritionnelles et organoleptiques. La détérioration des produits
alimentaires est causée par des agents biologiques (petits animaux, micro-organismes, activités
enzymatiques de la matière première...), chimiques (contamination), ou physiques (chaleur,
rayonnement...).
1
facteurs de détérioration de la matière première et à maîtriser les transformations chimiques ou
enzymatiques pendant les processus de transformation et de stockage.
a. Fermentation alcoolique :
C’est une réaction biochimique qui résulte de l’action des levures (Saccharomyces cerevisiae),
qui vont décomposer les sucres en alcool et en dioxyde de carbone CO2. Elle intervient dans la
fabrication du vin, de la bière, du cidre et de diverses boissons fermentées.
Cette fermentation est aussi utilisée en boulangerie, ou le facteur essentiel est la production de
CO2qui fait lever la pâte.
b. Fermentation acétique :
Elle intervient dans la fabrication du vinaigre et est due aux bactéries appartenant au genre
Acetobacter. Cette bactérie transforme tout liquide alcoolisé en acide acétique.
2
c. Fermentation lactique :
Elle correspond à la transformation du lactose du lait en acide lactique, sous l'action des
bactéries lactiques (Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii sub sp
bulgaricus). Elle constitue une étape essentielle dans la fabrication des fromages et yaourts,
mais aussi de nombreux produits végétaux fermentés (ensilages, olives, cornichons, etc.).
Les microorganismes peuvent servir d’aliments en tant que tels, mais ils sont très généralement
utilisés comme agents pour convertir des aliments de bases tels que le lait ou la viande en
produits plus élaborés.
Les microorganismes peuvent également produire des agents de sapidité ou des exhausteurs de
goût et contribuer dans ce cas à la qualité des aliments.
Les compléments alimentaires obtenus par des fermentations peuvent servir d’agents
conservateurs ou d’agents permettant d’augmenter la valeur nutritionnelle de l’aliment.
Une source potentielle de nourriture consiste alors à cultiver des bactéries ou des levures en
présence de substrats non comestibles pour l’homme, ces microorganismes servant alors
directement de nourriture.
3
Les microorganismes constituent des sources alimentaires attractives pour différentes raisons :
✓ Croissance rapide ;
✓ Croissance généralement indépendante du climat ;
✓ Faible encombrement des unités de production ;
✓ Substrats peu coûteux pour leur croissance.
Les sources potentielles de SCP sont la biomasse de levures et de bactéries. Les levures et les
champignons filamenteux sont plus prometteurs comme source d’alimentation humaine
potentielle que les bactéries. Les levures, qui se multiplient en présence de substrats contenant
peu d’azote et riches en carbone seront riches en lipides. Elles présentent un taux protéique plus
élevé si elles se multiplient, à l’inverse, en présence de substrats riches en azote. Les cellules
de levures sont riches en vitamines B essentielles.
Cependant, les protéines de levure contiennent peu d’acides aminés soufrés, et ne sont pas
suffisamment équilibrées pour les besoins alimentaires humains ou animaux. Les levures sont
également riches en acides nucléiques, et, consommées en quantité, elles sont susceptibles de
causer des problèmes de goutte ou d’autres affections. Cependant, elles peuvent être
additionnées à la farine de blé ou de maïs pour fournir des vitamines B, certains acides aminés,
et constituer ainsi un aliment plus équilibré d’un point de vue nutritionnel.
Certaines bactéries ont été cultivées dans un premier temps pour l’alimentation animale. Par
exemple, l’utilisation de méthanol, substrat peu coûteux, par les bactéries oxydant ce substrat a
permis leur production dans de grands fermenteurs en Grande-Bretagne pour servir comme SCP
dans l’alimentation des poulets.
➢ Le yaourt
Les yaourts et les autres produits laitiers fermentés sont des aliments couramment utilisés à
travers le monde. Les yaourts commercialisés sont fabriqués à partir de lait pasteurisé écrémé
par perte d’eau ou l’ajout de lait en poudre. Ce lait épaissi est inoculé par un mélange de
Streptococcus thermophilus et de Lactobacillus bulgaricus et incubé à 45°C pendant 12 heures.
La croissance de S. thermophilus produit de l’acide lactique et L. bulgaricus contribue à l’apport
en acide lactique et en arômes pour apporter son goût caractéristique au yaourt.
