Article 13. Caracterisation

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Int. J. Biol. Chem. Sci. 13(2): 1054-1063, April 2019

ISSN 1997-342X (Online), ISSN 1991-8631 (Print)

Original Paper http://ajol.info/index.php/ijbcs http://indexmedicus.afro.who.int

Caractérisation des pratiques locales du mil Sanio [Pennisetum glaucum (L.)


R. Br] en zone soudanienne humide au Sénégal

Baboucar BAMBA1*, Moustapha GUEYE2, Daouda NGOM3, Samba Laha KA4,


Bathé DIOP1 et Ghislain KANFANY2
1
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles Centre de Recherches Agricoles de Djibélor, BP 34.
2
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles, Centre National de Recherches Agronomiques de Bambey,
BP 211.
3
Laboratoire d’agro-écologie, Département de Biologie Végétale Faculté des Sciences et Techniques,
Université Cheikh Anta DIOP, B.P.5005 Dakar-Fann, Sénégal.
4
Laboratoire de Botanique et Biodiversité, Département de Biologie Végétale, Faculté des Sciences et
Techniques, Université Cheikh Anta DIOP, B.P.5005 Dakar-Fann, Sénégal.
*
Auteur correspondant ; E-mail: [email protected], Tél: +2215854262.

RESUME

Le mil sanio ou type tardif [Pennisetum glaucum (L.) R.Br)] est une céréale négligée et cultivée
essentiellement dans les régions sud et sud-est du Sénégal. Il est très apprécié par les populations rurales à
cause de ses qualités organoleptiques et fourragères. Une étude des pratiques culturales du mil sanio a été
effectuée dans 26 parcelles paysannes réparties dans 11 villages et 5 communes (Ndorna, Bignarabe, Medina
El hadj, Guiro yero Bocar, et Dioulacolon) de la région de Kolda en Haute Casamance. Les résultats ont
montré que le mil sanio est plus cultivé dans les champs de case (65%) que dans les autres champs. Les
superficies emblavées dépassent rarement 2 ha (84%). Le semis à plat est largement pratiqué (92%) et la
période de semis est calée pendant la deuxième moitié de juin (43%) et de juillet (34%). La pratique de
l’amendement (38%) et de la fertilisation (42%) n’est pas courante dans la zone. Les principales adventices
rencontrées dans les champs de mil sanio sont par ordre d’importance Digitaria horizontalis Willd, Pennisetum
pedicellatum Trin. et le striga hermontica (Delile.) Benth. Le désherbage manuel et mécanique est
majoritairement effectué (72%). Les rendements en grains les plus élevés sont enregistrés dans la partie la plus
arrosée de la zone d’étude (communes de Médina El Hadji 626 ± 133 kg ha-1; Guiro Yero Bocar 630 ± 167
kg ha-1 et Bignarabe 540 ± 63 kg ha-1 et Dioulacolon 517 ± 244 kg ha-1). Par contre les plus faibles rendements
sont notés dans la zone la moins pluvieuse de la zone d’étude (commune de Ndorna 369 ± 104 kg ha-1). Ces
premiers résultats contribueront à l’établissement d’un référentiel technique sur la culture du mil sanio. Des
expérimentations sur la période de semis, les écartements de semis, la fertilisation organo-minérale sont
fortement recommandées afin d’intensifier les itinéraires techniques et améliorer les rendements du mil sanio.
© 2019 International Formulae Group. All rights reserved

Mots clés: Mil sanio, Pennisetum glaucum, pratiques locales, Haute Casamance, Sénégal

Characterization of local practices of Sanio millet [Pennisetum glaucum (L.) R.


