S&M Traduction Non Officielle de La Loi 95-17
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Segame & Maalmi
11 boulevard Sidi Mohamed Ben Abdellah
Résidence Bouarfa, 1er étage,
Casablanca, Maroc
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Préface
Article 1
Dans la présente loi :
« L’arbitrage » a pour objet de soumettre le litige à un tribunal
arbitral qui reçoit des parties la mission de juger en vertu d’une
convention d’arbitrage ;
« Le tribunal arbitral » désigne l’arbitre unique ou un collège
d’arbitres ;
« Le règlement d’arbitrage » vise tout texte qui définit une procédure
déterminée à suivre en matière d’arbitrage ;
« L’arbitrage institutionnel » désigne tout arbitrage organisé par un
centre ou une institution permanente d’arbitrage ;
« L’arbitrage ad hoc » vise tout arbitrage se déroulant hors du cadre
de l’arbitrage institutionnel ;
« La sentence arbitrale » désigne la sentence émanant d’un arbitre
ou un tribunal arbitral ou une institution d’arbitrage ;
« La juridiction compétente » désigne la juridiction qui aurait
connu de l’affaire en l’absence de convention d’arbitrage entre les
parties ;
« Le président de la juridiction compétente » désigne le président
du tribunal de première instance ou le président du tribunal de
première instance administratif, ou le président du tribunal de
première instance de commerce, ou son suppléant.
« La Cour d’appel compétente » : désigne la Cour d’appel, ou la
Cour d’appel administrative, ou la Cour d’appel de commerce.
Article 2
La convention d’arbitrage est l’engagement des parties de recourir
à l’arbitrage pour régler un litige né ou susceptible de naître
concernant un rapport de droit, de nature contractuelle ou non
contractuelle.
La convention d’arbitrage revêt la forme d’un compromis
d’arbitrage ou d’une clause d’arbitrage.
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Article 3
La convention d’arbitrage doit toujours être établie par écrit, soit
par acte authentique ou sous seing-privé, soit par procès-verbal
dressé devant le tribunal arbitral désigné, ou par tout autre moyen
convenu par les parties.
La convention d’arbitrage est réputée établie par écrit lorsqu’elle
est consignée dans un document signé par les parties ou dans
un échange de lettres, de télégrammes ou de tout autre moyen
de communication écrit, ou par courrier électronique établi
conformément aux textes de loi en vigueur, ou encore dans
l’échange de mémoires en demande ou en défense des parties,
dans lesquels l’existence d’une telle convention est soulevée par
l’une des parties devant le tribunal arbitral et n’est pas contestée
par l’autre.
Tout renvoi express dans un contrat écrit aux dispositions d’un
contrat-type, d’une convention internationale ou à tout autre
document contenant une clause d’arbitrage est réputé être une
convention d’arbitrage établie par écrit, lorsque le renvoi stipule
clairement que ladite clause fait partie intégrante du contrat.
Article 4
Le compromis d’arbitrage est la convention par laquelle les parties
à un litige déjà né soumettent celui-ci à un tribunal arbitral.
Le compromis d’arbitrage peut être conclu même au cours d’une
instance déjà engagée devant une juridiction.
Lorsqu’il y a accord sur le recours à l’arbitrage au cours de
l’examen du litige devant la juridiction compétente, celle-ci doit
soumettre les parties à l’arbitrage. Cette décision est réputée être
une convention d’arbitrage écrite.
La juridiction déclare, dans ce cas, qu’elle atteste de l’accord des
parties au litige de recourir à l’arbitrage.
Article 5
Le compromis doit, à peine de nullité, déterminer l’objet du litige.
Le compromis comprend également toutes les données relatives à
l’identification de chaque partie, son adresse et son domicile, ainsi
que son adresse électronique.
Article 6
La clause d’arbitrage est la convention par laquelle les parties
à un contrat s’engagent à soumettre à l’arbitrage tout ou partie
des litiges qui pourraient naître relativement à ce contrat et se
rapportant à celui-ci.
Article 7
A peine de nullité, la clause d’arbitrage doit être stipulée par
écrit, sans équivoque, dans la convention principale ou dans un
document auquel celle-ci se réfère.
Article 8
La clause d’arbitrage est réputée être une convention indépendante
des autres clauses du contrat. La nullité, la rescision, la résiliation,
la cessation, la révocation, ou l’extinction des effets du contrat
pour quelque raison que ce soit, n’entraîne aucun effet sur la
clause d’arbitrage comprise dans ledit contrat lorsque celle-ci est
valable en soi.
Article 9
L’introduction d’une action auprès de la juridiction compétente,
l’exception de nullité, rescision ou la résiliation, ou la cessation,
l’annulation, ou l’anéantissement des effets du compromis
principal d’arbitrage pour quelque raison que ce soit, n’entraîne
pas la suspension de la procédure d’arbitrage. Il incombe au
tribunal arbitral de statuer sur la validité du contrat principal ou
sur sa nullité.
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Article 10
L’arbitrage peut être ad hoc ou institutionnel.
En cas d’arbitrage ad hoc, le tribunal arbitral se chargera de
l’organiser en fixant la procédure à suivre, sauf si les parties en
conviennent autrement ou choisissent un règlement d’arbitrage
déterminé.
Lorsque l’arbitrage est porté devant une institution d’arbitrage,
celle-ci se chargera de l’organiser et d’en assurer le bon
déroulement conformément à son règlement.
Dans tous les cas, seront respectées les règles relatives aux droits
de la défense.
Article 11
La mission d’arbitre ne peut être confiée qu’à une personne
physique en pleine capacité, disposant d’un minimum d’expérience
et de compétence scientifique lui permettant d’exercer la
mission d’arbitrage, et n’ayant pas fait l’objet d’une décision de
condamnation ayant force de chose jugée pour des faits contraires
à l’honneur, à la probité ou aux bonnes mœurs ou d’une sanction
disciplinaire à l’issue de laquelle elle a été révoquée d’une fonction
officielle ou de l’une des sanctions pécuniaires prévues par le titre
sept du Livre cinq de la loi 15.95 relative au Code de commerce,
ou la privant de la capacité d’exercer le commerce ou de l’un de
ses droits civils.
Si la convention désigne une personne morale, celle-ci ne dispose
que du pouvoir d’organiser et d’assurer le bon déroulement de
l’arbitrage sans être compétente pour statuer sur le litige qui est
soumis au tribunal arbitral composé d’une ou plusieurs personnes
physiques.
