Droit Parlementaire
Droit Parlementaire
Droit Parlementaire
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Introduction
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L’évolution des parlements, de l’antiquité à l’époque moderne
Cette hyper-présence de l’exécutif n’empêche pas une étude approfondie des
autres pouvoirs et du pouvoir législatif en particulier. Ce dernier qu’Aristote
appelle « pouvoir délibérant » a pour origine l’antique Ecclesia des Grecs.
L’Ecclesia dans le monde hellène apparaît comme l’Assemblée du peuple
citoyen dans de nombreuses cités antiques et notamment dans la cité
d’Athènes. L’Ecclésia est, à Athènes, l’Assemblée des citoyens. Elle vote des
lois, le budget, la paix ou la guerre, l’ostracisme, elle tire au sort
les bouleutes (présidents du conseil), les héliastes (membres des tribunaux),
les 10 archontes (magistrats qui dirigent la république) et élit les dix stratèges.
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Clergé et Tiers-état) sont représentées. Les parlements conservent leur rôle
financier qui s’étend rendant le roi tributaire d’eux.
Au 18ème siècle, A la suite de leur victoire sur les Britanniques, les Américains
nouvellement indépendants et influencés par Montesquieu mettent en place
un parlement bicaméral. A la différence de la Grande-Bretagne, les Américains
tiennent compte de la structure fédérale de leur nation et mettent en place
une chambre haute appelée Sénat qui représente les Etats à raison de 2
sénateurs par Etat et une chambre basse : la chambre des représentants qui
l’émanation des populations.
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le titre de Députés. Le 26 mars 1959, l’Assemblée Constituante vote à
l’unanimité la première Constitution et cède la place à une nouvelle Assemblée
Législative qui compte cent députés d’origine ivoirienne et française.
Délimitation de la notion
On peut le constater le rôle des assemblées ou parlements a beaucoup évolué
depuis l’Antiquité. Si les parlements sont renforcés par la séparation des
pouvoirs, il n’en demeure pas moins qu’ils sont l’objet d’un droit spécial appelé
Droit parlementaire, la production des normes législatives qui est de leur
compétence quasi exclusive donne forme à un art, une science branche de la
science politique appelée Légistique.
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Chapitre Ier. Le droit parlementaire.
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d’un statut spécifique. Les lois organiques sont celles qui ont pour objet de
préciser ou de compléter les dispositions relatives à l’organisation ou au
fonctionnement des Institutions, structures et systèmes prévus ou qualifiés
comme tels par la Constitution (art.102).
La loi organique prévoit les modalités de scrutin ainsi que les conditions dans
lesquelles il y a lieu d’organiser de nouvelles élections ou de procéder à de
nouvelles nominations, en cas de vacance de siège de député ou de sénateur.
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Le règlement administratif des assemblées quoiqu’éludé par la Constitution
organise le fonctionnement des services des chambres du Parlement.
A. La pratique parlementaire.
C’est une « règle de vie sociale » au sein des assemblées qui exprime «
l’acquiescement par le comportement ». Certains comportements, issus de la
traditionnelle « courtoisie parlementaire », ne sont pas considérés comme du
droit parlementaire proprement dit car leur méconnaissance entraîne une
réprobation dénuée de toute sanction : ainsi, l’usage veut que l’orateur se lève
avant de prendre la parole ; de même, le Gouvernement ne doit pas interpeller
les députés.
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§3. Les sources jurisprudentielles.
A. Modalités du contrôle.
Depuis l’année 2000, à la faveur de la révision constitutionnelle initiée après
le putsch de décembre 1999, l’ancienne Cour suprême de la Côte d’Ivoire a été
éclatée pour aboutir à la création de quatre hautes juridictions dont
notamment le Conseil constitutionnel.
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Section II. Le mandat parlementaire.
§1. Généralités.
A. Nature juridique.
L’article 51 de la Constitution ivoirienne dispose ainsi que « Le peuple exerce
sa souveraineté par la voie du référendum et par ses représentants élus. »
L’article 96 indique «que tout mandat impératif est nul ». Le mandat
parlementaire est ainsi une fonction publique dont les titulaires sont investis
par l’élection. Puisqu’il n’implique, selon la tradition républicaine issue de la
Révolution française, aucune dépendance juridique entre l’élu et ses électeurs,
sa nature juridique revêt un caractère représentatif.
B. Caractéristiques.
Le mandat parlementaire présente en conséquence 3 caractéristiques :
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B. Les modes de scrutin et de désignation.
C. Les inéligibilités.
Ne peuvent être élues certaines catégories de personnes :
e peuvent pas non plus être élues les personnes auxquelles l’exercice de
certaines fonctions pourrait conférer un avantage indu, de nature à introduire
une inégalité objective entre les candidats.
