Education Licence3. 2023

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Sociologie de l’éducation

et de petite enfance
Par Dr Priska MANGA
Plan de cours de licence 3

Introduction

Chapitre 1 : La conception, point de départ de la vie sociale

Chapitre 2 : Les rituels d’accueil et d’intégration sociale de l’enfant

Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

Conclusion
Objectifs
L’objet de ce cours est d’approfondir certains domaines de la sociologie de
l’éducation et de la petite enfance.

Il s’agira spécifiquement de :

1. Comprendre comment la conception et la naissance peuvent-elles influencer


l’éducation de l’enfant et plus tard sa vie adulte

2.Analyser les rituels d’accueil et d’intégration du nouveau né.

3. Comprendre les théories sociologiques de la petite enfance


Bibliographie
- BARRY O., 2009, Etude longitudinale de l’influence de l’apprentissage actif du
vocabulaire durant la petite enfance sur les performances en lecture de l’âge scolaire,
Annales de la faculté des lettres et sciences humaines n°39/B, Presses Universitaires de
Dakar, pp. 331-349.
- BARRY O., 2013, Fonctions exécutives, autorégulation et aptitude liées à l’apprentissage
durant la petite enfance, Annales de la faculté des lettres et sciences humaines n°43/B,
Presses Universitaires de Dakar, pp. 187-196.
- BARRY O., 2011, Acquisition des compétences préscolaires et maturité scolaire : analyse
comparative et typologie des enfants fréquentant les modèles communautaires d’éducation
de la petite enfance au Sénégal, Annales de la faculté des lettres et sciences humaines
n°41/B, Presses Universitaires de Dakar, pp. 169-183.
Bibliographie
- BARRY O., 2015, Développement moral précoce et ontogénèse du comportement pro
social durant la petite enfance, Annales de la faculté des lettres et sciences humaines n°44-
45/B, Presses Universitaires de Dakar, pp. 271-288.
- BENINGUISSE G., 2003, Entre tradition et modernité. Fondements sociaux de la prise
en charge de la grossesse et de l’accouchement au Cameroun, Paris, L’Harmattan.
- DIÉDHIOU P. M., 2017, Les déterminants du non achèvement des consultations
prénatales au centre de santé de Sokone (Sénégal), Mémoire de master 2, FLSH/
département de sociologie
- NDIAYE L., 2015, « Corps du « oui », corps du « non » : Pour une socio-anthropologie
de la grossesse en milieu wolof sénégalais », Revue de Sociologie, d’Anthropologie et de
Psychologie (RSAP), n° 6, Presses Universitaires de Dakar, pp. 301-316.
Bibliographie
- NDIAYE P., TAL-DIA A., DIEDHIOU A. A., DIEYE E., et al., 2005, « Déterminants
socioculturels du retard de la 1re consultation prénatale dans un district sanitaire au Sénégal »,
Santé publique, pp. 531-538.
- PIAGET J., 1932, Le Jugement moral chez l’enfant, Paris, Alcan.
- Petitat A. et Pahud S., 2004, L'interaction narrative et ses surprises Contes-attrapes et autres
curiosités de la littérature orale, Le Seuil « Poétique » 2004/2 n° 138, pp. 159 à 181.
- BOUVE C., 2001, Les crèches collectives : usagers et représentations sociales, contribution à
la sociologie de la petite enfance; Paris, L’Harmattan.
- Dain C., Ledos D. (sous dir) 2019, Educateurs de jeunes enfants : une diversité d’actions:
Paris, Phillipe Duval
Introduction générale
La sociologie de l’éducation a été reconnue comme une sous-

discipline autonome de la sociologie dans les années 1960.

Toutefois, ses prémices sont apparues dès les débuts de la discipline

(sociologie) avec notamment les fondateurs.

D’ailleurs, Emile Durkheim, père de la sociologie française est

également considéré comme un des pionniers de la sociologie de

l’éducation.
Introduction générale
Dans son ouvrage Education et sociologie (1922), il définit
l’éducation comme étant l’action exercée par les
générations adultes sur celles plus jeunes (qui ne sont pas
encore mûres pour la vie sociale).

Elle a pour objectif de susciter et de développer chez


l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et
moraux dans son intégration sociale dans son
environnement.
Introduction générale

▪ Ainsi, l’éducation est un fait social au sens durkheimien du terme dans

la mesure où :

✓ elle est extérieure à l’individu car il la reçoit d’autres personnes,

✓ Elle s’impose à lui car il ne l’a pas choisie,

✓ mais aussi par sa généralité, car dans chaque société il y a une

éducation bien qu’elle diffère d’une société à une autre.

✓ Elle est dispensée par les institutions éducatives


Introduction générale
Les sociologues ont distingué plusieurs institutions éducatives
parmi lesquelles figurent

✓ la famille,

✓ la société,

✓ l’école.

Elles participent toutes à l’éducation de l’enfant et exercent


diverses influences sur lui et sur sa façon de lire et d’analyser le
monde
Introduction générale

Si la société en tant qu’institution a beaucoup


d’influence sur l’éducation des jeunes, la famille et
l’école ont retenu l’attention des sociologues.