Article 12
Sous réserve des dispositions de l’article 13 ci-dessous, les
personnes physiques qui, habituellement ou par profession,
exercent des missions d’arbitre, soit de manière individuelle, soit
au sein d’une personne morale, doivent être inscrites au sein de la
liste des arbitres.
Article 13
Les parties au litige peuvent constituer le tribunal arbitral en dehors
de la liste des arbitres prévue à l’article 12 ci-dessus. Le président
de la juridiction compétente peut désigner, le cas échéant, un ou
plusieurs arbitres en dehors de ladite liste, après convocation des
parties.
Article 14
Dans le respect des dispositions du dahir du 9 ramadan 1331
(12 août 1913) formant code des obligations et des contrats, tel
que modifié et complété, et notamment de son article 62, toutes
personnes capables, physiques ou morales, peuvent souscrire une
convention d’arbitrage pour résoudre les litiges découlant des
droits dont elles ont la libre disposition, dans les limites et selon
les formes et procédures prévues par la présente loi.
Article 15
La convention d’arbitrage ne peut concerner le règlement de
litiges relatifs à l’état et à la capacité des personnes ou aux droits
personnels ne pouvant faire l’objet de transactions.
Article 16
Les litiges relatifs aux actes unilatéraux de l’État, des collectivités
locales ou autres organismes dotés de prérogatives de puissance
publique ne peuvent faire l’objet d’arbitrage.
Toutefois, les contestations pécuniaires qui en résultent peuvent
faire l’objet d’un compromis d’arbitrage à l’exception de celles
concernant l’application d’une loi fiscale.
Les litiges relatifs aux contrats conclus par l’État ou les collectivités
territoriales peuvent faire l’objet d’une convention d’arbitrage
dans le respect des dispositions relatives au contrôle prévues par la
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législation ou la réglementation en vigueur sur les actes concernés.
L’inobservation des dispositions particulières visées à l’alinéa
précédent ne sont d’aucun effet sur la validité de la convention
d’arbitrage.
Article 17
Les entreprises publiques soumises au droit des sociétés
commerciales, les établissements publics, ainsi que toutes entités
publiques peuvent conclure des conventions d’arbitrage.
Article 18
Lorsqu’un litige soumis à un tribunal arbitral en vertu d’une
convention d’arbitrage, est porté devant une juridiction, celle-ci
doit prononcer l’irrecevabilité jusqu’à épuisement de la procédure
d’arbitrage ou annulation de la convention d’arbitrage.
Si le tribunal arbitral n’est pas encore saisi, la juridiction compétente
doit également déclarer l’irrecevabilité.
Le défendeur, dans les deux cas, doit en faire la requête
préalablement à toute défense au fond. La juridiction compétente
ne peut déclarer d’office l’irrecevabilité.
La juridiction compétente doit statuer sur la requête d’irrecevabilité
soulevée dans le cadre des dispositions du présent article par
jugement séparé avant de statuer au fond. Ledit jugement n’est
susceptible de recours qu’avec le jugement au fond.
Il est interdit de se prévaloir des motifs de refus de l’exequatur,
du recours en annulation, ou du recours en rétractation pour la
première fois devant la juridiction compétente lorsqu’il est possible
pour l’une des parties de les soulever devant le tribunal arbitral
avant le prononcé de la sentence arbitrale.
Article 19
La convention d’arbitrage ne fait pas obstacle aux parties, soit
avant d’engager la procédure d’arbitrage soit au cours de celle-ci,
d’avoir recours au juge des référés en vue de prendre toute mesure
provisoire ou conservatoire, conformément au code de procédure
civile. Les parties peuvent se rétracter au sujet desdites mesures
conformément aux mêmes dispositions.
Article 20
Le tribunal arbitral est constitué d’un seul arbitre ou de plusieurs
arbitres dont les parties sont libres de fixer les modalités de
désignation et le nombre, y compris le président, soit dans la
convention d’arbitrage, soit par référence au règlement d’arbitrage
de l’institution choisie.
A défaut d’accord des parties sur le nombre des arbitres, celui-
ci est fixé à trois sous réserve des dispositions de l’article 22 ci-
dessous.
Lorsque les arbitres sont nombreux, leur nombre doit être impair
sous peine de nullité de l’arbitrage.
Article 21
S’il s’avère que le ou les arbitres désignés par la convention
d’arbitrage ne remplissent pas les conditions légales prévues par
la présente loi pour exercer cette mission, ou pour toute autre
cause faisant obstacle à la composition du tribunal arbitral, il est
procédé à la désignation des arbitres soit d’accord des parties, soit
conformément à l’article 22 ci-après.
Article 22
Lorsque les parties désignent les arbitres en nombre pair, le tribunal
arbitral est complété par un arbitre choisi, soit conformément
aux prévisions des parties, ou par ordonnance du président de la
juridiction compétente après convocation des parties, par laquelle
est désigné un arbitre conformément aux dispositions des articles
12 et 13 ci-dessus.
En cas d’arbitrage institutionnel, le tribunal arbitral est complété tel
que prévu par l’institution d’arbitrage choisie.
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Article 23
Si le tribunal arbitral n’a pas été désigné à l’avance et que les
modalités et la date de sélection des arbitres n’ont pas été fixées
ou lorsque les parties n’en ont pas convenues, les procédures
suivantes sont à suivre :
1. - Lorsque le tribunal arbitral est composé d’un arbitre unique,
celui-ci est désigné par le président de la juridiction compétente
sur demande de l’une des parties ;
2. - Lorsque le tribunal arbitral est composé de trois arbitres,
chacune des parties en désigne un. Les deux arbitres désignés se
mettent d’accord pour désigner le troisième. Lorsque l’une des
parties ne désigne pas son arbitre dans les quinze jours suivant la
réception d’une demande à cet effet émanant de l’autre partie ou
lorsque les deux arbitres désignés ne se mettent pas d’accord sur la
désignation du troisième dans les quinze jours suivant la désignation
du dernier d’entre eux, le président de la juridiction compétente
procède à cette désignation par ordonnance non susceptible de
recours sur demande de l’une des parties, ou l’un quelconque des
arbitres ou les deux à la fois. La présidence du tribunal arbitral est
assurée par l’arbitre choisi par les deux premiers arbitres ou par
celui désigné par le président de la juridiction compétente ;
3 – En cas de pluralité des parties du groupe de demandeurs ou
des défendeurs et que les membres de l’un des deux groupes ne
parviennent pas à désigner leur arbitre durant les quinze jours
suivant leur réception de la demande de l’autre partie à cet effet,
le président de la juridiction compétente procède à sa désignation
sur demande de l’une des parties ;
4 - Les procédures visées à l’alinéa 2 ci-dessus du présent article
sont à suivre lorsque le tribunal arbitral est composé de plus de
trois arbitres ;
5 - Le président de la juridiction compétente doit veiller à ce
que l’arbitre qu’il désigne remplisse les conditions exigées par la
présente loi et celles convenues par les parties, ainsi que la langue
d’arbitrage et prononce, après leur convocation, une ordonnance
non susceptible d’aucun moyen de recours.
