Chap4 - L2 - SN - Flux Intracellulaire - Information Génétique-1

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Chapitre 3.

Support de l’information
génétique

1
Matériel de recherche de
la génétique

les acides
nucléiques

2
 Comment est-on arrivé à découvrir ce
matériel ?

 Quel est sa nature ?

 Quelles sont ses caractéristiques?

 Comment est-il synthétisé ?

3
Des séries de travaux effectués entre 1928 et 1952 vont
permettre d'associer définitivement l'ADN à la notion
d'information génétique. Ces travaux présentent beaucoup
plus qu'un intérêt historique : ils sont des modèles
d'analyse faisant appel, pour la première fois, à des
méthodes de la biologie moléculaire.

4
1. Découverte du support de
l'information génétique

1.1.Nature du matériel génétique chez les bactéries

1.1.1. Expérience de GRIFFITH (1928)

5
Les bactéries sont des organismes procaryotes.
Elles possèdent tous les types de macromolécules
caractéristiques de la matière vivante :
 protéines,
 lipides,
 polysaccharides,
 les deux acides nucléiques ADN et ARN.

6
C'est chez ces organismes

que la nature du matériel

génétique a été identifiée en

premier lieu, et ce de

manière très claire, grâce

aux expériences de

transformation bactérienne F. GRIFFITH (1928)

chez le pneumocoque,

Streptococcus pneumoniae. 7
1.1. Nature du matériel génétique chez les bactéries

2 caractères phénotypiques permettent de

distinguer les souches de bactéries :

 la virulence,

 l'aspect des colonies à la surface du

milieu nutritif gélosé.

8
Streptococcus pneumoniae

Deux souches sont identifiées :

 Souche virulente, pathogène, létale

caractérisée par :

 cellules à enveloppe

polysaccharidique,

 colonies à aspect lisse,

 Souche est appelée S (smooth, lisse).


9
Souche non virulente, non pathogène, non

létale, caractérisée par:

 absence de capsule polysaccharidique

 colonies à aspect rugueux

 Souche nommée R (rough, rugueux).

10
• La bactérie Streptococcus pneumoniae : Diplocoque à
Gram positif
• Niche: Nasopharynx chez l'homme, 1 individu sur 2 est
porteur sain
• Pathogène, provoque principalement des pneumonies,
des otites, méningites...
• Représente aux USA environ 500000 hospitalisations et
40000 décès,
• en France environ 10000 décès. 1ère cause de mortalité
par infection chez l’enfant, 1ère cause de
méningite et de surdité acquise chez
l’enfant…
• Cibles privilégiées : enfants, personnes âgées et
individus ayant leur système immunitaire
affaibli (un fumeur aurait un risque augmenté
11
Étapes de la transformation

entrée de l’ADN

complexe nucléoprotéique
3’ 19,5 kDa
(Morrison et Mannarelli, 1979)

12
• Particularités : Possède une capsule polysacharidique
le protégeant du système immunitaire avec une
variabilité importante, environ 90 sérotypes
répertoriés.
• Capable de capturer de l'information génétique
exogène via un système génétique programmé qu'est
la Transformation génétique naturelle. De ce fait, cette
bactérie possède une grande plasticité génétique.

• La transformation est à la base de l'émergence rapide


de clones résistants aux antibiotiques

13
Étapes de la transformation

FR

Bactérie transformante 14
La conversion d'un génotype en un autre par

l'introduction de matériel génétique exogène est

appelée transformation.

Ce phénomène qui a été découvert chez Streptococcus

pneumoniae par GRIFFITH, en 1928, constitue la

première étape de la connaissance de la nature du

support de l'information génétique.

15
 Griffith inocule directement quelques bactéries de
souche S vivantes à une souris. Cette dernière
meurt de pneumonie létale.
 Par contre, une souche R vivante non pathogène,
inoculée à une souris la laisse indemne bien
qu'hébergeant la bactérie. 16
Griffith a par la suite injecter à des souris un mélange
de bactéries S tuées par la chaleur et de
bactéries R bien vivantes.
Le mélange provoqua une pneumonie mortelle aux
souris inoculées.
Les souris tuées par le mélange R vivantes et S mortes
contenaient des bactéries S bien vivantes! 17
Interprétation : les bactéries
vivantes au départ sont de type
R, non virulent. Griffith,
suppose qu'elles ont été
"transformées" par un élément
provenant des bactéries tuées
par la chaleur. Le caractère de
virulence a été transféré de la
souche de bactéries (S) tuées
par la chaleur à la souche (R)
18
1.1.2. Expérience de Avery, MacLeod et
McCarthy (1944)