Br] in wet Sudanese zone in Senegal

ABSTRACT

Sanio millet [Pennisetum glaucum (L.) R. Br] is a neglected cultivated cereal mainly grown in the
southern and south-eastern regions of Senegal. It is very appraised by smallholders farmers because of his grain

© 2019 International Formulae Group. All rights reserved. 8042-IJBCS


DOI: https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v13i2.38
B. BAMBA et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 13(2): 1054-1063, 2019

and fodder qualities. A field survey conducted on pearl millet cultural practices was conducted in 26 farmer’s
plots selected in 11 villages. These villages are located in 5 communities (Ndorna, Medina El hadj, Guiro yero
Bocar, Bignarabe and Dioulacolon) in Kolda Region. Results showed that sanio millet is more cultivated in
fields located near the houses (65%). Cultivated pearl millet areas are most of the time less than 2 ha (84%).
The flat sowing is broadly practiced (92%) and is mainly done between June (43%) and July (34%).
Application of manure (38%) and mineral fertilizer (42%) in not common in this part of the country. The main
weeds encountered in millet sanio fields are in order of importance Digitaria horizontalis Willd, Pennisetum
pédicellatum Trine. and the Striga hermontica (Delile.) Benth. The manual and mechanical weeding is mainly
done (72%). Highest grain yield were recorded in Médina El Hadji (626 ± 133 kg ha-1); Guiro Yero Bocar (630
± 167 kg ha-1) and Bignarabe (540 ± 63 kg ha-1) and Dioulacolon (517 ± 244 kg ha-1), located in wet zone.
While low yields were recorded in the driest area at Ndorna (369 ± 104 kg ha-1). These preliminary results will
contribute to the establishment of a technical reference for late pearl millet called Sanio. Experimentations on
the period of sowing, row spacing, organo-mineral fertilization are strongly recommended in order to
contribute to the yield improvement of late millet.
© 2019 International Formulae Group. All rights reserved

Keyswords: Sanio millet, Pennisetum glaucum cultural practices, High Casamance, Sénégal

INTRODUCTION 2000 ; ROCAFREMI, 2002 ; ISRA et al.,


Au Sénégal Oriental et en Haute 2005). Contrairement au type souna, le mil
Casamance, les céréales occupent 55% des sanio n’a pas été suffisamment accompagné
superficies emblavées dont 50% en mil et par la recherche (inexistence de variétés
sorgho (Fofana et al., 2009). Le mil occupe améliorées, absence de référentiel technique et
une place très importante dans l’alimentation une méconnaissance des pratiques locales). Le
humaine en zones rurale et urbaine En 2013, mil sanio qui est apprécié par les populations
la production de mil dans la région de Kolda rurales à cause de ses qualités organoleptiques
était estimée à 13 908 tonnes sur une et fourragères pourrait s’intégrer dans un
superficie de 16 683 ha avec un rendement système de diversification des cultures.
moyen de 834 kg/ha (ANSD, 2014). L’amélioration des techniques de culture de ce
Deux types de mil sont cultivés au type de mil en Casamance et au Sénégal
Sénégal : le mil souna ou type hâtif est Oriental pourrait accroitre les rendements
presque cultivé sur tout le territoire national dans un contexte de variabilité climatique.
(ISRA et al., 2005), par contre, le type tardif Cette présente étude a pour objectif spécifique
ou mil sanio est essentiellement cultivé dans d’analyser les pratiques culturales du mil
les régions sud et sud-est du pays. La faiblesse sanio en Haute Casamance.
des rendements en grain du mil (750 kg/ha)
est essentiellement due à la combinaison de MATERIEL ET METHODE
facteurs abiotique (déficit pluviométrique, Zone d’étude
pauvreté des sols, matériel local rustique et L’étude a été conduite en Haute
peu productif), biotique (insectes ravageurs, Casamance, sous-zone agro-écologique située
maladies, adventices) et à l’inadéquation des au Sud du Sénégal Figure 1. Le climat est de
pratiques culturales (Kouakou et al., 2013). type sud soudanien continental (Sagna et al.,
Les années de sécheresse 1970-1973 ont 2012). Le cumul pluviométrique était de 1 070
orienté les recherches en amélioration mm en 2015 et sur la période 1981-2010, la
variétale vers la création des variétés hâtives normale climatique était de 1 191 mm. Les
telles que le Souna 3 vulgarisé dans la zone sols sont de types ferrugineux tropicaux
centre-sud et est (Fall et Lô, 2009). Des lessivés au niveau des plateaux (ANSD,
travaux de recherches sur les variétés précoces 2015).
ont concerné le système de culture et la
protection des cultures (Bagayoko et al.,

