Instabilité
Instabilité
Instabilité
= o
i
i i
0 q Q pour i = 1,2, ..., n (13)
Comme les oq
i
sont arbitraires, indpendants des variations de q
i
, l'quation (13) implique que :
Q
i
= 0 i = 1, 2, ..., n (14)
La rsolution de ces n quations simultanes d'quilibre donne les valeurs des q correspondant la
configuration d'quilibre rel.
Page 15
4. PRINCIPE DE L'ENERGIE POTENTIELLE TOTALE STATIONNAIRE
Les forces intrieures et extrieures sont toutes conservatives (systme parfaitement conservatif). Les
forces intrieures drivent d'une fonction scalaire unique des coordonnes gnralises U(q
1
, q
2
, ... q
n
)
dont la valeur U reprsente l'nergie de dformation exprime par l'quation (4). De la mme manire, les
forces extrieures drivent d'une fonction O (q
1
, q
2
, ... q
n
) dont la valeur O reprsente l'nergie
potentielle de ces forces. On peut donc dire que toutes les forces drivent d'une seule fonction scalaire
V(q
1
, q
2
, ... q
n
), appele fonction potentiel total, dont la valeur est donne par l'nergie potentielle totale
du systme. Cette nergie potentielle totale peut tre exprime par :
V = U + O (15)
La valeur totale de l'nergie potentielle est gnralement indtermine. Seules des diffrences d'nergie
potentielle peuvent tre dtermines.
Parce qu'on suppose le systme parfaitement conservatif, on a :
oW = - oV (16)
o oV reprsente la variation de l'nergie potentielle totale dans le dplacement virtuel et (11) et (16)
donnent :
oV = 0 (17)
L'quation (17) est une traduction analytique du Principe de l'nergie potentielle totale stationnaire qui dit
que :
De toutes les configurations gomtriques possibles d'un systme, celle qui correspond l'quilibre
entre les charges appliques et les ractions correspondantes est celle pour laquelle l'nergie potentielle
totale est stationnaire .
Configuration d'quilibre rel
Comme V = V(q
1
, q
2
, ..., q
n
), oV peut tre exprim par :
i
q
i
i
q
V
.. .
2
q
2
q
V
1
q
1
q
V
V o
o
o
= + o
o
o
+ o
o
o
= o (18)
Ici, les valeurs de oqi sont arbitraires et indpendantes, de telle sorte que, si oV = 0 , on a :
0
i
q
V
=
o
o
i = 1,2, ..., n (19)
Le principe fournit alors n quations d'quilibre exprimes en termes de charges appliques et de
coordonnes gnralises, partir desquelles on peut dterminer les valeurs des q
i
, dfinissant la
configuration d'quilibre.
Il faut noter que les quations (12), (16), (18) et (19), ajoutes au fait que les valeurs de oq
i
sont
arbitraires et indpendantes donnent :
0
i
Q
i
q
V
= =
o
o
i = 1,2, ..., n (20)
En rsum, il faut noter que, pour des systmes parfaitement conservatifs, le principe du travail virtuel
devient le principe de lnergie potentielle totale stationnaire. Le principe est exact et trs puissant et peut
tre utilis pour dvelopper des mthodes approches de rsolution des problmes de stabilit en
conception gnrale de structures.
Page 16
5. STABILITE DE L'EQUILIBRE
On dit qu'un systme est en tat d'quilibre stable s'il a tendance revenir sa configuration d'quilibre
d'origine ds l'arrt de la perturbation (faible) qu'il subissait. Si cette lgre perturbation a pour effet de
faire quitter au systme sa position d'quilibre, il est dit instable. On peut concevoir une situation
intermdiaire dans laquelle la configuration lgrement dforme se maintient l'arrt de la perturbation.
Cette situation dtermine un tat d'quilibre neutre. Ceci a t vu dans la leon 6.1, avec l'exemple
classique de la bille dans un bol. Il est bien vident que les faibles dplacements dont il est question
doivent tre compatibles avec les conditions aux limites, de telle sorte qu'ils correspondent de petites
variations des coordonnes gnralises du systme ; la discussion relative la stabilit de l'quilibre peut
alors se baser sur les dplacements virtuels.
Le Principe du Travail Virtuel montre que l'nergie potentielle est stationnaire l'quilibre ; on a aussi vu,
dans la leon 6.1, que l'quilibre est stable pour un minimum relatif ; la condition de stabilit peut donc
tre crite sous la forme :
L'existence d'un minimum relatif de l'nergie potentielle totale, en configuration d'quilibre constitue
la fois une condition ncessaire et suffisante de stabilit de cette configuration .
Si on note AV l'augmentation de l'nergie potentielle totale due un dplacement virtuel partir de la
configuration d'quilibre, on a :
AV > 0 : quilibre stable
AV = 0 : quilibre neutre (21)
AV < 0 : quilibre instable
On peut voir que, parce que l'nergie potentielle est stationnaire l'quilibre (oV = 0), discuter de la
stabilit revient discuter des termes d'ordre suprieur qui apparaissent dans l'augmentation de l'nergie
potentielle totale AV.
On suppose que la fonction V(q
1
, q
2
, ..., q
n
) et ses drives partielles par rapport aux qi jusqu'au troisime
ordre sont des fonctions continues des qi ; ensuite, en faisant un dveloppement en srie de Taylor au
voisinage de la configuration d'quilibre initial, l'augmentation AV de V correspondant aux variations
virtuelles oq
i
de q
i
, s'crit :
( )
o + o o
c c
c
+ o
c
c
A
i j
0
j
q
i
q
j
q
i
q
V
2
1
i
q
i
i
q
V
= V
3
2
i,j = 1, 2, ..., n (22)
ou : ( )
3 2
0 V
2
1
V V o + o + o = A (23)
avec :
i
q
i
q
i j
j
q
i
q
V
V
2
2
o o
c c
c
= o i,j = 1, 2, ..., n (24)
0(o
3
) reprsente un infiniment petit d'ordre trois.
Le principe du travail virtuel signifie qu'une condition ncessaire d'quilibre est que oV soit nul quels que
soient oq
i
, soit :
0 V = o ou 0 q / V
i
= c c avec i = 1, 2, ..., n (25)
Le signe de AV est donc gouvern par le signe de o
2
V, soit, si l'on prend en compte l'quation (21), la
condition de stabilit devient :
o
2
V > 0 (26)
Si
j
q
i
q
V
ij
a
2
c c
c
= (27)
alors o o = o
i j
j
q
i
q
ij
a V
2
i, j = 1, 2, ..., n (28)
Si l'on introduit la matrice [a] des coefficients a
ij
, l'quation (28) peut s'crire :
Page 17
{ } | |{ } q a
t
q V
2
o o = o (29)
La condition de stabilit (quation (26)) impose que [a] soit une matrice dfinie positive, c'est--dire que
les mineurs principaux de [a] doivent tre positifs.
Les coefficients a
ij
sont des fonctions des charges appliques et des caractristiques du systme, de telle
sorte que le fait pour la matrice [a] d'tre dfinie positive impose une condition vrifier pour les charges
afin que la configuration soit stable.
Page 18
6. EQUILIBRE NEUTRE - CHARGEMENT CRITIQUE
L'existence d'un minimum relatif de l'nergie potentielle totale pour une configuration stable et si on
considre l'quilibre neutre comme une limite de la stabilit, la condition de l'quilibre neutre peut tre
exprime de la manire suivante :
o
2
V = 0 = minimum (30)
Si on considre l'quation (29) dans le cas d'une configuration non triviale {oq}=0, l'tat d'quilibre
neutre est obtenu quand la matrice [a] est singulire.
Les coefficients a
ij
de [a] sont des fonctions des caractristiques gomtriques et mcaniques du systme
et aussi des charges appliques.
Il s'avre donc trs important d'un point de vue pratique de pouvoir dterminer les valeurs critiques
des charges conduisant l'quilibre neutre d'un systme subissant un changement d'tat de stabilit
de sa configuration d'quilibre.
Si l'on introduit un coefficient multiplicateur de charge commun o, pour toutes les composantes du
chargement et si l'on dfinit un systme de chargement de rfrence S
1
(correspondant o = 1), les
charges, chaque instant d'une histoire du chargement proportionnelle (linaire) sont gales :
S = o S
1
(31)
Seul le facteur multiplicateur de charge est inconnu et la condition d'quilibre neutre ncessite la
rsolution d'un problme aux valeurs propres :
Dt [a (o)] = 0 (32)
La rsolution de l'quation (32) conduit un ensemble de solutions o, appeles o
cr
, dont le nombre est
gal au nombre de coordonnes gnralises du systme. Les vecteurs propres reprsentent la
configuration dforme associe chaque solution o. La plupart de ces solutions mathmatiques ne
correspondent pas au comportement rel de la structure ; gnralement, l'ingnieur ne s'intresse qu'aux
valeurs du chargement au-del desquelles le systme, stable en l'absence de charges, devient instable. Ces
charges s'obtiennent normalement pour la plus petite valeur positive o
cr
de o
cr
, et, de ce fait, les charges
critiques sont dtermines par :
S
cr
= o
cr
S
1
(33)
Page 19
7. ILLUSTRATION SUR DES EXEMPLES DE BASE
7.1 Exemple 1
Il est intressant d'illustrer le critre de stabilit sur l'exemple de base de
l'lment biarticul en compression reprsent sur la figure 3 ; cependant et
afin d'avoir des calculs simples de l'nergie de
dformation, on suppose que toute la flexibilit
de l'lment est concentre sur un ressort
lastique spirale situ mi-hauteur, comme on le
voit sur la figure 4. Les deux barres, chacune de
longueur L/2, sont rigides, de telle sorte que leur
nergie de dformation est nulle. La valeur K du
ressort, constante en B, sera tudie
ultrieurement. Les dplacements latraux des
articulations A et C sont bloqus. La charge P
agit verticalement vers le bas en C et la force
extrieure F, prsente ds le dbut du
chargement, agit horizontalement vers la gauche en B.
Compte tenu des conditions aux limites, le systme n'a qu'un seul degr de libert. Prenons le
dplacement latral de B comme coordonne gnralise, note o
sur la figure 5. (Une autre possibilit aurait consist choisir la
rotation de la barre suprieure ou infrieure). Avant d'tudier la
stabilit de ce systme, dterminons sa configuration d'quilibre
sous les charges P et F. On suppose les dplacements suffisamment
petits pour que les fonctions trigonomtriques puissent tre
assimiles au premier terme de leur dveloppement en srie.
L'nergie de dformation du systme dans sa configuration
dforme est donne par le ressort seulement, soit :
2
K
2
1
o
U U u + = (34)
o Uo reprsente l'nergie potentielle du systme
dans sa configuration initiale
u reprsente la rotation du ressort (voir figure 5).
On dmontre facilement que u = 4o/L, ce qui donne :
2
2
o
L
8K
U U
o
+ = (35)
L'nergie potentielle cre par les charges extrieures vaut :
o c O = O F P
o
(36)
o Oo reprsente l'nergie potentielle des charges extrieures lorsque le systme se
trouve dans sa configuration initiale
c reprsente le dplacement vertical cr en C (voir figure 5)
On peut dmontrer que, pour de petits dplacements, c = 2o
2
/L, ceci donne :
O O =
o
2
2P / L F o o (37)
L'nergie potentielle totale vaut :
Page 20
o
o
o
+ = O + = F
L
2P
L
8K
V U V
2
2
2
o
(38)
o V
o
reprsente l'nergie potentielle initiale du systme.
Selon l'quation (19), la configuration d'quilibre est donne par la solution de :
( ) 0 F
2
L
L P 4 K 16
V
=
o
=
o c
c
(39)
Ceci donne :
L P 4 K 16
L F
2
= o (40)
La condition de stabilit, partir de l'quation (26), peut tre exprime par :
0
L
4PL 16K
2
V
2
>
=
o c
c
(41)
Le systme sera stable si la condition suivante est remplie :
P < 4 K / L (42)
La valeur de P la limite constitue sa valeur limite P
cr
, valeur pour laquelle se produit le flambement
lastique. Il est intressant de noter que cette valeur critique ne dpend pas de la force latrale extrieure
F qui agit sur le systme. En particulier, cette valeur critique est vraie pour le cas particulier F = 0,
donnant ainsi le problme classique de flambement d'un poteau sous charge axiale seule.
On peut donner une valeur K de telle sorte que la flexibilit soit la mme que celle de l'lment continu
de la figure 3. Elle se dfinit alors comme la valeur qui conduit au mme dplacement latral o en B d
F que dans l'lment continu, en supposant que P est nul.
Pour l'lment continu, la thorie des poutres donne :
o = FL
3
/(48EI) (43)
o : I reprsente le moment d'inertie de flexion de l'lment
E reprsente le module de Young.
Pour la barre et le systme ressort, si on exprime le moment en B avec u = 4o/L, on obtient :
o = FL
2
/(16K) (44)
Les quations (43) et (44) donnent la constante du ressort quivalent : K = 3 EI/L et la valeur critique de P
vaut :
P
cr
= 12 EI/L
2
(45)
Cette valeur doit tre compare la valeur exacte bien connue t
2
EI/L
2
; la prcision du rsultat dpend,
en fait, des hypothses faites pour la dtermination de la constante quivalente du ressort K.
7.2 Exemple 2
Considrons maintenant le systme barres et ressorts reprsent
figure 6. Les deux barres AB et BC, ayant chacune une longueur
L, sont rigides (nergie de dformation nulle) et sont articules et
relies entre elles en B. On restreint les dplacements latraux en
B et C par des ressorts lastiques droits, la fois de compression
et de traction, de rigidit respective K
1
et K
2
. La charge P agit en
C verticalement vers le bas et les forces F
1
et F
2
horizontalement
vers la gauche, respectivement en B et C.
Page 21
Si on prend en compte les conditions aux limites, le systme possde
deux degrs de libert. On choisit les rotations u
1
et u
2
des deux
barres comme coordonnes gnralises (voir figure 7). On dtermine
d'abord la configuration d'quilibre du systme, puis on tudie sa
stabilit.
L'nergie de dformation du systme est celle due aux ressorts seuls.
L'nergie de dformation de chaque ressort vaut Ko
2
/2, o o
reprsente le dplacement latral du ressort correspondant et K sa
raideur (ou constante du ressort). Par consquent, l'nergie de
dformation dans la configuration (u
1
, u
2
) vaut :
( )
2
2 1
2
2
2
1
2
1
L K
2
1
L K
2
1
o
U U u + u + u + = (46)
L'nergie potentielle due aux charges extrieures vaut :
( )
2 1
L
2
F
1
L
1
F
2
2
2
1
PL
2
1
o
u + u u |
.
|
\
|
u + u O = O (47)
L'nergie potentielle vaut :
V = U + O (48)
Les drives utiles sont :
( ) L
2
F L
1
F
1
PL
2 1
2
L
2
K
1
2
L
1
K
1
V
u u + u + u =
u c
c
( ) L
2
F
2
PL
2 1
2
L
2
K
2
V
u u + u =
u c
c
PL
2
L
2
K
2
L
1
K
2
1
V
2
+ =
u c
c
(49)
PL
2
L
2
K
2
2
V
2
=
u c
c
2
L
2
K
1 2
V
2
2 1
V
2
=
cu cu
c
=
cu cu
c
Configuration d'quilibre
La condition de l'nergie potentielle stationnaire, quation (19), fournit le systme suivant d'quations :
{ ( )L
2
F
1
F
2
L
2
K
2
PL
2
L
2
K
2
L
1
K
1
+ = u + |
.
|
\
|
+ u (50)
{ ( ) L F PL L K L K
2
2
2 2
2
2 1
= u + u
La configuration d'quilibre (u
1
, u
2
) peut tre facilement obtenue en rsolvant ce systme d'quations. A
ce stade, l'existence d'une solution ne ncessite que de pouvoir dfinir le dterminant, cest--dire :
Dt = ( ) ( ) 0 L 2K PL PL L K PL L K
2
2
2
1
2
2
= + (51)
Stabilit
La condition de stabilit d'une configuration d'quilibre est donne par l'quation (26) et la matrice [a],
dont les coefficients sont donns par l'quation (27) est dtermine de la manire suivante :
Page 22
[a] =
(
(
+
=
(
(
(
(
(
cu
c
cu cu
c
cu cu
c
cu
c
PL L K L K
L K PL L K L K
V V
V V
2
2
2
2
2
2
2
2
2
1
2
2
2
1 2
2
2 1
2
2
1
2
(52)
Les conditions de stabilit imposent la matrice [a] d'tre dfinie positive, c'est--dire que les conditions
suivantes doivent tre vrifies :
( ) ( ) 0 L 2K PL PL L K PL L K
2
2
2
1
2
2
> + (53)
K L PL 0
2
2
> (54)
Il faut noter que la premire condition incorpore la condition (51) d'existence d'une configuration
d'quilibre ; ceci rsulte du fait que V est une forme quadratique des u.
On dmontre facilement que la condition la plus restrictive, des quations (53) et (54), conduit
l'exigence de stabilit suivante pour la charge verticale P :
|
.
|
\
|
+ + <
2
2
2
1 2 1
4K K 2K K L 0,5 P
ou
|
.
|
\
|
+ + + >
2
2
2
1 2 1
4K K 2K K L 0,5 P
Les figures 8, 9 et 10 illustrent ces rsultats pour le cas o :
L = 400, K
1
= 20, K
2
= 30 et F
1
= F
2
= 40 (unit : kN cm)
Comme dans l'exemple 1, il est intressant de remarquer que les valeurs critiques P
cr1
et P
cr2
, limites du
domaine d'instabilit, sont indpendantes des charges extrieures latrales F
1
et F
2
agissant sur le systme
et sont donc encore valables pour le cas particulier F
1
= F
2
= 0.
Page 23
8. CONCLUSION
- L'tude des problmes de stabilit fait appel des critres gnraux de l'nergie drivs du
principe du travail virtuel et du principe de lnergie potentielle totale stationnaire ; le premier
de ces principes est identique au second pour des systmes parfaitement conservatifs.
