AndrianaivoarimangaJustionN DNR AGRO 2018

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques


Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles
et Développement
Equipe d’Accueil : Agro-Management et
Développement durable des Territoires

THESE DE DOCTORAT
en Sciences Agronomiques et Environnementales

DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE


ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE
DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS
DE MORAMANGA

Présentée par :
Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA

Soutenue le 19 Octobre 2017


UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
ECOLE DOCTORALE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
ET DEVELOPPEMENT
EQUIPE D’ACCUEIL : AGRO-MANAGEMENT ET
DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES

THESE DE DOCTORAT
EN SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES

DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE


ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE
DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS DE MORAMANGA

Présentée par Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA


Soutenue le 19 Octobre 2017

Devant le jury composé de


Président : Bruno Salomon RAMAMONJISOA, Professeur titulaire ESSA
Rapporteur externe : Roger ANDRIANASOLO, Professeur titulaire INSPCP
Rapporteur interne : Jules Marie RAZAFIARIJAONA, Professeur ESSA
Directeur de thèse : Sylvain RAMANANARIVO, Professeur titulaire ESSA
Examinateur : Romaine RAMANANARIVO, Professeur titulaire ESSA
Invité : Nirhy Lanto RABIBISOA, Docteur, Coordonnateur du projet PAUSENS

II
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
ECOLE DOCTORALE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
ET DEVELOPPEMENT
EQUIPE D’ACCUEIL : AGRO-MANAGEMENT ET
DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES

THESE DE DOCTORAT
EN SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
Année 2017
DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
ET DE LA TRAJECTOIRE DE RESILIENCE
DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS DE MORAMANGA

Présentée par Justin Nathanaël ANDRIANAIVOARIMANGA


Soutenue le 19 Octobre 2017
Membres du comité de thèse :
Professeur titulaire Bruno Salomon RAMAMONJISOA
Professeur titulaire Romaine RAMANANARIVO
Professeur titulaire Sylvain Bernard RAMANANARIVO
Professeur titulaire Roger ANDRIANASOLO
Madame Winifred FITZERALD
Monsieur Elson Nicol

III
DEDICACE

« A Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, soient la louange,


l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles!... A moi, qui
suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée
d'annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ »
(Apocalypse 5:13b ; Ephésien 3:8)

A mon épouse Zo
A mes filles Salomé et Gracia, à mon fils Ezéchias
A ma chère mère, mes frères, mes sœurs et ma famille
A mes beaux-parents et ma belle famille
A l4Union des Groupes Biblique de Madagascar
Aux membres de la Croix Bleue d4Ambohitranjavidy
A tous ceux qui me sont chers et à tous les nôtres
A la mémoire du feu mon père

IV
REMERCIEMENTS
Nous bénissons l’Eternel qui, par sa merveilleuse grâce, m’a illuminé et m’a
accompagné tout au long de la réalisation de ce précieux projet de thèse. A Lui seul soit la
Gloire ! Nous tenons à remercier vivement aussi les personnes qu’Il a mandatées pour nous
épauler et accompagner, entre autres :

Monsieur Sylvain Bernard RAMANANARIVO, Professeur titulaire, qui, en tant que


directeur de thèse, a su nous encadrer, diriger et inspirer par ses prodigieux conseils et ses
pertinentes recommandations sans parler de sa patience et de sa compréhension tout au long
de notre parcours universitaire.

Madame Romaine RAMANANARIVO, Professeur titulaire, examinateur de notre


thèse et Chef de l’équipe d’Accueil AM2DT qui, depuis nos premières années à l’Agro-
Management, nous a transmis d’inestimables connaissances et compétences à travers ses
bienveillants et inlassables encadrements émaillés d’un leadership exceptionnel.

Monsieur Bruno Salomon RAMAMONJISOA, Professeur titulaire, Directeur de


l’ESSA et de l’ED GRND d’avoir accepté de présider le jury afin de mener à terme notre
projet de thèse selon les règles de l’art et aussi pour son management et sa diligence dans la
bonne marche de l’école doctorale.

Monsieur Jules RAZAFIARIJAONA, Professeur, d’avoir apprécié notre travail à sa


juste valeur en acceptant gracieusement d’être le rapporteur interne de ce travail malgré ses
nombreuses occupations et d’avoir nous conseillé de temps en temps.

Monsieur Roger ANDRIANASOLO, Professeur titulaire, d’avoir évalué


minutieusement et avec attention notre travail en tant que rapporteur externe et ceci malgré sa
charge de travail.

Nous adressons aussi nos vifs remerciements à tout le personnel de l’école doctorale
GRND pour ses assistances actives, sans quoi nous aurions eu sûrement du mal à bien
parachever notre parcours. De même, nous manifestons ici nos sincères reconnaissances au
Docteur Holy Farahanta RANAIVOARISOA, responsable de la mention Agro-Management,
à nos amis doctorants et à l’invité du jury - Docteur Nirhy Lanto RABIBISOA- qui n’ont pas
failli de nous encourager et de nous conseiller tout au long de notre périple.

Enfin, nous tienons à témoigner ici nos gratitudes envers notre épouse, nos enfants,
notre mère, nos beaux-parents et toute notre famille pour leur soutien inconditionné. Ils nous
ont toujours sus nous procurer les motivations nécessaires.

V
RESUME
Malgré les efforts pour réduire l’insécurité alimentaire notamment à travers les projets de
sécurité alimentaire et de développement agricole, celle-ci semble sévir voire gagner du terrain et
l’Objectif du Millénaire pour le Développement relatif à la sécurité alimentaire et à la nutrition n’était
pas atteint. Madagascar en constitue un cas flagrant. Cette thèse a permis des recherches sur la
différenciation de la sécurité alimentaire et de la trajectoire de résilience des paysans positivement
déviants (PPD) afin de trouver les voies et moyens d’amélioration de tels projets en termes de
durabilité d’impacts des actions de réduction de l’insécurité alimentaire des exploitations agricoles.
Les PPD ont été des références en matière d’acculturation des actions de résilience et de performance
en sécurité alimentaire pendant leur collaboration avec les projets d’appuis exécutés dans le district de
Moramanga. Mais la grande question était de savoir comment ont évolué ces PPD au lendemain de
leur sevrage avec le tuteur de résilience. Il y a deux types de modes de sécurité alimentaire au sein des
PPD : Productivité et Subsistance. Et le fait d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que
partiellement le problème de l’insécurité alimentaire. Les agriculteurs ont une acculturation sélective
des techniques vulgarisées. La majorité adopte plus le « soft » que le « hard ». Dans ce lancer,
l’acculturation agricole a une corrélation positive notable avec le niveau de sécurité alimentaire. De
surcroît, l’innovation technique des exploitations agricoles a deux préalables : (i) sécurité foncière et
(ii) sécurité économique. Les agriculteurs adoptent différentes stratégies et trajectoires de résilience au
lendemain du sevrage ; adopter une approche calibrée et spécifiée à chaque catégorie d’agriculteurs est
plus judicieuse pour optimiser la possibilité d’améliorer leur sécurité alimentaire et leur capabilité
pour une trajectoire de résilience ascendante.

Mots clés : capabilité, positivement déviant, résilience, sevrage, sécurité alimentaire,


trajectoire, tuteur

Pagination: 247p

VI
ABSTRACT
The Millennium Development Goal related to food security and nutrition was not reached
regardless of all the efforts to reduce food insecurity, particularly through agriculture and food security
projects. The situation even seems to be worsening. It is the case for Madagascar. A study on food
security differentiation and resilience trajectory of positive deviant farmers (PDF) was conducted
throughout this thesis to find ways and means to improve such projects, in terms of sustainability of
the impacts of the actions against food insecurity at the level of smallholders. PDFs were the best
references regarding the acculturation of the actions of resilience and food security performance
during their collaboration with the supporting projects implemented in the Moramanga district. But the
main question was to know how PDFs have progressed following the weaning from the resilience
tutor. PDFs work with two types of food security system: Productivity and Subsistence. Increasing rice
production resolves only one part of the food security issue. Farmers work with selective
acculturation. Most PDFs preferably adopt soft packages rather than hard packages. In this area,
agricultural acculturation positively correlates with food security level. Moreover, the technical
innovation of smallholdings has two prerequisites: land security and economic security. Farmers have
adopted different strategies and trajectories following the weaning from resilience tutor. Therefore, the
approach in development should be calibrated and specified to optimise the possibility of improving
smallholders’ food security and capability towards an ascending resilience trajectory.

Key words: capability, positively deviant, resilience, weaning, food security, trajectory, tutor

Paging: 247p

VII
FINTINA SY FANTINA

Na dia teo aza ireo ezaka maro ho fampihenana ny tsy fahampian-tsakafo tamin’ny alalan’ny
tetikasa samihafa dia hita fa mihamahazo vahana ity olana ity eo amin’ny fiainana andavanandro. Ny
tanjon’ny taona arivo fahatelo momba ny fanjarian-sakafo aza moa dia tsy tratra mihitsy. Ho an’i
Madagasikara manokana dia vao maika miombo toy ny homamiadana izany tsy fahampian-tsakafo
izany na dia efa maro ara ireo tetikasa natao iadiana amin’io fanetribe io. Ity asa ity dia nahafahana
nanao fikarohana momba ny fahasamihafan’ny antoka ara-tsakafo sy ny zotran-tohibelin’ireo tantsaha
midivitra miabo (TMM) mba hitiliana sy hamoahana hevitra azo hanatsarana ireo tetikasa toy izany,
indrindra indrindra ho fampaharetana ny vokatr’ireo ezaka fampihenana ny tsy fahampian-tsakafon’ny
tantsaha mpamokatra. Ireo TMM moa dia tonga ohatra faka tahaka tamin’ny fandraisana sy
fampiharana ireo paika ho fanamafisana tohibely sy tamin’ny vokatra azon’izy ireo teo amin’ny
fihatsaran’ny fanjarian-tsakafony nandritra ny fiarahany niasa tamin’ireo tetikasa izay notanterahina
tao amin’ny distrika Moramanga. Ny mampametra-panontaniana ankehitriny dia hoe nanao ahoana
tokoa ireo TMM taorian’ny nanotazana azy ireo tamin’ny tanjaka tohibeliny. Hita fa misy karazany
roa ny fomba ametrahan’ny TMM ny antoka ara-tsakafony: ny paika miompana amin’ny Famokarana
sy ny paika mifantoka amin’ny Fahavitan-tena. Ny ezaka amin’ny fampitomboana ny voka-bary dia
mamaha amin’ny ampahany ihany ny olan’ny tsy fahampian-tsakafon’ny tantsaha. Amin’ny
ampahany tahaka izany ihany koa no andraisan’ny tantsaha ireo tekinika entina eo aminy. Ny
ankamaroany dia manaiky sy mirona kokoa ny fiofanana ary tsy dia manezaka amin’ny fafatra. Ary
voamarina fa tena misy ifandraisany amin’ny fampian-tsakafon’izy ireo izany toetra izany.
Ambonin’izany dia tsy miroso amin’ny tekinika mohatsaraina ny tantsaha raha tsy efa milamina ny
fananan-tany sy ny toekarena. Misy fahasamihafany ny paikady arahin’ireo tantsaha aorian’ny
fanotazana azy ireo amin’ny tanjaka tohibely hany ka mila atao mifanaraka amin’ireo sokajy misy ny
hetsika fampandrosoana hatao mba hahabetsaka ny herijikan’ny ezaka fanatsarana ny fanjarian-tsakafo
sy ny oitran’ny tantsaha hahatonga ny zotra tohibelin’izy ireo ho lanja-miakatra.

Teny fototra: fahafaha-manao, midivitra miabo, tohibely, fanotazana, fahampian-tsakafo,


zotra, tanjaka, faharefoana

Isan’ny pejy : 247p

VIII
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................................... 1


CONTEXTE ................................................................................................................................................ 2
PROBLEMATIQUE ..................................................................................................................................... 2
QUESTIONS DE RECHERCHE ..................................................................................................................... 3
LES HYPOTHESES DE L’ETUDE ................................................................................................................. 4
OBJECTIF GLOBAL, OBJECTIFS SPECIFIQUES .......................................................................................... 6
RESULTATS ATTENDUS ET LIMITES DE L’ETUDE ..................................................................................... 6

1 ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE ................................................................................... 8


INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 9
1.1 ETAT DE L’ART ............................................................................................................................. 9
1.1.1 La Sécurité alimentaire ........................................................................................................ 9
1.1.1.1 Le concept de la sécurité alimentaire ..........................................................................................10
a. La disponibilité des aliments ..........................................................................................................10
b. L’accès aux aliments ......................................................................................................................11
c. L’utilisation des aliments ...............................................................................................................11
1.1.1.2 Les facteurs influant la sécurité alimentaire ................................................................................12
1.1.1.3 L’insécurité alimentaire ..............................................................................................................13
1.1.1.4 Analyse et évaluation de la sécurité alimentaire..........................................................................14
1.1.1.5 Stratégie de sécurité alimentaire des ménages ............................................................................14
1.1.1.6 La malnutrition............................................................................................................................16
1.1.1.7 Implication sectorielle de la sécurité alimentaire ........................................................................16
1.1.1.8 La sécurité alimentaire dans le Monde ........................................................................................17
1.1.1.9 La sécurité alimentaire à Madagascar .........................................................................................18
1.1.2 La Vulnérabilité ................................................................................................................. 21
1.1.2.1 Le concept de « vulnérabilité » ...................................................................................................22
a) Vulnérabilité conjoncturelle et vulnérabilité structurelle ...............................................................23
b) Vulnérabilité liée au cycle de vie ...................................................................................................23
c) Vulnérabilité intrinsèque et vulnérabilité extrinsèque ....................................................................23
d) La vulnérabilité sociale ..................................................................................................................24
e) Vulnérabilité liée à la condition socio-culturelle............................................................................24
f) Vulnérabilité liée au choc naturel ...................................................................................................24
g) La vulnérabilité oubliée .................................................................................................................24
1.1.2.2 Analyse de la vulnérabilité ..........................................................................................................24
1.1.2.3 Facteurs de vulnérabilité .............................................................................................................26
a. Le risque et l’incertitude ....................................................................................................................27
b. La gestion de risque ...........................................................................................................................27
c. Le choc ...............................................................................................................................................29
1.1.2.4 Trappe et cercle vicieux de la pauvreté .......................................................................................29
1.1.2.5 Vulnérabilité et le développement humain ..................................................................................31
1.1.3 La Résilience ...................................................................................................................... 31
1.1.3.1 Origine et définition de la « Résilience » ....................................................................................31
1.1.3.2 Résilience en Système Ecologie et Social ...................................................................................32

IX
1.1.3.3 Résilience selon le cycle de Panarchie ........................................................................................33
1.1.3.4 Résilience comme corrélat de la vulnérabilité .............................................................................34
1.1.3.5 Types de résilience ......................................................................................................................35
a. La résistance .......................................................................................................................................35
b. La résilience .......................................................................................................................................37
c. La résilience individuelle et Effet d’agrégat .......................................................................................37
1.1.3.6 Trajectoire de résilience ..............................................................................................................38
1.1.3.7 Triangle de résilience et tuteur de résilience ...............................................................................38
1.1.3.8 Résilience et développement .......................................................................................................39
1.1.4 La Capabilité ..................................................................................................................... 42
1.1.4.1 Définition de la capabilité ...........................................................................................................42
1.1.4.2 Dynamique de la capabilité .........................................................................................................42
1.1.4.3 Continuum Risque – Capabilité - Vulnérabilité ..........................................................................43
1.1.5 Acculturation et Déviance Positive .................................................................................... 45
1.1.5.1 L’acculturation ............................................................................................................................45
a. Origine et définition du concept .........................................................................................................45
b. Mécanisme de l’acculturation ............................................................................................................46
c. Types d’acculturation .........................................................................................................................46
d. Modèles d’acculturation de Berry et consorts ....................................................................................46
1.1.5.2 L’approche Déviance Positive ....................................................................................................47
a) Historique de la déviance positive .................................................................................................47
b) Démarche de l’approche en déviance positive ...............................................................................48
c) Portée et limite de l’approche déviance positive ............................................................................49
1.2 METHODOLOGIE ........................................................................................................................ 51
1.2.1 La zone d’étude .................................................................................................................. 51
1.2.1.1 Contexte géographique de la zone d’étude ..................................................................................53
1.2.1.2 Contexte socio-économique de la zone d’étude ..........................................................................54
1.2.1.3 Population de la zone d’étude .....................................................................................................54
1.2.1.4 Contexte de développement de la zone d’étude ..........................................................................55
a. Les projets ayant intervenu dans la zone d’étude ...............................................................................55
b. Ambatovy, le géant du nickel.............................................................................................................56
1.2.1.5 Sécurité alimentaire de la population de Moramanga .................................................................56
1.2.2 Matériels utilisés ................................................................................................................ 56
1.2.3 Méthodes utilisées .............................................................................................................. 57
1.2.3.1 Démarche adoptée .......................................................................................................................57
a. La démarche exploratoire ...................................................................................................................58
b. La démarche formelle ........................................................................................................................58
c. Traitements et analyses des données ..................................................................................................62
1.2.4 Chronogramme .................................................................................................................. 64

2 DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ................................................... 66


INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 67
2.1 MATERIELS ET METHODES......................................................................................................... 68
2.1.1 Les variables de la sécurité alimentaire à Madagascar .................................................... 68
2.1.2 Méthode de traitement des données ................................................................................... 68
2.1.2.1 L’Analyse de Composantes Principales ......................................................................................69

X
2.1.2.2 L’Analyse Factorielle Discriminante ..........................................................................................69
2.1.2.3 Le test d’égalité de proportions ...................................................................................................70
2.1.2.4 Le test d’égalité d’échantillons indépendants..............................................................................70
2.1.2.5 La régression linéaire multiple ....................................................................................................71
2.1.2.6 La Classification Ascendante Hiérarchique ................................................................................72
2.1.2.7 L’Analyse Factorielle des Correspondances ...............................................................................73
2.1.2.8 L’analyse de variance ..................................................................................................................73
2.2 RESULTATS ................................................................................................................................. 74
2.2.1 Evolution de la sécurité alimentaire des PPD ................................................................... 74
2.2.1.1 Sécurité alimentaire en deux composantes ..................................................................................74
2.2.1.2 Deux modèles de sécurité alimentaire .........................................................................................76
2.2.1.3 Similarité de la répartition des observations des échantillons .....................................................77
a. Test d’égalité des proportions ............................................................................................................77
b. Caractéristiques des modes de sécurité alimentaire ...........................................................................77
2.2.1.4 Egalité respective des modes PSA et ERI ...................................................................................79
a) Test d’égalité des échantillons indépendants .....................................................................................79
b) Test de normalité des deux distributions............................................................................................79
c) Indices de normalité ...........................................................................................................................80
d) Test t-Student et test de Levene .........................................................................................................80
2.2.1.5 Equations des modèles de sécurité alimentaire des PPD .............................................................81
a. Analyse de régression des deux modèles ...........................................................................................81
b. Modélisation en effet combiné de toutes les variables .......................................................................83
2.2.1.6 Cinq classes d’exploitations en matière de sécurité alimentaire ..................................................84
a) CAH de la sécurité alimentaire ..........................................................................................................84
b) CAH de la surface vivrière ................................................................................................................85
2.2.1.7 Deux types d’exploitations agricoles...........................................................................................85
a. Profils-lignes ......................................................................................................................................86
b. Distance du Khi2 des lignes................................................................................................................86
2.2.1.8 Influence de la surface vivrière sur l’autonomie en riz ...............................................................87
a. Régression linéaire et modélisation ....................................................................................................87
b. Analyse de variance entre autonomie en riz et surface vivrière .........................................................87
2.2.2 Analyse de la vulnérabilité des PPD .................................................................................. 88
2.3 DISCUSSIONS ............................................................................................................................... 90
2.3.1 La différenciation des exploitations en sécurité alimentaire.............................................. 90
2.3.1.1 Les modes de sécurité alimentaire...............................................................................................90
2.3.1.2 Le rôle de la production vivrière dans la sécurité alimentaire .....................................................92
2.3.2 Le profil de la sécurité alimentaire des PPD ..................................................................... 92
2.3.2.1 Les paramètres déterminants de la sécurité alimentaires .............................................................92
2.3.2.2 La vivrière comme tampon alimentaire et tampon financier .......................................................93
2.3.2.3 L’effet des approches sur la durabilité ........................................................................................94
2.3.2.4 L’échelle de la sécurité alimentaire des PPD ..............................................................................94
2.3.2.5 La vulnérabilité de la sécurité alimentaire...................................................................................95
2.3.2.6 Le mécanisme de la sécurité alimentaire .....................................................................................96
CONCLUSION PARTIELLE ....................................................................................................................... 97

XI
3 ACCULTURATION AGRICOLE DES PPD FACE AUX ACTIONS DE RESILIENCE ..... 98
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 99
3.1 MATERIELS ET METHODES....................................................................................................... 100
3.1.1 Les variables de l’acculturation agricole ........................................................................ 100
3.1.2 Méthode d’analyse des données ....................................................................................... 100
3.2 RESULTATS ............................................................................................................................... 100
3.2.1 Modes d’acculturation agricoles des PPD ...................................................................... 101
3.2.1.1 Acculturation agricole à deux composantes principales ............................................................101
3.2.1.2 Les deux modes d’acculturation agricole ..................................................................................102
3.2.2 Modèles d’acculturation agricole .................................................................................... 104
3.2.2.1 Equations des modèles en effet combiné...................................................................................106
3.2.2.2 Similarité de l’acculturation agricole des deux échantillons .....................................................106
a. Test de normalité ..............................................................................................................................106
b. Test non paramétrique......................................................................................................................107
3.2.2.3 Classification Hiérarchique Ascendante....................................................................................107
3.2.2.4 Analyse Factorielle des Correspondances .................................................................................108
3.3 DISCUSSIONS ............................................................................................................................. 110
3.3.1 Les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole .................................................. 110
3.3.2 L’acculturation agricole des PPD ................................................................................... 111
a) Le tendem itinéraire technique-équipement ..........................................................................................111
b) Corrélation entre sécurité alimentaire et acculturation agricole............................................................112
c) Echelle de l’acculturation agricole........................................................................................................112
d) Acculturation différentielle des techniques agricoles ...........................................................................114
CONCLUSION PARTIELLE ..................................................................................................................... 115

4 TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PPD ......................................................................... 116


INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 117
4.1 MATERIELS ET METHODES....................................................................................................... 118
4.1.1 La variable de la priorité de gestion des exploitations des PPD ..................................... 118
4.1.2 L’autonomie en riz ........................................................................................................... 118
4.1.3 Les variables de la capabilité .......................................................................................... 118
4.1.4 Les analyses statistiques .................................................................................................. 119
4.1.5 Le profilage des groupes .................................................................................................. 120
4.1.6 Analyse prospective.......................................................................................................... 120
4.2 RESULTATS ............................................................................................................................... 121
4.2.1 Les priorités de résilience des PPD ................................................................................. 121
4.2.1.1 Trois catégories de priorité de gestion d’exploitation ...............................................................121
4.2.1.2 Influence de la priorité de l’exploitation sur l’autonomie en riz ...............................................122
4.2.1.3 Autonomie en riz majoritaire de 5 à 8 mois ..............................................................................124
4.2.1.4 Classification des PPD selon leur autosuffisance en riz ............................................................124
4.2.1.5 Le test d’égalité des classes similaires ......................................................................................126
a) Comparaison des deux classes des EMERGENTS ..........................................................................126
b) Comparaison des deux classes de PPD en déclin.............................................................................128
4.2.1.6 Différenciation de l’autonomie en riz des PPD .........................................................................129
4.2.1.7 Analyse factorielle relative à l’autonomie en riz .......................................................................130

XII
4.2.2 Types de capabilité des PPD............................................................................................ 135
4.2.2.1 Modélisation matricielle des types de capabilité des PPD ........................................................135
4.2.2.2 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-PSA ...................................................135
4.2.2.3 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-ERI ....................................................137
4.2.3 Modèles de trajectoire de résilience des PPD ................................................................. 139
4.2.3.1 Tendance prévisionnelle de l’autonomie en riz des PPD ..........................................................139
4.2.3.2 Tendance prospective de la capabilité des PPD ........................................................................140
a. PSA Emergent .......................................................................................................................................140
b. PSA Intérmédiaire.................................................................................................................................141
c. PSA Déclin ...........................................................................................................................................141
d. ERI Emergeant......................................................................................................................................142
e. ERI Déclin ............................................................................................................................................142
f. ERI Dissolution .....................................................................................................................................143
4.3 DISCUSSIONS ............................................................................................................................. 144
4.3.1 Les différentes découvertes .............................................................................................. 144
4.3.2 Différenciation de trajectoire de résilience...................................................................... 146
4.3.3 Le préalable de l’initiation aux innovations techniques .................................................. 147
4.3.4 Accepter les différents types de vocation paysanne ......................................................... 149
4.3.5 Dualité entre bien-être alimentaire et bien-être matériel ................................................ 149
4.3.6 Trajectoire de résilience des exploitations agricoles ....................................................... 150
CONCLUSION PARTIELLE ..................................................................................................................... 152

5 DISCUSSIONS GENERALES ................................................................................................... 154


INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 155
5.1 LE CONCEPT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE .......................................................................... 155
5.1.1 Besoin d’alignements de perceptions ............................................................................... 155
5.1.1.1 Définition de la sécurité alimentaire .........................................................................................155
5.1.1.2 Le défi du zéro famine ..............................................................................................................156
5.1.1.3 Les indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire .................................................................157
5.1.1.4 La considération de la dimension humaine ...............................................................................158
5.1.2 Sécurité alimentaire et élargissement de la politique agricole ........................................ 158
5.1.3 Sécurité alimentaire et changement climatique ............................................................... 160
5.1.4 Gouvernance de la sécurité alimentaire .......................................................................... 161
5.1.5 Le cas de Madagascar ..................................................................................................... 163
5.1.5.1 Guérir ou prémunir....................................................................................................................163
5.1.5.2 Repenser le concept de la sécurité alimentaire ..........................................................................164
5.2 VULNERABILITE – RESILIENCE – CAPABILITE ........................................................................ 165
5.2.1 Tourbillon de la vulnérabilité et tourbillon de la résilience ............................................ 165
5.2.2 Interaction entre Vulnérabilité et Résilience.................................................................... 166
5.2.2.1 L’importance de la dimension magico-religieux .......................................................................167
5.2.2.2 La prédisposition à la vulnérabilité ...........................................................................................167
5.2.2.3 Le piège de la bonne résilience .................................................................................................168
5.2.3 Appréhension holistique de l’enjeu de développement .................................................... 169

XIII
5.2.4 Dualité entre Assistance et Auto-reconstitution ............................................................... 170
5.2.4.1 La résilience assistée .................................................................................................................170
5.2.4.2 La résilience auto-construite .....................................................................................................170
5.2.4.3 La résilience de l’agriculture familiale ......................................................................................171
5.2.4.4 La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience ...........................................................................172
5.3 LES PARADOXES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE PAYSANNE .................................................. 174
5.3.1 Le paradoxe conceptuel ................................................................................................... 174
5.3.2 Le paradoxe des interventions ......................................................................................... 174
5.3.3 Le paradoxe de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire .............................................. 175
5.4 LE PROCESSUS D’ACCULTURATION AGRICOLE A TRAVERS UN PROJET.................................. 176
5.5 LE SPIRAL DE LA RECESSION ET SON FACTEUR DECLENCHEUR .............................................. 177
5.6 LE DEVELOPPEMENT RURAL RESILIENT .................................................................................. 177
5.7 L’OPTIMISATION PAR SPECIFICATION ET CALIBRAGE ............................................................ 178
CONCLUSION PARTIELLE ..................................................................................................................... 179

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................ 180


BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 184
ANNEXES............................................................................................................................................ 189
Annexe 1 : Lettre d’autorisation délivrée par le Chef de district de Moramanga .................. 190
Annexe 2 : Lettre de demande de collaboration pour les Maires ........................................... 191
Annexe 3 : Lettre pour les chefs Fokontany .......................................................................... 193
Annexe 4 : Modèle de lettre pour les associations Koloharena ............................................. 194
Annexe 5 : Questionnaire PSA en version française.............................................................. 195
Annexe 6 : Questionnaire ERI en version malagasy .............................................................. 198
Annexe 7 : Renseignement sur les enquêteurs ....................................................................... 202
Annexe 8 : Protocole adopté pour l’enquête par questionnaire du projet de thèse ................ 203
Annexe 9 : Ordre de mission des enquêteurs ......................................................................... 204
Annexe 10 : Liste des PPD constituant les populations mères PSA et ERI ........................... 205
Annexe 11 : Matrice des classes des variables de l’hypothèse 03 ......................................... 214
Annexe 12 : Matrice de corrélation stochastique des variables de l’hypothèse 03 ................ 214
Annexe 13 : Résumée de la communication au symposium de Toamasina ........................... 215
Annexe 14 : Certificat de participation au symposium de Toamasina ................................... 216
Annexe 15 : Article soumis pour acte au projet EGALE ....................................................... 217
Annexe 16 : Poster exposé au salon de la recherche 2016 d’Antananarivo ........................... 221
Annexe 17 : Poster exposé aux Doctoriales 2016, 2ème édition de Toliara ............................ 222
Annexe 18 : Attestation de participation aux doctoriales 2017.............................................. 223
Annexe 19 : Résumé de l’article soumis aux Doctoriales 2016, 2ème édition......................... 224
Annexe 20 : Abstract de l’article 1 soumis et retenu par MADASHS ................................... 225
Annexe 21 : Abstract de l’article 2 soumis et retenu par MADASHS ................................... 226
Annexe 22 : Certificat de participation au symposium international de MADASHS ............ 227

XIV
LISTE DES TABLEAUX Pages

Tableau 1 : Matrice de gestion de risque ...................................................................... 28


Tableau 2 : Liste des villages et des communes d’enquête pour la zone PSA ............. 59
Tableau 3 : Liste de villages et communes d’enquête pour la zone ERI ...................... 60
Tableau 4 : Chronogramme des travaux ....................................................................... 64
Tableau 5 : Qualité de représentation ........................................................................... 74
Tableau 6 : Variance totale expliquée .......................................................................... 74
Tableau 7 : Matrice des composantes ........................................................................... 75
Tableau 8 : Valeurs propres .......................................................................................... 76
Tableau 9 : Répartition des PPD en groupe de sécurité alimentaire ............................ 76
Tableau 10 : Test de proportion des modalités ............................................................. 77
Tableau 11 : Vue synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes ......... 78
Tableau 12 : Indice de normalité .................................................................................. 80
Tableau 13 : Statistiques des groupes ........................................................................... 80
Tableau 14 : Test d’échantillons indépendants ............................................................ 81
Tableau 15 : Récapitulatif des modèles PSA et ERI .................................................... 81
Tableau 16 : Analyse de variance des modèles PSA et ERI ........................................ 82
Tableau 17 : Coefficients de régression ....................................................................... 82
Tableau 18 : Récapitulatif des modèles à effets combinés ........................................... 83
Tableau 19 : Coefficient de régression multiple........................................................... 83
Tableau 20 : Les objets centraux .................................................................................. 84
Tableau 21 : Tableau synoptique des classes ............................................................... 84
Tableau 22 : Tableau des objets centraux des catégories de surface vivrière .............. 85
Tableau 23 : Tableau synoptique des classes ............................................................... 85
Tableau 24 : Tableau de profil des lignes ..................................................................... 86
Tableau 25 : Distances du Khi² - lignes........................................................................ 86
Tableau 26 : Surface vivrière moyenne des deux modes de sécurité alimentaire ........ 87
Tableau 27 : Tableau d’analyse du modèle .................................................................. 88
Tableau 28 : Analyse de la vulnérabilité en sécurité alimentaire des groupes ............. 89
Tableau 29 : Comparaison entre modes de sécurité alimentaire .................................. 91
Tableau 30 : Comparatif des deux échantillons PSA- ERI : ........................................ 91
Tableau 31 : Qualité de représentation ....................................................................... 101
Tableau 32 : Variance totale expliquée ...................................................................... 101
Tableau 33 : Matrice des composantes ....................................................................... 102

XV
Tableau 34 : Valeurs propres des fonctions discriminantes ....................................... 102
Tableau 35 : Affectation des observations de chaque échantillon par AFD .............. 103
Tableau 36 : Profil des groupes selon les trois variables d’acculturation agricole..... 104
Tableau 37 : Récapitulatif des modèles ...................................................................... 104
Tableau 38 : Analyse de variance ............................................................................... 105
Tableau 39 : Coefficient de régression des modèles .................................................. 105
Tableau 40 : Indices de normalité des deux échantillons PSA et ERI ....................... 106
Tableau 41 : Signification du test de comparaison en acculturation agricole ............ 107
Tableau 42 : Les objets centraux ................................................................................ 108
Tableau 43 : Le tableau synoptique des classes ......................................................... 108
Tableau 44 : Profils lignes .......................................................................................... 108
Tableau 45 : Tableau des distances du Khi² (lignes) .................................................. 109
Tableau 46 : Caractéristiques des groupes Technicité et Force de production .......... 110
Tableau 47 : Matrice de corrélation des variables ...................................................... 122
Tableau 48 : Tableau de l’analyse du modèle ............................................................ 123
Tableau 49 : Classification des PPD-PSA selon leur mois d’autonomie en riz ......... 124
Tableau 50 : Classification des PPD-ERI selon leur mois d’autonomie en riz .......... 125
Tableau 51 : Groupes d’autosuffisance en riz des PSA et ERI .................................. 125
Tableau 52 : Indices de normalité des échantillons .................................................... 126
Tableau 53 : Statistique descriptive de la durée de l’autosuffisance en riz des PPD . 127
Tableau 54 : Test d'échantillons indépendants ........................................................... 127
Tableau 55 : Indices de normalités des échantillons .................................................. 128
Tableau 56 : Statistiques descriptives des groupes ..................................................... 128
Tableau 57 : Tableau de test d’égalité ........................................................................ 128
Tableau 58 : Description des catégories ..................................................................... 130
Tableau 59 : Matrice des types de capabilité des PPD selon leur autonomie en riz .. 135
Tableau 60 : Statistiques descriptives des catégories de PSA .................................... 135
Tableau 61 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-PSA ............. 136
Tableau 62 : Profil de capabilité des groupes de PPD-PSA ....................................... 137
Tableau 63 : Statistiques descriptives des catégories d’ERI ...................................... 137
Tableau 64 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-ERI .............. 138
Tableau 65 : Profil de capabilisté des groupes de PPD-ERI ...................................... 138

XVI
LISTE DES FIGURES Pages

Figure 1 : Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes .................. 25


Figure 2 : Vulnérabilité et Innovation .......................................................................... 30
Figure 3 : Cycle de Panarchie ....................................................................................... 33
Figure 4 : La résistance comme zone intermédiaire ..................................................... 36
Figure 5 : Le triangle fondateur de la résilience du jeune ............................................ 39
Figure 6 : Schéma de l’analyse du danger .................................................................... 42
Figure 7 : Séquence stratégique et interaction durabilité-résilience ............................. 44
Figure 8 : Carte territoriale du district de Moramanga ................................................. 52
Figure 9 : Courbe ombro-thermique de Gaussen de Moramanga -5 années ................ 53
Figure 10 : Carte synoptique de la zone de PSA vs Zone d’étude de la thèse .............. 59
Figure 11 : Schéma du traitement statistique des variables par hypothèse .................. 63
Figure 12: Schéma du processus de traitement des données suivant les hypothèses ... 64
Figure 14 : Répartition des groupes de sécurité alimentaire ........................................ 76
Figure 15 : Graphique synoptique des groupes de sécurité alimentaire ....................... 78
Figure 16 : Graphique synoptique des groupes Subsistance et Productivité ................ 79
Figure 17 : Graphique du test de normalité .................................................................. 79
Figure 18 : Graphique symétriques des lignes ............................................................. 87
Figure 19 : Diagramme des moyennes ......................................................................... 88
Figure 20 : Echelle de la sécurité alimentaire............................................................... 95
Figure 21 : Mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD ......................................... 96
Figure 23 : Répartition des observations par groupe d’acculturation ......................... 103
Figure 24 : Graphique asymétrique des lignes ........................................................... 109
Figure 25 : Echelle de l’acculturation agricole........................................................... 113
Figure 26 : Récapitulation du processus de traitement statistique des données ......... 120
Figure 27 : Priorités dans la gestion d’exploitation des PPD ..................................... 121
Figure 28 : Répartition des PPD selon leurs priorités stratégiques ............................ 122
Figure 29 : Graphique des moyennes sur la priorité de gestion des exploitations ..... 123
Figure 30 : Tendance centrale des PPD en matière d’autonomie en riz ..................... 124
Figure 31 : Proportion typologique des PPD en autonomie en riz ............................. 126
Figure 32 : Différenciation de l’autonomie en riz des PPD ....................................... 129
Figure 33: Graphique symétrique Autonomie en riz et Taille d’exploitation ............ 130
Figure 34 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Moyens de production ........ 131
Figure 35 : Graphique symétrique entre Autonomie en riz et Biens mobiliers .......... 131
Figure 36 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Matériels motorisés ............ 132

XVII
Figure 37 : Graphique entre Autonomie en riz – Nombre de bâtiments construits .... 132
Figure 38 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Nombre de zébus ................ 133
Figure 39 : Graphique Autonomie en riz et Nombre de revenus non agricoles ......... 133
Figure 40 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Niveau d’acculturation ....... 134
Figure 41 : Evolution prospective de l’autonomie en riz des PPD............................. 139
Figure 42 : Tendance prospective de la capabilité des PSA EMERGENTS .............. 140
Figure 43 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Intermédiaires ............... 141
Figure 44 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Déclin ........................... 141
Figure 45 : Tendance prospective de la capabilité des ERI EMERGENTS ............... 142
Figure 46 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Déclin ............................ 142
Figure 47 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Dissolution .................... 143
Figure 48 : Niveau d’intervention en matière de développement agricole................. 148
Figure 49 : Trajectoire de résilience des exploitations agricoles................................ 151
Figure 50 : Intervention simultannée en continuum de développement ..................... 162
Figure 51 : La résistance comme étape entre vulnérabilité et résilience .................... 172
Figure 52 : Processus d’acculturation agricole à travers un projet ............................. 176

XVIII
LISTE DES ABREVIATIONS

AAG : Acculturation Agricole


ACP : Analyse de Composantes Principales
ADRA : Adventist Development Relief Agency
AFC : Analyse Factorielle des Correspondances
AG : Agriculture
AGR : Activité Génératrice de Revenu
ANOVA : ANalyze Of VAriance
CAH : Classification Ascendante Hiérarchique
CAZ : Corridor Ankeniheny-Zahamena
CIRAD : Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement
CSA : Climate Smart Agriculture
DISSOL : Dissolution
EMERG : Emergent
EPP : Equipe Permanente de Pilotage
ERI : Eco-Regional Initiative
FAO : Food and Agriculture Organization
GRND : Gestion des Ressources Naturelles et Développement
IAC : Indice Alimentaire Chronique
IAS : Insécurité Alimentaire Saisonnière
IFPRI : International Food Policy Research Institute
INSTAT : Institut National de STATistique
INTERM : Intermédiaire
ISHS : International Society for Horticultural Science
LDI : Landscape Development International
MADS : Méthode d’Analyse de Dysfonctionnement des systèmes
MP : Moyens de Production
NAP : Nouvelle Aire Protégée
OBS : Observation
OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisme Non Gouvernemental
ONN : Office National de la Nutrition
ONU : Organisation des Nations Unies
PADR : Plan d’Actions pour le Développement Rural
PAM : Programme Alimentaire Mondial

XIX
PANOMAD : PANneau de MADagascar
PAPRIZ : Projet d’Amélioration de la Productivité RIZicole
PIB : Produit Intérieur Brute
PNSA : Plan National de Sécurité Alimentaire
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPD : Paysan Positivement Déviant
Prod : Production
PSA : Projet de Sécurité Alimentaire
PVVS : Personne Vivant avec le VIH SIDA
RIP : Route d’Intérêt Provincial
RRC : Réduction des Risques Climatiques
SA : Sécurité Alimentaire
SDA : Score de Diversité Alimentaire
SES : Système Ecologique et Social
SIDA : Syndrome d'Immunodéficience Acquise
SIG : Système d’Information Géographique
SPSS : Statistical Package for Social Sciences
SRA : Système de Riziculture Améliorée
SRI : Système de Riziculture Intensive
Sub : Subsistance
TIB : Travaux Industriels de Bois
TMM : Tantsaha Midivitra Miabo
US$ : United States Dollar
USAID : United States Agency of International Development
VD : Variable Dépendante
VI : Variable Indépendante
VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine
YMCA : Young Men's Christian Association

XX
INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION GENERALE

1
INTRODUCTION GENERALE
Ede ut vivas, ne vivas ut edas ou bien « vivre pour manger et non pas manger pour
vivre » s’était exprimé l’illustre philosophe Socrate. Cet aphorisme était repris par Molière
dans sa comédie l’Avare, acte II, scène 5 et qui par la suite le rendit célèbre (La France
pittoresque, 2011). Sous un autre ciel et à une autre époque, le sage roi Salomon avait écrit
qu’« il n'y a de bonheur pour l'Homme qu'à manger et à boire, et à faire jouir son âme du
bien-être au milieu de son travail » (Société Biblique Internationale, 2005). Ces deux pensées
dénotent à quel point la sécurité alimentaire était depuis toujours cruciale. L’Homme a
toujours senti le besoin d’assurer son alimentation avant toute chose. Le besoin en nourriture
se place au niveau le plus inférieur de la pyramide de Maslow ; autrement dit, la sécurité
alimentaire revêt d’une importance capitale pour l’humanité, les dirigeants, la population et
les individus. Cette thèse s’inscrit dans ce domaine de la sécurité alimentaire en conduisant
des recherches sur la différenciation de la sécurité alimentaire et de la trajectoire de résilience
des paysans positivement déviants.

Contexte
Des crises alimentaires chroniques et récurrentes se sont manifestées sous différentes
facettes dans le Monde ces dernières décennies. D’après la statistique de la FAO, 850 millions
de personnes sont sous-alimentées et la majorité, 815 millions de personnes, se trouvent dans
les pays en développement (Drogué & al., 2006). Les projets de sécurité alimentaire ont été
par la suite assimilés au « Cheval de Troie » pour affranchir l’humanité de ce fléau. C’est
dans ce sens que les Nations Unies ont lancé le défi de « Zéro famine » pour briser cette
« épée de Damoclès » (FAO, 2014b). Cette topographie générale montre à quel point les
projets de sécurité alimentaire sont-ils importants dans le processus de la réduction de la faim
et de la sous-alimentation dans le Monde et particulièrement pour les pays dont la population
vit sous l’emprise de l’insécurité alimentaire.

Problématique
Dans cette croisade de taille, la prévision était de réduire le nombre de personnes sous-
alimentées à raison de huit millions de personnes par an afin de diminuer de moitié le nombre
de personnes sous-alimentées entre 2000 et 2015 (Drogué & al., op.cit.). Force est de
constater que malgré les ressources investies, cette déclaration de l’Objectif de
Développement du Millénaire a été ratée, particulièrement pour Madagascar où la situation de
l’insécurité alimentaire est de plus en plus préoccupante : un tiers des ménages sombre dans
une situation d’insécurité alimentaire très sévère ; une très grande majorité de la population

2
vit avec un régime alimentaire très insuffisant en termes de quantité ou de qualité. Selon le
rapport du Programme Alimentaire Mondiale, 58% des ménages malagasy est sous un régime
alimentaire très pauvre en quantité et 60% des ménages malagasy dans une alimentation
extrêmement pauvre en qualité (PAM, 2014) ; un ménage sur deux subit une insécurité
alimentaire temporaire ou saisonnière (IAS) i.e. changement de régime alimentaire à cause
d’une pénurie (EPP PADR, 2005). Cependant, le Plan National de la Sécurité Alimentaire
évoque une enveloppe annuelle de 40 millions de dollars américains pour résorber l’insécurité
alimentaire à Madagascar (ibid.). Ces contrastes mettent en exergue la problématique
fondamentale de la sécurité alimentaire : les efforts et les ressources déployés, malgré leur
importance, pour mater l’insécurité alimentaire à travers des projets de sécurité alimentaire et
de développement rural n’ont pas amené à une situation meilleure. Le tableau fait état d’une
recrudescence paradoxale et flagrante de l’insécurité alimentaire en réponse à l’intensification
des interventions en la matière. Les projets de sécurité alimentaire et de développement
agricole n’arrivent pas à résorber de manière conséquente et durable le problème de
l’insécurité alimentaire. Pourtant le Monde doit faire face au défi de trouver les voies et les
moyens appropriés pour nourrir une population fortement croissante dans le contexte des
inquiétudes relatives à la gestion des ressources naturelles » (Drogué & al., op.cit.).

Questions de recherche
Cette thèse s’inscrit justement dans cette problématique pour étudier la sécurité
alimentaire des paysans positivement déviants dans la zone de Moramanga au lendemain de la
clôture des projets d’appui. Des projets de sécurité alimentaire (PSA) et de développement
agricole pluriannuels ont été mis en œuvre dans le district de Moramanga notamment ceux de
l’ « Adventist Development Relief Agency » (ADRA) et d’ l’« Eco-Regional Initiative »
(ERI). Ces projets ont été financés par l’ « United States Agency of International
Development » (USAID) Madagascar et exécutés entre 2003 et 2009. Ce sont des projets
intégrés d’agriculture, de santé et d’environnement. Le Projet Sécurité Alimentaire (PSA) de
l’ADRA a supporté entre autres 2 380 paysans modèles. Ces derniers sont des agriculteurs
sélectionnés par le PSA parmi ses bénéficiaires à travers des critères bien définis au préalable
pour être les principaux fils conducteurs en matière de transfert de techniques agricoles
améliorées vers les pairs. Ces paysans modèles ont bénéficié d’un cursus de formation
complet en techniques de production agricole et ont été dotés d’outillage agricole
exceptionnel par rapport à la grande masse de bénéficiaire pour devenir ainsi des vitrines et
des références en matière d’adoption des techniques améliorées vulgarisées par le projet. Ils
étaient au nombre de huit personnes par village (ADRA, 2008). Pour ERI, les exploitants

3
agricoles ont été regroupés dans des associations « Koloharena » qui ont été les points focaux
des interventions par le biais des paysans vulgarisateurs et des paysans animateurs appelés
paysans leaders. Les axes d’intervention du projet de l’ERI sont la production agricole, la
commercialisation et l’environnement. Les paysans modèles de PSA et les paysans leaders
d’ERI, qui sont des Paysans Positivement Déviants (PPD), ont été des références en matière
d’adoption technique et à cause de leur performance en sécurité alimentaire pendant
l’accompagnement des projets d’appuis.

Le paradoxe entre la chronicité voire recrudescence de l’insécurité alimentaire et


l’abondance des projets de développement fraye une piste de réflexion pour une étude
approfondie sur ces projets d’appuis en l’occurrence la durabilité des résultats qu’ils ont
laissés auprès des bénéficiaires. Ainsi, les questions de recherche en rapport avec la
problématique exposée auparavant sont :
- Comment a évolué la sécurité alimentaire des PPD au lendemain de la fin des
projets d’appui ?
- Comment les PPD ont-ils acculturé les actions de résilience après les projets
d’appui ?
- Comment les exploitations des PPD se projettent-elles dans le temps ?

Ces questions de recherche font allusion à la durabilité des effets engendrés par les
projets en termes de réduction de l’insécurité alimentaire des bénéficiaires et de l’évolution de
leur résilience post projet. La résilience sous entend un état transitionnel et de recherche
d’équilibre et de stabilité (Koffi, 2014). La vulnérabilité quant à elle sous-entend « un état de
faiblesse rendant le « coping » (Thomas, 2008), i.e. l’adaptation, la réaction et la résistance,
peu efficace face à un stress. La vulnérabilité a une connotation négative basée sur la fragilité
du système contrairement à la résilience qui, quant à elle, comporte une connotation positive
(Provitolo & Antipolis, 2009). L’application des concepts de vulnérabilité et de résilience au
processus de réduction de l’insécurité alimentaire paysanne et de l’inertie du sous-
développement au niveau des exploitations agricoles sera ainsi traitée pour comprendre
pourquoi les exploitations agricoles n’arrivent pas à accéder à un niveau de sécurité
alimentaire durable et progressif malgré les appuis et les interventions de pointe apportés par
les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole.

Les hypothèses de l’étude


Sur cette toile de fond, trois hypothèses sont considérées pour asseoir la recherche :
- les paysans positivement déviants ont différents modes de sécurité alimentaire ;

4
- les paysans positivement déviants ont une acculturation sélective des actions de
résilience ;
- l’orientation des exploitations agricoles des paysans positivement déviants est
régie par des stratégies définies et une trajectoire de résilience commune.

Madagascar est l’un des pays les moins développés dans le Monde. En 2012, il a été
classé 151ième sur 186 pays sur l’Index du Développement Humain. Son niveau de pauvreté
est jugé très élevé : environ 71,5% de sa population vit en dessous du seuil de la pauvreté et
52 % en sont au-dessous du seuil de l’extrême pauvreté. C’est une pauvreté endémique
émaillée d’une situation d’insécurité alimentaire très préoccupante. La population rurale est la
plus frappée (PAM, 2014).

D’après Cannon et al. (Thomas, 2008), la pauvreté « mesure un statut alors que la
vulnérabilité est un mode de conceptualisation de ce qui pourrait arriver à une population
donnée ». Pour redresser une situation, il faut augmenter la capacité de gestion de risque des
pauvres. C’est une stratégie de prédilection pour constituer par la suite une issue à la situation
de pauvreté chronique de la population (ibid.) Les gens vivant dans la précarité sont
prisonniers de la trappe de la pauvreté (Lalau, 2008). Pour s’en sortir, il leur faut un tuteur de
résilience (Lecomte, 2005) qui les ramèneraient à un état d’équilibre. L’assistance de ce tuteur
offre la possibilité de transformation, de réorganisation et de renouvellement (Provitolo &
Antipolis, 2009). Les projets d’appuis jouent justement ce rôle de tuteur de résilience afin
d’amener leurs bénéficiaires vers une condition meilleure et une nouvelle situation
d’équilibre. Dans ce sens, les recommandations des experts portent sur l’intensification des
opérations d’urgence telles que l’aide alimentaire aux plus démunis, la fourniture d’intrants
agricoles ainsi que de services vétérinaires et phytosanitaires. L’objectif est de permettre aux
agriculteurs de maintenir voire accroître la production alimentaire et lutter contre les maladies
et les ennemis des plantes et des animaux d’élevage (FAO & PAM, 2010). La résilience des
agriculteurs repose sur le degré de diversification des activités à la fois agricoles et non
agricoles. A ceci s’ajoute la capacité d’innovation technique qui est souvent le résultat du
passage des projets de développement (CIRAD, 2014b). Ces interventions doivent permettre
aux gens vulnérables de s’éjecter du cercle vicieux de la pauvreté vers le changement (Olsson
& al., 2014) et prendre une trajectoire de résilience de façon irréversible (Provitolo &
Antipolis, op.cit).

Dans cette optique, les bénéficiaires des projets de sécurité alimentaire, en premier
lieu les paysans positivement déviants, devraient embrasser une meilleure sécurité alimentaire

5
au terme des accompagnements. Ce qui a été effectivement vérifié pour PSA en 2009. Cette
transformation résiliençiaire devrait-être irréversible (Provitolo & Antipolis, op.cit.) et les
agriculteurs bénéficiaires des projets sont supposés poursuivre le changement entamé.

Objectif global, objectifs spécifiques


De tout ce qui précède, ce projet de thèse a comme objectif global de mettre en relief
la différenciation des paysans positivement déviants des projets de sécurité alimentaire et de
développement agricole du district de Moramanga cinq ans après leur clôture respective. Trois
objectifs spécifiques découlent de cet objectif global de recherche :
- définir et comprendre le mode de sécurité alimentaire des PPD,
- comprendre le mode d’acculturation des actions de résilience au sein des
exploitations des agriculteurs positivement déviant, et
- reproduire le modèle de trajectoire de résilience des PPD.

Résultats attendus et limites de l’étude


Les résultats attendus de cette étude seront :
- la découverte des origines de la différenciation des PPD en matière de sécurité
alimentaire,
- la mise en relief des différentes réactions post projet des PPD par rapport aux
actions de résilience ainsi que leurs causes,
- la production d’un modèle de trajectoire de résilience des agriculteurs
positivement déviants et les facteurs qui y interviendront. Le tout débouchera à
la formulation des théories des PPD en matière de sécurité alimentaire et de
stratégie de subsistance.

La conceptualisation penchera sur le développement des petites exploitations agricoles


vis-à-vis de la sécurité alimentaire, de l’acculturation des techniques de production agricole
vulgarisées en milieu rural, de la durabilité des résultats issus d’une intervention limitée dans
le temps et sous forme de projet. De loin, les théories de développement des paysans
positivement déviants serviront de référence aux parties prenantes et aux acteurs de
développement en général et ceux de la sécurité alimentaire en particulier. Cette thèse se veut
de contribuer à l’amélioration des éventuels projets de sécurité alimentaire et de
développement agricole afin de les rendre plus efficaces en termes de durabilité d’impacts.
Les découvertes en apporteront à coup sûr des graines d’amélioration pour mieux
accompagner et supporter les agriculteurs à améliorer leur sécurité alimentaire et à s’arrimer à
une trajectoire de résilience ascendante. Une portée internationale des résultats n’est pas à

6
exclure étant donné que l’insécurité alimentaire est devenue un problème mondial et
mondialisé.

Outre que l’étude concerne un seul district, sa limite réside dans la différence entre la
taille des deux échantillons étudiés. La population PSA est composée de 379 PPD et l’on a dû
procéder à un échantillonnage pour sortir les 194 observations tandis que la population d’ERI
est seulement composée de 45 PPD et la démarche adoptée est par conséquent l’enquête
exhaustive. Cette différence vient de la différence des tailles des populations mères elles-
mêmes. Quand bien même, les méthodes de comparaison statistique permettent d’endiguer les
risques d’erreur pour tout ce qui est analyse comparative et d’en tirer par la suite des
conclusions fiables.

Après une topographie de l’état de l’art et un exposé de la méthodologie, les trois


parties qui suivent vont décortiquer la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
ou PPD, leur acculturation agricole et leur trajectoire de résilience. Les discussions générales
s’en suivront et le tout aboutira à des conclusions générales visant à éclairer les décideurs et
les prises de décision ayant trait à la sécurité alimentaire en général et à celle de Madagascar
en particulier.

7
Etat de l’art et méthodologie

I] ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE

1 ETAT DE L’ART ET METHODOLOGIE

8
Etat de l’art et méthodologie

Introduction
Cette partie traite les thèmes principaux de la thèse et la méthodologie adoptée. En
premier lieu sera traitée dans l’état de l’art la sécurité alimentaire en tant que thème principal
autour duquel gravitent tous les travaux de recherche et d’analyse ; ensuite, le tandem
tridimensionnel Vulnérabilité – Capabilité – Résilience dont la troisième hypothèse est la plus
concernée avant de terminer avec les concepts de l’acculturation et de la déviance positive,
qui concerne entre autres la deuxième hypothèse. Ces concepts convergeront dans les
discussions générales.

1.1 Etat de l’art

1.1.1 La Sécurité alimentaire


« Un peuple affamé est une honte pour le roi ». Cet adage du temps de l’illustre roi
Andrianampoinimerina montre l’importance de la sécurité alimentaire pour la bonne
gouvernance d’une Nation. La sécurité alimentaire est depuis toujours une affaire d’Etat, non
seulement à Madagascar mais partout dans le Monde à l’instar de l’Egypte antique gouverné
par le Pharaon et qui a désigné le patriarche Joseph pour gérer la période de sept années de
surproductions suivies de sept années de famine. Le but était d’assurer la sécurité alimentaire
des égyptiens voire les peuples voisins dans le long terme. Aucun dirigeant et aucune
institution, pour asseoir leur notoriété, ne peuvent se permettre d’ignorer ni sous-estimer le
problème de l’insécurité alimentaire. En effet, la sécurité alimentaire est en corrélation avec la
paix sociale et la famine cohabite avec la pauvreté (Drogué & al., 2006). L’insécurité
alimentaire constitue l’un des facteurs de blocage du développement car « le ventre faim n’a
pas d’oreille ». Ce qui signifie que dans un contexte d’insécurité alimentaire, toute tentative
d’action de développement est vouée à coup sûr à l’échec. Le besoin alimentaire figure parmi
les besoins fondamentaux et physiologiques dans la hiérarchisation de la pyramide de
Maslow. Les besoins physiologiques se trouvent en bas de l’échelle en dessous des besoins de
sécurité, ceux d'appartenance et d'amour, ceux d'estime et celui d'accomplissement de soi. La
théorie d’Abraham Maslow insinue que l’être humain ne peut progresser et évoluer vers un
échelon supérieur que si et seulement si le besoin inférieur soit satisfait. Les dirigeants
consciencieux d’antan en étaient si avertis de cette logique humaine qu’ils n’ont pas manqué
de considération de la sécurité alimentaire de leurs sujets.

Dans la même foulée, la communauté internationale, sous l’égide de l’Organisation


des Nations Unies a lancé le « défi de la zéro famine » (FAO, 2014b) pour briser l’épée de
Damoclès et assurer la sécurité alimentaire des sept milliards d’habitants de la planète Terre.

9
Etat de l’art et méthodologie
Ceci revient à dire que la sécurité alimentaire reste un sujet incontournable et d’actualité à
tous les niveaux notamment pour la gouvernance et la recherche.

Les points relatifs au concept de la sécurité alimentaire, son évolution et son contexte
actuel, la malnutrition, les facteurs influant la sécurité alimentaire, le cas de Madagascar et le
cas de la zone d’étude seront survolés dans cette partie.

1.1.1.1 Le concept de la sécurité alimentaire


En 1996, l’organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a statué
que la sécurité alimentaire est effective « quand toutes les personnes, à tout moment,
bénéficient d’un accès physique, social et économique à la nourriture en quantité suffisante de
façon à satisfaire leurs besoins diététiques ainsi que leurs préférences culturelles, et qui leur
permet de mener une vie active et saine» (PAM, 2005). La vision classique, ayant défini la
sécurité alimentaire comme une question d’adéquation entre l’offre et la demande
alimentaires, est ainsi révolue. Il ne suffit plus d’augmenter la production agricole et de
ralentir la croissance démographique pour parvenir à une sécurité alimentaire effective
(CIRAD, 2014a).