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Echantillonnage Les espèces d’adventices ont été


Le choix des villages et des identifiées grâce à l’utilisation de guides sur
producteurs a été effectué en fonction de les adventices tropicales (Berhaut, 1967 ;
l’importance de la production du mil et de Merlier et Montegut, 1982). La nomenclature
l’accessibilité des parcelles des producteurs en employée est celle de Lebrun et Stork (1997).
période d’hivernage Tableau 1. Le dispositif Pour les types biologiques, nous avons utilisé
de suivi parcellaire a été installé dans 26 la classification de Raunkier (1934) adaptée à
parcelles paysannes réparties dans 11 villages la zone tropicale où la saison défavorable
et cinq (5) communes de la région de Kolda. correspond à la saison sèche (Lebrun, 1966 ;
Dans chaque parcelle, 5 carrés de 10 m de Trochain, 1966). Cette classification distingue
coté au niveau des 4 angles et au centre de la 6 formes biologiques qui sont : les
parcelle ont été délimités Figure 2. nanophanérophytes (P), les chaméphytes (C),
les hémicryptophytes (H), les géophytes (G),
Observations et mesures les thérophytes (T) et les plantes parasites
Les paramètres suivis ont été collectés (Par).
à l’aide d’un questionnaire d’enquête et d’une
fiche de suivi agro morphologique et de Analyse statistique
production. Le questionnaire a mis l’accent Les données collectées ont été saisies à
sur les pratiques culturales des producteurs l’aide du tableur EXCEL. Les analyses ont
(superficie des parcelles, période et mode de porté sur les statistiques descriptives
semis, désherbage, type de et dose de (moyenne, écart type, fréquence). Ces
fertilisation). Le suivi parcellaire a permis de analyses ont été effectuées avec le logiciel
collecter les données relatives au tallage, à la Statistical Package for Social Sciences (SPSS)
diversité floristique, au rendement et ses version 17.
composantes.

Figure 1: Localisation des sites du suivi des pratiques culturales.


Source : SODEFITEX.

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Tableau 1 : Répartition des producteurs par village et par commune.

Départements Communes Villages Nombre de producteurs


Medina El Hadj 2
Medina El hadj Saré Coubé 1
Linkering/Kamako 3
Kolda Dioulacolon Saré Yero Bana 5
Guiro Yero Bocar 2
Guiro Yero Bocar Sinthian Diouma 2
Sare Conta 1
Bignarabe Saré Diatta 5
Médina Yoro Foula Tancofara 3
Ndorna Sourabaly Alette 1
Sinthian Ibel 1
Total 2 5 11 26

Figure 2: Schéma simplifié du dispositif de suivi des parcelles.

RESULTATS Cependant, sur 60% des parcelles à


Caractéristiques des champs de mil sanio Bignarabe, la culture continue du mil sanio a
Le Tableau 2 montre la répartition des été observée Tableau 3.
parcelles de mil sanio en fonction du type de Période et mode de semis
champ et de superficie moyenne emblavée. Le Le semis à plat est majoritairement
mil sanio est cultivé dans les champs de case pratiqué dans les parcelles (93%) alors que le
proches des concessions et dans les champs de semis sur billons n’est observé que dans la
brousse qui sont éloignés du village. Soixante- localité de Médina El Hadji (33%). Le semis
sept (67%) des parcelles sont en brousse. Les du mil sanio est généralement effectué dans la
superficies par exploitation varient en deuxième quinzaine des mois de juin et de
moyenne entre 1 et 3 ha. Plus de 80% des juillet avec 43% et 34% des parcelles suivies
parcelles ont une superficie inférieure à 2 ha. Tableau 4.
L’arachide est le principal précédent Amendement et fertilisation
cultural (50%), suivi du maïs (23%). La Les pratiques de fertilisation et
monoculture et la jachère sont par contre des d’amendement sont consignées dans le
pratiques rares dans la zone d’étude. Tableau 5. Ainsi 23% et 19% des producteurs
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ont utilisé respectivement de l’engrais NPK et Les principales maladies rencontrées