A la demande de l’une des parties ou de l’un des arbitres, le président
de la juridiction compétente statue sur toutes les difficultés liées à
Article 24
Un arbitre peut être récusé dans les cas suivants :
1 – Le prononcé d’une condamnation ayant force de chose jugée
à l’encontre de l’arbitre pour l’un des faits prévus par l’article 11
ci-dessus ;
2 – L’existence d’un intérêt personnel direct ou indirect à la
contestation au profit de l’arbitre, ou à son conjoint ou ses
ascendants ou descendants ;
3 – L’existence d’un lien de parenté ou alliance entre l’arbitre ou
son conjoint et l’une des parties jusqu’au quatrième degré ou entre
l’arbitre et l’un des avocats des parties ;
4 – L’existence d’un procès en cours ou d’un procès terminé
depuis moins de deux ans entre l’une des parties et l’arbitre ou son
conjoint ou leurs ascendants ou descendants ou entre l’arbitre et
l’un des avocats des parties ;
5 – L’existence d’un lien de subordination entre l’arbitre ou son
conjoint ou ses ascendants ou descendants et l’une des parties ou
son conjoint ou ses ascendants ou descendants ou entre l’arbitre et
l’un des avocats des parties ;
6 – L’existence d’une amitié ou inimitié notoire entre l’arbitre et
l’une des parties ou entre lui et l’un de leurs avocats ;
7 – Le fait que l’arbitre est créancier ou débiteur de l’une des
parties ou de l’un de leurs avocats ;
8 – Le fait que l’arbitre a précédemment plaidé ou postulé ou
déposé comme témoin sur le différend soumis au tribunal arbitral ;
9 – Il a dû agir en qualité de tuteur ou représentant légal de l’une
des parties ou l’un de leurs avocats, le cas échéant.
Ne sont pas considérés comme motifs de récusation :
- Les relations professionnelles existantes entre l’arbitre et l’un des
représentants des parties au litige ;
- Les relations existantes entre les arbitres membres du tribunal
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arbitral ;
- Les différends entre l’arbitre et l’une des parties dans le cadre
d’un arbitrage terminé.
Article 25
L’arbitre qui suppose en sa personne une cause de récusation
doit en informer les parties. Dans ce cas, il ne peut accepter sa
mission qu’avec leur accord express ou après expiration du délai
de récusation prévu par l’article 26 ci-dessous sans qu’il ne soit
récusé.
Article 26
Le demandeur de la récusation présente sa demande par écrit
à l’arbitre, objet de la récusation, dans le délai de huit jours à
compter de la date où il a pris connaissance de la constitution
du tribunal arbitral ou des circonstances justifiant la récusation.
Lorsque l’arbitre ne se retire pas de son plein gré dans le délai
de trois jours à compter de la présentation de la demande, le
demandeur de la récusation doit soumettre sa demande au
président de la juridiction compétente du lieu de l’arbitrage, ou du
domicile ou de la résidence de l’arbitre récusé dans le cas où les
parties n’auraient pas déterminé le lieu de l’arbitrage.
Le président de la juridiction compétente, ou son suppléant, statue
sur la demande, après convocation des parties et de l’arbitre
objet de la récusation dans le délai de dix jours en vertu d’une
ordonnance non susceptible d’aucun moyen de recours.
Une seconde demande de récusation dans la même procédure
d’arbitrage à l’encontre du même arbitre, pour le même motif, ou
pour un motif dont il est établi que le demandeur avait connaissance
avant de présenter sa première demande de récusation, n’est pas
recevable.
Lorsqu’un arbitre est récusé, la procédure d’arbitrage à laquelle il
a pris part est réputée nulle, y compris sa sentence.
Article 27
Lorsqu’un empêchement entrave l’exercice de la mission d’un
arbitre, ou lorsque celui-ci n’entame pas ladite mission ou cesse de
Article 28
Sous réserve des dispositions de l’article 11 ci-dessus, un arbitre ne
peut être révoqué que du consentement unanime des parties. Cette
révocation met fin à la mission de l’arbitre dès qu’il en a été avisé.
Dans ce cas, un autre arbitre est désigné selon les mêmes règles
qui ont présidé à la nomination de l’arbitre dont la mission est
arrivée à terme.
Article 29
La demande de récusation ou de révocation de l’un des arbitres
présentée au président de la juridiction compétente suspend la
procédure d’arbitrage de plein droit jusqu’à ce qu’il soit statué sur
cette demande, à moins que l’arbitre concerné n’accepte de se
désister. Les difficultés relatives à la récusation ou à la révocation
des arbitres sont portées devant le président de la juridiction
compétente qui se prononce, après convocation des parties et de
l’arbitre objet de la demande de récusation, par ordonnance non
susceptible de recours.
Article 30
La constitution du tribunal arbitral n’est parfaite que si le ou les
arbitres désignés acceptent la mission qui leur est confiée.
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La preuve de l’acceptation de la mission est établie par écrit, par la
signature du compromis ou par la rédaction de l’acte de mission.
L’arbitre ayant accepté sa mission doit, par écrit, déclarer, lors
de son acceptation, toutes circonstances de nature à susciter des
doutes quant à son impartialité et son indépendance.
Les arbitres doivent déclarer l’acceptation de leur mission dans
le délai de quinze (15) jours à compter de leur notification de
l’identité des arbitres désignés.
Tout arbitre doit poursuivre sa mission jusqu’à son terme ; il ne
peut après avoir l’accepter, sous peine d’engager sa responsabilité
civile, se désister, sans cause légitime et doit adresser aux parties
un avis mentionnant les motifs de son désistement.
Article 31
Les arbitres sont tenus au secret professionnel sous réserve de
l’application des dispositions prévues par la loi pénale.
Article 32
Sauf convention contraire des parties, la procédure d’arbitrage est
engagée dès le jour où la composition du tribunal arbitral devient
complète.
