2.2. Les Recours Contentieux
2.2. Les Recours Contentieux
2.2. Les Recours Contentieux
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1. Les conditions de recevabilité du recours pour excès de pouvoir
- Quand un juge est saisi d’un recours, il va commercer par se poser plusieurs questions dont
notamment celle de savoir si le recours est recevable. La recevabilité du recours c’est la
vérification que la personne qui fait le recours a le droit de le faire. Vérification de la
recevabilité par une série de conditions qu’il faut remplir concernant :
- La nature de l’acte
- Le délai
- Le requérant lui-même
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- Par ailleurs, les recours administratifs = demander à l’administration elle-même de modifier
sa décision. Lorsque vous exercer un recours administratif et d’autant plus s’il est obligatoire,
ce recours proroge le délai de 2 mois à condition qu’il est lui-même été introduit dans le délai
des 2 mois.
- Si le recours administratif est obligatoire c'est-à-dire qu’il y a un texte qui prévoit que vs ne
pouvez contester légalité d’un acte administratif que si recours administratif préalable, si
juge saisit dans délai de 2 mois sans avoir saisi préalablement l’administration, recours
irrecevable. Si recours administratif 15/09, vs avez jusqu’au 16/11 pour faire recours
administratif sachant qu’alors, vs allez prolonger la possibilité pour vs d’introduire un recours
contentieux. En effet, le délai du recours contentieux commencera à courir à compter de la
date de la décision que l’administration prendra sur votre recours administratif sachant que
cette décision peut être explicite ou implicite (l’administration ne répond pas). Si décision
datée du 15/09, envoi du recours administratif 15/10, l’administration a 2 mois pour
répondre. Elle répond le 15/11 : vs avez donc à partir de cette décision-là, 2 mois pour saisir
le juge. Si administration ne répond pas, 15/12 → naissance décision implicite de rejet. A
compter de cette décision de rejet qui démarre le 16/12, 2 mois pour saisir juge. Si
l’administré laisse expirer le délai car n’exerce pas un recours administratif dans le délai et
oubli, il ne sera plus recevable et la décision sera devenue définitive même si illégale.
- Cette règle du délai de recours qui est relativement bref et sévère pour le justiciable qui ne
connait pas CJA, cette règle trouve une contrepartie importante dans l’obligation de
l’administration d’informer les justiciables sur les délais. Ainsi, par exemple, lorsqu’il s’agit
d’une décision individuelle qui doit être notifiée aux personnes intéressées, le délai de 2 mois
ne court que si l’administration a mentionné expressément dans le courrier et les voies de
recours et le délai : écrire dans décision que 2 mois à compter de la notification de ce
courrier pour faire recours pour excès de pouvoir devant TA. Si mention pas porter sur la
décision, le délai court indéfiniment.
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- Intérêt purement moral : le CE a admis dans décision du 4 avril 1997 Marchal l’intérêt
d’un habitant d’une commune qui contestait le décret changeant le nom de sa ville.
- Intérêt individuel
- Intérêt collectif : syndicat, association… Lorsque l’intérêt à agir est invoqué par une
institution collective, le juge vérifie alors pour admettre l’intérêt à agir que les statuts
de l’organisme en question comptent dans leur objet la défense d’un intérêt qui est
précisément affecté par l’acte administratif contesté.
- Le CE s’il reconnait à ces organismes un intérêt à agir contre certains actes
administratifs, il considère néanmoins que cet intérêt est limité au intérêt que
par les statuts de l’organisme, celui-ci- a la charge de défendre. Un syndicat
présent dans une entreprise a un intérêt à agir contre une décision de
l’administration du travail de validation d’un plan de sauvegarde de l’emploi (CE
22 juillet 2015 Syndicat CGT de l’Union locale de Calais).
- Idem pour syndicat d’un comité d’entreprise et d’un salarié individuel, ordre
professionnel d’architecte ou d’avocat → motif atteinte à leur profession.
- La qualité du requérant peut lui conférer l’intérêt à agir. Il faut alors que la qualité invoquée
par le requérant soit en lien avec la décision attaquée.
- Exemple : habitant d’une commune peut puisqu’il est contribuable, attaquer une délibération
du conseil municipal s’il considère qu’elle est susceptible d’avoir des effets négatifs sur les
finances de la collectivité CE 29 mars 1901 Casanova.
