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European Scientific Journal April 2020 edition Vol.16, No.

12 ISSN: 1857-7881 (Print) e - ISSN 1857-7431

Durabilité Des Ressources Halieutiques Au Maroc :


Cas De Mehdia

Ibtissam Motib,
Université Ibn Tofail, Kenitra, Faculté des lettres et des sciences humaines
Département de Géographie, Laboratoire Environnement, Développement et
Gestion de l’espace

Doi:10.19044/esj.2020.v16n12p204 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2020.v16n12p204

Résumé
La durabilité des ressources halieutiques est un axe stratégique de la
politique de développement du secteur de la pêche maritime au Maroc. La
gestion rationnelle de ces ressources et son exploitation durable constituent la
base pour assurer la protection et la pérennité des espèces pour les générations
actuelles et futures. Au vu de la gravité des conséquences des multiples
pressions qui pèsent sur la pérennité des stocks halieutiques, et sur
l’écosystème marin, et aussi sur la situation socio-économique des opérateurs
de la pêche, notamment à Mehdia, le souci et la responsabilité nationale vis-
à-vis du patrimoine halieutique interpelle les pouvoirs publiques au Maroc, à
mieux gérer, et conserver de manière durable les ressources halieutiques à
cette zone qui ne profité que peu de la rente de sa situation stratégique. Dans
cet article, on se propose d’éclairer le lecteur d’une part, sur l'état des
ressources halieutiques à Mehdia, et d’autre part de démontrer le rôle de la
stratégie de durabilité qui est conçue comme un processus participatif et
exploratoire d'amélioration de la qualité et la quantité des ressources
halieutiques au niveau de la zone d'étude.

Mots clés: Maroc, Mehdia, Ressources halieutiques, Pêche maritime,


Durabilité.

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Sustainability of Fishery Resources in Morocco:


The Case of Mehdia

Ibtissam Motib,
Université Ibn Tofail, Kenitra, Faculté des lettres et des sciences humaines
Département de Géographie, Laboratoire Environnement, Développement et
Gestion de l’espace

Abstract
The sustainability of fishery resources is a strategic axis of the
development policy for the maritime fishing sector in Morocco. The rational
management of these resources and its sustainable exploitation form the basis
for ensuring the protection and sustainability of species for present and future
generations. In view of the seriousness of the multiple pressures on the
sustainability of fish stocks, and on the marine ecosystem, especially in
Mehdia, the concern and national responsibility vis-à-vis the fisheries heritage
challenges the public authorities in Morocco, to better manage fishery
resources in this area which benefits little from the rent from its strategic
location. In this article, we propose to enlighten the reader on the one hand, on
the state of fishery resources in Mehdia, and on the other hand to demonstrate
the role of the sustainability strategy which is conceived as a participatory and
exploratory process improvement of the quality and quantity of fishery
resources in the study area.

Keywords: Morocco, Mehdia, Fisheries resources, Maritime fishing,


Sustainability.

Introduction
De par sa position géographique favorable, le Maroc dispose de deux
façades maritimes d’environ 3500 km de côtes, soutenues par une Zone
Economique Exclusive (ZEE) de 200 miles marins en Atlantique. Ces atouts,
conjugués à l’existence d’une zone d’upwelling (Orbi, 1998), considérée
parmi les plus importantes au monde, font de la côte marocaine l’une des zones
les plus poissonneuses, avec un potentiel de production annuelle qui dépasse
1,5 millions de tonnes de poisson (Doukkali et Kamil, 2018).
Le secteur de la pêche en effet contribue à hauteur de 2 à 3% du PIB
(Azaguagh, et Driouchi, 2018) et emploie environ 660.000 personnes, de
façon directe ou indirecte (Banque mondiale, 2013), tout en assurant des

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sources de revenus pour environ 3 millions de personnes (DPM, 2014). En


2015, la production halieutique nationale a dépassé 1,35 millions de tonnes
(d’une valeur de 10,8 milliards de dirhams), composée principalement de
petits pélagiques (84 % en volume et 25% en valeur). Grâce à cette production,
le Maroc se place au 17ème rang des pays producteurs (pêche de capture) et
premier sur le continent africain (FAO, 2016). Cette production est
principalement générée par une flotte de pêche composée de navires côtiers et
artisanaux (56% en volume; 54% en valeur) et de navires hauturiers (34% en
volume ; 44% en valeur). Cependant, malgré l’importance de la production
halieutique nationale, la consommation de produits de la pêche par les
marocains reste limitée à des niveaux inférieurs à la moyenne mondiale (13,3
kg / habitant contre 19,3 kg / habitant à l’échelle mondiale en 2012). Le Maroc
se fixe pour objectif stratégique, dans le cadre du Plan « Halieutis », de porter
cette moyenne à 16 kg / habitant / an vers 2020 (Doukkali et Kamil, 2018). La
stratégie s’articule autour de trois axes majeurs : la durabilité de la ressource,
la performance et la compétitivité du secteur (Saad et Maria, 2017).
Toutefois, le secteur des pêches maritimes affronte un certain nombre
de défis dont les principaux sont liés à la fragilité de la ressource, à la
variabilité des conditions hydroclimatiques, à un effort de pêche excessif et
aux barrières de la compétitivité et de la qualité. La quasi-totalité des stocks
halieutiques sont pleinement exploités voire surexploités à cause d’un effort
de pêche excessif dépassant les capacités de reproduction biologiques de la
ressource (Abdellah, 2006). C’est le cas notamment de Mehdia qui malgré
qu’elle s’ouvre sur l’océan atlantique avec un littoral long 60 km, et renferme
des potentialités importantes dans le secteur de pêche (espèces pélagiques,
demersales, benthiques), ne profité que peu de sa situation géographique
(Motib, 2019).
L’objectif de cette étude vise dans un premier temps , à établir un
diagnostic de l’état des ressources halieutiques à Mehdia par le biais d’un
inventaire et d’une évaluation du processus de dégradation ainsi que les
dommages qu'elles ont subis. Ensuite, il faudrait dégager une stratégie de
gestion qui sera adoptée par les acteurs présents, susceptibles d’être insérer
dans une orientation non seulement écologique mais socialement durable.
Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie suivante a été retenue.