But: déterminer la nature du

principe transformant

c'est-à-dire l'agent des

débris cellulaires qui est

spécifiquement responsable

de la transformation.
Oswald Théodore AVERY
19
1.1.2. Expérience d'AVERY, MACLEOD et McCARTHY (1944)
1ère partie 2ème partie : identifier la fraction de S
 mélange, dans un tube, des qui entraine la transformation
bactéries S tuées par la chaleur 1. Différentes fractions de cellules S sont
et des bactéries R vivantes mises dans des milieux de culture
après temps de culture contenant des cellules R vivantes
suffisamment long : S

 Ajout d’un anticorps anti R :


Agglutination et sédimentation
des bactéries au fond du tube.
 étalement du surnageant
sur un milieu nutritif
 Développement de colonies de Polysaccharides Lipides RNA Protéines DNA

phénotype S.
CELLULES R VIVANTES

2. Seule la fraction de l’ADN entraîne


la tansformation des R en bactéries
de type S. C’est l’ADN qui est le
R R R R
principe transformant. S

3. Interprétation: une bactérie peut acquérir de nouveaux caractères


phénotypiques, de nouvelles fonctions métaboliques (sécrétion de
polysaccharides, virulence). 20
La même technique de base a été utilisée pour déterminer la nature du principe
transformant c'est-à-dire l'agent des débris cellulaires qui est spécifiquement
responsable de la transformation.
Ils mélangent, dans un tube, des bactéries S tuées par la chaleur et des bactéries
R. Après un temps de culture suffisamment long, un anticorps anti R est ajouté,
(plusieurs souches de ces bactéries ont été répertoriées, qui diffèrent par leurs
propriétés antigéniques), les bactéries R sont agglutinées et sédimentent au fond du
tube, le surnageant est ensuite étalé sur un milieu nutritif et l'on s'aperçoit que des
colonies de phénotype S se développent. Cette manipulation in vitro va servir à
l'identification du principe transformant en ajoutant à des bactéries R, non plus des S
tuées par la chaleur mais des extraits relativement purifiés de celles-ci. Les auteurs de
ce travail se tournent d'abord vers les polysaccharides de la paroi, sans aucun résultat
puis vers les protéines sans plus de succès, ils n'obtiennent quelques cas de
transformation qu'avec des préparations d'acides nucléiques et particulièrement d'ADN.
21
AVERY et al. ont séparé les différentes classes de molécules présentes dans les
débris des cellules S mortes et ont testé l'aptitude de chacune d'elles à induire la
transformation. Ces tests ont montré d'abord que les polysaccharides eux-mêmes n'ont
aucune activité transformante. Dès lors, la capsule polysaccharidique, tout en étant
impliquée dans l'action pathogène, n'apparaissait que comme l'expression phénotypique
de la virulence. Par l'examen des différentes classes de molécules, AVERY et al. ont
établi que seul l'ADN était capable d'induire la transformation des cellules R (Figure 9).
Ils en déduisent que l'ADN est l'agent qui détermine la présence du polysaccharide et,
par conséquent, le caractère pathogène. La démonstration que l'ADN est le principe
transformant constitue la première preuve que les gènes sont composés d'ADN.
En fait, une partie des gènes des cellules de la souche S tuées intègre le patrimoine
génétique (l'ADN) des cellules de la souche R et dirige la synthèse des polysaccharides
formant la capsule. Dans ces conditions, il est évident que la chaleur ne fait que
dénaturer l'ADN des cellules S.

22
Support de l’information génétique chez les bactéries
Isolement du DNA Protéase
Culture
Type S DNA pure
Type R
Isolement du DNA RNase
Culture
Type S DNA pure
Type R
Isolement du DNA DNase
Culture
Type S DNA pure
Type R
Expérience de Avery, MacLeod et McCarthy (1944)

les enzymes DNAse et RNAse pouvaient être utilisées en lieu et


place de la chaleur pour détruire, respectivement, l'ADN et l'ARN.