- Ce qui est autorisé au niveau local n’est pas possible au niveau national. Ainsi, par exemple,
une association pour le désarmement nucléaire n’a pas d’intérêt à agir contre un décret
relatif à l’engagement des forces aériennes stratégiques (CE 8/12/1995 Lavaurs).
- De même, la CAA de Versailles 12 avril 2016 14V202804 a jugé qu’une fédération de
syndicat n’était pas recevable à agir contre un arrêté préfectoral portant dérogation au
recours dominical au motif que la défense des intérêts professions de ses membres ne
figurait pas dans les statuts du syndicat.
- Les élus locaux peuvent aussi demander l’annulation de toute délibération de l’organe
délibérant dont ils font parties CE 24 mai 1995 Ville de Meudon numéro 150360.
- Le TA de Montpellier dans jugement du 3 mai 2016 a reconnu l’intérêt à agir d’une personne
du seul fait de sa qualité d’habitant d’une commune alors qu’il intentait une requête contre
une décision d’extension d’une carrière située dans la commune.
→ Les intérêts qui peuvent être invoqués sont divers et liés à une qualité particulière du
requérant.
- Mais l’intérêt invoqué doit également être suffisamment direct et certain. Lorsque le
requérant prétend qu’un acte administratif va l’affecter dans sa situation, il faut qu’il
démontre qu’il le sera de manière certaine et directe. Pas que potentiellement qu’il puisse
être affecté. Néanmoins, le juge est aussi assez souple sur l’appréciation du caractère direct
et certain de la lésion possible par l’acte administratif attaqué.
- Caractère direct de l’intérêt à agir = le requérant doit être en rapport avec l’acte attaqué.
Ainsi, le CE considère qu’une association de quartier n’a pas d’intérêt à agir contre une
décision d’attribution de prime à la construction parce que la décision d’attribution de la
prime n’a pas pour conséquent par elle-même de permettre la construction de l’immeuble
que cette association entend contester → 6 octobre 1978 Association de quartier La Corvée.
- De même, l’intérêt à agir de la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme n’était
pas suffisamment lésé pour lui donner qualité pour demander annulation d’un arrêté de
police d’un maire interdisant la fouille des poubelles et des conteneurs contenant des déchets
→ CA de Douet Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyens.
- Quant au caractère certain, le juge se montre plus souple puisque certes il considère qu’un
fonctionnaire qui avait candidater à l’obtention d’un emploi qu’il n’avait pas obtenu ne peut
attaquer la nomination de ce seul fait d’un autre à cet emploi. En revanche, le CE a estimé
que ce fameux campeur qui n’était jamais allé sur le territoire d’une commune avait un
intérêt à agir contre l’arrêt car pouvait un jrs peut être aller sur le territoire de cette
commune.
- CAA de Marseille Syndicat des avocats de France 26 mars 2013 (organisme qui défend les intérêts
professionnels de carrière des avocats) : la CAA a considéré que les avocats exerçant devant les
juridictions de la ville de Montpellier pas plus que le syndicat des avocats de France, n’avait
intérêt à agir contre la décision de signer un contrat d’acquisition d’un terrain par l’État pour
y faire construire le siège de juridictions.
- CAA de Marseille 14 mars 2013 Ordre des avocats au barreau de Montpelier : un ordre de
avocats n’avait pas intérêt à agir pour contester un permis de construire de ce fameux
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tribunal dès lors que la qualité de futur usager de ce lieu n’était pas suffisant pour lui
conférer cet intérêt à agir.
2.1.1. L’incompétence
- L’incompétence de l’administration c’est le fait pour une autorité administrative d’avoir pris
une décision alors qu’elle n’avait pas le pouvoir, la compétence pour le faire. Cela renvoi aux
répartitions des compétences entre les autorités administratives. Dans administration,
nombreuses délégations c'est-à-dire que l’administration qui a le pouvoir de décider n’a pas
le pouvoir de décider de tout, il va déléguer tel pouvoir à des subordonnées hiérarchiques.
Mais cette délégation doit être précise : dire ce qu’il peut ou ne pas faire. Problématiques de
compétences fréquentes dans décision de l’administration.
