La Mise en État
La Mise en État
La Mise en État
La mise en état
Définitions
Mise en état : instruction du dossier par un magistrat de la formation de jugement afin de le mettre en état
d’être jugé et donc renvoyé en audience de plaidoiries.
Circuit court : expression désignant le renvoi de l’affaire à l’audience de plaidoiries sans mise en état.
Circuit long : expression désignant la procédure habituelle devant le TGI avec phase de mise en état.
Radiation : retrait du rôle de l’affaire afin de sanctionner le manque de diligences, la passivité des parties. Il
s’agit d’une mesure d’administration judiciaire.
La complexité des dossiers conduit à ce que l’introduction de l’instance ne puisse donner lieu directement à la
plaidoirie. Aussi, a-t-il été prévu, d’abord de manière expérimentale puis élargie, le recours à une phase
d’instruction propre aux matières civiles. Cette phase est sans rapport avec l’instruction prévue par la matière
pénale. De même, nous n’envisagerons ici que la phase en elle-même, c’est-à‑dire son organisation et non les
moyens d’instructions, à savoir les mesures d’instructions (v. Fiches 18 et 19). En effet, ces mesures ne sont pas
propres à une phase d’instruction dans le procès civil. Cette phase prend la dénomination de « mise en état ». Il
s’agit de charger un magistrat de la formation compétente pour qu’il veille à ce que le dossier, restant conduit par
les parties, se trouve « en état » d’être présenté à la formation de jugement. Trois aspects de la mise en état
doivent être distingués. Il convient tout d’abord d’expliquer le recours à la mise en état et de présenter ses
objectifs (I). Les objectifs supposent des moyens donnés au juge en charge de la mise en état (II). Enfin, un intérêt
particulier doit être porté à la clôture de cette phase (III).
Ce recours n’est pas automatique. Il se distingue d’autres options ouvertes lors du premier appel du dossier
à la cause, c’est-à‑dire lors de la première présentation du dossier devant la juridiction. En outre, la mise en état
poursuit un objectif de bonne justice, dont sa dénomination même indique le sens, à savoir faire en sorte que le
dossier soit en état d’être présenté devant la formation de jugement. Ces deux aspects doivent être expliqués.
Nous présenterons les pouvoirs du juge de la mise en état tout d’abord au regard de sa mission première de
mise en état du dossier selon un critère de progression dans l’intensité, ensuite par rapport à ses missions
annexes.
L’article 748-1 du Code de procédure civile dispose que : « les envois, remises et notifications des actes de
procédure, des pièces, avis, avertissements ou convocations, des rapports, des procès-verbaux ainsi que des
copies et expéditions revêtues de la formule exécutoire des décisions juridictionnelles peuvent être effectués
par voie électronique dans les conditions et selon les modalités fixées par le présent titre, sans préjudice des
dispositions spéciales imposant l’usage de ce mode de communication ». Il s’agissait d’abord d’une possibilité,
celle-ci devant devenir à terme une obligation. La communication pour être possible doit répondre aux
conditions posées par le Code mais ceci n’est pas suffisant et la mise en œuvre nécessite que des conventions
soient établies entre les utilisateurs afin de déterminer l’exact fonctionnement du dispositif (art. 748-2).
Concernant les conditions légales, « les procédés techniques utilisés doivent garantir, dans des conditions
fixées par arrêté du garde des sceaux, ministre de la Justice, la fiabilité de l’identification des parties à la
communication électronique, l’intégrité des documents adressés, la sécurité et la confidentialité des échanges,
la conservation des transmissions opérées et permettre d’établir de manière certaine la date d’envoi et celle de
la réception par le destinataire » selon l’article 748-6. Dès lors, l’utilisation de ce dispositif vaut signature
électronique. En outre, le destinataire, sauf si la loi l’y oblige, doit consentir à la communication électronique.