De cette nouvelle définition découlent les trois facteurs incontournables de la sécurité


alimentaire ? Il s’agit de la disponibilité de la nourriture, de l’accessibilité à la nourriture et de
l’utilisation de la nourriture (FISCR, 2005). « Il y a sécurité alimentaire si et seulement si ces
trois dimensions de la sécurité alimentaire (disponibilité, accès et utilisation) sont satisfaites à
tout moment » (PAM, ibid.). L’accès aux aliments sous-entend la capacité de produire tandis
que la disponibilité est particulièrement liée au problème des zones n’ayant pas une
production alimentaire suffisante. La qualité de l’alimentation couvre les aspects nutritionnel,
sanitaire, sensoriel et socio-culturel. Le CIRAD avance une dimension supplémentaire qu’est
la régularité. Celle-ci fait allusion à la disponibilité, aux moyens d’accès à l’alimentation et à
sa qualité. La stabilité des prix et des revenus de la population vulnérable entre dans cette
ligne (CIRAD, ibid.).

a. La disponibilité des aliments


La disponibilité de la nourriture sous-entend qu’elle soit physiquement disponible aux
niveaux national, régional et local. C’est la nourriture qui existe (FISCR, ibid.). La
disponibilité alimentaire dépend surtout de la production agricole du pays et de sa capacité
d’importer de la nourriture en quantité répondant aux besoins. Pour les agriculteurs, la
disponibilité des aliments est fonction de la production agricole de l’exploitation et de la
disponibilité des aliments sur le marché (PAM, ibid.).

10
Etat de l’art et méthodologie
b. L’accès aux aliments
L’accessibilité de la nourriture traite la manière dont les gens peuvent acquérir ce qui
est disponible entre autres par la production, le stock, l’achat, le troc, le cadeau, l’emprunt et
l’aide alimentaire. L’accessibilité de la nourriture est fonction de la disposition des ressources
pour s’en procurer ; elle peut être réduite par l’insécurité et la disparition de la protection
sociale (FISCR, op. cit.).

L’accès aux aliments est en fonction de la capacité des ménages à accéder à une
quantité suffisante aux nourritures par la production, l’achat, les transferts, les dons voire le
mélange de ces mécanismes. On distingue l’accès physique et l’accès économique. La
première dépend de la condition de transport tandis que la seconde dépend en l’occurrence du
pouvoir d’achat du ménage autrement dit du niveau de revenu et du prix (PAM, op. cit.).

c. L’utilisation des aliments


L’utilisation de la nourriture englobe la façon dont la population utilise la nourriture.
Elle est liée à la qualité des aliments, le stockage, la préparation, les principes nutritionnels de
base et l’état sanitaire du consommateur (FISCR, op. cit.). Elle fait allusion à la capacité des
ménages et des individus à préparer, à conserver, à consommer et à absorber les aliments de
façon à maximiser la valeur nutritionnelle des aliments. L’utilisation des aliments est ainsi
fonction des connaissances nutritionnelles des individus mais aussi de la diversification
équilibrée des régimes alimentaires d’un environnement « sain » afin de minimiser
l’incidence des maladies et des infections (PAM, op. cit.).

Un quelconque problème sur les trois facteurs de la sécurité alimentaire –


disponibilité-accessibilité-utilisation- compromettrait la sécurité alimentaire (FISCR, op. cit.).
En somme, la sécurité alimentaire est un concept multidimensionnel qui intègre à la fois les
notions de disponibilité, d’accessibilité et d’utilisation des aliments ainsi que la stabilité, les
risques et la pauvreté. La sécurité alimentaire concerne les aliments existants et ses
constituants. La disponibilité sans une distribution adéquate au profit de la population n’évite
pas le problème de la famine. Il faut ainsi assurer l’accès physique et l’accès économique de
la population aux aliments. Un statut nutritionnel adéquat est crucial pour le développement
physique et cognitif de l’individu ainsi que pour la croissance économique de la société. Dans
ce sens, la vulnérabilité de la sécurité alimentaire est définie comme la probabilité pour un
individu ou ménage de tomber ou rester au-dessous du seuil de sécurité alimentaire pendant
un certain temps. Faut-il noter la différence entre vulnérabilité et insécurité alimentaire. La
seconde décrit l’état du bien être d’une personne tandis que la première est basée sur la

11
Etat de l’art et méthodologie
probabilité de rester et de tomber dans l’insécurité alimentaire dans le futur. Les risques, les
dangers, les chocs, les conflits armés et les catastrophes naturels causent des risques
significatifs sur la sécurité alimentaire de la population, en particulier quand ces derniers sont
vécus dans un contexte de pauvreté, de gouvernance rudimentaire, de rareté de ressources, de
moyens d’existence non pérenne et de défaillance des institutions locales. Dans cette
circonstance, un choc ponctuel peut devenir un cercle vicieux où le pays aura du mal à s’en
sortir pour reprendre le chemin du développement à long terme. Parmi les facteurs
déterminants de la famine, la pauvreté en est le plus important. Tout comme la famine, la
pauvreté est aussi un système à multiple facette. La pauvreté n'est pas seulement considérée
comme la faiblesse de revenu ou de la consommation ; elle comprend la privation en matière
de santé, d’éducation, de nutrition, de sécurité, de responsabilisation et de dignité. La
vulnérabilité constitue en grande partie une dimension de la pauvreté (FAO Africa, 2012).

1.1.1.2 Les facteurs influant la sécurité alimentaire


D’après le rapport de la FAO Afrique (2012) la sécurité alimentaire est influée par un
certain nombre de facteurs :
- la population et la démographie qui, pour l’Afrique, affichent un taux
de croissance deux fois plus que pour les autres régions ; particulièrement pour la population
agricole qui est de 1,5% en Afrique contre 0,3% pour le Monde,
- la place de la femme dans l’agriculture : augmenter l’accès des femmes
au terrain est crucial si l’on veut lutter contre la famine et la pauvreté. Une disparité est
constatée entre l’homme et la femme dans la plupart des pays quel que soit le niveau de
développement. Selon la Banque mondiale, le fait de donner aux femmes la même possibilité
d’accès aux intrants qu’aux hommes améliore le rendement et augmente la productivité
agricole à l’instar de la production de maïs au Malawi et Ghana,
- la terre et les ressources en eau : La superficie de terrain par personne
reste faible, c’est de l’ordre de 0,15ha/personne pour certains pays comme la Côte d’Ivoire, la
République Démocratique du Congo, l’Egypte, l’Erythrée, la Mauritanie, Madagascar, la
Sierra Léone et la Somalie,
- la force de travail : elle assure les travaux dans les exploitations. A titre
de comparaison, le taux de travail pour l’Afrique est 60,7%, ce qui n’est pas loin de celui des
pays asiatiques et ceux d’Amérique latine qui est de l’ordre de 61,5%,
- le capital et l’investissement : étant donné leur importance dans
l’agriculture, les pays qui embrassent une bonne performance en termes de réduction de la
pauvreté et de la faim sont ceux qui ont réalisé un taux d’investissement élevé par agriculteur,

12
Etat de l’art et méthodologie
- les intrants tels que les pesticides peuvent augmenter la productivité
mais quand ils sont utilisés inconvenablement, ils sont toxiques pour l’homme et les espèces,
- l’infrastructure : un des facteurs déterminants ayant causé le recul de
l’agriculture est l’absence d’infrastructure adéquate. L’amélioration des infrastructures rurales
de base entre autres la route, l’électrification, le stockage est prérequis pour développer le
secteur agricole,
- la macroéconomie : les changements politiques à l’échelle
macroéconomique affectent la performance de l’économie agricole : par exemple, le
changement de taux d’intérêt et l’inflation ont des impacts tangibles sur les prix des intrants,
des terres et des vivres.

1.1.1.3 L’insécurité alimentaire


D’après le Programme Alimentaire Mondiale (PAM, op. cit.), « La vulnérabilité à
l’insécurité alimentaire est la combinaison entre l’exposition aux risques et aux chocs, c’est
d’une part la vulnérabilité externe et la capacité des ménages à mitiger les effets de ces chocs
sur leur système de vie, c’est d’autre part la vulnérabilité interne ». Un ménage est vulnérable
à l’insécurité alimentaire lorsqu’il court le risque de tomber facilement dans l’insécurité
alimentaire suite à l’exposition au choc tel que la sécheresse, l’attaque acridienne, la hausse
significative des prix. Son incapacité à se protéger et à préserver sa consommation alimentaire
y joue un rôle primordial. En effet, la capacité des ménages à faire face aux aléas a une
dimension socio-économique. Cette capacité est constituée en l’occurrence par leur dotation
en capital humain, social, économique et financier. La structure et la diversification de leur
base de revenus en font partie aussi. Il est quand même important de nuancer que « les
ménages vulnérables ne sont pas forcément en insécurité alimentaire à un moment donné mais
ils ont une forte probabilité d’y tomber à cause d’un choc externe. Par contre, les ménages en
insécurité alimentaire sont vulnérables au choc » (PAM, op. cit.).

L’insécurité alimentaire est à l’origine des dommages durables aux générations


futures, à l’environnement et à la santé physique. La malnutrition quant à elle n’est pas causée
seulement par l’insécurité alimentaire mais aussi par d’autres facteurs tels que la maladie,
l’insalubrité, la pollution de l’eau, la négligence parentale ainsi que les habitudes alimentaires,
l’absence de centres de santé, la disponibilité limitée d’eau potable et de médicaments. De
plus, des causes sous-jacentes à la malnutrition sont aussi à noter comme les causes
structurelles. Ces dernières sont en général très difficiles à maîtriser surtout quand il s’agit du
régime politique, des infrastructures, de la qualité des ressources à l’instar des terres affectées

13
Etat de l’art et méthodologie
à l’élevage ou à la culture, ou encore la pluviosité. Pourtant, ils ont une emprise sur la santé
publique, la sécurité alimentaire ainsi que l’environnement social et familial (FISCR, op. cit.).

1.1.1.4 Analyse et évaluation de la sécurité alimentaire


L’analyse de la sécurité alimentaire doit considérer sa composition tridimensionnelle à
savoir la disponibilité des aliments, l’accessibilité des aliments, l’utilisation des aliments.
Chaque dimension ne peut être décrite qu’en considérant simultanément plusieurs indicateurs.
La qualité du régime alimentaire, en termes de fréquence et de diversité de la diète, constitue
une dimension flagrante de la sécurité alimentaire (PAM, op. cit.). Par ailleurs, la perte
d’aliments représente un coût significatif pour l’économie mondial et la nutrition de la
population de la planète. Tous les niveaux du système alimentaire en sont concernés, depuis la
production jusqu’à la distribution. Le gaspillage, quant à lui est typique au système
alimentaire des pays développés (FAO Africa, 2012).

Sous un autre angle, la sécurité alimentaire peut être analysée avec deux indicateurs
principaux. Ce sont la quantité et la qualité du régime alimentaire. Un régime alimentaire est
quantitativement pauvre si la consommation journalière par personne est en dessous de 2.250
kcal. Il est qualitativement pauvre s’il est constitué de céréales et de féculents à plus de 85%
(PAM, 2014). « Les évaluations aident à comprendre une situation de crise et à préciser les
risques que celle-ci comporte pour la vie, la dignité, la santé et les moyens de subsistance.
Une évaluation approfondie ne permet pas seulement d’identifier les besoins d’une
communauté donnée ; elle procure aussi une compréhension du contexte et de la dynamique
qui ont entraîné ou vont entraîner une situation de crise ». Dans ce sens, l’évaluation de la
sécurité alimentaire étudie en profondeur les moyens de subsistance, les besoins alimentaires,
les ressources à la disposition, l’accès aux ressources et le moment, la différence entre
situation normale et situation de crise ainsi que le besoin d’assistance ou non. L’évaluation
d’une sécurité alimentaire doit considérer les différents groupes de personnes et prévoir
l’imminence d’une crise ou la durée de l’insécurité alimentaire. L’objectif ultime de
l’évaluation est « de tirer des conclusions concernant la disponibilité de la nourriture pour
l’ensemble de la communauté, l’accessibilité des divers groupes à la nourriture et l’utilisation
de la nourriture au sein des ménages et d’indiquer en quoi et pourquoi la situation a évolué en
indiquant les groupes vulnérables face à l’insécurité alimentaire » (FISCR, op. cit.).

1.1.1.5 Stratégie de sécurité alimentaire des ménages


Un bon nombre de gouvernements mise sur les exploitations familiales dans leurs
politiques économiques agricoles notamment en matière de sécurité alimentaire à l’instar des

14
Etat de l’art et méthodologie
pays de l’Afrique de l’Ouest. Pour cette tendance, la sécurité alimentaire doit passer par
l’amélioration de la productivité des produits de consommation de base. Seulement, les
exploitations familiales sont accusées d’être la cause de la faible compétitivité de l’agriculture.
Les exploitations familiales sont caricaturées en « culture extensive, méthodes traditionnelles,
absence de professionnalisme, économie de subsistance » figeant ainsi « les producteurs dans des
caractères stéréotypés d’ignorance et de conservatisme » (Fall, 2014). Pour assurer une nutrition
et une sécurité alimentaire durable, il faut promouvoir la croissance pérenne de la production
agricole, renforcer la gestion durable des ressources naturelles, supporter l’accès au marché et
les mesures sanitaires pour une meilleure commercialisation et promouvoir la gestion ainsi
que le partage d’informations et de connaissances (FAO Africa, op. cit.).

L’adaptation comprend des étapes progressives commençant par l’adaptation initiale


réversible, puis l’adaptation qui compromet la sécurité alimentaire future telle que la vente de
terres agricoles, de la migration de toute la famille ou du déboisement intensif. Les stratégies
d’adaptation peuvent également affecter l’environnement et entraîner une surexploitation des
ressources naturelles collectives. La stratégie d’adaptation se radicalise de plus en plus si
aucune solution n’est prise pour renverser la situation. D’où l’importance de la protection et
du soutien en faveur de la sécurité alimentaire avant l’épuisement des options non nuisibles.
Les mécanismes d’adaptation s’observent par la réduction du nombre de repas, l’emprunt, la
vente de vêtements, l’augmentation anormale du prix des denrées alimentaires, la vente
d’outils de production ou de terres, les mouvements inhabituels de population, l’augmentation
de la prostitution pour faire face à l’insécurité alimentaire. Ces recours constituent des
signaux d’alarme (FISCR, 2005).

Les aides alimentaires ont augmenté considérablement dans les 25 dernières années à
cause des insécurités alimentaires chroniques. L’aide alimentaire constitue la réponse
immédiate et d’urgence de la communauté internationale pour les causes humanitaires et les
besoins à court terme. Elle ne touche pas la sécurité alimentaire à long terme ainsi que
l’investissement agricole et la pérennisation de la production (FAO Africa, 2012). Sur le
terrain, les interventions peuvent se faire sous forme de distribution (FISCR, op. cit.). Par
contre, la dimension de la durabilité qui englobe le foncier, l’eau, la pollution agricole, le
changement climatique, l’utilisation d’engrais organique, les plantes génétiquement modifiés,
la bio-économie est loin d’être traité (FAO Africa, ibid.).

15
Etat de l’art et méthodologie

1.1.1.6 La malnutrition
La malnutrition est engendrée soit par une faible consommation alimentaire due à un
manque de disponibilité, à un accès insuffisant et à une mauvaise utilisation des aliments.
Celle-ci est causée par la méconnaissance de bonnes pratiques nutritionnelles et/ou de
l’environnement sanitaire déficient (PAM, 2005). La qualité nutritionnelle peut être mesurée
par le score de diversité alimentaire ou SDA qui « comptabilise le nombre de groupes
d’aliments consommés. Cet indicateur se réfère à la consommation alimentaire du ménage
durant les 7 jours précédant l’enquête. Cependant, il n’existe pas de seuil internationalement
reconnu pour définir une bonne ou mauvaise diversité alimentaire» (PAM, 2014).

1.1.1.7 Implication sectorielle de la sécurité alimentaire


Etant un concept multidimensionnel, la sécurité alimentaire comporte diverses
implications sectorielles notamment dans le domaine de l’agriculture familiale, la politique
agricole, le changement climatique, la pauvreté, l’échelle géographique et la perspective de
développement. La sécurité alimentaire et la pauvreté

« La faim constitue à la fois la cause et l’effet de la pauvreté extrême. Elle empêche


les pauvres de tirer parti des possibilités de développement. L'éradication de la faim est une
étape indispensable pour réduire la pauvreté et l'inégalité » (Drogué & al., 2006). Quand bien
même, les pauvres ne sont pas toujours les plus durement touchés. Les riches qui ont plus de
biens courent le risque de perdre plus et d’avoir la difficulté de compenser leurs pertes.
Pauvreté et insécurité alimentaire ne sont pas synonymes. Les stratégies d’adaptation de la
communauté est un paramètre incontournable dans l’évaluation de la sécurité alimentaire
(FISCR, 2005). L’insécurité alimentaire chronique et la vulnérabilité généralisée ont une forte
relation avec la pauvreté endémique qui se caractérise chez les agriculteurs par la précarité de
leur système de production, l’insuffisance des aménagements agricoles. Cette précarité est
majorée par la vulnérabilité aux aléas climatiques, origine des crises alimentaires
conjoncturelles récurrentes (ibid.).

La stratégie de compensation des ménages face aux chocs peut être classée en deux
catégories. Ce sont les stratégies de type alimentaire et les stratégies de type non alimentaire.
Les stratégies de type alimentaire consistent à la modification des habitudes alimentaires ou la
réduction du nombre de repas ou des quantités consommées tandis que les stratégies de type
non alimentaire font recours à la vente de biens productifs et non productifs, de bétail, le
recours à l’emprunt, à la migration exceptionnelle, aux travaux exceptionnels, à la
mendicité… L’insécurité alimentaire varie selon le niveau d’éducation du chef de ménage car

16
Etat de l’art et méthodologie
« l’importance du revenu agricole généré dépend des caractéristiques des ménages : plus le
niveau d’instruction du chef de ménage est élevé, plus la superficie exploitée est grande, plus
le montant du revenu agricole est élevé » (FISCR, op. cit.).

1.1.1.8 La sécurité alimentaire dans le Monde


A l’origine, la sécurité alimentaire a été basée sur le calcul du ratio moyen de
disponibilité alimentaire sur population. Ce ratio était inspiré de la théorie malthusienne. Le
concept de la sécurité alimentaire a depuis évolué sur le plan international, particulièrement
au début des années 80, avec les travaux d’Amartya K. Sen qui, dans Poverty and Famines en
1981 a soutenu que ce ratio est obsolète pour expliquer l’émergence d’une famine. La FAO en
1983 a énoncé sa première version du concept élargi de la sécurité alimentaire. Au fil du
temps, le concept de la sécurité alimentaire a évolué et dont la dernière définition stipule que
« la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès
physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de
satisfaire leur besoin énergétique et leur préférence alimentaire pour mener une vie saine et
active ». Dans ce nouveau contexte, l’insuffisance de la disponibilité alimentaire n’est plus
considérée comme la cause principale de la sous-alimentation. C’est plutôt la pauvreté qui est
pointée du doigt comme la cause principale de l’insécurité alimentaire (Drogue & al., ibid.).

Les dernières décennies du 20ème siècle ont été marquées par l’augmentation des
disponibilités alimentaires mondiales, particulièrement pour les pays en développement. La
consommation alimentaire globale moyenne est passée de 2 200 kilocalories par jour et par
personne dans les années 60 à plus de 2 800 kilocalories à la fin du 20ème siècle. Quand bien
même, ces évolutions sont jugées lentes, irrégulières et géographiquement hétérogènes. La
prévision de réduction annuelle du nombre de personnes sous-alimentées est de 8 millions par
an. Ainsi, la Déclaration du Millénaire, de réduire de moitié le nombre de personnes sous-
alimentées pour l’année 2015 au plus tard n’était du tout pas atteint (Drogue& al., op. cit.).

Les Nations Unies ont tablé que les agriculteurs de la planète devront nourrir huit
milliards d’êtres humains d’ici 25 ans. Le Club de Rome s’alarmait dans « Limits to Growth »
(Meadows, 1972 ; Drogue & al., 2006) qu’avec son taux d’accroissement démographique
exponentiel, les capacités maximales d’approvisionnement de la planète seraient atteintes en
un siècle. Ceci ouvre le débat sur comment la planète pourra nourrir de manière satisfaisante
09 ou 10 milliards d’êtres humains. La prise en compte de l’environnement est indéniable
avec les effets croisés entre l’agriculture et la préservation des écosystèmes. Grosso modo, la
population mondiale disposera d’une alimentation plus riche (environ 3.000

17
Etat de l’art et méthodologie
kcal/personne/jour selon la FAO). La population mondiale s’urbanise et s’enrichit ; ces deux
phénomènes conjugués vont provoquer des changements quantitatifs et qualitatifs dans la
demande adressée au secteur agricole. L’apparition des stress environnementaux risquent de
ne pas faciliter la satisfaction de cette demande alimentaire par l’agriculture En outre, le
développement des infrastructures et l’urbanisation risquent de réduire les surfaces agricoles
autour de grands centres de population et reflètent ainsi la concurrence spatiale entre cultures
alimentaires et cultures non alimentaires. Les systèmes de production plus intensifs
engendrent une dégradation de sols et une déforestation. La perspective pour l’augmentation
de la production alimentaire, l’adoption des biotechnologies et du génie génétique pour
accroître la productivité de l’agriculture n’est pas encore effective voire controversée à cause
des incertitudes sur leurs conséquences environnementales et le manque d’acceptation sociale.
L’agriculture se heurte aux effets pervers du changement climatique. (Drogué & al., 2006).

Pour pallier les problèmes de la faim dans le Monde, le défi de la zéro famine a été
lancé par l’Organisation des Nations Unies, ONU, lors de la Conférence de Rio pour le
développement durable en Juin 2012 (FAO, 2014b).

Le défi de la zéro famine repose sur cinq piliers principaux :

- mettre fin à la faim,


- rendre à 100% l’accès aux aliments adéquats pour toute l’année,
- pérenniser les systèmes alimentaires,
- doubler la production et le revenu des petites exploitations agricoles.
- réduire à zéro la perte alimentaire (FAO, 2014b).

Face à ce défi de taille, la disposition de ressources est essentielle pour assurer la


sécurité alimentaire du monde rural. Dans ce sens, l’égalité de genres en matière
d’« ownership » joue un rôle important pour améliorer la productivité et la sécurité
alimentaire. Le fait d’accorder plus d’importance à la femme dans la prise de décision du
ménage augmenterait la productivité agricole (Galiè & al., 2015).

1.1.1.9 La sécurité alimentaire à Madagascar


Madagascar est l’un des pays les moins développés au Monde. En 2012, il se classait
151ième sur 186 pays de l’index du développement humain : le niveau de pauvreté est très
élevé (environ 71% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté et 52 % vit
en dessous du seuil de l’extrême pauvreté. Madagascar figurerait parmi les trois pays du globe

18
Etat de l’art et méthodologie
le plus affecté par le changement climatique dans les 30 années à venir. Le changement
climatique laisse déjà ses effets à l’instar de la baisse drastique de revenu et de la sécurité
alimentaire de 80% des ménages. 72% des ménages victimes du choc lié au changement
climatique supposent ne pas pouvoir se relever un an après l’incident (PAM, 2014).

Il est ainsi primordial de trouver comment gérer les risques des catastrophes naturelles
entre autres celles liées au changement climatique qui affectent généralement les plus
vulnérables. Le renforcement de la résilience des populations pauvres et vulnérables vivant
dans les zones à risque face à l’insécurité alimentaire causé par le changement climatique doit
être admis comme objectif ultime des interventions. La gestion et la réduction des risques
constituent un point d’entrée au renforcement des capacités adaptives des ruraux vulnérables.
Sur le terrain, la réponse post catastrophe est relative à la promotion de semences améliorées à
cycle court et tolérantes aux inondations, la diversification culturale pour éviter la perte de
récolte et assurer l’accès aux aliments et la diversification de revenu. Les accompagnements
techniques vont de pair avec ces actions. Le fait de faire des cultures à cycle court ouvre
l’opportunité de deux saisons culturales. L’approche Sécurité Alimentaire/Réduction de
Risques Climatique (SA/RRC) doit favoriser l’utilisation des moyens disponible au niveau
paysan pour faciliter l’adoption (FAO Madagascar, 2012). De surcroît, la Grande Ile subit de
plein fouet les conséquences économiques et sociales d’une longue crise politique qui a
gravement affecté l’économie du pays et contribué à l’appauvrissement de la population. Le
taux de croissance du PIB est tombé de 5,6 % à 1,8% pendant les 3 ans qui ont suivi (PAM,
op. cit.).

Les ménages pratiquent une agriculture de subsistance caractérisée par de faibles


rendements, du manque d’intrants, d’outillage, d’infrastructures et du recours à des techniques
traditionnelles. Les performances agricoles médiocres, face à une croissance démographique
de 2,9 % par an, expliquent en grande partie la baisse persistante du revenu per capita. Les
chocs climatiques récurrents s’ajoutent en situation aggravante aux difficultés de la population
agricole. Entre 1980 et 2010, l’Ile a connu 35 cyclones et inondations, cinq périodes de
sécheresse sévère et six épidémies. Chaque année, le pays connait 3 à 4 cyclones (PAM,
2014).

A Madagascar, la situation de l’insécurité alimentaire est très préoccupante : un tiers


des ménages est dans une situation d’insécurité alimentaire très sévère et une très grande
majorité de la population a un régime très insuffisant en termes de quantité ou de qualité.
Presque 58 % des ménages ont un régime alimentaire très pauvre en quantité ; et 60 % ont une

19
Etat de l’art et méthodologie
alimentation extrêmement pauvre en qualité. Depuis 2005, surtout entre 2010 et 2012, la
situation s’est dégradée dans la capitale (passant de 13 à 18,7%) en raison du ralentissement
économique lié à la crise politique (PAM, op. cit.). La disponibilité du riz par tête s’était réduite
de 160 kg/an dans les années 60 à environ 115 kg/an en 2005. Environ 8% de la population
souffre d’insécurité alimentaire chronique (IAC) et un ménage sur deux connaîtrait une
insécurité alimentaire temporaire ou saisonnière (IAS). La régularité des approvisionnements
laisse souvent à désirer (EPP PADR, 2005).

Les ménages à profil de consommation « pauvre » ont une alimentation à base de


manioc pour 05 jours par semaine, de riz pour 03 jours par semaine et des légumes 03 jours
par semaine. Ce régime alimentaire est loin de satisfaire les besoins nutritionnels minimum et
révèle la situation d’insécurité alimentaire des ménages concernés. Les ménages à profil de
consommation « limite » consomme du riz 6 fois par semaine en moyenne, du manioc, des
légumes et du sucre un jour sur deux avec une utilisation rare d’huile dans leur repas. Les
aliments à base de protides (légumineuses ou viande) sont introduits une fois par semaine. Les
ménages à profil de consommation « acceptable » mangent du riz tous les jours et des
légumes 5 jours par semaine. L’utilisation d’huile et de sucre est régulière, la viande et le
manioc se mangent 3 fois par semaine (FAO & PAM, 2010).

Les subventions et l’encadrement technique ont fait monté la production agricole mais
les restrictions budgétaire lors de la crise l’a fait chuter. A ceci s’ajoute l’effet des caprices de
la nature. La saison agricole 2012/13 a enregistré la plus forte diminution de la disponibilité
des aliments de base, entre autres le riz, à cause du manque de pluviométrie et de l’invasion
acridienne qui a décimé jusqu’à 50% des cultures vivrières des zones affectées. Dès lors,
l’importation de riz, pour combler le gap, a doublé de son niveau habituel, 410 375 tonnes de
riz contre 100 000 à 200 000 tonnes (PAM, op. cit.).

Les principales causes de l’insécurité alimentaire à Madagascar sont en l’occurrence la


pauvreté et le faible niveau des revenus agricoles, la faible productivité agricole, la
dépendance des marchés et la difficulté d’accès au marché ainsi que la récurrence des chocs
climatiques. 77% de la population rurale et 48,8% de la population urbaine vivent au-dessous
du seuil de pauvreté. Le revenu agricole annuel moyen d’un ménage agricole s’élève à
environ Ariary 978 000 et 62% de leur dépense est occasionnée par l’alimentation du ménage.
Ce qui reflète une grande vulnérabilité. A ceux-ci s’ajoutent « le facteur politique, l’absence
de continuité des politiques gouvernementales et le manque de clarté dans les objectifs et
l’affectation des ressources, l’insuffisance de la croissance économique, la mauvaise

20
Etat de l’art et méthodologie
répartition des fruits de cette croissance, la croissance démographique non maîtrisée et la
dégradation des conditions de sécurité » (PAM, op. cit.).

« Le défi qui se pose pour Madagascar est de pouvoir toucher au moins le quart des
populations vulnérables et à risque. Ceci nécessite à la fois l’intégration effective de la
dimension Changement climatique et la gestion/ réduction des risques dans les
politiques/plans/programmes sectoriels de l’agriculture (y compris élevage et pêche), ainsi
que des financements plus substantiels » (FAO Madagascar, 2012). Afin de protéger les
acquis et les réalisations, la recherche doit étendre ses recherches sur les ennemis de la culture
en l’occurrence les ravageurs, les insectes et les maladies phytopathologiques qui trouvent des
conditions de développement favorables avec le changement climatique. A noter qu’en
particulier, l’agriculture à Madagascar est fortement tributaire de la pluviométrie (FAO &
PAM, 2010).

Pour redresser la situation et instaurer la sécurité alimentaire, les recommandations des


experts portent sur l’intensification des opérations d’urgence telles que l’aide alimentaire aux
plus démunis, la fourniture d’intrants agricoles ainsi que de soins vétérinaires et
phytosanitaires. Le gouvernement Malagasy a conçu avec ses partenaires financiers et
techniques le Plan National pour la Sécurité Alimentaire en 2005 afin de coordonner les
programmes de lutte contre l’insécurité alimentaire. L’objectif de ce plan était de « réduire de
50% l’effectif des personnes vulnérables à l’horizon 2015» (EPP PADR, 2005). Tout comme
l’Objectif du Millénaire pour le Développement, cet objectif est raté si l’on se réfère aux
statistiques susmentionnées.

Il est à noter que la région d’Alaotra Mangoro où se trouve la zone d’étude, possède la
meilleure consommation alimentaire avec 82% de ménages ayant un profil « acceptable »
(ibid.). Mais la situation n’a pas vraiment évolué dans cette région (PAM, 2014). Les pertes
des surfaces arables dues à l’ensablement constituent aussi un des majeurs problèmes de
l’agriculture pour certaines communes ; cette perte est estimée à environ 10 % annuellement
(op.cit., FAO & PAM).

1.1.2 La Vulnérabilité
La vulnérabilité est actuellement un langage courant dans le domaine du
développement et de l’humanitaire. C’est une notion voire un concept qui s’apparente à la
fragilité, à la précarité et à la résilience. Le mot vulnérable vient du latin vulnus, eris qui
signifient « blessure » ; la fragilité, frangere en latin, est la disposition à être brisé Un
individu est vulnérable quand il peut être blessé. Il est fragile et sensible à cause d’une

21
Etat de l’art et méthodologie
constitution faible et un fonctionnement délicat (Godeau, 2002). Les sciences sociales avaient
appréhendées le concept avec une transposition et une réinvention des notions d’origines
anglo-saxonnes. La notion de vulnérabilité est devenue progressivement un outil de travail et
d’analyse des experts et des chercheurs pour décrire et hiérarchiser une situation et expliquer
le processus de dégradation sociale. Dans la vie courante, la vulnérabilité est assimilée à la
fragilité. De la découle la popularisation de la notion de vulnérabilité qui par la suite a été
suivi par la propagation de la notion de résistance et les concepts de la résilience et de la
capabilité (Thomas, 2008).

Pour des auteurs tels que Billings et Moos tout comme Lazarus et Folkman cités par
Thomas (2008), la vulnérabilité est « un état de faiblesse rendant le « coping » i.e.
l’adaptation, la réaction et la résistance peu efficace face à un stress physique ou psychique.
C’est un processus de dégradation graduelle ou brutale de l’état général. La vulnérabilité est la
susceptibilité d’être exposé aux atteintes physiques ou morales. C’est un concept à large
spectre étant donné que l’on peut l’appliquer aussi bien à une personne qu’à un groupe voire
une institution suivant sa capacité de prévenir, de résister et de faire face à un impact. Les
personnes vulnérables n’ont pas pu développer cette capacité et se trouvent par la suite dans
une situation de risque (Le dico des définitions, 2014).

Par ailleurs, le dictionnaire Le Petit Robert (Bellier & al., 2004) définit le mot
vulnérable comme celui qui « peut être atteint, blessé, qui offre peu de résistance. La
vulnérabilité est décrite comme la perméabilité aux menaces et aux dangers, c’est le « défaut
dans la cuirasse ». Autrement dit, la vulnérabilité est une faiblesse, une défaillance, un
manque et une grande sensibilité d’être menacé, détruit, diminué ou altéré. C’est un état de
moindre résistance aux nuisances et aux agressions. La vulnérabilité caractérise ainsi « ce qui
peut être brisé ou détruit facilement et susceptible de s’affaiblir ou mourir rapidement, sujet
aux maladies ou aux infirmités ; manquant de force ou d’endurance » selon Walston et al.,
2007 (Thomas, 2008). Sous un autre angle, la vulnérabilité est la probabilité de tomber dans la
pauvreté dans le présent ou de s’y enfoncer dans l’avenir. C’est le risque de se trouver en
situation de pauvreté, en situation d’insécurité alimentaire ou d’être victime de maladie selon
Balla A. et al 2009 cités par Andres et Lebailly (2011). Bref, la vulnérabilité est un état
instable qui risque de se détériorer en fonction des facteurs qui interviennent (Godeau, 2002).

1.1.2.1 Le concept de « vulnérabilité »


L’application du concept de la vulnérabilité dans le contexte des exploitations
agricoles qui encourent une multitude de risques amène les chercheurs à poser les questions

22
Etat de l’art et méthodologie
relatives à la capacité d’innovation et d’adaptation de ces exploitations et à définir les critères
d’analyse de leur vulnérabilité, leur résilience et leur durabilité (CIRAD, 2014b). Ce sont la
susceptibilité de l’individu lui-même et sa rencontre avec les facteurs agressifs de
l’environnement qui engendrent la vulnérabilité d’un sujet donné (Godeau, op. cit.).

Pour le concept traditionnel, la vulnérabilité est le degré d’exposition aux risques


constitués par des chocs tels que catastrophes et crises. C’est l’exposition à la baisse de niveau
de vie. En revanche, le PNUD avance un nouveau concept de la vulnérabilité qu’il définit
comme la probabilité d’érosion des capacités et des choix de la personne (PNUD, 2014). La
vulnérabilité peut se trouver à différents niveaux. Une personne tout comme une organisation
et une structure voire une stratégie peut être vulnérable par rapport à un facteur donné (Bellier
& al., 2004). Dans cette dynamique évolutive du concept de la vulnérabilité, la préoccupation
centrale, que ce soit pour les sciences médicales que pour les sciences sociales, est de rendre
objectif et de quantifier la notion afin de constituer un index de mesure qui serait utile
notamment au travail d’expertise social et statistique du secteur des sciences de l’Homme
(Thomas, 2008). Suivant la dimension considérée, différents types de vulnérabilité peuvent
être répertoriés. Pour le PNUD (2014), la vulnérabilité se manifeste à trois niveaux, en
l’occurrence la vulnérabilité individuelle, celle structurelle et celle liée au cycle de vie.

a) Vulnérabilité conjoncturelle et vulnérabilité structurelle


Pour certains auteurs comme Andres et Lebailly (2011), il y a deux sortes de
vulnérabilité : Ce sont la vulnérabilité conjoncturelle et la vulnérabilité structurelle. La
vulnérabilité conjoncturelle est relative à la population et au choc tandis que la vulnérabilité
structurelle est liée à la sécurité alimentaire chronique et à la pauvreté.

b) Vulnérabilité liée au cycle de vie


Dans la vie courante, les enfants, les femmes et les personnes âgées sont considérés
comme des sujets en situation de vulnérabilité à cause des carences ou des différences
physiques par rapport aux hommes. Les hommes sont supposés mieux préparés naturellement
pour faire face à certaines menaces. A l’instar d’un naufrage de bateau où les premiers à être
sauvés sont les enfants, les femmes et les personnes âgées (Le dico des définitions, 2014)

c) Vulnérabilité intrinsèque et vulnérabilité extrinsèque


La vulnérabilité peut être causée par un facteur intrinsèque ou par un facteur externe,
particulièrement à cause de l’inefficacité du système. L’état propre d’une personne et sa
particularité peuvent être sa source de vulnérabilité. Il s’agit ici d’une vulnérabilité
intrinsèque. Par contre, la décision prise dans une organisation, le processus aussi bien que le

23
Etat de l’art et méthodologie
secteur et le statut peuvent constituer une source de vulnérabilité dite extrinsèque (Bellier &
al., 2004).

d) La vulnérabilité sociale
Un groupe donné peut être vulnérable à des problèmes particuliers et communs à eux.
La vulnérabilité sociale est un état intérieur d’un système donné avant même qu’il se heurte à
un aléa (Adger, 1999 ; Adger and Kelly, 1999 cités par Provitolo et Antipolis (2009). C’est en
d’autre terme la vulnérabilité inhérente (N. Brooks, 2003 cité par Provitolo et Antipolis,
2009). Par conséquent, la vulnérabilité sociale est à la fois intrinsèque au système et fonction
de son exposition, de sa capacité à identifier une perturbation, à l’absorber, à s’y adapter et à
retrouver par la suite un fonctionnement normal (Provitolo & Antipolis, 2009).

e) Vulnérabilité liée à la condition socio-culturelle


La vulnérabilité est aussi fonction des conditions sociales et culturelles. Une personne
peut être vulnérable à cause de sa situation socio-culturelle. En effet une situation socio-
culturelle particulière peut engendrer une exposition à des risques particuliers tels que
maladies, vol et attaques. De même, une personne analphabète est dans une situation de
vulnérabilité. A cause de son niveau d’éducation, elle ne peut pas avoir un accès au marché de
travail et par la suite ne peut pas satisfaire ses besoins (Le dico des définitions, 2014).

f) Vulnérabilité liée au choc naturel


La vulnérabilité peut aussi être liée à la situation géographique. En effet, une zone
peut être particulièrement vulnérable car elle est exposée à des désastres naturels destructeurs
qui caractérisent le milieu. C’est le cas de la population qui habite aux pieds d’un volcan en
activité ou dans une île en plein milieu de l’océan (ibid.).

g) La vulnérabilité oubliée
De part ces types de vulnérabilité, il y a aussi la vulnérabilité oubliée qui fait allusion à
la vulnérabilité engendrée par le manque de cohérence de l’organisation, le manque
d’implication et le retard de la prévision des risques. Ces carences entraînent un effet domino
de vulnérabilité dans le quotidien (Bellier & al., 2004).

1.1.2.2 Analyse de la vulnérabilité


L’analyse de la vulnérabilité va de pair avec l’analyse du contexte socio-économique.
Evaluer la vulnérabilité d’un sujet est synonyme de poser des questions et d’auditer le
système et son fonctionnement (ibid.). L’évaluation de la vulnérabilité passe par l’analyse de
la capacité de résistance au choc sur les plans environnemental, physique, social et

24
Etat de l’art et méthodologie
géographique. Ceci revient à évaluer la capacité à endurer les stress, à les contourner et à
réagir en utilisant les ressources (Andres & Lebailly, 2011). L’objet de l’analyse de la
vulnérabilité est d’identifier et de définir la menace, de déterminer la capacité de réaction et
de résistance du cible ainsi que sa capacité d’ajuster pour se protéger. Dans cette optique se
distinguent la vulnérabilité prévisible et la vulnérabilité imprévisible ainsi que la
prédisposition à être vulnérable (Bellier & al., ibid.)

La Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes (MADS) permet


d’avoir une approche particulière de l’analyse de risque et de vulnérabilité. Cette méthode
décortique la vulnérabilité en quatre entités qui sont la source du danger, le système cible,
l’événement initiateur et l’événement renforçateur. Le processus de danger relie tous les
éléments du système Source – Flux – Cible dans le Champ de danger (figure 1) ; ce processus
peut être réversible (Bellier & al., 2004).

Figure 1 : Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes


Source : Bellier & al., 2004
( )

Dans le domaine de l’insécurité alimentaire, l’analyse de la vulnérabilité des ménages


tient comme variable explicative la potentialité économique et productive des ménages. Les
stratégies développées, le choc rapporté, la démographie du ménage ainsi que le caractère du
chef de ménage sont retenus comme variable de contrôle (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).
Dans la pratique, la vulnérabilité est évaluée périodiquement et la vulnérabilité alimentaire
peut être catégorisée en quatre classes : Par ordre de gravité décroissante, il y a la famine,
l’extrême vulnérabilité, la vulnérabilité limitée et la vulnérabilité modérée. Dix paramètres
sont à la base du calcul de vulnérabilité à savoir : la pluviométrie, la situation de l’agriculture
vivrière, la situation de l’agriculture de rente, la source de revenu secondaire, l’état de
marché, la situation sanitaire et nutritionnelle, les éléments d’alerte, la capacité d’ajustement

25
Etat de l’art et méthodologie
et le diagnostic de l’année précédente. La situation du marché, la variation de stock, la
modification de l’alimentation de la population, la variation des ressources naturelles, la
dynamique des échanges commerciales et la stratégie d’obtention de revenu alternatif sont
aussi considérées dans le calcul de l’indice de vulnérabilité (Andres & Lebailly, 2011).

Les enquêtes d’évaluation d’insécurité alimentaire doivent respecter le concept de la


sécurité alimentaire qui a comme composante la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation.
L’évaluation considère aussi l’économie alimentaire des ménages, le revenu des ménages, les
dépenses totales, le pouvoir d’achat, la consommation alimentaire et la stratégie établie pour
faire face à la difficulté alimentaire. Pour un meilleur ciblage, faut-il distinguer davantage
dans les analyses la vulnérabilité structurelle et la vulnérabilité conjoncturelle. Pour une unité
d’analyse plus homogène ; particulièrement, il faut distinguer les lieux géographiques ainsi
que les activités principales car les risques encourus ne sont pas les mêmes. Tenir compte
davantage de l’accessibilité, du marché, de la disponibilité et des activités principales
permettra d’apprécier au mieux la vulnérabilité (ibid.)

La période de soudure est la période pendant laquelle la production alimentaire de


base ne couvre plus la consommation. La sécurité alimentaire sous-entend l’accès à une
alimentation suffisante pour satisfaire les besoins énergétiques. L’indice de sécurité
alimentaire est défini par la disponibilité de l’aliment, l’accessibilité à l’aliment, la stabilité de
consommation et la satisfaction des préférences alimentaires. Le taux de couverture
alimentaire en riz est une variable essentielle voire clé pour l’analyse de la vulnérabilité des
ménages en matière de sécurité alimentaire (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014). La
cartographie de la vulnérabilité et ses composantes ainsi identifiées permet de mieux
connaître et cerner cette dernière : voir ses causes et ses conséquences ainsi que ses impacts
tout comme son degré de gravité et de pertinence (Bellier & al., 2004).

1.1.2.3 Facteurs de vulnérabilité


La vulnérabilité évolue en spirale descendante et quelque fois de façon inéluctable
mais on peut toujours identifier les facteurs de fragilité, évaluer les réserves fonctionnelles du
sujet et appréhender par la suite les facteurs modulateurs (Godeau, 2002). A titre de rappel, la
vulnérabilité est la possibilité de perdre ou de connaître des dommages (Metzger et D’Ercole,
2008, cités par Provitolo et Antipolis, 2009). Elle est fonction de l’exposition à la
perturbation, de la résistance et de la sensibilité aux impacts des aléas (Provitolo & Antipolis,
2009). Delà, on peut déduire que le risque constitue le facteur principal de vulnérabilité. En
effet, la fragilité, les facteurs modulateurs, la sensibilité ainsi que la capacité de résistance

26
Etat de l’art et méthodologie
tournent en orbite autour du risque. Pour Andres et Lebailly (Andres & Lebailly, 2011), la
vulnérabilité est en rapport avec les risques liés à l’environnement. C’est la défaillance des
mécanismes d’adaptation qui cause la vulnérabilité. Le fait d’identifier les facteurs de
vulnérabilité peut bien servir pour apporter un appui fondamental et bien cibler les
interventions à faire sur le terrain (Godeau, ibid.).

a. Le risque et l’incertitude
Le risque a un caractère aléatoire et probabiliste. Le risque objectif est basé sur un
calcul objectif tandis que le risque subjectif a trait à la probabilité personnelle et
psychologique. De ce fait, le risque subjectif dépend surtout du jugement et non de la
probabilité, autrement dit c’est de l’incertitude. Ceci explique le décalage entre les agents de
développement et les agriculteurs. Le premier se base sur les statistiques et les calculs tandis
que le second raisonne avec ses propres connaissances. Et de la découle, la différence de
perception entre les deux parties. Il y a aussi la notion de risque cause qui a un caractère
probabiliste et le risque effet. La perception d’un risque donné est différente selon la
personne ; cette perception est en fonction de la capacité d’être et d’agir de la personne. C’est
la notion de risque perçu et risque ressenti. La perception de risque conjuguée avec la capacité
d’action ou i.e. capabilité détermine la vulnérabilité d’une personne. C’est la séquence
conceptuelle Risque– Capabilité–Vulnérabilité. La capacité d’être i.e. potentialité et la
capacité d’agir (opportunité) définit l’ampleur de la vulnérabilité d’une personne face à un
aléa. La vulnérabilité va de pair avec le sentiment d’insécurité, de danger et de pauvreté
(Lalau, 2008).

b. La gestion de risque
D’après toujours Lallau (2008) : « La gestion d’urgence teintée de fatalisme et
d’attentisme » ainsi que « la difficulté de se projeter et d’entreprendre sont parmi les stratégies
de gestion de risque que les personnes adoptent face à un risque donné. Comme stratégie de
gestion de risque, il y a aussi :

- la séquence dispersion–évitement–contournement selon Milleville cité par


Lallau (2008),
- la réduction de risque et atténuation de risque (Banque Mondiale, 2000 cité
par Lallau (2008),
- lissage de revenu et stabilisation de la consommation (Morduch, 1995 cité par
Lallau, 2008),

27
Etat de l’art et méthodologie
- la pratique formelle et pratique informelle (Banque Mondiale, 2000), modalité
et limite (Fafchamps, 1999 cité par Lallau, 2008),
- l’approche en termes d’actifs, pratique de prévention ex ante et réaction ex
post.
Dans la pratique, la gestion de risque embrasse trois axes, à savoir la dotation au
capital, l’opportunité et le risque lui-même. La combinaison de ces modèles en intégrant la
notion situationnelle ex post et ex ante donne une matrice de gestion de risque à double entrée
(tableau 1). Cette matrice met en exergue ainsi six stratégies multidimensionnelles de gestion
de risque : se prémunir, réduire l’exposition au risque, maintenir le statuquo, éviter le risque,
décapitaliser, compenser et rompre (Lalau, 2008).

Tableau 1 : Matrice de gestion de risque

Axe Ex ante Ex post


Dotation au capital Se prémunir Décapitaliser
Opportunité Maintenir le statu quo Compenser et rompre
Risque lui-même Eviter le risque Réduire l’exposition au risque
Source : auteur et Lalau (2008)

La stratégie de gestion par anticipation, prévention et évitement se pratique


couramment par l’assurance et l’épargne en passant par l’accumulation du capital social, la
réduction à l’exposition au risque, la diversification et la suppression de risques. La stratégie
défensive amène par contre à garder le minimum possible de risques selon Dercon (Lalau,
2011). Seulement, le revenu est proportionnel au risque encouru ; c’est la formule « low risk,
low return ». Dans la foulée, la recherche de la flexibilité prime mais cette flexibilité a une
connotation de réversibilité et n’engage pas le long terme afin de garder le minimum de
risque. La flexibilité, contrairement à la rigidité, permet d’avoir une bonne capacité
d’adaptation. Par contre, la rigidité peut constituer un obstacle au changement et par la suite à
la durabilité. La faible capabilité pousse à la pratique de la stratégie de prévention qui limite
en retour la capabilité et réduit les possibilités de réagir face à choc. La décapitalisation en est
la suite logique ainsi que la diminution de la résilience, autrement dit une dégradation
irréversible (ibid.)

La capabilité oriente la préférence stratégique qui à son tour conduit à l’adaptation à la


situation. Dans le choix de la stratégie de gestion de risque, la dimension magico-religieux
joue un rôle non négligeable car elle constitue une partie de la capabilité pour remédier la
vulnérabilité. En effet, le choix stratégique d’un individu comporte une dimension magico-
religieuse. A posteriori, la dimension magico-religieuse joue un rôle dans la causalité des

28
Etat de l’art et méthodologie
risques. Ex post, elle est supposée apporter la guérison et la rupture avec l’origine du risque.
Cette prégnance du magico-religieux a un double effet contraire : Il peut limiter l’angoisse
autant que faire sentir le risque ; autrement dit, le magico-religieux peut aussi bien réduire
qu’augmenter le sentiment de vulnérabilité (Lalau, 2008).

Dans la gestion de risque, la prévision tient une place considérable non seulement pour
évaluer les risques dans un contexte incertain mais aussi et surtout pour prévenir les effets
induits et anticiper les conséquences probables qui sont fonction des facteurs de vulnérabilité
entre autres les aspects sociaux, économiques et biologiques (Thomas, 2008).

c. Le choc
La vulnérabilité peut être contextuelle ou contemporaine mais dans tous les cas, la
porte d’entrée de la vulnérabilité est le choc : son intensité, son ampleur et la circonstance.
Parler de la résilience revient à parler de choc et de vulnérabilité. Ceci amène à la notion du
« choc de résilience » car la résilience est « la capacité à absorber une perturbation et à
réorganiser pour conserver ses fonctions essentielles » selon Walker et al. cités par Koffi
(2014). Les chocs sont classés en trois catégories. Premièrement, il y a les conflits sociaux.
Deuxièmement, les perturbations des systèmes de productions ainsi que leurs effets sur la
sécurité alimentaire. Et troisièmement, l’impact territorial des mutations socio-économiques
qui comprend aussi les aléas hydro-climatique et le changement climatique (Koffi, 2014).

Un choc donné ou des chocs répétés engendrent la perte de capacité qui notamment
fait échouer à son tour à une vulnérabilité multidimensionnelle i.e. perte généralisée, perte de
capacité économique et démographique, perte du bien-être et de la santé. Pour les
exploitations agricoles, les pertes se manifestent par la faible productivité agricole, la pauvreté
rurale, la faible diversification et le faible niveau d’éducation. Pour y remédier, les
agriculteurs tentent de pratiquer la diversification des activités (ibid.). Particulièrement, les
ouvriers agricoles sont les plus vulnérables à cause de la prévalence de la pauvreté causée par
le spiral des cycles de la faible productivité, le chômage saisonnier et la vulnérabilité aux
changements climatiques (PNUD, 2014).

1.1.2.4 Trappe et cercle vicieux de la pauvreté


D’après Cannon et al., 2003 cité par Thomas (2008), la pauvreté « mesure un statut
alors que la vulnérabilité est un mode de conceptualisation de ce qui pourrait arriver à une
population donnée ». Il y a deux types de pauvreté : ce sont la pauvreté transitoire qui est
ponctuelle et la pauvreté chronique qui est plutôt structurelle (Randriamiandrisoa & Ballet,
2014).

29
Etat de l’art et méthodologie
La faible capabilité oriente vers la stratégie défensive et fait éloigner de la pratique
entrepreneuriale. La préférence est pour la stratégie de survie pour garder une assurance
minimum. C’est le « low risk, low return » exposé auparavant. Par conséquent, la capacité de
choix s’amincit. La stratégie de prévention débouche à la réduction de possibilité de réagir ex
post et impose la stratégie d’urgence i.e. la décapitalisation et la rupture. De ce fait, la
capacité de prévention se réduit à son tour. C’est le cercle vicieux de la pauvreté où l’on
assiste à une dégradation irréversible du potentiel productif, de l’autonomie et du jugement.
Renoncer et résister sont les maîtres mots de ce cercle vicieux où l’on ne peut pas s’en sortir
seul sans une intervention externe pour renforcer sa capabilité puis nouer de nouveau à une
préférence stratégique plus résilient et sortir de cette trappe de la pauvreté. L’assurance y joue
un rôle capital car un renforcement de capabilité engendre plus d’assurance pour faire face au
risque encouru (Lalau, 2008). Les innovations technologiques et sociales sont mises au-
devant de la scène pour rompre ce cercle vicieux de la pauvreté (figure 2). Seulement, elles se
heurtent à un problème d’ordre anthropologique car les sujets pris dans la trappe de la
vulnérabilité refusent par nature d’adopter et d’intégrer des solutions perçues comme exogène
et qui sont présentées à eux de façon imposée, en mode « top down » selon le terme anglo-
saxon (Olsson & al., 2014).

Figure 2 : Vulnérabilité et Innovation


Source : Lalau, 2008
( )

Le fond de ce problème d’adoption n’est pas seulement l’origine extrinsèque de la


connaissance et de l’innovation mais plutôt la tendance à imposer une solution standard qui ne
s’adapte pas à la spécificité écologique, sociale et aux conditions culturelles. Dans ce sens,
faut-il que les agriculteurs, chercheurs, opérateurs économiques, décideurs politiques et

30
Etat de l’art et méthodologie
consort produisent ensemble des solutions dans un cadre d’échange interactive (Olsson & al.,
op. cit.).

1.1.2.5 Vulnérabilité et le développement humain


« La vulnérabilité humaine se définit comme l’exposition à un risque et l’incapacité à
éviter ou à encaisser un tort éventuel. Elle est mesurée avec les indicateurs de bien-être des
individus. » (Thomas, 2008). Une vulnérabilité peut être objective ou subjective. Elles sont
ainsi assimilées respectivement à la pauvreté absolue (relatif aux besoins fondamentaux) et à
la pauvreté relative. La nuance entre inégalité et pauvreté est à noter. La vulnérabilité et la
pauvreté peuvent être évaluées de façon objective dans pour une situation donnée. De là
découle la notion d’objectivité située ou « positional objectivity » (Lalau, 2008).

Pour réduire la vulnérabilité, un triple défi sont à relever : (i) identifier les sujets
vulnérables, (ii) approfondir les connaissances sur les mécanismes de la vulnérabilité et (iii)
proposer des mesures préventives ou curatives. Le fait d’augmenter la capacité de gestion de
risque des pauvres améliore leur bien-être et constitue par la suite une issue à leur situation de
pauvreté chronique (Thomas, op. cit.).

L’analyse de la vulnérabilité alimentaire permet de prévenir et gérer les crises


alimentaires (Andres & Lebailly, 2011). Une nouvelle théorie de l’interaction existant entre la
crise et l’opportunité peut servir au développement à l’instar des récentes crises alimentaires,
financières et du changement climatique qui ont ouvert des opportunités pour des
transformations vers la durabilité. Ce qui pousse l’actuelle analyse de la durabilité, qui se
concentre principalement sur les crises, à considérer plutôt les crises comme une partie
intégrante d’une large opportunité de développement (Olsson & al., 2014).

1.1.3 La Résilience
La vulnérabilité et la résilience sont deux approches différentes pour étudier la même
situation d’un système donné. L’analyse de la vulnérabilité a une connotation négative en se
basant sur la fragilité du système tandis que l’analyse de la résilience comporte une
connotation positive (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.1 Origine et définition de la « Résilience »


La résilience est un concept émergent de la science physique qui plus tard a été repris
par la psychologie et l’économie (Lalau, 2011). En effet, le concept de la résilience trouvait
son origine aux Etats Unis d’Amérique dans les années cinquante dans le domaine de la
mécanique et que la physique des matériaux a repris. La fin des trente glorieuses, une période

31
Etat de l’art et méthodologie
de croissance économique faste, a été marquée par la conférence de Stockholm qui prônait le
développement humain, et les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le système économique
mutait alors de l’Etat providence vers la régulation par le marché. C’est dans cette période
transitionnelle que le concept de la résilience, en tant que métaphore, a fait sa résonnance
sociétale ; autrement dit, le concept de la résilience sous-entend une connotation d’état
transitionnel. Dans l’analyse de la résilience, il faut toujours considérer l’origine scientifique
du concept quand on l’applique à la réalité sociétale afin d’éviter de galvauder le concept
(Koffi, 2014).

En décrivant la capacité de se reconstituer des systèmes vivant après un choc ou une


perturbation, certains écologistes à l’instar de René Dubos utilisaient déjà le mot résilience en
1960. Ils ont fait allusion à une île du pacifique qui, après une éruption destructive d’un
volcan a pu se reconstituer et retrouver sa phone et sa flore (Dufresne, 2015). La résilience est
la capacité à dépasser une situation critique, à résister et à survivre. C’est la capacité à
anticiper et à réagir faisant ainsi allusion aux comportements actifs et réactifs, autrement dit
défensif et offensif. Une faible résilience conduit à l’adoption de stratégie défensive et de
sauvegarde (Lalau, 2008). Pour le PNUD (2014), la résilience est la capacité de se préparer
aux catastrophes et de surmonter leurs conséquences. C’est « la capacité d’une personne ou
d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence
d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères »
(op.cit., Koffi)

Il y a deux modèles d’approche de la résilience. Ce sont le modèle du cycle adaptatif


de « Resilience Alliance » et le modèle de Panarchie (Provitolo & Antipolis, 2009). Un
individu aussi bien qu’une communauté a sa propre résilience dont le sens serait mieux
appréhendée si l’on considère les aspects civiques et les aspects sociaux de l’être humain
(Dufresne, 2015).

1.1.3.2 Résilience en Système Ecologie et Social


Pour cette école, la résilience comprend deux variantes ; ce sont la résilience des
systèmes écologiques et socio-écologiques (SES) ou cycle adaptif et la résilience humaine et
sociale (Koffi, 2014). La résilience, qui est un précurseur de développement, est la capacité à
faire face à un choc,. Le concept de résilience a été adopté en écologie pour étudier l’action
humaine qui entraîne un changement d’état des écosystèmes en l’occurrence la dégradation de
l’écosystème et de la condition d’existence, qui à son tour a un impact sur le développement
de l’être humain (Lalau, 2011).

32
Etat de l’art et méthodologie
Dans le domaine de l’écologie et la socio-écologie, la résilience est assimilée à la
capacité d’absorber un choc tout en conservant ses structures qualitatives essentielles en dépit
d’une quelconque perturbation. En d’autres termes, la résilience a trait à un cycle adaptif
(PAM, op. cit.). La résilience humaine quant à elle comporte une dimension psychologique à
cause des interactions sociales, la représentation réelle du choc et le regard des autres. C’est
ce caractère traumatique qui différencie la résilience humaine et de la résilience sociale. La
résilience est ainsi définie comme « des traits caractéristiques de personnalité pour mobiliser
les forces intérieures insoupçonnées au moyen de lien social » (Koffi, 2014).

