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Florian Desormière – Session 2022 – FP14

Chant Voix et Corps

Formation de professeur de chant et de technique vocale

Rapport d'expérience

La Découverte des Saturations


Extrêmes
Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

SOMMAIRE

• Introduction......................................................................................................2

• Les premiers cours, la première approche technique et pédagogique............3

• Mes premiers élèves : faire « screamer » des débutants................................5


◦ Prunelle
◦ Emmanuel

• Ma première compréhension des différents types de saturation.....................7

• CVC – la pédagogie – l'importance d'une voix saine.......................................8

• Mise a jour des connaissances......................................................................11

• Ce qui changé dans mon approche...............................................................14


◦ Emmanuel
◦ Raphaël

• Mon premier atelier sur les saturations vocales.............................................17

• Conclusion

• Annexes

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Introduction
Les saturations vocales ont très rapidement envahit ma vie musicale alors que je
m'intéressais justement de plus près a la musique, l'adolescence et la recherche d'identité
m'ont plongé dans la musique extrême et ses performances vocales qui étaient alors pour
moi inédites. Pourtant comme pour beaucoup de monde il m'était impossible au départ
d’apprécier les voix les plus criardes et saturées ; sans doute parce que les dissonances,
le niveau de bruit, ainsi que les styles associés mettaient en branle mon « éducation »
musicale et que tout ce que j'avais entendu jusque là se voulait harmonieux, beau, et
lisse. Peu de temps après pourtant je faisait mes premières tentatives au Grunt et a la
distorsion, l'imitation ayant toujours été l'une de mes forces. Je cherchais des informations
sur internet et n'en trouvant que très peu, il aura fallu des années encore avant que
j'entende le terme « fausses cordes vocales ». Alors je chantais, je faisais du Grunt, du
Growl, obtenant des sons plutôt satisfaisant, je me faisait mal aussi, j'étais fatigué
vocalement, la voix un peu éraillée, mais sans jamais finir aphone, et à cet age on
récupère très vite. Alors j'ai continué.
J'ai surtout utilisé ma voix au sein de groupes développant mes capacités et ma
compréhension de cette technique pour laquelle je devenais plus endurant. J'ai suivi mes
premiers stages, mes premières « masterclass », et j'ai commencé a en comprendre
d'avantage. J'avais alors l'impression d'être détenteur d'un savoir, presque secret, et en
tout cas méconnu qu'il me fallait partager, car je savais que de plus en plus de chanteurs
et chanteuses de musique extrême cherchaient a reproduire des saturations vocales.
J'ai pu commencer avec une poignée d'élèves, d'amis de confiance, et transmettre une
première notion primordiale : on peut le faire sainement, on peut le faire sans douleur.
Mes premières années d'enseignement se sont concentrées sur le Grunt car c'était ce que
je (pensais) maîtriser, même avec une compréhension sommaire, et qu'il était possible d'y
accéder naturellement et plutôt aisément. Il me manquait certes beaucoup d'informations
encore sur le développement de la technique et de la voix, mais au moins j'agissais dans
une certaine prudence et ai toujours insisté sur l'absence de douleur et d'inconfort.
J'étais également loin de me douter que je ne possédais que quelques pièces d'un puzzle
bien plus massif que ce que je ne pouvais même supposer. Mais l'enseignement pour la
première fois m'apporte quelque chose de nouveau : la perspective d'un autre pratiquant,
et me permet d'échanger véritablement pour la première fois sur les sensations que ce
type de chant peut provoquer, d'avoir des premières analogies, des premières évocations.
J'ai décidé d'en faire mon métier. J'ai compris que la transmission de savoir était
importante pour moi, et que la voix avait toujours été un vecteur fort pour moi, d'émotion,
d'intensité, et c'est aussi ce qui m'avait fait me tourner vers ces styles a la voix déchirante.
La formation Chant Voix et Corps a pu apporter un cadre a ce puzzle, à mieux comprendre
le rôle de la voix « claire » dans celles des saturations, elle m'as mis en lien avec des
collègues et des spécialistes de la voix, et de la voix extrême. Là ou il y a quelques
années j'imitais les aboiements d'un vieux chien pour aller dans la seule direction que je
connaissais, je me retrouve maintenant avec des tableaux complexes sur les différentes
oscillateurs, leurs associations, leur physiologie, et des colonnes d'études a lire et à
comprendre.
Dans ce rapport, je vais retracer l'évolution de ma compréhension et de ma pédagogie,

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spécifiquement lié aux effets de saturations, a travers quelques élèves clés, ainsi que des
expériences de groupe ponctuelles.

Les premiers cours, la première approche technique et


pédagogique
Sous les conseils d'une amie, je m'essaie a l'exercice d'apprendre à quelqu'un de
volontaire à « Grunter », j'étais très hésitant puisque conscient que je n'avais que des
connaissances sommaires sur le sujet. Mais fort de quelques stages, c'était toujours plus
que ceux qui avaient sollicité mon aide, et puis aider, c'était justement ma volonté.
J'avais moi même suivi quelques cours de chant les années auparavant et cela me servit
de canevas de base pour structurer mes premier cours. Je manquais d’expérience, il était
donc plus simple pour moi de me rattacher a un protocole.
– Un accueil simple
– Un échauffement physique :
– Un échauffement vocal au piano, souvent sur des trilles ou des « ma », limité
également par mon utilisation de l'outil en lui même. Pour moi l'échauffement
était à ce moment là primordial, simplement parce que cette croyance n'avais
pas été remise en question, mais surtout confortée par d'autres professionnels
de la voix.
– Moult évocations du grognement

J'ai commencé la plupart de mes cours par des échauffements physiques pour
détendre le cou, les épaules, la mâchoire et la langues : - Des rotations de la nuque et
des épaules, en douceur toujours accompagnées du regard.
- Des mouvements exagérées des lèvres et des zygomatiques, de la moue
au grand sourire, lever les zygomatiques et faire différentes grimaces pour stimuler et
détendre les muscles du visage.
- Des mouvements de la langue, tournée plusieurs fois dans la bouche, la
tirer ou la rétracter, lui donner différentes formes (courbée vers l'arrière, ou poussée contre
les dents du haut ou du bas, ou encore le trèfle pour les plus audacieux)

A ce moment là pour moi le Grunt est nécessairement posé sur une voix claire avec
un pitch défini et qui va donc influencer sa couleur et sa hauteur, et c'est aussi pour cela
que l'échauffement vocal me paraît être cohérent avec la pratique. À défaut d'être
totalement dans le vrai cela me permet d'introduire la notion déplacement des résonateurs
et articulateurs ainsi que de leur influence sur le son final. On recherche un son plus
ouvert et sombre (larynx bas, voile du palais levé, langue recourbée vers l'arrière et lèvres
en « bec de canard ») pour avoir un Grunt grave et massif typique du Death Metal, et
j'insiste tout de même sur le fait que ce sont ces modifications qui vont rendre la saturation
particulièrement « grave » et non pas le pitch de base de nos plis vocaux.
J'utilise des évocations de « la grosse voix », du père noël, du vieux chient fatigué.
Et a son opposé comme autre archétype, on recherche un son plus étroit, plus sec,
presque étranglé pour un registre Black Metal (un larynx haut, des résonateurs étroits,
beaucoup de twang, la langue soulevée vers l'arrière, parfois très reculée), j'utilise alors
des évocations qui relèvent également de l'image mentale : le gobelin, la sorcière, quelque
chose de sale et répugnant.