23
1.1.3. Expérience de ALLOWAY (1933)
Version in vitro de l'expérience
de GRIFFITH.
Un mélange d'extrait de cellules
S tuées par la chaleur et de
cellules R est mis en culture.
Après incubation, plusieurs
colonies de cellules R et
quelques colonies de cellules S
apparaissent sur le milieu de
culture.
Conclusion : le principe
transformant est extractible 24
1.2. Nature du matériel génétique
chez les virus
1.2.1. Reproduction des virus

VIRIO 25
N
Les virus
sont dépourvus des constituants élémentaires qui
permettent de définir les cellules.
 ne possèdent ni membrane, ni cytoplasme, ni
noyau.
sont une catégorie exceptionnelle d'organismes
définie par leur nature acellulaire.
 Conséquence : parasitisme cellulaire obligatoire.
Le cycle de vie d'un virus comporte deux phases :
 un état intracellulaire actif
 Un état extracellulaire virion : assemblage inerte
de molécules organiques

26
On peut opposer deux phases dans le cycle de vie
d'un virus. L'une correspond à un état intracellulaire
actif. L'information génétique du virus détourne le
métabolisme de la cellule hôte à son profit ; elle
utilise les molécules organiques et les structures
cellulaires de la cellule hôte pour réaliser la synthèse
de nouvelles particules virales. Le virus se multiplie
de cette manière au dépend de la cellule dont il est
hôte. Ceci explique les propriétés pathogènes des
virus car la cellule hôte ne survit généralement pas à
l'infection. L'autre phase correspond à un état
acellulaire qui se déroule dans l’environnement.
La nature de l'acide nucléique permet de
classer les virus en deux catégories : les virus à ADN
et les virus à ARN. 27
1.2.2. Expérience de Hershey et Chase (1952)

L'argument de AVERY et al. a été


confirmé par les résultats de
l'expérience de HERSHEY et CHASE
(1952) qui ont utilisé le phage T2
(ou Bactériophage T2 qui est un
virus). Ils estimèrent que l'infection
par le phage devait comporter Alfred HERSHEY
l'introduction dans la bactérie d'une
information spécifique capable
d'imposer à celle-ci la multiplication
virale.

28
L’utilisation des isotopes radioactifs comme traceurs
ou marqueurs permet de suivre la destinée des
1 2

macromolécules.
A Bactérie L'expérience de ces auteurs est basée sur le fait
Milieu nutritif
XX N
N N qu'on ne trouve pas de phosphore dans les protéines
X X 35
S 32
P N alors que le soufre en est un constituant important.
X X NN N
Inversement, le soufre qui est présent dans les
protéines n'est jamais présent dans l'ADN.
Cette expérience comporte quatre étapes:
B
X
X
N Bactériophage
A. Des bactéries sont mises en croissance dans deux
milieux dont l’un contient le précurseur radioactif 35S
X X Bactéries N
N
X marquées N

marquant les protéines (milieu 1) et le précurseur


32P marquant l'ADN (milieu 2).

B. Après intégration des précurseurs par les bactéries,


X
X
Bactériophage
elles sont infectées par les phages.
C. les phages s'adsorbent sur la bactérie et injectent à
X N
C XX
X
X N
l'intérieur une molécule informative. Après cette
XX N
Protéines ADN
X
X marquées marqués N
X
étape d'adsorption, les auteurs agitent violemment la
AGITATION VIOLENTE
suspension pour décrocher ce qui reste à l'extérieur
CENTRIFUGATION des bactéries, après centrifugation, on obtient un
culot bactérien contenant le 32P et un surnageant
XX contenant le 35S.
X XX X X

D XX
XX XXXX
Surnageant
D. Le culot contient l'information phagique et le
NN
surnageant la capside. C'est la démonstration
Culot N N éclatante que l'information génétique du
bactériophage, qui pénètre à l'intérieur de la bactérie
29
est de l'ADN et que la capside protéique ne sert que
d'emballage.
Support de l’info. génétique chez les virus à ARN

1.2.3. Les expériences de Conrat, Williams,


Gierer et Schramm
La mosaïque du tabac
Acide nucléique
(ARN)