de l’urée tandis que 38% ont fumé leurs dans les parcelles de mil sanio sont le mildiou
parcelles avec de l’engrais organique. En (Sclerospora graminicola) et le charbon
général, les producteurs épandent l’engrais (Tolysposporium pennicillariae). Les insectes
minéral (NPK 15-15-15 et Urée 46%N) avant sont presque rencontrés dans toutes les
épiaison et procèdent à un recouvrement parcelles suivies. Toutefois, les cantharides
immédiat (Tableau 6). comme Cantharis fusca sont les plus évoqués
Inventaire et gestion des nuisibles par les producteurs à cause des dégâts qu’ils
Le Tableau 7 indique la fréquence occasionnent sur les épis.
d’occurrence des différentes espèces Analyse des rendements
d’adventices identifiées dans les parcelles de Les parcelles de mil sanio sont
mil sanio. Ainsi les espèces Digitaria caractérisées par une grande variabilité des
horizontalis Willd, (88,5 %) Pennisetum rendements d’une localité à une autre Tableau
pedicellatum Trin (57,7 %) et Striga 9. Les rendements les plus élevés ont été
hermonthica (Delile) Benth (42,3 %) sont les observés dans les localités de Guiro Yero
plus rencontrées dans la zone d’étude. Les Bocar (630 ± 167 kg ha-1), de Médina El
thérophytes représentent le type biologique le Hadji (626 ± 133 kg ha-1) et de Bignarabe
plus dominant. (540 ± 63,7 kg ha-1). Par contre, les plus
Le sarclo-binage manuel (avec la daba) et faibles rendements ont été notés dans la
mécanique (avec la houe-sine) est pratiqué sur commune de Ndorna (369 ± 103 kg ha-1). Sur
la majorité des parcelles (73%). Cependant les faibles superficies (˂1 ha), le rendement
80% des parcelles à Dioulacolon ne sont pas tournait autour de 296 kg ha-1 et est
désherbées Tableau 8. majoritairement localisé dans les communes
de Bignarabe et Ndorna.

Tableau 2 : Répartition (%) des parcelles de mil sanio en fonction du type de champ et de la
superficie emblavée.

Tableau 3 : Répartition (%) des parcelles de mil sanio en fonction du précédent cultural.

Commune Pourcentage des parcelles


Arachide Maïs Mil sanio Jachère
Ndorna (n=5) 60 20 0 20
Bignarabe (n=5) 20 0 60 20
Dioulacolon (n=5) 100 0 0 0
Guiro Yero Bocar (n=5) 60 40 0 0
Medina El Hadj (n=6) 16 50 17 17
Moyenne 51 22 15 11

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Tableau 4: Répartition des parcelles de mil sanio en fonction du mode et de la période de semis.

Pourcentage des parcelles


Commune Semis à Semis sur [1er-15 [15-30 [1er-15
[15-31 juillet [
plat billons juin [ juin [ juillet [
Ndorna (n=5) 100 0 0 0 0 100
Bignarabe (n=5) 100 0 40 20 20 20
Dioulacolon (n=5) 100 0 0 100 0 0
Guiro Yero Bocar
100 0 0 60 40 0
(n=5)
Medina El Hadj (n=6) 67 33 16 34 0 50
Moyenne 93 7 11 43 12 34

Tableau 5 : Répartition des producteurs en fonction de la fumure.

Pourcentage des producteurs


Intrants
Oui Non
NPK (15-15-15) 23 77
Urée (46-0-0) 19 81
Bouses de vache 38 62

Tableau 6: Répartition des parcelles de mil sanio en fonction du recouvrement de l’engrais.