Le cycle adaptif est un modèle de transition entre différents états de stabilité. Dans ce
sens, il y a quatre phases en interaction dans la dynamique d’un système donné. Ce sont la
croissance, la conservation, l’effondrement ou la destruction et la réorganisation ou le
renouvellement. La résilience d’une structure repose sur sa capacité à franchir chacune de ces
différentes étapes (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.3 Résilience selon le cycle de Panarchie


Le modèle de Panarchie, avec son cycle adaptif multi-scalaire, insiste plutôt sur la
stabilité, l’adaptabilité que sur la transformabilité. Le cycle de Panarchie considère plutôt la
capacité interne au lieu d’attendre les appuis externes. L’adaptabilité comporte une
ambivalence car elle peut renforcer la résilience tout comme la nuire quand on s’adapte
seulement au lieu d’atteindre un niveau meilleur si l’on a la potentialité nécessaire (Koffi, op.
cit.). Le cycle de Panarchie comprend quatre phases succinctes pour l’évolution d’une
situation donnée, à savoir la phase d’exploitation, la phase de conservation, la phase de
dégagement et la phase de réorganisation (figure 3).

Figure 3 : Cycle de Panarchie


Source : Appartenance Liens vivants, 2014
( )

33
Etat de l’art et méthodologie
La phase de réorganisation est une phase exploratoire qui est souvent chaotique et
aléatoire. Dans cette phase, les idées prennent formes, se concrétisent progressivement pour
s’acheminer vers une phase plus ordonnée qu’est la phase exploitation. A ce stade, l’invention
se transforme en action. C’est une phase entrepreneuriale où l’on découvre des améliorations
et progressivement l’on s’achemine vers la phase conservation qui est marquée par la
maturité. L’application des améliorations nécessite l’engagement de capitaux. En contrepartie,
elle permet de dégager une partie du capital et de s’adapter à une nouvelle et meilleure
situation où l’innovation est au rendez-vous ; c’est la phase de dégagement (Appartenance
Liens vivants, 2014).

En outre, le modèle de Panarchie considère le mécanisme de connexion de deux


composantes principales qui sont la révolte et la mémoire. Ces composantes sont en
interaction et engendrent la résilience d’une structure. Autrement dit, la disparition d’un sous-
système peut démontrer une capacité de résilience d’un méta système donné. De ce fait, plus
un système est capable de s’adapter et d’apprendre, plus il est résilient pour se reconstruire, se
réorganiser autrement dit de se transformer. C’est la résilience systémique (Provitolo &
Antipolis, 2009).

1.1.3.4 Résilience comme corrélat de la vulnérabilité


« Le trio vulnérabilité-risque-résilience est l’objet de peu de débats mais de bien de
reprises imagées. Le concept de vulnérabilité incite à trop regarder la moitié vide de la
bouteille et celui de la résilience invite à en regarder la moitié pleine » (Thomas, 2008). En
effet, la vulnérabilité et la résilience ont une corrélation inverse car la réduction de la
vulnérabilité augmente la résilience et soutient ainsi la durabilité du développement (PNUD,
2014). La résilience devient l’envers de la vulnérabilité (Thomas, op. cit.).

La résilience sous-entend l’idée de retour à un état d’équilibre après une perturbation.


C’est la possibilité de transformation, de réorganisation et de renouvellement d’un système
donné. Dans ce sens, la résilience peut être considérée comme un facteur de lutte contre la
vulnérabilité (Provitolo & Antipolis, 2009). « Il s’agit de repérer le talon d’Achille des
personnalités qui sont alors considérées comme à risque (Thomas, op. cit.). Dans cette
démarche, l’analyse de la vulnérabilité peut être utilisée comme outils de prévention et de
gestion de risque. Pour certains, il suffit de réduire la vulnérabilité pour augmenter la
résilience mais cette équation est loin d’être simple car le passage à un niveau supérieur de
résilience peut provoquer des nouvelles vulnérabilités à l’instar des projets d’aménagement
qui ont entraîné un afflux migratoire causant par la suite un problème foncier (Koffi, 2014).

34
Etat de l’art et méthodologie
De ce fait, le nouveau concept de la vulnérabilité résiliençaire a vu le jour pour argumenter
plutôt en faveur de la perception d’un continuum entre la vulnérabilité et la résilience. Il va
ainsi au-delà de la vision binaire pour affirmer que la vulnérabilité et la résilience peuvent
s’interagir. La vulnérabilité peut être modifiée par la résilience et celle-ci à son tour est liée
directement à la vulnérabilité. De ce fait, la vulnérabilité peut avoir des effets autant négatifs
que positifs selon l’échelle considérée (Provitolo & Antipolis, 2009).

1.1.3.5 Types de résilience


La résilience est fonction de la capacité de résistance à une perturbation donnée, de la
capacité de récupération et de régénération post choc (ibid.). Pour Thomas (2008), on évalue
en matière de résilience « les caractéristiques d’un individu ou d’un groupe, sa situation et sa
capacité à anticiper à faire face, à résister et à se remettre des conséquences d’un risque
naturel ». Ceci pour dire que la résilience comprend une différenciation qui permet de
distinguer différents types de résilience.

a. La résistance
Un choc donné peut engendrer à la fois des déviances de survie tel que vol, pillage,
etc. et un redressement pour faire face à la situation moyennant des liens sociaux exogènes.
C’est dans ce sens que Stefan Vanistendael (Koffi, 2014) a évoqué le « réalisme de
l’espérance » qui pourrait constituer un moteur psychologique pour résister à l’inertie de la
résignation et d’initier par conséquent un développement renouvelé du lien social. Ce
processus de résistance et de dépassement du traumatisme permet de tricoter la résilience,
selon les termes de Bois Cyrulink et de raccommoder la déchirure pour vivre le mieux
possible (ibid.)

La résistance est la capacité à résister à un phénomène i.e. à maintenir au-dessus du


seuil tandis que la résilience est la capacité à sortir d’une situation difficile voire à changer de
situation après un choc. La résistance est le corollaire de la vulnérabilité dans une certaine
mesure. La résistance se trouve à mi-chemin entre la vulnérabilité et la résilience (figure 4).
La résistance est en fait entre le seuil de déchéance et le seuil de résilience. En dessous du
seuil de la déchéance, c’est le cercle vicieux de la décapitalisation et de la pauvreté tandis que
au-dessus du seuil de la résilience est la dynamique positive et l’autonomie de l’amélioration.
La trajectoire évolue en fonction du temps et des moyens d’existence.

35
Etat de l’art et méthodologie
La zone de résistance est une zone d’inertie où le sujet a besoin d’aide pour s’en sortir
et prendre une trajectoire de résilience (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).

Figure 4 : La résistance comme zone intermédiaire


Source : Randriamiandrisoa & Ballet, 2014
( )

Le cas des exploitations agricoles illustre bien ce concept de résistance. Pour ces
dernières, les facteurs déterminants de l’insécurité alimentaire sont la superficie agricole
développée, l’accès à la terre, la production en riz, l’épargne et le choc. Le choc pousse les
ménages à rationner leur aliment pour avoir de quoi manger pour une période la plus longue
possible après un choc. C’est une apparence trompeuse car les ménages dans ce cas ont de
quoi manger pour une période plus longue que d’habitude mais la satisfaction des besoins
caloriques est remise en question. Bref, c’est une autre forme d’insécurité alimentaire. Ce
rationnement est une forme de résistance plutôt qu’une forme de résilience proprement dite.
C’est une stratégie d’atténuation pour résister et n’assurant pas la trajectoire de résilience. La
déscolarisation et le travail des enfants s’inscrivent dans cette même logique. Cette stratégie
fournit de la main d’œuvre supplémentaire pour le ménage afin d’atténuer les effets du choc
mais elle ne permet ni au ménage ni aux enfants déscolarisés de prendre une trajectoire de la
résilience (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014).

Toutefois, la résilience peut être mesurée par la résistance et la rapidité de retour à


l’équilibre. En science économique, une économie résiliente est une économie qui soit

36
Etat de l’art et méthodologie
capable de résister et de se conserver face à un choc ou de renouveler son système (Provitolo
& Antipolis, 2009).

b. La résilience
La théorie de la résilience s’appuie sur la dynamique et les interactions dans le
système socio-écologique. Le bien-être de l’être humain dépend du bien-être de l’écosystème.
Ceci pour dire qu’il faut accorder une importance particulière à la capacité de l’écosystème à
fournir les services essentiels (Olsson & al., 2014). Il y a trois formes de capacité adaptative :

- l’anticipative ou proactive ou système de prévention qui se produit avant la


perturbation,
- l’autonome et la spontanée qui sont le résultat des changements de condition
- et la réactionnelle qui se produit pendant et après les effets de la perturbation.

En d’autres termes, la résilience peut être la capacité d’anticiper, la capacité à réagir, à


faire face et l’aspiration à une amélioration de la situation (Provitolo & Antipolis, 2009). Dans
ce sens, Thomas (2008), affirme que « la résilience est l’adaptation sociale ou biologique de
certains groupes sociaux et individus aux stress, risques et autres dangers selon leurs
ressources héritées ou mobilisables quand cette mise à l’épreuve d’un sort supposé statistique
advient ». Alors la notion de résilience ne s’associe pas seulement à la question de facteurs de
risques sociaux mettant en cause la réussite mais surtout à celle des réactions à l’imprévu ou à
la catastrophe et à la résilience des victimes (Thomas, ibid.).

Pour les agriculteurs, la résilience repose sur le degré de diversification des activités à
la fois agricoles et non agricole. A ceci s’ajoute la capacité d’innovation technique qui est
souvent le résultat du passage des projets de développement (CIRAD, 2014b). Le programme
de résilience revient à « produire les outils d’une homéostasie autarcique à destination des
populations vulnérables qui les font s’aider elles-mêmes et s’adapter (positivement ou
négativement) afin d’optimaliser la vie et les thérapies associées » (Thomas, 2008). Dans ce
contexte, la carte de résilience est un outil fort utile pour explorer les différents régimes et
voie de desserte en socio-écologie (Olsson & al., 2014). Il est à noter quand même que
l’élaboration de cette carte de résilience socio-écologique est souvent biaisée par des aspects
biophysiques et par le besoin d’incorporer des facteurs sociaux (ibid.).

c. La résilience individuelle et Effet d’agrégat


En outre, la résilience individuelle doit être rapportée à la notion d’agrégats dans le
système socio-écologique. L’effet d’agrégation est à considérer dans la politique car il peut

37
Etat de l’art et méthodologie
donner des impacts indéniables aussi bien positifs que négatifs. L’agrégation des fortes
résiliences individuelles peut engendrer une forte résilience communautaire. C’est tout aussi
vrai que le contraire car une forte résilience individuelle peut amener le sujet à accaparer les
biens communs et porter atteinte à la résilience des autres membres de la communauté avec
un retour de manivelle sur le premier. C’est la complémentarité et la contradiction entre
résilience individuelle et résilience communautaire. Et il faut en tenir compte dans la
conception des politiques de développement si l’on veut préconiser la durabilité des stratégies
dont l’objet est d’empêcher le cercle vicieux du non résilience et de contrecarrer les
dégradations irréversibles des capabilités à long terme (Lalau, 2011).

1.1.3.6 Trajectoire de résilience


Les chercheurs tendent actuellement vers la notion de renouvellement du système, sa
réorganisation ainsi que l’émergence de nouvelles trajectoires plutôt que de se camper sur le
maintien ou le retour à un état d’équilibre. Ainsi, la recherche s’intéresse au fonctionnement
et aux interactions (Provitolo & Antipolis, 2009). L’étude de la résilience distingue
l’adaptation et la transformation du mécanisme. Le mécanisme renforce la trajectoire voire le
changement vers une autre trajectoire de résilience (Olsson & al., 2014). La trajectoire d’un
écosystème possède trois caractéristiques à savoir la résilience, l’adaptabilité et l’aptitude à la
transformabilité vers un nouveau système. La résilience est une capacité interne tandis que
l’adaptabilité est une capacité d’action. La transformation sous-entend ici irréversibilité
(Lallau, ibid.).

Une structure socio-politique résiliente peut avoir un effet négatif dans le


fonctionnement de l’écosystème qui à son tour peut réduire la résilience de l’écosystème et sa
capacité à produire des services. Pour certains comme Holling et son équipe, c’est une trappe
de la rigidité et une forme de mauvaise adaptation. Pour d’autres écoles telles que Marschke
and Berkes, c’est une mauvaise résilience dont l’auto-renforcement social et écologique
emprisonne le sujet et le transborde vers une trajectoire plus vertigineuse (Olsson & al.,
2014). De telle approche peut servir à savoir comment les individus, les petits groupes auto-
organisés, les réseaux informels puissent sortir d’une trajectoire non viable vers une
trajectoire plus viable et durable. Dans ce sens, l’analyse doit prendre en compte les aspects
technico-socio-écologiques (ibid.).

1.1.3.7 Triangle de résilience et tuteur de résilience


Le « triangle fondateur de la résilience » est constitué de trois composantes. Ce sont le
Lien, la Loi et le Sens. L’interaction du Lien et de la Loi engendre le Sens de la vie (figure 5).

38
Etat de l’art et méthodologie
En effet, il faut tisser le lien entre le tuteur et le vulnérable dans un cadre structurant i.e. Loi
pour que ce dernier trouve un sens à sa vie à l’instar d’un enfant blessé qui, pour s’en sortir, a
besoin de se sentir aimé, se développer dans un cadre structurant et de découvrir que la vie a
un sens (Lecomte, 2005). Le triangle de la résilience, Lien-Loi-Sens, illustre le tissage de la
résilience. Ceci donne une place considérable à l’altruisme qu’Emmanuel Levinas désigne par
« responsabilité d’autrui », pour faire face à l’adversité de la nature source de vulnérabilité
(Koffi, 2014).

Figure 5 : Le triangle fondateur de la résilience du jeune


Source : Lecomte, 2005
( )

Un « tuteur de résilience » a comme rôle de co-construire avec empathie dans un


rapport d’altérité. Faut-il fournir aux vulnérables des repères pour qu’ils puissent prendre un
parcours de résilience. En effet, il lui faut évoluer dans un cadre restructurant, des règles et
des limites à respecter pour être responsable de ses actes (Lecomte, 2005). Il est
particulièrement important de travailler sur le rôle de l’agent, i.e. le tuteur de résilience, pour
comprendre la perturbation causée par l’innovation et de voir comment donner à la mise en
échelle des innovations techniques et sociales un effet le plus large possible (Olsson & al.,
2014).

1.1.3.8 Résilience et développement


Les chercheurs sont de plus en plus accaparés par l’avenir de la planète pour trouver la
bonne voie menant à une transformation viable (Gell-Mann, 2010 cité par Olsson et al.,
2014). Ils soutiennent l’idée d’une transition multidimensionnelle pour permettre au monde de
muter vers une durabilité meilleure. Cette transition doit être pluridisciplinaire en touchant la
démographie, la technologie, l’économie, le social, l’institutionnel, la communication et
l’idéologie (ibid.). Dans cette recherche de viabilité et de durabilité, l’hippocratisme social est

39
Etat de l’art et méthodologie
à considérer. En effet, Hippocrate a découvert que la médecine ne guérit pas la nature. C’est
au contraire la nature qui se guérit elle-même. C’est tout aussi vrai pour la communauté : elle
a la capacité de se constituer et de se reconstituer d’elles-mêmes. Les intervenants ne font
qu’aider et faciliter le processus en adoptant quatre principes fondamentaux à savoir
premièrement ne pas nuire ; deuxièmement, combattre le mal par son contraire, troisièmement
mesurer et modérer et quatrièmement, faire chaque chose en son temps (Dufresne, 2015).

La transition vers le développement durable doit passer progressivement de niveau en


niveau et d’étape en étape. La résilience dans cette démarche se concentre principalement sur
la capacité socio-écologique du système pour affronter les perturbations. L’objectif est de
trouver la bonne voie pour améliorer le bien-être de l’homme face à l’incertitude et la
perturbation tout en préservant la capacité de l’écosystème (Olsson & al., 2014). Dans la
même foulée, Koffi (2014) affirme que le concept de la résilience se différencie selon le
champ d’application. En écologie, il s’agit de traiter avec la physique, les vivants et les non
vivants tandis qu’en psychologie, il s’agit de l’humain en interaction avec le milieu de la
société. Il faut ainsi bien distinguer le champ d’application quand on parle de résilience. En
revanche, pour tous les domaines qu’elle soit « une réalité de vie » ou « un réalisme de
l’espérance », la résilience se construit au niveau de la société de façon inclusive par la
soutenabilité du développement. Le développement durable et la résilience sont ainsi
compatibles dans la mesure où ils comportent des notions de capacité à faire face au choc,
d’irréversibilité, de capacité d’adaptation et de possibilité de transformation (Lalau, 2011)
pour un changement fondamental de l’interaction entre l’homme et son environnement afin
d’amorcer la viabilité et la durabilité des améliorations entreprises (Olsson & al., op. cit.).
Dans ce sens, le renforcement de la résilience est une condition importante pour consolider les
progrès. Sans quoi, les acquis en matière de développement risquent de s’effondrer (PAM,
2014). La complémentarité et le bon équilibre entre le lien et la loi qui donne une cohérence
éducative renforce cette résilience. En effet, la loi sans lien provoque une perte de confiance
et le lien sans loi débouche au manque de respect. L’équilibre Loi-Lien donne un sens à la
souffrance voire à l’existence ; autrement dit c’est la conjugaison entre l’amour et la loi dans
un cadre structurant (Lecomte, 2005).

En outre, augmenter la résilience revient en partie à renforcer la capacité des


institutions à promouvoir l’universalisme des services de base afin que la communauté puisse
mieux se préparer aux crises et réduire ainsi l’inégalité qui est un des facteurs principaux de la
vulnérabilité (PNUD, 2014). La résilience est une réalité de vie fondée sur un lien qui sous-
entend des synergies. Dans la pratique, le lien social sous-tend la responsabilité de l’Etat, la

40
Etat de l’art et méthodologie
communauté internationale, le secteur privé et le concerné. Tenir compte des normes sociales
permet de gérer la transformation et mettre des balises pour humaniser la résilience. Dans ce
cas, on peut aller au-delà de la phase d’adaptabilité (prévention, auto-organisation avec
l’extérieur) pour grimper à la phase de transformabilité du système social où l’on travaille sur
la recomposition et l’innovation sociale (Koffi, 2014). La notion de résilience sociale rapporte
à la durabilité sociale que l’on peut analyser avec des approches multidimensionnelles telles
que le « livelihoods » et la capabilité. En fait, la résilience individuelle sous-entend résistance
et capacité d’adaptation à long terme, en bref un développement socialement durable. En
effet, un développement socialement durable consiste à améliorer en parallèle la capacité et le
bien-être afin de prendre en considération le social, l’économie et l’écologie pour tous c’est-à-
dire une distribution équitable et intra-générationnelle des capacités avec une transmission
intergénérationnelle (Lalau, 2011).

La résilience conjuguée avec l’allongement de l’horizon et la flexibilité conduit à la


durabilité. La résilience individuelle a une dimension subjective à cause de la sensibilité à la
pauvreté et à la vulnérabilité. La situation économique a une influence sur le choix malgré la
liberté et la responsabilité. Ces deux délimitent l’horizon et la préférence devient alors
adaptive car le choix i.e. le but et l’aspiration sont en effet conditionnés par ce qui est possible
dans l’horizon que l’on a. La capabilité et l’aspiration sont les deux composantes de la
résilience individuelle et il est capital de recentrer la définition de la durabilité plutôt sur la
personne que sur la nature. En effet, la nature doit être considérée comme un moyen pour y
parvenir. Dans ce sens, la résilience et la durabilité sont en corrélation. Un développement
résilient est un développement durable et vice versa (Lalau, 2011).

Folke et al. cités par Olsson et al. (2014) poussent plus loin en insistant que toute
tentative de développement durable doit considérer des stratégies d’intégration de l’homme et
de la nature ; c’est la prémisse même d’un développement économique et social. La
cartographie permet de comprendre les interactions de l’homme et son environnement pour
localiser la possibilité de point de rupture de la trappe de la pauvreté moyennant des services
offerts par l’écosystème afin d’améliorer ses moyens d’existence et de prendre ainsi une autre
trajectoire vers la durabilité.

Sous un autre angle, le processus de développement et d’amélioration de la résilience


dans un domaine peut réduire la résilience dans un autre domaine. La dynamique du cycle de
Panarchie en est une bonne illustration. Tout changement peut engendrer des nouvelles
configurations de l’interaction de l’homme avec son environnement ; autrement dit des

41
Etat de l’art et méthodologie
différents stades de développement sont à considérer d’après les auteurs comme Gunderson et
Holling (Olsson & al., op. cit.). Se préparer aux événements c’est accroître et diversifier les
potentiels, capacités et capabilités, apprendre à vivre avec les événements pour acquérir une
dynamique résiliente au lieu de chercher à les maîtriser et les innover. Ainsi, la vulnérabilité
résiliençaire peut être utilisée pour définir et réaliser des actions sur le long terme autrement
dit des interventions durables (Provitolo & Antipolis, 2009). Pour Bellier et al., (2004) les
déterminants de phénomène sont les événements initiateurs et les événements renforçateurs
qui, une fois mâtés, auront de moins en moins d’impact sur les effets et le flux du danger
(figure 6).

Figure 6 : Schéma de l’analyse du danger


Source : Bellier & al., 2004
( )

L’essentiel est d’intervenir au niveau des déterminants des phénomènes, d’installer des
mécanismes de sécurité au lieu de modifier le phénomène proprement dit (Thomas, 2008).

1.1.4 La Capabilité

1.1.4.1 Définition de la capabilité


L’approche de la résilience individuelle couvre trois champs : la psychologie, la
microéconomie et l’approche de capabilité qui est une approche multidimensionnelle. La
capabilité sous-entend à la fois potentialité et opportunité. La capabilité n’est autre que la
possibilité d’être et d’agir voire affronter les risques encourus (Lalau, 2011).

1.1.4.2 Dynamique de la capabilité


La capabilité sous-entend liberté : liberté de bien-être et liberté d’agent i.e. l’aptitude
de concevoir des buts, des engagements et des valeurs. Cette liberté d’agent permet la
mobilisation ex ante pour se prémunir contre le risque jusqu’à ce que l’incertitude soit levée.

42
Etat de l’art et méthodologie
Ex post, cette liberté d’agent permet la mobilisation pour faire face aux conséquences du
risque. Cette agencéité joue un rôle primordial dans la capabilité (Lalau, 2008). Dans ce sens,
les innovations techniques, sociales, politiques et économiques incitent la mutation vers un
niveau plus importante (Olsson & al., 2014) en matière de capabilité.

Dans sa dynamique, la capabilité est relative à la diversité, l’auto-organisation,


l’apprentissage, l’innovation et l’adaptation. Elle définit la trajectoire du système selon le
modèle de Panarchie (Provitolo & Antipolis, 2009). Dans la pratique, les innovations oublient
de se référer à l’intégrité de l’écologie qui peut bien fournir des services utiles pour le
développement et l’application de ces innovations. Dans ce cas, un risque tangible peut
compromettre le développement. Sous un autre angle, la conscience de cette réalité aide à
poursuivre les innovations pour déclencher des effets sociaux et écologiques positifs lorsque
la synchronisation est au rendez-vous (Olsson & al., ibid.).

Pour améliorer la capabilité, différentes actions peuvent être menées avec précaution.
Primo, il y a les actions libératrices qui consistent à libérer la sociabilité de l’homme, à
enlever les obstacles à sa manifestation ; entre autres, on peut noter les obstacles
psychologiques, les obstacles juridiques, les obstacles financiers et les obstacles
institutionnels. Secundo, les actions inhibitrices qui sont des actions de pénalisation. Tertio,
les actions catalysantes qui sont des actions homéopathiques et des gestes infinitésimaux
faites au moment opportun pour produire des résultats considérables. Quarto, on peut noter les
actions inspiratrices et les actions nourricières qui mettent les gens dans une situation de bien-
être (Dufresne, 2015).

1.1.4.3 Continuum Risque – Capabilité - Vulnérabilité


La vulnérabilité revêt un caractère multidimensionnel. En effet, elle est à la fois en
fonction du risque qui pèse et de la capabilité de la personne qui l’encourt. Plus le risque est
fort, plus la vulnérabilité est grande. Par contre, plus la capabilité d’une personne est forte,
moins elle est vulnérable. Ainsi la capabilité est à la base du choix de stratégie de gestion de
risque. En fonction de sa capabilité, une personne choisit sa stratégie. Cette préférence
adaptive est en rapport avec les buts et le souhait ainsi qu’à la satisfaction et à la réaction
stratégique. De ce fait, l’adaptation à une situation donnée ne concerne pas seulement les
moyens mais aussi et surtout la préférence. Cette adaptation se manifeste sur trois axes : le but
et le souhait (aspiration), la satisfaction retirée par les atteintes (rationalisation) et la réaction
stratégique (figure 7).

43
Etat de l’art et méthodologie
La réaction face à une perturbation ou choc se manifeste par le « coping », la
résignation et le fatalisme (Lalau, 2008).

Figure 7 : Séquence stratégique et interaction durabilité-résilience


Source : Randriamiandrisoa & Ballet, 2014
( )

Pratiquement, une forte vulnérabilité motive la rigidité comportementale i.e. à ne plus


prendre de risque supplémentaire et de garder ainsi la survie. C’est le mobile du refus de
l’innovation, une innovation qui demande de la flexibilité pour faire face à l’incertitude
qu’elle apporte d’autant plus que celle-ci ne couvre que le court terme et dont on ne maîtrise
pas encore ses implications. Ainsi, la réponse à l’innovation est fonction de la vulnérabilité.
L’innovation sous-entend des variabilités et non pas de stabilité. De ce fait, elle est perçue
comme porteur de risque que les plus vulnérables ne pourront pas faire face et ils préfèrent
plutôt la refuser et maintenir le statu quo. L’innovation est ainsi évaluée en termes de
variabilité (positive et négative) et non pas en termes de gain. L’innovation est une
opportunité mais cette opportunité a un coût sur les dotations au capital social à cause des
risques qu’elle comporte. L’innovation est acceptée ou refusée en fonction de la capabilité de
l’individu ou de la communauté (Lalau, 2008). Pour Olsson et al. (2014), le fond du problème
réside dans l’utilisation de la capacité individuelle et communautaire pour résoudre les
problèmes sociaux, environnementaux et de créer par la suite des conditions de bien-être pour
le présent et le futur.

La capabilité i.e. la capacité d’être et d’agir permet de réduire la vulnérabilité. Elle


permet d’avoir une résilience pour anticiper, réagir et aspirer une amélioration. La faible

44
Etat de l’art et méthodologie
résilience pousse l’individu à pratiquer une stratégie défensive et de sauvegarde. C’est la
gestion d’urgence émaillée de fatalisme et d’attentisme. Par contre, la forte résilience propulse
l’individu vers l’adoption d’une pratique productive, un mode d’accumulation de capital et
une réorientation stratégique majeure (Lalau, 2011).

1.1.5 Acculturation et Déviance Positive


Dans le domaine du développement, le changement de comportement constitue le
centre d’intérêt principal de toutes les interventions pas seulement pendant la vie du projet
mais aussi et surtout après la fin de celui-ci. L’acculturation et l’approche déviance positive
traitent ce changement de comportement communautaire. Comprendre le tenant et
l’aboutissant de ces notions permettra de mieux approfondir les travaux de recherche de cette
thèse. Seront ainsi exposés succinctement dans cette partie le concept de l’acculturation et
l’approche de la déviance positive.

1.1.5.1 L’acculturation

a. Origine et définition du concept


Le terme « acculturation » était apparu en 1880 chez Powell pour indiquer les
«transformations des modes de vie et de pensée des immigrants au contact de la société
américaine » (Cuche, 1996). Le terme faisait allusion à la fois à la perte de culture, i.e.
déculturation, et surtout à l’appropriation d’une nouvelle culture. Le processus d'acculturation
sous-entend une atteinte à la culture authentique mais il faut prendre en compte que les
cultures se construisent au fil du temps à travers les contacts avec les autres ; elles ne sont ni
imperméables ni isolées par des frontières. L’acculturation est un phénomène universel
permanent et dynamique, elle n’est ni ponctuelle ni occasionnelle (Cuche, ibid. ; Kartomi,
1981).

D’un côté, la psychologie sociale définit l’acculturation comme un processus


d’apprentissage par lequel la culture de la famille, du milieu ou de l’ethnie se transmet à
l’enfant. D’un autre côté, l’anthropologie culturelle désigne l’acculturation comme
phénomène et processus de contact et d’interprétation entre groupes culturels. Ainsi,
l’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui entraînent les modifications des modèles
culturels initiaux d’un groupe suite aux contacts avec des groupes d’individus. Si
l’acculturation se termine en un effacement culturel complet au profit d’une autre culture, on
parle plutôt d’assimilation. Et si une assimilation est entreprise de façon forcée, on parle de
cas d’ethnocide (Kartomi, 1981).

45
Etat de l’art et méthodologie
b. Mécanisme de l’acculturation
Malgré le rapport de force entre les différentes cultures, les groupes socialement plus
forts ne s’imposent pas toujours face aux groupes plus faibles. Le processus d’acculturation
est un amalgame permanent de construction, de structuration et de déstructuration. Il n'y a pas
forcément de cultures donneuses ni de cultures receveuses ; ceci pour dire que l'acculturation
n'est jamais à sens unique. Il y a souvent dans un premier temps une méfiance ou une
opposition face à la culture du pays d'accueil, puis une adoption d'éléments de cette culture ou
au contraire un rejet i.e. une contre acculturation, pour réaffirmer certains traits de la culture
d'origine. Le processus d’acculturation est souvent complexe ; il est à la fois fait de mélanges,
de réinterprétations et d’assimilations pour parvenir ainsi au syncrétisme qui est le métissage
de traits culturels (Cuche, 1996).

c. Types d’acculturation
Le sociologue français Roger Bastide distingue plusieurs types d'acculturation : une
acculturation spontanée par le biais d’un contact culturel libre, une acculturation forcée,
organisée, imposée par un groupe à l’instar de la colonisation ou de l'esclavage et une
acculturation planifiée, contrôlée, visant à construire à long terme une nouvelle culture. C’est
par exemple le cas de la culture prolétarienne des ex-pays socialistes ou une culture nationale
(Bastide, 1985).

Etant synonyme de disparition totale d’une culture d’un groupe qui intériorise celle
d’un autre avec qui il est en contact, l'assimilation constitue le cas extrême de l'acculturation.
La syncrétisation ou le métissage culturel est la combinaison entre culture d’origine et culture
nouvelle tandis que le multiculturalisme désigne la cohabitation entre cultures sans qu’il y ait
combinaison ou assimilation. A l’opposé de l’assimilation se trouve la contre-acculturation
qui est le rejet et le refus de la nouvelle culture donc le retour à la culture d'origine. Etant un
phénomène consenti, l’acculturation se distingue de l’ethnocide qui est une destruction
systématique de la culture d’un groupe. L’ethnocide élimine par tous les moyens les modes de
vie et les modes de penser (Kartomi, 1981). En d’autres termes, « l’acculturation décrit des
changements dans les attitudes, les valeurs ou les comportements que des membres d’un
groupe culturel manifestent quand ils s’inspirent des normes d’une autre culture ou d’un autre
groupe » (Benabdallah, 2010).

d. Modèles d’acculturation de Berry et consorts


Berry et al. (2006) définissent l’acculturation comme le processus général des contacts
interculturels et leurs résultats. Plus le contact est grand, plus l’acculturation s’accroît

46
Etat de l’art et méthodologie
(O'Guinn et al., 1986). Dans cette optique, trois modèles d’acculturation se distinguent : Le
modèle unidirectionnel : les individus ont des vitesses d’acculturation différentes mais le
résultat est le même qui est l’adaptation à la culture d’accueil. C’est la facette
assimilationniste de l’acculturation où la culture d’accueil est adoptée et la culture d’origine
abandonnée progressivement (La Framboise, 1993) ; (Wallendorf & Reilly, 1983). Le modèle
bidirectionnel prend en compte plusieurs directions d’acculturation (Berry, 1980) ; (Penaloza,
1994) ; (Jun, 1993) ; (Mendoza, 1989). Les membres du groupe culturel minoritaire adoptent
la culture d’accueil tout en conservant leur culture d’origine. Dans ce sens, des auteurs (Berry,
1980) ; (Rudmin, 2003) ont proposé quatre types d’acculturation : l’intégration, l’assimilation,
la séparation et la marginalisation. L’intégration combine l’héritage culturel et l’adoption des
valeurs culturelles de la société d’accueil. La séparation insinue un évitement d’interaction
entre la culture d’origine et la culture d’accueil. L’assimilation est l’abandon de la culture
d’origine au profit de l’adoption de la nouvelle culture tandis que la marginalisation se
manifeste par le sentiment de rejet de la culture d’accueil et l’absence de désir de maintenir la
culture d’origine. Le modèle post-assimilationniste est une récente lignée de travaux pour qui
l’acculturation est plutôt situationnelle (Penaloza, 1994).

Les chercheurs évaluent l’acculturation au moyen d’échelles qui sont adaptées à


chaque culture. En effet, le processus d’acculturation se produit pendant des contacts entre
cultures ; de ce fait elle varie d’une situation de contact interculturel à une autre. Dans ce sens,
une échelle d’acculturation utilise différents indicateurs qui ont trait aux éléments
caractéristiques d’une culture donnée. Les dimensions de l’échelle d’acculturation montrent
l’existence de sous-cultures (Benabdallah, op. cit.).

1.1.5.2 L’approche Déviance Positive


Le secteur du développement a depuis toujours conçu de nombreuses approches dans
le but de parvenir à une meilleure efficacité plus meilleure. L’approche Déviance Positive est
parmi les récentes approches développées afin d’escompter un changement de comportement
au sein de la communauté.

a) Historique de la déviance positive


Jerry Sternin était un des pionniers de l’approche déviance positive. Il utilisait cette
approche pour améliorer la condition de vie de milliers de personnes. Le domaine de la santé
publique et la nutrition servaient de premier champ de pratique de l’approche déviance
positive. En 1970, les agents de développement ont pu tester le concept stipulant que des
interventions en matière de santé peuvent être conçues à partir des comportements non

47
Etat de l’art et méthodologie
communs mais bénéfiques que certains membres de la communauté pratiquent déjà. Le
concept déviance positive a enregistré un succès pour améliorer le statut nutritionnel de
milliers d’enfants dans les années 90 en Asie et Afrique (PDI, 2008). Au début des années
90, l’ONG Save the Childreen avec Sternin et son équipe ont pu constater dans son travail
d’évaluation l’efficacité de l’approche Déviance positive sur la réduction de la malnutrition
infantile au Viêtnam où le taux de la malnutrition sévère chez les enfants de moins de 03 ans a
diminué de 74% (Marsh, 2004). Dans cette communauté, les familles ont presque les mêmes
conditions de vie i.e. même contexte socio-économique mais force est de constater que
certains enfants ont un poids et un taux de croissance supérieurs à la moyenne. L’étude par
l’approche déviance positive a permis de savoir que les mères de ces enfants en déviance
positive dispensaient plus d’attention à leur progéniture en l’allaitant et le nourrissant plus
fréquemment que les autres mères le font. Le mode de préparation et la composition des
aliments des enfants sont les mêmes mais le fait de les allaiter et de les nourrir plus
fréquemment permettent à ces derniers d’être bien nourris. Fières de la bonne croissance de
leurs enfants, ces mères positivement déviantes parlent de leur succès aux autres mères. Et
c’est ainsi que le taux de malnutrition dans cette communauté vietnamienne s’est réduit
considérablement (PDI, op. cit.)

b) Démarche de l’approche en déviance positive


Selon Marsh (2004), la déviance positive consiste à observer les individus qui
prennent le risque d’adopter des pratiques non communes. Des pratiques qui sont bénéfiques
et qui engendrent pour ces derniers une condition de vie meilleure que ceux qui vivent avec
eux dans la même condition de vulnérabilité. L’approche de la déviance positive identifie les
individus qui ont une bonne condition par rapport à leur pair et encourage la communauté à
adopter le comportement qui est à l’origine de l’émergence des individus ou des associations
positivement déviants. C’est cette méthode qui fait la force de l’approche déviance positive
afin d’entrainer un changement de comportement (ibid.).

La déviance positive est une approche visant à un changement personnel,


organisationnel et culturel basé sur l’idée qu’à l’intérieur de chaque communauté ou groupe
de personnes vivant dans les mêmes conditions existent des individus qui ont adopté des
attitudes, des pratiques, des stratégies ou des comportements spéciaux leur permettant d’être
plus aisés et performants avec les mêmes ressources et les mêmes conditions. Ce sont les
déviants positifs et une fois que ces meilleures pratiques i.e. attitude, mentalité et
comportement sont identifiées, elles peuvent être utilisées pour améliorer la condition de vie
des autres (Andrianaivoarimanga, 2010).

48
Etat de l’art et méthodologie
L’approche permet de comparer la pratique non commune qui confère des avantages
supplémentaires aux pratiquants par rapport au reste de la communauté. Un tel comportement
est plus acceptable et adoptable mais aussi et surtout pérenne dans une communauté où
certains individus le pratiquent déjà. L’approche déviance positive implique un partenariat
avec la communauté pour entreprendre l’étude de cas, identifier 04 à 06 individus qui ont
enregistré des résultats inattendus malgré le risque, interviewer et observer ces individus afin
d’identifier le comportement ou la pratique qui sont à l’origine du succès, analyser les
découvertes pour confirmer que la pratique n’est pas commune et qu’elle est accessible pour
ce qui veut l’adopter, concevoir des activités encourageant le changement de comportement
de la communauté en adoptant le nouveau comportement, faire le suivi et l’évaluation des
actions et des résultats (PDI, 2008).

c) Portée et limite de l’approche déviance positive


L’approche déviance positive met en valeur les ressources et la capacité locale
contrairement aux autres approches qui prescrivent le top down et qui aboutissent à des
résultats non pérennes. Elle, c’est-à-dire la déviance positive facilite trois importants
processus du développement :
- la mobilisation sociale,
- la collecte d’informations nécessaires aux futures interventions,
- et le changement de comportement.

Cette approche dissipe la discrimination ; elle reflète plutôt une bonne équité dans la
mesure où les solutions proposées à la communauté sont accessibles à tous les membres du
groupe vivant dans les mêmes conditions socio-économiques. Elle permet à la population
locale de trouver dans leur milieu la solution à leur problème. De surcroît, l’approche
déviance positive encourage la communauté à mener des recherches pour faire face à leurs
propres problèmes et de se sevrer de la mentalité d’assistanat (Andrianaivoarimanga, op.cit.).

Partant d’un groupe de référence, l’approche déviance positive permet de créer des
innovations sociales, techniques, institutionnelles, organisationnelles et politiques. Le groupe
de référence peut être une organisation, une société ou une norme de pratique en affaire ou en
normes locales. Un des cas le plus cité en matière de déviance positive en développement et
organisation est le travail de Save the Children dans la lutte contre la malnutrition au
Viêtnam. En travaillant dans les communautés ayant d’enfants malnutris et, qui partagent les
mêmes ressources et qui vivent dans les mêmes statuts socioéconomiques, Save the Children
a repéré un petit groupe de familles dont les enfants paraissent bien nourris. Après étude,

49
Etat de l’art et méthodologie
force est de constater que les mères de ces enfants leur mettent des ingrédients
supplémentaires dans leurs aliments habituels. Ce sont des petites crevettes collectées dans les
paddy et des bourgeons de feuilles de patate douce. D’après l’opinion publique, ces aliments
ne sont pas du tout commodes pour les enfants. Au lieu d’introduire de l’extérieur des
complémentations nutritionnelles, Save the Children a opté pour l’amplification de cette
pratique des familles positivement déviantes. Le bilan de l’approche fait état de 250
communautés et 50 000 enfants ayant pu parvenir à récupérer un bon statut nutritionnel entre
1991 et 1999 (PDI, op. cit.).

L’approche traditionnelle commence par l’identification des problèmes. Par contre,


l’approche déviance positive commence par l’identification de ce qui marche au sein de la
communauté en vue d’intensifier la pratique pour toute la communauté et parvenir à un succès
plus grand. A l’heure actuelle où les acteurs du développement suggèrent de repenser la
politique des aides au développement ainsi que les conditionnalités de ces aides, les résultats
obtenus par le biais de l’approche déviance positive amènent à un élément de réflexion
capitale : c’est l’importance des innovations locales pour faire face aux problèmes de la
communauté. Le défi est d’obtenir la reconnaissance des autorités locales et des institutions
pour construire une coalition capable d’avoir une force de mobilisation suffisante (PDI,
2007).

La limite de cette approche se trouve dans la non identification des exemples positifs
hors du commun ou spécifiques ou probants. Elle est inappropriée dans un milieu où les
services minima ne sont pas disponibles tel qu’aliment et compétence locale (Marsh, 2004).
L’application de l’approche déviance positive s’est étendue dans le domaine de l’agriculture à
l’instar de l’agriculture en Afrique. Elle a été suggérée pour identifier, encourager et générer
les innovations locales des agriculteurs locaux. Ces innovations sont devenues des éléments
clés pour le développement agricole en Afrique entre autres dans le domaine de la production
fourragère, la lutte contre les ennemis de la culture, la gestion des ressources naturelles, le
développement institutionnel et organisationnel (Andrianaivoarimanga, 2010).

Le concept de l’acculturation permet de mieux appréhender le processus de


changement de comportement des individus ou d’un groupe social. Il considère et tient en
compte la différenciation à l’intérieur de ce changement. L’approche de déviance positive
quant à elle est un outil permettant d’amorcer ce changement de comportement dans la
communauté. Bref, l’acculturation et la déviance positive traitent le changement de

50
Etat de l’art et méthodologie
comportement communautaire et peuvent servir aux projets de développement pour mieux
promouvoir une meilleure condition de vie.

En guise de conclusion, la conjugaison du concept de la sécurité alimentaire avec la


Vulnérabilité, la Résilience, la Capabilité, l’Acculturation et la Déviance Positive permet une
compréhension élargie et une analyse pluridimensionnelle plus approfondie en matière de
comportement paysan et de développement dont le but ultime est de rechercher les meilleures
solutions possibles et de concevoir des modèles adaptés et compatibles au besoin du
développement en l’occurrence l’acculturation des innovations qui est capitale pour amorcer
un maximum de déviance positive de la communauté pour réduire ainsi de façon
progressivement sa vulnérabilité en sécurité alimentaire et mettre chacun de ses membres sur
une trajectoire de résilience.

1.2 Méthodologie
Machiavel, le penseur italien de la Renaissance, a affirmé que « la fin justifie les
moyens ». Cette expression fût depuis toujours une source de multitude de divergences et de
tergiversions. Le moins que l’on puisse dire est que l’inverse est aussi vrai et que les moyens
justifient aussi la fin notamment dans le domaine de la recherche. En effet, la validité des
résultats obtenus dépend en grande partie de la fiabilité et de la pertinence des moyens utilisés
pendant les travaux. Ce chapitre traite le bien fondé des matériels et des méthodes communs
qui ont été retenus et utilisés pour délier la problématique de recherche de cette thèse et
parvenir à la vérification des hypothèses. Succinctement seront développés dans les
paragraphes qui suivent la zone d’étude, les matériels et la méthodologie de travail. L’objectif
ultime est d’entreprendre des travaux de recherche régis par une démarche méthodologique
respectant la règle de l’art et permettant de parvenir de façon scientifique aux résultats
escomptés et exposés antérieurement.

1.2.1 La zone d’étude


La zone d’étude de cette thèse est constituée principalement par le district de
Moramanga (18° 57′ sud, 48° 14′ est) qui était l’un des deux districts d’intervention du projet
de sécurité alimentaire d’ADRA et celui du projet de développement agricole d’ERI entre les
années 1998 et 2009 ((figure 8). Le district de Moramanga est composé de 21 communes et
174 fokontany (EPP PADR, 2007). Dans l’annale de l’histoire, Moramanga est surtout connu
par la place qu’elle tint lors de l’insurrection contre la colonisation en 1947. L’histoire du
« wagon Moramanga « illustre bien à quel point y fût intense la résistance des nationalistes
contre les colonialistes.

51
Etat de l’art et méthodologie
Le chef-lieu du district de Moramanga est localisé à 110km de la capitale sur la route
nationale n°2.

L
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ANTSIRANANA

Zone Ambatondrazaka
N
TOAMASINA
MAHAJANGA
Région Alaotra Mangoro
Andaingo
ANTANANARIVO Moramanga

Amboasary Gare
FIANARANTSOA
TOLIARA Antaniditra Fierenana
Mandialaza

Ampasimpotsy
Morarano Gare
Ambohidronono
Zone Analamanga Zone Atsinanana
Ambatovola
Belavabary
Anosibe Ifody Andasibe
Sabitsy Anjiro
Moramanga ville
Vodiriana Ampasimpotsy Gare

TanandavaAmbohibary Beforona

Mangarivotra Lakato

Zone Anosibe An'Ala


0 30 60 kilomètres

Figure 8 : Carte territoriale du district de Moramanga


Source : Auteur

Sur le plan administratif, le district de Moramanga est rattaché à la région d’Alaotra


Mangoro suite au nouveau découpage territorial régi par la loi n° 2004-001 du 17 juin 2004.
En effet, la région d’Alaotra Mangoro est une fusion de deux anciennes régions d’Alaotra et
de Mangoro de l’ancien découpage fixé en 1995 selon la loi N° 94-001 du 26 avril 1995. Le
slogan de la région Alaotra Mangoro est « région Alaotra Mangoro : exportatrice de riz et
berceau de la nature ». Ceci reflète l’ambition de conservation de l’environnement et de la
détermination au développement. Moramanga est ainsi un des cinq districts qui constituent la
région d’Alaotra Mangoro. La nouvelle définition du zonage agro-socio-écologique de la
région identifie Moramanga comme une zone touristique (EPP PADR, 2007).

En matière de sécurité alimentaire, Moramanga est comprise dans une région rizicole
de 120 000 ha de rizières dont 35 000 ha aménagés et avec bonne maîtrise d’eau. La
production rizicole annuelle de la région est estimée à 300 000 tonnes par an. Ceci joue un
rôle majeur dans la sécurité alimentaire de la région et de sa population. La rivière de

52
Etat de l’art et méthodologie
Mangoro offre une opportunité de pêche de crevettes bleues et d’anguilles. Un lot conséquent
de ressources naturelles, minières et énergétiques se trouve dans le district de Moramanga
entre autres le corridor forestier Zahamena - Ankeniheny de plus de 200 km de long, la
plantation de pins de la société Fanalamanga d’une superficie de 60 000 ha, les zones humides
sites Ramsar d’Alaotra et de Torotorofotsy, les réserves spéciales de gîtes de sauve souris
d’Amboasary et d’Analamazaotra Moramanga, les sites éco-touristiques du parc national
d’Andasibe Mantadia et Zahamena, le gisement de cobalt et de nickel d’Ambatovy, le
graphite d’Andasibe, les pierres précieuses et l’or d’Anosibe An’Ala et de Didy, le central
hydroélectrique de la Mandraka et les chutes d’Andriamamovoka et de Namonoana à Anosibe
An’Ala. Tout ceci démontre à quel point le district de Moramanga possède des potentialités et
des opportunités économiques pour servir de levier à son développement socio-économique
(ibid.).

1.2.1.1 Contexte géographique de la zone d’étude


Le climat de Moramanga est marqué par l’influence de l’alizé durant toute l’année et
des températures moyennes comprises entre 18°C et 20°C (ibid.). Il est marqué par
l’abondance pluviométrique dont les précipitations moyennes annuelles sont de l’ordre de
1 200 à 2 000mm avec un hiver émaillé de pluies fines et fréquentes (Rasoamanana, 2015). La
figure 9 ci-dessous montre que la courbe P de la précipitation est au-dessus de celle du double
de la température tout au long de l’année ; autrement dit Moramanga est soumis à un climat
humide.

300 150
280 140
260 130
240 120
220 110
200 100
180 90
160 80
140 70
120 60
100 50
80 40
60 30
40 20
20 10
0 0
J A S O N D J F M A M J

Précipitation Température

Figure 9 : Courbe ombro-thermique de Gaussen de Moramanga -5 années


Source : Rasoamanana, 2015
( )

53
Etat de l’art et méthodologie
Moramanga est situé dans une zone pluvieuse pour toute l’année et un climat propice à
l’agriculture (Rasoamanana, 2015).

1.2.1.2 Contexte socio-économique de la zone d’étude


Moramanga est un carrefour incontournable de l’axe oriental de la Grande Ile. Faut-il
passer à Moramanga pour rejoindre, par la route nationale n°44, le premier grenier à riz de
Madagascar qu’est la zone d’Alaotra, ou pour descendre vers le grand port de Madagascar à
Toamasina par la route nationale n°2, ou bien pour s’aventurer vers la zone forestière
d’Anosibe An’Ala par la route d’intérêt provinciale 23a qui est à peine carrossable. A ceci
s’ajoutent les routes de Mandialaza, de Lakato et de Mangarivotra Beparasy. Cette situation
administrative et géographique de Moramanga lui confère des opportunités particulières de
développement.

La mine de nickel et de cobalt exploitée par la société Ambatovy, qui a une durée de
vie prévue de 30 ans, est située à environ 14 km à vol d’oiseau au nord-est de la ville de
Moramanga. L’implantation de la société depuis l’année 2007 engendre à coup sûr des
impacts sur l’économie, la démographie et l’aménagement de la ville de Moramanga voire le
district. En effet, l’exploitation de nickel et de cobalt menée par la société Ambatovy et les
autres perspectives de développement agricole initiées par une pléiade de projets de
développement dans les communes aux alentours de la ville de Moramanga auraient influencé
la situation socio-économique de la zone (ONU Habitat, 2012 ; PNUD Madagascar, 2007)
) (

d’autant plus que le marché de Moramanga, grâce au financement de la société Ambatovy, est
en cours de construction pour devenir un des plus grands marchés de haut standing du pays et
de l’Afrique de l’Est avec un coût de trois millions de dollar américain. Cet argent fait partie
du fonds d’investissement social de vingt-cinq millions de dollar américain offert par le géant
du nickel afin de promouvoir et de soutenir le développement socio-économique de sa zone
d’implantation et par extension du Pays hôte (Ambatovy, 2013).

1.2.1.3 Population de la zone d’étude


La population du district de Moramanga, qui est estimée à 260 709 habitants en 2011,
est une population jeune ; la tranche d’âge entre 0 et 35 ans représente 75% de la population
et 43% de la population a moins de 16 ans. En effet, cette valeur est inférieure à la moyenne
nationale qui est de 49% selon le document EPPD 2010 de l’INSTAT. L’âge moyen du chef
de ménage est de 45 ans. En moyenne, un foyer à Moramanga est composé de 05 personnes.
Le taux de chefs de ménages analphabètes s’élève à 87,4% contre 83% pour la moyenne
mondiale d’après UNESCO-Institute for Statistics en 2008 (Savaivo, 2012). Son taux de

54
Etat de l’art et méthodologie
croissance démographique de 3,1% s’avère très élevé car la moyenne nationale est de 2,8%
(EPP PADR, 2007). L’activité principale des 84,3% des chefs de ménage est l’agriculture.
Les activités secondaires ont trait notamment à l’élevage (60,8%), au salariat (11,0%), à
l’artisanat (7,3%) et à l’exploitation forestière et aux autres activités primaires (6,8%) selon
les études réalisées par le cabinet Savaivo (2012).

1.2.1.4 Contexte de développement de la zone d’étude


La dégradation des forêts par la pratique du «tavy», des feux de brousse, des
exploitations illicites et irrationnelles des produits forestiers, des exploitations minières
galopantes et de surcroît les problèmes fonciers (60% des affaires traités par le Tribunal de
Première Instance d’Ambatondrazaka) constituent ainsi la problématique environnementale
de la zone où se trouve Moramanga et dont l’impact est ressenti au niveau de l’agriculture. De
plus, le taux de vétusté des réseaux hydro-agricoles s’élève à 40%, le niveau d’intensification
agricole est faible. Le développement agricole de Moramanga repose sur la résolution de
problèmes environnementaux, l’aménagement, le foncier et la vulgarisation des techniques de
production améliorées (EPP PADR, op. cit.).

a. Les projets ayant intervenu dans la zone d’étude


Ces enjeux environnementaux et économiques, un bon nombre de projets financés
notamment par les Etats Unis se sont exécutés pendant les années 90 et 2000 dans le district
de Moramanga à l’instar des projets LDI (Landscape Development Initiative) et ERI (Eco-
Regional Initiative) exécutés par Chemonics International , deux PSA (projet de sécurité
alimentaire) mis en œuvre par ADRA Madagascar, le projet NAP CAZ (Nouvelle Aire
Protégé du Corridor Ankeniheny Zahamena) de Conservation International, Commune
championne de Santé net et PSI Madagascar, le projet de réinsertion scolaire KILONGA de
PACT Madagascar. A ceci s’ajoutent les autres projets de développement et
environnementaux conduits par PSDR et financé par la Banque Mondiale, le projet carbone
TAMS (Tetik’Asa Mampody Savoka) de Conservation International, le projet Habitat et plus
récemment le projet de conservation de Madagascar Voakajy et le projet AGR pour les jeunes
de l’ « Young Men Christian Association » (YMCA). Ces projets ont essayé de laisser ses
empreintes et d’apporter des contributions au développement du district de Moramanga.
Dernièrement, il y a aussi les projets relatifs aux engagements socio-environnementaux de la
société minière Ambatovy. Cette forte présence de projets de développement démontre à quel
point Moramanga est aussi un carrefour de projets et comporte un enjeu de développement
non négligeable.

55
Etat de l’art et méthodologie
b. Ambatovy, le géant du nickel
Depuis l’année 2006, la société Ambatovy a commencé à installer ses infrastructures à
Moramanga. C’est « une compagnie minière de nickel et de cobalt à grande capacité de
production. Avec un investissement total de plus de sept milliards de dollars, Ambatovy est le
plus important investissement étranger jamais réalisé à Madagascar et l’un des plus grands du
genre en Afrique sub-saharienne. La production annuelle d’ Ambatovy s’élèvera à 60 000
tonnes de nickel raffiné, 5 600 tonnes de cobalt raffiné et 210 000 tonnes d’engrais sous forme
de sulfate d’ammonium pendant au moins 29 ans. En 2015, l’entreprise a atteint un niveau de
production de 90% de son objectif. Ce qui fait du nickel le premier produit d’exportation de
Madagascar, créant un stimulus significatif pour l’économie nationale, régionale et locale. »
(Ambatovy, 2011). Depuis son activité à Moramanga, où la société prélève ses minerais,
Moramanga a été façonné indéniablement sur tous les plans. Les retombées et les impacts de
cet investissement colossal aussi bien positifs que négatifs se font sentir et manifester dans la
ville de Moramanga et ses alentours.

1.2.1.5 Sécurité alimentaire de la population de Moramanga


Particulièrement, les défis liés à la sécurité alimentaire de Moramanga concerne la
recherche agricole, la fertilité du sol, les pratiques culturales, la courverture de la santé
animale et l’utilisation des pesticides. L’intensification agricole se heurte à des contraintes
liées à la faiblesse de la capacité technique et organisationnelle des producteurs, à la non
maîtrise des techniques de production, à l’insuffisance d’intrants et de matériels agricoles
adéquats ainsi qu’à la mauvaise qualité des réseaux d’information- communication (EPP
PADR, 2007). A ceci s’ajoutent l’amélioration de l’accès à l’eau et de la gestion de l’eau, la
diversification des activités génératrices de revenus en assurant l’écoulement des produits sur
le marché et l’implication effective des villages riverains dans la gestion et l’utilisation des
ressources naturelles entre autres forestières (Savaivo, 2012).

La conjoncture offre à Moramanga et à sa population une multitude d’opportunités


inestimables pour orchestrer convenablement son développement et sa communauté
notamment en matière de production agricole et de sécurité alimentaire à moins que la bonne
gouvernance ne fasse défaut.

1.2.2 Matériels utilisés


Pour mener à bien et selon les règles de l’art ce projet de thèse, des matériels ont été
utilisés selon leur pertinence respective. Dès la conception du projet de thèse, la bibliographie
a été priorisé pour bien cerner le thème de la thèse et s’informer sur l’évolution des recherches

56
Etat de l’art et méthodologie
sur les domaines d’étude ainsi que sur les démarches méthodologiques et les matériels de
recherches. De surcroît, des bases de données héritées des projets PSA et ERI ont été
exploitées pour permettre une bonne connaissance du terrain. Celles-ci ont permis de dresser,
de délimiter la zone d’étude et de procéder à l’inventaire des PPD encore présents sur le
terrain afin d’en élaborer une liste exhaustive. A ceci s’ajoutent les informations obtenues par
le biais des intervenants en activité dans la zone, entre autres l’association Voahary Voakajy
et la société Ambatovy.

Afin d’obtenir un bon niveau d’adhésion des autorités locales et garantir par la suite
une bonne fiabilité des données, le chef de district de Moramanga a été contacté et a donné
par la suite une autorisation officielle servant de porte d’entrée officielle auprès des autorités
des communes et des villages concernés. La liste exhaustive des PPD ainsi constituée a servi
d’univers d’étude pour un échantillonnage systématique et sortir la liste des PPD qui
constituent les échantillons. Un questionnaire a été conçu dans ce sens avec les variables des
trois hypothèses. Les enquêtes ont été réalisées par 07 enquêteurs composés de 04 ex-agents
de terrain de PSA, 03 enquêteurs de niveau Bac + 3 et un ingénieur agronome comme
superviseur d’enquêtes. Chaque passage aux différents villages était certifié par un ordre de
mission visé par les autorités villageoises ; ceci pour assurer et garantir la validité des
informations collectées.

En ce qui concerne les matériels soft, outre l’informatique bureautique, les logiciels
statistiques SPSS et XLSTAT ont été utilisés et permis de faire des analyses statistiques. Le
logiciel Arcview servait aux travaux de cartographie et de système d’information
géographique ou SIG.

1.2.3 Méthodes utilisées

1.2.3.1 Démarche adoptée


Cette étude a été focalisée exclusivement sur les PPD de deux projets, à savoir le
Projet de Sécurité Alimentaire PSA d’ADRA et le projet de développement agricole d’ERI.
Dans ce sens, deux populations sont concernées : les PPD PSA et les PPD ERI. Pour
permettre une analyse comparative, ces deux populations ainsi que leurs échantillons
respectifs ont été étudiés séparément mais avec la même démarche méthodologique depuis la
collecte de données aux diverses analyses. La méthodologie de travail était subdivisée en
démarche exploratoire, démarche formelle et traitement des données.