Certains ont même opposé une éducation formelle


(école) et éducation une informelle (famille), alors
que d’autres les ont étudié en termes d’interaction
Introduction générale
Selon les tenants de l’éducation informelle, si l’éducation est présente

dans toutes les sociétés humaines, il faut dire qu’elle diffère d’une

société à une autre, d’une classe sociale à une autre, etc.

C’est dans ce contexte que partant de ses recherches sur l’éducation

et de son expérience, Léon Gérin (sociologue québécois), montre la

différence entre l’éducation du jeune canadien dans une famille

anglophone et dans une famille francophone.


Introduction générale

Pour l’auteur, dès l’enfance, le jeune anglophone est éduqué dans le but de

développer l’esprit d’entreprise et le goût de la réussite par soi même. Ainsi,

ses initiatives personnelles sont encouragées, l’enfant est écouté et traité

comme une personne capable de développer une réflexion intéressante.

Alors que dans les familles francophones, les valeurs transmises par

l’éducation sont essentiellement l’obéissance, le respect des règles. Ici la

famille est tournée vers l’entraide. Donc l’enfant sait compter sur cette

dernière.
Introduction générale
Ces deux types d’éducation donnent des possibilités de réussite

différentes selon son éducation.

Pour Gérin, le jeune anglophone va réussir mieux que le jeune

francophone. Car, le premier va être amener à prendre des risques, à

entreprendre et à être autonome.

Alors que le jeune francophone est souvent un employé ou dans le

meilleur des cas un petit patron.


Introduction générale
Dans ce même ordre, Bourdieu et Passeron ont développé

la théorie des inégalités sociales devant la réussite scolaire.

Pour eux, l’école est un lieu par excellence de la

reproduction sociale en ce sens qu’elle favorise plus la

réussite des enfants des classes sociales dites aisées et au

détriment de ceux de la classe moyenne.


Introduction générale

Également, Karl Marx conçoit l’école comme un

instrument de la reproduction sociale au service de la

classe dominante.

Ces théories déterministes montrent comment la culture

influence la réussite scolaire et sociale des jeunes.


Introduction générale
Dans un contexte africain, Michèle Fellous (1981), pense

que l’éducation du jeune enfant est non seulement

progressive (rites d’initiations) mais aussi permanente.

Celle-ci est faite à la fois par la famille, par l’école mais

surtout par la communauté (l’enfant, même avant sa

naissance n’appartient pas seulement à sa famille).


Introduction générale
Ainsi, l’appartenance à la caste est déterminante dans le processus

d’éducation.

Etant donné que chaque caste a ses propres caractéristiques et

surtout ses propres compétences,

Leur (compétences) transmission aux générations plus jeunes est faite à

l’intérieur de ces castes où Ego apprend le métier de son père afin de

perpétuer la tradition.
Introduction générale

Mieux, selon Fellous, cette éducation commence même

avant la naissance de l’individu et après sa mort.

Donc, elle commence dès la conception (la grossesse), se

poursuit avec l’accouchement et la petite enfance en vue

d’arriver à la construction d’un individu bien intégré dans

sa société.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

La grossesse ou gestation humaine représente un état où la femme


porte un fœtus ou embryon dans son ventre.

Si elle (grossesse) est avant tout un état biologique, elle a une portée
hautement sociale.

Elle assure la pérennité de la société

Et c’est par elle que le jeune couple fonde une famille et démontre sa
capacité à procréer.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

Pour Gaëlle Clavandier et Philippe Charrier, la grossesse est un


moment généralement très attendu car étant perçu dans la
très grande majorité des cas comme porteuse d’avenir et
facteur de bonheur.

D’une manière générale, le projet de donner naissance prend


forme à l’échelle du couple et vient réaliser le désir de fonder
une famille, mais aussi « d’aimer et d’être aimé ».
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.
D’ailleurs dans certaines sociétés (africaines en particulier) la
capacité de procréer lui donne son statut de femme à part entière.

En effet, celle qui ne procrée pas aux yeux de la société, même


mariée, sera toujours considérée comme jeune fille.

C’est ce qui va pousser la jeune femme, en cas de survenue tardive


de la grossesse, à subir un rituel de recherche d’enfant.

C’est le cas du « kagnaleen » chez les diola et du « dymbaya » chez


les manding.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

D’ailleurs, Lamine Ndiaye dans son article « corps du « oui »,


corps du « non » pour une socio-anthropologie de la grossesse
en milieu wolof sénégalais », dit que chez les wolof, dès la
consommation du mariage, le corps de la jeune mariée devient
le centre de toutes les attentions et se donne à voir et à lire.

Cette attention s’explique par une volonté de déceler très


rapidement les signes cliniques associés à la grossesse.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

Toutefois, en dépit de cette volonté de déceler les signes cliniques


de grossesse, les débuts de celle-ci sont souvent dissimulés surtout
dans un contexte africain pour la protéger contre le « mauvais œil »,
jusqu’à ce qu’elle se montre par elle-même à la communauté.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

Vue sous cet angle, la grossesse fait l’objet de toutes les attentions et
d’un suivi rigoureux de l’entourage vis-à-vis de la femme enceinte
(interdits alimentaires, port vestimentaire, sorties, protections
mystiques etc.), d’une part.

