La Politesse Comme Entrée de L'aquisition
La Politesse Comme Entrée de L'aquisition
La Politesse Comme Entrée de L'aquisition
Zhihong Pu
Université Sun Yat-sen de Chine
La politesse façonne en profondeur les échanges langagiers aussi bien dans les
contacts entre locuteurs de même langue-culture qu’entre locuteurs de langues-
cultures différentes. Aussi l’enseignement de la politesse doit-il être intégré sys-
tématiquement dès les premiers apprentissages de langue dans ses dimensions
langagières et culturelles, point de vue que nous allons développer dans cet ar-
ticle.
La politesse
L’homme ne peut être sociable qu’en s’appropriant les règles qui déter-
minent les rapports sociaux du milieu où il vit. La politesse est donc l’ensemble des
règles sociales susceptibles de le rendre sociable.
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de valeur de chaque société. Aussi les règles et les critères de la politesse sont-ils
souvent différents d’une société à l’autre et d’une culture à l’autre.
Dans les affaires diplomatiques, une «faute innocente peut être interpré-
tée comme une insulte par le pays concerné»(Debrett’s, 1982). Lors du congrès de
Westphalie, l’attitude désinvolte de l’ambassadeur français envers le représentant
de la République de Venise aurait retardé la fin de la guerre de Trente Ans, assure
R. Lindon (in M. Lacroix, 1990: 46): le premier avait commis la faute de ne rac-
compagner le second qu’en haut de l’escalier, sans descendre une seule marche.
De même, n’a-t-il pas suffi à Bismark, en 1870, de laisser entendre habilement,
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par la dépêche d’Ems, que le roi de Prusse avait refusé de recevoir l’ambassadeur
pour engendrer la guerre? C’est la conscience de ces risques dans les questions
de préséance et d’étiquette qui justifie l’existence de divisions du protocole dans
les gouvernements, ministères, organismes internationaux, cours royales, etc. On
comprend l’importance diplomatique de la politesse: elle est un élément essen-
tiel du processus de la paix. «Etre des gens bien élevés, a-t-on pu écrire, est la
première vertu des diplomates»(W. d’Ormesson, 1932: 50). Ainsi peut-on dire que
l’impolitesse ou l’incompréhension de la politesse a une part de responsabilité
dans le déclenchement des conflits tant entre individus, entre groupes qu’entre
nations.
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des outils d’observation, d’analyse et d’application, autrement dit à former des
compétences, plutôt que de gaver les apprenants comme des oies pour le foie gras,
avec seulement des connaissances linguistiques ou culturelles figées et statiques.
1. saluer 9. demander
2. présenter 10. accepter/refuser
3. remercier 11. approuver/désapprouver
4. excuser 12. souhait/vœux
5. féliciter 13. ouvrir/clore une conversation
6. complimenter 14. sujets de conversation/change-
ment de sujet
7. inviter
15. interrompre la conversation
8. offrir
16. espace/temps
Ces fonctions doivent être présentées avec des règles et des formules
permettant de les réaliser, accompagnées de distinctions formelles / informelles,
explicites / implicites en fonction de la situation. Les stratégies pour les réali-
ser devraient aussi être discutées avec les étudiants en tenant compte de leur
culture maternelle. Il faut leur faire comprendre pourquoi, quand et comment on
peut commettre des maladresses ou blesser involontairement l’autre, apprendre
à adapter, ajuster ou modifier son comportement, afin d’améliorer les relations et
la communication. En somme, l’apprenant devrait être mis en situation d’acquérir
un certain nombre de connaissances linguistiques et culturelles et de savoir-faire,
nécessaires à la satisfaction de ses besoins de communication les plus élémen-
taires; de développer les convenances indispensables pour saluer, pour entrer en
contact avec les autres, pour obtenir des informations et pour participer à des
conversations, prévenir ou réparer un acte vexatoire, etc.