57
Etat de l’art et méthodologie
a. La démarche exploratoire
La démarche exploratoire était un passage obligatoire pour bien cerner les idées
maîtresses de l’étude, les raisonnements et les évolutions conceptuelles relatives aux thèmes
de la thèse. Cette étape consistait à faire des recherches bibliographiques et des entretiens
informels auprès des personnes ressources (Ramananarivo R. , 2004). La démarche
exploratoire permettait par la suite de bien formuler la problématique, les questions de
recherche, les hypothèses de travail et les objectifs de la recherche. De même, cette étape a
permis d’explorer différents types de méthodologie de recherche et d’échafauder par la suite
la méthodologie du projet de thèse depuis la conception jusqu’à l’interprétation des résultats
en passant par la collecte de données.

b. La démarche formelle
La démarche formelle est constituée principalement par la collecte de données
nécessaire à l’étude. Ce processus comprend chronologiquement les étapes suivantes :

la délimitation de la zone d’étude,


la constitution de l’univers d’étude,
l’échantillonnage,
la collecte de données proprement dite.

Ces travaux ont été réalisés pendant la première année du projet de thèse.

- La délimitation de la zone d’étude


L’idée maîtresse retenue dans la délimitation de la zone d’étude est d’obtenir une zone
géographiquement et logistiquement homogène par le biais d’une stratification. Ont été
retenus comme critères de stratification les points suivants :

o Le site d’enquête doit être constitué par une unité administrative qu’est le
« fokontany » situé dans le district de Moramanga.
o Le site d’enquête doit avoir bénéficié de l’intervention du projet de sécurité
alimentaire PSA ou du projet de développement agricole d’ERI.
o Le site n’est pas situé loin d’une route principale telle que route nationale et route
d’intérêt provinciale.

La zone de recherche de la thèse est ainsi tirée de la zone d’intervention de PSA et


ERI (figure 10). PSA-ADRA est intervenu dans 12 communes rurales et ponctuellement dans
la commune urbaine de Moramanga. Moyennant de ces critères de sélection, 41 fokontany de

58
Etat de l’art et méthodologie
ces 12 communes rurales ont été retenus pour constituer l’univers géographique de l’étude
relative à la zone de PSA.

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Amboasary Gare Amboasary Gare

Antaniditra Fierenana Antaniditra


Fierenana Légende 1: Zone PSA

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Mandialaza
Mandialaza

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Ampasimpotsy Ampasimpotsy
Morarano Gare Morarano Gare
Ambohidronono Ambohidronono
Ambatovola Ambatovola
Belavabary Belavabary
Sabotsy Anjiro Andasibe
Andasibe
Sabotsy Anjiro Anosibe Ifody
Anosibe Ifody Moramanga ville Légende 2: Zone d'étude

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Vodiriana Ampasimpotsy Gare Vodiriana Ampasimpotsy Gare

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Ambohibary Beforona Beforona
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Mangarivotra Lakato Mangarivotra Lakato

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Figure 10 : Carte synoptique de la zone de PSA vs Zone d’étude de la thèse
Source : Auteur

PSA a subdivisé le district de Moramanga en trois zones suivant les axes routières
(tableau 2) :

Tableau 2 : Liste des villages et des communes d’enquête pour la zone PSA
Zone EST (RN* 2) Zone Nord (RN* 44) Zone Ouest (RIP**)
Fokontany Commune Fokontany Commune Fokontany Commune
1 Ampitambe Ambohibary Amboanjo Amboasary Ambohidronono Ambohidronono
2 Analalava Ambohibary Amboasary Amboasary Ambohimarina Ambohidronono
3 Antsirinala Ambohibary Ambohimiarina Amboasary Ampasimpotsy Ampasimpotsy
4 Befotsy Ambohibary Ampangabe Amboasary Ambodinifody Anosibe Ifody
5 Sahafitana Ambohibary Antanandava Amboasary Ankarefo Anosibe Ifody
6 Soavinorona Ambohibary Amboasarikely Andaingo Anosibe Ifody Anosibe Ifody
7 Ambatoharanana Ampasimpotsy Gara Ambodirano Andaingo Antatabe Belavabary
8 Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara Andranomadio Andaingo Belavabary Belavabary
9 Antsahatsaka Ampasimpotsy Gara Ankodahoda Andaingo Mandialaza Mandialaza
10 Tsiazompody Ampasimpotsy Gara Ambohibolakely Morarano Anjiro Sabotsy Anjiro
11 Ampangalantsary Andasibe Ambohidray Morarano Ambodimanga Sabotsy Anjiro
12 Amparafara Andasibe Androfia Morarano Anjiro Sabotsy Anjiro
13 Morafeno Andasibe Marovoay Morarano Mahasoa Sabotsy Anjiro
14 Falierana Andasibe Morarano Morarano
*RN : route nationale
**RIP : route d’intérêt provinciale

59
Etat de l’art et méthodologie
En tout, l’enquête pour la zone PSA-ADRA a pu couvrir 41 fokontany répartis dans
12 communes du district de Moramanga. ERI pour sa part est intervenu dans quatre
communes rurales de Moramanga, à savoir Morarano, Andasibe, Beforona et Ambatovola.
Etant donné que les villages de la commune d’Ambatovola ne remplissent pas les critères de
sélection des sites d’enquête à cause de l’enclavement, les trois premières communes
constituent la zone d’étude ERI. Ce qui fait trois communes sur quatre et 17 fokontany
(tableau 3). Ces communes se situent aux alentours de la zone forestière du parc national
d’Andasibe et de la zone du projet de la nouvelle aire protégée Ankeniheny Zahamena ou bien
NAP CAZ.

Tableau 3 : Liste de villages et communes d’enquête pour la zone ERI

Fokontany Commune Fokontany Commune


1 Ampangalantsary Andasibe 1 Ambatoharanana Beforona
2 Ampasimpotsy Andasibe 2 Ampasimazava Beforona
3 Andasibe Andasibe 3 Antandrokomby Beforona
4 Andasifahatelo Andasibe 4 Antrakarivo Beforona
5 Anevoka Andasibe 5 Beforona Beforona
6 Antsapanana Andasibe 6 Marolava Beforona
7 Morafeno Andasibe 7 Marozevo Beforona
8 Ampitambe Ambohibary 8 Sahanonoka Beforona
9 Marovoay Morarano

- La constitution de l’univers d’étude


L’univers de l’étude est sorti de ces deux zones ainsi délimitées. L’établissement des
listes de la population d’étude a été commencé par l’obtention d’une autorisation officielle de
la part du chef de district. Celle-ci garantissait l’implication des autorités locales dans la
constitution des listes des PPD et conférait un caractère officiel au travail pour assurer ainsi le
maximum de validité et de fiabilité des informations collectées. Par ordre chronologique, les
étapes entamées dans la constitution de l’univers d’étude sont :
o la demande d’autorisation et de collaboration auprès du chef de district de
Moramanga pour officialiser le travail et impliquer les autorités locales,
o la demande de collaboration des maires pour impliquer les chefs de fokontany
dans l’identification et l’établissement de la liste des PPD dans chaque fokontany,
o la demande de collaboration des chefs de fokontany pour identifier et établir la
liste des PPD dans leurs fokontany respectifs,
o la validation des listes ainsi obtenues par les maires respectifs,

60
Etat de l’art et méthodologie
o la compilation de toutes les listes en une seule liste mère.

La liste mère de PPD ainsi constituée est subdivisée en sous liste PSA et sous liste
ERI.

- L’échantillonnage à partir de l’univers de l’étude


Etant donné la taille de la zone d’étude PSA, il fallait opter la méthode de collecte de
données par échantillonnage. Avec la liste des sites d’étude en main, l’échantillonnage
aléatoire systématique a été adopté pour garantir une meilleure représentativité de
l’échantillon. La taille de l’échantillon est calculée à partir de la formule de Le Maux (Le
Maux, 2011) suivant :

Cette formule préconise une marge d’erreur de 05% et un seuil de confiance de 95%
(Le Maux, 2011). La démarche de l’échantillonnage aléatoire systématique comprend
successivement 04 étapes :

1. Lister et numéroter la population de 1 à N où N est la taille de la population


totale.
2. Déterminer l’intervalle d’échantillonnage i.e. le pas de sondage K qui est égale
à N divisé par n’ (la taille de l’échantillon selon la formule ci-dessus).
3. Choisir au hasard un nombre entre 1 et K pour constituer l’origine choisie au
hasard.
4. Prendre chaque Kème unité à partir de l’origine choisie (ibid.)

Au total, 379 PPD de PSA-ADRA ont été recensés et moyennant de la formule


d’échantillonnage de Le Maux, la taille de l’échantillon est de 191 PPD pour PSA. Avec la
méthode d’échantillonnage aléatoire systématique, le pas de sondage ou intervalle de sondage
est K=2 (379/191) et l’origine choisie au hasard 2, les 191 PPD constituant l’échantillon de
l’enquête par questionnaire sont ainsi identifiés de la liste de la population (ibid.). Pendant
l’enquête proprement dite, trois PPD-PSA supplémentaires ont été enquêtés à cause de leur
enthousiasme et de leur demande. Ce qui fait 194 PPD au total pour l’échantillon PSA. Quant
à la population ERI, la liste est composée de 45 PPD. Etant donné cet effectif qui est inférieur
à 50, la méthode d’enquête exhaustive a été adoptée i.e. la totalité des 45 PPD ont été
enquêtés pour garantir le maximum de représentativité.

61
Etat de l’art et méthodologie

- La collecte de données proprement dite


Selon la démarche en sciences humaines, les étapes suivantes ont été retenues et
respectées lors des travaux d’enquête par questionnaire afin de veiller surtout à la qualité du
questionnaire et des informations à obtenir (UQAM, 2014):
- conception du questionnaire :
o le premier jet ;
o le test du premier jet ;
o la rectification
- le recrutement d’enquêteurs ;
- la notification des PPD de l’échantillon ;
- les enquêtes proprement dites ;
- les collectes des fiches d’enquête ;
- la régularisation des enquêteurs.

Les enquêteurs allaient et travaillaient par pair dans un village afin de prévenir autant
que possible toute tentation de falsification d’information lors de la collecte de données. Les
questionnaires remplis ont été retournés par les enquêteurs et entreposés en lieu sûr attendant
l’étape suivante qu’est le traitement des données collectées. Des entretiens informels avec des
informateurs clés ainsi que des observations, faites par les enquêteurs, complétaient les
données de façon qualitative pour servir à des analyses plus poussées dans la démonstration
des hypothèses de travail.

Les problèmes rencontrés lors de la collecte de données étaient surtout liés à la


présence de quelques PPD aux villages malgré l’envoi de notification bien avant la date
d’enquête. Ce problème a été pallié en remplaçant les PPD manquants par ceux qui sont
disponibles au village d’autant plus qu’ils sont nombreux à vouloir participer à l’enquête.
Pour deux fokontany de l’axe Est, les enquêtes ont été reportés plus tard à cause de la panne
de la motocyclette de l’enquêteur.

c. Traitements et analyses des données


Les données collectées à travers les enquêtes par questionnaire ont été principalement
traitées avec deux logiciels statistiques, à savoir SPSS et XLSTAT, qui permettaient à la fois
de faire des calculs contradictoires et des présentations complémentaires. Les analyses
statistiques ont été précédées par des travaux de codification, d’enregistrement et d’épuration
des données collectées ainsi que la sélection des variables pour chacune des trois hypothèses.

62
Etat de l’art et méthodologie
Le figure 11 donne une vue récapitulative du processus de traitement de données.

Sélection des variables


de l’hypothèse

Typologie :
ACP, AFD, CAH, AFC

Modélisation :
Régression linéaire

Comparaison des deux échantillons :


Test paramétrique et test non
paramétrique

Figure 11 : Schéma du traitement statistique des variables par hypothèse


Source : auteur

Légende :
- ACP : Analyse de Composantes principales
- AFD : Analyse Factorielle Discriminante
- CAH : Classification Ascendante Hiérarchique
- AFC : Analyse Factorielle de Correspondances

63
Etat de l’art et méthodologie
Les analyses statistiques sont menées de façon progressive pour déboucher à une
analyse systémique qui regroupe les variables pertinentes à la dernière étape et permettre ainsi
une étude holistique prospective (figure 12).

Epuration des données

Typologie selon les variables Modélisation 1 avec les


principales de l’hypothèse 1 variables de l’hypothèse 1

Typologie selon les variables Modélisation 2 avec les


de l’hypothèse 2 variables de l’hypothèse 2

Typologie uni-variée selon la Profilage général et étude


variable de l’hypothèse 3 prospective

Figure 12: Schéma du processus de traitement des données suivant les hypothèses
Source : auteur

1.2.4 Chronogramme
Le calendrier des travaux de cette de thèse est donné par le tableau 4. Les activités ont
commencé au début de l’année universitaire 2014-15.

Tableau 4 : Chronogramme des travaux


2014 2015 2016 2017
3

4
Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Trim

Activités
1 Préparation et soumission du projet de thèse x x
2 Arrêtage des sites d'enquêtes x
2 Préparation logistique et inscription x
3 Prise de contact avec les autorités locales x
4 Bibliographie initiale et élaboration de l'état de l'art x x x x x x
5 Identification des informateurs clés et autorités communales x
6 Identification des paysans à enquêter x
7 Conception du protocole n°1 et questionnaire terrain n°1 x
8 Test et édition du questionnaire n°1 x
9 Recrutement et formation des enquêteurs x
10 Enquêtes proprement dites x x
11 Entretien avec les informateurs clés x
12 Traitement des données et analyses des résultats x x x x x x x
13 Production de l'article n°1: symposium du Projet EGALE x
14 Production de l'article n°2: Doctoriale 2ème édition, Toliara x
15 Production de l'article n°3 pour symposium MADASHS x x x
16 Production de l'article n°3 pour symposium MADASHS x x x
17 Rédaction progressive x x x x x x x x x x x
18 Soumission du livre au directeur de thèse x
19 Corrections ittératives x x x x
20 Soutenance X
21 Formalité administrative finale X

64
Etat de l’art et méthodologie
La soutenance a eu lieu le 19 Octobre 2017 à l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques de l’Université d’Antananarivo.

Conclusion partielle
La méthodologie retenue pour ce travail de recherche a été définie et adoptée pour
tenter d’apprécier au mieux la réalité du terrain. Ils constituent la base méthodologique
commune de la thèse pour étudier les deux échantillons PSA et ERI suivant les trois
hypothèses définies dans la partie problématique. Ces derniers sont issus de deux populations
qui ont bénéficié deux différents projets. Ce traitement distinctif permet de procéder à des
analyses comparatives, de découvrir et de tirer par la suite les théories de développement des
agriculteurs positivement déviants de Moramanga. L’état de l’art issu de la recherche
bibliographique alimentait aussi les analyses et les interprétations des résultats des traitements
des données pour aboutir à des discussions pertinentes qui convergeaient à cette théorisation.

65
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

II] DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE


DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

2 DIFFERENCIATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

66
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

Introduction
Il est souvent dit que Madagascar regorge de ressources naturelles exceptionnelles.
Pourtant, il est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité de sa
population, entre autres la population rurale, vit dans une extrême pauvreté (PAM, 2014). La
Grande Ile est devenue un pays de toutes les vulnérabilités : économique, climatique,
sanitaire, institutionnelle et par-dessus tout alimentaire. Cette situation de vulnérabilité s’est
généralisée dans le Pays et s’empire de plus en plus dans le monde rural et le secteur agricole
notamment en matière de sécurité alimentaire. Dans ce contexte, une problématique de fond
émerge : les petites exploitations agricoles ont du mal à assurer leur sécurité alimentaire en
tant que ménage malgré les actions de développement apporté pour redresser la situation.
Cette problématique alimentait la recherche consacrée à cette partie suivant deux questions de
recherche majeures sont :
- comment et vers quoi évoluait la sécurité alimentaire des PPD depuis la fin des
projets d’appuis ?
- quelle est la vulnérabilité des PPD en matière de sécurité alimentaire ?

L’objectif de cette partie est de mettre en relief la différenciation des PPD en matière
de sécurité alimentaire. Les objectifs spécifiques consistent à :
- définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des PPD,
- identifier par la suite leurs points de vulnérabilité.

Les hypothèses de recherche sont que :


- les PPD ont différents modes de sécurité alimentaire,
- les PPD sont encore vulnérables après les projets.

Les résultats attendus seront :


- les modes de sécurité alimentaire adoptés par les PPD au lendemain des projets
d’appuis,
- la mise en évidence de la différenciation de leur vulnérabilité en matière de
sécurité alimentaire.

Seront ainsi dissertés succinctement les matériels et les méthodes complémentaires


utilisés, les résultats relatifs aux analyses sur la différenciation de la sécurité alimentaire des
PPD et les différentes discussions sur les modes de sécurité alimentaire des PPD et leur
vulnérabilité respective.

67
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

2.1 Matériels et méthodes

2.1.1 Les variables de la sécurité alimentaire à Madagascar


La FAO a confirmé dans son rapport d’évaluation que le riz reste la denrée principale
de l’alimentation des Malagasy (FAO & PAM, 2010). Par conséquent, étudier la sécurité
alimentaire de la population de Madagascar revient en grande partie à étudier sa sécurité en
riz. Moyennant de trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire (PAM, 2005), on
peut retenir comme étant pertinentes les variables qui suivent pour étudier ainsi la sécurité
alimentaire de la population de la Grande Ile :
- La Disponibilité de la nourriture par la capacité de production de riz
qui est traduite par la surface rizicole de l’exploitation.
- L’Accessibilité à la nourriture par l’autosuffisance en riz, la
consommation de ce que l’on a produit, elle est traduite par la durée de la Suffisance en riz ou
bien de l’autonomie en riz.
- L’Utilisation de la nourriture, avec deux variables :
La qualité de l’alimentation i.e. la diversification de production
facilite la diversification alimentaire donc une meilleure qualité nutritionnelle qui est donnée
par le taux de diversification ou bien par la diversité alimentaire.
L’Insécurité Alimentaire Saisonnière ou IAS où le ménage doit
entreprendre un changement temporaire de son régime alimentaire et nutritionnel. Pendant
cette période de soudure, la quantité et la qualité changent et se dégradent par rapport à la
période normale ; le niveau de satisfaction psychologique et culturelle n’est pas la même en
cette période (EPP PADR, 2005). IAS est la durée de la période de soudure de chaque
ménage.

En outre, l’étude de la différenciation de la sécurité alimentaire des PPD comprend


aussi l’analyse de risques pour chacune de ces variables autrement dit une analyse de
vulnérabilité de la sécurité alimentaire des PPD. La surface des cultures vivrières est étudiée
en complément pour pouvoir pousser les analyses en profondeur.

2.1.2 Méthode de traitement des données


A noter que cette étude a été menée sur deux populations : la population PSA et la
population ERI mais avec les mêmes variables de la sécurité alimentaire qui sont exposées
précédemment. Chaque base de données des deux échantillons est ainsi traitée séparément
mais avec les mêmes méthodes statistiques décrites ci-après :

68
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
- l’Analyse en Composantes principales ou ACP,
- l’Analyse Factorielle des Correspondances ou AFC,
- la Classification Ascendante Hiérarchique ou CAH,
- l’Analyse Factorielle Discriminante ou AFD,
- le test d’égalité d’échantillons indépendants : test de normalité, test de Levene
et test t-Student,
- la régression linéaire multiple,
- ’Analyse de variances ou ANOVA

2.1.2.1 L’Analyse de Composantes Principales


L’ACP regroupe les variables en variables latentes. Ce traitement comprend
l’extraction des variables, la variance totale expliquée, la matrice des composantes et le
diagramme des composantes.

La qualité de l’extraction des variables est donnée par le tableau de la qualité de


représentation. Plus le coefficient d’extraction est élevé, plus la qualité de représentation des
variables est meilleure. La variance totale expliquée (Eigen value) permet de décider sur le
nombre de composantes à retenir pour l’étude. Le pourcentage de variance totale expliquée ne
doit pas être inférieur à 70% pour réduire le plus possible la perte d’inertie et avoir une bonne
qualité de représentation des données.

La matrice des composantes donne la contribution de chaque variable sur chacune des
composantes principales. Elle permet ainsi d’identifier les variables qui composent chacun
des facteurs. Le diagramme des composantes donne la projection des variables dans l’espace
et permet de visualiser le poids de chaque variable sur les composantes. Le recours à la
rotation varimax permet d’avoir une optimisation de la projection. Ainsi, La matrice des
composantes après rotation varimax et la représentation graphique permettent de configurer
mieux la composition des deux facteurs et relier les variables à la composante correspondante.

A partir de ces équations, les scores de chaque groupe sont calculés et attribués à
chacune des observations. Ceci permet de les affecter manuellement au groupe Subsistance ou
au groupe Productivité suivant leurs plus grands scores respectifs, de procéder par la suite à
l’Analyse Factorielle Discriminante.

2.1.2.2 L’Analyse Factorielle Discriminante


L’AFD a permis de regrouper les observations selon les composantes principales et
obtenir une typologie confirmée. En premier lieu, AFD donne les fonctions déterminantes qui

69
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
sont au nombre de n-1 des variables indépendantes qui est dans ce cas-ci le nombre des
composantes principales retenues. Le tableau des valeurs propres donne le pourcentage de la
variation expliquée par la fonction déterminante. Plus ce pourcentage est élevé, plus la
fiabilité de l’analyse est meilleure. A la fin, AFD donne les résultats d’affectation des
observations avec leurs scores respectifs et confirme ainsi la typologie des observations.

2.1.2.3 Le test d’égalité de proportions


Pour savoir si deux proportions de deux modalités sont statistiquement égales, il faut
procéder au test binomial. Le test a comme hypothèse nulle H0 l’égalité de deux proportions
dans un échantillon. H0 est à retenir si p-value est supérieur à α qui est le degré de
signification retenue. Dans l’étude, la valeur retenue pour α est 0,05. Dans le cas contraire i.e.
p-value inférieur à α, H0 est à rejeter et les deux proportions sont probablement différentes.

2.1.2.4 Le test d’égalité d’échantillons indépendants


Les tests d’égalité d’échantillons indépendants commencent par le test de normalité
puis le test de Levene et le test t-Student. Ceci pour réaliser des analyses comparatives des
deux échantillons indépendants. Les échantillons indépendants étudiés sont respectivement
PSA et ERI. Le test d’égalité d’échantillons indépendants a pour but de savoir si les
moyennes des scores d’une variable dans deux échantillons indépendants sont égales ou non.
Le test d’égalité d’échantillons pose comme postulat que les distributions suivent une loi
normale à 95%. Une distribution suit une loi normale à 95 si ses coefficients d’aplatissement
et de symétrie sont compris entre -2 et +2. Les configurations des distributions dans les
histogrammes et les diagrammes de normalité reflètent aussi cette normalité. Si ce postulat est
confirmé, le test paramétrique peut se faire pour tester l’égalité des échantillons, il s’agit dans
ce cas de test t-Student et de Levene. Au cas où le postulat n’est pas vérifié, il faut procéder
au test non paramétrique pour vérifier l’égalité des deux échantillons. Dans cette partie, le
postulat de la normalité est vérifié et les observations sont indépendantes. Par conséquent, les
conditions du recours au test t-Student et au test de Levene sont remplies pour tester l’égalité
des deux échantillons indépendants PSA et ERI.

Pour comparer deux moyennes d’une variable dans deux échantillons différents, la
variable dépendante doit être une variable d’échelle, la variable indépendante quant à elle est
dichotomique. L’hypothèse nulle H0 est l’égalité des deux moyennes (H0 : µ1=<µ2). Si le
niveau de signification du test t est supérieur au seuil de signification retenu, il faut retenir et
conclure que les moyennes de la variable sont égales dans les deux échantillons. Dans le cas

70
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
contraire, il faut rejeter H0 et conclure que les deux moyennes de la variable sont
probablement différentes dans les deux échantillons.

Le premier tableau expose les moyennes calculées, c’est la statistique descriptive des
échantillons par rapport à la variable. Ce tableau permet de lire entre autres les moyennes et
les écart-types respectifs. Pour conclure sur la signification de la différence des moyennes, il
faut lire le deuxième tableau et le test proprement dit. Il comprend les résultats du test
d’égalité de variances de Levene et du test t-Student.

Le test de Levene qui passe en premier lieu permet de vérifier l’égalité de variances de
la variable étudiée dans les deux échantillons. L’hypothèse nulle H0 est l’égalité des variances
dans les deux échantillons (H0: Ϭ12 = Ϭ22), l’hypothèse alternative H1 est la différence des
variances (Ϭ12≠Ϭ22). De cette signification dépend la lecture des résultats du test t-Student. Si
la signification p-value du test de Levene est supérieur à α=0,05, il faut retenir l’hypothèse
nulle H0 et conclure une égalité des variances. Par la suite il faut lire la première ligne du
tableau pour le test t-Student et conclure sur la signification du test et l’égalité des moyennes
de la variable sur les deux échantillons. Si le niveau de signification p-value du test de Levene
est inférieur à α=0,05, il faut rejeter l’hypothèse nulle, les variances sont donc différentes et il
faut dans ce cas pour continuer lire la deuxième ligne et conclure sur la signification du test et
d’égalité des moyennes.

2.1.2.5 La régression linéaire multiple


La régression multiple est nécessaire à la modélisation en produisant l’équation du
modèle de Sécurité alimentaire de chaque échantillon. Faisant suite à la typologie produite par
AFD, la modélisation est faisable par le biais de la régression linéaire multiple. En premier
lieu, on a le tableau récapitulatif des modèles qui comprend le nom du modèle, le coefficient
de corrélation R de Pearson, le R-deux et le R-deux ajusté. R exprime l’intensité et le sens de
la corrélation tandis que R-deux donne la proportion de la variable dépendante expliquée par
la variable indépendante. En second lieu, il y a le tableau ANOVA qui permet surtout de
statuer sur le niveau de significativité de l’analyse de régression. En dernier lieu se trouve le
tableau des coefficients de régression permettant à la fois d’obtenir les coefficients non
standardisés de l’équation du modèle et les coefficients de régression standardisés ß.

A noter que le coefficient de régression non standardisé donne la valeur de la pente


partielle décrivant le changement de Y quand une variable indépendante X change d’une unité
en même temps que l’effet de l’autre variable indépendante sur la variable dépendante Y est
contrôlé. Les signes des coefficients de régression non standardisés indiquent le sens

71
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
d’augmentation ou de réduction de Y par rapport à X. La grandeur des coefficients de
régression indiquent l’importance de l’effet de chaque variable sur Y tout en contrôlant l’effet
de l’autre VI sur VD.

Ainsi, l’équation du modèle est Y= a +A1 X1 + A2 X2

- Y : score prédit de la variable dépendante Y


- a : constante i.e. intersection du plan de régression et l’axe de la variable
dépendante
- A1 et A2 sont des coefficients de régression non standardisés :
- A1 : pente du plan par rapport à la variable indépendante X1
- A2 : pente du plan par rapport à la variable indépendante X2
- X1 : score de la variable indépendante X1
- X2 : score de la variable indépendante X2

Le coefficient de régression standardisé ß indique l’importance de la variable


indépendante sur la variable dépendante, plus ß est grande, plus la variable indépendante a
une influence sur la variable dépendante. En effet, il indique le changement en écart-type de Y
si X1 change 01 écart-type tout en contrôlant les effets des autres VI

L’étude de l’effet combiné des deux composantes est le fait d’assembler toutes les
variables indépendantes dans l’analyse de régression. L’étude de l’effet combiné des variables
de la sécurité alimentaire des exploitations agricole permet de pousser encore plus loin les
analyses. En effet, on peut considérer, pour cette partie, que la sécurité alimentaire totale SA
est égale à la somme des deux composantes retenues. Ce qui attribue un nouveau score à
chacune des observations. Les scores ainsi obtenus sont traités en régression linéaire multiples
et donnent les résultats.

2.1.2.6 La Classification Ascendante Hiérarchique


La CAH est une méthode de classification qui permet de regrouper les données dans
un certain nombre de classes adéquates. Il fait ressortir les modalités nécessaires et permet de
constituer le tableau de contingence pour l’Analyse Factorielle de Correspondance. Le mode
de classification utilisé est le regroupement des lignes par dissimilarité de la distance
euclidienne conjuguée avec la méthode d’agrégation en lien complet. Ceci permet d’obtenir
des classes plus compactes.

Les observations sont classées par le biais de CAH selon leur score en sécurité
alimentaire. Les résultats de la classification sont donnés par le tableau des points centraux et

72
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
le tableau synoptique des classes. En premier lieu, le tableau des points centraux donne les
points centraux de chaque classe et permet ainsi de catégoriser et hiérarchiser ces classes
selon la valeur de leur point central respectif. En second lieu, le tableau synoptique des classes
est constitué par les moyennes, les minimums et les maximums de chacune des classes ainsi
que leur proportion respective.

En outre, les scores moyens de chaque classe ainsi que les minimums et les
maximums servent à établir l’échelle de la variable dépendante étudiée qui est la sécurité
alimentaire pour cette partie.

2.1.2.7 L’Analyse Factorielle des Correspondances


L’Analyse Factorielle des correspondances ou AFC permet d’étudier l’association
entre les variables et représenter graphiquement les proximités entres les modalités. Dans
cette partie, les modalités étudiées sont celles du score de sécurité alimentaire et les modes de
sécurité alimentaire des échantillons. Trois résultats d’analyse sont particulièrement retenus
pour l’étude ; ce sont les profils lignes, les distances khi-deux et le graphique asymétrique.

L’AFC est basée sur l'analyse des profils. Un profil est une fréquence relative égale à
l’ensemble des fréquences divisées par leur total. Il reflète la façon dont la catégorie d'une
variable varie selon les catégories de l'autre variable. Le tableau des profils lignes donne ainsi
les profils lignes et permet d’étudier la proximité entre les groupes. Le tableau des distances
khi-deux affiche les distances khi-deux entre les points lignes et les points colonnes. Il permet
ainsi de détecter les cas similaires dont la distance est petite.

Le graphique asymétrique des lignes est une représentation pseudo-barycentrique qui


représente les colonnes dans l’espace des lignes. Les distances entre lignes et colonnes
peuvent être interprétées en projetant les points-lignes sur les vecteurs-colonnes. La modalité
correspondante au point-ligne qui est le plus éloigné de l’origine est celle qui est la plus liée à
la modalité correspondant au vecteur.

2.1.2.8 L’analyse de variance


L’ANOVA sert à analyser la relation entre l’autonomie en riz et la superficie moyenne
des cultures vivrières. L’ANOVA ou Analyse de Variance permet de modéliser une variable
quantitative avec une variable explicative qualitative qui est aussi appelée facteur. Ceci
permettra de mettre en exergue la relation de variance entre les deux variables.

73
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

2.2 Résultats
Sont exposés succinctement dans ce paragraphe le regroupement des variables de
l’hypothèse en composantes principales, la typologie, la comparaison des deux échantillons de
l’univers d’étude, la modélisation, la classification et l’analyse des correspondances entre les
variables de la sécurité alimentaire ainsi que l’analyse de la vulnérabilité de la sécurité
alimentaire des PPD.

2.2.1 Evolution de la sécurité alimentaire des PPD

2.2.1.1 Sécurité alimentaire en deux composantes


L’ACP a permis d’identifier deux composantes principales selon la qualité de
représentation donnée par le tableau 5.

Tableau 5 : Qualité de représentation

PSA ERI
Initial Extraction Initial Extraction
Capacité 1,00 0,53 1,00 0,56
Autonomie 1,00 0,99 1,00 1,00
IAS 1,00 0,99 1,00 1,00
Diversité 1,00 0,80 1,00 0,54

Tous les coefficients d’extraction sont largement supérieurs à 0,30. Ce qui permet de
conclure une bonne qualité d’extraction et de retenir ainsi toutes les variables initiales.

Le nombre de composantes est obtenu à travers le cumul du pourcentage de la


variance (tableau 6).

Tableau 6 : Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales PSA Valeurs propres initiales ERI


Composante % de la % de la %
Total % cumulés Total
variance variance cumulés

1 2,33 58,26 58,26 2,13 53,34 53,34


2 0,97 24,35 82,60 0,96 24,07 77,41
3 0,70 17,40 100,00 0,90 22,59 100,00
4 0,00 0,00 100,00 -4,64*10-17 -1,16*10-15 100,00

74
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
D’après ces résultats, les deux premières composantes permettent d’expliquer 82,6%
de la variation pour PSA et 77,41% pour ERI ; la projection de chacune des variables sur les
composantes est donnée par le tableau 7.

Tableau 7 : Matrice des composantes

PSA ERI
Avant rotation Après rotation Avant rotation Après rotation
Composante Composante Composante Composante
1 2 1 2 1 2 1 2
Capacité 0,6 0,4 0,3 0,6 0,3 0,66 0,1 0,7
Autonomie 0,9 -0,3 0,9 0,2 0,9 -0,23 0,9 0,13
IAS -0,9 0,3 -0,9 -0,2 -0,9 0,23 -0,9 -0,13
Diversité 0,4 0,8 0,0 0,9 0,3 0,64 0,1 0,7

La composante 1 est constituée par Autonomie et IAS tandis que la composante 2 par
Capacité et Diversité.

La matrice des composantes après rotation varimax et la représentation graphique


permettent de configurer mieux la composition des deux facteurs ; ils sont composés
respectivement des variables ayant les plus grandes valeurs absolues :

- Composante F1 : Autonomie et IAS qui sous entendent SUBSISTANCE


- Composante F2 : Capacité et Diversité qui sous entendent PRODUCTIVITE

De tout ce qui précède découlent les équations primaires pour chacun des modèles
cités ci-dessus :

- Modèle PSA
Subsistance = 0,9 * Autonomie – 0,9 * IAS
Productivité = 0,6 * Capacité + 0,9 * Diversité

- Modèle ERI :
Subsistance= 0,9 (Autonomie - IAS)
Productivité = 0,7 Capacité + 0,7 Diversité

Ces équations ont permis la scorification de chaque observation pour chaque


composante et de procéder à l’affectation manuelle puis à l’AFD afin de confirmer le groupe
d’appartenance de chaque observation.

75
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

2.2.1.2 Deux modèles de sécurité alimentaire


L’AFD donne la fiabilité de la fonction discriminante pour chaque modèle (tableau 8).

Tableau 8 : Valeurs propres

Valeur Corrélation
Fonction % de la variance % cumulé
propre canonique

PSA 1,9 100 100 0,8


ERI 3,3 100 100 0,9

Chaque fonction explique respectivement pour les deux échantillons 100% de la


variation autrement dit une bonne fiabilité des analyses statistiques. Ces fonctions sont toutes
significatives au seuil de 0,001 ; ceci traduit une relation hautement significative et une
meilleure fiabilité des analyses statistiques.

L’analyse avec AFD débouche aux affectations des observations dans les deux
groupes i.e. Subsistance et Production selon leur score respectif (tableau 9).

Tableau 9 : Répartition des PPD en groupe de sécurité alimentaire


PSA ERI
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 1 Groupe 2
Subsistance Productivité Subsistance Productivité Subsistance Productivité Subsistance Productivité
Score SA moyen 1,3 -0,1 -1,4 0,1 1,8 -0,1 -1,4 0,1
Proportion 52% 48% 44% 56%

Ces résultats dénotent la prévalence des deux groupes dans chacun des échantillons
avec des proportions plus ou moins égales (figure 14).

60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Subsistance Productivité Subsistance Productivité
PSA ERI

Figure 13 : Répartition des groupes de sécurité alimentaire

76
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Ce graphique confirme la répartition plus ou moins égale des observations dans
chaque échantillon et ceci conduit à la question d’égalité des proportions de chaque groupe
intra-modèle PSA et ERI.

2.2.1.3 Similarité de la répartition des observations des échantillons


Passer ces proportions au test d’égalité permet de confirmer ou d’infirmer ces
différences.

a. Test d’égalité des proportions


Le test binomial a permis de tester l’égalité des proportions intragroupes dont les
résultats sont donnés par le tableau 10.

Tableau 10 : Test de proportion des modalités

Proportion Test de Signification


Modèle et groupe Modalité N
observée. proportion bilatérale

Groupe 1 Subsistance 100 0,52 0,50 0,72


SA PSA
Groupe 2 Productivité 94 0,48
Total 194 1,00
Groupe 1 Productivité 25 0,56 0,50 0,55
SA ERI
Groupe 2 Subsistance 20 0,44
Total 45 1,00

Ces résultats démontrent que dans les deux cas, le test de proportion a un niveau de
signification supérieur à α=0,05 ; par conséquent l’hypothèse nulle H0 est à retenir i.e. les
proportions sont statistiquement identiques.

b. Caractéristiques des modes de sécurité alimentaire


Ces classifications étant, les caractéristiques de chaque groupe peuvent être mises en
exergue à travers les variables de la sécurité alimentaire à savoir la capacité en riz,
l’autonomie en riz, l’IAS, la diversification ainsi que la surface des cultures vivrières autres
que le riz (tableau 11).

77
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Tableau 11 : Vue synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes

PSA ERI
SUBSISTANCE PRODUCTIVITE SUBSISTANCE PRODUCTIVITE
Capacité en riz en ha 1,2 1,1 0,4 0,7
Autonomie en riz 8,7 4,3 9,0 3,9
IAS 3,3 7,6 3,0 8,1
Taux diversification 0,7 0,7 0,6 0,6
Surface vivrière en ha 0,8 0,6 1,3 1,2

Le mode subsistance est caractérisé par des scores plus élevés en autonomie en riz et
une surface vivrière tandis que le mode productivité par une insécurité alimentaire saisonnière
plus élevée. La représentation graphique permet une lecture comparative visuelle
additionnelle (figure 15).

10
9
8
7
6
5
PSA SUBSISTANCE
4
PSA PRODUCTIVITE
3
ERI SUBSISTANCE
2
ERI PRODUCTIVITE
1
0

Figure 14 : Graphique synoptique des groupes de sécurité alimentaire

78
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Dans la même perspective, une représentation synoptique intra-modèle des deux
modes de sécurité alimentaire met en relief les différences entre les deux modes de sécurité
alimentaires (figure 16).

Modèles ERI
Modeles PSA
Capacité Riz
Capacité Riz 10,00
10,00
8,00
8,00 6,00
6,00 4,00
4,00 2,00
2,00 Autonomie en
Diversification 0,00
Autonomie en riz
Diversification 0,00
riz

Subsistance IAS
Productivité Subsistance
IAS
Productivité

Figure 15 : Graphique synoptique des groupes Subsistance et Productivité

Dans les deux cas (PSA et ERI), les PPD du mode Subsistance ont une meilleure
sécurité alimentaire que ceux du mode Productivité. Cette différence s’exprime clairement à
travers l’IAS et l’autonomie en riz.

2.2.1.4 Egalité respective des modes PSA et ERI

a) Test d’égalité des échantillons indépendants


Le test d’égalité de moyenne couplé avec le test de Levene et précédé du test de
normalité permet de comparer de façon plus approfondie le niveau de sécurité alimentaire des
deux échantillons PSA et ERI en matière de sécurité alimentaire. Ce niveau de sécurité
alimentaire est défini par le score calculé à partir des équations issues de la modélisation.

b) Test de normalité des deux distributions


La normalité des distributions est reflétée par les histogrammes du test de normalité
(figure 17).
PSA ERI

Figure 16 : Graphique du test de normalité

79
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Ces graphiques dénotent la normalité des deux distributions et permet de poursuivre le
test d’égalité.

c) Indices de normalité
Les indices d’asymétrie et d’aplatissement (tableau 12) permettent de confirmer ou
non la normalité des distributions.

Tableau 12 : Indice de normalité

PSA ERI
Asymétrie -0,17 0,09
Aplatissement -0,01 -0,11

Tous les indices d’asymétrie et d’aplatissement sont compris entre -2 et +2 ; ce qui fait
que les distributions suivent une loi normale à 95% et sont compatibles au test paramétrique
du test t-Student.

d) Test t-Student et test de Levene


Le préalable de la normalité étant rempli, les tests t-Student et de Levene sont
adéquats pour statuer sur l’égalité des deux distributions (tableau 13).

Tableau 13 : Statistiques des groupes

Echantillon Erreur standard


Variable N Moyenne Ecart-type
d'origine moyenne

Score SA PSA 194 0,01 2,64 0,19


ERI 45 -0,01 2,50 0,37

Les moyennes des scores de la sécurité alimentaire des deux populations ont une
différence de 0,02 (tableau 14).

80
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Tableau 14 : Test d’échantillons indépendants

Test de
Levene sur
Test-t pour égalité des moyennes
l'égalité des
variances

Intervalle de
Différe Différe
confiance 95% de la
Sig. nce nce
F Sig. t ddl différence
bilatérale moyenn écart-
e type
Inf. Sup.

Hypothèse de
0,54 0,46 0,06 237 0,96 0,02 0,43 -0,83 0,88
variances égales
Score
SA Hypothèse de
variances 0,06 68 0,96 0,02 0,42 -0,81 0,86
inégales

Le niveau de signification du test de Levene est égale à 0,46 > α=0,05 donc
l’hypothèse d’égalité de variance est à retenir et il faut lire la première ligne pour le test t. Le
test-t à son tour affiche un niveau de signification de 0,06> α=0,05 i.e. retenir l’hypothèse
nulle ; autrement dit les moyennes de l’indice de sécurité alimentaire de PSA et ERI sont
statiquement égales. De ce fait, les modes Subsistances de PSA et ERI sont égaux ; de même
pour les modes Productivités de ces deux échantillons.

2.2.1.5 Equations des modèles de sécurité alimentaire des PPD


Les résultats de la classification par AFD permettent de procéder à la modélisation de
chaque mode de sécurité alimentaire.

a. Analyse de régression des deux modèles


Chaque échantillon a son modèle à l’issu des traitements statistiques (tableau 15).

Tableau 15 : Récapitulatif des modèles PSA et ERI

Récapitulatif des modèles PSA


Population Modèle R R-deux R-deux Erreur
Subsistance 1,00 1,00 ajusté
1,00 standard0,00
de
PSA
Productivité 1,00 1,00 1,00 0,00
Subsistance 1,00 1,00 1,00 0,00
ERI
Productivité 1,00 1,00 1,00 0,00

81
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Ces résultats du tableau 15 mettent en relief que
- 100% de la variable SUBSISTANCE est expliquée par l’autonomie et l’IAS
- de même pour la PRODUCTION avec capacité et diversification.
Par le biais de l’analyse de variance, la signification des modèles est donnée par le
tableau 16.

Tableau 16 : Analyse de variance des modèles PSA et ERI

Somme des Moyenne


Population Modèle ddl Sig.
carrés des carrés

SUBSISTANCE Régression 180,82 1,00 180,82 0,000


Résidu 0,00 98,00 0,00
PSA Total 180,82 99,00
PRODUCTIVITE Régression 131,00 2,00 65,50 0,000
Résidu 0,00 91,00 0,00
Total 131,00 93,00
SUBSISTANCE Régression 173,20 1,00 173,20 0,000
Résidu 0,00 43,00 0,00
ERI Total 173,20 44,00
PRODUCTIVITE Régression 52,06 2,00 26,03 0,000
Résidu 0,00 42,00 0,00
Total 52,063 44,00

Les relations sont toutes significatives au seuil de 0,001 et ceci amène au calcul des
coefficients de régression qui permettent de connaître l’importance de chaque variable dans la
sécurité alimentaire des exploitations agricoles des échantillons étudiés (tableau 17).

Tableau 17 : Coefficients de régression

Population Modèle Coefficients non Coefficient Sig.


A Erreur Bêta
SUBSISTANCE Constante 3,5 0,00 0,000
PSA IAS -0,6 0,00 -1,0 0,000
PRODUCTIVITE Constante -4,5 0,00 0,000
Capacité en riz 0,5 0,00 0,6 0,000
Diversité 5,7 0,00 0,7 0,000
SUBSISTANCE Constante 3,6 0,00 0,000
ERI IAS -0,6 0,00 -1,0 0,000
PRODUCTIVITE Constante -3,2 0,00 0,000
Capacité en riz 1,0 0,00 0,7 0,000
Diversité 4,5 0,00 0,8 0,000

Pour le mode Subsistance, l’analyse de régression a exclu la variable Autonomie en riz


qui a un coefficient standardisé beta nul au seuil de signification de 0,001. En fait,

82
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
l’autonomie en riz a une forte colinéarité (r = -1) avec IAS, les deux variables sont
inversement proportionnelles ; statistiquement parlant, une d’entre elles suffit pour définir
l’équation du mode Subsistance. Par le biais de ces résultats statistiques ressortent les
équations respectives des deux modèles pour chaque mode de sécurité alimentaire :
Modèle PSA
Subsistance = 3,5 – 0,6 IAS
Productivité = -4,5 + 0,5 Capacité + 5,7 Diversité

Modèle ERI
Subsistance = 3,6 – 0,6 IAS
Productivité = - 3,2 + 1,0 Capacité + 4,5 Diversité

Ces équations reflètent l’importance de chaque variable sur la sécurité alimentaire.

b. Modélisation en effet combiné de toutes les variables


En considérant que la sécurité alimentaire totale SA est égale à Subsistance (+)
Productivité, le traitement par le biais de l’analyse de régression multiple a permis de
poursuivre les analyses en profondeur. En premier lieu le récapitulatif du modèle à effet
combiné qui confirme une relation parfaite avec un coefficient de corrélation égale à 1,00
(tableau 18).

Tableau 18 : Récapitulatif des modèles à effets combinés

Modèle R R-deux R-deux ajusté


PSA 1,00 1,00 1,00
ERI 1,00 1,00 1,00

En second lieu, les coefficients de régression multiples qui servent pour


l’établissement des équations de la modélisation est donnée par le tableau 19.

Tableau 19 : Coefficient de régression multiple

Modèle Coefficients non Coefficients Sig.


A Erreur Bêta
Constante -1,0 0,00 0,000
PSA Capacité en riz 0,5 0,00 0,3 0,000
IAS -0,6 0,00 -0,6 0,000
Diversité 5,7 0,00 0,3 0,000
Constante 0,4 0,00 0,000
ERI Capacité en riz 1,0 0,00 0,3 0,000
IAS -0,6 0,00 -0,8 0,000
Diversité 4,5 0,00 0,3 0,000

83
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Les équations des modèles s’écrivent à partir de ces coefficients :
SAPSA= -1,0 + 0,5 Capacité- 0,6 IAS + 5,7 Diversité
SAERI = 0,4+1,0 Capacité Riz-0,6 IAS + 4,5 Diversité

Avec ces équations peuvent être calculés les scores de sécurité alimentaire d’une
observation quelconque et quelques soit son mode de sécurité alimentaire.

2.2.1.6 Cinq classes d’exploitations en matière de sécurité


alimentaire
Ce sont les variables de la sécurité alimentaire et la variable de la surface vivrière qui
ont été traitées avec CAH.

a) CAH de la sécurité alimentaire


Les objets centraux de la classification en cinq modalités, selon la variable Score en
sécurité alimentaire de chaque observation, sont sortis par CAH (tableau 20) :

Tableau 20 : Les objets centraux

Catégorie Objet central Score SA


SA 1 Obs161 -5,3
SA 2 Obs117 -2,3
SA 3 Obs2 -0,1
SA 4 Obs25 2,3
SA 5 Obs99 4,9

Chacune des catégories se caractérise par son score en sécurité alimentaire et sa


proportion dans l’échantillon (tableau 21).

Tableau 21 : Tableau synoptique des classes

Niveau SA SA 1 SA 2 SA 3 SA 4 SA 5
Niveau SA SA 1 SA 2 SA 3 SA 4 SA 5
Effectif 14 67 73 70 15
Moyenne -5,3 -2,3 -0,1 2,3 4,9
Minimum -8,7 -4,0 -1,0 1,1 4,2
Maximum -4,2 -1,0 1,0 4,0 6,5
Proportion 06% 28% 30% 29% 07%

D’après ces résultats, les classes SA 2, 3 et 4 constituent la tendance centrale des PPD
en matière de sécurité alimentaire.

84
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
b) CAH de la surface vivrière
En ce qui concerne la classification des observations en fonction de leur surface de
cultures vivrières, les objets centraux des classes sont donnés identifiés par le biais de
CAH (tableau 22).

Tableau 22 : Tableau des objets centraux des catégories de surface vivrière

Catégorie Objet central Score SA


Viv 1 Obs204 180
Viv 2 Obs91 876
Viv 3 Obs78 1 381
Viv 4 Obs38 1 965
Viv 5 Obs92 2 647

Les observations sont classées en cinq groupes qui se distinguent par leur score en
sécurité alimentaire. Le tableau synoptique des classes facilite la comparaison interclasse
(tableau 23).

Tableau 23 : Tableau synoptique des classes

Viv 1 Viv 2 Viv 3 Viv 4 Viv 5


N 206 24 6 2 1
Moyenne 176 901 1 420 1 959 2 647
Minimum 0 684 1 210 1 954 2 647
Maximum 622 1.097 1 592 1 965 2 647
Proportion 86,2% 10,1% 2,5% 0,8% 0,4%

Ces résultats font remarquer que la classe vivrière 1 est la plus dominante en
englobant 86% des PPD de la population.

2.2.1.7 Deux types d’exploitations agricoles


Les différentes modalités ont été étudiées avec AFC.

85
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
a. Profils-lignes
Les associations entre les classes sont données par le tableu 24.

Tableau 24 : Tableau de profil des lignes

Mode SA SA3 SA4 SA2 SA1 SA5


ProdERI 0,40 0,04 0,44 0,08 0,04
ProdPSA 0,30 0,18 0,40 0,11 0,00
SubERI 0,40 0,55 0,00 0,00 0,05
SubPSA 0,27 0,41 0,18 0,01 0,13
Moyenne 0,34 0,29 0,25 0,05 0,05

Les associations suivantes sont mises en évidence par ces résultats :

- ProdERI avec SA3 et SA2 présentent une bonne association, de même pour
ProdPSA et SA2 i.e. les classes moyennes en sécurité alimentaire appartiennent au mode
Productivité
- Association notable entre SA1 d’un côté et les modes ProdPSA et ProdERI de
l’autre côté i.e. le niveau de sécurité alimentaire le plus médiocre est constitué principalement
par des agriculteurs en mode Productivité
- Association importante entre SubERI et SA4 d’une part et entre SubPSA et
SA4 d’autre part ; autrement dit le bon niveau de sécurité alimentaire est principalement
composé des PPD en mode Subsistance.
- Association notable entre SubPSA et SA5 : SA5 composé majoritairement par
Subsistance PSA ; ce qui insinue que le meilleur niveau de sécurité alimentaire est le mode
subsistance.

b. Distance du Khi2 des lignes


Le tableau 25 donne les informations sur la proximité entre les classes :

Tableau 25 : Distances du Khi² - lignes

ProdERI ProdPSA SubERI SubPSA


ProdERI 0,00 0,39 1,30 0,99
ProdPSA 0,39 0,00 1,16 0,91
SubERI 1,30 1,16 0,00 0,58
SubPSA 0,99 0,91 0,58 0,00

86
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Ces résultats dénotent une proximité respective entre les modes Subsistance d’une part
et entre les modes Productivité d’autre part pour les deux échantillons i.e. il y a une similitude
entre les Subsistances et entre les Productivités des deux populations PSA et ERI. Par contre,
une opposition flagrante entre mode Subsistance et mode Productivité est mise en exergue. Le
graphique asymétrique des lignes visualise ces associations (figure 18).

Graphique symétrique
(axes F1 et F2 : 96,34 %)
0,5
SubERI

SA1 SA4
F2 (9,54 %)

ProdPSA SA3
0
SubPSA
SA2
ProdERI

SA5
-0,5
-1 -0,5 0 0,5 1
F1 (86,80 %)
Colonnes Lignes

Figure 17 : Graphique symétriques des lignes


Cette représentation graphique indique une association entre le mode Productivité et
un bas niveau de sécurité alimentaire d’une part et le mode Subsistance et un bon niveau de
sécurité alimentaire d’autre part.

2.2.1.8 Influence de la surface vivrière sur l’autonomie en riz

a. Régression linéaire et modélisation


Le coefficient de corrélation de Pearson entre l’autonomie en riz et la surface
vivrière R est égal à 0,25. Ceci explicite une relation positive modérée. Dans ce sens, par la
méthode de régression linéaire est sortie l’équation du modèle Autonomie en riz =
5,89+0,002Vivrière où Vivrière est la surface en ares des cultures vivrières de l’exploitation.

b. Analyse de variance entre autonomie en riz et surface vivrière


La statistique descriptive a permis de calculer la surface vivrière moyenne de chacune
des deux modes de sécurité alimentaire (tableau 26).

Tableau 26 : Surface vivrière moyenne des deux modes de sécurité alimentaire

Mode SA Vivrière (are)


Prod 267,54
Sub 343,64

87
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
L’ANOVA confirme cette relation positive entre les deux variables au seuil de 0,05
(tableau 27).

Tableau 27 : Tableau d’analyse du modèle

Somme des ddl Moyenne des F Signification


carrés carrés
Inter-groupes 99,28 4 24,82 2,73 0,03
Intra-groupes 2130,46 234 9,10
Total 2229,74 238

La représentation graphique de l’ANOVA témoigne de cette corrélation positive entre


la durée de l’autonomie en riz et la taille de la surface vivrière des PPD (figure 19).

Figure 18 : Diagramme des moyennes


Bref, la taille de la surface vivrière a une influence positive sur la durée de
l’autonomie en riz des PPD.

2.2.2 Analyse de la vulnérabilité des PPD


La vulnérabilité est le risque d’être blessé, d’être détruit par un facteur. A travers les
travaux de recherche bibliographique, des facteurs de vulnérabilité en sécurité alimentaire de
la zone d’étude ont été inventoriés. Ces facteurs sont de différents types avec un degré
d’importance proportionnelle ou inversement proportionnelle à la sécurité alimentaire de
l’exploitation agricole :
Facteur proportionnel à la sécurité alimentaire :
- la possibilité de production vivrière
- la possibilité de revenu non agricole
Facteur inversement proportionnel à la sécurité alimentaire :
- le changement climatique, les aléas naturels,
- l’accès aux intrants
- les problèmes fonciers
- la dégradation environnementale et des infrastructures hydro-agricoles
- l’insécurité

88
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
- la chute des prix des produits agricoles
- la fluctuation saisonnière des prix des denrées alimentaires
- la disponibilité d’aliments au marché
- la baisse généralisée du pouvoir d’achat

De là découle le score de vulnérabilité de chaque groupe (tableau 28).

Tableau 28 : Analyse de la vulnérabilité en sécurité alimentaire des groupes

Variable Risque Importance du risque * Observations


Subsistance Productivité
La possibilité
Changement climatique 2 4 d’alternative est fonction
de la taille d’exploitation

Plus on a besoin
Accès aux intrants 4 3 d’intrants, moins on en
serait satisfait

L’insécurité foncière est


Insécurité foncière 4 2 proportionnelle à la
Capacité de superficie
production en riz
Dégradation des Plus la superficie est
infrastructures hydro- 4 2 grande, plus le risque est
agricoles grand

Dégradation Plus la superficie est


environnementale : fertilité, 4 2 grande, plus le risque est
ensablement grand

Les plus grands sont les


Insécurité sociale 4 3
plus exposés

La chute des prix impacte


Chute des prix des produits
4 2 plus ce qui en produit
agricoles
Autonomie en beaucoup
riz
La crise affecte plus ceux
Crise économique 2 5
qui sont moins autonomes

L’inflation est plus sentie


Fluctuation saisonnière du
IAS 1 5 par ce qui dépend plus du
prix de riz
marché

Disponibilité des produits Plus on produit, moins on


Diversité
de substitution sur le 5 1 dépend du marché
alimentaire
marché

Niveau de risque en sécurité alimentaire 34 29


* : échelle par ordre d'importance croissante de 1 à 5 sur le groupe

89
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
D’un point de vue général, le groupe SUBSISTANCE est plus vulnérable que le
groupe PRODUCTIVITE en matière de sécurité alimentaire. Par contre les exploitations
agricoles du type Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que celles du type
Productivité.

2.3 Discussions

2.3.1 La différenciation des exploitations en sécurité alimentaire

2.3.1.1 Les modes de sécurité alimentaire


Il y a deux types de mode de sécurité alimentaire au sein des PPD : le mode
Productivité et le mode Subsistance. Les agriculteurs du mode Productivité sont des
agriculteurs qui ont une bonne capacité de production et un meilleur taux de diversification
culturale, ils investissent beaucoup leurs efforts et leurs ressources pour leur productivité afin
d’assurer leur sécurité alimentaire. Les agriculteurs qui fonctionnent avec le mode
Subsistance quant à eux font plus attention à leur autonomie en riz et au changement de
régime alimentaire ; ils sont plus sensibles à leur subsistance afin d’assurer leur sécurité
alimentaire. Autrement dit, le groupe Subsistance est ainsi caractérisé par des PPD qui
priorisent l’autosubsistance en préservant leur autonomie en riz et en gérant leur Insécurité
Alimentaire Saisonnière. Le groupe Productivité quant à lui regroupe les PPD qui
s’investissent davantage sur la productivité i.e. la capacité de production rizicole et la
diversification culturale pour consolider leur sécurité alimentaire.

Les modes Subsistance et Productivité ont la même proportion de 50-50 dans l’univers
d’étude. Ce qui met à égalité les variables en termes d’importance malgré la différence
d’ordre d’importance à l’intérieur de chaque échantillon.

Les analyses dénotent certaines différences entre les deux modes en matière de
sécurité alimentaire. Les meilleurs niveaux de sécurité alimentaire vont avec le mode
Subsistance tandis que le niveau moyen et le niveau moins élevé en sécurité alimentaire sont
associés au mode production.

90
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Le tableau synoptique des variables de sécurité alimentaire des groupes permet de
conclure sur les différences des deux modes de sécurité alimentaire (tableau 29).

Tableau 29 : Comparaison entre modes de sécurité alimentaire

SUBSISTANCE PRODUCTIVITE
Meilleure autonomie en riz Faible autonomie en riz
Perturbation de régime alimentaire moins longue Perturbation de régime alimentaire plus longue
Surface vivrière plus importante Surface vivrière moins importante
Diversification culturale moins importante Diversification culturale plus importante

Des différences et des ressemblances entre la population PSA et la population ERI


sont mises en exergue si l’on tient compte des données du tableau synoptique des variables de
sécurité alimentaire des groupes (Tableau n°11).

Tableau 30 : Comparatif des deux échantillons PSA- ERI :

PSA ERI
Population rizicole Population vivrière
Plus de diversification culturale Moins de diversification culturale
Plus de diversification de revenu Moins de diversification de revenu
Meilleure autonomie pour le mode Meilleure autonomie pour le mode
subsistance subsistance

Les moyennes de l’indice de sécurité alimentaire de PSA et ERI sont statiquement


égales. Ce qui implique que la moyenne du niveau de sécurité alimentaire des deux
populations est la même 05 après les projets malgré la différence de traitements et
d’approches des deux interventions.