- Incompétence = vice le plus grave qui affecte acte administratif, acte pris par quelqu’un qui
n’avait pas le pouvoir de le faire. C’est pour cela que l’incompétence est un moyen d’ordre
public. Dans le cadre de l’instruction d’un contentieux administratif, requérant va soulever
des moyens. La défense répond à ces moyens. Puis jugement. Parfois, le juge peut
s’immiscer dans la procédure. Si le requérant attaque acte administratif et ne soulève pas
incompétence de l’auteur car ne l’a pas vu, si le juge, lorsqu’il commence à travailler sur le
dossier, remarque qu’il y a un problème de compétences que n’a pas vu le requérant, le juge
va lui-même soulever le moyen. Il envoie un courrier aux parties en les informant qu’il est
susceptible de soulever un moyen d’ordre public et explique lequel. A ce moment, les parties
vont répondre. Compétence d’ordre public : si problème d’incompétence pas soulevé contre
acte, juge doit le soulever lui-même et en avertir les parties.
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- Ces règles de procédure, si elles n’ont pas été respectées, affectent la légalité de l’acte
puisque dès lors que procédures prescrites par texte, elles entrent dans cadre de la légalité
de l’acte.
- La légalité de l’acte suppose le respect de certaines formes, par exemple le fait que l’acte soit
motivé. Le non-respect des formes prescrites affecte légalité de l’acte. La compétence était
sanctionnée de manière rigoureuse par le juge.
- Est-ce que le vice de procédure a des conséquences aussi rigoureuses sur la légalité de
l’acte ? En principe, oui, l’acte encourt annulation si non-respect procédure. Toutefois, afin
d’éviter annulation qui peuvent avoir conséquences importantes d’actes administratifs pour
vice procédure ou forme mineur, la loi est venue prévoir certaines hypothèses où l’irrégularité
n’entraine pas nécessairement l’annulation.
- Loi 17 mai 2011 de simplification du droit → a posé cette règle dans les termes suivants
« lorsque l’autorité administrative, avant de prendre une décision, procède à la consultation d’un
organisme, seules les irrégularités susceptibles d’avoir exercé une influence sur le sens de la
décision prise au vue de l’avis rendu, peuvent le cas échéant, être invoquées à l’encontre de la
décision. »
- La loi vient clairement offrir une chance de survie à certaines décisions dans cas limité :
quand la procédure prescrit un avis d’un organisme avant que la décision ne soit prise, si cet
avis n’a pas été requis, on ne pourra pas en faire grief contre la décision à la condition que
cet avis n’aurait pas exercé une influence déterminante sur le sens de la décision.
- Le CE lorsqu’il a été amené à faire application de cette loi dans arrêt, en a élargi la portée et
en a précisé les conditions d’interprétation.
- Cet arrêt est celui du 23/12/2011 Danthony dans lequel le CE admet que même en cas
d’omission d’une procédure consultative obligatoire, la décision n’encourt pas nécessairement
l’annulation.
- En effet, la loi de mai 2011 pouvait être interprétée comme permettant de sauver des
décisions qui auraient été prises sans qu’un avis non-obligatoire n’ait été requis. Procédure
prévoit consultation facultative : décision prise sans la consultation mais comme facultatif,
aucune influence sur la décision. Danthony va quand même plus loin, il parle de la loi de
2011
« ces dispositions énoncent s agissant des irrégularités commises lors de la consultation
d un organisme, une règle qui s inspire du principe selon lequel si les actes administratifs
doivent être pris selon les formes et conformément aux procédures prévues par les lois et
règlements, un avis affectant le déroulement d une procédure administrative préalable suivi
à titre obligatoire ou facultatif n est de nature à entacher d illégalité la décision prise que
s il ressort des pièces du dossier qu il a été susceptible d exercer en l espèce une influence
sur le sens de la décision prise ou qu il a privé les intéressés d une garantie. »
- Le CE rappelle d’abord le principe selon lequel lorsqu’un acte administratif doit être pris selon
certaines formes ou conformément à une certaine procédure prévue par les textes, si forme
ou procédure pas respectées, il est en principe illégal. Ensuite, il considère que lorsque dans
le cadre d’une procédure administrative préalable c'est-à-dire phase de préparation de l’acte,
il est prévu qu’il faille consulter un organisme, et que cela n’a pas été fait, cela n’entache
d’illégalité la décision que dans 2 hypothèses :
- Si l’avis était susceptible dans le dossier d’exercer une influence sur le sens de la
décision
- Si le fait de ne pas avoir pris cet avis a privé les intéressés qui font le recours d’une
garantie. Complexité dans la façon dont le juge doit aborder la question.