D’autre part, elle est très suivie par le corps médical dans un contexte
de médicalisation et de politique de santé de la reproduction avec
au Sénégal l’action poussée des « Badiène Gox ».
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.

Cependant, il convient de signaler que la grossesse n’est pas toujours


un événement heureux dans la société (africaine et même
occidentale).

L’émotion qui l’accompagne dépend en fait de la personne qui la


porte : mariée, célibataire ou tout simplement désireuse ou non de

concevoir un enfant.
Chapitre 1: la conception: point
de départ de la vie sociale.
Dans les sociétés traditionnelles, elle n’est acceptée que dans le
cadre du couple légalement, socialement et légitimement reconnu
comme tel.
Si cette condition n’est pas remplie, elle est considérée comme
indésirable, fruit de l’adultère.

Cependant dans la société occidentale, de plus en plus on assiste à


des grossesses monoparentales avec des donneurs de spermes (ou
même d’ovules pour les homosexuels qui vont faire recours à une
porteuse) anonymes.
Chapitre 1: la conception: point de départ
de la vie sociale.
Dans le cas où elle est désirée, les auteurs sont unanimes qu’elle fait le
bonheur non seulement du couple (ou de la mère), mais de la
communauté entière.
Ici la jeune femme en état de grossesse désirée bénéficie de toute
l’attention, de l’accompagnement social, médical, etc.
Alors que dans le cadre d’une grossesse non désirée, elle est non
seulement cachée, et en cas de découverte, la porteuse peut faire
l’objet de brimades et de rejets étant donné qu’elle a transgressé un
interdit.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.
Dans ce contexte, au lieu d’être une bénédiction, la
grossesse devient une malédiction, un déshonneur, une
souillure que Lamine Ndiaye va appeler le corps du « non »,
en opposition avec le corps du « oui » conçu dans des
circonstances adéquates selon la société.

En effet, pour toute grossesse, surtout en société


traditionnelle africaine, l’enfant n’est le bienvenu que s’il
est né d’un couple légalement et légitimement marié.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.
Donc, le fait qu’on soit bien né ou non, va impliquer des conséquences
sur le plan sanitaire (Paul Diédhiou), mais aussi sur les plans social et
éducatif.
Sur le plan sanitaire, la grossesse non désirée étant souvent cachée, la
femme fait un recours tardif aux consultations prénatales dans un
contexte de médicalisation de la grossesse.
Sur le plan social, étant un « corps ordure », la grossesse non désirée fait
souvent l’objet d’interruption volontaire clandestine dans la plupart des
pays(IVG), et si elle arrive à terme, aboutir à l'infanticide.
Chapitre 1: la conception: point de départ
de la vie sociale.
Ces conséquences sociales justifient selon les défenseurs
du droit à l’avortement la pertinence de la légalisation de
l’avortement médicalisé, du moins dans certains cas (viols,
inceste).

Par rapport à l’éducation, l’enfant désiré va faire l’objet


d’une attention particulière, reçoit une éducation digne
de sa naissance qui va déterminer toute sa vie, de sa
tendre enfance à sa mort.
Chapitre 1: la conception: point de départ de
la vie sociale.
Ainsi, il bénéficie du droit de succession et d’héritage et du respect de la
communauté.

A l’opposé, l’enfant issu d’une grossesse non désirée est considéré


comme un intrus social.

Cette position va déteindre dans son processus d’éducation, de sa


naissance à sa vie d'adulte, qui en générale va être marquée par les
moqueries en relation avec ses conditions de naissance.

Cette situation conduit à ce que Lévi Strauss appelle la « mort sociale »,


dans la mesure où la société ne reconnaît pas à l’individu son existence.
Chapitre 1: la conception: point de
départ de la vie sociale.
Ainsi, la grossesse en tant fait social est un moment clé
pour l’éducation et l’avenir de l’individu.

Et selon que la naissance et désirée ou pas, on reçoit


une éducation, des droits et un statut particulier.

Aussi, les conditions de conception peuvent influencer


le type et le lieu d’accouchement.
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez
le nouveau-né

L’arrivée de l’enfant en tant que nouveau membre de la société est


généralement considérée comme un grand événement. Elle est
accompagnée de plusieurs rituels qui peuvent être profanes ou religieux
ou médicinaux.

Et s’il y a des pratiques plus ou moins universelles comme celles liées au


massage du corps des bébés, d’autres pratiques varient d’une société à
une autre, et selon la naissance (gémellaire ou non).
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le nouveau-

Chez les mixtèques du Mexique, le nouveau né est vu comme un être


fragile guetté par les forces du mal. En conséquence, sa naissance ne
doit pas être connue du grand public. (Ester Kartz)

Etant le fruit d’un « long processus de cuisson à feu doux » dans le


ventre de sa mère, juste après l’accouchement, le nouveau-né et sa
mère perdent la chaleur dans laquelle ils baignaient pendant la
grossesse. Cette perte peut conduire à la mort des deux.

Pour se réchauffer, mère et enfant doivent passer par le bain à vapeur


afin de se protéger.
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le nouveau-

Dans la société traditionnelle mossi (Burkina Faso), le rituel chez le


nouveau-né va consister en l’expulsion du méconium, l’examen du corps
de l’enfant par l’accoucheuse, le massage, le lavement.

