CPH2020 FT15

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Fiche Technique n°15

M3 : APPRÉHENDER LES PRINCIPALES RÈGLES


DE PROCÉDURE DEVANT LE CONSEIL DE PRUD’HOMMES
La tenue d’une audience du bureau de jugement
Cette fiche technique a pour objectif de vous aider à présider une audience devant le bureau
de jugement (BJ), étapes par étapes.

OUVRIR L’AUDIENCE

Il appartient au président du BJ, une fois les 4 conseillers entrés dans la salle d’audience et
installés, d’ouvrir l’audience, en invitant l’assistance à prendre place et à s’assoir et ce, en
utilisant une formule solennelle :
« Mesdames, Messieurs, bonjour, l’audience est ouverte, vous pouvez vous assoir ».

PROCÉDER À L’APPEL DES CAUSES

Le premier temps de l’audience est l’appel des causes : toutes les affaires qui sont inscrites
au rôle, – c’est-à-dire tous les dossiers qui sont convoqués à l’audience –, doivent être
appelées en début d’audience.
Il s’agit pour la formation de jugement de vérifier que les affaires sont en état d’être
plaidées.
L’appel des causes est réalisé soit par le président d’audience lui-même, soit par le greffier
présent à l’audience. Il appartient au président du BJ de s’accorder, avant l’audience, avec
son greffier, sur ce point.
Les affaires doivent être appelées une à une, dans l’ordre du rôle, qui est établi par le greffe
pour l’audience et qui est mis à disposition du président de la formation de jugement et des
conseillers assesseurs.
Pour appeler une affaire, le président peut simplement dire : « M.X contre la société Z »,
voire ajouter le numéro de l’affaire tel qu’il est inscrit sur le rôle : « Affaire n°1 [au rôle],
M.X contre la société Z ».
A l’appel de leur affaire, les parties s’avancent et se présentent, à tout le moins leurs
conseils, si elles sont assistées ou représentées. Après les avoir saluées, le président
d’audience fait le point sur l’état de l’affaire en interrogeant les parties : « L’affaire est-elle
en état ? » ou encore « L’affaire peut-elle être retenue ? ».
Si l’affaire est en état, elle est retenue, ce que le président peut signaler en indiquant :
« Affaire retenue ».

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FT n°15 – La tenue d’une audience du bureau de jugement
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Parmi les affaires retenues, il est préférable de faire une distinction entre :
 les affaires pour lesquelles un avocat au moins est présent (en demande et/ou
en défense), qui doivent être évoquées, selon l’usage, en premier lieu ;
 les affaires pour lesquelles un défenseur syndical est présent (en demande
et/ou en défense), à évoquer en deuxième lieu ;
 les affaires pour lesquelles ne se présente ni conseil, ni défenseur syndical, qui
seront évoquées en dernier lieu.

En pratique, le président d’audience constitue trois tas (ou piles) devant lui, en suivant cette
distinction. Une fois un dossier retenu, il le pose, après l’avoir retourné, sur un de ces tas (ou
sur une des piles). Cela permettra, à la fin de l’appel des causes, de rappeler dans l’ordre du
rôle et pour chaque pile constituée, après l’avoir retournée, les affaires qui ont été retenues.
Attention, pour les affaires pour lesquelles un avocat au moins est présent, si l’avocat
appartient à un barreau extérieur à celui du ressort dans lequel le conseil siège (sauf en
région parisienne) ou si l’avocat est un bâtonnier ou un ancien bâtonnier, l’affaire doit être
évoquée avant toute autre.
Il faut noter que s’il l’estime nécessaire, le président d’audience peut décider d’évoquer telle ou telle
affaire, sans s’en tenir à l’ordre du rôle, par exemples lorsqu’un justiciable présent à l’audience a des
soucis de santé ou un impératif particulier dont il justifie (enfant en bas âge, etc…).

GÉRER LES DEMANDES DE RENVOI

Bien que l’affaire ait fait l’objet d’une mise en état, une partie peut formuler une demande de
renvoi.
La procédure devant le conseil de prud’hommes étant orale, la demande de renvoi peut être
valablement formulée jusqu’à l’audience, mais elle doit surtout y être soutenue, quand bien
même elle aurait été préalablement formulée par fax ou courriel. Aucun renvoi ne peut donc
être accordé avant l’audience, même si toutes les parties en conviennent.
Il faut être vigilant s’agissant d’une demande de renvoi de dernière minute, qui ne serait pas
soutenue à l’audience par la partie qui la formule. Il appartient au BJ d’apprécier l’opportunité
de procéder au renvoi, que l’adversaire, présent ou non, s’y oppose et d’en tirer le cas échéant,
toute conséquence (caducité, radiation, renvoi, affaire retenue pour être plaidée).
En outre, une affaire ne peut pas faire l’objet de plusieurs renvois successifs, le conseil de
prud’hommes devant juger les litiges qui lui sont soumis dans un délai raisonnable.
À l’appel de l’affaire, la formation de jugement doit alors inviter la partie ou son conseil, qui
formule une demande de renvoi, à s’en expliquer. Il donne ensuite la parole à l’adversaire
pour qu’il exprime sa position sur cette demande.
Compte tenu de la composition du BJ, il est mal aisé de se prononcer sur le renvoi sur le
siège. Si la demande de renvoi est d’autant plus discutée entre les parties, ce qui arrive
fréquemment, il convient donc de se retirer un court instant pour délibérer. Après avoir
entendu les parties en leurs explications, le président d’audience peut indiquer à cette fin :
« Le conseil va à présent se retirer pour délibérer sur la demande de renvoi, l’audience est
suspendue ».

