MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE Old1
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE Old1
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE Old1
Ali Smida
2007
Introduction et conditions préalables
Le Management Anticipatif tel qu’il est entendu ici est une perspective du Management
Stratégique qui privilégie tout particulièrement l’aspect anticipatif avec ses dimensions réactive,
préactive et proactive. Il s’inscrit dans le programme du MPPA.
Pour pouvoir suivre et profiter de cet enseignement, les étudiants doivent :
Le monde connaît depuis deux décennies des changements économiques et politiques sans
précédents, à la fois par leur nature et par leur vitesse. La mutation ainsi réalisée est l’émergence
d’un nouveau monde sans frontières pour les échanges d’idées, de services, de marchandises,...
Au double cloisonnement politique et économique d’hier ( rideau de fer séparant les deux blocs
idéologiques et barrières douanières morcelant les pays en micro espaces économiques, tout en
enfermant chaque état à l’intérieur de ses propres frontières ) a succédé une ouverture, sans
précédent, de l’environnement de l’entreprise.
L’entreprise, elle-même, a connu des changements importants qui touchent sa structure, les
mécanismes de se gouverner, les moyens et les compétences qu’elle déploie pour faire face à une
concurrence acharnée, à une responsabilité vis-à-vis de ses salariés, de sa citoyenneté, de son
environnement écologique,…
Quels que soient son secteur et sa taille, l’entreprise d’aujourd’hui essaie, pour être compétitive
de faire appel aux méthodes organisationnelles et aux technologies les plus avancées de son
univers stratégique. Son adaptation à un environnement de changement permanent, et sa capacité
d’innovation organisationnelle et technologique constitue désormais un avantage concurrentiel
de premier rang. Elle est amenée, après avoir clairement identifié son marché et déterminé les
variables clés qui y assurent le succès, à créer les conditions et à mettre en place les mécanismes
qui lui permettent d’améliorer sans cesse sa position concurrentielle. Celle-ci sera d’autant plus
renforcée et durable que les managers de l’entreprise possèdent une capacité importante à
anticiper les futurs.
1
Des situations nouvelles et inattendues sont ainsi apparues obligeant théoriciens et praticiens de
l’entreprise à remettre en cause leurs certitudes et à faire appel à des concepts et des outils plus
appropriés aux nouvelles donnes pour pouvoir avancer en environnement ouvert.
Les concepts et outils de management stratégique, sur lesquels s’appuie ce cours, seront
mobilisés en insistant, à chaque instant, sur la nécessité de privilégier l’attitude anticipative du
manager. Une place de choix sera réservée à l’articulation entre stratégie et prospective.
Ce cours se donne pour ambition, non seulement de familiariser les étudiants avec les concepts,
les théories et les outils du management stratégique avec une perspective anticipative, mais aussi
de les amener à avoir, face aux changements futurs, une attitude privilégiant la veille,
l’imagination et l’action qui sont les principales dimensions de la proactivité.
Contenu du cours
La stratégie engage l’avenir de l’entreprise dans la durée. Les managers qui en ont la charge
doivent d’abord bien comprendre la nature des décisions qu’ils prennent. Celles-ci tendent à
réaliser les objectifs de l’entreprise, en essayant d’utiliser au mieux les ressources et les
compétences de l’entreprise, tout en tenant compte des contraintes d’un environnement de plus en
plus turbulent. Pour conforter la pérennité de l’entreprise, toutes ces réflexions et ces actions
doivent être bâties sur les anticipations du futur qui tiennent compte de la vision des dirigeants,
des intentions des concurrents, des attentes des parties prenantes. Cependant, cette approche ne
doit pas négliger le poids des invariants, des constantes, des grandeurs structurelles forgées par la
culture de l’entreprise, par celle du secteur ou du pays.
Après une introduction présentant la stratégie (son historique, sa place dans l’entreprise, …) et la
nécessité de l’anticipation pour la survie de l’entreprise d’aujourd’hui, ce cours développe les
parties suivantes :
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- La phase de construction des options stratégiques
Il s’agit de déterminer les domaines d’activités stratégiques ou DAS et d’en exposer
les fondements.
L’accent sera mis sur la nécessité d’adapter, à des entreprises de taille réduite d’un
pays émergent, les options stratégiques fondées sur les DAS et qui ont été conçues
pour de grandes entreprises aux activités multiples.
Il sera également tenu compte, dans l’anticipation et la détermination des DAS, de
l’environnement turbulent et de la concurrence basée sur l’obsolescence des produits
et des technologies.
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MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE
INTRODUCTION
A la question « En quoi consiste votre métier? », François-Henri Pinault, qui préside à la
destinée de l’un des groupes1 les plus puissants du domaine du luxe2 et de la distribution3
répond : « Avoir une vision de PPR, la transformer en stratégie. Accompagner sa mise en
œuvre, et surtout son exécution. Mon rôle est aussi de dynamiser les équipes, de superviser les
plans d’action. Car dans des groupes comme le nôtre, si les impairs stratégiques sont rares, en
revanche, les erreurs proviennent souvent de l’exécution » (Magazine Air France, n° 111,
juillet 2006, p. 52-56).
Cette citation montre à quel point il est important d’articuler une vision, de la transformer en
stratégie et de veiller à sa mise en œuvre. L’articulation entre le niveau de la mutation de
l’organisation (surtout dans un environnement complexe et turbulent) et celui de sa co-
évolution avec cet environnement est indispensable. Mais il n’est pas moins indispensable de
placer l’homme au centre des préoccupations des décideurs. Ces idées ont été développées, à
des degrés divers, par la prospective et la stratégie, mais souvent séparément.
Dès sa naissance, il y a plus de cinquante ans, la prospective a essayé de donner une place
centrale à l’homme, à l’incertitude et aux discontinuités (Berger, 1959-a, 1959-b, 1964, 1967 ;
Fourastié, 1956, 1964, 1966 ; de Jouvenel, 1965, 1970, 1972 ; Massé, 1967-a, 1967-b). On y
trouvait déjà certaines prémices de plusieurs théories qui se développeront plus tard et
auxquelles la stratégie commence à s’intéresser : théories de la complexité, du changement,
La prospective et la stratégie ont alors évolué en parallèle, et, à quelques exceptions près
(Godet, 1991 ; Joffre et Wickham, Lesourne et Stoffaës, 1996 ; Smida, 1995 ; Wickham,
1996 ;… ), elles se sont ignorées. Pourtant leurs fondements théoriques montrent que leurs
ancrages communs sont multiples.
Pourtant, la prospective et la stratégie ont plusieurs points d’intérêt communs qui pourraient
donner lieu à des synergies méthodologiques fortes mettant l’accent sur l’anticipation des
futurs et sur les manœuvres pour favoriser les avenirs souhaitables et écarter ceux qui sont
défavorables. Ce cours propose une démarche intégrative d’enrichissements mutuels entre ces
deux disciplines, donnant naissance à ce que nous pouvons qualifier de « management
anticipatif stratégique » ou MAS.