L’extraction du méconium symbolise le retour de la nourriture donné


offerte à l’ancêtre au moment de enterrement.

Quant à la toilette, elle a pour fonction de nettoyer le corps de l’enfant


de toute impureté mais aussi de le protéger des dangers potentiels
(génies, sorciers, infections diverses)(Doris Bonnet)
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le nouveau-

Chez les manjak de Guinée Bissau, le nouveau-né est considéré comme


un ancêtre qui revient se réincarner dans le sein d’une jeune femme.
Ainsi, dès la naissance de l’enfant, le placenta doit être bien enseveli
pour éviter la stérilité de la femme. (Maria Teixeira).

Le cordon ombilical est utilisé comme une amulette attachée à la main


et/ou à la taille de l’enfant et celui-ci représente un recours médical en
cas de maladie de l’enfant.

Aussi, l’enfant étant un ancêtre qui vient du monde invisible, ses cheveux
sont coupés pour marquer la séparation d’avec ce monde.
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le
nouveau-né

Chez les Nzebi du Gabon comme dans la plupart des sociétés


traditionnelles africaines, la naissance des jumeaux est considérée
comme exceptionnelle et requiert un rituel particulier (Annie Dupuis).

En effet, après la naissance de ces derniers, personne ne les touche,


même pas l’accoucheuse.

Il faut faire reconnaître d’abord les jumeaux par leur père et par leur
oncle maternel. C’est seulement après la reconnaissance par eux que
l’accoucheuse et la maman soulèvent les jumeaux de la natte et que
le cordon ombilical est coupé.
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le
nouveau-né

Dans les sociétés arabo-musulmanes, à la naissance, l’un des parents


murmure à l’oreille de l’enfant une formule qui est la profession de foi
musulmane dans le but de donner au bébé son identité avant qu’il ne
soit tenté par les « mauvais esprits » (Samir Harbache)

Alors que chez les wolofs, la première boisson avant même la tétée est le
« tokantal ».

Ce rituel consiste à donner à l’enfant une eau bénite pour le protéger


mais aussi pour le rendre plus intelligent. (Unicef, 2010).
Chapitre 2: les rituels et soins d’accueil chez le
nouveau-né
Dans certaines communautés peulh, l’accueil consiste à donner en premier le
lait de chèvre

Tous ces rites autour de la petite enfance ont en général trois fonctions:

Une fonction de protection, car dans la plupart des sociétés l’enfant est
considéré comme un être fragile. (Soin médicinal)

Une fonction d’intégration ou de réintégration dans la société. En effet, le


nouveau-né est un ancien de la société qui est revenu. Donc il faut le
réintégrer afin qu’il puisse retrouver sa place.

Et une fonction de construction de l’intelligence chez le nouveau-né


Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

La notion de petite enfance est définie différemment d’une société à une


autre, d’un organisme à un autre et d’un contexte à un autre.

Tantôt elle est comprise comme l’âge allant de la naissance à l'âge de 3


ans (âge de l'entrée à l'école maternelle en France) ;

Soit de la naissance à l'âge de 6 ans (âge de l'entrée obligatoire à l'école


en France) ;

soit de 2 ans à 4 ans (entre nourrisson et enfance moyenne);

Pour l'Unesco, c’est l’âge compris entre 0 et 8 ans.


Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite
enfance
Les études socio-anthropologiques sur la petite enfance ont selon Bonnet et
al. commencé dans les années 1930 avec les chercheurs de l’école de
« culture et personnalité » avec comme chef de fil Boas.

Ces chercheurs, influencés par les théories de la psychologie et de la


psychanalyse, se sont donnés pour objectifs de décrire de la manière la plus
précise possible les pratiques culturelles et éducatives autour de la petite
enfance.

Mead a étudié la naissance, les modes de portages, de toilette, d’éducation,


de propreté, des jeux du sevrage chez les Arapesh de la Nouvelle Guinée.
Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

Elle décrit l’éducation du petit arapesh comme étant fait de rôle de


réciprocité et de complémentarité entre le nourrisson et sa mère.
Cette relation passe par la nourriture que sa mère lui donne.
L’enfant est traité avec douceur et avale passivement tout ce
qu’elle lui propose.
Cette passivité va se sentir à l’âge adulte par la douceur
dépendance de la femme et la douceur que l’homme lui
témoigne.
Mieux, pour la chasse, l’arapesh va poser son piège et attendre
passivement que le jubiler tombe dessous.
Cette passivement fait d’eux un peuple vulnérable, souvent dominé
par ses voisins.
Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

Quant à Bénédict, elle s’est intéressée à la l’enfant dans la société


japonaise.

Elle met en exergue la différence qui selon elle existe entre les premiers
mois de la vie caractérisés par une grande proximité entre l’enfant et
sa mère et

L’éducation stricte (respect de la hiérarchie, des codes sociaux et


communautaires, un sens élevé de devoir et d’obéissance surtout
envers le patriarche) que l’enfant recevra plus tard.
Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

Toutefois, si ces auteurs ont eu le mérite d’être les premiers à travailler sur ce
sujet concernant la discipline, leur recherche ont été très critiquées par des
auteurs plus jeunes, comme Friedman et Erny.

