J Laurencin
J Laurencin
J Laurencin
T HÈ S E
préparée au Laboratoire d’Innovation pour les Technologies des Energies Nouvelles et les Nanomatériaux (LITEN)
dans le cadre de l’Ecole Doctorale Ingénierie – Matériaux, Mécanique, Energétique, Environnement, Procédés et Production
par
J. LAURENCIN
le 22 Octobre 2008
JURY
M. J. Fouletier , Président
M. M. Boussuge , Rapporteur
Mlle A. Ringuedé , Rapporteur
Mme F. Lefebvre-Joud , Directrice de thèse
M. M. Dupeux , Co-directeur de thèse
M. D. Leguillon , Examinateur
M. G. Delette , Examinateur
M. S. Hody , Examinateur
Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le Laboratoire Essais et Validation (LEV) du Département des
Technologies Hydrogène (DTH) du CEA-Grenoble, dirigés respectivement par Monsieur
Etienne Bouyer et Monsieur Philippe Baclet. Je remercie ces deux personnes pour m’avoir
permis de réaliser ces travaux de thèse.
Je ne saurais oublier dans ces remerciements les personnes qui, par amitié, ont pris le
temps de venir assister à la soutenance de cette thèse : Antoine, Catherine, Dominique,
Jean-Marie, Laure, Marianne et Michael. Je les remercie sincèrement pour leur présence.
Pour terminer, je souhaite exprimer ma profonde affection à mes parents et à ma sœur
pour le soutien qu’ils ont su m’apporter durant ces trois années.
« Comment est-il possible que les mathématiques, qui sont issues
de la pensée humaine indépendamment de toute expérience,
s’appliquent si parfaitement aux objets de la réalité ?»
Albert Einstein
Nomenclature 1
Introduction générale 3
1 Contraintes résiduelles à température ambiante induites par la mise en forme des cellules 88
(champ régulier)
2 Contraintes à température de fonctionnement des SOFCs (champ régulier) 93
3 Champ de contrainte induit par la ré-oxydation de l’anode 96
4 Effet des singularités sur la dégradation des cellules 103
5 Optimisation géométrique des cellules au regard de leur intégrité mécanique 108
6 Conclusion 112
Références bibliographiques 114
Table des matières
1 Rappels sur l’expression des probabilités de survie pour un champ régulier quelconque 139
2 Expression de la probabilité de survie dans un champ singulier 146
3 Analyse numérique (MEF) des probabilités de survie calculées dans un champ singulier 154
4 Discussion 161
5 Conclusion 167
Références bibliographiques 169
Introduction générale
Années
0,6
Anomalies de températures T-Tref (°C)
Températures globales
0,4
Moyenne annuelle
Moyenne sur cinq ans
0,2 Figure 2 : Illustration du
réchauffement climatique :
augmentation de la température
0,0
globale de la planète depuis 1850. La
température de référence correspond
-0,2
à la température moyenne entre 1961-
1990 2.
-0,4
-0,6
1860 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000
Années
-3-
Introduction générale
Dans les années 1890, W. Nernst4,5 étudia la conductivité électrique des oxydes de
zirconium stabilisés et établit les bases fondamentales pour le développement des SOFCs. Sur
la base de ces travaux, E. Baur et H. Preis6 assemblèrent en 1937 la première pile à
combustible à oxydes solides. Ces auteurs utilisèrent un empilement constitué de carbone (ou
fer), zircone yttriée et oxyde de fer comme cellule élémentaire de la pile. Malgré une
dégradation rapide du système, la puissance électrique obtenue permit de prouver la
pertinence du concept.
Les progrès réalisés jusqu’à nos jours permettent désormais d’atteindre des rendements
électriques réels supérieurs à 40%. Les SOFCs se distinguent ainsi des autres technologies,
turbines à gaz et groupes électrogènes, par des rendements électriques plus élevés. Par
ailleurs, en cogénération de chaleur et d’électricité, les rendements globaux peuvent atteindre
80%. Au regard de ces avantages, la principale application envisagée pour les SOFCs sera
d’assurer une production décentralisée d’électricité et de chaleur.
Cependant, l’essor industriel de cette technologie se heurte actuellement à des problèmes
de dégradation des performances du système. Ces dégradations proviennent notamment d’un
endommagement mécanique des cellules de la pile, lié au comportement fragile de ses
composants céramiques.
Grâce à son fonctionnement à haute température, la pile SOFC peut être alimentée avec
des combustibles variés : gaz naturel (constitué majoritairement de méthane), gaz produit par
la gazéification de la biomasse, biogaz issu des procédés de fermentation, éthanol ou encore
hydrocarbures légers…
L’utilisation de la biomasse présente un bénéfice environnemental évident. En effet, le
CO2 relâché par la pile s’inscrit dans un cycle court du carbone (i.e. photosynthèse puis
décomposition de la matière organique). Cependant, pour que la surface agricole dédiée à la
production de la biomasse ne s’effectue pas au détriment des cultures vivrières, on cherchera
plutôt à utiliser des combustibles tels que ceux issus de la valorisation des effluents de
stations d’épuration ou des sous-produits de la filière bois.
Dans le paysage énergétique européen, l’utilisation du gaz naturel comme combustible
d’une SOFC est pertinent d’un point de vue écologique. En effet, la pile se substituera alors à
-4-
Introduction générale
des centrales thermiques plus polluantes. En France, cet argument est soumis à controverses :
la part majeure de l’énergie nucléaire dans la production globale d’électricité limite l’intérêt
de l’utilisation des SOFCs alimentées par du gaz naturel. Cependant, une étude menée par
Gaz de France7 a montré que cette application apportera tout de même un gain
environnemental. En effet, le déploiement de cette technologie en habitat individuel devrait
permettre de limiter l’utilisation des centrales thermiques lors des pics de consommation
d’électricité (notamment en hiver où la demande énergétique est la plus forte).
Le travail présenté dans ce mémoire vise à étudier l’intégration d’une pile à combustible à
oxydes solides dans le cœur de chauffe d’une chaudière individuelle. Ce couplage devrait
permettre de couvrir les besoins en chaleur de l’habitat individuel, tout en assurant une
production électrique à haut rendement (>55%). Pour cette application, la pile devra être
directement alimentée par le gaz naturel du réseau déjà existant.
Par une approche de modélisation, nous proposons d’étudier ici la faisabilité d’un tel
couplage. Pour ce faire, nous avons analysé le comportement électrochimique et thermique
d’une pile alimentée directement sous méthane. La robustesse du tri-couche céramique, dont
la faible résistance mécanique est une des limitations technologiques au déploiement des
SOFCs, constitue un deuxième axe de ce travail. Cette étude aboutit à l’estimation des risques
d’endommagement mécanique du tri-couche céramique, soumis à des sollicitations de
diverses origines.
A l’issue de ce travail, nous établissons un ensemble de préconisations permettant
d’obtenir une robustesse et des conditions de fonctionnement optimales de la pile, au regard
de l’application visée.
Références bibliographiques
1
http://en.wikipedia.org/wiki/Oil_price_increases_of_2004-2006
(Source : http://octane.nmt.edu/gotech/Marketplace/Prices.aspx)
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global observed temperature changes: a new dataset from 1850, 111, J. Geophysical Research, 2006,
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3
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Singhal and K. Kendall Editors, Elsevier, Oxford, 2003.
4
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Elektrochem., 6, 1899, pp. 41-43.
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W. Nernst, Material for electric-lamp glowers, US Patent 685 730, déposé le 24 Août 1899.
6
E. Baur, H. Preis, Fuel Cells with solid conductors, Z. Elektrochem., 43, 1937, pp. 727-732.
7
S. Hody, Etude interne à Gaz de France, Communication personnelle.
-5-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
Chapitre I
Contexte et objectifs de l’étude
Les piles à combustibles à oxydes solides, appelés SOFCs (pour Solid Oxide Fuel Cells),
sont des systèmes électrochimiques assurant la conversion de l’énergie chimique contenue
dans un gaz combustible en électricité et en chaleur. Ce type de pile se caractérise par un
fonctionnement à hautes températures (600-1000°C), permettant l’oxydation directe de
l’hydrogène et/ou du monoxyde de carbone. Aux températures de fonctionnement envisagées
des SOFCs, les réactions électrochimiques sont thermiquement activées et ne nécessitent pas
l’utilisation de catalyseurs spécifiques (métaux nobles). Par ailleurs, les rendements
électriques réels atteints par ces piles (>40% pour des empilements classiques1) valident
l’utilisation de ces systèmes comme générateurs de puissance.
Une pile est constituée par un empilement de cellules élémentaires reliées entre elles par
un matériau d’interconnexion. Chaque cellule se compose elle-même d’un assemblage de
deux électrodes poreuses, l’anode et la cathode, séparées par un électrolyte dense présentant
une forte conduction ionique (fig. I.1). La cathode est le siège de la réduction électrochimique
de l’oxygène (1.1) tandis que l’oxydation de l’hydrogène (1.2a) et/ou du monoxyde de
carbone (1.2b), se produit à l’anode :
1 2 O2 + 2e − ↔ O 2− (1.1)
H 2 + O 2 − ↔ H 2 O + 2e − (1.2a)
CO + O 2− ↔ CO2 + 2e − (1.2b)
-6-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
e-
O2
Cathode poreuse
Figure I.1 Principe de
Charge
Anode poreuse
e- H2O, CO2
H2, CO
Le déroulement spontané des réactions électrochimiques est induit par une différence de
~
potentiel électrochimique ∆G de part et d’autre de l’électrolyte :
~
∆G = ∆G + nFE (1.5)
Ei=0 = = − ln (1.6)
nF nF nF Π aiγ i (réactifs)
Où ai,j sont les activités des espèces i ou j et γi,j les coefficients stoechiométriques de la
réaction. Si l’on considère l’hydrogène comme seul combustible, la réaction (1.3) est à
prendre en compte pour exprimer la force électromotrice du générateur :
RT aH 2 aO2 − ∆GH0 2O
Ei=0 = E 0 + ln avec E 0 = (1.7)
2F aH 2O 2F
Les activités des espèces sont égales aux rapports entre les pressions partielles Pi régnant au
voisinage des sites d’électro-catalyse sur la pression de référence P0. Ces sites sont définis par
la présence simultanée des phases gazeuzes, et des conducteurs électronique et ionique. Ils
sont matérialisés par des lignes triples ou TPB (pour Triple Phase Boundaries) dans la zone
proche de l’interface électrode/électrolyte (fig. I.2) :
TPBa ,i =0
RT PH 2 POTPBc ,i=0
Ei=0 =E +0
ln 2
TPBa ,i =0
(avec P 0 = 1 atm) (1.8)
2F PH O
2
Où Pj sont les pressions partielles exprimées en atmosphères. Les termes TPBa et TPBc
représentent les lignes de points triples respectivement du côté anode et cathode.
-7-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
H2,g
e-
TPB e- H2,g
H2,g
Figure I.2 Définition des lignes
TPB triples ou TPB (cas de l’anode).
TPB TPB
Lorsque l’anode et la cathode sont reliées au travers d’une charge électronique (fig. I.1), la
pile débite spontanément un courant électrique faisant apparaître des processus irréversibles
principalement liés :
(i) à l’activation des réactions électrochimiques (surtension d’activation),
(ii) aux résistances ohmiques de collectage du courant et de migration des ions O2- au
travers de l’électrolyte,
(iii) aux effets de transports et d’appauvrissement en combustible et comburant
(surtension de concentration).
-8-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
-9-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
important est nécessaire pour assurer l’empilement des tubes. En outre, les performances
électrochimiques atteintes par ce type de système sont faibles du fait des fortes chutes
ohmiques induites par le collectage du courant (de l’ordre de 0,15-0,2 W/cm² à U=0,7V et
T=950-1000°C13,14).
En comparaison, la géométrie planaire offre des densités de puissance bien plus attractives
pouvant atteindre 1,4 W/cm² en test de mono-cellules15 et 0,7 W/cm² pour un empilement16 (à
U=0,7V et T=800°C). Par ailleurs, l’assemblage en couches planes des cellules et plaques
d’interconnections (fig. I.5) permet d’obtenir une bonne compacité du système. Dans ce type
de configuration, les cellules possèdent une surface active d’environ 100 cm² et présentent
deux variantes géométriques : on distingue les cellules à électrolyte support ou anode support.
Dans le premier cas, les couches minces de la cathode et de l’anode sont déposées sur un
électrolyte épais d’environ 100 à 150 µm. Dans le deuxième cas, une anode épaisse pouvant
varier entre 500 et 1500 µm supporte mécaniquement un électrolyte et une cathode minces.
Dans les deux cas, les électrodes présentent une couche fonctionnelle d’environ 10 µm de
microstructure plus fine dans laquelle se déroulent les réactions électrochimiques. Une
quantité définie d’YSZ est généralement rajoutée au LSM de la couche fonctionnelle
cathodique afin de délocaliser la réaction de réduction de l’oxygène hors de l’interface avec
l’électrolyte et augmenter ainsi le nombre de TPBs9.
+
Interconnecteur
-
b le
sti
bu
com
du Figure I.4 Schéma d’une SOFC en
ent
le m configuration tubulaire.
É cou
Anode
Électrolyte
ent Cathode
u le m ir
o
Éc de l’a
Combustible
Interconnecteur
Air
-10-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
Bien que plus fragiles, les cellules à anode support permettent de baisser la température de
fonctionnement des SOFCs tout en maintenant des performances électrochimiques
acceptables (∼ 0,35 W/cm² pour un empilement à U=0,7V et T=700°C)16. En effet, la minceur
de l’électrolyte permet de limiter la chute de tension due à la migration des ions O2-. La
réduction de la température de fonctionnement en dessous de 850°C permet d’envisager
l’utilisation d’interconnecteurs métalliques, moins chers, meilleurs conducteurs électroniques
et plus facilement usinables que leurs homologues en céramique. Cependant, de façon
générale, la géométrie planaire présente l’inconvénient d’une faible robustesse (cf. § 1.4) tant
lors des cycles thermiques ou d’oxydoréduction, qu’en fonctionnement stationnaire. De plus,
l’étanchéité est difficile à obtenir sur ce type de configuration.
Un avantage majeur des SOFCs est de pouvoir fonctionner avec des combustibles autres
que l’hydrogène pur : éthanol, méthanol ou hydrocarbures. Le méthane est à ce titre une
espèce chimique particulièrement intéressante puisqu’il est le composant majoritaire du gaz
naturel et du bio-gaz issu du traitement des effluents organiques. Ce type de combustible peut
être transformé dans un reformeur externe à la pile en un mélange riche en hydrogène et en
monoxyde de carbone. Ce mode de fonctionnement peut être simplifié par l’introduction
directe du combustible à l’anode évitant ainsi l’utilisation d’un reformeur additionnel. Le
méthane est alors converti directement au sein de l’anode grâce aux réactions catalytiques de
vapo-reformage (1.9) et de reformage à sec (1.10). On parle alors de Reformage Interne
Direct (RID) :
CH 4 + H 2O ↔ 3H 2 + CO ∆H0(800°C)=+242 KJ.mol-1 (1.9)
CH 4 + CO2 ↔ 2 H 2 + 2CO ∆H0(800°C)=+280 KJ.mol-1 (1.10)
Il est important de noter que ces deux réactions chimiques sont fortement décalées dans le
sens d’une production d’H2 et de CO dans les conditions de fonctionnement d’une SOFC. En
effet, le nickel contenu dans l’anode est un bon catalyseur de ces réactions17,18,19 qui sont par
ailleurs thermodynamiquement favorisées à hautes températures (>700°C)20. La chaleur
absorbée par l’endothermicité de ces réactions doit alors être directement apportée par le
dégagement de chaleur des réactions électrochimiques. Il est à noter que le monoxyde de
carbone, produit des réactions (1.9) et (1.10), peut être utilisé pour produire de l’hydrogène et
du dioxyde de carbone au travers de la réaction de gaz à l’eau (1.11), proche de l’équilibre
thermodynamique :
CO + H 2O ↔ H 2 + CO2 ∆H0(800°C)=-38,6 KJ.mol-1 (1.11)
-11-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
Le RID nécessite d’introduire une quantité d’eau suffisante pour éviter les réactions de
craquage du méthane (1.12) et de Boudouard (1.13), qui conduisent à un dépôt de carbone et
une détérioration des performances électrochimiques21. A 800°C, il a été montré qu’un
rapport eau sur méthane H2O/CH4=1 est nécessaire pour s’affranchir de ce problème20,22.
CH 4 ↔ C + 2H 2 ∆H0(800°C)=+91,7 KJ.mol-1 (1.12)
2CO ↔ C + CO2 ∆H0(800°C)=-188,7 KJ.mol-1 (1.13)
Une seconde difficulté du RID souvent mentionnée dans littérature scientifique est
l’apparition potentielle d’un fort gradient de température le long de la cellule provoqué par
l’endothermicité des réactions de reformage et l’exothermicité des réactions électrochimiques.
Ce gradient de température pourrait induire des contraintes mécaniques non négligeables dans
le tri-couche céramique.
Un concept original de reformage interne, le Reformage Interne Progressif (RIP), a été
proposé par P. Vernoux et al.23. Le méthane quasi-sec est introduit au sein de l’anode pour
réagir avec l’eau produite par la réaction électrochimique (1.3) et se convertir ainsi en
hydrogène. Cette méthode présente l’avantage de produire l’hydrogène au voisinage des sites
d’électro-oxydation, permettant ainsi de réduire le nombre des étapes élémentaires du
mécanisme global et améliorer in fine les performances électrochimiques de la pile. Cette
méthode nécessite cependant un matériau d’anode inerte vis-à-vis des réactions de dépôts de
carbone. Le nickel est à ce titre à proscrire21,24,25. Des études menées par A.L. Sauvet et al.26
puis par T. Caillot et al.27 ont montré que la chromite de lanthane dopée au strontium avec un
catalyseur de vapo-reformage inséré dans la structure (Ruthénium) est un matériau qui ne
catalyse pas les réactions de dépôt de carbone. Néanmoins, des travaux ultérieurs ont montré
que ce matériau présente de mauvaises propriétés d’électro-catalyse de l’hydrogène28 et
constitue donc une mauvaise anode. Des résultats prometteurs ont été obtenus plus récemment
avec des titanates du type La4Sr8Ti12-xMnxO3829.
L’utilisation du méthane sec peut être également envisagée sur des matériaux pouvant
induire une électro-oxydation directe du méthane (1.14) sans passer par l’étape de reformage :
CH 4 + 4O 2− → CO2 + 2 H 2O + 8e − (1.14)
Il semblerait que ce puisse être la cas des cermets composés de cuivre et cérine dopée au
samarium30 et des chromo-manganites de lanthane dopées au strontium
(La0,75Sr0,25)Cr0,5Mn0,5O331. Il est cependant important de souligner qu’il est difficile de
discriminer un mécanisme d’oxydation directe, d’un mécanisme basé sur une étape préalable
de vapo-reformage du méthane.
-12-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
-13-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
2.1 Principe du couplage entre une chaudière individuelle et une pile SOFC
La société Sulzer Hexis développe depuis 1989 une pile de 1kW pour une application
résidentielle, l’objectif étant à la fois de produire de l’électricité et de chauffer un habitat
individuel58. Dans ce système, l’empilement de cellules planes est alimenté par le gaz naturel
de ville préalablement reformé. L’excèdent de chaleur dégagé par la pile (∼2,5 kW) est
récupéré pour être introduit dans le circuit de chauffage de l’habitat. Le système reste
néanmoins équipé d’un brûleur classique fournissant 20 kW de chaleur. Le principal
inconvénient de ce système est la faible robustesse du cœur de pile.
Dans le cadre du projet CIEL (pour Chaudière Individuelle ELectrogène) financé par
l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), Gaz de France (GdF) a proposé d’intégrer
directement une pile SOFC au sein du cœur de chauffe d’une chaudière individuelle. Ce
concept permet de réduire drastiquement le volume du système complet et d’assurer un réel
couplage thermique entre la pile et la chaudière. Par ailleurs, afin d’éviter un reformeur
externe difficilement intégrable dans la chaudière, un fonctionnement de la pile en Reformage
Interne Direct (RID) du méthane est considéré. Une analyse menée par GdF a montré que ce
système est rentable sur le plan financier et écologique, seulement si la pile affiche un
rendement électrique important supérieur à 55%. De plus, elle devra être capable de subir au
moins partiellement un grand nombre de cycles thermiques et redox lors des phases de mise
en route et d’arrêt de la chaudière.
Ce travail de thèse vise à étudier le fonctionnement d’une pile SOFC dans les conditions
définies par le projet CIEL. Par une démarche de modélisation, on s’est proposé d’établir la
pertinence et la faisabilité du couplage chaudière/pile sur le plan thermique et
électrochimique. L’étude des mécanismes du RID à fort taux d’utilisation (i.e. pour des
rendements importants) a été menée afin d’établir des spécifications assurant un
fonctionnement optimal de la pile. Différents points de fonctionnement de la pile SOFC ont
également été étudiés.
La dégradation mécanique des SOFCs constitue un des verrous technologiques majeurs de
cette configuration. Par conséquent, un effort particulier a été dédié à la prévision de
l’endommagement des cellules en fonctionnement, au cours des cycles thermiques et
d’oxydoréduction. Les autres causes de dégradation n’ont pas été abordées dans le cadre de ce
travail.
-14-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
L’ensemble de cette étude vise à fournir des préconisations sur les géométries des cellules
et sur le mode de fonctionnement de la pile, l’objectif final étant de limiter son risque de
dégradation mécanique tout en assurant des rendements électriques acceptables.
Une configuration plane et circulaire de la pile a été retenue pour l’étude. Le choix d’une
architecture planaire est motivé par la nécessité d’une grande compacité de l’empilement
alliée à de bonnes performances électrochimiques. La configuration circulaire est par ailleurs
compatible avec nos bancs de caractérisation électrochimique de mono-cellules planes. La
modélisation s’est limitée au motif élémentaire de l’empilement ou SRU (pour Single Repeat
Unit) (fig. I.6). En d’autres termes, les effets de bords concernant les cellules placées aux
deux extrémités de l’empilement n’ont pas été envisagés.
Les interconnecteurs du SRU sont usinés dans des plaques d’un alliage à base nickel
(Inconel). Les gaz comburant et combustible sont introduits au centre de la cellule et
s’écoulent radialement au travers d’un réseau de picots dont le rôle est d’assurer le collectage
du courant (fig. I.7). Ces picots correspondent à des plots agencés en quinconce espacés les
uns des autres de 3,4 mm présentant une hauteur de 0,7 mm et une section de 2,27 mm². Une
pâte de verre est utilisée du côté de l’anode pour empêcher la fuite et la post-combustion du
gaz combustible à la périphérie du SRU.
Les deux variantes de la configuration planaire, cellules à anode et à électrolyte support,
ont été étudiées. La surface active de ces cellules a été fixée à 98,5 cm2. Les épaisseurs des
couches anodique, cathodique et de l’électrolyte sont données en fig. I.8. Les matériaux de
cellules considérés dans ce travail sont ceux classiquement utilisés pour les SOFCs (i.e. Ni-
8YSZ pour l’anode//8YSZ pour l’électrolyte//LSM pour la cathode).
Écoulement
air
Entrée air
Interconnecteur
Cellule
Cathode r
Anode θ
Écoulement
combustible
Interconnecteur
Entrée
Carter de l’empilement combustible
Figure I.6 : Coupe schématique du SRU. L’axe z est un axe Figure I.7 : Ecoulements des gaz le long de la
axisymétrique. cellule.
-15-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
rcathode = 56 mm
A
Cathode hcathode= 60 µm
Électrolyte hélectrolyte= 20 µm r
θ (a) Anode support.
Anode hanode= 1000 µm B
ranode= rélectrolyte = 58 mm
z
rélectrolyte = 58 mm
rcathode = 56 mm
C
Cathode hcathode= 60 µm (b) Electrolyte support.
Électrolyte hélectrolyte= 150 µm
r
θ Anode hanode=60 µm
D
ranode = 56 mm
Figure I.8 : Géométrie et dimensions des cellules de référence. L’axe z est un axe de révolution.
-16-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
Dans le chapitre IV, on s’est attaché à établir la géométrie et les conditions de durabilité
optimales. Dans cet objectif, les cartes de contraintes et les risques d’endommagement
associés ont été établis après mise en forme de la cellule, en fonctionnement et lors de la
ré-oxydation de l’anode. Ce travail a été effectué pour le champ de contrainte régulier régnant
au sein des cellules SOFCs. Par ailleurs, ces cellules sont des structures présentant des lignes
particulières dites singulières59, qui constituent des lieux privilégiés pour l’amorçage de la
rupture (cf. points A, B, C et D de la fig. I.8). Par conséquent, une attention particulière a dû
être portée à l’étude du risque induit par ces champs singuliers : les résultats de cette analyse
sont également présentés dans ce chapitre.
Le chapitre V synthétise et analyse les conditions optimales de fonctionnement et de
durabilité afin de fournir un ensemble de préconisations technologiques en vue de
l’application visée. Les résultats obtenus dans le cadre de ce travail sont discutés et
généralisés au regard d’autres applications de type SOFC et EHT (Electrolyse Haute
Température). La discussion fournit également des pistes de développements ultérieurs du
modèle, dans l’objectif d’une meilleure compréhension des effets de l’endommagement
mécanique sur les propriétés électrochimiques des cellules.
Il est à noter que la modélisation mise en œuvre est basée sur des lois physiques bien
établies. Cependant l’étude du risque d’amorçage de la rupture aux singularités d’une
structure céramique a nécessité un développement original pour aboutir à une méthodologie
applicable aux SOFCs. Ce développement repose sur une approche statistique de la rupture
des matériaux fragiles soumis à un champ singulier. Ce travail plus fondamental fait l’objet de
l’annexe 1 de ce mémoire. Il contient la description du critère de rupture ainsi qu’une
discussion sur la validité et les limites d’une telle approche.
Une partie des résultats présentés dans ce mémoire a été publiée dans des journaux
scientifiques à comité de lecture. Ces articles concernent la modélisation électrochimique et
thermique des SOFCs alimentées sous méthane60,61, le calcul des contraintes et la prévision de
la dégradation des cellules62,63, la méthodologie de mesure de l’adhérence
électrode/électrolyte64 et le développement d’un critère de rupture statistique aux singularités
d’une céramique65. L’objet de ce mémoire de thèse est de rassembler, synthétiser et compléter
ces résultats pour aboutir à une discussion générale.
-17-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
Références bibliographiques
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Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
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Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
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-20-
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
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-21-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Chapitre II
Les outils développés pour l’étude
Ce chapitre est dédié aux différents outils développés pour l’étude. Le premier paragraphe
présente les moyens expérimentaux qui ont permis l’étape préalable de validation des
modèles. Les principaux résultats des simulations (cf. Chapitres III et IV) ont été également
confirmés en les comparant à des données expérimentales. Ces données ont été parfois
trouvées dans la littérature scientifique. Néanmoins, lorsque ce ne fut pas le cas, des mesures
spécifiques ont été réalisées avec les moyens présentés dans ce chapitre.
Le second paragraphe présente le modèle développé pour décrire le comportement
« thermo-électrochimique » de la pile alimentée sous méthane. Le troisième paragraphe est
dédié à l’outil numérique, permettant l’étude de la dégradation mécanique des cellules à partir
du calcul du champ des contraintes.
Les caractéristiques des matériaux utilisées pour les simulations sont disponibles dans la
littérature, excepté pour l’adhérence entre les couches de la cellule. Aucun protocole
expérimental n’ayant été développé sur ce type de système, une méthodologie a été mise au
point puis appliquée à l’interface cathode/électrolyte. Cette méthodologie fait l’objet du
dernier paragraphe de ce chapitre.
1.1 Introduction
-22-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Le banc de test SOLO est dédié aux études électrochimiques de mono-cellules SOFC de
géométrie plane et circulaire. On trouvera en référence 1 un descriptif détaillé de ce banc.
Deux montages céramiques semblables sont placés dans un four et permettent le test de
cellules d’un diamètre de 56 et 120 mm.