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Une fois la décision du conseil arrêtée, la formation de jugement reprend place et le
président doit annoncer : « L’audience est reprise, vous pouvez vous assoir ». Puis, il
annonce la décision du BJ, qui fait droit ou non à la demande de renvoi. Si le renvoi de
l’affaire est ordonné, le président de la formation de jugement invite le greffe à lui indiquer
une nouvelle date d’audience : « Madame/Monsieur le greffier, quelle est la 1ère date utile
à laquelle l’affaire peut être renvoyée ? ».
Les parties, présentes, doivent en prendre note et il peut être opportun de leur préciser
qu’aucune convocation pour la prochaine audience ne leur sera renvoyée. Si une des parties
est absente, il faut veiller à ce que le greffe lui adresse une nouvelle convocation.
Le plus souvent, la demande de renvoi est liée à une communication tardive par l’une des
parties d’un nouveau jeu de conclusions ou de nouvelles pièces, l’adversaire souhaitant en
prendre connaissance et y répondre. Il est donc utile de poser quelques questions pour
apprécier un peu mieux la demande de renvoi dans un tel cas :
 « À quelle date avez-vous reçu les dernières pièces et/ou écritures de votre
adversaire ? »
 « Pour quel motif ne les avez-vous pas communiquées avant ? »
 « Combien de nouvelles pièces avez-vous communiquées et sur quels éléments
portent-elles ? »
 « Quels ajouts avez-vous fait dans vos dernières conclusions ? S’agit-il de
demandes nouvelles ? »
En fonction des réponses données, il sera plus aisé pour le conseil d’apprécier si le renvoi est
opportun ou non, étant à nouveau rappelé qu’en principe, l’affaire a fait l’objet d’une mise
en état avec un calendrier de procédure.
L’adversaire qui a reçu tardivement des pièces et conclusions nouvelles peut aussi ne pas
solliciter le renvoi de l’affaire, mais soutenir qu’elles sont irrecevables car tardives et
demander en conséquence leur rejet des débats. Il convient alors d’essayer d’apprécier
rapidement les éléments nouveaux produits et de voir si l’affaire peut ou non être retenue.
Le conseil peut trancher tout de suite, de la même façon que pour une demande de renvoi
commune, après en avoir délibéré et indiquer s’il maintient ou non dans les débats les
derniers éléments communiqués. Le cas échéant, si les pièces sont maintenues dans les
débats, il ordonnera alors le renvoi de l’affaire pour que l’adversaire puisse en prendre
connaissance et y répondre.
Si les pièces nouvelles ne visent qu’à une actualisation d’éléments ayant trait à la situation
matérielle d’une partie par exemple ou plus généralement, si elle ne modifie pas la manière
dont le litige se présente (pas de demandes nouvelles avec de nouveaux fondements
juridiques), le conseil peut suggérer à l’adversaire d’en prendre connaissance dans le temps
de l’audience, quitte à évoquer l’affaire un peu plus tard dans l’audience. Il peut aussi
l’inviter à présenter quelques observations complémentaires par un écrit, appelé note en
délibéré, que le président autorise. Il faut dans ce cas bien expliquer que cet écrit, qui sera
reçu après l’audience et la clôture des débats, est uniquement autorisé sur tel ou tel point et
que l’autre partie, dans les mêmes limites, pourra le cas échéant y répondre. Cela permet
ainsi d’éviter le renvoi de l’affaire.

