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BIBLitoTHÈQUE
DE PHILOSOPriiïE CONTEMPORAINE
//
V LE
TRAVAIL INTELLECTUEL
ET LA VOLONTÉ
PAR
JULES PAYOT
Kecteur do l'Uinversitô d'Aix-Marseilfe.
Aimer travailler.
Savoir travailler.
HUITIEME MILLE
PARIS
LIRRAIRIE FÉLIX ALCAN
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIX, VI«
^«^^"**^^*^^^^^*«w«w*w^«N^^A^NAAA^>^SiiSA^\^ mèë^â^^^
1 Ex Libris
1 La Bibliothèque
1 Université d'Ottawa
M Ottawa, Canada 1
Mars 1947.
•1
.
:2.Uû
LE
AVAIL INTELLECTUEL
ET LA VOLONTÉ
PAR
f V i§ JULES PAYOT
t". ecteur de l'Université d'Aix-Mftrseille
^i
Aimer travailler
NEUVIEME MILLE
PARIS
LIBRAIRIE FÉLIX ALGAN
.e>r*\^8f' ©ÔÇLEVARB S^\^^U
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SAINT-GERMAIN, I o8
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WftltOTHÈQUES ^^^
5^ rodttction, de tradMction et d'adaptation^
Réservés poar tou» pay«.
fuOttaWt
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^^«.....
dp
.m
1
PRÉFACE
de problème à résoudre? En co
l'intelligence sur le
«enSjUn outil est une méthode. Le gigantesque marteau-
pilon du Creusot n'est qu'un marteau perfectionné et
la plus puissante machine à vapeur n'est qu'un jeu de
leviers qui met en œuvre quelques lois élémentaires
de la mécanique. Les outils de l'industrie moderno
qui nous donnent sur le monde matériel une puissance
prodigieuse ne sont que les transformations des outils
élémentaires.
Or ces outils élémentaires étaient autant de métho-
des. Le génie si clairvoyant des Grecs avait deviné que
l'essentiel, dans le travail, était de marcher droit, de
suivre sa route (p.sTà 680c), donc de ne pas disperser
l'attention, mais, au contraire, d'aller dans une direc-»
tion unique. En concentrant son attention sur le pro-
blème à résoudre, on finit par trouver la vraie route
vrrr PREFACE
PRÉFACE IX
'
à l'état de sa santé>
PRÉFACE Xlil
Payot, — Travail
LIVRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
l'aI'I'EL A LA PEUR
(1) Voir sur l'inefûcacilo des sanctions éloii^nées les pages pro-
fondes de Benlham, La religion îiaturelle. Son influence sur le
l'appât du plaisir
[
Allons donc tout droit jusqu'au plus profond et
au plus riche plaisir, qui est celui de l'activité. Tant
'3ue nous ne descendons pas en nous-même jusqu'à
LE PLAISIU PROFOND DE L'ÉNERGIE 11
(1) Nietzsche. ,
Fayot. — TravaiU t
48 LA CONDITION DE TOUT PROGRÉS : AIMER TRAVAILLER
'
gique tonifie : celui qui fait des efforts devient de plus
en plus maître de sou attcntioUv plus décidé, plus
résolu, plus persévérant. i
''
C'est un bénéfice considérable : ce n'est pas le seul,
car la valeur que l'on conquiert est féconde en bonheur :
enfants ! —
une anarchie désordonnée de tendan-
est
[ces, de sentiments, de passions. Ce désprdre_ ne s'or-
\
qu'en devenant instruits. Pasteur aura peiné en vain'
Bi nous ne pouvons comprendre ses découvertes.
L'étudiant doit se voir dans l'histoire et se pénétrer
du sens de la continuité de rciTort humain et de l'action
décisive des grands hommes et des grandes décou-
vertes. Lui aussi, il coopérera par son travail avec
58 LA CONDITION DE TOUT PROGRÈS : AIMER TRAVAILLER
l'incorruptible comptable
^
Dans la délicate oscillation des motifs et des mobiles
. qui agissent sur la volonté comme sur une balance,
•
souvent un poids minuscule provoque la décision vic-
torieuse ou la défaite.Généralement la victoire est due
aux réserves constituées par l'Incorruptible Comptable
dans son inlassable collectionnement des petits actes
courageux quotidiens. Tout le passé arrive à notre
secours dans le moment présent. Mais il faut pouvoir
dire comme Pierre Pithou « J'ai eu plus d'affection à
:
ces efforts loyaux, ils les ont renouvelés jour par jour,
semaine après semaine, durant des années et des années
et rincorruptible Comptable ayant inscrit à leur actif
ces efforts innombrables, ils ont de plus que toi tout^
la force accumulée que leur apporte ce passé, toute
cette fortune intellectuelle économisée sou par sou.
