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Droit des biens Eden SESAY

MÉTHODE COMMENTAIRE D’ARRÊT CIVIL


Commentaire d’arrêt Cour de cassation, civile, Chambre civile 3, 8 septembre 2016, 14-26.953 (= numéro du
pourvoi), Publié au bulletin. (= arrêt de principe.)

Le but du commentaire : découvrir et énoncer en termes juridiques le problème de droit poser à la


juridiction, d’apprécier la valeur de la décision et d’en dégager la portée.

Le sens de la décision : il faut expliquer la décision commentée. Pour cela, il faut se poser les bonnes
questions ➡ que signifie la solution rendue par la juridiction ? Sur quels fondements juridiques s’appuie-t-
elle ? D’autres fondements étaient-ils envisageables ?

La valeur de la décision : il s’agit d’une appréciation critique de la solution, (positive et/ou négative) ➡ le
fondement juridique choisi est-il pertinent ? Un autre aurait-il été plus convaincant ? La solution est-elle
satisfaisante d’un point de vue théorique ? D’un point de vue pratique ?

La portée de la décision : Il faut situer la solution jurisprudentielle dans le temps ➡ est-elle nouvelle
(revirement de jurisprudence) ou au contraire déjà ancienne (simple confirmation) ? La solution a-t-elle été
remise en cause depuis ? Il faut aussi envisager les conséquences théoriques et pratiques de la solution à
l’avenir, se prononcer sur son maintien (ou au contraire sur son abandon) souhaitable.

ATTENTION : il ne faut pas paraphraser l’arrêt mais le citer et expliquer cette citation. Le mieux est de
citer l’arrêt toutes les 7/8 lignes environ. Il ne faut pas non plus réciter son cours. Il faut porter des
connaissances pour éclairer la solution MAIS SEULEMENT celles qui sont en rapport avec le
commentaire. Il faut aussi éviter de commenter la solution de la cour d’appel car c’est HORS SUJET.
L’exercice consiste à commenter la solution de la Cour de cassation.

Rédaction du commentaire :
Introduction :

→ Phrase d’accroche : On peut commencer par une citation (pas du tout obligatoire et aucun intérêt si elle
n’est pas en lien directe avec l’arrêt). Le mieux est de faire une phrase d’accroche sur l’arrêt, et le replacer
dans son contexte.

Ex : Par un arrêt rendu le 8 septembre 2016, la 3ème chambre civile de la Cour de cassation a rendu un arrêt
de rejet, portant sur le bénéfice de jouissance spéciale d’un bien. Il s’agit d’un litige qui a déjà fait l’objet
d’une décision de la Cour de cassation.

Arrêt de cassation : arrêt qui vient contredire la décision des juges du fond (= juges de première et
deuxième instance), qui, selon la Cour de cassation, ont mal appliqués le droit. La décision est donc annulé et
les parties sont renvoyé devant une autre cour d’appel. (mention « casse et annule » dans la solution de la
Cour de cassation)

ATTENTION : la Cour de Cassation juge en droit et pas en fait (comme les juges du fond).

Arrêt de rejet : arrêt qui vient confirmer la décision des juges du fond, et donc que la Cour de cassation
estime qu’ils ont rendu une décision conforme à la loi. (mention « rejette le pourvoi » dans la solution de la
Cour de cassation)

→ Fiche d’arrêt : Il s’agit de la reconstitution chronologique des faits (1) et des éléments de procédure
(2), mais aussi de l’énonciation du problème de droit (3) (certains prof n’aime pas quand la question de

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droit est sous la forme interrogative donc il faut faire attention à la formulation), de la solution apportée par
les juridiction (4) et l’annonce du plan du commentaire (5).