4rappelons que l’origine et les références de la stratégie d’entreprise et celles de la prospective sont éloignées,
voire antagonistes. Elles sont militaires pour l’une (Clausewitz, 1955 ; Liddle Hart, 1954 ; SunTzu, 1972) et
humanistes pour l’autre (Berger, de Jouvenel, ).
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE
Le concept de stratégie est imprécis et polysémique. Les définitions du mot « stratégie » sont
multiples et les chercheurs sont loin de se mettre d’accord, à son propos, sur une signification
consensuelle (Andrews, 1971 ; Ansoff, 1965 ; Chandler, 1972 ; Hofer et Schendel, 1978 ;
Poirier, 1987 ; Porter, 1980 ;…). « Il faut bien reconnaître (…) que le concept de stratégie
souffre lui-même d’imprécision. Les propositions de définition qui en ont été faites sont
multiples, sans qu’une formulation fasse vraiment l’unanimité » (Desreumaux, 1999-a,
p.593).
Un retour sur l’origine de la stratégie peut nous donner une idée sur l’évolution de ce concept,
sa polysémie, mais avec tout de même une caractéristique « culturelle » qui le marque
encore : c’est l’emprunte militaire que l’on retrouve à la fois dans le langage et la démarche
guerrière de la stratégie. C’est ainsi qu’un stratège d’entreprise (ou d’organisation) définit
sa cible, prépare des plans d’attaque ou de défense, va conquérir des places fortes, dresse
des barrières pour les protéger, etc. (Voir Encadré 1 : Emprunts de la stratégie entreprise
stratégie militaire).
Au cours des 6ème et 7ème siècles avant la naissance de Jésus Christ, le « Strategos »
commence à assumer des fonctions administratives et politiques, et devient un homme d’Etat
important.
Un peu plus tard, les pouvoirs de la « Stratégia » ont été renforcés par la fonction politique
(ouverture sur environnement). La « Strategia » s’est ainsi attribué les affaires extérieures.Le
chef de cette « Strategia » est devenu le commandant en chef de l’armée, le chef de l’état, et le
ministre des affaires étrangères.
Du temps de Périclès, vers 450 avant JC, la « Strategia » a acquis tout le domaine de la
trésorerie, en plus d’une activité militaire de conquête et une activité civile administrative et
de gestion.
A partir des années 1950, différents courants se sont installés, et on trouve des divergences
entre les différentes écoles de stratégies.
Ainsi on parlera dans bon nombre d’entreprises commerciales de guerre économique qu’il
conviendra de mener par une guerre des prix ou encore une guerre pour les parts de
marché.
Au premier sens du terme une guerre pour les part de marché consisterait en un affrontement
armé entre salariés d’entreprises différentes dont le résultat déterminerait les gains ou les
pertes de part de marché.
Par ailleurs, dès 1982 Porter s’est attaché à décrire la stratégie offensive et la stratégie
défensive.
Il n’est pas rare de parler de stratégie de conquête de tel ou tel marché ou encore de
stratégie d’attaque des leaders.
Enfin Michael Porter emploie dans ses stratégies génériques les termes militaires cibles,
front, domination.
Les atouts
Limites
Cette métaphore militaire propose une vision partielle de l’entreprise mettant l’accent sur un
nombre limité de variables et en l’occurrence des variables militaires.
Plus précisément elle encourage les managers à considérer les entreprises présentes sur leur
marché comme des concurrents qu’il convient de dépasser continuellement. L’autre est
l’ennemi, celui qui menace le développement et ou la survie de l’entreprise.
La métaphore militaire est alors accusée d’entretenir le mythe de la concurrence, et, ainsi de
faire perdre de vue à l’ensemble des entreprises toutes les solutions de coopération pour ne
retenir que les solutions de coercition (Smith et al, 1993). Certaines théories, comme celle des
Parties prenantes (TPP), sont désormais proposées pour corriger ces défauts de la stratégie
« classique » de l’entreprise.
La métaphore militaire est par ailleurs accusée de renforcer les valeurs de planification en
entretenant le mythe de l’Etat major qui planifie les actions que les opérationnels mettent en
œuvre sur la ligne de front. De cette façon le succès d’Austerlitz fut essentiellement attribué
au génie de Napoléon.
Ainsi dans cette perspective les entreprises sont supposées attaquer leurs concurrents ou se
défendre contre leurs manœuvres.
Cette métaphore militaire repose sur la notion essentielle de conflit permanent. Les entreprises
sont identifiées comme concurrentes et ne peuvent survivre ou se développer que de façon
coercitive.
David Rogers; en analysant les principales batailles de l’histoire (Rogers, 1988), les modes de
pensée des grands chefs de guerre (César, Napoléon, Eisenhower...), et les écrits des grands
stratèges militaires (Machiavel, Clausewitz, Mao Tse Tung...), et en les comparant aux
stratégies des grandes entreprises multinationales surtout, montre comment le monde des
affaires obéit aux même règles que celles de la guerre.
Pour D. Rogers, «en affaires comme à la guerre, une seule chose est certaine: il y a un
perdant» (Rogers, 1988).
L’auteur se propose de reprendre les réponses des plus grands maîtres militaires aux grands
problèmes qui se posent dans le monde des affaires en s’appuyant de temps à autre sur des
maximes militaires. Les réponses se rapportent aux problèmes suivants:
-Direction : «un bon commandement est la condition de la supériorité d’une entreprise sur ses
concurrents. Il n’existe pas de soldats faibles avec un général fort, affirme une maxime
militaire ».
-Poursuite de l’objectif (mise au point du plan) : basé sur une étude empirique Rogers
affirme que les entreprises qui réussissent respectent toutes le principe militaire de «la
poursuite de l’objectif ». Toutefois, la maxime militaire «aucun plan ne survit au contact de
l’ennemi » devient en affaires : «aucun plan ne survit ne serait ce qu’au premier contact avec
les réalités du marché », ce qui reflète une certaine remise en cause du caractère dominant de
la planification.
-Concentration massive des forces au point décisif : les entreprises qui réussissent sont
celles qui savent repérer les points décisifs et qui y concentrent le maximum de forces.
-Choix du passage le moins protégé : la pratique de la guérilla est la forme la plus adaptée à
cette situation ainsi que le principe de la surprise et l’approche indirecte de la stratégie de
manière générale. Cette pratique consiste tant en guerre qu’en affaires à exploiter les
faiblesses de l’adversaire.
-L’assurance que chacun remplit son rôle : le Maréchal français Maurice De Saxe déclarait
un jour : «ce ne sont pas les grandes armées qui remportent les batailles ; ce sont les bonnes ».
S’assurer que chacun remplit son rôle au sein de l’entreprise relève de la gestion des
ressources humaines. Le principe d’économie des forces trouve ici son plein sens.
Pour D. Rogers, «la seule connaissance de ce principe n’est pas d’un grand secours. Seuls ces
principes ne sont en effet que des abstractions », ils ne prennent vie que lorsqu’ils sont
appliqués.