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Pour la saturation elle même j'ai deux pistes principales : les évocations directes du
son, et une attention a un soutien plutôt important. Le twang est une troisième piste que je
ne maîtrise pas mais qui as été mise en avant à plusieurs reprises lors de mes
apprentissages, je le ramène parfois un peu maladroitement, il m'aide a aller a tatillons
dans la bonne direction.

Évocations du Grunt :
– L’aboiement du gros chien, d'abord agressivement, puis une fois qu'on touche a
la sensation, on essaie de réduire l'énergie nécessaire pour trouver notre son de
base et l'effort et le volume minimum pour produire ce son. C'est une évocation
qui peut lier a la fois, l’accolement des bandes ventriculaires, le placement des
résonateurs, et l'intensité que l'on peut retrouver dans certains styles.
– La fatigue / l'agacement : variant selon les personnes, vous rentrez chez vous
après une longue journée éreintante, bouchons, clients/collègues/patrons/famille
désagréables, faites votre choix, vous arrivez devant votre canapé, et vous vous
laissez tomber avec un râle de soulagement/de frustration

Deux évocations que j'utilise encore beaucoup aujourd'hui pour des premières
découvertes de la sensation des fausses cordes.
Ma compréhension résidait aussi autour d'un soutien important, d'une forte quantité d'air
pour obtenir ce son. J'avais aussi entendu comme beaucoup de chanteurs amateurs ( et
professionnels ) qu'il fallait respirer avec le ventre, et je m'efforçais donc a ramener une
respiration plus basse sans savoir vraiment comment autrement qu'en notifiant de la levée
des épaules de l'élève quand elle me paraissait importante. J'essayais d’amener une
certaine fermeté autour de la ceinture abdominale, sans différencier a ce moment le grand
droit et les transverses sans chercher a rentrer le ventre, faisant mon possible pour
nuancer mon propos de ne pas écraser la ventre ou de contracter les abdominaux mais
arriver dans une situation de fermeté dans la constriction qui me paraissait plus juste au
regard de mes propres sensations.

Aujourd'hui je suis plus nuancé encore sur cette partie là, en demandant le degré d'effort
et de la zone d'effort, évitant le grand droit en dehors du cadre des saturations Hyper-
compressées.

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Mes premiers élèves : faire « screamer » des débutants


Prunelle
Prunelle est une femme d'un peu plus d'une trentaine d'années, qui est venue me
voir accompagnée de son amie Céline, voulant toutes les deux apprendre à « Grogner »
pour un projet musical commun. Dans l'essentiel le profil des deux femmes étaient un peu
différents, et j'étais rapidement confronté a la problématique d'avoir des réactions et des
obstacles différents face aux mêmes explorations. J'ai tourné mon attention vers celle qui
avait le plus de difficultés en reportant toutefois mon attention sur la seconde à intervalles
réguliers ou quand je changeait les explorations, pour qu'elle puisse également
développer ses sensations à travers d'autres exercices. Toutefois cette problématique
s'est estompée puisque Céline s'est retiré des cours pour se concentrer sur une autre
facette de la création de leur projet musical.
De son côté Prunelle n'avait pas vraiment d’expérience en chant, mais ce n'était
pour moi pas un obstacle à ce moment là (et en vérité ce n'est toujours pas le cas, mais à
prendre avec d'avantage de considérations).
Son objectif principal était de pouvoir utiliser le Grunt dans une configuration laryngée
plutôt haute pour des cris plutôt secs proches du Black Metal. J'ai repéré chez elle de
fortes tensions dans le haut du corps (et rétrospectivement la mâchoire, que je n'avais
pas exploré à l'époque). Quand nous avons commencé elle n'avait aucune idée de
comment produire ce genre de sons, chose évidemment très commune, nos premières
séances ont été dédiées à la recherche du Grunt à travers des évocations de la vie de tout
les jours. Comme expliqué plus haut, l'aboiement, en dosant l'agressivité, la mobylette, ou
le soupir d'exaspération ont permis d'appréhender pour la première fois ce genre de
sensations. A partir de là je travaillais à chaque séance, a ajuster le geste par quelques
rappels de placement, à ajouter du twang (que je pensais impératif sans réellement
comprendre pourquoi), ou à manifester un soutien plus important autour de la ceinture
abdominale. Il est devenu clair assez rapidement que son investissement physique était
parfois trop important et emmenait des serrages laryngés contre productifs.
L’essentiel de mon travail se concentrait autour de la production et de la reproduction du
son de manière confortable. Avec l'avancement des séances et de son travail, nous avons
petit à petit introduit les consonnes et d'avantage d'articulation au fur et a mesure que sa
production gagnait en endurance. Je l'ai surtout amenée à être attentive à la forme de ses
lèvres pour former les phonèmes optimaux pour le Grunt, ainsi qu'a essayer de garder sa
mâchoire détendue durant le processus.
Notre travail ensemble s'est arrêté avant que je ne commence la formation CVC en 2022
et elle à repris contact avec moi au cours de l'année 2023, nous nous voyons de manière
épisodique mais j'ai pu constater son progrès, comme expliqué un peu plus loin.

Emmanuel
Emmanuel est un homme de 25/30 ans et aujourd'hui un de mes plus anciens
élèves à qui je donne encore cours régulièrement, et surtout il était présent avant que je
suive la formation Chant Voix et Corps. Quand il me contactes la première fois, c'est pour
apprendre essentiellement le Grunt et le Fry Scream et... à chanter de manière générale.
Un profil avec une grande curiosité et de nombreuses envies. Je lui propose donc de
commencer par le Grunt en alternant avec des séances sur la voix claire, pour apporter un

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

peu de variété dans nos cours, solidifier sa voix pour les saturations (sans comprendre
tout les tenants et les aboutissants de ce principe, je sais à ce moment là que ça ne fera
pas de mal, en plus de correspondre à son envie de travailler sa voix), ainsi que
temporiser pour me renseigner d'avantage sur le Fry Scream et son approche.
Emmanuel à un bon sens de la justesse et du rythme, il s'attaque typiquement a des
morceaux un peu trop hauts pour lui encore à ce moment là et présente une respiration
souvent haute et même un peu contrainte. Comme très souvent pour le Grunt, un des
premiers réajustement que j'aurais a faire est de travailler sur la quantité d'air à
l'inspiration. J'essaye de lui faire prendre conscience de ce geste important, et je l'invite à
prendre d'avantage de temps pour respirer, de respirer par le nez, ou encore de souffler
comme une soupape, juste avant d'essayer de produire un son.