Les cellules à anode support ou électrolyte support sont maintenues mécaniquement par
une bague en alumine (fig. II.1). L’étanchéité entre la cellule et la bague est assurée par de la
pâte de verre. La jonction entre la bague et le reste du montage céramique est réalisée par
deux fils d’or, empêchant la fuite des gaz combustibles et comburant dans le four. Les gaz
sont introduits en périphérie de cellule puis évacués par le centre du montage. Le collectage
du courant est assuré par des grilles d’or. Ces grilles collectrices sont plaquées contre les
électrodes par un système de ressort côté anode et poids côté cathode. La cellule peut être
alimentée par des combustibles variés (H2, CO, CH4), pouvant être humidifiés ou dilués dans
de l’argon.
Les mesures de température dans le montage sont pertinentes puisque les compartiments
anodiques et cathodiques sont complètement étanches (le gaz combustible ne peut pas brûler
au contact de l’air de la cathode ou du four). Le banc a donc été instrumenté par quatre
thermocouples. Ils sont placés aux entrées et sorties des compartiments anodiques et
cathodiques (fig. II.1) pour estimer le niveau de température dans ces zones du montage.
Thermocouple 1 Thermocouple 3
Pertes radiatives
O2/N2 vers la paroi
Sortie interne du four
O2/N2 O2/N2
Entrée Entrée
Bague de Joint étanchéité
support cellule or
Collecteur du courant
Thermocouple 2 Thermocouple 4
(grille d’or)
L’étanchéité au gaz d’un électrolyte et par voie de conséquence son éventuelle fissuration
peut être contrôlée en mesurant le flux de perméabilité passant au travers de la cellule. Un
dispositif permettant de mesurer ce flux à température ambiante a été utilisé2. La cellule est
serrée entre deux joints en polymère dans un porte-échantillon en acier inoxydable.
L’ensemble est ensuite introduit dans un dispositif en plexiglas délimitant deux
compartiments de part et d’autre de la cellule (fig. II.2). Chaque compartiment dispose d’une
-23-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
entrée et sortie de gaz. Une circulation d’hélium est imposée dans la partie amont du montage
tandis que le compartiment aval est sous balayage d’azote. Un spectromètre de masse (ASM
120) est branché sur le compartiment aval et permet de mesurer le débit molaire d’hélium
traversant l’électrolyte.
entrée He sortie He
joints
Amont polymère
Aval
entrée N2 sortie N2+He
Analyse (spectromètre)
-24-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
chimiques et électrochimiques est prise en compte, permettant ainsi d’étudier les étapes
limitantes du mécanisme réactionnel. La réduction de l’oxygène à la cathode a par exemple
été largement décrite par ce type d’approche3-8. Du côté de l’anode, A. Bieberle et al.9 ont
modélisé les étapes de l’oxydation électrochimique de l’hydrogène en surface des particules
de nickel. Les étapes élémentaires du Reformage Interne Direct (RID) du méthane ont été
décrites par Wolfgang G. Bessler et al.10 dans une simulation tenant également compte de la
cathode. Les auteurs ont pu ainsi remonter au comportement global de la cellule et établir sa
courbe de polarisation dans l’hypothèse d’un fonctionnement isotherme. Ce type d’approche,
qui présente un intérêt fondamental indiscutable à l’échelle de la cellule, ne permet pas de
décrire les couplages et les effets des écoulements de fluides et de chaleur au sein du SRU.
Par ailleurs, un grand nombre d’étapes élémentaires est à prendre en compte dans le modèle,
introduisant ainsi des paramètres qui ne sont pas toujours parfaitement connus.
Le changement d’échelle vers une représentation complète du SRU présente l’intérêt de
pouvoir calculer l’ensemble des paramètres contrôlant le fonctionnement d’une pile (fractions
molaires, vitesses des réactions, champ de température…) et de leurs interactions mutuelles.
Outre leur intérêt scientifique, ces types de modèles s’avèrent être également des outils de
dimensionnement des piles. Cette approche a été récemment appliquée pour décrire le
fonctionnement d’une pile en RID du méthane aussi bien pour la géométrie tubulaire11-16 que
planaire17-20. Pour ce faire, la description du transport multi-espèces (i.e. CH4, H2, H2O, CO et
CO2) au sein d’une anode poreuse épaisse a été initialement proposée par W. Lehnert et al.17
au travers du Mean Transport Pore Model (MPTM). Cette description du transfert de masse
repose sur une représentation de la microstructure de l’électrode par sa porosité ε, son rayon
moyen des pores <r> et sa tortuosité τ. Cette approche a été étendue par T. Ackmann et al.18
au travers d’une description de la cellule à deux dimensions, et fut ensuite couplée à des
modèles incluant une analyse thermique13,20.
En configuration tubulaire, D. Sánchez et al.15 ont évalué l’impact sur les performances de
la cellule du rayonnement interne entre (i) l’injecteur et la cathode et (ii) l’anode et les gaz
combustibles, tandis que Klein et al.16 ont étudié le Reformage Interne Progressif (RIP). En
configuration planaire et toujours pour un fonctionnement sous méthane, P. Aguiar et al.19 ont
développé un modèle à une dimension décrivant le comportement de la pile pour les états
stationnaire et transitoire. Les transferts de chaleur par rayonnement entre l’interconnecteur et
les cellules ont été également pris en compte dans ce modèle.
Il est important de souligner que la plupart des modèles développés pour la configuration
planaire considèrent seulement une unité de cellule adiabatique au centre du SRU et négligent
les possibles échanges de chaleur avec le milieu extérieur. On doit cependant citer les travaux
de Y.-P. Chyou et al.21 qui ont calculé − pour un fonctionnement sous hydrogène − le flux de
chaleur dissipée vers l’extérieur en tenant compte de l’isolation de l’empilement. D. Larrain et
al.22,23 ont également développé un modèle sous hydrogène, dont les conditions limites sont
définies par les pertes radiatives de chaleur depuis les bords externes de la pile et par la post-
combustion des gaz.
-25-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Cette partie du modèle a été initialement développée par B. Morel20,26 dans le cadre de son
travail de doctorat. Elle fut ensuite complétée avec notamment la prise en compte de la
cathode et l’amélioration des conditions de convergence à fort taux d’utilisation du
combustible.
-26-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
direction axiale z) (fig. II.3). Cette évolution est calculée en écrivant une équation locale de
conservation de la matière pour chaque espèce i du canal anodique (i= CH4, H2, H2O, CO, N2)
et cathodique (i= O2, N2). Pour une tranche de cellule comprise en r et r+dr, le bilan s’écrit :
dni
= 2π rγ i N i (2.1)
dr
où ni est le débit molaire (mol.s-1) radial dans le canal considéré, N i le flux (mol.cm-2.s-1)
entrant ou sortant de l’électrode et γi coefficient valant -1 pour les réactifs et +1 pour les
espèces produites.
z r r+dr
Interconnecteur ni ni+dni
Air 2π rγ i drN i Figure II.3 :
Cathode Schéma de principe
Electrolyte r des bilans matière
θ écrits dans les
Anode canaux
d’écoulements gaz
du SRU (cas d’une
Gaz combustibles
2π rγ i drN i anode support).
Interconnecteur ni ni+dni
r r+dr
D
i
eff
+ eff
Di ,K
=−
RT dz
(2.2)
i, j
où N i / j correspond au flux molaire dans l’anode selon l’axe z des espèces i ou j, xi/j les
fractions molaires, P la pression, T la température et R la constante des gaz parfaits. Les
coefficients effectifs de diffusion moléculaire Dieff, j et de Knudsen Dieff,K ont été calculés selon
les expressions établies par B. Todd et J.B. Young27 en fonction des paramètres
microstructuraux de l’anode (porosité ε, rayon moyen des pores <r> et tortuosité τ). En plus
de la description de la diffusion au sein de l’anode par l’équation (2.2), chaque composant
doit vérifier l’équation locale de conservation de la matière. En régime stationnaire et selon
l’axe z, on obtient :
dN i
− + ri = 0 (2.3)
dz
-27-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Les termes ri représentent la vitesse d’apparition et de disparition de chaque espèce i par unité
de volume du cermet anodique. Ils correspondent donc à une combinaison linéaire des
vitesses des réactions chimiques de vapo-reformage v1, de reformage à sec v2 et de gaz à l’eau
v3. Comme préconisé par W. Lehnert et al.17, une approche « académique » a été retenue pour
l’expression de ces vitesses :
γ γ
vI = k I Π Pi i (réactifs ) − k − I Π Pj j ( produits )
kI (2.4)
avec K e , I = ; I = 1, 2, 3 ; P 0 = 1 atm
k−I
où Pi / j sont les pressions partielles, γi/j les coefficients stoechiométriques de la réaction
considérée et Ke sa constante d’équilibre. Les constantes cinétiques kI ont été exprimées en
fonction de la température selon une loi classique d’Arrhenius dépendant d’une énergie
d’activation Ea et d’un facteur d’orientation k0 :
Ea , I
−
k I = k 0, I e RT
avec I = 1, 2, 3 (2.5)
Les valeurs des paramètres Ea et k0 sont disponibles pour les trois réactions chimiques
envisagées28. Elles sont données pour un catalyseur de nickel en ce qui concerne les réactions
de vapo-reformage et de reformage à sec qui sont supposées se dérouler en surface des pores
du cermet. La réaction de gaz à l’eau est supposée prendre place dans la phase gaz de l’anode
poreuse (fig. II.4). Les vitesses d’apparition et de disparition des espèces ri s’expriment donc
en fonction des vitesses des réactions chimiques, de la porosité ε et de la surface spécifique
3ε/<r> :
3ε 3ε 3ε
rCH 4 = − (v1 + v2 ) ; rH 2O = − v1 − εv3 ; rCO2 = − v2 + εv3 ;
< r > < r > < r >
(2.6)
3ε 3ε 3ε 3ε
rCO = v1 + (2v2 ) − εv3 ; rH 2 = (3v1 ) + (2v2 ) + εv3
< r > < r > < r > < r >
z
Oxydation de l’hydrogène
Électrolyte
r O2- O2- r+dr
r Figure II.4 : Localisation dans
e- l’anode des réactions chimiques de
θ H2 Réaction de Gaz à
H2O reformage et de gaz à l’eau.
l’eau (dans les pores)
L’oxydation de l’H2 est supposée
prendre place à l’interface
Phase solide CO2 anode/électrolyte.
de l’anode CO Réaction de vapo-
poreuse reformage et de
reformage à sec
(en surface des pores)
-28-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
La condition limite pour le calcul du transport des espèces est donnée par la
consommation des espèces électro-actives à l’interface anode/électrolyte. Seule l’oxydation
électrochimique de l’hydrogène a été prise en compte dans la loi de Faraday :
i
N H2 = ( z = 0) (2.7)
2F
où i est la densité locale de courant, F la constante de Faraday et N H 2 le flux molaire
d’hydrogène arrivant à l’interface anode/électrolyte. On notera que l’oxydation
électrochimique du CO a été négligée. Cette hypothèse reste valide si et seulement si une
large quantité de CO est convertie en CO2 et H2 au travers de la réaction de gaz à l’eau. Cette
réaction étant cinétiquement rapide (cf. Annexe 2), il conviendra de vérifier qu’elle reste
suffisamment décalée dans le sens de production des espèces H2 et CO2.
ε 1 1 1
DOeff2 = DO avec = O2 − N 2 + K (2.9)
τ 2
DO2 DO2 DO2
RTiδ
(
xOint2 = 1 + xOcanal
2
− 1 exp) 4 FPt DOeff2 (2.11)
-29-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
La tension de cellule Ucell est fixée et supposée homogène sur toute la surface active des
électrodes. La densité locale de courant dans la tranche de cellule comprise entre r et r+dr est
alors calculée en vérifiant l’équation (2.12). Cette relation est une simplification de la loi
générale de Butler-Volmer sous la forme d’une combinaison linéaire des surtensions :
U cell = Ei=0 − (Rohm )i − (ηconc ,a + ηconc ,c + η act ) = f (i ) (2.12)
où Ei=0 est la tension en circuit ouvert correspondant à l’équation de Nernst (1.8) et ηconc les
surtensions de concentrations anodiques (pour l’indice a) et cathodique (pour indice c). Le
terme Rohm correspond aux résistances purement ohmiques incluant la résistance ionique de
l’électrolyte Re et la résistance de contact Rc entre les électrodes et l’interconnecteur. Le terme
η act représente les surtensions d’activation déterminées à partir de l’équation générale de
Butler-Volmer pour i tendant vers zéro:
RT i
η act = arcsinh (2.13)
F 2i0
où i0 est la densité de courant d’échange de la cellule.
Les surtensions de concentration sont induites par la différence de fractions molaires des
espèces électro-actives au voisinage des sites électro-catalytiques entre le circuit ouvert i=0 et
lorsque la pile débite un courant i≠0. En considérant que ces sites, représentés par les lignes
de TPBs, se réduisent aux interfaces électrodes/électrolyte, les surtensions de concentration
anodique ηconc, a et cathodique ηconc, c ont été exprimées dans le modèle par les équations
(2.14) et (2.15) dans lesquelles les activités sont exprimées en pressions partielles (pour
P0=1 atm) :
int_ anode / électrolyte , i ≠0 int _ anode / électrolyte , i =0
RT PH 2 0 PH 2
ηconc, a = ln int_ anode / électrolyte , i≠0 int_ (2.14)
2 F PH 2 PH 2 0 anode / électrolyte , i=0
int_ cathode / électrolyte , i =0
RT PO2
η conc, c = ln cathode / électrolyte , i ≠0 (2.15)
4 F POint_
2
où Pjint_ électrode / électrolyte est la pression partielle de l’espèce j prise à l’interface entre l’électrode
et l’électrolyte en circuit ouvert (i=0) ou sous courant (i≠0). L’hypothèse de localisation des
réactions électrochimiques aux interfaces géométriques de la cellule n’est vérifiée que pour
des électrodes suffisamment épaisses. En effet, il a été montré par de nombreux auteurs3,29,30
que la zone de réaction s’étend sur une épaisseur limitée dans l’électrode, estimée à ∼10 µm.
-30-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Dans ce module, le SRU est divisé en N mailles radiales. Ce maillage permet de décrire
l’écoulement des fluides dans les canaux de distribution des gaz anodique et cathodique. Pour
chacune des mailles, la densité locale de courant i est calculée en tenant compte du transfert
de masse à l’anode et la cathode afin de déterminer les surtensions d’activation et de
concentration locales. L’organigramme de la figure II.5 synthétise la structure du programme.
Figure II.5 : Organigramme du module électrochimique simulant la réponse du SRU à une tension imposée U (ce
calcul nécessite une première étape à courant à courant nul pour déterminer la tension à l’abandon Ei=0).
Les surfaces reliant les SRUs les uns aux autres, c’est-à-dire les surfaces libres hautes et
basses du SRU schématisé en figure II.6, ont été considérées comme adiabatiques. Cette
hypothèse n’est rigoureusement valide que pour la région centrale de l’empilement où le flux
de chaleur perpendiculaire aux cellules peut être négligé. Les gaz introduits au centre du SRU
sont supposés avoir une température contrôlée de 800°C. La température de l’enveloppe
entourant l’empilement a elle-même été fixée à 800°C. Cette dernière hypothèse est
représentative d’une pile placée dans un four ou directement au sein du cœur de chauffe d’une
chaudière.
-31-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Surface adiabatique
Entrée air
T=800°C
Pertes
radiatives Pertes
radiatives
Interconnecteur
Figure II.6 : Les conditions limites
du modèle thermique.
Anode
Interconnecteur
-32-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
∂T fuel
∑ n (r )C i
(r ) dr = h fuel ( r ) dS {Ts (r ) − T fuel (r )} (i = H 2 , H 2O, CO, CO2 , CH 4 ) (2.17)
∂r
i p
i
∂Tair
∑ n (r )C i
(r ) dr = hair (r )dS {Ts (r ) − Tair (r )} (i = O2 , N 2 ) (2.18)
∂r
i p
i
Le Nombre de Nusselt tend vers une valeur asymptotique puisqu’un écoulement laminaire
règne dans les canaux du SRU. En vue d’une application SOFC, Y.-P. Chyou et al.21 ont
démontré que ce nombre est égal à 5,38 pour un écoulement laminaire confiné entre deux
plaques (en considérant une des deux faces adiabatique). Cette dernière valeur a donc été
retenue dans le cadre du présent modèle pour calculer les coefficients d’échanges thermiques.
Il est important de souligner que, du côté de l’anode, le coefficient d’échange est
fortement dépendant de la position radiale dans le canal (fig. II.7a). En effet, le processus du
RID transforme le méthane et la vapeur d’eau introduits à l’anode en un mélange riche en
hydrogène qui sera ensuite oxydé électrochimiquement. Comme ce composant présente une
conductivité thermique bien plus forte que les autres espèces du gaz combustible, le
coefficient d’échange à l’anode est fortement dépendant de la teneur en hydrogène produit et
consommé le long de la cellule. Les termes ∑ niC ip sont également modifiés par les
i
changements de composition dus aux réactions électrochimiques et chimiques (fig. II.7b). Par
conséquent, ces évolutions des termes h et ∑ niC ip ont été pris en compte dans la
i
modélisation du RID.
-33-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
(b) ∑n C
i
i
i
p
L’équation bilan pour calculer le champ de température régnant dans les phases solides du
SRU a été écrite en tenant compte des transferts de chaleur par conduction, convection et
-34-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
rayonnement. Pour un élément de volume solide dV en contact avec un gaz sur une surface
dS, le bilan énergétique s’exprime de la manière suivante :
λ {div( grad (T ))}dV + dQ& = hgaz dS {Ts − Tgaz } + dφ&rad (2.20)
(conduction) + (termes sources) = (convection) + (rayonnement)
Cette équation signifie que les termes de conduction et production (ou consommation) de
chaleur dans le solide sont égaux aux échanges de chaleur par convection et rayonnement :
-35-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
• La seconde contribution dq& ref est due aux sources de chaleurs des réactions chimiques
endothermiques de reformage (1.9) et (1.10) et exothermique de gaz à l’eau (1.11). Ces
termes ont été placés dans le volume de l’anode. Ils s’expriment en fonction des vitesses
des réactions vI données par les équations (2.4) :
i =3
dq& ref = ∑ vi (r , z )∆H i dV (2.23)
i =1
-36-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
par la Méthode des Différences Finies (MDF) les nouvelles températures de gaz combustible
et comburant. Ces températures de fluide sont alors employées pour calculer un nouveau
chargement thermique. Le bouclage est ainsi mené sur plusieurs itérations jusqu’à
convergence du calcul.
Bilans énergétiques dans Résolution des EDP sur Création des flux de
les canaux d’écoulement l’ensemble de la structure chargement thermique pour
du dispositif : solide par MEF: la phase solide en fonction
⇒ Calcul des ⇒ Calcul des des températures de fluide.
températures des fluides températures des solides
Un modèle basé sur des lois physiques classiques a été développé pour rendre compte du
comportement thermique et électrochimique d’un SRU alimenté par du méthane. Ce modèle
permet d’établir la courbe de polarisation de la pile ainsi que les fractions molaires locales
dans les électrodes. Sur le plan thermique, il permet de calculer le champ de température et les
gradients thermiques dans le SRU, ainsi que les échanges de chaleur avec le milieu extérieur.
Il est donc possible d’établir les grandeurs caractéristiques du fonctionnement du SRU
permettant d’analyser ses performances (puissance, taux d’utilisation, rendement électrique et
régime thermique).
Les phénomènes transitoires au démarrage et à l’arrêt du système n’ayant pas été pris en
compte, le domaine d’application du modèle est restreint à un fonctionnement stationnaire de
la pile. De plus, les cinétiques de réactions de dépôt de carbone n’étant pas établies, le modèle
n’est rigoureusement valide que dans les conditions thermodynamiques où les réactions de
craquage du méthane (1.12) et de Boudouard (1.13) ne sont pas possibles.
-37-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Les paramètres introduits dans le modèle possèdent tous une signification physique. Les
tableaux A2-1 et A2-2 de l’annexe 2 rassemblent les données utilisées pour effectuer les
simulations. Ces données proviennent de la littérature scientifique, et correspondent à des
mesures expérimentales effectuées sur les matériaux de référence (i.e. Ni-
8YSZ//8YSZ//LSM). On notera que les paramètres microstructuraux sont typiques d’une
cellule SOFC standard. La valeur donnée pour l’émissivité des plaques d’interconnection n’a
pas été référencée. En effet, comme mentionné par D. Larrain et al.22, ce paramètre dépend
fortement de l’état d’oxydation du métal et peut varier entre 0,4 et 0,9. La valeur de 0,7
retenue pour cette étude correspond cependant à une valeur raisonnable pour un Inconel
chauffé à 800°C sous air32.
Une étape de validation du modèle a été effectuée. Pour ce faire, le modèle a été adapté
pour décrire le comportement du banc de test électrochimique SOLO. Ces adaptations ont
tenu compte de l’écoulement des gaz spécifique à ce banc. Par ailleurs, on notera que ce
montage présente les mêmes conditions aux limites qu’un empilement placé au sein d’une
chaudière : la chaleur dégagée par la cellule en fonctionnement peut être évacuée par
rayonnement vers les parois internes du four.
Une cellule commerciale constituée par les matériaux standard (Ni-YSZ//YSZ//LSM) a
été testée sous hydrogène humidifié à 3%. L’essai a été réalisé avec une température du four
régulée à 800°C. La courbe de polarisation obtenue est présentée en figure II.9. En adaptant la
résistance de collectage du courant non optimisée de ce banc à 0,8 Ω.cm2, le modèle permet
de bien simuler la courbe de polarisation expérimentale. Ce résultat indique que les
hypothèses du module électrochimique sont suffisamment pertinentes pour reproduire
correctement la réponse électrochimique d’une cellule SOFC.
1200
1000
Tension (mV)
0
0 100 200 300 400
Densité de courant (mA/cm²)
-38-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Les températures en entrée et sortie de cellule des gaz combustible et comburant ont été
également mesurées en fonction du courant débité par la pile. Les points obtenus ont été
comparés aux résultats des simulations (fig. II.10). Les évolutions de température sont
respectées que ce soit (i) le long des canaux d’écoulement ou (ii) en fonction du courant
débité. De plus, on observe une faible différence entre les températures mesurées et celles
simulées. Ces résultats permettent là encore une validation des hypothèses du module
thermique.
L’étude du comportement électrochimique des cellules alimentées par un mélange
combustible de CH4, H2O et CO2 a été menée par K. Girona dans le cadre de son travail de
doctorat. Cette étude28 a permis de valider les constantes cinétiques des réactions de vapo-
reformage et de reformage à sec introduites dans le modèle.
830
810
800
0 5 10 15 20 25
Intensité débitée par la cellule (A)
810
800
0 5 10 15 20 25
Intensité débitée par la cellule (A)
Figure II.10 : Evolution de la température en entrée/sortie cathode et anode en fonction de l’intensité débitée par
la cellule. Comparaison entre les mesures des thermocouples et celles simulées dans les mêmes conditions
(surface active de 75 cm², nH2=6,0x10-4 mol/s, nH20=1,85x10-5 mol/s, ℜ air = 2,4 , Tfour=800°C).
-39-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
3.1 Introduction
Les cellules SOFCs sont des structures céramiques fragiles soumises à des chargements
mécaniques dont les origines sont diverses. L’étape de mise en forme des cellules induit des
contraintes résiduelles à température ambiante. Par ailleurs, des contraintes peuvent apparaître
en fonctionnement. Elle sont alors dues à un chargement extérieur provoqué par le bridage
des cellules placées dans l’empilement. Le gradient thermique généré par les réactions
électrochimiques, voire chimiques pour le reformage interne, est également susceptible de
modifier substantiellement cet état de contrainte. Enfin, lors d’un arrêt accidentel ou non
d’alimentation des gaz combustibles, l’entrée d’air dans le compartiment anodique de la pile
induit une ré-oxydation plus ou moins totale de l’anode. Cette ré-oxydation conduit à un fort
chargement mécanique des cellules.
Le modèle mécanique a été développé pour étudier l’ensemble de ces phénomènes. Il a été
divisé en deux modules implémentés dans le code Cast3M25. Le premier module permet de
déterminer les différents types de contraintes internes des cellules à anode ou électrolyte
support. Le chargement mécanique externe des cellules n’a cependant pas été pris en compte.
En d’autres termes, les calculs ont été menés en supposant que les cellules étaient libres de se
déformer et qu’elles n’étaient pas bridées par les plaques d’interconnexion. Cette hypothèse
est justifiée si l’on considère que la pâte de verre maintenant la cellule est visqueuse à
température de fonctionnement de la pile et présente une température de transition vitreuse
suffisamment basse.
Le second module du modèle a été dédié à l’estimation du risque de dégradation
mécanique des cellules sous l’effet du champ des contraintes. La méthodologie d’étude de
l’endommagement a été développée à la fois pour le champ régulier (i.e. classique) mais
également pour les singularités de la structure : cf. points A, B, C et D de la fig. I.8. En effet,
au voisinage de ces points, le champ régulier devient totalement négligeable devant un champ
dit singulier tendant en théorie vers l’infini33. On comprend alors l’importance de tels points
qui constituent des lieux privilégiés pour l’amorçage de la rupture.
Peu de modèles mécaniques sont actuellement disponibles dans la littérature scientifique
pour ce domaine d’application. A. Atkinson et al.34,35,36 ont développé des approches
analytiques pour estimer l’endommagement après mise en forme des cellules et lors de la ré-
oxydation de l’anode. A. Nakajo et al.37 et A. Selimovic et al.38 ont développé des modèles
numériques respectivement sur la géométrie tubulaire et planaire. L’objectif de ces modèles
est d’estimer les contraintes thermiques en fonctionnement. Dans les deux cas, les cellules ont
été supposées libres de se déformer. Notons toutefois que A. Selimovic et al.38 n’ont pas pris
en compte les contraintes de mise en forme et que A. Nakajo et al.37 ont commis une erreur
-40-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
dans le calcul des probabilités de rupture (estimation fausse du volume effectif V0 des essais
anneau sur anneau).
En considérant la symétrie de révolution des cellules autour de l’axe vertical z (cf fig. I.8),
les simulations ont été limitées à des calculs à deux dimensions en mode axisymétrique. La
détermination du champ des déplacements à l’équilibre sur l’ensemble de la structure
modélisée a été établie par MEF. Les calculs ont été exécutés sur la base d’un comportement
purement élastique et isotrope des trois couches de la cellule. Les relations entre les
contraintes σij et les déformations εij sont alors données par les équations de Hooke. Pour une
distribution des indices 1 pour l’axe x, 2 pour l’axe θ et 3 pour l’axe z, on obtient :
k =3
Eε ij = (1 + ν )σ ij − ∑νδ σ
k =1
ij kk (2.26)
Cathode Electrolyte
A
B
Electrolyte Anode
(a) Eléments entourant la singularité A (cf fig. I.8) (b) Eléments entourant la singularité B (cf fig. I.8)
Figure II.11 : Exemple du maillage des singularités de la cellule à anode support.
-41-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
On considère ici les contraintes induites lors de l’élaboration des cellules par les
techniques de mise en forme par voie humide des céramiques (coulage en bande, sérigraphie).
Dans le cas de la géométrie à anode support, le tri-couche est supposé libre de contraintes à la
température de frittage des couches minces de la cellule39. Cette température est environ égale
à celle du co-frittage entre le substrat anodique et l’électrolyte mince. Une valeur classique de
1350°C a été retenue dans le cadre de ce modèle39,40. Les contraintes résiduelles sont donc
simulées en supposant qu’elles sont uniquement dues aux incompatibilités de déformation
entre les couches de la cellule, ces dernières étant provoquées par les dilatations
différentielles survenant lors du refroidissement depuis 1350°C jusqu’à la température
ambiante.
Lors de la mise en forme de la cellule à électrolyte support, l’anode est d’abord déposée
sur le substrat en YSZ puis frittée à 1350°C. La cathode en LSM est ensuite mise en forme
sur l’autre face de l’électrolyte puis frittée à des températures variant entre 1100°C et
1300°C41,42 . Ces deux étapes ont été modélisées de la manière suivante :
• Etape 1 : Les contraintes résiduelles du bi-couche anode/électrolyte sont calculées pour
un refroidissement de 1350°C à température ambiante. La relaxation des contraintes
associée à un éventuel endommagement mécanique des matériaux est ensuite évaluée.