Préalablement à tout examen au fond, il appartient au tribunal
arbitral de statuer par ordonnance, soit d’office, soit sur la
demande de l’une des parties, sur la validité ou les limites de ses
compétences et sur la validité de la convention d’arbitrage.
Cette ordonnance est susceptible de recours dans le délai de
quinze (15) jours à compter de sa reddition devant le président
de la juridiction compétente qui rend une ordonnance, après
convocation des parties, non susceptible de recours.
Article 33
Le tribunal arbitral détermine les modalités de la procédure
arbitrale qu’il juge adéquates sous réserve des dispositions de la
présente loi, sans être tenu de suivre les règles établies pour les
juridictions, sauf si les parties en ont autrement décidé dans la
Article 34
L’arbitrage se déroule en langue arabe sauf convention contraire
des parties.
La langue de l’arbitrage s’applique aux données, correspondances,
mémoires écrits, documents et pièces, preuves, plaidoiries orales,
audiences et réunions, ainsi qu’à toute sentence, décision ou
ordonnance du tribunal arbitral, sauf convention contraire des
parties ou décision de celui-ci.
Le tribunal arbitral peut, d’office ou sur demande des parties ou
de leurs représentants, demander la traduction des documents qui
sont soumis à la langue de l’arbitrage par un traducteur assermenté
près des tribunaux.
Le tribunal arbitral peut, indépendamment de la langue d’arbitrage
et dans tous les cas, décider de rendre les sentences arbitrales, les
décisions et les ordonnances en langue arabe, sauf contestation
expresse des parties, préalablement à la constitution du tribunal
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arbitral sans que le simple accord sur la langue de l’arbitrage ne
soit considéré comme une objection de ce qui précède.
Article 35
Le demandeur à l’arbitrage doit introduire, dans le délai convenu
entre les parties ou imparti par le tribunal arbitral, une demande
d’arbitrage par écrit ou par voie électronique, comprenant son
nom, son adresse, et l’adresse du défendeur à l’arbitrage, son
adresse, un exposé des faits de l’affaire, l’objet du litige ainsi que
les demandes.
Sont joints à la demande, tous les documents et preuves à l’appui.
La demande est notifiée aux autres parties à l’arbitrage par tous les
moyens disponibles.
Article 36
Le défendeur à l’arbitrage dispose du droit de répondre à travers
un mémoire écrit ou transmis par voie électronique comprenant
ses moyens de défense, ou demandes incidentes ou demandes
reconventionnelles accompagné de tous les documents et preuves.
Article 37
Lorsqu’un élément de preuve est entre les mains de l’une des
parties, le tribunal arbitral peut, d’office ou à la demande de l’une
des parties, en demander la production.
Article 38
Des copies des mémoires, pièces ou autres papiers produits
devant le tribunal arbitral par toute partie, sont notifiées à l’autre
partie. Il en est de même pour les rapports d’experts ou toutes
autres preuves, tout en leur accordant un délai pour émettre leurs
réponses et observations.
Les parties à l’arbitrage peuvent modifier ou compléter leurs
requêtes ou moyens de défense ou les compléter ou produire des
documents additionnels au cours de la procédure d’arbitrage,
conformément aux modalités procédurales convenues ou
déterminées par le tribunal arbitral, sauf refus de celui-ci.
Article 40
Sauf convention contraire des parties, la non production, sans motif
valable, par le demandeur à l’arbitrage de la demande d’arbitrage
dans le délai qui lui est imparti, entraîne l’arrêt de la procédure
d’arbitrage par décision du tribunal arbitral.
Sauf convention contraire des parties, si le défendeur à l’arbitrage
ne produit pas son mémoire en réponse dans le délai qui lui est
imparti, le tribunal arbitral poursuit la procédure d’arbitrage sans
que cela soit considéré comme reconnaissance par le défendeur
à l’arbitrage du bien-fondé de la demande du demandeur à
l’arbitrage.
En cas de défaut de présence de l’une des parties à l’une des
séances ou de production des pièces et moyens de preuves qui lui
sont demandées, sans motif valable, il incombe au tribunal arbitral
de poursuivre la procédure d’arbitrage et rendre une sentence sur
le litige au vu des preuves dont il dispose.
Article 41
Le tribunal arbitral procède à toutes investigations y compris
l’audition de témoins, désignation d’une commission d’experts, ou
par toute autre mesure d’instruction.
Il peut également procéder à l’audition de toute personne qu’il
estime utile d’entendre.
Les auditions des témoins devant le tribunal arbitral se font en
vertu de la procédure devant être appliquée.
Les parties peuvent se faire représenter ou assister.
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Article 42
Sauf convention contraire, le tribunal arbitral peut prendre,
sur demande de l’une des parties, toute mesure provisoire ou
conservatoire qu’il juge nécessaire dans la limite de sa mission.
Si la partie contre laquelle la sentence a été rendue ne l’exécute
pas, la partie en faveur de laquelle elle a été rendue peut saisir
le président de la juridiction compétente en vue d’émettre une
ordonnance d’exécution sur requête.
Article 43
En cas de pluralité d’arbitres, ceux-ci sont tenus de contribuer
ensemble à tous les travaux et à toutes les opérations de l’arbitrage
ainsi qu’à la rédaction de tous les procès-verbaux, à moins que les
parties ne les aient autorisés à commettre l’un d’eux à cet effet.
De droit, l’arbitre-président, à la demande de l’une des parties,
statue sur les questions de procédure liées à l’instance, sauf
objections des parties ou des autres arbitres.
Article 44
Le tribunal arbitral est compétent pour statuer sur toutes les
questions et moyens de défense dont dépend la décision des
demandes qui lui sont soumises.
Si au cours de la procédure d’arbitrage, le tribunal arbitral est amené
à statuer sur une question qui ne relève pas de sa compétence
ou si un recours a été introduit pour usage de faux dans un
document ou titre qui lui a été fourni et qu’une action publique a
été déclenchée devant le juge, le tribunal arbitral peut poursuivre
la procédure d’arbitrage s’il estime que cette question n’est pas
nécessaire pour trancher sur l’objet du litige. Autrement, il arrête
la procédure jusqu’à ce qu’un jugement ayant force de chose jugée
sur l’allégation de faux soit rendu. Il résulte de la suspension de la
procédure d’arbitrage la suspension du délai d’arbitrage à compter
de la date du déclenchement de l’action publique.