- Le juge doit raisonner en 2 temps : se demander si cet avis aurait pu exercer influence sur
décision + se demander si l’avis n’étant pas recueilli n’a pas privé les intéressés d’une
garantie. Sens curieux car si juge dit que oui, privation d’une garantie → avis aurait exercé
une influence sur la décision dans ce cas. Il aurait dû se poser les questions dans le sens
inverse : privation garantie puis influence. JP complexe.
- Dans l’affaire Danthony, il s’agissait d’un décret qui visait à regrouper les 2 établissements de
l’école normale supérieure (ENS) en un seul. Ce regroupement avait été fait à la demande
des 2 établissements. Le ministère avait pris décret pour accéder à leur demande. Mais
s’agissant ce cette demande, il y avait eu une délibération commune des 2 établissements.
Mais ils avaient oublié qu’en matière administrative, lorsqu’une décision est susceptible
d’affecter condition travail : avis comité technique nécessaire. Or, aucun avis de ce comité
donc le CE fait ce considérant de principe en expliquant que lorsqu’un avis est requis, si
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influence sur décision ou privation garantie → acte illégal. Dans cette affaire, CE a considéré
que l’absence d’avis du comité, l’avis aurait eu une influence sur la décision et donc le décret
devait être annulé.
- Arrêt CE 20/11/2013 a considéré que le défaut de mise en demeure des propriétaires
riverains d’un chemin rural avant la cession de ce chemin par la commune, avait privé d’une
garantie les intéressés. Les collectivités/communes ont parfois sur leur territoire chemins
ruraux (= appartient au domaine privé de la commune) et donc elles peuvent vendre ces
chemins. Mais article Code rural qui dit que lorsqu’une commune veut vendre chemin rural,
elle doit obligatoirement mettre en demeure les riverains du chemin de faire une offre
d’achat. Le fait d’avoir vendu un chemin rural sans avoir mis en demeure les propriétaires
riverains du chemin les a privés d’une garantie. Le CE a considéré que la décision de céder ce
chemin était illégale car pas précédée de la mise en demeure prévue par Code rural qui a
privé d’une garantie les riverains → vice de procédure qui ne peut pas être couvert par la jrps
Danthony et donc annulation.
- Arrêt CE 22 février 2012 Sarasin : le CE a considéré que la composition du conseil d’enquête
qui doit être consulté dans le cas d’une procédure disciplinaire c/ un militaire constitue une
garantie. Composition pas effectuée → privation de la garantie pour l’intéressé. Quand armée
veut sanctionner militaire, doit composer un conseil d’enquête consulté sur la sanction. Le
fait de ne pas avoir composé ce conseil prive le militaire d’une garantie puisque ce conseil
aurait rendu décision sur sanction moins grave.
- Il faut retenir que ce vice de procédure affecte la légalité mais sous les conditions de la jrps
Danthony, ce vice peut parfois être couvert c'est-à-dire ne pas affecter la légalité de la
décision prise.
A. L’erreur de droit
- L’erreur de droit est proche de l’illégalité relative au contenu de l’acte. Elle part du même
principe, de la même obligation : toute décision de l’administration doit être conforme à
toutes les normes qui s’imposent à elle (règlementaire, législative, internationale, constitutionnelles).
- Lorsqu’une décision n’est pas conforme à une norme supérieure, illégalité relative au contenu
c'est-à-dire que l’administration applique le bon texte mais l’applique mal.
- L’erreur de droit c’est quand l’administration applique le mauvais texte. Elle se fonde sur une
norme supérieure qu’elle croyait applicable à sa décision mais qui en réalité ne l’est pas car le
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texte sur lequel elle se fonde vise d’autres situations. On dit alors que sa décision manque de
base légale. Elle l’a fondé sur un texte qui ne s’applique pas au cas de la décision.
- Ou bien elle applique le bon texte mais l’interprète mal et ne comprend pas qu’elle ne
s’applique pas comme elle la fait → erreur de droit.