Protéine

Le virus de la mosaïque du
tabac (VMT)
30
Ces auteurs ont montré chez les virus à
ARN que le support de l'information
Infection
génétique correspond également à l'acide
nucléique. Leurs expériences intéressent
notamment le virus de la mosaïque du
Protéines pures
tabac (VMT). Ce virus pénètre dans les Infection
cellules des feuilles de tabac et perturbe
leur métabolisme. Les cellules infectées
perdent leur chlorophylle. Les zones
VMT
contaminées présentent des taches Infection
jaunâtres.
L'enveloppe protéique des
bâtonnets de VMT est constituée de plus de
ARN pur
2000 molécules protéiques identiques qui
présentent un arrangement hélicoïdal
autour de la molécule d'ARN centrale. Expérience de Conrat, Williams et Schramm
31
Il est possible in vitro de
séparer l'ARN des protéines.
Feuille de tabac Virus A Virus B Feuille de tabac

Dans les conditions propices,


lorsqu'on remet en présence
RNA A Protéine A Protéine B RNA B l'ARN et les protéines, celles-ci
vont spontanément s'assembler
Virion mixte Virion mixte autour de la molécule d'acide
nucléique de manière à
reconstituer un virion complet.
Ces propriétés ont permis à
Virus A Virus B
CONTRAT et al. :
1. de tester le pouvoir infectieux
Il a ainsi été établi que l'ARN pur est de chacun des constituants
capable d'infecter les plantes de tabac (avec isolement ;
2. de fabriquer in vitro des
un rendement faible), alors que les protéines virions mixtes constitués d'un
pures en sont incapables. A partir des taches ARN et de protéines issus de
apparues sur les feuilles de tabac infectées par souches différentes de VMT.
La spécificité est donc fournie par
l'ARN pur, on retrouve des virions complets.
l'acide nucléique et non par la
L'ARN du VMT contient donc l'information protéine. Ainsi, chez les virus le
support de l'information génétique
nécessaire au processus d'infection et à la
peut être l'ADN (Phage T2) ou 32
l'ARN
synthèse des protéines du virion (VMT).
La possibilité de reconstituer in vitro des virions complets à partir des
deux constituants moléculaires du VMT a suggéré une expérience qui a
confirmé la conclusion précédente. Elle démontre que si deux virus
diffèrent pour un caractère particulier héréditaire, ce caractère est
transmis par l'ARN.
En fait il existe chez VMT des mutants qui produisent des taches
dont la taille, la forme ou l'intensité de coloration sont différentes. A partir
de deux souches de virus qui provoquent des taches d'aspects différents,
on constitue des virus mixtes : l'ARN de chaque souche est réassocié avec
les protéines de l'autre. Lorsqu'on infecte des plantes de tabac avec
chacun de ces deux types de virus mixtes, on constate que les taches
correspondent toujours à celles qui auraient été obtenues en infectant par
le virus qui a fourni l'ARN.
La spécificité est donc fournie par l'acide nucléique et non par la
protéine. Ainsi, chez les virus le support de l'information génétique peut
être l'ADN (Phage T2) ou l'ARN (VMT). Les protéines virales ont
essentiellement un rôle de protection de l'acide nucléique durant son
séjour hors de la cellule hôte. Elles peuvent également faciliter la
pénétration de cet acide nucléique dans la cellule hôte (Phage T2).
33
1.3. Nature du matériel génétique chez les eucaryotes

En 1869, Friedrich Miescher isolait la "


nucléine ", l'ADN et les protéines
associées, à partir des noyaux
cellulaires. Il fut le premier à identifier
l'ADN en tant que molécule à part
entière.
Il détermina qu'elle était constituée
d'hydrogène, d'oxygène, d'azote et de
phosphore et le rapport
phosphore/azote était constant.

34
Plusieurs arguments indiquent de manière certaine
que l'ADN correspond au matériel génétique des
eucaryotes :

 L'ADN est localisé dans les chromosomes. Et, les


observations cytologiques et génétiques prouvent
conjointement que les chromosomes sont les supports
de l'hérédité (théorie chromosomique de l'hérédité).

35
 Les lois de la reproduction conforme (Mitose) ne s'expliquent que si
le matériel génétique est en quantité constante dans un même clone
cellulaire, ou à l'intérieur des cellules composant les organismes
d'une même espèce. Si chaque gène est très exactement reproduit
d'une génération cellulaire à la suivante, alors, la quantité de la
substance chimique qui correspond au matériel génétique est elle-
même constante. Ceci est précisément vérifié pour l'ADN, mais
nullement pour les autres types de molécules.