Mais à ton âge, ils n'en avaient pas plus que tu n'en as ;
tâche qui doit emplir la vie Elle peut être très hum-
!
LA DIFFAMATION DU TRAVAIL
nécessaire (1).
\j
LES PRÉGÊDENTS * 49
LÈS « PRÉCÉDENTS »
On
reconnaît les inintelligents à leur incapacité de
voir une question en elle-même. Les peuples enfants
furent des peuples émotifs. Leur seule logique fut la
logique des sentinients, c'est-à-dire l'absence de raison,
le refus d'accepter la réalité objective. L'Asie presque
entière en est à cet état. Ce furent les Grecs qui, les
56 VÉniTÂBLE INTELLIGENCE ET PSEUDO-TRAVAIL
I
Efforçons-nous de ne -pas la regarder en face : peut-
être que grâce à quelque événement imprévu, miracu-
ou à se trans-
leux, la difficulté consentira à disparaître
former.
i Ilélas ! elle ne disparait ni ne change I Nous avons
beau, comme l'autruche qui cache sa tête dans le sable
pour ne pas voir le danger, fermer les yeux ou inter-
poser entre le danger et nous un brouillard de mots
et de formules, la réalité est tenace et ne s'en va pas.
Nous sommes maintenant très près de savoir ce
Nous soupçonnons que pour
qu'est l'intelligence vraie.
être intelligent il est iimtile de pouvoir dire la même
chose de dix façons différentes. Tout sentiment qui
LA FOLIE, ALTERATION DU SENS DU RÉEL 57
trée du sanctuaire. j
l'entrée.
;
la source de toute vérité morale, pourvu que tu creuses
i jusqu'aux réalités communes à l'humanité et il suffit
I
pre expérience^ Je suis désolé qu'il m'ait fallu des;
j
années de travail personnel pour découvrir cette vérité
qu'aucun de mes maîtres ne m'a révélée ; ils l'ignoraient
i
peut-êfre eux-mêmes C'est ainsi qu'on peut lire les
!
piquer.
NÉCESSITÉ EN POLITIQUE D'ALLER JUSQU'AUX RÉALITÉS 65
I
DISCERNEU LES MEILLEURS CERVEAUX,
QUESTION DE VIE OU OK MORT
LE PRIX DU TEMPS
rLe
»
travail qu^un homme assez bien portant peut
accomplir est considérable, pourvu qu'il s'y mette.
Posons d'abord un principe, c'est qu'il y a contra-
diction entre bien travailler et travailler longtemps.
Mosso a démontré que trente contractions énergiques
d'un muscle, si elles sont successives, amènent un épui-
sement qui nécessite deux heures de repos. Quinze con-
tractions ne demandent qu'une demi-heure de repos
consécutif. Donc, en distribuant ses efforts intelligem-
ment, on peut produire soixante contractions en deux
heures Bacon avait remarqué les elTets du travail mal
!
-
-f
1
relire, recherche d'une citation à vérifier, etc. C'est un
i travail de déblaiement ou de préparation analogue <i
•
celui de l'ouvrier qui affûte ses ciseaux, emmanche son
i marteau aux heures de loisir c'est l'utilisation intel-
l ;
fasse pas ses forces, qu'il ne les déprécie pas non plus.
Il doit les estimer cà leur juste valeur afin de n'exiger
heures.
Mais celui dont l'énergie est lente à se reconstituer
diminuera le temps des efforts et augmentera celui des
repos. A chacun de s'étudier attentivement, comme il
étudierait un camarade, objectivement et de noter ses
observations comme on le fait quand, dans une ferme,
on évalue le rendement d'un cheval ou d'un ouvrier.