- Quand REP basé sur défaut de base légale, juge fait preuve de pragmatisme puisqu’il
pratique la substitution de base légale. Si administration a pris décision et s’est trompée de
texte donc de base légale, elle peut au cours de l’instance substituer au texte non-applicable
le bon texte dès lors que la décision est la même cf CE 3/12/2003 Préfet de Seine Maritime.
B. L’erreur de fait
- Quand l’administration prend décision, elle le fait en fonction de considération de droit (être
compétente, respect des normes) mais le fait surtout en considération de fait, de situations de fait.
Décisions de l’administration règlent situations de fait. Il est important qu’elle ne commette
pas des erreurs de faits lorsqu’elle prend une décision.
- Il faut appliquer la bonne règle, bien l’appliquer mais il faut aussi que les faits à l’origine de
la décision soient correctement appréhendés par l’administration pour que décision soit
légale. C’est pour cela que juge contrôle matérialité des faits à l’origines de la décision.
- L’erreur de fait c’est quand l’administration appréhende mal les faits qui motivent sa décision.
Et donc, le juge va contrôler la matérialité des faits. Il va vérifier l’exactitude matérielle des
faits : est-ce que les faits à l’origine de la décision sont correctement appréhendés et est-ce
que l’administration a appliqué de manière exacte. Ce contrôle de l’exactitude matérielle des
faits a été consacrée dans décision du CE 14 janvier 1916 Camignot. Le juge considère que si
l’administration ne s’est pas fondée sur des faits matériellement exacts, alors le motif de la
décision sous l’angle des faits est lui-même illégal.
- Le juge admet cependant la substitution de motifs c'est-à-dire que si des faits ne pouvaient
pas justifier une décision, le juge admet sous certaines conditions que l’on substitue à ces
faits qui sont les motifs de la décision d’autres motifs si la décision est la même.
L’administration peut, en cours d’instance, demander de remplacer un motif illégal par un
motif légal mais le juge s’assure que cette substitution de motifs est de nature à fonder
légalement la même décision. Pour que le juge accepte substitution de motif, il faut que
nouveaux motifs soient de nature à fonder légalement la décision. Il faut aussi qu’il résulte
de l’instruction que l’administration aurait pris exactement la même décision si au moment
où elle l’a prise elle s’était fondée sur ces nouveaux faits. La substitution de motifs ne
fonctionne que si l’administration avait pu se fonder sur les faits invoqués sur des faits qui
existaient déjà. Arrêt CE 26/02/2004 à propos de refus de visa d’entrée en France pour
lequel administration avait tenté de substituer un motif à la décision de refus relatif aux
ressources de la personne qui l’a demandé. La substitution ne doit pas aboutir à priver
requérant d’une garantie procédurale si par exemple substitution de motifs fait qu’il aurait dû
avoir tel ou tel type de procédure : on ne peut pas procéder à substitution.
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- Arrêt CE 30 juin 2000 Association Promouvoir : association qui a contesté le classement d’un
film « Baise-moi » interdit au moins de 16 ans, l’association estimait que ce film devait être
classé comme film X et donc interdit au moins de 18 ans. Problème grave de qualification
juridique. Section du CE s’est penché sur ce problème: constat que oui, le film était un film
porno car comportait scène de violence et de sexe non simulées. Ils ont donc estimé que
l’association avait eu raison de contester la décision prise par la commission des visas du ciné
de ne pas interdire au moins de 18 ans ce film.
- Quand le juge contrôle la qualification juridique des faits, il exerce un contrôle important. Il
va très loin dans l’appréciation puisque sans aller jusqu’à dire qu’il se substitue à
l’administration, il se remet à la place de l’administration et s’assure que sa perception des
faits justifiait ou non la qualification juridique retenue et qui se trouve à la base de la
décision. Il va vérifier les erreurs commises par administration dans la qualification des faits
au regard des textes pour se demander si finalement, du fait de l’erreur de qualification
commise par l’administration, il n’y avait pas lieu même de ne pas prendre de décision c'est-
à-dire que l’administration prend décision en faisant erreur de qualification alors qu’il n’y
avait même pas de décision à prendre.