Dans l'ensemble, mes cours se passent bien, les élèves reviennent, l'ambiance
pendant le cours est détendue et j'ai des retours positifs sur mes efforts pour tenter
différentes approches dans l'enseignement de ces premières saturations. Petit à petit en
revanche je me rends bien compte de l'aspect chaotique du cours qui va perdurer un peu
au cours de mon propre apprentissage. J'ai tendance à vouloir régler un défaut qui
survient immédiatement, j'ai l’impression que quand j'entends ou constate un déséquilibre
dans le geste vocal, c'est précisément ce qui nous barre la route pour notre son désiré.
Cela m’empêche de traiter un sujet avec plus de profondeur et lui laisse moins de temps
et d'opportunité pour être développé, découvert, ressenti et intégré par l'élève. Un défaut
qui va perdurer et s'estomper pendant ma formation les années suivantes alors que je
comprends d'avantage le fonctionnement de la voix, même si je lutte encore aujourd'hui
contre ce tempérament à vouloir régler tout les problèmes immédiatement. Dans cette
continuité, je n'ai pas de programme pédagogique précis non plus pour l'élève, juste un
objectif distant et une route floue pour y accéder. Toutefois, des progrès sont présents et
visibles et ce sans qu'aucun de mes élèves ne se blesse dans sa pratique.

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Ma première compréhension des différents types de saturation


L'imitation a toujours été une force pour moi et elle m'as permis de reproduire de
nombreux sons différents sans comprendre a l'époque que ce faisant, je reproduisait le
placement et la coordination nécessaire a l'élaboration de certaines techniques et de
certains sons. Les saturations ont toujours été une limite a cette capacité, parce que la
référence est déjà nébuleuse en soit, et relativement rare (quand on n'y est pas
particulièrement attentif) dans son quotidien.
Mais lors de mes premières explorations je sentais les premières différences de
placement en chantant du Metallica ou du Amon Amarth. Des différences de hauteur en
terme de sensations, plus de voisement dans l'une, plus de « bruit blanc » dans l'autre,
plus serré d'un côté, plus large et caverneux pour le second. Forcément si les sensations
sont différentes alors ce doit être une technique différente. Des conclusions raisonnables
mais peu éclairées.

A cette période la je fais un premier point sur les différentes saturations extrêmes dont j'ai
conscience :
– Le Grunt (Fausses Cordes vocales ou Bandes Ventriculaires ): un repli des
muqueuses situé au dessus des plis vocaux qui peuvent être mis en vibration
d'une manière similaire aux cordes vocales en utilisant une surpression et en les
rapprochant.
– Le Fry Scream : une énigme à ce moment là, et ma seule piste est d'utiliser
l'évocation d'un grincement de porte pour aller dans cette direction ( ce qui peut
être une évocation du Creaking en vérité )
– La Distorsion : un fourre tout pour des saturations avec une présence de la voix
« claire » forte et un twang très présent.

J'évolue dans un domaine de niche, avec peu d'élèves qui viennent tous me voir
pour un son spécifique et avec lequel je suis à l'aise, mais j'ai conscience de certaines
lacunes dans ma pratique et dans mes connaissances, les ressources sont rares et de
part son absence de nomenclature claire : le sujet est nébuleux, les sources le sont
également.
Et à ce moment là c'est encore sans parler pédagogie.

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CVC – la pédagogie – l'importance d'une voix saine


Il m'a fallut du temps pour comprendre que les saturations étaient des effets vocaux et ce
que cela impliquait donc. Le Grunt était au centre de ma réflexion, et pour moi c'était une
manière de chanter différente, une différente technique, une différente couleur pour un
genre de musique différent.
La question ne se posait pas encore. Mais c'est la période a laquelle j'ai amorcé ma ré-
orientation professionnelle et consolidé mon envie et besoin de partage de savoir. Il me
fallait me former (presque de A à Z).

La formation m'a permis de faire la lumière sur le fonctionnement brut de la voix et


ses mécanismes, tissant pendant toute sa durée, des liens entre un savoir obscur et cette
base fondamentale : le corps, la voix saine. Une remise en cause constante de mon savoir
et surtout de mes croyances, de ce que j'avais pu entendre depuis des années, de
sources variées, mais surtout la compréhension de l'évolution de ce savoir et de ces
connaissances. Il apparaissait de plus en plus clair pour moi que la discipline était loin
d'être figée dans le marbre et qu'il y avait encore beaucoup a découvrir sur la voix et ses
secrets.
Avant même de parler du fond, le premier gros changement a été sur la forme.
J'étais surtout protocolaire, il m'était plus aisé de me raccrocher à un certain format pour
combler mon manque d’expérience. La plupart de mes cours suivaient le même format
présenté plus haut et je n'avais aucune notion de pédagogie (même si les retours sur ce
sujet ont toujours été positifs et rassurant sur ce sujet). J'étais tout de même déjà dans
une position d'échange avec mes élèves a m'enquérir de leur compréhension des choses
et de leurs sensations. Au cours de la formation en revanche, j'ai pu lâcher ces protocoles
pour coller d'avantage à leurs besoins : des échauffements moins longs, plus adaptés,
plus de pratique vocale directement sur le morceau choisi ; le questionnement et la
reformulation, les échelles de valeur ont été des outils précieux qui m'ont permis de
solidifier mon enseignement.
La proximité et l'échange constant avec le reste de ma promotion à été une source
incommensurable de connaissances, d’expériences et de point de vues différents.
Presque autant de manière de voir les choses qui m'ont permis de donner d'avantage de
reliefs aux problématiques que je rencontrais en me démontrant la pluralité de la
discipline. On apprends beaucoup par l'échange, et c'est également devenu une
opportunité pour recommander à mes élèves d'expérimenter avec d'autres
enseignements, ou de les envoyer vers quelqu'un de plus pertinent quand je rencontre les
limites de mes connaissances techniques ou en matière de style et de répertoire.

Si j'étais déjà vigilant sur le fait de ne pas blesser mes élèves dans leur pratique ;
gagner des connaissances sur l'hygiène et la fatigue vocale ont pu me permettre de mieux
travailler sur sa prévention, et d'inclure des exercices de récupération dans les dernières
parties de mes cours, ou de l'inviter dans le quotidien des élèves. Le repos et le sommeil,
les inhalations, le vocal fry, l'hydratation, ainsi qu'une pratique régulière mais sur des
durées courtes sont devenus des recommandations régulières.
Parmi les profils récurrents : des chanteurs ou rappeurs qui se plaignaient d'être épuisés
vocalement à la fin d'un concert, de perdre leur voix ou d'être essoufflés. En plus du travail

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de réajustement vocal, je leur ai proposé des échauffements physiques et vocaux, ainsi


que des habitudes de sortie de scène, ou des gestes de prévention comme mentionné
précédemment. Leur état et santé vocale s'est amélioré au cours de l'année en cours et ils
ont pu retrouver d'avantage de confort sur scène.