Ex : Les faits ➡ En l’espèce, par un acte notarié des 7 avril et 30 juin 1932 la fondation la Maison de Poésie
a vendu à la SACD un hôtel particulier. Cet acte prévoyait notamment de façon expresse que la jouissance et
l’occupation par la maison de poésie étaient exclues de l’acte de vente, la SACD pouvant demander la mise à
disposition du 2e étage et autre locaux occupé par la fondation. En raison de l’essor de ses activités, la SACD
a choisit d’occuper l’intégralité de l’immeuble et par conséquent, de proposé à la fondation des moyens de
relogement que cette dernière a refusés.

ATTENTION : Dans la fiche d’arrêt il est INTERDIT de mettre les noms des personnes même s’ils
figurent dans l’arrêt. Du genre « Monsieur Dupont ». Il faut qualifier juridiquement ces personnes. Ex : « le
vendeur »/ « l’acquéreur ». ≠ quand il s’agit de société par contre où vas-y ça va si tu dis la société un tel.
Les faits quant à eux, doivent être seulement les événements importants et pertinent pour répondre à la
question de droit. Idéalement, il faut les présenter par ordre chronologique.

La procédure ➡ Le 7 mai 2007 la SACD a assigné la Maison de Poésie en expulsion et au paiement d’une
indemnité. Le litige a été connu d’un tribunal, puis la SACD a interjeté appel de cette décision. La cour
d’appel de renvoi a débouté la SACD de sa demande tendant à l’expulsion de la fondation et au paiement par
cette dernière d’une indemnité au motif que la fondation est titulaire d’un droit réel lui conférant la
jouissance spéciale des locaux pendant toute son existence. La SACD forme donc un pourvoi en cassation.

Interjeter appel : faire appel d’une décision rendu en première instance

Former un pourvoi en cassation : voie de recours qui permet de contester une décision de justice qu’on
estime contraire à la loi.

Faire grief : l’appelant a fait appel pour contester une décision violait ces droits, ou pour critiquer le fait
qu’on lui a ou non accorder certaines choses.

Accueillir la demande : La cour d’appel donne raison à l’appelant. (= demandeur à l’instance d’appel)

Débouter la demande : La cour d’appel donne raison à l’intimité. (= défendeur à l’instance d’appel)

Remarque : il n’est pas très important de préciser les dates dans le commentaire sauf s’il y en beaucoup, et/ou
qu’elles sont importantes ou en lien avec la solution donnée par les juridictions (notamment par rapport au
principe de la rétroactivité de la loi).

Il existe deux étapes facultatives : la prétention des parties (qui peut être en réalité ajouter aux éléments de
procédure), et l’énoncer des règles de droit utilisé par les juridictions justifiant leur décision. Selon les prof,
il faut plus ou moins développer ces parties.

Prétention des parties ➡ La SACD estime que la durée du droit réel de jouissance spéciale, qui ne peut être
perpétuelle, doit avoir été stipulée par les parties dans la limité de 30 ans prévue par les articles 619 et 625 du
Code civil s’agissant d’un droit conféré à une personne morale.

Remarque : les prétentions des parties tu les retrouves dans les « moyens » évoqués par la Cour de cassation,
mais aussi dans l’énoncé de la décision de la cour d’appel dans l’arrêt.

L’énoncer des règles de droit ➡ j’ai la flemme et puis la plupart des prof supprime cette étape donc nique sa
mère.

Le problème de droit ➡ Ainsi, la question de droit qui se pose est de savoir si le droit de jouissance spéciale
créée par convention est revêtu d’un caractère perpétuel.

Remarque : s’il y a deux problèmes de droit (franchement force à toi si c’est le cas) chaque problème est
égale à une partie (pas obligé). S’il y a qu’un seul problème de droit, on le scinde en deux pour former les
parties.

La solution de l’arrêt ➡ La Cour de cassation, en allant dans le même sens que la cour d’appel retient que le
droit réel conférant la jouissance spéciale des locaux concédé à une fondation pendant toute la durée de son
existence, distinct du droit d’usage et d’habitation régi par le Code civil, n’est soumis à aucune disposition
légale le limitant à une durée de 30 ans. Ainsi, la Haute juridiction rejette le pourvoi formé par la SACD.
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Arrêt de principe : Lorsque la Cour de cassation énonce une formule générale dans son arrêt, destinée à
s’appliquer à toutes les situations analogues. S’il y a la mention « publié au bulletin » ou « bull. » cela
signifie automatiquement que c’est une arrêt de principe.