1. INTRODUCTION
La stratégie fait partie de ces concepts qu’Edgar Morin (1990) appellerait un mot problème et
non un mot solution tant il est imprécis et polysémique. Ce problème est renforcé par le
processus de « balkanisation » des recherches en stratégie qui a donné lieu à une multitude
d’approches et d’écoles de pensée. Les définitions du mot « stratégie » sont donc multiples et
varient d’un auteur à l’autre et les chercheurs sont loin de se mettre d’accord, à son propos,
sur une signification consensuelle. « Il faut bien reconnaître d’autre part que le concept de
stratégie souffre lui-même d’imprécision. Les propositions de définition qui en ont été faites
sont multiples, sans qu’une formulation fasse vraiment l’unanimité » (Desreumaux, 1999,
p.593).
Mais deux grandes catégories de définitions de la stratégie peuvent être distinguées : une
catégorie de définitions présentant la stratégie de façon large et une autre la présentant de
façon restreinte. Dans la conception large, la stratégie est présentée par les auteurs comme la
raison d’être de l’entreprise et sa façon de faire. La décision porte sur le processus de choix
des objectifs, des missions, des fins de l’entreprise et aussi des moyens qui permettent de les
réaliser. Ainsi pour Igor Ansoff (1965), “une stratégie face à la concurrence est une
combinaison des fins, des objets, que s’efforce d’atteindre l’entreprise, et des moyens par
lesquels elle cherche à les atteindre”. Cette distinction entre fins et moyens, c’est à dire entre
le pourquoi le comment, permet, selon Ansoff, de comprendre la notion de stratégie. Pour
Alfred Chandler, 1972), la stratégie comprend tout le processus décisionnel qui consiste à
déterminer les objectifs à long terme de l’entreprise, à choisir les actions pour les atteindre et
à se doter des moyens indispensables pour y arriver. Selon Andrews (1971), la stratégie, est le
type de décision, qui dans une entreprise détermine et fait connaître les objectifs et les
finalités de cette entreprise qui met en oeuvre les principales politiques et les principaux plans
pour atteindre ces objectifs et qui définit les segments dans lesquels l’entreprise veut être
présente et la nature de la contribution économique et non économique, qu’elle entend faire à
ses actionnaires, ses employés, ses clients, ses fournisseurs...
Une autre façon de définir la stratégie est de la limiter aux moyens pour affronter
l’environnement sur une longue durée (Hofer et Schendel, 1978) ce qui garantit la survie et la
compétitivité de l’entreprise. Cette conception restreinte peut se limiter à déterminer et viser
d’une façon assez fine une position concurrentielle dans un secteur donné. Il faudra ensuite
que l’entreprise conquière cette position et la transforme en forteresse par la mise en place
d’un système de défense efficace (construction de barrières à l’entrée) pour pouvoir s’y
maintenir (Porter, 1980).
Il ressort de ces différentes définitions que la stratégie d’entreprise peut être considérée
comme la conception des actions ( pensée stratégique ) et leur mise en œuvre
( implémentation de la stratégie ) qui consistent à assurer la survie et le développement de
l’entreprise en articulant trois pôles :
- Définir et assigner, pour l’entreprise, des objectifs, des buts, des missions, des
fins (Ansoff, 1965 ; Andrews, 1971 ; Lucien Poirier, 1987);
SR
Ressources
La théorie de l’écologie des populations des organisations (TEPO), qui est l’une des
principales branches de l’école évolutionniste, met ainsi l’accent sur la toute puissance de
l’environnement qui contrôlerait totalement l’entreprise, imposerait un processus conduisant à
sélectionner les formes organisationnelles les mieux adaptées (Aldrich, 1979). Les
organisations souffrant de l'inertie structurelle la plus importante seront les premières à
disparaître (Hannan et Freeman, 1989). La dynamique de l’innovation technologique qui
impose aux entreprises la loi « innover ou mourir » illustre ce pôle « évolutionniste » dans
lequel l’adaptation est souvent le seul choix pour survivre (encadré 1).
- le courant des ressources et des compétences qui considère que le développement des
organisations n’est pas déterminé par les opportunités offertes par l’environnement
concurrentiel, mais par la qualité des compétences clés détenues en leur sein appelées « core
competencies » (Hamel et Prahalad, 1989)..
Ce deuxième courant de pensée avance que la réflexion stratégique sur les ressources et
compétences de l’entreprise élabore une stratégie de développement à long terme en
cherchant les synergies et les cohérences entre les moyens disponibles. « Selon cette école, la
stratégie de l’entreprise apparaît comme une conséquence des choix d’investissement et de
développement de ressources qui ont été faits dans le passé et qui déterminent les marges de
manœuvre possibles. La logique d’élaboration de la stratégie s’ancre donc d’abord dans le
diagnostic des ressources et compétences maîtrisées, pour analyser ensuite les modalités de
leur déploiement optimal ainsi que celles de leur développement ou de leur renforcement.
L’analyse de la concurrence intervient dans un second temps pour repérer les activités où
l’entreprise possède, du fait de ses compétences spécifiques, des avantages stratégiques
importants » (Desreumaux, 1999, p.1086).
4. LE PÔLE SO DE L’IMPORTANCE DE L’INTENTION STRATÉGIQUE:
Hamel et Prahalad (1989) ont été les initiateurs de l’idée faisant de l’intention une dimension
stratégique importante. A la suite de lurs travaux, d’autres chercheurs (Smith, 1994 ; …)
soutiennent qu’il est possible, en oeuvrant pour la promotion d’une ambition organisationnelle
forte, d’augmenter l’avantage concurrentiel de l’entreprise. Plus précisément, ces travaux
soulignent la capacité de l’intention stratégique à modifier les croyances au sein de
l’organisation et à canaliser les actions autour d’un projet à long terme. Selon cette école de
pensée, les dirigeants de l’entreprise, après avoir affiné leurs intentions stratégiques,
n’auraient qu’à allouer, de façon optimale les ressources dont ils disposent pour atteindre
leurs objectifs (Allaire et Firsirotu 1993 ). Dans ce cas, on tend à considérer que toute
stratégie souhaitable est réalisable. La concrétisation des objectifs stratégiques de l’entreprise
passerait donc par les intentions stratégiques de ses dirigeants (Eisenhardt et Brown, 2000).
L’intention stratégique est destinée à attirer l’attention vers la victoire, à motiver le personnel
en communiquant autour de la valeur du but, à laisser libre cours aux contributions
individuelles et collectives, à maintenir l’enthousiasme en fournissant de nouvelles
orientations opérationnelles et à guider l’utilisation des ressources (Campbell et Yeung,
1991). L’intention stratégique se rapprocherait ainsi fondamentalement de la vision du fait de
l’existence d’un futur désiré, de la définition d’objectifs compétitifs et de la prédominance du
discours guerrier sur les valeurs de la firme.