Pourcentage des parcelles


Commune Recouvrement Pas de
immédiat recouvrement
Ndorna (n=5) 0 100
Bignarabe (n=5) 100 0
Dioulacolon (n=5) 100 0
Guiro Yero Bocar (n=5) 67 33
Medina El Hadj (n=6) 100 0
Moyenne 73 27

Tableau 7: Diversité spécifique, fréquence d’occurrence, type biologique des adventices


rencontrées dans les parcelles de mil sanio.
Famille Espèce (n=8) Fréquence Type
d’occurrence (%) Biologique.
Asteraceae (D) Acanthospermum hispidum DC 3,8 T
Commelinaceae (M) Commelina benghalensis L. 3,8 T
Lamiaceae (D) Hyptis suaveonlens (L.) Poit. 3,8 T
Orobanchaceae (D) Striga hermonthica (Delile) Benth. 42,3 Par
Digitaria horizontalis Willd. 88,5 T
Poaceae (M) Dactyloctenium aegyptium Bauv. 19,2 T
Pennisetum pedicellatum Trin. 57,7 T
Rubiaceae (D) Spermacoce stachydea (DC.) Hutch. Et 15,4 T
Dalz.
M= monocotylédone; D=dicotylédone; T= térophytes ; Par= Parasite

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Tableau 8: Répartition des parcelles de mil sanio en fonction des travaux d’entretien.

Pourcentage des parcelles


Commune Désherbage Désherbage manuel Pas de
mécanique désherbage
Ndorna (n=5) 100 0 0
Bignarabe (n=5) 0 60 40
Dioulacolon (n=5) 0 20 80
Guiro Yero Bocar (n=5) 60 40 0
Medina El Hadj (n=6) 0 83 17
Moyenne 32 41 27

Tableau 9: Rendements grains (kg/ha) des parcelles en fonction de la superficie cultivée.

Rendement en grain (kg ha-1) en


Commune Rendement en grains (kg ha-1) fonction de la superficie cultivée
˂1 ha [1-2 ha [ ˃2 ha
Ndorna (n=5) 369 ± 103 232 90 0
Bignarabe (n=5) 540 ± 63 750 328 288
Dioulacolon (n=5) 516 ± 244 246 20 717
Guiro Yero Bocar (n=5) 630 ± 166 0 399 0
Medina El hadj (n=6) 626 ± 133 251 414 333
Moyenne 536 ± 142 296 251 268

DISCUSSION climatique pourraient être des éléments


L’étude a montré que le mil sanio est explicatifs des faibles superficies consacrées à
plus cultivé dans les champs de brousse que cette culture dans la zone malgré les
ceux de case. Cette situation se justifie par le potentialités existantes (Sall et al., 2010).
fait que les champs de case sont Dans la zone du bassin arachidier, les
principalement consacrés aux cultures producteurs de mil souna ont en moyenne 4, 9
bénéficiant d'une gestion de la fertilité des sols ha contre 4,2 ha pour les autres cultures
par l’utilisation de la fumure animale et par (Muller et al., 2015).
l'apport d'ordures ménagères (Muller et al., Dans toute la zone d’étude, l’arachide
2015). Les superficies emblavées sont très est le principal précèdent cultural du mil
variables allant de moins d’un à trois hectares sanio. Cela est lié à la fonction que cette
avec 77% des parcelles faisant moins de deux légumineuse joue dans la restauration de la
hectares. Les travaux de Fofana et Mbaye fertilité des sols. En effet, l’arachide fixe
(1990) ont montré que le mil sanio n’occupe l’azote atmosphérique à travers la symbiose
que 15% des superficies totales emblavées en racinaire avec les rhizobiums et permet ainsi
mil au Sénégal. La place marginale, l’absence une gestion de la fertilité du sol. Il a été
d’accompagnement par la recherche et plus montré l’importance agronomique des
récemment les effets néfastes du changement légumineuses comme précédent cultural des