Arrêt d’espèce : C’est un arrêt qui ne fait que trancher le litige, sans poser de règles générales qui pourraient
être appliquer à d’autres cas similaires.

L’annonce du plan ➡ Cet arrêt rappelle qu’en dehors des droits réels nommés, les parties peuvent par
convention en créer d’autres. Ainsi, il sera important de voir dans une première partie qu’en consacrant la
liberté pour un propriétaire de conférer un droit réel de jouissance spéciale sur son bien (I), la Cour de
cassation a toutefois montre des limites temporelles (II).

ATTENTION : en principe « le juge est la bouche de la loi » ça veut dire qu’il n’est pas créateur de droit, il
applique seulement le droit qui est créé par le législateur. Bon après on sait très bien que le législateur est
tellement NUUUUL que le juge est obligé de faire son Taff (d’où les arrêts de principe lol). Du coup, selon
ce principe, le juge ne consacre pas un principe, il le découvre et c’est la loi qui va venir le consacrer.
Donc il faut faire attention à cette formulation car certain prof sont de droite et pro législateur et déteste
qu’on dise que le juge a consacré un principe alors que c’est totalement vrai bref.

Développement :

Il s’agit d’organiser ses idées autour d’un plan en deux parties et deux sous-parties. Le plan est l’outil d’une
démonstration, le mieux est de commencer chacune des sous-parties par une citation de la décision. Cela
permet d’éviter les hors sujet, de trop s’éloigner du sujet ou encore de trop disserter. Le plan du commentaire
doit être apparent afin de mieux comprendre l’analyse de l’arrêt. (la démonstration doit être claire à la simple
lecture du plan)

IMPORTANT : il faut mettre des chapeaux (annonce des deux sous parties) en début de chaque parties, faire
des transitions entre chaque partie et faire un rappel de l’arrêt en début et en fin de sous partie.

→ Premier bilan : s’agit-il d’un arrêt de principe ? L’arrêt s’inscrit-il dans la tendance jurisprudentielle ?
Est-ce la première jurisprudence d’une nouvelle législation ?

→ La première sous partie (I/a.) : Cette partie sert à poser les données du problème, replacer l’arrêt dans
son contexte, expliquer les textes de droit et leur fondements juridiques en jeu ainsi que la valeur de l’arrêt.
(= renforcement ou affaiblissement de la sécurité juridique) Expliquer la jurisprudence antérieure s’il y en a.

I. La liberté de créer un droit réel de jouissance spéciale.

Ex : Chapeau ➡ Il conviendra de ressortir la nature sui generis du droit réel de jouissance spéciale, en
l’occurence le poids de la volonté (A), ainsi que son origine qui reste purement prétorienne (B).

A. Un droit réel découlant de la libre volonté des parties.

L’autonomie de la volonté, fondement du droit des contrats est un principe de notre droit selon lequel la
volonté est seule créatrice des droits et obligations. La cour de cassation s’appuie ainsi sur l’article 1134
illustrant l’autonomie de la volonté et l’article 544 relatif à la définition du droit de propriété afin de
fonder légalement sa décision tout comme elle l’avait fait dans la décision du 31 octobre 2012, Maison
de poésie I qui a engendré la notion. Il en découle que la création du droit réel de jouissance spécial
résulte de la combinaison du droit de propriété et de l’autonomie de la volonté. L’arrêt retient en l’espèce
que les parties avaient entendu institué un droit réel distinct du droit d’usage et d’habitation régi par le
code civil, ce qui ressort la force de l’autonomie de la volonté qui crée des obligations auxquelles ils
seront soumis.