- Toute configuration d'un systme peut gnralement tre dcrite par un ensemble de
coordonnes gnralises qi. Si on note V l'nergie potentielle totale du systme, une
configuration d'quilibre vrifie o
2
V = 0 et la condition de stabilit de cet quilibre est o
2
V >
0 ; la premire et la seconde variation de V sont dtermines pour tout dplacement virtuel oqi
satisfaisant les conditions aux limites.
- Les charges critiques sont calcules partir de la condition d'quilibre neutre donne par o
2
V
= 0 = minimum.
9. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Mason J., "Variational, Incremental and Energy Methods in Solid Mechanics and Shell
Theory", Elsevier Scientific Publishing Company, Amsterdam, Oxford, New York, 1980
2. Richards T.H., "Energy Methods in Stress Analysis", Rainbow-Bridge Book Company,
1977
3. Langhaar H.L., "Energy Methods in Applied Mechanics", John Wiley and Sons, New
York, London, 1962
4. Massonnet C., "Rsistance des matriaux", Volume, Dunod, Paris, 1963
5. Timoshenko S.P., "Theory of Elastic Stability", McGraw Hill Book Company, New York,
1960.
Page 24
ESDEP
GROUPE DE TRAVAIL 6
STABILITE APPLIQUEE
Leon 6.3
Modes d'instabilit lastique
OBJECTIF
Dcrire les modes d'instabilit lastique lmentaires et en dduire les charges critiques principales pour
les poteaux, poutres et plaques.
RESUME
Cette leon explique comment dterminer les charges critiques de flambement partir de la solution des
quations diffrentielles d'quilibre de la structure. Pour des conditions aux limites et des chargements
simples, on calcule ensuite les charges critiques dans les principaux cas, savoir :
flambement par flexion des poteaux.
flambement latral des poutres.
voilement des plaques.
Page 25
1. INTRODUCTION
L'instabilit se produit dans tous les systmes ou lments soumis
des contraintes de compression. Le type le plus simple de flambement
est celui d'une barre initialement rectiligne soumise de la
compression sous l'effet de deux forces axiales opposes (figure 1).
D'autres modes de flambement
prsentent un grand intrt
pratique pour les constructions
en acier, comme par exemple :
le
flambement latral des poutres (figure 2).
le
voilement des plaques (figure 3).
le flambement des coques (figure 4).
Page 26
La figure 5 montre les diffrences fondamentales de comportement des poteaux, plaques et coques.
En ce qui concerne le comportement dans le domaine lastique, la charge critique et la charge
maximum supporte par un poteau rel (non parfait) sont relativement en accord. Pour la plaque, si
la rsistance post-critique est obtenue avec des dplacements latraux relativement faibles, on peut
tolrer une charge plus grande que la charge critique. Cependant, pour des cylindres de faible
paisseur, la charge maximum correspondant la situation relle (non parfaite) est beaucoup plus
faible que la charge critique thorique.
Pour des lments comprims, le flambement par flexion reprsent
figure 1 n'est pas le seul mode de flambement. Dans certains cas, par
exemple, on peut avoir un flambement par torsion (figure 6) ou une
combinaison de flambement par torsion et par flexion ;
si un lment est de
faible paisseur ( me
mince) on peut aussi
observer un voilement
des lments de la
section droite
(figure 7) qui peut
interagir avec le
flambement gnralis
de l'lment.
La dtermination de la
charge critique au moyen de la thorie de la bifurcation tire
avantage de l'association de la situation critique avec une condition d'quilibre neutre ; on peut par
consquent dterminer l'quilibre dans une configuration lgrement dplace, ce qui permet d'arriver
des quations diffrentielles simples grer, au moins pour certaines catgories de structures. La charge
critique donne des informations sur le niveau de stabilit d'un systme, d'un lment ; elle est aussi
utilise comme valeur de base (limite) pour le calcul de la charge ultime pour des structures prsentant un
risque d'instabilit, comme on le verra dans les cours ultrieurs. Dans ce cours, les charges critiques sont
calcules par l'intermdiaire de la rsolution des quations diffrentielles de l'quilibre dcrivant le
phnomne. Ces solutions ne correspondent qu'aux cas les plus simples de chargement et de conditions
aux limites. Dans la leon 6.4, on prsentera une mthode gnrale de dtermination des charges
critiques, base sur une approche nergtique.
2. FLAMBEMENT DES POTEAUX PAR FLEXION
A la charge critique, l'quilibre stable du poteau rectiligne se
trouve sa limite et il existe une configuration lgrement
dforme du poteau qui peut aussi satisfaire l'quilibre (figure 1).
Pour cette configuration, le moment de flexion, chaque position
de la section droite et pour une barre biarticule, est donn par :
M = N y (1)
Si l'on utilise l'quation diffrentielle donne par la thorie de la
flexion simple et en considrant de grands dplacements :
Page 27
z
I E
M
2
dx
dy
1
2
dx
y
2
d
3
=
+
|
|
.
|
\
|
(2)
ou son approximation :
z
I E
M
2
dx
y
2
d
= (3)
qui se rvle suffisamment prcise pour des charges voisines de la charge critique et pour de petits
dplacements ; si on introduit l'quation (1), on obtient alors :
0
z
I E
y N
2
dx
y
2
d
= + (4)
o : E I
z
reprsente la rigidit de flexion du poteau dans le plan de flambement.
La solution gnrale de cette quation est :
y = A sin kx + B cos kx (5)
avec : k
2 =
z
I E
N
(6)
(seules les solutions positives, cest--dire les forces de compression, prsentent ici un intrt).
A et B sont des constantes d'intgration qui sont dtermines de manire satisfaire les conditions aux
limites :
y = 0 pour x = 0 (7a)
et y = 0 = x pour (7b)
La premire condition aux limites donne B = 0 ; la seconde donne :
A sin k 0 = (8)
qui impose soit A = 0 (pas de dplacement dans ce cas) ou sinkl = 0,
soit : t = n k (9)
avec n entier quelconque.
Finalement, la charge critique s'obtient de la manire suivante :
2
2 2
z
I E n
n cr,
N
t
= (10)
La figure 8 montre les trois premiers modes de flambement (n = 1, 2 et
3 respectivement).
Normalement, la plus petite valeur de k et donc de la charge critique
N
cr
qui satisfait l'quation (9) est obtenue en prenant n = 1 ; cette
charge critique est appele charge d'Euler ; dans le cas o on utilise un
entretoisement, des modes de flambement plus levs peuvent tre
dterminants.
La charge critique d'un poteau biarticul a t calcule par Leonhard
Euler, en 1744. D'un point de vue historique, il s'agit de la premire
solution qui ait t donne d'un problme de stabilit. La mme
procdure peut tre utilise pour des cas o les conditions aux limites sont diffrentes.
La charge critique donne ci-dessus ne prend pas en compte les effets des efforts de cisaillement ; ceci
peut tre fait en rajoutant la dformation de cisaillement :
v
A G
V
= (11)
Page 28
o V est l'effort tranchant donn par :
dx
dy
N V= (12)
et A
v
est la section rduite prendre en compte pour le cisaillement.
Si on ajoute la variation de pente de la dforme due l'effort tranchant, l'quation diffrentielle prenant
en compte les phnomnes de flambement devient :
z
I E
y N
2
dx
y
2
d
v
A G
N
2
dx
y
2
d
= + (13)
ce qui donne la charge critique :
v
A G
cr
N
1
cr
N
*
cr
N
+
= (14)
De ce fait, cause de l'action des forces de cisaillement, la charge critique se trouve rduite par rapport
la charge d'Euler. Pour des poteaux pleins on nglige gnralement l'influence du cisaillement ;
cependant, pour des lments en compression en treillis ou traverses de liaison, cet effet peut prendre
une importance pratique et doit alors tre considr.
3. FLAMBEMENT LATERAL
Lorsqu'on flchit une poutre selon son axe de plus forte
rsistance, elle ne se dplace normalement que dans ce plan.
Cependant, si la poutre n'a pas une rigidit latrale suffisante ou
des soutiens latraux pour assurer sa rigidit, elle peut flamber
hors du plan de chargement, comme on le voit sur la figure 2.
Pour une poutre droite lastique, il n'y a pas de
dplacement hors du plan jusqu' ce que le moment
appliqu atteigne une valeur critique, ce moment-l la
poutre flambe par dplacement latral et torsion
(figure 2) ; le flambement latral comporte donc de la
flexion latrale et de la torsion. Dans le cas le plus simple
d'une poutre simplement appuye doublement symtrique,
charge dans son plan de plus grande rigidit par des
moments identiques (figure 2), les quations diffrentielles
de l'quilibre donnent :
- flexion selon l'axe de faible rigidit (ou de faible
inertie) :
z
I E
M
2
dx
v
2
d
= (15)
- torsion :
dx
dv
M
3
dx
3
d
w
I E
dx
d
t
I G =
(16)
Page 29
o : E I
z
reprsente la rigidit de flexion selon l'axe de faible rigidit
M dsigne le moment de flexion latral d la torsion, , de la poutre
G I
t
dsigne la rigidit de Saint-Venant en torsion
E I
w
reprsente la rigidit de gauchissement
dx
dv
M est la torsion due au dplacement latral v.
Lorsque ces deux quations sont vrifies en tout point de la poutre, la position due la dformation de
flexion et de torsion constitue une position d'quilibre que l'on peut dterminer en diffrenciant l'quation
(16) et en la reportant dans l'quation (15) ; on obtient alors l'quation diffrentielle du flambement
latral, sous la forme :
z
I E
2
M
2
dx
2
d
t
I G
4
dx
4
d
w
I E
=
(17a)
ou :
z
I E
2
M
2
dx
2
d
C
4
dx
4
d
w
C
=
(17b)
Cette expression a t tablie pour la premire fois par Prandtl, en 1899. La solution gnrale de cette
quation est :
x
2
k cos
2
B x
2
k sin
2
A x
1
k cosh
1
B x
1
k sinh
1
A + + + = (18)
o :
C
z
I E
2
M
2
w
C 2
C
w
C 2
C 2
1
k +
|
|
.
|
\
|
+ = (19)
C
z
I E
2
M
2
w
C 2
C
w
C 2
C 2
2
k +
|
|
.
|
\
|
+ = (20)
dans laquelle A
1
, A
2
, B
1
et B
2
dsignent des constantes d'intgration qui doivent satisfaire les conditions
aux limites :
= 0 pour x = 0 (21a)
et = = x pour 0 (21b)
0 x our p 0
2
dx
2
d
= =
(22a)
et = =
x pour 0
2
dx
2
d
(22b)
Les quations (21) et (22) montrent que, dans le cas d'une poutre dite simplement appuye, les appuis
doivent empcher la fois le dplacement latral et la rotation, mais la section est libre de se gauchir aux
extrmits.
Les quatre conditions aux limites donnent :
A
1
= B
1
= B
2
= 0 (23)
et 0
2
k sin
2
A = (24)
ce qui exige soit A
2
= 0 (dans ce cas il n'y a pas de torsion) ou sin k 0
2
= ,
c'est--dire : t = n k
2
(25)
o n dsigne un entier quelconque.
Si on reporte l'quation (25) dans l'quation (20) et aprs rarrangement, la plus petite valeur de k
2
donne le moment critique pour la poutre :
Page 30
C
w
C
2
2
1
C
z
I E
cr
M
t
+
t
= (26)
4. VOILEMENT DES PLAQUES
L'exemple le plus simple de ce phnomne est celui d'une plaque rectangulaire quatre cts, simplement
appuye (les dplacements hors du plan sont empchs, mais les rotations sont libres), charge en
compression comme le montre la figure 3. Comme pour les lments en compression, la plaque reste
plane jusqu' ce que la charge applique atteigne une valeur critique, au-del de laquelle elle flambe avec
dplacements latraux
L'quation diffrentielle du flambement d'une plaque, tablie par Bryan en 1891, donne, pour le cas
reprsent figure 3 :
2
x
w
2
D
N
4
y
w
4
2
y
2
x
w
4
2
4
x
w
4
c
c
=
c
c
+
c c
c
+
c
c
(27)
o D reprsente la rigidit en flexion de la plaque :
|
|
.
|
\
|
v
=
2
1 12
3
t E
D (28)
La solution gnrale de cette quation est :
b
y n
sin
a
x m
sin A w
t t
= (29)
qui satisfait les conditions aux limites :
0 x pour 0
2
x
w
2
w = =
c
c
= (30a)
et : a x pour 0
2
x
w
2
w = =
c
c
= (30b)
0 y pour 0
2
y
w
2
w = =
c
c
= (31a)
et : b y pour 0
2
y
w
2
w = =
c
c
= (31b)
Si on reporte l'quation (29) dans l'quation (27), on obtient :
2
2
b
2
n
2
a
2
m
2
m
D
2
a
2
N
|
|
.
|
\
|
+
t
= (32)
o m et n dsignent le nombre de demi-ondes respectivement dans les directions x et y .
La plus petite valeur de N et donc la charge critique N
cr
, sera obtenue en prenant n = 1. Ceci montre que
la plaque flambe d'une manire telle qu'il peut y avoir plusieurs demi-ondes dans la direction de la
compression, mais une seule dans la direction perpendiculaire. Donc, l'expression de la charge critique
devient :
Page 31
2
b
D
2
k
cr
N
t
= (33)
o
2
m b
a
a
m b
k |
.
|
\
|
+ =
Si la plaque flambe en une demi-onde, alors m = 1et k prend sa valeur minimale (gale 4) quand a = b,
c'est--dire pour une plaque carre.
De la mme manire, si la plaque flambe en deux demi-onde, alors m = 2 et k atteint sa valeur minimale
(aussi gale 4) pour a = 2 b.
Si l'on suppose de la mme manire que m = 3, 4... on
obtient une srie de courbes reprsentes sur la figure 9. Il
est intressant de noter que, pour les valeurs 2 , 6 ... du
rapport a/b, il y a concidence de deux modes de
flambement.
5. CONCLUSION
- Pour des lments en compression tels que poteaux, poutres, plaques et coques, la charge
critique est la valeur limite suprieure correspondant la charge ultime d'un lment rel (non
parfait).
- La charge critique est associe la condition d'quilibre neutre de l'lment.
- Dans des cas simples, les charges critiques peuvent tre calcules en rsolvant les quations
diffrentielles d'quilibre qui dcrivent le phnomne.
6. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Timoshenko, S.P. et Gere, J.M., "Theory of Elastic Stability", McGraw-Hill, 2nd edition,
New York, 1961.
2. Allen, H.G. et Bulson, P.S., "Background to Buckling", McGraw-Hill, London, 1980.
3. Shanley, F.R., "Strength of Materials", McGraw-Hill, New York, 1957.
4. Murray, N.W., "Introduction to the Theory of Thin-Walled Structures", Clarendon Press,
Oxford, 1984.
Page 32
ESDEP
GROUPE DE TRAVAIL 6
STABILITE APPLIQUEE
Leon 6.4
Mthodes gnrales de dtermination des
charges critiques
OBJECTIF
Expliquer les mthodes nergtiques de dtermination des charges critiques pour les cas pour lesquels il
n'est pas possible d'obtenir une forme gnrale de solution aux quations diffrentielles de l'quilibre.
RESUME
Lorsque l'on fait certaines hypothses sur la nature de la dformation d'un systme lastique pendant le
changement de configuration associ au mode de flambement, le systme lastique peut tre approch par
l'utilisation de paramtres adquats et modifiables, dtermins de manire remplir les conditions
d'quilibre neutre. L'utilisation de ce concept permet d'en dduire des mthodes pratiques approches, trs
utiles l'ingnieur de conception ; quelques-unes de ces mthodes, parmi les plus connues sont prsentes
dans ce cours, comme les coefficients de Rayleigh, la mthode de Rayleigh-Ritz et la mthode de
Galerkin. On donnera aussi une prsentation rapide de quelques mthodes numriques, comme par
exemple la mthode des diffrences finies d'Euler et la mthode des lments finis.
Page 33
1. INTRODUCTION
Les charges critiques de stabilit peuvent tre dtermines en utilisant l'une ou l'autre des mthodes
suivantes :
rsolution directe des quations diffrentielles de l'quilibre, avec comme rsultats les
valeurs exactes des charges critiques,
l'utilisation de mthodes approches qui sont, pour la plupart d'entre elles, bases sur
des mthodes nergtiques et qui conduisent des solutions approches des problmes
de flambement.
La rsolution des quations diffrentielles de l'quilibre, afin de satisfaire les conditions aux limites
prsente beaucoup de difficults et ne peut tre ralise que pour des problmes simples de flambement,
pour des structures dont le nombre de degrs de libert est faible ; c'est le cas des problmes prsents et
rsolus, de cette manire, dans la leon 6.3. Ce n'est plus cette approche, cependant qui sera prise en
compte dans ce cours, celui-ci se focalisant plutt sur des mthodes nergtiques alternatives mentionnes
prcdemment. Il faut noter que l'on peut aussi utiliser des mthodes itratives puissantes pour rsoudre
les problmes de stabilit ; on verra certaines de ces mthodes dans la leon 6.5.
Quand on fait certaines hypothses sur la nature de la dformation d'un systme lastique pendant le
changement de configuration associ l'quilibre neutre (mode de flambement), le systme lastique peut
tre approch en utilisant des paramtres adquats et modifiables ou des coordonnes gnralises,
dtermines de manire remplir les conditions d'quilibre neutre. Cette ide est la base des mthodes
approches, trs utiles l'ingnieur de pratique ; on prsentera ici les plus connues de ces mthodes,
savoir les coefficients de Rayleigh, la mthode de Rayleigh-Ritz et la mthode de Galerkin. On donnera
aussi une prsentation rapide de quelques mthodes numriques, comme par exemple la mthode des
diffrences finies d'Euler et la mthode des lments finis.
Si l'on choisit judicieusement les paramtres ajustables mentionns ci-dessus et en nombre adquat (dans
le cas de l'approximation d'un systme continu), ces mthodes approches donnent des rsultats trs
proches de la solution exacte, au prix d'un effort de calcul plus important.