Ces différentes dimensions (intention, vision, mission, projet) contribuent à donner, selon
cetains auteurs (Hamel et Prahalad, 1989 ; Varraud, 1998 ; Koenig, 1993), au pôle du futur
une place prédominante dans la conception de la stratégie. « Il ne saurait être question de nier
le poids des contraintes et des tendances lourdes qui façonnent le monde et s’imposent à
l’entreprise, mais seulement d’affirmer que l’adaptation n’est qu’une des cordes de l’arc
stratégique. En d’autres termes, il est urgent de souligner la dimension projective du
management stratégique. Mettre l’accent sur l’idée de projet ne consiste pas à enterrer le
principe de réalité, mais seulement à affirmer que la réalité n’est pas donnée à l’entreprise
mais construite avec son concours » (Koenig, 1993, p. 383).
Avantage à l’attaquant martèle Richard Foster (1986) dans son livre du même titre. Cela veut
dire que celui qui a cette attitude offensive, cette volonté de « créer les opportunités », de
provoquer le changement, autrement dit celui qui a l’intention stratégique en éveil permanent,
bénéficie d’un avantage concurrentiel. Le leader est également celui qui, avant les autres,
provoque le mouvement, qui a l’intention stratégique avec une longueur d’avance sur ses
concurrents.
Plusieurs écrits ont souligné l’intérêt d’être leader dans le domaine de l’innovation
technologique ou dans celui de la conquête de nouveaux marchés (Foster, 1982, 1986).
L’avantage du pionnier provient de celui d’avoir le privilège de fixer le moment de lancer le
produit, la technologie, de se lancer dans le marché. De cet avantage de fixer le moment de
déclencher cette action découle celui d’acquérir une expérience, de pouvoir fixer les prix et
donc de se constituer une rente, de dresser des barrières à l’entrée,… Bref, de l’intention
stratégique découlent les moyens que mobilise l’entreprise pour provoquer le changement au
niveau de son univers concurrentiel.
Même exprimées différemment, ces idées se retrouvent également chez les prospectivistes qui
sont partagés sur la place à donner à l’individu, à la société ou à l’entreprise pour construire
ses avenirs. Les uns favorisent la force de l’environnement, les autres la volonté de l’homme
ou encore expliquent qu’il est tributaire des moyens dont il dispose. Ainsi, l’école française de
prospective ( Berger, 1964 ; Massé, 1967-a, 1967-b ; de Jouvenel, 1972 ;… ) insiste sur la
place accordée à l’homme dans toute réflexion prospective: la liberté de choix de l’acteur y
est fortement soulignée. Cette école est plus proche du positionnement stratégique (comme
projet,…). L’école américaine, quant à elle, ( Kahn et Wiener, 1968 ; Bell, 1976 ;… ) fait du
progrès technique le moteur du changement qui échappe à la volonté de l’homme ( et de
l’entreprise ) et qui en détermine l’évolution. Cette vision est plus proche du rôle donné à
l’environnement (écologie des populations). Par ailleurs, la force de l’environnement est
traduite par les tendances lourdes face auxquelles l’adaptation est la seule action possible ; les
ressources mobilisées le sont essentiellement par la place donnée à l’homme par la
prospective. L’intention stratégique se retrouve dans l’attitude prospective exposée dans les
écrits fondateurs de Gaston Berger (1959-a, 1959-b).
Par Ali Smida
Deux chocs majeurs ont vu leurs effets se conjuguer pour produire la grande mutation qui
caractérise le passage du flambeau du 20ème au 21ème siècle : l’éclatement de l’empire
soviétique et la globalisation de l’économie accélérée et rendue pratiquement irréversible par
l’explosion des nouvelles technologies de l’information. La mutation ainsi réalisée est
l’émergence d’un nouveau monde sans frontières pour les échanges d’idées, de services, de
marchandises,... Au double cloisonnement politique et économique d’hier ( rideau de fer
séparant les deux blocs idéologiques et barrières douanières morcelant les pays en micro
espaces économiques tout en enfermant chaque état à l’intérieur de ses propres frontières ) a
succédé une ouverture, sans précédent, de l’environnement de l’entreprise. « Nous
débouchons ainsi (…)pour la première fois dans notre histoire, sur un environnement
économique totalement ouvert… » ( Wickham, 1994, p. 134 ).
Les anciennes certitudes concernant les concepts et les outils des systèmes économiques et
ceux du management de l’entreprise ont été bousculées par les nouvelles conditions créées par
la mutation de l’environnement de l’entreprise. Ainsi par exemple, « de plus en plus, la
prévision économique se montre défaillante en dépit d’une très grande sophistication
mathématique. Pourquoi ? Précisément parce qu’elle est trop sophistiquée, trop fermée sur
elle-même ; elle oublie que l’économique est lié à du non économique, c’est-à-dire à tous les
autres phénomènes » ( Morin, 1993, p18-19 ). En conséquence, il est indispensable de tenir
compte de l’ouverture sur l’environnement.
Ainsi, qu’elle soit de sens ou d’abondance, la complexité fait désormais partie de la vie et de
l’environnement de l’entreprise d'aujourd'hui ( Baumard, 1996 ), alors que les outils
classiques de la gestion ont été élaborés pour manipuler des objets, des phénomènes et des
situations simples ou à la rigueur compliqués. Continuer à diriger l’entreprise, dans un
contexte d’ouverture totale de l’environnement et de complexité, à l’aide de ces outils et ces
modèles classiques est non seulement inutile mais également dangereux ( Avenier, 1993 ). Ce
danger vient de l’inadéquation entre des outils conçus pour maîtriser, prévoir et connaître
dans le détail et des phénomènes complexes qui ne se laissent jamais totalement comprendre,
expliquer et encore moins maîtriser, quels que soient les efforts fournis, les moyens déployés
et le temps consacré. S’impose alors la nécessaire quête de méthodes appropriées à la
complexité et à un environnement totalement ouvert.
Un certain nombre d’auteurs ont cherché à développer des méthodes pour le management de
la complexité. Certains s’appuient sur les approches systémiques pour proposer ce qu’ils
appellent la pensée globale qui privilégie la réflexion systémique (Probst et Ulrich, 1989 ),
d'autres proposent la modélisation de la complexité ( Le Moigne, 1990 ). D’autres encore
considèrent qu’il est indispensable de promouvoir une pensée dite complexe qui participerait
à développer une culture de la complexité (Morin, 1990).
1.4. Conclusion
Cet environnement ouvert et inédit est une occasion permettant à la prospective de négocier
un virage méthodologique, à la fois au niveau de son horizon et de son champ d’application.
C’est l’occasion pour elle de s’articuler à la stratégie pour donner ce que nous appelons la
« Management Anticipatif Stratégique » (MAS).
Le MAS ne s’identifie pas nécessairement au long terme. Son horizon peut même ne plus se
mesurer uniquement en nombre d'années, même si, s’appuyant sur la prospective, il s’attache
à voir loin. Comme les phénomènes abordés dans un environnement ouvert, courent le risque
de ruptures, dont chacune est susceptible de déboucher sur des scénarios différents, l’horizon
pourrait être estimé en degrés d'incertitude et de probabilité de remise en cause de la stabilité
du système ou du phénomène. Plus la durée de vie des structures concernées est courte - ce
qui est de plus en plus le cas en environnement ouvert-, plus l'horizon auquel s'intéresse le
MAS est proche.