→ La deuxième sous partie (I/b.) : Pourquoi cet arrêt n’est une évidence ? revenir sur la jurisprudence
antérieur et le positionnement de l’arrêt s’il y’en.

Ex :

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B. Un droit réel d’origine purement prétorienne.

La consécration de la liberté pour un propriétaire de conférer sur son bien un droit réel est le propre de la
jurisprudence. Les droits réels légaux nommés (usufruit, droit d’habitation et d’usage etc.) trouvent une
certaine concurrence. L’acceptation prétorienne de la liberté de consentir un droit réel met fin à la théorie
du numerus clausus (règle qui limite un nombre exact par rapport à une situation donnée) des droits réels
puisque celle-ci vient s’immiscer.

→ La première sous partie (II/a.) : doit concerner la portée de l’arrêt ➡ si l’arrêt est clair, si toutes les
questions ont été abordées, si une autre solution aurait pu être retenu. (Raisonnement du juge à travers la
forme de l’arrêt, s’il s’agit d’un arrêt de principe ou non.)

II. La limitation de la durée du droit réel de jouissance spécial.

Ex : Chapeau ➡ Il conviendra d’étudier le rejet du caractère perpétuel de la durée du droit réel de jouissance
spécial par la Cour de cassation (A), puis de se pencher sur le rejet de la limitation trentenaire (B).

A. Le rejet du caractère perpétuel de la durée du droit réel de jouissance spécial.

La création d’un droit réel a pour effet de grever la chose objet d’un droit de propriété, raison pour
laquelle il paraissait nécessaire de limiter dans le temps le droit réel de jouissance spécial. A fortiori, la
Cour de cassation prohibe la perpétuité du droit réel de jouissance spécial à défaut de stipulation des
parties. En l’espèce, la Cour de cassation refuse la perpétuité du droit réel de jouissance spécial mais
admet l’existence pour la durée de la Fondation, or la durée de vie d’une Fondation s’étend jusqu’à 99
ans un délai qui peut être prorogé si éventuellement les activités continuent. Si tel est le cas ne va- t- on
pas assister à une perpétuité du droit réel de jouissance spéciale ? Autrement dit, dès lors que le droit de
la Fondation lui avait été consenti pour le temps de son existence, il avait une durée étrangement
considérée comme indéfinie mais non perpétuelle. Le revirement à cette décision n’a pas attendu. La
troisième chambre civile de la Cour de cassation statuant en date du 07 juin 2018 retient « qu’est
perpétuel un droit réel attaché à un lot de copropriété conférant le bénéfice d’une jouissance spéciale
d’un autre lot ».

→ La deuxième sous partie (II/b.) : C’est le fourre-tout mdr quand on sait plus quoi dire. Mais sinon en
vrai c’est la où l’on donne de l’ampleur à l’arrêt, dans le temps et dans l‘espace.

Ex :

B. Le rejet de la limitation trentenaire.

Faute de base légale l’extinction du droit réel de jouissance spéciale après une durée de trente ans a été
rejetée. « Le droit réel de jouissance spécial est distinct du droit d’habitation et aucune disposition légale
ne limite sa durée à 30 ans » disait Jean Louis BERGEL. La thèse du pourvoi selon laquelle selon
laquelle la durée de ce droit réel doit être limitée à trente ans s’appuyait sur la décision rendue par la
troisième chambre civile de la Cour de cassation en date du 28 janvier 2015 selon laquelle « faute d’être
limité dans le temps par la volonté des parties par la volonté des parties, un droit réel de jouissance
spéciale, qui ne peut être perpétuel est soumis au délai extinctif des articles 619 et 625 du Code civil » ;
thèse rejetée par la Cour de cassation en l’espèce. La cour de Cassation par cette décision en l’espèce
vient tacler les dispositions de l’Avant-projet de réforme du droit des biens de l’Association Henri
Capitant en l’occurrence l’article 611 qui dispose que « le droit réel de jouissance spécial s’éteint par
l’expiration du temps pour lequel il a été consenti, lequel ne peut excéder trente ans ». Jean Louis
BERGEL, « une propriétaire peut consentir un droit réel de jouissance spéciale de son bien pour plus de
trente ans »

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Où retrouver les informations importantes sur l’arrêt ?