Désormais je disposais de beaucoup autres stratégie d'approche pour réguler les


saturations hasardeuses et inconfortables. En comprenant l'équilibre du geste vocal j'ai pu
aborder des problématiques par leur réel problème plutôt que de multiplier les évocations
directes de telle ou telle saturation. Très souvent le travail du twang réduit les forçages liés
a l'envie de volume mais renforce aussi certaines saturations comme la Distorsion. Les
explorations liées au développement de la résonance et de l'accordage résonantiel ont pu
aussi aider a réduire la quantité d'effort, de tension, et donc d'inconfort de nombreux
gestes dans tout les styles.
Dans le cadre des styles de musique extrême, la perception du volume est souvent une
source de fausses pistes, et la plupart des chanteurs extrêmes autodidactes vont chercher
a répliquer une intensité visible et audible. Très souvent,nous avons pu réduire le volume
tout en ayant une texture satisfaisante, et donc encore une fois, en réduisant un effort
source d'inconfort. En utilisant un micro aussi et un système d'amplification, remet le geste
vocale en perspective. Ce qui m'as amené à l'importance de l'écoute, de la boucle audio
phonatoire dans les situations de répétitions. Je travaille avec beaucoup d'amateurs et les
conditions de répétitions sont parfois un peu brutes. J'ai pu amener à réduire certains
forçages en éduquant d'avantage sur l'importance de cette boucle et son lien avec
l'exécution du geste vocal.
Parmi les grands changements dans mes connaissances et la manière d'aborder le
travail vocal se trouvent l'ensemble du travail du corps, qui ne faisait pas du tout partie de
mon enseignement auparavant. J'avais le tort de considérer la voix comme quelque chose
d'indépendant, et loin de mettre les mots Geste et Vocal dans la même phrase. Désormais
c'est une pierre angulaire de mon travail quotidien. C'est devenu évident dans ma pratique
personnel en conscientisant les tensions que je peut subir mais aussi dans l’exécution de
certains sons pour celles et ceux qui viennent prendre des cours avec moi. Je travaille
régulièrement sur le relâchement de la mâchoire et du cou, par les étirements, les auto
massages et les explorations qui manipulent le visage (plaquer ses mains de chaque coté
du visage et les faire « couler » jusqu'à la mâchoire, tirer sur la peau des joues en
souplesse, poser ses coudes sur le bureau, sa tête sur ses mains et chanter en ouvrant la
bouche en soulevant le crâne plutôt que d'abaisser la mâchoire).
La respiration est devenu un autre cheval de bataille. J'en avais une compréhension
partielle, les chanteur.euses extrêmes qui ressentent de l'inconfort et un déséquilibre de
leur technique ont souvent tendance a prendre trop d'air et mobiliser beaucoup le haut de
leur corps et par la même, de verrouiller certaines positions. J'ai pu expérimenter avec
l'idée de libérer la respiration, plutôt que de la pousser d'une manière particulière. Je me
suis même battu pendant un moment avec cette pratique. Cela s'est montré d'une grande
efficacité dans l'ensemble du geste vocal, mais pour certaines saturations, c'était
davantage en conflit, ou en tout cas cela remettait en question mon propre geste et mes
connaissances, car leur degré d'engagement physique est parfois supérieur, et il m'a fallu
creuser d'avantage sur le sujet pour comprendre ces différences (comme mentionné plus
loin) et les rapporter a la bonne échelle de valeur et donc mieux accepter l'importance de
la libération de la respiration dans ma pratique et mon enseignement.
J'ai compris d'avantage sur l'influence de la sphère mentale sur notre travail, avec

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beaucoup de grands débutants, j'ai été confronté à un stress important qui rendait leur
voix tremblante. Voix que nous avons pu stabiliser avec une approche bienveillante et une
pratique régulière qui leur a donné d'avantage confiance par exemple. J'ai pu utiliser
différentes évocations et images (comme le super-héro, l'arbre au racines insondables, la
Montagne, les pieds dans le sable) pour amener un meilleur ancrage, et redonner de la
puissance et de la stabilité par cette seule influence. De leur côté les neurones miroirs ont
été un outil précieux et à double tranchant. Certes certains élèves ont une plus grande
sensibilité par ce biais et sont plus efficace quand ont leur montre l'exemple, mais pour
beaucoup dans le cadre des saturations, cela va les amener à une sensation erronée que
la plupart des gens qui n'ont pas expérimenté avec ces sons auront. Probablement car
totalement inconnues ou non conscientisées, ou parce qu'elles sont déjà associées
mentalement à de la douleur a cause d'une mauvaise tentative de chant, ou des moments
plus intenses de la vie dans lesquelles ces saturations surviennent (la colère, la douleur, la
peine, mais parfois aussi la joie intense : qui ne s'est pas retrouvé a crier en concert, un
soir de match ou n'importe quelle fête... à en perdre la voix). Cela aussi allait de pair avec
la nécessité pour l'apprentissage de l'élève de découvrir le son par lui même dans sa
pratique et son exploration de la voix, que ses sensations ne soient pas polluées par ces
neurones miroirs, mais de le mettre sur une voie se dirigeant vers la coordination
recherchée.

J'ai un passif de technicien vidéo : si j'ai un résultat inattendu sur un de mes écrans,
je remonte le signal pour trouver la panne, le problème technique qui empêche d'avoir un
signal clair et sans défauts. J'ai aussi entrevu la voix de cette manière, et ces nouvelles
connaissances m'ont permis de mettre le doigt sur ce qui empêchait certains de mes
élèves d'arriver à leur objectif, ou à minima de me pencher sur l'équilibre du geste vocal.
C'est une vision des choses qui a concrétisé pour moi la pratique vocale, très complexe
mais bien moins nébuleux, avec la prise de conscience que la remise en question des
connaissances sera nécessaire au développement de mes compétences.

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Mise a jour des connaissances


Au cours de ces deux dernières années j'ai également eut le plaisir de mettre a jour
et compléter mes connaissances sur les effets de saturations au cours d'un stage
d'échange en ligne sur deux mois avec Arnaud Ménard et plus récemment d'un stage de
deux jours avec Toni Linke ainsi qu'une visioconférence avec Mauro Fiuza.
Les saturations ce sont avant tout des vibrateurs (un seul ou plus) en dehors des plis
vocaux, ou bien dans le cas du Creaking, les plis vocaux deviennent deux vibrateurs.

Les plis vocaux peuvent se désynchroniser et vibrer de deux manières différentes


sur l'ensemble de leur longueur. Une mécanique qui est parfois confondue avec le Vocal
Fry, parfois même appelée ainsi. Quand cette saturation est régulière elle donne deux
hauteurs distinctes, dont la variation n'est a priori pas contrôlable. Quand elle est
irrégulière, elle donne un pitch et une quantité de bruit blanc qui va varier selon d'autres
paramètres (différents placements résonantiels, plus de compression ou de twang, etc)

Les autres vibrateurs sont différents étages et structures supra-glottiques.


Juste au dessus des cordes vocales se trouvent les « fausses » cordes vocales que
l'on appellera plus justement bandes ventriculaires. Une structure avec comme fonction
première la fermeture du larynx, elle est essentiellement membraneuse et reliée au thyro-
aryténoïdien latéral qui peut influer sur sa forme. Elles peuvent se rapprocher voir
s’accoler et vibrer entre elles, elles sont plus lentes et donc produisent un son plus grave
que les plis vocaux. En se serrant et se fermant, elles changent les pressions supra-
glottiques et donc influent sur la vibration des plis vocaux (cf pdf Contribution des bandes
ventriculaires lors d’un effort vocal. Impact sur la vibration glottique Lucie Bailly, Nathalie
Henrich Bernardoni ). Lors de la montée dans les aigus, a l'activation du thyro-
aryténoïdien interne, le TA externe se contracte souvent par voisinage, impliquant un
changement de timbre (et parfois des serrages importants). [cf anatomie pour la voix]
Elles sont présentes dans les différentes Distorsions (Twangée et Hyper-Compressée), le
Death Growl/Grunt, et parfois le Fry Scream. On les retrouve avec des vibrations
régulières comme le Kargyraa, le chant « diphonique » Mongol.
Elles vont également être mises en vibration lors d'une compression intense du Larynx,
qui va se comprimer sur le plan sagittal ou frontal, voir les deux. [cf vidéo d'endoscopie de
Will Rramos]
Cette technique plus intense dans l'effort qu'une phonation dite « pressée » permet
d'accéder à certaines saturations comme le Growl, la Distorsion, le Fry Scream voir même
le Growl.