• Etape 2 : Les contraintes résiduelles de la cellule complète sont calculées pour un
refroidissement depuis 1200°C. Ce calcul est effectué en tenant compte d’un chargement
initial de la cellule correspondant au niveau de contraintes à 1200°C du bi-couche
anode/électrolyte.
Le procédé de fabrication des cellules est classiquement effectué sous air quel que soit le
type de configuration envisagé. Par conséquent, l’ensemble des calculs a été effectué en
considérant le cermet anodique dans son état oxydé (NiO-YSZ).
-42-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
La première contribution σ ij1350°C →800°C est relative aux contraintes résiduelles de mise en forme
calculées à 800°C pour le cermet dans son état oxydé. La seconde contribution σ ijNi→ NiO
correspond au chargement de la cellule résultant de l’expansion volumique du cermet. Ce
terme est calculé dans le modèle en imposant une déformation εox isotrope dans l’anode
suivant les trois directions de l’espace. Cette déformation est simulée dans le calcul aux
éléments finis par une expansion thermique due à un chauffage fictif de la cellule ∆Tfictive. La
variation de température est choisie de telle sorte que l’anode subisse la déformation
souhaitée :
ε ox = α anode ∆T fictive (α cathode = α electrolyte = 0) (2.28)
-43-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Les céramiques et plus particulièrement les céramiques poreuses contiennent des défauts
intrinsèques répartis aléatoirement qui peuvent constituer des sites d’amorçage de la rupture.
Par conséquent, ces matériaux présentent une dispersion statistique sur leur limite à rupture.
La théorie développée par Weibull47 pour décrire ce type de comportement a été adoptée dans
le cadre de ce travail. On trouvera en annexe 1 une présentation plus précise de cette
approche. Pour chacune des couches de la cellule, on peut calculer une probabilité de survie
Ps en fonction de la contrainte appliquée σ :
σ m dV j
Ps (σ ,V j ) = exp − ∫
j avec j = anode, électrolyte ou cathode
(2.29)
V σ 0 V0
j
où Vj représente le volume de la couche considérée (anode, électrolyte ou cathode). Le
module de Weibull m, la contrainte caractéristique σ0 et son volume associé V0 sont les trois
paramètres d’une distribution ϕ(σ) introduite pour décrire le comportement statistique du
matériau. Retenons seulement que seul le produit V0σ 0 est une caractéristique intrinsèque du
m
matériau.
Les cellules SOFC étant soumises à un état de contrainte multiaxial, la probabilité de
survie de chaque couche doit être calculée comme le produit des probabilités déterminées
pour les trois contraintes principales σ i :
j
( ) i =3
Ps σ , V j = Π Ps (σ i , V j ) avec
i =1
j j
σ m dV j
Ps (σ i ,V j ) = exp − ∫ i
V σ 0 V0 (2.30)
j
-44-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Cette dernière équation suppose que les trois contraintes principales agissent indépendamment
sur la rupture.
Le terme Vsing,j est défini par un rayon dit de k-dominance Rk correspondant à la section en
coupe du volume dans lequel les champs singuliers sont dominants (fig. II.12). Le rayon Rk
dépend de la géométrie de la cellule et peut être déterminé par une règle simple (cf. chapitre
IV).
-45-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Cathode
Electrolyte
r
Anode
θ Figure II.12 : Définition des
volumes d’intégration Vj dans le
cas d’une cellule à électrolyte
Vj=cathode Vj=electrolyte support. Les zones singulières sont
définies par le rayon Rk et décrites
ρ
ℓ ℓρ par un système de coordonnées
ω C
ω polaires locales (ℓ,ω).
Rk D
Rk
Vj=electrolyte Vj=anode
Cette description à plusieurs paramètres du champ singulier peut être remplacée par une
description plus simple48 :
− λ*eq
σ ij = keq l f ij , eq (ω , ε ) pour l ≤ Rk (2.33)
-46-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
La divergence des champs sur le petit volume entourant le point singulier induit une
difficulté à utiliser la théorie de Weibull. En effet, lorsque la condition mλ*eq ≥ 2 est vérifiée,
on peut montrer que sous un chargement même très faible, la contrainte est toujours
suffisamment forte pour déclencher la rupture sur un défaut contenu dans le volume singulier.
Quel que soit le chargement, on calcule alors une probabilité de survie nulle, ce qui n’est
évidemment pas réaliste. Par conséquent, l’utilisation de la théorie de Weibull au voisinage
d’une singularité n’est pas immédiate et a demandé une étude particulière tenant compte de la
géométrie locale et réelle de la singularité. Ce travail est présenté en annexe 1.
Le problème a été résolu en tenant compte d’un facteur physique local qui conduit à
borner les valeurs de la contrainte dans le voisinage d’un point singulier. Il existe en effet
toujours en fond de singularité un rayon de raccordement ρ qui modifie sur une très courte
distance la forme théorique du champ de contrainte (2.33). En tenant compte de cet effet, on
montre en annexe 1 que la probabilité de survie dépend alors de la valeur du rayon de
raccordement ρ. Il apparaît donc comme nécessaire de pouvoir tester la sensibilité de la
probabilité de survie en fonction de ce paramètre. Néanmoins, dans la pratique, la valeur du
rayon de raccordement dépend des conditions d’élaboration de la cellule et n’est pas connue
avec précision. Par ailleurs, cette étude demanderait de réaliser des calculs éléments finis sur
des géométries locales variables en maillant finement le rayon de raccordement. Afin de
s’affranchir de cette difficulté, une équivalence a été établie entre la probabilité calculée en
tenant compte de ce rayon et celle établie en excluant du domaine d’intégration des champs
un petit volume entourant la singularité.
-47-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
La zone singulière est simplement maillée en considérant une forme idéale de la singularité (un angle
parfait à 90° pour les singularités B ou C par exemple).
La simulation aux éléments finis est exécutée et les champs de contrainte sont extraits du calcul. Ces
champs sont intégrés sur chaque élément du maillage pour déterminer la probabilité de survie de la
structure étudiée (i.e. l’anode, l’électrolyte ou la cathode).
La probabilité de survie est de nouveau calculée en enlevant du domaine d’intégration les premières
couronnes d’éléments entourant le point singulier mais contenu dans le rayon de k-dominance Rk
délimitant la zone singulière.
La probabilité est-elle
sensible au volume exclu ?
Non Oui
Si la probabilité de survie n’est pas sensible à Si la probabilité de survie dépend de la zone exclue, alors le
la zone exclue, alors le couple défini par couple singularité/module de Weibull est nocif pour la
l’ordre de la singularité et le module de structure et constitue un lieu privilégié d’amorçage de la
Weibull n’est pas dangereux pour la rupture. Dans ce cas, la probabilité de survie doit être calculée
structure étudiée : la densité de probabilité par l’une des deux méthodes équivalentes :
de survie calculée dans la zone singulière
n’est pas inférieure à celle déterminée dans
La probabilité peut se La probabilité de survie peut-être
le restant de la structure pour un
déterminer en maillant également calculée en excluant du
chargement donné.
le rayon de domaine d’intégration un volume
raccordement ρ présent contenu dans la zone singulière :
Pour une application SOFC, la probabilité de en fond d’entaille. V j = Vtot , j − Vexclu ( Rex ) avec Rex < Rk
survie peut être directement calculée sur où Vj représente le domaine
le maillage complet de la couche étudiée. d’intégration et Vtot,j le volume de
la taille de la zone exclue
la couche considérée. Le terme Rex
peut être reliée au rayon
représente le rayon correspondant à
de raccordement en
la section en coupe du volume
fond d’entaille. Pour un
exclu.
angle d’entaille à 90° et
un module de Weibull
correspondant à celui
de l’YSZ (m=7), il a
été montré que ρ∼10Rex
(cf. annexe 1).
Figure II.13 : Organigramme de la méthodologie développée pour tester la nocivité d’une singularité.
L’équivalence entre le champ singulier (2.33) et celui utilisé en annexe 1 (A1.29b) (relative à une singularité
purement géométrique sollicitée en mode 1) permet l’application de cette méthode aux singularités d’une cellule
de type SOFC.
Etant donné la grande fragilité des matériaux SOFCs, on peut raisonnablement supposer
qu’une couche mince soumise à des contraintes résiduelles en traction ne commencera pas à
se décoller de son substrat, mais rompra plutôt par l’apparition de fissures transverses (i.e.
perpendiculaires au plan du dépôt). Inversement, une décohésion d’interface pourra se
produire si la couche mince est soumise à des contraintes résiduelles en compression.
En effet, cet état de contrainte peut provoquer un décollement du film par buckling ou
« cloquage »49 (fig. II.14a). Ce mécanisme de rupture nécessite un défaut initialement présent
dans l’interface. Ce dernier pourra se propager dès que l’énergie élastique emmagasinée dans
le dépôt dépassera un seuil critique. Ce seuil correspond à l’énergie de rupture interfaciale (ou
-48-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
σ σ σ τmax τmax σ
Le modèle mécanique permet le calcul des contraintes (i) induites par la mise en forme
des cellules, (ii) en fonctionnement et (iii) au cours de la ré-oxydation de l’anode. Ce modèle
est pertinent pour des architectures où la cellule n’est pas bridée par le système d’étanchéité
avec l’interconnecteur. Il est donc applicable soit pour des piles utilisant une pâte de verre
visqueuse à hautes températures, soit pour des systèmes sans étanchéité.
-49-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
On rappelle que le calcul des contraintes d’élaboration repose sur deux hypothèses fortes :
elles stipulent que les contraintes résiduelles sont uniquement provoquées par le
refroidissement de la cellule depuis sa température de frittage, et que le tri-couche céramique
présente un comportement purement élastique sur la gamme de température envisagée. Ces
hypothèses de calculs sont validées par les mesures de contrainte effectuées par W. Fisher et
al.39 par diffraction des rayons X. Ces auteurs ont utilisé des cellules à anode support
commerciales (FZJ-Jülich) constituées par les matériaux de référence des SOFCs (NiO-
YSZ//YSZ//LSM). Une contrainte de compression de -560 MPa a été mesurée dans
l’électrolyte mince à température ambiante.
Ces contraintes internes ont été calculées en simulant la géométrie exacte des cellules.
Une contrainte résiduelle en compression de -583 MPa a été trouvée à température ambiante.
La bonne adéquation entre la contrainte calculée et celle mesurée permet d’établir la
pertinence des hypothèses du calcul des contraintes d’élaboration (et de manière générale, du
comportement élastique des matériaux de cellule sur la gamme de température étudiée).
-50-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Les mesures d’adhérence sont réalisées en faisant se propager une fissure à l’interface
cathode/électrolyte. Pour ce faire, une plaquette découpée dans la cellule est mise en flexion à
l’aide d’un dispositif à 4 points d’appui symétriques (fig. II.15). P.G. Charalambides et al.50
ont montré que ce type de chargement permettait d’obtenir un moment de flexion constant
entre les points d’appui internes assurant ainsi une propagation stationnaire de la fissuration.
En d’autres termes, le délaminage s’effectue à force constante par la propagation de deux
fissures d’interface se développant symétriquement depuis le centre de l’éprouvette.
Cependant, dans le cas d’une cellule SOFC, la cathode mince poreuse ne permet pas
d’emmagasiner suffisamment d’énergie élastique pour assurer le délaminage. Pour remédier à
ce type de problème, I. Hofinder et al.51 ont proposé l’adjonction de deux contreplaques non
jointives sur la couche mince à décoller. L’écartement entre ces deux contreplaques constitue
en outre une entaille à partir de laquelle la rupture pourra s’amorcer. Une plaque est
également ajoutée du côté de l’anode qui joue un rôle de raidisseur de l’éprouvette. On peut
ainsi maintenir des taux de restitution d’énergie adéquats pour la fissuration, tout en obtenant
des forces appliquées mesurables. Ce raidisseur présente un second avantage en limitant le
risque de déviation de la fissure en mode I dans l’électrolyte. Le dimensionnement en
épaisseur de ces plaques a été effectué par G. Delette et al.52. Il a été ainsi montré que des
épaisseurs supérieures à 1 mm ne permettaient plus d’assurer un taux de restitution d’énergie
stable en fonction de l’avancée de fissure.
Lintér. 1
Colle 2
Anode 3
Numérotation des
couches de
l’assemblage
Le collage de la cellule sur des plaques rigides permet également d’éviter la relaxation des
contraintes résiduelles lors du délaminage. Par conséquent, celles-ci peuvent être négligées
-51-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
P² L² 1 1
G= * * − * * (2.34)
4b ² Ec , 4 I c , 4 Ec , 7 I c ,7
Avec
k
tc ,i + tc ,i−1
2
*
E I *
c ,k c ,k = ∑ E I i + ti
*
i − Y0,k
i =1 2
∑ E [t ]
k
* 2
i c ,i − t c2,i −1
Y0,k = i =1
k
(2.35)
2∑ E t *
i i
i =1
3 i
t Ei
Ii = i
, tc ,i = ∑ t j , Ei* =
1 −ν i
2
12 j =1
-52-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Des cellules commerciales Indec de type ESC1 à électrolyte support ont été découpées au
laser en barrettes rectangulaires de 40x7 mm. Les matériaux constitutifs de ces cellules sont,
pour l’électrolyte, de la zircone partiellement stabilisée 3% molaire d’yttrium (3YSZ). La
cathode est structurée en une couche externe en LSM pur permettant le collectage du courant
et une couche fonctionnelle constituée d’un composite LSM/3YSZ. L’anode est un cermet à
base de nickel et de cérine dopée avec du gadolinium (Ni/CGO). Les dimensions et les
coefficients élastiques de ces matériaux sont récapitulés dans le tableau II-1. Contreplaques et
raidisseur ont été découpés dans une tôle en acier inoxydable 304 puis assemblés aux barrettes
céramiques dans un gabarit en téflon. L’utilisation de ce gabarit permet d’assurer une
reproductibilité des épaisseurs de couche de colle et un écartement constant d’environ 1 mm
entre les raidisseurs. L’observation au microscope optique d’une coupe polie de l’éprouvette
révèle des épaisseurs d’adhésif constantes d’environ 55 µm côté cathode et 13 µm côté anode
(fig. II.16). L’excédent de colle présent en fond d’entaille est totalement enlevé à l’aide d’un
scalpel. L’adhésif utilisé est une résine époxyde (Epotechny E505®) dont la réticulation
nécessite un traitement thermique à 100°C pendant 30 minutes. La pénétration de la colle
jusqu’à l’interface cathode/électrolyte a été vérifiée au Microscope Electronique à Balayage
(MEB). Les fractographies obtenues révèlent sans ambiguïté une imprégnation complète de la
cathode (fig. II.17).
-53-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
cathode
cathode
Électrolyte Électrolyte 10 µm
10 µm
La porosité de la cathode proche de l’interface avec l’électrolyte a été estimée par analyse
d’image sur des coupes polies observées au MEB. Trois échantillons ont été préparés et
plusieurs zones de la couche fonctionnelle ont été analysées. La fraction de zone noire (pores
remplis par la colle) par rapport à la zone blanche (céramique) a été estimée en utilisant le
logiciel ImageJ, après seuillage du cliché initial (fig. II.18). Une porosité moyenne de
ε=0,21±0,025 a été ainsi obtenue.
-54-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
10 µm Électrolyte 10 µm
Électrolyte
100
90
80 Contreplaque
70 Figure II.19 : Courbe typique
de la force en fonction du
Force (N)
60 Anode
déplacement imposé de la
50 Électrolyte
Propagation traverse
40 (Vtraverse=3,25 µm.s-1 jusqu’aux
30 Amorçage
pics d’amorçage de rupture puis
20 Vtraverse=0,651 µm.s-1 sur le
10
plateau de propagation,
Entaille de l’éprouvette Lintér.=16 mm et Lextér.=32 mm).
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8
Déplacement traverse (mm)
-55-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
200 µm
Figure II.20 :
Entaille Observation au
Colle de l’éprouvette microscope optique
Cathode de l’amorçage puis
de la déviation de
la fissure dans
l’interface
Électrolyte cathode/électrolyte
-56-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
Figure II.21 :
Observation au
MEB et pointé
EDX de la surface
de l’électrolyte
après décollement
Il a été montré par un certain nombre d’auteurs60-63 que l’adhérence d’une interface
augmente substantiellement avec la mixité modale (on rappelle que ce paramètre représente la
part de mode de cisaillement − mode II − par rapport au mode d’ouverture − mode I − que
subit la fissure piégée dans l’interface : cf. annexe 3). Il est donc essentiel d’associer à la
valeur d’adhérence la mixité modale qui lui est rattachée. Plusieurs définitions de ce
paramètre étant possible, on retiendra ici celle qui présente l’avantage d’avoir une
signification physique64 : telle que définie par l’équation (2.38), la mixité modale ψ r= *
RK
représente la part de cisaillement σxy sur la part de traction σyy, agissant dans le plan de
l’interface juste en amont de la pointe de fissure (cf. annexe 3) :
K II σ
ψ r*=R = arctg + ε ln RK = arctg xy
σ (2.38)
KI
K
yy θ =0,r = RK
où KI et KII sont les facteurs d’intensité de contraintes de la fissure d’interface en mode I et II,
ε un paramètre relié aux coefficients élastiques du bi-matériau et RK le rayon entourant la
pointe de fissure dans lequel les champs singuliers sont dominants. On notera que
ψ r=
*
RK évolue de 0° pour un mode d’ouverture quasiment pur à 90° pour un mode de
cisaillement pur.
Afin de déterminer la mixité modale du test de flexion 4 points utilisé pour cette étude,
une modélisation de l’éprouvette fissurée a été effectuée sous Cast3M. La méthode « semi-
énergétique » proposée par Matos et al.65 pour calculer ψ r=
*
RK a été implémentée dans le code
-57-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
de calcul puis comparée avec succès à deux autres approches numériques (détaillées en
annexe 3).
La mixité modale associée à l’adhérence de la cathode imprégnée sur l’électrolyte (soit
Gmes.) a pu être ainsi évaluée à 31°. La mixité modale du système colle/électrolyte nu (soit
Gcolle/YSZ) a été estimée à 59°. Ces deux valeurs s’écartent significativement de celle
couramment rapportée pour le test de flexion 4 points symétrique (~45°). En effet, dans notre
cas, les couches de colle sont peu rigides et peuvent facilement se déformer par cisaillement.
Dans le premier cas (ψ r=
*
RK =31°), le mode d’ouverture de la fissure se trouve favorisé puisque
0 31 59 90
Mixité modale (°)
-58-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
4.5 Bilan
Une méthodologie a été mise en place pour mesurer l’adhérence des électrodes poreuses
sur un électrolyte dense. La mesure repose sur un test de flexion 4 points. Les cellules doivent
être préalablement assemblées avec des plaques en acier inoxydable. Il a été montré que
l’agent adhésif pénètre dans l’électrode poreuse jusqu’à l’interface à décoller. Il a été proposé
l’utilisation d’une loi des mélanges pour corriger les mesures biaisées par la présence de colle
à l’interface.
Cette méthodologie a été appliquée à l’interface cathode/électrolyte d’une cellule
commerciale (Ni-CGO//YSZ//LSM). On trouve une adhérence de l’ordre de 20 J/m².
5 Conclusion
Un modèle a été développé et validé sur des cas tests afin de simuler le comportement
électrochimique et thermique d’un SRU planaire. Ce modèle permet de décrire le
fonctionnement en RID du méthane avec des conditions thermiques imposées par
l’incorporation de la pile au sein du cœur de chauffe d’une chaudière. Il a été couplé à un
modèle permettant le calcul des contraintes internes aux cellules. Une méthodologie a été
mise en place pour estimer le risque de dégradation des cellules chargées mécaniquement.
Cette méthodologie tient compte des différents modes d’endommagement envisageable
(délaminage, rupture dans le volume des couches et amorçage depuis les singularités de la
cellule).
Les paramètres de cet outil numérique sont disponibles dans la littérature scientifique pour
les matériaux de référence des SOFCs. Seule l’adhérence des interfaces de la cellule a
nécessité le développement d’une méthodologie de mesure spécifique.
Les deux chapitres suivant sont dédiés aux résultats des simulations. On notera qu’un
effort particulier a été porté sur la comparaison et la confirmation de ces résultats au regard de
données expérimentales.
-59-
Chapitre II : Les outils développés pour l’étude
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-62-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Chapitre III
Recherche des conditions de fonctionnement
optimales de la pile alimentée directement sous
méthane
Ce chapitre est dédié aux principaux résultats obtenus avec le modèle « thermo-
électrochimique ». Une partie de ces résultats a fait l’objet d’une publication disponible en
référence 1.
Le travail présenté ici vise tout d’abord à établir la géométrie de cellule qui puisse assurer
un reformage efficace du méthane au sein de l’anode. Pour ce faire, la répartition des
réactions chimiques au sein du cermet anodique sera analysée pour un fonctionnement en RID
du méthane.
En considérant ensuite la géométrie de cellule optimale, la faisabilité de l’intégration de la
pile dans la chaudière sera étudiée. Pour ce faire, la réponse thermique et électrochimique du
SRU sera établie en fonction de ses points de fonctionnement (i.e. tension de cellule et débit
de combustible injecté à l’anode).
Afin de connaître les performances intrinsèques de la pile et donc son degré
d’optimisation requis pour l’application visée, l’étude sera effectuée sur deux SRUs dits de
« haute » et « moyenne » performances électrochimiques. Ils seront notés respectivement
SRUh et SRUm dans la suite de ce manuscrit. A la fin de ce travail, il sera possible de
préconiser le type de cellule et de SRU, ainsi que la gamme de fonctionnement compatible
avec l’application visée. Un effort particulier sera porté pour confronter les résultats de
simulation à des mesures expérimentales.
La géométrie et les matériaux des SRUs sont décrits au chapitre I. Les paramètres utilisés
dans les simulations sont donnés en annexe 2. Les deux SRUs envisagés se distinguent au
travers de deux caractéristiques présentant des valeurs différentes selon leur degré
d’optimisation. La première caractéristique correspond au courant d’échange i0 de la cellule.
On rappelle que ce paramètre est directement relié à la densité de lignes triples aux
électrodes, et donc à l’optimisation microstructurale des interfaces et des couches
fonctionnelles de la cellule. La seconde caractéristique correspond aux résistances de
collectage du courant Rc. Ces dernières dépendent d’un grand nombre de paramètres, parmi
lesquels on trouve principalement la force de serrage appliquée sur l’empilement, la nature et
la géométrie de l’interconnecteur, ainsi que son degré d’oxydation. Les valeurs utilisées pour
définir les deux types de SRU sont fournies dans le tableau III-1. Elles correspondent aux
-63-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
limites hautes et basses des données disponibles dans la littérature scientifique concernant les
matériaux de cette étude (cf. tableau A2-1 de l’annexe 2).
Les performances électrochimiques du SRUm alimenté directement sous méthane ont été
étudiées en fonction de l’épaisseur d’anode sur une gamme variant de 60 µm à 2200 µm. Les
autres dimensions de la cellule correspondent à celles données au chapitre I pour la variante à
électrolyte support (les épaisseurs de la cathode et de l’électrolyte sont fixées respectivement
à 60 µm et 150 µm avec une surface active de 98,5 cm²).
Les simulations des courbes de polarisation ont été réalisées pour un débit de méthane
introduit en entrée de l’anode égal à nCH 4 = 14,686x10-5 mol/s, un rapport H2O/CH4=1 et un
ratio d’air de ℜ air = nair n fuel = 3 . Les résultats obtenus sont donnés en figure III.1. Ils
montrent que les performances électrochimiques sont nettement améliorées en augmentant
l’épaisseur d’anode jusqu’à ∼1000 µm. Au delà de cette valeur, les courbes de polarisation
deviennent pratiquement identiques. On notera que la tension à l’abandon Ei=0 et le courant
limite de la cellule sont tous deux améliorés avec l’augmentation de l’épaisseur d’anode.
-64-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
• Plus les anodes sont épaisses, plus la proportion d’hydrogène contenue dans le gaz
combustible est importante, et plus, selon l’équation de Nernst (1.8), la tension à l’abandon
Ei=0 sera élevée (fig. III.3).
• Le courant limite de la cellule est directement relié à la surtension de concentration
anodique ηconc,a. Cette surtension a été tracée en fonction de l’épaisseur d’anode pour une
tension de cellule de 500 mV (fig. III.4). Pour les plus fines couches (hanode<500 µm), les
fortes surtensions de concentrations observées sont dues à un manque d’hydrogène à
l’interface électrochimique anode/électrolyte. Cette carence en combustible s’explique par
une faible production d’hydrogène dans le cermet. Inversement, pour les anodes épaisses
(hanode >500 µm), les surtensions de concentration augmentent doucement à cause d’une
limitation par le transfert de masse : le transport d’hydrogène jusqu’aux sites d’électro-
-65-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
oxydation est dans ce cas gêné par la diffusion des espèces au travers de la couche anodique
épaisse.
Tension à l’abandon Ei=0 (mV)
Production d’
On observe en figure III.2 que le taux de conversion du méthane tend vers une valeur
asymptotique pour les épaisseurs de cermet les plus importantes (∼80% pour les présentes
conditions d’alimentation en combustible). Ce résultat suggère que la profondeur sur
laquelle s’étend la zone réactionnelle de reformage du méthane est limitée. Cette remarque
est illustrée en figure III.5a et III.5b : les vitesses des réactions chimiques (1.9-1.11) ainsi
que la vitesse résultante de production d’hydrogène ont été tracées selon leurs positions
axiales z (avec z<0, soit dans l’anode). Ces vitesses ont été prises au centre de la cellule
(r=0) et calculées à courant nul pour une épaisseur du cermet de 2200 µm. On observe
que la vitesse de production de l’hydrogène est directement contrôlée par la vitesse de la
réaction de vapo-reformage. Celle-ci est en effet significativement plus importante que les
deux autres réactions chimiques. On note que la vitesse de la réaction de vapo-reformage
diminue fortement depuis la surface externe du cermet jusqu’à l’interface
anode/électrolyte (fig. III.5a). Il apparaît alors comme cohérent que la vitesse de
production d’hydrogène suive la même tendance au travers du poreux anodique (fig.
-66-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Interface
anode/électrolyte
(a)
Anode
z (µm)
Vitesse (mol.s-1.m-3)
Interface
anode/électrolyte
Position dans l’épaisseur d’anode
(b)
Vitesse de production d’hydrogène
z (µm)
Anode
Vitesse (mol.s-1.m-3)
Figure III.5 : Vitesses des réactions chimiques en fonction de leurs positions axiales z à l’intérieur du cermet.
(r=0, Ei=0, épaisseur d’anode : hanode =2200µm, épaisseur de l’électrolyte : hélectrolyte=150µm, SRUm, surface
active de 98,5 cm², nCH4=14,686x10-5 mol/s, H2O/CH4=1, ℜ air = 3 , Tisolation/chaudiére=800°C).
L’évolution des vitesses des réactions chimiques dans l’épaisseur d’anode, soit le long
l’axe vertical z, s’explique par la répartition des composants du gaz dans le cermet. Comme
illustré en figure III.6, les fractions molaires de méthane et de vapeur d’eau diminuent depuis
les couches externes de l’anode jusqu’à l’interface avec l’électrolyte. En effet, dès que le gaz
combustible pénètre les premières couches du cermet, le mélange de méthane et d’eau est
fortement consommé par la réaction de vapo-reformage. Selon l’expression mathématique des
vitesses des réactions chimiques (2.4), la consommation de ces réactifs conduit simultanément
à une diminution de la vitesse de la réaction de vapo-reformage (fig. III5a). Cette évolution
est possible parce qu’une diffusion insuffisante limite le transfert de masse, et empêche une
homogénéisation des espèces au travers de l’anode poreuse. On notera que cette dépendance
-67-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
de la concentration en méthane selon la position dans l’épaisseur d’anode est en bon accord
avec les résultats numériques établis par W. Lehnert et al.8.
On observe une légère augmentation de la réaction de reformage à sec au travers de
l’anode (fig. III5a). Cette tendance s’explique par la production de dioxyde de carbone par la
réaction de gaz à l’eau. Cette réaction qui est à l’équilibre thermodynamique à 800°C9 (i.e.