Cour de cassation, civile, Chambre civile 3, 8 septembre 2016, 14-26.953, Publié au bulletin

Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, TROISIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 18 septembre 2014), rendu sur renvoi après cassation (3e Civ. 31 octobre
2012, pourvoi n° 11-16.304), que, par acte des 7 avril et 30 juin 1932, la Société des auteurs et compositeurs
dramatiques (la Société) a acquis un ensemble immobilier de la Fondation Maison de poésie (la Fondation) ;
que l'acte précisait, d'une part, que n'était pas comprise dans la vente la jouissance ou l'occupation par la
Fondation des locaux où elle était installée dans l'immeuble, d'autre part, qu'au cas où la Société le jugerait
nécessaire, elle pourrait demander la mise à sa disposition des locaux occupés par la Fondation, à charge d'en
édifier dans la propriété d'autres de même importance, avec l'approbation de la Fondation ; que, devant
l'accroissement de ses activités, la Société a demandé à recouvrer l'usage des locaux occupés en proposant
diverses solutions de relogement de la Fondation ; que, devant les refus de celle-ci, la Société l'a assignée en
expulsion ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la Société fait grief à l'arrêt de dire la Fondation titulaire d'un droit réel lui conférant la
jouissance spéciale des locaux pendant toute la durée de son existence, alors, selon le moyen, qu'en cas de
cassation, l'affaire est renvoyée devant une autre juridiction de même nature que celle dont émane l'arrêt ou
le jugement cassé ou devant la même juridiction composée d'autres magistrats ; qu'est recevable devant la
cour de cassation le moyen pris de la composition irrégulière d'une juridiction dès lors que celle-ci ne pouvait
pas être connue à l'avance par le justiciable, qui ne pouvait donc l'invoquer en temps utile ; qu'en l'espèce,
Mme B..., qui avait été membre de la formation ayant rendu l'arrêt cassé, a été chargée de la mise en état de
l'affaire devant la cour d'appel de renvoi, a présidé les différentes audiences de mise en état, signé
l'ordonnance de clôture et établi le rapport lu à l'audience ; que la Société n'a pas été en mesure d'avoir
connaissance de la désignation de Mme B... comme conseillère de la mise en état devant la juridiction de
renvoi, avant l'ordonnance de clôture de l'instruction qui a été rendue le 22 mai 2014 ; qu'en effet, l'affaire,
initialement distribuée au pôle 4, chambre 4 de la cour d'appel de Paris, a été ensuite redistribuée au pôle 4,
chambre 1, dont fait partie Mme B..., sans que les mandataires de la société soient destinataires d'une
ordonnance de changement de distribution ; qu'ils n'ont donc pu faire état de l'impossibilité pour Mme B... de
participer à la procédure de renvoi qu'au jour de l'audience, sans pouvoir par conséquent remettre en cause sa
désignation en tant que juge de la mise en état, l'instruction étant close ; que le fait que Mme B... ait été
finalement remplacée au début de l'audience par un autre conseiller ne rend pas la composition de la cour de
renvoi pour autant régulière, puisqu'il demeure que l'affaire a été instruite par un magistrat qui avait été
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membre de la formation ayant rendu l'arrêt cassé ; qu'en conséquence, l'arrêt attaqué a été rendu en
méconnaissance des articles 430 et 626 du code de procédure civile, L. 431-4 du code de l'organisation
judiciaire, ensemble l'article 6 § 1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales ;

Mais attendu que, ni dans ses conclusions ni dès l'ouverture des débats, la Société n'a soulevé de contestation
afférente à l'instruction de l'affaire, de sorte qu'elle n'est, en application des dispositions de l'article 430,
alinéa 2, du code de procédure civile, pas recevable à le faire devant la Cour de cassation ;

