Master 2 FLE DEVOIR
Master 2 FLE DEVOIR
Master 2 FLE DEVOIR
Devoir (Évaluation)
Cours : Apprentissage et didactique interculturelle
Introduction
Depuis les années 70, la notion d’interculturel est devenue un aspect de grande
importance dans le champ de la didactique de langues. En effet, toute langue vivante
renferme les systèmes de valeurs et de codes des peuples qui font usage d’elle. Ainsi,
l’enseignement d’une langue implique nécessairement l’enseignement de sa dimension
culturelle.
Dans ce travail, nous présenterons un survol sur quelques points d’intérêt en ce qui
concerne l’interculturel dans l’enseignement du français langue étrangère. Qu’est-ce
qu’interculturel ? Que veut dire acquérir une compétence interculturelle ? Quel est le
rôle du professeur dans une démarche interculturelle ? Telles sont les questions que
nous tenterons de répondre de forme générale afin d’avoir des pistes théoriques
(générales aussi) nous permettant dans un stade ultérieur, optimiser notre praxis en tant
que professeur de FLE.
Sur la notion d’interculturel
Plusieurs idées viennent à l’esprit autour de la notion de compétence interculturelle.
Selon le dictionnaire Larousse, l’adjectif interculturel « concerne les contacts entre
différentes cultures ethniques, sociales, etc. » tandis que le préfixe « inter » se réfère à
« la réciprocité » ou « l’action mutuelle ». Nous observons que cette définition insère
l’idée de «contacts », ce qui fait appel à une relation, à une communication. Néanmoins,
cette définition reste peu développée vu qu’elle ne met pas en évidence la démarche
interne vécue par l’individu lorsqu’il découvre l’autre. En effet, Abdallah-Pretceille
(2011) explique que « l’interculturel ne correspond pas à un état, à une situation mais à
une démarche, à un type d’analyse. ». (p. 9) Dans le même esprit, Steele (1996) souligne
que « la prise de conscience doit s’accompagner d’une sensibilisation affective entre soi
et l’autre ainsi que d’une analyse de son identité culturelle ». (p. 55). Autrement dit,
l’interculturel fait référence à un processus interne de réflexion de l’individu face à son
propre système de valeurs, pour ensuite, porter un regard sur l’autre et sur la culture de
l’autre à partir de cette réflexion sur lui-même et sa culture.
De son côté, Bourse (2008) qui offre une analyse sémantique du terme, définit
l’interculturalité comme « l’ensemble des enjeux déclenchés lors de la rencontre
communicationnelle d’acteurs sociaux appartenant à des univers linguistique et/ou
culturels différents ». Nous remarquons dans cette définition que l’interculturel peu
avoir lieu aussi entre des individus parlant la même langue mais possédant un système
différent. Ce serait le cas par exemple des gens de France, du Québec, d’Haïti ou de
Madagascar. Ils parlent tous la langue française mais ils maîtrisent un système de
valeurs différent.
Par ailleurs, il convient de préciser aussi que l’interculturel ne se réduit pas au « niveau
des cultures nationales », tel que le précise Bourse (2008). L’auteur précise qu’il est
possible de parler de diversités culturelles sur le plan générationnel, social,
professionnel, philosophique, religieux, politiques, économiques, parmi d’autres. Nous
constatons donc qu’à l’intérieur d’une même culture nationale, nous rencontrons des
systèmes de valeurs différents. Une situation qui pourrait illustrer ce cas en France, est
celle des Français de la province par rapport aux Français des villes qui maîtrisent des
systèmes de valeurs différents. En fait, leurs modes de vie peuvent avoir lieu d’une
manière très différente.
Maintenant que nous avons esquissé un bref aperçu sur la notion d’interculturel, il serait
pertinent de voir à quoi on fait référence quand on parle de « compétence
interculturelle », un terme d’intérêt pour tout professeur FLE.
Qu’est-ce que la compétence interculturelle?
Comme nous avons signalé ci-dessous, dans une perspective interculturelle, l’individu
prend sa propre identité culturelle comme point de départ de la découverte de l’autre.
Ainsi, la compétence interculturelle suppose avoir la capacité d’agir, face au contexte de
l’autre. À ce sujet, Narcy-Combes (2009) explique que « la compétence interculturelle
implique de savoir repérer les comportements des individus, de construire des savoirs
sur ces comportements et de produire une action efficace ». Nous pouvons noter donc
que la compétence interculturelle ne se limite pas à la simple connaissance de la culture
de l’autre, elle exige également à l’apprenant la capacité de savoir agir. En fait,
Abdallah (2005) souligne à propos de cette idée, que la compétence interculturelle
« renvoie à une culture en acte et non à une définition culturelle ». Par exemple, au
Venezuela, quelques personnes travaillant dans des commerces, ont l’habitude
d’interpeller les clients avec des mots affectifs tels que « mon amour », « mon roi »,
« ma reine», «ami ». Alors, souvent il y a des Français qui maîtrisent très bien
l’espagnol mais qui n’arrivent pas à comprendre ce que ces mots signifient vraiment. En
réalité, c’est juste une manière d’interpeller les clients même si on ne les connaît pas.
Cela ne signifie pas qu’ils draguent les clients. Alors, nous constatons comme le dit
Abdallah (2005), l’importance de maîtriser la culture « en acte ».
De leur côté, Fanvini et Tirmizi (2006) définissent la compétence interculturelle comme
un ensemble d’habilités nécessaires pour agir de manière efficace et appropriée dans les
interactions avec les autres ayant une langue et une culture différentes à la propre. Dans
ce sens, l’individu possédant une compétence interculturelle connaît non seulement les
codes linguistiques pour s’exprimer, il sait aussi comment se comporter en situation. De
même, l’individu comprend que le système de valeurs propre à sa culture n’est pas le
seul envisageable, il comprend qu’il n’y a pas une culture meilleure que l’autre et que
tout est une question de perception.
Conseil de l‘Europe (2001) Cadre européen commun de référence pour les langues :
apprendre, enseigner, évaluer. Editions Didier [en ligne]. Disponible sur
[http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/Framework_FR.pdf]