• que les préfets sont inéligibles dans les circonscriptions comprises dans le
ressort de leurs fonctions ou des fonctions qu’ils ont exercées depuis moins
de trois ans ;
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• que ne peuvent être élus dans toute circonscription comprise dans le ressort
dans lequel ils exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins de six mois
: les magistrats ; les officiers exerçant un commandement territorial ; un
certain nombre de fonctionnaires exerçant des responsabilités de direction et
de contrôle dans les services extérieurs, régionaux et départementaux de
l’Etat.
Le financement de la campagne
Si la Constitution en son article 25 prévoit que « les partis et groupements
politiques légalement constitués bénéficient du financement public, dans les
conditions définies par la loi », la loi électorale est muette à ce sujet.
La présidence.
Les Présidents des deux assemblées occupent une place importante dans la
vie politique ivoirienne parce qu’ils disposent de nombreuses prérogatives dont
certaines sont inscrites dans la Constitution et qu’ils jouent un rôle essentiel
en matière d’organisation du travail parlementaire et de direction des débats
en séance publique. Le Président représente la chambre et le Bureau. Il est
assisté par les autres membres du Bureau. Il assure la direction et le contrôle
de tous les services. Le Président de l'Assemblée nationale préside le Congrès.
Il est assisté du Président du Sénat, qui en est le vice-Président (art 98).
Les bureaux
Composé du Président, des vice-présidents, des questeurs et de secrétaires, le
Bureau est l’organe directeur des assemblées dans lequel toutes les
sensibilités des groupes politiques sont obligatoirement représentées en
fonction de leur importance numérique.
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Si la Constitution n’évoque les Bureaux des assemblées que de manière
incidente, les Règlements de l’Assemblée nationale et du Sénat, mais
également la loi, reconnaissent au Bureau de larges compétences collégiales
dans le fonctionnement interne des chambres.
Les Commissions
Organisation
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§2. Le fonctionnement.
A. Les sessions ordinaires (art.94).
Chaque année, le Parlement se réunit de plein droit en une session ordinaire.
La session de l’Assemblée nationale commence le premier jour ouvrable du
mois d’avril et prend fin le dernier jour ouvrable du mois de décembre. La
session du Sénat commence sept (7) jours ouvrables après celle de l’Assemblée
nationale et prend fin sept (7) jours ouvrables avant la clôture de la session
de l’Assemblée nationale.
Chaque chambre fixe le nombre de jours des séances qu’elle peut tenir au
cours de la session ordinaire.
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Chapitre II. La Légistique.
« Il est bon quelquefois que les lois ne paraissent pas aller si directement au
but qu’elles se proposent. »
« Il ne faut pas faire par les lois ce qu’on peut faire par les mœurs. »
« Tout simplifier est une opération sur laquelle on a besoin de s’entendre. Tout
prévoir est un but qu’il est impossible d’atteindre. »
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« Quand la loi est claire, il faut la suivre ; quand elle est obscure, il faut en
approfondir les dispositions. Si l’on manque de loi, il faut consulter l’usage ou
l’équité. »
« La loi statue sur tous : elle considère les hommes en masse, jamais comme
particuliers. »
De tels aphorismes augurent de ce qui allaient plus tard devenir un art, à tout
le moins une science et préfigurer des débuts de la légistique.
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linguistique, autrement dit la « plastique de la loi » pour suivre Ihering,
composition de la loi (au sens de sa confection, comme l’entendait
déjà Montesquieu), soit le plan de la loi, ses découpages, sa disposition, la
formulation de la loi, plus précisément son style (aspects graphiques – lettres
majuscules, signes de ponctuation, espaces, aspects lexicaux et syntaxiques
–, aspects stylistiques et même juristylistiques du discours du législateur,
organisation des lois, leur coordination et leur classement, les règles régissant
leur modification, leur abrogation, leur codification ou leur consolidation, leur
refonte, leur interprétation, leur application dans le temps et leur réception
juridique).
§1. Définition.
a légistique formelle s’attache principalement aux règles de la rédaction
législative, à la structure, à l’organisation interne et à la forme des textes de
lois. Elle étudie les règles formelles qui régissent la formulation et l’apparence
du texte, la composition des lois et le style législatif. « Le style et la langue
législatifs sont au cœur des préoccupations des chercheurs en légistique. »
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Plus précisément, la légistique formelle se penche sur les principes et les
mécanismes essentiels de la technique rédactionnelle. Elle énonce, parfois
sous forme de préceptes (Byvoet), parfois sous forme de guides de rédaction,
des règles de légistique qui sont des principes propres à éclairer les rédacteurs
et les rédactrices de textes de lois et de règlements. Ces principes définissent
les conditions qui assurent la qualité et la sécurité juridiques de la législation
et de la réglementation, les érigeant en normes rédactionnelles pour les
sections de législation des autorités publiques. Les travaux de légistique
canadienne et belge en particulier ont fourni et fournissent encore de
nombreux outils de travail qui visent à améliorer la qualité linguistique de nos
lois et à leur assurer une uniformité et une cohérence nécessaires. Légistique
française, suisse. Usages de la légistique anglaise et américaine.