Sur le second moyen :

Attendu que la société fait grief à l'arrêt de dire la Fondation titulaire d'un droit réel lui conférant la
jouissance spéciale des locaux pendant toute la durée de son existence, alors, selon le moyen :

1°/ que, d'une part, il résulte des articles 544, 619, 625 et 1134 du code civil que le propriétaire peut
consentir, sous réserve des règles d'ordre public, un droit réel conférant le bénéfice d'une jouissance spéciale
de son bien ; que la durée de ce droit, qui ne peut être perpétuelle, doit avoir été stipulée par les parties dans
la limite de trente ans prévue par les articles 619 et 625 du code civil s'agissant d'un droit conféré à une
personne morale ; que ces textes d'ordre public ont en effet vocation à s'appliquer aussi bien aux droits réels
de jouissance générale qu'aux droit réels de jouissance spéciale ; qu'en retenant cependant en l'espèce que le
droit réel de jouissance spéciale conféré à la Fondation par l'acte de vente de 1932 avait été consenti pour la
durée de l'existence de cette Fondation et qu'aucune disposition légale ne prévoyait la limitation à trente ans
de la durée d'un tel droit, la cour d'appel a violé l'ensemble des textes susvisés ;

2°/ que, subsidiairement, à supposer même que les parties puissent contractuellement conférer à un droit réel
de jouissance spéciale octroyé à une personne morale une durée supérieure à trente ans, cette durée ne saurait
en tout état de cause être perpétuelle, sous peine d'être réduite à la durée de trente ans prévue par les articles
619 et 625 du code civil ; que revêt nécessairement un tel caractère perpétuel le droit réel de jouissance
spéciale conféré à une fondation reconnue d'utilité publique pour toute la durée de son existence, dès lors que
ce type de fondation étant à vocation perpétuelle, la durée du droit est par conséquent illimitée ; qu'en
retenant cependant en l'espèce que le droit réel de jouissance spéciale octroyé à la Fondation pour la durée de
son existence s'éteindrait « par l'expiration du temps pour lequel il a été consenti », sans rechercher, comme
l'y invitait la Société, si ce temps, correspondant à la durée de l'existence de la Fondation, dont il était
constant qu'elle était reconnue d'utilité publique, n'était pas par définition indéfini et rendait en conséquence
perpétuel le droit litigieux, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 544, 619,
625 et 1134 du code civil ;

3°/ que, subsidiairement, conserve un caractère perpétuel le droit réel de jouissance spéciale conféré à une
fondation reconnue d'utilité publique pour la durée de son existence, nonobstant l'attribution au propriétaire
du bien de la faculté contractuelle de proposer des locaux de remplacement lui appartenant au titulaire du
droit réel ; qu'en effet, si une telle faculté peut éventuellement - sous réserve qu'elle ne soit ni au pouvoir
potestatif de l'autre partie, ni impossible à mettre en oeuvre - permettre au propriétaire de recouvrer la pleine
propriété du bien originellement grevé du droit réel de jouissance spéciale, elle entraîne cependant une
simple modification de l'assiette d droit réel en cause en reportant celui-ci sur un autre bien du propriétaire,
sans que son caractère perpétuel soit remis en cause ; qu'en relevant en l'espèce que les parties avaient

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entendu conférer à la Fondation, pendant toute la durée de son existence, la jouissance ou l'occupation des
locaux où elle était installée « ou de locaux de remplacement », la cour d'appel, qui a statué par un motif
impropre à écarter la perpétuité du droit litigieux, a derechef violé les articles 544, 619, 625 et 1134 du code
civil ;