Article 45
Le tribunal arbitral tranche le litige conformément aux règles de
droit convenues entre les parties.
Article 46
Si les parties s’entendent expressément à conférer au tribunal
arbitral la qualité d’amiable compositeur, celui-ci statue sur l’objet
du litige selon les règles de justice et d’équité.
Article 47
Si, durant la procédure arbitrale, les parties s’entendent pour régler
le litige, le tribunal met fin à la procédure arbitrale en attestant de
ce fait après avoir constaté les conditions de règlement en vertu
d’une sentence arbitrale.
Cette sentence produit le même effet que toute autre sentence
arbitrale prononcée sur le fond de l’affaire.
Le tribunal arbitral ordonne la clôture de la procédure lorsqu’il
constate que la poursuite de la procédure arbitrale est, pour toute
autre raison, devenue superflue ou impossible.
Article 48
Si la convention d’arbitrage ne fixe pas de délai à l’expiration
duquel le tribunal arbitral doit avoir rendu sa sentence, la mission
des arbitres prend fin six mois à compter du jour où le dernier
arbitre accepte sa mission.
Le délai conventionnel ou légal peut être prorogé de la même
période par accord des parties. A défaut d’accord, ledit délai est
prorogé pour la même période, selon les circonstances de chaque
affaire, par ordonnance motivé non susceptible de recours du
président de la juridiction compétente, après convocation des
parties, à la demande de l’une d’elles ou du tribunal arbitral.
Si la sentence arbitrale n’est pas rendue dans le délai visé au
paragraphe ci-dessus, toute partie à l’arbitrage peut demander au
président de la juridiction compétente de mettre fin à la procédure
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d’arbitrage par ordonnance non susceptible de recours à moins
que la partie à l’origine de cette demande ne soit la cause du défaut
de reddition de la sentence. Les parties à l’arbitrage peuvent alors
saisir le tribunal initialement compétent pour connaître du litige.
Article 49
Après accomplissement des formalités de procédure dans l’affaire
et lorsqu’il estime que l’affaire est prête, le tribunal arbitral fixe la
date à laquelle l’affaire sera mise en délibéré ainsi que la date du
prononcé de la sentence arbitrale, tout en pouvant modifier cette
date selon les circonstances de la situation à condition d’observer
le délai d’arbitrage.
Article 50
La sentence arbitrale est rendue, après délibération du tribunal
arbitral, à la majorité des voix. Tous les arbitres doivent se
prononcer en faveur ou contre le projet de sentence.
En cas de pluralité d’opinions, l’opinion de l’arbitre président
prévaut, et il est possible d’indiquer l’opinion ou les opinions
dissidentes dans un procès-verbal séparé. Les délibérations des
arbitres sont secrètes. Chaque arbitre du tribunal arbitral signe la
sentence arbitrale. Lorsqu’un arbitre refuse de signer ou n’a pas
été en mesure de signer pour quelque raison que ce soit, les autres
arbitres en font mention dans la sentence arbitrale avec indication
des motifs du défaut de signature et la sentence a le même effet
que si elle avait été signée par chacun des arbitres.
Article 52
La sentence arbitrale doit fixer les honoraires des arbitres, les
dépenses d’arbitrage et les modalités de leur répartition entre les
parties.
Si les parties et les arbitres ne se mettent pas d’accord sur la
fixation des honoraires des arbitres, lesdits honoraires sont fixés
par décision indépendante du tribunal arbitral.
La décision indépendante relative à la fixation des honoraires des
arbitres est notifiée par le tribunal arbitral par tous les moyens de
notification disponibles.
La décision de fixation des honoraires est susceptible de recours
dans le délai de quinze jours à compter de sa réception, devant le
président de la juridiction compétente dont l’ordonnance est non
susceptible d’aucun recours.
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Article 53
Les sentences des arbitres rendues en application de la présente
loi ont autorité de la chose jugée relativement à la contestation
qu’elles tranchent et sont exécutoires sous réserve des dispositions
de la présente loi. Les règles sur l’exécution provisoire des
jugements judiciaires sont applicables aux sentences arbitrales
pour lesquelles l’exequatur n’est pas exigible.
Article 54
Le tribunal arbitral délivre à chacune des parties une copie de la
sentence arbitrale, dans un délai de sept jours à compter de son
prononcé. La publication de la sentence arbitrale ou d’extraits de
celle-ci ne peut être effectuée qu’après autorisation des parties à
l’arbitrage.
Article 55
La sentence dessaisit le tribunal arbitral de la contestation qu’elle
tranche. Toutefois, il est possible de rectifier toute erreur matérielle
ou de calcul contenue dans la sentence arbitrale après convocation
des parties, soit :
a) D’office par le tribunal arbitral dans le délai de trente jours qui
suivent le prononcé de la sentence arbitrale ;
b) A la demande de l’une des parties dans le délai de quinze jours
à compter de la notification de la sentence arbitrale.
Les parties peuvent également présenter une demande
d’interprétation dans les mêmes conditions prévues ci-dessus.
Le tribunal arbitral peut également, à la demande de l’une des
parties, rendre une sentence arbitrale complémentaire relative à un
chef de demande sur lequel il a été omis de statuer dans le délai de
soixtante jours à compter de la notification de la sentence arbitrale
et ce, après convocation des parties. Si le tribunal arbitral ne statue
pas sur la demande dans le délai précité, il est fait application des
dispositions de l’article 56 ci-dessous.
La minute de la sentence accompagnée d’un exemplaire de la
convention d’arbitrage est déposée par le tribunal arbitral, l’un des
arbitres ou par la partie la plus diligente au greffe de la juridiction
compétente dans les quinze (15) jours suivant son prononcé.
Article 57
Les demandes introduites conformément aux articles 55 et 56
de la présente loi suspendent l’exécution et les délais de recours
jusqu’à la notification des sentences prononcées à ce sujet, ou de
l’ordonnance du président de la juridiction, selon le cas.
La demande de reddition de la sentence arbitrale complémentaire
à propos d’un chef de demande omis suspend les délais de recours
jusqu’à la notification de la sentence arbitrale complémentaire ou
de la décision rendue dans le cadre d’un recours en rétractation,
selon le cas.
La sentence rendue à cet effet est considérée comme partie
intégrante de la sentence initiale. Les dispositions de l’article 50
ci-dessus lui sont applicables.
Article 58
La sentence arbitrale n’est susceptible d’aucun recours sous réserve
des articles 59 et 60 et 62 de la présente loi.