Ke∼1) est en effet toujours décalée dans le sens d’une production de dioxyde de carbone et
d’hydrogène. Ce décalage s’observe dans les premières couches d’anode (z∼0) : il s’explique
par la grande quantité d’eau contenue dans le gaz combustible, et par la présence de
monoxyde de carbone produit par la réaction de vapo-reformage. Dans les présentes
conditions d’étude (i=0), le décalage de la réaction de gaz à l’eau est limité à l’interface
anode/électrolyte du fait de la présence d’une grande quantité d’hydrogène et d’une
diminution de la fraction molaire d’eau.
Interface
anode/électrolyte
Eau
Position dans l’épaisseur d’anode
Anode
Fraction molaire
1.1.2 Analyse de sensibilité sur les débits : optimisation de l’épaisseur d’anode pour le
RID
-68-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
entrée
où I est le courant total débité par la cellule, F la constante de Faraday et nCH 4
le débit de
méthane injecté en entrée de l’anode.
On déduit des courbes tracées en figures III.7 et III.8 qu’une anode doit présenter une
épaisseur supérieure à 400-500 µm pour assurer des taux de conversion de méthane suffisants,
tout en maintenant des taux d’utilisation acceptables.
Taux de conversion du méthane (%)
nCH 4 ,
nCH 4
Figure III.8 : Taux d’utilisation du
, combustible Uc calculé pour
nCH 4 , différents débits de combustible
nCH 4 , injecté dans la cellule et tracé en
fonction de l’épaisseur d’anode.
(U=0,69Volts, hélectrolyte =150µm,
SRUm, surface active de 98,5 cm²,
H2O/CH4=1, ℜ air = 3 ,
Tisolation/chaudiére=800°C).
-69-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
I. Drescher et al.10,11 ont mesuré le taux de conversion du méthane sur un cermet Ni-YSZ
classique. Dans leurs conditions opératoires, les anodes planes n’ont été pas assemblées avec
un électrolyte dense. Les essais ont donc été menés avec un écoulement du méthane humidifié
sur les deux faces parallèles du substrat anodique poreux. Les tests ont été exécutés à 915°C,
pour un flux de méthane N CH 4 = 1,238 × 10 −4 mol s-1 cm-2 et un ratio H2O/CH4=3. Les auteurs
ont trouvé que le taux de conversion du méthane en hydrogène augmentait fortement jusqu’à
une épaisseur d’anode égale à ∼600 µm. Au delà de cette valeur, il a été observé que la
réactivité devenait de moins en moins dépendante de l’épaisseur du cermet. Les auteurs
conclurent que la profondeur de la zone réactionnelle du reformage était approximativement
égale à la moitié de l’épaisseur du substrat anodique (soit environ 300 µm dans leurs
conditions opératoires).
Pour confirmer les résultats de simulation sur la base de ces mesures, des calculs ont été
effectués en respectant les mêmes conditions du test. Cependant, le combustible a été supposé
s’écouler sur seulement une face de l’anode, la seconde étant recouverte par un électrolyte
dense étanche au gaz. La comparaison avec les points expérimentaux a été faite en supposant
que les mesures du taux de conversion du méthane se réfèrent à la moitié d’épaisseur du
substrat anodique. La figure III.9 présente la comparaison entre la courbe simulée et les points
expérimentaux ainsi corrigés. Une bonne adéquation est observée entre les deux approches
permettant de confirmer les résultats du modèle. La légère différence observée entre les deux
courbes peut être attribuée à l’hypothèse faite pour exploiter les résultats expérimentaux. Par
ailleurs, les paramètres microstructuraux du cermet influencent le taux de conversion du
méthane. W. Lehnert et al.8 ont par exemple montré que le ratio ε/τ − défini comme le rapport
de la porosité sur la tortuosité − est le paramètre qui affecte le plus les réactions de reformage.
Dans leurs conditions, une diminution de 26,3% de ce ratio en comparaison de leur cermet
standard induit une baisse du taux de conversion du méthane évalué à 12,3%.
-70-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
1.1.4 Bilan
La zone de reformage du méthane s’étend sur une profondeur limitée dans le cermet
anodique. En effet, les produits de la réaction de vapo-reformage ne peuvent suffisamment
s’homogénéiser dans l’anode. Ils diluent ainsi les réactifs et limitent la cinétique réactionnelle.
Pour une anode trop mince, la quantité d’hydrogène produite par le processus de
reformage est globalement insuffisante. Ce manque de combustible se traduit par des
mauvaises performances électrochimiques de la cellule. Il a été ainsi montré que l’anode doit
présenter une épaisseur minimale d’environ 400-500 µm pour assurer un fonctionnement
efficace de la pile en RID du méthane.
Afin de tirer un avantage de ces résultats, toutes les simulations établies dans la suite de ce
chapitre ont été obtenues en considérant les dimensions de la cellule à anode support telle que
définie au chapitre I (i.e. hanode=1000 µm//hélectrolyte=20 µm//hcathode=60µm).
L’évolution radiale des paramètres de sortie du modèle a été analysée depuis l’entrée des
gaz au centre de la cellule (r=0) jusqu’à la périphérie du SRU (r=rmax). Pour ce faire, une
simulation a été effectuée en considérant le SRUm muni d’une cellule à anode support
standard (cf. fig. I.8). Le débit de méthane introduit dans le SRU a été fixé à
7,343x10-5 mol s-1 (avec H2O/CH4=1 et ℜ air = 6 ).
-71-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Les courbes de la figure III.10 présentent les vitesses des réactions de reformage et de gaz à
l’eau calculées dans l’anode. Elles ont été tracées dans une zone proche de l’interface avec la
plaque d’interconnection pour la figure III.10a et dans une région proche de l’interface avec
l’électrolyte pour la figure III.10b. Comme déjà discuté dans le paragraphe précédent, la
vitesse de la réaction de vapo-reformage est plus importante dans les couches externes de
l’anode, que dans la zone proche de l’interface avec l’électrolyte. Le même comportement est
observé le long de la cellule : la réaction est fortement favorisée en entrée de cellule puis
décroît continuellement jusqu’en sortie. Là encore, les produits de la réaction de vapo-
reformage diluent les réactifs, ce qui a pour effet d’induire une limitation de la cinétique
réactionnelle. Cette fois-ci, les produits de la réaction ne s’homogénéisent pas le long de la
cellule (soit selon son rayon), à cause de l’écoulement forcé des gaz depuis le centre vers la
périphérie de la cellule. En conclusion, la zone effective participant au reformage du méthane
est confinée dans un volume limité de l’anode localisé en entrée de la cellule.
(a)
A l’interface anode/interconnecteur (du
côté de l’anode)
(b)
A l’interface anode/électrolyte (du côté
de l’anode)
-72-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Eau
Hydrogène
Monoxyde de carb.
Dioxyde de carbone
Méthane
Fractions molaires
(a)
A l’interface anode/interconnecteur (du
côté de l’anode)
Eau
Hydrogène
Monoxyde de carb.
Dioxyde de carbone
Méthane
Fractions molaires
(b)
A l’interface anode/électrolyte (du côté
de l’anode)
Figure III.11 : Evolution des fractions molaires le long de la cellule depuis l’entrée des gaz (r=0) jusqu’en
sortie (bord de la cellule, r=rmax).
(Ucell=600 mV, hanode=1000µm, hélectrolyte=20µm, SRUm, surface active de 98,5 cm², nCH4=7,343x10-5 mol/s,
H2O/CH4=1, ℜ air = 6 , Uc=91,5%, Tisolation/chaudiére=800°C).
Les évolutions des fractions molaires le long de l’anode sont données en figures III.11a et
III.11b. Le méthane étant consommé par la réaction de vapo-reformage, sa fraction molaire
décroît depuis l’entrée des gaz jusqu’à la périphérie du SRU. La concentration en hydrogène
augmente en entrée de cellule : cette évolution s’explique par la localisation du processus de
reformage prenant place dans cette région de l’anode. Après un maximum, la fraction molaire
d’hydrogène diminue jusqu’en sortie de cellule : cette décroissance est due au processus
électrochimique consommant cette espèce tout au long de la cellule. La concentration en
monoxyde de carbone suit la même évolution que l’hydrogène. Il est en effet produit par les
réactions de reformage en entrée de cellule, puis converti en hydrogène et dioxyde de carbone
au travers de la réaction de gaz à l’eau. On observe une diminution de la fraction molaire
d’eau en entrée de cellule provoquée par la consommation de cette espèce par la réaction de
vapo-reformage. Après un minimum, la quantité d’eau dans le gaz combustible se met à
-73-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
augmenter. En effet, cette espèce est produite par la réaction d’oxydation électrochimique de
l’hydrogène. On notera que P. Aguiar et al.5 ont établi numériquement les même types de
profils des fractions molaires le long de la cellule pour un fonctionnement en RID du
méthane. Cette bonne adéquation entre les résultats des deux modèles tend à prouver la
véracité de leurs prévisions.
L’évolution des températures le long du SRU est donnée en figure III.12. Les profils ont
été tracés à l’interface anode/électrolyte et pour des surfaces connectant les SRUs les uns aux
autres (soit au milieu des plaques d’interconnection). On observe que les températures
augmentent depuis l’entrée des gaz − au centre du SRU − dans la direction de l’écoulement de
l’air et du combustible. En effet, dans les présentes conditions de simulation (Ucell=600mV),
la chaleur absorbée par l’endothermicité du processus de reformage est inférieure à la chaleur
produite par l’oxydation électrochimique de l’hydrogène. Dans de telles conditions, la chaleur
nette résultante doit être évacuée du SRU. L’élévation de température est donc due à une
accumulation de chaleur emmagasinée dans les fluides en mouvement. Ce phénomène conduit
à un fort gradient de température en entrée de cellule. Il est également renforcé par la
localisation du processus endothermique de reformage en entrée d’anode (alors que le
processus exothermique d’oxydation de l’hydrogène s’étale tout le long de la cellule).
Pour des rayons supérieurs à 10 mm, on note une faible différence de température entre
l’interface anode/électrolyte et les plaques d’interconnections. En d’autres termes, le gradient
de température au travers du SRU − dans la direction verticale z − est négligeable. On
explique ce résultat par les conditions adiabatiques considérées pour les surfaces hautes et
basses du SRU.
870
865
860 Figure III.12 : Evolution de la température le
Temperature (°C)
-74-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
On note que les températures atteignent un maximum puis diminuent sur les bords
externes du SRU. Ce refroidissement à la périphérie de la pile est dû aux pertes de chaleurs
radiatives au profit de l’enveloppe isolant l’empilement. Pour les présentes conditions de
simulation, la température maximum est d’environ 865°C conduisant à un gradient thermique
maximum d’environ 3°C mm-1. Cette élévation de température de la cellule est moins
importante que celle prévue par P. Aguiar et al.5 dans les mêmes conditions de simulation (i.e.
température d’entrée des gaz et taux d’utilisation du combustible). En effet, dans leur modèle,
la chaleur générée par le fonctionnement de la pile peut seulement s’évacuer par les
écoulements de fluides. Dans notre cas, le rayonnement en direction du carter enveloppant
l’empilement représente le principal mode de transfert de chaleurs pour refroidir la pile :
seulement ∼10% de la chaleur produite est évacuée par les fluides en mouvement. Les ∼90%
de chaleur restante sont dissipés par le flux radiatif (valeurs données pour les conditions de la
fig. III.12).
Des résultats précédents, on conclut que la condition thermique imposée par la chaudière,
soit une température contrôlée pour l’enveloppe de la pile, permet de limiter les gradients de
température le long des cellules. Une isolation parfaite conduisant à des conditions
adiabatiques est à proscrire car elle amplifie les gradients thermiques au sein des cellules. Ces
conditions adiabatiques sont habituellement choisies dans les modèles de la littérature bien
qu’elles ne soient pas forcément réalistes. En effet, l’isolation d’un empilement SOFC est
souvent constituée d’échangeurs permettant une récupération de la chaleur générée par la pile
en fonctionnement.
Les courbes de la figure III.13 présentent les profils de température et les gradients
thermiques associés pour différentes tensions de cellule. Sous courant nul, les réactions
endothermiques de reformage refroidissent globalement le SRU. Sa température moyenne est
alors inférieure à 800°C, valeur correspondante aux conditions limites du calcul (i.e.
température d’entrée des gaz et température du carter de l’empilement). A fort courant, soit
sous forte polarisation, la chaleur dégagée par le processus électrochimique devient plus
importante que celle absorbée par l’endothermicité des réactions de reformage. Par
conséquent, la température moyenne du SRU dépasse 800°C. Entre ces deux points, il existe
un mode de fonctionnement autothermique, pour lequel la chaleur dégagée par l’oxydation de
l’hydrogène est contrebalancée par la chaleur absorbée par le processus de reformage. Dans
ce cas, la température moyenne du SRU est égale à environ 800°C et les gradients de
températures sont minimisés. De tels points de fonctionnement semblent intéressants
puisqu’on limite le risque de dégradation lié aux gradients thermiques et qu’aucun flux de
chaleur n’est à gérer entre la pile et la chaudière.
-75-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
870
850 Ucell=600mV
Temperature (°C)
830 Ucell=700mV
810
Ucell=800mV
(a) Evolution radiale de la température prise à
790 l’interface anode/électrolyte
Ucell=900mV
770
Ei=0
750
730
0 10 20 30 40 50 60
Rayon de la cellule r (mm)
3
Ucell=600mV
V
Ucell=700mV
Gradient thermique (°C/mm)
2
V
0
(b) Gradient de température radiale dT/dr à
l’interface anode/électrolyte
-1
Ucell=800mV
-2 Ucell=900mV
Ei=0
-3
0 10 20 30 40 50 60
Rayon de la cellule r (mm)
Figure III.13 : Evolution de la température et gradient thermique le long de la cellule tracés pour différentes
polarisations de cellule (hanode=1000µm, hélectrolyte=20µm, SRUm, surface active de 98,5 cm², nCH4=7,343x10-5
mol/s, H2O/CH4=1, ℜ air = 6 , Tisolation/chaudiére=800°C).
1.2.4 Bilan
Le RID du méthane se déroule non seulement sur une profondeur donnée du cermet, mais
également sur une distance limitée le long de la cellule. Par voie de conséquence, la zone
effective participant au reformage interne du méthane est confinée dans un volume limité de
l’anode localisé en entrée de la cellule.
Les conditions thermiques imposées par la chaudière, équivalentes à celles d’un four,
permettent de limiter le gradient de température au sein de la pile. Pour une alimentation
-76-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
directe sous méthane, ce gradient est par ailleurs minimisé dans un mode de fonctionnement
autothermique.
Cette section est dédiée à l’étude des réponses électrochimique et thermique du SRU,
alimenté directement sous méthane et incorporé dans le cœur de chauffe de la chaudière. Pour
ce faire, un ensemble de simulations a été exécuté en faisant varier la polarisation de la cellule
et les conditions d’alimentation en gaz combustible (tableau III-2). Ce travail a été effectué
sur les SRUm et SRUh munis d’une cellule à anode support de dimensions standard (cf. fig.
I.8).
2.1 Performances sous hydrogène des SRUh et SRUm munis d’une cellule à anode
support
Afin d’évaluer les performances intrinsèques des SRUm et SRUh équipés de la cellule à
anode support de dimension standard, la réponse électrochimique de ces deux systèmes a été
simulée sous hydrogène humidifié à 3% (fig. III.14). Le SRUm présente des performances
électrochimiques acceptables (i=545mA/cm² à Ucell=0,7Volts avec Uc∼25% et Tfour=800°C).
La résistance de polarisation du SRUh est très faible : ses performances électrochimiques
correspondent à celles des meilleurs systèmes planaires actuellement disponibles
(i=850mA/cm² à Ucell= 0,7Volts avec Uc∼40% et Tfour=800°C). A titre d’exemple, la courbe
de puissance simulée a été comparée aux performances initiales (i.e. avant vieillissement)
mesurées par J. Mougin et al.12 sur un empilement de 2 cellules fabriquées par le centre de
recherche FZJ-Jülich (Allemagne) (fig. III.15). Cet empilement est assemblé avec des cellules
à anode support constituées par les matériaux classiques des SOFCs (i.e. Ni-
YSZ//YSZ//LSM). Les courbes expérimentales et simulées ont été obtenues dans les mêmes
-77-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Uc=10,4%
Uc=17,6%
Uc=45,3%
Uc=15,46%
Uc=26,43%
(b) SRUh (équipé de l’anode support
Uc=39,43%
de dimension standard : cf. fig. I.8)
Uc=53,90%
Uc=69,64%
Figure III.14 : Courbe de polarisation simulée sous hydrogène humidifié à 3% pour une température
Tfour/chaudiére=800°C (hanode=1000µm, hélectrolyte=20µm, surface active de 98,5 cm², nH2=11,015x10-4 mol/s,
nH2O=3,41x10-5 mol/s).
-78-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Les densités de puissance et les taux d’utilisation ont été tracés sur les figures III.16 et
III.17 en fonction de la tension de cellule imposée et du débit de méthane introduit dans le
SRUh (cf. conditions d’écoulement du tableau III-2). On note des évolutions logiques pour ces
deux paramètres de la pile :
• La densité de puissance augmente avec le débit de combustible et la polarisation de
cellule.
• Le taux d’utilisation s’améliore avec une diminution de la tension de cellule et du débit
de méthane injecté à l’anode.
Pour une tension de fonctionnement standard de 0,7 Volts, on obtient un taux d’utilisation
s’étalant de ∼55% pour la condition de débit le plus élevé jusqu’à ∼97% pour le débit simulé
le plus bas. Ces points de fonctionnement correspondent respectivement à des densités de
puissance diminuant de ∼440mW/cm² à ∼ 300mW/cm².
La cartographie de la figure III.18 présente la somme algébrique des sources de chaleur
générées par la pile en fonctionnement. Ces termes se décomposent en une contribution
endothermique liée au processus de reformage (2.23) et une contribution exothermique liée à
l’oxydation électrochimique de l’hydrogène (2.21). La température maximum de la cellule est
donnée en figure III.19.
Les conditions autothermiques de fonctionnement du SRUh correspondent à la ligne
définie par les termes sources nuls, délimitant les domaines endothermique et exothermique
(fig. III.18). On note que les conditions autothermiques conduisent à une température de
cellule d’environ 800°C, valeure correspondante à la condition limite imposée par la
chaudière (fig. III.19). Pour un fonctionnement endothermique proche de la tension à
-79-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
l’abandon Ei=0, la température de cellule chute en dessous de 800°C. Inversement, sous fort
courant, la chaleur générée par l’oxydation électrochimique peut induire des températures
élevées au sein de la cellule (Tmax∼890°C pour Ucell=600 mV).
0 Wat
-
-
-
,
-
Débit de méthane (mol.s-1)
méthane.
-
,
-
-80-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
-81-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
-82-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
tels rendements. Ce n’est que pour une tension de cellule de 0,7Volts et un flux de chaleur à
évacuer de -10Watts/cellule qu’un rendement électrique de 55% est obtenu. Ce point de
fonctionnement correspond à un taux d’utilisation de ∼83%. Ces conditions de
fonctionnement restent envisageables mais sont beaucoup moins favorables que celles
obtenues avec le SRUh. On s’éloigne en effet des conditions autothermiques, ce qui implique
une gestion thermique plus délicate à contrôler et l’apparition de gradients de température le
long des cellules. Par ailleurs, les très forts taux d’utilisation du combustible (>80%)
augmentent dangereusement le risque d’une dégradation rapide du SRU en fonctionnement.
0W
atts
représentées.
atts
Tension (mV)
,
-10 W
Débit de méthane (mol.s-1)
,
III-2, hanode =1000µm, hélectrolyte=20µm,
Tisolation/chaudiére=800°C).
,
Tension (mV)
Selon la provenance du gaz naturel, le méthane est parfois mélangé avec une proportion
non négligeable d’azote. L’effet de ce gaz neutre sur les performances électrochimiques a été
évalué sur le SRUm. Des simulations ont été menées dans les mêmes conditions que
précédemment, mais en gardant un débit total constant du gaz injecté à l’anode. Pour ce faire,
chaque diminution du débit de méthane a été contrebalancée par l’ajout d’azote dans les gaz
-83-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
combustibles. La cartographie des rendements électriques obtenus est donnée en figure III.23.
On note une nette diminution des rendements électriques. Cette baisse des performances
électrochimiques s’explique par un effet de dilution du méthane par le gaz neutre. Cette
dilution induit en effet une diminution de la tension d’abandon et une augmentation des
surtensions de concentration16. En conclusion, la SOFC intégrée dans la chaudière devra être
alimentée par un gaz naturel ne contenant qu’un faible pourcentage d’azote.
2.5 Bilan
Le SRUh muni d’une anode support de dimension standard présente des performances
sous hydrogène équivalente aux meilleurs empilements actuellement disponibles
(i=850mA/cm² à Ucell= 0,7Volts avec Uc∼40% et Tfour=800°C). En considérant une telle pile,
les simulations ont montré qu’il est possible d’atteindre les préconisations requises pour
assurer avec succès l’intégration de la SOFC au sein de la chaudière. En effet, des
rendements électriques importants de 55% sont atteignables pour des conditions de
fonctionnement limitant les gradients de température le long des cellules et favorisant la
gestion thermique du système (fonctionnement légèrement exothermique de -5W/cellule). Ces
conditions conduisent à une polarisation de cellule convenable (Ucell>0,7Volts) et un taux
d’utilisation de 70%.
Par contre, le SRUm muni d’une anode support de dimension standard présente des
performances intrinsèques sous hydrogène (i=545mA/cm² à Ucell=0,7Volts avec Uc∼25% et
Tfour=800°C) qui s’avèrent difficilement compatibles avec son intégration dans la chaudière.
En effet, les rendements électriques sont trop faibles pour envisager un fonctionnement
convenable du système chaudière/pile.
Il a été également montré que la pile devait être alimentée par un gaz naturel exempt
d’azote pour éviter toute dilution du méthane impactant fortement ses performances
électrochimiques.
-84-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
3 Conclusion
-85-
Chapitre III : Conditions de fonctionnement optimales de la pile alimentée sous CH4
Références bibliographiques
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-86-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Chapitre IV
Recherche de la géométrie et des conditions de
robustesse optimales
Ce chapitre a pour objectif de présenter les principaux résultats obtenus avec le modèle
thermomécanique. Ces résultats ont fait l’objet de deux publications disponibles en
référence1,2.
Ces travaux visent à identifier les diverses sources de dégradation mécanique des cellules.
Pour ce faire, les contraintes internes du tri-couche céramique et son endommagement
éventuel seront évalués. Ce travail sera mené sur les cellules à anode support de dimensions
standard (cf. fig. I.8). Cette étude sera étendue aux cellules à électrolyte support afin d’élargir
le domaine d’étude aux deux configurations classiques des SOFCs. On rappelle que les
caractéristiques des matériaux considérées pour les simulations sont données en annexe 2.
Notons que le vieillissement de la pile lié à une dégradation induite par des processus
physico-chimiques ne sera pas abordé dans le cadre de cette étude (réactivité entre le LSM et
la zircone, empoisonnement de la cathode par le Cr, dépôts de carbone…). L’effet d’une
possible ré-oxydation du cermet anodique à fort taux d’utilisation ne sera également pas
modélisé.
Dans les deux premiers paragraphes, l’analyse de l’endommagement mécanique sera
menée pour le champ de contrainte régulier. Ce champ est dominant sur l’ensemble de la
structure du tri-couche, excepté au voisinage des singularités de la cellule. Le troisième
paragraphe sera dédié à l’étude de la nocivité de ces singularités. Le risque d’amorçage de la
rupture sera alors effectué en utilisant la méthodologie mise au point et présentée en annexe 1
de ce mémoire. Le dernier paragraphe présentera une analyse de sensibilité menée en fonction
-87-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
des dimensions géométriques des cellules. A la suite des ces résultats, on proposera les
géométries de cellule optimales permettant d’améliorer leur durabilité.
200
cathode
0
(µm)
axiale z(µm)
électrolyte
-200
Figure IV.1 :
axial location
-1000
-600 -500 -400 -300 -200 -100 0 100
Contrainte radiale
radial stress σr (MPa)
(MPa)
La contrainte de compression dans l’électrolyte dense est d’environ -530 MPa (fig. IV.1).
Cette forte valeur est en bon accord avec les différentes études3,4 portant sur l’estimation
expérimentale de ce niveau de contrainte. Ces mesures ont été effectuées sur des systèmes
comparables à celui modélisé, soit des cellules à anode support constituées par les matériaux
classiques des SOFCs (NiO-YSZ//YSZ//LSM).
-88-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Le profil tracé le long de l’axe de révolution z (fig. IV.1) met en évidence un gradient de
contrainte dans l’épaisseur de l’anode. Ce gradient est relié à la courbure prise par la cellule
après refroidissement. Il conduit à une contrainte en traction dans le cermet dont la valeur
maximale (∼50 MPa) est localisée au voisinage de l’interface anode/électrolyte.
La composante du tenseur des contraintes normale au plan de la cellule, σzz, est très
proche de zéro. En effet, la cellule est une structure très fine pour laquelle les conditions de
contraintes planes sont bien vérifiées. Par ailleurs, le rayon de courbure δ reste très inférieur
en comparaison au rayon de la cellule (δ/Rcell=0,0126).
L’étape de mise en forme du bi-couche anode/électrolyte induit dans le cermet oxydé une
forte contrainte de traction équi-biaxiale (i.e. σr =σθ ~286,5 MPa à température ambiante). Le
matériau n’est pas capable de supporter une telle charge et la probabilité de rupture calculée
pour la couche anodique atteint 100%. Par conséquent, le cermet NiO-YSZ doit être
complètement fissuré après sa mise en forme sur l’électrolyte.
La prise en compte du cermet endommagé dans la simulation de la seconde étape
d’élaboration de la cellule (dépôt puis frittage de la cathode) a été effectuée en considérant un
module de Young effectif de l’anode égal à 0 MPa. Les résultats des simulations montrent une
nouvelle fois que la courbure de la cellule est très faible (δ/Rcell=0,0124). La composante du
tenseur des contraintes σzz perpendiculaire au plan des interfaces est également proche de 0.
La contrainte équi-biaxiale au sein des couches de la cellule est calculée en traction dans la
cathode et en compression dans l’électrolyte (fig. IV.2).
Le niveau de contrainte simulé numériquement dans la cathode est d’environ 54,5 MPa
(fig. IV.2). On notera que cette valeur est cohérente avec le résultat de 53,5 MPa obtenu avec
l’expression analytique (4.1). Cette équation correspond aux contraintes résiduelles
thermiques induites dans une couche mince déposée sur un substrat5 :
(α YSZ − α cathode )∆T
σ rcathode =
1 −ν cathode hcathode 1 −ν YSZ (4.1)
+
Ecathode hYSZ EYSZ
-89-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
210
180 cathode
150
Position axiale z (µm)
1.3 Analyse du risque de rupture due au champ régulier des contraintes résiduelles
Dans le cas de l’anode support, les simulations ont montré qu’à température ambiante la
cathode et l’électrolyte sont sollicités en compression. Sous cet état de contrainte spécifique,
la propagation des défauts de la céramique conduisant à la rupture de la structure est peu
probable.
Le cermet anodique poreux subit une contrainte de traction non négligeable dans la région
proche de son interface avec l’électrolyte. Cette traction conduit à une probabilité de survie Ps
du cermet d’environ 60%. Ce résultat a été obtenu en considérant le volume complet de
l’anode. En d’autres termes, le volume Vj=anode a été utilisé pour calculer Ps dans les équations
(2.30) et (2.31). Le risque de rupture a été de nouveau calculé sur la région de l’anode où la
contrainte de traction est la plus forte. Cette région correspond à une couche de 20 µm
s’étalant dans l’anode depuis l’interface avec l’électrolyte. La probabilité de survie
déterminée sur ce volume est encore d’environ 60%. Par conséquent, le risque
d’endommagement du cermet est complètement localisé dans cette fine couche d’anode.
Les films minces de la cathode et de l’électrolyte étant soumis à un état de contrainte en
compression, les interfaces de la cellule peuvent se décoller par un phénomène de cloquage.
Cependant, l’énergie élastique emmagasinée dans la cathode est estimée à seulement 1,7 J/m².
Cette valeur est bien inférieure à l’énergie d’adhérence mesurée pour le système LSM//YSZ
(∼20 J/m²). Dans ces conditions, le délaminage de l’interface cathode/électrolyte n’est pas
possible.