IAS a à la fois le plus grand coefficient et le plus grand coefficient standardisé ß que la
diversité et la capacité en riz. Ceci traduit l’importance de la durée de la période de soudure
dans la sécurité alimentaire. De là retentissent deux questions centrales à géométrie variable :
« Comment résorber l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ? » ou bien « Que faire pour que les
agriculteurs aient une autonomie en riz la plus longue possible ? » La première question
aborde la sécurité alimentaire par le concept de vulnérabilité tandis que la deuxième traite la
sécurité alimentaire par le concept de capabilité et de résilience. Ceci permet de conclure que
le problème de la sécurité alimentaire se traite mieux par l’approche de la vulnérabilité

91
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
résiliençaire (Provitolo & Antipolis, 2009). Le coefficient standardisé ß de l’IAS reste
toujours le plus grand en termes de valeur absolue pour toutes les variables de la modélisation
à effets combinés. Ceci confirme son importance primordiale et par extension celle de
l’autonomie en riz dans la sécurisation alimentaire.

2.3.1.2 Le rôle de la production vivrière dans la sécurité alimentaire


Les exploitations agricoles arrivent à avoir un bon niveau de sécurité alimentaire
quand elles pratiquent l’économie de subsistance où toutes les productions agricoles
notamment vivrières sont destinées à la consommation. Les produits vivriers contribuent de
façon significative à la composition de la ration alimentaire journalière. Par contre, une trop
grande surface vivrière n’en donne pas l’effet escompté sur la sécurité alimentaire si la
surface rizicole est trop petite. Dans cette lancée, les exploitations qui ont une surface vivrière
importante parviennent à maintenir un niveau de sécurité alimentaire moyen.

La corrélation positive entre le bon niveau d’autonomie en riz et l’importance de la


culture vivrière traduit la contribution de cette dernière dans la sécurité alimentaire des
exploitations agricoles.

2.3.2 Le profil de la sécurité alimentaire des PPD


A la lumière des découvertes exposées ci-dessus, les réflexions suivantes jaillissent en
matière de sécurité alimentaire, d’approche en développement et surtout en matière de
vulnérabilité de la sécurité alimentaire paysanne.

2.3.2.1 Les paramètres déterminants de la sécurité alimentaires


Etant donné que par ordre d’importance décroissante des variables de la sécurité
alimentaire, on a IAS (et Autonomie en riz), Diversité culturale, Capacité de production de
riz, de ce fait, l’accessibilité au riz est placée au cœur des analyses et des discussions sur la
vulnérabilité en sécurité alimentaire. Une bonne disponibilité en riz n’est pas suffisante pour
assurer une amélioration conséquente de la sécurité alimentaire. Autrement dit,
l’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité
alimentaire d’un ménage agricole. Il faut faire en sorte que la récolte rizicole soit destinée le
plus possible à l’autoconsommation du ménage de l’exploitation agricole. Ce qui implique
des mesures de mitigation contre la conversion des produits rizicoles en d’autres besoins. En
effet, la production agricole constitue une activité génératrice de revenu pour les exploitants
(Ranaivoson, 2010) et de qui ces derniers tirent les ressources financières nécessaires à leur
subsistance.

92
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Il a était noté que les agriculteurs du mode Subsistance, qui ont une meilleure
autonomie en riz et une IAS moins importante, possèdent les plus grandes surfaces agricoles
(riz et vivriers). Par contre ils font moins de diversification culturale. Dans cette percée,
l’analyse statistique dénote une relation positive intense entre Surface Vivrière et Autonomie
en riz avec un coefficient de corrélation de Pearson égale à 0,25 entre ces deux variables
contre 0,15 entre la superficie rizicole et la suffisance en riz. Ceci insinue que la production
vivrière a plus d’influence que la riziculture sur l’autonomie en riz. La production vivrière
constitue ainsi une variable proxy de l’autonomie en riz et de l’IAS. Ceci confirme et reflète
le caractère tridimensionnel de la sécurité alimentaire (FISCR, 2005) qui ne peut être de bon
niveau que si et seulement si les trois dimensions sont en même temps améliorées.

2.3.2.2 La vivrière comme tampon alimentaire et tampon financier


Les produits vivriers de l’exploitation agricole contribuent à la composition des
rations alimentaires journalières du ménage. Plus le ménage dispose d’aliments
complémentaires et de substitution, plus le stock en riz est préservé et plus l’autonomie en riz
du ménage est prolongée (Andrianaivoarimanga & al., 2016). Et c’est le cas des PPD du mode
Subsistance, en contraste avec les PPD du mode Productivité qui produisent moins de vivriers
et par conséquent utilisent plus de riz dans leur ration journalière. Plus la proportion de riz
dans la ration est importante, plus vite s’épuise le stock en riz ; par conséquent l’autonomie en
riz se réduise et la période de soudure s’allonge. Ceci démontre le rôle des cultures
vivrières en tant que tampon alimentaire sans substituer la riziculture. Randriamiandrisoa &
Ballet (2014) ont constaté le même fonctionnement pour les ménages du sud-est de
Madagascar. L’agriculture familiale a la potentialité de lutter contre la famine (Fall, 2014).

Des études précédentes ont constaté que les agriculteurs de la région d’Alaotra
Mangoro ont un revenu basé sur les cultures vivrières (Ranaivoson, 2010). Les PPD du
groupe Subsistance sont plus investis dans la production de vivriers dont la convertibilité
permet un maximum de recette et donne ainsi la possibilité de subvenir aux besoins financiers
du ménage sans trop ronger leur réserve en riz et assurer par la suite une bonne autonomie en
riz. Par contre, les PPD du groupe Productivité possèdent sensiblement la même capacité en
riz, voire plus que le groupe Subsistance de riz ; mais ils font moins de vivriers, 267,54 ares
contre 343,64 ares pour les PPD du mode subsistance. La production rizicole du groupe
Productivité est ainsi partagée entre leurs besoins financiers et leurs besoins alimentaires. La
réserve en riz du ménage est de ce fait cambriolée pour subvenir aux besoins financiers et au
détriment de l’autonomie en riz du ménage. Par conséquent s’allonge leur Insécurité
Alimentaire Saisonnière. De là peut-on conclure que la production vivrière de l’exploitation

93
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
agricole joue un rôle de tampon financier dans l’économie du ménage. La production vivrière
offre une alternative à la monétisation de la production rizicole. Ce qui en en accord avec le
rôle de l’agriculture familiale comme générateur de revenu pour le ruraux (FIDA, 2014)

La production vivrière avec son double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon
financier, mitige et atténue l’érosion du stock en riz du ménage agricole. Elle contribue
significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et à la réduction de l’Insécurité
Alimentaire Saisonnière des exploitations agricoles.

2.3.2.3 L’effet des approches sur la durabilité


Avec le même mécanisme, le revenu supplémentaire joue aussi ce rôle de tampon
financier ; il permet aux agriculteurs de sauvegarder l’autonomie en riz du ménage. Plus les
revenus additionnels sont importants, plus le ménage a une alternative pour préserver son
autonomie en riz en vue d’une meilleure sécurité alimentaire. Ce constat est plus flagrant pour
la population PSA. Et ceci explique pourquoi les deux échantillons ont un niveau de sécurité
alimentaire similaire malgré la différence de niveaux d’interventions. Cette différence
d’approche des projets importe en effet moins sur la durabilité des résultats laissés auprès des
agriculteurs à l’instar de PSA et d’ERI. Le premier a travaillé davantage en amont la chaîne
de production tandis que le second en aval, sur la transformation et la commercialisation en
tant qu’activités génératrices de revenu.

2.3.2.4 L’échelle de la sécurité alimentaire des PPD


De tout ce qui précède, l’esquisse de l’échelle de sécurité alimentaire s’élabore (figure
20). D’une part, elle permet de situer une exploitation agricole si l’on connait son score en
sécurité alimentaire. Ce score est calculable moyennant des équations des modèles de sécurité
alimentaire. D’autre part, cette échelle instruit sur les interventions à préconiser si l’on veut
aider une exploitation agricole à améliorer le niveau de sa sécurité alimentaire. Par exemple,
une exploitation agricole de niveau 1 a besoin de migrer vers le mode Subsistance afin de voir
son niveau de sécurité alimentaire s’améliorer. Ceci implique des interventions misant sur la
promotion d’AGR et/ou de cultures vivrières selon le mécanisme de la sécurité alimentaire
exposé précédemment.

94
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
Les exploitations qui fonctionnent avec le mode subsistance ont un meilleur niveau de
sécurité alimentaire que celles qui tournent avec le mode productivité.

7
6
SA 5
5
Mode
4
Subsistance
3
2 SA 4
1
0
SA 3
-1
-2
-3 SA 2
-4 Mode
-5 Productivité
-6
-7 SA 1
-8
-9

Figure 19 : Echelle de la sécurité alimentaire

Pour promouvoir un développement inclusif, faut-il dès la conception tenir compte de


la différence de niveau et de mode sécurité alimentaire des agriculteurs si l’on veut embrasser
des impacts plus tangibles et plus sentis parmi les bénéficiaires. En effet, de la pertinence des
analyses dépend l’efficacité en matière d’inclusion des bénéficiaires cibles des interventions
(FISCR, 2005).

2.3.2.5 La vulnérabilité de la sécurité alimentaire


La sécurité alimentaire des exploitations agricoles est un concept multidimensionnel
sur qui un bon nombre de facteurs de vulnérabilité ont des potentialités de nuire. Le risque
pour les exploitations agricoles d’être frappées par ces effets déclencheurs d’insécurité
alimentaire varie suivant leur mode de sécurité alimentaire. L’analyse de vulnérabilité a
permis dans ce sens de constater que les ménages ayant un bon niveau de sécurité alimentaire
en sont plus vulnérables. En effet, la sécurité alimentaire dépend beaucoup plus des facteurs
de production. Elle réalise sa performance tout en courant le risque d’être perturbée et frappée
mais l’effet n’est pas effectif que si la frappe soit réelle. La vulnérabilité est effectivement le
risque d’être blessé mais non pas une blessure effective (Thomas, 2008). Ce qui insinue la

95
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants
nécessité d’un parapluie mettant à l’abri les exploitations contre les effets du changement
climatique, la difficulté d’accès aux intrants, l’insécurité foncière, la dégradation des
infrastructures hydro-agricoles, la dégradation environnementale, l’insécurité sociale, la
dépréciation de produits agricoles, la crise économique, la fluctuation saisonnière du prix de
riz ainsi que le manque de disponibilité de produits de substitution sur le marché. Bref, un bon
niveau de sécurité alimentaire a une face cachée de forte vulnérabilité. Ceci explique la
pauvreté chronique récurrente et sévissante de la population de Moramanga en particulier et
de la Grande Ile en général. Les projets de développement arrivent à améliorer la sécurité
alimentaire des agriculteurs mais la face cachée de vulnérabilité n’est pas traitée et une fois
que ces risques encourus virent en frappes réelles, à l’instar des cataclysmes naturels et des
crises socio-politiques répétitives, les acquis en matière de sécurité alimentaire s’écroulent et
les exploitations agricoles reviennent à la cage de départ pour recommencer le cercle vicieux
de la pauvreté. Ceci explique l’aggravation de la situation alimentaire des ménages ruraux
malgré les interventions entreprises jusqu’alors (PAM, 2014).

2.3.2.6 Le mécanisme de la sécurité alimentaire


De tout ce qui précède, le mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD est un
mécanisme multiparamétrique (figure 21), il est constitué par différentes variables de la
sécurité alimentaire.

Figure 20 : Mécanisme de la sécurité alimentaire des PPD


Source : auteur

A chaque niveau du mécanisme de sécurité alimentaire risquent de frapper des


facteurs déclencheurs de la vulnérabilité des PPD. Ces dits facteurs sont à l’origine (Bellier &
al., 2004) de la différenciation des PPD en matière de sécurité alimentaire.

96
Différenciation de la sécurité alimentaire des paysans positivement déviants

Conclusion partielle
Les paysans positivement déviants adoptaient deux modes de sécurité alimentaire.
Ceci conduit à leur différenciation en matière de sécurité alimentaire. Dans ce sens, le fait
d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que partiellement le problème de la
sécurité alimentaire. Ceci explique les échecs d’une pléiade de projets d’extension rizicole
dans l’amélioration de la sécurité alimentaire de la population de la Grande Ile. La production
vivrière et les revenus supplémentaires contribuent significativement à l’amélioration de
l’autonomie en riz et par effet ricoché, ils améliorent la sécurité alimentaire. Les produits
vivriers jouent un double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier, ils ont un
impact positif sur l’autonomie en riz et de loin sur la sécurité alimentaire des ménages
agricoles.

La disponibilité et la facilité d’accès aux denrées alimentaires pendant la période de


soudure permet de mitiger l’insécurité alimentaire saisonnière des agriculteurs. De même, la
diversification culturale a un impact positif sur la diversification alimentaire. De surcroît, elles
agissent positivement sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux.

Dans le domaine de la sécurité alimentaire, la performance n’exclut pas la


vulnérabilité. Plus les ménages ont une meilleure sécurité alimentaire, plus ils sont exposés
aux risques écologiques, sociales, économiques à travers les paramètres du mécanisme de la
sécurité alimentaire. Dans cette optique, réduire la vulnérabilité des agriculteurs en matière de
sécurité alimentaire revient à travailler et à renforcer à la fois la production vivrière, la
diversification de revenu et la facilitation de l’accès aux denrées commerciales pendant la
période de pénurie et la capacité de production rizicole. Plus l’intervention est holistique, plus
la sécurité alimentaire est renforcée et plus la vulnérabilité se réduit. Les effets déclencheurs
de cette vulnérabilité frappent principalement de l’extérieur de l’exploitation agricole et la
promotion de sécurité alimentaire durable implique un parapluie et non pas un filet de sécurité
pour mettre à l’abri celle-ci avant que le risque ne devienne une frappe effective. De là
s’ouvre la perspective d’interventions holistiques et complémentaires pour mâter la
recrudescence de l’insécurité alimentaire. L’Administration a pour sa part le devoir de
promouvoir la disponibilité des denrées pendant la période difficile.

97
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

III] ACCULTURATION AGRICOLE DES AGRICULTEURS


POSITIVEMENT DEVIANTS FACE AUX ACTIONS DE RESILIENCE

3 ACCULTURATION AGRICOLE DES PPD FACE AUX ACTIONS


DE RESILIENCE

98
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

Introduction
Si l’on répertorie dans un annuaire unique tous les projets de développement agricole
réalisés à Madagascar depuis son indépendance, la maison d’édition aurait du mal à faire
entrer le tout dans une seule version sans produire un ouvrage de plusieurs centaines de pages
à cause de la surabondance de tels projets. Ces projets sont tous aussi bien ficelés et formulés
les uns que les autres. Pendant leurs interventions respectives, les résultats laissaient présager
une bonne avancée en matière de vulgarisation agricole. Cependant, force est de constater que
la situation de la paysannerie du pays ne s’est pas améliorée (Ramananarivo S. , 2004). Au
lendemain de la fin des projets d’appuis, la progression et la performance des bénéficiaires
s’estompent ; pis encore, la majorité voit sa situation se dégrader après le sevrage. Résoudre
cette problématique conduit à répondre à deux questions de recherche :
- comment les PPD ont acculturé les actions de résilience après les projets de
développement ?
- quelle est l’effet de l’acculturation agricole des PPD sur leur sécurité alimentaire ?

En effet, il est intriguant d’appréhender la réaction comportementale des agriculteurs


après le départ des projets d’appuis qui leur ont servi de tuteur de résilience.

L’objectif général de la partie est de comprendre le mode d’acculturation des actions


de résilience des paysans positivement déviants. Les objectifs spécifiques sont au nombre de
deux :
- connaître la différenciation paysanne en matière d’acculturation agricole,
- élaborer un modèle d’acculturation agricole.

Les hypothèses de recherche sont que :


- les PPD ont une acculturation sélective,
- le dégré d’acculturation agricole a une influence sur la sécurité alimentaire
des PPD.
Deux résultats seront attendus de cette partie, ce seront les différents modes
d’acculturation agricole et le modèle d’échelle d’acculturation agricole des PPD.

Seront ainsi décortiqués successivement dans cette partie les matériels et méthodes
additionnels utilisés, les résultats de l’étude de l’acculturation agricole des PPD cinq ans après
la fin des projets et les discussions relatives à l’acculturation agricole.

99
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

3.1 Matériels et méthodes


Ce chapitre traite les variables relatives à l’acculturation agricole dans le cadre de
l’hypothèse n°2 et les méthodes d’analyse spécifique y afférentes.

3.1.1 Les variables de l’acculturation agricole


Afin d’améliorer le niveau de production des PPD et leur condition de vie, les axes de
résilience ayant trait aux techniques vulgarisées par les projets sont :
- la Diversification culturale,
- l’Adoption des techniques agricoles améliorées,
- l’Equipement agricole.

Ces trois dimensions sont illustrées respectivement dans la base de données par le taux
de diversification, le taux d’adoption technique et le taux d’équipement du PPD. Ils
constituent ainsi l’échelle d’acculturation agricole où chacun des PPD peut être situé suivant
leur niveau d’acculturation agricole respectif.

3.1.2 Méthode d’analyse des données


A titre de rappel, ce travail a été réalisé à travers deux échantillons indépendants qui
sont PSA et ERI. Les méthodes de traitement de données utilisées pour cette partie sont :
- l’ACP pour déterminer les composantes principales,
- l’AFD pour confirmer la typologie,
- la régression linéaire pour procéder à la modélisation,
- le test d’égalité d’échantillons indépendants qui comprend le test de normalité
des distributions et le test non paramétrique pour conclure sur la probabilité
d’égalité ou non des deux échantillons indépendants (PSA et ERI),
- la CAH,
- l’AFC pour étudier les associations entre modalités.

3.2 Résultats
Sont exposés successivement dans ce chapitre les résultats des analyses factorielles, la
typologie, la modélisation, la comparaison des échantillons et la modélisation générale avant
l’établissement de l’échelle d’acculturation agricole.

100
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

3.2.1 Modes d’acculturation agricoles des PPD

3.2.1.1 Acculturation agricole à deux composantes principales


L’ACP a permis de mettre en exergue les composantes principales (tableau 31).

Tableau 31 : Qualité de représentation

PSA ERI
Initial Extraction Initial Extraction
Diversification 1,00 0,60 1,00 0,69
Equipement 1,00 0,85 1,00 1,00
Adoption 1,00 0,84 1,00 0,69

Tous les coefficients d’extraction sont supérieurs à 0,5 donc toutes les variables
sont bonnes pour les analyses. De plus, les pourcentages de la variance des nuages des points
expliqués dans le traitement statistique selon les résultats du tableau 32 affichent une bonne
représentativité des deux premières composantes en dépassant la barre de 75%.

Tableau 32 : Variance totale expliquée

PSA ERI

Composante Valeurs propres initiales Valeurs propres initiales

Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés


variance variance
1 1,3 45 45 1,4 46 46
2 0,9 31 76 0,9 31 79
3 0,7 24 100 0,6 21 100

101
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Les deux premières composantes expliquent 75,9% de la variance pour PSA et 79,1%
pour ERI et remplissent ainsi la condition de fiabilité des analyses (tableau 33).

Tableau 33 : Matrice des composantes

PSA ERI
Avant rotation Après rotation Avant rotation Après rotation
Variables
Composante Composante Composante Composante
1 2 1 2 1 2 1 2
Diversification 0,77 -0,01 0,56 0,53 0,82 -0,13 0,83 0,01
Equipement 0,61 0,69 -0,04 0,92 0,20 0,98 0,03 0,99
Adoption 0,62 -0,67 0,91 -0,06 0,82 -0,11 0,83 0,04

La première composante est liée à la diversification culturale et à l’adoption des


techniques vulgarisées i.e. elle a trait à la « technicité » tandis que la deuxième composante
est liée à l’équipement des exploitations autrement dit la « force de production ». De là
découlent les équations primaires des deux modèles :

- PSA :
Composante F1 = 0,56 * Diversification + 0.91 * Adoption Technicité
Composante F2 = 0,92* Equipement Force de production
- ERI :
Composante F1 = 0,83 *(Diversification + Adoption) Technicité
Composante F2 = 0,99*Equipement Force de production

3.2.1.2 Les deux modes d’acculturation agricole


L’analyse factorielle discriminante a permis de prédire et de confirmer l’affectation de
chaque observation dans les groupes. Le tableau 34 donne les valeurs propres des fonctions
discriminantes.

Tableau 34 : Valeurs propres des fonctions discriminantes

Fonction Valeur % de la % cumulé Corrélation


propre variance canonique
PSA 0,72 100 100 0,65
ERI 1,33 100 100 0,76

102
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
D’après ces résultats, chacune des fonctions discriminantes explique respectivement
100% de la variation au seuil de 0,001. Ceci témoigne le maximum de fiabilité des fonctions
discriminantes.

L’analyse discriminante met en relief distinctement les groupes à l’intérieur de chaque


échantillon (tableau 35).

Tableau 35 : Affectation des observations de chaque échantillon par AFD


PSA ERI
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 1 Groupe 2
Force de Force de Force de Force de
Technicité Technicité Technicité Technicité
production production production production

Moyenne 1,17 0,33 0,38 0,43 1,17 0,55 0,57 0,66


Minimum 0,68 -2,30 0,00 0,12 0,66 -0,67 0,37 0,29
Maximum 1,42 0,75 0,61 0,65 1,48 0,81 0,85 0,94
Répartition 96% 4% 76% 24%

Ce tableau d’affectation explicite la prévalence de deux groupes d’acculturation et


leurs caractéristiques. Les affectations confirmées par le biais d’AFD permettaient de dessiner
le profil de chaque groupe moyennant des variables de l’acculturation agricole ainsi que les
répartitions des observations dans les deux groupes (figure 23).

100
90
80
Proportion en %

70
60
50
40
30
20
10
0
Technicité Force de Technicité Force de
production production
PSA ERI

Figure 21 : Répartition des observations par groupe d’acculturation

103
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Les deux échantillons PSA et ERI sont majoritairement dominés par les observations
de type technicité. AFC donne par la suite le profil des groupes selon les variables (tableau
36).

Tableau 36 : Profil des groupes selon les trois variables d’acculturation agricole

Population PSA ERI


Variable Groupe Groupe Force Groupe Groupe Force
Technicité de production Technicité de production
Diversification 0,70 0,59 0,62 0,44
Equipement 0,36 0,46 0,55 0,66
Adoption 0,86 0,05 0,79 0,24

Les observations du groupe Technicité sont marquées par des scores élevés en
diversification culturale et adoption technique tandis que celles du groupe Force de
production sont marquées par un score élevé en Equipement.

3.2.2 Modèles d’acculturation agricole


L’analyse de régression a permis de modéliser les modes d’acculturation agricole en
commençant par le récapitulatif des modèles (tableau 37).

Tableau 37 : Récapitulatif des modèles

Population Modèle R R-deux R-deux ajusté


PSA Technicité 1,00 1,00 1,00
Force de production 1,00 1,00 1,00
ERI Technicité 1,00 1,00 1,00
Force de production 1,00 1,00 1,00

Le coefficient de corrélation qui est égal à 1, confirme une corrélation parfaite entre
les variables et dont le niveau de signification est donnée par le tableau d’analyse de variance
(tableau 38).

104
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Tableau 38 : Analyse de variance

Population Modèle Somme des carrés ddl Sig.


Régression 8,61 2 0,000
Technicité Résidu 0,00 191
PSA Total 8,61 193
Force de Régression 25,16 1 0,000
production Résidu 0 192
Total 25,16 193
Régression 1,54 2 0,000
Technicité Résidu 0,00 31
ERI Total 1,54 33
Force de Régression 0,43 1 0,000
production Résidu 0,00 9
Total 0,43 10

L’analyse de variance confirmait le bon niveau de signification statistique de chaque


relation au seuil de 0,001. De là découlent les coefficients de régression de chaque modèle du
tableau 39.

Tableau 39 : Coefficient de régression des modèles

Coefficients non Coefficients


Population Modèle Sig.
standardisés standardisés
A Erreur Bêta
Constante -1,1*10-16 0,00 0,000
Technicité
Diversification 0,6 0,00 0,4 0,000
PSA
Adoption 0,9 0,00 0,8 0,000
Force de Constante 3,7*10-17 0,00 0,000
production Equipement 0,9 0,00 1,0 0,000
Constante -1,7*10-16 0,00 0,000
Technicité
Diversification 0,8 0,00 0,6 0,000
ERI
Adoption 0,8 0,00 0,7 0,000
Force de Constante 1,7*10-16 0,00 0,000
production Equipement 0,9 0,00 1,0 0,000

Les coefficients de corrélation permettent d’établir les équations respectives des


modèles pour chacun des échantillons est donc obtenue à partir de ces résultats :
- PSA :
Technicité = -1,1*10-16 + 0,6* Diversification + 0,9* Adoption
Force de production = 3,7*10-17 + 0,9 * Equipement

105
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
- ERI :
Technicité = -1,6*10-16 + 0,8* (Diversification + Adoption)
Force de production = 1,7*10-16+ 0,9 * Equipement

Chaque équation reflète les variables et ses importances sur chacun des modes
d’acculturation.

3.2.2.1 Equations des modèles en effet combiné


Etant donné que dans la réalité quotidienne des PPD, les variables ne sont pas vécues
de façon isolée mais plutôt concomitante sur l’exploitation et elles fonctionnent ainsi en effets
combinés ; ce qui rend plus pertinente l’analyse de régression linéaire multiple pour prendre
en compte cette réalité d’effet combiné.

Dans cette optique, Acculturation technique = Technicité + Force de production et


l’analyse de régression linéaire multiple produit comme les équations des deux modèles ci-
après, ceci en considérant que les constantes sont négligeables et AAg signifie Acculturation
Agricole :
AAgPSA = 0,6* Diversification + 0,9* Adoption + 0,9 * Equipement
AAgERI = 0,8*(Diversification + Adoption) + Equipement

Ces équations permettent de calculer dans la pratique le niveau d’acculturation


agricole de n’importe quelle exploitation agricole de PSA et d’ERI quand on connaît les
scores de ses taux de diversification culturale, d’adoption technique et d’équipement.

3.2.2.2 Similarité de l’acculturation agricole des deux échantillons


La comparaison des deux modèles d’acculturation agricole se fait à travers les
méthodes de comparaison de deux échantillons indépendants qui commencent par le test de
normalité.

a. Test de normalité
Les indices de normalité pour les deux échantillons sont donnés au tableau 40.

Tableau 40 : Indices de normalité des deux échantillons PSA et ERI

Score AAg PSA ERI


Effectif 194 45
Asymétrie -2,0 -0,8
Aplatissement 6,7 -0,1

106
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

Les valeurs des coefficients d’aplatissement et d’asymétrie de PSA ne sont pas


comprises entre -2 et +2. Ceci permet de conclure que la distribution de PSA ne suit pas une
loi normale et ne remplit pas ainsi la condition requise pour comparer les deux échantillons au
test t-Student. La transformation donne le même résultat. De ce fait, il reste le test non
paramétrique pour comparer les deux échantillons.

b. Test non paramétrique


Trois types de test non paramétrique ont été utilisés pour comparer les deux
échantillons, à savoir les tests de Wald-Wolfowitz, de Kolmogorov-Smirnov et celui de
Kruskal-Wallis (tableau 41).

Tableau 41 : Signification du test de comparaison en acculturation agricole

Hypothèse nulle Test Signification* Décision

La distribution des modèles Test de Wald- Retenir


Reg H2 est identique sur les Wolfowitz à l’hypothèse
1 0,26
catégories des populations échantillons nulle
d’origine indépendantes

La distribution des modèles Test de Kolmogrov- Retenir


Reg H2 est identique sur les Smirnov à l’hypothèse
2 0,74
catégories des populations échantillons nulle
d’origine indépendantes

La distribution des modèles Test de Kruskal- Retenir


Reg H2 est identique sur les Wallis à échantillons l’hypothèse
3 0,59
catégories des populations indépendantes nulle
d’origine

* le niveau de signification est 0,05.

Les trois tests non paramétriques donnent des résultats concordants en recommandant
de retenir l’hypothèse nulle, c’est-à-dire les moyennes de l’acculturation agricole des deux
échantillons PSA et ERI sont égales. Les deux échantillons peuvent être donc assimilés en
une seule échelle.

3.2.2.3 Classification Hiérarchique Ascendante


La CAH, a permis une classification des observations selon leurs scores
d’acculturation agricoles a été effectuée (tableau 42).

107
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Tableau 42 : Les objets centraux

Classe Score AAg


1 2
AAg 1(Obs 134) -1,0
AAg2 (Obs55) 0,4
AAg3(Obs205) 1,0
AAg4(Obs31) 1,4
AAg5 (Obs35) 1,8
1
AAg : Acculturation agricole
2
Obs : Observation

Les observations ont été classées par ordre d’importance croissante en cinq catégories
de 1 à 5. Les scores en acculturation agricole permettent de les distinguer (tableau 43).

Tableau 43 : Le tableau synoptique des classes

Niveau AAg AAg1 AAg2 AAg3 AAg4 AAg5


Moyenne -0,8 0,4 1,0 1,4 1,8
Max -0,5 0,6 1,2 1,6 2,1
Min -1,0 0,1 0,7 1,2 1,6

La catégorie AAg1 possède le niveau d’acculturation agricole le moins élevé et AAG


a le niveau d’acculturation agricole le plus élevé.

3.2.2.4 Analyse Factorielle des Correspondances


La combinaison des résultats en AFD et CAH permet de procéder à la typologie par le
biais d’AFC qui donne en premier lieu les profils lignes (tableau 44).

Tableau 44 : Profils lignes

AAg1 AAg2 AAg3 AAg4 AAg5


FdPro ERI 0,0 0,0 0,2 0,4 0,4
FdPro PSA 0,0 0,3 0,7 0,0 0,0
Tech ERI 0,0 0,1 0,1 0,2 0,5
Tech PSA 0,0 0,0 0,1 0,3 0,5
Moyenne 0,0 0,11 0,3 0,2 0,4

Ce tableau permet de détecter la proximité entre trois modalités à savoir FdPro ERI,
Tech ERI, Tech SA et un cas déviant de FdPro PSA qui est en association avec AAg 3.

108
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
L’analyse de distances du Khi² donne d’une autre manière les distances entre les modalités
(tableau 45).

Tableau 45 : Tableau des distances du Khi² (lignes)

FdPro ERI FdPro PSA Tech ERI Tech PSA


FdPro ERI 0,0 2,1 0,5 0,3
FdPro PSA 2,1 0,0 1,9 2,2
Tech ERI 0,5 1,9 0,0 0,4
Tech PSA 0,3 2,2 0,4 0,0

Les distances du Khi² confirment les associations et les proximités identifiées en haut.
Le graphique asymétrique des lignes donne une représentation graphique des associations et
des similitudes entre les modalités.

Graphique asymétrique des lignes


(axes F1 et F2 : 98,67 %)
2
AAg3
1
FdProERI
AAg4 FdProPSA
0
F2 (8,00 %)

TechPSA
AAg5TechERI
-1
AAg1
-2

-3
AAg2
-4
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
F1 (90,67 %)

Lignes Colonnes

Figure 22 : Graphique asymétrique des lignes

Les associations mises en exergue par le graphique sont :


o AAg 1 avec Tech PSA et Tech ERI
o AAg2 et FdProd PSA
o AAg3 et FdProd PSA
o AAg4 et FdProd ERI
o AAg 5 constitue la classe moyenne liée avec toutes les modalités sauf FdProd
PSA

109
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Ces résultats donnent une confirmation de l’acculturation sélective et différentielle des
PPD par rapport aux techniques vulgarisées par les projets d’appuis. Mais le meilleur niveau
d’acculturation agricole (AAg4 et AAg5) est associé à l’ensemble des deux modes
(Technicité et Force de production).

3.3 Discussions
La discussion commencera par les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole
des PPD et progressera vers des discussions analytiques pour approfondir le sujet en question.

3.3.1 Les découvertes de l’étude sur l’acculturation agricole


Deux modes d’acculturation agricole se distinguent chez les paysans positivement
déviant. Ce sont l’innovation technique et l’amélioration de la force de production. En effet,
96,4% des PPD pour PSA et 75,6% pour ERI ont continué l’application des techniques de
production tandis qu’une minorité de 03,6% pour PSA et une poignée non négligeable de
24,4% des PPD de l’ERI ont poursuivi l’amélioration de leur force de production par le
renouvellement et le renforcement de leurs équipements agricoles.

Le tableau de profil reflétant les caractéristiques de chacun des groupes


d’acculturation a été élaboré à la suite des résultats (tableau 46).

Tableau 46 : Caractéristiques des groupes Technicité et Force de production

Groupe Technicité Groupe Force de production


Diversification Diversification avancée Diversification moyenne
Equipement Faible renouvellement de Force de production
force de production moyennement renouvelée

Adoption Fort taux d'adoption Très faible taux d'adoption

Ces caractéristiques permettent de conclure que les PPD du groupe TECHNICITE ont
une acculturation agricole avancée des itinéraires techniques tandis que les PPD du groupe
FORCE DE PRODUCTION ont adopté une acculturation orientée vers les moyens de
production i.e. une adoption partielle des techniques vulgarisées et plus d’initiative sur
l’acquisition de moyens de production. Autrement dit, les agriculteurs ont une acculturation
sélective des techniques vulgarisées par les projets de développement. La majorité adopte plus
le « soft » plutôt que le « hard ».

110
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
En outre, le coefficient r de Pearson affiche une relation positive parfaite entre les
variables latentes et les variables indépendantes de l’acculturation agricole, à savoir la
diversification culturale, l’adoption technique et l’équipement. L’équipement et l’adoption
sont, d’après ces résultats, les variables les plus déterminantes dans l’acculturation agricole.

Les équations des modèles en effets combinées confirment l’importance de


l’équipement puis de l’adoption dans le niveau d’acculturation agricole. Les moyennes de
l’acculturation agricole des deux échantillons sont statistiquement égales. Force est de
constater que pour l’échantillon PSA, l’analyse de corrélation montre que la sécurité
alimentaire et l’acculturation agricole a une relation positive forte avec r= 0,34 au seuil de
0,001.

3.3.2 L’acculturation agricole des PPD

a) Le tendem itinéraire technique-équipement


La capacité d’auto-équipement est conditionnée par le problème de pouvoir d’achat et
la rareté des projets d’appuis après le départ du tuteur de résilience. La culture d’assistanat
renforce ces problèmes et entretient les PPD à attendre des subventions et de l’aide extérieure
au lieu de prendre en charge le renforcement de leur force de production. Une haute technicité
sans force de production suffisante n’apporte pas d’amélioration à la productivité escomptée.
L’acculturation technique est conditionnée par le coût de l’adoption. L’adoption des
techniques de production est moins chère que celle de l’équipement. (Andrianaivoarimanga &
al., 2017b)Une amélioration de la productivité nécessite à la fois l’amélioration technique et
le renforcement de la force de production. Ces deux paramètres doivent être concomitants
pour amorcer et développer la force de changement au niveau des exploitations agricoles.

De ce fait, promouvoir le développement agricole revient à pallier ce problème de


capacité d’équipement des exploitations agricoles. Les aspects « soft » de la vulgarisation sont
mieux assimilés par les agriculteurs mais les aspects « hard » nécessitent des facilitations et
des précurseurs adaptés pour faire passer la pilule pas seulement pendant les projets de
développement mais aussi et surtout au lendemain du « close out ». Dans ce sens, un
dispositif éducatif visant à résorber l’esprit d’assistanat et de cultiver progressivement un
esprit d’auto-prise en charge est incontournable pour une transformation des modes pensée et
de production des exploitations agricoles (Cuche, 1996) vers une nouvelle culture enclin aux
innovations techniques et à l’utilisation des équipements agricoles (Benabdallah, 2010). Les
interactions des exploitants agricoles avec les interventions des projets (O'Guinn et al., 1986)
doivent permettre la construction cette nouvelle mode de production de façon irréversible

111
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
même après la fin des projets d’appuis. Autrement dit, une assimilation progressive des
innovations (La Framboise, 1993) ; (Wallendorf & Reilly, 1983) que les projets se doivent
préconiser s’ils se soucient réellement d’une transformation positive de la population agricole.

b) Corrélation entre sécurité alimentaire et acculturation agricole


La forte corrélation entre la sécurité alimentaire et l’acculturation agricole implique
que l’efficacité de vulgarisation des techniques agricoles améliorées dépend en partie de
l’amélioration de la sécurité alimentaire ; la réciproque est aussi vraie. Plus les techniques
améliorées sont assimilées et acculturées dans leur intégralité, plus la sécurité alimentaire des
agriculteurs s’améliorent. Une adoption partielle est synonyme d’amélioration limitée.
Autrement dit, viser une amélioration conséquente de la sécurité alimentaire des agriculteurs
nécessite à la fois un parquet technique le plus complet possible et une forte efficacité
d’acculturation de la part des intervenants. De son côté, les agriculteurs voulant gravir à un
niveau de sécurité supérieur doit optimiser l’adoption des itinéraires techniques agricoles
améliorées, à la fois « soft » et « hard ». A ce stade, il ne s’agit plus seulement d’une question
d’approche mais aussi et surtout d’une conviction des deux parties, à savoir, les intervenants
et les agriculteurs car vouloir c’est pouvoir et la question d’approche viendra après.

c) Echelle de l’acculturation agricole


De tout ce qui précède, l’esquisse d’échelle d’acculturation ci-après a pu être établie
(figure 25). Elle reflète cette complémentarité entre la technicité et l’équipement dans le
changement de pratique des producteurs en vue d’une meilleure productivité et de loin d’une
amélioration de leur condition de vie. Le niveau d’acculturation est fonction de l’intensité de
chacune de ces variables dans les activités agricoles des agriculteurs. Le plus bas niveau
correspond à l’adoption unidimensionnelle des techniques agricoles tandis que le meilleur
niveau d’adoption va avec une meilleure adoption technique et d’un bon niveau d’équipement
de l’exploitation agricole.

En outre l’échelle d’acculturation agricole permet de situer les bénéficiaires d’un


projet (Benabdallah, 2010) mais aussi et surtout suggère ce que doit être le tenant et
l’aboutissant de la vulgarisation à faire pour parvenir à une amélioration de la productivité des
exploitations agricoles. Par exemple, avoir à faire avec des agriculteurs du niveau AAg1
implique une intervention misant plus sur l’acquisition d’équipement agricole. A noter que le
score en acculturation agricole d’une exploitation est calculable par le biais de l’équation
d’acculturation agricole exposé dans le chapitre précédent.

112
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
Ce sont les exploitations ayant à la fois un bon niveau de tehcnicité et de force de
production qui se trouvent en haut de l’échelle de l’accuturation agricole.

1,8
1,7 AAg5 Bon niveau
de
1,6
technicité
1,5
et de Force
1,4 de
AAg4
1,3 Production
1,2
1,1
1
0,9 AAg3
0,8 Plus de
Force de
0,7
production
0,6 et moins de
0,5 technicité
0,4 AAg2
0,3
0,2
0,1
-0
-0,1
-0,2
-0,3 Plus de
Technicité
-0,4
AAg1 et moins de
-0,5
Force de
-0,6 production
-0,7
-0,8
-0,9
-1

Figure 23 : Echelle de l’acculturation agricole

Autrement dit, avec les valeurs des variables de l’acculturation agricole d’une
exploitation, son indice d’acculturation agricole est calculable à travers l’équation du modèle
d’acculturation agricole ainsi que sa situation sur cette échelle voire sa tendance. Cette échelle
constitue un outil d’évaluation de la situation des bénéficiaires d’une part mais aussi et surtout
d’un outil de prise de décision quant aux interventions à préconiser pour les concepteurs de
projets.

113
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience

d) Acculturation différentielle des techniques agricoles


Les projets de projets de développement enregistrent des réalisations tangibles et
indéniables pendant leur intervention. Les indicateurs de suivi et d’évaluation témoignent et
indiquent des performances remarquables et objectivement vérifiables. Les bénéficiaires
affichent une progression et une avancé homogène émaillées d’un niveau d’adoption
exemplaire. Par contre, l’étude de durabilité des impacts des projets montre un virement
situationnelle des bénéficiaires à l’instar des agriculteurs positivement déviants. Ces derniers,
cinq ans après le départ des projets évoluent différemment. Il y a ceux qui ont continué à
pratiquer les techniques qu’ils ont adoptées avec les projets et ce qui ne les font plus.
L’acculturation agricole sélective et différentielle est effective au sein du monde agricole ;
ceci rejoint la théorie de l’acculturation qui stipule la logique de différents mode
d’acculturation à la suite d’un contact de deux groupes (Cuche, 1996). Ceci met en exergue
que la vulgarisation agricole obéit à cette théorie d’acculturation. En d’autre termes, la
déviance positive des exploitants agricoles peut être temporelle et conditionnée ou continue.

Les projets de développement sont assimilés à des interventions externes à la


communauté. Par processus d’acculturation sont transmises aux exploitants les différentes
techniques améliorées. C’est en quelque sorte une « acculturation organisée voire imposée »
(Bastide, 1985). L’intervention des projets est ainsi un processus de construction, de
structuration et de déstructuration qui dans un premier temps conduit les exploitants à une
transformation de mode de vie (Cuche, 1996). Mais plusieurs années après le départ des
projets, une contre acculturation surgit ; à mi-chemin entre les deux prévalent des exploitants
agricoles multiculturalistes et « agricolement métissés » (Kartomi, 1981). Les bénéficiaires de
projet sont en déviance positive provoquée et forcée car ils ne peuvent pas bénéficier les
subventions sans une preuve suffisante d’adoption des techniques vulgarisées.

La vulgarisation agricole n’échappe pas ainsi à la logique d’acculturation i.e.


différenciation. Le défi est de trouver comment maximiser le taux des exploitants agricoles
qui assimilent ces techniques de façon continue et irréversible. Intervenir autrement et de
manière inversée peut aider à relever ce défi. Si les interventions n’étaient pas perçues comme
une intervention externe, synonyme de menace et de perte d’identité, une bonne partie de
réticence serait évitée. Cette approche invoque la valorisation de la capacité locale et par le
biais de l’approche déviance positive, les connaissances se transmettront de façon spontanée.
Les exploitants agricoles sentiraient ainsi moins de menace et d’imposition externe. Les
risques à prendre pour l’adoption des techniques ne sont pas seulement calculés
subjectivement (Lalau, 2008) mais constatés avec ce que font les initiés. Cette approche

114
Acculturation agricole des paysans positivement déviants face aux actions de résilience
implique plus de temps en matière de réalisation et que les projets n’en ont pas beaucoup.
Bref un défi de changement de perception pour les bailleurs, les décideurs et les agences de
développement.

Conclusion partielle
En guise de conclusion, les agriculteurs ont une acculturation sélective des techniques
vulgarisées par les projets de développement. Le « soft » passe mieux que le « hard » à cause
du problème de pouvoir d’achat et de l’esprit d’assistanat. Pourtant, pour redresser la situation
et améliorer la sécurité alimentaire, l’assimilation et l’adoption des paquets techniques
agricoles améliorées (à la fois « soft » et « hard ») sont un des paramètres déterminants du
mécanisme. De tel changement ne peut se faire et s’accepter que si toutes les parties prenantes
en soient convaincues de façon à ne pas tergiverser sur le choix d’approche : participative ou
top down, systémique ou spécialisation, valorisation de la capacité locale ou recherche
scientifique, …

Le niveau d’acculturation agricole quant à lui a une corrélation notable avec le niveau
de sécurité alimentaire. L’un affecte l’autre et vice-versa de sorte qu’ils entraînent un effet
propulsif au développement de l’exploitation agricole. L’étude de l’évolution des
exploitations agricoles dans le temps met en relief une acculturation différentielle des
techniques agricoles vulgarisées par les projets de développement. La conscience de ce
comportement paysan permet aux initiateurs de projet et aux agences de développement
d’anticiper et préconiser convenablement les activités à entreprendre pour armer les
interventions d’un maximum de pertinence.

115
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

IV] TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS


POSITIVEMENT DEVIANTS

4 TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PPD

116
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

Introduction
Le riz revêt d’une importance stratégique et capitale dans la politique publique de
Madagascar. Les dirigeants successifs en étaient conscients et l’ont par conséquent intégré
dans leur politique de gouvernance afin d’asseoir leur pouvoir et leur notoriété. En effet, le
premier régime post colonial a prôné « la politique du ventre », la deuxième république, sous
l’impulsion du Livre Rouge et le socialisme, a ciblé l’autosuffisance en riz pour l’année 1990.
La dernière ère de la troisième république, à travers sa politique de révolution verte, a mis
dans sa ligne de mire encore et toujours cette fameuse autosuffisance en riz. La production
rizicole constituait l’intérêt principal du développement rural à l’image de l’Opération du
Développement Rural qui s’est transformée en Opération de Développement Rizicole puis en
Observatoire Du Riz. En outre, les techniques améliorées de production rizicole prometteuses
telles que le SRI, le SRA et le PAPRIZ ont fait le cheval de batail de la vulgarisation pendant
des années. Malgré tout, le Pays reste tributaire de riz importé pour assurer l’alimentation de
sa population. Delà découle la problématique de recherche pour cette partie : tant d’efforts
pour atteindre l’autonomie en riz mais peu de progrès tangible et pérenne dans la réalité
quotidienne. Particulièrement à Moramanga, cette autonomie en riz est passée de 06 mois à 09
mois voire 11 mois pour les paysans positivement déviants (PPD) grâce aux projets de
sécurité alimentaire et de développement agricole. Dans la foulée, deux questions de
recherche se posent :
- quelles sont les priorités post projet des PPD dans la gestion de leur exploitation ?
- comment se comporte l’autonomie en riz des exploitations agricoles pendant et
après les projets d’appuis ?
- comment les exploitations des PPD se projettent-elles dans le temps ?

L’objectif principal de cette partie est de comprendre le modèle de trajectoire de


résilience des PPD. Les objectifs spécifiques sont :
- de définir l’ordre de priorités de gestion des petites exploitations agricoles,
- de connaître l’influence de la priorité paysanne sur sa sécurité alimentaire et
- d’avoir une idée prospective sur la tendance paysanne en matière d’autonomie en riz.

Les hypothèses de recherche sont (i) l’orientation des PPD est dictée par des logiques
stratégiques, (ii) la capabilité des PPD se différencie après les projets d’appui et (iii) il y a une
trajectoire de résilience. Les résultats attendus de la partie sont :
- les priorités de résilience des PPD et leur importance dans l’autonomie en riz,
- les différents types de capabilité des PPD,
- le modèle de trajectoire de résilience des PPD.

117
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Seront ainsi exposés progressivement les matériels et méthodes spécifiques utilisés,
les résultats des études sur la priorité de résilience des PPD et la différenciation de leur
autonomie en riz dans le temps. Les discussions relatives à la trajectoire de résilience des PPD
et leur différenciation termineront la partie.

4.1 Matériels et méthodes


Tel que mentionné dans l’introduction, cette partie est consacrée à l’étude de la
résilience des PPD. La démarche comprenait deux étapes. En premier lieu était étudiée la
priorité de gestion des exploitations des PPD selon les données de l’enquête. Puis en second
lieu était étudiée en profondeur la capabilité et la stratégie de résilience des PPD à travers les
différentes variables de capabilité afin d’aboutir à la trajectoire de résilience des PPD.

4.1.1 La variable de la priorité de gestion des exploitations des PPD


Les PPD ont leur propre constat sur l’évolution de leur sécurité alimentaire depuis la
fin des projets. Lors de l’enquête, il leur a été demandé quelle est d’après eux la cause de
l’évolution, tantôt négative tantôt positive, de leur situation alimentaire. Les causes de la
sécurité alimentaire ainsi évoquées sont à l’origine de la motivation et de l’orientation de
l’exploitation des PPD ; elles dessinent en grande partie leur perception et par la suite leur
trajectoire de résilience dans le but de parvenir à une meilleure stabilité et un équilibre
convenable. Ces causes et priorités étaient regroupées pour constituer ainsi les variables
conjoncturelles indiquant la priorité des PPD, autrement dit leur orientation.

4.1.2 L’autonomie en riz


L’autonomie en riz des exploitations agricoles est la durée en mois pendant laquelle le
ménage du PPD n’utilise que sa production en riz pour son alimentation principale. C’est la
durée de son autosuffisance en riz où il ne s’approvisionne pas en riz de l’extérieur du
ménage. La variable autosuffisance en riz du ménage a été retenue par les projets de sécurité
alimentaire pour mesurer la sécurité alimentaire des ménages ruraux (ADRA, 2008). Jauger la
situation à travers cette variable, cinq ans après la fin des projets d’appuis, permet de faire un
constat préliminaire de l’évolution des PPD dans le temps. Les scores de cette variable ont été
recueillis pendant les enquêtes par questionnaire réalisées auprès des PPD.

4.1.3 Les variables de la capabilité


La capabilité est définie comme la possibilité d’être et d’agir voire affronter les risques
encourus (Lalau, 2011). C’est l’aptitude de concevoir des buts, des engagements et des
valeurs. Ainsi les variables de la capabilité dans le cadre de cette étude sont celles relatives à

118
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
la capacité de l’exploitation agricole et celles qui indiquent ses possibilités. Ce sont
notamment
1. La taille de l’exploitation
2. Le nombre de moyens de production acquis après le projet d’appui
3. Le nombre de mobiliers acquis après le projet d’appui
4. Le nombre de matériels motorisés acquis après le projet d’appui
5. Le nombre de bâtiments réhabilités ou construits après le projet d’appui
6. Le nombre de zébus acquis après le projet d’appui
7. Le nombre de revenu non agricole
8. L’acculturation agricole

A noter que les variables « mobilier » et « zébus » permettent d’avoir une idée sur la
condition et le niveau de vie des PPD. Un PPD qui a un meilleur score en mobilier veut dire
qu’il a la possibilité d’une meilleure condition que ceux qui ont acquis moins de biens
mobiliers. De même, le zébu est un signe de richesse : plus le cheptel est grand en effectif,
plus le paysan est riche étant donné que l’élevage de bovins joue le rôle d’une banque rurale.

L’objectif était de mener une étude holistique de la capabilité des exploitations


agricoles des PPD afin de sortir le profil de leur capabilité respective.

4.1.4 Les analyses statistiques


Les études statistiques des données ont été réalisées moyennant l’ANOVA, la
statistique descriptive, la CAH, les tests d’égalité d’échantillons indépendants et l’AFC. Les
tableaux et les graphiques sont choisis selon le cas pour illustrer et mettre en exergue les
résultats.

119
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
La figure 26 récapitule le processus de traitement des données.

Figure 24 : Récapitulation du processus de traitement statistique des données


Source : auteur

4.1.5 Le profilage des groupes


C’est le processus analytique à travers les différents résultats des statistiques afin de
parvenir à la définition descriptive des caractéristiques de chaque groupe des échantillons
respectifs. Etant donné que l’analyse de cette partie a comme toile de fond la résilience et la
capabilité des PPD, les variables considérées pour cette analyse sont ainsi les variables de
résilience et de capabilité, à savoir les variables de capabilité et le niveau de sécurité
alimentaire.
Pour comparer ces variables sur le même ordre de grandeur, leurs valeurs respectives
ont été centrées et réduites puis rééchelonnées puis elles étaient projetées sur le graphique de
la capabilité suivant le type de l’autonomie en riz qui par la suite permettait de faire la
description du type de capabilité de chaque groupe.

4.1.6 Analyse prospective


Pour avoir une idée de la situation future des exploitations agricoles, le processus de
Markov qui est un processus stochastique a été adopté. Le processus comprend la sélection

120
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
des variables dont les valeurs sont à transformer en valeur centrée réduite adimensionnée et
rééchelonnée. Puis par le biais de CAH est sortie la classification des observations et les
valeurs moyennes de chaque classe pour chaque variable pour constituer ainsi la matrice des
classes. La matrice de corrélation de ces variables est rééchelonnée puis transformée de telle
sorte que la somme de chaque ligne soit égale à 01. La dernière étape du traitement est le
produit des deux matrices à savoir la matrice des classes et la matrice de corrélation
transformée. Les résultats de ce processus stochastique markovienne permettait des
représentations graphiques prospectives de la tendance des PPD dans le temps.

4.2 Résultats
En premier lieu, les résultats de la classification des variables et ceux de l’ANOVA
seront présentés, ils seront suivis de ceux de la statistique descriptive, de la CAH, des tests
d’égalité, de l’AFC et du profilage.

4.2.1 Les priorités de résilience des PPD

4.2.1.1 Trois catégories de priorité de gestion d’exploitation


Les réponses données par les PPD sur la cause de l’évolution de leur autosuffisance en
riz selon leur perception et leur avis sont groupables en trois catégories à savoir priorité
économique, priorité foncière et priorité technique (figure 27).

Priorité économique : Priorité foncière : Priorité technique :


o manque de moyens sécurité foncière • adoption et application
o crise socio-politique manque de terrain des innovations
o vol de récoltes sur d’extension techniques
pieds non accès à la terre • application de technique
o problème de perte de terrain de gestion d’exploitation
sécurité résiliation de contrat • changement climatique
o manque de moyens de métayage • problème de réseau
de production
d’irrigation
o problème de santé

PRIORITE ET ORIENTATION DES


EXPLOITATIONS AGRICOLES

Figure 25 : Priorités dans la gestion d’exploitation des PPD

121
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Les données de l’enquête ont permis de sortir la répartition des PPD suivant le type de
priorités de gestion d’exploitation agricole (figure 28).

Economique
15%
Foncier
10%

Technique
75%

Figure 26 : Répartition des PPD selon leurs priorités stratégiques

La majorité des PPD ont une priorité technique dans la gestion et l’amélioration de
leurs exploitations.

4.2.1.2 Influence de la priorité de l’exploitation sur l’autonomie en


riz
La corrélation entre les priorités de gestion d’exploitation et l’autonomie en riz
s’analyse à travers ANOVA (tableau 47).

Tableau 47 : Matrice de corrélation des variables

Variables Priorité- Priorité- Priorité- Autonomie


Economique Foncier Technique en riz
Priorité-Economique 1,0 -0,1 -0,7 -0,2
Priorité-Foncier -0,1 1,0 -0,6 -0,1
Priorité-Technique -0,7 -0,6 1,0 0,3
Autonomie en riz -0,2 -0,1 0,3 1,0

A la lecture de ce tableau de corrélation, les relations suivantes se démarquent :


- Relation négative très intense entre Technique d’une part et Economique et
Foncier d’autre part.

122
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
- Foncier et Economique ont une relation négative avec Autonomie en riz en
revanche Technique et Autonomie en riz sont en corrélation positive forte.
Economique est la plus négative puis foncier.

D’après ANOVA, la priorité de résilience et l’autonomie en riz ont une relation


d’intensité forte avec R=0,30. La signification de ces analyses est donnée par le tableau
d’analyse du modèle (tableau 48).

Tableau 48 : Tableau de l’analyse du modèle

Source DDL Somme des carrés Moyenne F Pr > F


Modèle 2 202 100,8 11,7 < 0,0001
Erreur 236 2028 8,6
Total corrigé 238 2230

La probabilité de F est égale à 0,0001. Cela signifie que l'on prend un risque de 0,1%
si on conclut que la variable explicative apporte une quantité d'information significative au
modèle, autrement dit l’analyse est significative.

Le graphique des moyennes donne une idée sur l’importance de chacune des modalités
de la variable explicative sur la variable expliquée qu’est l’autonomie en riz (figure 29).

Figure 27 : Graphique des moyennes sur la priorité de gestion des exploitations

Ce graphique met en relief l’ordre séquentiel de la logique paysanne en matière de


stratégie de résilience : économie d’abord puis foncier et technique à la fin. Et les problèmes
économique et foncier ont des corrélations négatives avec l’autonomie en riz.

123
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

4.2.1.3 Autonomie en riz majoritaire de 5 à 8 mois


L’analyse descriptive permet d’obtenir les tendances centrales de chaque échantillon
(figure 30).

18
16
14
Proportion en %

12
10
8 PSA
6 ERI
4
2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Nombre de mois

Figure 28 : Tendance centrale des PPD en matière d’autonomie en riz

L’échantillon PSA comporte un mode tandis qu’ERI en a deux. La représentation


graphique de ces proportions permet de visualiser plus clairement les différentes tendances
centrales de chacun des échantillons :

La population PSA est en effet uni-modale tandis que la population ERI est bimodale.

4.2.1.4 Classification des PPD selon leur autosuffisance en riz


La classification par la méthode Classification Ascendante Hiérarchique des
obeservations des échantillons suivant la durée de l’autosuffisance en riz donne trois classes
bien distinctes pour chacun des échantillons (tableau 49).

Tableau 49 : Classification des PPD-PSA selon leur mois d’autonomie en riz

Autosuffisance en riz (mois) Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3


Médiane 7 10 3
Minimum 5 9 0
Maximum 8 12 4
Proportion en % 46 28 26

L’échantillon PSA est dominé par le groupe 1 selon la classification à travers la durée
de l’autonomie en riz (tableau 50).

124
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Tableau 50 : Classification des PPD-ERI selon leur mois d’autonomie en riz

Autosuffisance en riz (mois) Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3


Médiane 1 4 9
Minimum 0 2 7
Maximum 1 6 12
Proportion en % 67 49 44

L’echantillon ERI est constitué majoritairement par les groupes 2 et 3. En termes de


classification pour la population PSA, le groupe 1 est constitué par des PPD qui ont une
autosuffisance en riz de 05 à 08 mois i.e autour de la moyenne de 07 mois ; C’est le groupe
des PPD INTERMEDIAIRES. Le groupe 2 quant à lui rassemble les PPD dont
l’autosuffisance en riz est de 09 à 12 mois. C’est le groupe des PPD EMERGENTS. Le
groupe 3 par contre englobe les PPD dont l’autosuffisance en riz varie de 00 mois à 04 mois.
Ce sont des PPD dont l’autosuffisance en riz est en DECLIN.

La comparaison des deux derniers tableaux met en relief deux cas similaires (cages de
même couleur) et un cas spécifique pour chacun des échantillons.

Cas similaires :
Groupe 2 PSA et groupe 3 ERI : Emergent
Groupe 3 PSA et groupe 2 ERI : Déclin
Cas uniques :
Groupe 1 PSA : Intermédiaire
Groupe 1 ERI : Dissolution

Dans ce lancer, le tableau synoptique des sous groupes des deux échantillons s’est
constitué (tableau 51).

