GENETIQUE FONDAMENTALE - Nature D - Tériel Génétique - Moodle
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L’analyse génétique a permis d’aller très loin dans l’étude du mode de transmission des
caractères, dans certains cas d’interactions entre les gènes, leur mode d’expression peut parfois
être appréhendé grâce au raisonnement mendélien. Les génomes haploïdes tels que ceux des
bactéries et des virus ont révolutionné la notion de gène.
Des séries de travaux s’étalant de 1928 à 1952 vont permettre d’associer définitivement l’ADN à la
notion d’information génétique. Ces travaux sont exposés ci dessous car ils présentent, comme
ceux de Mendel, beaucoup plus qu’un intérêt historique : ils sont des modèles d’analyse faisant
appel, pour la première fois, à des méthodes de la biologie moléculaire.
Le point de départ est une bactérie pathogène, un pneumocoque, agent de la pneumonie chez
l’homme (et, au laboratoire, létal pour la souris). Cet exemple rappelle que ce sont les
pathologistes qui ont amené les généticiens à étudier les procaryotes et les virus.
La virulence de bactéries représente déjà un caractère phénotypique, un autre est apporté par
l’aspect des colonies qui se développent à la surface d’un milieu nutritif gélosé lorsque l’on a
ensemencé une boite de Pétri : un mucopolysaccharide secrété par les bactéries donne un aspect
huileux aux colonies, ce phénotype est baptisé "S" (comme smouth = lisse).
Lors de repiquages et d’étalement successifs, on voit parfois apparaître des colonies présentant
un phénotype différent : "rugueux" par opposition à lisse désigné par "R" (comme rough).
Inoculées à une souris, les bactéries de type R s’avèrent non virulentes. Les deux phénotypes
sont liés.
* Remarque : L’apparition, rare et spontanée, de variants dans une population bactérienne est le
résultat d’une mutation. A l’origine, une seule bactérie est modifiée mais cette modification
étant héréditaire, la colonie que l’on observe représente en fait la descendance de la bactérie
mutée.
* Remarque : Selon des mécanismes qui seront détaillés plus tard, l’accident mutationnel peut,
dans certains cas, se produire "dans l’autre sens" : dans une population R peut spontanément
réapparaître un individu S (phénomène de réversion), cette modification est, elle aussi
héréditaire puisque ce que l’on observe c’est une colonie S c’est à dire une descendance.
Vers 1928, Griffith réalise une expérience fondamentale :
première étape : il inocule à une souris, des bactéries S (de phénotype virulent) tuées par
la chaleur, les souris ne présentent aucun trouble.
deuxième étape : il inocule des bactéries S tuées par la chaleur après les avoir mélangées à
des bactéries R (phénotype non virulent), des souris meurent de pneumonie. Le
prélèvement de bactéries à partir de souris mortes et leur mise en culture révèle un
phénotype S (et virulent) pour toute la descendance.
Watson et Crick quant à eux ont immédiatement compris la portée de cette conclusion et leur
proposition, en 1953, d’un modèle moléculaire en double hélice maintenue par des liaisons
hydrogène entre des bases précises a marqué une autre étape sensationnelle et décisive de la
génétique moderne. Les éléments de cette découverte sont intéressants à rappeler car ils
fournissent un bel exemple de ce que permet l’intégration d’observations résultant de disciplines
différentes.
Les acides nucléiques sont des polymères de nucléotides de très grande taille (macromolécules).
L’ADN se mesure en centimètres pour la longueur avec un diamètre pour la double hélice de 20
Angstroem.
- un pentose sous forme cyclique (furane): le ribose en ce qui concerne l’acide ribonucléique
(ARN) et le 2’désoxyribose pour l’acide désoxyribonucléique (ADN)
- une base organique est reliée au sucre en 1’ : soit une base purique adénine (A) ou guanine (G)
soit une base pyrimidique : cytosine (C), thymine (T) ou uracile (U), l’ensemble constitue un
nucléoside
- un acide phosphorique vient estérifier une fonction alcool du sucre en 3’ pour constituer un
nucléotide.