- Domaine où qualification des faits joue rôle important : sanctions disciplinaires. Lorsqu’un
agent de la fonction publique est sanctionné, le juge vérifie tout d’abord qu’il y ait bien des
faits qui soient de nature à être qualifiés de faute disciplinaire. si les faits reprochés à l’agent
ne constituent même pas une faute : pas de décision à prendre. Savoir si les faits sont de
nature à justifier la sanction. Si oui, alors il n’y a pas d’erreur de qualification, le
comportement de l’agent peut être qualifiée de faute disciplinaire et à ce moment il y a une
exact qualification et cela peut entrainer une sanction.
- En revanche, juge va aller plus loin dans contrôle. Si faits sont constitutifs d’une sanction, le
juge va vérifier si sanction appliquée est la bonne → ctlr de proportionnalité.
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- Les conséquences qu’il tire de ce contrôle, la question des conséquences que le juge tire du
contrat d’illégalité d’un acte administratif dans le cadre d’un REP.
B. Le pouvoir discrétionnaire
- C’est la différence avec le pouvoir discrétionnaire : l’administration aujourd'hui dans un État
de droit n’a pas véritablement de pouvoir discrétionnaire, il ne faut pas prendre ce mot au
pied de la lettre. On veut simplement ici signifier que contrairement à la compétence liée,
l’administration a une marge de manœuvre, une liberté d’appréciation pour prendre une
décision. Cela signifie que dans une situation donnée, les textes que doit appliquer
l’administration lui permettent de choisir entre plusieurs solutions à commencer d’ailleurs
parfois par l’opportunité même de prendre une décision c'est-à-dire que dans une situation
donnée compte tenu de circonstances particulières, l’administration peut décider d’agir ou de
ne pas agir. Lorsqu’elle décide d’agir, elle a plusieurs solutions qui peuvent être légales. Dans
ce cas, la règle de droit que doit appliquer l’administration ne lui dicte pas la solution.
- Le pouvoir discrétionnaire, dès lors qu’il laisse à l’administration une marge de manœuvre,
va corrélativement nécessiter un contrôle moins invasif de la part du juge. le juge doit tenir
compte dans son contrôle du fait que l’administration a plus de liberté pour prendre décision
même si bien entendu même lorsque l’administration dispose d’un pouvoir discrétionnaire, il
y a un socle minimal du contrôle du juge. ce n’est pas par exemple pcqu’elle a un pouvoir
discrétionnaire qu’elle pourra commettre illégalité externe.
- Par ailleurs, il faut aussi constater qu’il y a une dynamique aujourd'hui d’un
approfondissement permanent du contrôle du juge. Tendance à un contrôle de +/+
approfondi du contrôle du juge.
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dont bénéficient les administrés et la matière concernée notamment s’il s’agit des droits et
libertés → juge très vigilant.
- On peut donc présenter le contrôle du juge d’une manière dynamique c'est-à-dire le
présenter en fonction d’une gradation qui va d’un contrôle minimal à un contrôle maximal.
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a donc pour effet d’élargir considérablement aujourd'hui le type de décision susceptible de
faire l’objet d’un contrôle normal.
- Exemple : le droit de se présenter à un contrôle administratif est toujours soumis à une
autorisation de l’administration qui peut refuser cette autorisation pour un motif assez vague
qui est l’intérêt du service.
- Progressivement, la JP a connu un revirement et désormais le juge exerce un contrôle plus
approfondi sur les motifs et notamment le fameux intérêt du service que peut refuser à un
agent le droit de se présenter à un concours (arrêt 10 juin 1983 Raount).
- Le domaine qui était soumis traditionnellement au contrôle restreint et qui s’est ouvert au
contrôle normal est celui des sanctions prononcées par l’administration ainsi que les
sanctions infligées par l’administration aux fonctionnaires. L’administration a, dans certains
cas, un pouvoir de sanctions qui peut toucher différentes catégories d’administrés. Elle a
aussi un pouvoir de sanction à l’égard de ses agents lorsqu’ils commettent des fautes. Dans
les 2 cas, ce pouvoir de sanction qui traditionnellement consistait en un pouvoir
discrétionnaire soumis à un contrôle restreint a été progressivement soumis à un contrôle
normal sur les sanctions infligées.
