Arnold La Querelle de La Poesie Pure RHLF 1970 Mai-Juin
Arnold La Querelle de La Poesie Pure RHLF 1970 Mai-Juin
Arnold La Querelle de La Poesie Pure RHLF 1970 Mai-Juin
1. Jean Royère, «Poésie », Les Solstices, 1re année, n° 1 (1er juin 1917), p 14-16.
2. Jean Royère, « [Réponse à l'enquête sur] L'Influence réciproque de la littérature
française et des littératures étrangères », L'Europe nouvelle, 3e année, n° 44 (28 novem-
bre 1920), p 1760
3. Jean Royère, Le Musicisme, Pans, Messein, 1929, p. 180
4. Jean Royère, Clartés sur la poésie, Paris, Messein, 1925, p. 137.
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Qui sont les poètes que cite Bremond ? Ce sont Georges Duhamel,
Boileau, Raymond Christoflour, Fagus, Tellier et Corneille, dont
il trouve un vers « beau d'une beauté prosaïque ».
La seule fois où, à propos de Valéry, il entre dans les détails de son sen-
timent, c'est pour faire cette confidence plus que troublante : « Dans le
premier poème que j'aie lu de Valéry — pur hasard et ignorant tout de lui
jusqu'à son nom — il y a des vers qui me rendent malade :
Patience, patience,
Patience dans l'azur...
C'est presque aussi douloureux — non, pourtant ! — que l'horrible chose
par où débute L'Ait poétique de Boileau » (p. 85). (Sans doute est-ce la triple
diérèse qui le rend malade, bien que la Bérécynthienne de six pieds, dans le
1. Art. cit.
2. Léon Pierre-Qumt, « Lectures », Revue de France, VI, n° 2 (1er avril 1926), p. 543
3. Les citations dans le texte de M Mounin renvoient à La Poésie pure de l'abbé
Bremond
4. Georges Mounin, « Une Relecture de La Poésie pure », Henri Bremond, 1967.
p 148 On comparera utilement à ce jugement du professeur Mounin — que nous
partageons — l'ouvrage de Decker, qui trouve beaucoup d'originalité aux théories
de Bremond.
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vers de Joachim, ne l'ait pas gêné). Chose paradoxale, les rares fois que
Bremond cite un fragment de plus d'un vers, c'est pour son contenu rationnel,
par exemple le quatrain de Nerval (p. 19), parce qu'il est à peine moins obscur
que la philosophie de Hegel ; ou encore, quinze vers de Tagore (p. 128-129),
qui tournent tout entiers de façon didactique sur la place du sens dans la
poésie. Sur son plaisir à lire les poèmes, on peut penser que Bremond nous
laisse sur notre faim [...] 1.
1. Mounin, p. 148-149.
2. Mounin, p. 151.
3. Valéry . OEuvres, Bibliothèque de la Pléiade, I, p. 1272.
452 REVUE D'HISTOIRE LETTÉRAIRE DE LA FRANCE
Ou encore :
Quelles qu'aient été les résistances à une telle conception [la poésie pure
selon Bremond], il semble qu'elle devait être assez familière aux esprits de
1925 pour ne pas susciter tant de réactions 2.
1. P. 52.
2. Michel Décaudin, Etudes sur la poésie contemporame III — Autour de Valéry
« .
et de la poésie pure », L'Information littéraire, 18° année, n° 5 (novembre-décembre
1966), p. 202
3. Si, dans Les Faux-Monnayeurs, que M. Moisan date de 1922, Edmond fait la
critique du wagnérisme — qui paraissait le nec plus ultra de la fusion des arts en
1890 — ce n'est pas que Gide croyait avoir fait un « roman pur ». L'identification
naïve Gide-Edouard refuse cette distance ironique que Gide, dans le Journal des Faux-
Monnayeurs, tient à établir vis-à-vis de son personnage. Michel Rarmond l'a fort bien
vu dans « L'Idéal et la chimère du roman pur », Le Roman depuis la révolution, A
Colin, Coll. «
U », 1967, p. 304-305. M. Moisan n'avait qu'à se reporter au Journal
des Faux-Monnayeurs pour éviter un contresens qui fausse son argument. A la fin
d'un développement sur la possibilité d'un « roman pur », Gide suggère que le roman
d'où seraient exclus « tous les éléments qui n'appartiennent pas spécifiquement au
roman » est finalement irréalisable « Je crois qu'il faut mettre tout cela dans la
bouche d'Edouard — ce qui me permettrait d'ajouter que je ne lui accorde pas tous
ces points, si judicieuses que soient ses remarques , mais que je doute pour ma part
qu'il se puisse imaginer plus pur roman que, par exemple, La Double Méprise de
Mérimée. Mais, pour exciter Edouard à produire ce pur roman qu'il rêvait, la conviction
qu'on n'en avait point produit encore de semblable, lui était nécessaire Au surplus,
ce pur roman, il ne parviendra jamais à l'écrire » (p. 65).
LA QUERELLE DE LA POESIE PURE 453
Et M. Moisan de conclure :
C'est par là que Bremond appartient à son époque et qu'il entre dans le
sillage des esprits les plus audacieux de ce temps. Sa théorie est la recherche
en poésie d'une pureté métaphysique 3.