Perception Differntiee Eleve Enseignant
Perception Differntiee Eleve Enseignant
Perception Differntiee Eleve Enseignant
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Martine Poirier
Anne Lessard
Laurier Fortin
Éric Yergeau
Université de Sherbrooke
Résumé
Cette étude transversale vise à mieux comprendre le lien entre la qualité de la relation
élève-enseignant, le risque de décrochage scolaire et le genre des élèves. À l’aide
d’un devis descriptif-corrélationnel, nous avons examiné la perception de 756 élèves
de deuxième secondaire. Les résultats indiquent que les élèves à risque perçoivent
plus négativement la relation avec leur enseignant que les élèves non à risque.
De plus, les filles manifestent des attitudes plus positives envers leur enseignant
et considèrent que les règlements sont plus clairs que leurs pairs masculins. Cette
étude contribue à l’avancement des connaissances en précisant que les différentes
dimensions de la relation élève-enseignant (implication émotionnelle et soutien de
l’enseignant, encadrement) sont toutes associées au risque de décrochage scolaire.
The results indicate that at-risk students perceive relationships with their teachers more
negatively than non-at-risk students do. In addition, girls exhibit more positive attitudes
toward their teachers and consider that the rules are clearer than their male peers. This study
contributes to the advancement of knowledge by noting that the various dimensions of
the student-teacher relationship (teacher emotional involvement, support and supervision
are all associated with dropout risk.
Key words: student-teacher relationship, at-risk students, school dropout, school risk
factors, gender difference.
Este estudio transversal tiene por propósito entender mejor el vínculo entre la calidad de
la relación alumno-docente, el riesgo de abandono escolar y el género de los alumnos.
Por medio de un diseño de investigación descriptivo-correlacional, examinamos la
percepción de 756 alumnos de segundo año de la secundaria. Los resultados indican
que les alumnos de riesgo perciben de manera más negativa la relación con su maestro
en comparación con los alumnos que no se encuentran en riesgo de abandono escolar.
Además, las niñas manifiestan actitudes más positivas con su docente y consideran más
claros los reglamentos que sus pares masculinos. Este estudio contribuye al avance de
los conocimientos precisando que todas las distintas dimensiones de la relación alumno-
docente (implicación emocional y apoyo al docente, supervisión) están asociadas con el
riesgo de abandono escolar.
Introduction
Au Québec, le décrochage scolaire constitue un problème très préoccupant. Défini
comme le fait de quitter l’école avant l’obtention du diplôme d’études secondaires sans se
réinscrire l’année suivante, le décrochage touchait 18,6 % des élèves du réseau scolaire public
québécois en 2010-2011. Le taux de décrochage scolaire se situait à 23,1 % chez les garçons
et à 14,3 % chez les filles (Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, MELS, 2012a). Bien
que le taux de décrochage ait diminué ces dernières années, il n’en demeure pas moins
que l’obtention du diplôme après les cinq années prévues au secondaire demeure faible.
En Estrie, il s’élevait seulement à 58,7 % chez les élèves inscrits en secondaire 1 en 2006
et devant terminer en 2011. Chez les garçons, ce taux n’était que de 51,4 %, mais chez les
filles, il était légèrement plus élevé et se situait à 66,6 % (MELS, 2012b). Les partenaires des
domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé et des services sociaux doivent donc se
mobiliser pour favoriser la persévérance et la réussite des élèves jusqu’à l’obtention de leur
diplôme.
Plus récemment, Fortin, Marcotte, Diallo, Royer et Potvin (2013) ont présenté le modèle
multidimensionnel explicatif du décrochage scolaire développé auprès d’une population
générale d’adolescents suivis à partir de leur première année au secondaire. Dans ce
modèle présenté à la figure 1, seule la faible réussite scolaire de l’élève prédit le décrochage
scolaire à 19 ans. Le faible statut économique et le genre exercent tant une influence
directe sur la réussite scolaire de l’élève qu’indirecte, par leur influence sur les interactions
négatives à l’école. La réussite scolaire est aussi influencée indirectement par les facteurs
familiaux et personnels, soit la relation parent-adolescent détériorée (peu d’interactions
et de communication parents-adolescent, peu de soutien affectif des parents) ainsi que la
dépression et les difficultés familiales (symptômes dépressifs de l’élève, conflits familiaux
et peu de cohésion familiale). Les facteurs scolaires (climat de classe négatif et interactions
négatives à l’école) y sont aussi associés directement. Le peu d’ordre et d’organisation en
classe ainsi que le manque d’engagement de l’élève caractérisent le climat de classe négatif.