Etre intelligent, c'est se voir tel qu'on est, c'est s ac-
cepter c'est prendre son parti de la quantité et de la
;
manquée.
\ \ Cela est facile à comprendre i/nous savons par des
expériences très précises qu'imaginer un mouvement
que grâce à l'excitation naissante des
n'est possible
nerfs qui seront impliqués dans l'exécution de ce mou-
vement. Une excitation plus intense amène le mouve-
ment lui-même. Penser à l'accomplissement d'un acte,
^c'est en quelque sorte faire une esquisse de cet acte.
l\»î:NSE2 D'A^VANCÉ A CE QQE VOUS FEREZ 8i
(aire.
Voilà pourquoi la volonté se déclenche facilement
quand Tacte à accomplir est simple et net et pour-
quoi elle est difficile à mettre en mouvement quand
il y a confusion dans les projets. Gela est si vrai que
l'acte s'accomplit de lui-même quand nous imaginons
îTavance, dans le détail, les mouvements précis à
accomplir. J'ai remarqué souvent que le matin, si je
veux me lever de très bonne heure, il ne me sert de
rien d'évoquer des raisons abstraites de devoir, d'hon-
neur ; ces raisons abstraites n'agissent pas sur mes
muscles. Au contraire, si je fixe mon attention sur les
mouvements que je dois accomplir pour me lever, si,
^
La fatigue du choix est si r«elle que les commençants
Payot. — Travail, 6
%2 BAVOIR TRAVAILLER
j
perdent un temps considérable en préparatifs : ils s*y
PENSEZ AU COMMENT
l'engloutir.
Combien de fois m'est-il arrivé de resterdes semaines
entières comme
oppressé par la multitude des idées à
pied d'œuvre, qui refusaient de s'ordonner! Pour mon
Cours de Morale, ayant tout à coup aperçu l'inanité de
mon plan provisoire, je demeurai longtemps dans
l'obscurité et la confusion, mais instruit par des expé-
riences antérieures, je conservais la calme certitude
que la clarté se ferait. Elle se fit, en effet, tout d'un
coup, par une brusque synthèse.
Jamais un effort résolu, parfaitement loyal, sans
truquage, sans impatience, n'a abouti à un échec.
Comme le disait notreadmirable Poussin « avec le
temps et la paille mûriront les nèfles ». La maturité pour
U SAVOIR TRÂVAILLliR
QUELQUES CONSEILS
{{) THÉéTÈTE.
(2) Utfrrs (le Chesterfietd à sort fts. mars 1747.
\
i
par la patience calme qui est comme la définition de la
[puissance. —
« Mais, avec cette lenteur, on n'avance
pas !» —
A quoi sert d'avancer quand il est certain que l'en-
nemi, l'oubli, regagnei^a le terrain conquis ? Il faut
qu'à chaque pas en avant, la position soit assurée,
fortifiée, organisée, mise en état de résister victorieuse-
ment.
il est faux qu'en ne faisant qu'une chose
D'ailleurs,
à la en la faisant à fond, on n'avance pas. C'est
fois et
FANTÔMES DE FATIGUE
pS!rd'êFdérangemen|s, lUêSqm^
Peif'yfieure'spar jour, quatre ou cinq pour les éner-
j
gies puissantes, deux ou trois pour les énergies
au-dessus de la moyenne, une ou deux pour les énergies
ordinaires, voilà le temps du travail intellectuel. A
chacun de s'interroger loyalement, de ne pas s'en faire
accroire, d'évaluer la durée des élans de l'énergie réelle,
et d'organiser sa vie de façon à ce que tout y soit coor-
donné et subordonné au temps de pleine lumière intel-
lectuelle.
Ce que nous disons de la durée maximum de l'énergie
créatrice, vérifions-le par un examen des heures néces^
sairement perdues par suite de la mauvaise santé, des
deuils, des fêtes de famille, des mille dérangements
inévitables dans la vie en société et on sera étonné du
peu de temps que les plus grands travailleurs ont con-
sacré à leurs œuvres. C'est une pensée encourageante
pour les jeunes gens que de se dire qu'on peut devenir
une des lumières de sa génération avec un nombre peu
500 SAVOIR TRAVAILLER
I
BESOÛNE N'EST PAS TRAVAIL ICI
lectuelle. |
â
IMPORTANCE DE LA SANTÉ lOS
IMPORTANCE DE LA SAiNTÉ
^
dent beaucoup de temps et une très lente matura-
tion.