- Par exemple, le pouvoir qu’a l’administration, l’État, le préfet en l’occurrence de révoquer un
maire : il existe en effet certaines hypothèses où l’État révoque le maire de son poste. Cette
décision qui faisait l’objet d’un contrôle restreint fait, depuis un arrêt du 2 mars 2010
Dalongeville l’objet d’un contrôle normal. Le juge a estimé en l’espèce que la révocation était
justifié du fait du lourd déficit de la commune et de l’organisation des comptes pour masquer
difficultés dans gestion de sa commune.
- Les décisions de sanction infligées aux agents de la fonction publique : on est parti en réalité
d’un contrôle qui n’était même pas restreint. Ce n’est qu’en 1978 que les sanctions infligées
aux agents et plus précisément le contrôle de l’adéquation de la sanction à la faute a été
soumis à un contrôle restreint qui est resté le contrôle considéré « normal », le bon niveau
de contrôle, du fait que le fonctionnaire était dans une situation particulière à l’égard de
l’administration. Le contrôle restreint ayant déjà permis de s’assurer que les sanctions
n’étaient pas totalement déconnectées de la faute mais qu’il y avait proportionnalité entre
faute commise et sanction infligée. L’évolution s’est faite en 2 temps :
- Arrêt CE 27 mai 2009 Hontang où le contrôle normal a été appliqué à une sanction
disciplinaire s’agissant d’un magistrat du parquet
- Arrêt d’Assemblée 13 novembre 2013 Dahan le CE a basculé complètement le
contentieux des sanctions infligées aux agents de la fonction publique dans le contrôle
normal.
- Arrêt CAA de Nancy concernant révocation d’un agent aux motifs qu’il avait produit un
faux diplôme de licence pour accéder à un emploi de catégorie C. La Cour a considéré
que la révocation d’une sanction disproportionnée car licence pas nécessaire pour un
emploi de catégorie C donc le juge censure la révocation considérée comme
disproportionnée au regard de la faute commis.
- Il en est de même pour sanction infligée aux détenus : vérification adéquation sanction/faute
alors que jusqu’à présent il se contentait d’un contrôle restreint de l’erreur manifeste.
- L’arrêt qui a opéré ce basculement vers le contrôle normal est un arrêt du 1er juin
2015. Arrêt février 2013 Ikemba où le juge contrôle l’erreur manifeste d’appréciation
et ne censure pas sanction quand détenu avait en sa possession téléphone dont il
faisait usage.
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déclaration d’utilité publique : mise en balance entre utilité publique de construire complexe
universitaire et une nouvelle ville pour desserrer l’agglomération de Lille face à l’intérêt privé
des proprio privés. Me juge a considéré que l’utilité publique prévalait en l’espèce mais
néanmoins il avait, pour arriver à considérer une déclaration d’utilité publique justifiait
l’expropriation, mis en balance intérêts publics et privés. Théorie utilisée en matière
d’urbanisme ou d’environnement pour apprécier avantages projet public.
- Autre domaine de prédilection d’application de cette théorie : la police administrative : fait
pour l’administration de prendre mesures en général restrictives de droit et liberté (interdire
manifestation…). Les mesures de police administrative sont nombreuses, on touche là à une
matière sensible, celle des droits et libertés et donc dans ce domaine il est normal que le
juge vérifie que les mesures prises par l’administration sont nécessaires et proportionnées au
but que doit poursuivre toute mesure de police à savoir le maintien de l’ordre public.
- CE août 2016 affaire Burkini : les mesures d police que le maire d’une commune
littorale exerce en vue de réglementer accès à la plage et la pratique de la baignade
doivent être adaptées, nécessaires et proportionnées aux regards des seules
nécessités de l’ordre public tel qu’elles découlent des circonstances de temps et de
lieu. Le CE rappelle que la règlementation doit être motivée par accès plage, sécurité
baignade, hygiène et décence.
- On vient donc de voir que le pouvoir du juge s’exerce dans le contrôle qu’il fait de l’acte et
que ce contrôle, selon nature de l’acte, du domaine dans lequel il s’applique ou de l’étendu
du pouvoir de l’administration, ce contrôle est +/- intense.
- Le pouvoir du juge se manifeste aussi à l’occasion de la décision qu’il va prendre une fois
qu’il a pris décision.