4°/ que, plus subsidiairement, à supposer même que la faculté contractuelle, dont dispose le propriétaire du
bien grevé du droit réel de jouissance spéciale de proposer des locaux de remplacement lui appartenant au
titulaire du droit réel, puisse avoir une incidence sur la perpétuité de ce droit réel, ce n'est qu'à la condition
que la mise en oeuvre de cette faculté ne soit pas susceptible d'être paralysée par le refus potestatif du
titulaire du droit réel d'accepter les locaux de remplacement ; qu'en effet, dans une telle hypothèse, il ne
dépendrait que de la volonté discrétionnaire de ce dernier de prolonger de façon perpétuelle le droit réel lui
ayant été conféré ; qu'en l'espèce, l'acte de vente des 7 avril et 30 juin 1932 prévoyait qu' « au cas où [la
Société] le jugerait nécessaire, elle aura le droit de demander que ledit 2e étage et autres locaux occupés par
la Fondation soient mis à sa disposition à charge pour elle d'édifier dans la propriété présentement vendue et
mettre gratuitement à la disposition de la Fondation et pour toute la durée de la Fondation, une concession de
même importance, qualité et cube, et surface pour surface. Les plans de l'aménagement intérieur devront être
soumis à l'approbation de la Fondation, de manière à assurer la meilleure utilisation des locaux. En cas de
désaccord, la question sera tranchée par arbitres. (…) la Fondation continuera d'avoir la jouissance exclusive
et toujours gratuite du deuxième étage et du grenier jusqu'à la réalisation des conditions qui viennent d'être
arrêtées » ; qu'en se bornant à énoncer, pour retenir que cette clause était dépourvue de toute potestativité,
que la faculté permettant à la Société de substituer aux locaux litigieux d'autres locaux constituait seulement
une modalité d'exécution de la convention, sans rechercher si la Fondation était contrainte d'accepter des
locaux de remplacement répondant aux conditions contractuellement définies ou si elle avait au contraire
toute latitude pour les refuser même dans cette hypothèse, ce qui renforçait par là même le caractère
perpétuel du droit réel litigieux, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 544,
619, 625 et 1134 du code civil ;

5°/ que, plus subsidiairement, à supposer même que la faculté contractuelle, dont dispose le propriétaire du
bien grevé du droit réel de jouissance spéciale de proposer des locaux de remplacement lui appartenant au
titulaire du droit réel, puisse avoir une incidence sur la perpétuité de ce droit réel, ce n'est qu'à la condition
que la mise en oeuvre de cette faculté ne se heurte pas à une impossibilité juridique ou matérielle ; qu'en
l'espèce, la Société faisait valoir que « l'application de la clause de réinstallation (était) impossible (…), le
plan d'occupation des sols et la réglementation en matière d'urbanisme interdis(a)nt que de nouveaux locaux
de ce type soient érigés dans la propriété de la concluante » ; qu'en ne répondant pas à ce moyen déterminant
des écritures de la Société, de nature à renforcer le caractère perpétuel du droit litigieux, la cour d'appel a
violé l'article 455 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu'ayant relevé que les parties avaient entendu instituer, par l'acte de vente des 7 avril et 30 juin
1932, un droit réel distinct du droit d'usage et d'habitation régi par le code civil, la cour d'appel, qui a
constaté que ce droit avait été concédé pour la durée de la Fondation, et non à perpétuité, en a exactement
déduit, répondant aux conclusions dont elle était saisie, que ce droit, qui n'était pas régi par les dispositions
des articles 619 et 625 du code civil, n'était pas expiré et qu'aucune disposition légale ne prévoyait qu'il soit
limité à une durée de trente ans ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

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PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la Société des auteurs et compositeurs dramatiques aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande de la Société des auteurs et compositeurs
dramatiques et la condamne à payer à la Fondation Maison de poésie la somme de 3 000 euros ; […]

Code couleur :

Gris : Numéro du pourvoi ➡ est utile pour retrouver l’arrêt ou une explication de celui-ci sur internet sans
tomber sur d’autres arrêt de la même date et de la même juridiction.

Jaune : Signifie que c’est un arrêt de principe

Orange : procédure

Rose : prétention des parties

Bleu : arguments de la Cour de cassation

Bleu : problème de droit

Orange : solution

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