ORGANISATION DES TRÉBUGHETS l]9
puis automatique.
Ceci bien compris, qui ne voit quel parti un travail-
leur peut tirer de cette grande loi de l'habitude? Avec
un peu d'efforts au début, nous pouvons faire en sorte
que notre cerveau au lieu de folâtrer, de baguenauder
à des riens, fasse œuvre utile. Une rivière qui s'amusait
à décrire mille méandres, si on la capte, si on concen-
tre et dirige sa force, peut faire tourner la roue d'un
moulin. De môme la forceperdue à des futilités, il
suffit de la concentrer, de la diriger pour que sans
augmentation de dépense, elle fasse du travail utile.
Le moyen d'y arriver, c'est de s'intéresser à son
travail, de créer en soi une partialité de l'attention
telle que toute idée qui passe, si elle a quelque rapport
avec le sujet habituel des préoccupations, soit en quel-
que sorte happée au passage. C'est en ce sens que New-
ton gardait toujours dans sa pensée son hypothèse encore
vague et que la chute d'une pomme provoqua dans son
esprit, comme une brusque conclusion, la découverte
de la gravitation universelle.
C'est ainsi qu'ayant entrevu il y a près de vingt ans
l'absurdité de notre enseignement de la composition
française je découvris un jour la méthode rationnelle
qui a fait l'objet de mon livre ï Apprentissage de F Art
d'écrire. Pendant cette longue période, passionné pouï
mon sujet, je puis dire que je n'ai g^ère passé de joui
«ans y penser. Il n'est pas une lecture, pas une con-
versation, pas une expérience d'écrivain, pas une ius-
1
I
secours qui peuvent te venir du dehors. Ils ne peuvent
\
jamais être r essentiel. L'essentiel, c'est que tu entres
1 résolument dans ton travail, avec courage et vigueur.
Si tu fais ainsi, l'aide extérieure peut être un appoint.
Sinon, tous les secours te seront inutiles. Cette aide est
analogue à celle du guide dans une escalade difficile :
.
Aussi M. Barthou définit-il la journée d'un ministre : « Une
succession d'heures perdues, que coupent de rares loisirs
employés à un travail utile ».
1
LE ÎPiAVAiL r-OLîTlQUE EST îNORGAiNISË iîl
(I) vSAINT-SlilON
42« ÉTUDE DE OUELQUES GRANDS HOMMES
il ne le gaspille pas
intellectuelle, il va, d'un pas
:
:
ferme mesuré, dans la voie droite qu'il a choisie.
et
i' On remarquera, de même, l'aisance de son disciple
Ë Malebranche qui a écrit les plus belles pages qui exis-
, tent en philosophie sur l'importance de l'attention. Il
pénétré de l'importance de l'ordre et
était, lui aussi,
DAUWLN, LYKLL
rable !
i
LE CAS DE RENAN, DE FLAUBERT, DE LIÏTRÉ. DE ROLLIN 139
lent.
Mais soignons nos forces Ne nous surmenons pas
! !
(1) Vasari. Les vies des plus excellents peintres, t. Il, p. 5-41.
LIVRE II
CHAPITRE PREMIER
L'Attention
IMPORTANCE DE L ATTENTION
et inutilisable.
L/attention seiilo peut faire de nous des hommes
libres, des personnes. Eu eliet, il ii'(ist pas libre celui
i'.i L^ATTENTIOλif
I
IMPORTANCE DE L'ATIENTION 445
lettres.
Dans du dehors, dans le calme des pas-
le silence
dans Tapaisement du tumulte intérieur, arriver |
sions (2),
à maintenir pendant quelques minutes haute et brillante t
la pure flamme de l'attention —
faire que ces minutes
sacrées se renouvellent plusieurs fois durant les heures
de recueillement qui les préparent, voilà le but suprême
auquel doit tendre l'étudiant qui >^eut devenir quel-
qu'un.Du même coup, il diminuera le temps de séden-
l'hallucination.