Friedman, qui par ailleurs a travaillé sur le même terrain que Mead, remet en
cause la taille de l’échantillon de celle-ci. Pour lui, elle a interrogé peu
d’informatrices pour recueillir les données qui lui ont servi à bâtir sa théorie.

Erny va plus loin en taxant les productions de Mead de « superficialité


inquiétante ». En effet, selon l’auteur, cette dernière tombe toujours sur des
situation où les populations se « prêtent admirablement à des démonstrations ».
Chapitre 3 : Les théories sociologiques de la petite enfance

Si ces critiques d’auteurs plus jeunes semblent fondées dans la mesure


où Friedman a été sur le même terrain que Mead, il faut noter que
entre les deux études, il y a eu au moins un demi siècle de différence.
Or, les spécialistes du changement de comportement estiment qu’il
suffit d’une génération pour changer un comportement.

Toutefois, en dépit de toutes ces contradictions, il convient de dire


qu’aujourd’hui l’éducation des jeunes enfants n’est pas seulement
l’apanage de la société(famille), mais des institutions spécialisées.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

La garde et l’éducation des petits enfants varient selon les époques et les
sociétés.

Dans la Rome antique, l’allaitement des enfants issus des couches dites
supérieures était confié à d’autres femmes de couches dites inférieures
qui venaient d’accoucher.

Ces dernières étaient soit accueillies dans la « maison des nobles »,


laissant leurs petits entre d’autres mains,

Soit elle accueille le nourrisson dans sa maison et l’allaite en même temps


que le sien.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

Ce travail a été formalisé et les contrats étaient signés entre les époux
des femmes venant d’accoucher.

Les femmes n’avaient pas droit au chapitre.

Cette pratique étaient légitimée par l’Eglise qui donnait aux maris
comme patron Saint Joseph, mais également qui reconnaissait une
parenté sociale (lait ) à coté de celle biologique (sang).

Celle-ci était caractérisée par la prohibition du mariage et le devoir


d’entre aide.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

Cette pratique amenait certains ménages pauvres et mères célibataires à


abandonner leurs nourrissons aux pieds des hospices.

En cas de découverte précoce (enfant en vie), ces derniers sont recueillis et


confiés à des nourrices moyennant une petite rétribution.

Ou à des servantes qui travaillaient dans des hospices qui accueillait des
« miséreux ».

Ainsi, au 13ème et 14ème siècle, beaucoup de grandes villes occidentales


avaient des hospices avec des tours à cylindre pivotant (avec une cloche)
accueillant les enfants orphelins.
Tour d’abandon avec
sonnerie pour faciliter la
trouvaille du bébé
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

Dans ces hospices, ces nourrissons avaient un taux de mortalité


élevé.

C’est ce qui justifie qu’au 17ème siècle, Viencent de Paul fait


appel à la charité chrétienne pour la construction hôpitaux en
faveur de ces enfants.

Ce qui n’a pas pour autant réduit la mortalité de ces enfants.


III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

Jusqu’à la fin de l’ancien régime (période comprise entre le


16ème siècle et la révolution française et 1789), il y avait deux
modes de gardes:

Une garde individuelle

Une garde collective.

Au 19ème siècle, ces systèmes vont connaitre des


bouleversements dus essentiellement à trois faits:
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance:
des gardes traditionnelles aux écoles maternelles

1.La révolution industrielle

2.Les mutations liées à la médicalisation

3.Le baby boom


III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

1.La révolution culturelle.

Avec la révolution industrielle et la promotion du capitalisme, on assiste au travail


des femmes.

Ce dernier a comme conséquence la naissances des salles d’asile et des


crèches.

En effet, étant absentes de leurs domiciles 12 à 14heures par jour, elles trouvent de
en moins le temps de s’occuper de leurs enfants.

Résultats: les enfants âgés de 2 à 6 ans sont abandonnés à eux mêmes dans la
rue

Et dans le meilleur des cas dans des garderies sans réel projet éducatif
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

C’est pour lutter contre ce « gaspillage humain » que Robert Owen va fondé
en 1816 à New Lenark (Ecosse) la première école maternelle (Infant school)

En France, le premier établissement pour petit enfants a été crée par le


baron de Gérondo, Joseph Marie en 1824.

Le second est l’oeuvre de Jean Denis Cochin entre 1826-1828.

Si les hommes ont été les premiers à construire des « écoles destinées à la
petite enfance », les femmes n’ont pas été en reste dans l’animation.

Elles ont développées des approches empiriques avec une pédagogie de


soins et de jeux (Émilie Malet et Marie Pape Carpentier).
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

Mieux, entre 1880 et 1890, Pauline Kergomard transforme les salles d’asile en écoles
maternelles avec pour objet d’éduquer non pas seulement les enfants mais aussi les
mères.

Alors que la création des crèches est plu tardive.

Elle intervient vers les années 1840.

Ce retard est expliqué par le soucis de ne pas compromettre l’allaitement


maternel.