Matériel et méthodes
Méthodologie du travail
Capitalisation des informations existantes : bibliographie, données
Cette étape, consiste essentiellement en la collecte de deux types
d’information. La première concerne classiquement la consultation des
travaux universitaires (thèses, mémoires et articles scientifiques, livres,
communications à des colloques et symposiums, etc.) et la deuxième concerne

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les documents institutionnels (documents de Plan, de Programme, de Projet,


etc.). Certaines informations sont également tirées de supports électroniques
(Internet). La recherche documentaire permet de faire le point sur l'état des
connaissances concernant les écosystèmes côtiers, la gouvernance des
ressources halieutiques nationales, les méthodes et outils de détermination
d’indicateurs, les théories et les expériences en matière de gestion intégrée des
ressources halieutiques. Les informations trouvées dans la littérature servent
également d’illustration dans l’interprétation de certains aspects de l’étude.

Les données du terrain et d’entretien


L’objectif de cette étape est de confronter le cadre théorique
d’appréhension et d’analyse de la problématique de la durabilité des
ressources halieutiques à une expérience empirique. À ce titre, en vue de
développer le propos théorique. Les informations existantes, sont complétées
par des enquêtes et des sondages d’opinion sur le terrain.

1. Les ressources halieutiques à Mehdia: état des lieux et diagnostic


1.1 Des ressources halieutiques diversifiées
La zone d’étude s’ouvre sur l’océan atlantique avec un littoral long
de 60 km se trouve entièrement dans la province de Kenitra. De ce fait, la zone
renferme des potentialités importantes dans le secteur de la pêche (Figure 1),
et dispose d’une flotte pour la pêche côtière, artisanale.
La distribution spatiale d’espèces de pêche est fortement liée aux
conditions hydro climatiques du milieu et à la nature du fond marin (Med
Ocean, 2009).

Figure 9: carte des pêches dans la zone de Kenitra (Mehdia), (source INRH)

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Au niveau de Mehdia, les ressources halieutiques sont exploitées par


une flotte de pêche nationale, constituée :
- d’une flottille de pêche côtière, non spécialisée, qui opère près de la côte avec
des unités de pêche traditionnelles et qui est caractérisée par une diversité de
métiers ;
- d’une flottille de pêche hauturière à très large rayon d’action, qui cible
essentiellement la crevette rose du large ;
- d’une flottille de pêche artisanale, qui opère au niveau de la bande côtière à
l’aide de barques à moteur et qui cible selon la saison et la zone de pêche, soit
les poissons blancs, soit les grands crustacés.
Ces ressources sont constituées essentiellement :

Les ressources pélagiques


Les stocks de pélagiques, sont composés comme suit :
Les stocks des petits pélagiques sont représentés essentiellement par
la sardine ((Sardina pilchardus), qui occupe le premier rang en termes de
débarquement, suivi de l’anchois (Engraulis encrasicolus), du maquereau
(Scomber colias), du chinchard (Trachurus trachurus et Trachurus trecae) et
de la sardinelle Sardinella aurita et Sardinella maderensis) (Hakkou, 2012).
Ils représentent sur le plan quantitatif les principales ressources exploitées
avec 21% environ de captures.
Toutefois la disponibilité et l’abondance de ces espèces sont
étroitement liées à celle des facteurs environnementaux, en particulier
l’intensité et la variabilité saisonnière ou interannuelle des upwellings. En
outre, ces espèces passent la majeure partie sinon la quasi-totalité de leur phase
adulte en surface ou en pleine eau, totalement libres à l’égard du fond et
indépendantes de la nature du substrat. Elles sont caractérisées par des
migrants horizontaux et verticaux importantes (Med Ocean, 2009).
La sardine prend le large au printemps, formant des petits bancs
dispersés. Vers la fin du printemps et jusqu’à l’automne, elle se concentre plus
près de la côte et forme des bancs denses.
Les stocks des grands pélagiques sont constitués d’espèces
appartenant à la famille des Thonidés. Ces derniers sont des espèces hautement
migratrices qui entreprennent de grands déplacements dans leur zone de
distribution, parcourant souvent des milliers de kilomètres à l’intérieur de
leurs aires de distribution géographique. Les principales espèces de Thonidés
sont Thon rouge, Espadon, la Bonite, l’Auxide, la Palomette et la Thonine
commune (Benmohammadi et Labraimi, 2011). Ces espèces effectuent des
migrations, déterminées par des impératifs de reproduction et d’alimentation,
sous le contrôle de facteurs hydrologiques et physicochimiques qui
conditionnent l’habitat de ces espèces aux différents stades de vie,
saisonnièrement et à plus long terme. Parmi les facteurs connus, il y a la

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température de surface, la profondeur de la thermocline, la salinité et le taux


d’oxygène dissous. il faut savoir aussi que le maximum des productions de la
pêcherie thonière se situe durant ces périodes de migration.

