Sérodiagnostic

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PRINCIPES GÉNÉRAUX D’IMMUNOLOGIE

ET D’IMMUNISATION

Introduction :

♦ Le diagnostic biologique des maladies infectieuses se fonde sur deux types d'investigations :

 la recherche de l'agent pathogène responsable, dans les humeurs ou les tissus du malade ;
c'est le diagnostic direct.
 la recherche de la réponse immunitaire spécifique de l'organisme à l'agent pathogène ;
c'est le diagnostic indirect.

♦ On peut identifier l'agent pathogène en pratiquant un examen microscopique le plus souvent


suivi d'une mise en culture.
♦ On peut également rechercher certaines structures propres à l'agent infectieux, comme des
antigènes fixés ou mis en circulation, grâce à des techniques immunologiques ou son matériel
génétique, grâce à des techniques de biologie moléculaire.
♦ On peut aussi révéler la réaction immunitaire développée par l'hôte, en recherchant et en
titrant des anticorps spécifiques apparus dans les humeurs, en particulier le sérum.
♦ Cette étude est, pour cette raison, souvent désignée sous le vocable de "sérologie".

1. Physiologie de la réponse immunitaire humorale

1.1. la réponse est hétérogène :

 Les anticorps sont sécrétés par les plasmocytes des organes lymphoïdes et de la
moelle osseuse.
 Ces plasmocytes proviennent de la maturation de lymphocytes B qui ont fixé
l'antigène grâce à des récepteurs de surface spécifiques.
 La fixation seule est suffisante pour activer le lymphocyte B dans le cas de quelques
antigènes appelés "thymoindépendants", qui sont de nature polysaccharidique.
 Mais le plus souvent, la coopération de lymphocytes T auxiliaires est indispensable à
l'activation, dans le cas des antigènes "thymodépendants" qui sont de nature protéique.
 Un agent infectieux ne constitue pas toutefois un antigène unique, c'est une
mosaïque de déterminants antigéniques (d'épitopes).
 Chaque déterminant antigénique pourrait n'avoir été fixé que par un lymphocyte B unique
dont l'activation ferait apparaître un seul anticorps puisque, selon la théorie clonale, une
cellule synthétise un anticorps et un seul.
 En fait, chaque déterminant antigénique est fixé par une famille de lymphocytes B
dont l'activation fait apparaître une famille d'anticorps : la réponse immunitaire à
l'infection est polyclonale.
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1.2. La réponse évolue dans le temps :

 Après une phase de latence qui correspond à l'activation des lymphocytes B et à la


maturation des plasmocytes, les premiers anticorps produits sont des anticorps
appartenant à la classe des immunoglobulines M (IgM).
 Ces anticorps cèdent progressivement la place à des anticorps appartenant à la classe
des immunoglobulines G (IgG), qui sont produits plus longtemps.
 Un second stimulus par le même antigène, déclenchera une réponse dite secondaire,
plus intense, plus rapide et ne produisant que des IgG.

1.3. les anticorps produits s'unissent à l'antigène :

 Les anticorps produits ont la capacité de s'unir spécifiquement à l'antigène.


 Si l'on dispose de l'antigène qui constitue le "réactif", on peut mettre en évidence les
anticorps correspondants, à condition d'utiliser une technique qui rende perceptible,
in vitro, la formation du complexe antigène-anticorps.

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SERODIAGNOSTICS
1. Définition :

 Un sérodiagnostic fait le diagnostic indirect d’une infection en mettant en évidence les


anticorps fabriqués par l’organisme pour se défendre.
 Les sérodiagnostics servent à mettre en évidence la présence d’ anticorps dans le
sérum. Ces derniers sont fabriqués par l’organisme à chaque fois qu’un corps étranger
(bactérie, virus) pénètre dans l’organisme.
 Ce corps étranger, appelé également "antigène" est aussitôt détecté par le système
immunitaire qui fabrique des anticorps pour neutraliser l’agresseur.

2. Quel est sa place ?


 Le premier sérodiagnostic a été inventé par Widal et Félix, dans le diagnostic de la
typhoïde.
 Le défaut du sérodiagnostic est qu’il ne met pas directement en évidence le microbe,
mais ne détecte que les anticorps que l’organisme a développé contre celui-ci.
 Il existe donc des résultats faussement négatifs, quand les anticorps sont trop peu
nombreux.
 Ou faussement positifs en cas de ressemblance de ces anticorps avec d’autres
développés contre des microbes différents.
 Enfin il peut être difficile de dater l’infection. Son principal avantage est qu’il peut
être pratiqué pour presque toutes les infections.