Entre Tincohérence des associations d'idées, qui est
l'état normal de la pensée au repos, et leur cohérence
infrangible chez l'aliéné, se placent les associations
dirigées par la volonté.
Comment se produit l'intervention de la volonté ?
Si vous fermez les yeux,dans le silence, le cortège
passe, passe incohérent. Qu'à ce moment ufi bruit
imprévu se produise, comme la supplication du minet
devant la porte fermée, l'entrée brusque d'une percep-
tion extérieure dans le déroulement des 'associations
d'idées, en change le cours. Les psychologues disent
que l'irruption du présentatif, état fort, dans le repré-
sentatif, état faible^ en rompt la trame. C'est ainsi que
nous ne pouvons plus méditer quand une musique
guerrière passe dans la rue et qu'il est impossible de
réfléchir au milieu du bruit, parce que les liens fragi-
les de nos représentations sont brisés brutalement par
les sensations qui forcent l'entrée de la conscience.
Cette violence de l'état fort qui peut rompre nos
associations d'idées, devient une puissance de libéra-
tion si nous l'utilisons intelligemment. De même que
nous domestiquons la foudre et que nous l'attelons à
nos voitures, de même, nous pouvons faire volontaire-
ment intervenir la brutalité de l'état fort pour briser
les associations qui nou^ênent, ou pour déclencher
des associations nouvelles.
Cet appel a un pouvoir extérieur, étranger, pour
faire la police intérieure de nos associations, constitue
aotre liberté.
Ce mécanisme, qui assure notre liberté intellectuelle,
Jst tellement important qu'il est nécessaire que nous
insisfions.
Deux cas se présentent : un déroulement d'associa-
tions d'idées nous gêne et nous voulons le briser et
1S4 L'ATJENTION
les heurtent.
Que dans un cas pareil ? Substituer aux asso-
faire
ciations qui tendent à trouMer la quiétude de l'àme,
i des étals préseîitatifs. Rien ne vaut dans les cas graves
le recours à un travail manuel assez délicat pour empê-
cher le vagabondage de l'esprit c'est ainsi que pour :
Souvent, avant de me
mettre au travail, je me récite •
que les objets pendus à ces murs etc. Elle m*avoua que
dès lors la tâche lui devint facile.
(C'est parce que la netteté, la simplicité diminue la
moyens pratiques, que j'ai appelés ail-
tension, que les
leurs du nom de cartes et d'atlas rendent de
(1)
grands services à la pensée ils la soutiennent de
:
INFLUENCE DE LA PREPARATION
récompense naturelle et
j^aurais quitté le travail sans sa
au contraire avec le sentiment d'un échec. Tout eut été
à recommencer dans des conditions plus mauvaises,
donc avec de moindres chances de succès.
On le voit, la sagesse pour un étudiant, c'est de bien \
Pavot. — TmvçiU Ij
CHAPITRE II
La Mémoire
de « justice immanente ».
La philosophie est la terre où fleurissent les mots
sans signification, tels que substance, libre arbitre et
Ton a pu dire, non sans quelque vérité, que la méta-
physique était une « maladie du langage ». Dans le
sujet même qui nous occupe, Iqs vieilles opinions sur
la mémoire ont longtemps empêché de découvrir la
cace. \
I
Le nombre des connaissances a peu D'IMPORTANCE 167
/r
/ 11 est vrai qu\me idée de valeur ne frappe pas
d'habitude à première vue. Ce n'est que peu à peu,
par une croissance lente qu'elle grandit et se fortifie :
cela demande du calme et du temps.j(Il faut qu'elle talle,
c'est-à-dire fasse de nombreuses racines qui iront pui-
ser sur une large surface les sucs nourriciers. On peut
même affirmer qu'une idée n'acquerra toute sa vigueur
que lorsqu'elle puisera la sève vigoureuse de quelque
tendance fondamentale.. C'est dire que la hâte fiévreuse,
l'éparpillement de l'attention sur plusieurs idées ren-
dent le tallage impossible .'^'
stérilité, le désert.
170 t MÉxMOlRE
1
à la tête de ses grands services ? C'est là le rôle essen-
I
tiel du pouvoir. S'il ne le remplit pas, ou s'il le rem-
catastrophes.