De leur côté, les interactions négatives à l’école se définissent non seulement par le peu de
coopération avec les pairs, mais également par les relations établies avec l’enseignant et se
manifestent tant par les problèmes de comportement de l’élève perçus par l’enseignant que
les réponses négatives qu’engendre cette perception.
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 5
Le modèle de Fortin et al. (2013) constitue une base pour identifier les élèves à risque
de décrochage scolaire, soit les élèves qui fréquentent toujours l’école, mais qui présentent
un risque élevé de décrocher dû à la présence de facteurs de risque personnels, familiaux
et scolaires (Fortin, Royer, Potvin, Marcotte et Yergeau, 2004). De plus, il permet de mettre
en lumière le fait que les facteurs scolaires jouent un rôle prépondérant dans le processus
menant au décrochage scolaire et qu’une meilleure compréhension de ceux-ci contribuerait
à fournir des pistes pour le prévenir plus efficacement.
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qui croient que leur enseignant leur prête attention réussissent mieux, s’engagent davantage
et sont plus motivés que les élèves qui évaluent plus négativement la relation avec leur
enseignant (Allen, Witt et Wheeless, 2007; Reeve, Jang, Carrell, Jeon et Barch, 2004; Roorda,
Koomen, Split et Oort, 2011; Shaunessy et McHatton, 2009). À l’inverse, les résultats de
Whannel et allen (2011) indiquent que comparativement aux élèves diplômés, les élèves
qui ont décroché avaient des relations plus négatives avec leur enseignant. D’ailleurs, la
perception d’une relation négative est liée aux problèmes de comportements et à la faible
réussite scolaire (Beyda, Zentall et Ferko, 2002; Demanet et Van Houtte, 2012; Demaray et
Malecki, 2002), deux facteurs associés au risque de décrochage. La relation avec l’enseignant
semble donc jouer un rôle important, tant comme facteur associé au risque de décrochage
scolaire que dans le processus ayant mené au décrochage scolaire. Par contre, à notre
connaissance, peu d’auteurs ont étudié spécifiquement le lien entre la qualité de la relation
élève-enseignant et le risque de décrochage scolaire lorsque les élèves sont encore inscrits
à l’école. De plus, les auteurs qui s’y sont intéressés n’ont pas tenu compte des différentes
dimensions de la relation élève-enseignant (Fallu et Janosz, 2003; Whannell et allen, 2011).
Cette étude propose donc de dépasser ces limites en comparant les élèves à risque et non
à risque de décrochage scolaire de même que les garçons et les filles, en lien avec les
dimensions de la relation élève-enseignant proposées par Klem et Connell (2004), soit le
soutien de l’autonomie et l’implication émotionnelle de l’enseignant (mesurés par la variable
soutien de l’enseignant), l’encadrement (mesuré par les variables ordre et organisation et
clarté des règlements) et l’engagement des élèves. De plus, tel que mentionné, puisque la
relation s’établit par les interactions entre l’élève et l’enseignant, les attitudes des élèves à
risque et non à risque de décrochage scolaire envers l’enseignant ont aussi été comparées.
Enfin, les auteurs n’établissent pas si la qualité de la relation influence de façon différentielle
le parcours des garçons et des filles. Nous tenterons donc également de mieux comprendre
ce qui distingue les relations établies par les garçons et les filles avec leur enseignant.
2. Objectifs de l’étude
3. Méthode
Nos analyses sont basées sur les données recueillies auprès des élèves de première
année du secondaire recrutés durant trois années successives pour l’étude longitudinale de
Fortin (2000-2003) portant sur le soutien à la réussite scolaire. Dans le cadre de cette étude,
un devis descriptif-corrélationnel a été retenu et seules les données du deuxième temps de
mesure recueillies auprès de la première cohorte d’élèves ont été analysées.
3.1 Participants
Cette étude porte sur 756 élèves (375 garçons et 381 filles) inscrits en deuxième année
du secondaire à l’automne 2002. Ces participants sont âgés en moyenne de 14,66 ans
(é.-t.: 0,71) et fréquentent six écoles situées dans un milieu semi-urbain ou rural. L’échantillon
a été divisé en deux groupes à partir des résultats obtenus au questionnaire Décision
(Quirouette, 1988) qui mesure le risque de décrochage scolaire, dans le but de comparer les
élèves à risque de décrochage à ceux qui ne le sont pas. L’intérêt de séparer l’échantillon et
de comparer les deux groupes d’élèves est de mieux connaître les élèves à risque auprès
desquels une intervention pourrait être mise en place dans le but de diminuer leur risque
de décrochage scolaire et de favoriser leur persévérance et leur réussite scolaire. Parmi les
garçons de l’échantillon, 159 étaient considérés à risque (42,4 %) et 216 ne l’étaient pas
(57,6 %). Chez les filles, 150 étaient considérées à risque (39,4 %) et 231 ne l’étaient
pas (60,6 %). La différence entre le nombre de garçons et de filles à risque n’est pas
significative (χ2 (1) = 0,72; p = 0,40).