-90-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
L’énergie élastique stockée dans l’électrolyte et la cathode atteint ~22 J/m². L’énergie
résiduelle calculée dans le bi-matériau électrolyte/cathode sans le substrat anodique est
négligeable (<1 J /m²). Par conséquent, l’énergie disponible pour décoller l’électrolyte de
l’anode, qui est égale à l’énergie initialement stockée dans la cellule moins celle contenue
dans le bilame cathode/électrolyte après décollement, reste d’environ 22 J/m². Cette valeur
dépasse largement la ténacité estimée de l’interface NiO-YSZ//YSZ (∼10 J/m²)6. Par
conséquent, un défaut présent à cette interface et résultant du procédé d’élaboration pourra
alors facilement se propager. Cependant, en absence de défauts préexistants, le délaminage ne
peut pas s’amorcer puisque aucune contrainte résiduelle en traction n’agit sur l’interface.
Néanmoins, la forte énergie stockée dans l’électrolyte constitue une force motrice pour la
décohésion de l’interface anode/électrolyte.
Comme déjà mentionné, la mise en forme du cermet sur l’électrolyte épais engendre de
fortes contraintes de traction dans l’anode. Sous un tel chargement, on trouve que la
probabilité de survie de la couche anodique chute à 0%. Par conséquent, la contrainte de
traction équi-biaxiale doit se relaxer en un réseau de fissures se développant
perpendiculairement aux axes de sollicitation (soit perpendiculairement aux plans des
interfaces de la cellule). En d’autres termes, le modèle prévoit un faïençage complet de la
couche anodique.
L’électrolyte épais est soumis à un état de contrainte en compression sans danger vis-à-vis
de son intégrité mécanique. Par contre, des contraintes équi-biaxiales en traction apparaissent
dans la cathode fine. Malgré ce chargement, la probabilité de survie du LSM reste de 100% à
température ambiante. On prévoit donc que la cathode supporte sans s’endommager les
contraintes résiduelles d’élaboration. Par ailleurs, l’énergie élastique stockée dans cette
couche (∼3,2 J/m²) reste largement inférieure à l’énergie d’adhérence du système LSM//YSZ.
Le délaminage à l’interface entre la cathode et le substrat électrolytique n’est donc pas
possible.
Les conclusions de cette analyse sont en bon accord avec les résultats expérimentaux
obtenus par A. Selçuk et al.7. Ces auteurs ont en effet caractérisé au MEB la surface des
électrodes déposées sur un électrolyte support afin d’observer un endommagement éventuel.
Les matériaux employés pour cette étude expérimentale correspondent à ceux considérés dans
le cadre de ce travail (i.e. NiO-YSZ//YSZ//LSM). Comme prévu par les simulations, les
observations de la cathode ont mis en évidence une absence de fissures dans le LSM poreux.
De plus, aucun délaminage n’a été reporté par les auteurs.
-91-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Les clichés de l’anode ont par contre révélé un réseau de fissures connectées les unes aux
autres et se développant perpendiculairement aux plans des interfaces de la cellule (fig. IV.3).
Cette observation confirme l’endommagement de l’anode prévu par le modèle.
Figure IV.3 :
Fissures Cliché MEB en électrons secondaires montrant
la surface d’une anode NiO-YSZ déposée sur un
électrolyte épais en YSZ. On observe un réseau
de fissures connectées les unes aux autre se
développant perpendiculairement au plan de la
cellule (d’après les travaux de A. Selçuk et al.7).
1.4 Bilan
Après la mise en forme des cellules à anode support, l’électrolyte mince subit un fort état
de contrainte en compression. Ce chargement de la couche permet d’emmagasiner une énergie
élastique importante. Dès qu’un défaut sera présent ou amorcé dans l’interface
anode/électrolyte, l’énergie stockée dans l’électrolyte constituera une force motrice pour son
décollement. Par ailleurs, un risque d’endommagement du cermet a été mis en évidence dans
une zone correspondant à la couche fonctionnelle de l’anode : à titre d’exemple, la probabilité
de rupture a été estimée à environ 40% pour la cellule de référence de cette étude.
La mise en forme de la cellule à électrolyte support conduit à un faïençage complet du
cermet anodique. Inversement, l’électrolyte et la cathode supportent des contraintes
résiduelles sans s’endommager. Les énergies stockées dans les couches de la cellule sont
insuffisantes pour envisager un délaminage aux interfaces.
-92-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
2.1 Champ de contrainte après chauffage à 800°C sous air et après réduction du
cermet
Les figures IV.4a et IV.4b sont relatives aux cellules à anode et électrolyte support. Elles
illustrent les évolutions de la contrainte équi-biaxiale σr (égale à σθ) dans chacune des
couches de la cellule :
(i) après mise en forme (T=25°C),
(ii) après chauffage de la structure à la température de fonctionnement de la pile
(T=800°C),
(iii) après réduction du cermet anodique sous H2 (T=800°C).
100 50
22 18 Electrolyte Cathode
0
-16 -10
Contrainte radiale σr (MPa)
Anode -40
-100
60
54
Après mise en forme à température
50
ambiante
Contrainte radiale σr (MPa)
Figure IV.4 : Evolution de la contrainte (i) après mise en forme à Tambiante, (ii) après chauffage sous air à
800°C et (iii) après réduction du cermet sous H2 à 800°C. La contrainte radiale σr (=σθ) a été prise dans au
milieu de la cellule (r=0) pour les trois couches de la cellule. Les valeurs données correspondent à la
moyenne calculée le long de l’axe z, excepté dans le cas du substrat anodique (anode support), où la valeur
donnée correspond à la contrainte de traction maximale.
-93-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Au chapitre précédent, le gradient de température le long du SRU a été estimé pour la pile
alimentée directement sous méthane et incorporée dans le cœur de chauffe de la chaudière. Ce
travail a été effectué sur la cellule à anode support de dimension standard. Dans cette section,
on présente une étude estimant l’impact du gradient thermique sur les contraintes subies par la
cellule. Pour ce faire, les champs de température calculés dans le tri-couche céramique en
fonction de la tension de cellule ont été introduits dans les simulations thermomécaniques (cf.
conditions fournies en fig. III.13).
Les contraintes circonférentielle σθ et radiale σr calculées dans l’électrolyte mince ont été
tracées le long de la cellule (fig. IV.5). A cause du gradient de température, les couches de la
cellule ont perdu leurs états de contrainte équi-biaxiale (σθ≠σr). Quelle que soit la polarisation
de cellule envisagée, le gradient de température généré par la pile n’est pas suffisant pour
-94-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Ucell=600
mV
Ucell=800mV
Ucell=600
mV
Ucell=700mV
Ei=0
-95-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
2.3 Bilan
Figure IV.6 :
Contrainte radiale σr (=σθ) à
800°C après ré-oxydation de
l’anode. La contrainte est tracée en
fonction de la déformation à
l’oxydation εox du cermet pour les
trois couches de la cellule.
(anode support :
hanode = 1000µm, hélectrolyte = 20µm,
hcathode=60µm).
-96-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
de survie ont été tracées en fonction de la déformation à l’oxydation du cermet (fig. IV.7). On
prévoit un endommagement très rapide de la cathode, pour des expansions anodiques
comprises entre 0,05 et 0,09%. On trouve que l’électrolyte casse pour des déformations plus
importantes de l’ordre de 0,12-0,16%.
Cette dernière prévision a été établie en considérant la cathode non endommagée. Or, la
rupture de cette couche doit conduire à une redistribution des contraintes dans la cellule. Ce
phénomène a été pris en compte dans les simulations en forçant le module apparent du LSM
fissuré à 0 GPa. Comme illustré en figure IV.8, les contraintes dans la cathode se relaxent
complètement, conduisant ainsi à une légère augmentation du chargement de l’électrolyte. Par
conséquent, la redistribution des contraintes liée à la fissuration de la cathode se traduit par
une diminution de la probabilité de survie de l’électrolyte (fig. IV.9). Sa rupture est alors
prévue pour une expansion du cermet de l’ordre de 0,12-0,15%.
Cette valeur est en bon accord avec le résultat établi par D. Sarantaridis et al.6. Ces
auteurs ont adopté une approche basée sur le calcul du taux de restitution d’énergie lors de la
rupture de la couche. Ils ont ainsi montré que l’électrolyte doit rompre pour des déformations
à l’oxydation du cermet de l’ordre de 0,1-0,2%.
Probabilité de survie (%)
Figure IV.7 :
Probabilité de survie de la cathode
et de l’électrolyte tracée en
fonction de la déformation à
l’oxydation du cermet εox.
(anode support :
hanode = 1000µm, hélectrolyte = 20µm,
hcathode=60µm).
140
130
Contrainte radiale σr (MPa)
Figure IV.8 :
Evolution de la contrainte avant
puis après la rupture de la cathode
53 pour une déformation à l’oxydation
de εox=0,15%.
(anode support :
Anode 0 hanode = 1000µm, hélectrolyte = 20µm,
Électrolyte
hcathode=60µm).
-7 Cathode
-14
-97-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Figure IV.9 :
Probabilité de survie de
l’électrolyte tracée en
fonction de la
déformation à l’oxydation
du cermet εox avant et
après fissuration de la
cathode.
(anode support :
hanode = 1000µm,
hélectrolyte = 20µm,
hcathode=60µm).
Après l’étape de mise en forme, le cermet déposé sur l’électrolyte support est faïencé. La
couche anodique présente un réseau de fissures connectées les unes aux autres délimitant des
îlots de matière intacts. Par exemple, les observations menées par A. Selçuk et al.7 sur une
couche mince en NiO-YSZ ont montré que, dans leur cas, le diamètre moyen des îlots était
d’environ 200µm.
Afin d’évaluer l’effet de la ré-oxydation de l’anode, la contrainte au sein de ces îlots a été
estimée. Pour ce faire, la relaxation des contraintes dans le proche voisinage des fissures du
film anodique a été négligée. Considérant le module de Young du cermet oxydé non
endommagé, la contrainte équi-biaxiale au milieu des îlots de matière non-fissurée reste
décrite par l’équation (2.27). Elle est la somme d’une contrainte résiduelle thermique et d’une
contrainte liée à l’expansion volumique de l’anode. Cette hypothèse signifie que l’on
considère la borne supérieure des contraintes résiduelles thermiques. En effet, la valeur prise
par ces contraintes correspond à celle avant fissuration.
La contrainte après ré-oxydation a été tracée en fonction de l’expansion volumique de
l’anode (fig. IV.10). Les îlots de film intact ne peuvent pas se déformer librement au cours de
leur ré-oxydation car ils restent contraints par l’électrolyte épais. Ils sont alors soumis à une
contrainte de compression équi-biaxiale dés que εox dépasse 0,07%.
-98-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Figure IV.10 :
Contraintes induites dans la couche
anodique tracées en fonction de la
déformation à l’oxydation εox.
(électrolyte support :
hanode = 60µm, hélectrolyte = 150µm,
hcathode=60µm).
Les îlots de cermet non endommagés pourraient se décoller par un mécanisme d’écaillage.
La figure IV.11 illustre l’évolution de l’énergie élastique stockée dans ces îlots en fonction de
la déformation à l’oxydation du cermet. Dans les conditions de la géométrie étudiée
(hanode=60µm), on trouve que l’énergie emmagasinée dans la couche devient supérieure à
l’énergie d’adhérence anode/électrolyte (∼10 J/m²)6 pour εox>0,18%.
Énergie élastique (J/m²)
Figure IV.11 :
Energie élastique stockée dans la
couche anodique tracée en fonction
de la déformation à l’oxydation εox.
(électrolyte support :
hanode = 60µm, hélectrolyte = 150µm,
hcathode=60µm).
3.3 Eléments de confirmation expérimentale des simulations sur des cellules à anode
support commerciales
-99-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Une demi-cellule commerciale à anode support (diamètre 56 mm) a été utilisée pour cette
étude. Le cermet présente une épaisseur de 1,5 mm. Il est composé de 56% en poids de NiO et
44% de 8YSZ. Il supporte mécaniquement un électrolyte mince (∼10µm) en 8YSZ.
La ré-oxydation contrôlée de l’anode à 800°C a été effectuée pas à pas, en répétant le
traitement thermique présenté en figure IV.12. Les montées et descentes en température sont
effectuées sous atmosphère neutre. L’oxydation partielle du cermet est réalisée en injectant
dans le four un débit d’air contrôlé pendant une durée préalablement fixée.
L’intégrité mécanique de l’électrolyte est contrôlée à chaque cycle en vérifiant son
étanchéité au gaz. Pour ce faire, des mesures de perméabilité à l’hélium sont réalisées à
température ambiante. Après chaque traitement thermique, le taux d’oxydation du cermet est
évalué en mesurant sa prise de poids. Il est ensuite associé à la déformation volumique de
l’anode.
Température
800°C
Descente à 5°C/min
Montée à 5°C/min
État partiellement
anodique.
réduit
oxydée
sous Ar
sous Ar
-100-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Figure IV.13 :
Déformation à
l’oxydation du cermet
exprimée en fonction de
son taux d’oxydation.
Temps (s)
-101-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
m
5µ
∼15
100 µm
10 µm
Figure IV.15 : Observation au MEB en électrons secondaires de la surface de l’électrolyte pour une
ré-oxydation de l’anode de 70,7%. Afin de visualiser au mieux les fissures dans l’électrolyte, l’image a été
« binarisée » en noir et blanc par un seuillage de l’image initiale.
3.4 Bilan
Dans le cas d’une cellule à anode support, le modèle et l’expérience montrent que la
ré-oxydation de l’anode entraîne la rupture de l’électrolyte. Il suffit en effet d’une
déformation à l’oxydation du cermet de seulement quelques millièmes pour engendrer la
fissuration de l’électrolyte. Dans le cas d’une cellule à électrolyte support, les résultats du
-102-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
On se propose d’étudier le risque d’amorçage de la rupture dans les zones singulières des
cellules à anode et électrolyte support (points A-D en fig. I.8). On utilise les coordonnées
locales (ℓ,ω) pour exprimer les champs dominants dans le voisinage des singularités de la
cellule (cf. fig. II.12). Le logarithme de la contrainte circonférentielle σωω a été tracée en
fonction de la distance à la singularité ℓ (le long de l’interface soit pour ω=0°). A titre
d’illustration, les courbes de la figure IV.16 donnent la composante σωω simulée à
température ambiante après la mise en forme de la cellule. Ces courbes sont relatives à la
singularité A de la cellule à anode support (fig. IV.16a) et C de la cellule à électrolyte support
(fig. 16b).
-103-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
6
Electrolyte
Rk (a) Singularité A de la
5 Electrolyte cellule à anode support
(hanode = 1000µm, hélectrolyte
4 = 20µm, hcathode=60µm).
Courbe ajustée: ln σ ωω ∝ λ*eq ρ
lnℓ++cst
cts
3
Points simulés (MEF)
Rk∼0,002 mm
2
1
-12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4
ln (distance ℓ depuis la singularité) (ln mm)
5
ln (σωω)ω=0° (ln MPa)
4 (b) Singularité C de la
Courbe ajustée: ln σ ωω ∝ λeq
*ρ lnℓ++cst
cst
3 cellule à électrolyte
Points simulés (MEF) Cathode support.
2 M
(hanode = 60µm, hélectrolyte =
ℓρ 150µm, hcathode=60µm).
1 ωω C
Rk
0 Electrolyte
Electrolyte
-1
-11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4
ln (distance ℓ depuis la singularité) (ln mm)
Figure IV.16 : Logarithme de la contrainte σωω tracée en fonction de la distance ℓ depuis la singularité (pour
ω=0° dans les coordonnées locale (ℓ,ω)). Chargement de la cellule correspondant aux contraintes résiduelles
à température ambiante (après élaboration).
La méthodologie présentée en annexe 1 (fig. A1.20) a été appliquée aux singularités des
cellules à anode et électrolyte support : les probabilités de survie sont calculées pour chacune
des couches de la cellule en excluant un petit volume entourant la singularité étudiée.
-104-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
60
Probabilité de survie de l’anode (%)
z
58 Cathode
Electrolyte r
θ
Anode B
57 Rex
56 Rk
55
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Rayon Rex de la zone exclue (µm)
Figure IV.17 : Probabilité de survie de l’anode calculée en retirant du domaine d’intégration une région
circulaire de rayon Rex entourant la singularité B (chargement de la cellule correspondant aux contraintes
résiduelles à température ambiante).
-105-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
74 Rk∼2 µm
Contraintes après ré-oxydation
72 (εox= 0,14%)
70
z
Cathode
r
68 θ
Electrolyte
Anode
66 A
Rex
64 Rk
62
60
1 0 1,5 0,5 2 2,5
Rayon Rex de la zone exclue (µm)
Figure IV.18 : Probabilité de survie de l’électrolyte calculée en retirant du domaine d’intégration une région
circulaire de rayon Rex entourant la singularité A (chargement de la cellule correspondant aux contraintes après
ré-oxydation partielle de l’anode : εox=0,14%, LSM non-fissuré).
-106-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
100
Probabilité de survie de l’électrolyte (%)
90
z Rk∼6 µm Figure IV.19 :
80 Cathode Probabilité de survie de
Electrolyte l’électrolyte calculée en
70 θ Anode
r
retirant du domaine
60 d’intégration une région
50 circulaire de rayon Rex
Rk
entourant la singularité D
40 Rex (chargement de la cellule
30 D correspondant aux
contraintes résiduelle à
20 température ambiante,
Contrainte résiduelle à temp. ambiante
10 anode non-fissurée).
0 1 2 3 4 5 6 7
Rayon Rex de la zone exclue (µm)
4.3 Bilan
La singularité purement matérielle B définie par le couple matériau cermet//8YSZ est sans
danger vis-à-vis de l’intégrité mécanique de la cellule. L’angle droit formé sur le bord libre de
la cellule par les matériaux d’électrodes et d’électrolyte est potentiellement dangereux : il a
été montré que la rupture peut être facilement amorcée sur les défauts de l’électrolyte
contenus dans la zone singulière.
-107-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Il a été montré que les contraintes résiduelles à 25°C et 800°C ne doivent pas induire
d’endommagement de l’électrolyte dense. Cependant, une contrainte en traction a été calculée
dans l’anode poreuse dans une région proche de l’interface avec l’électrolyte (zone
correspondant approximativement à la couche fonctionnelle anodique). Cette traction conduit,
pour la géométrie de référence étudiée, à une probabilité de survie du cermet de seulement
60% à température ambiante.
L’effet de l’épaisseur de l’électrolyte sur le risque de rupture de la couche anodique est
présenté en figure IV.20. On note que la probabilité de survie du cermet est augmentée
lorsque l’épaisseur de la couche électrolytique est diminuée. Cette tendance s’explique par la
diminution de la contrainte en traction dans l’anode avec l’amincissement de l’électrolyte.
Pour une épaisseur de 10µm de la couche en 8YSZ, on obtient une probabilité de survie de
supérieure à 85% pour le substrat anodique.
Probabilité de survie de l’anode (%)
Figure IV.20 :
Probabilité de survie de
l’anode calculée à température
ambiante en fonction de
l’épaisseur de l’électrolyte.
(hanode=1000µm,
hélectrolyte=10-50µm,
hcathode=60µm).
-108-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Figure IV.21 :
Énergie élastique (J/m²)
La rupture de l’électrolyte a été prévue par le modèle pour des déformations à l’oxydation
de l’anode d’environ 0,15%. Sachant qu’une fissuration de l’électrolyte conduit à une perte de
la tension à l’abandon de la pile, les déformations volumiques du cermet doivent rester en
dessous de cette valeur limite. Cependant, ce risque de dégradation dépend également de
l’épaisseur de la couche électrolytique : plus fine est la couche en 8YSZ dense, plus grande
sera sa robustesse à un cycle redox (fig. IV.22). En effet, malgré des contraintes de plus en
plus fortes, le risque de rencontrer un défaut critique dans la céramique sera d’autant plus
faible que le volume de la couche sera petit. Cependant, pour des films très minces (<10µm),
d’autres mécanismes peuvent être impliqués dans la rupture. Par conséquent, les résultats
présentés en figure IV.22 ne doivent pas être extrapolés pour des plus faibles épaisseurs
d’électrolyte.
-109-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
εox=0,14%
Probabilité de survie de
l’électrolyte (%)
Figure IV.22 :
Probabilité de survie de
l’électrolyte calculée après ré-
oxydation de l’anode
(εox=0,14%, T=800°C) et
tracée en fonction de son
épaisseur. (hanode=1000µm,
hélectrolyte=10-50µm,
hcathode=60µm).
En conclusion, pour le cas d’une cellule à anode support, un électrolyte mince d’environ
10µm semble constituer le meilleur compromis pour éviter l’endommagement de la couche
fonctionnelle anodique et supporter aux mieux les cycles d’oxydoréduction.
Les simulations ont montré que le film anodique n’est pas capable de supporter la
contrainte induite par la mise en forme de la cellule. Le faïençage complet de la couche est
par conséquent inévitable. Il est important de noter que cette dégradation impacte seulement
les performances électrochimiques de l’électrode. La cellule continue de fonctionner puisque
ni l’électrolyte ni les interfaces sont endommagés.
-110-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
-111-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
5.4 Bilan
6 Conclusion
Les possibilités d’endommagement des cellules ont été étudiées (i) après mise en forme
du tri-couche (ii) lors de la mise en route et du fonctionnement de la pile, (iii) après une ré-
oxydation du cermet. Cette analyse a été menée pour les cellules planes à anode et électrolyte
support :
• L’élaboration de la cellule à électrolyte support conduit inévitablement au faïençage
complet du film anodique. Les couches cathodique et électrolytique ne sont pas endommagées
par l’étape de mise en forme.
Dans le cas de la géométrie à anode support, une épaisseur optimisée de l’électrolyte à
10µm permet d’éviter la dégradation de la couche fonctionnelle anodique. Néanmoins, les
-112-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Une attention particulière a été portée aux singularités de la cellule. Il a été montré que la
singularité purement matérielle anode/électrolyte ne constitue pas un lieu d’amorçage
privilégié de la rupture. Par contre, l’angle droit formé sur les bords de la cellule entre les
électrodes et l’électrolyte constitue une singularité potentiellement dangereuse. Dans ce cas, il
existe un très fort risque d’amorçage de la rupture à partir des défauts de l’électrolyte
contenus dans la zone singulière. Des modifications géométriques locales ont été proposées
pour annuler l’effet nocif de ces singularités et ainsi améliorer la robustesse des cellules.
-113-
Chapitre IV : Recherche de la géométrie et des conditions de robustesse optimales
Références bibliographiques
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11
C.F. Shih, Cracks on bimaterial interfaces: elasticity and plasticity aspects, Mater. Science and
Engin., A143, 1991, pp. 77-90.
-114-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Chapitre V
Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Le principal objectif de ce chapitre est de synthétiser et discuter les résultats obtenus avec
l’outil de modélisation. On s’intéressera à l’analyse du fonctionnement d’une SOFC alimentée
directement sous méthane. Cette discussion sera ensuite étendue à l’une des principales
limitations des SOFCs concernant la robustesse mécanique des cellules. Les avantages et les
inconvénients des deux géométries de la configuration planaire (i.e. anode et électrolyte
support) seront notamment comparés. A la suite de ces discussions, on envisagera les types de
cellules les mieux adaptées à l’application visée. Notre attention se portera plus
particulièrement sur le cas où la pile est directement intégrée dans le cœur de chauffe d’une
chaudière. On identifiera ainsi les verrous technologiques restant à lever pour envisager le
développement à grande échelle de tels systèmes.
A partir de cette analyse, on proposera dans un second paragraphe des solutions
potentielles pour surmonter ces difficultés. La pertinence de l’architecture à métal support
sera notamment discutée au regard de l’application visée.
Après une synthèse portant sur les éléments de validation du modèle, le dernier
paragraphe présentera les développements numériques et expérimentaux à prévoir. Ces
développements devront permettre une meilleure compréhension du comportement de ces
systèmes, et d’étudier les solutions innovantes proposées.
Pour une anode constituée d’un cermet Ni-YSZ usuel, il a été montré au cours de ce
travail que la zone participant au reformage du méthane s’étend sur une profondeur limitée
dans l’anode. En effet, l’homogénéisation des espèces ne peut se faire au travers de l’anode
poreuse à cause d’une diffusion insuffisante. Par conséquent, on assiste à une limitation de la
cinétique réactionnelle du reformage, liée à une dilution des réactifs par les produits des
réactions.
Pour des épaisseurs d’anode trop fines, la production d’hydrogène en entrée de cellule est
trop faible et conduit alors à une limitation des performances électrochimiques de la pile. Des
épaisseurs de cermet de 400-500µm sont cependant suffisantes pour produire la quantité
-115-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Le risque d’endommagement des cellules a été évalué pour différents cas de chargement.
Le tableau V-1 synthétise l’effet de ces chargements pour les géométries à anode et
électrolyte support. De ces résultats, on peut dégager les recommandations suivantes :
• Pour la géométrie à anode support, le risque de dégradation mécanique lié aux
contraintes de mise en forme est fortement limité pour des épaisseurs d’électrolyte inférieures
ou égales à 10 µm. Par contre, ces structures sont très sensibles à une ré-oxydation même
partielle du cermet. Il a été montré que la déformation à l’oxydation ne doit pas dépasser
environ 0,15% pour préserver l’intégrité mécanique de l’électrolyte. Ce seuil correspond à des
taux d’oxydation du cermet d’environ 45% (cf. fig. IV.13).
• Pour la géométrie à électrolyte support, les contraintes de mise en forme engendrent une
fissuration par faïençage de l’anode. Lors de la ré-oxydation du cermet, l’anode pourra se
décoller de l’électrolyte par un phénomène d’écaillage. Pour des épaisseurs d’anode égales ou
inférieures à 10µm, ce risque est cependant limité puisqu’il faut atteindre des déformations
importantes (εox≥0,35%), correspondant à des taux d’oxydation supérieurs à 70% (cf. fig.
IV.13).
-116-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
En dépit de sa fragilité mécanique, la cellule à anode support présente une plus faible
résistance de polarisation par rapport à la configuration à électrolyte support. Ces bonnes
performances électrochimiques s’expliquent en premier lieu par une faible résistance ionique
liée à la minceur de la couche électrolytique. A titre d’exemple, cette résistance augmente de
-117-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
0,03 Ω.cm² pour une couche mince de 10 µm à 0,43 Ω.cm² pour un substrat épais de 150 µm
(valeurs calculées pour un électrolyte en 8YSZ à 800°C).
D’autres phénomènes peuvent être évoqués pour expliquer cette différence de
performance. Dans le cas de la cellule à électrolyte support, on peut supposer que les
caractéristiques électrochimiques du film anodique sont altérées par son faïençage. Le
collectage du courant pourrait être gêné par la perturbation locale des lignes du champ
électrique. L’endommagement de la couche fonctionnelle anodique pourrait également
entraîner une diminution de la densité de lignes de points triples. En conséquence, pour une
même microstructure, les surtensions d’activation anodique pourraient être plus importantes
pour la configuration à électrolyte support que pour la géométrie à anode support. En d’autres
termes, la différence de performance électrochimique entre les deux cellules ne serait pas
seulement liée à une différence d’épaisseur de la couche électrolytique, mais pourrait
également s’expliquer par la dégradation de la couche fonctionnelle des cellules à électrolyte
support.
-118-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
1.4 Faisabilité de l’intégration d’une SOFC dans le cœur de chauffe d’une chaudière
-119-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Ces pressions partielles POeq2 s’expriment en fonction de la température T, prise ici à l’interface
anode/électrolyte :
2∆GN0 i / NiO (T )
POeq2 = exp (5.2)
RT
Où ∆GN0 i / NiO est l’enthalpie libre de la réaction. Les données thermodynamiques pour calculer
ce paramètre sont listées dans le tableau V-2. Si la pression partielle locale d’oxygène dans
l’anode est inférieure à la pression d’équilibre ( POeq2 > POanode
2
), la ré-oxydation du nickel ne
peut pas avoir lieu. Inversement, si la relation POeq2 < POanode
2
est vérifiée, la ré-oxydation du
cermet est possible d’un point de vue thermodynamique. Ce risque a été calculé à l’interface
anode/électrolyte pour le SRUh fonctionnant à fort taux d’utilisation. La figure V.1 illustre les
résultats obtenus. Ils confirment la possibilité d’une ré-oxydation du cermet en sortie d’anode,
pouvant provoquer un endommagement de la cellule suivi d’une dégradation des
performances électrochimiques.
