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Organisation du
Travail Intellectuel
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DU MÊME AUTEUR

Aide-Mémoire thérapeutique du médecin militaire


(MALOINE, 1898).
Diagnostic des maladies simulées (BAILLIÈRE, 1918),
2e édition.
L'Expertise des plaies par armes à feu (BAILLIÈRE, 1917).
Les Mutilations volontaires par armes à feu (Mémoire
couronné par l'Institut : Prix Larrey, 1917, Académie des
Sciences). — Inédit.
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Docteur P. CHAVIGNY
MÉDECIN PRINCIPAL DE 2 CLASSE
PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

O r g a n i s a t i o n d u

Travail Intellectuel DO
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Préface de Ch. ADAM
MEMBRE DE L'INSTITUT
RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY

QUATRIÈME ÉDITION

PARIS
LIBRAIRIE DELAGRAVE
15, RUE SOUFFLOT, 15
1919
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Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation


réservés pour tous pays.
Copyright by Librairie Delagrave, 1918.
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PRÉFACE

La bibliothèque de l'Université de Nancy de-


meura fermée les trois mois d'août, septembre,
octobre 1914. Unmoment, toutefois, onpensa la
rouvrir, pour y installer, dans les salles de lec-
ture, les bureaux d'un état-major d'armée : le
9 août, un officier du général de Castelnau vint
les visiter à cette intention. Mais un tel honneur
devait être réservé à Pont-Saint-Vincent, où l'on
était mieux posté pour diriger les opérations de
guerre en avant de Bayon et de Charmes, et la
résistance victorieuse du Grand-Couronné, qui,
sauvant la capitale de la Lorraine, a contribué à
sauver aussi la France.
La réouverture des cours de l'enseignement
supérieur, à Nancy, comme dans toutes les
villes d'Université, se fit, à la date ordinaire, les
premiers jours de novembre. On rouvrit donc
aussi la bibliothèque, pour les professeurs non
mobilisés et pour les étudiants qui attendaient,
avecimpatience, soitl'appel de leur classe(classes
1916, puis 17, puis 18, bientôt, sans doute,
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classe 19), ou simplement leurs dix-sept ans


révolus afin de s'engager et de rejoindre leurs
camarades qui avaient le bonheur de se battre
pour la France.
Mais à ces habitués de notre bibliothèque s'a-
jouta bientôt une clientèle inattendue, clientèle
militaire, due au Service de Santé. Il n'y a peut-
êtrepas un seul Aide-Major, ouMajor, sans par-
ler de plusieurs Médecins Principaux, pour peu
que leur séjour à Nancy ou dans les environs fût
de quelque durée, qui n'ait aussitôt demandé et
obtenu l'autorisation d'user de la bibliothèque
universitaire. Le Recteur conserve précieusement
la liste déjà longue, et qui s'allonge encore tous
les mois, de ces nouveaux lecteurs. Et jamais il
ne connut pareille fréquentation. Certains jours,
et c'était un beau spectacle, on ne voyait que des
uniformes, plus ou moins usés pour avoir fait
compagne sur le front; la salle en était toute
bleue ou de couleur kaki. Dansle nombre, le per-
sonnel de la bibliothèque remarqua bien vite un
médecin à quatre galons (il en a cinq aujour-
d'hui) qui, sans y songer le moins du monde et
venu là pour son compte seulement, donnait à
tous sesjeunes confrères l'exemple de l'assiduité
et du travail. C'était le docteur Chavigny, pro-
fesseur agrégé du Val-de-Grâce.
Il voulut leur être plus utile encore. Est-ce
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l'ambiance, qui lui rappelait les étudiants et la


difficulté des premières études médicales ? La
bonne volonté ne suffit pas : nosjeunes gens n'en
manquent point. Mais il faut aussi savoir tra-
vailler; et combien ne savent pas, parce que (il
faut bien le confesser) onnele leur a pas appris.
Le docteur Chavigny voulut précisément le leur
apprendre. De là cet opuscule, préparé, médité,
peut-être écrit dans notre bibliothèque; c'est un
manuel de travail à l'usage des travailleurs; et
commeon travaille, en somme, toute la vie, il peut
servir en tout temps et à tout âge.
Chaque jour apporte, si l'on veut bien, sa pro-
vision de connaissances, par la lecture, l'obser-
vation, la réflexion. Tout ne vaut pas la peine
d'être conservé, certes; mais vraiment nous en
laissons trop perdre, par insouciance ou négli-
gence, faute de savoir l'utiliser. Le gaspillage en
toutes choses est un peu notre défaut français, et
l'étranger nous le reproche, non sans raison. Or,
il faudrait en finir avec ces déperditions de force
en tout genre. Et le docteur Chavigny nous
enseigne le bon emploi de nos connaissances, et
comme l'épargne et l'économie que l'on doit en
faire; cequi est, intellectuellement, l'art de capi-
taliser et de s'enrichir. Les philosophes nous
disent bien que la mémoire conserve tout; oui,
mais à la façon d'un gouffre où l'on jette tout
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pêle-mêle; on n'y retrouve rien. Il faudrait clas-