Les Aryténoïdes, ces cartilages en forme de pyramide vont pouvoir vibrer soit entre
eux soit contre l'épiglotte dans le cadre de sa bascule sur le Larynx et des changements
de pression associés; manœuvre souvent aidée par le recul de la langue , ce qui donne
cette couleur particulière au Growl. C'est la voix de Louis Armstrong, de Khermit la
Grenouille, c'est le « Knödel » allemand.
Les Aryténoïdes vont également vibrer dans le Grunt et peuvent parfois être mis en action
dans le Fry Scream. Ces Structures sont en lien direct avec l'épiglotte et sont jointes par
les plis ary-épiglottiques (et c'est d'ailleurs le nom qui est parfois donné au Growl :

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

saturation ary-épiglottique)

On peut noter de façon honorable le velum (voile du palais) qui peut être mis en
vibration contre la langue dans un Rattle vélaire, proche des R roulés en espagnol. [cf
ANGUIS DEI, « Angela Krudeliis Ambitiosa Nokturniis »] Les mucosités peuvent
également être mises en vibrations, en changeant, la forme de ses résonateurs, de
manière moins contrôlable et stable mais toutefois typiques dans certains styles comme le
Black Metal, ou l'engorgement, le recul de la langue peuvent ramener plus de grain et de
bruit « chaotique » dans le son.

Tous ces vibrateurs peuvent être mis en branle de manière saine et viable, mais
bien évidemment, et nombre l'auront expérimenté, de manière difficile et douloureuse.
Cependant, Toni Linke, dans sa catégorisations des effets vocaux bruts, note aussi
l'existence de la « Pushed False Fold Distorsion » (Twist and Shout – Beatles). Une
Distorsion « poussée », avec un effort important et une volonté de volume important
également. Une technique qui n'est définitivement pas viable sur le long terme, mais qui
existe et qui est utilisée. Elle survient dans le panel technique d'un artiste, elle survient au
cœur de l'expression artistique, elle à un son marqué, proche d'un cri déchirant et ne
devrait pas être mise de côté. Elle surviendra sans doute au cours de la carrière d'un
artiste qui cherche une intensité émotionnelle dans les saturations, peut être un jour de
perte de contrôle, ou d'implication émotionnelle forte. Ainsi, il est important de mentionner
son existence et de faire comprendre que son utilisation doit être mesurée, ramenant ainsi
le chanteur à l'écoute de ses propres capacités et de ses propres limites. C'est
typiquement une technique coûteuse qui doit être utilisée avec prudence et dans le cadre
de son « budget vocal » mais qui ne constitue pas une technique sur laquelle uniquement
se reposer pour toute une carrière.

En terme de nomenclature pour les saturations, j'ai fini par adopter celle de Toni Linke, qui
me paraît pour l'instant la plus adaptée et la plus détaillée dans l'approche de ces effets
vocaux [cf site TONI]. Je vois désormais beaucoup plus clair dans les différentes
stratégies d'approche de chaque saturation, et des différences artistiques présentes dans
les voix extrêmes.

Par exemple dans le cadre des distorsions, on retrouve :


- Pushed False Fold Distorsion : La mise en mouvement des bandes
ventriculaires par un flux d'air élevé et un fort volume (diminuer le volume peut amener a
rendre cette distorsion plus viable sur de courts instants)

- Twangy False Fold Distorsion : un twang très important, va permettre


accolement des bandes ventriculaires en changeant l'équilibre des pressions de la zone
laryngée.

- Hyper-Compressed Distorsion : La compression de la glotte et de l'espace


laryngé amène la vibration des bandes Ventriculaires.

- Hyper-Compressed Screaming : Une version du Fry Scream qui ne se repose


pas sur le Creaking mais sur l'hyper-compression pour créer plus de bruit blanc et sonne

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

plus atonal que le Fry Scream.

- Death Growl : Une mise en vibration de tout les étages glottiques et supra
glottiques notamment par augmentation des pressions, une fourniture laryngée, et un
accordage résonantiel adéquat.

Quatre stratégies d'approche principale pour développer des saturations autour du


seul vibrateur que sont les bandes ventriculaires (le forçage, le twang, l'hyper-
compression, une pression sous glottique et un placement vocal spécifique).

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Ce qui changé dans mon approche


J'ai parfois l'impression que j'enseigne exactement de la même manière qu'à mes
premières heures, notamment parce que ma méthode à évoluée au cours de ces deux
dernières années, et parce qu'il m'as fallut ( et me faut encore ) du temps pour intégrer
certaines pratiques pédagogiques ou certaines pratiques vocales.
Je prends des notes pendant le cours, pour garder en tête ce que nous avons fait
d'une semaine à l'autre, ce qui est devenu bien plus compliqué avec l'augmentation du
volume d'élèves et ma simplifié la tâche ; ainsi que pour suivre et modifier le plan de
travail mis en place. J'ai progressivement pu établir des programmes pour mes élèves,
alors que mon œil et mon oreille se sont habitués à observer ce qui m'était invisible
auparavant. Ces programmes sont en évolution, alors que je continue à me former, mais
aussi selon les besoin qui varient parfois ou parce que mon point de vue change sur
l'approche de certaines problématiques. C'est désormais d'un grand soutien pour limiter
les digressions et garder un cap plus clair.
Mon discours pédagogique s'est vu introduire le langage permissif, les échelles de
valeur, et un questionnement plus précis, ce qui m'as amené à d'avantage de
reformulation et un échange plus qualitatif avec les élèves, pour une meilleure
compréhension de leurs problématiques. En les questionnant sur leurs habitudes de
travail, de répétition, et de concert (et avec les nouvelles informations acquises), je peux
les aider a se prémunir contre la fatigue et le forçage vocal, et essayer d'introduire des
bonnes habitudes pour leur hygiène vocale.
Le corps est aussi devenu un sujet de travail très récurrent : des auto-massages,
des étirements, des explorations posturales, des scans mentaux qui étaient totalement
absents de ma pratique sont venu intégrer ma panoplie d'explorations.
Bien évidemment, la compréhension apportée par la formation Chant Voix et Corps de la
voix, m'a permis de travailler hors des saturations (et mieux dans les saturations) avec
une meilleure compréhension de l’équilibre de la voix et de ses différentes couleurs.
Beaucoup de mes élèves sont des débutant.es qui souhaitent « apprendre à
chanter », un objectif trop flou pour être source de motivation. En l'absence de projet
concret, j'essaye de reformuler un objectif avec ces derniers, de les inviter à introduire par
petites doses, le travail vocal dans leur quotidien. J'ai parfois tendance à oublier que leur
réussite ne dépends pas que de ma compétence, alors j'essaye également de leur faire
comprendre que les clefs se trouvent entre leurs mains et que mon travail est de les
accompagner sur cette route.