Les espèces démersales


Selon la nature du fond marin, les ressources démersales peuplant cette
zone peuvent être classées en trois grands groupes :
- Les espèces du fond sableux comme les merluchons, les crevettes, les
pageots, les soles, les langues, le turbot, les loups et les mulets ;
- Les espèces du fond vaseux et sablo-vaseux telles que les merlus, les
crevettes, la langoustine, les grandes soles, les baudroies, les raies, le
tacaud et le merlan bleu ;
- Les espèces des fonds durs et rocheux telles que les grands merlus, les
ombrines, le congre, les pagres, les sars, les dentés, les murènes, les
grandins, les homards, et les langoustes.

Les zones rocheuses occupent une grande partie du plateau continentale et


abritent un potentiel important d’espèces nobles (Hakkou, 2012).
Les principaux stocks démersaux peuplant les fonds meubles
(sableux, vaseux et sablo-vaseux) sont représentés par plus de deux cents
espèces appartenant principalement aux crustacés, aux merluccidae, aux
céphalopodes, aux sparides, aux scorpaenidae, aux marcroudae, aux squalidae,
aux sparidae, aux scorpanenidae, aux Gadidae, etc. (Benmohammadi et
Labraimi, 2011). Ces espèces représentant une part importante des
débarquements de pêche au niveau du port de Mehdia, notamment le merlu
commun et la crevette rose du large (Hakkou, 2012).

Les espèces benthiques


La macrofaune benthique infralittorale de l’estuaire de Sebou est
dominée essentiellement par les Mollusques (Tab. 1) suivis de Crustacées puis
des Annélides Polychètes (Mergaoui, 2003 et Zine 2005).
Tableau 3: structure taxonomique de la faune benthique infralittorale de l'estuaire de
Sebou (source : Mergaoui et al.., 2003, Zine 2005)
Groupes zoologiques Nombre d’espèces
Mergaoui et al., 2003 Zine, 2005
Mollusques 30 62
Crustacés 14 20
Annélides Polychètes 7 16
Cnidaires 1 1
Echinodermes 1 1
Poissons 1 2
Némertiens 1 2
Echiurien 1 1
Total 56 105

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L’effort de la pêche concernant les petits pélagiques au niveau des


ports de la zone atlantique Nord dont Mehdia fait partie, ont été débarqués par
727 unités actives en 2017 dont 201 senneurs, 312 barques, 174 palangries.
(INRH, 2017)
Un total d’environ 17 526 sorties a été réalisé à hauteur de 60% pour
les sonneurs côtiers, de 24% par les chalutiers côtiers. Les barques et les
palangriers côtiers ont respectivement contribué avec 14% et 2%. Les 212
senneurs côtiers ont opéré dans les 7 ports de la zone (Larache, Mehdia,
Mohammedia, Casablanca, El Jadida et Jorf lasfer) en réalisant environ 10980
sorties avec apports. Le port de Mehdia prédomine avec 25% de sorties en
mer, suivi du port en dernier avec 6% des sorties (figure 2).
En termes d’effectif d’unités de pêche, le port de Mehdia occupe la
première position avec 21%, suivi des ports de Larache (18%), de
Mohammedia (14%), et le port de Tanger (8%). (INRH, 2017).

Figure 2 : contribution à l'effort de pêche déployé, en 2017, pour la capture des


petits pélagiques dans la zone nord par flotte (à gauche) et par port (à droite) ( Source :
INRH 2017).

Cette zone montre aussi, la proximité de plusieurs madragues qui


ciblent le thon rouge, les thonidés et l’espadon. D’après la délégation des
pêches maritimes de Mehdia-kenitra, le secteur des pêches maritimes emploie
(directement et indirectement) plus de 10 000 personnes entre les marins
embarquant, les mareyeurs et commerçants, travailleurs de chantier naval,
ouvriers des unités de transformation des produits de la pêche, etc.
(Benmohammadi et Labraimi, 2011).
Le secteur de la pêche participe également à l’alimentation d’une
activité industrielle constituée de 18 unités de transformation et de
conditionnement. Ces unités se livrent généralement à des activités de semi-
conserve (salaison et marinade), produits frais, congélation, décorticage
d’oursin, cuisson et la transformation des Algues marines. Généralement, la