2. APPLICATION DES METHODES ENERGETIQUES GENERALES
AUX SYSTEMES ELASTIQUES
Les mthodes nergtiques de rsolution des problmes de stabilit lastique sont bases sur le principe
de l'existence d'un minimum relatif de l'nergie potentielle totale l'quilibre neutre (voir leons 6.1 et
6.2).
Il est tabli que : si on considre le changement AV de l'nergie totale V d'un systme, d'une configuration
d'quilibre de dpart une configuration voisine dfinie par un dplacement virtuel infiniment petit et
cinmatiquement admissible, alors la condition d'quilibre neutre est gouverne par la deuxime variation
o
2
V de l'incrment AV, c'est--dire :
o
2
V = 0 = minimum (1)
Gnralement, quand on considre des structures en acier, on tudie la stabilit d'une structure sous un
ensemble de charges extrieures en prenant en compte une dformation de flambement, f, depuis une
configuration de dpart et en faisant les calculs conformment l'quation (1), soit pour vrifier la
stabilit de la configuration de dpart, soit pour dterminer les valeurs critiques des charges extrieures
conduisant l'instabilit. La dformation f est exprime comme une fonction de une ou plusieurs
variables indpendantes (gnralement les coordonnes cartsiennes) ; par exemple, f (x) en tant que
dforme d'une poutre ou f(x,y) comme dforme d'une plaque. Le changement de dformation d'un
Page 34
systme l'quilibre neutre - la dformation de flambement ou le mode de flambement - sera dsormais
not f (X), o X reprsente le champ de coordonnes du systme de rfrence utilis (une, deux ou trois
dimensions). la fonction f peut tre continue si le systme est continu ou peut tre dfinie par morceaux si
le systme est discret.
La rsolution de l'quation (1) ncessite l'valuation de la fonction potentiel o
2
V par rapport la fonction
f, l'intrieur d'un domaine d'intgration not D (longueur, pour une poutre, surface, pour une plaque, par
exemple). Gnralement o
2
V comprend des quantits quadratiques et homognes de la dformation de
flambement f (X) et ses drives et constitue une fonction linaire des charges extrieures appliques.
Si l'on introduit un coefficient multiplicateur de charge commun o, pour toutes les composantes du
chargement et si on dfinit un chargement de rfrence S1 (correspondant o = 1), la charge chaque
instant d'une histoire linraire du chargement est gale :
S = o S
1
(2)
Alors, d'une manire gnrale, la fonction o
2
V peut tre value par :
( ) ( ) 0 dD f , ' f f, X, , F f V
D
2
= ' ' ' o = o
}
(3)
o la fonction F comporte aussi les caractristiques gomtriques et du matriau du domaine.
La rsolution de l'quation (3) par rapport f conduit la dtermination des valeurs des charges (par le
coefficient multiplicateur o) l'quilibre neutre, c'est--dire les valeurs critiques des charges au-del
desquelles la configuration de dpart devient instable.
3. COEFFICIENT DE RAYLEIGH
La mthode de calcul des charges critiques par le coefficient de Rayleigh dcoule directement de
l'quation (1) ; la seconde variation o
2
V de l'nergie potentielle totale peut tre exprime de la manire
suivante :
( ) ( ) ( ) S f,
2
f U
2
f V
2
O o + o = o (4)
o : o
2
U est la deuxime variation de l'nergie de dformation (fonction homogne et
quadratique de f) ; elle reprsente l'nergie de dformation correspondant au mode
de flambement ;
o
2
O est la deuxime variation de l'nergie potentielle due aux charges extrieures S
(fonction linaire de S et fonction quadratique et homogne de f). Elle reprsente
l'oppos du travail des forces extrieures correspondant au mode de flambement.
A l'quilibre neutre, o (voir quation (2)) prend la valeur particulire o
cr
qui est le facteur multiplicateur
de charge critique au-del duquel se dveloppe l'instabilit. Les quations (1), (2) et (4) donnent :
( ) ( ) ( ) minimum 0
1
S f,
2
cr
f U
2
f V
2
= O o o + o = o (5)
Si l'on connat la dformation de flambement f, le facteur multiplicateur de charge critique peut tre
obtenu partir de l'quation (4), soit :
( )
( )
1
S f,
2
f U
2
cr
O o
o
= o (6)
Considrons maintenant une approximation f
1
de f (f
1
tant diffrente de f), o
cr
tant connu. On a alors,
cause de la condition du minimum :
( ) ( ) ( ) 0
1
S ,
1
f
2
cr 1
f U
2
1
f V
2
> O o o + o = o (7)
Les quations (5) et (7) donnent :
Page 35
( )
( )
( )
( )
f
1
f soit que quel
1
S f,
2
1
f U
2
1
S f,
2
f U
2
cr
=
O o
o
<
O o
o
= o (8)
c'est--dire :
( )
( )
f
1
f soit que quel
1
S f,
2
1
f U
2
min
cr
=
(
(
O o
o
< o (9)
Ceci dfinit le Principe de Rayleigh qui tablit que le facteur multiplicateur de charge critique o
cr
, calcul
en utilisant l'quation (6) avec un dplacement cinmatiquement admissible quelconque diffrent de la
vraie dformation de flambement, donnera une valeur de o
cr
suprieure la valeur exacte.
En supposant que f
1
= f + c f
2
, avec f
2
un dplacement cinmatiquement admissible quelconque et c une
constante, on a :
( )
( )
( )
( )
( ) ( )
2
cr
2
1
2
2
1 2
2
2
2
1 cr
0 0
S , f
f U
S , f f
f f U
c + o = c +
O o
o
=
c + O o
c + o
= o
o 0(c
2
) reprsente une quantit en c
2
. Ceci implique qu'une erreur du premier ordre dans le choix de f
donne une erreur du second ordre pour la valeur de o
cr
. Si l'on fait les calculs en utilisant l'quation (6)
avec une bonne fonction d'approximation f, simplement ncessaire pour satisfaire les conditions aux
limites, on peut obtenir une valeur prcise de o
cr
, avec une erreur par excs.
Page 36
4. METHODE DE RAYLEIGH-RITZ
La mthode de Rayleigh-Ritz suppose que la solution exacte f(X) du problme variationnel dcrit par
l'quation (3) peut tre approche par une combinaison linaire de fonctions de coordonnes
correctement choisies u
1
(X), u
2
(X), ... u
n
(X), soit :
( ) ( ) ( ) ( ) X
n n
q ... X
2 2
q X
1 1
q X
n
f u + + u + u = (11)
o les q sont des constantes dterminer et qui doivent tre considres comme les coordonnes
gnralises (degrs de libert) du systme.
Quand f(X) est approche ainsi par f
n
(X), la fonction o
2
V, valuer, devient une fonction quadratique et
homogne des q ; l'quation (3) peut alors s'crire de la manire suivante :
{ } | | { } 0 q a
t
q V
2
= = o (12)
o {q} reprsente le vecteur des q et [a] une matrice dont les coefficients a
ij
sont :
qj qi
V
2
ij
a
c c
c
= (13)
Les coefficients a
ij
sont des fonctions du facteur multiplicateur de charge o et des proprits du systme.
Si l'on considre le cas de configurations non triviales, { } 0 q = , l'quation (12) de l'quilibre neutre
ncessite que [a] soit une matrice singulire, c'est--dire que son dterminant doit tre nul. Cette condition
fournit une quation en o, de degr n, dont la valeur positive la plus petite peut tre considre comme le
facteur multiplicateur de charge critique o
cr
.
Les fonctions u
i
sont choisies par avance, selon la connaissance et les hypothses faites sur la nature de
la dformation. Elles ne sont pas inconnues, et, condition qu'elles satisfassent les conditions aux limites
forces (ou gomtriques) pour chaque valeur de q, le choix des formes est arbitraire. On peut noter,
cependant, que l'efficacit de la mthode dpend du caractre judicieux du choix fait pour les u et que
c'est un avantage si elles satisfont toutes les conditions aux limites : dans les applications pratiques, on
aura une ide de la nature gnrale de la solution relle f(X), de telle sorte que la question d'utiliser des
formes excessives pour les u se pose rarement. Si les fonctions sont judicieusement choisies, on peut
obtenir une trs bonne prcision avec relativement peu de fonctions. L'efficacit du procd de Rayleigh-
Ritz peut tre considrablement amliore si, en plus des conditions aux limites forces (ou gomtriques)
(concernant les translations ou les rotations aux supports, c'est--dire f et f'), on vrifie aussi les
conditions aux limites naturelles (ou mcaniques) (concernant la courbure, c'est--dire f'').
Pour avoir une ide de la prcision des rsultats, on peut faire appel une procdure plus labore pour
obtenir une squence d'approximations successives ; on peut alors prendre l'expression suivante en
premire approximation :
( ) ( ) X q X f
1 1 1
u = (14)
et comme seconde approximation :
(X) ' q (X) ' q (X) f
2 2 1 1 2
u + u = (15)
Il en est de mme des approximations suivantes.
La comparaison de solutions successives donne une indication sur la prcision de la solution en cours. Il
est intressant de noter que la solution f
i+1
(X) sera toujours meilleure ou au moins pas pire, que la
solution prcdente fi(X).
Page 37
5. METHODE DE GALERKIN
En contraste avec la mthode de Rayleigh-Ritz qui donne une solution aprs avoir crit le problme
variationnel, la mthode de Galerkin fournit directement les solutions approches des quations
diffrentielles et elle s'applique que l'on puisse ou non crire la transformation sous la forme d'un
problme variationnel. Elle semble donc s'appliquer plus largement que la technique de Rayleigh-Ritz et
est plus attractive en pratique dans la mesure o elle ne ncessite pas de dterminer une fonction
potentiel. On peut dmontrer, cependant, que les deux mthodes sont troitement relies. La mthode de
Galerkin procde de la manire suivante.
Gnralement, l'quation diffrentielle gouvernant un problme de flambement peut s'crire :
L[f(X)] = 0 (16)
o : f(X) reprsente la dformation de flambement et L un oprateur diffrentiel linaire et
homogne.
Supposons que la solution exacte f(X) de l'quation (16) puisse s'exprimer sous la forme d'une srie de
fonctions complte :
(X) q (X) f
j
1 j
i
u =
=
(17)
satisfaisant toutes les conditions aux limites ; l' exactitude de cette solution peut tre tablie en
dclarant que la partie gauche de l'quation (16) est orthogonale chaque terme dans la srie de
l'quation (17), soit :
| | ( ) 2,... 1, j 0 dD X f(X) L
j D
= = u
}
(18)
Supposons que la srie de l'quation (17) soit tronque un nombre fini de termes, n, ensuite, au moyen
de l'ide ci-dessus, on peut imposer n conditions d'orthogonalit, de la manire suivante :
2,...n 1, i 0 dD (X) (X) q L
i
n
i j
j i D
= = u
(
(
}
=
(19)
Ceci peut tre encore crit de la manire suivante, car L est un oprateur linaire :
| | 2,...n 1, i 0 dD (X) (X) L q
i j D
n
1 j
j
= = u u
}
=
(19')
Ceci fournit une base moyenne d'valuation des n inconnues q, telles que :
(X) q (X) f
n
1 j
j j n
=
u = (20)
ce qui constitue une solution approche de l'quation diffrentielle.
La partie gauche de l'quation (19) qui comprend les proprits du systme et les charges extrieures par
l'intermdiaire du coefficient multiplicateur de charge o, est quadratique et homogne en q ; cette
quation peut s'crire sous la forme de l'quation (11), puis traite de la mme manire que pour la
mthode de Rayleigh-Ritz pour trouver les charges critiques.
6. METHODES NUMERIQUES
Les mthodes numriques qui ncessitent l'utilisation d'un ordinateur peuvent tre utilises pour
dterminer des charges critiques. On dcrira ici rapidement la mthode des diffrences finies d'Euler et la
mthode des lments finis (MEF).
Page 38
6.1. Mthode des diffrences finies d'Euler
Dans la mthode de Rayleigh-Ritz, il est ncessaire
que les fonctions admissibles soient continment
diffrentiables dans le domaine d'intgration. Le
domaine admissible peut tre tendu si l'on admet
des fonctions qui ont des drives continues par
morceaux. La base de la mthode des diffrences
finies d'Euler consiste donc diviser le domaine
d'intgration en un certain nombre de sous-
domaines ou intervalles, en supposant les fonctions
linaires l'intrieur du sous-domaine. Si on note fi
la valeur de la fonction f la frontire entre les
intervalles i et i+1, les drives de f peuvent tre
exprimes comme des fonctions de f et la somme
de la deuxime variation de l'nergie sur tous les
intervalles est aussi une fonction de f. On peut
considrer ici les f comme les q de la mthode de
Rayleigh-Ritz ; la figure 1a illustre cette approche.
6.2. Mthode des lments finis
Cette mthode est utilise en particulier pour rsoudre des problmes de stabilit de structures de type
plaques ou coques. La rsolution des problmes de voilement de plaques au moyen de la thorie des
lments finis a vu sa popularit s'accrotre car elle utilise une formulation matricielle convenant aux
traitements par ordinateurs. La mthode des lments finis a le caractre d'un morceau de la technique
de Rayleigh-Ritz ; la plaque est dcoupe en un nombre d'lments plats relis seulement en des
nuds spcifiques, la continuit et l'quilibre tant crits en ces nuds. Un grand nombre de petits
lments donnent une structure virtuellement continue, dont le comportement ressemble celui d'une
plaque complte. On peut prendre en compte sans problme des conditions aux limites de toutes sortes
simultanment et des variations de rigidit de flexion. On peut analyser des structures compltes, il est
aussi possible de rechercher des comportements post-critique. Un exemple de maillage de plaque est
prsent sur la figure 1b .
7. QUELQUES ENERGIES DE DEFORMATION TYPIQUES
Les expressions de l'nergie de dformation sont ncessaires aux calculs que l'on fait au moyen des
diffrentes mthodes nergtiques. On donne ci-dessous quelques expressions de l'nergie de dformation
utiles typiques pour des lments de structures tels que barres et plaques. Ces expressions font apparatre
le changement d'nergie de dformation correspondant la dformation de flambement.
7.1 Elments barres
7.1.1 Notation
L longueur de l'lment
E module de Young
G module de cisaillement
A section droite
A
v
section rduite
I moment d'inertie de flexion
Page 39
I
w
constante de gauchissement
I
t
constante de torsion
x abscisse le long de l'lment (origine prise au dbut de l'lment)
u(x) allongement axial de l'lment l'abscisse x
w(x) dflexion latrale de l'lment l'abscisse x
u(x) pente due la courbure seule de l'lment l'abscisse x
(x) angle de cisaillement (dw/dw - u(x)) de l'lment l'abscisse x
|(x) angle de torsion de l'lment l'abscisse x
7.1.2 Energie de dformation
Allongement : ( ) dx
2
dx
du
L
o
A E
2
1
U
2
}
= o (21)
Flexion : dx
L
o
2
2
dx
w
2
d
I E
2
1
U
2
}
|
|
.
|
\
|
= o (22)
Torsion : dx
2
dx
d
L
o
t
I G
2
1
U
2
|
.
|
\
| |
}
= o (23)
Cisaillement :
}
= o
L
o
dx
2
v
A G
2
1
U
2
(24)
Gauchissement :
}
|
|
.
|
\
|
|
= o
L
o
dx
2
2
dx
2
d
w
I E
2
1
U
2
(25)
7.2 Plaques minces
7.2.1 Notation
a dimension de la plaque le long de l'axe x
b dimension de la plaque le long de l'axe y
t paisseur de la plaque
x,y coordonnes cartsiennes d'un point quelconque (origine prise un angle de la
plaque)
w(x,y) flche
D raideur de la plaque =
( )
2
3
1 12
t E
v
v coefficient de Poisson
7.2.2 Energie de dformation
Flexion : ( ) dy dx
a
o
b
o
2
y x
w
2
2
y
w
2
2
x
w
2
1 2
2
2
y
w
2
2
x
w
2
D
2
1
U
2
} }
(
(
(
|
|
.
|
\
|
c c
c
c
c
c
c
u
|
|
.
|
\
|
c
c
+
c
c
= o (26)
Page 40
8. EXEMPLE FAISANT APPEL AUX DIFFERENTES METHODES
On s'intresse au flambement par flexion d'un lment en compression ; la
charge critique est dtermine en utilisant le coefficient de Rayleigh, les
mthodes de Rayleigh-Ritz et de Galerkin.
L'lment en compression
faisant l'objet de l'tude est
reprsent sur la figure 2 : il est
articul et le dplacement latral est
empch aux extrmits ; On
note respectivement L, I et E la
longueur de l'lment, le
moment d'inertie de flexion de la
section et le module de Young ; la
charge P agit verticalement vers le
bas ; il s'agit de dterminer la
valeur critique P
cr
de P ; la
dformation de flambement de l'lment est reprsente
figure 3.
8.1 Mthode du coefficient de Rayleigh
On choisit l'expression ci-dessous comme approximation du dplacement de flambement w(x) :
( ) xL x a (x) w
2
= (27)
avec a constante non nulle quelconque qui satisfait les conditions aux limites w = 0 pour
x = 0 et x = L.
Les drives sont :
a 2
dx
w d
et ax 2
dx
dw
2
2
= = (28)
Si l'on intgre selon l'quation (22), la variation de l'nergie de dformation pour la dformation de
flambement est :
L I E a 2 U
2 2
= o (29)
La variation de l'nergie potentielle de P est l'oppose du travail fait par P pour la dformation de
flambement. Le dplacement vertical du point d'application de P d la dformation de flexion est donn
par :
( ) dx
L
o
2
dx
dw
2
1
}
= c (30)
et la variation de l'nergie potentielle de la charge extrieure donne, aprs l'intgration de l'quation (30) :
6
L a P
P
3 2
2
= c = O c (31)
Le coefficient multiplicateur de charge critique est obtenu par l'quation (6), soit :
2
L P
I E 12
6
3
L
2
a P
L I E
2
a 2
cr
= = o (32)
et, partir de l'quation (2), la valeur critique P
cr
vaut :
Page 41
2
L
I E
12
cr
P = (33)
Cette valeur doit tre compare la valeur exacte obtenue avec le dplacement de flambement exact :
w(x) a sin x/ L = t
c'est--dire :
2
L
I E
9,8696
2
L
I E
2
cr
P = t = (34)
Ceci montre qu'un dplacement de flambement parabolique ne constitue pas une trs bonne
approximation du mode de flambement exact. Si on choisit comme approximation la dforme d'une
poutre simplement appuye sous charge uniformment distribue, c'est--dire :
( )
3 3 4
L x L x 2 x a (a) w + = (35)
les calculs ci-dessus donnent :
2
L
I E
9,88
cr
P = (36)
ce qui est trs proche de la valeur exacte donne par l'quation (34).