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 9
la consistance interne (a de Cronbach) est évaluée à 0,58 pour l’engagement, 0,67 pour le
soutien de l’enseignant, 0,63 pour l’ordre et l’organisation et de 0,57 pour la clarté des
règlements. Cortina (1993) a démontré qu’un nombre élevé d’items et peu de dimensions
sont associés à une consistance interne plus élevée. Dans un contexte où l’inverse est
observé, comme c’est le cas pour le CES, les indices semblent satisfaisants. La validité de
convergence avec d’autres instruments (r = 0,16 à 0,40) du CES est satisfaisante selon les
auteurs (Moos et Trickett, 1987).
3.3 Procédure
Les participants ont préalablement reçu une lettre de leur direction d’école les informant
de la nature du projet. Ils devaient par la suite fournir un consentement écrit pour participer
à l’étude. Les élèves de moins de 14 ans devaient fournir le consentement de leurs parents.
Pour la collecte des données, des assistants de recherche formés à la passation de tests
se sont rendus, au printemps 2002, dans les six écoles participant à la recherche. Tous les
élèves de deuxième année du secondaire inscrits dans l’une de ces écoles ont répondu aux
questionnaires en classe, lors d’une période de 90 minutes. Ceux qui n’avaient pas consenti
à participer à l’étude étaient invités à se rendre à la bibliothèque.
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 11
Pour répondre aux objectifs, nous avons effectué une analyse de covariance multivariée
(MANCOVA) avec comme variables indépendantes le risque et le genre, comme variables
dépendantes les facteurs mesurant la qualité de la relation et comme covariables, le
redoublement (mesuré par l’âge de l’élève), l’absentéisme et la réussite scolaire. Les analyses
permettent de documenter les effets principaux relatifs au genre et au risque ainsi que l’effet
d’interaction entre le genre et le risque.
4. Résultats
L’objectif de cette étude est de comparer la perception des élèves à risque et non à risque
de décrochage scolaire et celle des garçons et des filles de la relation avec leur enseignant.
Les résultats des analyses statistiques permettent d’illustrer ce qui distingue ces groupes
lorsqu’ils évaluent la qualité de la relation avec leur enseignant.
D’abord, des corrélations de Pearson, présentées dans le tableau 1, indiquent que les
variables dépendantes sont associées et permettent de mesurer la qualité de la relation
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D’autre part, même après avoir contrôlé l’effet des variables âge et réussite, une partie
de la variance associée à la qualité de la relation élève-enseignant est expliquée par le
risque de décrochage scolaire. Les analyses permettent de constater qu’il existe une relation
significative entre le risque et la qualité de la relation (F(1,744) = 20,84; p = 0,001; η2 = 0,12).
L’indice eta-carré est associé à une taille d’effet moyenne (Cohen, 1988).
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 13
Tableau 2
Les résultats montrent également que le risque de décrochage scolaire est associé aux
cinq composantes de la qualité de la relation élève-enseignant. En effet, les élèves à risque
de décrochage rapportent être moins engagés (F(1,748) = 37,52; p = 0,001; η2 = 0,05),
perçoivent moins de soutien de la part de leur enseignant (F(1,748) = 27,23; p = 0,001 η2
= 0,04), moins d’ordre et d’organisation en classe (F(1,748) = 12,14; p = 0,001 η2 = 0,02) et ils
considèrent que les règlements sont moins clairs (F(1,748) = 19,56; p = 0,001 η2 = 0,03) que
leurs pairs non à risque. Les élèves à risque de décrochage manifestent aussi des attitudes plus
négatives envers leur enseignant que les élèves non à risque (F(1,748) = 90,07; p = 0,001;
η2 = 0,11).
p = 0,03; η2 = 0,01). Les élèves masculins considèrent aussi que les règlements dans la
classe sont moins clairs (x = 2,89, é.t. = 1,15) que leurs consœurs (x = 3,13, é.t. = 1,07)
(F(1,748) = 8,60; p = 0,003; η2 = 0,01). Somme toute, les garçons perçoivent que la relation
qu’ils établissent avec les enseignants est de moindre qualité que celle rapportée par les
filles, mais seulement pour deux des cinq dimensions évaluées.