3. Les divers moyens :


 Les réactions d’agglutination : l’antigène correspondant à l’anticorps cherché est fixé
sur un support qui va être agglutiné au contact du plasma du patient. Quand le
support est représenté par des globules rouges, c’est une réaction d’hémagglutination.
 Les réactions de précipitation : le support avec l’antigène et l’anticorps forment un
complexe non soluble qui va se retrouver dans le fond du tube.
 L’immunoélectrophorèse.
 Selon l’action des anticorps concernés, il y a encore d’autres réactions qui mettent en
évidence leurs effets, donc leur présence.

Précipitation en milieu liquide ou en milieu solide


Agglutination passive
Fixation du complément
Inhibition de l'hémagglutination
Neutralisation (d'une propriété de l'antigène)
Compétition
Immunofluorescence indirecte
Immunoenzymologie (ELISA)
Western-blot
Radio-immunologie

4. Les indications :
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 À peu près toutes les maladies infectieuses et parasitaires, à part la tuberculose ,
peuvent avoir un sérodiagnostic.
 Les tests précoces peuvent montrer les anticorps à 8-10 jours : c’est la séroconversion.
 Plus tard, c’est l’augmentation du titre des anticorps qui montrera que l’infection
est récente.
 En différenciant les deux types d’anticorps, IgG et IgM, avec l’évolution de leur
concentration, cela peut aider le médecin à surveiller la bonne réponse au
traitement, pour certaines infections.
 Lorsqu'un individu est contaminé par une bactérie, un virus, un champignon ou un
parasite, il met en œuvre une série de mécanismes de défense pour se protéger.
 L'un de ses moyens est la fabrication d' anticorps circulant dans le sang où on peut
les doser.
 Les anticorps sont spécifiques de la maladie ou du germe qui a entraîné leur
synthèse.
 Une absence d'anticorps signifie donc que le sujet n'a jamais été contaminé.
 La présence d'anticorps peut être le témoin d'une infection récente ou la cicatrice
d'une infection ancienne.
 On pratique plusieurs dosages successifs pour différencier les deux situations.
 Certains anticorps sont protecteurs vis-à-vis de la maladie, d'autres ne sont que le
témoin des mécanismes de défense.

5. Quand fait-on un sérodiagnostic?

♦ Le médecin a de nombreuses raisons ou occasions de demander un sérodiagnostic :

 Pour confirmer un diagnostic suggéré par l'examen clinique sans preuve formelle, c'est le
cas d'une rubéole, de certaines parasitoses digestives, d'une syphilis atypique, du SIDA.
 Pour distinguer la bonne hypothèse parmi celles fournies par l'examen clinique, par
exemple une toxoplasmose et une mononucléose qui se traduisent toutes deux par des
ganglions d'allure identique.
 Avant une vaccination, pour éviter de vacciner un sujet déjà protégé contre la rubéole, les
oreillons ou l'hépatite par exemple.
 Pour suivre l'évolution d'une maladie et l'efficacité des traitements.
 Pour conseiller des patients non immunisés mais que l'on ne peut vacciner, comme les femmes
en début de grossesse qui ne possèdent pas d'anticorps contre la rubéole ou la toxoplasmose,
maladies bénignes pour la mère mais qui peuvent être dramatiques pour le fœtus.
 Lors des dons du sang, pour éliminer tous les flacons susceptibles de transmettre une
hépatite ou le SIDA.

♦ Il existe en outre des observatoires de santé qui surveillent l'apparition ou l'évolution des
épidémies par sérodiagnostic, comme c'est le cas pour la grippe.
♦ Cela permet non seulement d'avertir les populations du danger qu'elles courent, mais aussi
de définir avec précision les sous-types de virus actifs qui doivent entrer dans la composition
des vaccins.

6. Comment se passe un sérodiagnostic?

 C'est une banale prise de sang au niveau du coude ou de l'avant-bras.


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 Les résultats sont disponibles en quelques heures pour les maladies courantes quand
l'analyse est effectuée directement par le laboratoire.
 Certaines recherches plus rares, demandent plus de temps car les échantillons de sang
doivent être envoyés dans des instituts spécialisés, comme l'Institut Pasteur, seul à
posséder l'équipement et les réactifs nécessaires.
 Un délai de plusieurs jours est alors possible avant d'obtenir les résultats.
 Il est important de souligner que le laboratoire comme le médecin ne peuvent rendre
le résultat qu'au malade lui-même, ou à son représentant légal s'il est mineur.
 Il est des vérités que le malade doit apprendre lui-même, et décider seul de communiquer
ou non à son entourage.