Pour Emmanuel, que je vois toujours régulièrement, nous avons travaillé sur son
implication physique dans la respiration ; nous avons utilisé la respiration silencieuse et la
paille pour réguler sa quantité d'air à l'inspire et rendre sa respiration plus basse. Nous
travaillons parfois allongé, en redonnant de la mobilité à son bassin et avec la conscience
d'une pathologie au genou qui entraîne beaucoup de tensions dans le bas des jambes. Je
compte également utiliser le ballon de Yoga et me diriger vers d'avantage d'étirements de
la poitrine et des côtes pour continuer dans le sens d'un corps plus libre de ses
mouvements.
Côté voix, son Grunt est d'avantage stabilisé et j'ai retravaillé mon approche avec

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

de nouvelles explorations qui rééquilibrent son geste de base et le rendent plus


confortable avec moins d'effort. Nous travaillons sur les voyelles et l'articulation, pour que
le geste soit stable sur des paroles simples et courtes, pour gagner en endurance, il nous
faudra aussi aborder la réduction du flux d'air, ce qui se fera en travaillant notamment, sur
les débuts de son et en amenant une pression sous glottique un peu plus importante.
Parallèlement il nous faudra travailler sur la détente dans le geste et le degré d'effort pour
éviter que cette augmentation ne soit trop importante.
Enfin je travaille a chaque séance pour amener à Emmanuel, d'avantage de responsabilité
dans sa pratique. Je l'invite a bloquer un créneau, même court, dans sa journée pour
travailler sa voix, comme il le ferait pour un cours ou une séance de sport. Je lui propose
des explorations adaptées aux problèmes de voisinage, pour garder un volume de travail
décent, et je l'ai également invité à se rendre dans des studios de répétition pour pouvoir
travailler en pleine tranquillité. Cela fait partie de mes challenges personnels en temps que
professeur de chant que d'amener mes élèves à l'autonomie dans leur voyage vocal.

Raphaël
Raphaël est un de mes nouveaux élèves, un de ses objectifs est de pouvoir
screamer comme Chester Bennington de Linkin Park. Nous avons donc pris la direction du
Fry Scream, mais il m'as également dit que dans ses projets il saturait déjà mais avec
assez peu de confort et d'endurance. Quand je suis dans ce cas là, ma première priorité
est généralement de rétablir l'équilibre du geste déjà installé, plutôt que de partir sur un
nouvel apprentissage. J'ai pu établir qu'il s'agissait d'un Grunt avec beaucoup d'effort, et
nous avons pu réduire cet effort en prenant des explorations de base de découverte de ce
son ; par exemple :
- Le Dopey Sound : un son ouvert et assez sombre, un peu similaire à un
bâillement, que l'on va monter dans les aigus en augmentant le flux d'air, ce qui peut
entraîner une vibration chaotique des cordes vocales autour du passage, et plus souvent
en M2. Cela nous donne une base de Grunt avec un effort léger.

- Dans sa variante, l'imitation de la voix en mue peut permettre de trouver cet


éraillement (Attention elle peut aussi mener au Creaking)

- Respiration silencieuse accompagnée du soupir d’exaspération.

C'est un élève avec qui j'ai beaucoup discuté des possibilités de saturations
extrêmes, et des différentes stratégies d'approche, avec qui nous avons passé beaucoup
de temps a faire des analyses d'écoute lorsqu'il se sentait dépassé par son incapacité a
reproduire les techniques recherchées. Il m'as fallu prendre du temps pour essayer de
gérer sa frustration et lui faire comprendre l'importance du temps d'apprentissage et
d'exploration. Le travail en cours est sur la découverte du Creaking à travers diverses
explorations : - Produire une note et s'endormir dessus.

- Produire une note en M2 doux ou en voix Mixte et réduire le volume


en gardant la couleur du son.

- Imiter un vieux chat grinçant ou une poule.

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Raphaël a pu assez rapidement intégrer cette sensation et en variant le forme des


résonateurs et articulateurs, il a pu trouver des différences entre une vibration régulière et
irrégulière. Nous nous sommes également dirigés vers le twang qui sera une addition
nécessaire pour se diriger vers le Fry Scream, ce qui représente un premier sous objectif,
et en découle également un travail sur l'accession à la distorsion et ses stratégies
d'approche ou au Rattle, selon ce qui fonctionnera le plus naturellement avec lui dans un
premier temps. Parallèlement et comme présent chez de nombreux élèves dans les
saturations, nous avons commencé a faire un travail autour de la détente physique
(surtout de la mâchoire), et je pense qu'introduire du mouvement et des étirement à sa
pratique seront pertinents pour que son effort vocal reste moindre.

Comme mentionné précédemment, on retrouve chez les chanteur.euses qui


découvrent les saturations extrêmes des verrous et problématiques qui sont (sans surprise
in fine) les mêmes que pour la voix claire, avec parmi les plus courants :

- Crispations de la mâchoire

- Tensions et efforts intenses dans la poitrine et les abdominaux ; la violence de la


musique extrême associe une imagerie d'intensité forte qui pousse les pratiquants de
saturations extrêmes à se tourner vers des efforts intenses qui correspondent à l'image
que les neurones miroirs vont imprimer dans leur esprit. Je nuance régulièrement le
propos en arguant que l'intensité visible peut venir de l'interprétation plus que de l'effort
vocal, et qu'un effort mesuré et équilibré pour produire la technique nous donne plus de
marge pour nous exprimer scéniquement.

- Des grandes prises d'air, qui induisent des apnées, de l'irrégularité à la phonation,
de la compression et une perte de contrôle du geste en général.

- Une compression intense plutôt que le twang pour arriver à une couleur vocale
similaire, amis qui va entraîner des serrages laryngés plus importants, plutôt qu'un
meilleur contrôle du flux d'air dans l'activation des oscillateurs supplémentaires.

Un petit mot sur le rôle du twang


Dans le cadre des saturations le twang va souvent être un allié précieux pour
réduire le flux d'air et protéger les cordes vocales en réduisant la contre pression due aux
changements de résonance et donc l'effort global pour mettre en branle les différents
oscillateurs des saturations extrêmes. Il va falloir en revanche être plus prudent dans son
utilisation combinée à celle de l'Hyper-compression qui produit déjà une réduction de
l'espace laryngé. Les saturations Hyper-Compressées sont typiquement moins bruyantes
(elles produisent beaucoup de bruit blanc mais le volume global est typiquement moins
fort) que leurs équivalent dans d'autres stratégies.

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Mon premier atelier sur les saturations vocales


En Octobre 2023 j'ai pu organiser mon premier atelier sur les saturations vocales à l'aide
d'une structure clermontoise qui vise a soutenir les projets musicaux et culturels de la
métropole.
J'avais réservé ce stage à des profils de chanteur.euses, potentiellement professionnels,
voulant éviter d'avoir des grands débutants pour lesquels il serait plus difficile de trouver et
reproduire le geste sainement.
C'est globalement ce que j'ai obtenu, la majorité étaient dans des projets musicaux depuis
plusieurs années, certains professionnels, et une chanteuse débutante qui avait
commencé a prendre des cours plus tôt dans l'année, le tout dans des styles variables
(pop, blues, rock, metal...).