Plus réaliste que la prospective à ses début, le MAS s’intéresse à l’organisation et à son
environnement immédiat au dépens des scénarios trop globaux. Il peut se contenter d’études
partielles et limitées, privilégiant l’efficacité à l’ambition.
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2ème conséquence: l’innovation devient une arme souvent nécessaire, alors que la
concurrence par les prix, par les coûts est devenue aléatoire.
4ème conséquence: pour lutter contre les incertitudes, il faut améliorer la qualité de
l’information, être à l’écoute de l’environnement, et il faut disposer de plan de rechange. Il
faut se préparer à affronter le futur sans le connaître.
1ère constatation: les pays qui ont le mieux réussi, sont ceux qui ont considéré le monde
comme leur marché (Japon, multinationales,...).
3ème constatation: accélération des regroupements des entreprises et des acquisitions, pour
faire face à la mondialisation. Les enjeux deviennent importants et les positions acquises, sont
menacées d’où un certain nombre de manoeuvres stratégiques qui conduisent à choisir: se
regrouper, abandonner, se démarquer, développer des alliances,...
La diversification est une manoeuvre pratiquée, pour faire face à la stagnation du marché,
mais elle est risquée car elle comporte des risques de perte du contrôle des différentes filiales.
Le recentrage est perçu comme un moyen de remobiliser des ressources importantes face aux
exigences de taille critique.
Face à un tel environnement, les dirigeants sont contraints à consacrer plus de temps à la
réflexion à long terme et doivent envisager des remises en cause fondamentales. Ils doivent
développer un management stratégique qui privilégie l’anticipation, autrement dit, ils doivent
développer le Management Anticipatif Stratégique (MAS).
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE
Plusieurs entrées sont possibles pour comprendre la place du MAS dans l’organisation. Mais
comme le MAS naît d’une rencontre entre la prospective et la stratégie et comme la
prospective prend ses racines dans l’approche systémique, il semble logique d’utiliser cette
approche pour positionner le MAS a prospective par rapport aux autres niveaux de
l’organisation. Nous nous inspirons ici d’une démarche proposée par Dominique Genelot
(Genelot, 1992).
1. LE CONCEPT DE SYSTÈME
Les acteurs sont des éléments du système (Parties prenantes internes) ou de son
environnement (Parties prenantes), doués de raison -pouvant donc être des hommes ou des
groupes d'individus, des personnes morales ou physiques- qui peuvent influer sur le
fonctionnement du système ou dont le comportement peut être influencé par lui.
Bien avant l’introduction de la théorie des système par l’approche systémique Ludwig von
Bertalanffy1,2 et de l’introduction de la cybernétique par Norbert Wiener3, dans les années
1940, les anthropologues du 19ème siècle avaient abordé l’indispensable réunion de trois
1 Bertalanffy L. von (1950) « An Outline of General System Theory », The British Journal of the Philosophy of
Science.
2 Bertalanffy L. von (1968), General System Theory, G. Braziller.
3 Wiener N. (1948), Cybernetics, New-York, John Wiley.
grandeurs qui garantissaient la pérennité d’une église4 : le mythe, les rites et la tribu (Ref.
Claude Riveline).
ENCADRE
Les parties prenantes (PP) : une nouvelle approche du système, de la stratégie plus
cohérentes avec la vision prospective (Source : Smida, Iseor/Academy of Management,
2005)
Différentes définitions des parties prenantes
Parties prenantes (PP) est la traduction la plus utilisée par les auteurs pour traduire
l’expression anglo-saxonne « stakeholders ». Celle-ci est composée de « holders » (ceux qui
détiennent ou détenteurs ou titulaire de quelque chose) et de « stake » qui signifie enjeu,
intérêt. Un stakeholder serait donc une personne qui participe à une affaire, ou qui a un rôle à
jouer, ou un ayant droit, ou plus généralement une partie intéressée (Freeman, 1984, p. 31).
L’expression « stakeholders society » est un slogan popularisé par les Travaillistes
britanniques pour désigner une société dans laquelle chaque citoyen a un rôle à jouer.
Derrière le concept de « stakeholders » peuvent alors se retrouver plusieurs notions : intérêt,
interdépendance, enjeu, responsabilité, équité, droit légitime,.. (Tableau 1). Chacune de ces
notions peut déboucher sur une acception différente du concept de PP. C’est pourquoi les
recherches qui ont porté sur la TPP ont avancé, selon l’aspect qu’elles ont privilégié, une
définition différente de l’expression PP. Quand le « stake » est pris dans sa signification
d’enjeu, les auteurs (Clarkson, 1995, p. 106) ne retiennent comme PP que les individus qui
courent un risque et qui ont donc effectué un pari suite à des investissements en capital
matériel ou immatériel. A côté de cette catégorie de PP volontaires, les tenants de cette vision
distinguent les PP involontaires qui, sans le vouloir, subissent les conséquences des activités
de l’entreprise.
Cette notion de « stakeholders » devient donc un terme qui peut avoir une signification
restreinte n’impliquant que les individus concernés par l’enjeu de l’entreprise et courant un
risque. Mais il peut aussi avoir une définition très large où tout un chacun peut être considéré
comme une PP, à partir du moment où l’entreprise est source d’emploi, de création de
richesses pour la cité ou le pays, cause d’externalités négatives ou positives pour chaque
citoyen.
De toute façon, l’approche « stakeholders » a pour ambition de sortir la stratégie de
l’entreprise d’une vision trop centrée sur une performance financière court-termiste profitant
au groupe restreint des propriétaires, et de l’ouvrir sur une performance sociale et
environnementale qui voit plus large et plus loin.
Les auteurs pour qui le « stake » est synonyme d’intérêt (Jensen, 2001) ont vu dans
l’entreprise une constellation d’intérêt au sens large du terme. L’hétérogénéité de ceux-ci
(ROI, rayonnement de la ville, source d’emplois, …) conduit à tenir compte de toutes les
parties dont les intérêts sont confortés ou au contraire menacés par l’entreprise. La TPP
suggère alors aux managers des entreprises de tenir compte de ces intérêts sans privilégier
l’une des parties (exemple les propriétaires). Cette vision dépasse le cadre des partenaires
-Appartenance ou non à
l’entreprise
-Contractualisation
Contrôleur
Justifie Donne
l’existence du sens
Contrôlé
Au niveau contrôleur, celui-ci indique au contrôlé, ce qui lui a été demandé (et fixe les
règles). Il fixe en grande partie, la finalité et doit donner un sens à ceux contrôlé.
A son tour le système contrôlé, justifie le système contrôleur. Il n’existe pas de contrôleur,
sans contrôlé. Ainsi le « contrôleur » donne du sens au « contrôlé » qui, à son tour, justifie
l’existence du « contrôleur ».