En effet, ces crèches étaient ouvertes entre 5heures du matin et 20heures avec des
temps d’allaitement à 9heures et à 14heures en échange de 20 centimes par jours.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

1. Les mutations liées à la médicalisation

La médicalisation a fortement influencé le mode garde des enfants.

Ici, on insiste sur l’hygiène, l’environnement des ménages qui accueillaient


d’autres enfants.

Le biberon est de plus en promu avec un accent particulier sur les


recherches relatives à la qualité et quantité de lait dont chaque enfant a
besoin en fonction de son âge.

Ce qui donne comme conséquence, la promotion de l’allaitement artificiel


III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

Dans ce contexte, la fonction de nourrice ne dépend plus de la


fécondité.

Elle devient alors gardienne tout en gardant le même nom.

Cette promotion du biberon va faciliter la naissance de la poupenière


en 1912, où les enfants sont gardés de jour comme de nuit.

Elle est également associée à l’émergence du métier de puériculture


et à la promotion de la pédiatrie
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

1.La mutation liée au Baby-boom

Le baby-boom intervenu à la fin de la deuxième guerre mondiale,


s’accompagne de faits majeurs qui ont favorisé le développement des
institutions de garde des enfants.

•L’essor économique qui a pour conséquence le travail des femmes hors de la


maison.

•Le niveau d’éducation des femmes, qui de plus en plus les poussent à trouver un
emploi aussi valorisé que celui des hommes (besoin d’accomplissement de soi,
féminisme etc.)
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

•L’expertise acquise par les institutions de prise en charge de la petite


enfance (développement de l’éveil avec les jeux et la formations des
encadreurs)

Toutefois, si l’utilité de ces institutions n’est plus à démontrer, elle ne fait


pas l’unanimité.

D’ailleurs, selon René Spitz et Jenny Aubry (Roudinesco) , l’accueil


collectif des enfants dans ces institutions leur donne des carences
affectives.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

En effet, selon ces auteurs, les premières crèches (années 50) ne


privilégiaient pas l’éveil mais les soins médicaux.

Ici les enfants, dès leur arrivée, étaient placés dans des berceaux
par tranche d’âge.

Le personnel le plus en contact avec eux changeait tous les 6 mois,


sans tenir compte de leur attachement
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

En plus le coût et la rigidité des horaires ont été dénoncé par l’UNAF
(Union nationale des Affaires familiales).

Au même moment, les marxistes, les syndicalistes, les mères etc


réclamaient plus de crèches dans un contexte d’émancipation de la
femme.

D’ailleurs Andrée Michel donne la responsabilité de la prise en charge


de la petite enfance à la société, car pour elle la maternité est a une
fonction sociale.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des
gardes traditionnelles aux écoles maternelles

C’est ainsi que l’aide sociale à l’enfance encourageait les municipalités

à ouvrir des lieux d’accueil et des caisses d’allocation familiales.

Mais également les institutions s’efforçaient à trouver des formules plus

souples pour donner aux parents plus de marges de manoeuvre


III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

Dans les années 1950-1960, la pédagogie développée dans les


institutions de prise ne charge de la petite enfance et la gratuité incite
ainsi les mères à y envoyer leurs enfants dès le plus jeunes enfance.

Dans les années 1970, on assiste à l’apparition de nouvelles crèches


sous la houlette des féministes et des gauchistes qui improvisent des
crèches sauvages lors des manifestations et qui vont inspirer la création
des « crèches communautaires », autogérés par les parents à tour de
rôle.
III.1. : Histoire de l’éducation de la petite enfance: des gardes
traditionnelles aux écoles maternelles

Ainsi, les institutions de prises en charge de la petite enfance qui avant


étaient destinées aux prolétaires sont désormais très prisées par les
jeunes cadres.

Elles passent de structures de garde des enfants à des structures


d’éducation par excellence.

D’ailleurs plusieurs chercheurs vont s’y intéressés et démontrer tous les


bienfaits de ces institutions.

C’est ce qui explique leur développement dans tous les pays du


monde dont le Sénégal.
III. 2: Les structures de la prise en charge de
la petite enfance
La prise en charge de la petite enfance est une priorité au Sénégal.
C’est ce qui justifie la mise en place de diverses structures qui sont :

les garderies et/ou crèches,

les cases des touts petits,

les cases communautaires,

les écoles maternelles,


III. 2: Les structures de la prise en
charge de la petite enfance
les garderies et/ou crèches.

➢ Garderies et crèches peuvent parfois renvoyer à la même réalité. Ce


sont des structures de prise en charge de la petite enfance.

➢ Elles sont plus fréquentes en ville et sont généralement gérées par des
privés où les parents peuvent amener leurs enfants dès l’âge de trois
mois.

➢ Elles représentent près du 1/4 des structures de prise en charge de la


petite enfance et une alternative pour les femmes travailleuses.
III. 2: Les structures de la prise en charge de la
petite enfance

A côté des privés, il y a les crèches communautaires qui sont


rattachées à la Direction de la petite enfance et s’occupent des
enfants de 0 à 3 ans.

Elles sont gérées par la communauté qui choisit ses propres encadreurs
(pas toujours formés).

Aussi faut-il le signaler, même si ces structures sont publiques, les


parents participent à leur fonctionnement en donnant une
participation mensuelle.
III. 2: Les structures de la prise en charge de la
petite enfance
Les cases des tout-petits

➢ Elles sont nées suite à la première alternance démocratique du


Sénégal.