-120-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Pour l’application étudiée, le cœur de pile devra être également capable de supporter un
grand nombre de cycles de marche/arrêt du système. Chaque phase d’arrêt est susceptible de
provoquer une rétro-diffusion d’air plus ou moins contrôlée dans le compartiment anodique. Il
conviendra alors d’établir un protocole d’arrêt qui puisse assurer des taux d’oxydation du
cermet ne dépassant pas 45%. Au-delà de cette valeur, il a été montré que l’expansion
volumique du substrat provoque la rupture fatale de l’électrolyte. Il convient de noter qu’une
difficulté supplémentaire risque de survenir après plusieurs cycles. En effet, la déformation à
l’oxydation se cumule, au moins partiellement, à celle du cycle précèdent7. Ainsi, même pour
des taux de conversion de Ni en NiO inférieurs à 45%, la déformation à l’oxydation pourra
s’accumuler au cours des cycles, et ainsi atteindre le seuil critique εox∼0,15% déclenchant la
rupture de l’électrolyte.
Au cours des cycles de marche/arrêt du système, l’empilement devra également supporter
des cycles de température. Dès le premier refroidissement, la cellule se retrouvera bridée par
les plaques métalliques d’interconnection, pour des températures inférieures à la température
de transition vitreuse Tg de la pâte de verre (550°C<Tg<600°C 8). Des contraintes seront alors
générées dans la cellule en raison des incompatibilités de déformation entre la plaque
d’interconnection, la pâte de verre et la cellule. Des relaxations peuvent cependant avoir lieu
par un effet de compliance du système et d’accommodation par décollement entre le joint de
verre et l’interconnecteur9. Par conséquent, ce type de contrainte dépendra complètement de
l’architecture considérée pour l’empilement. Néanmoins, on peut supposer que le niveau de ce
chargement est peu élevé. En effet, la variation de température sur laquelle la cellule est
bridée avec l’interconnecteur est limitée à la Tg de la pâte de verre. De plus, on observe de
faibles écarts entre les coefficients de dilatation des interconnecteurs en acier ferritique et
celui du substrat anodique (fig. V.2).
Lorsque la cellule est libre de se déformer (i.e. sans chargement mécanique extérieur dû à
un bridage avec l’interconnecteur), il a été montré que les variations de contraintes internes
dans la cellule entre la température ambiante et 800°C n’induisent pas d’endommagement (cf.
-121-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
tableau V-1). Par ailleurs, il vient d’être mentionné que le chargement mécanique extérieur de
la cellule provoqué par son bridage avec un interconnecteur en acier ferritique est a priori
faible. Ce chargement supplémentaire ne doit pas modifier dangereusement l’état de
contrainte interne du tri-couche céramique. Par conséquent, un empilement doit pouvoir subir
des cycles thermiques sans s’endommager. Cette remarque se confirme par la bonne tenue
aux cycles thermomécaniques observés pour certaines architectures. A titre d’exemple, les
empilements assemblés par FZJ-Jülich à partir de cellules planes à anode support
(Ni-8YSZ//YSZ//LSM) et des plaques d’interconnection en acier ferritique (CroFer22APU)
résistent à plus de 30 cycles thermiques complets sans aucune dégradation des performances
électrochimiques11. On note cependant que les montées et descentes en température ont été
exécutées selon des rampes très lentes (2°C/min).
Dès que les séquences de chauffage ou de refroidissement sont plus rapides que 2°C/min,
W. Buljalski et al.12 mentionnent une dégradation mécanique des empilements planaires (tels
que celui du FZJ-Jülich). Ces dégradations sont attribuées à des contraintes mécaniques dues
aux gradients de températures transitoires. Lors d’un refroidissement rapide, la température de
surface est en effet plus faible que celle régnant au cœur de l’empilement : la peau externe de
l’objet se contracte alors plus vite et se trouve sollicitée en tension. Par ailleurs, on peut
supposer que l’interconnecteur métallique se refroidit plus rapidement que les composants
céramiques. On crée là encore des dilatations différentielles transitoires au sein de
l’empilement.
Les intérêts et la pertinence du couplage entre une chaudière et une pile ont été montrés.
Ils résident dans la possibilité d’utiliser le gaz naturel comme combustible tout en obtenant de
forts rendements électriques. Dans ce cas, la faisabilité de l’intégration de la pile dans le cœur
de chauffe de la chaudière a été vérifiée d’un point de vue thermique. Par ailleurs, les
gradients de température en fonctionnement ne devraient pas induire d’endommagement des
cellules. Néanmoins, il reste un ensemble de difficultés à résoudre : fonctionnement à fort
taux d’utilisation, grand nombre de cycles de marche/arrêt induisant des cycles redox et des
montées/descente en température rapides. Bien que communes à toutes les applications
stationnaires, ces limitations sont ici particulièrement drastiques et se rapprochent plus d’une
application embarquée (comme auxiliaire de puissance dans un véhicule). En effet, le nombre
de cycles admissibles sans dégradation sera forcément plus grand que celui d’un système de
large puissance, visant une production massive d’électricité (mode SOFC) ou d’hydrogène
(mode SOEC). Par ailleurs, les bonnes performances électrochimiques requises pour cette
application nécessitent l’utilisation de cellules à anode support peu robustes.
-122-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
On peut envisager trois voies d’étude pour lever ces verrous technologiques :
• La première consisterait à identifier un nouveau matériau d’anode présentant les mêmes
performances électrochimiques que le cermet, mais plus robuste et plus tolérant aux cycles
redox. Il a été montré à ce titre que les structures perovskite de type Chromo-manganites de
Lanthane dopées au Strontium (LSCM) sont stables sous atmosphère réductrice et oxydante13.
Ce matériau semble également présenter de bonnes propriétés pour l’électro-oxydation directe
du méthane13. Cependant, la faible conductivité électrique de ces matériaux (1,49 Ω-1cm-1 à
900°C sous H2 pour le LSCM13) pourrait bien compromettre leur utilisation comme matériau
d’anode.
• La seconde voie consisterait à garder l’architecture des cellules à anode support élaborée
avec les matériaux classiques des SOFCs (Ni-8YSZ//8YSZ//LSM). On a montré la pertinence
du choix de ce type de cellule au regard de son efficacité électrochimique. Il conviendrait
maintenant d’identifier les conditions de fonctionnement et de marche/arrêt du système
permettant d’éviter sa dégradation. L’objectif de ce travail viserait donc à établir des
préconisations sur l’utilisation de la pile pour éviter son endommagement : taux d’utilisation
admissible et protocoles de marche/arrêt du système. Ce protocole devra notamment préciser
la vitesse de refroidissement (ou de chauffage) limite à ne pas dépasser. Les conditions
gazeuses lors des phases d’arrêt devront être également contrôlées pour rester sous le seuil
d’oxydation critique du cermet de 45%. A titre indicatif, pour un substrat anodique de 500
µm, environ 0,9 litre d’O2 par cellule sont nécessaire pour atteindre ce seuil critique.
La cinétique d’oxydation du cermet est rapide à 800°C et peut être considérée dans une
première approche comme non limitante (fig. V.3). Dans ce cas, la durée ∆t45% nécessaire
pour atteindre un taux d’oxydation de 45% peut facilement être reliée à un débit d’oxygène
nO2 introduit dans le compartiment anodique. Pour un fraction volumique de Ni de 40% et
sachant qu’une mole d’O2 fournit deux moles de NiO, cette durée est donnée par :
0,09 × (1 − ε )hanode S cell d Ni
∆t 45% = (5.3)
M Ni nO2
-123-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
cependant à effectuer pour préciser les conditions d’arrêt et les spécifications à retenir pour le
système.
-124-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
titre d’exemple, M.C. Tucker et al.18 ont publié des performances de cellules
obtenues sous hydrogène à 750°C atteignant ∼1100 mA.cm-2 à 0,7Volts.
(iii) Comme mentionné par de nombreux auteurs, le remplacement du support céramique
par un support métallique augmente la robustesse des cellules. Il a été ainsi
démontré que les cellules à métal support sont capables de supporter des cycles
thermiques rapides. Y.B. Matus et al.16 ont par exemple cyclé des cellules 50 fois
entre 200 et 800°C à 50 °C.min-1. Les observations ont montré que seul le matériau
servant à sceller les cellules s’était endommagé. P. Attryde et al.15 ont, quant à eux,
cyclé des cellules soudées dans leur support 500 fois entre 20°C et 600°C à
120°C.min-1. Là encore aucune rupture n’a été reportée.
(iv) Ce type d’architecture semble également être tolérant aux cycles redox. On pourrait
attribuer cette résistance à la formation d’une fine couche protectrice de Cr2O3
présente en surface de l’acier ferritique. Ce processus empêche l’oxydation massive
du matériau, qui par conséquent, évite l’expansion volumique macroscopique du
support. Cette tolérance a récemment été montrée par M.C. Tucker et al.19. Ces
auteurs ont fait subir cinq cycles redox à une cellule de type métal support et une
cellule de type anode support. A chaque cycle, le cermet a été totalement ré-oxydé.
Alors que l’électrolyte mince de l’anode support est rompu dès la première
ré-oxydation du Ni, la cellule à métal support continue à fonctionner après les 5
cycles. Une baisse des performances électrochimiques sous hydrogène est tout de
même observée, passant de 650mW.cm-2 à 475mW.cm-2 (à 0,7Volts et 700°C).
Y.B. Matus et al.16 mentionnent qu’à 800°C l’acier ferritique avec 30%Cr ne devrait pas
s’oxyder massivement sous hydrogène humidifié. Il sera néanmoins important de vérifier la
tenue à la corrosion de ce matériau sous un mélange de méthane et d’hydrogène fortement
humidifié. En effet, la lente oxydation de ce matériau pourrait alors provoquer la dégradation
des performances électrochimiques de la cellule. Pour limiter ce risque, la température de
fonctionnement pourrait être réduite à 700°C. En effet, le cinétique d’oxydation est plus lente
à cette température, tandis que la quantité d’hydrogène pouvant être produite par les réactions
de reformage reste importante20. Une température de fonctionnement encore plus basse n’est
pas envisageable car les réactions de dépôt de carbone sont favorisées d’un point vue
thermodynamique (au détriment des réactions de reformage).
-125-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
-126-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Figure V.6 : diagramme illustrant la méthodologie pour le calcul de la dégradation des performances à fort taux
d’utilisation.
• Lors de la phase d’arrêt du système, les vitesses de refroidissement limites pour ne pas
endommager les cellules de l’empilement devront également être évaluées. Les gradients
thermiques liés aux phénomènes transitoires lors du refroidissement dépendent de la
géométrie exacte de l’empilement. Le modèle de compréhension développé ici ne sera pas
adapté pour décrire correctement ce type de phénomène. Un logiciel commercial de
thermo-hydraulique sera à ce titre mieux adapté.
Les champs de contrainte devront être déterminés à partir des gradients de température
précédemment calculés. Comme déjà discuté, il faudra là encore décrire la géométrie exacte
de l’empilement en utilisant un logiciel commercial de conception. On pourra cependant
utiliser la méthodologie d’endommagement développée dans le cadre de ce travail. Elle sera
notamment utile pour estimer le risque de rupture aux niveaux des zones de concentration de
contraintes (singularités) de la structure multi-matériau que constitue une pile SOFC
(anode/électrolyte/cathode/pâte de verre/interconnecteur).
-127-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
De manière plus générale, un des objectifs de développement ultérieur des modèles visera
à étudier l’impact de l’endommagement mécanique des cellules sur leurs réponses
électrochimiques. Des expériences sont par conséquent à prévoir pour valider ce type de
développement. La spectroscopie d’impédance semble être une technique expérimentale
particulièrement bien adaptée dans ce cas. En effet, à chaque type d’endommagement observé
ou prévu par le modèle, des évolutions de spectres spécifiques seront obtenues, donnant des
informations sur le type de dégradation électrochimique (perte de surface active,
augmentation des surtensions d’activation cathodique ou anodique…).
Une étude préliminaire a été menée sur une cellule à anode support afin d’illustrer la
pertinence d’une telle approche. Une fine couche de cermet à l’interface avec l’électrolyte a
été oxydée puis réduite plusieurs fois à 800°C. L’oxydation du cermet anodique a été
effectuée par voie électrochimique grâce aux ions O2- migrant au travers de l’électrolyte. Une
description détaillée de la méthodologie suivie et des résultats obtenus est présentée en
annexe 7. On retiendra ici que les observations post-mortem de la cellule après essai ont
révélé une fissuration aux interfaces de chaque côté de la couche fonctionnelle
anodique. L’oxydation d’une fine couche proche de l’électrolyte se rapproche en effet du cas
de l’oxydation d’une cellule à électrolyte support, pour laquelle le modèle prévoit un
-128-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Fig. 7b : Évolution de la 2
Résistance normalisée (ohm.cm²)
0,8
0,4
R2 0
R1 R3
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Nombre de cycles
0,7
Résistance normalisée (ohm.cm²)
0,5
Fig. 7a : diagramme 0,4
d’impédance mesuré
sous H2 au cycle 8 0,3
0,2
0,1
0
Fig. 7c : Évolution de la 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
résistance R2 du premier arc Nombre de cycles
Figure V.7 : Mesure de la fonction de transfert de la cellule (diagramme d’impédance) mesurée autour de la
tension d’équilibre sous hydrogène à 800°C (entre deux phases d’oxydation de l’anode : cf. annexe 7 pour les
conditions détaillées de la mesure) :
(7a) Diagramme d’impédance typique tracé dans le plan de Nyquist (cycle 8).
(7b) Evolution de la contribution purement résistive R1.
(7c) Evolution de la contribution R2.
-129-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Sur la base des modèles développés et validés, un ensemble de simulations a été effectué
pour étudier le fonctionnement et la durabilité d’une pile alimentée sous méthane. Un effort a
été porté lors de cette phase du travail pour confirmer les résultats de simulation par des
mesures :
• L’effet de l’épaisseur d’anode sur le RID du méthane a été confirmé en comparant les
résultats de simulation aux résultats expérimentaux de I. Drescher et al.22,23 (cf. fig. III.9). Par
ailleurs, en utilisant les paramètres physiques de la littérature scientifique, le module thermo-
électrochimique a permis de retrouver les performances sous hydrogène d’un empilement de
deux cellules du centre de recherche FZJ-Jülich (cf. fig. III.15).
• Pour la partie mécanique, l’endommagement prévu lors de l’étape de mise en forme des
cellules correspond aux observations. Le modèle prévoit par exemple le faïençage de l’anode
pour une configuration à électrolyte support. Cet endommagement a été effectivement
observé au MEB (cf. fig. IV.3). Enfin, le seuil de déformation à l’oxydation du cermet
induisant la rupture de l’électrolyte mince a été validé sur des cellules à anode support
commerciales.
4 Conclusion
-130-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
modélisation sera bien adapté pour étudier les solutions proposées pour contourner ces
limitations.
La construction de la partie mécanique du modèle nous a conduit à développer une
approche statistique concernant l’amorçage de la rupture dans les zones singulières d’une
structure céramique. La méthodologie mise en place pourra être utilisée pour étudier la
robustesse de géométries innovantes. Néanmoins, une validation expérimentale spécifique à
cette approche reste à effectuer.
Le modèle développé dans le cadre de cette étude pourrait finalement être utilisé pour
d’autres applications. On pourrait par exemple étudier la réponse électrochimique et
thermique d’une pile alimentée directement par un biogaz riche en méthane. Dans ce cas, il
conviendra de prendre en compte l’effet de la précipitation du carbone dans la pile. Enfin, en
inversant le processus électrochimique, le modèle pourrait aussi servir à l’étude des
électrolyseurs à hautes températures (SOEC). On pourrait ainsi établir le comportement
électrochimique, thermique et mécanique de l’électrolyseur, afin d’identifier son mode de
fonctionnement optimal.
-131-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
Références bibliographiques
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-132-
Chapitre V : Synthèse et discussion des résultats − Perspectives
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23
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on nickel cermet anodes, in: Proceedings of the Second European Solid Oxide Fuel Cell Forum,
Lucerne, Switzerland, Vol. 1, 1996, pp. 143-152.
-133-
Conclusion générale
Conclusion générale
-134-
Conclusion générale
• Les paramètres introduits dans le modèle sont relatifs aux matériaux de référence des
SOFCs. Seule l’énergie d’adhérence des couches de la cellule n’est pas disponible dans la
littérature scientifique. Une méthode de mesure a donc du être développée pour estimer cette
grandeur. Elle a été mise en oeuvre pour évaluer l’énergie d’adhérence de l’interface
cathode/électrolyte. Une cellule SOFC a été préalablement assemblée entre deux plaques en
acier inoxydable. Pour assurer le décollement à l’interface souhaitée, les éprouvettes ont été
chargées mécaniquement dans un montage en flexion 4 points symétriques. L’enregistrement
de la force nécessaire au délaminage a permis de remonter à l’adhérence de l’interface
cathode/électrolyte. Néanmoins, une correction de cette valeur a dû être effectuée afin de tenir
compte de la présence de colle jusqu’à l’interface testée. Une adhérence de ∼20 J/m² a été
finalement obtenue.
Le modèle a été utilisé pour estimer la robustesse mécanique des cellules en configuration
planaire. L’analyse des résultats a permis d’expliquer la fragilité des cellules à anode support.
Pour cette géométrie, l’électrolyte ne doit pas dépasser 10 µm pour préserver l’intégrité
mécanique du tri-couche à température ambiante. On obtient néanmoins une forte contrainte
de compression dans l’électrolyte mince. L’énergie élastique associée à cette contrainte
contribue à fragiliser la structure. Elle constituera en effet une force motrice au délaminage
dès qu’un défaut sera présent dans l’interface anode/électrolyte.
Dans le cas de la géométrie à électrolyte support, le niveau des contraintes internes est
beaucoup plus faible : aucun risque de délaminage ou de rupture de l’électrolyte n’est à
craindre à température ambiante.
La géométrie à anode support est également moins tolérante vis-à-vis de la ré-oxydation
du cermet intervenant lors des phases d’arrêt de la pile. Pour ce type de cellule, cette phase
induit un faïençage inévitable de la cathode. Par ailleurs, il est indispensable de préserver des
conditions de gaz dans la chambre anodique, de telle sorte que l’on ne dépasse pas un seuil de
ré-oxydation du cermet de 45%. Dans le cas contraire, on prévoit un endommagement
catastrophique de l’électrolyte mince. Pour la géométrie à électrolyte support, il est prévu que
la ré-oxydation du cermet entraîne un décollement de la couche mince anodique. Ce
délaminage survient cependant pour des taux d’oxydation plus importants (70% avec
hanode=10 µm).
Pour les deux configurations, il a été montré que le chauffage à 800°C et la réduction du
cermet conduisent à une relaxation générale du niveau des contraintes dans la cellule. Ces
deux étapes sont donc sans danger vis-à-vis de l’intégrité mécanique des cellules. Les effets
des cycles thermiques ont été également discutés pour montrer que seules les descentes et
montées en températures rapides sont dommageables pour la pile.
-135-
Conclusion générale
L’intégration d’une SOFC dans le cœur de chauffe d’une chaudière individuelle a été
étudiée par l’outil de modélisation :
L’analyse du fonctionnement électrochimique du SRU alimenté directement sous méthane
a été effectuée : l’anode doit présenter une épaisseur supérieure à 400-500 µm pour que le
RID du méthane ne soit pas un processus limitant. En d’autres termes, l’utilisation de cellules
à anode support est indispensable à l’application étudiée.
Dans ce cas et pour un SRU présentant de bonnes propriétés électrochimiques sous
hydrogène (i.e. i=850 mA/cm² à Ucell= 0,7 Volts avec Uc∼40% et Tfour=800°C), il a pu être
montré que la pile intégrée dans le cœur de chauffe de la chaudière peut atteindre un
rendement électrique important de 55%. Ce rendement correspond à la valeur spécifiée dans
le cahier des charges de l’application établi par l’utilisateur (GdF). Les conditions de
fonctionnement permettant d’atteindre ce rendement ont été identifiées et impliquent une
polarisation classique des cellules (i.e. 0,7 Volts<Ucell<0,8 Volts).
Ces conditions sont également favorables à l’intégration thermique de la pile au sein de la
chaudière. En effet, malgré un fonctionnement à fort rendement, la chaleur générée par le
processus électrochimique est en grande partie absorbée par l’endothermicité du RID. La pile
fournit globalement peu de chaleur à évacuer, et la gestion thermique du système s’en trouve
ainsi facilitée.
Par ailleurs, les simulations ont montré que les conditions thermiques imposées par
l’environnement de la chaudière conduisent à des gradients de températures limités le long
des cellules. L’étude mécanique a montré que ces gradients ne modifient pas dangereusement
l’état de contrainte des cellules. Cependant, le fonctionnement à fort rendement électrique
implique des taux d’utilisation du combustible importants (>70%). Ce mode de
fonctionnement tend à créer les conditions pouvant entraîner une ré-oxydation locale du
cermet.
-136-
Conclusion générale
Des solutions potentielles ont été proposées pour contourner ces difficultés. Ces solutions
reposent soit sur l’utilisation de nouvelles géométries de cellules SOFC, soit sur la maîtrise
des conditions d’utilisation du système chaudière/pile. Dans les deux cas, on a pu montrer que
la modélisation est un outil efficace pour évaluer la pertinence de ces solutions.
-137-
Nomenclature
-1-
Nomenclature
-2-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
Annexe 1
Développement d’une approche statistique pour
l’estimation de la rupture aux singularités d’une
structure céramique
Les matériaux céramiques se comportent comme des matériaux fragiles présentant une
dispersion statistique sur la contrainte à rupture. Ce comportement s’explique par la présence
d’une distribution de défauts à l’échelle des grains cristallographiques (microfissures, pores,
films intergranulaires amorphes, etc…). Ces défauts se répartissent aléatoirement dans le
matériau et constituent autant de sites potentiels pour amorcer la rupture. On notera que plus
le volume de l’échantillon testé est grand, plus le risque de rencontrer un défaut critique sous
un chargement donné est important. Par conséquent, la contrainte à rupture moyenne diminue
avec l’augmentation du volume testé.
Les SOFCs sont des structures céramiques présentant des discontinuités géométriques et
matérielles qui créent des zones de très fortes concentrations de contraintes. La divergence du
tenseur des contraintes dans le proche voisinage de ces points, appelés singularités, induit un
fort risque d’amorçage de la rupture. La question qui est traitée ici est celle de l’amorçage de
la rupture probabiliste sur les défauts contenus dans les zones singulières soumises à une forte
sollicitation.
L’expérience montre que le comportement statistique de la rupture des céramiques
s’observe également sur des structures entaillées où la contrainte est pourtant concentrée dans
un faible volume. Des travaux ont été menés sur la résistance mécanique d’une série
d’éprouvettes entaillées de type SENB (pour Single Edge Notch Beam). Au dessus d’un rayon
de fond d’entaille critique (ρc>10 µm), une forte dispersion est observée sur la ténacité
apparente des matériaux1-3. Par conséquent, l’approche probabiliste de la rupture reste adaptée
pour décrire le comportement d’éprouvettes entaillées et plus généralement pour prédire
l’amorçage de la rupture aux singularités d’une structure céramique.
Une approche statistique a été adoptée dans le cadre de cette étude pour décrire
l’amorçage de la rupture aux singularités d’une structure céramique tel que les SOFCs. Cette
hypothèse signifie que la rupture reste contrôlée par les défauts contenus dans la zone
singulière et peut être décrite sur la base de la théorie de Weibull. Néanmoins, pour une
céramique donnée, il a été montré que cette approche pose un problème d’intégration
mathématique des champs lorsque l’ordre de la singularité devient trop grand4-6 (i.e. pour des
-138-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
champs de contrainte fortement divergents). Une seconde difficulté vient de la triaxialité des
contraintes qui peut survenir de manière particulièrement prononcée dans la zone singulière.
Dans ce cas, une généralisation de la théorie de Weibull par une approche de type Batdorf doit
être envisagée7-9. Cette annexe est dédiée à ces deux limitations de l’approche statistique de la
rupture lorsqu’elle est appliquée aux singularités d’une structure céramique. Elle vise à établir
une méthodologie numérique qui puisse statuer sur la nocivité de tels points au regard de
l’intégrité mécanique des cellules. Ce travail a fait l’objet d’une publication disponible en
référence 10.
Dans un premier paragraphe, un rappel des théories de Weibull et de Batdorf appliquées à
des champs réguliers quelconques sera effectué. Le second paragraphe est dédié à la
limitation de l’approche de Weibull lorsqu’elle est appliquée dans une zone singulière induite
par une entaille géométrique. Par un traitement analytique du problème, deux solutions
permettant de calculer une probabilité de rupture seront établies sur la base de considérations
physiques. La cohérence entre ces deux solutions sera également évaluée. Le troisième
paragraphe présentera un ensemble de simulations par éléments finis. L’objectif de ces calculs
numériques est double. Premièrement, ils consisteront à valider les développements
théoriques du paragraphe précédent. Deuxièmement, ils permettront d’estimer l’effet de la
triaxialité du champ de contrainte singulier sur les probabilités de rupture calculées par les
approches de Weibull et de Batdorf. A partir de l’ensemble de ces résultats, on proposera une
méthodologie numérique applicable aux SOFCs pour estimer le risque de rupture statistique
dans une zone singulière. Le domaine de validité d’une telle approche sera également discuté
au regard de la mécanique de la rupture déterministe.
-139-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
Pour une distribution continue de la rupture sur un nombre d’échantillons infini, les équations
(A1.3) et (A1.4) sont décrites sous formes d’intégrales. On note par p(σ) la densité de
probabilité de rupture sur l’intervalle [σ , σ+dσ] :
∞ ∞
∫ p(σ ) dσ = 1 et σ = ∫ σ p(σ ) dσ
0 0
(A1.5)
En sachant que la probabilité de rupture Pr est égale à 1-Ps , l’équation précédente peut se
réécrire :
-140-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
1 − Pr (σ , V ) = (1 − Pr (σ , δV ))
n
(A1.8)
Pr (σ , δV )
n
V
1 - Pr (σ , V ) = 1 - ϕ (σ ) avec ϕ (σ ) = (A1.9)
n δV
Lorsque n∞, on divise le volume V en éléments de volume infiniment petits et
1 - Pr (σ , V ) atteint une valeur limite :
n
V
lim 1 - ϕ (σ ) = exp( - V ϕ (σ ) ) soit 1 − Pr (σ , V ) = exp( - V ϕ (σ ) ) (A1.10)
n→∞ n
La seconde hypothèse de Weibull repose sur le choix de la distribution ϕ(σ). Une
distribution Gaussienne ne décrit pas correctement le comportement expérimental des
céramiques. Weibull a proposé l’expression suivantes pour ϕ(σ) :
m
1 σ −σu
ϕ (σ ) = avec ϕ (σ ) = 0 pour σ ≤ σ u (A1.11)
V0 σ 0
En introduisant cette distribution dans l’équation (A1.10), on obtient :
V σ − σ m
1 − Pr (σ , V ) = Ps (σ , V ) = exp − u
V0 σ 0 (A1.12)
Dans le cas d’une distribution non uniforme de la contrainte σ dans le volume :
V σ − σ m dV
1 − Pr (σ , V ) = Ps (σ ,V ) = exp − ∫ u
0 σ 0 V0 (A1.13)
Lorsque σ≤σu alors ϕ(σ)=0 et Ps=1. Par conséquent, le terme σu représente le seuil de
contrainte en dessous duquel la probabilité de rupture est nulle. Pour la plupart des
céramiques σu→0. On supposera donc que ce terme est nul dans la suite de ce document. Par
ailleurs, on remarquera que dans la pratique δV doit contenir les défauts du matériau et ne
peut tendre vers 0. En d’autres termes, on ne peut pas diviser le matériau en un nombre infini
de volumes élémentaires. Néanmoins, le passage à la limite (A1.10) reste vrai pour des
valeurs de n ≥ 20 (l’erreur induite par le passage à la limite est seulement de 2,62% lorsque
n=20).