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capacité de production de ces unités (22%) reste très faible par rapport à la
capacité maximale de ces unités. Ceci explique en grande partie par
l’irrégularité des opérations d’approvisionnement qui reste étroitement
tributaire des conditions de travail de la flotte de pêche à partir de ce port
(S.D.A.U, 2014).
Tableau 4 : principales activités et capacités de production et du stockage des unités
d’industries de pêche au port de Mehdia, Source : SDAU, 2014)
Unités Capacité de production par Capacité de stockage Main d’œuvre
agrées jour T/J
Actuelle Max d’utilisation Actuelle Max d’utilisation Saisonnier Permanant

18 125 555 22% 2727 6450 42% 1585 690

En revanche, la construction du futur port atlantique dans la région


du Kenitra sur la façade atlantique rendra cette zone beaucoup plus attractive,
favorisant ainsi un flux de navires de pêche côtière provenant d’entre ports.
Instituée dans le cadre du plan portuaire nationale à l’horizon de 2030, cette
plateforme portuaire desservira la région centre et également nord –ouest pour
les trafics conventionnels et vrac et notamment les flux issus ou à destination
du Gharb, du Saiss et du loukous, des zones franches comme Atlantic free
zone.
Ce projet touchera également les activités de pêches maritimes. Là
encore, il est fort probable que le niveau de performance de l’activité de pêche
soit plus que doublé à l’horizon de la mise en service de nouveau port et ce en
raison de :
-l’amélioration des conditions de sortie et d’entrée en mer permettant ainsi la
progression des captures des produits de la pêche débarquée par la flotte
active.
- l’amélioration de la sécurité de la navigation (SDAU,2014).

1.2 Diminution des ressources halieutiques à Mehdia


L’état actuel des ressources halieutiques à Mehdia enregistre, une
forte baisse des stocks et des prises, réduction de la qualité des ressources
halieutiques, disparition graduelle de certaines ressources halieutiques
(anchois, crevettes roses), et pollution de la plage et du milieu marin (Motib,
2019). Ces observations scientifiques sont confirmées par les pêcheurs eux-
mêmes qui révèlent que la plupart des stocks sont très exploités, voire
surexploités. Les causes principales des pressions sur ces ressources sont :

Effets du changement climatique


Dans le cadre d’une étude comparative globale, (Allison et al., 2009)
rapportent que parmi 133 pays, le Maroc est situé au 11 ième rang des pays les
plus vulnérables aux changements climatiques dans le secteur de la pêche.

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Selon ces mêmes auteurs, les résultats de l’analyse montrent que le Maroc est
hautement vulnérable, avec un niveau de capacité d’adaptation faible. Cette
vulnérabilité au changement climatique du secteur de la pêche dépend à la fois
de l’exposition au risque, de la sensibilité et de la capacité d’adaptation.
Il se dégage des études météorologiques récentes que le Maroc, de
par sa situation géographique sensible, connaît des contrastes climatiques
régionaux marqués par une forte variabilité des précipitations et une
irrégularité des traits climatiques (Banque mondiale, 2013). Le Maroc dispose
de deux façades maritimes sur l'Océan Atlantique et la Mer Méditerranée,
s'étendant sur une longueur de plus de 3,500 Km. Les conditions
hydroclimatiques qui caractérisent les zones de l’Atlantique Sud font de la
côte marocaine l’une des plus poissonneuses du monde. Or il est prévu qu’à
l'horizon de 2020, le pays connaisse un réchauffement de l'ordre de 0.7 à 1%
(Banque mondiale, 2013).
Au-delà de ces données, des informations sont requises auprès des
pêcheurs (117 pêcheurs enquêtés y compris le président de la confédération
des pêches côtiers) pour évaluer leur perception des impacts déjà ressentis du
changement climatique sur le milieu littoral atlantique (y inclure Mehdia),
marin, et sur les ressources halieutiques. Leur perception du changement
climatique est liée aux contraintes de la météo, à l’augmentation des
températures des eaux, au changement des courants marins et à la disponibilité
de la ressource halieutique.
La météo est le premier facteur limitant la pêche au Maroc et à
Mehdia, car les pêcheurs n’osent plus sortir en mer quand la mer est agitée,
les vents sont forts et que la hauteur des vagues dépasse deux mètres. C’est
ainsi que le « mauvais temps » a un impact négatif sur la productivité et la
rentabilité de la pêche. Compte tenu de la fréquence et de la durée des périodes
de mauvais temps, les pêcheurs sont dans l’obligation de réduire leur nombre
de sorties en mer.
Selon le président de la confédération nationale de la Pêche Côtière
« CNPC » "Larbi Mhidi", la température est un facteur clé dans la vie du
poisson, sa croissance, sa reproduction et sa survie ; la hausse des températures
des eaux à Mehdia a entrainé le déplacement des stocks des petits pélagiques
vers d’autres zone notamment Safi, Essaouira et le Sud. En plus, de l’avis des
pêcheurs, certaines espèces existaient dans la zone de Mehdia aujourd’hui, à
cause du changement climatique, a définitivement quitté la zone, notamment
l’anchois. Par ailleurs, le changement des courants marins, a entraîné la
détérioration des filets de pêche. Ces changements ont sans aucun doute une
influence plus importante sur les pêcheurs des petits pélagiques et chalutiers
que certains d’eux, ont choisi de vendre leurs bateaux et d'autres de migrer
vers d'autres régions.