Autre exemple : L’hôpital est un ensemble d’éléments (humains, corporels) ayant des
relations formelles ou informelles, entre eux. Ces relations garantissent la dynamique, la
continuité dans le temps. Cet ensemble a une finalité, une raison d’être.
La différence entre la finalité et les objectifs est la suivante: le taux d’occupation croissant,
peut être un objectif, par contre, la raison d’être de l’hôpital est sa finalité.
Dans une organisation (entreprise, administration publique, etc.), plusieurs niveaux peuvent
être distingués:
Niveau O : niveau élémentaire ou Opératoire. L’individu est le plus proche de ce qu’il fait
(contact physique).
niveau 1: surveillante
Cette fonction opère en temps réel par rapport au phénomène qu‘elle pilote.
Plus on avance dans les niveaux, plus on vit en décalage avec le temps réel.
Chaque fonction reçoit ses règles de pilotage et est contrôlée par le niveau immédiatement
supérieur.
Niveau 2: niveau de gestion, c’est à dire d’organisation prévisionnelle. C’est le niveau des
objectifs, de la budgétisation... Cette fonction répartit les moyens. Elle est décalée dans le
temps par rapport à l’exploitation. Elle a une fonction de contrôle par rapport aux objectifs.
Elle réalise les prévisions annuelles et essaie d’adapter les programmes en fonction des
imprévus. Elle va ajuster l’activité du niveau 1. Cette fonction donne tout son sens à la
fonction d’exploitation en la finalisant, en l’actionnant et en la contrôlant.
Niveau 3: stratégie
Niveau où l’on trouve la fonction d’évolution du système. C’est l’art de conduire les choses,
plus les techniques proprement dites.
C’est le niveau des orientations à moyens termes et des choix de structure ( structure d’une
entreprise: ensemble de direction). C’est aussi le niveau des investissements lourds, du
lancement des nouveaux produits.
Il existe un décalage dans le temps et dans l’espace (les réflexions sont portées à 10 ou 20
ans). Le degré de liberté est plus important. les objectifs du niveau 4 sont les finalités du
niveau 3...
Le niveau du MAS : Le MAS est une rencontre entre la prospective et la stratégie. Il est situé
à la charnière des niveaux 3 et 4 précédents. En particulier, il aura entre les mains les cartes
(les scénarios) qui sont des outils d’anticipation construits grâce à sa dimension prospective et
mes en place des leviers stratégiques pour créer une dynamique faisant évoluer ces scénarios
vers le plus souhaitable (approche proactive).
Figure : Les niveaux de l’organisation (approche systémique)
Prospective Le MAS
Niveau 4
Stratégie
Niveau 3
Niveau 2
Gestion
Niveau 1
Coordination
Niveau 0
Opération
Plusieurs paramètres caractérisent chacun de ces niveaux et exigent de ceux qui s’y trouvent
des attitudes spécifiques, un domaine d’activité, une logique propre et un langage spécifique.
Il s’agit des paramètres suivants (Tableau ) : le décalage dans le temps, l’ouverture sur
l’environnement, les degrés de liberté, les outils techniques utilisés, la proximité physique avec l’objet
d’étude, la détermination de la finalité et des objectifs, l’étendue des responsabilités, l’étendue des
connaissances, l’incertitude, l’horizon temporel et le futur visé.
Tableau : Caractéristiques des niveaux de l’organisation (approche systémique)
niveaux décalage ouverture degrés de technique Proximit finalité / étendue étendue Incerti- horizon
dans le sur liberté é object. des des tude temporel/
temps l’envir. physique responsa- connais- futur
bilités sances
4: ++++ ++++ ++++ -- - Les fixe ++++ ++++ ++++ ++++
Mutation pour niv.
Inférieur
MAS +++ +++ +++ + - Les fixe +++ ++++ +++ +++
pour niv.
Inférieur
3: ++ + ++ + - Les fixe +++ ++++ +++ ++
Evolutio pour niv.
n Inférieur
2: + + ++ ++ + Les fixe + +++ + +
Gestion pour niv.
Inférieur
1: - - + ++ ++ Les fixe + ++ - -
Exploitat pour niv.
ion Inférieur
0: - - - ++ +++ Sont + + - -
Opératoir fixés par
e le niv.
supérieur
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE
La définition des tâches, permet de dégager des catégories de décisions à partir des
tâches.
Cette classification a été avancée par Igor ANSOFF, en 1968. Ansoff y définit le problème de
la firme, comme celui qui consiste à transformer les ressources et à les orienter de façon à
permettre à l’entreprise d’atteindre ses objectifs.
Exemple : fixation des tarifs, promotion des ventes, programmation de la production, gestion
des stocks.
Exemple : la Direction des ressources humaines (DRH) est une structure. Elle définit les
rapports hiérarchiques, le contenu des fonctions, l’organisation du travail, les réseau de
l’information et de communication.
Pour les ressources, c’est la définition des financements, des investissements, de la formation.
Elles portent sur les affaires extérieures de l’entreprise, et plus spécialement sur le choix des
produits qu’elle offrira, et des marchés (c’est à dire les catégories de clients) qu’elle choisira
pour vendre ces produits.
Les questions importantes qui permettent de comprendre les choix et les décisions des
managers rejoignent la question sur la finalité de l’entreprise.
Exemple : Quels sont les objectifs de développement de la firme? Quelles sont les grandes
orientations qu’elle doit se donner? Faut-il conquérir de nouveaux marchés? Cette conquête se
fera-t-elle avec les mêmes produits?
Au niveau stratégique, le contenu des fonctions consiste à savoir poser les questions du
genre : Qui sommes-nous? Que voulons-nous? Que sommes nous capables de faire?
Il s’agit de définir les missions de l’entreprise, c’est à dire répondre à la question : Quels sont
les besoins que l’entreprise cherche à satisfaire? Il s’agit de définir les métiers de l’entreprise
i.e. de répondre à la question: Quels sont les savoir-faire que l’entreprise va mettre en oeuvre?
Dans les années 1960, ANTHONY propose une approche par l’analyse des processus de
gestion, dans les organisations «business activities».
C’est le processus qui porte sur le choix des objectifs de l’organisation, sur les changements
de ces objectifs, sur les ressources à employer pour atteindre ces objectifs, et sur les politiques
qui devront gouverner: l’acquisition, l’emploi, et la cession de ses ressources.
Processus par lequel les responsables s’assurent que les ressources sont obtenues et
employées de manière efficace et efficient «effectively» «efficiently» pour la réalisation des
objectifs de l’organisation. Etre efficient: atteindre le résultat avec le minimum de ressource.
Le contrôle opérationnel
C’est le processus qui consiste à s’assurer que des tâches spécifiques sont menées de manière
efficace et efficiente. Les tâches sont impersonnelles. Elles sont spécifiées, peu de jugements
sont nécessaires, contrairement aux activités stratégiques, qui, elles, ne sont pas spécifiées.