8.2 Mthode de Rayleigh-Ritz
Pour simplifier les calculs, on prend l'origine de l'abscisse mi-longueur de l'lment (voir figure 4). On
choisit un dplacement de flambement qui est une combinaison
linaire des deux fonctions de coordonnes suivantes :
( )
4
L
x x
2
2
1
= u (37)
( )
16
L
x x
4
4
2
= u (38)
qui satisfont toutes deux les conditions aux limites w = 0 pour x = -
L/2 et x = L/2.
L'expression du dplacement de flambement est alors :
( ) ( ) ( )
|
|
.
|
\
|
+
|
|
.
|
\
|
= u + u =
16
L
x b
4
L
x a x b x a x w
4
4
2
2
2 1
(39)
Ses drives sont :
2
2
2
3
x b 12 a 2
x d
w d
et x b 4 x a 2
dx
dw
+ = + = (40)
La variation de l'nergie de dformation est exprime par :
|
.
|
\
|
+ + =
|
|
.
|
\
|
}
= o
3
L b a 2
5
L
2
b
10
9
L
2
a 2 I E dx
2
2
dx
w
2
d
L/2
0
I E
2
1
2 U
2
(41)
La variation de l'nergie potentielle due la charge de compression est :
|
.
|
\
|
+ + =
}
|
.
|
\
|
= O o
5
L b a
10
1 7
L
2
b
56
1 3
L
2
a
6
1
P dx
L/2
o
2
dx
dw
P
2
1
2
2
(42)
et les quations (4), (41) et (42) donnent :
|
|
.
|
\
|
+
|
|
.
|
\
|
+
|
|
.
|
\
|
= o
10
PL
2EIL ab
56
PL
10
9EIL
b
6
PL
2EIL a V
5
3
7 5
2
3
2 2
(43)
Les drives ncessaires sont :
Page 42
c c
c
= =
c c
c
=
c
c
=
c
c
a b
V
10
PL
L I E 2
b a
V
28
PL
5
EIL 9
b
V
3
PL
4EIL
a
V
2 5
3
2
7 5
2
2
3
2
2
(44)
et la matrice [a] de l'quation (22) est :
| |
(
(
(
(
=
28
PL
5
9EIL
10
PL
2EIL
10
PL
2EIL
3
PL
4EIL
a
7 5 5
3
5
3
3
(45)
Son dterminant est donn par :
| |
2
5
3
7 5 3
10
PL
2EIL
28
PL
5
9EIL
3
PL
4EIL a Dt
|
|
.
|
\
|
|
|
.
|
\
|
|
|
.
|
\
|
= (46)
La plus petite solution positive de Dt [a] = 0 est :
2
L
EI
9,875
cr
P = (47)
qu'il faut comparer la valeur exacte donne par l'quation (34). Bien que les fonctions de coordonnes
(37) et (38) ne constituent pas individuellement de rellement bonnes approximations du mode exact de
flambement, leur combinaison (2 degrs de libert) donne des rsultats satisfaisants.
8.3 Mthode de Galerkin
On choisit la mme approximation de la dformation de flambement et la mme convention de signe pour
les coordonnes que pour la mthode de Rayleigh-Ritz :
(x) b (x) a (x) w
2 1
u + u = (39)
o /4 L x (x)
2 2
1
= u (37)
/16 L x (x)
4 4
2
= u (38)
qui satisfont toutes deux les conditions aux limites ncessaires qui sont
w = 0 pour x = -L/2 et x = L/2
(pas de condition impose pour les rotations d'extrmits).
On a vu dans ce mme cours que l'quation diffrentielle gouvernant le flambement par flexion d'un
lment en compression tait donne par :
0 Pw
2
dx
w
2
d
EI = + (48)
Le systme d'quations obtenu partir de l'quation (19') est :
0 dx
1
L/2
o
2
P
2
dx
2
2
d
I E 2b dx
1
L/2
o
1
P
2
x d
1
2
d
EI 2a = u
}
|
|
|
.
|
\
|
u +
u
+ u
}
|
|
|
.
|
\
|
u +
u
(49)
0 dx
2
L/2
o
2
P
2
x d
2
2
d
I E 2b dx
2
L/2
o
1
P
2
x d
1
2
d
EI 2a = u
}
|
|
|
.
|
\
|
u +
u
+ u
}
|
|
|
.
|
\
|
u
u
Les drives ncessaires sont :
Page 43
2
dx
d
2
1
2
=
u
,
2
2
2
2
2
1
2
x 12
dx
d
et 2
dx
d
=
u
=
u
Aprs intgration, on obtient le systme suivant :
0
10
EIL
105
PL
b
3
EIL
30
PL
a
5 7 3 5
=
(
(
+
(
(
(50)
0
28
EIL
360
PL
b
10
EIL
105
PL
a
7 9 5 7
=
(
(
+
(
(
Il existe une solution non-triviale si le dterminant de l'quation (50) est gal zro, soit :
0
10
EIL
105
PL
28
EIL
360
PL
3
EIL
30
PL
2
5 7 7 9 3 5
=
|
|
.
|
\
|
|
|
.
|
\
|
|
|
.
|
\
|
(51)
dont la solution la plus petite vaut :
2
L
I E
9,8697
cr
P = (52)
qui est presque gal la valeur exacte donne par l'quation (34).
9. CONCLUSION
- Il existe des mthodes nergtiques approches qui fournissent l'ingnieur les moyens
pratiques de dterminer les chargements critiques pour la plupart des problmes de stabilit ;
ces mthodes font des hypothses sur la nature de la dformation de flambement du systme
lastique, incorporant des paramtres ajustables dtermins de manire remplir les
conditions d'quilibre neutre.
- Le coefficient de Rayleigh, la mthode de Rayleigh-Ritz et la mthode de Galerkin prsents
dans ce document sont des mthodes bien connues qui peuvent gnralement tre appliques
manuellement des problmes simples de flambement d'lments de structures isols sous
des charges lmentaires.
- Lorsque le nombre de degrs de libert augmente, ces mthodes requirent gnralement un
traitement informatique, comme le font les mthodes des diffrences finies d'Euler et des
lments finis.
- On peut trouver dans la littrature technique plusieurs autres mthodes d'analyse ; on en
dcrira l'une d'elles qui comporte des procdures itratives, dans la leon 6.5.
10. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Richards, T.H., "Energy Methods in Stress Analysis", Rainbow-Bridge Book Company,
1977.
2. Mason J., "Variational, Incremental and Energy Methods in Solid Mechanics and Shell
Theory", Elsevier Scientific Publishing Company, Ansterdam, Oxford, New York, 1980.
3. Langhaar H.L., "Energy Methods in applied Mechanics", John Wiley & Sons, New York,
London, 1962.
4. Timoshenko S., "Theory of Elastic Stability", McGraw Hill Book Company, New York,
1960.
Page 44
5. Massonnet C., "Rsistance des Matriaux" - Volume 2, Dunod, Paris, 1963.
6. Bleich, F., "Buckling Strength of Metal Structures", McGraw Hill Book Company, New
York, 1952.
Page 45
ESDEP
GROUPE DE TRAVAIL 6
STABILITE APPLIQUEE
Leon 6.5
Mthodes itratives de rsolution des
problmes de stabilit
OBJECTIF
Prsenter et illustrer l'application des mthodes que l'on peut utiliser pour rsoudre les problmes de
stabilit de manire itrative.
RESUME
Cette leon commence par une introduction qui dcrit les raisons de l'utilisation de mthodes itratives
pour rsoudre des problmes de stabilit. Puis on introduit la mthode de Vianello. Ensuite, on passe en
revue la mthode de Newmark de calcul des forces intrieures et dplacements dans des poutres charges
transversalement, comme une tape prliminaire pralable la prsentation de la mthode de Vianello-
Newmark. Cette mthode combine la mthode de Vianello et la procdure d'intgration de Newmark.
Page 46
1. INTRODUCTION
Mme lorsque l'on suppose les dplacements petits, les problmes de stabilit sont toujours non linaires,
dans le sens que les quations d'quilibre et les conditions aux limites doivent tre tablies dans la
configuration dforme de la structure. Le rsultat est que, pour des cas trs simples seulement, on peut
obtenir des solutions analytiques du problme aux valeurs propres - vecteurs propres, conduisant la
dtermination de la charge critique et du mode de flambement correspondant d'instabilit (voir leon 6.3).
En gnral, il est ncessaire de recourir des mthodes approches. On a prsent dans la leon 6.4 un
groupe trs important de ces mthodes, les mthodes nergtiques. Fondamentalement, ces mthodes
consistent remplacer la structure continue d'origine par une structure discrte plus simple. Ceci est
ralis en contraignant la structure relle se dformer d'une manire que l'on peut dcrire sous la forme
de la superposition d'un ensemble de formes dfinies, avec des amplitudes non spcifies. La charge
critique exacte et le mode de flambement de cette structure simple, solution d'un problme aux valeurs
propres - vecteurs propres analogue celui trait dans la leon 6.2, sont des solutions approches de la
structure d'origine. Bien que la prcision de ces mthodes (et l'effort investi) augmente avec le nombre de
degrs de libert considrs, on peut souvent avoir des approximations assez satisfaisantes en n'en
considrant qu'un petit nombre. Un des principaux inconvnients des mthodes nergtiques est qu'elles
conduisent toujours aux limites suprieures de la charge critique de flambement, ce qui n'est pas pratique
en conception. La procdure de discrtisation d'une structure continue peut aussi tre ralise en divisant
cette structure en plusieurs lments rigides relis au moyen de ressorts lui fournissant sa rigidit. La
dformation de la structure est une fonction continue par morceaux, compltement dfinie par les
dplacements des nuds reliant les lments. La solution exacte de cette structure discrtise a t vue
dans la leon 6.2 et constitue aussi une solution approche du problme initial. Cependant, dans ce cas, on
ne peut rien dire concernant la valeur ou le signe de l'erreur. Comme auparavant, la prcision augmente
avec le nombre des lments.
La dtermination de la charge critique et du mode de flambement d'une structure ncessite la rsolution
d'un problme non-linaire qui est soit un problme aux valeurs propres - vecteurs propres linaire
(systmes discrets ou discrtiss) soit un problme aux valeurs propres - fonctions propres linaire
(systmes continus). Dans le premier cas, on peut toujours trouver une solution analytique, mais il faut
dterminer la racine la plus petite de l'quation caractristique qui est souvent d'un degr relativement
lev. Dans le second cas, une solution analytique n'est possible que pour les problmes simples. Une
alternative l'un ou l'autre de ces problmes est fournie par une mthode itrative introduite en premier
lieu par Vianello et appele, de ce fait, mthode de Vianello. L'ide de base consiste remplacer la
solution du problme non-linaire par la solution d'une suite de problmes linaires dont on peut montrer
qu'elle converge vers le mode critique de flambement et permet le calcul de la charge critique de
flambement. Une des caractristiques de la mthode de Vianello, trs pratique pour la conception et la
vrification de la scurit des structures, est qu'il est possible, l'issue de chaque itration, de calculer les
limites suprieure et infrieure de la charge critique de flambement et donc d'estimer l'erreur
correspondante.
Enfin, la mthode de Vianello-Newmark combine le concept de la mthode de Vianello et la technique
d'intgration numrique de Newmark. Elle constitue une alternative trs efficace pour la dtermination
des charges critiques de flambement et des modes pour des poteaux chargs axialement, en particulier si
les charges, le poteau ou ses conditions de liaison prsentent des caractristiques non-standard. On peut
aussi utiliser cette mthode pour dterminer les configurations d'quilibre de poteaux sur lesquels agissent
des charges axiales donnes et qui prsentent des imperfections gomtriques initiales ou des charges
transversales (par exemple poutres - poteaux).
Page 47
2. METHODE DE VIANELLO
La mthode de Vianello est une procdure itrative que l'on peut utiliser pour dterminer
approximativement la charge critique et le mode de flambement pour des structures relles continues ou
discrtes sur lesquelles agissent un ensemble de charges que l'on peut exprimer en termes d'un paramtre
de chargement unique (chargement proportionnel). Cette mthode est directement base sur l'quation
diffrentielle (systme d'quations simultanes) de l'quilibre du systme, ce qui signifie qu'elle ne prend
pas en compte les concepts nergtiques. L'application de cette mthode consiste en les tapes suivantes :
(i) Faire une estimation initiale de la configuration dforme associe au mode critique de
flambement de la structure, satisfaisant les conditions aux limites en dplacements
(cinmatiquement admissible). Cette estimation initiale est un vecteur (pour les systmes
discrets) ou une fonction (pour les systmes continus).
(ii) Sur la base de cette configuration suppose, calculer les forces intrieures en termes de
paramtre de charge de flambement, , inconnu. Ces forces intrieures sont des forces
concentres et/ou des couples (systmes discrets) ou des moments flchissants (systmes
continus).
(iii) En utilisant une analyse linaire standard, dterminer la configuration dforme due aux
forces intrieures calcules en (ii). Cette nouvelle configuration dforme qui dpend de ,
constitue une meilleure approximation du mode critique de flambement de la structure.
L'analyse linaire comporte la rsolution d'un systme d'quations d'quilibre, simultanes
(systmes discrets ou discrtiss) ou d'quations diffrentielles (systmes continus).
(iv) Identifier les dplacements supposs et calculs mentionns en (i) et (iii) de manire
obtenir les limites suprieure et infrieure d'une estimation de la valeur critique du
paramtre de chargement
cr
. Pour des systmes discrets la limite suprieure (infrieure)
de
cr
est la plus grande (plus petite) valeur de ncessaire pour galer deux vecteurs
correspondants non nuls, dfinissant les dplacements supposs et calculs. Il est
ncessaire de faire une estimation correcte de pour galer les valeurs des fonctions qui
dfinissent les dplacements supposs et calculs en un point de valeur non nulle. Ces
limites sont, souvent, plutt difficiles calculer et seule une estimation de
cr
est possible
qui consiste en la valeur de l requise pour galiser les fonctions au point spcifi.
(v) Rpter le processus en utilisant comme estimation initiale la forme de la dforme
calcule lors de l'itration prcdente. S'arrter lorsque l'on a obtenu la prcision dsire.
Pour des raisons numriques, il est souvent pratique de normer le dplacement calcul
avant de l'utiliser comme estimation initiale de l'itration suivante. La prcision de la
solution se mesure soit par la diffrence entre les limites suprieure et infrieure, soit par
l'cart entre des estimations successives de
cr
.
On peut montrer que le processus converge vers le mode d'instabilit critique, ce qui permet donc de
calculer le paramtre de charge critique de flambement
cr
.
3. EXAMEN DE LA METHODE DE NEWMARK
Mathmatiquement, l'essence de la mthode de Newmark rside dans une technique d'intgration
numrique permettant la rsolution d'quations diffrentielles du type
d y
dx
f x
( ) = . Elle conduit un
calcul rapide et systmatique des cisaillements et des moments dans des poutres isostatiques quelconques
soumises des charges transversales. Si l'on combine la dmarche d'intgration de Newmark et la
mthode des poutres conjugues, on peut aussi calculer les pentes et les dplacements dus la flexion.
Page 48
Les poutres hyperstatiques peuvent tre tudies par la mthode des forces, la mthode de Newmark
fournissant une mthode directe de dtermination de la matrice de souplesse.
3.1 Conventions de signe
On choisit des conventions de signe de telle sorte que l'on puisse ajouter les quantits en se dplaant de
gauche droite le long de la poutre et les retrancher dans le cas contraire. L'effort normal (N) est alors
positif en compression, l'effort tranchant (V) est positif s'il tend tourner dans le sens des aiguilles d'une
montre, le moment flchissant (M) et la courbure ( _) sont positifs quand les fibres suprieures sont
comprimes, la pente (u) est positive de bas en haut vers la droite, la flche (y) et les charges appliques
(q, Q) sont positives de bas en haut, les forces axiales appliques (P, p) sont positives de la gauche vers la
droite.
3.2 Concepts
Pour pouvoir appliquer la mthode de Newmark, il faut diviser la poutre en plusieurs segments gaux.
Chaque point de sparation s'appelle port. Le nombre de ports doit permettre une bonne description de la
poutre, des chargements et des conditions d'appui. Quand le chargement consiste en des charges
concentres appliques aux ports, la mthode dtermine les cisaillements dans les segments et les
moments de manire exacte aux ports. Les cisaillements sont dtermins en faisant la somme algbrique
des charges le long de la poutre et on trouve les
moments flchissants en ajoutant ou retranchant
les produits des cisaillements successifs par la
longueur des segments sur lesquels ils agissent.
Quand on ne connat la valeur du cisaillement ou
du moment en aucun point de la poutre, on peut
faire les calculs sur la base d'une valeur choisie
arbitraire (d'habitude, zro), avec une correction
linaire ou constante (constante) que l'on ajoute
plus tard aux moments rsultants (aux
cisaillements).
Quand la poutre est soumise des charges
rparties, celles-ci peuvent tre remplaces par
des charges concentres quivalentes exerces
aux ports. Physiquement, ces charges
reprsentent les ractions dues une srie de pannes hypothtiques de poids propre nul, concidant avec
les segments et interposes entre les charges et la poutre (voir figure 1). Les ractions des pannes sont
quivalentes aux charges rparties dans le sens qu'elles produisent les mmes cisaillements et moments de
flexion aux ports. Les formules de dtermination des charges concentres quivalentes sont exactes,
respectivement pour des distributions de charges linaires et paraboliques et approches pour des
distributions d'ordre suprieur. On peut aussi utiliser les formules relatives aux ports d'extrmit chaque
fois qu'il y a un saut dans la valeur ou la pente de la charge applique.