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- Lorsque le juge annule pour excès de pouvoir, cette annulation signifie que l’acte n’a jamais
existé. Toute annulation a en principe un caractère rétroactif qui peut s’avérer assez
désastreux.
- L’autre problème réside dans effets de la décision. Décisions de justice et jugement sont
exécutoires, le justiciable, si l’administration n’exécute pas une décision, peut engager
responsabilité de l’administration.
- C’est sur ces points que le juge de l’excès de pouvoir est doté de pouvoirs lui permettant
d’anticiper ou de réagir à certaines difficultés qui pourraient se faire jrs du fait de l’annulation
d’un acte illégal. Cela va tout d’abord concerner le pouvoir d’injonction dont bénéficie le juge
de l’excès de pouvoir.
A. Le pouvoir d’injonction
- En principe, le juge n’a pas le pouvoir d’adresser des injonctions à l’administration. Loi 8
février 1995 codifiée à l’article L911-1 du CJA : juge peut prononcer injonction envers
l’administration pour assurer exécution d’une décision qu’il a prise. Lorsque juge prend
décision qui implique nécessairement que l’administration prenne une mesure d’exécution
dans un sens déterminé, s’il est saisi de ccl en ce sens, il peut, y compris dans décision elle-
même, assortir sa décision d’injonctions. Si juge annule une décision, administration doit
l’annuler ou reprendre autre décision et que juge peut dans sa décision impartir délai à
l’administration, lui enjoindre dans ce délai de prendre mesure qu’implique sa propre
décision, le cas échéant sous astreinte (= avec obligation si administration ne le fait pas de
verser somme/jrs de retard au requérant). Le juge ne se substitue pas à l’administration
mais peut l’obliger à prendre la décision qu’importe son jugement.
- S’agissant de la problématique de l’effet dans le temps de sa décision, en principe toute
annulation a un effet rétroactif, comme si la décision n’a jamais existé. Ce qui a amené
parfois le législateur lorsque les csq d’une annulation étaient telles à voter des lois ayant
pour objet de valider les décisions illégales : lois de validation. La solution qui s’est imposée
est celle permettant au juge de l’excès de pouvoir de moduler les effets de sa décision dans
le temps.
- Le CE dans un arrêt du 11 mai 2004 Association AC a pour la 1ère fois admis la possibilité
pour le juge de moduler les effets dans le temps des annulations. Le considérant de
principe : le juge considère que l’annulation d’un acte administratif implique en principe que
cet acte est réputé n’être jamais intervenu. Toutefois, s’il apparait que cet effet rétroactif de
l’annulation est de nature à emporter des csq manifestement excessives, en raison tant des
effets que cet acte a produit et des situations qui ont pu se constituer lorsqu’il était en
vigueur, que de l’intérêt général pouvant s’attacher à un maintien temporaire de ses effets. Il
appartient au juge administratif de prendre en considération d’une part les csq de la
rétroactivité de l’annulation pour les intérêts publics ou privés en présence, et d’autre part
les inconvénients que présenteraient, au regard du principe de la légalité et du droit des
justiciables à un recours effectif, une limitation dans le temps des effets de l’annulation. Il lui
revient donc d’apprécier, s’ils peuvent justifier qu’il soit dérogé exceptionnellement au
principe de l’effet rétroactif des annulations contentieuses et dans l’affirmative, de prévoir
dans sa décision d’annulation, que l’annulation ne prendra effet qu’à une date ultérieure qu’il
détermine.
- Dans la décision AC, le juge rappelle principe de la rétroactivité de l’acte illégal qui est censé
d’avoir jamais existé et donc tous les effets qu’il a produits doivent normalement disparaitre.
- Néanmoins, CE prend en considération que l’acte peut créer situations juridiques qui doivent
être protégées. Par csq, juge doit se livrer à une mise en balance entre :
- Le principe de la rétroactivité et de la légalité
- Le droit des justiciable à un recours effectif c'est-à-dire que si acte illégal, il a le droit
de le faire annuler et aussi
- Intérêt public/privé à annuler avec discernement et de différer dans le temps les
effets de l’annulation de l’acte.
- Bilan jrps AC : très souvent, en réalité, le juge module effets dans le temps de sa décision
lorsque les inégalités sont avant tout formelles.
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