La probabilité de survie peut également s’exprimer en considérant une contrainte
équivalente de Weibull notée σw. A partir de l’équation (A1.13), on peut écrire :
σ m 1 m
1/ m
-141-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
Si l’on considère une contrainte appliquée en traction σ=σ0 uniforme sur tout le volume
de l’échantillon V=V0, alors la probabilité de survie Ps(σ0,V0) est égale à 1/e soit 0,37. Le
terme σ0 représente donc la contrainte appliquée sur un volume V0 conduisant à une
probabilité de survie de 37% des échantillons. L’exposant m est appelé module de Weibull. Il
est relié à l’homogénéité du matériau et traduit par conséquent la dispersion sur les contraintes
à rupture mesurées.
Si le module m tend vers l’infini, cela signifie que la céramique contient une distribution
homogène de défauts. Le comportement à rupture du matériau n’est alors plus statistique.
Celui-ci casse pour une contrainte à rupture donnée, indépendamment du volume sollicité.
Inversement, plus m est petit, plus grande sera la dispersion sur la taille des défauts et sur les
contraintes à rupture mesurées : celle-ci dépendra alors fortement du volume mis sous
contrainte. En effet, plus ce volume sera petit, plus faible sera la probabilité de rencontrer un
défaut critique, et plus la résistance apparente du matériau sera importante. Par conséquent,
une céramique présentant un faible module de Weibull pourra supporter des contraintes
d’autant plus fortes que le volume sollicité sera petit.
Il apparaît dans cette discussion que les paramètres V0 et σ0 ne sont pas indépendants. Il
est en effet important de souligner que seul le produit V0σ 0 est un paramètre intrinsèque du
m
matériau considéré.
-142-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
f
On exprime la relation entre les
Champ de contraintes principales contraintes locales σrr σrϕ σrω
σ1 σ2 σ3 agissant sur le défaut et les
contraintes principales σ1 σ2 σ3
Probabilité de survie
Figure A1.1 : Organigramme présentant les principales étapes pour calculer la probabilité de survie d’une pièce
soumise à un champ triaxial hétérogène.
-143-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
• On suppose que les défauts de la céramique se présentent sous une forme lenticulaire de
rayon c. On note par σ la contrainte locale normale au plan de la fissure et par τ la contrainte
de cisaillement (fig. A1.3) :
σ rr = σ et
σ rϕ = τ cosψ
σ rω = τ sinψ
(
avec τ = σ rϕ + σ rω
2 2
)1/ 2
(A1.17)
Dans le cas d’un milieu infini, M.K. Kassir et G.C. Sih14 ont établi l’expression des facteurs
d’intensité de contraintes, KI, KII et KIII relatifs au trois modes de chargement du défaut. Ils
s’expriment en fonction des contraintes locales σ et τ :
2 4 4(1 −ν )
KI = σ πc , K II = τ cosψ πc , K III = τ sinψ πc
π π (2 −ν ) π (2 −ν ) (A1.18)
On note que seules les contraintes σ positives (en traction) sont prises en compte pour
calculer KI.
Plan de la fissure
Coordonnées locales
x3 xr xr
xω
σ xω
ϕ
xϕ
x2 τ
ω Ψ
Plan de la fissure
xϕ
x1
Figure A1.2 : Relations entre les coordonnées des axes Figure A1.3 : Contraintes normale σ et de
principaux (x1 x2 x3) et celles du repère local du défaut cisaillement τ appliquées sur la microfissure
(xr xϕ xω). lenticulaire.
• La contrainte équivalente peut alors être introduite dans la distribution des limites à
rupture pour calculer une probabilité de survie. Pour ce faire, l’intégrale doit être effectuée sur
tout le volume mais également pour toutes les orientations possibles des défauts (soit sur une
demi-sphère) :
-144-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
ω =π ϕ =π m
PS = exp− ∫ K n ∫ ∫ σ eq sin ϕdϕdω dV (A1.19)
V ω =0 ϕ =0
• Le premier critère est basé sur la propagation du défaut en mode I. Dans ce cas, le critère
s’explicite simplement par KI ≥KIC. En considérant l’équation (A1.18), il peut également
s’écrire :
K IC
σ eq = σ ≥
2 (A1.21)
πc
π
Le facteur de normalisation Kn est calculé pour une traction homogène, soit pour σ1=σ2=0 et
σ3=σt. Dans ce cas, la contrainte locale agissant sur le défaut considéré est calculée avec la
matrice [R] donnée par l’équation (A1.16). La contrainte équivalente est alors égale à
σ eq = σ = σ t cos 2 ϕ . En introduisant cette dernière relation dans l’équation (A1.20), on obtient
pour Im :
-145-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
ϕ =π
2
Im = ∫ cos
2m
ϕ sin ϕ dϕ = (A1.22)
ϕ=0
2m + 1
(1 −ν ) max (A1.23)
• Le dernier critère est basé sur une propagation non-coplanaire de la fissure dans la
direction définie par le taux de restitution d’énergie maximum :
(K 4
I + K II4 + 6 K I2 K II2 )
max
≥ K IC
2
(A1.26)
-146-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
montré qu’une limitation apparaît pour des fortes valeurs de m. Pour surmonter cette
difficulté, le rayon de raccordement en fond d’entaille a été introduit dans l’analyse
mathématique et son influence sur les probabilités de survie a été étudiée.
2.1 Relation entre le module de Weibull et l’ordre de la singularité pour une entaille
idéale en V
On considère les champs singuliers créés par une entaille en V de forme idéale (fig. A1.4).
Ces champs sont dominants dans une petite zone entourant la pointe d’entaille. Pour un
chargement symétrique correspondant à un mode d’ouverture (mode 1), les champs
s’expriment en fonction du facteur d’intensité de contrainte généralisé k1. Les déplacements ui
et contraintes σij sont alors donnés par les équations suivantes18 :
ui = k1r λ1 gi (θ ) (A1.29a)
−λ1*
σ ij = k1r f ij (θ ) avec λ = 1 − λ1
*
1 (A1.29b)
où (r,θ) est le système de coordonnées locales rattaché à la pointe d’entaille (fig. A1.4). Les
exposants de la singularité λ1 et λ1* correspondent respectivement aux exposants sur les
déplacements et les contraintes en mode 1. On notera que le terme λ1* est égal à ½ pour une
fissure parfaite (pour un angle d’ouverture 2α=0) et diminue jusqu’à 0 pour un bord libre
droit (2α=π). Il a été démontré que les ordres de la singularité sur les déplacements sont les
solutions d’un problème aux valeurs propres18,19. Pour un chargement symétrique (mode 1),
l’exposant λ1 est donné par la plus petite solution de l’équation suivante :
Les valeurs typiques de λ1 et λ1* ont été calculées en fonction de α et sont données dans le
tableau A1-1.
Dans l’objectif d’estimer le risque d’amorçage de la rupture dans la zone singulière, les
champs singuliers (A1.29b) ont été introduits dans l’expression de la contrainte équivalente
de Weibull (A1.14). Par souci de simplification de l’écriture, seule la contrainte
circonférentielle σθθ a été considérée :
-147-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
1/ m
B θ =+ (π −α ) r = Rk m −λ*m m
σw = ∫ ∫1 k r 1
f θθ
(θ ) r dr d θ (A1.31)
V0 θ =− (π −α ) r =0
Si la condition mλ1* < 2 n’est pas vérifiée, la contrainte de Weibull tend vers l’infini ce qui
signifie que la probabilité de survie chute à 0. En effet, si m est trop grand, la contrainte à
rupture n’est plus sensible au volume testé et prend une valeur fixe déterministe. Dans ce cas,
la contrainte singulière dépassera toujours cette limite et le matériau cassera quel que soit le
chargement envisagé. Cette conclusion n’est pas réaliste et n’a pas de sens physique.
A
ρ
Figure A1.4 : Schéma d’une entaille Figure A1.5 : Schéma d’une entaille en V tenant compte de son
présentant une forme idéale en V dans un rayon de raccordement.
milieu homogène.
-148-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
(A1.31). La coupure dans le matériau a été considérée jusqu’à maintenant de forme idéale.
Dans la réalité, il existe un petit rayon de raccordement qui émousse la pointe de l’entaille. Ce
rayon apparaît lors de l’usinage ou de la mise en forme de l’éprouvette. Sa présence perturbe
le champ de contrainte de telle sorte qu’il reste égal à celui d’une entaille de forme idéale,
excepté dans le très proche voisinage de son apex où le champ reste borné. En d’autres
termes, l’introduction de ce rayon supprime la divergence des champs, ce qui devrait
également effacer le comportement singulier de la contrainte équivalente de Weibull.
Une seconde stratégie a été proposée dans le cadre de cette étude (lorsque mλ1* ≥ 2 ). Elle
consiste à exclure du domaine d’intégration un petit volume entourant l’apex de l’entaille
considérée de forme idéale (sans rayon de raccordement). Cette approche repose sur le fait
que les défauts du matériau présentent une longueur minimale. Or, il existe en pointe
d’entaille une zone très fortement sollicitée à cause des champs singuliers, mais suffisamment
petite pour ne pas contenir les défauts de la céramique. Par conséquent, ce volume peut être
exclu du domaine d’intégration.
L’effet du rayon de fond d’entaille sur les probabilités de survie sera étudié lors du
prochain paragraphe. La seconde approche, qui consiste à exclure un petit volume du matériau
pour calculer la contrainte équivalente de Weibull, sera ensuite étudiée. La cohérence entre les
deux stratégies sera alors évaluée.
S. Filippi et al.21 ont établi les expressions analytiques des champs élastiques au voisinage
d’une entaille présentant une rayon de raccordement ρ. Pour obtenir une solution adéquate, les
auteurs ont dû ajouter à l’ordre de la singularité un nouvel exposant µ. En mode d’ouverture,
les composantes du tenseur des contraintes restent proportionnelles au facteur k1 :
µ1 −λ1
q r
σ θθ = k1r fθθ (λ1 ,θ ) +
λ1 −1
gθθ (µ1 , λ1 ,θ )
4(q − 1) r0 (A1.33a)
µ1 −λ1
q r
λ1 −1
σ rr = k1r f rr (λ1 ,θ ) + g rr (µ1 , λ1 ,θ )
4(q − 1) r0
(A1.33b)
µ1 −λ1
q r
λ1 −1
σ rθ = k1r f rθ (λ1 , θ ) + g rθ (µ1 , λ1 ,θ )
(A1.33c)
4(q − 1) r0
-149-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
0,4ρ depuis le bout d’entaille. En dehors de cette région, le champ de contrainte rejoint le
champ singulier « classique ». Pour illustrer cette remarque, la contrainte circonférentielle σθθ
a été calculée par l’équation analytique (A1.33a) puis comparée au résultat d’une simulation
basée sur la Méthode des Eléments Finis (MEF) (fig. A1.6). La composante σθθ du tenseur a
été tracée en coordonnées logarithmiques en fonction de la distance x avec l’origine de l’axe
pris en fond d’entaille (point A sur de la fig. A1.5). A partir d’une certaine distance, la courbe
présente une évolution linéaire avec une pente égale à l’ordre de la singularité λ1* . Cette
portion linéaire définit la zone dans laquelle les champs élastiques sont dominés par la
solution singulière donnée par les équations (A1.29).
Les formules analytiques (A1.33) du champ de contrainte ont été utilisées pour calculer
les contraintes principales agissant en amont de l’apex d’une entaille émoussée :
σ θθ + σ rr
σ 1, 2 = ± (σ θθ − σ rr )2 + σ r2θ (A1.34a)
2
σ 3 = ν (σ 1 + σ 2 ) (déformation plane) (A1.34b)
Afin d’évaluer l’effet du rayon de raccordement sur les probabilités de survie, les expressions
prises par ces contraintes principales (A1.34) ont été ensuite introduites dans la distribution de
Weibull (cf. équation A1.15). Les formules analytiques obtenues présentent des intégrales qui
nécessitent une résolution numérique effectuée sous Matlab. La figure A1.7 montre les
résultats obtenus pour une fissure émoussée (α=0, λ1* =0,5 et ρ=0,01//0,05//0,1 mm).
Dans le cas où mλ1* ≥ 2 (i.e. m≥4 pour une fissure), les probabilités de survie sont non
nulles pour les trois rayons de fond d’entaille envisagés (ρ=0,01//0,05//0,1 mm). Comme
prévu, ce résultat indique que la contrainte équivalente de Weibull ne diverge plus malgré la
valeur importante de l’ordre de la singularité et du module de Weibull. On observera que la
probabilité de survie Ps varie fortement avec le rayon de raccordement en fond d’entaille ρ (Ps
décroît lorsque ρ diminue). En effet, dans les conditions mλ1* ≥ 2 , le calcul de la probabilité de
survie est très sensible au champ de contrainte perturbé par le rayon en fond d’entaille. En
d’autres termes, le risque de rupture est localisé dans la zone perturbée par le rayon de
raccordement. Si celui-ci tend vers 0, on décrit de nouveau une entaille de forme idéale,
induisant une probabilité de survie nulle et une contrainte équivalente de Weibull infinie.
Dans le cas où mλ1* < 2 (i.e. m<4 pour une fissure), les probabilités de survie ne sont pas
dépendantes du rayon de raccordement en fond d’entaille (fig. A1.7). Elles sont par ailleurs
très proches des probabilités calculées en considérant l’expression du champ singulier valide
pour une entaille de forme idéale (cf. équations A1.29b). En effet, dans le cas mλ1* < 2 , la
contrainte équivalente de Weibull n’est pas affectée par le petit volume au cœur de l’entaille
émoussée et la densité de probabilité de rupture s’étend au delà de cette zone fortement
sollicitée.
-150-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
5
2
2α
Angle de l’entaille: 2α=90°
Rayon de raccordement: ρ=0,01 mm
Figure A1.6 : Contrainte
circonférentielle tracée le long de la
(σθθ)θ=0° (MPa)
ρ=0,1 mm
2α=0° ρ=0,05 mm
ρ=0,01 mm
Probabilité de survie Ps
Module de Weibull m
m
2.3 Expression des probabilités de survie dans le cas où les valeurs du module de
Weibull et de l’ordre de la singularité sont importantes
-151-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
Une vérification de la relation (A1.35) a été effectuée en simulant une éprouvette entaillée
à 90° sur la base d’un calcul de type Eléments Finis. Des rayons de raccordement en fond
d’entaille variant entre ρ=0,01 et 0,1 mm ont été pris en compte dans cette analyse numérique.
L’évolution de la probabilité de survie ainsi obtenue se trouve être parfaitement décrite par
une loi de la forme ln Ps ∝ ρ − mλ1 +2 (fig. A1.8). Ce résultat démontre la véracité de l’équation
*
(A1.35), reliant les probabilités de Weibull aux rayons de raccordement en fond d’entaille.
-152-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
petite zone entourant l’apex de la coupure doit être retirée du domaine d’intégration. Le rayon
Rex de cette région a été défini de tel sorte que la contrainte équivalente de Weibull calculée à
partir des champs singuliers sur la région annulaire Rex<r<Rk soit égale à celle déterminée en
présence de rayon de fond d’entaille (fig. A1.9).
L’équation (A1.36) décrit la relation obtenue entre la probabilité de survie calculée en
intégrant les champs singuliers (A1.29b) sur le domaine défini par Rex<r<Rk. On trouvera en
annexe 6 une démonstration détaillée de cette équation :
m 1
k V m mλ1 −2
*
( )
1
ρ Ωθ m, α , λ*1 , µ1 mλ1* − 2
=
( )
(A1.37)
Rex Λθ m, α , λ*1
Cette dernière équation montre qu’il existe une dépendance linéaire entre le rayon exclu et le
rayon de fond d’entaille. La pente de cette droite est fonction du module de Weibull m et de
l’angle d’ouverture de l’entaille α. La figure A1.10 illustre l’évolution du ratio ρ/Rex en
fonction de m pour une fissure (α=0). Cette courbe a été obtenue en déformation plane en
tenant compte des trois contraintes principales. Il peut être noté que pour des matériaux
présentant des modules de Weibull typique des SOFCs (m∼7), ce ratio est environ égal à 10.
L’équivalence entre ρ et Rex sera utilisée dans une méthodologie numérique pour établir la
dangerosité d’une singularité.
Rex
-153-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
α=0°
2α
ρ / Rex
Module de Weibull m
Des simulations basées sur la Méthode des Eléments Finis (MEF) ont été menées pour
calculer numériquement les probabilités de rupture induites par un champ singulier. Cette
étude vise à confirmer les résultats de la section précédente, issus d’une approche analytique.
Pour ce faire, une poutre entaillée soumise un chargement en flexion 4 points symétriques a
été simulée. L’éprouvette est chargée de telle sorte que l’entaille est sollicitée uniquement
dans un mode d’ouverture. Les dimensions de l’échantillon « testé » numériquement sont
données en figure A1.11. L’espacement entre les supports extérieurs a été fixé à 40 mm tandis
que les points d’appuis intérieurs sont distants de 20 mm. Les caractéristiques du matériau
considéré pour cette analyse sont fournies dans le tableau A1-2. Ces paramètres sont ceux de
la zircone stabilisée à 8% molaire d’yttrium (8YSZ)23,24. Ils sont donc représentatifs d’un
matériau classique pour l’électrolyte des SOFCs. Les simulations ont été menées pour quatre
ouvertures angulaires d’une entaille considérée de forme idéale (i.e. ρ=0 avec 2α=90, 120,
140 et 150°). L’effet du rayon de raccordement sur la probabilité d’amorçage de la rupture a
été également étudié. Trois rayons (ρ=0,01, 0,05 et 0,1 mm) ont été introduits dans le
maillage des éprouvettes respectant le critère mλ1* ≥ 2 (i.e. pour 2α=90° et 120° : cf. tableau
A1-3).
-154-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
50
20
Figure A1.11 : Schéma
du test de flexion 4
points. Les longueurs
sont données en mm.
Les simulations sont
exécutées en bloquant
les points d’appuis du
bas et en imposant un
déplacement à ceux du
haut.
40
L’approche de Batdorf a été appliquée sur les résultats des simulations afin d’évaluer
l’influence de la triaxialité des contraintes sur les probabilités de rupture. Ces variantes de
l’approche de Batdorf reposent sur le choix du critère de propagation des défauts dans la
céramique (cf § 1.2.2). Les critères étudiés dans le cadre de ce travail sont basés sur :
• Une rupture du défaut critique en mode I avec KI ≥KIC ,
• Une propagation coplanaire du défaut lorsque le taux de restitution d’énergie dépasse
un seuil critique (soit Gcoplanaire ≥Gc),
• Une extension non-coplanaire du défaut critique avec Gnon-coplanaire ≥Gc.
A partir des trois contraintes principales simulées en cours de test, la probabilité de survie est
calculée à partir des équations (A1.19-A1.28). Cette analyse requiert une intégration angulaire
Im de fonctions trigonométriques. Pour le critère en mode I, l’intégrale présente une solution
analytique (A1.22). Par contre, les intégrales Im des deux autres critères nécessitent un calcul
numérique. Une attention particulière a été portée au choix du pas d’intégration angulaire. En
effet il doit être suffisamment petit pour obtenir la convergence du calcul vers la solution de
l’intégrale.
Un modèle basé sur un comportement élastique de la céramique a été choisi pour exécuter
les simulations. Les calculs ont été menés en 2D dans l’hypothèse des déformations planes.
Le maillage de l’éprouvette a été construit avec des éléments quadrangulaires à 8 nœuds
pouvant être dégénérés en éléments triangulaires à 6 nœuds. La taille des mailles a été affinée
-155-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
en bout d’entaille afin de décrire au mieux la divergence des champs (fig. A1.12). Le code
éléments finis Cast3M17 a été utilisé pour cette étude.
ρ=0 ρ>0
Figure A1.12 : Maillage de l’éprouvette de flexion. Agencement des éléments en bout d’entaille (pour une
forme idéale − ρ=0 − et pour une entaille émoussée − ρ>0 − ).
La coupure dans le matériau induit une singularité en contrainte comme observé en figure
A1.13, où le logarithme de la contrainte circonférentielle a été tracé le long de la bissectrice
de l’entaille (θ=0, r>0 et 2α=0). La partie linéaire de la courbe définit le rayon de
k-dominance à l’intérieur duquel les champs sont gouvernés par la singularité. On notera que
Rk est égal à environ 0,2 mm, valeur correspondante à 1/10 de la profondeur d’entaille (*).
Selon l’équation (A1.29b), la pente de la partie linéaire de la courbe A1.13 doit correspondre
à l’ordre de la singularité en contrainte λ1* . Cette pente a été estimée à environ 0,3853. Elle est
en bon accord avec l’exposant de singularité calculé par l’équation (A1.30) (cf table A1-1).
Ce résultat prouve que les champs singuliers calculés numériquement sont exacts.
(*)
Le rayon de k-dominance est en effet fonction que de la géométrie de l’éprouvette : on peut proposer de le
− λ*
définir par σ θθ
sing
( Rk ) ≥ σ régulier soit k1 Rk 1 f θθ ≥ σ régulier (avec k1 proportionnel à σrégulier et fonction de la
géométrie de l’éprouvette). Par exemple, pour une fissure de longueur a dans un milieu infini, on obtient
facilement Rk = πa ( fθθ ) .
2
-156-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
6
Points simulées (analyse éléments finis)
5
Courbe ajustée : ln σ θθ ∝ λ1* ln r + cst
4
Angle d’ouverture de l’entaille : 2α=120°
3 Ordre de la singularité: λ1* = 0,3843
2
-12 -10 -8 -6 -4 -2 0
lnln(distance
(distance depuis
from lethe
fond d’entaille)
notch tip) (ln(ln
mm)mm)
Figure A1.13 : Logarithme de la contrainte circonférentielle σθθ tracé en fonction de la distance à la pointe
d’entaille dans le plan bissecteur de la coupure (θ=0, r>0 et 2α=0).
-157-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
1
0,9 kRmin 10-5-5 mm
= 3,7010-5
= 3,70
-5
kRmin
= 4,11 10-5 mm
= 4,1110-5
0,8 -5
kRmin
= 4,63 10-5 mm
= 4,6310-5
Probabilité de survie
-5
0,7 kRmin
= 5,29
= 5,29 10-5 mm
10-5 Figure A1.14 : Probabilité de survie
-5
0,6 kRmin
= 6,17
= 6,1710-5
10-5 mm
-5 Ps tracé en fonction des
kRmin
= 7,40
= 7,4010-5
10-5 mm
0,5 déplacements imposés. Ps a été
0,4 calculée pour différentes tailles de
maillage (Rmin est le rayon des
0,3
éléments entourant la singularité,
0,2 m=7).
Angle de l’entaille : 2α=90°
0,1
Ordre de la singularité: λ1* = 0,4555
0
0 0,01 0,02 0,03
Applied displacements
Déplacements (mm)
imposés (mm)
0,9
0,8
Ps / (Ps, max=0,42)
-158-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
sont logiques et compatibles avec les développement théoriques présentés en § 2.3. Ils tendent
donc à les valider.
1
Caracteristic
Rayon excluradius of the10removed
: Rex=9,6 -4 mm zone:
0,9 r = 9,614 10-4 mm
0,8 Rayon of
Radius de the notch tip: : ρ==0,01
raccordement mm
0,01 mm
Probabilité de survie
0,7
(a)
0,6 Rayon de raccordement :
Angle d’ouverture de l’entaille: 2α=90°
0,5 ρ=0,01 mm,
0,4 Rayon zone exclue :
0,3 Rex = 9,6x10-4 mm
0,2
0,1
0
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12
Déplacements imposés (mm)
1
0,9 Rayon exclu
Caracteristic : Rexof=1,003
radius 10-2 zone:
the removed mm
rc=1.003 10-3 mm
0,8 Rayonofde
Radius notch tip:: ρ
theraccord. ρ =0.1
=0,1mm
mm
Probabilité de survie
0,7
0,6 (b)
0,5 Rayon de raccordement :
0,4 ρ=0,1 mm
0,3 Rayon zone exclue :
Rex = 1,0x10-2 mm
0,2
Angle d’ouverture de l’entaille: 2α=90°
0,1
0
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12
Déplacements imposés (mm)
Figure A1.16 : Probabilité de survie Ps tracé en fonction du déplacement imposé (2α=90°). Les probabilités ont
été calculées :
(i) pour une entaille émoussée,
(ii) en excluant une zone autour de la singularité d’une entaille idéale.
-159-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
1
0,9 Weibull
Weibull
mode II
mode
0,8 Coplanaire
Coplanar
0,7 Non-coplanaire
Non-coplanar
Probabilité de survie
0,6
(a)
0,5 Angle de l’entaille : 2α=90°
0,4 (avec ρ=0,01 mm)
0,3
Angle d’entaille: 2α=90°
0,2
0,1
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
Déplacements imposés (mm)
1,00
0,90 Weibull
mode I
0,80
Coplanaire
Coplanar
0,70 Non-coplana.
Non-coplanar
Probabilité de survie
0,60 (b)
0,50 Angle de l’entaille : 2α=120°
0,40 (avec ρ=0,01 mm)
0,30
0,20
Angle de l’entaille: 2α=120°
0,10
0,00
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12
Déplacements imposés (mm)
1
0,9 Weibull
mode I
0,8 Coplanaire
0,7 Non-coplanaire
Probabilité de survie
0,6 (c)
0,5 Angle de l’entaille : 2α=150°
(sans rayon de raccordement)
0,4
0,3
0,2
0,1
Angle de l’entaille: 2α=150°
0
0,03 0,05 0,07 0,09 0,11 0,13 0,15
Déplacements imposés (mm)
Figure A1.17 : Probabilité de survie Ps tracée en fonction du déplacement imposé pour trois ouvertures
angulaires de l’entaille. Comparaison des probabilités calculées par les approches de Weibull et Batdorf.
-160-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
4 Discussion
4.1.1 Eléments de validation de la rupture aux singularités d’une céramique par une
approche statistique
cf. § 2.3). Dans le cas d’une fissure (2α=0 et λ1* =1/2) et pour des valeurs de m typiques des
céramiques techniques (m~10-20)25, la ténacité k0 augmente alors selon une loi proche de ρ
mis à l’exposant de l’ordre de la singularité λ1* (i.e. k0 (ρ ) ∝ σ 0 ρ 1 / 2 ). Cette évolution est
retrouvée par de nombreux auteurs1,2,26,27 pour un rayon d’émoussement supérieur à un rayon
critique ρc. En effet, comme illustré en figure A1.18 pour ρ>ρc, la ténacité moyenne mesurée
évolue linéairement en fonction de la racine carrée du rayon de fond d’entaille. De plus, on
observe généralement une forte dispersion des résultats expérimentaux. Cette remarque tend
là encore à prouver que l’approche statistique de la rupture s’applique même si la relation
mλ1* < 2 n’est pas vérifiée.
-161-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
ρc
Ténacité mesurée (MPa.m1/2)
Critère en Critère en
Figure A1.18 : Illustration de l’évolution de la
énergie contrainte
ténacité mesurée en fonction du rayon en de
fond de fissure ρ (2α=0). Résultats établis par
R. Damani et al.1 (matériau : ZrO2).
√ρc
On note que la valeur expérimentale typique des rayons critiques de raccordement en fond
de fissure ρc est d’environ de 10 µm1,26,27,28. En d’autres termes, en dessous de cette valeur,
l’approche statistique ne peut plus être appliquée. Cette condition se traduit par un rayon
minimum d’environ 1 µm de la zone en coupe du volume exclu (cf. § 2.3.2).
• Chaque élément de volume δV doit de plus présenter une taille suffisante pour contenir
un défaut quelconque de la distribution.