Les nucléotides précurseurs de la synthèse d’acides nucléiques sont sous forme triphosphate,
deux phosphoryles (ß et γ) seront éliminés au cours de la polymérisation. La polymérisation
* Remarques pratiques :
1) En raison de leurs doubles liaisons conjuguées, les bases absorbent fortement la lumière
ultraviolette. Il est donc très facile de doser les acides nucléiques en solution en mesurant la
densité optique à 260 nm (maximum d’absorption).
2) En raison des groupes phosphoryls, les acides nucléiques sont chargés négativement, ils se
comportent comme des polyanions et migrent vers l’anode lors d’une électrophorèse.
Pour un acide nucléique donné, seules les bases distinguent les différents nucléotides. Les deux
acides nucléiques sont des polymères à quatre monomères possibles symbolisés par A T G C pour
l’ADN et A U G et C pour l’ARN.
Ces polymères ne sont pas ordonnés (de type ABCD ABCD ABCD ABCD...) mais séquencés ceci
se traduit par une succession de nucléotides qui nous semble aléatoire. Cependant la séquence
des monomères de tout acide nucléique est capitale pour la transmission et l’expression du
matériel génétique. La séquence des nucléotides dans le polymère impose ce que l’on appelle la
structure primaire des polynucléotides.
Le plus souvent, les molécules sont linéaires et possèdent donc une extrémité 5’ phosphorylée et
une extrémité 3’ hydroxylée d’où la représentation simplifiée suivante :
5’P ......................................................................... 3’OH
La structure secondaire des acides nucléiques est imposée par l’appariement des bases c’est à dire
la formation de liaisons hydrogène entre deux bases organiques.
L’ADN est constitué de deux chaînes polynucléotidiques ainsi appariées. Etant donné que, pour
des raisons d’encombrement stérique, deux paires de bases seulement sont stables A.T et G.C, la
séquence d’un brin de cette molécule bicaténaire implique celle de l’autre.
Cette notion de complémentarité est fondamentale pour tout ce qui concerne le métabolisme de
l’ADN in vivo et in vitro.
De plus, les deux bases d’une paire ne sont suffisamment proches l’une de l’autre et ne sont
capables d’établir des ponts hydrogène que si les deux chaînes nucléotidiques sont antiparallèles
soit :
5’P 3’OH
ACGTATGCCCATACGCGCGCG
TGCATACGGGTATGCGCGCGC
3’OH 5’P
Il en résulte, dans l’espace, une double hélice dont le pas de 34 Å correspond à l’empilement de
10 paires de bases.
Enfin, parmi les structures particulières, il faut signaler celle des molécules circulaires : il n’y a
pas d’extrémité 5’ ni 3’ (une liaison phosphodiester les relie). De telles structures (double ou
simple brin), sont fréquentes chez les virus et des éléments génétiques particuliers tels que les
plasmides, le "chromosome" bactérien est également une molécule circulaire
Les liaisons hydrogène, relativement fragiles, peuvent être détruites par chauffage ou par un pH
élevé, dans ces conditions les structures secondaires disparaissent pour l’ADN, le résultat est la
séparation complète des deux brins qui le composent : il y a dénaturation de la molécule. En
raison de la stricte complémentarité des bases, la dénaturation est réversible, les deux brins
peuvent, dans des conditions appropriées de température et de force ionique, rétablir des liaisons
hydrogènes entre leurs bases et reprendre la configuration en double hélice d’origine. Il faut bien
comprendre que ce phénomène ne dépend que de la complémentarité de deux séquences
nucléotidiques et non de l’origine de chaque brin.
Exemples :
Molécule native :
AATGCCGTCACTTTAGCTATA
TTACGGCAGTGAAATCGATAT
Molécule dénaturée :
AATGCCGTCACTTTAGCTATA
TTACGGCAGTGAAATCGATAT