Article 59
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une demande en
rétractation, conformément aux dispositions du Code de procédure
26
civile devant la Cour d’appel compétente comme s’il n’y avait pas
eu de convention d’arbitrage.
Article 60
Les sentences arbitrales, même assorties de la décision d’exequatur,
ne sont pas opposables aux tiers qui peuvent, toutefois, faire tierce
opposition dans les conditions prévues par le Code de procédure
civile devant la juridiction compétente comme s’il n’y avait pas eu
de convention d’arbitrage.
Article 61
Nonobstant toute stipulation contraire, les sentences arbitrales
peuvent faire l’objet d’un recours en annulation devant la cour
d’appel compétente dans le ressort de laquelle elles ont été
rendues, conformément aux règles ordinaires.
Ce recours est recevable dès le prononcé de la sentence, ou durant
les quinze jours à compter de sa notification.
Article 62
Le recours en annulation n’est ouvert que dans les cas suivants :
1. S’il a été statué en l’absence de convention d’arbitrage, sur
convention nulle ou après expiration du délai d’arbitrage ;
2. Si le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé, l’arbitre
unique irrégulièrement désigné ou la convention des parties non
respectée ;
3. Si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui
lui avait été conférée, a statué sur des questions n’entrant pas dans
le cadre de l’arbitrage ou a méconnu les limites de la convention,
ou se déclare incompétent malgré sa compétence. Cependant s’il
est possible de distinguer les parties de la sentence concernant
les questions soumises à l’arbitrage de celles qui ne lui sont pas
soumises, l’annulation ne porte que sur ces dernières ;
4. Lorsque les dispositions des articles 50 et 51 et 52 ci-dessus
n’ont pas été respectées ;
5. Lorsque l’une des parties n’a pas été en mesure d’assurer sa
défense du fait qu’elle n’a pas été valablement informée de la
désignation d’un arbitre, des procédures d’arbitrage ou pour toute
Article 63
Lorsque la Cour d’appel compétente annule la sentence, elle
statue sur le fond dans les limites de la mission du tribunal arbitral,
sauf convention contraire des parties, et sauf si l’annulation est
prononcée pour absence de convention d’arbitrage ou pour nullité
de cette convention.
En cas d’annulation de la sentence, la Cour d’appel ne statue sur
le litige que sur la base d’un accord préalable dans une clause ou
contrat, ou à la demande des parties.
Article 64
Lorsque la Cour d’appel compétente prononce le rejet ou
l’irrecevabilité du recours en annulation, et de manière générale
lorsqu’elle n’y répond pas favorablement, elle doit ordonner,
d’office, l’exécution de la sentence arbitrale. Son arrêt est définitif.
Lorsque la Cour d’appel compétente constate, dans les cas prévus
au premier paragraphe, que le recours a été formé de manière
abusive, elle condamne le demandeur en annulation à payer
des dommages-intérêts au profit du défendeur ne pouvant être
inférieurs à 25% de la valeur du montant accordé par la sentence
arbitrale.
28
Article 65
Les arrêts de la Cour d’appel compétente en matière de recours
en annulation peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation
conformément au Code de procédure civile.
Article 66
La Cour d’appel compétente statue sur les recours formés à
l’encontre des sentences arbitrales devant la chambre du conseil.
Les parties disposent du droit de retirer l’intégralité des documents
après reddition du tribunal de sa décision et expiration du délai
de recours ou épuisement de toutes les voies de recours prévues
par la loi.
Article 67
La sentence arbitrale n’est susceptible d’exécution qu’après avoir
été revêtue de l’exequatur par ordonnance du président de la
juridiction compétente dans le ressort de laquelle la sentence a
été rendue, selon la procédure d’urgence après convocation des
parties.
Si le litige est porté devant la Cour d’appel compétente et que les
parties ont convenu de recourir à l’arbitrage, la sentence arbitrale
est déposée au greffe du tribunal de première instance compétent.
L’ordonnance d’exequatur est rendue par le président de la
juridiction compétente auprès du greffe de laquelle la sentence
arbitrale a été déposée, selon la procédure d’urgence, après
convocation des parties.
Article 68
La compétence pour statuer sur la demande d’exequatur de la
sentence arbitrale, lorsqu’il s’agit d’un litige auquel une personne
de droit public est partie, au président du tribunal administratif de
première instance dans le ressort duquel la sentence sera exécutée,
ou au président du tribunal administratif de Rabat lorsque la
sentence arbitrale concerne l’ensemble du territoire national.
Article 70
La demande d’exequatur doit être accueillie lorsque le délai du
recours en annulation arrive à expiration sans qu’il ne soit exercé,
à moins que la sentence arbitrale ne soit rendue en violation d’une
des règles d’ordre public.
L’ordonnance qui refuse l’exequatur doit être motivée.
Cette ordonnance est susceptible d’appel, dans les formes
ordinaires, dans le délai de quinze jours de sa notification. Dans
ce cas, la Cour d’appel compétente connaît, à la demande des
parties, des moyens que celles-ci auraient pu faire valoir contre la
sentence arbitrale par la voie du recours en annulation, à moins
que le délai du recours en annulation arrive à expiration sans qu’il
ne soit exercé.
La Cour d’appel compétente statue sur ce recours selon la
procédure d’urgence, après convocation de parties.
Article 71
La présente section s’applique à l’arbitrage international sans
préjudice des dispositions des conventions internationales ratifiées
par le Royaume du Maroc et publiées au « Bulletin officiel ».
Article 72
Est international au sens de la présente section l’arbitrage qui met
en cause des intérêts du commerce international, et dont l’une des
30
parties au moins a son domicile ou son siège à l’étranger.
Article 73
La convention d’arbitrage peut, directement ou par référence à
un règlement d’arbitrage, désigner le ou les arbitres ou prévoir
les modalités de leur désignation ainsi que celles de leur
remplacement.
Si la constitution du tribunal arbitral se heurte à une difficulté et
sauf clause contraire, la partie la plus diligente peut saisir :
1. Le président du tribunal de commerce qui sera amené par la suite
à déclarer exécutoire la sentence arbitrale au cas où l’arbitrage se
déroule au Maroc ;
2. Le président du tribunal de commerce de Casablanca au cas
où l’arbitrage se déroule à l’étranger et si les parties ont prévu
l’application de la loi marocaine relative à l’arbitrage.