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CONDUIRE LES DÉBATS

Après avoir terminé l’appel des causes, le BJ va procéder à l’examen des affaires qui ont été
retenues une à une, suivant les indications données plus avant.
À l’appel de l’affaire et une fois les parties ayant pris place, le président de la formation du BJ
peut faire rapport, c’est-à-dire procéder à l’attention des conseillers qui composent la
formation et qui n’ont pas consulté le dossier avant l’audience, à une synthèse de l’objet du
litige, des demandes des parties et de leurs moyens principaux (cf. fiche technique sur
« L’audience devant le bureau de jugement »). Il l’annonce en ces termes : « Je vais
commencer par faire rapport ».
Il invite ensuite le demandeur à s’exprimer en premier : « Maître Y, Monsieur W…pour
Monsieur/Madame X, Monsieur/Madame X, vous avez la parole, nous vous écoutons ».
Le président qui a préparé et lu son rapport à l’audience peut aussi simplement inviter les
parties ou leurs représentants à présenter leurs principales observations en complément du
rapport, afin de mieux cadrer les débats, notamment si l’audience est chargée ou si l’affaire
à évoquer s’annonce complexe. Il peut aussi les inviter à se référer à leurs dernières
conclusions écrites, en veillant à ce que le greffier d’audience le note et suggérer ainsi à la
partie ou à son représentant à développer les points principaux de ses écritures : « Maître Y,
Monsieur W…pour Monsieur/Madame Z, Monsieur/Madame Z, Madame/Monsieur le
greffier peut-elle/il noter que vous vous référez à vos dernières conclusions ? Dans ce cas,
nous vous écoutons pour vos observations sur vos demandes principales ».
Une fois que le demandeur a terminé de plaider, le président de la formation de jugement
invite le défendeur à prendre à son tour la parole, en procédant de la même façon que
précédemment.
Le temps de parole des parties n’est pas limité, mais le président peut les inviter, en tant que
de besoin et de manière courtoise, à terminer leurs observations.
Une fois que le défendeur a été entendu, le demandeur ou son représentant peut souhaiter
reprendre la parole. C’est au conseil d’apprécier s’il est utile ou non de l’entendre à
nouveau, en l’invitant, courtoisement mais fermement à compléter brièvement sa plaidoirie.
Le président sollicite alors les conseillers de la formation afin de savoir s’ils ont des questions
à poser à leurs représentants et/ou aux parties elles-mêmes, après qu’il a lui-même posé, s’il
le souhaite, ses questions. Le but de ces questions, qui doivent être formulées de manière
neutre, sans faire transparaître son opinion sur l’affaire, est d’obtenir tout éclaircissement
que le BJ estime nécessaire sur des points de droit ou de fait.
Une fois les questions terminées, le président constate que les débats sont clos et annonce
la date à laquelle le jugement sera rendu : « S’il n’y a pas d’autres questions, l’affaire est
mise en délibéré à la date du (…) ». Il invite alors les parties ou leurs représentants à lui
remettre leurs dossiers de plaidoiries, qui contient un exemplaire au moins de leurs
dernières conclusions ainsi que de leurs pièces, numérotées et classées dans l’ordre du
bordereau : « Maître, Monsieur, Madame…, je vais prendre vos dossiers de plaidoiries ».

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ASSURER LA POLICE DE L’AUDIENCE

Au cours de l’audience, le président de la formation du BJ doit veiller à assurer la police de


l’audience. Si cela est nécessaire, il doit donc intervenir pour faire cesser les éventuels bruits
dans la salle qui perturbent le cours des débats (discussions entre les membres de l’assistance,
sonneries de téléphones portables…). De même, les portes de la salle d’audience doivent
rester ouvertes, les débats étant publics, quand bien même des bruits extérieurs peuvent être
gênants pour suivre les débats. Il doit aussi prendre garde à ce que les parties observent une
certaine mesure et se manifestent un minimum de respect l’une envers l’autre.

CLÔTURER L’AUDIENCE

Une fois que le conseil a évoqué toutes les affaires qui ont été retenues, il constate que
l’audience est terminée. Il indique à cette fin : « L’audience est levée ». Le greffier note alors
l’heure à laquelle se termine l’audience sur la note d’audience.
Pour terminer cette fiche, nous vous proposons un mémento reprenant les formules les plus
utiles pour l’audience que nous venons de voir.

MÉMENTO FORMULES D’AUDIENCE


1. Ouvrir l’audience et procéder à l’appel des causes
« Mesdames, Messieurs, bonjour, l’audience est ouverte, vous pouvez vous assoir ».
« M.X contre la société Z » / « Affaire n°1 [au rôle], M.X contre la société Z ».
« L’affaire est-elle en état ? » ou encore « L’affaire peut-elle être retenue ? ».
2. Gérer les demandes de renvoi
« À quelle date avez-vous reçu les dernières pièces et/ou écritures de votre adversaire ? »
« Pour quel motif ne les avez-vous pas communiquées avant ? »
« Combien de nouvelles pièces avez-vous communiquées et sur quels éléments portent-elles ? »
« Quels ajouts avez-vous fait dans vos dernières conclusions ? S’agit-il de demandes nouvelles ? »
« Le conseil va à présent se retirer pour délibérer sur la demande de renvoi, l’audience est
suspendue ».
« L’audience est reprise, vous pouvez vous assoir ».
« Madame/Monsieur le greffier, quelle est la 1ère date utile à laquelle l’affaire peut être
renvoyée ? ».
3. Conduire les débats
« Je vais commencer par faire rapport ».
« Maître Y, Monsieur W…pour Monsieur/Madame X, Monsieur/Madame X, vous avez la parole,
nous vous écoutons ».
« Maître Y, Monsieur W…pour Monsieur/Madame Z, Monsieur/Madame Z, Madame/Monsieur
le greffier peut-elle/il noter que vous vous référez à vos dernières conclusions ? Dans ce cas, nous
vous écoutons pour vos observations sur vos demandes principales ».
« S’il n’y a pas d’autres questions, l’affaire est mise en délibéré à la date du (…) »
« Maître, Monsieur, Madame…, je vais prendre vos dossiers de plaidoiries ».
4. Clôturer l’audience
« L’audience est levée ».

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