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ques, tel le manuel le Nouveau sans frontières. La pratique de ces actes de lan-
gage est inséparable de la politesse. On peut coordonner l’enseignement des actes
de langage avec les stratégies de politesse, en apprenant aux élèves à bien faire
attention à les réaliser en fonction de la situation, du contexte culturel, du statut
des interlocuteurs, du choix de stratégies et du résultat de l’interaction. Ainsi, nos
apprenants pourraient assimiler la langue dans des situations concrètes, en acqué-
rant peu à peu la compétence de communication interculturelle.
Dans notre analyse des pratiques du français dans les contextes réels
(hors des pays francophones) des apprenants de français, ce n’est pas la connais-
sance des formules de politesse qui leur manque, mais plutôt l’implicite de ces for-
mules et leurs variations selon la situation et le contexte culturel. Le mot «merci»
a été appris lors des premières leçons de français et les apprenants chinois, par
exemple, connaissent parfaitement son sens explicite. Néanmoins, ils ne savent
pas l’appliquer de façon appropriée au moment d’une acceptation du cadeau oral
complimenteur. Ils essayent de se débarrasser de leur habitude traditionnelle du
refus en réponse à l’offre d’un compliment et acceptent ce dernier en disant
dans la majorité des cas: «merci», influencés peut-être d’abord par la réaction au
compliment «Thank you» (Les Anglo-Saxons l’utilisent beaucoup). Ensuite, comme
les Français les remercient de leur compliment, tenant compte de leur niveau du
français, ils utilisent souvent simplement «merci», au lieu de réactions humoristi-
ques ou par antiphrase. Cela donne aux étudiants l’illusion que le «merci» est aussi
courant chez les Français que le «Thank you» chez les Anglo-Saxons. Ils l’utilisent
à chaque acceptation, alors que les Français emploient davantage «c’est gentil»
et ses variantes que le «merci».
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prendre. Certains signes peuvent demeurer opaques, ce qui ne signifie pas que
l’intention (le signifié) soit négative.
Conclusion
La politesse et ses stratégies jouent un rôle primordial dans les échanges
interculturels. La politesse existe, au quotidien, sous forme verbale ou non ver-
bale. Les stratégies de politesse aident à établir et entretenir les relations inter-
personnelles, à équilibrer ces dernières, ainsi qu’à prévenir ou régler les conflits.
L’enseignement / l’apprentissage de la politesse, selon nous, s’insère dans le cadre
de l’approche communicative. La compétence linguistique, culturelle et stratégi-
que qui en résulte permet de gérer l’interaction sociale d’une façon appropriée et
efficace, ce qui est très recherché par nos apprenants de langue étrangère. Ainsi,
nous proposons la combinaison de la politesse et des actes de langage dans l’ensei-
gnement, comme étant l’une des entrées requises de l’acquisition / apprentissage
d’une langue étrangère, notamment au niveau fondamental.
Notes
1
Cet article fait partie des «projets des sciences humaines du Guangdong»(Guangdong
zhexue shehuikexue guihua xiangmu). Certains de ses points de vue ont été publiés en
chinois par le même auteur dans Huide Wang (éd.), Recherches sur l’enseignement du
français en Chine, Shanghai, Edition de l’Education de Shanghai, 2005.
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Bibliographie
Lacroix, M., De la politesse: essai sur la littérature du savoir-vivre, Paris: Julliard, 1990.
Coste, D., Courtillon, J., Ferenczi, V., Un niveau-seuil, Paris: Hatier/ Didier, 1976.
Cicurel, F., Pedoya, E., Porquier, R., Communiquer en français, Paris: Hatier/Didier, 1991.
Clark, J.L., «Une approche communicative dans un contexte scolaire», in Le Français
dans le Monde N° 160, 1981.
Ormesson, d’, W. Enfances diplomatiques, Paris: Hachette, 1932.
Debrett’s, Etiquette and Modern Manners, London and Sydney: Pan Books, 1982.
Byram, M., Zarate, G. et Gerhad, N. «La compétence socioculturelle dans l’apprentis-
sage et l’enseignement des langues», in Le français dans le monde N° spécial, Paris:
juillet 1998.
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