Pour une discrtisation linaire (figure 1a), on a les formules suivantes :
Port d'extrmit : ( )
i
p
1 i
2p
6
x
1 i
R +
A
=
Ports intermdiaires : )
1 i
p
i
(2p
6
x
1 i
i
R
+
A
=
( )
1 i
p
i
4p
1 i
p
6
x
1 i
i
R
1 i
i
R
i
R
+
+ +
A
=
+
+
=
Pour une discrtisation parabolique (figure 1b), on a :
Page 49
)
1 i
p
i
6p
1 i
(7p
24
x
1 i
R
A
=
( )
1 i
p
i
10p
1 i
3p
24
x
i
1 i
R
A
=
+
( )
1 i
p
i
10p
1 i
p
12
x
1 i
i
R
1 i
i
R
i
R
+
+ +
A
=
+
+
=
Lorsque le chargement contient des charges rparties, la mthode donne directement les cisaillements
moyens dans les segments et les moments flchissants aux ports. Une simple addition permet d'avoir les
cisaillements aux ports. Toutes ces valeurs sont exactes sous rserve que l'on n'introduise pas d'erreur en
discrtisant les charges.
Une fois que les moments flchissants sont connus, on peut traiter les courbures en divisant par la rigidit
de flexion EI. Comme les charges (p), le cisaillement (V) et le moment flchissant (M) suivent les mmes
relations les uns avec les autres que la courbure
(
= _
EI
M
, la pente (u) et la flche (y), on peut en
conclure que la procdure utilise pour calculer les moments flchissants partir des charges peut aussi
tre utilise pour calculer les flches partir des courbures, aussi longtemps que l'on prend en compte les
diffrentes conditions aux limites. Pour pouvoir rpter la procdure ci-dessus, la premire tape consiste
remplacer les courbures (quantit rpartie de manire continue) par des courbures concentres
quivalentes. Physiquement, ces quantits reprsentent le changement brutal de pente qui a lieu aux
nuds d'une poutre hypothtique forme de segments rigides articuls les uns aux autres et dont la raideur
de flexion est fournie exclusivement par des ressorts spirales placs aux articulations. Les variations de
pente sont quivalentes des courbures rparties dans le sens qu'elles produisent les mmes pentes et
flches aux ports. Les formules utiliser pour calculer les courbures concentres quivalentes sont celles
utilises pour les charges et reprsentes sur la figure 1b. Ensuite la procdure donne successivement les
pentes moyennes des segments et les flches aux ports. Il faut noter que ces quantits sont prcisment les
charges concentres quivalentes, les cisaillements moyens et les moments flchissants de la poutre
conjugue sollicite par des charges rparties concidant avec le diagramme de courbure de la poutre
initiale (le concept de courbure concentre est remplac par la dfinition de la poutre conjugue ).
Enfin, dans le cas de poutres hyperstatiques, la mthode de Newmark convient bien l'utilisation de la
mthode des forces, dans la mesure o elle fournit une manire directe de dterminer la matrice de
souplesse et la flche dans le systme de base.
4. METHODE DE VIANELLO-NEWMARK
Chaque fois que l'on applique la mthode de Vianello des poteaux chargs axialement et que l'on suit
l'tape (iii) de la mthode de Newmark, on a la mthode de Vianello-Newmark. Pour l'tape (ii), c'est--
dire le calcul des valeurs des moments flchissants aux ports en termes de paramtre de charge et sur la
base de l'estimation initiale du mode de flambement, on peut appliquer la procdure suivante, exacte
condition que toutes les charges axiales soient concentres aux ports :
(i) Calculer les efforts normaux (N) dans les segments en termes de charges axiales (P) que
l'on peut exprimer au moyen du paramtre unique de chargement . Si le poteau est
hyperstatique dans son sens longitudinal, il faut dterminer les valeurs de N au moyen
d'une mthode adquate (par exemple la mthode des forces).
(ii) Calculer la valeur de la flche moins l'incrment de flche que l'on a dans chaque segment,
sur la base de l'estimation initiale (Ay
ij
= y
i
- y
j
). On adopte cette convention de signe de
telle sorte que l'on puisse ajouter les quantits quand on se dplace de la gauche vers la
droite le long de la poutre et les soustraire dans le cas contraire.
(iii) Calculer l'incrment du moment flchissant d l'effort normal dans chaque segment
Page 50
(AM
ij
= N
ij
Ay
ij
).
(iv) Calculer les moments flchissants, dus aux forces axiales, aux ports (M'), en ajoutant ou
retranchant les valeurs de AM. Ces moments flchissants n'incluent pas l'influence des
ractions d'appui et doivent donc tre corrigs chaque fois que cette influence existe.
(v) Faire les corrections appropries sur les moments flchissants calculs en (iv). Ces
corrections sont identiques celles vues dans le chapitre prcdent et conduisent aux
valeurs exactes dans le cas de poteaux isostatiques (dans la direction transversale). Si le
poteau est hyperstatique et en supposant que l'on utilise la mthode des forces, on applique
la procdure prcdemment dcrite sur le systme de base choisi. On impose la
compatibilit pendant l'tape (iii) de la mthode de Vianello qui utilise aussi la technique
de Newmark, ce qui permet de dterminer les moments flchissants et les flches aux ports
du poteau initial.
S'il y a des charges axiales rparties, elles doivent tre remplaces par des charges axiales concentres
quivalentes (p
disc
), en utilisant les formules donnes figure 1b. La procdure de calcul des moments
flchissants aux ports, mentionne ci-dessus, devient alors approche (on peut rduire cette erreur en
augmentant le nombre de segments).
Il faut noter que le calcul des courbures concentres quivalentes est dans ce cas toujours approch. La
mthode de Vianello-Newmark conduira alors toujours une valeur de la charge critique de flambement
lgrement diffrente de la valeur relle. Cette erreur diminue si le nombre de segments augmente.
5. CONFIGURATIONS D'EQUILIBRE
On peut aussi utiliser les mthodes de Vianello et Vianello-Newmark pour dterminer les configurations
d'quilibre de poteaux gomtrie non parfaite ou chargs transversalement sous l'action de charges
axiales connues. On n'tudiera ici que la mthode de Vianello-Newmark. La mthode de Vianello ne peut
tre applique que dans quelques cas simples.
Par exemple, le comportement d'une poutre-poteau est donn par la solution de l'quation diffrentielle
suivante (N constant par morceau) :
q
2
dx
y
2
d
N
2
dx
y
2
d
EI
2
dx
2
d
+ =
|
|
.
|
\
|
(1)
L'application de la mthode de Vianello-Newmark consiste en une procdure itrative qui ncessite de
pouvoir estimer au dpart la configuration dforme de la poutre-poteau. Le processus converge vers la
forme exacte y(x). Chaque itration comporte la rsolution des deux quations suivantes :
q
2
dx
I
y
2
d
EI
2
dx
2
d
=
|
|
|
.
|
\
|
(2)
EI
M
2
dx
II
y
2
d
= (3)
L'quation (2) constitue l'analyse linaire standard et n'a besoin d'tre rsolue qu'une fois, dans la mesure
o y
1
(x) est la mme quelles que soient les itrations. L'quation (3) ressemble fortement au problme
aux valeurs propres - fonctions propres que l'on a tudi auparavant, la diffrence rsidant dans le fait que
les forces axiales sont maintenant dues des forces appliques connues. L'amplitude des estimations
initiales de la configuration dforme doit cependant tre contrle par un facteur A, dtermin l'issue
de chaque itration par la condition :
Page 51
=
+
=
A =
=
A
n
1 i
)
i
(x
I
y )
i
(x
n
1 i
II
y )
n
1 i
i
(x y (4)
o n dsigne le nombre de ports. Cette condition impose une similitude entre les configurations
dformes initiales et calcules, dans le sens que la somme des valeurs de leurs ports doit tre la mme.
Si l'imperfection initiale consiste en une excentricit e
o
de toutes les charges appliques, y
1
(x) est alors
solution de : (N constant par morceau)
B Ax (x)
o
e N
2
dx
I
y
2
d
EI + + =
Enfin, il faut mentionner que la mthode diverge si le paramtre de chargement axial est suprieur la
valeur critique correspondante
cr
.
6. CONCLUSION
- Cette leon concerne l'utilisation de mthodes itratives pour rsoudre les problmes de
stabilit, en particulier pour la dtermination des charges critiques et des configurations
d'quilibre.
- L'ide la base de ces mthodes a t introduite par Vianello et consiste remplacer la
solution d'un problme non linaire par la solution d'une suite convergente de problmes
linaires.
- La mthode de Vianello est utilise pour calculer les charges critiques de flambement de
systmes discrets et continus. Cependant, dans le cas de systmes continus, elle n'est
applicable qu' des cas plutt simples.
- Si l'on combine la mthode de Vianello et la technique d'intgration de Newmark, il est
possible d'laborer une mthode efficace de calcul des charges critiques et de dtermination
des configurations d'quilibre de poteaux chargs axialement.
- La mthode de Vianello-Newmark est particulirement utile lorsque l'on a des caractristiques
non standard telles que des charges axiales rparties, une rigidit de flexion variable ou des
conditions aux limites complexes.
7. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Newmark, N.M. - "Numerical Procedures for Computing Deflections, Moments et
Buckling Loads", Transactions ASCE, Vol. 108, 1943.
2. Timoshenko, S.P. et Gere, J.M. - "Theory of Elastic Stability", McGraw-Hill, New York,
1961.
3. Bleich, F. - "Buckling Strength of Metal Structures", McGraw-Hill, 1952.
4. Allen, A.G. et Bulson, P.E. - "Background to Buckling", McGraw-Hill (UK), 1980.
5. Lind, N.C. - "Numerical Analysis of Structural Elements", Solid Mechanics Division,
University of Waterloo Press, Canada, 1982
6. Chen, W.F. et Lui, E.M. - "Structural Stability-Theory and Implementation", Elsevier
Science Publishing Co, New York, 1987.
Page 52
ESDEP
GROUPE DE TRAVAIL 6
STABILITE APPLIQUEE
Leon 6.6.1
Flambement des lments rels de structure
1
re
partie
OBJECTIF
Expliquer les effets de la plasticit du matriau et des imperfections gomtriques et de structure sur la
rsistance au flambement des poteaux.
RESUME
On tudie ici le flambement inlastique d'un lment comprim idal, c'est--dire parfaitement rectiligne
sans contraintes rsiduelles, avec des lois de comportement du matriau rigide plastique parfaite, lasto-
plastique parfaite et relle. On examine aussi l'influence des imperfections gomtriques et des
contraintes rsiduelles, la fois sparment et combines.
Page 53
1. INTRODUCTION
Les lments de structure rels ne se comportent pas exactement comme le prdit la thorie de la
bifurcation lastique. Tout d'abord, le matriau n'est pas infiniment lastique ; le rsultat est que l'on a un
comportement lasto-plastique et un flambement inlastique. Puis, les lments de structure sont affects
de plusieurs types d'imperfections (principalement de nature gomtrique et/ou mcanique) qui peuvent
affaiblir srieusement leur capacit de charge. La modification rapide de la dformation lorsque la charge
applique augmente (caractristique du phnomne de flambement), donne aussi lieu des effets du
second ordre qui, lorsqu'ils sont combins avec un comportement du matriau inlastique, ont pour
rsultat un comportement non-linaire global de la structure.
Afin d'illustrer les principales caractristiques des rponses relles, cette leon tudie le cas le plus simple
de comportement de flambement, celui d'une barre biarticule, charge ses extrmits et de section
droite doublement symtrique (flambement de poteau en flexion).
La leon 6.3 a dfini les paramtres qui gouvernent le comportement lastique d'un barreau
gomtriquement parfait, c'est--dire sans dfaut de linarit initiale, ni excentricit de chargement. La
prsente leon examine les effets d'un comportement inlastique du matriau, en l'absence de tout type
d'imperfection. Ensuite, on tudiera tour tour l'influence d'une imperfection gomtrique et de
contraintes rsiduelles. Enfin, on analysera l'effet de toutes ces caractristiques prises ensemble.
2. EFFET DE LA PLASTICITE DU MATERIAU
On reprsente d'habitude le comportement des nuances
d'aciers au carbone ou faiblement allis par la relation
contrainte-dformation lasto-plastique parfaite de la
figure 1a. Pour les cas pour lesquels il y a une faible
dformation lastique, le modle rigide-plastique parfait,
reprsent sur la figure 1b dcrit de faon suffisante le
comportement du matriau (le plateau reprsente la limite
d'lasticit f
y
).
2.1 Modle de comportement rigide-plastique parfait
Le comportement rigide-plastique suppose que l'on n'ait ni dformation latrale ni axiale pour des valeurs
faibles de l'effort normal, N. Chaque section droite fait l'objet de la mme contrainte de compression
uniformment rpartie o = N/A et la dformation axiale n'est possible que lorsque o atteint la limite
d'lasticit f
y
; l'effort normal correspondant est appel charge d'crasement et vaut :
N
pl
= A f
y
(1)
Page 54
A ce stade, une petite perturbation quelconque a pour
effet de donner lieu un dplacement latral qui cre
un moment flchissant supplmentaire. L'lment
s'effondre en raison d'une dformation confine une
rotule plastique en un point quelconque de sa
longueur (figure 2a) ; la distribution de contrainte est
birectangulaire (figure 2b), la dformation plastique
se produisant aussi bien en traction qu'en
compression. Aprs flambement, l'lment reste en
quilibre condition que N devienne plus faible que
la charge d'crasement ; dans ce cas, on n'atteint plus,
quel que soit le point de la section droite, la limite
lastique en compression. Plus le dplacement latral
est grand, plus le moment flchissant au droit de la
rotule plastique est grand et donc plus petite sera
l'effort normal correspondant (figure 2c).
2.2 Modle de comportement lasto-
plastique parfait
Aussi longtemps que la charge critique de flambement lastique N
cr
est plus faible que la charge
d'crasement N
pl
, l'lment reste rectiligne et subit une dformation axiale lastique. Lorsque
l'effondrement a lieu par flexion lastique critique la charge N = N
cr
, le dplacement latral qui en
rsulte induit des moments de flexion qui augmentent la contrainte sur la partie concave de l'lment et la
diminuent sur la partie convexe. L'coulement se produit, dans la partie centrale de l'lment, en
compression et plus rarement en traction.
Quand, par ailleurs, on atteint la charge plastique N
pl
avant la charge critique de flambement N
cr
, le
comportement est similaire celui d'un barreau rigide-plastique, mais avec des dformations axiales
lastiques et de flexion supplmentaires. La charge de ruine est dans ce cas la charge plastique N
pl
.
2.3 Courbe de rsistance d'un barreau parfait
L'analyse du flambement d'un poteau lastique fait ressortir l'influence de l'lancement, = / i, sur la
rsistance ; dsigne la longueur de flambement du barreau, gale la longueur de l'lment lorsque le
barreau est biarticul et i I A = / dsigne le rayon de giration pour le plan de flambement de flexion
considr. Si l'on reprsente sur une courbe la contrainte de compression moyenne, o
k
, la ruine, par
rapport l'lancement, , on peut comprendre clairement la relation entre les deux types de comportement
(voir figure 3a). Le flambement critique lastique est reprsent par l'hyperbole o = o
cr
= t E/ ; sa
gamme d'application est limite par la ligne d'crasement plastique o = f
y
. Les deux lignes se coupent la
valeur
1
de l'lancement, appele lancement de rfrence, tel que t E/
1
= fy, ce qui donne
y
f
E
1
t = (2)
L'effondrement se produit alors par crasement plastique pour <
1
et par flambement lastique quand
>
1
. D'habitude on dessine la courbe sous une forme normalise (figure 3b), o
y K
/f N o = est
Page 55
reprsent par rapport
1
/ = , de telle sorte que
l'crasement plastique ( ) 1 N = et le flambement lastique
2
1/ N = se coupent pour 1 = .
2.4 Effets du comportement lasto-
plastique rel sur le matriau
Le diagramme
contrainte
dformation rel
de quelques
nuances d'aciers
utilises en
structure est reprsent figure 4. Si l'on compare avec le
comportement lasto-plastique parfait, on voit apparatre trois
diffrences principales :
a) Pour des dformations importantes, le matriau peut
subir un crouissage.
b) La dformation est limite une valeur maximale, au-del de laquelle le matriau se
rompt.
c) Le point d'coulement plastique peut ne pas tre clairement dfini.
Comme le flambement ne ncessite pas une ductilit importante du matriau, le point (b) est
gnralement considr comme non pertinent.
L'crouissage n'affecte pas le premier coulement plastique mais contribue une augmentation de la
charge d'effondrement. Cet effet apparat plus nettement pour des valeurs faibles de l'lancement, pour
lesquelles la dformation plastique prdomine et il devrait relever la portion correspondante de la courbe
de rsistance du poteau (figure 3a). En pratique, on nglige les effets bnfiques dus l'crouissage.
D'autres types d'acier montrent des comportements contrainte-dformation diffrents ; en particulier les
aciers haute rsistance n'ont pas d'habitude un point d'coulement plastique clairement dfini et peuvent
tre classs de la manire suivante :
1. Ceux qui ont des courbes contrainte-dformation avec une zone lastique rduite la limite
de proportionnalit o
p
, avec le plateau d'coulement plastique pour o = f
y
> o
p
(figure 5a).
2. Ceux qui ont une zone lastique similaire, mais pas de plateau d'coulement plastique,
l'crouissage existant dans tout le domaine inlastique. Dans ce cas la limite d'lasticit, f
y
,
est gnralement remplace par la contrainte conventionnelle 0,2 % (figure 5b). Cette
absence de point d'coulement plastique clairement dfini a pour rsultats :
un barreau lanc (
p
> ,avec
p
/ E
p
o t = ) s'effondrera par flambement lastique
aussi longtemps que o
cr
ne dpasse pas o
p,
un lment trs massif s'effondrera par crasement plastique axial sans dplacement
latral,
pour la gamme des rapports d'lancements
intermdiaires (
p
s ), la rigidit du matriau en
contrainte rsistante o > o
p
diminue
progressivement tandis que la contrainte augmente
au-del de o
p
; le flambement inlastique peut se
Page 56
produire pour une valeur de charge infrieure la fois la charge d'crasement et la
force critique lastique.