5. Discussion
Selon notre étude, il appert que les élèves à risque de décrochage scolaire évaluent
plus négativement la relation avec leur enseignant que les élèves non à risque, ce qui peut
contribuer à augmenter la probabilité qu’ils quittent l’école avant l’obtention de leur diplôme
d’études secondaires. Ces résultats sont cohérents avec ceux présentés dans la documentation
scientifique: les mauvaises relations avec les enseignants augmentent le risque de décrochage
(Gagné et Marcotte, 2010; Hickman et al., 2008; Suh, Suh et Houston, 2007; Trampush
et al., 2009) et constituent la raison principale pour justifier l’abandon de certains élèves
(Croninger et Lee, 2001; Lan et Lanthier, 2003; Lessard, Fortin, Joly, Royer et Blaya, 2006;
Whannell et allen, 2011).
Dans le cadre de cette étude, la relation des élèves à risque de décrochage scolaire avec
leur enseignant est caractérisée par peu de soutien, des lacunes par rapport à la clarté des
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 15
Les élèves à risque de décrochage scolaire manifestent des attitudes plus négatives
envers leur enseignant que les autres élèves. Les problèmes de comportement et les
conduites antisociales ou délinquantes qu’adoptent certains d’entre eux favorisent peu
l’établissement d’un lien de confiance avec leur enseignant (Baker, Derrer, Davis, Dinklage-
Travis, Linder et Nicholson, 2001; Fortin, Royer, Potvin, Marcotte et Yergeau, 2004; Jimerson,
Egeland, Sroufe et Carlson, 2000; Wang, Selman, Dishion et Stormshak, 2010). En fait, les
enseignants manifestent aussi des attitudes négatives à l’endroit de ces élèves. Baker (1999)
estime qu’ils leur accordent moins de rétroactions positives et qu’ils leur adressent deux fois
plus de réprimandes qu’aux élèves bien adaptés. De plus, différentes études ont montré que
les pratiques négatives des enseignants sont associées aux attitudes négatives des élèves
envers l’enseignant, à leur démotivation (Sava, 2002) et à leurs problèmes de comportement
(Beyda et al., 2002; Demanet et Van Houtte, 2012). Par contre, une relation élève-enseignant
de qualité peut constituer un facteur de protection pour les problèmes de comportement
(Wang, Brinkworth et Eccles, 2013).
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Enfin, la perception des élèves à risque est aussi plus négative que celle des élèves non à
risque en ce qui a trait à l’encadrement en classe (clarté des règlements, ordre et organisation).
En effet, à la lumière de nos résultats, ces élèves considèrent que les règlements sont moins
clairs et qu’il y a moins d’ordre et d’organisation en classe que les élèves non à risque. Le fait
que les élèves à risque respectent moins les règlements s’opposent plus à l’autorité et initient
plus de bagarres que les élèves non à risque pourrait influencer leur perception négative du
système d’encadrement (Fortin et al., 2004; Wang et al., 2010).
Lorsque le genre est pris en considération, on observe que les garçons manifestent des
attitudes plus négatives envers leur enseignant et considèrent, contrairement aux filles, que
les règlements soint moins clairs. Ce résultat est cohérent avec les constats de l’étude de
Lessard et al., (2004) qui ont montré que les garçons adoptaient des conduites plus négatives
à l’égard de leur enseignant que les filles, et ceux de l’étude de Koth, Bradshaw et Leaf (2008)
qui suggéraient que les garçons percevaient moins d’ordre et de discipline en classe.
Nos résultats n’ont pas permis d’observer d’effet d’interaction multivarié entre le genre
et le risque sur l’association avec la qualité de la relation élève-enseignant, ce qui suggère
qu’une fois que le risque de décrochage scolaire est pris en considération, la perception
des filles et des garçons face à la qualité de la relation élève-enseignant est similaire.
Considérant que le taux de décrochage scolaire est plus élevé chez les garçons que chez les
filles (MELS, 2012a), cette absence d’effet d’interaction suggère que d’autres facteurs que la
qualité de la relation élève-enseignant pourraient mieux expliquer cette différence de genre
entre les élèves à risque qui persévèrent et ceux qui ne le font pas, notamment le faible
rendement scolaire, le peu de valorisation accordée à la diplomation et les problèmes de
comportement extériorisés (Bradshaw, Schaeffer, Petras et Ialongo, 2010; Fischer, Schult et
Hell, 2013; Freeney et O’Connell, 2012). La relation élève-enseignant ne constitue en effet
que l’un des facteurs qui contribuent à augmenter le risque de décrochage scolaire.