➢ Selon le « document d’orientation stratégique du ministère de la


famille et de la petite enfance », la création de la case des tout-petits
répond à une vision macro-économique.

➢ Elle se place au cœur du développement à travers la valorisation des


ressources humaines.

➢ Elle n’est pas donc une action sociale.


III. 2: Les structures de la prise en charge de la
petite enfance

Elle est une structure publique gérée par l’agence nationale de la case
des tout-petits.

Elle repose sur un programme communautaire et se donne pour


objectif « d’assurer à tous les enfants sénégalais, de la conception à 6
ans, issus en priorité de milieux défavorisés, l’accès à des services
adéquats et intégrés, selon une approche participative pour que les
besoins de chacun d’entre eux soient pris en charge… dans un
environnement sain » (ANCTP, 2004).
III. 2: Les structures de la prise en charge de la petite
enfance

Les cases des tout-petits représentent près de 1/4 des structures de


prise en charge de la petite enfance. Ce modèle de référence est
basé sur le développement intégré de la petite enfance.

À la différence des centres communautaires classiques, l’État prend


directement en charge la construction des cases, les salaires du
personnel d’encadrement ainsi que les dépenses de fonctionnement.
III. 2: Les structures de la prise en charge de la petite
enfance

Les cases communautaires

➢ Elles sont créés par les membres de la communauté pour répondre au


besoin d’encadrement de la petite enfance.

➢ Elles existent en général dans les milieux ruraux et se donnent comme


objectif d’assurer la garde des enfants en bas âge pour permettre à
leurs mères de vaquer à leurs occupations.
III. 2: Les structures de la prise en
charge de la petite enfance

Les maternelles

➢ Les écoles préscolaires s’adressent aux enfants de 3 à 6 ans. Elles ont


pour but de préparer les enfants à l’intégration scolaire.

➢ Tout comme le reste du système scolaire sénégalais, elles sont


constituées d’établissements publics et privés.

➢ Elles représentent 1/3 des structures de prise en charge de la petite


enfance.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

La préscolarisation ou scolarisation précoce s’intéresse aux enfants à


partir de deux ans en France et de trois ans au Sénégal.

Tout comme la problématique de l’intelligence en tant faculté acquise


ou innée, celle de la préscolarisation de la petite enfance a intéressé
plusieurs chercheurs.

Si certains d’entre eux la conçoivent comme bénéfique pour l’avenir


futur de l’enfant, d’autres par contre pensent qu’elle peut être
« dangereuse » pour l’avenir de ce dernier.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Pour Pierre-Gilles WEIL (psychologue, écrivain et éducateur français), la


plupart des études relatives à la préscolarisation mettent en relief
l'importance du facteur scolaire sur le développement mental.

C’est ainsi Wellman (psychologue, Michigan), relève des différences


dans le processus d’apprentissage entre les enfants ayant fréquenté
l'école maternelle et les autres.

Pour lui, le fait d'avoir fréquenté une école maternelle permet d'obtenir
de meilleurs résultats durant les études secondaires ou supérieures.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Cette vision est confirmée par Barry, pour qui la préscolarisation des
enfants influence positivement leur réussite scolaire future.

A l’inverse, la non préscolarisation aurait des conséquences à long


terme sur l’adaptation scolaire et comportemental.

Cette inadaptation serait à l’origine de l’échec scolaire précoce


des jeunes, échec qui résulte de la non maturation scolaire des
enfants n’ayant fréquenter le préscolaire.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Si d’une manière générale, la préscolarisation des jeunes est vue comme


un bénéfice pour sa future réussite scolaire, de plus en plus des voix se
lèvent contre cette pratique qui ne serait qu’une illusion.

C’est dans ce sens que Bernard Boise (psychiatre, Paris Descartes 5),
qualifie « l’idée de scolarisation précoce des enfants dès l’âge de deux
ans […de] fausse bonne idée ou, surtout, […de] vraie mauvaise idée »
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Ainsi, selon l’auteur, avec la scolarisation précoce, « les bébés » ne


disposent pas assez de temps pour être « des bébés ». Ce qui pourrait
occasionner dans leurs futures vies d’enfants et d’adolescents à des
situations de vulnérabilité et de fragilité.

D’ailleurs, il explique le paradoxe d’une « société actuelle agitée » et qui


lutte contre l’hyperactivité des enfants,

Or, c’est elle-même qui crée les conditions d’émergence de celle-ci,


parmi lesquelles la scolarisation précoce est un facteur de risque.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Ainsi, l’auteur défend un « droit à l’enfance » qui selon lui, va permettre à


l’enfant d’avoir le temps de grandir et de se développer dans un
environnement propice entouré d’adulte.

Cet environnement à défaut du milieu familiale, peut être remplacé par


la crèche (pour les femmes travailleuses) où le taux d’encadrement est
jugé acceptable par rapport à celui des établissements préscolaires.

Dans ce contexte, il propose l’âge d’entrée à maternelle à 4 ans.


III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

En effet, selon l’auteur, la troisième année de vie marque, la fin du cycle qui
va de la naissance jusqu’à l’acquisition du « je ».