La courbe de rsistance du barreau devient celle qui est reprsente sur la figure 6 (l'crouissage a t
nglig).
3. RESISTANCE DE BARREAUX REELS
Les paragraphes prcdents considraient des modles de barreaux
hautement idaliss qui ne reprsentent pas la rponse relle
qu'auraient des lments en compression, en raison des imperfections
invitables dues au procd de fabrication. Les paragraphes suivants
prennent en compte l'effet de ces imperfections sur la rponse des
structures relles ; on va considrer tout d'abord les imperfections
prises sparment, puis combines comme cela peut tre le cas dans
des structures relles.
3.1 Effet des imperfections gomtriques
Les imperfections gomtriques correspondent soit un non linarit de l'lment de structure (figure 7a),
soit une excentricit de la charge applique (figure 7b).
Le flambement se caractrise par un champ de dplacement prdominant associ la configuration aprs
flambement de l'lment ; tout dplacement initial influera donc sur l'instabilit, de mme que toute
excentricit de la charge applique. Les effets secondaires de dstabilisation qui en rsultent rduisent la
capacit de charge, par rapport celle d'un lment parfait.
En raison du fait que ces imperfections sont dans la gamme des tolrances normales de fabrication, elles
ne sont gnralement pas visibles et ne peuvent pas tre quantifies de manire prcise l'avance ; elles
peuvent cependant tre prises en compte, de manire approprie, dans le calcul.
Considrons maintenant les deux types d'imperfections gomtriques reprsentes sur la figure 7 :
non linarit initiale du barreau dans le plan de flambement.
excentricit accidentelle de la charge suppose axiale.
3.1.1 Non linarit initiale
La non linarit initiale d'un barreau biarticul (figure 7a) est aussi appel irrgularit initiale ou
courbure initiale . Elle cre un moment de flexion secondaire ds l'application de l'effort de
compression qui son tour conduit une dformation de flexion plus importante et une augmentation de
l'amplitude du bras de levier des forces de compression appliques au bord extrieur. Une configuration
dforme stable est possible aussi longtemps que le moment extrieur, cest--dire le produit de la charge
par le dplacement latral, ne dpasse pas la rsistance du moment intrieur de la section. Le flambement
du poteau en prsence d'une courbure initiale se fait donc par divergence d'quilibre, en opposition au
type d'instabilit par bifurcation typique des lments en compression.
Toutes les sections droites du poteau subissent flexion et effort normal combins, quelle que soit la valeur
de la charge. Dans la mesure o la linarit gomtrique n'est plus vrifie (l'quilibre exige la prise en
compte de la configuration dforme), les effets de la flexion et de l'effort normal ne peuvent pas tre
simplement superposs pour permettre la description de la rponse relle.
Page 57
Pour un chargement et des conditions d'appuis lmentaires, on peut utiliser une procdure directe, base
sur l'intgration de l'quation diffrentielle approprie de l'quilibre dcrivant la configuration dforme.
L'quation fondamentale de l'quilibre pour un barreau avec une courbure initiale lastique v
o
(x) dans le
plan de flambement est (voir figure 7a) :
( )
0
z
I E
v
o
v n
2
dx
v
2
d
=
+
+ (3)
o v(x) reprsente le dplacement de flambement supplmentaire associ l'effort normal
N.
Comme le premier mode de flambement d'un barreau biarticul est une demi-onde sinusodale, on peut
choisir la courbure initiale de la mme forme ; il est alors facile de montrer que l'amplitude du
dplacement total v
t
la section critique (pour x = 0,5 L dans ce cas) vaut :
cr
N
N
1
o
v
t
v
= (4)
avec N
cr
= t E I
z
/ L, charge critique de flambement du poteau.
L'effort normal, donc, amplifie la non linarit initiale et le moment de flexion du premier ordre N v
o
d'un
coefficient amplificateur 1/(1 - N/N
cr
) :
cr
N
N
1
o
v N
t
Nv M
= = (5)
Sur la figure 8 (courbe O'AB) est reprsent l'effort normal N en
fonction du dplacement latral total v
t
dans le plan de
flambement. La flche tend vers l'infini lorsque N s'approche de la
charge critique lastique N
cr
, tandis qu'il faudrait une traction
infinie pour redresser le barreau.
La distribution de moment flchissant le long de l'lment
augmente avec le dplacement latral. Les valeurs les plus
importantes du moment flchissant et des contraintes sont atteintes
aux sections critiques ; sur le bord concave du barreau, les
contraintes de compression dues l'effort normal et au moment
flchissant se superposent et le barreau encaisse la contrainte la
plus forte. Le premier coulement plastique se produira cet
endroit si l'effort normal augmente rgulirement ; la valeur de N
correspondant au premier coulement plastique, appele N
y
,
constitue la limite de validit C de la rponse lastique O'AB (figure 8).
Toute augmentation ultrieure de N au-del de N
y
a pour effet
d'tendre l'coulement plastique, la fois le long du barreau et
l'intrieur de la section droite (figure 9). D'o une dgradation plus
grande de la rigidit du barreau, telle que l'on arrive une charge
maximum N
k
, pour laquelle le barreau cde (point D de la figure 8).
La capacit de charge ultime est donc une fonction de deux sources de
dtrioration de la rigidit de flexion : l'effort normal (instabilit) et
l'extension de l'coulement plastique (plasticit). La distribution de
contraintes sur la section droite du barreau aux stades C et D est
reprsente sur la figure 10. D'habitude, le ct concave du barreau,
lors de l'effondrement, n'est pas soumis de la traction.
Page 58
Le comportement post-critique DE est asymptotique la
rponse rigide-plastique GH (voir figure 2c). Celui-ci est
reprsent sur la figure 8, en supposant que N
pl
< N
cr
.
De manire vidente, la force d'coulement plastique N
y
et la charge ultime N
K
ont comme limites suprieures
N
cr
et N
pl
(on peut en effet avoir N
cr
> N
pl
ou N
cr
<
N
pl
). Dans tous les cas, la charge ultime ne dpassera
jamais la charge N
i
pour laquelle il y a intersection des
rponses la fois lastiques et rigides-plastiques (point
I). L'cart que N
y
et N
u
ont par rapport N
cr
et N
pl
dpend de l'lancement du barreau et de l'amplitude de
l'irrgularit initiale.
L'influence la fois de l'lancement et de la non
linarit sur la rponse lasto-plastique apparat sur la
figure 11, pour une section rectangulaire en acier ; on
peut en tirer les conclusions suivantes :
a) Quelle que soit la rigidit, plus l'irrgularit
initiale est grande, plus la charge ultime est faible.
b) Pour une valeur particulire de la non linarit
relative (v
o
/L), plus l'lancement est petit, plus la pente
de la zone lastique est grande.
c) Le comportement post-effondrement est une
courbe qui descend lentement pour des barreaux lancs avec une non linarit initiale
quelconque admissible.
d) Pour des lments massifs, la rponse post-effondrement est encore une courbe
descendante, avec une pente qui devient plus grande si l'irrgularit initiale diminue.
A condition de pouvoir connatre la courbure initiale l'avance, (si, par
exemple, on peut la mesurer) il est possible de construire une courbe de
rsistance ultime partir des charges d'effondrement calcules. Une
telle courbe est de la forme (a) reprsente figure 12. Si la courbure
initiale est semblable au mode de flambement, la courbe de rsistance
dmarre de la valeur o
k
= f
y
pour des lancements trs faibles et se tient
en dessous de celle du barreau initialement rectiligne, bien que voisine,
tandis que l'lancement augmente. En fait, pour des lments trs
massifs, l'influence de la courbure initiale est ngligeable et la charge
d'crasement plastique reste la charge ultime. Par ailleurs, des barreaux
trs lancs montrent une charge critique lastique N
cr
beaucoup plus
faible que la charge d'crasement N
pl
; dans de tels cas, le point C de la
figure 8 peut se situer assez haut sur la courbe de rponse lastique, de
telle sorte que la charge d'effondrement soit proche de la charge critique
lastique. L'influence de l'irrgularit initiale apparat surtout pour des rapports d'lancements
intermdiaires ; la plus grande perte de rsistance (rsistance) se produit au voisinage de
1
, o
l'crasement plastique et le flambement lastique concident presque et donc interagissent au maximum.
Si on choisit comme critre d'effondrement la premire charge d'coulement plastique N
y
au lieu de la
charge maximum N
K
, la courbe de rsistance sera plus basse, mais de forme semblable (courbe b,
figure 12).
Page 59
3.1.2 Excentricit du chargement
Une charge de compression N, applique en
extrmit avec une excentricit v
o
un barreau
initialement rectiligne, biarticul (figure 7b) va
introduire un moment de flexion du premier
ordre dans le barreau qui va commencer le
dformer latralement de la mme manire que
le barreau avec irrgularit initiale que l'on a
tudi prcdemment.
L'quation diffrentielle de l'quilibre, dans ce
cas, donne :
( )
0
I E
v
o
v N
2
dx
v
2
d
=
+
+
(6)
La seule diffrence par rapport l'quation (3)
est que l'imperfection initiale v
o
n'est pas une
fonction de x. L'intgration de l'quation (6)
montre que le moment flchissant du premier
ordre M
o
= N v
o
est amplifi d'un facteur =
( ) 2 /
cr
N / N t
Les facteurs amplificateurs associs
l'irrgularit initiale sinusodale et
l'excentricit de charge sont proches l'un de
l'autre pour la gamme des valeurs de N/N
cr
que l'on rencontre en pratique. De ce fait, la rponse en flche
pour un barreau initialement rectiligne en compression excentre est semblable celle qui est reprsente
sur la figure 8, sauf que la courbe de rponse dmarre l'origine des axes.
A la diffrence de la courbure initiale qui dpend fortement de la longueur du barreau, l'excentricit du
chargement est plus lie la taille de la section. De plus, la flexion du premier ordre est constante sur
toute la longueur de l'lment, de telle sorte que la flexion va avoir probablement pour effet de rendre la
rsistance ultime d'lments trs massifs plus faible que la charge plastique d'crasement, donnant lieu, de
ce fait, la forme de la courbe de rsistance (c) reprsente sur la figure 12.
3.2 Effet des contraintes rsiduelles
Les formes d'lments de structure en acier lamin et les plaques contiennent des contraintes rsiduelles,
dues au refroidissement irrgulier l'issue du laminage ; il en est de mme des lments reconstitus
souds, pour lesquels c'est une consquence de l'apport local en chaleur et du refroidissement lis au
matriau constituant la soudure et du matriau support autour. De la mme manire il existe des
contraintes rsiduelles dans les sections formes froid, en raison des grandes dformations plastiques
rsultant du processus de formage. Pour des lments non chargs, l'quilibre, les contraintes rsiduelles
doivent constituer un tat d'auto-contraintes.
La distribution et la grandeur des contraintes rsiduelles dpend d'un grand nombre de paramtres; dans
les sections de taille rgulire, lamines ou reconstitues soudes, par exemple, on trouve des contraintes
rsiduelles de traction aux endroits o le refroidissement se fait en dernier ; elles sont contrebalances par
des contraintes de compression dans le reste de la section droite. Sous rserve que l'paisseur de l'me de
ces sections ne soit pas trop grande, on peut classiquement supposer que la grandeur des contraintes
rsiduelles est constante sur l'paisseur de l'me. Sur la figure 13a est reprsente une distribution de
contraintes rsiduelles typique relative une section en I.
Les contraintes rsiduelles ont un effet sur le tout premier coulement plastique ; ceci se produit avant que
Page 60
la contrainte moyenne de compression applique o atteigne la limite d'lasticit du matriau f
y
. En fait,
l'attaque de l'coulement plastique est ralise dans la(les) fibre(s) qui a(ont) un pic de contrainte
rsiduelle de compression o
r,c
la charge N
y
pour laquelle
y
f
c r,
p
= o + o .
Jusqu' ce niveau de charge, le comportement est lastique ; la contrainte uniformment rpartie
applique
p
o s o se superpose la distribution de contrainte rsiduelle o
r,c
. Toute charge
supplmentaire au-del de N
y
induit une propagation de l'coulement plastique dans la section droite. Les
fibres plastifies ont une rigidit rduite par rapport celles qui sont encore lastiques, car elles ont subi
des dformations spcifiques c, suprieures la dformation lastique c
y
. Par consquent, la rigidit de
flexion du barreau est constante jusqu'au premier coulement plastique ; elle dcrot ensuite
progressivement pour des charges importantes (figure 13e), pour disparatre compltement la charge
plastique d'crasement (avec l'hypothse que l'on nglige l'crouissage). La section entire se plastifie
lorsque la contrainte moyenne applique est gale la limite d'lasticit du matriau. La figure 14
reprsente la contrainte normale moyenne applique
K
o par rapport la dformation longitudinale
moyenne c (raccourcissement/longueur). Ce graphe ressemble la courbe o c pour l'acier avec un
point d'coulement plastique pas dfini clairement, mais avec plateau d'coulement plastique (figure 5a).
Le comportement est celui d'un poteau en compression constitu de tronons avec contraintes rsiduelles
qui serait constitu d'un acier fictif ayant une relation contrainte-dformation et une limite de
proportionnalit o
p
diffrente de la limite de proportionnalit du matriau en raison de la prsence des
contraintes rsiduelles.
La charge d'croulement du poteau tronons n'est donc pas affecte par les contraintes rsiduelles, elle
est encore gale la charge plastique d'crasement. De la mme manire, des barreaux trs lancs, dont
la contrainte critique de flambement ne dpasse pas
p
o , flambent de manire lastique et ne sont pas
affects par les contraintes rsiduelles. Cet effet des contraintes rsiduelles est le plus visible dans la
gamme des lancements intermdiaires ; dans ce cas, un coulement plastique prmatur rduit la rigidit
de flexion et le barreau flambe de manire inlastique pour une valeur de charge en dessous, la fois de la
charge critique lastique de flambement et de la charge plastique d'crasement. La courbe de rsistance
correspondante (rsistance) a la forme reprsente figure 6 ; on doit cependant garder l'esprit le fait que
les coordonnes reprsentent respectivement la contrainte moyenne applique et la dformation axiale,
c'est--dire que
p
o remplace o
p
.
La perte la plus importante de rsistance due l'effet des contraintes rsiduelles correspond encore
1
~
3.4 Effets combins des imperfections
En pratique, on rencontre tous les effets analyss sparment prcdents en mme temps. Une courbure
initiale, une excentricit initiale de la charge, des contraintes rsiduelles ou un manque de clart dans la
dfinition du point d'coulement plastique diminuent la rsistance du poteau dans toute la gamme de
l'lancement ou une partie. Par ailleurs, l'crouissage augmente probablement la courbe de rsistance,
bien qu'il n'affecte que la gamme des lancements faibles. L'effet bnfique ainsi obtenu fait en gnral
plus que compenser la perte de rsistance due aux excentricits accidentelles ; dans tous les cas la courbe
de rsistance du poteau est considre comme tronque
y
f = o , de telle sorte que l'on ignore la rserve
de rsistance.
Des expriences et des calculs numriques montrent clairement que :
a) Les influences spares des contraintes rsiduelles et d'une irrgularit initiale ne peuvent
pas tre simplement ajoutes si l'on veut obtenir une bonne estimation de leur influence
combine sur la rsistance ultime ;
b) Pour des rapports d'lancements intermdiaires et pour de faibles contraintes rsiduelles,
Page 61
l'influence combine est normalement infrieure la somme des parties, alors que dans les
autres cas, elle peut tre suprieure ;
c) Des variations dans la forme de la rpartition des contraintes rsiduelles donnent lieu des
diffrences dans la rsistance du poteau ; elles sont, cependant, plus faibles pour des
poteaux avec irrgularit initiale que pour des poteaux initialement rectilignes ;
d) L'influence la fois de la non linarit et des contraintes rsiduelles est plus grande pour
les poteaux qui ont des rapports d'lancement intermdiaires. Dans cette gamme, les
charges d'crasement et les charges critiques concident presque ; la rsistance ultime
dpend de la rigidit de flexion, de la limite d'lasticit du matriau, de l'amplitude et de la
distribution des contraintes rsiduelles et de l'irrgularit initiale. L'interaction entre ces
dernires imperfections peut donner lieu une chute importante de la rsistance ultime,
compare la rsistance axiale ultime du poteau parfait.
Dans la mesure o tous les carts par rapport aux barreaux et matriau idaux peuvent tre soumis des
variations statistiques, il est impossible de prdire de manire prcise la rsistance relle d'une forme
donne de type barreau standard. Pour des raisons de calcul, on utilise les courbes de limite infrieure de
rsistance, de manire s'assurer, pour une probabilit donne, que les charges de flambement calcules
ne surestiment pas la rsistance ultime relle.
Page 62
4. CONCLUSION
- Un barreau initialement droit charg en compression, constitu d'un matriau lasto-plastique
parfait, en l'absence de contraintes rsiduelles, peut s'effondrer soit par crasement plastique
pour <
1
, soit par flambement lastique de poteau pour >
1
.
- Cette rsistance idale (rsistance) est en pratique infrieure, en raison d'imperfections
gomtriques et de structure telles que irrgularit initiale, excentricit du chargement,
contraintes rsiduelles et manque de dfinition prcise du point d'coulement plastique.
- L'crouissage du matriau a pour effet d'augmenter la rsistance pour la gamme des trs petits
lancements ; il est cependant, la plupart du temps, nglig, de telle sorte que la charge ultime
de poteaux trs massifs est donne par la charge plastique d'crasement.
- Les imperfections ont pour effet de diminuer la rsistance pour des valeurs intermdiaires de
l'lancement ; la perte de rsistance la plus importante est obtenue pour le domaine des
valeurs d'lancements
1
~ , pour lesquelles les charges plastiques d'crasement et les
charges critiques de flambement lastique concident presque et donc interagissent le plus.