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Effets de dragage sur la biodiversité du milieu et ressources halieutiques


Le dragage des sédiments marins est devenu une pratique assez
courante dans de nombreux pays depuis plusieurs années. Il est devenu pour
certaines zones la principale source d'agrégats pour les besoins du béton, des
travaux publics et les travaux de rechargement des plages (Cooper et al.
2007a). Toutefois, l'extraction de sable en mer peut avoir des impacts néfastes
sur l'environnement marin, non seulement sur le plan morpho-dynamique de
la région, mais aussi sur les écosystèmes locaux, et ce n’est souvent pas limité
à la zone d'excavation (Kubrick et al. 2007 ; Van Rijn et al. 2005).
L’activité de dragage du sable au Maroc est d’âge relativement récent.
Elle est apparue au début du 20ème siècle )Hakkou et al, 2015), avec
l’établissement de ports sur le littoral. Il s’effectue dès l’installation des aires
portuaires et se continue pour entretenir et/ou approfondir les chenaux et les
bassins pour permettre l’accès des navires aux installations portuaires
(Benmohammadi et Labraimi, 2011). Les zones de production de sables
marins se situaient essentiellement sur le proche plateau continental de la
façade atlantique marocaine. En 2012, on comptait trois plates-formes de
traitement et de commercialisation de sables dragués : celles de Mehdia,
d’Azemmour et de Larache, pour une production annuelle totale de 3 millions
m3. Par ailleurs, l’importance du gisement sableux du plateau continental
marocain a incité les opérateurs à multiplier leur production (Hakkou et al,
2015). On traitera dans ce qui suit l’impact des dragages des fonds littoraux à
Mehdia, en se limitant aux conséquences de cette exploitation sur les
ressources halieutiques.
La zone draguée à Mehdia s’étend sur 6 km2, par des profondeurs allant
de -6 m à -20 m mais nos observations du déplacement de la drague montrent
qu’elle ne va guère au-delà de la courbe de -12 m (DPDPM, 2011). L’action
de ces dragues, et le prélèvement de la partie superficielle du fond, entraînent
des effets directs et indirects sur l’environnement marin littoral
(Benmohammadi et Labraimi, 2011), (figure 3).

Figure 3 : Synthèse schématique simplifiée des Impacts de l’extraction des granulats marins
(IFREMER)

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En ce qui concerne l’effet direct, lors du fonctionnement des dragues,


il y’a aspiration d'un mélange d'eau et de sédiment, et d'organismes vivants
hôtes de ces sédiments ou se trouvant sur le trajet de l'élinde, par la "tête
d'élinde" qui repose sur le fond (largeur < 1 m) et qui fouille le substrat meuble
sur environ 0,20 m. Il se crée ainsi des sillons d'exploitation. Inévitable, la
ponction d’organismes vivants (prélèvement d’individus d’intérêt halieutique)
par dragage conduira à appauvrir le peuplement au niveau non seulement du
secteur dragué mais bien au-delà. Il faut s'attendre à une réduction notable des
densités, de la richesse spécifique et de la biomasse (Benmohammadi et
Labraimi, 2011). Sur le fond marin on trouve des zones de ponte pour plusieurs
espèces marines et quand on drague les sédiments marins, ces espèces sont
automatiquement draguées avec les sédiments et par voie de conséquence la
vie poissonneuse est affectée (Benmohammadi, 2011).
Par son augmentation de la température des eaux, de la turbidité et de
la redéposition de particules fines (notamment celles issues de « surverse »,
évacuation en surface de l’eau de décantation des matériaux extraits), les
paramètres écologiques sont totalement altérés et affectent directement la flore
et la faune qui y vit (« le benthos ») ; La turbidité réduit notamment la
pénétration de la lumière, et la photosynthèse; les particules fines peuvent
recouvrir le fond et causent la mortalité des espèces qui y vivent; enfin, les
organismes vivant sur et dans le fond sont aspirés et donc
détruits(Benmohammadi et Labraimi, 2011).
Il y’a aussi des effets à long terme qui peuvent toucher les espèces
pêchées et les pêcheries associées, la biodiversité et d’autres intérêts socio-
économiques : disparition du benthos, perturbation de certains écosystèmes
qui dépendent étroitement des fonds sableux pour leur reproduction (frayères)
ou la nourriture des jeunes pendant certaines phases de leur vie (nourriceries).
Ces effets peuvent toucher des espèces exploitées commercialement (voir plus
loin les impacts sur la pêche), ou modifier l’équilibre des écosystèmes marins.
Conformément aux dispositions du Plan d’aménagement des pêcheries
des crevettes roses, dans certaines zones du pays, la pêche est interdite pendant
certaines périodes de l’année. C’est le cas notamment de Mehdia, où les
pêcheurs sont appelés à respecter la période du repos biologique (mars et
avril), afin de préserver les stocks de la crevette. Or, pendant ce temps,
l’activité de dragage continue à Mehdia. Et c’est ce qui explique, selon le
président de la CNPC " Larbi Mhid" que les stocks de crevettes, ont connu une
baisse très importante. Pour les poissons, près de 60 espèces existaient dans la
zone de Mehdia jusqu’aux années 90 Mais, aujourd’hui, à cause du dragage
du sable marin, certaines espèces (merlu et crevettes roses) ont définitivement
quitté la zone (Motib,2019).