➢ Le fromage
C’est un aliment ancien dont les premières utilisations précèdent sans doute les premiers écrits
de l’histoire. La fabrication du fromage a pour origine le Moyen-Orient. Elle s’est répandue
ensuite par la Grèce et Rome dans l’Europe du Nord et l’Angleterre et enfin dans le reste du
monde.
4
Plusieurs centaines de variétés de fromages sont fabriquées, dont plusieurs sont très semblables
et ne diffèrent que par le nom. Les fromages sont généralement classés en fonction de leur
texture, comme l’indique le Tableau 1.
La réalisation de chacune de ces étapes et la nature du lait ont une influence considérable sur le
produit fini. La majorité des fromages sont fabriqués à partir de lait de vache, mais de
nombreuses variétés sont réalisées à partir de lait de chèvre, de brebis, de jument, de chamelle,
et de buffle.
La première étape de la production du fromage est la coagulation des protéines du lait pour
former un caillé semi-solide. Ce dernier comprend des globules gras et des matières solubles
dans l’eau.
L’acidification du lait peut être obtenue en ajoutant des cultures sélectionnées de bactéries. Le
lait frais non pasteurisé contient une population de bactéries qui vont acidifier le milieu si celui-
ci est maintenu à température ambiante.
Des bactéries qui fermentent le lactose en acide lactique sont ajoutées au lait. Ces
microorganismes acidifiants sont des souches de Streptococcus lactis, Lactobacillus cremoris,
Lactobacillus bulgaricus ou Streptococcus bulgaricus. Certaines de ces bactéries sont piégées
dans le caillé et restent dans le fromage où elles sont alors impliquées dans le processus de
maturation ou affinage. Le caillé, une fois séparé du petit-lait (lactosérum), est mis en forme.
Ce processus implique un ajustement du pH, un salage, et une mise en forme physique pour
assurer un contenu en humidité et une production acide convenable, tous ces éléments
contribuant aux caractéristiques finales du fromage.
5
Le processus de maturation, avec ou sans l’ajout de microorganismes, affecte également les
propriétés du fromage. Des champignons ou des bactéries peuvent être ajoutés au caillé en
maturation, pour ajouter des saveurs ou obtenir une texture particulière.
Le fromage communément appelé « bleu » est inoculé par exemple, avec des spores de
Penicillium roquefortii. L’examen en coupe d’un fromage de Roquefort révèle des « veines
bleues », témoins de l’inoculation du fromage par des spores de champignons.
Les fromages à pâte molle sont affinés durant quelques semaines, les semi-durs durant quelques
mois et les fromages à pâte dure, comme le parmesan, pendant au moins un an. Certaines
caractéristiques spécifiques des fromages sont les résultats de la croissance bactérienne.
Les bactéries productrices d’acide propionique sont responsables des trous caractéristiques
présents sur les fromages « suisses » (emmental, gruyère) et l’acide propionique est responsable
du goût fort de ces fromages (Fig. 1).
6
3-3- Levures
Les cellules de levure peuvent être des sources de SCP ou employées en tant que complément
alimentaires. Un certain nombre de composés biochimiques commerciaux, tels que des
enzymes, des nucléotides ou des vitamines naturelles, sont obtenus à partir de levures. Un
composant commun des milieux de culture microbienne est l’extrait de levure, constitué de la
fraction soluble dans l’eau de levures autolysées. Cet extrait est une source de vitamines B,
d’acides aminés et d’autres facteurs de croissance.
Plus de 100 000 tonnes de levures de boulangerie sont produites chaque année aux Etats-Unis.
L’utilisation la plus courante des cellules de levure est dans l’industrie boulangère. La très
grande majorité des pains « levés » fabriqués partout dans le monde est le résultat des réactions
métaboliques normales des levures.
Les levures sont ajoutées à la pâte à pain pour permettre sa levée avant la cuisson. Au cours du
pétrissage la pâte manipulée pour faciliter la fermentation des levures. Le pétrissage permet
également d’obtenir que le CO2 soit présent sous forme de petites bulles. Les ferments levuriens
convertissent le sucre en éthanol et CO2. Le CO2 libéré est alors emprisonné dans le gluten du
blé et entraîne l’expansion de la pâte, généralement appelée levée de la pâte. Au cours de la
cuisson, le CO2 et l’éthanol s’échappent, laissant des alvéoles caractéristiques dans le produit
cuit.