- L'effet des imperfections est faible dans la gamme des valeurs d'lancements trs grands et la
charge ultime est proche de la charge critique de flambement lastique.
- Le rapport d'lancement est le paramtre gomtrique sur lequel on devrait baser la
dtermination de la nature du comportement et du mode d'effondrement.
5. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Ballio G. et Mazzolani F., "Theory and Design of Steel Structures", Chapman and Hall,
London, 1983.
2. Dowling P.J., Knowles P. et Owens, G.W., "Structural Steel Design", Butterworths,
London, 1988.
3. Galambos T.V. (editor), "SSRC Guide to Stability Design Criteria for Metal Structures",
4th Edition, John Wiley and Sons, New York, 1988.
4. McGuire W., "Steel Structures", Prentice-Hall Inc., Englewood Cliffs, N-J., 1968.
5. Picard A. et Beaulieu D., "Calcul des charpentes en acier", Institut Canadien de la
Construction en Acier, 1991.
Page 63
ESDEP
GROUPE DE TRAVAIL 6
STABILITE APPLIQUEE
Leon 6.6.2
Flambement des lments rels de structure
2
me
partie
OBJECTIF
tendre et gnraliser aux autres phnomnes d'instabilit les conclusions de la leon 6.6.1 sur le
flambement des poteaux.
RESUME
On considre le voilement et les types de flambement comportant des dformations de torsion, ainsi que
le type de base du flambement de coque, c'est--dire le cas d'un cylindre en compression axiale. On
donne, pour chaque type de flambement, une description des phnomnes de base ; le comportement est
analys en termes de pr-flambement, post-flambement et comportement d'effondrement et on identifie
les paramtres gomtriques gouvernant le phnomne. On fait aussi quelques brefs commentaires sur la
manire dont on peut renforcer les lments en vue de prvenir les ruines par flambement.
Page 64
1. INTRODUCTION
L'influence des imperfections, de la plasticit du matriau et de l'crouissage sur la rsistance ultime a t
analyse en dtail dans la leon 6.6.1 prcdente, en faisant rfrence au flambement de flexion d'un
poteau. C'est l la forme d'instabilit d'lment qui a t le plus tudie et l'on a une comprhension
presque complte du phnomne.
La plupart des conclusions tires de la leon prcdente sont encore valables, en des termes gnraux,
pour d'autres formes d'instabilit. Ces formes d'instabilit sont, toutefois, caractrises par diffrentes
sortes de dformations, de telle sorte que la nature des imperfections qui affectent le plus la rsistance
ultime cre des effets diffrents de ceux crs par le flambement de flexion ; pour mieux comprendre la
rsistance des poteaux au flambement rel, il faut analyser l'effet des imperfections sur ces diffrentes
formes d'instabilit.
On examinera en premier le voilement, parce qu'on le rencontre souvent sous la forme de flambement
local, c'est--dire flambement de composants de section en forme de plaque ; de plus, cela aide
comprendre le flambement des poteaux par torsion, pour lesquels le flambement est cr par une rotation
de la section droite. On tudie ensuite le flambement par flexion-torsion des poteaux ; cette dnomination
est correcte car les dformations de flexion et de torsion sont toujours lies l'une l'autre, comme c'est le
cas pour le flambement latral de torsion des poutres. On considrera aussi le flambement des coques ; ce
phnomne trs complexe est dcrit par rfrence au cas lmentaire d'une coque cylindrique charge
axialement.
2. VOILEMENT
Le voilement d'une plaque a lieu lorsque sa section me mince subit des
contraintes de compression. Ce phnomne ressemble assez au flambement
de poteau ; il implique cependant plutt les lments de la section droite du
composant que le dplacement de la section dans son ensemble. Les
contraintes de compression peuvent natre, non seulement d'un effort normal
de compression, mais aussi de la flexion du composant et mme de charges
localises sur des zones rduites (figures 1a, 1b et 1c). On peut aussi trouver
du voilement sur des plaques soumises au cisaillement (figure 1d), dans la
mesure o le cisaillement donne lieu des contraintes principales de
compression et de traction.
Les sections formes froid et les sections constitues de plaques minces sont
les plus sensibles au voilement.
Les modes de flambement lastique et les contraintes critiques
correspondantes des plaques en compression drivent des quations des
plaques faiblement dformes ; leur tude a t faite dans la leon 6.3.
On reconnat depuis longtemps que la charge critique de voilement d'une
plaque n'est pas un moyen satisfaisant de mesure de la rsistance relle d'une
plaque. En fait, ds que la plaque a tendance flamber, les dplacements hors
du plan donnent lieu des forces de membrane dues l'allongement du plan moyen de la plaque.
Pour comprendre ce comportement, considrons une plaque rectangulaire initialement plate, dont les
cts sont soit simplement appuys, soit encastrs et charge par un effort de compression uniaxiale
uniforme. Supposons, de plus, que le rapport des dimensions est tel que la plaque flambera dans un mode
Page 65
une seule demi-onde (figure 2). Pour cette tude, on peut remplacer la plaque par un systme de bandes
dans les deux directions perpendiculaires ; les bandes longitudinales sont comprimes et sont donc
susceptibles de flamber. En dessous de la charge critique de flambement lastique de la plaque, toutes les
bandes longitudinales sont rectilignes car la plaque est plate ; elles conservent leur rigidit initiale et
subissent la mme contrainte de compression. Une fois que la plaque flambe, les bandes longitudinales
proches du bord sont obliges de rester rectilignes, alors que celles qui sont loignes des bords sont plus
sujettes au flambement ; en d'autres termes les premires conservent leur rigidit axiale, tandis que les
autres en perdent une partie.
Le voilement cre une augmentation de longueur des bandes transversales, car les bords longitudinaux
sont retenus vis--vis du raccourcissement libre de la plaque dans la direction transversale ; ceci cre des
forces de traction de membrane dans les bandes transversales qui exercent un effet stabilisateur sur les
bandes longitudinales (figure 3). Ceci explique pourquoi la plaque peut atteindre un tat d'quilibre stable
au-del de sa charge critique de flambement lastique, avec pour rsultat la possibilit d'avoir une
rsistance postflambement importante, condition que le matriau ne se plastifie pas prmaturment.
C'est la diffrence fondamentale entre le comportement
d'une plaque et le flambement d'un poteau qui, lui, ne peut
prsenter une telle rserve de rsistance.
Quand une plaque se voile, il y a interaction des
dplacements dans le plan et hors du plan, d'o un
comportement non linaire. Le comportement d'une plaque,
dans le domaine des grands dplacements, ne peut tre
dduit qu' la fois des quations de compatibilit et des
quations non linaires d'quilibre des plaques. Il est
reprsent, sur la figure 4, par le trac de la contrainte
principale applique par rapport au dplacement latral de la
plaque et par rapport au raccourcissement d'extrmit ; le
dernier trac est bilinaire lorsque la plaque est initialement
parfaitement plate et sa pente reprsente la rigidit axiale de
la plaque ; la rigidit axiale postflambement dpend des
maintiens dans le plan offerts par les liaisons, mais varie
gnralement de 40 75 % de la rigidit initiale. Plus les
maintiens par rapport aux dplacements dans le plan fournis
par les liaisons (d'abord sur les bords longitudinaux) sont
importants, plus l'effet stabilisateur d aux forces de
membrane sera grand et plus la rserve disponible de
rsistance postflambement sera grande.
La charge ultime est finalement atteinte lorsque la
rigidit de la plaque a t suffisamment dtriore par
la plasticit du matriau. Le voilement se traduit, ainsi
qu'on l'a dit prcdemment, par une distribution de
contraintes de membrane non uniforme travers la
plaque, avec des valeurs maximales (pics) aux bords
longitudinaux (figure 5). L'coulement plastique
apparatra donc sur ces bords et se propage rapidement
jusqu' l'effondrement.
La rsistance postflambement apparat en particulier
sur les plaques qui ont des proportions rduites et qui,
jusqu' une certaine limite, se comportent de manire lastique. Dans ce cas, la charge ultime peut tre
gale plusieurs fois la charge critique lastique. Pour des plaques d'lancement faible ou intermdiaire,
c'est la plasticit du matriau qui affecte principalement le comportement de la plaque ; en fait plus la
Page 66
plaque est massive, plus l'coulement plastique aura tendance
prcder le voilement, ce qui donnera lieu une rsistance
ultime ventuellement plus faible que la charge critique
lastique.
Les processus de mise en uvre et de fabrication d'une plaque
donnent lieu des
imperfections
gomtriques
invitables et des
contraintes
rsiduelles. Dans la
plupart des cas, les
deux ont des effets
sur le
comportement pr-
et postflambement.
Les imperfections
gomtriques de
base sont la non-
planit initiale qui,
comme on peut s'y attendre, affecte de manire significative le
voilement. En raison du manque de planit, les dformations
de la plaque hors du plan augmentent ds le dbut du
chargement. La grandeur de la non-planit influe sur la
rponse de la plaque par la dforme due la charge ;
cependant, aussi longtemps que cette rponse est lastique, les
plaques, quel que soit le niveau de l'imperfection,
s'approcheront du comportement postflambement des plaques parfaitement plates (figure 4a). Sur un trac
charge-raccourcissement d'extrmit, l'effet de la non-planit est d'arrondir le coude la contrainte
critique (figure 4b). Non seulement la grandeur, mais aussi le dessin de la non-planit initiale ont une
influence sur la rponse de la plaque ; plus le mode de flambement est proche de ce dessin, plus le
voilement apparat et se produit doucement. Par ailleurs, toute non-planit diffrente du mode de
flambement a tendance retarder le voilement ; cependant, quand il se produit, il se produit soudainement
et donne lieu un claquement sec. En raison de la nature alatoire de la rpartition de la non-planit
(inconnue au stade du calcul), on suppose d'habitude, par prudence, que l'imperfection est proche du
premier mode de voilement de la plaque.
Les contraintes rsiduelles dans la plaque ont aussi tendance rduire la rigidit axiale initiale et
affecter le processus d'coulement plastique.
L'lancement de la plaque est le paramtre gomtrique qui gouverne la rsistance ultime de la plaque.
Cette dernire est gnralement reprsente (figure 6a), par le trac de la contrainte principale applique
l'effondrement par rapport au paramtre d'lancement ' = b/t, b dsignant l'paisseur de la plaque
dans la direction perpendiculaire la compression. Une plaque lastique initialement plate flambe pour
une contrainte critique :
( )
2
2
2
cr
'
1
1 12
E
k
|
.
|
\
|
(
(
v
t
= o
o
(1)
o : k
o
dsigne le coefficient de voilement
v est le coefficient de Poisson.
cause de la plasticit du matriau, la charge d'crasement fournit une limite la rsistance de la plaque
et constitue une limite tronque de la courbe de flambement lastique. Comme on l'a expliqu
prcdemment, cependant, la contrainte ultime moyenne d'une plaque lance, c'est--dire une plaque
Page 67
pour laquelle o
cr
est plus faible que la limite d'lasticit f
y
, dpasse la contrainte critique lastique
cause de la rsistance postflambement ; la courbe de la contrainte ultime se trouve au-dessus de la courbe
de la contrainte critique. La transition entre l'crasement et le voilement a lieu pour o
cr
= f
y
, c'est--dire
pour la valeur suivante de l'lancement :
y
2
1
f ) (1 12
E k
'
v
t = (2)
Pour une plaque longue simplement appuye, soumise une
compression uniforme, le coefficient de flambement est en gros de k =
4 ; la valeur correspondante de '
1
=1, 9 E / f
y
vaut entre 56 et 46
pour les nuances d'acier habituelles S235 et S355. La valeur du
coefficient de flambement k, pour les autres cas, dpend du rapport
des dimensions de la plaque, du type de chargement et des conditions
aux limites.
L'existence d'une rsistance postflambement pour la plaque soumise
au cisaillement peut tre explique physiquement de la manire
suivante : un lment carr, dont les bords sont orients 45 par
rapport aux cts de la plaque, subit des contraintes de traction o
1
sur
deux faces opposes et des contraintes de compression o
2
, sur les
deux autres (figure 7a) ; ces contraintes de compression peuvent donc
induire du voilement sous la forme de renflements allongs orients
dans la direction des contraintes de traction (figure 7b). La contrainte
critique de cisaillement lastique, t
cr
, est donne par une expression
semblable o
cr
; de plus t
cr
dpend du rapport des dimensions et des
conditions de liaison sur les bords. Une fois que la plaque flambe au
cisaillement, l'augmentation des contraintes de compression n'est plus possible, tandis que la rigidit
axiale initiale de la plaque, dans la direction de la composante de traction est encore presque
compltement disponible. De ce fait, ce sont les augmentations de contraintes de traction qui servent
fondamentalement rsister aux augmentations de l'effort de cisaillement et par consquent les
renflements se rapprochent. La plaque se comporte comme une srie de bandes dans la direction de la
traction et dveloppe une soi-disant zone de traction (figure 7c). Cette zone tourne quand la contrainte
applique augmente, pour s'aligner plus prcisment sur la diagonale de la plaque ; la charge ultime de
cisaillement est atteinte quand ces bandes se plastifient. Ici aussi, les liaisons dans le plan peuvent avoir
une influence apprciable sur l'augmentation de la rserve de rsistance postflambement.
On peut donc en conclure que la non-planit initiale, les contraintes rsiduelles et l'crouissage affectent
tous le comportement et la rsistance ultime des plaques ; leur effet est similaire celui du flambement
d'un poteau, l'unique mais fondamentale diffrence tant que, pour des lancements levs, la courbe de
rsistance de la plaque s'approche plutt de la courbe postflambement que de la courbe de flambement
critique.
On peut tendre qualitativement les conclusions ci-dessus n'importe quelle portion de plaque qui subit
des contraintes de compression ; quantitativement, on peut dire que la quantit de rsistance
postflambement peut varier de faon apprciable avec le type de chargement et le type de conditions aux
limites.
De la mme manire que pour les courbes de rsistance des poteaux, les courbes de rsistance des plaques
sont d'habitude traces selon des coordonnes normes (figure 6b) : la contrainte ultime principale est
divise par la contrainte d'lasticit du matriau, tandis que l'on dfinit un lancement norm de la plaque,
comme pour le flambement de poteau, dans les termes gnraux :
Page 68
cr
y
p
f
o
= (3)
En utilisant l'quation (1), l'lancement norm de la plaque est :
E
f
K
1,05
t
b y
p
= (4)
En consquence, 1
p
= constitue l'lancement limite correspondant la transition entre l'crasement et
le voilement. L'lancement norm inclue l'lancement de plaque classique, ' = b/t, mais est modifi,
travers k, par le rapport des dimensions de la plaque, le type de chargement et les conditions aux limites.
Si on veut prendre en compte les imperfections relles, les courbes de rsistance de la plaque devraient se
situer la limite infrieure des rsultats de tests disponibles.
Page 69
3. FLAMBEMENT DES POTEAUX PAR TORSION
L'instabilit due au flambement par torsion ne peut se dvelopper que
dans des circonstances spciales. Ce type de flambement est illustr au
moyen d'un barreau en compression compos de quatre pans saillants
identiques, constituant une section cruciforme (figure 8) ; chaque pan
est constitu d'une plaque mince plate, encline flamber sous l'effet de
l'effort de compression. Si une telle plaque tait simplement appuye le
long de l'axe du poteau, elle flamberait de telle sorte que toute ligne OA
du pan, perpendiculaire aux bords longitudinaux, resterait
approximativement rectiligne, bien que tournant autour du point O.
Comme les pans sont identiques, chacun d'eux doit flamber pour la
mme valeur de la contrainte applique. Il est alors possible de trouver
une forme de flambement pour laquelle toute section droite du barreau
cruciforme ne se tord pas, mais tourne autour de O. Les quatre pans
continuent se rencontrer angle droit de telle sorte que le fait qu'ils
soient lis rigidement le long d'un bord commun n'a pas d'importance.
Cette forme de flambement, o l'axe du barreau reste rectiligne, mais les
sections tournent est appel flambement par torsion .
Comme de la torsion intervient dans un tel processus de flambement, la
contrainte critique de flambement lastique dpend en partie de la rigidit de torsion de Saint-Venant et
de la rigidit de gauchissement. De plus, les liaisons terminales vis--vis de la torsion et du
gauchissement doivent apparatre dans les facteurs numriques utiliss.
Le flambement par torsion ne peut se produire correctement que quand le centre de cisaillement et le
centre de gravit de la section droite correspondent, c'est--dire uniquement pour des sections
symtriques ; cette forme de flambement est videment favorise pour les composants me mince.
Comme le flambement par flexion (appel couramment flambement de poteau) est encore possible, il faut
examiner chaque forme pour dterminer laquelle donne la contrainte critique la plus faible.
Comme pour le flambement par flexion, la charge critique de flambement lastique par torsion ne
constitue pas un moyen adquat de mesure de la capacit porteuse. On doit aussi tenir compte des
imperfections gomtriques, des contraintes rsiduelles et des effets dus la plasticit du matriau et
l'crouissage. En ce qui concerne les imperfections gomtriques initiales, la rotation initiale du barreau et
le manque de planit des composants de la section sont, comme on peut le comprendre, les plus
significatifs. A la diffrence du flambement par flexion, pour lequel on a beaucoup d'informations, la
rsistance ultime associe au flambement par torsion ne peut pas tre estime avec une grande prcision
cause du manque d'expriences suffisamment documentes et des rsultats correspondants des tests. Le
fait de tolrer des imperfections gomtriques, des contraintes rsiduelles, la plasticit du matriau et
l'crouissage, tous paramtres rduisant la charge ultime une valeur infrieure la charge critique
lastique est plus bas sur un jugement d'ingnieur que sur une procdure parfaitement justifie. On
accepte gnralement que la procdure utilise pour le flambement par flexion puisse tre tendue au
flambement par torsion, sous rserve de faire l'hypothse que les diminutions de rsistance dues aux
imperfections et la plasticit sont semblables dans les deux cas, si on les exprime en coordonnes
normes. L'lancement norm est logiquement dfini de la manire suivante :
T cr,
y
T
f
o
= (5)
o o
cr,T
reprsente la contrainte critique de flambement par torsion lastique.