Tableau 51 : Groupes d’autosuffisance en riz des PSA et ERI


DISSOLUTION DECLIN INTERMEDIAIRE EMERGENT
Autosuffisance 10 10 31 32 11 12 21 22
en riz (mois) PSA ERI PSA ERI PSA ERI PSA ERI

Médiane - 1 3 4 7 - 10 9
Minimum - 0 0 2 5 - 9 7
Maximum - 1 4 6 8 - 12 12
Proportion (%) 00 07 26 49 46 00 28 44

125
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
La représentation graphique de ces résultats donne une comparaison visiuelle
synoptique (figure31).

60

50

40
Proportion en %

30

20

10

0
Dissolution Déclin Intermédiaire Emergent Dissolution Déclin Intermédiaire Emergent
PSA ERI
Groupe d'autosuffisance en riz et Projets

Figure 29 : Proportion typologique des PPD en autonomie en riz

PSA est majoritairement composé de PPD ayant une autonomie en riz moyenne de 07
mois (groupe intermédiaire) tandis que ERI est composé principalement de deux catégories
de PPD à savoir ceux qui ont 09 mois d’autonomie en riz sur 12 (groupe émergeant) et ceux
qui ont 08 mois de dépendance en riz par an (groupe déclin).

4.2.1.5 Le test d’égalité des classes similaires


Pour pouvoir conclure sur l’égalité de ces classes similaires, le recours au test
d’égalité de deux échantillons indépendants est nécessaire ; ceci en commençant par le test de
normalité suivi du test d’égalité approprié.

a) Comparaison des deux classes des EMERGENTS


Les valeus des indices de normalité des distributions permettent de conclure sur la
normalité des distributions (tableau 52).

Tableau 52 : Indices de normalité des échantillons

PSA ERI
Effectif 55 20
Asymétrie 0,25 0,44
Aplatissement -1,39 -1,00

126
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Le test de normalité donne les deux distributions comme étant une distribution suivant
une loi normale à 95% et l’on peut passer ainsi au test de t-Student. Celui-ci donne en premier
lieu les statistiques descriptives (tableau 53).

Tableau 53 : Statistique descriptive de la durée de l’autosuffisance en riz des PPD

Variable Classe N Moyenne Ecart- Erreur standard


type moyenne
Durée de 21 PSA 55 10,2 1,1 0,1
l’autosuffisance en riz 22 ERI 20 9,2 1,6 0,3

Les calculs statistiques montrent une différence de 1,05 mois entre les moyennes de
l’autonomie en riz des deux groupes de PPD émergeants. La significativité de cette différence
est à vérifier avec le test de Levene et de t-Student (tableau 54).

Tableau 54 : Test d'échantillons indépendants

Test de Levene
sur l'égalité Test-t pour égalité des moyennes
des variances

Intervalle de
Sig. conf. 95% de la
Différence Différence
F Sig. t ddl bilatér différence
moyenne écart-type
ale
Inf. Sup.

Hypothèse de
variances 4,52 0,04 3,18 73 0,00 1,05 0,33 0,39 1,71
Durée de
égales
l’autosuff
isance en
Hypothèse de
riz
variances 2,74 27 0,01 1,05 0,38 0,26 1,84
inégales

Le niveau de signification du test de Levene est égal à 0,04<α=0,05, il faut donc


rejeter l’hypothèse d’égalité des variances et lire la deuxième ligne. Sur cette deuxième ligne,
peut-on lire que le niveau de signification du test t-Student est égale à 0,01<α=0,05 par
conséquent, il faut rejeter l’hypothèse d’égalité des moyennes et conclure que la différence
des moyennes est significative. Autrement dit, les deux classes des PPD émergeants sont
probalement différents. Ils ne sont pas ainsi assimilables en une même classe.

127
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
b) Comparaison des deux classes de PPD en déclin
La classification a donné deux groupes similaires de PPD en déclin à comparer. Le test
de normalité des deux distributions par le biais des coefficients d’assymértie et
d’applatissement permet de statuer sur la normalité des distributions (tableau 55).

Tableau 55 : Indices de normalités des échantillons

PSA DECLIN ERI DECLIN

Effectif 50 22
Asymétrie -0,81 -0,21
Aplatissement -0,50 -0,88

D’après ces résultats, les deux distributions suivent une loi normale à 95%. Le postulat
de la normalité des distributions est ainsi confirmé, le test d’égalité à travers le test t-Student
peut se faire. La statistique descriptive des groupes est donnée dans le tableau 56.

Tableau 56 : Statistiques descriptives des groupes

Classe N Moyenne Ecart- Erreur standard


Durée de 31 PSA Déclin 50 2,6 type1,4 moyenne 0,2
l’autosuffisance en riz 32 ERI Déclin 22 4,2 1,2 0,3

Une différence de moyennes de 01,60 mois est mise en évidence par ces
résultats. Le test d’égalité de variances de Levene et le test d’égalité de moyennes de t-
Student permettront de conclure sur la significativité de ces différences (tableau 57).

Tableau 57 : Tableau de test d’égalité


Test de Levene
sur l'égalité Test-t pour égalité des moyennes
des variances

Intervalle de
Sig. Différence Différence conf. 95% de
F Sig. t ddl la différence
bilatérale moyenne écart-type

Inf. Sup.
Durée Hypothèse de
0,35 0,56 -4,60 70 0,00 -1,6 0,3 -2,24 -0,89
de variances
l’autos égales
uffisan Hypothèse de
-4,82 45 0,00 -1,6 0,3 -2,22 -0,91
ce en variances
riz inégales

128
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Le niveau de signification du test de Levenne est égal à 0,56>α=0,05, il faut donc
retenir l’hypothèse d’égalité de variances et lire la première ligne. Celle-ci affiche un niveau
de signification inférieure à α=0,05 pout le test t-Student, il faut donc rejeter l’hypothèse
d’égalité des moyennes. Autrement dit, les deux classes des PPD en déclin sont
statistiquement différentes et ne peuvent pas être traitées comme étant de la même catégorie.

De tout ce qui précède, les différentes classes issues de la classification CAH ne sont
pas statistiquement similaires. De ce fait, elles sont à maintenir distinctes dans la suite des
études.

4.2.1.6 Différenciation de l’autonomie en riz des PPD


Les données sur l’autosuffisance en riz des PPD au moment de l’enquête, après
traitement statistique en AFC des résultats précédents, donnent la différenciation des PPD
cinq ans après la fin des projets d’appuis (figure 32).

Graphique symétrique
(axes F1 et F2 : 40,00 %)
3
Réduite
ERI Déclin

2,5

1,5
F2 (20,00 %)

Très élevée
0,5 PSA Emergent

Elevée
ERI Emergent
0

Médiane
PSA Intermédiaire
-0,5
ERI Dissolution
PSA Déclin Extrèmement réduite
Très réduite
-1
-3,5 -3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
F1 (20,00 %)

Colonnes Lignes

Figure 30 : Différenciation de l’autonomie en riz des PPD

129
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Ce graphique montre qu’il y a 06 catégories différentes de PPD par rapport à leur
niveau d’autonomie en riz et leur projet d’appui. Chaque catégorie est caractérisée pa la durée
de son autonomie en riz (tableau 58).

Tableau 58 : Description des catégories

Catégorie Autonomie Qualification


PSA Déclin 03 mois Très réduite
PSA Intermédiaire 07 mois Médiane
PSA Emergent 10 mois Très élevée
ERI Dissolution 01 mois Extrêmement
ERI Déclin 03 mois Réduite
ERI Emergent 09 mois Elevée

4.2.1.7 Analyse factorielle relative à l’autonomie en riz


L’analyse de l’association de chacune de ces variables avec la variable Autonomie en
riz s’est faite à travers AFC. Pour tous les résultats relatifs à chaque variable qui suivent, le
profile ligne illustre les distances entre groupes et les graphiques donnent des présentations
visuelles des proximités entre groupes pour des éventuelles interprétations (figure 33).

Figure 31: Graphique symétrique Autonomie en riz et Taille d’exploitation


Légende : D : taille de l’exploitation agricole après le projet
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

130
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Il y a deux groupes de PPD en termes de dimension d’exploitation vs. niveau
d’autonomie en riz (figure 34).

Figure 32 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Moyens de production


Légende : MP : nombre de moyens de production acquis après le projet en valeur centrée réduite
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Deux groupes se distinguent en termes de moyens de production par rapport au niveau


de sécurité alimentaire (figure 35).

Figure 33 : Graphique symétrique entre Autonomie en riz et Biens mobiliers


Légende : B : nombre de matériels motorisé acquis après le projet
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

131
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
L’analyse de l’autonomie en riz à travers les biens mobiliers des PPD fait ressortir
trois groupes (figure 36).

Figure 34 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Matériels motorisés


Légende : T : nombre de matériels motorisé acquis après le projet
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

L’analyse du niveau d’autonomie en riz des PPD par rapport à leur niveau de
motorisation dénote deux groupes distincts (figure 37).

Figure 35 : Graphique entre Autonomie en riz – Nombre de bâtiments construits


Légende : H : nombre de bâtiments réhabilités ou construits acquis après le projet
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

132
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
L’analyse de l’autonomie en riz par rapport au nombre de bâtiments construits ou
réhabilités au lendemain des projets d’appuis fait ressortir trois différents groupes (figure 38).

Figure 36 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Nombre de zébus


Légende : Z : nombre de zébus acquis après le projet
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Deux groupes distincts sont mis en relief à travers l’analyse de l’autonomie en riz des
PPD par rapport au nombre de zébus leur appartenant (figure 39).

Figure 37 : Graphique Autonomie en riz et Nombre de revenus non agricoles


Légende : R : nombre de de revenu non agricole
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

133
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
En termes de nombre de revenus non agricoles par rapport au niveau d’autonomie en
riz, deux groupes sont mis en exergue (figure 40).

Figure 38 : Graphique symétrique Autonomie en riz et Niveau d’acculturation


Légende : AAg : niveau d’acculturation agricole
PSA : Projet Sécurité Alimentaire, ERI : Eco-Regional Initiative
Emerg : emergent, Interm : intermédiaire, Dissol : dissolution

Quatre groupes sont issus de l’analyse de l’autonomie en riz avec le niveau


d’acculturation agricole des PPD.

Les différents résultats de l’AFC ci-dessus mettent en relief les différentes associations
qui prévalent à travers les variables étudiées. Ils sont à synthétiser pour être exploitables de
façon plus concordante. Ceci amène ainsi à la modélisation matricielle.

134
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

4.2.2 Types de capabilité des PPD

4.2.2.1 Modélisation matricielle des types de capabilité des PPD


La modélisation matricielle résume la topographie des associations entre les variables
de capabilité des PPD et leur catégorie en matière d’autonomie en riz (Tableau 59). Chaque
groupe est caractérisé selon les résultats des analyses factorielles ci-dessus.

Tableau 59 : Matrice des types de capabilité des PPD selon leur autonomie en riz
Type de variable ERI Dissol ERI Déclin ERI Emerg PSA Déclin PSA Emerg PSA Interm

Taille D1 D1 D1+D2+D3 D1 D2+D3 D1

MP MP1+MP2 MP1 MP1 MP1 MP2 MP1

AAg AAg3+AAg4 AAg4+AAg5 AAg2+AAg5 AAg2+AAg5 AAg5 AAg4


Investissement
MOT T0 T0+T1 T0+T1 T0 + T2+T3 T1 + T2+ T3+T4 T0

REV R0+R1 R0 R0 R1+R2+R3 R1+R2+R3 R1+R2+R3

BAT H0+H2 H1+H3+H4 H0+H2 H1+H2+H3+H4 H1+H3+H4+H5+H6 H1

MOB B1 B1 B1 B1+B2+B4 B1+B2+B3+B4 B2


Niveau de vie
ZEB Z0 Z0+Z9 Z0 Z0 Z4+Z9 Z0+Z4

Cette modélisation matricielle permet de décrire les profils de chaque groupe selon les
variables de capabilité qui les marquent et les distinguent le plus.

4.2.2.2 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-PSA


Les valeurs centrées réduites et réechellonées des variables de capabilité des PPD-PSA
projétées selon la catégorie d’autonomie en riz de ces derniers permettent de comparer sur la
même base les trois groupes (tableau 60.

Tableau 60 : Statistiques descriptives des catégories de PSA


(S) (S) (S) Auto Moyen Mobili Maté Bâtim Zébus Revenu Score Score
moy Riz Viv Riz prod° er motor ent non Ag SA AAg
PSA Emergent 2,60 2,62 2,52 2,86 2,25 2,25 2,39 2,28 2,55 1,50 2,98 2,54

PSA Intermédiaire 0,70 0,75 0,54 1,64 0,00 2,25 0,00 0,06 0,59 3,00 1,45 0,59

PSA Déclin 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,28 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00

135
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
A travers les résultats de l’AFC et les statistiques descriptives, les profils
caractéristiques de chaque groupe d’autonomie en riz des PPD-PSA sont elaborés (tableau
61).

Tableau 61 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-PSA

Variable de capabilité PSA EMERGENT PSA INTERMEDIAIRE PSA DECLIN


Taille d'exploitation Elevée Moyenne Faible
Moyens de production Elevés Faibles Faibles
Mobiliers Elevés Elevés Faibles
Matériels motorisés Elevés Faibles Moyens
Bâtiments Elevés Assez faibles Faibles
Zébus Elevés Moyen Faibles
Nombre de revenu non Ag Moyen Elevé Faibles
Acculturation agricole Plus avancée Avancée Moyenne

Ces caractérisiques permet d’établir le profil de la capabilité de chacun des groupes


PSA (tableau 62).

136
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Tableau 62 : Profil de capabilité des groupes de PPD-PSA

Variable de capabilité PSA EMERGENT PSA INTERMEDIAIRE PSA DECLIN


Taille d’exploitation Taille d’exploitation Taille d’exploitation
et force de production moyenne avec une faible et force de production
élevées, acculturation force de production, faibles, acculturation
agricole plus avancée acculturation agricole agricole moyenne
avancée
PROFIL DU
GROUPE

Meilleure condition de vie


Meilleure condition Condition de vie
mais investissement faible
de vie et moins décente et
avec recours aux
investissement investissement
différents revenus non
conséquent en spécifié dans la
agricoles
matériels motorisation pour des
prestations onéreuses

Capabilité de Capabilité de
Capabilité de
DIVERSIFICATION RECONVERSION
CROISSANCE

4.2.2.3 Statistiques descriptives et types de capabilité des PPD-ERI


Les valeurs centrées réduites et réechellonées des variables de résilience des
PPD-ERI projétées selon la catégorie d’autonomie en riz de ces derniers permet une
comparaison sur la même base (tableau 63).

Tableau 63 : Statistiques descriptives des catégories d’ERI

(S) (S) (S) Auto Moyen Mobi Maté Revenu Score Score
Bât Zébus
moy Riz Viv Riz prod° lier motor non Ag SA AAg

ERI Dissolution 0,00 0,00 0,00 0,00 1,92 1,98 0,00 0,51 0,00 1,34 0,00 0,00
ERI Déclin 1,58 0,81 1,74 0,74 0,48 0,74 1,63 1,93 1,96 1,95 0,97 1,95
ERI Emergent 1,85 1,99 1,73 1,98 0,00 0,00 1,82 0,00 1,34 0,00 2,00 1,35

Une vision synoptique de ces variables s’obtient à travers la représentation graphique


de leurs valeurs.

137
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Les résultats d’AFC et les statistiques descriptives permet par le suite d’élaborer les
caractéristiques de chaque groupe d’autonomie en riz des PPD-ERI (tableau 64).

Tableau 64 : Tableau synoptique des capabilités des groupes de PPD-ERI

Variable de capabilité ERI EMERGENT ERI DECLIN ERI DISSOLUTION


Taille d'exploitation Elevée Elevée Faible
Moyen de production Faibles Faibles Elevés
Mobiliers Faibles Faibles Elevés
Matériels motorisés Elevés Elevés Faibles
Bâtiments Faibles Elevés Faibles
Zébus Moyens Elevés Faibles
Nombre de revenu non Ag Moyen Elevé Faible
Acculturation agricole Moyenne Elevée Faible

De ce tableau découle le profil de la capabilité des PPD-ERI (tableau 65).

Tableau 65 : Profil de capabilisté des groupes de PPD-ERI

Variable de capabilité ERI EMERGENT ERI DECLIN ERI


Taille d’exploitation Taille d’exploitation, Taille
et motorisation motorisation, d’exploitation
élevées bâtiments, zébus, faible avec

PROFIL DU GROUPE revenus non ag moyens de


acculturation production élevés
importants

Condition de vie Condition de vie Condition de vie

moyennement faible meilleure rudimentaire

Capabilité Capabilité de Capabilité de

d’EXTENSION DIVERSIFICATION SUBSISTANCE

En résumé, les analyses statistiques ont fait ressortir cinq types de capabilité des PPD
à savoir Subsistance, Reconversion, Diversification, Extension et Croissance.

138
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

4.2.3 Modèles de trajectoire de résilience des PPD


Les résultats de l’analyse prospective sont subdivisés en deux suivant l’autonomie en
riz et les éléments de capabilité des PPD.

4.2.3.1 Tendance prévisionnelle de l’autonomie en riz des PPD


Les données sur les PPD depuis le début des projets d’appuis PSA et ERI en 2003-
2004, en passant au sevrage à ces tuteurs de résilience en 2009, jusqu’au moment des
enquêtes du projet de thèse ont permis de réaliser une étude prospective sur la trajectoire de
résilience tendancielle (figure 41) des PPD notamment en matière d’autonomie en riz et de
capabilité (figure 41).

4,00
Fin de projets
3,50

3,00

2,50

2,00

1,50

1,00

0,50

0,00
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
ERI Dissolution ERI Déclin ERI Emergent
PSA Déclin PSA Intermédiaire PSA Emergent

Figure 39 : Evolution prospective de l’autonomie en riz des PPD

Ces résultats montrent en l’occurrence que dans le futur :


- PSA Emergent enregistreraient un léger déclin suivi d’une stabilisation de
l’autonomie en riz au niveau maximum de toute la population ;
- PSA Intermédiaire embrasserait un léger déclin suivi d’une stabilisation
légèrement au-dessus d’ERI Emergent ;
- PSA Déclin amorcerait une légère reprise suivi d’une stabilisation au même
niveau que les catégories intermédiaires ;
- ERI Emergent subirait un déclin radical suivi d’une stabilisation au même
niveau que les catégories intermédiaires

139
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
- ERI Déclin réaliserait une légère reprise après le déclin et stagnerait au même
niveau que les catégories intermédiaires
- et ERI Dissolution exécuterait une légère reprise après le déclin et se
cantonnerait au niveau inférieur.

Sur le long terme, les PPD se fusionneraient en trois catégories en matière


d’autonomie en riz : le niveau d’autonomie supérieure (catégorie 1), le niveau d’autonomie
intermédiaire (catégorie 2) et le niveau d’autonomie inférieure (catégorie 3).

4.2.3.2 Tendance prospective de la capabilité des PPD


Les variables de capabilité retenues ont permis de procéder à une étude prospective de
la trajectoire des PPD dans le futur selon leur groupe d’apparence actuelle. A travers les
études prospectives markoviennes, le graphique de la tendance prospective a été produit.

a. PSA Emergent
La figure 42 trace la tendance des PSA émergents.

Figure 40 : Tendance prospective de la capabilité des PSA EMERGENTS

La trajectoire du groupe PSA Emergent est caractérisé par :


- une baisse radicale de l’acculturation agricole,
- une baisse du niveau de sécurité alimentaire,
- un maintien de la surface rizicole,
- une augmentation considérable de la surface vivrière,
- un investissement aux matériels mécaniques et au cheptel bovin,
- une diversification de revenus
- et un maintien des investissements en bâtiments.

140
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants

b. PSA Intérmédiaire
La figure 43 met en relief la tendance du groupe PSA Intermédiaire.

Figure 41 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Intermédiaires

La trajectoire du groupe PSA Intermédiaire est caractérisée par :


- un recul notable de l’acculturation agricole,
- une réduction notable du niveau de sécurité alimentaire,
- une augmentation des surfaces agricoles en l’occurrence triple de la surface
vivrière,
- un investissement en matériels mécaniques et en cheptel bovin,
- une stagnation du mobilier et des sources de revenus supplémentaire
- et une récession des investissements en immobilier.

c. PSA Déclin
La figure 44 reflète l’évolution prospective du groupe PSA Déclin.

Figure 42 : Tendance prospective de la capabilité des PSA Déclin

141
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
La trajectoire du groupe PSA Déclin se caractérise par un recul radical de
l’acculturation agricole, une stabilisation du niveau de sécurité alimentaire, une augmentation
considérable des surfaces rizicoles et vivrières, une régression des investissements en
immobiliers, un investissement aux matériels mécaniques et au cheptel bovin et une
stagnation en mobilier et en revenu supplémentaire.

d. ERI Emergeant
L’évolution prospective du groupe ERI Emergent est donnée par la figure 45.

Figure 43 : Tendance prospective de la capabilité des ERI EMERGENTS

La trajectoire prospective du groupe ERI Emergent se caractérise par :


- une baisse radicale de l’acculturation agricole,
- une dégradation notable de la sécurité alimentaire et de l’autonomie en riz,
- une augmentation conséquente de la surface rizicole,
- un investissement sur les matériels mécaniques et le cheptel bovin,
- une acquisition de biens mobiliers, une diversification de revenu
- ainsi qu’une stagnation des investissements en biens mobiliers.

e. ERI Déclin
En ce qui concerne le groupe ERI Déclin, la figure 46 met en relief sa tendance.

Figure 44 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Déclin

142
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
La trajectoire du groupe ERI Déclin est caractérisé par :
- une baisse radicale de l’acculturation agricole,
- une baisse du niveau de sécurité alimentaire,
- une légère augmentation de la taille d’exploitation,
- un doublement de la surface rizicole,
- un investissement sur les matériels mécaniques et le cheptel bovin,
- une acquisition de biens mobiliers,
- une diversification de revenu
- et une régression des investissements en immobilier.

f. ERI Dissolution
Quant au groupe ERI Dissolution, la tendance dans le temps est donnée par la figure
47.

Figure 45 : Tendance prospective de la capabilité des ERI Dissolution

La trajectoire du groupe ERI Dissolution est caractérisée par :


- une baisse notable de l’acculturation agricole,
- une légère dégradation du niveau, déjà faible, de la sécurité alimentaire,
- une dégradation des moyens de production,
- une augmentation des surfaces agricoles en l’occurrence celle des cultures
vivrières,
- un investissement sur les matériels mécaniques et cheptel bovin,
- une acquisition de biens mobiliers,
- une diversification de revenu
- et une régression des investissements en immobilier.

143
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
En résumé, les PPD embrasseraient dans le futur une régression du niveau de sécurité
alimentaire et de l’acculturation agricole ; leur orientation majeure en matière de capabilité
serait :
- l’augmentation des surfaces vivrières,
- le maintien d’un seuil de surfaces rizicoles,
- l’investissement en matériels mécaniques,
- la diversification de revenus,
- l’augmentation du cheptel bovin,
- l’abandon de l’intensification,
- la réduction de dépense afin d’investir dans d’autres secteurs
- et la régression des investissements en immobilier.

4.3 Discussions
De tout ce qui précède, des discussions relatives aux différentes découvertes de cette
partie importent avant d’enchaîner dans les discussions de fond.

4.3.1 Les différentes découvertes


Les problèmes fonciers et économiques emprisonnent les PPD à la merci d’un faible
niveau d’autonomie en riz et les empêchent de concentrer leurs efforts et leurs ressources aux
améliorations techniques de leurs exploitations. Les exploitations qui arrivent à donner une
priorité à l’amélioration technique de leur exploitation enregistrent une amélioration de leur
niveau de sécurité alimentaire. Par ordre d’influence des priorités de résilience dans
l’autonomie en riz des PPD, en bas de l’échelle se trouve la priorité économique puis le
foncier et au plus haut niveau les aspects techniques qui propulsent les PPD vers une
meilleure autonomie en riz et dont le passage à ce niveau est comme préalable la résolution
des problèmes économiques et fonciers.

Autrement dit, une exploitation agricole sans stabilité économique et foncière n’est
pas disposée à relever des défis techniques et à conquérir un meilleur statut en sécurité
alimentaire durable (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014). Le manquement à ce préalable fait
trébucher les exploitations agricoles et les fait plonger dans la zone de survie et de
vulnérabilité. Des problèmes économiques et/ou fonciers rendent les exploitations vulnérables
et les mettent sous l’emprise d’un effet d’entraînement négatif néfaste à leur développement
technique et au détriment d’une meilleure résilience alimentaire. C’est le « tourbillon de la
pauvreté ».

144
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Ce constat met en exergue l’importance des dimensions économique et foncière des
appuis préconisés pour les agriculteurs en matière de sécurité alimentaire. Ceci pour dire que
les solutions économiques et foncières sont des précurseurs de la réussite de la vulgarisation
des techniques agricoles améliorées. Les agriculteurs ne peuvent pas s’offrir le luxe d’investir
sur les innovations techniques tant que leurs problèmes fonciers et économiques ne soient pas
résolus convenablement. L’adoption des techniques améliorées et innovantes est entamée dès
qu’une condition économique minimum et un processus de sécurisation foncière rassurant les
exploitations agricoles est effective. En revanche, les problèmes économiques et fonciers ont
des répercussions négatives dans la sécurité alimentaire des ménages agricoles.

En matière d’autonomie en riz, seulement 05,2% des PPD pour PSA et 04,4% pour
ERI ont pu atteindre l’autosuffisance totale en riz i.e. 12 mois d’autonomie en riz sur 12 cinq
ans après la fin des projets d’appuis. 28,4% des PPD de PSA et 24,5% des PPD ERI ont pu
maintenir leur niveau de sécurité alimentaire de fin du projet i.e. au moins 09 mois
d’autosuffisance en riz (ADRA, 2008). Le reste des PPD ont rechuté au niveau inférieur.

La tendance centrale est de 07 mois d’autonomie en riz pour PSA et 08 mois pout
ERI. La majorité a vu leur autosuffisance en riz se dégrader de la pole position d’antan pour
s’échouer à la position de la grande masse 05 ans passés i.e. 07 mois de suffisance en riz voire
moins (ibid.). Dans ce sens, 62,4% de la population étudiée pour PSA et 60,0% pour ERI ont
une autosuffisance en riz inférieure ou égale à 7 mois par an. Pis encore, 03,6% des PPD de
PSA et 02,2% pour ERI ont zéro mois d’autosuffisance en riz. Ils dépendent totalement du
marché pour disposer du riz.

L’étude de la capabilité des PPD a permis d’identifier leurs orientations après la fin
des projets d’appuis ; ces orientations sont au nombre de cinq, à savoir :
1. la subsistance,
2. la reconversion,
3. la diversification,
4. l’extension,
5. la croissance

En matière de condition de vie : pour PSA, ce sont les groupes émergents et


Intermédiaires qui ont les meilleures conditions de vie ; ils sont au même niveau malgré la
différence d’autonomie en riz. Pour ERI, la condition de vie est inversement proportionnelle à
l’autonomie en riz. Ce sont les PPD ayant une faible autonomie en riz qui ont une meilleure
condition de vie.

145
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Ces constats reflètent deux modes de vie et de priorités opposés en termes de bien
être : Il y en a ce qui donne une importance primordiale à la dimension alimentaire et ce qui la
relègue au second plan au profit du bien-être social.

4.3.2 Différenciation de trajectoire de résilience


Durant l’accompagnement du projet d’appuis (2003-2008) qui jouait le rôle de tuteur
de résilience, les PPD ont emprunté la même trajectoire de résilience qu’est l’amélioration de
la sécurité alimentaire. Celle-ci se manifestait par l’augmentation de l’autosuffisance en riz.
Après la cessation d’activité du tuteur de résilience, les PPD se différencieraient dans le
temps. Cette différenciation se manifeste à travers ce même paramètre qu’est l’autosuffisance
en riz.

La suffisance en riz des PPD à la fin des projets d’appuis est de 09 mois à 11 mois. La
prévision était que, après le retrait de ceux-ci, cette performance soit au moins maintenue de
façon pérenne (trajectoire PSA 2) voire poursuivie pour atteindre l’autosuffisance totale
(trajectoire PSA 1). Seules les catégories Emergentes ont pu maintenir cette position de
résilience grâce à sa stratégie de croissance et d’extension des activités à la fois dans le
domaine agricole non agricole. Les PPD des catégories Intermédiaire et Déclin ont rechuté
dans le spirale de la pauvreté tout en ayant adopté des stratégies de résilience différentes. La
catégorie Intermédiaire n’a pu maintenir son niveau de performance en suffisance en riz. Les
PPD de cette catégorie continuent de croire aux techniques agricoles améliorées. De ce fait,
ils focalisent de façon exclusive leur stratégie dans l’agriculture et font recours à des revenus
additionnels pour subvenir à leurs besoins.

La catégorie Déclin regroupe les PPD qui ont vu leur suffisance en riz se dégringoler
fortement. Les PPD de cette catégorie ont pris une toute nouvelle trajectoire de résilience
après le sevrage avec le tuteur de résilience en entreprenant une reconversion d’activités.
Force est de constater qu’ils se sont investis dans des activités génératrices de revenu non
agricole pour combler leur gap en matière de suffisance en riz. En l’occurrence, les
investissements en matériels motorisés constituent leur choix de prédilection d’autant plus
que ce type d’AGR offre une liquidité financière solvable, stable et régulière. La catégorie
Dissolution qui est composée de PPD ayant le plus bas niveau d’autonomie en riz ; ce sont
des PPD vivant sous le régime de subsistance. Ces exploitations fonctionnent exclusivement
pour assurer généralement le quotidien ; la perspective d’avenir est reléguée au second plan.
Leur capabilité est faible, leur capacité de choix s’amincit et les pousse ainsi à la stratégie
défensive (Lalau, 2008).

146
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Ceci implique que les mêmes inputs produisent les mêmes outputs pendant les projets
d’appuis mais la durabilité et la pérennité des impacts se différencient suivant les
bénéficiaires. Ces derniers se positionnent différemment dans la trajectoire de résilience selon
leur capabilité respective. En effet, les PPD peuvent changer d’une trajectoire à une autre
selon l’évolution de sa capabilité qui est constituée par sa capacité et l’opportunité qu’ils ont
car l’aspiration et le choix sont conditionnés par ce qui est possible à l’horizon (Lalau, 2011).

4.3.3 Le préalable de l’initiation aux innovations techniques


L’épanouissement des exploitations agricoles est conditionné par la priorité de
résilience qui peut être l’économie, le foncier ou la technique. La priorité économique prime
en premier lieu ; vient ensuite la priorité foncière. Les agriculteurs n’accordent pas assez
d’intérêt aux innovations pour développer son exploitation tant que les problèmes
économiques puis fonciers de l’exploitation ne soient pas résolus (Andrianaivoarimanga &
al., 2017a). La dite stratégie présente une analogie à celle des agriculteurs des hautes terres
dont l’accès aux opportunités techniques est bloqué par le problème foncier (Rakotoarisoa,
2010)

Ceci met en évidence la pertinence de deux niveaux d’intervention différents pour


viser un développement inclusif et intégré. Le niveau 01, qui doit précéder le niveau 02
concerne les axes économique et foncier i.e. les préalables tandis que le niveau 02 englobe la
vulgarisation des innovations techniques à l’endroit des exploitations agricoles paysannes
(figure 48).

147
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
Les deux types d’intervention peuvent se faire simultanément pour gagner du temps et
rassurer les exploitations agricoles de l’adhésion du logique du projet dans la logique
paysanne.

Figure 46 : Niveau d’intervention en matière de développement agricole


Source : auteur

Une intervention voire une politique pour l’amélioration de la sécurité alimentaire


paysanne doit reconnaitre, intégrer, adopter voire marier cette séquence décisionnelle
paysanne afin de revêtir une pertinence adéquate et d’atteindre par la suite son objectif ultime
qui est de promouvoir une meilleure résilience des petites exploitations agricoles en facilitant
leur capacitation et élargissant leur horizon par le biais d’une résolution ciblée de leur
problème au lieu de se cantonner dans une préférence adaptive (Lalau, 2008). Dans ce sens,
plus les interventions sont spécifiées et adaptées à cette condition résiliençaire paysanne, plus

148
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
la force de changement est intense pour atteindre la masse critique au développement. Une
approche stratifiée (Ramananarivo S. , 2004) offre une liberté de choix et de perspective à
l’agriculteur tout en considérant sa situation dans laquelle il évolue.

4.3.4 Accepter les différents types de vocation paysanne


D’une part, la différenciation des PPD après le départ du tuteur de résilience apprend
la pertinence, l’importance et la nécessité d’une approche holistique et ciblée pour pouvoir
traiter convenablement chaque cas au lieu d’entreprendre une intervention globalisante
émaillée d’une discrimination passive et de favoritisme involontaire. Pour être efficace et
efficiente, une intervention doit considérer les différents niveaux de capabilité des
agriculteurs : le besoin d’un agriculteur en situation de subsistance est différent du besoin des
agriculteurs en phase de reconversion, de même les besoins des agriculteurs en phase de
spécialisation, en phase d’extension et en phase de croissance sont tout aussi différents et
impliquent une spécification et une offre appropriée à chaque catégorie pour impacter le plus
positivement possible sur la résilience des exploitations agricoles en général et leur sécurité
alimentaire en particulier.

D’autre part, cette différenciation apprend aussi les différents types de la vocation
paysanne : il y a ceux qui continuaient d’évoluer dans le secteur agricole et il y a ceux qui
entreprenaient une reconversion vers d’autres activités qui ont peu d’attrait avec l’agriculture.
Comprendre et accepter cette destination paysanne permet encore une fois de mieux spécifier
les actions de développement dès la conception au lieu de faire une intervention forcée et
déguisée en une approche participative dirigée. Dans sa trajectoire de résilience, les
exploitations peuvent gravir à l’échelon supérieur, en adoptant une stratégie productive, tout
comme régresser à l’échelon inférieur avec une stratégie défensive selon la liberté de choix
qu’il a. Ceci rejoint la théorie de mutation (Olsson & al., 2014) et la réaction stratégique des
exploitants agricoles par rapport aux innovations (Lalau, 2008) dans le cadre de sa
réorientation stratégique pour renforcer sa capabilité (Lalau, 2011). C’est à ce niveau que l’on
juge la pertinence et l’efficacité d’un projet : un projet pertinent est un projet qui est capable
de présenter pas seulement le plus de choix possible aux agriculteurs mais aussi et surtout de
répondre aux aspirations de développement de ces derniers et favoriser la capacitation requise
pour une meilleure résilience.

4.3.5 Dualité entre bien-être alimentaire et bien-être matériel


Le bien-être est un concept multidimensionnel ; le moins que l’on puisse dire est qu’il
est lié à une autonomie suffisante pour répondre aux besoins fondamentaux entre autres

149
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
manger, se vêtir, boire, se loger, se reposer. Il implique aussi de vivre dans un environnement
physique, social, familial favorable au développement harmonieux de l'individu. La
satisfaction des besoins fondamentaux dépend de la disponibilité des ressources notamment le
revenu (Intellego, 2016). Le bien-être physique est défini par la sensation d'une bonne santé
physiologique générale, d'une satisfaction des besoins primordiaux du corps tandis que le bien
être psychologique est issu d’une évaluation subjective personnelle à partir des perceptions et
des satisfactions diverses. Dans ce sens, le dictionnaire Larousse définit le bien être comme
« l’aisance matérielle qui permet une existence agréable » (Larousse, 2016).

L’autonomie en riz est à la base du bien-être alimentaire du ménage agricole tandis


que les biens et matériels contribuent à leur bien-être matériel qui par extension façonne son
image sociale et sa réputation. Face à la rareté des ressources, les agriculteurs devraient faire
le choix entre leur bien-être alimentaire et leur bien-être matériel. Ceci justifie l’existence de
deux modes de vie en termes de bien-être paysan. Il y a ceux qui accordent plus d’importance
à leur bien-être matériel qu’à leur bien être alimentaire, entre autres leur alimentation, et vice
versa. Ce constat ouvre un débat sur la retombée des projets de développement sur la
condition de vie paysanne et sur l’efficacité de ces derniers en matière de développement. Un
projet efficace est-il celui qui a atteint ses objectifs en terme d’indicateurs ou celui qui a
engendré une amélioration du bien-être de ces bénéficiaires ? En effet, quels que soient les
résultats et performances des projets de développement, les agriculteurs les adaptent et les
convertissent à leur aspiration à l’instar des projets AGR qui, une fois l’agent d’exécution
quitte les lieux, sont transformés et convertis en projet personnel en l’occurrence changement
de filière, cession de capital et vente d’équipement pour acquisition de matériels différents.
En revanche, certains agriculteurs poursuivent le chemin initié avec le tuteur de résilience
même après le sevrage. Bref la durabilité des impacts de développement est biaisée par la
perception de bien-être des bénéficiaires. Dans ce sens, Lallau (2008) a évoqué le concept de
la préférence adaptive et l’aspiration. Quand bien même, ces impacts ne laissent pas
indifférents les bénéficiaires de projet sur leur bien-être.

4.3.6 Trajectoire de résilience des exploitations agricoles


Etant donné que la capabilité définit la trajectoire d’une exploitation agricole
(Provitolo & Antipolis, 2009), la hiérarchisation et la mise en connexion de leurs orientations
en chaîne continue aboutit au schéma de la trajectoire de résilience des exploitations agricoles
de la figure 49.

150
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
La dite trajectoire de résilience donne une idée de la perspective éventuelle des
exploitations agricoles selon l’opportunité qui se présente et la potentialité de ces
exploitations.

Figure 47 : Trajectoire de résilience des exploitations agricoles


Source : auteur

Cette trajectoire de résilience donne un aperçu de ce que peut être l’évolution positive
- éventuellement négative - des bénéficiaires de projets de sécurité alimentaire et de
développement après la clôture de ces derniers ; le sens inverse est tout aussi possible. De
loin, cette trajectoire insinue la diversité résiliençaire des PPD, elle implique la pertinence
d’une intervention spécifiée et calibrée à chaque catégorie d’exploitations agricoles. Elle
permet ainsi d’identifier les points d’entrée d’une intervention donnée (Andrianaivoarimanga
& al., 2017a). Dans ce sens, il est capital de tenir en compte que les exploitations, outre la
culture vivrière, ont leurs éléments de capabilité de prédilection et de préférence adaptive
(Lalau, 2011) qu’est la diversification de revenus pour tisser et tricoter leur résilience
(Lecomte, 2005). Cette diversification qui est une signe de prospérité et de lotis selon
Ranaivoson (2010) se fait par le biais de l’investissement en matériels mécaniques, de
l’élevage bovin, du recours au salariat et au petit commerce ; la diversification d’activités
constitue un facteur de résilience important en permettant aux exploitations agricoles de ne
pas succomber en dessous du seuil de survie. En effet, les matériels mécaniques tels que
motoculteur kubota, charrue et charrette et l’élevage de bovin permet la vente numéraire de
service ; de plus l’élevage de bovin permet la production de fumiers de parc dont la valeur

151
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
pécuniaire s’apprécie de plus en plus. Quant au salariat, il peut être journalier, mensuel et
artisanal. En somme, l’extension des cultures vivrières, l’initiation aux activités de revenu
additionnel, le petit commerce et le salariat constituent les formes de diversification adaptive
de revenus que les agriculteurs entreprendraient pour renforcer sa capabilité et tisser sa
résilience. Ces choix s’expliquent par la nécessité d’un tampon alimentaire et/ou d’un tampon
financier des exploitations agricolepour combler leur gap en autonomie alimentaire et mitiger
l’érosion de leur stock en riz (Andrianaivoarimanga & al., 2016). Ils abandonneraient dans le
temps l’intensification agricole et l’investissement immobilier. La spécification et le calibrage
des interventions qui se font dans cette optique auraient plus de probabilité de réussite en
milieu rural.

L’analyse prospective a démontré que malgré les similarités de la situation des


exploitations agricoles à la fin et au lendemain des projets, les exploitations agricoles ont
différents niveaux de résistance dans le long terme selon l’approche utilisée par les projets.
Ceci amène à dire que le mode d’intervention a un impact notable dans le long terme au
niveau des exploitations agricoles malgré les similarités dans le court terme et le moyen
terme. De surcroît, le choix d’approche et de mode d’intervention importent pour viser une
bonne durabilité des impacts des actions de résilience.

Conclusion partielle
Les agriculteurs ont trois priorités de résilience, ce sont l’innovation technique, la
sécurité foncière et la sécurité économique. L’innovation technique de l’exploitation est à la
base de la sécurité alimentaire paysanne. Les ménages qui arrivent au stade de l’innovation
technique de leur exploitation embrassent un bon niveau d’autonomie en riz contrairement à
ceux qui sont encore en quête d’une sécurité foncière et une sécurité économique. Cependant,
la sécurité foncière et la sécurité économique constituent, pour les agriculteurs, des préalables
incontournables à l’innovation technique. Avant de s’aventurer dans les innovations
techniques, ils préfèrent dans sa logique assurer leurs sécurités foncière et économique.
Accepter ce fonctionnement stratégique paysan constitue le premier défi de tout intervenant
voulant engrener les agriculteurs dans un projet de développement agricole quelconque en
dépit de la rationalité et la logique de ce dernier.

Les agriculteurs, avec l’accompagnement des projets d’appuis, réalisent des bonnes
performances homogènes en matière de sécurité alimentaire. Une fois que le tuteur de
résilience quitte les lieux, les bénéficiaires adoptent différents types de stratégie pour
entretenir leur résilience. Ce sont la croissance, l’extension, la diversification, la reconversion

152
Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants
et la subsistance. Ces stratégies sont dictées et décidées en fonction de la capabilité des
exploitations. En retour, elles impactent leur mécanisme de fonctionnement et la condition de
vie de l’agriculteur et son ménage.

La conscience et la reconnaissance de cette différenciation résiliençaire paysanne


permettent de différencier et de spécifier les interventions pour promouvoir un développement
le plus inclusif possible. Cette différenciation résiliençaire dépend aussi en partie de la
perception paysanne sur le bien-être humain. A cause de la rareté des ressources, les
agriculteurs doivent faire le choix entre leur bien-être alimentaire et leur bien-être psycho-
social. La durabilité et l’effectivité des impacts des interventions en dépendent par la suite.
Par-dessus tout, les agriculteurs, dans leur logique, ont leur préférence tendancielle en matière
de renforcement de capabilité et de tissage de résilience : ce sont les activités permettant des
recettes rapides telles que la vente de biens et de service qui constituent le premier choix de
ces derniers. A ceci s’ajoute l’extension des cultures vivrières. Cette logique est en aucun cas
à ne pas ignorer pour parvenir à une bonne adhésion des agriculteurs dans les projets de
développement et de loin à un développement le plus inclusif possible.

153
Discussions générales

V] DISCUSSIONS GENERALES

5 DISCUSSIONS GENERALES

154
Discussions générales

Introduction
A la lumière des découvertes et des discussions issues des parties précédentes y compris l’etat
de l’art, cette partie aborde dans un premier temps des discussions thématiques relatives aux
différents concepts ayant trait à la thèse tout en acheminant dans un deuxième temps vers une
discussion synthétique des théories de la thèse. Les discussions tourneront autour de la
sécurité alimentaire, la vulnérabilité, la capabilité, la résilience et l’acculturation agricole pour
aboutir à des concepts d’intervention visant à améliorer l’éfficacité des projets oeuvrant dans
le développement agricole et particulièrement dans la sécurité alimentaire das exploitations
agricoles.

5.1 Le concept de la sécurité alimentaire


Etant un concept d’intérêt général, la sécurité alimentaire nourrit d’intenses
discussions et de débats dont la résultante perce de nouvelles réflexions en la matière, entre
autres, l’initiative de la communauté internationale sur la réduction de l’insécurité alimentaire,
les perspectives de développement, la réduction de la vulnérabilité, la gouvernance,
l’alimentation mondiale à travers l’agriculture et le cas de Madagascar en matière de sécurité
alimentaire.

5.1.1 Besoin d’alignements de perceptions


Décortiquer la sécurité alimentaire en trois dimensions qui sont la disponibilité,
l’accès et l’utilisation (FISCR, 2005) permet d’avoir une compréhension approfondie de la
situation sur terrain, d’identifier les blocages et les goulets d’étranglement. Ceci permet aussi
de bien cibler et spécifier les interventions depuis la conception à l’exécution afin de mâter le
fléau de l’insécurité alimentaire. De telle analyse multidimensionnelle est utile pour avoir une
compréhension à la fois systémique et élémentaire du concept. Elle offre une meilleure
pertinence et une précision au ciblage des interventions sur le plan politique et
particulièrement pour la population, la structure institutionnelle, les facteurs de production et
les infrastructures. Bref, percevoir la sécurité alimentaire suivant ces trois dimensions permet
de mieux intégrer et placer convenablement chacun des intervenants et chacune des
interventions dans l’échiquier de la lutte pour réduction de l’insécurité alimentaire.

5.1.1.1 Définition de la sécurité alimentaire


En revanche, la définition de la sécurité alimentaire arrêtée par la communauté
internationale est émaillée d’un idéal qui ne semble pas à la portée de l’humanité. En effet, le
fait de poser comme conditions principales de sécurité alimentaire la satisfaction du besoin

155
Discussions générales
diététique à tout moment et la préférence alimentaire suivant les exigences culturelles (PAM,
2005) risque de compromettre l’atteinte de la sécurité alimentaire totale et absolue aspirée à
travers la définition elle-même. La sécurité alimentaire ne pourrait être que partielle dans ce
domaine de définition étant donné que l’Homme a un panel de préférences et de besoins
complexes qui sont aussi bien diversifiés que son effectif. Dans cette optique, la sécurité
alimentaire d’un personne donnée ne dépend pas seulement de la disponibilité, de
l’accessibilité et de l’utilisation de la nourriture mais aussi et surtout de la préférence
individuelle si l’on s’en tient à cette définition. Une personne peut ne pas être totalement
satisfaite diététiquement à cause de sa préférence personnelle. Déjà à ce niveau, un
alignement de perceptions est nécessaire sur la sécurité alimentaire et la préférence
personnelle.

5.1.1.2 Le défi du zéro famine


En outre, le défi de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire
requiert un niveau d’harmonisation et d’uniformisation de conviction, de méthodologie et de
mécanisme d’interventions de toutes les parties prenantes de tous les niveaux notamment
administratifs, institutionnels et géographiques (FAO, 2014b). En effet sur le terrain, des
différences d’approches et de perceptions entre les intervenants du domaine de la sécurité
alimentaire sont indéniables. La sporadicité et de la ponctualité de certaines interventions
ainsi que les dons et les assistanats n’intègrent point la synergie de la réduction de l’insécurité
alimentaire ; pourtant, ils peuvent être valorisés dans cette croisade de taille. Autrement dit, la
première étape de toute initiative de réduction de l’insécurité alimentaire doit consister à
relever le défi d’alignement de perception de toutes les instances politiques, économiques et
institutionnelles ainsi que le secteur privé et les individus eux-mêmes. Le concept de la
sécurité alimentaire, avec ces trois facteurs – disponibilité – accessibilité – utilisation, est un
concept qui impose une compréhension et une vision alignée ainsi qu’une approche holistique
de la sécurité alimentaire afin de bien saisir et d’appréhender sa dimension et son contexte sur
le terrain. En effet, la sécurité alimentaire est étroitement liée à la personne, à la famille et à la
communauté elle-même mais aussi et surtout avec leur cadre de vie en l’occurrence leurs
moyens de subsistance, l’environnement, les infrastructures de service, la sécurité, le social, la
politique gouvernementale voire la politique internationale (FISCR, 2005). La poursuite des
objectifs de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire serait ainsi aléatoire
sans un alignement de perception pour remédier à cette divergence d’intérêts et d’approches.

156
Discussions générales

5.1.1.3 Les indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire


Dans cette percée, les indicateurs de sécurité alimentaire conçus par les experts ont
une dimension pluridimensionnelle (FAO, 2014a) et dont la mise en place nécessite une
approche et une appréciation multisectorielle. La définition du concept fait comprendre à quel
point la sécurité alimentaire est compliquée voire hors portée pour les pays défavorisés à
l’instar des besoins en infrastructures routières qui ont un niveau de dégradation très avancé
chez les pays pauvres. Au vu de la situation de leurs infrastructures routières et leur capacité
économique, la sécurité alimentaire dont l’un des composantes principales est l’accessibilité
est compromise au préalable et mutait en un objectif idyllique. De surcroît, l’isolement et
l’enclavement obstruent la réalisation d’une véritable performance agricole et par la suite une
conséquence notoire fatale sur la sécurité alimentaire. Cette dernière va de pair avec la
durabilité des exploitations agricoles sinon ce serait une sécurité alimentaire fragile dans le
temps. La sécurité alimentaire, dans ce contexte, ne serait jamais effective avec la seule
intervention de projets de développement agricole. Elle nécessite une approche holistique et
une vision systémique pour couvrir et influencer l’intégralité des facteurs externes à la
production agricole et qui interagissent avec les trois dimensions du concept. Ceci pour dire
qu’un alignement de perceptions est nécessaire entre les décideurs, les gouvernants et les
concepteurs de projets afin de donner plus de pertinences, de force de convergence et de
synergie aux actions de résilience réalisées sur le terrain. Faut-il que les parties prenantes
parviennent à définir de concert un objectif commun de capabilisation de la communauté et
des exploitations agricoles à travers des investissements structurants et des transferts de
capabilité pour que ces dernières puissent quitter la situation de vulnérabilité et s’arrimer à
une trajectoire de résilience.

Pour la population locale, la sécurité alimentaire est le fait d’avoir le ventre rassasié en
aliment de base (PAM, 2014). A l’instar des ouvriers malagasy qui demandent à leur patron
de ne leur donner principalement que du riz en montagne russe et ça leur suffirait pour se
considérer en satisfaction et suffisance alimentaire. La vision du concept est tout à fait
différente en haut lieu. Autrement dit, une différence plus qu’apparente de la perception sur la
sécurité alimentaire est flagrante entre le local et le conceptuel. Il en résulte une
incompréhension mutuelle entre les deux sphères ; celle-ci engendre à coup sûr un manque de
pertinence des interventions aux yeux de la population locale et une incompréhension du
comportement de cette dernière pour l’instance décisionnelle. Cette situation est à l’origine du
manque à la fois d’adhésion communautaire et de pérennité des réalisations des projets mais
aussi et surtout d’un faible ancrage des institutions et des agences de développement. Cette

157
Discussions générales
divergence manifeste peut se pallier par l’alignement de perception entre la communauté de
base et l’instance décisionnelle d’en haut. Elle fait surtout appel à une humilité de la part de
cette dernière pour intégrer une approche qui considère et acculture la perception locale sur la
stratégie de sécurité alimentaire.

5.1.1.4 La considération de la dimension humaine


Il a été montré aussi le rôle capital de la conjoncture du pays dans la sécurité
alimentaire des ménages (ibid., PAM.). Les crises et troubles socio-politiques entraînent des
marasmes fatals à la sécurité alimentaire des ménages dont l’impact se diffère en fonction de
leur catégorie des exploitations agricoles. Mais considérer le problème de l’insécurité
alimentaire comme le résultat arithmétique d’une série de problèmes politico-techniques et
sociaux (ibid., PAM) induirait à une erreur d’appréciation et d’analyse. Il est indéniable que la
production agricole est faible à cause des problèmes techniques, politiques, économiques et
conjoncturels qui pourraient être résolus rationnellement. Quand bien même, il ne faut pas
oublier le facteur humain. C’est l’Homme qui subit les chocs et les cataclysmes naturels, les
crises et les fléaux sociaux. C’est l’Homme qui ne mange pas à sa faim. C’est cet Homme
traumatisé et victime de toutes sortes de chocs qui est l’acteur principal d’office et
incontournable dans l’instauration de la sécurité alimentaire. C’est lui qui connaît au mieux
son problème et l’issu qui leur convient. Le fait de manquer ou d’omettre cette dimension
humaine dans l’analyse de la sécurité alimentaire handicaperait à coup sûr les réflexions et les
résolutions dans un premier temps et les décisions politiques et les stratégies d’approches
dans un second temps. Ceci explique l’échec de bon nombre de projets de sécurité alimentaire
et humanitaires.

Bref, la divergence de perceptions sur la sécurité alimentaire à tous les niveaux fait
appel à un alignement de perceptions de toutes les parties prenantes du domaine en question
afin de générer et promouvoir une meilleure synergie d’interventions en faveur de
l’instauration d’une sécurité alimentaire durable et inclusive.

5.1.2 Sécurité alimentaire et élargissement de la politique agricole


La planète terre dispose les atouts et les potentialités nécessaires pour nourrir sa
population. Par contre, si le secteur agricole parvient à produire des aliments satisfaisant la
population mondiale, répartir les aliments équitablement à toutes les populations mondiales
pour une sécurité alimentaire effective est un défi pluridimensionnel complexe (Drogué & al.,
2006). Primo, il faut une volonté politique ferme pour mettre en place les dispositions qui s’en
imposent et pour vaincre les divergences d’opinions. De surcroît, des défis logistiques et des

158
Discussions générales
défis économiques sont à relever pour répartir les aliments et réduire les gaspillages
alimentaires afin de pouvoir nourrir les affamés et les pauvres qui ne pourront rien donner en
contre partie pour rembourser les coûts de productions et les coûts d’opérations depuis la
ferme, le transport jusqu’aux consommateurs/bénéficiaires. Les populations aisées et les
producteurs accepteront-ils de céder leurs produits agricoles sans percevoir les bénéfices
escomptés et qui dans ce sens prendra en charge la subvention ? Ceci ouvre la réflexion au
perfectionnement du mécanisme de la sécurisation alimentaire en vigueur voire pencher à un
autre modèle qui pourrait accompagner l’éventualité de la répartition équitable des aliments
dans le globe pour une réelle sécurité alimentaire de la planète terre selon la définition de la
FAO qu’est l’organisme de tutelle en matière de sécurité alimentaire. Dans ce sens, les points
suivants sont mis en exergue :
- la reconnaissance du rôle de l’agriculture dans la sécurité alimentaire à travers la
production, la génération de revenu en collaboration avec la recherche pour faire
plus ;
- l’importance de la considération de la diversification des produits agricoles pour
une meilleure alimentation ;
- l’importance de la politique agricole intégrée à la sécurité alimentaire ;
- l’importance de l’information des décideurs politiques pour une bonne
gouvernance en matière d’alimentation et sécurité alimentaire ;
- l’importance de la recherche pour améliorer la productivité et l’alimentation et
pour augmenter le revenu agricole qui importe sur la macroéconomie.

Pour le secteur primaire, la politique agricole joue un rôle primordial dans


l’amélioration de la nutrition et de la sécurité alimentaire des ménages (EPP PADR, 2005).
Elle a un rôle connecteur dans la mesure où elle dicte l’attribution de tous les acteurs de la
sécurité alimentaire à commencer par les agriculteurs, la recherche mais aussi et surtout les
dirigeants et les décideurs ainsi que les bailleurs de fonds et les organismes de
développement. Etant élargie dans ce sens, la politique agricole peut assurer la mise en place
d’une coordination multisectorielle et intégrer dans ses composantes la sécurité alimentaire au
lieu de se borner et se cantonner sur le domaine de la production agricole.

Le grand défi, surtout pour les pays proies de l’insécurité alimentaire, est l’élaboration
d’une politique agricole cohérente et pertinente. Déjà son contenu est complexe, pis encore
son processus d’élaboration est un exercice fatidique pour ces pays sans parler de son
exécution éventuelle étant donné le désarroi de la machine administrative, à l’instar de

159
Discussions générales
Madagascar qui est un pays à vocation agricole mais qui n’a jamais eu sa propre politique
agricole. Cette absence de politique agricole explique les inefficacités des projets et des
interventions en matière de sécurité alimentaire. Chaque entité et intervenant font ce qui lui
semble bon et dans ce contexte la coordination multisectorielle est une utopie. Ce qui met
ainsi la sécurité alimentaire de plus en plus hors portée. Ce défi de disposer une politique
agricole cohérente et pertinente est à relever ; il requiert non seulement une volonté politique
de la part des dirigeants mais aussi et surtout un engagement et une détermination ferme de
toutes les parties prenantes à la sécurité alimentaire. Ces dernières ne peuvent pas rester les
bras croisés si elles veulent être fidèles à leur raison d’être et à leur mission.

5.1.3 Sécurité alimentaire et changement climatique


Le changement climatique est une réalité que les exploitations agricoles doivent faire
face (FAO Madagascar, 2012). Les effets négatifs du changement climatique sur l’agriculture
notamment sur le rendement sont constatés par les agriculteurs eux-mêmes. Ce phénomène a
une forte capacité de nuire à la sécurité alimentaire. La proactivité paysanne joue un rôle
prépondérant pour anticiper et déjouer en avance la dégradation de leur système alimentaire.
Ceci explique à quel point sont pertinents le besoin et la nécessité de sensibiliser et informer
les agriculteurs sur le sujet. Les effets du changement climatique se font sentir de plus en plus
dans l’exploitation familiale. Il est primordial de munir les agriculteurs des moyens
nécessaires pour pouvoir s’y adapter convenablement et préserver leurs acquis. Tout retard
dans la mise en place des mesures de mitigation du changement climatique serait fatal, pas
seulement pour la production agricole et les ménages mais aussi et surtout pour la sécurité
alimentaire et l’économie. Les agriculteurs, les décideurs politiques et les dirigeants seraient
pris de court par les effets du changement climatique si des actions proactives et anticipatives
ne soient pas entreprises dès lors.

Les résultats des recherches ainsi que les innovations sont certes nécessaires au
renforcement de la résilience des exploitations agricoles face au changement climatique
(ibid.). Quand même, la valorisation de la connaissance et de la capacité locale relative aux
services de l’écosystème, la génétique et la gestion de la production sont des éléments à
considérer et à intégrer pour promouvoir l’agriculture intelligente. Imposer des solutions
généralisantes reproduirait les erreurs du passé. Les résultats de la recherche paysanne, par la
valorisation de la capacité locale, sont en effet mieux adoptés par les agriculteurs. C’est la
logique de l’appropriation participative à l’opposé du top down et de l’imposition des
connaissances externes au milieu paysan. Les résultats de la recherche paysanne se heurtent
au problème de reconnaissance institutionnelle voire financière. De son côté la recherche

160
Discussions générales
formelle, au fil du temps, a fait preuve de son incapacité à faire adopter ses résultats aussi
probants soient-ils par les agriculteurs qui devraient-être les utilisateurs principaux. D’où
l’importance de la combinaison de la recherche et de la capacité locale à travers
l’appropriation participative.