 L'ADN est remarquablement stable. Le dédoublement d'ADN qui


précède chaque division cellulaire correspond à la synthèse d'une
quantité d'ADN équivalente à celle qui existait. Cette stabilité
métabolique est celle qu'on attend du matériel génétique et ne
s'applique pas aux autres types moléculaires qui sont constamment
renouvelés.
36
Cellules épithéliales en culture.
En vert l'ADN. En rouge filaments de keratine
37
 Des arguments directs ont été obtenus grâce à la possibilité
de transférer des fragments d'ADN d'organismes donneurs
eucaryotes variés à des cellules receveuses différentes
correspondant soit à des bactéries, soit à des cellules
eucaryotes (génie génétique ou technologie de l'ADN
recombinant). Ces fragments d'ADN sont capables de
conférer à la cellule receveuse de nouvelles propriétés : un
phénotype. Une relation (causale) peut être établie entre le
maintien ou la perte du fragment d'ADN dans les cellules
descendantes et le maintien ou la perte de ces nouvelles
propriétés.

38
2. Structure et fonctionnement du support de
l'information génétique
HISTORIQUE

La caractérisation et la découverte de la structure chimique de l'ADN se


sont faites en plusieurs étapes.
En 1869, le Suisse Friedrich Miescher isole une substance riche en
phosphore dans le noyau des cellules, qu'il nomme nucléine (du latin
nucleus, le noyau)
En 1889, l'Allemand Richard Altmann sépare à partir de la nucléine, et
des protéines une substance acide nucléique.
En 1896, l'Allemand Albrecht Kossel découvre dans l'acide nucléique les
4 bases azotées A, C, T, G.
En 1928, Phoebus Levene et Jacobs (USA) identifient le désoxyribose.
En 1935, on parle alors d'acide désoxyribonucléique.
En 1944, l'américain Oswald Avery découvre que l'ADN est responsable
de la transformation des bactéries et que ce serait bien le support de
l'hérédité. Mais, certains scientifiques restent sceptiques et
n'abandonnent pas l'idée que les protéines puissent porter l'information
génétique. En 1952, l’expérience de Hershey et Chase invalide
définitivement cette dernière hypothèse. 39
Une fois que le rôle de l'ADN dans l'hérédité
devint évident, de nombreux chercheurs
entreprirent des travaux en vue de déterminer sa
structure exacte. Comment une molécule
contenant un nombre aussi limité de constituants
différents pouvait-elle stocker l'énorme quantité
d'informations nécessaires pour décrire la
structure primaire de toutes les protéines des
organismes vivants ?

40
Structure du support de l’information génétique (ADN)
La mise en évidence de cette structure est l'œuvre de WATSON et CRICK (1953) qui
disposaient de deux types de données.

James D. Watson et Francis Crick 41


C'est au laboratoire Cavendish de Cambridge, qu'a été établie la
structure en double hélice de l'ADN, grâce à la technique de diffraction
des rayons X sur des cristaux de l'ADN, qui est publiée dans Nature, le
25 avril 1953. On doit cette découverte à James Watson, alors âgé de
25 ans et Francis Crick, physicien de formation, qui reçurent tous deux
le prix Nobel de physiologie et de médecine, le 31 octobre 1962.

Confirmée par Maurice Wilkins, cette découverte ne fut rendue possible


que par le travail de Rosalind Elsie Franklin notamment pour son cliché,
le numéro 51, élément nécessaire à Watson, Wilkins et Crick pour
attester le bien fondé de la structure de la double hélice de l'ADN..

En 1959, le prix Nobel de physiologie ou de médecine est décerné à


Severo Ochoa de Albornoz et à Arthur Kornberg pour la découverte du
mécanisme biologique de la synthèse de l'acide désoxyribonucléique.

42
Structure du support de l’information génétique (ADN)

43
James D. Watson
2.1. Les acides nucléiques
oStockage
ADN
-D-ribose (ARN)
omaintien
ARN
otransfert
-D-désoxyribose (ADN)

 Les acides nucléiques assurent le stockage, le maintien et le transfert de


l’information héréditaire.
 Ce sont des chaînes polynucléotidiques,
 Ils sont constitués d'un sucre à 5 atomes de carbone (pentose),
Le pentose est le -D-ribose dans le cas de l'ARN et le -D-désoxyribose
dans le cas de l'ADN.
Les atomes de carbone du sucre sont numérotés conventionnellement de
façon à faciliter leur identification. Les atomes du sucre portent les chiffres
1' à 5'. Le prime ajouté à ces derniers les distingue de ceux des bases. 44
Les atomes des bases portent les chiffres 1 à 6 pour les pyrimidines et 1 à 9 pour
les purines.