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Effet de Pollution
Les activités humaines sont responsables de l’introduction dans le
milieu marin d’un grand nombre de substances. Selon le PNUE (Programme
des Nations Unies pour l'Environnement), 80% des pollutions marines sont
d’origines terrestres et anthropiques (Rachid Amara, 2010). Aux sources
industrielles s’ajoutent les effluents domestiques et urbains ainsi que les
apports diffus dus aux usages agricoles. L’impact de la pollution des eaux
marines est mal mesuré, mais il serait responsable d'importants effets létaux et
sublétaux sur les organismes marins (Rachid Amara, 2011).
Il faut noter que l’estuaire de Sebou est situé à proximité de Kenitra et
de Mehdia. Ce bassin draine plus que les rejets urbains de la ville de Kenitra,
les rejets de la cellulose du Maroc, de la centrale thermique et de la compagnie
marocaine du carton et papier de Kenitra. Il connait aussi un forte portuaire
avec les ports de pêche à Mehdia et de commerce à Kenitra (Motib, 2019). La
partie amont, constitue le réceptacle de diverses activités urbaines,
industrielles et agricoles. Ces différentes activités s’accompagnent de
nombreux problèmes de pollution qui touchent l’environnement aquatique, et
par conséquent le milieu marin, récepteur des eaux continentales drainant des
substances polluantes dissoutes ou particulaires (BERRAHO, 2006).
Le suivi des variations temporelles des paramètres physico-chimiques
au niveau de l’embouchure a permis d’évaluer l’apport important de
nutriments azotés et phosphorés ainsi que la matière en suspension, entrainés
par les eaux continentales. L’évaluation des teneurs en métaux lourds dans le
sédiment et dans la matière en suspension a montré, qu’avec un maximum 780
ppm, le chrome est l’élément le plus abondant. La présence de cet élément en
quantité importante est due aux rejets provenant essentiellement des tanneries.
Ceci montre la nécessité de la multiplication des efforts, en vue de limiter la
dégradation du milieu marin récepteur, bien que les teneurs observées dans les
organismes marins prélevés au niveau de l’embouchure (Mehdia) soient
faibles, du fait du pouvoir épurateur du milieu marin. S’agissant des
hydrocarbures, il y a lieu de signaler que ces derniers se maintiennent à des
concentrations fluctuantes non négligeables, parfois importantes, dénotant
l’impact des apports estuariens ainsi que ceux résultant de l’activité du port de
Mehdia (BERRAHO, 2006).

2. Durabilité des ressources halieutiques


La gestion durable du secteur de la pêche au Maroc et au Mehdia en
particulier, s’appuie sur une recherche scientifique efficiente, la mise en place
d'un cadre de négociation entre les divers acteurs, un dispositif réglementaire
évolutif, des plans d’aménagement efficaces, et une adaptation et une
modernisation de l’effort de pêche.

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La mise en place d’une recherche halieutique performante et la formation


des professionnels
L’essor du secteur halieutique au Maroc a suscité, ces dernières
décennies, une accentuation de l’effort de recherche pour le suivi de la
ressource et la proposition de recommandations pour l’aménagement des
pêcheries (cours des comptes, 2018). La compréhension des enjeux de
l’exploitation et de l’environnement marin sont déterminants pour la mise en
œuvre des mesures de gestion visant la durabilité des pêcheries nationales
(INRH, 2018).
Dans cet objectif, Le Maroc a mis en place une recherche halieutique
performante comme outil indispensable pour une gestion durable des
ressources halieutiques. Il a institué, depuis l’année 2000, un Conseil
Supérieur pour la Sauvegarde et l’Exploitation du Patrimoine Halieutique
National. Ce dernier constitue un cadre de concertation d’experts
scientifiques, de professionnels, de gestionnaires et des autorités (Motib,
2019). En outre, il a créé l’institut National de Recherche Halieutique (INRH),
comme acteur de référence de la recherche halieutique, est chargé
d'entreprendre toutes activités de recherche, études, actions expérimentales et
travaux en mer ou à terre ayant pour objectifs l'aménagement et la
rationalisation de la gestion des ressources halieutiques et aquacoles et leur
valorisation (DPM, 2014).
A ce sujet, l’INRH a lancé plusieurs stratégies et méthodologies de
suivi scientifique sous Halieutis considérant d’une part la diversité des espèces
et les modes d’exploitation et d’autre part, les moyens de recherche alloués
(INRH, 2018).
En outre, La mise en œuvre d'une gestion durable et concertée des
ressources halieutiques et de l’écosystème au Maroc exige un renforcement de
capacités humaines par la formation et l'encadrement des professionnels
(Motib, 2018). Certes, la formation de l’élément humain occupe une place
importante dans la politique du Département de la Pêche Maritime, qui veille
à mettre à la disposition des acteurs du secteur les profils disposant des
qualifications et compétences nécessaires en matière de conduite,
d’exploitation et de maintenance des navires de pêche, ainsi qu’en matière de
traitement et valorisation des produits de la mer Ainsi, les actions principales
menées durant l’année 2017 ont concerné (DPM, 2017):
- La formation diplômante de ressources humaines nécessaires pour
accompagner les différents projets du plan « Halieutis »;
- L’adaptation de l’outil réglementaire, régissant les prérogatives des
brevets;
- L’amélioration de la gestion des établissements de formation maritime
par l’ancrage de la culture des projets d’établissement;