Article 74
La convention d’arbitrage peut, directement ou par référence à un
règlement d’arbitrage, régler la procédure à suivre dans l’instance
arbitrale. Elle peut aussi soumettre celle-ci à la loi de procédure
qu’elle détermine. Si la convention d’arbitrage ne détermine pas
la procédure et les formalités nécessaires, le tribunal arbitral se
charge de les déterminer d’office, ou par référence à une loi ou à
un règlement d’arbitrage.
Article 75
Lorsque l’arbitrage est soumis à la présente loi, les dispositions
du chapitre II sont applicables sans préjudice de toute convention
particulière entre les parties tout en observant les dispositions
prévues dans ce chapitre.
Dans tous les cas, sont observées les règles relatives aux droits
de la défense et du traitement des parties à l’arbitrage sur un pied
d’égalité. La convention d’arbitrage détermine librement les règles
de droit que le tribunal arbitral devra appliquer au fond du litige.
A défaut de choix par les parties des règles de droit applicables,
le tribunal arbitral tranche le litige conformément à celles qu’il
estime appropriées.
Article 76
Le tribunal arbitral statue en amiable compositeur seulement si la
convention des parties l’a investi de cette mission. Dans ce cas, le
tribunal arbitral statue au fond du litige conformément aux règles
de justice et d’équité.
Article 77
Les sentences arbitrales internationales sont reconnues et revêtues
de l’exequatur au Maroc, à moins qu’elles ne soient contraires
à l’ordre public national ou international, par le président du
tribunal de commerce dans le ressort duquel elles ont été rendues,
ou par le président du tribunal de commerce du lieu d’exécution si
le siège de l’arbitrage est situé à l’étranger et ce, après convocation
des parties.
Article 78
L’existence d’une sentence arbitrale est établie par la production
de l’original et de la convention d’arbitrage ou des copies certifiées
conformes de ces documents avec une traduction en langue arabe,
effectuée par un traducteur agréé près des tribunaux, lorsque
celles-ci sont rédigées dans une langue étrangère.
Article 79
La demande de reconnaissance et d’exequatur doit être
favorablement reçue lorsque le délai du recours en annulation
prévu par l’article 83 ci-dessous arrive à expiration sans qu’il
ne soit exercé, à moins que la reconnaissance ou l’exécution ne
soient contraires à l’ordre public national ou international.
Cette ordonnance est susceptible d’appel.
Article 80
L’appel de l’ordonnance qui accorde la reconnaissance ou
l’exécution n’est ouvert que dans les cas suivants :
1. la sentence arbitrale a été rendue en l’absence d’une convention
32
d’arbitrage, ou si la convention d’arbitrage est nulle ou si la
sentence est rendue après expiration du délai d’arbitrage ;
2. le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre
unique irrégulièrement désigné ;
3. le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui
avait été conférée ;
4. lorsque les droits de la défense n’ont pas été respectés ;
5. la reconnaissance ou l’exécution sont contraires à l’ordre public
national ou international.
Article 81
L’appel prévu aux articles 79 et 80 ci-dessus est porté devant la
Cour d’appel de commerce compétente dans le délai de quinze
jours à compter de la notification de l’ordonnance.
La cour statue selon la procédure d’urgence après convocation des
parties.
Article 82
La sentence rendue au Maroc en matière d’arbitrage international
peut faire l’objet d’un recours en annulation, sauf convention
contraire des parties, dans les cas prévus à l’article 80 ci-dessus.
L’ordonnance qui accorde l’exécution de cette sentence n’est
susceptible d’aucun recours.
Toutefois, le recours en annulation emporte de plein droit, dans
les limites de la saisine de la cour, recours contre l’ordonnance
du président de la juridiction compétente ou dessaisissement de
celui-ci au cas où il n’aurait pas encore rendu son ordonnance.
Article 83
Le recours en annulation prévu à l’article 82 ci-dessus est porté
devant la Cour d’appel de commerce compétente dans le ressort
de laquelle la sentence a été rendue. Ce recours est recevable
dès le prononcé de la sentence ou suivant les quinze jours de sa
notification.
Article 85
Contrairement aux dispositions de l’article 63 ci-dessus, la Cour
d’appel de commerce compétente ne peut statuer au fond du litige
lorsqu’elle annule la sentence arbitrale internationale.
Article 86
Afin de prévenir ou de régler un différend, les parties peuvent
convenir de la désignation d’un médiateur chargé de faciliter la
conclusion d’une transaction mettant fin au différend.
Article 87
La convention de médiation est le contrat par lequel des parties
s’accordent pour désigner un médiateur chargé de faciliter la
conclusion d’une transaction pour mettre fin au litige né ou à
naître.
Toutes personnes capables, physiques ou morales, peuvent
souscrire une convention de médiation sur les droits dont elles
ont la libre disposition dans le respect des dispositions de l’article
62 du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des
obligations et des contrats, à l’exception des questions exclues du
champ d’application de la transaction, et ne peut être conclue que
sous les réserves, conditions ou limites posées pour la validité de
la transaction en vertu des articles 1099 à 1104 du même dahir.
34
Article 88
La convention de médiation peut être conclue :
- Après la naissance du litige. Elle est alors dénommée «
compromis de médiation » ;
- Avant la naissance du litige en l’insérant dans la
convention principale ou dans une convention à laquelle celle-ci
se réfère. Elle est alors dénommée « clause de médiation ».
- En cours d’instance judiciaire. Dans ce cas, elle est
portée, à peine de nullité par la partie la plus diligente dans un
délai ne pouvant être supérieur à sept jours après sa conclusion,
à la connaissance de la juridiction compétente qui atteste de
l’accord des parties au litige de recourir à la médiation.
Article 89
La convention de médiation doit être établie par écrit, soit par
acte authentique ou sous seing privé, soit par procès-verbal dressé
devant le tribunal ou le médiateur désigné, ou par tout autre moyen
convenu par les parties.
La convention de médiation est réputée établie par écrit lorsqu’elle
est consignée dans un document signé par les parties ou dans un
échange de lettres, de télégrammes ou de tout autre moyen de
télécommunication écrit qui en atteste l’existence, ou par courrier
électronique établi conformément aux textes de lois en vigueur,
ou dans l’échange de conclusions en demande ou de conclusions
en défense, dans lesquelles l’existence d’une telle convention est
alléguée devant le médiateur par l’une des parties et n’est pas
contestée par l’autre.
Est réputée convention de médiation établie par écrit, toute
référence expresse dans un contrat écrit à des dispositions d’un
contrat type ou d’une convention internationale, ou à tout autre
document comportant une clause de médiation, si cette référence
est claire à considérer cette clause faisant partie du contrat.