 Les acides nucléiques sont également constitués d'un groupe phosphate


et de bases azotées.
Les bases azotées, au nombre de cinq au total, sont de deux types :
- Les purines (bases à deux hétérocycles azotés) : adénine (A) et
guanine (G)
- Les pyrimidines (bases à un seul hétérocycle azoté) : cytosine (C),
thymine (T) ou uracile (U).
L'azote des bases ainsi que les atomes de carbone sont numérotés
conventionnellement de façon à faciliter leur identification. 45
Trois unités de formation sont observées au niveau des acides
nucléiques :

 nucléosides
 nucléotides
 polynucléotides

2.1.1. Les nucléosides

Sont constitués
d’un pentose
 d’une base azotée

Acide ribonucléique

Acide désoxyribonucléique 46
Structures typiques des nucléosides
C1' + N1
(pentose) +
(pyrimidine)
C1’ + N9
(pentose) +
(purine)

Liaison N-glycoside

Les nucléosides sont des unités fondamentales des acides


nucléiques (Figure 16). Ils résultent de la formation d'une
liaison N-glycoside entre le carbone 1' du pentose et l'azote
1 des pyrimidines ou l'azote 9 des purines. 47
2.1.2. Les nucléotides OH
A, G, T ou C
HO P O CH2
OH O Bases
 pentose HO P O CH 2
A, G, C ou U O
H H
O Bases Phosphate H
O H
 base azotée Phosphate
H H
H OH H
H
Sucre
OH OH

Groupe phosphate Sucre


Acide désoxyribonucléique
Acide ribonucléique

Le nucléotide résulte de la liaison par estérification d’un groupe


phosphate avec le carbone 5' de l'ose du nucléoside.
Avec son carbone 5', l'ose du nucléoside s'associe au phosphate
 par une liaison ester.
Le même phosphate peut former des liaisons anhydrides d'acide
avec d'autres groupes phosphate  et  ou ester avec un groupe
hydroxyle du carbone 3' de l'ose. 48
NH2

N
N
H A
O- O- O- H H
N N
  
O P O P O P O5’C H O

O O O H H
H
3’
OH H
Base (A)

désoxyribonucléoside (dN)

désoxyribonucléoside 5’monophosphate(dNMP)

désoxyribonucléoside 5’diphosphate (dNDP)

désoxyribonucléoside 5’trihosphate (dNTP)

Nucléotide triphosphate

49
Structure du support de l’information génétique (ADN)
2.1.3. Les polynucléotides
Les polynucléotides sont
liaison ester formés par la liaison de
plusieurs nucléotides.
liaison N-glycoside
Dans les polynucléotides,
le groupe phosphate
attaché au carbone 5'
d'un sucre est lié au
Liaison groupe hydroxyle 3' du
phosphodiester
carbone du sucre suivant.

La liaison chimique par laquelle les sucres des nucléotides adjacents sont
liés par l'intermédiaire du groupe phosphate est appelée liaison
phosphodiester. 50
2.2. L'acide désoxyribonucléique (ADN)
2.2.1. Structure primaire de l’ADN
Extrémité Queue la polarité du nucléotide La structure primaire de l'ADN fait
5'-P Extrémité 5’ avec le
groupe phosphate Extrémité 5’ ressortir la polarité du polynucléotide.
NH2
-O

L'orientation 5'-3'-5'-3' des liaisons


N
N
-O P O H A P A
O N H
N

continue à travers la chaîne dont le


5’CH2 O

H H
H
3’ O

nombre de monomères peut être de


O H H

-O P O H
N

G
N P G
O N NH2

l'ordre de plusieurs millions.


N
5’CH2 O

H H
H
3’
C
Tout acide nucléique se trouve ainsi
O NH2

-O
H
P
P O H
N
O C

5’ CH2 O
H N O
orienté avec une extrémité 5' phosphate
H H
H
HO
(5'-P) libre (appelée queue) et une
3’
OH H

asymétrie autre extrémité 3' hydroxyle (3'-OH)


Extrémité 3’ avec
l ’hydroxyle (-OH)

Extrémité 3’
libre (appelée tête).
Extrémité 3'-OH tête
L'asymétrie des extrémités des brins
d'ADN constitue la base chimique de sa
polarité.
51
2.2.2. Structure secondaire de l'ADN

3’-OH
5’-P
Extrémité 3’
HO
Extrémité 5’

P
La structure secondaire de la
T A P

molécule d'ADN révèle sa


P

nature bicaténaire i.e. molécule


G C P

P
A T P à deux brins antiparallèles : la
P
C G P
double hélice.