Cette contrainte a été tracée en fonction du rayon de l’élément de volume supposé sphérique
δV et en considérant le matériau d’électrolyte des SOFCs (i.e. 8YSZ : cf. données en annexe
2) (fig. A1.19). Pour des rayons supérieurs à 1 µm, la contrainte caractéristique de rupture
reste très inférieure à la contrainte théorique de clivage29 du matériau considéré. En effet,
-162-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
cette contrainte est estimée varier en entre E/5 et E/10 soit entre 6 et 19GPa. En d’autres
termes, pour des volumes dont le rayon est supérieur à 1 µm, la contrainte de rupture reste
gouvernée par la propagation des défauts contenus dans la céramique. Ce résultat signifie
également que la distribution en taille des défauts est telle qu’elle peut être incluse dans cet
élément de volume minimum. Cette dernière remarque est cohérente avec la valeur critique
(minimum) du volume exclu en pointe de singularité. En effet, on ne peut pas descendre en
dessous de cette valeur. Dans le cas contraire, cela signifierait que l’on applique l’approche
statistique de la rupture sur un élément de volume fortement soumis à contrainte par les
champs singuliers, mais dans lequel on ne peut plus rencontrer les défauts de la céramique. En
conclusion, il faut que le rayon de k-dominance Rk soit supérieur au rayon exclu critique
R critique ≈ 1µm (i.e. Rk> R critique ≈ 1µm ).
Contrainte caractéristique (MPa)
-163-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
R critique (A1.40)
soit mini
Rk >R critique
1 + 20
B
En d’autres termes, si cette dernière relation est vérifiée, on pourra alors diviser le volume
singulier en un nombre suffisant d’éléments de volume δV contenant les défauts du matériau.
En pratique, cette condition sera facilement vérifiée pour les longueurs B « classiques » des
lignes singulières des cellules SOFCs.
Dans le cas particulier d’une macro-fissure émoussée (2α=0 et ρ>0) placée dans un
matériau déterministe (m→∞), l’approche statistique donnée par l’équation (A1.35) se réduit
au critère de rupture suivant :
ρ
σ ∞ ≥ βσ 0 (A1.41)
a
où σ∞ correspond à la contrainte appliquée à longue distance, β est une constante dépendant
de la géométrie et a la longueur de la fissure macroscopique. La relation (A1.41) correspond à
un critère de rupture en contrainte. Il est équivalent à l’approche classique du facteur de
concentration de contrainte pour prévoir la rupture déterministe d’une fissure émoussée dans
un milieu homogène30.
Le critère en contrainte, qu’il soit statistique ou déterministe, n’est pas applicable aux
fissures dont le rayon de raccordement tend vers 0. En effet, en dessous de ρc, la ténacité
mesurée devient indépendante du rayon de raccordement ρ (fig. A1.18). Dans ce cas, la
rupture n’est plus déclenchée sur les défauts contenus dans la zone singulière mais par la
propagation de la macro-fissure elle-même. Ce mode de rupture est classiquement décrit par
le critère en énergie de Griffith31.
On peut supposer que le comportement observé pour une fissure peut se généraliser à une
entaille vérifiant la condition mλ1* ≥ 2 . L’approche statistique s’appliquera si le rayon en fond
d’entaille dépasse un seuil critique. En dessous de ce seuil, une approche déterministe telle
que celle développée par D. Leguillon32 devra s’appliquer.
Pour un ordre de la singularité faible (soit pour une ouverture d’entaille tendant vers un
bord libre droit) et pour un faible module de Weibull (soit pour un matériau présentant un fort
comportement statistique à la rupture), la relation mλ1* < 2 est vérifiée. Dans ce cas, il semble
raisonnable de penser que l’approche statistique est légitime pour décrire la rupture
-164-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
4.2 Méthodologie pour prédire la rupture d’une structure céramique telle que les
SOFCs
Les singularités de structure d’une cellule SOFCs sont typiquement des entailles à 90° (cf.
chap. II). Par ailleurs, les procédés de mise en forme des couches induisent forcément des
rayons de raccordement en fond d’entaille. Dans ces conditions, l’approche statistique
proposée dans cette étude semble bien appropriée pour évaluer la nocivité de telles
singularités.
La méthodologie proposée repose sur un calcul par éléments finis, et exploite le rôle d’un
volume exclu en cœur de la zone singulière sur les probabilités de Weibull. Le diagramme de
la figure A1.20 synthétise les étapes de cette méthode.
La zone singulière est simplement maillée en considérant une forme idéale sans rayon de
fond d’entaille.
Le calcul éléments finis est exécuté et les champs de contraintes sont extraits de la simulation. Ils sont
intégrés sur chaque élément du maillage pour déterminer une probabilité de rupture.
La probabilité est une nouvelle fois calculée en retirant du domaine d’intégration les premières
couronnes d’éléments entourant la singularité (mais contenu dans le rayon de k-dominance Rk).
-165-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
uniquement la zone singulière (soit le domaine tubulaire entourant la ligne singulière dont la
coupe correspond à une surface circulaire de rayon Rk∼0,2 mm).
La figure A1.21 illustre les résultats obtenus pour des faibles angles d’ouverture d’entaille
(i.e. 2α=90°). Une comparaison entre les probabilités calculées dans le volume complet de
l’éprouvette et celles déterminées uniquement dans le volume singulier est donnée en figure
A1.22. Cette comparaison est fournie pour un chargement correspondant à un déplacement
imposé de 0,039 mm. On observe que les probabilités de Weibull et celles calculées pour
chaque critère de l’approche de Batdorf sont identiques (fig. A1.21). Les probabilités
calculées sur la zone singulière sont par ailleurs égales à celles déterminées sur le volume
complet de l’éprouvette (fig. A1.22). Ce dernier résultat montre que le risque de rupture de
l’échantillon est entièrement localisé dans le volume singulier. Dans cette région, la contrainte
principale σy − perpendiculaire à la bissectrice de l’entaille − est en traction à cause du mode
de chargement symétrique. Qui plus est, cette contrainte est forcément grande devant la
contrainte principale dans la direction x (cf. coordonnées fig. A1.4). Dans ces conditions, les
probabilités calculées à partir de l’approche de Batdorf doivent nécessairement se réduire aux
probabilités de Weibull.
1
Weibull
Weibull 1
0,9 Probability
Ps calculéecalculated onsingulière
sur la zone the singular area
mode
modeI I 0,9
0,8 Ps calculéecalculated
Probability sur l’éprouvette complète
on the whole specimen
Coplanar
Coplanaire 0,8
Probabilité de survie
0,7
Probabilité de survie
-166-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
En conclusion, les critères de l’approche de Batdorf donnent les mêmes résultats que la
théorie de Weibull pour un mode de chargement symétrique (mode 1) et pour des angles
d’ouvertures suffisamment petits (2α<120°). Pour ces conditions, les probabilités de survie
peuvent être directement déterminées par l’approche de Weibull. Dans le cas contraire, les
effets pris en compte par l’approche de Batdorf ne sont pas négligeables et doivent être
évalués.
0,7
0,6
0,6
0,5
0,5
0,4 Zone singulière
Singular area
0,4
0,3
0,3
0,2 2α=150°
0,2
0,1
0,1
0
0
0,03 0,05 0,07 0,09 0,11 0,13 0,15 Weibull Mode I Coplanaire
Coplanar Non-coplanaire
Non-coplanar
Déplacements imposés (mm)
Figure A1.24 : Comparaison entre les probabilités
Figure A1.23 : Probabilité de survie calculée sur la zone
de survies calculées sur toute l’éprouvette et celle
singulière (de k-dominance : Rk=0,2 mm) et tracée en
déterminées sur la zone singulière (2α=150° et
fonction du déplacement imposé (2α=150°).
dépl. imposé=0,096 mm).
5 Conclusion
-167-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
Pour les structures céramiques tel que les SOFCs, une méthodologie numérique a été mise
au point et a été utilisée pour estimer la nocivité des singularités des cellules à anode et
électrolyte supports (cf. chap. IV). Sachant que les cellules SOFCs présentent des entailles
aiguës à 90°, seule l’approche de Weibull a été retenue dans l’analyse du risque de rupture
associée à ces singularités. Par ailleurs, il faut également souligner un manque de résultats
expérimentaux pour pouvoir appliquer l’approche de Batdorf. Il serait à ce titre intéressant
d’identifier sur les matériaux classiques des SOFCs, le critère de propagation des défauts de la
céramique le plus approprié pour décrire au mieux la rupture probabiliste.
-168-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
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-169-
Annexe 1 : Estimation de la rupture aux singularités d’une structure céramique
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-170-
Annexe 2 : Paramètres des modèles électrochimique, thermique et mécanique
Annexe 2
Paramètres de référence utilisés pour les modèles
électrochimique, thermique et mécanique
-171-
Annexe 2 : Paramètres des modèles électrochimique, thermique et mécanique
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-173-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
Annexe 3
Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
1 Rappels théoriques
On considère une fissure qui s’est développée le long d’une interface séparant deux
matériaux. Comme illustré en figure A3.1, la fissure est incluse dans un plan xOz du côté du
demi-plan x<0. Les points du plan xOy sont repérés soit par leurs coordonnées cartésiennes
(x,y) soit par leur coordonnées cylindriques (r,θ).
Il a été montré par J. Dundurs1 que les solutions en élasticité plane pour un bi-matériau ne
dépendent que de deux paramètres sans dimension. Si l’on adopte la convention de la figure
A3.1, ces paramètres s’expriment par les deux équations suivantes :
µ1 (κ 2 + 1) − µ 2 (κ1 + 1)
α=
µ1 (κ 2 + 1) + µ 2 (κ1 + 1) (A3.1)
µ (κ − 1) − µ 2 (κ1 − 1)
β= 1 2
µ1 (κ 2 + 1) + µ 2 (κ1 + 1) (A3.2)
-174-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
En 1959, M.L. Williams2 utilisa une approche par fonctions propres pour exprimer
qualitativement le champ des contraintes en pointe de fissure interfaciale. La forme complète
des champs fut établie ultérieurement grâce à l’utilisation des potentiels complexes3-7. On
trouvera en référence 8 la démonstration établissant le tenseur des contraintes σij en pointe de
fissure :
σ ij = Re{Kr1 / 2r iε fij (θ , ε )} (A3.3)
où i représente le nombre imaginaire pur et fij correspond à des fonctions sans dimensions.
Le terme ε est une constante du bi-matériau exprimée par la relation suivante :
1 1− β
ε= ln
2π 1 + β
(A3.4)
A cause de la singularité matérielle, les modes I et II sont couplés : le facteur d’intensité de
contrainte K est alors décrit par un nombre complexe égal à KI+iKII. Il a été introduit de telle
sorte que les contraintes dans le plan de l’interface (θ=0°) s’expriment par :
Kr iε
(σ + iσ xy )θ =0° =
yy
(2πr )1/ 2 (A3.5)
σ ij =
1
{ }
Re(K ) AijI (θ , ε , r ) + Im(K ) AijII (θ , ε , r ) (A3.6)
r
Le premier terme de ce développement est relatif au mode I. Le second se rapporte au mode
II. Afin de définir la proportion de mode I par rapport au mode II, on peut introduire la
grandeur ψ, appelée mixité modale, comme l’argument du nombre complexe K :
ψ = arg(K ) = arctg
K II
KI (A3.7)
Lorsque la fissure s’ouvre en mode I pur, alors l’imaginaire de K est nul : la mixité modale
vaut zéro. Inversement, lorsque l’on se rapproche du mode II pur, alors KI tend vers une
valeur nulle et ψ vaut π/2. Le problème lié à cette définition de la mixité modale vient du fait
que sa valeur dépend du choix des unités6. Pour surmonter cette difficulté, il a été proposé
d’utiliser la mixité ψ* issu d’une seconde décomposition de (A3.3)6,8,9 :
ψ * = arg(Kr iε ) = ψ + ε ln r (A3.8)
La valeur ψ* dépend de la position r à la pointe de fissure. Cependant, elle est indépendante
du choix des unités. Un second avantage de cette définition de la mixité modale est qu’elle
présente une signification physique. En effet, en considérant l’équation (A3.5) et (A3.8), on
aboutit à :
-175-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
σ yy
ψ r* = arctg
(A3.9)
σ xy r ,θ =0°
En d’autres termes, ψ r* représente la mixité modale locale qui s’exerce sur une facette
interfaciale du ligament à la distance r de l’apex de la fissure. On notera que cette relation
n’est valide que dans la zone de rayon RK entourant la pointe de fissure, où l’expression des
champs singuliers (A3.3) reste dominante sur les termes réguliers (soit pour r ≤ RK).
Les déplacements relatifs des lèvres de la fissure (fig. A3.2) sont comme pour les
contraintes exprimés dans le plan complexe10-12 :
1 4K 2r i{ψ +ε ln r −arctg (2ε )}
∆u y + i∆u x = e (A3.10)
1 + 4ε 2 cosh (πε ) E π
*
2 1 1
Le module de Young effectif E* est donné par *
= + avec E = E en contraintes planes
E E1 E2
et E = E /(1 −ν 2 ) en déformation plane.
Une fissure piégée dans une interface se propage dans son propre plan. Le travail δw pour
refermer la fissure sur une distance δa est alors égal au produit du taux de restitution
d’énergie G par l’aire de la surface refermée (soit Bδa, B étant l’épaisseur de l’éprouvette) :
δa
δw
∫ {σ }
B r = x ,θ =0
G= avec δw = × ∆u ry=δa− x ,θ =π + σ xyr = x ,θ =0 × ∆u xr =δa− x ,θ =π dx (A3.11)
Bδa
yy
2 0
G = 1− β( 2
) K
E*
(A3.12)
Interface
Fissure interfaciale Pointe de fissure
-176-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
Le champ des déplacements calculé par la Méthode des Eléments Finis (MEF) permet de
déterminer, au point considéré, le déplacement relatif des lèvres supérieures et inférieures de
la fissure, soit ∆u et Φ. Il devient alors possible d’évaluer le module et la phase de K grâce
aux équations (A3.13) et (A3.14). La partie réelle KI et imaginaire KII du facteur d’intensité
de contrainte sont égales respectivement à K cosψ et K sinψ .
-177-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
30
Module de K (MPa√mm)
29
Figure A3.3 : Illustration de
l’estimation de la distance
28 Calculé à partir de l’estimation critique dc. Ce graphe a été
numérique de G par la méthode de la tracé à partir des résultats de
perturbation13 la simulation du test de
27 flexion 4 points de
Calculé à partir de l’estimation
numérique des déplacements des l’éprouvette présentant une
lèvres de la fissure cathode imprégnée par la
26 colle (longueur de fissure =
Distance critique dc 5 mm, cf. § 4 chap. II).
25
0 0,0005 0,001 0,0015 0,002 0,0025 0,003 0,0035
Distance à la pointe de fissure (mm)
+P
-P
80 mm
-178-
Annexe 3 : Mécanique des interfaces et calcul de la mixité modale
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-179-
Annexe 4 : Relations entre les contraintes locales et les contraintes principales
Annexe 4
Relations entre le tenseur des contraintes locales et celui
des contraintes principales
On note T le vecteur contrainte tel que T = [σ ] n . Dans la base B des axes principaux, le
vecteur T s’exprime par (fig. A4.1) :
T1 σ 1 0 0 n1
TB = [σ B ]nB soit T = 0 σ 0 n2
2 2 (A4.1)
T3 0 0 σ 3 n3
On cherche la relation [R] entre les contraintes principales et celles qui agissent sur le plan de
la fissure soit (σrr σrϕ σrω). La méthodologie est la suivante :
1) Calcul de la matrice de changement de base tel que TB = [S ] TB '
[ ]
2) Calcul du tenseur des contraintes dans le repère local soit [σ B ' ] = S −1 [σ B ][S ]
3) Identification de la relation [R] entre les contraintes principales et les contraintes
locales appliquées sur le plan de la fissure (σrr σrϕ σrω).
Plan de la fissure
Coordonnées locales
x3 xr
xω
ϕ Base B’ Figure A4.1 : Relation entre les coordonnées des
xϕ axes principaux (x1 x2 x3) et celles du repère local
x2 du défaut (xr xϕ xω).
Base B ω
x1
-180-
Annexe 4 : Relations entre les contraintes locales et les contraintes principales
Les vecteurs de la base B’ du repère local exprimés dans le repère des axes principaux sont les
suivants :
sin ϕ cos ω cos ϕ cos ω − sin ω
xr = sin ϕ sin ω xϕ = cos ϕ sin ω xθ = cos ω
cos ϕ − sin ϕ 0
(A4.3)
sin ϕ cos ω cos ϕ cos ω − sin ω
d ' où [ S ] = sin ϕ sin ω cos ϕ sin ω cos ω
cos ϕ − sin ϕ 0
Les vecteurs de la base B exprimés dans le repère local de la fissure permettent d’exprimer la
matrice de changement de base [S-1] :
sin ϕ cos ω sin ϕ sin ω cos ϕ
x1 = cos ϕ cos ω x2 = cos ϕ sin ω x3 = − sin ϕ
− sin ϕ cos ω 0
(A4.4)
sin ϕ cos ω sin ϕ sin ω cos ϕ
d ' où [ S ] = cos ϕ cos ω cos ϕ sin ω
−1
− sin ϕ
− sin ϕ cos ω 0
A partir des équations (A4.3) et (A4.4), on peut calculer le tenseur des contraintes dans le
repère local :
[σ B' ] = [S −1 ][σ B ][S ] soit :
σ rr σ rϕ σ rω
σ ϕr σ ϕϕ σ ϕω =
σ ωr σ ωϕ σ ωω
(A4.5)
σ 1 sin ϕ cos ω σ 2 sin ϕ sin ω σ 3 cos ϕ sin ϕ cos ω cos ϕ cos ω − sin ω
σ cos ϕ cos ω σ cos ϕ sin ω − σ sin ϕ sin ϕ sin ω cos ϕ sin ω cos ω
1 2 3
− σ 1 sin ϕ σ 2 cos ω 0 cos ϕ − sin ϕ 0
A partir de l’équation précédente, on en déduit la relation entre les contraintes locales agissant
sur le défaut et les contraintes principales :
σ rr σ 1 sin 2 ϕ cos 2 ω sin 2 ϕ sin 2 ω cos 2 ϕ
σ = [ R ] σ
rϕ 2 avec [R ] = sin ϕ cos ϕ cos 2 ω sin ϕ cos ϕ sin 2 ω − sin ϕ cos ϕ (A4.6)
σ rω σ 3 − sin ω cos ω sin ϕ sin ϕ sin ω cos ω 0
-181-
Annexe 5 : Relation entre le rayon de fond d’entaille et les probabilités de survie ( mλ1* > 2 )
Annexe 5
Relation entre le rayon de raccordement en fond d’entaille
et les probabilités de survie pour mλ > 2 *
1
-182-
Annexe 5 : Relation entre le rayon de fond d’entaille et les probabilités de survie ( mλ1* > 2 )
La démonstration ci-dessus suppose que seule la contrainte circonférentielle σθθ agit sur la
rupture. Cependant, il est important de noter que cette hypothèse ne change pas la relation
entre Ps et ρ. La prise en compte des autres composantes du tenseur des contraintes dans
l’expression de la contrainte principale n’affecte que l’expression de Ωθ.
La relation (A5.5) peut se réécrire en utilisant une ténacité caractéristique k0. Cette
ténacité signifie simplement que 37 % des échantillons survivent lorsque k1=k0. En
considérant, l’ordre de la singularité sur les contraintes λ1* (= 1 − λ1 ) , on obtient :
1
V m mλ1 −2
m *
k
ln Ps = − 1 avec k0 (ρ ) = σ 0 0 ρ m (A5.7)
k0 (ρ ) BΩθ
Cette dernière relation se réduit à celle établie par N.P. O’Dowd et al.* pour des fissures
( λ1* = 1 / 2).
*
N.P. O’Dowd, Y. Lei, E.P. Busso, Prediction of cleavage failure probabilities using the Weibull
stress, Engineering Fracture Mechanics, 67, 2000, pp. 87-100.
-183-
Annexe 6 : Relation entre le rayon exclu Rex et les probabilités de survie ( mλ1* > 2 )
Annexe 6
Relation entre le rayon exclu Rex et les probabilités de
survie pour mλ > 2 *
1
Cette contrainte est introduite dans l’expression des probabilités de Weibull. Le domaine
d’intégration est restreint à une région annulaire entourant la singularité définie par Rex<r<Rk :
J
Ps = exp − m
σ 0 V0
θ = + (π −α ) r = Rk (A6.2)
m − mλ1*
avec J =B ∫ ∫k 1 r f θθ (θ )r dr dθ
m
θ = − (π −α ) r = Rex
Si la zone exclue est petite devant la zone de k-dominance (Rex<<Rk) et si mλ1* > 2 , alors J
peut être intégrée :
− fθθm (θ )
θ = + (π −α )
J = Bk1m Rex−mλ1 + 2 Λθ Λθ = ∫ dθ
*
avec (A6.3)
θ = − (π −α )
− mλ1* + 2
Seule l’expression de la contrainte circonférentielle σθθ a été prise en compte dans cette
démonstration. Pour une solution plus exacte, l’expression des trois contraintes principales
aurait du être introduite dans le calcul de la probabilité. Néanmoins, cette correction n’affecte
que le terme Λθ(m,α,λ1*).
-184-
Annexe 6 : Relation entre le rayon exclu Rex et les probabilités de survie ( mλ1* > 2 )
Cette ténacité signifie que 37 % des échantillons survivent lorsque k1= k0' .
-185-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
Annexe 7
Etude préliminaire portant sur la ré-oxydation
électrochimique d’un cermet Ni-YSZ
Cette étude préliminaire a porté sur la dégradation d’une cellule lorsque que le nickel
contenu dans le cermet est ré-oxydé par les ions oxygène traversant l’électrolyte. Ce cas
survient lorsque la quantité d’hydrogène disponible est beaucoup moins importante que la
consommation de combustible nécessaire à la puissance électrique demandée. L’évolution de
la dégradation a été suivie par spectroscopie d’impédance. Outre l’étude de
l’endommagement des cellules, un des objectifs de ce travail a été de montrer la pertinence de
cette technique d’analyse pour relier la dégradation aux paramètres électrochimiques de la
cellule.
1 Protocole expérimental
Le test a été conduit en utilisant une cellule à anode support réalisée avec les matériaux
classiques des SOFCs. Les électrodes sont constituées par une couche fonctionnelle de 10 µm
et une couche collectrice de courant. La cathode en manganite de lanthane dopée strontium
(LSM) présente une épaisseur totale ∼40 µm. Le substrat anodique est un cermet à base de
nickel et zircone yttriée à 8% molaire (8YSZ) présentant une épaisseur totale de 1,5 mm.
L’électrolyte est une couche mince de 10 µm en 8YSZ dense (fig. A7.1). La surface active de
la cellule est de 12,5 cm².
10 µm
Cermet (Ni-YSZ)
-186-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
Ni + O 2− → NiO + 2e − (A7.1)
Le protocole décrit ci-dessous a été répété 9 fois avec une température du four maintenue
constante à 800°C :
(i) Balayage sous hydrogène humidifié à 3% ( nh2 = 219 ml.min −1 à 20°C).
(ii) Balayage de 10 min sous Argon hydrogéné ( n Ar = 45 ml.min −1 et nh2 = 5 ml.min −1
à 20°C).
(iii) Arrêt des gaz en imposant un courant de 80 mA.cm-2 pendant un temps ∆t.
(iv) Reprise du point (i).
La durée ∆t du palier d’oxydation a été contrôlée de telle sorte que l’épaisseur de cermet
oxydée reste petite devant l’épaisseur totale de la couche anodique. On trouvera dans le
tableau A7-1 un récapitulatif des durées et hauteurs de cermet oxydées. Ces hauteurs h ont été
estimées par l’équation (A7 .2) établie en supposant une oxydation à cœur des grains
métalliques de Ni :
∆m I
h= avec ∆m = ∆t M N i (A7.2)
0,4 × (1 − ε ) S cell d Ni 2F
-187-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
2 Résultats
La figure A7.2 montre l’évolution typique de la tension de cellule lors d’un cycle
d’oxydoréduction. La tension chute dès que l’on impose un courant au travers de la cellule.
Dans un premier temps, les traces résiduelles de combustible sont consommées. On note
ensuite sur la courbe une rupture de pente à ∼0,65Volts. Cette valeur correspond à la tension
théorique du couple électrochimique Ni/Air à 800°C :
N i +1 / 2 O2 ↔ NiO RT POair
E i =0 = ln 2
(A7.3)
4 F POcombustibl
2
e
où POcombustibl
2
e
est la pression partielle d’oxygène à l’anode calculée en utilisant l’équation
(5.2).
A partir du seuil de 0,65Volts, le nickel sert de combustible et se transforme en oxyde. On
note que la tension chute continuellement sans atteindre de palier malgré un courant imposé
constant. En effet, la croissance de la couche isolante en oxyde de nickel augmente la
résistance ohmique de la cellule. La différence de potentiel mesurée sous hydrogène à courant
nul (i.e. tension à l’abandon de la pile) est égale à ∼1,08Volts et correspond à la tension
théorique du couple H2/air à 800°C. Cette tension à l’abandon de la cellule n’a jamais été
perdue au cours de l’essai. Ce résultat signifie que l’électrolyte est resté étanche au gaz et
qu’il n’a donc pas été fissuré au cours des cycles.
1,2 ydrogéné
Balayage sous argon hydrognéné
1
Arrêt des gaz anodiques Diagramme
en imposant un courant d’impédance
Tension (Volts)
0,8
U≈0,65Volts Oxydation du nickel Figure A7.2 :
Evolution typique
0,6 de la tension de
cellule lors d’un
0,4 cycle
Durée du palier d'oxidation Passage sous H2 d’oxydoréduction
0,2 (humidifié 3%) (T=800°C).
0
300 310 320 330 340 350
Temps (min)
-188-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
Les spectres d’impédances obtenus sous hydrogène ont été tracés dans le plan de Nyquist
(fig. A7.3). Ils présentent à haute fréquence une partie résistive et inductive. La partie
résistive est liée aux résistances ohmiques de la cellule tandis que les phénomènes d’induction
sont liés au montage. Le diagramme se termine aux plus basses fréquences par deux arcs de
cercles liés aux réactions d’électrodes.
Les diagrammes ont été identifiés par le circuit équivalent présenté en figure A7.3. Afin
de s’affranchir des phénomènes d’induction, l’identification a été effectuée sur une gamme de
fréquence réduite, s’étalant de 100Hz à 0,01Hz. Le circuit équivalent est composé par la mise
en série :
(i) d’une résistance à haute fréquence notée R1,
(ii) d’une résistance et d’un CPE (pour Constant Phase Element) en parallèle à
moyenne fréquence, notés respectivement R2 et CPE2,
(ii) d’une résistance et d’un CPE en parallèle à basse fréquence, notés respectivement
R3 et CPE3.
L’arc de cercle aux plus basses fréquences est resté stable au cours de l’essai. Par contre,
après chaque cycle, on observe une augmentation simultanée du premier arc de cercle et de la
partie purement résistive du diagramme (fig. A7.4). Néanmoins la fréquence de coupure de
cet arc n’évolue pas avec le nombre de cycles et reste égale à fc=89,3 ±4,5Hz (pour un
intervalle de confiance de 68,27%). Cette stabilité de la fréquence de coupure indique que les
mécanismes physiques à l’origine de l’arc ne sont pas modifiés. Sachant que la tension à
l’abandon n’a jamais été perdue, on peut conclure que les évolutions du diagramme sont
-189-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
certainement dues à une perte de surface géométrique locale, liée à l’apparition de fissures
parallèles et proches des interfaces électrochimiques.
2 0,7
Résistance normalisée (ohm.cm²)
0,8 0,3
0,2
0,4
0,1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Nombre de cycles Nombre de cycles
(a) Résistance R1 (haute fréquence) (b) Résistance R2 (moyenne fréquence)
Figure A7.4 : Evolution des résistances R1 et R2 avec le nombre des cycles d’oxydoréduction du cermet.
Électrolyte Électrolyte
20 µm 20 µm
Couche collectrice
-190-
Annexe 7 : Etude préliminaire de la ré-oxydation électrochimique d’un cermet anodique
3 Conclusion
Un protocole d’essai a été défini afin de ré-oxyder par voie électrochimique une fine
couche d’anode adjacente à l’électrolyte. Le suivi de la dégradation par spectroscopie
d’impédance et les observations MEB ont montré une fissuration aux interfaces de part et
d’autre de la couche fonctionnelle anodique.
Ces premiers résultats seront bien entendu à reproduire et à valider. Néanmoins, ils
montrent que la spectroscopie d’impédance est une technique expérimentale pertinente pour
relier les dégradations électrochimiques à l’endommagement mécanique des cellules.
-191-