Les levures utilisées en boulangerie ou comme compléments alimentaires sont cultivées dans
de grands fermenteurs. Un petit inoculum est transféré dans des fermenteurs de plus en plus
grands. Avant l’inoculation du dernier fermenteur(S-3), les cellules de levures sont concentrées
et ajoutées sous la forme d’une pâte épaisse. Le sucre de betterave ou de canne (sous forme de
mélasse) constitue alors la source de carbone et d’énergie. Le fermenteur est vigoureusement
aéré pour assurer une croissance rapide. L’addition de sucre est suivie avec précision pour
garantir son utilisation rapide et éviter la formation d’éthanol aux dépens de la formation de
biomasse. Les levures sont vendues pour la boulangerie sous la forme de blocs compacts, en
tant que levures humides ou levures activées déshydratées. Un bloc de levures contient environ
70% d’humidité et doit être maintenu réfrigéré pour conserver son activité. Les levures
déshydratées sont produites par lyophilisation pour assurer une longue conservation.
7
3-4- Les viandes fermentées
Des spécialités à bases de viandes sont fabriquées par fermentation bactérienne, comme les
saucissons, les salamis, les cervelats...Les organismes généralement impliqués dans les
fermentations de la viande sont des souches de Pediococcus cetevisiae et Lactobacillus
plantarum. Des inocula commerciaux de ces microorganismes sont disponibles pour être
ajoutés à la viande. Certains jambons ont leur goût et leur texture améliorés par l’action de
champignons qui sont des contaminants naturels de surface. Ces champignons appartiennent
aux genres Aspergillus et Penicillium.
8
➢ Les cornichons
Sont produits en plaçant de petits concombres dans une saumure contenant de l’aneth et d’autres
agents de saveur. La concentration en sel (NaCl), initialement de 5%, est augmentée à 15,9%
sur une période allant de 6 à 9 semaines. La forte concentration en sel permet d’extraire les
sucres des concombres pour fermenter en acide lactique. Ainsi, la production artisanale des
cornichons est le résultat de la fermentation lactique par la biomasse endogène des concombres.
La production commerciale est accomplie après stérilisation des concombres et ajout de cultures
de Pediococcus cerevisiae et L. plantarum pour assurer l’obtention d’un produit uniforme.
Se développent sous forme de baies ou cerises avec une enveloppe externe pulpeuse et
mucilagineuse qui doit être ôtée avant la torréfaction. La pulpe peut être retirée mécaniquement,
mais les pectines contenues dans le mucilage sont dégradées par la bactérie pectinolytique
Erwinia dissolvens. Des champignons sont également impliqués dans ce processus.
Apparemment, les microorganismes contribuent assez peu au goût et à l’arôme du grain de café
fini.
➢ Le chocolat
Est dérivé du caco, une graine ou fève contenue dans les fruits d’une plante qui pousse en Asie,
en Afrique et en Amérique du sud. Les fèves sont extraites du fruit et fermentées en tas ou en
caisses durant plusieurs jours. La fermentation a lieu en deux étapes :
Les levures impliquées dans la production d’alcool au cours de la première étape sont
essentielles pour le développement du goût et de l’arôme du chocolat.
➢ Les olives
La fermentation des olives a lieu après un traitement par 1,6 à 2% de lessive de soude à 24°C
durant 4 à 7 heures. Ce traitement retire le principe amer (oleuropéine) de l’olive verte. La
lessive est retirée par rinçage et les olives sont placées dans des tonneaux en chêne avec un
ajout de 7% de sel. L’ensemble est inoculé par Lactobacillus plantarum et fermenté pendant 8
à 10 mois.
9
➢ La sauce au soja
Est préparée en mélangeant des grains de soja trempés et chauffés à la vapeur avec du blé écrasé
en présence d’Aspergillus oryzae ou A. soyae. Ce mélange est incubé plusieurs jours au cours
des quels les grains libèrent les sucres fermentescibles, les peptides et les acides aminés.
Ces grains couverts de champignons sont ensuite placés en milieu liquide et du sel est
graduellement ajouté jusqu’à une concentration finale de 18%. La période d’incubation totale
est d’un an à température ambiante.
L’addition de sel conduit au remplacement des champignons filamenteux par des bactéries
productrices d’acide lactique et de levures. Les bactéries et les levures prédominantes sont
respectivement des souches de Lactobacillus delbrueckii, et de Saccharomyces rouxii. Le
liquide résultant de cette longue fermentation est la sauce au soja. Les solides sont pressés et
utilisés pour l’alimentation humaine ou animale.
10