HO Extrémité 5’

Extrémité 3’

3’-OH 5’-P
Molécule bicaténaire
brins antiparallèles : double hélice
52
Découvertes en physique
Les premières données étaient obtenues des
expériences de diffraction de rayons X au sujet
de l'ADN. Dans ce type d'expérience, on dirige
un faisceau de rayons X sur les fibres d'ADN et
la diffraction des rayons par ces fibres est mise
en évidence en les recevant sur un film
photographique où ils produisent un certain
nombre de tâches. L'angle de diffraction que
représente chaque tâche visible sur le film
fournit une information quant à la position des
atomes ou de certains groupes d'atomes dans
Image de la diffraction aux la molécule. 53
rayons X pour des fibres d’ADN
La découverte de la structure en double hélice
de l'ADN, a été rendue possible que par le
travail de Rosalind Elsie Franklin notamment
pour son cliché, le numéro 51, élément
nécessaire à Watson, Wilkins et Crick pour
attester le bien fondé de la structure de la
double hélice de l'ADN. En effet ce cliché
obtenu par diffraction aux rayons X sur des
cristaux d'ADN , met en évidence la structure
en double hélice, ainsi que la distance entre
les bases azotées. Rosalind Elsie Franklin,
mourut avant l'attribution du prix Nobel. Ce
n'est qu'après des années que Rosalind Elsie
Franklin a été associée à cette découverte sur
54
Rosalind FRANKLIN
le modèle moléculaire de l'ADN.
Les informations suggéraient que l'ADN était une
molécule étroite et très longue comportant deux
parties similaires disposées en parallèles tout le long
de la molécule. Les données obtenues aux rayons X
montraient aussi que la molécule a la forme d'une
55
hélice (ou spirale).
Découvertes en chimie

Le second type de données


dont disposaient WATSON et
CRICK provenait du travail de
CHARGAFF. En étudiant les ADN
de divers organismes,
CHARGAFF avait établi des
règles empiriques quant à la
proportion des différents
constituants de l'ADN

Erwin Chargaff (1905-2002) 56


rapport Observations d'Erwin Chargaff
Organisme A T G C A+T/G portant sur la composition en
+C bases d'ADN provenant de
différentes sources.
E. coli 26,0 23,9 24,9 25,2 1,00
D.pneumoniae 29,8 31,6 20,5 18,0 1,59
Levure 31,3 32,9 18,7 17,1 1,79
Rat 28,6 28,4 21,4 21,5 1,33
Homme 30,3 30,3 19,9 19,8 1,52

A l'époque, il n'était pas question d'obtenir la séquence de ce polymère,


mais il était possible, après hydrolyse complète (c'est à dire rupture de
toutes les liaisons covalentes unissant les monomères entre eux), de
séparer ceux-ci par chromatographie sur papier.
On sépare ainsi quatre constituants : "A","T","G" et "C" , que l'on peut
doser afin d'évaluer leurs proportions respectives.
Le tableau, présente des caractéristiques que Chargaff a su interpréter :
les purines (A et G) et les pyrimidines (C et T) sont également
représentées (50% de chaque), quelque soit la source de l'ADN.

57
La composition en bases
de l'ADN varie d'un
organisme à l'autre mais
les rapports A/T et G/C
sont quasiment égaux et
proche de 1.
La quantité totale de
purines est toujours
égale à la quantité
totale de pyrimidines.
Le rapport des bases
puriques et des bases
pyrimidiques est
toujours égal à 1.
A = T et G = C A+G=C+T

A + G / C + T = 1 (règle de CHARGAFF)
Par contre
A + T / G + C  1 Rapport des bases

Le nombre de T est toujours égale au nombre de A,


et le nombre de C égale à celui de G. Mais la
quantité de A + T n'est pas nécessairement
équivalente à la quantité de G + C. Le rapport
A+T/ G+C varie selon les organismes et semble
être caractéristique de la source d'ADN. 58

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