Parvenir à un tandem solide entre la recherche et le milieu paysan demande un effort


respectif entre les deux parties pour forger un triangle de résilience (Lecomte, 2005) au profit
de l’amélioration de la sécurité alimentaire des agriculteurs : la recherche aura besoin de
beaucoup d’humilité pour admettre que, tout comme elle, les agriculteurs possèdent aussi des
capacités pouvant contribuer à l’avancement de la recherche. En contrepartie, les agriculteurs
doivent faire confiance à la recherche malgré les erreurs et les mésententes du passé. Une
entente et une compréhension mutuelle conjuguées avec le partage d’une même vision sur
l’agriculture durable forgeraient progressivement ce tandem. Le partenariat Recherche-
Paysan est une lame à double tranchante en termes de résultats. En effet, la reconnaissance
des résultats par les partenaires financiers et techniques, en l’occurrence les donneurs est plus
facile étant donné la caution par l’organisme de recherche. En revanche, la dissémination, la
vulgarisation ainsi que l’adoption des résultats de la recherche seraient plus fluides et plus
intenses en recourant à la communication paysan-paysan et ses réseaux sociaux.

5.1.4 Gouvernance de la sécurité alimentaire


L’efficacité des approches, des politiques et des décisions relatives au développement
agricole, à la réduction de la pauvreté et l’émergence de la sécurité alimentaire est
fondamentale pour amorcer le développement des exploitations familiales. Les aides
alimentaires ont une portée à court terme et ponctuel (FISCR, 2005) ; elles ne peuvent pas
occasionner un développement agricole durable sans aller de pair avec l’investissement. Or
c’est ce développement durable qui engendre la sécurité alimentaire. Il est prouvé que les
projets de développement et les subventions font monter la production agricole et contribuent
indéniablement à la sécurisation alimentaire des ménages (ADRA, 2008). Par contre, leurs
résultats et leurs réalisations ne sont point pérennes. Les étapes franchies et les résultats de
telles interventions se volatilisent à l’échéance. Ceci implique la reconsidération du concept
des projets humanitaires qui doivent en effet apporter des aides alimentaires pour subvenir
aux besoins immédiats de la population. Mais de surcroît, ces projets doivent comporter des
investissements agricoles conséquents pour permettre aux nécessiteux de sortir
progressivement de l’assistanat et prendre une trajectoire de résilience. Dans ce sens,
l’assistance alimentaire et le développement agricole doivent commencer en même temps
mais de façon inversement proportionnelle. L’aide alimentaire débute en volume et évolue

161
Discussions générales
dans le temps de façon décroissante tandis que le développement agricole est initié de façon
progressive. Cette approche de continuum de développement permet d’assurer au mieux la
sécurité alimentaire et la réduction effective de la pauvreté.

Sur le terrain, il y a deux types d’intervention : les aides alimentaires et les


interventions visant l’amélioration des moyens de subsistance de la communauté vulnérable.
Le fait de les séparer porte ainsi préjudice à l’efficacité des projets de développement. Les
aides alimentaires sont certes nécessaires pour satisfaire les besoins quotidiens ; mais sans les
interventions sur les moyens de subsistance, la culture d’assistant prend le dessus dans la
communauté. Ce qui compromet ainsi le processus de développement durable et la
pérennisation des résultats. En revanche, l’initiative de développement des moyens de
subsistance risque de se heurter à l’indifférence de la communauté si cette dernière n’a pas
une solution à ses besoins immédiats. Marier aides alimentaires et développement des moyens
de subsistance est l’approche appropriée et pertinente pour amorcer et promouvoir une
sécurité alimentaire durable et pérenne. Il appartient aux concepteurs et aux décideurs de
doser la proportionnalité des deux catégories d’intervention mais l’idéal est de les mener en
parallèle de façon inverse (figure 50).

Figure 48 : Intervention simultannée en continuum de développement

La notion de régularité et de stabilité tient une place importante dans la pérennisation


de la sécurité alimentaire (CIRAD, 2014a). Les projets humanitaires et les interventions sur

162
Discussions générales
terrain sont appelés à pencher sur ces aspects s’ils veulent amorcer et promouvoir la durabilité
et la pérennisation de ses réalisations au sein de la communauté. C’est un défi qui a fait
trébucher et succomber un bon nombre de projets de développement quand on constate que
les impacts se volatilisent dès que les interventions sont à terme. Relever ce défi n’implique
pas seulement les organismes de développement et leur staff mais aussi et surtout les
décideurs politiques qui ont l’attribution d’instaurer un cadre favorable à la régularité et à la
stabilité de la production, de l’approvisionnement, de l’échange, des prix ; c’est en bref une
approche systémique et holistique au niveau national voir international.

Le fait d’impliquer la femme dans la prise de décision du ménage (FAO Africa, 2012)
apporte une dimension supplémentaire qui élargit l’horizon, approfondit les analyses et
augmente l’engagement de cette dernière sur tous les plans depuis la conception et la
planification en passant par la concrétisation et la réalisation jusqu’à la récolte des résultats.
Ceci explique pourquoi l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages a une
corrélation indéniable avec l’implication de la femme dans la prise de décision au niveau du
ménage. La décision ainsi prise est plus holistique et plus pertinente. De même, la réalisation
est soutenue par une motivation supplémentaire.

5.1.5 Le cas de Madagascar


La quasi-totalité des rapports officiels montrent à quel point la pauvreté à Madagascar
est-elle endémique. Le secteur agricole qui devrait être le pilier de la sécurité alimentaire est
sous l’emprise d’une multitude de contraintes et de fléaux tantôt structurels tantôt
conjoncturels. Résoudre le problème de l’insécurité alimentaire à Madagascar revient en
grande partie à mâter de l’amont en aval et dans sa totalité les problèmes des exploitations
agricoles, en particulier ceux des exploitations familiales.

5.1.5.1 Guérir ou prémunir


A cause de son positionnement géographique, Madagascar constitue la cible de
prédilection des cyclones qui ne font que ravager et terrasser tout ce qui se trouve dans leur
passage (FAO Madagascar, 2012). Chercher à les éviter est une peine perdue d’avance. Des
mesures humanitaires d’urgence post-cycloniques ont été toujours prises après le passage des
météores. De même pour les autres fléaux tels que les invasions acridiennes, les mesures
prises sont quasi-réactives afin d’atténuer les impacts et les effets négatifs des calamités. Ces
approches réactives entretiennent et donnent place à un cercle vicieux. Les approches
réactives, éternisent le dualisme catastrophe- aide d’urgence. Les interventions ainsi faites ne
font au maximum que ramener les victimes et les rescapés au niveau zéro en termes de moyen

163
Discussions générales
de subsistance et de sécurité alimentaire. Continuer ainsi ne permet pas d’enclencher la
vitesse supérieure en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole.

Etant donné que l’on ne peut pas éviter les catastrophes naturelles, en l’occurrence les
cyclones, faut-il préconiser des mesures et des mécanismes proactifs et anticipatifs qui
puissent donner suffisamment au secteur agricole une capacité d’absorption et de résistance
face aux effets de fléaux. Les interventions feraient mieux de prémunir le secteur agricole
d’une forte résilience lui permettant de se relever et de maintenir sa trajectoire de résilience
malgré le choc. Ceci demande l’implication, non seulement des agriculteurs mais aussi et
surtout une décision politique favorable au renforcement ex ante de la capabilité de
l’agriculture et des agriculteurs (Lalau, 2008) en agissant en amont du secteur entre autres les
infrastructures agricoles, l’approvisionnement et en aval sur la commercialisation. Faut-il que
les agriculteurs disposent des réserves sécuritaires suffisantes pour prévenir et se prémunir
contre des chocs éventuels. Toute intervention et toute décision politique doivent converger
dans ce sens pour avoir un secteur agricole ayant une forte capacité de résistance voire une
résilience suffisante pour faire face aux calamités conjoncturelles chroniques. Par conséquent,
il pourrait assumer son rôle dans la sécurité alimentaire de la Grande Ile dont la population est
majoritairement rurale (FIDA, 2014). Bref, adopter plutôt une approche de résilience
proactive pour traiter le problème d’insécurité alimentaire conjoncturelle au lieu de réagir par
l’approche de vulnérabilité serait plus judicieux pour pallier le problème de vulnérabilité
chronique causée par les cataclysmes naturels.

5.1.5.2 Repenser le concept de la sécurité alimentaire


En fin de compte, la sécurité alimentaire va de pair avec la question de disponibilité,
d’accessibilité et d’utilisation des aliments qui sont les trois piliers de la sécurité alimentaire
selon le concept en vigueur (PAM, 2005). Le risque et la stabilité sont quand même des
facteurs à prendre en compte pour assurer une sécurité alimentaire durable. Nombreux sont
les déterminants qui influent la sécurité alimentaire, entre autres la production agricole, le
changement, la démographie, la macroéconomie et les contextes conjoncturels et structurels.
La sécurisation alimentaire est un problème mondial qui implique toutes les instances
institutionnelles. Etant donné que l’objectif du millénaire relatif à la sécurité alimentaire
n’était pas atteint, faut-il aligner la perception et repenser au modèle de la sécurité alimentaire
à mettre en place dans le Monde pour pouvoir relever efficacement les multiples défis qui
s’imposent à l’humanité, notamment trouver les voies et moyens pour nourrir la population,
satisfaire les besoins futurs et conserver les ressources et l’environnement pour les
générations futures. Les pistes de solution avancées dans ce sens sont l’investissement sur

164
Discussions générales
l’agriculture, la recherche et la valorisation de la capacité locale, l’éducation (Ramananarivo,
2004), l’approche genre (Galiè & al., 2015), l’agriculture intelligente au changement
climatique, la réduction des gaspillages et la répartition équitable des aliments, la bonne
gouvernance (FAO, 2014a). Repenser la sécurité alimentaire doit passer en premier lieu par
la reconsidération de la définition et des indicateurs, des parties prenantes et leurs
engagements respectifs tout en reconnaissant que l’Agriculture reste le fournisseur principal
de nourriture de la génération actuelle et les futures générations (Drogué & al., 2006).

5.2 Vulnérabilité – Résilience – Capabilité


Le tandem Vulnérabilité – Résilience – Capabilité est un concept émergent et
évolutif ; son application dans le domaine du développement pousse davantage les réflexions
des uns et des autres. Tenant compte de la ligne directrice de cette thèse, les points relatifs au
développement ci-après ont été développés.

5.2.1 Tourbillon de la vulnérabilité et tourbillon de la résilience


La notion d’effet domino de la vulnérabilité (Bellier & al., 2004) est une notion qui
permet de mieux appréhender la réalité, le phénomène de paupérisation et l’émancipation.
Une intervention donnée engendre une conséquence positive qui à son tour joue le précurseur
d’un changement résilient et ainsi de suite. En d’autres termes, ceci est positif en matière de
développement quand l’atteinte d’un jalon fait entamer une autre étape de développement.
C’est le cas de l’installation d’une entreprise minière dans une ville et qui par la suite génère
un bon nombre d’opportunités d’affaires pour les opérateurs et les producteurs agricoles.
Quand ces derniers saisissent ces opportunités, ils en tirent profit tout en créant des emplois
pour les chômeurs qui deviendront à leur tour moins vulnérables du moins sur le plan
financier. C’est un cas de transfert de capabilité par excellence où la résilience fonctionne en
boule de neige tourbillonnaire entraînant petit à petit les autres dans son mouvement.

En revanche, les gens vulnérables ont toujours tendance à chercher des secours auprès
de leurs voisins et leurs connaissances qu’ils considèrent plus aisés i.e. moins vulnérables et
plus résilients. Ils empruntent et demandent de l’aide sinon les forcent au nom du lien social.
Ces voisins résilients ont souvent du mal à refuser et cèdent à la pression ; ce qui n’est pas
mauvais en soi sauf que c’est une forme de décapitalisation pour le prêteur. Dans le contexte
de la pauvreté, ces prêts sont rarement remboursés et la décapitalisation devient effective et
réduit ainsi la capacité de celui qui a prêté, autrement dit, un appauvrissement et une
« vulnérabilisation » par effet d’entraînement. Le même cas se rencontre aussi dans la vie
associative où l’on reçoit des subventions et les membres apportent en contre partie des

165
Discussions générales
apports bénéficiaires. Le projet associatif ainsi réalisé est mené de façon communautaire qui
dans la plupart des cas sont voués à l’échec à cause du manque d’engagement de la majorité
de membres qui se disent trop pauvres et trop occupés pour honorer leurs engagements et
mener à bien les projets. D’où une décapitalisation et une « vulnérabilisation » des membres à
cause de la vulnérabilité d’autrui. Dans ce contexte, les gens vulnérables sont pris par la
trappe de la pauvreté et leur liberté d’agir i.e. leur capabilité est limitée. Pis encore, ils
entraînent avec eux ceux qui sont moins vulnérables. C’est le mécanisme du tourbillon de la
pauvreté qui a une force d’entraînement et engloutirait pas seulement les vulnérables mais
aussi et surtout ceux qui veulent les repêcher i.e. les résilients. En une phrase, la vulnérabilité
et la résilience ont chacune une force d’entraînement aussi bien qu’un tourbillon en a pour
entraîner non seulement le sujet le sujet concerné mais aussi et surtout ses entourages.

Dans la même foulée, considérer la résilience individuelle comme base de résilience


communautaire et du développement durable (Lalau, 2011) s’avère logique dans le sens où
l’on considère l’effet d’agrégats. Une interaction effective existe en effet entre ces deux pôles.
A l’instar de l’effet d’agrégat des petites exploitations à l’échelle régionale et nationale, aussi
nombreuses qu’importantes, leur nombre est indéniable. Ceci peut être positif que négatif
pour la sécurité alimentaire, la macroéconomie. Plus les exploitations agricoles enregistrent
un succès, plus la sécurité alimentaire de la zone voire du pays est confortée. L’inverse est
tout aussi vrai.

5.2.2 Interaction entre Vulnérabilité et Résilience


La théorie du cercle vicieux de la pauvreté qui est régie par la séquence conceptuelle
Risque – Capabilité – Vulnérabilité (Lalau, 2008) trouve bien sa pertinence pour expliquer
comment les personnes vulnérables sont prises progressivement dans la trappe de la pauvreté
de façon irréversible en évitant de prendre de nouveau risque. En effet, la logique de la
séquence conceptuelle Risque – Capabilité – Vulnérabilité explique la logique paysanne dans
le choix d’adopter ou non les innovations. Ce concept permet une réflexion plus approfondie
dans la conception des projets d’innovation et de développement et permet de ne plus
reproduire les erreurs d’antan de la vulgarisation. Elle permet d’avoir une compréhension du
mode de décision des agriculteurs dans son contexte de vulnérabilité où le magico-religieux
joue un rôle indéniable étant donné que ce dernier constitue un des derniers remparts des
agriculteurs conscients de sa vulnérabilité.

166
Discussions générales

5.2.2.1 L’importance de la dimension magico-religieux


La dimension magico-religieux (ibid., Lallau) à part son rôle dans la stratégie de
gestion de risque, peut être utilisée pour renforcer l’assurance des agriculteurs à prendre le
risque d’innover, d’adopter une certaine flexibilité et de rompre avec le statu quo pour
amorcer une réorganisation, une exploitation, une conservation et un dégagement selon le
cycle de Panarchie. Autrement dit, partir de la stratégie défensive vers une stratégie offensive
moyennant du magico-religieux qui, au lieu d’être utilisé seulement pour se prémunir, servira
à donner de la confiance voire de l’assurance aux agriculteurs vulnérables et les propulsant
ainsi comme étant pionnier de l’innovation. Certes, des facteurs externes peuvent causer la
vulnérabilité d’un individu ou d’un groupe social car à cause d’une situation qui ne dépend
pas de soi, on peut être vulnérable. Quand bien même, force est de constater que la
vulnérabilité peut venir du choix même de l’individu ou du groupe social lui-même. En effet,
dans toute sa liberté, une personne peut choisir d’étudier ou non, de rester propre ou non, de
produire suffisamment pour sa sécurité alimentaire ou non, de s’adapter ou non à la situation
et ainsi de suite. Le choix conduit le sujet à une situation qui puisse être meilleure ou pire, le
rendant ainsi moins vulnérable ou plus vulnérable selon le cas. Et cette liberté, liberté de
choisir et d’agir ou bien « agencéité » selon le terme de Lallau (ibid.) peut servir pour mâter
cette vulnérabilité liée aux facteurs externes. A l’instar de la population qui est vulnérable à
cause de la situation géographique de leur village. Une fois qu’elle choisisse de vivre dans un
autre village, la vulnérabilité s’estompe. Il suffit que la population en ait la capacité d’être et
d’agir et que les obstacles soient pulvérisés. Ces obstacles sont d’ordre psychologique,
administratif, économique ou social. Les interventions doivent converger dans ce sens au lieu
de traiter la vulnérabilité ou la résilience qui ne sont que des fruits externes de leur choix.

5.2.2.2 La prédisposition à la vulnérabilité


Par ailleurs, la notion de prédisposition à la vulnérabilité (Bellier et al., 2004) se
manifeste dans la réalité par la résignation à la pauvreté pour certaines personnes et l’esprit
d’assistanat pour d’autres. Dans ce cas, les sujets vulnérables prennent en connaissance de
cause des décisions et des choix délibérés et contraires à ce que l’on attend. Dans cette
situation, le concept de tuteur de résilience trouve bien son application : les agriculteurs
vulnérables qui sont pris dans la trappe de pauvreté évoluent dans un cadre restructurant muni
de lien social sous l’égide d’un tuteur de résilience pour tisser avec eux un lien empathique.
Le tandem Comportement-Innovation (Lalau, 2008) donne un impact à plus large spectre dans
la transformation vers la durabilité et supporte l’individu et la communauté à maintenir sa
trajectoire de résilience. La gestion du changement et la théorie de la résilience sont en effet

167
Discussions générales
complémentaires pour comprendre et gérer la pérennisation du développement et maintenir
ainsi la trajectoire de durabilité et la progression dans la mise en échelle.

La vulnérabilité et la résilience ont une interaction et une relation de cause à effet


réciproque (ibid.). La conscience de la vulnérabilité peut pousser un individu ou une
communauté donnée à déployer des efforts et prendre des mesures pour s’adapter à la
situation et se transformer afin d’arriver à un équilibre plus viable, plus acceptable et une
situation meilleure. La tâche du tuteur de résilience, en l’occurrence les agents de
développement, dans ce cas, revient à conscientiser les sujets. Un projet de développement
socialement durable pour une communauté donnée peut être réfuté par certains membres de
cette communauté si leurs aspirations ne sont pas répondues. Ce qui revient à dire que tous les
membres de la communauté ne sont pas et ne peuvent pas être considérés dans un même
niveau de développement. A l’instar de la typologie des exploitations agricoles qui permet de
stratifier (Ramananarivo S. , 2004) et d’apporter des interventions ciblées, spécifiées et
adaptées donnant ainsi plus d’efficacité et d’efficience aux projets de développement puis de
la pertinence aux décisions des bailleurs de fonds et des décideurs politiques particulièrement
en matière d’adoption des innovations. Le concept de la résistance renforce cette notion de
différenciation. Ce concept incite à ne pas mettre tous les cibles dans le même sac mais de
différencier les approches et les interventions en matière de développement afin d’arrimer les
cibles à une trajectoire de la résilience appropriée. En effet, les contextes des vulnérables, des
résistants et des résilients sont différents et nécessitent un mode d’intervention et des
cheminements différentes pour un même objectif qu’est de les aider à prendre une bonne
trajectoire de résilience. Chaque sujet adopte des stratégies, défensives ou productives, en
fonction de sa situation. Ainsi toute intervention doit en prendre compte dans tous les niveaux
i.e. depuis la décision stratégique d’un projet en passant par sa conception jusqu’à son
exécution.

5.2.2.3 Le piège de la bonne résilience


Une bonne résilience peut piéger et engendrer une vulnérabilité car l’autosatisfaction
fait perdre la vigilance et la capacité d’identifier une perturbation ou un risque donné. Pis
encore, cette autosatisfaction pousse au refus des innovations visant l’amélioration de la
trajectoire de résilience. Ce continuum vulnérabilité-résiliençaire est tout aussi vrai dans le cas
contraire où la vulnérabilité dans une situation donnée peut négativement entretenir une
rigidité et une baisse de la résilience si le sujet accepte et se résigne à sa situation. Le
continuum vulnérabilité-résiliençaire prône une relation de cause à effet réciproque et
cyclique qui peut être aussi bien négative que positive. De surcroît, le principe de la protection

168
Discussions générales
des progrès acquis et réalisés est sine qua non pour ne pas recommencer toujours à zéro les
efforts de développement après chaque fin de projet. En effet sur le terrain, on observe un
retour à la case départ du niveau de vie des bénéficiaires de projets de développement quelque
temps après sa clôture ; allusion faite à un slalom de développement où l’on revient au point
d’arrivée après un itinéraire truffé de défis d’innovations. Et le nouveau projet qui arrive après
est contraint de commencer sur la même base que son projet prédécesseur pour fonder le
triangle de la résilience tel que Lecomte (2005) avance.

5.2.3 Appréhension holistique de l’enjeu de développement


Le fait de mettre en évidence les composantes respectives de la vulnérabilité et de la
résilience permettrait de mener des analyses plus approfondies d’une situation donnée et de
mettre en exergue leurs évolutions respectives (Bellier & al., 2004). Ainsi, étudier la
vulnérabilité d’un système c’est étudier son exposition, sa résistance et sa sensibilité à un aléa
donné tandis qu’apprécier la résilience d’un système est synonyme d’évaluer sa capacité de
s’adapter, d’apprendre, de se réorganiser et de se transformer. Le niveau de ces analyses
permet de décortiquer et de disséquer en détail la vulnérabilité dans son intégralité pour avoir
une bonne compréhension de la cause de la vulnérabilité en question et de bien déterminer la
principale cible, les impacts ainsi que les événements initiateurs et renforçateurs du danger.
Le fait de distinguer la vulnérabilité conjoncturelle de la vulnérabilité structurelle permet
d’adapter au mieux et de spécifier les politiques de développement et les interventions sur
terrain. Avec cette approche, on pourra bien cibler l’intervention à mener pour réduire la
vulnérabilité d’un sujet donné et augmenter sa capacité de résistance et sa résilience. Ceci
permet d’avoir une analyse multidimensionnelle et holistique qui ne serait que bénéfique et
instructive pour les décideurs et les organismes de développement ainsi que les bailleurs de
fonds. Dans cette optique, supporter un sujet revient à renforcer ses capacités d’anticipation et
d’adaptation, transformer ses potentialités et ses opportunités en fonctionnalité lui conférant
une liberté d’agir. Ce sont des actions que l’on peut commencer simultanément pour réduire la
vulnérabilité et augmenter la résilience en même temps. Dans le domaine de la sécurité
alimentaire, la diversité des paramètres de calcul et d’évaluation de la vulnérabilité
alimentaire permet en effet de bien apprécier la vulnérabilité alimentaire des ménages tout en
maintenant une analyse dynamique et évolutive de la situation.

169
Discussions générales

5.2.4 Dualité entre Assistance et Auto-reconstitution

5.2.4.1 La résilience assistée


Les projets de développement et les agences d’exécution, sous la pression de la
poursuite des objectifs, sont tentés de gâter les agriculteurs pour voir se produire facilement et
rapidement les résultats attendus ; des résultats qui ne seraient jamais pérennes dans cette
démarche. Cette approche trahit le manque de la composante « loi » au profit du « lien »
(Lecomte, 2005) et débouche à une trajectoire de résilience à vitesse forcée et furtive. En
outre, il y a aussi les projets de développement qui, par soucis de réussir, posent beaucoup
trop de conditions dans leur intervention. Des conditions que les bénéficiaires n’arrivent pas à
respecter, à l’instar des apports bénéficiaires. Et le projet est voué à l’échec par le manque
d’adhésion car la composante « loi » l’emporte sur le « lien ».

Dans les deux cas, l’équilibre « loi-lien » n’est pas trouvé ; la cohérence éducative
n’est pas effective et il n’est pas ainsi surprenant si les bénéficiaires cibles n’ont ni trouvé ni
saisi le vrai sens du projet. Ils n’ont pas pris une vraie trajectoire de résilience et sont restés
dans le cercle vicieux de la pauvreté malgré les résultats positifs apparents des indicateurs de
projets. C’est surtout une résilience furtive qui est temporaire et conditionnée par la présence
du tuteur de résilience en l’occurrence les projets de développement. Ce type de résilience
s’estompe en même temps que les interventions des projets cessent. C’est le piège de la
résilience vulnérable et l’acculturation réversible ; parvenir à trouver l’équilibre entre Loi et
Lien est un défi de taille que les agents et les organismes de développement doivent relever
pour embrasser des réalisations pérennes.

5.2.4.2 La résilience auto-construite


Dans cette optique, la notion de l’auto-reconstitution (Provitolo & Antipolis, 2009) est
tellement pertinente qu’elle met en relief la limite de la théorie du tuteur de résilience. En
effet, la théorie du tuteur de résilience insiste sur l’importance voire la nécessité d’une
assistance externe (Lecomte, op.cit.) pour sortir les agriculteurs de la trappe de la pauvreté. De
surcroît que faire donc des agriculteurs vulnérables qui ne pourront pas espérer une aide
publique pour casser la trappe de la pauvreté. Sont-ils donc condamnés à être pauvres jusqu’à
la fin. Ceci doit alimenter la réflexion dans le domaine du développement. Il y a des cas où un
individu, un groupe, une communauté voire une structure peuvent s’en sortir sans un appui
exogène. Tant que le réalisme de l’espérance (Lalau, 2011) y est encore, on peut toujours
mobiliser ses forces internes, chercher les moyens d’avancer et de sortir du bassin de la
vulnérabilité. C’est le cas de la population abandonnée ou oubliée par la communauté

170
Discussions générales
internationale et qui a pu se redresser en attendant le retour conditionné de cette dernière. De
même pour les agriculteurs qui s’échangent de semences pour faire face à la dégénérescence
semencière et améliorer leur productivité.

5.2.4.3 La résilience de l’agriculture familiale


L’agriculture familiale, autrement dit la petite exploitation agricole est décrite comme
une entreprise qui ne peut pas s’améliorer sans l’aide externe et l’appui conjoncturel. Elle est
souvent ironisée par sa dépendance (FIDA, 2014). Adopter une approche alternative en
considérant plutôt les points forts des petites exploitations agricoles comme base de départ ou
de levier de leur développement serait un issu intéressant. Dans ce sens, le fait de partir de ce
qui existe à l’intérieur des petites exploitations et de valoriser la capacité interne et la capacité
locale et ne pas attendre et dépendre de l’extérieur serait une approche alternative qui ferait,
peut-être, avancer moins vite, mais sûrement en termes de durabilité. Les autres mesures
externes telles que les décisions politiques favorables, la subvention et la promotion agiraient
en catalyseur si elles sont effectives. L’approche qui valorise la capacité locale trouve sa force
par l’utilisation du moyen de bord. De ce fait, elle donne une facilité d’adoption pour les
petites exploitations et assure plus de durabilité en évitant le moins possible la dépendance et
l’assistance. Le fait d’insister sur la nécessité d’un tuteur de résilience fait naître une nouvelle
vulnérabilité chronique qu’est l’esprit d’assistanat et de dépendance. C’est le cas des
bénéficiaires de projets qui, une fois que les projets sont à terme, retrouvent leur case départ.
Sous un autre angle, le lien social entre le tuteur de résilience et le sujet doit fonctionner avec
un engagement des deux côtés, i.e. de la part du tuteur de résilience et du sujet. L’efficacité du
premier dépend de la détermination, de la motivation et de l’engagement effectif du second et
l’inverse est aussi vrai. L’appui externe n’est pas forcément une condition sine qua non pour
le développement mais il peut être un intensificateur résiliant dans le processus de
transformation. C’est d’ailleurs ce que le cycle de Panarchie soutient dans sa démonstration
sur l’auto-reconstruction du modèle adaptif multi-scalaire (Appartenance Liens vivants,
2014).

La notion de la nuance entre la résistance et la résilience (Randriamiandrisoa & Ballet,


2014) permet bien de prévoir et de comprendre la tendance des ménages après un choc. Ils
sont dans la zone de résistance et ils luttent pour ne pas descendre au-dessous du seuil de
déchéance et tomber ainsi dans l’emprise du cercle vicieux de la pauvreté. Les ménages qui se
trouvent dans cette zone de résistance sont animés par le réalisme de l’espérance qui peut les
propulser à nouveau vers la trajectoire de la résilience par le biais d’un coup de pousse extra.

171
Discussions générales
Dans ce sens, la résistance est une étape préliminaire de la résilience (figure 51).

Figure 49 : La résistance comme étape entre vulnérabilité et résilience


Source : bibliographie (Randriamiandrisoa & Ballet, 2014)

5.2.4.4 La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience


L’approche « top down » est accusée être à l’origine des échecs de la vulgarisation des
innovations. Les innovations ne sont pas mauvaises en soi malgré son origine externe à la
communauté. C’est surtout le manque voire l’absence d’implication et d’interaction avec les
utilisateurs tels que les petits agriculteurs qui trahissent sa nature exogène et causent son
échec. La modélisation de l’approche de la vulnérabilité pourrait bien en apporter le remède.
En effet, le sujet ou la communauté vulnérable est assimilable à un patient vulnérable. Et pour
traiter la maladie qu’est la vulnérabilité, il faut relever le triple défi qui est d’identifier les
sujets vulnérables, connaître et comprendre le mécanisme régissant leur situation de
vulnérabilité avant de préconiser des mesures curatives ou préventives (Thomas, 2008). C’est
une démarche applicable à la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire de la population en
général et des agriculteurs en particulier.

La compréhension du rapport entre vulnérabilité et résilience permettrait bien de


trouver la meilleure approche de développement sur terrain (Lalau, 2008). En effet, l’idéal est
de mettre des mécanismes de sécurité et non pas de tenter à changer l’individu et le
phénomène en tant que tel. Vouloir changer un individu ou un phénomène s’avère peu
maîtrisable ; c’est plutôt raisonnable de mettre en œuvre un dispositif de sécurité impliquant
la responsabilité de l’individu qui encourt le risque. Dans la pratique, des actions de

172
Discussions générales
développement qui partent de l’intérieur, dépendent moins de l’extérieur ; elles ont souvent
des moyens plus limités mais ont plus de chance de réussi que celles apportées de l’extérieur
malgré le montant exorbitant des appuis. La triade Vulnérabilité-Capabilité-Résilience est un
concept en interaction dont la bonne compréhension du mécanisme permet d’apporter des
actions appropriées à la situation et à chaque catégorie de cibles pour une amélioration du
bien-être de la population.

Cette interaction, en l’occurrence entre la résilience et la vulnérabilité, que certains


qualifient de géométrie variable (Thomas, 2008), de corrélats et de connotations pour d’autres
(Provitolo & Antipolis, 2009) peut être approchée autrement. La vulnérabilité est la
susceptibilité d’être exposé aux risques et que le degré d’exposition est en fonction de la
défaillance de la capacité (Godeau, 2002) tandis que la résilience est la capacité de résister et
d’absorber un choc à cause de la capacité du sujet (Thomas, ibid.). Ces capacités dans les
deux cas ne sont autres que la composante principale de la capabilité qui se définit comme la
capacité d’être et d’agir. De la capabilité à son tour dépend la vulnérabilité et la résilience
d’un sujet : une forte capabilité engendre une forte résilience tout comme une faible capabilité
conduit à une forte vulnérabilité. La capabilité s’avère la racine commune de la vulnérabilité
et de la résilience. La vulnérabilité et la résilience ne sont que l’extériorisation de la
capabilité.

C’est pourquoi elles, i.e. vulnérabilité et résilience, évoluent en géométrie variable


voire en interaction inversement proportionnelle. Ceci explique aussi la différenciation, en
matière de vulnérabilité des sujets qui encourent le même risque. Dans cette optique, un
développement durable doit agir plutôt sur le fond que sur la forme pour renforcer la
capabilité des cibles et non pas à traiter les symptômes extérieures de la vulnérabilité ni
d’embellir les formes apparentes de la résilience. Et comme la capabilité de chaque membre
de la communauté n’est pas la même, les interventions doivent être spécifiées, adaptées,
appropriées et calibrées à chaque catégorie de capabilité existante moyennant d’une analyse
situationnelle et qui mettent en exergue les différentes potentialités et les capacités des
membres de la communauté pour que le transfert de capabilité soit effective et donne plus
d’inclusivité aux interventions et atteindre la masse critique nécessaire pour que les
exploitations agricoles basculent de la situation de vulnérabilité vers une trajectoire de
résilience.

173
Discussions générales

5.3 Les paradoxes de la sécurité alimentaire paysanne


De tout ce qui précède, la sécurité alimentaire comporte trois paradoxes. Ce sont le
paradoxe du concept lui-même, le paradoxe des interventions et le paradoxe de la
vulnérabilité en sécurité alimentaire.

5.3.1 Le paradoxe conceptuel


Le concept de la sécurité alimentaire stipule qu’elle est constituée à la fois par la
disponibilité, par l’accessibilité et par l’utilisation de la nourriture (PAM, 2005), autrement dit
il tient compte des différents types de paramètres à satisfaire pour parvenir à un bon niveau de
sécurité alimentaire. Pourtant dans la vie courante, le fait de manger du riz en quantité est
l’indicateur d’un bon niveau de sécurité alimentaire et de joie de vivre à l’instar des
agriculteurs qui disent « donnez-nous seulement du riz en quantité et ça nous suffit ! ». Une
fois ce besoin est satisfait, ces derniers se sentent rassasiés et satisfaits. C’est le paradoxe
entre concept et perception, le premier se veut évidemment être objectif tandis que le
deuxième est émaillé de subjectivité. Malgré cette subjectivité, faut-il en tenir compte et
l’accepter dans un premier temps si l’on veut ramener et convertir les agriculteurs au concept
de la sécurité alimentaire au lieu d’introduire tout de suite le concept de la sécurité alimentaire
et de risquer par la suite à se heurter à un refus défensif. Autrement dit reconnaître et accepter
la perception quantitative avant d’administrer toute notion d’amélioration de la sécurité
alimentaire.

5.3.2 Le paradoxe des interventions


La disponibilité et l’accessibilité ne sont pas séparables (PAM, op.cit.). De ce fait,
l’augmentation de la surface rizicole ne suffit pas pour améliorer la sécurité alimentaire car
cette stratégie promeut la disponibilité mais ne garantit pas l’accessibilité à cet aliment de
base. Pourtant les projets et les programmes d’amélioration de la sécurité alimentaire entrepris
jusqu’alors ne sont pas de cette longueur d’onde : on fonçait sur l’augmentation de la surface
agricole (i.e. la disponibilité) pour atteindre l’autosuffisance en riz et la sécurité alimentaire à
l’instar des objectifs gouvernementaux en 1990 et en 2008. Force est de constater que ces
objectifs n’étaient jamais atteints voire s’éloignaient de plus en plus à l’horizon. Ceci justifie
que la production (disponibilité) ne garantit pas à elle seule l’autonomie en riz (accessibilité).
Ce qui implique une approche en continuum Disponibilité-Accessibilité. Autrement dit
promouvoir la production rizicole toute en délestant la réserve en riz de tous ceux qui font
concurrence à la consommation humaine entre autres les besoins financiers du ménage et en
promouvant ceux qui favorisent le prolongement de la consommation de riz dans l’année et la

174
Discussions générales
réduction de la période d’insécurité alimentaire saisonnière. C’est-là qu’entrent en jeu les
cultures vivrières en tant que tampon financier et alimentaire. De surcroît, cette théorie
implique la nécessité de la promotion d’activités génératrices de revenu et des sources de
revenu additionnel pour les exploitations agricoles. L’objectif est dans ce sens d’optimiser la
conversion des produits rizicoles en consommation ménagère ou bien une amélioration de
l’accessibilité aux denrées. De là découlerait un meilleur niveau de sécurité alimentaire après
des actions résilientes simultanées au niveau de la production rizicole et de l’accessibilité aux
produits rizicoles pour la consommation. C’est l’approche continuum de Disponibilité-
Accessibilité pour progresser vers à une meilleure sécurité alimentaire.

5.3.3 Le paradoxe de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire


Cette étude a permis de découvrir, du moins pour le cas des Paysans Positivement
Déviants que la meilleure sécurité alimentaire va de pair avec un degré de vulnérabilité élevé
à l’insécurité alimentaire. Ceci explique en partie la chronicité de la pauvreté. Les réalisations
et les avancées réalisées en matière de sécurité alimentaire et de développement ne sont pas à
l’abri des fléaux et des effets perturbateurs. Les bénéficiaires, sous la perfusion des appuis des
projets de développement, enregistrent des performances tangibles voire remarquables en
matière de production agricole, d’adoption technique et de loin en sécurité alimentaire et
développement économique seulement les « défauts dans la cuirasse » (Bellier & al., 2004) et
les « talons d’Achille » tels que l’insécurité foncière, l’accès aux intrants, l’insécurité, les
contraintes macro-économiques et les problèmes environnementaux ne sont pas traités ou bien
en sont partiellement.

De ce fait, les exploitations agricoles avec leur performance et dans ce contexte sont
transformées en statut d’or et d’argent à pieds d’argile et le moindre choc suffit à les faire
s’écrouler et anéantir les progrès réalisés, les ramenant ainsi à la case départ. Ceci implique
une promotion de la résilience paysanne afin de parvenir à une sécurité alimentaire
progressive et durable ; autrement dit, les efforts de développement et de sécurité alimentaire
à l’endroit des agriculteurs doivent être accompagnés d’une intervention sur les facteurs de
vulnérabilité extrinsèques pour engendrer une durabilité des réalisations. Cette double
intervention sur les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques constitue la théorie du
développement résiliençaire qui permettrait de pallier le problème de la résilience furtive des
bénéficiaires de projets de développement qui voient leur niveau de vie se dégrader après le
sevrage au tuteur de résilience.

175
Discussions générales

5.4 Le processus d’acculturation agricole à travers un projet


De tout ce qui précède est tiré le processus d’acculturation agricole des exploitations
agricole par le biais des projets de développement. Quand un projet est mis en œuvre, son
intervention provoque une déviance positive uniforme au niveau de ses bénéficiaires et
engendre une résilience assistée. Le sevrage avec le tuteur de résilience, i.e. la fin du projet,
constitue le facteur déclencheur de la différenciation de ces derniers : il y a ceux qui
continuent d’acculturer les innovations vulgarisées par le projet et ceux qui les ont refoulés
par contre acculturation. L’acculturation agricole conduit les agriculteurs à une déviance
positive continue et fait aboutir à une sécurité alimentaire résiliente. Par contre, la contre-
acculturation agricole se manifeste par un processus d’abandon des innovations et donne
place à une insécurité alimentaire récurrente et une vulnérabilité endémique (figure 52).

Source : auteur

Figure 50 : Processus d’acculturation agricole à travers un projet

En termes de proportion, le taux de contre acculturation est largement élevée par


rapport à celui de l’acculturation. La spécification et le calibrage des interventions suivant la
différenciation paysanne et le calage de la durée des interventions constituent des paramètres
incontournables pour renverser la vapeur et optimiser le taux d’acculturation agricole
effective.

176
Discussions générales

5.5 Le spiral de la récession et son facteur déclencheur


Les agriculteurs embrassent des performances positives voire spectaculaires pendant
l’accompagnement des projets de développement (ADRA, 2008). Au lendemain du sevrage
au tuteur de résilience, i.e. la fin de projet, la situation se renverse et la condition paysanne se
dégrade au vu de la tendance dégressive de leur acculturation agricole et leur autonomie en riz
dans le temps. Le sevrage au tuteur de résilience constitue ainsi le facteur déclencheur du
spiral de la récession, les agriculteurs commencent à abandonner petit à petit les pratiques
agricoles améliorées qu’ils ont adoptées (Andrianaivoarimanga & al., 2017b). Ceci a comme
effet direct la diminution de leur autonomie en riz causée par la baisse de la production. En
retour, cette baisse de production pousse les agriculteurs à délaisser de plus en plus les
techniques améliorées qui sont jugées coûteuses en termes de temps et d’argent et ainsi de
suite. Bref, le spiral de la récession s’installe et entraîne dans son sillage les agriculteurs qui
étaient des références en matière d’adoption technique et en productivité agricole lors des
projets.

De surcroît, cette dégradation met les agriculteurs en situation de survie ; pour


combler le gap de production et la baisse de l’autonomie en riz, ils sont obligés d’adopter une
stratégie de survie et par préférence adaptive (Lalau, 2008) en s’en prenant aux ressources de
fortune les plus près, entre autres les ressources naturelles et forestières de par leur proximité
géographique. De là découle la recrudescence de la déforestation en dépit des projets
d’intensification agricole qui visaient pourtant l’adoption des alternatives techniques pour
mater la déforestation.

Etant donné que le facteur déclencheur du spiral de la récession est le sevrage des
agriculteurs bénéficiaires aux projets d’appuis, une réflexion voire un débat sur la durée du
cycle de projet mérite d’être engagé afin de déterminer la durée optimale recommandée et de
bien acculturer les techniques agricoles améliorées dans les pratiques paysannes. Sinon, les
résultats des efforts à la conservation des ressources naturelles resteraient éphémères, volatiles
sans l’ombre d’aucune durabilité et compromettant les ressources naturelles pour les
générations futures.

5.6 Le développement rural résilient


La résilience paysanne comporte différentes étapes progressives entre autres par ordre
d’importance croissante la subsistance, la reconversion, la diversification, l’extension et la
croissance. Le renforcement de la capabilité des agriculteurs, i.e. la possibilité d’agir
moyennant des opportunités et des potentialités de développement, constitue le levier

177
Discussions générales
principal pour que ces derniers puissent progresser, gravir les échelons et embrasser un sens
ascendant dans la trajectoire de résilience. Dans cette progression, les agriculteurs ont leur
priorité et leur logique : la logique économique et la sécurité foncière passent avant l’initiation
aux innovations techniques qui est pourtant le précurseur de l’amélioration de capabilité et de
résilience pour survivre voire résister aux chocs et fléaux i.e. renforcer la capacité d’anticiper
et de réagir au lieu de rester dans la défensive (Lalau, 2008). Plus les exploitations agricoles
parviennent à un meilleur niveau de résilience, plus elles ont la capacité de se préparer aux
catastrophes et de surmonter leurs conséquences (PNUD, 2014). En effet, la résilience est « la
capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer, à continuer à se projeter dans
l’avenir, malgré la présence d’événements déstabilisants, des conditions de vie difficiles et
des traumatismes parfois sévères » (Koffi, 2014). Dans leur logique, les agriculteurs
n’investiraient pas dans les innovations techniques tant qu’ils n’auront pas pour eux le
minimum de sécurité financière et foncière. S’initier dans de nouvelles pratiques comporte
des risques et des incertitudes (Lalau, 2008) ; pour les exploitations agricoles, les innovations
revêtent un caractère probabiliste et faut-il prévoir à l’avance où l’on va atterrir au cas où les
essais ne seraient pas fructifs.

Bref, la décision paysanne est dictée successivement par le paramètre économique


puis foncier et en dernier lieu technique. C’est la séquence décisionnelle Economique-
Foncier-Technique en vigueur au niveau des exploitations agricoles que les parties prenantes
du secteur de développement ont à considérer et à reconnaître afin d’orchestrer des
interventions spécifiées visant un meilleur niveau de sécurité alimentaire et un développement
inclusif.

5.7 L’optimisation par spécification et calibrage


Les exploitations agricoles sont réputées être la base de l’économie de la Grande Ile.
Dans ce sens, nombreux sont les projets de développement entrepris et qui seront encore
entrepris pour que le secteur primaire devienne un des piliers incontestables de l’économie du
Pays (Ramananarivo S. , 2004). Ces exploitations agricoles, pour pourvoir honorer cette
réputation, devront franchir la ligne de l’autosuffisance alimentaire et assurer elles-mêmes
leur sécurité alimentaire au lieu d’être assistées occasionnellement voire continuellement.
Pour ce faire, des changements sont à entreprendre du côté des décideurs et des concepteurs
de projets en matière de sécurisation alimentaire, de diffusion technique et
d’accompagnement des exploitations agricoles dans sa trajectoire de résilience. Dans ce sens,
l’approche globalisante n’est plus ni valable ni recommandée si l’on veut atteindre la masse
critique nécessaire afin de renforcer la capabilité des exploitations agricoles et promouvoir un

178
Discussions générales
développement résiliençaire. Faut-il une approche calibrée et spécifiée à chaque catégorie
d’exploitations agricoles tout en valorisant la capacité locale et les opportunités relatives aux
ressources locales, que certains auteurs qualifient d’approche endogène (Razafiarijaona,
2007), afin de promouvoir la diversification de revenu des exploitations agricoles et leur
conférer par la suite la possibilité d’améliorer leur sécurité alimentaire, de renforcer leur
capabilité et de poursuivre une trajectoire de résilience ascendante.

Conclusion partielle
Il est important le fait de reconnaître, d’accepter et d’intégrer dans les conceptions que
le monde des exploitations agricoles comporte des différenciations flagrantes qui sont à la
base de leur tendance, leur stratégie de résilience et leur choix. Elles ont différents modes de
sécurité alimentaire, une acculturation sélective face aux actions de résilience, différents types
de capabilité et surtout une trajectoire de résilience évolutive et différenciée. Ces
différenciations se conjuguent dans son ensemble pour dicter l’orientation stratégique des
exploitations agricoles qui par nature veulent réduire sa vulnérabilité, renforcer sa capabilité
et tricoter sa résilience. Dans ce processus, les exploitations agricoles ont besoin de tampon
alimentaire et de tampon financier pour entretenir et consolider leur sécurité alimentaire et se
mettre à l’abri des facteurs de vulnérabilité extrinsèque sur qui l’Administration a sa part de
responsabilité. La notion de l’acculturation sélective i.e. la préférence du « soft » au « hard »
ainsi que la conscience de la trajectoire de résilience des exploitations peuvent servir pour
bien dorer la pilule des interventions, de booster par la suite la capabilité des exploitations
agricoles et les faire propulser sur une trajectoire de résilience ascendante.

En d’autres termes, promouvoir un développement agricole inclusif et intégré est


synonyme de considérer la différenciation et la diversification des exploitations agricoles
(Ramananarivo S., op. cit.) afin de, non seulement mieux intégrer ces dernières dans le
processus mais aussi et surtout d’optimiser les impacts des interventions en termes de volume
et d’intensité. C’est là que se trouve le bien-fondé d’une intervention spécifiée, appropriée et
calibrée aux différentes factions d’exploitations agricoles.

Les projets apportent indéniablement une amélioration du niveau de vie des


agriculteurs. Seulement, en termes de rendement sur le long terme, les bénéficiaires qui
subissent la rechute sont largement nombreux par rapport à ceux qui poursuivent la trajectoire
de résilience ascendante. Les discussions développées dans cette thèse visent à optimiser les
retombées à long terme des projets de développement.

179
Conclusion générale

CONCLUSION GENERALE

CONCLUSION GENERALE

180
Conclusion générale

CONCLUSION GENERALE

Comment se fait-il que les petites exploitations agricoles et le Pays n’arrivent pas à
accéder progressivement et durablement à un meilleur niveau de sécurité alimentaire malgré
les appuis et les interventions apportés à travers les projets de sécurité alimentaire et de
développement agricole ? Telle a été la problématique centrale de cette recherche qui a permis
de découvrir que le fait d’augmenter la production rizicole est loin d’être suffisant pour
résoudre le problème de l’insécurité alimentaire à Madagascar sachant que le riz constitue
l’aliment de base de sa population. Les échecs des différentes tentatives d’autosuffisance
alimentaire par le biais des projets de développement rizicole en constituent des preuves
irréfutables. Pour instaurer une sécurité alimentaire résiliente, faut-il faire entrer en jeu les
cultures vivrières qui jouent un double rôle tampon - tampon alimentaire et tampon financier.
En effet, elles engendrent un effet positif sur l’autonomie en riz et la sécurité alimentaire des
ménages agricoles. En d’autres termes, promouvoir la sécurité alimentaire revient à ne pas se
focaliser seulement sur l’aliment de base mais aussi et surtout à travailler sur la diversification
des productions vivrières dont les effets cumulés améliorent la sécurité alimentaires des
ménages.
Dans la même foulée, l’amélioration de la sécurité alimentaire implique des mesures
particulières afin de favoriser la disponibilité et l’accès aux denrées alimentaires pendant la
période de soudure. Cette charge revient à l’Administration étant donné que la période de
soudure a une connotation d’impuissance tactique pendant une durée limitée au niveau des
agriculteurs. Le dernier et non le moindre est l’importance de la diversification de moyens de
subsistance. Ceux-ci contribuent significativement à la promotion d’une sécurité alimentaire
résiliente. La possibilité de recours à d’autres sources de revenu additionnel par le biais des
activités génératrices de revenu aide les exploitations agricoles à préserver leur réserve en riz,
à réduire la période de changement de régime temporaire et à assurer une meilleure sécurité
alimentaire de leur ménage.

Force est de constater que plus les ménages agricoles ont une meilleure sécurité
alimentaire, plus ils sont exposés aux risques écologiques, sociaux et économiques. Ce fait
s’apparente à la vulnérabilité conjoncturelle qu’il faut mater en mettant à l’abri les réalisations
acquises avant que la menace et le risque ne deviennent des chocs réels. Car dans ce cas
seraient réduits en miettes les progrès réalisés et le niveau de sécurité alimentaire se
ramènerait à la case départ. C’est le manque voire l’absence de parapluie sécuritaire qui
explique en partie la chronicité et l’endémicité de l’insécurité alimentaire dans la Grande Ile.
Pour ainsi préserver les avancées en sécurité alimentaire, faut-il une mobilisation ex ante entre

181
Conclusion générale
autres diversifier la source de revenu des exploitations agricoles et travailler sur la facilitation
de l’accès aux denrées commerciales pendant la période de pénurie pour que leur capabilité ne
se dégringole. Ceci les évite de rechuter vers un niveau inférieur.

Dans la mutation technique des petites exploitations agricoles vers des pratiques
améliorées, les agriculteurs ont une acculturation agricole sélective : le « soft » passe mieux
que le « hard » à cause du problème de pouvoir d’achat et de l’esprit d’assistanat. Pourtant, les
deux sont indissociables pour vraiment amorcer un redressement de la situation paysanne
entre autres la sécurité alimentaire. Toute intervention voulant enregistrer des progrès
tangibles et durables doivent tenir compte de ce caractère sélectif des agriculteurs en matière
d’adoption technique et prendre les mesures qui s’y imposent dans son approche pour faire
passer à la fois le « soft » et « le hard » et éviter ainsi une acculturation agricole déséquilibrée.
Les exploitations agricoles familiales ont un préalable à respecter avant de procéder aux
innovations techniques de leurs activités de production. En effet, les agriculteurs veulent
assurer leurs sécurités économique et foncière avant d’entamer toute tentative d’amélioration
technique. Accepter ce préalable constitue le premier défi de tout intervenant voulant
entraîner les agriculteurs dans les actions de résilience qu’il veut proposer à ces derniers. Ceci
implique des interventions holistiques multisectorielles calibrées et spécifiées à chaque
catégorie d’exploitations.

Les projets de sécurité alimentaire et de développement agricole jouent le rôle de


tuteur de résilience en faveur des exploitations agricoles familiales en quête de
développement. La collaboration et le partenariat de ces deux entités produisent dans un
premier temps et dans la majorité des cas des performances homogènes et remarquables en
matière de sécurité alimentaire. Par contre, le sevrage au tuteur de résilience, car les projets
sont limités dans le temps, constitue le point de départ et l’effet déclencheur de la
différenciation des petites exploitations agricoles en matière de stratégie de résilience. Dans
ce sens, leur trajectoire de résilience est constituée de cinq stades progressifs ; ce sont la
subsistance, la reconversion, la diversification, l’extension et la croissance proprement dite.
Les exploitations agricoles familiales se distinguent par leur mode de sécurité alimentaire,
leur mode d’acculturation agricole, leur priorité de résilience et leur situation résiliençaire.

Les parties prenantes et les acteurs de développement ont intérêt et le devoir de


reconnaître et de considérer cette différenciation résiliençaire paysanne afin de spécifier et de
calibrer proprement leurs interventions pour assurer un développement le plus inclusif
possible. La considération de cette notion de différenciation dans les projets de sécurité

182
Conclusion générale
alimentaire et de développement agricole ferait la différence en termes de durabilité et de
pérennité des résultats engendrés. De même, la conscience de cet effet déclencheur de
différenciation, qu’est le sevrage avec le tuteur de résilience, conduit à considérer la durée des
projets pour optimiser la durabilité des impacts et éviter la régression de performance des
exploitations au lendemain de la clôture des projets.

Le problème de l’insécurité alimentaire est actuellement devenu un problème mondial


et mondialisé ; la question centrale est de savoir comment nourrir une population terrienne
aussi croissante. La planète ne peut pas espérer une autre planète pour lui venir à la rescousse,
elle ne peut compter que sur son agriculture, particulièrement l’agriculture familiale, pour
pallier le problème de l’insécurité alimentaire qui prévaut. Les découvertes et les réflexions
issues de cette thèse ont été formulées pour servir à la prise de décision relative à la résolution
des problèmes de l’insécurité alimentaire. Elles peuvent contribuer à l’arrimage des
exploitations agricoles familiales à une trajectoire de résilience positive du moins pour les
agriculteurs des zones comme Moramanga et de loin pour les petites exploitations agricoles
de Madagascar pour qui le coût de la faim de sa population a été estimé à 1,5 millions de
dollar américain en 2015 soit 14,5% de son PIB selon les études réalisées par la Commission
de l’Union Africaine (Commission de l'Union Africaine, 2015).

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188
Annexes

ANNEXES

ANNEXES

189
Annexes
Annexe 1 : Lettre d’autorisation délivrée par le Chef de district de Moramanga

190
Annexes
Annexe 2 : Lettre de demande de collaboration pour les Maires

Moramanga, faha 30 Jiona 2014.

Ho an’ny Ben’ny tanàna kaomina ………………………………

Distrika MORAMANGA

Ampandalovina amin’ny Lehiben’ny Distrika MORAMANGA

Antony: Fangatahana fiaraha-miasa

Tompoko,

Ao anatin’ny fikatsahana fampandrosoana maharitra sy haingana ny tontolo


ambanivohitra dia hisy asa fikarohana iarahana amin’ny sekoly ESSA-
Oniversiten’Antananarivo hijerena sy hanaovana tomban’ezaka ny fiantraikan’ny tetikasa
ADRA-TANTSAHA dimy taona aty aorian’ny fiafaran’ny asany tety aminareo. Hanaovana
fanadihadiana manokana amin’izany ireo Tantsaha Môdely koa dia mangataka sy miangavy
fiaraha-miasa aminao manam-pahefana ety an-toerana mba handefa ny mombamoba ireo
Tantsaha Môdely mbola monina eo amin’ireo fokontany eo ambany fiadidianao ka voatanisa
araka ny taratasy am-piarahana amin’izao fangatahana izao. Ny mombamoba ireo ireo
Tantsaha Môdely ireo dia atao amin’ny tabilao voarakitra amin’ny takelaka manaraka ity
taratasy ity.

Eto am-pamaranana dia maneho fisaorana sy fankasitrahana anao sahady no sady


manolotra ny haja ambony ho anao.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga

Tél 033 37 625 61

191
Annexes
KAOMINA ………………………………………………………….

N° Anarana Lahy/vavy Vohitra fonenana Fokontany


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Ny Ben’ny tanàna

192
Annexe 3 : Lettre pour les chefs Fokontany

Moramanga, faha 01 Septambra 2014.

Ho an’ny SEFO FOKONTANY ……………

Ampandalovina amin’ny Ben’ny Tanana

Kaomina ……………………….

Antony: Fangatahana fiaraha-miasa

Tompoko,

Ao anatin’ny asa fikarohana iarahana amin’ny Oniveristen’Antananarivo dia hisy


fanadihadiana ho tanterahina amin’ny santionan’ireo Tantsaha Môdely nalaina tamin’ny
lisitra nalefanareo. Koa dia miangavy fiaraha-miasa feno avy aminareo izahay, tompoko, mba
hanao ny fanamorana izany asa izany ary hampita ity fampilazana ity amin’ireto olona
voalaza anarana eto ambany ireto. Irianay indrindra izy ireo raha tonga dia miandry ireo
mpanao fanadihadiana eo amin’ny fokontany misy azy avy araka izao fandaharam-potoana
izao:

Anaran’ny Tantsaha Môdely Fokontany Fotoana amin’ny mpanadihady

Eto am-pamaranana dia maneho fisaorana sy fankasitrahana anao sahady no sady


manolotra ny haja ambony ho anao.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga

Tél 033 37 625 61

193
Annexe 4 : Modèle de lettre pour les associations Koloharena

Moramanga faha 20 Janoary 2016

Ho an-dRamatoa MELDA

Filohan’ny Kaoperativa KOLOHARENA ANDASIBE

Kaomina ANDASIBE

Mamangy sy miarahaba anao amin’ny alalan’izao taratasy izao

Ho tohin’ny resaka nifanaovantsika farany dia mandefa izao taratasy izao ho


fampahafantarana ilay daty hahatongavan’ireo mpanao fanadihadiana eto Andasibe. Ny
Alakamisy 28 Janoary 2016 izao no anjaranareo eto ANDASIBE ka manomboka amin’ny 09
ora izany. Raha mety dia olona 25 no omanina hanaovana ny fanadihadiana. Miisa 03 ireo
mpanadihady ka dia olona 03 isaky ny miditra izany. Tsy voatery ho tonga amin’ny 09 ora
daholo ny olona satria tsy hiaraka voaray fa misesy.

Ny votoatin’ny resaka hatao moa araka izay efa voalaza dia famantarana izay
lalana nizoran’ny Tantsaha mpamokatra taorian’ny fiafaran’ny tetikasa fampandrosoana.
Izany dia asa fikarohana iarahana amin’ny Oniversiten’Antananarivo ary efa nahazoana
alalana tamin’ny lehiben’ny distrika Moramanga.

Hamantana eo aminao ireo mpanadihady ary miangavy aminao mba hanomana


toerana hahafahana manatanteraka am-pilaminana ny asa

Dia mankasitraka amin’ny fiaraha-miasa ary maneho fisaorana ho anareo


rehetra.

Ny mpikaroka

Justin Nathanaël Andrianaivoarimanga


Tél 033 37 625 61

194
Annexe 5 : Questionnaire PSA en version française

FICHE D’ENQUETE

Date de l’enquête : _____________________

Nom et prénoms du paysan modèle : ______________________________________

Age: ____________ Homme ou Femme Année de sortie : _________

Hameau: ___________ Fokontany: __________ Commune: ________________

**********************************

I. Paquet technique actuellement utilisée dans l’exploitation du PM

Qui parmi les techniques qu’ADRA-TANTSAHA a vulgarisées vous utilisez encore


actuellement ?