Malheureusement un incident avec l'organisation m'as obligé a amputer cette journée de


découverte de 7h et à la condenser dans un atelier de 4h. J'ai donc un peu bouleversé
mon plan originel avec comme objectif : leur faire comprendre et entendre différentes
saturations mais également et surtout de pouvoir leur faire essayer différentes
explorations afin qu'ils et elles repartent avec des options de travail et de découverte pour
leur pratique respective.

J'ai commencé par en apprendre un peu plus sur les chanteur.euses devant moi, leur nom
bien sûr, leur expérience en chant, des éventuelles difficultés rencontrées mais surtout,
leur rapport aux saturations, leurs connaissances éventuelles sur le sujet.
Mon premier constat, s'étendant au delà de cet atelier et à travers d'autres chanteurs,
débutants ou avancés, étant l'obscurité qui entoure ce terme. A part pour la communauté
extrême, peut sont certains de savoir ce qui constitue une saturation vocale, et est très
souvent synonyme de tension, de douleur, voir de laideur. Pourtant je sais que toutes et
tous ont déjà entendu des saturations, et en ont très probablement déjà émis au cours de
leur vie. Donc il leur devient difficile de donner des exemples d'artistes qui les utilisent.
Pour certain.es le sujet est presque tabou, car une mauvaise expérience, un essai dans
une direction hasardeuse, auront provoqué des douleurs, parfois une blessure, et de
manière dommageable, un trauma. Quelques exemples typiques, permettent souvent de
débloquer un peu le train de pensée ; Aretha Franklin, Louis Armstrong, Beyonce, AC/DC,
Garou, pour les plus francophones. J'ai réservé quelques écoutes pour les dernières
minutes de l'atelier, mais je démontre aussi quelques exemples par moi même, chose qui
m'avait personnellement manqué quand j'ai assisté a ce genre de stages.

Puis la théorie. Je travaille beaucoup sur moi pour ne pas inonder mes élèves
d'informations sur les détails physionomiques et mécaniques de la voix car j'aime
expliquer et parce que ça m'aide beaucoup dans mon processus de pensée. Mais dans le
cadre de cet atelier, je souhaitais que les participant.es aient une explication des
mécanismes de saturation, notamment pour pouvoir faire un peu de tri dans les
informations qu'ils ou elles pourraient glaner dans le futur.
Il me fallait donc expliquer les bases de la voix.

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Plutôt qu'un cours purement formel, j'ai décidé de procéder a un échange plus large, de
poser des questions, sur leurs idées du fonctionnement de la voix et de leurs expériences.
L'occasion pour moi de déconstruire par quelques questionnements des idées reçues sur
la respiration notamment (il faut rentrer le ventre, il faut pousser sur le ventre...). J'évoque
également le fonctionnement des plis vocaux, les mécanismes un et deux en les liant avec
précaution et nuance a la voix de « poitrine » et de « tête » qui même s'ils sont imprécis
ont une force évocatrice pour les élèves.
Je parle du rôle des résonateurs pour façonner le son, et à plus forte raison quand on se
trouve dans les saturations extrêmes ou on va vouloir jouer énormément sur les
harmoniques créées.

Le vif du sujet : les saturations vocales. L'intitulé de cette journée était « Une introduction
aux saturations vocales », et je n'aurais pu faire plus en à peine une journée, encore
moins en quelques heures. Mon premier challenge était de m'adapter au groupe, je
m'étais imaginé un public plus tranché et déjà un peu au fait des saturations, capable de
formuler une demande sur le son désiré et attendu (comme c'est le cas avec les élèves
qui viennent me chercher). Au final je me suis retrouvé d'avantage devant des curieux.ses
averti.es.
En continuant avec cette volonté d'échange et d'horizontalité, j'ai demandé des termes
des idées qu'ils et elles associaient à la saturation pour me permettre de rebondir et d'en
évoquer les différents types, des problématiques que l'on peut rencontrer (typiquement les
serrages, le double tranchant des neurones miroirs dans cette situation). On retrouve
régulièrement des termes liés a l'intensité, parfois la douleur, ce qui renforce aussi ma
volonté de procéder avec prudence pour éviter d'en causer d'avantage mais aussi
d'instruire les participant.es et de lever le voile sur ce monstre pas si nocif.
Au cours de la discussion je suis arrivé à un état des lieux non exhaustif des principales
saturations et leur stratégies d'approche : le Creaking, la Distorsion twangée, le Grunt, le
Fry Scream, l'Hyper Compression, le Blues Growl.
Dans une version plus longue de cet atelier, j'aurais sans doute pris plus de temps à ce
moment là pour proposer des écoutes et éventuellement des analyses de morceaux
proposés par les élèves. Et ce sera sans doute articulé comme cela dans le futur pour
mieux ancrer le son et son appellation.

J'ai également pris un moment pour parler d'hygiène vocale, des habitudes de chacun.e
pour se reposer et récupérer, sujet primordial dans l'apprentissage des saturations tant
elles peuvent facilement se montrer dans l'inconfort.
Après un échange similaire autour des expériences de chacun.e sur l'échauffement, nous
nous sommes lancés dans la pratique.

J'ai proposé une série d'échauffements articulaires légers, de bas en haut, afin de me
donner plus de temps pour échanger en cours de route mais aussi pour repérer
d'éventuelles premières difficultés ou verrous physiques potentiels chez mes élèves du
jour.
De la même manière, je propose ensuite des trilles libres, en se déplaçant dans la pièce
« imitant le moteur d'un avion » pendant quelques minutes et en rappelant l'importance de
rester en zone de confort durant cet échauffement.

Plusieurs options s'offraient alors à moi :

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

– Amener le groupe vers une seule saturation clairement définie, et faire en sorte
que tous puissent l'aborder sainement d'ici à la fin de l'atelier. Ce qui aurait pu
marcher compte tenu des besoins des stagiaires, surtout des curieux sans un
besoin spécifique et défini. Mais qui ne prenait pas en compte les forces et les
faiblesses de chacun, ni l'établissement de la coordination sous-jacente
nécessaire a la production de cette saturation. Potentiellement un piège qui
aurait pu m'amener a passer bien plus de temps avec l'un des stagiaires plutôt
qu'une autre.

– Proposer un buffet de saturations, des explorations diverses dont le but est


d’amener a des sons différents.

Je me suis posé longuement la question de l'articulation de cette journée, avec une envie
première de coller a ce que j'avais déjà vécu. Mais devant la pluralité des profils, tout
autant que celles des effets vocaux possibles, il me paraissait peu viable de ne pas
« prendre ce qui marche ». J'avais déjà de plus expérimenté avec mes élèves habituels, la
possibilité d'obtenir différentes saturations avec la même exploration.