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- L’appui au secteur en matière de formation continue et


d’alphabétisation fonctionnelle

L’élément humain dans la zone étudiée pose problème, aussi bien en


termes de formation qu’en termes effectifs. C'est donc une nécessité de
renforcer les capacités humaines pour pouvoir initier, gérer et mener à terme
des projets liés à la gouvernance des pêches Cela oblige les pouvoirs publics
à miser sur la formation de ses cadres et agents afin de les rendre plus
compétents, opérationnels et capables d’informer, de sensibiliser et de
répondre aux attentes de secteur (Motib,2019).

Un dispositif réglementaire évolutif


Un ensemble de textes précisant l’étendue du domaine de la pêche
maritime et réglementant l’exercice de la pêche ont mis en place au Maroc .
En 1919, un code de commerce maritime fut promulgué pour régir l’ensemble
des composantes du domaine maritime relatives au commerce, à la navigation
et à la pêche maritime en zone française de l’Empire Chérifien (Nejar, 2002).
Le Dahir portant loi n° 1-73-255 du 23 novembre 1973 formant le
règlement sur la pêche, a abrogé et remplacé ce code, tout en maintenant
certains textes à portée spécifique. (MENFP, 2015). Ce règlement, qui
constitue le texte de base actuel, prévoit que l’exercice du droit de pêche est
subordonné à l’obtention d’une licence de pêche. Valable pour une année et
donnant lieu au paiement d’une taxe (art 2). La pêche à la nage ou pêche sous-
marine est assujettie à la délivrance d’une autorisation spéciale (art 4). Par
contre, la pêche à pied au moyen de filets fait l’objet d’une simple déclaration
auprès du chef de quartier maritime (art 5) (FAO COPEMED, 2002).
Les instruments de pêche et les procédés de pêche font l’objet d’une
réglementation plus contraignante. C’est le cas notamment des filets. Par
ailleurs, l’exploitation de certaines espèces peut être sujette à des interdictions
temporaires (repos biologiques) ou à base de la taille des espèces n’ayant pas
atteint des dimensions déterminées tel que prévu par la législation (Nejar,
2002).
Le Dahir de 8 avril 1981 a été promulgué étendant la Zone
Economique Exclusive à 200 miles marins. Cette mesure s’inscrit dans un
contexte de préservation des richesses marines pour les besoins du
développement économique du pays (Nejar, 2002).
Le vide juridique dans certains domaines (estimations de la ressource
ou la qualité, salubrité et traçabilité du produit) a été comblé par le recours à
des décisions et à des circulaires du Ministre de l’Agriculture et la Pêche
Maritime, telles que les arrêtés pour les plans d’aménagement des pêcheries
ou la décision de mise en place de la procédure relative à la traçabilité et à la
certification des produits de la pêche maritime (cours des comptes, 2018).

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En outre, le Maroc respecte l’ensemble des instruments internationaux


en matière de sauvegarde des ressources halieutiques, notamment, le code de
conduite pour une pêche responsable de la FAO, les mesures de gestion des
thonidés formulées par l’ICCAT, les mesures de gestion de la CGPM et les
mesures de protection de la CITES. Pour assurer la pérennité du secteur de
pêche à Mehdia, il est nécessaire de réhabiliter les pêcheurs par le biais de
cours de formation en textes réglementant ce secteur (Motib, 2019).

Renforcement du Plan d’aménagement


La planification de l’exploitation des ressources halieutiques repose
sur la mise en œuvre des plans d’aménagement et de gestion des pêcheries
(Nejar, 2002). La réussite de ses plans d’aménagement des pêcheries
maritimes et d’une gestion durable des ressources halieutiques repose sur la
disponibilité de données fiables et actualisées sur l’état des ressources. Il est
en effet difficile de concevoir une stratégie d'exploitation rationnelle des
pêcheries lorsque l’on ignore le potentiel biologique exploitable sur lequel
vont s’appliquer les mesures de gestion, car l’effort de pêche doit être ajusté à
la taille du stock. Par ailleurs, les pêcheries ne pourront être gérées sans tenir
compte des relations entre les ressources et le milieu où elles évoluent et entre
les différentes espèces (espèces à valeur économique et espèces sans valeur
économiques). (Motib, 2019).
La pêche aux petits pélagiques occupe une place importante dans le
secteur des pêches à Mehdia composées essentiellement de sardines, de
marquereaux, de chinchards, et de sardinelles (Motib,2019). Le Plan
d’aménagement des petits pélagiques vise l’exploitation durable de cette
ressource et la maximisation de sa valorisation (DPM,2014). Ce plan fixe
notamment :
- Le TAC global par unité d’aménagement ;
- Le tonnage global, le nombre et les caractéristiques des navires
autorisés à pêcher les petits pélagiques en tenant compte dans le cas
échéant de l'espèce cible ;
- Les périodes et les espaces maritimes dans lesquels la pêche des petits
pélagiques est interdite; - Le nombre et les types d'engins autorisés ;
- Le pourcentage des captures accessoires admis ;
- Les modalités de répartition entre les navires autorisés des volumes
maximas des captures des petits pélagiques admis ;
- Le ou les ports de débarquement obligatoires, le cas échéant.