7. Les anticorps dosés :

 Il existe dans le sang autant d'anticorps ou immunoglobulines (Ig) que de germes


rencontrés au cours de la vie.
 Selon leur nature et leurs caractéristiques, ils sont classés en IgG, IgM, IgA, IgE, IgD.
 Lors d'un premier contact, l'organisme fabrique des IgM puis des IgG, d'abord en faible
quantité puis à des taux importants.
 Ces taux restent stables dans le sang pendant plusieurs mois avant de décroître lentement
en l'absence d'une réinfection.
 La mise en évidence d'anticorps, notamment IgM à un taux élevé montre une infection
récente.
 La présence d'anticorps à un taux faible ou moyen peut être le témoin d'une infection
débutante ou une cicatrice sérologique d'infection ancienne.
 Un deuxième dosage, effectué trois semaines après le premier, permet de détecter une
évolution, signe d'un problème récent, ou une stabilité, signe d'un problème ancien non
évolutif.
 Les sérodiagnostics de toxoplasmose ou de rubéole, effectués au cours d'une surveillance
de grossesse, peuvent révéler la cicatrice d'une maladie passée totalement inaperçue, ou
l'absence de tout contact avec la maladie.
 Les anticorps ne sont pas tous ni toujours de même nature.
 Ainsi, ceux qui apparaissent au premier contact de l’organisme avec l’antigène sont les
immunoglobulines M (IgM), elles indiquent que l’infection vient de se déclencher, c’est
la réponse immunitaire primaire.
 Elles se transforment par la suite en IgG , qui témoignent par leur présence du caractère
ancien de l’infection.
 Une élévation du taux de ces immunoglobulines, au cours de deux dosages successifs
confirme avec certitude le diagnostic d’infection.

8. La mesure des anticorps :

 Pour vérifier s’il y a des anticorps, le laboratoire met le sérum du patient en présence
des éléments spécifiques (antigènes) de la bactérie ou du virus recherchés.
 Une réaction "antigènes-anticorps" a lieu en cas de présence des anticorps, qui, encore
faut-il qu’ils soient en nombre suffisent pour être détectés.

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 Un sérodiagnostic négatif (taux faible d’anticorps), plus fréquent en début d’infection
n’exclut pas sa présence, d’où la nécessité de refaire le dosage dix jours plus tard.
 Le principe des dosages est celui des dilutions.
 Un réactif chimique mélangé au sérum du malade provoque, par exemple, un
changement de couleur en présence de l'anticorps recherché.
 La dernière dilution positive donne le taux de référence.
 Les sérodiagnostics de la rubéole et de la toxoplasmose sont obligatoires pour la mère
lors des examens prénuptial et prénatal.
 Ceux de la syphilis et du SIDA ne sont que conseillés.

9. L'antigène utilisé :

 Un antigène réactif n'est jamais "pur". Le biologiste doit connaître la composition de


la préparation antigénique utilisée.
 Il arrive que des réactions positives soient dues à la présence d'anticorps "voisins"
capables de réagir avec un déterminant antigénique "parasite" du réactif : ce sont des
réactions "croisées" donnant lieu à des résultats faussement positifs.
 C'est le cas des anticorps antibrucella qui coagglutinent avec les antigènes des Yersinia
ou de Francisella tularensis.
 Les entérobactéries possédant des antigènes somatiques, flagellaires et capsulaires
suscitent la formation d'anticorps qui ont des cinétiques différentes dont la détection
simultanée apporte d'utiles informations pour déterminer le stade évolutif de la
maladie.
 Il en est de même pour la sérologie "EBV" (Epstein - Barr Virus) qui recherche les
anticorps spécifiques de différents antigènes (VCA, ENA, EBNA).
 Les nombreux marqueurs des hépatites doivent être recherchés selon une stratégie
dictée par le problème diagnostique qui se pose, ne serait-ce que pour des raisons
économiques.
 La technique du Western blot qui révèle, dans une même opération, la présence
d'anticorps correspondant à différents antigènes autorise une interprétation analytique
des résultats

10. Les défaillances du sérodiagnostic :

 Les sérodiagnostics sont parfois d'un intérêt faible ou nul.