Elles doivent être souvent choisies par la stratégie: elles tiennent comptent des forces et
faiblesses de l’entreprise, des menaces et opportunités de l’environnement.
Ce découpage a été critiqué en considérant notamment que les relations de l’entreprise avec
son environnement se nouent à chaque niveau de décision.
* Les décisions stratégiques caractérisent le choix que fait la firme d’un comportement global
et à long terme par rapport à son environnement.
* Les décisions tactiques appliquent à court et moyen terme, les décision stratégiques, en
organisant les moyens nécessaires.
* Les décisions administratives assurent dans le court terme, la gestion des moyens.
Par rapport aux classifications précédentes, celle-ci introduit le niveau intermédiaire des
décisions tactiques et a le mérite de ne pas spécialiser chaque catégorie interne ou externe de
l’entreprise.
D’une façon générale, les décisions stratégiques déterminent de manière durable, la nature de
l’entreprise et de ses relations avec l’extérieur
Une décision peut être définie comme « un choix risqué entre plusieurs alternatives et la mise
en œuvre de la solution retenue » (Amiel et al., 1998, p. 54). Ces alternatives sont des
solutions différentes à un problème, des réactions face à des opportunités ou des menaces, des
orientations données à l’entreprise pour construire son avenir.
Les tenants de l’école décisionnelle pensent que l’organisation est en perpétuelle ébullition
pour identifier les problèmes et tenter de les résoudre. Il s’agit alors de proposer des solutions.
Les écrits sur la stratégie et la décision stratégique (Learned et al., 1965 ; Ansoff, 1965 ;
Andrews, 1971 ; Mintzberg, 1994 ; Porter 1980 ;…) considèrent que l’entreprise a une
activité permanente de recherche d’opportunités de détection de menaces et d’analyse de ses
propres forces et faiblesses pour construire des orientations possibles qui engagent l’avenir de
manière durable. Selon ces écrits, l’activité principale du dirigeant de l’entreprise semble
alors être dédiée à la recherche, à la hiérarchisation et au choix d’alternatives ( Cyert et
March, 1970; Simon, 1983; March, 1988 ; Louart, 1999 ).
Le choix de l’une de ces possibilités ou alternatives se fait à partir d’informations sur les
forces, les faiblesses et les moyens de l’entreprise et sur les opportunités, menaces et
pressions de son environnement, et aussi à partir de critères objectifs et subjectifs du décideur
qui les utilisent pour comparer entre elles ces alternatives ou possibilités dont aucune ne
s’impose a priori.
Enfin il y a la mise en œuvre de la décision qui consiste à concrétiser les étapes précédentes et
les traduire en solution, en réaction ou en orientation. En effet, un choix non appliqué ne peut
pas, au niveau de l’entreprise, être considéré comme une solution (Amiel et al., 1998, p.54), et
l’on ne peut pas parler de décision, synonyme d’action en science de gestion. Là intervient la
performance de la décision qui, non seulement, obéit au principe de la rationalité limitée
(Simon, 1957), mais est également tributaire des sources méta-cognitives auxquelles elle se
réfère (Smida et Cadet, 2006).
Ainsi, cette suite d’actes (récoltes et traitement d’informations, sélection explicite ou implicite
de critères, pondération des critères, estimation du risque et de l’incertitude associés à chaque
option, choix de la solution ou de l’orientation, sa mise en œuvre,…) constitue le processus
décisionnel. Celui-ci, comme le processus stratégique, est une suite de nœuds de décision,
c’est-à-dire une suite de choix risqués. Dans le cas de l’innovation technologique, par
exemple, le processus décisionnel suit un cheminement avec des nœuds de décision (Fig. 1).
A chaque phase, le passage à l’acte est pris en fonction de l’opportunité du moment. Celui-ci
est jugé le plus propice dans un contexte donné qui dépend des circonstances, de la
performance attendue, du risque couru,… Mais une fois la décision mise en œuvre, elle
entraîne l’abandon des autres alternatives présentes au niveau du nœud de décision, et engage
l’entreprise dans la phase suivante du processus décisionnel. Ainsi, lors de la phase 1 de la
figure 1, le fait d’opter pour une nouvelle technologie aurait pour conséquence l’abandon
(même à terme) de la technologie actuelle et l’engagement dans la phase suivante avec trois
nouvelles options : joint-venture, achat de licence, développement d’une nouvelle technologie
en interne. L’entreprise perd ainsi, en partie, sa liberté de choix des alternatives.
Continuer Alliance
actuelle Joint-
technologie venture
Corporate
Opter pour Acheter une venture capital
nouvelle technologie licence
Développer en
interne la nouvelle
technologie
Figure 2 : Processus "décision-libertés-contraintes"
Une vision de la décision consiste à dire que celle-ci ne peut exister par elle-même. Même si
elle peut être décomposée en actes (récolter des informations, traiter, pondérer, classer,…),
elle s’insère dans un processus décisionnel dont elle est partie intégrante.
Décision stratégique et stratégie sont intimement liées. Certes, le mot stratégie évoque
l’existence d’un plan d’ensemble, d’une vision globale à long terme qui serait produite et
maîtrisée par un acteur ou un groupe d’acteurs déterminés. Ainsi pour Igor Ansoff (1965), une
stratégie face à la concurrence est une combinaison des fins, des objets, que s’efforce
d’atteindre l’entreprise, et des moyens par lesquels elle cherche à les atteindre. Cette
distinction entre fins et moyens, c’est à dire entre le pourquoi le comment, permet, selon
Ansoff (1965), de comprendre la notion de stratégie. Dans ses définitions larges, la stratégie
est présentée par les auteurs comme la raison d’être de l’entreprise et sa façon de faire.
L’accent est alors mis, selon cette conception, sur le processus de définition de l’objet
concerné et des finalités poursuivies. Mais, même si la décision stratégique ne peut être qu’un
volet de la stratégie qui, elle, est beaucoup plus large, certains auteurs n’hésitent pas à définir
le concept de stratégie à travers celui de décision stratégique. Ainsi, selon Andrews (1971), la
stratégie, est le type de décision, qui dans une entreprise détermine et fait connaître les
objectifs et les finalités de cette entreprise; qui met en oeuvre les principales politiques et les
principaux plans pour atteindre ces objectifs et qui définit les segments dans lesquels
l’entreprise veut être présente et la nature de la contribution économique et non économique,
qu’elle entend faire à ses actionnaires, ses employés, ses clients, ses fournisseurs...
Pourquoi l’entreprise agit-elle de telle façon et comment? Pour cerner le concept de stratégie,
et également celui de la décision stratégique, trois notions paraissent comme nécessaires
(concurrence, environnement, investissement) qui mettent l’accent sur l’objet sur lequel
portent la stratégie et la décision stratégique. Mais d’autres auteurs mettent l’accent sur la
façon de concevoir et de mettre en œuvre la stratégie. Autrement dit, dans un cas les auteurs
privilégient le contenu de la stratégie et de la décision stratégique et dans l’autre cas, le style
et le processus.