Il s’agit d’une période de différenciation et de transformation qui ne peut se


faire que dans le contact émotionnel entre le bébé et ses parents ou leurs
substituts.

Ce processus d’acquisition du « je » commence dès la deuxième année vie.

Pendant toute cette période, l’enfant pense avec son corps et avec les
objets (c’est la période de l’intelligence sensori-motrice, bien décrite par J.
Piaget).
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Dans le même ordre, Geneviève Haag (psychiatre) défend la thèse selon


laquelle, une scolarisation prématurée, au lieu d’être bénéfique pour
l’enfant, serait au contraire un futur facteur de risque d’échec scolaire.

En effet, le contact précoce de l’école et de l’enfant pas suffisamment


« développé » pourrait être source « d’inhibition » et de « passivation ».

Dans un contexte de travail de femme, elle rejoint l’idée de Boise selon


laquelle, à défaut de garder les petits enfants à la maison, les placer dans
une crèche qui est plus proche de l’environnement familiale que l’école
maternelle.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Toujours par rapport aux méfaits de la préscolarisation, Alain Bentolila


(linguiste, Paris Descartes), sans nier le rôle important de la scolarisation
précoce sur le travail des femmes( professionnelles en dehors des
maisons), estime que celle-ci pourrait être source d’insécurité
linguistique.

Cette dernière engendrerait comme conséquences des difficultés


dans l’apprentissage de la lecture, et cela quelle que soit la méthode
utilisée.
III.3.: Influences de la préscolarisation sur les performances scolaires

Toutefois, en dépit de ces critiques, qui par ailleurs semblent bien


fondées, la préscolarisation des enfants, semble aujourd’hui
incontournable dans un monde moderne caractérisé par:

travail des femmes et

la nucléarisation de la famille qui oblige ces dernières à recourir très tôt


aux crèches et aux maternelles.

C’est ce qui explique l’essor du secteur aujourd’hui au Sénégal aussi en


milieu urbain qu’en milieu rural.
III. 4: Efficacité des structures de prise en charge de la petite enfance

Si dans l’ensemble les structures de prise en charge de la petite


enfance visent toutes le même objectif, elles n’ont pas toutes le même
degré d’efficacité.

➢ Dans une étude comparative sur la maturité scolaire des enfants


fréquentant différentes structures, Barry démontre qu’il y a une
différence de niveau en fonction des établissements.
➢ Ainsi, selon cette étude, les enfants des cases communautaires sont
moins aptes que ceux des autres établissements et même ceux
n’ayant pas fait le préscolaire.
III. 4: Efficacité des structures de prise en charge de la petite enfance

Ce manque de niveau s’expliquerait par les moyens modestes dont


disposent ces établissements:

1. Elles ne disposent en général d’aucun soutien financier extérieur.

2. Locaux non adaptés (abris provisoires), mal éclairés, mal aérés, pas de
latrines.

3. Ce qui est contradictoire avec les dispositions réglementant les


fonctionnement des structures de prise en charge de la petite
enfance.
III. 4: Efficacité des structures de prise en charge de la petite enfance

A cela, s’ajoute le manque de formation des encadreurs qui sont en


général des personnes issues de la communauté et qui sont parfois sans
qualification préalable.

Aussi, ces établissements sont caractérisés par le nombre pléthorique et


la faiblesse du taux d’encadrement.

Ces enfants évoluent dans un environnement où ils n’ont pas beaucoup


d’interactions stimulatrices, tant au niveau social que cognitif.
III. 4: Efficacité des structures de prise en charge de la petite enfance

Quant aux enfants des écoles maternelles formelles, ils présentent un


bon niveau de maturité pour leur entrée au primaire.

Ces écoles bénéficient d’un bon encadrement basé sur un


programme bien défini et que le personnel est tenu de respecter.

Le personnel dans ces structures est qualifié avec au moins le BFEM


comme diplôme académique suivi d’une formation qualifiante qui leur
donne les compétences nécessaires à la prise en charge et à l’éveil
des enfants.
III. 4: Efficacité des structures de prise en charge de la petite enfance

Egalement, elles sont soumises à la surveillance des inspecteurs, qui


notent et évaluent les enseignants.

Il faut également souligner que ces écoles sont généralement bien


équipées en matériel didactique.

Elles possèdent aussi, un bon taux d’encadrement.


Conclusion
La prise en charge de la petite enfance commence avant la
naissance, dès la grossesse ou même avant.

Après la naissance, elle est organisée au niveau familiale ou dans


des institutions spécialisées.

Cette prise en charge a pour but de favoriser le développement


sensoriel, émotionnel et intellectuel de l’enfant.

Elle a évolué dans le temps.


Conclusion

Aujourd’hui, à l’instar du monde, beaucoup de structures de prise en


charge existent au Sénégal.

Toutefois, si ces structures sont utiles, leur efficacité et l’âge auquel les
enfants doivent y être admis sont discutés par les chercheurs.

Malgré les réserves de certains, le recours à ces structures semble


aujourd’hui incontournable dans un monde caractérisé par le désir
performance et le travail salarié des femmes.
Je vous remercie de
votre attention

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