Ces éléments renvoient déjà à la nécessaire passation de conventions entre usagers. En outre, la réception de la
communication doit donner lieu à un avis électronique de réception adressé par le destinataire, indiquant la date
voire l’heure de réception. L’article 748-3 al. 3 précise que « cet avis tient lieu de visa, cachet et signature ou
autre mention de réception qui sont apposés sur l’acte ou sa copie lorsque ces formalités sont prévues par le
présent code ». Le recours à cet outil permet de se dispenser de l’envoi en plusieurs exemplaires et il n’est
évidemment plus question de restitution des éléments matériels.
Pour autant, les documents papiers ne disparaissent pas totalement puisque le juge peut toujours exiger la
production papier de l’original. En effet, ceci peut être nécessaire pour apprécier l’authenticité. Toujours dans
un souci de pragmatisme, le Code prévoit la possibilité d’exiger une remise papier du jugement assorti de la
formule exécutoire.
Concernant la dimension conventionnelle, elle permet de préciser les modalités du recours à la
communication électronique et intervient donc entre le président de la juridiction et le bâtonnier. Elle engage
alors l’ordre et la juridiction mais ne peut engager les avocats extérieurs au barreau. Ceci serait contraire à
l’article 748-2 sur l’accord du destinataire. La question s’est posée de savoir si le fait pour un avocat d’être inscrit
sur le réseau virtuel devait être considéré comme une acceptation de son utilisation pour toutes les procédures
ou s’il fallait obtenir son accord exprès à chaque nouveau dossier. Le décret du 11 mars 2015 sur la simplification
de la procédure civile (n° 2015-282) tranche cette question discutée en jurisprudence en modifiant la rédaction
de l’article 748-2. Ainsi, vaut consentement l’adhésion à un réseau de communication électronique.
Par ailleurs, l’objectif est désormais de communiquer avec les parties par mail et les article 748-8 et 748-9
ont été organisés en ce sens. L’article 748-9 reprend un mécanisme de 2015 prévoyant la possibilité de
transmettre les avis, convocations et récépissés aux personnes morales qui avaient donnés leur mail. L’article
748-8 étend le dispositif aux personnes physiques avec la création d’un « portail du justiciable », à condition que
le destinataire y ait consenti, celui-ci étant informé de l’arrivée du nouveau message par mail comme cela
fonctionne déjà avec le RPVA pour les avocats. La différence avec les personnes morales est l’existence d’une
plate-forme dédiée alors que l’article 748-9 prévoit simplement une notification par mail.
Reste que l’utilisation des réseaux pose encore de difficultés pratiques et génère son propre contentieux et
ce d’autant qu’une meilleure adéquation entre le RPVJ et le RPVA est nécessaire pour une bonne compréhension
entre les juridictions et les avocats. Ainsi, il peut arriver qu’un avocat oublie la pièce jointe de son message,
à savoir ses conclusions. La question s’est posée de la possibilité de corriger cet oubli. La Cour de cassation a posé
deux conditions, qu’un nouvel envoi soit fait avant la clôture de la mise en état et qu’il y ait une indication claire
de la présence des conclusions dans le nouveau message (Civ. 2e, 7 janvier 2016, n° 14-28887).
À retenir
• La mise en état n’est pas automatique, elle dépend de la complexité du dossier.
• Le juge de la mise en état est un magistrat appartenant à la formation de jugement.
• Son rôle est de veiller au déroulement loyal et prompt des échanges entre les parties.
• Il peut prendre des mesures d’instructions et des mesures provisoires.
• Il décide de la clôture de l’instruction soit que l’affaire soit en état d’être jugée soit qu’une partie n’ait pas réalisé
les actes demandés dans les délais.
• Aucune communication n’est possible postérieurement à cette clôture.
• Une convention de procédure participative peut conduire au retrait de l’affaire le temps qu’un accord soit
recherché.
• Le juge peut homologuer l’accord des parties et être saisi sur les points restant à trancher.
• Ce retrait interrompt le délai de péremption.
• Les demandes visant les intérêts, notamment, peuvent être déposées.
• Les conclusions tendant au rejet de conclusions déposées tardivement mais avant la clôture, sont recevables
postérieurement à la clôture.
- L’ordonnance peut être révoquée pour présenter un fait nouveau et grave.