J'ai proposé une série d'exploration parmi lesquelles : le corbeau, la mouette, la mobylette,
l'avion en chute, la sorcière, le bébé qui pleure, le gros et vieux chien, la fatigue et
l’exaspération, la constipation, le soulevé de terre...
Et comme attendu, j'ai eut des résultats très variables sur une même exploration, ce qui
m'as permis de mettre en valeur la personnalisation, du travail ou de l'échauffement,
l'intégration de ces mêmes explorations pour soit et ramener les mêmes sons. Chez l'un,
la mobylette amenait une saturation des aryténoïdes (un Blues Growl), j'ai donc pris du
temps avec cet élève le temps d'un micro coaching de quelques minutes pour assainir se
geste et l'ancrer d'avantage (la position de la langue, la quantité d'effort ou la posture) ;
chez l'autre cela a provoqué une distorsion plus grasse et agressive, a se rapprocher du
Grunt ou de la Distorsion Twangée ; l'occasion de parler particulièrement du twang, des
serrages, d'explorer avec la respiration silencieuse et les sensations de gorge ouverte ou
non.

J'ai eut le cas particulier d'une élève qui présentait « une excroissance sur les cordes
vocales ». Du fait de notre timing réduit je n'ai pas pu me renseigner beaucoup sur sa
pathologie, nous avons eut un bref échange sur son effet, se manifestant principalement
sous la forme de douleurs en chantant ( et il m'as semblé comprendre surtout longtemps
et à « haute intensité »).
Il m'as fallu redoubler de prudence avec elle, lors des explorations elle mentionnait très
rapidement de l'inconfort. Quand j'ai pu m'attarder sur elle, nous avons exploré autour de
sa Distorsion Twangée, qu'elle arrivait a produire mais pas sans inconfort. Nous avons
exploré autour de la quantité de twang en essayant de diminuer l'effort (afin qu'elle
compresses moins son larynx notamment) et sommes parvenu a un résultat sans douleur.
Nous avons brièvement discuté a la sortie de l'atelier, évoquant des limites potentielles
due a sa pathologie, mais que travailler sur certains aspects de sa voix en conscience de
cette difficulté pourrait lui permettre de trouver satisfaction et confort dans le chant.

Après avoir fait le tour des participant.es et proposé quelques explorations


supplémentaires, tout le monde avait eut accès à au moins une manière de créer un son

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

saturé. C'était mon objectif principal, et en quelques heures à peine, un résultat très
satisfaisant.

J'ai terminé la session par une session d'écoute, pour recouper avec leur ressenti et leur
expérimentation, et aussi montrer des variantes, des manières différentes d'accumuler
certaines saturations, leur utilisation in situ, et les différentes stratégies d'approche pour un
même effet.

Je vais être amené a refaire ce même atelier d'introduction, j'aimerais pouvoir en proposer
une meilleure version :
– Avoir une partie théorique plus claire et mieux établie : j'aime beaucoup
l'échange mais je me suis trop reposé dessus et l'ensemble pouvait paraître un
peu chaotique.

– De la même manière, faire une première liste des principaux styles de


saturation, avec quelques exemples audio pour chacune, éventuellement leurs
« forces et faiblesses » ainsi que les points de vigilance.

– Plus de pratique chantée, difficile d'entendre tout le monde sur ce format de 4h


amputé, plus envisageable sur une journée complète. J'apprécie aussi
beaucoup la cohésion et le partage du chant d'ensemble et je pense qu'il peut
amener une bonne cohésion de groupe et une certaine chaleur à l'atelier. Ainsi
qu'être un échauffement vocal préparatoire.

– Moins d'explications profondes non sollicitées. Comme déjà mentionné, j'aime


expliquer car cela m'aide moi à comprendre, je cherche encore la limite entre ce
qui me paraît nécessaire sans faire trop d'informations sur une journée déjà
chargée pour les participant.es.

Un stage de deux jours pourrait être plus pertinent, laissant plus de temps pour préparer le
terrain convenablement et mettre en place de manière plus durable ces sensations. Il peut
aussi être éprouvant vocalement ; bien que l'on puisse accéder à ces effets d'une manière
saine, il est très courant de les découvrir dans l'inconfort, et les essais multiples peuvent
engendrer de la fatigue vocale, ce qui est a prendre en compte sur la durée et dans le
rythme de tels ateliers. Des pauses régulières, des rappels sur l'hygiène vocal, mais aussi
prendre le temps sur des coachings individuels permets aux autres de reposer leur voix.
Je pense également qu'une bonne partie de ces ateliers doivent être consacrés a la voix
« claire », pour mieux installer son rôle dans la pratique des saturations.

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

Conclusion

Annexe

Terminologie des effets vocaux de saturation

Le Creaking : différent du mécanisme 0, les plis vocaux vont vibrer de manière différente
sur l'ensemble de leur longueur, créant une fréquence supplémentaire. Le Creaking peut
être régulier (on entend deux pitchs distincts) ou irrégulier (un pitch et du « bruit »,
semblable a un bruit blanc)
Pour le trouver : - Prétendre être fatigué
- Imiter un vieux chat

La Distorsion : produit par les bandes ventriculaires vibrant l'une contre l'autre, elle peut
également être régulière ou non, on peut l'approcher via le twang, l'Hyper-Compression,
ou avec un excès d'air (ce qui n'est pas viable a long terme mais peut être une solution en
terme d’interprétation pour un artiste)
Pour la trouver : - Imiter une voiture de course
- Faire semblant de lever un objet très lourd
- Rendre une voyelle twangée la plus moche possible

Le Rattle : provoquée par la vibration des cartilages aryténoïdes ensemble, peut


s'appliquer sur l'ensemble du spectre vocal.
Pour le trouver : - Imiter le corbeau ou le ouistiti
- Essayer de trouver la Distorsion depuis une couleur vocale
Opératique

Le Jazz/Blues Growl : produit par la vibration de l'épiglotte contre les aryténoïdes (aussi
appelée distorsion/saturation Ary-Epiglottique), nécessites une rétractation de la langue ;
le Knödel Allemand, et amène donc une couleur vocale particulière, plus sombre.
Pour le trouver : - Imiter Khermit et augmenter le volume
- Imaginer avaler sa langue et souffler de l'air au travers

Grunt : Aussi appelé Death Growl ou False Cord Scream, c'est une saturation typique du
metal extrême ; se réalise par un accolement faible des cordes vocales, vibration des
bandes ventriculaires et parfois également des aryténoïdes. Il est majoritairement atonal,
les cordes vocales vont vibrer de manière chaotique et également générer du « bruit »,
mais il est également possible de le produire avec un pitch défini. La hauteur du larynx et
le placement de la langue vont jouer un rôle majeur dans la définition du son et son
utilisation dans les styles associés (Guttural, Tunnel Throat, Pig Squeal)
Pour le trouver : - Produire un soupir d'exaspération

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Florian Desormière – La Découverte des Saturations Extrêmes – Session 2022

- Imiter un gros chien

Fry Scream : Combinaison du Creaking et de la Distorsion et/ou du Rattle, pouvant


également être tonal ou atonal, toutes les couleurs de voix sont possible mais il est plus
aisé dans les sons ouverts et brillants. Peut être trouvé entre deux mécanismes laryngé,
ou par Hyper-Compression.On peut également le produire dans sa variante en inhalant.

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