Article 90
Le compromis de médiation doit, à peine de nullité, déterminer
l’objet du litige. Lorsque le médiateur qu’il désigne n’accepte pas
la mission qui lui est confiée, les parties peuvent s’accorder sur un
Article 91
La clause de médiation doit, à peine de nullité, être stipulée par
écrit dans la convention principale ou dans un document faisant
référence à la clause de médiation, et indiquer expressément qu’il
s’agit de la médiation conventionnelle soumise aux dispositions
du présent titre.
Article 92
La partie qui entend voir appliquer la clause de médiation
en informe l’autre partie et le médiateur par tous les moyens
disponibles.
Article 93
Il est interdit à la juridiction de connaître d’un litige ayant fait
l’objet d’une convention de médiation jusqu’à l’épuisement de
cette procédure ou en cas de nullité de la convention de médiation,
et doit déclarer l’irrecevabilité de l’action lorsque l’une des parties
excipe de l’existence de la convention de médiation, à moins que
celle-ci ne soit nulle.
La juridiction ne peut prononcer d’office l’irrecevabilité sans que
ce moyen ne soit soulevé par les parties.
Article 94
La durée de la mission de médiation est initialement fixée par les
parties sans qu’elle ne puisse excéder un délai de trois mois à
compter de la date à laquelle le médiateur a accepté sa mission. Les
parties peuvent toutefois prolonger ce délai une ou plusieurs fois
par un accord conclu dans les mêmes formes que celles retenues
pour la convention de médiation sans qu’il ne soit permis, dans
tous les cas, que les délais de prolongation cumulés dépassent trois
mois supplémentaires.
Article 95
Les travaux de la médiation sont confidentiels. Il n’est pas permis
de se prévaloir de ce qui s’y déroule ou des concessions consentis
36
aux parties au litige devant les juridictions ou toute autre autorité,
sauf convention contraire des parties.
Article 96
Le médiateur est tenu de garder le secret professionnel sous peine
d’appliquer les dispositions prévues par le Code pénal.
Article 97
La médiation peut être confiée à une personne physique ou à une
personne morale.
La mission du médiateur ne peut être confiée qu’à une personne
physique en pleine capacité, et n’ayant pas fait l’objet d’une
décision de condamnation ayant force de chose jugée pour des faits
contraires à l’honneur, à la probité ou aux bonnes mœurs, d’une
sanction disciplinaire à l’issue de laquelle elle a été révoquée d’une
fonction officielle, ou l’une des sanctions pécuniaires prévues à la
section IV du livre V de la loi n° 15.95 portant code de commerce,
ou en la privant de la capacité d’exercer le commerce ou de l’un
de ses droits civiques.
Dès que le médiateur accepte la mission qui lui est confiée, il doit
en aviser les parties par tous les moyens disponibles.
L’acte de mission du médiateur prévoit le montant de ses honoraires
ou la manière de les déterminer, les modalités de paiement, et la
convention n’est considérée pleinement conclue entre le médiateur
et les parties qu’en cas d’accord sur tout ce qui précède par écrit.
Le médiateur doit respecter l’indépendance, la neutralité, l’intégrité
et l’impartialité. Le médiateur ne peut renoncer à sa mission
qu’en cas de dispense de la part des parties ou lorsque le délai
de la médiation a expiré sans que les parties aient pu conclure
une transaction, ou sur décision du tribunal dans les cas prévus
à l’article 93 ci-dessus. Le médiateur, dès sa nomination et qui a
connaissance de l’existence de toute circonstance ou qui pourrait
affecter son impartialité, son indépendance et son impartialité, doit
en aviser les parties, et dans ce cas il ne peut accepter sa mission
qu’après leur approbation.
Article 99
Le médiateur rédige au terme de sa mission, un projet de
transaction sous la forme d’un document qui comprend les faits du
conflit et la manière d’y mettre fin, et l’accord des parties ainsi que
les solutions auxquelles elles sont parvenues comme règlement du
conflit soumis, qu’il soumet aux parties.
Le médiateur signe avec les parties le document de transaction si
elles consentent au document et il le leur remet. En cas de non-
aboutissement à une transaction pour quelque cause que ce soit,
le médiateur délivre aux parties le document de non-transaction
portant sa signature. Sous réserve des dispositions de l’article 100
ci-dessous, la transaction à laquelle parviennent les parties est
soumise pour sa validité et ses effets aux dispositions du titre IX
du livre deuxième du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913)
formant code des obligations et des contrats.
Article 100
La transaction a, entre les parties, la force de la chose jugée et peut
être assortie de la mention d’exequatur par le Président du tribunal
territorialement compétent pour statuer sur l’objet du litige dans
un délai de 7 jours.
Article 101
Les dispositions de cette loi ne dérogent pas aux textes qui instituent
des procédures spéciales pour le règlement de certains litiges.
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Article 102
Les délais mentionnés dans la présente loi sont des délais francs,
conformément à l’article 512 du Code de procédure civile.
Article 103
Les dispositions du chapitre huit de la section cinq du code de
procédure civile ratifiées par Dahir ayant valeur de loi numéro
1.74.447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) restent
applicables à titre transitoire tel que modifiées et complétées, pour:
- Les conventions d’arbitrage ou de médiation conclues avant la
date d’entrée en vigueur de la présente loi ;
- Les demandes d’arbitrage en cours devant les tribunaux arbitraux
ou les différends soumis à la médiation, ou les procédures qui
s’y rapportent, qui sont présentées devant les tribunaux à la
date mentionnée au premier paragraphe ci-dessus jusqu’à leur
règlement définitif et épuisement de tous les recours.
Article 104
Les renvois aux dispositions du chapitre huit de la section cinq
du code de procédure civile abrogés en vertu de l’article 105 qui
suit, prévues par les textes législatifs et réglementaires en vigueur,
sont considérés comme des renvois aux dispositions similaires de
la présente loi.
Article 105
Sous réserve des dispositions de l’article 103 ci-dessus, la présente
loi entrera en vigueur le lendemain de la date de sa publication au
Bulletin Officiel. A compter de la date précitée, toutes dispositions
contraires à la présente loi seront abrogées, en particulier les
dispositions du chapitre huit de la section cinq du code procédure
civile promulguée par le Dahir portant loi n° 1-74-447 du 11
ramadan 1394 (28 septembre 1974).