On le voit, une idée, pour grandir en force doit être
maintenue pendant des années dans la pensée; elle
^^
(1) En moins de deux si^les la population descendit de li'ente
millions à sept millions.
LENTE CROISSANCE DES IDÉES DE VALEUR lîl
à fond.)
(Même pour fixer un souvenir simple, une impression f
unique ne suffit pas. Peu à peu, il s'estompe il est :
I
manuel :la qualité de l'effort intellectuel y gagnerait.
\ ( Donc, une seule chose à la fois, ne pas s'éparpiller,
renoncer aux longues heures de pseudo-travail qui
épaississent le sang. A ce que nous étudions, apportons
une attention réitérée, alerte et vive, j
(souvenir d'articulation). Y
^Xles souvenirs sont distincts, puisque la maladie peut
en paralyser un sans toucher aux trois autres. :De plus,
plusieurs de ces souvenirs ont l'avantage considérable
de contenir des éléments musculaires que nous pouvons
réévoquer très facilement je puis prononcer le mot, je
:
\JE SOLI
f
Partout où on le peut, il faut faire en sorte que les
divers souvenirs d'une même chose s'entr'aident. Tout
souvenir isolé est difficile à retrouver à cause de son
manque de relations ;*. c'est ainsi qu'un tfbm propre
est lent à se représenter à l'esprit quand on le cher-
che. Vœ soliliVn souvenir est d'autant plus stable et
d'autant plus facile à retrouver qu'il a plus de rela-
tions. 1
NÉCESSITÉ BB l'oRDRR
I
LA VRAIE PUISSANCE EST CONCENTRATION iSI
I
Ne soyons nullement inquiets de nous limiter, car j
j
universalité est synonyme de dispersion, donc de I
médiocrité et pour ignorer beaucoup de choses, onlj
un demi-savant, car ce terme ne flétrit que |
n'est pas
ri^eranee présomptueuse. Dispersion, médiocrité,';
c'est faiblesse d^esprit. /
(
Etre ne pas jeter aux quatre vents l'éner-f
fort, c'est
gie striotem^Ht mesurée du cerveau, e'ést se concen-|
trer. \0n a défini une belle vie, une idée de jeunesse \
réaligèedittt s Tà^e mùy Heureux ceux qui, vers la
.
î
fécondité.
: Une mémoire ordonnée est différente d'une mémoire |
livrée au hasard. Elle est une création de la voiontéÂ
cpmme ces payes où le gé^e de Le Nôtre a tout dis- f
posé pour que l'esprit put goûter la beauté de la nature I
rendue intelligible.
L*(C(tBLI LIBÉRATEUR
/
188 LA MEMOIRE
I
I
mauvais yeux et le tempérament impulsif :
i
CHAPITRE III
DANGERS DE LA LECTURE
(i) « La façon dont nos élèves lisent ne vaut pas mieux que
leurs choix, si c'est choisir que de tout mêler. Ils dévorent les
livres et n'ont point de répit qu'ils n'arrivent à la fin. Les soirs
qui sont consacrés à la lecture, particulièrement le jeudi et le
dimanche, point n'esl besoin au répétiteur de distribuer punitions
ou observations tout le monde a l'esprit tendu, trop tendu. Aucun
:
fusion.
Il y a enfin les lectures de pure distraction^
Spencer.