Suivi et contrôle pour lutter contre la pêche illicite non déclarée et non
réglementée
La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est un grave
problème mondial, l’un des principaux obstacles à la gestion durable des

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pêches. Elle représente une perte importante de revenus (Isolina et Camilla,


2012). Au vu de la gravité des conséquences des pratiques de la pêche illégale
sur la pérennité des stocks halieutiques, sur l’écosystème marin et aussi sur la
situation socio-économique des opérateurs de la pêche ; le souci et la
responsabilité nationale vis-à-vis du patrimoine halieutique interpelle le
Maroc à mieux gérer, exploiter et conserver de manière durable les ressources
halieutiques (DPM, 2014).
Le Plan Halieutis érige la durabilité de la ressource comme un axe
majeur et trace parmi ses objectifs une ressource exploitée durablement pour
les générations futures. Dans cet objectif, le Maroc a adopté une approche
intégrée des dispositifs de suivi, de contrôle et de surveillance des activités de
la pêche, des mesures de régulation et un système efficace de traçabilité qui
permet de définir l’origine des produits de la pêche au niveau de toutes les
étapes de la chaîne de valeur pour lutter contre la pêche illicite non déclarée et
non réglementée (DPM,2014). Les autorités à Mehdia utilisent ce système de
traçabilité qui assure le contrôle de l’amont à l’aval. (Motib, 2019).

Adaptation et modernisation de la flotte


Pour contribuer au développement de la pêche, le Maroc veille
également à la modernisation de la flotte de pêche, et au renouvellement des
navires et des engins de pêche. Il s'agit d'accompagner pour améliorer la
sécurité des équipages, l’amélioration des conditions de travail, l’adaptation
de la production à la demande pour poursuivre une exploitation durable de la
ressource (Motib, 2019). Le programme "Ibhar" initié en 2008, visait le
rajeunissement de la flotte, l’optimisation de son rendement, et l’amélioration
de la sécurité, de la navigation et des conditions de travail et de vie à bord. Ce
programme, prévoyait un investissement global de 5 MMDH dont 1 MMDH
du budget de l’Etat (Cour des comptes, 2018).
Dans le contexte de renforcement du processus de réhabilitation et de
la modernisation du secteur de la pêche dans le cadre de l’approche intégrée.
La chambre des pêches maritimes de l’atlantique nord (CPMAN) a participé à
la mise en œuvre du programme Ibhar, qui est un pilier essentiel du
programme Halieutis. Ce programme a renforcé les mesures prises par le
gouvernement pour aider le secteur à relever une série de défis auxquels sont
confrontés les professionnels afin d’améliorer la rentabilité et l’efficacité
économique du secteur. Ce programme, qui a suscité une grande satisfaction
parmi les professionnels, concerne la mise à niveau des flottes artisanales et
côtière ainsi que la modernisation de la flotte côtière (Motib, 2019). La mise à
niveau de la flotte artisanale se fait via le pack «Mawarid» qui permet
l’équipement des barques par des matériels de sécurité, des caissons
isothermes, des moyens de navigation et de surveillance ainsi que des moteurs
hors-bords (Motib, 2019).

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Ce pack propose deux options de financement avec une subvention


financière à hauteur de 50% du plafond d’investissement. Le reste peut être un
apport personnel ou un crédit. Pack spéciale de navires en bois avec une
subvention financière à hauteur de 20% du plafond d’investissement, et un
autre pack relatif aux navires en acier et en fibres de verre avec une subvention
financière à hauteur de 30% (DPM, 2015).
Pour la mise à niveau de la flotte côtière, décliné en trois packs, le pack
« ANBAR » qui concerne l’isolation de la cale et de système de réfrigération
selon les normes internationales. Le pack « BAHARA » qui vise à équiper les
bateaux d’infrastructures sanitaires et sociales. Et le pack « TAJHIZ »
permettant l’équipement en moyens de contrôle et de surveillance. En ce qui
concerne pack « SAFINA » vise à remplacer les anciennes unités avec de
nouvelles (DPM, 2015).
La chambre des pêches maritimes de l’atlantique nord (CPMAN) dans
laquelle se situé Mehdia, est considéré comme avant-gardiste, pour le
soulèvement de débat sur la nature et le contenu d’un certain nombre des
points de programme ayant entrainé des modifications qui ont amélioré
l’image du programme lors des journées organisées par la chambre à
Casablanca. Les différents protagonistes (les comités locaux relevant de la
CPMAN, le comité central de suivi et l’office national des pêches) ont réuni
pour étudier les dossiers souhaitant bénéficier du programme Ibhar qui a
connu son démarrage officiel et réel par la ratification de 17 dossiers d’un
montant financier d’environ dix millions de dirhams. La part de Mehdia été la
plus élevée (Motib, 2019):
- Mise à niveau de la flotte de pêche côtière : 5 de 25.
- Mise à niveau de la flotte de pêche artisanale : 175 de 275.
- Modernisation de la flotte de pêche côtière : 15 de 67.

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