Dès les années 1960, deux courants de pensées, chacun intimement lié à la stratégie
d’entreprise, traitant de la décision stratégiques se sont confrontés.
L’un de ces courants, ayant pour tête de file Igor Ansoff 1965), dans lequel peut également
être classée la vision d’Alfred Chandler (1972), traite la stratégie, et par conséquent la
décision stratégique, sous l’angle du contenu. Il est inspiré par l’école grecque de strategia
(Evered, 1983) qui conçoit la stratégie comme la manière de mener une armée à la victoire par
le découpage du champ de bataille en certaines zones vitales à conquérir et en d’autres zones,
sans importance, à négliger. C’est dans cette optique et dans la lignée d’Igor Ansoff que des
cabinets de conseil (BCG, MacKinsey, ADL, SRI,…) ont conceptualisé les activités de
l’entreprise sous forme de domaines d’activités stratégiques (DAS) et que Michael Porter
(1980) a proposé ses stratégies génériques pour permettre aux entreprises de mener leurs
batailles de conquêtes de marchés, en y associant les produits adaptés. Les décisions
stratégiques sont alors considérées comme des tâches, dans le cas de l’école du contenu et
comme processus dans l’école du même nom. Elles consistent à transformer les ressources et
les orienter de façon à permettre à l’entreprise d’atteindre ses objectifs (Ansoff, 1965). Elles
s’inscrivent ainsi dans les préoccupations stratégiques de l’entreprise pour définir les missions
de celle-ci, c’est à dire cerner les besoins qu’elle cherche à satisfaire, définir ses métiers, c’est
à dire les savoir-faire qu’elle peut mettre en œuvre,… Mais ces questionnements ne portent
presque jamais sur le moment de la conception ou de la mise en ouevre de la décision
stratégique.
L’autre courant de pensée a pour fondateur Kenneth Andrews (1971) qui se réfère plutôt à
l’art de la guerre de Sun Tzu et qui considère la stratégie, et donc la décision stratégique,
comme un processus. Celui-ci porte sur le choix des objectifs de l’organisation, sur les
changements de ces objectifs, sur les ressources à employer pour atteindre ces objectifs, et sur
les politiques qui devront gouverne l’acquisition, l’emploi, et la cession de ses ressources. Ce
courant de pensée a bénéficié, dans un premier temps, des apports de l’Ecole de Harvard
(Learned et al., 1965) qui avait insisté sur l’importance des études de cas pour comprendre le
comment de la stratégie de l’entreprise. Un retour en force de ce courant de pensée s’est opéré
quand des chercheurs et des entreprises ont commencé à souligner les limites de l’école du
contenu. Ainsi, on a assisté à la réhabilitation de l’école du processus (Pascale Athos, 1984).
Les arguments avancés ont été alors le déclin des entreprises américaines qui avaient opté
pour l’école du contenu et le succès des entreprises japonaises qui avaient privilégié « les
aspects plus souples de la gestion que sont le style de direction, le savoir-faire des individus,
les caractéristiques des employés et les valeurs partagées dans l’organisation, sans bien sûr
négliger pour autant la stratégie, la structure et les systèmes, soit les dimensions
traditionnellement retenues par la gestion stratégique » (Noël, 1992, p. 15-16). L’importance
des dimensions de processus dans le management stratégique des entreprises a également été
confortée par l’intérêt que porte, de plus en plus, la gestion stratégique aux problèmes
internationaux (Calori et Lawrence, 1991)
Les travaux qui en ont découlé ont alors abondé dans l’analyse du décideur qui est supposé
être rationnel, agir selon ses intérêts, disposer de choix alternatifs. Selon cette vision, le
moment de décider et celui de mettre en œuvre la décision sont choisi en toute liberté par le
décideur, c’est-à-dire quand celui-ci les juge opportuns.
-sa liberté se trouve réduite par son appartenance au système et donc son enchevêtrement dans
un réseau d’interactions ;
-sa rationalité est désormais limitée par ses propres capacités et par les contraintes découlant
de son appartenance au système. Selon cette théorie, le décideur, se trouvant avec un spectre
réduit de choix qui ne lui permet pas de construire des solutions optimales, se résigne à
accepter une solution satisfaisante; une rationalité limitée se substitue à la rationalité absolue
(March et Simon, 1958 ; Garrouste, 1997; Morin, 1990, p.147-148). Là encore se trouvent des
réponses au comment et au pourquoi de la décision.
MANAGEMENT ANTICIPATIF ET STRATEGIQUE
6. ANALYSE STRATEGIQUE
Une des étapes les plus importantes du processus de formulation de la stratégie de l’entreprise
est le diagnostic.
C’est à partir de ce diagnostic que les orientations stratégiques pourront être formulées.
Ce diagnostic passe par une étape interne à l’entreprise, qui comprend les forces et les
faiblesses de l’entreprise sachant que celles-ci dépendent en grande partie de l’identité de
l’entreprise, et une autre étape externe pour dégager les opportunités et les menaces de
l’environnement. On aboutit ainsi, au modèle de SWOT
S: Strenghts = forces
W: Weaknesses = faiblesses
O: Opportunities = opportunités
T: Threats = menaces
A chaque ressource on peut associer des objectifs, des outils stratégiques et des moyens
tactiques (ex: compta analytique).
Or ces objectifs sont contradictoires. Il faut trouver un moyen de concilier ces objectifs
contradictoires.
C’est pourquoi la gestion stratégique est un arbitrage entre les objectifs divergeants dans un
environnement turbulent.
Missions
1. Les finalités: peuvent être définies comme étant les missions que se donnent l’entreprise,
vis à vis de ses partenaires.
2. Les buts sont d’ordre qualitatif, et il faut se les fixer pour remplir ces missions.
3. Les objectifs sont en général précis et quantifiés. Ils traduisent de façon concrète les buts.
2. une volonté collective; chaque partenaire tient le même langage, y compris dans les
situations conflictuelles.
3. Le système de valeur est partagé, entre les partenaires de l’entreprise. Ce système de valeur
porte sur une reconnaissance du rôle et des différences de chacun. Il porte sur les vertus de
l’écoute, du dialogue, de la circulation de l’information. Il porte aussi sur une confiance dans
le comportement responsable des uns et des autres, et sur la fierté d’appartenance à un même
ensemble.
Se traduit par le fait de produire des objets de qualité, d’être compétitifs, de jouer un rôle
innovateur dans les domaines technique, économique et social.
4. Existence de quelques axes majeurs qui sont des objectifs prioritaires, que l’entreprise se
fixe à court et moyen terme.
Le simple énoncé des missions de l’entreprise ne constitue pas en soi un projet d’entreprise.
Seules, accèdent au rang de projet d’entreprise, les missions capables de mobiliser toutes les
forces au service de l’entreprise.
La culture de l’entreprise est constituée par les valeurs partagées, les savoir-faire, les
habitudes de vie collective, le sentiment de chacun des membres d’avoir une certaine identité
du fait d’appartenir à l’entreprise.
Histoire
Performance Forces Opportunités
Activité