1. Semence améliorée Oui Non


2. Association culturale Oui Non
3. Rotation culturale Oui Non
4. Sarclage Oui Non
5. Fertilisation Oui Non
6. Gestion de l’eau Oui Non
7. Repiquage en ligne Oui Non
8. DRS Oui Non
9. Vaccination Oui Non
II. La productivité agricole de l’exploitation

Depuis la fin du projet ADRA-TANTSAHA comment évoluait la surface de vos exploitations


par an ?
Spéculation Unité 2009 (fin ADRA) 2010 2011 2012 2013 2014

Riz
Manioc
Patate douce
Haricot
Vouandzou
Maïs

195
Taro
Arachide
Fruitiers
Légumes
Poulets gasy

III. Les moyens de production à la disposition

Quelles sont les matériels agricoles à votre disposition actuellement ? Leur nombre et leurs
origines ?
Matériels agricoles Origines (détailler le nombre par origine)
Arrosoir ADRA autres projets : ………….
Sarcleuse ADRA autres projets : …………..
Râteau ADRA autres projets : …………..
Fourche ADRA autres projets : …………..
Bêche ADRA autres projets : …………..
Pulvérisateur ADRA autres projets : …………..
Autre petit matériel : ADRA autres projets : …………..
Autre petit matériel : ADRA autres projets : …………..
Autre petit matériel : ADRA autres projets : …………..
Autre petit matériel : ADRA autres projets : …………..
Matériel agricole ADRA autres projets : …………..
Matériel agricole ADRA autres projets : …………..

IV. La longueur de la période de soudure

En quel mois était votre dernière récolte de riz en 2013 ? ___________________

Le riz que vous avez produit vous suffisait-il jusqu’en quel mois ? _____________

Votre suffisance en riz augmentait-elle ou non par rapport à celle de fin ADRA ? Oui
Non

Pourquoi ? __________________________________________________________

Quelles sont vos aliments de substitution ? 1. _______ 2.________ 3. __________

V. Le niveau de revenu du ménage PM

Quels les moyens de production que vous avez acquis depuis la fin du PSA ?
Type/désignation Nombre

196
Quels appareils électro- ménagers et mobiliers avez-vous acquis depuis la fin du PSA ?
Type/désignation No

Quels matériels roulants avez-vous acquis depuis la fin du PSA ?


Type/désignation No

Quels bâtiments avez-vous acquis ou réhabilité depuis la fin du PSA ?


Type/désignation No

Combien de zébus depuis la fin du PSA ?


Type/désignation No

Outre l’agriculture, avez-vous d’autres sources de revenu ? oui non

Si oui, citez- les trois premières par ordre d’importance

1_____________________ 2 _____________________ 3__________________________

L’enquêteur : __________________________________ Signature: ____________________

197
Annexe 6 : Questionnaire ERI en version malagasy

TAKELAKA FANADIHADIANA

Datin’ny fanadihadiana : _____________________

Anaran’ny Tantsaha môdely : _______________________________________________

Laharana: _____ Taona: ______ Lahy sa Vavy Taona nidirana ERI: ________
Vohitra: _______________ Fokontany: _____________ Kaomina: ________________

VI. Ireo tekinikam-pamokarana mbola ampiasain’ny Tantsaha hatramin’izao

Iza amin’ireto tekinika izay nampianarin’ny ERI ireto no mbola ampiasainao ?

1. Masomboly nohatsaraina Eny Tsia


2. Fampivadiana voly (Association culturale) Eny Tsia
3. Fampifandimbiasam-boly (Rotation culturale) Eny Tsia
4. Fihavana voly Eny Tsia
5. Fandonahana na fanamasahana tany Eny Tsia
6. Fitantanana rano Eny Tsia
7. Fanetsana manaraka tsipika Eny Tsia
8. Fiarovana sy fanarenana ny tany (DRS) Eny Tsia
9. Fanaovana vakisiny Eny Tsia
VII. Asa famokara natao

Inona avy amin’ireto tanisaina manaraka ireto no fambolena sy fiompiana nataonao


hatramin’ny nahavitan’ny tetikasa ERI ka hatramin’izao. Ary firy ny velarany ?
Lalampihariana Venty 2009 2010 2011 2012 2013
Vary
Mangahazo
Vomanga
Tsaramaso
Voanjobory
Katsaka
Saonjo
Voanjo lava
Hazo fihinamboa
Legioma
Akoho gasy

198
VIII. Ireo fitaovam-pamokarana eo am-pelatanana

Inona amin’ireto fitaovana ireto no anananao, firy no isany ary avy taiza no nahazoana azy ?
Fitaovam-pamokarana Ny nahazoana azy
Lazoara ERI Tetikasa hafa: ……………..
Sarklezy ERI Tetikasa hafa: ……………..
Ratô ERI Tetikasa hafa: ……………..
Forsa ERI Tetikasa hafa: ……………..
Angady ERI Tetikasa hafa: ……………..
Pilverizatera ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovana hafa: ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovana hafa: ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovana hafa:: ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovana hafa: ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovam-pambolena ERI Tetikasa hafa: ……………..
Fitaovam-pambolena ERI Tetikasa hafa: ……………..

IX. Halavan’ny fotoanan’ny maitso ahitra

Volana inona no niakatra ny voka-barinareo tamin’ny 2013 ? ___________________

Naharitra hatramin’ny volana inona ny vary novokarinareo tamin’ny 2013 izany ? _______

Hatramin’ny nifaranan’ny Tetikasa ERI, nitombo ve sa tsia ny fahavitan-tena ara-barinareo ?


Eny Tsia

Nahoana ? _________________________________________________________________
___________________________________________________________________________

Inona avy ireo sakafo telo voalohany fanaonareo fanampin-tsakafo na fanolo ny vary ?

1. ______________ 2. ______________ 3. ____________

X. Farim-piainana
Inona avy ireo fitaovam-pamokarana azonao na novidianao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa
ERI ?

Anarany/karazany Isa

199
Inona avy ireo fitaovana na zava-maneno na fanaka fampiasa ao an-tokantrano azonao
taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI ?
Anarany/karazany Isa

Inona avy ireo fitaovana mandeha môtera azonao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI?

Anarany/karazany Isa

Misy firy ireo trano natsanganao na natsarainao taorian’ny fanataperan’ny tetikasa ERI ?
Anarany/karazany Isa

Nisy firy ireo omby azonao taorian’ny fahataperan’ny tetikasa ERI ?


Anarany/karazany Isa

Ankoatran’ny fambolena sy ny fiompiana, manana loharanom-bola hafa ve ianao izao ?

Eny Tsia

(Raha eny) Mba tanisao ireo telo voalohany arakaraka ny fahalebiazany:

1___________________ 2 ______________________ 3_______________________

Ny mpanadihady: _________________________________ Sonia: __________________

200
TARIDALANA HO AN’NY MPANAO FANADIHADIANA

1. Rehefa vita ny fifampiarahabana amin’ny olona hanaovana fanadihadiana dia manao


fampahafantarana fohy ny anton’ny fanadihadiana:
• Lazaina ny anaran’ny tena
• Omena fisaorana sahady ilay olona hanaovana fanadihadiana noho ny
fahatongavany sy ny fanomezany fotoana hiatrehana ny fanadihadiana
• Ny antony hanaovana ity fanadihadiana ity dia ASA FIKAROHANA iarahana
amin’ny Oniversiten’Antananarivo. Tsy hoe hisy tetikasa vaovao ho avy
akory fa tena asa fikarohana hijerena momba ny asa fampandrosoana efa nisy
tety ami’nny faritra Moramanga. Hamantarana hoe “NANAO AHOANA ireo
olona naira-niasa tamin’ny tetikasa fampandrosoana amin’izao fotoana izao?”
• Noho izany dia mangataka aminao mba izay tena marina araka izay tadidinao
no hamaliana ireo fanontaniana.
• Ampahafantarina koa fa efa nahazoana alalana tamin’ny distrika ny fanaovana
ity fanadihadiana ity ka tsy misy atahorana.
• Mijanona ho tsiambaratelo ny valiteny ary tsy misy atahorana hoe hampisy
arakaraka sady resaka asa famokarana rahaa teo no horesahantsika eto

2. Rehefa vita ny fanadihadiana dia


Anontaniana ilay olona nanaovana fanadihadiana raha mbola misy tiany
hamafisina ana hambara.
Raisina an-tsoratra daholo izay lazainy
Amin’ny faranay dia omena fisaorana izy tamin’ny fiaraha-miasa sy ny
Fanomezana ny valiteny.

201
Annexe 7 : Renseignement sur les enquêteurs

Nom de l’enquêteur Niveau d’étude NB

1 ANDRIATIANA Rado Modeste CAPEN Ancien agent de terrain de


PSA-ADRA

2 RAKOTOVAHOAKA Fidinarivo Mamy Ingénieur agronome Ancien agent de terrain de


PSA-ADRA

3 RANDRIAMAROMONJY Jules Technicien agricole Ancien agent de terrain de


PSA-ADRA

4 RAKOTOMANAMPISOA Dera Terminal Ancien agent de terrain de


PSA-ADRA

5 RAMANANDAFY HARIMALALA Zo Ingénieur agronome Ancienne gestionnaire de


Mamisoa Nantenaina micro-projet à Moramanga

6 RANDRIANARISATA Avotra 3ème année en gestion Etudiant à l’université


Arsenal Moramanga

7 RANDRIANARIVELO Soanandrianina 3ème année en Etudiant à l’université


Micheline environnement Arsenal Moramanga

202
Annexe 8 : Protocole adopté pour l’enquête par questionnaire du projet de thèse

1. Les enquêteurs sont formés sur la méthodologie d’enquête


2. Les enquêteurs seront répartis en deux binômes : le premier binôme s’occupera de
l’axe Vodiriana –Mandialaza et RN 2 Est tandis que le deuxième se chargera de l’axe
RN 44.
3. Chaque binôme est composé d’enquêteur-conducteur de moto et un enquêteur. La
durée d’une enquête est estimée à une heure par paysan modèle.
4. Elaborer un planning précis de l’enquête et envoyer une notification par site pour que
les PM restent au village. Ceci évitera la perte de temps en cherchant ou attendant les
PM manquants.
5. Les enquêteurs seront munis d’un formulaire à viser par le chef de fokontany pour
prouver leur passage au site. Ceci limitera la falsification de l’enquête.
6. Les PM à enquêter sont à designer par la méthodologie d’échantillonnage. Si le PM
désigné n’est pas au village, on prend le PM qui lui précède ou lui succède dans la
liste de la population de PM à enquêter.
7. Il faut faire une courte visite de courtoisie auprès du Maire pour l’informer de
l’enquête et demander sa bénédiction. Il est déjà avisé de l’activité via la lettre
d’autorisation du Chef de district.
8. Etre courtois lors des activités.
9. Bien expliquer aux enquêter que c’est une enquête de recherche et non pas en vue d’un
nouveau projet autrement dit ce n’est pas la peine de modifier les réponses.
10. Bien conserver les questionnaires remplis à l’abri de la pluie et contre les pertes.

203
Annexe 9 : Ordre de mission des enquêteurs

204
Annexe 10 : Liste des PPD constituant les populations mères PSA et ERI

n° Nom et prénoms Genre Fokontany Commune Région Projet


1 Randriamahaso Arsène Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
2 Rasoazanamihanta Edwige Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
3 Raherizara Julien Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
4 Randriambolona Mamisoa Emile Homme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
5 Randriamanalina Lydia Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
6 Rafaliniaina Onja Voahirana Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
7 Ranivoarimanana Georgine Femme Anjiro Sabotsy Anjiro OUEST PSA
8 Lalatiana Victorine Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
9 Randrianasolonjatovo Bernard Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
10 Rakotonirina Jean de Dieu Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
11 Ravaohasivelo Nirone Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
12 Rasoazanamora Fanjanirina Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
13 Rakotondramanana Maurice Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
14 Ravaoarimanana Venise Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
15 Ratsimandresy Daniel Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
16 Ravaoarilanto Tiana Léonique Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
17 Razanadrasoa Berthe Femme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
18 Randremanarivo Léon Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
19 Randrianjafison Jean Eugène René Homme Ex Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
20 Rasoarivelo Pauline Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
21 Mamonjy Mampionona Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
22 Rahajasoa Théo Dauphin Homme Ex Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
23 Raveloharisoa Maminirina Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
24 Razakamanotrona Maurice Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
25 Rafaramalala Laurette Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
26 Randriamanantena Mamy A Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
27 Razaka Andriamanana Homme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
28 Raharilalaina Hantasoa Miriame Femme Ambodimanga Sabotsy Anjiro OUEST PSA
29 Rakotomamonjy Désiré Homme Sabotsy Sabotsy Anjiro OUEST PSA
30 Rakotondrasoa Jean Pierre Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
31 Ranaivoson Jean de Dieu Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
32 Raharimalala Odette Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
33 Ramarokoto Jean Marie Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
34 Rasolondrabe François Regis Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
35 Rafenosoa Amedé Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
36 Rsolonjatovo Alfred Homme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
37 Randrananiary Joseph Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
38 Raparison Lalain Richard Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
39 Razanadratoandro Voahangilalao Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
40 Razafinamantsoa Josephine Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
41 Rasoambolanoro Femme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
42 Razakaniaina Marie Louise Femme Ex Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
43 Ralaiarivony Jean Jacques Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA
44 Razafimbelo Philémon Homme Mahasoa Sabotsy Anjiro OUEST PSA

205
45 Ramiandrisoa Edouard Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA
46 Rasoloniaina Patrice Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA
47 Rasamy Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA
48 Gasinjara Homme Vodiriana Vodiriana OUEST PSA
49 Randrianasolo Ersnest Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
50 Rafaralahiniaina Alpha Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
51 Randriatiana Denis Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
52 Razafiarisoa Bernadette Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
53 Randrianarivony F Johny Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
54 Ravololomihanta Elisette Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
55 Tianarivony Maminjaka Emma Femme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
56 Randriamanampisoa Fidèle Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
57 Mamiarivony Lovatiana Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
58 Randrianajaina Victor Homme Ambodinifody Anosibe Ifody OUEST PSA
59 Telolahy Odolphe Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
60 Nomenjanahary Lova Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
61 Jean Michel Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
62 Rochel Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
63 Marcelline Femme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
64 Frédéric Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
65 Lucile Femme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
66 Rahery Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
67 Fidy Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
68 Désiré Homme Anosibe Ifody Anosibe Ifody OUEST PSA
69 Rakotonandrasana Gabriel Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
70 Razafimahefa Victor Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
71 Jean Baptiste Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
72 Telovavy Hélène Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
73 Rasoarimalala Florine Femme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
74 Randrianiaina René Gaston Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
75 Randrianirina Henri Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
76 Randrianamboarina François Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
77 Rakotomalala Jean Pierre Homme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
78 Ramasinarivo Florine Femme Ankarefo Anosibe Ifody OUEST PSA
79 Razafindratavy Solo Aimé Femme Falierana Andasibe EST PSA
80 Randrianarivelo Syvain Homme Falierana Andasibe EST PSA
81 Edmond Femme Falierana Andasibe EST PSA
82 Rakalalao Femme Falierana Andasibe EST PSA
83 Nirisoa Véronique Femme Falierana Andasibe EST PSA
84 Ialisoa Isabelle Femme Falierana Andasibe EST PSA
85 Rakotoarisoa Homme Falierana Andasibe EST PSA
86 Flavien Homme Falierana Andasibe EST PSA
87 Bernadette Femme Falierana Andasibe EST PSA
88 Modeste Homme Falierana Andasibe EST PSA
89 Violette Femme Falierana Andasibe EST PSA
90 Raharifety Femme Falierana Andasibe EST PSA
91 Rasoarilalao Pierette Femme Morafeno Andasibe EST PSA
92 Celestine Femme Morafeno Andasibe EST PSA

206
93 Razanamaro Clarisse Femme Morafeno Andasibe EST PSA
94 Rahantamalala Olga Femme Morafeno Andasibe EST PSA
95 Randriambololomanana Honoré Homme Morafeno Andasibe EST PSA
96 Voahangilalao Femme Morafeno Andasibe EST PSA
97 Marie Zanafina Femme Morafeno Andasibe EST PSA
98 Rasambimanana Justin Homme Morafeno Andasibe EST PSA
99 Adel Homme Morafeno Andasibe EST PSA
100 Dieu Donne Homme Morafeno Andasibe EST PSA
101 Telovavy Noéline Femme Morafeno Andasibe EST PSA
102 Zisy Justin Homme Morafeno Andasibe EST PSA
103 Razafiarisoa Clémentine Femme Morafeno Andasibe EST PSA
104 Nambinina Femme Morafeno Andasibe EST PSA
105 Randriamanantena Ernest Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
106 Vita Jean Marie Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
107 Rasoloniaina Leonard Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
108 Razafindraibe Naivo Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
109 Razafimahatratra Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
110 Rakotoson Alfred Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
111 Laurent Gabriel Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
112 Ravelomanantsoa Ferdinand Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
113 Ralisoa Seraphine Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
114 Razafindratsara Emilienne Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
115 Andrambelotiana Lovasoa Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
116 Filaozety Rosine Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
117 Rasolonirina Sahondra M Femme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
118 Ranaivoson Henri Homme Ampangalantsary Andasibe EST PSA
119 Randrianarisaina Françisse Homme Androfia Morarano NORD PSA
120 Randriamahafaly Alphonse Homme Androfia Morarano NORD PSA
121 Rakotomandimbiarison Homme Androfia Morarano NORD PSA
122 Rakotosalama Jean Narivony Homme Androfia Morarano NORD PSA
123 Ratefihanta Marcel Homme Androfia Morarano NORD PSA
124 Rasoarimanana Helène Femme Androfia Morarano NORD PSA
125 Rakototoavina Jean Baptiste Homme Androfia Morarano NORD PSA
126 Razafiarijaona Julien Homme Androfia Morarano NORD PSA
127 Raherisoa Justin Olivier Homme Androfia Morarano NORD PSA
128 Rakotoniasy Jean Dauphin Homme Androfia Morarano NORD PSA
129 Rakotondramaro Norbert Homme Androfia Morarano NORD PSA
130 Ramarolahy Jaona Homme Morarano Morarano NORD PSA
131 Nohandraina Jebo Homme Morarano Morarano NORD PSA
132 Razafimandimby Homme Morarano Morarano NORD PSA
133 Razafinjaza Imasy Homme Morarano Morarano NORD PSA
134 Rakotonomenjanahary Faly Homme Morarano Morarano NORD PSA
135 Razafimandratra Edouard Homme Morarano Morarano NORD PSA
136 Randriamanantsara Zafy Femme Morarano Morarano NORD PSA
137 Rasoamanantena Justine Femme Morarano Morarano NORD PSA
138 Rakotonirina Velonaina Femme Morarano Morarano NORD PSA
139 Randrianantoandro Richard Homme Morarano Morarano NORD PSA
140 Rambeloson Andrianjafy Rodin Homme Morarano Morarano NORD PSA

207
141 Ravelonkova Pascal Homme Morarano Morarano NORD PSA
142 Rolland François Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
143 Ravavilahy Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
144 Ratsaravintana Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
145 Randrianarivelo Charles Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
146 Randriamiaritiana Ernest Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
147 Rasoanambinina Georgette Femme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
148 Ravololonirina Lucienne Femme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
149 Rakotondrazay Maurice Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
150 Razafindrabary Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
151 Randriantody Robert Homme Ambohibolakely Morarano NORD PSA
152 Rakotomalala Pascal Homme Marovoay Morarano NORD PSA
153 Rakotondrasoa Julien Homme Marovoay Morarano NORD PSA
154 Rajaoanarison Gérard Homme Marovoay Morarano NORD PSA
155 Raharison Hajaniaina Femme Marovoay Morarano NORD PSA
156 Razafiherison Nirilantosoa Femme Marovoay Morarano NORD PSA
157 Rasoavololona Angeline Femme Marovoay Morarano NORD PSA
158 Ramilison Celestin Homme Marovoay Morarano NORD PSA
159 Rakotonirina Ermé Homme Marovoay Morarano NORD PSA
160 Raderaina Homme Marovoay Morarano NORD PSA
161 Rakotomamonjy Ratsiananampo Homme Marovoay Morarano NORD PSA
162 Randriamahenintsoa Haja Femme Marovoay Morarano NORD PSA
163 Rakotoarisoa Marie Martial Homme Marovoay Morarano NORD PSA
164 Razafindrabe Barison Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
165 Rakotomiharisoa Tovohery Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
166 Ramarijaona Sylvain Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
167 Razanakiniaina Tina Marcelline Femme Ambohidray Morarano NORD PSA
168 Rakotoarisoa Felix Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
169 Ratsiresy Jacques Daniel Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
170 Randriamizaka Philbert Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
171 Razafinjato Jean Louis Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
172 Rakotoniaina Rivo Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
173 Randriamboavonjy Pascal Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
174 Ramaroson Julien Homme Ambohidray Morarano NORD PSA
175 Rakotondrazafy René Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA
176 Razanazay Mamy femme Amboanjo Amboasary NORD PSA
177 Rasoloniaina Zoé Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA
178 Amina Ravaoarimanga Femme Amboanjo Amboasary NORD PSA
179 Rakotoarivony Jean Nestor Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA
180 Randrianajaina Seth Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA
181 Razafindratelo Ngoisoa N. Homme Amboanjo Amboasary NORD PSA
182 Razafindratrimo Homme Amboasary Amboasary NORD PSA
183 Raveloson Damasse Homme Amboasary Amboasary NORD PSA
184 Rakotondrasoa Salomon Homme Amboasary Amboasary NORD PSA
185 Randrianarivelo Thomas Homme Amboasary Amboasary NORD PSA
186 Ralamboarisoa Jonah Homme Amboasary Amboasary NORD PSA
187 Simonette Femme Amboasary Amboasary NORD PSA
188 Rakotonandrasana Raymond Homme Amboasary Amboasary NORD PSA

208
189 Rakotoarinirina Jean Donnée Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
190 Rakotovao Hubert Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
191 Rakotohasimbola Charles Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
192 Ramadinisoa Etienne Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
193 Randrianatolotra M. Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
194 Rakotoarisoan Olivier Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
195 Rasoanotahiana N. Aurélie Femme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
196 Rahariniaina L. Liliane Femme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
197 Andrianjanoa J. Richard Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
198 Rasolofoniaina Phillipe Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
199 Ravelomandeha Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
200 Andriamarosoa Jean Auguste Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
201 Randriamihajarivo Hervé Homme Ambohimiarina Amboasary NORD PSA
202 Jo William Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
203 Razafimahatratra B. Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
204 Razafindrabe Vololonirina Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA
205 Rakotonandrasana H. Veronique Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA
206 Raminoarisoa Morette Léa Femme Ampangabe Amboasary NORD PSA
207 Randimbiarison P. Daniel Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
208 Rakotonanahary Arsène Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
209 Rakotonandrasana Charles Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
210 Jean Paul Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
211 Razafindramanana Désiré Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
212 Norber Félix Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
213 Andrianjafindrabodo H. Homme Ampangabe Amboasary NORD PSA
214 Ralaivahatra Edmond Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
215 Ranaivomanana Célestin Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
216 Solo Louis Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
217 Razakarivelo Lantoniaina Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
218 Razaiarimanana Marcelline Femme Ambohidava Amboasary NORD PSA
219 Ralaiarimanana Eugène Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
220 Razafindrakoto Lucien Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
221 Andriamihaja Homme Ambohidava Amboasary NORD PSA
222 Rasamoelina Georges Lucien Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA
223 Ravaoarisoa Sabine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
224 Rafiandramiangarisoa Philippe Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA
225 Rafarasoa Hortense Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
226 Ramanantenasoa Esther Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
227 Rasolonirina Julien Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA
228 Rakotonandrasana Raymond Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA
229 Razafinindrina Georgette Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
230 Ravaoarisolo Germaine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
231 Ravaoarimalala Lalao Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
232 Lantosoa Richard Homme Antsirinala Ambohibary EST PSA
233 Razafinindrina Marie Madeleine Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
234 Razanamalala M Chantale Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
235 Rasoarinoro Véronique Femme Antsirinala Ambohibary EST PSA
236 Rasoanahina Catherine Femme Analalava Ambohibary EST PSA

209
237 Ramahatratrasoa Denis Homme Analalava Ambohibary EST PSA
238 Rakotonampoizina Jérôme Homme Analalava Ambohibary EST PSA
239 Rakotomboahangy Jean Homme Analalava Ambohibary EST PSA
240 Ralison Alfred Homme Analalava Ambohibary EST PSA
241 Razafindrazava Richard Homme Analalava Ambohibary EST PSA
242 Rakotondrasoa Gabriel Homme Analalava Ambohibary EST PSA
243 Rasoarivelo Marcelline Femme Analalava Ambohibary EST PSA
244 Ratsimbason Andry Tina B Homme Analalava Ambohibary EST PSA
245 Randrianantenaina Ruphin Homme Analalava Ambohibary EST PSA
246 Rasoarimanana Georgette Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
247 Razanatsoa Marie Aimée Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
248 Randrianjafy Léon Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
249 Voahanginirina Lalao Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
250 Rakotonandrasana Edmond Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
251 Raheriarisoa Edwige Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
252 Razafiarisoa Berthe Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
253 Rakotonahary Miadana Wilson Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
254 Razafizahana Florine Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
255 Razaiarivao Esther Femme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
256 Razanadrakoto Jean Jacque Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
257 Dahimaro Jean Baptiste Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
258 Alson Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
259 Tsaboto Jean Norbert Homme Sahafitahana Ambohibary EST PSA
260 Ramanandraisoa Beby Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA
261 Razafindratiana Delphine Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA
262 Hantaniaina Lydia Femme Ampitambe Ambohibary EST PSA
263 Ralaiarimanana Jean Robin Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
264 Raveloson Robert Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
265 Razafimahatratra J Natal Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
266 Ratovonary Edmond Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
267 Razafindratodisoa Rolland Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
268 Ramarokoto Sela Albert Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
269 Tafita Herisoa Narilala Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
270 Rabezaka Homme Ampitambe Ambohibary EST PSA
271 Randrianiaina Hervé Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
272 Andriambolatsalama Tovo Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
273 Razafindrabe Jacques Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
274 Randriamanantena Clovis Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
275 Rabearison Jean Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
276 Ranariarifara Hajarison Maurile Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
277 Ratsimandesy Norbert Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
278 Rakotondrazaka II Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
279 Randriamampionona Benjamin Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
280 Rakoto Eugene Albert Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
281 Randriamampianina Bernard Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
282 Ramarolahy Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
283 Randrianarisoa Stanislas Homme Befotsy Ambohibary EST PSA
284 Andrianjafy Roméo Heryse Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA

210
285 Rajono Maurice Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA
286 Razafindratiana Suzette Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA
287 Rafaratiana Frerètte Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA
288 Rafaralahy Emile Homme Soavinorona Ambohibary EST PSA
289 Rasoamazava Suzanne Femme Soavinorona Ambohibary EST PSA
290 Rakotondramanana Edmond Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
291 Rakotondrazaka Albert Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
292 Rakotoarivelo Jocelyn Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
293 Rakotondrasendra Gilbert Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
294 Ranaivozafy Romain Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
295 Razanajatovo Fievre Homme Ambohidronono Ambohidronono OUEST PSA
Ravaonasoloarisoa Bakoliniaina
296 Véronique Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
297 Rasoanantenaina Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
298 Ranaivoson Raymond Femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
299 Randrianasolo Jean Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
300 Ravelonatoandro Edward Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
301 Rabenomena André Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
302 Rahariniaina Todisoa Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
303 Tafita Soamiafara Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
304 Razanajatovo Gabih Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy Gara EST PSA
305 Randriamamonjy Joseph Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
306 Rakotonidrina Jean Harinavo Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
307 Rakotomahatratra Robert Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
308 Randriantody Zafindrakoto Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
309 Razafingita Jeanna Odette femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
310 Rakotondranivo Jean Ferry Homme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
311 Rasoamiafara Françoise femme Ampasimpotsy Ampasimpotsy OUEST PSA
312 Rakotondrasoa Gégroire Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
313 Ratompomihaja Haingonirina femme Mandialaza Mandialaza OUEST PSA
314 Razafimahatratra Ernest Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
315 Rakotozanany Julien Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
316 Ravelontsoa Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
317 Rakotoarisoa Jean de Dieu Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
318 Rakotoarimanana Andrianome Homme Ambongatsimo Mandialaza OUEST PSA
319 Rajosoa Jean Chris Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
320 Ratodisoa Charles Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
321 Zoeliarivelo S Emile Femme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
322 Randrianasolo Raymond Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
323 Ramarosalama Jean Homme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
324 Rafidiarinosy Solange Femme Amboasarikely Andaingo NORD PSA
325 Randriamiarison Rolland Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
326 Rasolomanana Cyrille Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
327 Ranaivomanana Heriniaina Didier Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
328 Raoelina Solonirina Iandrisoa Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
329 Rakotozafy Albert Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
330 Rabearivony David Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
331 Rasoanorozanany Mamy Y Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA
332 Ralaiarimanana Philibert Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA

211
333 Ravololonirina Véronique Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA
334 Rabeharimalala Joelison Michel Homme Ambodirano Andaingo NORD PSA
335 Rasoanirina Marie Lydia Femme Ambodirano Andaingo NORD PSA
336 Randriantsialonina Dimanche Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
337 Manampisoa Jérôme Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
338 Maromandimby Solofonirina Celestin Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
339 Morabe Joseph Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
340 Randriamalala Edia Jean Baptiste Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
341 Randrianantenaina Tefiarisoa Falitiana Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
342 Rakotonindrina Jean Fidel Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
343 Ralaisoavina Victor Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
344 Rakotonantenaina François Emiles Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
345 Zo Ary Lazandraibe Koloarisoa Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
346 Raheriarimanga Sylvain Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
347 Rakotozandriny Sammuel Homme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
348 Rasoamaro Suranne Femme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
349 Rasoariliva Sahondrafinina Femme Ankodahoda Andaingo NORD PSA
350 Randriarimbola Jean Baptiste Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
351 Randriamahasoa Etienne Jean Martial Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
352 Rakotonandrasana Cyrille Dominique Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
353 Rajaonah Aimé Victor Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
354 Ranivoarijaona Aimée Lydia Femme Andranomadio Andaingo NORD PSA
355 Randriarimalala Jules Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
356 Rakotomalala Jean Claude Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
357 Randriamboahavy Alexandre Stanex Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
358 Rasoanajaina Méline Femme Andranomadio Andaingo NORD PSA
359 Rakotoarisoa Edouard Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
360 Ramandimbisoa Norbert Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
361 Razafimamonjy Jean Richard Homme Andranomadio Andaingo NORD PSA
362 Randrianasolo Désiré Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
363 Randrianarivony Edmond Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
364 Rafaliarimanana Célestin Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
365 Rakotoarisoa Samuel Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
366 Ratovomanantsalama Henri Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
367 Razafimbahiny Ernest Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
368 Rakotoniaina Siméon Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
369 Razanaparany Faliniatovo Homme Antatabe Belavabary OUEST PSA
370 Rasoamanana Christine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
371 Rasoamazava Voahanginirina Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
372 Rasoanantoandro Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
373 Ravaonindriana Madeleine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
374 Rasoaniriana Arthine Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
375 Ravololonirina Rosette Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
376 Ramangason Martin Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA
377 Rakotoniaina Hervé Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA
378 Randriamalala Julien Homme Belavabary Belavabary OUEST PSA
379 Razaiarisoa Femme Belavabary Belavabary OUEST PSA
380 Rakotoarisoa Maminiaina Homme Beforona Beforona EST ERI

212
381 Rabakoniaina Fanjatiana Cléo Femme Ambatoharanana Beforona EST ERI
382 Ramiadanarivo Vonitiana Cathérine Femme Marozevo Beforona EST ERI
383 Razanajatovo Marcel Homme Sahanonoka Beforona EST ERI
384 Boto Jérôme Homme Marolava Beforona EST ERI
385 Beniaina Richard Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI
386 Andriaherinambinina Jean Sylvain Homme Ambohimarina Beforona EST ERI
387 Rabodosoa Homme Ampasimazava Beforona EST ERI
388 Randriamanohy Zakavelo Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI
389 Pierre Céléstin Homme Antandrokomby Beforona EST ERI
390 Lahitoandro Homme Sahanonoka Beforona EST ERI
391 Lahady Louis Homme Beforona Beforona EST ERI
392 Rakotomalala Alphonse Homme Antandrokomby Beforona EST ERI
393 Rajosefa Belahady Henry Homme Antandrokomby Beforona EST ERI
394 Rabarison Fidèle Homme Sahanonoka Beforona EST ERI
395 Mbonisaona Ernest Laurent Homme Sahanonoka Beforona EST ERI
396 Rakoto Jean Maurice Homme Marozevo Beforona EST ERI
397 Donason Homme Ambatoharanana Beforona EST ERI
398 Emmanuel Homme Antrakarivo Beforona EST ERI
399 Ratovo Rasamiharisoa Femme Ampitambe Ambohibary EST ERI
400 Rakotondramanana Edmond Homme Ampasimpotsy Andasibe EST ERI
401 Rabe Joseph Homme Marovoay Morarano NORD ERI
402 Raveloson Robin Homme Marovoay Morarano NORD ERI
403 Randriamandroso Augustin Homme Marovoay Morarano NORD ERI
404 Razanakolona Jean Bruno Homme Marovoay Morarano NORD ERI
405 Rakotondramanana Martin Homme Ampitambe Ambohibary EST ERI
406 Rakotoarisoa Marie Martial Homme Marovoay Morarano NORD ERI
407 Razafiarisoa Aimé Claude Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI
408 Ravaoarisoa Martine Femme Andasibe Andasibe EST ERI
409 Razanakoto Michel Homme Anevoka Andasibe EST ERI
410 Rakototafita Edmond Homme Morafeno Andasibe EST ERI
411 Talata Raymond Homme Andasibe Andasibe EST ERI
412 Randrianarisoa Théodore Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI
413 Medée Homme Andasibe Andasibe EST ERI
414 Imelda Adrienne Femme Antsapanana Andasibe EST ERI
415 Rasoavololonirina Femme Andasifahatelo Andasibe EST ERI
416 Rakotonindrina Bruno Homme Marovoay Morarano NORD ERI
417 Ranaivomanana Felix Homme Marovoay Morarano NORD ERI
418 Mbara Marcel Homme Ampitambe Ambohibary EST ERI
419 Razafindravelo Angèle Femme Ampangalantsary Andasibe EST ERI
420 Ramarolahy Antony Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI
421 Razafiarisoa Célestine Femme Andasibe Andasibe EST ERI
422 Randriamanantena Dolimon Homme Morafeno Andasibe EST ERI
423 Razafiarisoa Rufin Homme Andasifahatelo Andasibe EST ERI
424 Zafindravola Zandrisoa Femme Morafeno Andasibe EST ERI

213
Annexe 11 : Matrice des classes des variables de l’hypothèse 03

CAH Riz AutoRiz SA AAg Surface Riz Vivrière Cuma MoyenX° Mobilier Motor° Bâtiment Zébu RevSup
ERI Déclin 1,369 2,848 5,785 1,057 0,407 1,233 0,551 1,251 0,502 0,244 1,148 0,377 0,844
ERI Dissolution 0,218 1,608 4,756 0,432 0,292 0,377 0,000 1,461 0,409 0,000 1,010 0,291 0,729
ERI Emergent 3,012 4,174 5,474 1,162 0,574 1,228 0,381 0,828 0,421 0,269 0,959 0,349 0,492
PSA Déclin 0,858 2,215 5,449 0,710 0,592 0,459 0,359 1,281 1,416 0,403 1,232 0,419 1,443
PSA Emergent 3,357 4,479 5,922 1,619 1,430 0,976 0,523 1,484 1,883 0,929 1,414 1,356 1,470
PSA Intermédiaire 2,141 3,320 5,558 0,956 0,831 0,569 0,571 1,303 1,701 0,332 1,237 0,637 1,498

Annexe 12 : Matrice de corrélation stochastique des variables de l’hypothèse 03

Variable AutoRiz SA AAg Surface Riz Vivrière Cuma MoyenX° Mobilier Motor° Bâtiment Zébu RevSupl
Autonomie Riz 0,277 0,248 0,021 0,078 0,070 0,063 0,038 0,010 0,057 0,063 0,000 0,069 0,007
Score SA 0,200 0,221 0,049 0,111 0,107 0,070 0,043 0,026 0,034 0,048 0,010 0,074 0,007
Score AAg 0,052 0,094 0,273 0,053 0,020 0,078 0,076 0,102 0,065 0,043 0,036 0,052 0,056
Surface totale 0,075 0,118 0,033 0,190 0,145 0,155 0,067 0,030 0,022 0,035 0,038 0,070 0,022
Surface Riz 0,086 0,140 0,017 0,175 0,221 0,046 0,045 0,016 0,037 0,064 0,037 0,077 0,039
Surface Vivrière 0,064 0,092 0,043 0,211 0,019 0,343 0,091 0,051 0,000 0,005 0,028 0,053 0,000
Surface Cuma 0,039 0,061 0,046 0,085 0,017 0,111 0,448 0,000 0,083 0,000 0,012 0,032 0,066
Moyen de prod° 0,028 0,059 0,112 0,039 0,000 0,089 0,032 0,398 0,116 0,048 0,000 0,003 0,076
Mobilier 0,071 0,051 0,040 0,006 0,016 0,008 0,084 0,088 0,366 0,083 0,039 0,054 0,096
Motorisation 0,074 0,068 0,000 0,018 0,049 0,000 0,000 0,016 0,078 0,426 0,062 0,108 0,102
Bâtiment 0,031 0,044 0,039 0,066 0,049 0,070 0,056 0,021 0,070 0,097 0,302 0,078 0,076
Zébus 0,084 0,104 0,038 0,086 0,075 0,069 0,050 0,011 0,059 0,100 0,055 0,245 0,024
Revenu suppl 0,000 0,000 0,031 0,000 0,018 0,004 0,085 0,062 0,120 0,131 0,054 0,000 0,495

214
Annexe 13 : Résumée de la communication au symposium de Toamasina
Du 25 au 27 Mai 2016 et organisé par le projet EGALE

LES MODES DE SECURITE ALIMENTAIRE DES PAYSANS POSITIVEMENT


DEVIANTS

Andrianaivoarimanga Justin Nathanaël, Ramananarivo Sylvain Bernard, Ramananarivo


Romaine.

Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole Doctorale Gestion des
Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Université
d’Antananarivo.

Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité
de sa population vit dans une extrême pauvreté. Il est devenu ainsi un pays exposé à toutes les
vulnérabilités entres autres la vulnérabilité alimentaire. Une question émerge : comment les
exploitations agricoles assurent leur sécurité alimentaire en tant que ménages dans ce contexte
de vulnérabilité ? L’objectif est de définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire
des agriculteurs positivement déviants (PPD) en supposant qu’ils ont différents niveaux de
sécurité alimentaire. D’après la FAO, le riz reste la denrée principale des Malagasy. Ainsi,
étudier leur sécurité alimentaire revient en grande partie à étudier leur sécurité en riz à travers
les trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité en termes de
capacité de production de riz, l’accessibilité en termes d’autosuffisance en riz, et l’utilisation
en termes de diversification de production et d’Insécurité Alimentaire Saisonnière (IAS). Les
enquêtes ont été réalisées auprès des populations du district de Moramanga sur les PPD ayant
travaillé avec le Projet de Sécurité Alimentaire et l’Eco-Regional Initiative. Le traitement des
données a été fait à travers les outils statistiques tels que l’analyse en composantes
principales, l’analyse factorielle de correspondances, l’analyse factorielle discriminante et les
tests d’égalité d’échantillons. Les résultats ont mis en évidence deux modes de sécurité
alimentaire : (i) Autonomie et IAS i.e. mode SUBSISTANCE, et (ii) Capacité et Diversité i.e.
mode PRODUCTIVITE. Les PPD du mode Subsistance ont une meilleure sécurité
alimentaire que ceux du mode Productivité. En conclusion, l’augmentation de la surface
rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage
agricole si la récolte n’est pas destinée majoritairement à l’autoconsommation. La production
vivrière joue un rôle de tampon financier et alimentaire.

Modalité de présentation : Orale

215
Annexe 14 : Certificat de participation au symposium de Toamasina

216
Annexe 15 : Article soumis pour acte au projet EGALE
LES MODES DE SECURITE ALIMENTAIRE DES AGRICULTEURS
POSITIVEMENT DEVIANTS

Andrianaivoarimanga Justin Nathanaël, Ramananarivo Sylvain Bernard, Ramananarivo Romaine


Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole
Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des
Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo

Publié en ligne sous la référence ISBN : 978-88-99108-09-0.

Résumés
Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète ; la majorité
de sa population vit dans une extrême pauvreté. Il est devenu ainsi un pays exposé à toutes les
vulnérabilités entre autres la vulnérabilité alimentaire. Une question émerge : comment les
exploitations agricoles assurent-elles leur sécurité alimentaire dans ce contexte de
vulnérabilité ? L’objectif est de définir et de comprendre les modes de sécurité alimentaire des
agriculteurs positivement déviants (PPD). Le riz reste la denrée principale des Malagasy.
Ainsi, étudier leur sécurité alimentaire revient en grande partie à étudier leur sécurité en riz à
travers les trois dimensions du concept de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité,
l’accessibilité et l’utilisation. Les enquêtes ont été réalisées auprès des PPD du district de
Moramanga. Le traitement des données a mis en évidence deux modes de sécurité
alimentaire : (i) mode SUBSISTANCE, et (ii) mode PRODUCTIVITE. Les PPD du mode
Subsistance ont une meilleure sécurité alimentaire que ceux du mode Productivité.
L’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle seule l’amélioration de la sécurité
alimentaire d’un ménage agricole. La production vivrière y joue un rôle de tampon financier
et alimentaire.
Mots clés : sécurité, alimentaire, vivrière, tampon, déviant.

Abstract
Madagascar is classified among the least developed countries in the World; majority
of its population live in extreme poverty situation. Therefore, the Big Island became a country
of all vulnerabilities particularly in food vulnerability. One main question emerges: “How
small farmers ensure their food security in this context?” The objective is to define and
understand food security modes of positive deviant farmers (PDF). Rice remains the main
food of Malagasy people. And food security study for Madagascar means focusing on rice
security through the three variables of the food security definition which are availability,
accessibility and utilization. This study is conducted in the district of Moramanga. Data
analysis highlighted two food security styles: (i) Productivity mode and (ii) Subsistence
mode. Subsistence PDFs have better food security than Productivity PDFs. The target to
increase the size of rice land is not enough to promote food security for small holders. Others
crops are useful by playing finance and food buffer.
Key words: security, food, crop, buffer, deviant.

Introduction

Madagascar est classé parmi les pays les moins développés de la planète et la majorité
de sa population vit dans une extrême pauvreté (PAM, 2014). De ce fait, la Grande Ile est
devenue un pays exposé de toutes les vulnérabilités en l’occurrence la vulnérabilité
alimentaire. De là, une question de fond émerge « Comment les exploitations agricoles
assurent-elles leur sécurité alimentaire dans cette conjoncture de vulnérabilité ? » Cette

217
problématique alimentait cette recherche en considérant comme hypothèse que les
agriculteurs ont différents modes de sécurité alimentaire. L’objectif est de définir et de
comprendre les modes de sécurité alimentaire des agriculteurs ayant bénéficié les appuis du
Projet de Sécurité Alimentaire ou PSA et le projet Eco-Regional Initiative ou ERI, appelés
agriculteurs positivement déviants ou PPD, en termes d’appuis et réalisations. Seront ainsi
dissertés succinctement les matériels et méthodes utilisées, les résultats et les différentes
discussions sur les modes de sécurité alimentaires de ces agriculteurs. Les résultats attendus
de cette recherche sont la description et la compréhension des modes de sécurité alimentaire
adoptés par ces derniers au lendemain des projets d’appuis.

1. Matériels et méthodes.
Cette étude a été réalisée dans le district de Moramanga. Ainsi La zone d’étude est
constituée de 12 communes et 37 villages et 239 agriculteurs. Les données ont été collectées à
travers des enquêtes par questionnaires auprès de ces PPD. A noter que cette étude a été
menée sur deux populations : la population PSA et la population ERI mais avec les mêmes
variables de la sécurité alimentaire. Chaque donnée des deux échantillons est ainsi traitée
séparément mais avec les mêmes méthodes statistiques à savoir ACP ou Analyse de
Composantes principales, AFD ou Analyse Factorielle Discriminante, test d’égalité
d’échantillons indépendants : test de normalité, test de Levene et test t-Student, régression
linéaire multiple, CAH ou Classification Ascendante Hiérarchique, AFC ou Analyse
Factorielle des Correspondances et ANOVA ou Analyse de variances à un facteur.

Food and Agriculture Organization ou FAO a donnée confirmation dans son rapport
d’évaluation que le riz reste la denrée principale de l’alimentation des Malagasy (FAO &
PAM, 2010). De ce fait, étudier la sécurité alimentaire de la population de Madagascar revient
en grande partie à étudier sa sécurité en riz moyennant des trois dimensions du concept de la
sécurité alimentaire (PAM, 2005). Ainsi, les variables retenues pour l’étude sont la
Disponibilité de la nourriture à travers la surface rizicole de l’exploitation, l’Accessibilité à
la nourriture par l’autosuffisance en riz, l’Utilisation de la nourriture par le taux de
diversification et l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ou IAS (EPP PADR, 2005). La surface
des cultures vivrières est étudiée en complément pour pouvoir pousser en profondeur les
analyses.

2. Résultats saillants sur le mode de sécurité alimentaire


Les analyses statistiques ont mis en relief deux modes de sécurité alimentaires. Ce
sont le mode Productivité et le mode Subsistance. Le mode Productivité exploite 267,54 ares
de cultures vivrières contre 343,64 ares pour le mode Subsistance. La modélisation a permis
de trouver les équations des deux modèles de Sécurité Alimentaire SA : SAPSA= -1,06 + 0,49
Capacité- 0,64 IAS + 5,68 Diversité et SAERI = 0,45+1,04 Capacité Riz-0,63 IAS + 4,51
Diversité. Pour les deux modèles, c’est la variable IAS qui possède le coefficient standardisé
ß le plus grand en termes de valeur absolue (-0,60 pour PSA et -0,80 pour ERI). Ceci
confirme son importance primordiale et par extension celle de l’autonomie en riz dans la
sécurisation alimentaire. Les résultats de l’analyse de correspondance dénote une proximité
respectives entre modes Subsistance d’une part et entre modes Productivité d’autre part pour
les deux échantillons.

218
Figure 1 : Graphique symétriques des lignes Figure 2 : Diagramme des moyennes

De même, une association entre le mode Productivité et un faible niveau de sécurité


alimentaire d’une part et une association entre le mode Subsistance et un bon niveau de
sécurité alimentaire d’une part sont mises en relief. Le coefficient de corrélation de Pearson
entre l’autonomie en riz et la surface vivrière R est égal à 0,25. Ceci explicite une relation
positive modérée. Et l’équation du modèle s’écrit : Autonomie en riz = 5,89+0,002Vivrière où
Vivrière est la surface en ares de cultures vivrières de l’exploitation. L’ANOVA confirme
cette relation positive entre les deux variables au seuil de 0,05. Bref, la taille de la surface
vivrière a une influence positive sur l’a durée de l’autonomie en riz des PPD.

3. Discussions sur le mode de sécurité alimentaire


Les agriculteurs qui ont une bonne capacité de production et qui pratiquent la
diversification culturale sont des agriculteurs qui investissent beaucoup leurs efforts et leurs
ressources pour leur PRODUCTIVITE afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Les
agriculteurs qui font plus attention à leur autonomie en riz et le changement de régime
alimentaire sont plus sensibles à leur SUBSISTANCE afin d’assurer leur sécurité alimentaire.
Les analyses confirment la différence entre les deux modes en matière de sécurité alimentaire.
Le meilleur niveau de sécurité alimentaire va avec le mode Subsistance tandis que le niveau
moyen et le niveau moins élevé en sécurité alimentaire sont associés au mode production.

Les produits vivriers de l’exploitation agricole contribuent à la composition des


rations alimentaires journalières du ménage. Et c’est le cas des PPD du groupe Subsistance en
contraste avec les PPD du groupe Production qui produisent moins de vivriers et par
conséquent utilisent plus de riz dans leur ration journalière. Plus la proportion de riz dans la
ration est importante, plus vite s’épuise le stock en riz, plus l’autonomie en riz se réduise et
plus la période de soudure s’allonge. Ceci met en exergue le rôle des cultures vivrières en
jouant le TAMPON ALIMENTAIRE sans substituer la riziculture. Les PPD du groupe
Subsistance sont plus investis dans la production de vivriers dont la convertibilité permet un
maximum de recette pour subvenir aux besoins financiers du ménage sans trop ronger leur
réserve en riz et assurer ainsi une bonne autonomie en riz. Par contre, les PPD du groupe
Productivité possèdent sensiblement la même capacité en riz, voire plus que le groupe
Subsistance de riz ; ils font moins de vivriers, 267,54 ares contre 343,64 ares pour les PPD du
mode subsistance. La production de riz du groupe Productivité est ainsi partagée entre leurs
besoins financiers (Ranaivoson, 2010) et leurs besoins alimentaires. De là peut-on conclure
que la production vivrière de l’exploitation agricole joue un rôle de TAMPON FINANCIER
pour le ménage. La production vivrière offre une alternative à la monétisation de la
production rizicole. La production vivrière avec son double rôle tampon, tampon alimentaire
et tampon financier, mitige et atténue l’érosion du stock de riz. Elle contribue
significativement à l’amélioration de l’autonomie en riz et à la réduction de l’Insécurité

219
Alimentaire Saisonnière des exploitations agricoles. Avec le même mécanisme, le revenu
supplémentaire joue aussi ce rôle de tampon financier ; il sauvegarde l’autonomie en riz du
ménage. Plus le revenu additionnel est important, plus le ménage a une alternative pour
préserver son autonomie en riz en vue d’une meilleure sécurité alimentaire.

L’importance primordiale de l’IAS a traduit l’importance de la durée de la période de


soudure dans la sécurité alimentaire. De là retentissent deux questions centrales à géométrie
variable : « Comment résorber l’Insécurité Alimentaire Saisonnière ? » ou bien « Que faire
pour que les agriculteurs aient une autonomie en riz la plus longue possible ? Etant donné que
par ordre d’importance décroissante des variables de la sécurité alimentaire, on a IAS (et
Autonomie en riz), Diversité culturale, Capacité de production de riz, l’accessibilité au riz est
placé au cœur des analyses et des discussions sur la vulnérabilité en sécurité alimentaire. Une
bonne disponibilité en riz n’est pas suffisante pour assurer une amélioration conséquente de la
sécurité alimentaire. Autrement dit, l’augmentation de la surface rizicole n’assure pas à elle
seule l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un ménage agricole. Il faut faire en sorte que
la récolte rizicole soit destinée le plus possible à l’autoconsommation du ménage de
l’exploitation agricole. Ce qui implique des mesures de mitigation contre la conversion des
produits rizicoles en autres besoins.

Conclusions
Le fait d’augmenter la production rizicole seule ne résoudrait que partiellement le
problème de la sécurité alimentaire. Ceci explique les échecs des projets d’extension rizicole
dans l’amélioration de la sécurité alimentaire de la population de la Grand Ile. La production
vivrière et les revenus supplémentaires contribuent significativement à l’amélioration de
l’autonomie en riz et par effet ricoché à la sécurité alimentaire. Dans ce sens, les produits
vivriers jouent positivement un double rôle tampon, tampon alimentaire et tampon financier
sur la sécurité alimentaire des ménages agricoles. La diversification culturale a un impact sur
la diversification alimentaire et par extension sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux
du point de vue qualitative. La disponibilité et la facilité d’accès aux denrées alimentaires
pendant la période de soudure permet de mitiger l’insécurité alimentaire saisonnière des
agriculteurs. Ceci ouvre une perspective à la nécessité d’interventions holistiques et
complémentaires pour mâter la recrudescence de l’insécurité alimentaire. L’Administration a
pour sa part le devoir de promouvoir la disponibilité des denrées pendant la période difficile.

Références bibliographiques

Bellier et al., 2004. Etude du concept de vulnérabilité: Notion d'avenir. Sainte Etienne.
EPP PADR., 2005. Madagascar: Plan National Pour la Sécurité Alimentaire. Antananarivo,
Madagascar.

FAO & PAM., 2010. Mision d'évaluation de la sécurité alimentaire à Madagascar. Rome.

PAM., 2005. Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité au Mali. Bamako.

PAM., 2014. Analyse globale de la sécurité alimentaure et nutritionnelle et de la vulnérabilité


à Madagascar. Antananarivo.

Ranaivoson, R.E., 2010. Diversification des activité, facteur de développement rural à


Madagascar. s.l. : ESSA Agro-Management Université d'Antananarivo Madagascar, 2010.

220
Annexe 16 : Poster exposé au salon de la recherche 2016 d’Antananarivo

221
Annexe 17 : Poster exposé aux Doctoriales 2016, 2ème édition de Toliara

222
Annexe 18 : Attestation de participation aux doctoriales 2017

223
Annexe 19 : Résumé de l’article soumis aux Doctoriales 2016, 2ème édition
PRIORITE DE GESTION ET SECURITE ALIMENTAIRE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

Andrianaivoarimanga J. N., Ramananarivo S., Ramananarivo R.


Equipe d’accueil Agro-Management, Développement Durable et Territoires (AM 2DT), Ecole Doctorale Gestion des
Ressources Naturelles et Développement (GRND), Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université
d’Antananarivo.
Publié à Mada revues sous la référence : Madamines, vol.2, 2017, ISSN 2220-0681

Les petites exploitations agricoles se caractérisent par leur diversité. Les techniciens
ont du mal à comprendre pourquoi les agriculteurs hésitent voire refusent l’adoption des
innovations techniques prometteuses d’une meilleure productivité. La vulgarisation des
techniques améliorées et des innovations agricoles s’est toujours heurtée à cette inertie
paysanne et n’a rencontré qu’un maigre taux d’adoption, à l’instar du Système de Riziculture
Intensif à Madagascar. Par conséquent, la productivité agricole et la sécurité alimentaire ne
fait que stagner voire régresser. L’étude de cette problématique amène à répondre à deux
principales questions de recherche : (i) quelle est l’ordre de priorité de gestion stratégique des
petites exploitations agricoles ? (ii) quel est l’impact de cette priorité dans leur sécurité
alimentaire ? Les objectifs sont ainsi de définir l’ordre de priorité de gestion des petites
exploitations agricoles et de connaître l’influence de la priorité paysanne sur sa sécurité
alimentaire. En ce qui concerne les matériels et méthodes de l’étude, celle-ci a été menée dans
le district de Moramanga sur 239 agriculteurs répartis dans 37 villages de 12 communes
rurales. Lors de l’enquête, il leur a été demandé quelle est d’après eux la cause de l’évolution,
tantôt négative tantôt positive, de leur situation alimentaire. Une fois collectées, les données
étaient traitées et analysées à travers l’analyse de variance et la statistique descriptive.
Les résultats ont distingués trois priorités paysannes à savoir Economique, Foncière et
Technique. Il y a une relation négative très intense entre Technique d’une part et Economique
& Foncier d’autre part. Foncier et Economique ont une corrélation négative avec Autonomie
en riz en revanche Technique et Autonomie en riz sont en corrélation positive forte.
Bref, les problèmes fonciers et économiques emprisonnent les PPD et les mettent à la
merci d’un faible niveau d’autonomie en riz ; ils les empêchent de passer à la vitesse
supérieur pour concentrer ses efforts et ses ressources aux améliorations techniques de leurs
exploitations. Les solutions économiques et foncières sont des précurseurs indéniables de la
réussite de la vulgarisation des techniques agricoles améliorées. Reconnaître et accepter cette
logique paysanne permet de différencier et spécifier voire calibrer les interventions pour doter
le maximum d’inclusivité aux efforts de développement d’autant plus les agriculteurs ont leur
propre la perception.
Mots clés : autonomie en riz, positivement déviant, priorité, sécurité alimentaire,
séquence décisionnelle

224
Annexe 20 : Abstract de l’article 1 soumis et retenu par MADASHS

Acculturation of alternative agricultural technics and deforestation


J.N. Andrianaivoarimanga1, S.B. Ramananarivo1,2 and R. Ramananarivo1,2

1 2
ED GRND/Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo; Ecole Supérieure de
Management et d’Informatique Appliquée (ESMIA), Antananarivo, Madagascar.

Présenté au symposium international sur l’évaluation des ressources phylogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture au
bénéfice des populations locales. Madagascar du 18 au 22 Septembre 2017

Abstract
In the past, Moramanga was in the heart of the great eastern forest, but the
deforestation that is rapidly advancing has left only vestiges. Agricultural intensification is at
the forefront of alternative solutions to reverse the steam. However, forms of deforestation
continue to rage. It is therefore intriguing to know how farmers react to vulgarized
agricultural techniques. This study was carried out in the district of Moramanga Madagascar.
Technical analyzes of the variables related to farming lead to the determination of two modes
of acculturation within the farmers: (i) technical mode and (ii) mode of production. Farmers
have selective acculturation of vulgarized technics. Agricultural acculturation and rice auto-
sufficiency of farmers improve and excel at maximum levels during project support. Weaning
from the resilience tutor is the trigger for a recession spiral. This situation puts farmers in a
survival situation; they are forced to adopt an emergency strategy and to attack forest
resources, hence deforestation rate increases in spite of agricultural intensification projects. A
reflection on the optimum duration of the project cycle deserves to be initiated; otherwise
efforts to conserve natural resources would remain volatile.

Key words : resilience, project, degradation, intensification, production, forest

225
Annexe 21 : Abstract de l’article 2 soumis et retenu par MADASHS

Marginalization of vegetable producers in the market


J.N. Andrianaivoarimanga1, S.B. Ramananarivo1,2 and R. Ramananarivo1,2

1 2
ED GRND/Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo; Ecole Supérieure de
Management et d’Informatique Appliquée (ESMIA), Antananarivo, Madagascar.

Présenté au symposium international sur l’évaluation des ressources phylogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture au
bénéfice des populations locales. Madagascar du 18 au 22 Septembre 2017

Abstract
Numerous of approaches were conceived to strength farmer market access where two
different worlds and business styles interact. Because of its profitability and speediness,
vegetable farming is among best income generating activities to reduce poverty and fight
malnutrition. However, vegetable farmers of Moramanga get only a very little share in the
local market following the example of farmer associations. This problematic pushed to take
stock of problems which block commercial development of vegetable value chain at farmer
scale. Moramanga, which is the study area, is located at 110km from the Capital. According
findings, vegetable producers could pick up only so little vegetable market share for two
mains reasons: (i) combination of inherent behavior problems and luck of land for extension,
(ii) adverse rules and practices to vegetable farmers lucking means to follow the move.
Vegetable producers are victims and prisoners of gearing branched problems which put
farmers in a poverty island surrounded by ocean of economic opportunities that they do not
profit. Local vegetable producers are marginalized through rules and conjunctures in their
own area.

Key words: value chain, vegetable, market, Moramanga, share, producer

226
Annexe 22 : Certificat de participation au symposium international de MADASHS

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