ser au fur et à mesure toutes les acquisitions
nouvelles, méthodiquement, et dans un ordre tel
qu'on puisse mettre le doigt à l'instant sur ce
qu'on demande.
Les Américains, hommes d'ordre et qui savent
le prix du temps, ne veulent pas le perdre en
cherchant ce qu'on a trop de peine à trouver.
L'un d'eux, un professeur, parcourant un jour
les rayons d'une bibliothèque, ouvrait chaque
livre à la dernière page: «Point d'index, consta-
tait-il, ouvrageinutilisable; »etil lerefermaitsans
le lire. Les règles éprouvées que donne le docteur
Chavigny aident chacun à se faireun index, un
répertoire commode de toutes les connaissances
acquises aujour lejour, si bien que, sans grand
effort de mémoire, on peut y faire appel en cas
de besoin, on les a toujours à commandement.
Grand service rendu ànosjeunesgens d'abord,
mais aussi à toutes les personnes d'étude, et
mêmeaux hommes d'action, qui ne peuvent plus
se passer d'une documentation étendue et précise
pour agir, dans l'industrie, le commerce, la
finance, et la politique donc! Gambettanedisait-
il pas de son ami Spuller : «Feuilletons-le. Cet
hommeest mondictionnaire vivant. »
Les philosophes encore ont compris, àl'aube
des temps modernes, combien il était nécessaire
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d'organiser le travail intellectuel, et qu'on ne


pouvait se passer de la mémoire malgré ses fai-
blesses. C'est une faculté précieuse, pensait Des-
cartes, mais qui laisseglisser et échapper trop de
choses, et n'a pas la force de les retenir, labilis
et infirma; et il avait sesprocédéspour yremédier.
Bacon, avant lui, voulait déjà que l'art vînt en
aide à la nature, pour la mémoire. Arsmémorisæ
est un titre que l'on retrouve dans maint ouvrage
du seizième et du dix-septième siècle. Puis on
n'en parla plus, sinon pour mépriser cette
faculté, au lieu d'y substituer quelque chosequi
permet de sepasser d'elle.
Le docteur Chavigny a voulu attirer, à cet
effet, l'attention sur une lacune grave de notre
pédagogie et essayer de la combler. Je souhaite
à son opusculetout le succès qu'il mérite. Et je
n'oublie pas surtout le lieu où cet opuscule est
né, ni la date, ni les circonstances. Cefut à la
bibliothèque de l'Université de Nancy, ouverte
aux travailleurs pendant la grande guerre. Et
ces pages furent écrites par le Médecin-Major,
peut-être entre deux conférences sur les gaz
asphyxiants, oubien au retour d'une enquête aux
tranchées pour en vérifier sur place les effets
ainsi que l'efficacité des masques protecteurs;
peut-être une de cesjournées oùle tocsin annon-
çait l'approche et la menace d'un taube avec ses
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bombes trop souvent meurtrières, où le siffle-


mentsinistre de la sirène prévenait les habitants
que le canon ennemi allait lancer sur la ville ses
obus de 380.
CH. ADAM,
MEMBRE DE L'INSTITUT,
RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY.
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Organisation du
Travail intellectuel

INTRODUCTION

Un menuisier qui prétendrait enseigner de suite


à un apprenti comment on fait un meuble, sanslui
avoir appris d'abord le maniement de la scie ni du
rabot, semblerait, sans conteste possible, préparer
à son élève bien des déboires. Ceserait un maître
pitoyable, et nul ne serait surpris que son élève
ne fît guère de progrès.
A notre époque, les procédés d'instruction se
sont fort perfectionnés, à tel point qu'on peut faire
apprendre au moins le rudiment de toute science
à l'élève le moins doué.
Mais, parune étrange lacune des programmes de
l'enseignement, nulle part on n'indique aux élèves
la méthode du travail cérébral, la technique pra-
tique de toute production intellectuelle.
Dans les écoles, collèges, lycées, etc., le maître
dirige l'élève, mais jamais ne le prépare aux mé-
thodes qui lui permettraient plus tard de travailler
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personnellement, d'acquérir des matériaux, de les


ranger, de pouvoir les retrouver, et de savoir les
utiliser aujour voulu.
Or, il existe des méthodesdetravail intellectuel.
Il est facile de s'en rendre compte dès qu'on y ré-
fléchit, aisé de les appliquer dès qu'on les connaît.
Le profit à en tirer est immense.
C'est à démontrer ces vérités élémentaires que
ce petit ouvrage est consacré.
Souhaitons que chacun y trouve les principes
de la méthode de travail personnel qui convient
à son caractère, à ses habitudes et à l'orientation
qu'il a donnée à son activité productrice.
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CHAPITRE PREMIER
LA NÉCESSITÉ D'UNE MÉTHODE DE TRAVAIL INTELLECTUEL
ORIGINES DE CETTE MÉTHODE

Parfois un choix librement consenti, plus sou-


vent un hasard, nous a poussés dans une profes-
sion pour laquelle nous avions peut-être quelques
dispositions spéciales. Les premières années d'ini-
tiation technique du métier sont occupées à s'ins-
truire, à s'assimiler le savoir de ceux qui nous ont
précédés dans le métier. Puis, bientôt, les années
passent, une expérience vécue se forme, et vient
un moment où, étant arrivés à penser par nous-
mêmes, à apprécier et à comprendre mieux notre
profession, nous serions portés à fixer par écrit nos
vues personnelles.
Il yaurait intérêt à ce que les générations sui-
vantes retrouvent la trace de l'effort de leurs pré-
décesseurs, quand bien même il ne s'agirait que
d'y rencontrer l'histoire des erreurs de l'esprit
humain, ou que d'apprendre à éviter les pénibles
tâtonnements, les écoles infructueuses.
Quand vient le moment d'établir ce bilan de ses
connaissances, un homme réfléchi a vite fait de se
rendre compte que, de tout un passé laborieux, il
ne lui reste dansl'esprit que quelques raresimpres-
sions, à peine des notions générales vagues. L'ins-
truction reçue dans le tout jeune âge a créé une
aptitude générale, sans rien de plus. Les lectures
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16094-9-19
IMPRIMERIE DE LA GRAVE
VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
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Typographie ‒ Linux Libertine & Biolinum, Licence OFL

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