Mais comme il importe de ne pas diviser l'énergie,
la bonne méthode consiste à s'en tenir tout d'abord à
un auteur, de le suivre docilement afm d'avoir une
trame d'idées solide. C'est ainsi que j*ai abordé la phi-
losophie par \?L Philosophie de Hamilton de Stuart-MiU
et par sa Logique ; j'ai possédé k fond ces deux ouvra-
ges, si bien que peu à peu, après avoir fait mes pre-
miers pas appuyé sur le maître, nourri de sa doctrine,
j'ai pu apercevoir les limites de sa pensée, et la fai-
i
LE LIVRE N'EST QU'UN INSTRUMENT t09
plaît pourvu que cela lui plaise pour de bon (1) »] Cela
revient à dire qu'un jeune homme est sûr de faire une
carrière féconde «il va vers l'avenir avec ses forces
unies au lieu d'y aller divisé contre lui-même :j
mais
innombrables sont les étourdis qui, faute de discerner
cent d'établir les textes dans leur pureté, telles que les '
les âmes les plus riches et les plus nobles, parmi les
amis éternels des jeunes gens, ceux qui sont les plus
près de notre cœur et de nous en former comme une
famille dont la sagesse et la tendresse nous aident,^
nous soutiennent, rallient nos forces en cas d'échec.^
Surtout n'oublions pas que, jeunes, nous tissons fil
par fil notre avenir. Si nous faisons abstraction de ce
qu'a de tragique la mort prématurée, la seule fatalité
cruelle, c'est l'emmurement lent d'une âme dans des
habitudes viles que la volonté sera impuissante à bri-
ser. L'impuissance acquise, la lente édification autour
de l'âme d'une prison, voiLà ce qui est dramatique.
'
Aussi, veillons sur nos lectures il y va de la dignité
:
*
et de la liberté de l'âge mâr. Il y a des livres dont on
doit absolument s'interdire la lecture.
La fréquentation des malades aigris et découragés
est déprimante. Or beaucoup d'écrivains ont des condi-
tions de vie anormales qui en font des malades et Ic^urs
œuvres ont quelque chose de malsain et de rabaissant,
qui diminue l'énergie et la joie. On peut, si on prend
la peine de ne faire attention qu'aux inévital)lcs con-
trariétés, se donner k dégoût et de son métier et do
la vie môme Ayons soin de garder intacte la volonté
!
I
LECTURES DE DISTRACTION . S09
LrCTURES DE DISTRACTION
pables.
Nous n'éprouverons pag o#î'besoin de lectures frivo-
les si nous aimons notre tâche au point qu'elle devienne
BA.SSIN DE DÉCANTATION
4r
Pour parer à cet entraînement et à rëncombrement
qui en résulterait à la longue, j'ai un tiroir que j'ap-
pelle le bassin de décantation. J'y jette mes notes au
fur et à mesure : passage copié, pensée résumée en
quelques mots, passage d'un article de journal, page
arrachée à une revue, ou à un livre médiocre dont
l'auteur cependant a déniché une citation intéressante.
Je n'ai aucun respect pour les livres que j'achète sur la
foi du titre ou du nom de l'auteur et dont autrefois
j'alourdissais ma bibliothèque parce que je n'osais les
jeter aux vieux papiers. Aujourd'hui, j'en détache les
passages intéressants. Puis, tous les trois mois, je passe
en revue les documents du bassin de décantation. Je me
pose la question de valeur cette note, cette coupure
:
délicat de la probité.
Herbert Spencer, qui pour ses livres de sociologie
une masse considérable de faits, achetait
avait à classer
deux exemplaires des ouvrages importants, afin d'en
découper plus facilement les pages significatives. Son
secrétaire notait les références sur chaque coupure et
il les classait dans des chemises que Spencer plaçait en
demi-cercle sur le plancher. « Parfois, dit-il, un fait
moi ! •
Par le fait même qu'au lieu de produire une œuvre,
il critique celle des autres, un écrivain éprouve mal-
gré lui une secrète jalousie à l'égard des esprits créa-
teurs. Ce sentiment, avons-nous dit, nous gâte même
Sainte-Beuve qui n'aime que les écrivains de second
ordre et qui a beaucoup d'aigreur contre les hommes
de génie.
La pénétration, l'impartialité, la défiance de soi la ;
11
L'ÊtUDE DES MATHÉMATIQUES t2^
besoin de l'exactitude.
Ces raisonnements qui vont par degrés successifs
habituent l'esprit à la prudence des constructeurs de
nos cathédrales qui, avant d'ajouter une pierre devaient
être sûrs de l'aplomb et de la solidité de celles qui
avaient été déjà posées.
Quelle beauté dans le monument que forment les
raisoimements solidement jointoyés Quelle impres-
!
d'autorité.