Cette étude comporte évidemment certaines limites méthodologiques dont il faut tenir
compte lors de la généralisation des résultats. En effet, étudier la qualité de la relation élève-
enseignant, mais en ne tenant compte que du point de vue de l’élève constitue une lacune
de cette recherche. À notre connaissance, à ce jour, aucune étude n’a permis de déterminer
si la perception de la qualité de la relation selon l’enseignant et selon l’élève influençait
différemment le risque de décrochage. Toutefois, la perception de l’élève constitue un bon
point de départ et fournira assurément certaines réponses. L’apport de l’évaluation de
La perception différenciée de la relation élève-enseignant... 17
l’enseignant devient une piste importante à considérer pour les recherches futures. Ensuite,
le retrait d’une échelle du questionnaire Décisions (Quirouette, 1988) pour séparer les élèves
à risque et non à risque peut avoir réduit les propriétés psychométriques de cet instrument.
L’utilisation d’échelles de deux instruments de mesure différents pour évaluer la qualité
de la relation élève-enseignant peut également avoir amené à certaines imprécisions.
Un questionnaire basé sur le modèle théorique de Klem et Connell (2004) aurait permis
d’évaluer plus efficacement la relation entre les différentes dimensions de la qualité de la
relation élève-enseignant et le risque de décrochage scolaire.
6. Conclusion
Cette étude transversale visait à mieux comprendre le lien entre la perception de la qualité
de la relation élève-enseignant, le risque de décrochage scolaire et le genre d’adolescents
inscrits en deuxième année du secondaire. Les résultats ont permis de constater que les
élèves à risque de décrochage scolaire manifestent des attitudes plus négatives envers leur
enseignant et perçoivent moins de soutien de sa part, s’engagent moins, considèrent que
les règlements sont moins clairs et qu’il y a moins d’ordre et d’organisation en classe que les
élèves non à risque de décrochage scolaire. Ils semblent donc évaluer plus négativement la
relation avec leur enseignant que leurs pairs non à risque. Plusieurs auteurs avaient d’ailleurs
déjà noté que les relations négatives avec l’enseignant contribuaient à prédire le risque de
décrochage scolaire (Gagné et Marcotte, 2010; Hickman et al., 2008; Trampush et al., 2009).
Nos résultats ont permis de préciser ce facteur de risque en comparant la perception des
élèves à risque et non à risque de décrochage scolaire sur les dimensions de la relation
élève-enseignant (soutien de l’autonomie et l’implication émotionnelle de l’enseignant,
encadrement) et de déterminer que ces différentes dimensions sont toutes associées au
risque.
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Bien que dans le cadre de cette étude nous ne nous sommes pas attardés au point de
vue des enseignants, l’attitude de ces derniers à l’endroit de leurs élèves joue un rôle de
premier plan dans l’établissement d’une relation de qualité. Par conséquent, afin de favoriser
les interactions positives, l’engagement et les comportements adaptés chez les élèves, les
enseignants devraient adopter des attitudes positives envers chacun d’eux.
Enfin, bien que nos résultats ne révèlent pas d’effet d’interaction entre le genre et
le risque de décrochage scolaire, ils indiquent que les garçons, contrairement aux filles,
manifestent des attitudes plus négatives envers leur enseignant et considèrent que les
règlements sont moins clairs. Puisque les garçons semblent avoir une perception de la qualité
de la relation élève-enseignant plus négative que leurs consœurs, qu’ils sont reconnus pour
être plus nombreux à décrocher qu’elles (MELS, 2012a) et que, dans leur cas, la relation
négative avec l’enseignant constitue l’un des facteurs qui prédit le plus efficacement le risque
(Fortin et al., 2004), il importerait, dans une visée de prévention, de mettre en place des
interventions pour rétablir une relation positive entre élèves et enseignant. Encore une fois,
cette étude invite à privilégier les programmes de prévention adaptés aux caractéristiques et
aux besoins des élèves, car bien qu’une relation positive profite à tous, elle peut apporter un
bénéfice plus important à certains, briser le cycle du désengagement dans lequel ils se sont
inscrits et ainsi favoriser leur persistance jusqu’à l’obtention de leur diplôme.
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