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céréales (Ngoran et Kanga, 2000 ; Cattan et oscillé en moyenne entre 500 et 700 kg/ha
al., 2001). Les travaux de Bationo et Ntare durant les deux dernières décennies du fait de
(2000) ont démontré que la rotation nombreuses contraintes (Kouakou et al.,
légumineuse-mil avec un apport de 30 kg ha-1 2013).
d’urée permet l’obtention de bons rendements
en grain chez le mil. Conclusion
Le suivi des adventices a montré une Cette étude qui fait un diagnostic des
prédominance des dicotylédones et des pratiques culturales du mil sanio en parcelles
thérophytes dans la zone d’étude. En effet, paysannes en zone soudanienne humide au
plusieurs études floristico-écologiques ont Sénégal a permis de mieux connaitre les
montré la dominance des thérophytes (espèces facteurs limitant le rendement de cette culture.
annuelles) dans les systèmes de culture à base En effet, le mil est largement cultivé dans les
de céréales au Sénégal (Noba, 2002 ; Mbaye, champs de brousse sur de faibles superficies.
2012 ; Bassène, 2014) et au Maroc (Zidane et La période de semis est calée dans la
al., 2010). Le Striga hermontica est rapporté deuxième quinzaine des mois de juin et de
comme étant l’adventice la plus répandue juillet. Les techniques de désherbage sont
dans les champs de brousse. Le Striga est manuelle et mécanique, la fertilisation et/ou
connu comme un indicateur de baisse de la l’amendement sont des pratiques peu
fertilisé des sols et sa présence est étroitement répandues dans la zone. Les faibles
liée au statut nutritionnel du sol (Lopez-Raez rendements obtenus (< 700 kg/ha) sont entre
et al., 2008). Les travaux de Wade et Kamara autres dus à l’utilisation d’un matériel végétal
(2007) au Sénégal ont montré que le Striga a peu productif et à l’absence d’un référentiel
causé sur les mil Souna des pertes de technique adapté aux conditions du milieu.
rendement variant entre 30 et 52%.
La faible utilisation des fertilisants CONFLIT D’INTERETS
chimiques et organiques peut s’expliquer en Les auteurs déclarent qu’il n’y a aucun
grande partie par la cherté et l’inaccessibilité conflit d’intérêt.
des engrais chimiques et d’autre part par
l’insuffisance du fumier. L’effet positif de CONTRIBUTIONS DES AUTEURS
l’application conjointe de la fumure minérale BB participé à l’élaboration du
et de la fumure organique a été noté sur le protocole de recherche, à la collecte des
maïs (Nyami et al., 2014), le mil (Zeinabou et données, à l’analyse statistique et à la
al., 2014), le sorgho (Somda et al., 2017). rédaction de l’article. MG et DNG ont
Dans la zone d’étude, le rendement contribué à la correction de l’article. SLK, BD
moyen en grains était de 536 kg ha-1, ce qui et GK ont contribué à la collecte des données
est inférieur à la moyenne nationale qui est de sur le terrain.
811 kg ha-1 (ANSD, 2014). Les rendements
grain les plus élevés ont été observés dans les REMERCIEMENTS
communes de Guiré Yero Bocar, Bignarabe, Nous adressons nos sincères
Dioulacolon et Médina El Hadji tandis que les remerciements au Programme de Productivité
plus faibles productions ont été notés à Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), aux
Ndorna. Généralement les facteurs qui collègues des Centres de Recherches
expliquent ces mauvais rendements sont Agricoles de Djbélor et Zootechniques de
d’ordre abiotique (déficit pluviométrique, Kolda et de l’Université Cheikh Anta Diop de
baisse de la fertilité des sols) biotique (forte Dakar.
pression des adventices et des maladies,
matériel végétal local peu productif), REFERENCES
technique (pratiques culturales traditionnelles) ANSD. 2014. Bulletin mensuel des
et le sous-équipement en matériel agricole. statistiques économiques, Décembre
Dans la zone du bassin arachidier, les 2014. ISSN 0850-1467.
rendements du mil Souna en milieu réel ont
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