De cette façon, l'élève aurait constamment l'apercep--
tion nette de la force et de la beauté de la construc-
tion patiente que les géomètres édifient en inventant
ruses sur ruses, pour arriver à des certitudes. Oubliât-
il plus tard la géométrie, il ne se pourra pas que son
L HISTOIRE
LA VERSION LATINE
rents (1).
l'étude de la PinLOSOPHIË
MÉTHODES COMMERCIALE^"
LE TRAVAU. ADMINISTRATIF
CLOISONS ÉTAKCIIES
"h
tE CHOIX d'hercule
I
,
M
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA GRAxNDE VILLE 2o5
réelle (1).
Par conséquent, si la destinée nous fixe dans une
province tranquille, sachons profiter du loisir, du
calme qui permettent les longues méditations. Félici-
tons-nous que notre vie intérieure ne soit pas mise au
pillage par la cohue des impressions qui assiègent la
conscience dans les villes. Faisons tout ce que nous
pouvons faire pour-nôtre avancement
intellectuel dans :
Payot. — Travail i7
«58 CONCLUSION
dans minimes,
les détails les plus car si la perfection
est faite de menus détails, elle-même n'est pas un menu
détail. Tous ont travaillé avec une telle joie et un tel
désintéressement qu'ils n'ont même pas songé à sculp-
ter leur nom dans la pierre et nous l'ignorons.
C'est avec le même travail patient que le paysan fran-
çais a défriché les forêts, asséché les marais et qu'il a
cultivé les plus petits lopins de terre. L'attrait des vil-
les, de leur vie agitée et vide, où le paysan déplanté
tout » (1).
L'absence d'organisation du travail au Parlement,
l'absence d'organisation du travail ministériel, donne
à la nation un sentiment pénible d'impuissance du gou-
vernement et risque de réveiller les absurdes tendances,
césariennes qui dorment dans les esprits simplistes.
Absurdes, car ces tendances détournent l'attention de
la seule question essentielle l'intelligente mise en
:
insuffisant.
I
TABLE DES MATIÈRES
PAGE3
Préface ....•.......».•• v
LIVRE PREMIER
AIMER TRAVAILLER 3
>^ Deux erreurs psychologiques. L'appel à la peur. 4
.......
. .
L'appât du plaisir ,
8
Véritable nature du plaisir , 9
Le plaisir profond de l'énergie 10
L'excitant normal de la volonté 42
Christophe Colomb 17
Misère morale des paresseux 4^
Pas de trayalU pas de santé spirituelle ly
'
" \^
Les joies de la découverte 20
Le travail, puissance de libération 23
Valeur humaine de la coopération 26
Le travail français sauvegarde de la civilisation ... 30
Nul effort n'est perdu 32
Les hommes célèbres ont été ce que tu es ... . 34
L'Incorruptible Comptable . 36
La diffamation duJrav^il 45
Les contrefaçonsjlu travail 46
Les précédents . ..."...,,., . 49
«70 TABLE DES MATIEIŒS
PAGE»
Nos méthodes sont à reviser 51
La véritable intelligence, c'est voir la réalité telle
qu'elle est 5;i
Le cas de Napoléon I" 54
L'intelligence suppose une forte éducation morale . . 55
La folie, altération du sens du réel 57
Les classiques ont le sens du réel 5^
Erudition n'est pas intelligence (0)
Ce qu'on sait 61
Surtout dans le domaine moral 62
Nécessité en politique d'aller jusqu'aux réalités. . . 65
Discerner les meilleurs cerveaux, question de vie ou de
mort 60
Le prix du temps 71
Savoir bien utiliser le temps 7:f
l*ensez au comment ^^
Démarrez avec vigueur t<
1:'
Le travail politique est inorganisé
L'excmple dos écrivains 42^'
PAGES
LIVRE M
fXOEH
CHAPITRE IV. — De la méthode dans les diverses disci-
plines 221
L'étude des mathématiques 22'*
L'histoire 229
La version latine 232
Gomment travailler en médecine ? 236
Comment étudier le droit ? 238
L'étude de la philosophie 240
Méthodes commerciales 241
Le travail administratif 242
Cloisons étanches 2i5
La supériorité, c'est de bien employer ce que tu as . 247
CONCLUSION
EB 1 8 1987
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^> SEP.
199;
9 OCT. 1991
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1 'NOV, 1391
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^ 2 1 JA.M. f997 /
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