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 Certains agents pathogènes sont en effet incapables de stimuler une réaction
immunologique décelable in vitro (staphylocoques, mycobactéries ...)
 Dans les infections opportunistes ou nosocomiales, souvent dues à des germes
commensaux, le retentissement immunologique est très faible surtout si elles frappent
des sujets immunodéficients et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'interprétation
des sérodiagnostics chez un sujet atteint de SIDA est difficile.
 Un sujet vacciné ou naturellement immunisé possède des anticorps mais les
réinfections peuvent occasionner un pic transitoire avec élévation du titre des
anticorps IgG parfois difficile à interpréter.

11. Précautions :

♦ Toutes ces raisons justifient certaines précautions dans l'interprétation des résultats des
sérodiagnostics, qui doit tenir compte de l'état immunologique du sujet concerné :

 Au moment de la prescription, il est prudent de préciser au biologiste le but


de l'examen car les tests à pratiquer et les techniques à utiliser varient selon
qu'il s'agit de déterminer la cause d'un état infectieux, de surveiller l'évolution
d'une infection traitée ou de s'assurer d'un état d'immunité.
 Au moment de la réalisation du test, il convient de maîtriser parfaitement
la technique, de l'exécuter avec rigueur et de l'entourer de contrôles.
 Au moment de l'interprétation des résultats, il faut tenir compte du contexte
clinique et épidémiologique ainsi que du statut immunitaire antérieur du sujet.

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LA SEROLOGIE
1. Définition :

 La sérologie est un examen du sérum sanguin. Il consiste à détecter et étudier les


anticorps correspondant à une maladie spécifique présents dans le sérum, reflétant alors
l’immunité de l’individu.
 L’étude de ces anticorps constitue des indications sur la présence d’un agent pathogène
dans l’organisme.
 Ce sont des anticorps qui correspondent à des antigènes spécifiques. Ces anticorps sont
appelés immunoglobulines.

2. Quand effectuer une sérologie?

♦ La sérologie est essentiellement réalisée pour :

 un dépistage,
 un diagnostic (une maladie auto-immune par exemple),
 suivre l’évolution d’une maladie,
 évaluer l’efficacité d’une vaccination.

♦ Cependant, la sérologie ne peut être effectuée que pour certaines maladies infectieuses.

3. Les anticorps recherchés :

♦ Les principales immunoglobulines intervenant dans la réaction immunitaire sont les


immunoglobulines G (IgG), les immunoglobulines A (IgA) et les immunoglobulines M (IgM).
♦ La présence des IgG signifie généralement une infection ancienne.
♦ Une infection en évolution est habituellement montrée par l’existence des IgM, ces anticorps sont
en effet synthétisés précocement et ne passent pas la barrière placentaire.
♦ Depuis quelques années, on a mis l'accent sur l'intérêt de se servir des IgA comme marqueur
d'infection aiguë ou d'infection congénitale (toxoplasmose).
♦ Lorsque la sérologie est positive, on parle d’une personne séropositive à une infection.
♦ Dans le cas contraire, on parle d’une personne séronégative.
♦ Une séropositivité signifie la présence de l’anticorps spécifique à une maladie infectieuse dans
le sang.
♦ Cet anticorps peut refléter un contact ancien avec l’agent pathogène mais peut également signer
l’existence d’une maladie en évolution

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Les différentes sérologies Les techniques utilisées

La sérologie virale

La sérologie de l’hépatite A Recherche des anticorps anti- VHA (type IgM et IgG)

La sérologie de l’hépatite B Recherche des anticorps anti-VHB


Recherche de l’antigène HBs
La sérologie de l’hépatite C Recherche des anticorps anti-VHC

La sérologie du VIH/sida Recherche des anticorps anti-VIH

La sérologie bactérienne

La sérologie de la Recherche des anticorps anti-Epstein-Barr virus (anti-


mononucléose infectieuse EBV) du type IgM.
Recherche d’anticorps correspondant à des antigènes
spécifiques IgG-VCA, IgG-EBNA, IgG-EA
La sérologie des salmonelloses Sérodiagnostic de Widal et Félix : recherche des anticorps
(fièvre typhoïde) de type O et de type H
La sérologie de la syphilis TPHA ou Treponema Pallidum Haemagglutination Assay:
mise en évidence des anticorps contre les tréponèmes
VDRL ou Venereal Disease Research Laboratory : mise en
évidence des anticorps anticardiolipidiques
La sérologie de la rubéole Recherche d’anticorps de type IgM, IgA mais aussi IgG

La sérologie parasitaire

La sérologie de la toxoplasmose Recherche des anticorps IgM

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