Page 70
4. FLAMBEMENT PAR FLEXION-TORSION
Les dplacements de flexion et de torsion se combinent quand le centre de cisaillement et le centre de
gravit de la section ne correspondent pas. Ceci a pour consquence une rduction de la charge critique de
flambement par rapport celle du flambement par flexion. Ce phnomne est particulirement important
pour les cornires et les profils en U.
Pour illustrer cette forme de flambement, on considre une
section en U soumise une charge de compression uniaxiale
applique au centre de gravit, de telle sorte que les sections
terminales subissent une contrainte uniformment applique
(figure 9a). La section est suppose tre dimensionne de
telle sorte que le moment d'inertie de flexion, I
yy
par rapport
l'axe yy soit plus grand que celui relatif l'axe zz ; le
flambement de flexion par rapport l'axe zz est donc celui
qui est dterminant (figure 9b). Ds que le barreau a
tendance flamber dans la direction yy, c'est--dire par
flexion par rapport l'axe zz, la flche v(x) cre un moment
de flexion M(x) = Nv(x), donnant naissance un
cisaillement correspondant :
V = dM/dx = N(dv(x)/dx).
Tout se passe comme si le barreau tait soumis des forces
distribues transversales :
q = - dV(x)/dx = - N (dv(x)/dx)
agissant dans le plan yy contenant le centre de gravit G et
non pas dans le plan zz qui contient le centre de cisaillement
C (figure 9c). De ce fait, la flexion par rapport l'axe zz et le
cisaillement correspondant induisent un moment de torsion
dM
t
= qz
o
dx, o z
o
reprsente la distance entre le centre de
gravit et le centre de cisaillement. Ceci veut dire qu'un
flambement purement par flexion dans le plan yy est
impossible, parce que les dformations de flexion et de torsion sont invitablement couples. Cette forme
de flambement est appele flambement par flexion-torsion .
Le flambement par flexion-torsion est dtermin par trois quations diffrentielles d'quilibre qui
contiennent les drives des trois fonctions : dplacements v et w dans les plans yy et zz et la rotation .
La charge de flambement par flexion-torsion dpend alors des classiques conditions aux limites pour v et
w aux extrmits (articules ou encastres) et des maintiens en rotation et vis--vis du gauchissement
pour .
Dans le cas usuel du barreau biarticul, parfaitement libre de se gauchir, c'est--dire v = v" = 0,
w = w" = 0 et = " = 0 aux extrmits, la contrainte critique de flambement par flexion-torsion vaut :
( )
(
(
|
|
.
|
\
|
|
|
.
|
\
|
o o + o o o + o
= o
2
o
o
2
o
o
T cr, zz cr,
2
zz cr, T cr, T cr, zz cr,
FT cr,
r
z
1 2
r
z
4
(6)
o y
o
et z
o
sont les coordonnes du centre de cisaillement, avec
2
o
2
o
2
o
z y r + = .
On voit que cette valeur est toujours plus faible que la contrainte de flambement par flexion, o
cr,zz
par
rapport l'axe zz et que la contrainte de flambement par torsion, o
cr,T
. On devrait aussi vrifier qu'elle
Page 71
est aussi plus faible que la charge de flambement par flexion o
cr,yy
par
rapport l'axe yy qui est une autre racine de l'quation caractristique.
Il faut noter que pour une section doublement symtrique (z
o
= y
o
= r
o
= 0),
les racines sont :
zz cr, yy cr, cr
o = o = o
et que la plus faible de ces trois valeurs - o
cr,T
, o
cr,zz
et o
cr,yy
- est celle
qui est dterminante.
Le flambement par flexion-torsion entrane des dformations dues la fois
au flambement du poteau par flexion et par torsion. La rsistance ultime
associe sera alors modifie par tous les types d'imperfections, dans la
mesure o elles modifient ces deux phnomnes de base.
Comme dans le cas du flambement de poteau en torsion, on manque
d'information sur la perte de rsistance de flambement par flexion-torsion
due aux imperfections, aux contraintes rsiduelles et la plasticit du
matriau ; ici encore, on peut gnraliser la procdure utilise pour le
flambement par flexion en utilisant les mmes courbes de rsistance norme,
en supposant que l'lancement norm est dfini de la manire suivante :
FT cr,
y
FT
f
o
= (7)
5. DEVERSEMENT DES POUTRES
Quand une poutre est soumise une flexion selon son axe d'inertie la plus grande, due, soit des couples
d'extrmits, soit, plus classiquement, des charges transversales, une des deux semelles ainsi que la
partie adjacente de l'me, est comprime, et, donc, susceptible de flamber.
Le flambement de la semelle comprime dans le plan de l'me est normalement empch par l'me, en
raison de la grande rigidit de cette dernire dans son propre plan ; le flambement de la semelle dans son
plan est donc, le plus souvent, critique, parce que l'me ne fournit qu'un encastrement limit dans cette
direction. Quand l'me est trs lance, elle risque probablement de se dformer, de telle sorte que
l'encastrement est ngligeable et le dversement est trs proche du flambement de la semelle par flexion
par rapport l'axe le plus faible de la section droite (figure 10a). Une me massive, toutefois, se comporte
en gros comme un lment plaque rigide et le dversement amne la section tourner (figure 10b).
cause de la rotation des axes principaux par rapport leur direction initiale, la dformation qui en rsulte
est une combinaison de torsion et de flexion latrale.
Pour une poutre parfaite, charge dans la direction de la flexion la plus forte, le dversement se produit
pour une valeur critique du moment flchissant maximum ou de la contrainte de compression maximum.
Cette valeur dpend de plusieurs facteurs : la distribution de moment le long de la poutre (forme du
diagramme de moment flchissant), les conditions aux limites (maintiens en flexion, torsion et
gauchissement), le niveau d'application des charges transversales et la possible dissymtrie de la section
droite. Comme ce flambement mle torsion et flexion selon l'axe le plus faible, le moment flchissant
critique pourra s'exprimer en termes de longueur de poutre L, de rigidits en torsion et vis--vis du
gauchissement, respectivement G I
t
et E I
w
et en termes de rigidit de flexion par rapport l'axe le plus
faible, E I
zz
.
Le moment flchissant critique lastique d'une section en I ou H, par exemple, est donn par :
Page 72
( )
)
+
t
+
(
(
(
t
=
g 2
2
g 2
zz
2
t
2
zz
w
2
w
2
zz
2
1 LT cr,
z C ) z C (
EI
GI ) kL (
I
I
k
k
kL
EI
C M
o C
1
et C
2
sont des coefficients qui tiennent compte de l'influence des facteurs mentionns
ci-dessus,
g
z est la distance du centre de cisaillement au point d'application des charges
transversales.
La contrainte de dversement critique lastique vaut :
yy
LT cr,
LT cr,
W
M
= o
o W
yy
reprsente le module lastique de la section en flexion par rapport l'axe le plus
fort.
En plus de la plasticit du matriau et des contraintes rsiduelles, les imperfections gomtriques crent
une perte de rsistance par rapport la charge critique lastique. On doit faire attention toute
imperfection capable de dclencher de la torsion et/ou de la flexion latrale. Une rcente valuation
statistique de rsultats de tests, mis en oeuvre pour prparer les documents de fond de l'Eurocode 3 a
montr que la forme des courbes de rsistance ultime pour le flambement des poteaux par flexion est tout
fait approprie la reprsentation de la rponse en dversement, condition de calibrer correctement les
paramtres de la courbe. Comme pour les formes prcdentes de flambement, l'lancement norm de
dversement est dfini par :
LT cr,
y
LT
f
o
= (10)
6. FLAMBEMENT DES COQUES
Le flambement des coques est probablement le phnomne d'instabilit le plus complexe. Analogue au
voilement, il fait plutt intervenir la forme de la section droite que le dplacement de la section droite
considre comme un tout. Les contraintes de compression, comme auparavant, peuvent natre des efforts
normaux de compression, de la flexion et de charges concentres appliques localement. De plus,
cependant, les coques peuvent aussi tre soumises des pressions internes ou externes (tuyaux, silos,
rservoirs, poteaux supports des plates-formes offshore, etc. ).
Le cas le plus simple analyser est celui de la coque
cylindrique charge axialement (figure 11) ; la contrainte
critique de flambement lastique est donne par :
( )
r
t E
1 3
1
2
cr
(
(
v
= o (11)
o t reprsente l'paisseur de l'me
et r le rayon du cylindre.
Cette formule est bien connue sous la forme
o
cr
= 0,605 E t / r, applicable des
cylindres en acier. Le
comportement effort - raccourcissement montre une perte drastique de la
capacit porteuse ds que l'on atteint la charge critique de flambement
(figure 12). Quand elle flambe, la coque tend vers une forme gauchie qui est en
Page 73
quilibre sous l'effet d'un effort extrieur de compression la plupart du temps beaucoup plus faible que la
charge critique. C'est une caractristique gnrale des coques,
quel que soit le type de coque ou le type de chargement ; la
diffrence des plaques, elles ne sont pas capables de prsenter une
rserve de rsistance postflambement.
Mme de trs faibles imperfections gomtriques crent un cart
prmatur de la courbe effort-dplacement de la coque parfaite
donnant couramment une rduction significative de la capacit de
rsistance la charge (figure 12). Les coques relles ne peuvent
donc pas atteindre la charge critique lastique. L'influence des
imperfections sur la charge ultime des coques est un problme
trs complexe qui a fait l'objet de recherches importantes.
Selon la thorie classique du flambement des coques, la coque
cylindrique parfaite peut flamber soit de manire axisymtrique -
avec une succession d'anneaux - ou sous la forme d'un damier
(figures 13a et 13b) ; en fonction des circonstances du
flambement, la coque peut prendre une configuration
postflambement en forme de diamant. Afin de prendre en compte
les imperfections, les rgles de conception utilisent
traditionnellement un facteur de rduction, o qui s'applique la
contrainte de flambement de coque critique lastique ; les valeurs
de o proviennent de tests raliss sur des modles grande chelle.
Selon les Recommandations de la CECM, la valeur de ce facteur ne dpend que de l'lancement r/t de la
coque sous rserve de conserver les imperfections en dessous d'un seuil donn. On applique un facteur de
scurit partielle supplmentaire, , au cas des coques cylindriques soumises une compression
mridienne cause de leur comportement postflambement particulirement dfavorable.
L'influence des diffrents types d'imperfections sur la rsistance ultime peut varier de faon importante
selon le type de coque et le type de chargement. On peut dfinir une courbe de rsistance norme en
reprsentant le rapport o/f
y
par rapport l'lancement norm
cr y
s
/ f oo = , de faon analogue
l'approche utilise pour les courbes relatives la rsistance des poteaux et des plaques (figure 14).
s
augmente, la courbe de Il faut noter que, si
rsistance s'approche de la valeur critique de
(rduite par le facteur o). la rsistance
7. AMELIORATIONS
DE LA RESISTANCE AU
FLAMBEMENT
La rsistance au flambement d'un lment ou d'un
composant de section, peut tre amliore de
plusieurs faons.
Pour une forme de flambement donne, une rduction du rapport d'lancement se traduira par une charge
ultime plus leve. Ceci sera normalement ralis en augmentant les dimensions de la section droite ; cela
peut aussi tre fait en rpartissant le matriau de manire diffrente le long du centre de gravit, tout en
gardant la section droite une section constante ; en faisant cela, cependant, on peut changer la rponse
de la section et/ou de l'lment, de telle sorte que d'autres formes de flambement puissent devenir
critiques. En particulier, une diminution d'paisseur de composants de section droite, afin de mieux
Page 74
rpartir le matriau, a souvent pour consquence un voilement, prpondrant d'un point de vue calcul.
Une autre manire d'amliorer la rsistance au flambement d'un lment est de lui fournir des maintiens
de meilleure qualit ou supplmentaires, afin de modifier le mode de flambement. La charge critique
lastique d'un poteau en compression axiale biarticul, par exemple, est augmente d'un facteur 4 si on
ajoute un appui simple mi-hauteur, de telle sorte que le poteau flambe dans un mode en deux demi-
ondes sinusodales. De la mme manire une poutre simplement appuye, soumise de la flexion par
rapport son axe le plus fort, est renforce vis--vis du dversement en empchant les rotations de flexion
et/ou de torsion ses supports d'extrmits, ou, plus simplement, en mettant un obstacle tout
dplacement latral de la semelle en compression au moyen d'un entretoisement adquat. La rsistance
ultime d'une plaque mince comprime peut tre amliore de faon apprciable en fixant des raidisseurs
longitudinaux et ventuellement transversaux ; condition qu'ils soient assez rigides, la plaque flambera
entre les raidisseurs, pour une contrainte critique lastique plus leve. Le fait de raidir des structures en
coques produira, de la mme manire, une augmentation de la rsistance.
Bien que la rsistance de calcul soit plutt relie la contrainte ultime qu' la contrainte critique lastique,
les commentaires ci-dessus peuvent, qualitativement tre tendus la capacit porteuse ultime.
8. INSTABILITE DE PORTIQUE
Quand on conoit des poteaux comme des parties d'un portique, il peut tre pratique d'isoler les poteaux
du reste du portique et de traiter leur calcul comme des problmes spars. Cependant, la plupart des
poteaux appartenant des portiques de btiments subissent des actions de flexion appliques leurs
extrmits, en plus des efforts normaux. Ces actions de flexion dpendent de l'interaction entre le poteau
et ses lments adjacents - poutres et poteaux. Dans certains cas, le poteau soutiendra les poutres
l'effondrement ; de telles situations se prsentent quand les poutres sont conues en plasticit et
s'effondrent quand le poteau reste stable et lastique. Il y a d'autres situations o les poutres supportent le
poteau ; c'est en particulier le cas quand les poutres sont conues en lasticit et prsentent un
comportement lastique jusqu' la ruine, cette dernire tant amorce par l'instabilit du poteau.
La plupart du temps, les poteaux de portique apparatront comme des lments encastrs de manire
lastique, soumis des efforts normaux et des couples d'extrmits combins. On les appelle alors
lments comprims flchis (ou encore poutres-colonnes en Belgique ou en Suisse).
Dans la plupart des portiques de btiment, les dplacements d'ossature sont empchs par des dispositifs
de contreventement appropris, par exemples des entretoises sur les faades, des escaliers, un noyau
central en bton arm pour les rseaux en tous genres. Ensuite les extrmits du poteau doivent viter de
subir des dplacements horizontaux. La stabilit d'ossatures rigides se ramne la stabilit de ses poteaux
individuels. Il est donc ncessaire d'avoir des rgles appropries concernant la rsistance ultime
d'lments lastiques en compression maintenus soumis des moments d'extrmits supplmentaires.
Quelquefois des forces horizontales, dues au vent et des sismes ventuels doivent tre quilibres par
des actions de flexion sur le portique tout entier qui prsente des dplacements horizontaux, augmentant
la plupart du temps de la base au sommet. Ensuite les poteaux se dforment selon une forme en S, appele
flexion double courbure. Les dplacements horizontaux permettent aux efforts dus aux poids propres de
dvelopper des moments flchissants supplmentaires, appels souvent moments secondaires car ils
rsultent de charges de poids qui agissent sur le portique dform. Le terme secondaire est
particulirement mal adapt parce la grandeur de ces moments flchissants secondaires peut rarement tre
nglige. Vrifier la stabilit du portique en considrant la stabilit des poteaux individuels apparat alors
plus comme une recette de cuisine que comme une procdure de calcul rflchie, mais constitue une
tentative de prise en compte de l'influence des effets du second ordre dans la structure en portique.
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9. CONCLUSION
- Les caractristiques de base des phnomnes de flambement des lments qui ont t vus
prcdemment sont rsumes dans le tableau ci-dessous :
Phnomne
de
flambement
Type d'lment Chargement Paramtres
De raideur
Rapport
d'lancemen
t
lancement
Norm
Flexion poteaux compression
axiale
EI
yy
ou EI
zz
L/i
x
ou L/i
y
cr y
/ f o
Torsion poteaux
(sections
ouvertes avec
symtrie double
ou de point)
compression
axiale
GI
t
, EI
e
-
T cr, y
/ f o
Flexion-
torsion
poteaux
(sections
ouvertes avec
symtrie double
ou de point)
compression
axiale
GI
t
, EI
e
EI
yy
et/ou
EI
zz
-
FT cr, y
/ f o
Dversemen
t
poutres flexion sur l'axe
le plus grand
GI
t
, EI
e
,
EI
zz
-
LT cr, y
/ f o
Plaque plaque mince
ou composant
d'lment
compression ou
cisaillement
( )
2
3
1 12
t E
v
b/t
cr y
/ f o
Coque coque
cylindrique
compression
axiale
-
r/t
cr y
/ f oo
- Les manires les plus efficaces d'amliorer la rsistance au flambement consistent accrotre
les dimensions de la section droite et/ou d'utiliser un contreventement et des maintiens de
manire modifier le mode de flambement.
- La stabilit d'un portique ossature rigide est contrle par la stabilit de ses poteaux
individuels.
- La stabilit d'un portique ossature souple est contrle par la rigidit de flexion des poteaux
et des poutres et par la rigidit des liaisons poutres/poteaux.
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10. LECTURES COMPLMENTAIRES
1. Ballio, G. et Mazzolani, F., "Theory and Design of Steel Structures", Chapman and Hall,
London, 1983.
2. Dowling, P.J., Knowles, P. et Owens, G.W., "Structural Steel Design", Butterworths,
London, 1988.
3. Galambos, T.V. (diteur), "Guide to Stability Design Criteria for Metal Structures", John
Wiley and Sons, New York, 1988.
4. McGuire, W., "Steel Structures", Prentice-Hall Inc. , Englewood Clifs, N.J., 1988.
5. Picard, A. et Beaulieu, D., "Calcul des charpentes en acier", Institut Canadien de la
Construction en Acier, 1991.
6. CECM Recommendations of Steel Shells, Publication CECM n 56, 1988.
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Ecole Nationale Suprieure dArts et Mtiers
Centre de Cluny
Stabilit Applique