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A. Principes de sécurité juridique de la légistique formelle.
L’exigence de sécurité juridique repose sur une qualité : la prévisibilité de la
norme, c’est-à-dire une prédictibilité de ses effets à venir. Or comment assurer
cette prévisibilité ? En rédigeant des lois de manière simple, claire et précise,
comme le préconise la légistique. Il faut ici convenir que l’exigence de
prévisibilité repose largement sur un « fantasme de maîtrise de l’avenir ». La
clarté et la précision d’un texte ne peuvent suffire à garantir l’interprétation
souhaitée par son auteur. À tout le moins, ces qualités formelles permettent
de resserrer l’espace de codétermination du sens de la loi en renforçant les
contraintes pesant sur les autorités d’application de la loi. Mieux elle est
rédigée, plus les justiciables sont en mesure de prévoir ses effets. La
prévisibilité n’est pas assurée, elle est simplement renforcée.
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C. Principe démocratique et effectivité de la loi.
Notre raisonnement s’articulera également autour d’un syllogisme : puisque
la légistique formelle sert l’effectivité du principe démocratique (majeure) et
que l’effectivité du principe démocratique sert l’efficacité de la loi (mineure),
on peut en déduire que la légistique formelle sert l’efficacité de la loi.
La légistique formelle préconise non seulement que la loi soit prévisible, mais
au-delà encore, lisible, c’est-à-dire accessible à ses destinataires. La lisibilité
est une exigence plus large que la prévisibilité. Elle l’englobe tout en la
dépassant. Bien au-delà de la simple qualité rédactionnelle, la légistique
formelle renvoie au principe de la communication législative. Il s’agit d’assurer
la publicité de la loi afin de permettre sa connaissance par ses destinataires.
Les auteurs de cette discipline mobilisent autour de cet objectif les savoirs de
nombreuses sciences telles que la linguistique, la stylistique, les sciences de
la communication, la pédagogie, etc. Globalement, la légistique préconise le
croisement des savoirs utiles à l’ambition de la connaissance de la loi par les
citoyens. C’est une conception de la loi comme lien démocratique qui se trouve
à l’origine de ces recommandations. Notre système tout entier repose sur cette
fiction du gouvernement du peuple par le peuple. Assurer la lisibilité de la loi
c’est permettre à l’ensemble des citoyens de saisir son contenu et d’être en
mesure de porter un jugement critique. Ainsi entendue, l’exigence de lisibilité
défendue par la légistique est destinée à assurer l’effectivité du principe
démocratique.
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comme « le degré de réalisation, dans les pratiques sociales, des règles
énoncées par le droit ».
§1. Définition.
La légistique matérielle ou substantielle s’attache à la procédure législative, à
la méthodologie législative, à la théorie de la législation, à la sociologie
législative, bref, à la science législative. Elle a pour objet les questions diverses
qui portent sur les normes et sur les valeurs établies par l’énoncé de la règle
de droit, sur la philosophie du droit dans la perspective du droit législatif, sur
le respect des compétences, sur l’harmonie des textes avec le droit positif
existant, sur l’inflation législative, sur la motivation des actes administratifs,
sur la codification, la consolidation et la refonte des lois, sur leur
interprétation et sur leur réception. Pour elle, la technique législative est
soumise à une véritable éthique, dirait-on, qui régit aussi bien l’interprétation
que l’application du droit législatif. La légistique matérielle ou substantielle a
été définie comme « la méthode visant à rationaliser le processus de formation
et de mise en œuvre de la loi. »
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constituant ayant affirmé les valeurs fondamentales, il appartient au
législateur de les concrétiser.
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nécessaire, que, « de manière générale, le législateur a plus tendance à réagir
à une situation de fait jugée inacceptable qu’il ne met en œuvre des moyens
au service d’un projet clairement identifiable ».
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l’évaluation pose la question des critères retenus : les effets du droit ne
peuvent être appréhendés uniquement sous l’angle d’une évaluation
économique. Le droit joue un rôle symbolique que les sciences économiques
sont incapables d’évaluer. La recherche d’efficacité sera ainsi encadrée par le
Conseil constitutionnel qui veillera au respect des principes constitutionnels.
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